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If you are not located in the United States, you'll have -to check the laws of the country where you are located before using this ebook. - -Title: Chroniques de J. Froissart, tome 2/13 - -Author: Jean Froissart - -Release Date: October 31, 2015 [EBook #50356] - -Language: French - -Character set encoding: UTF-8 - -*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CHRONIQUES DE J. FROISSART *** - - - - -Produced by Clarity, Hélène de Mink, and the Online -Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This -file was produced from images generously made available -by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at -http://gallica.bnf.fr) - - - - - - - -Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le -typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été -conservée et n'a pas été harmonisée. Les numéros des pages blanches -n'ont pas été repris. - -Les mots et phrases imprimés en gras dans le texte d'origine -sont marqués =ainsi=. - -Cette version intègre les corrections de l'errata. - -Pour quelques notations, suivies d'une ou de plusieurs lettres en -exposant dans l'original, l'abrévation n'est pas évidente ou non -courante: vo (verso), ro (recto), Fo (Folio) , fo (folio), Fos -(Folios). - - - - - CHRONIQUES - - DE - - J. FROISSART - - - - - IMPRIMERIE GÉNÉRALE.--LAHURE - Rue de Fleurus, 9, à Paris - - - - - CHRONIQUES - - DE - - J. FROISSART - - PUBLIÉES POUR LA SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE FRANCE - - PAR SIMÉON LUCE - - TOME DEUXIÈME - - 1340-1342 - - (DEPUIS LES PRÉLIMINAIRES DU SIÉGE DE TOURNAY JUSQU'AU VOYAGE - DE LA COMTESSE DE MONTFORT EN ANGLETERRE) - - LOGO - - A PARIS - CHEZ MME VE JULES RENOUARD - LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE FRANCE - RUE DE TOURNON, No 6 - - M DCCC LXX - - - - -EXTRAIT DU RÈGLEMENT. - -ART. 14. Le Conseil désigne les ouvrages à publier, et choisit les -personnes les plus capables d'en préparer et d'en suivre la -publication. - -Il nomme, pour chaque ouvrage à publier, un Commissaire responsable -chargé d'en surveiller l'exécution. - -Le nom de l'Éditeur sera placé en tête de chaque volume. - -Aucun volume ne pourra paraître sous le nom de la Société sans -l'autorisation du Conseil, et s'il n'est accompagné d'une déclaration -du Commissaire responsable, portant que le travail lui a paru mériter -d'être publié. - - -_Le Commissaire responsable soussigné déclare que le tome II de -l'Édition des_ CHRONIQUES DE J. FROISSART, _préparée par_ M. SIMÉON -LUCE, _lui a paru digne d'être publié par la_ SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE -FRANCE. - - _Fait à Paris, le_ 1er _mai_ 1870. - - _Signé_ L. DELISLE. - - _Certifié_, - - Le Secrétaire de la Société de l'Histoire de France, - - J. DESNOYERS. - - - - -SOMMAIRE. - - - - -SOMMAIRE. - - - - -CHAPITRE XXXIV. - - 1340. OUVERTURE DES HOSTILITÉS ENTRE LES ROIS DE FRANCE ET - D'ANGLETERRE (§§ 99 à 101). - - -Irrité de la destruction d'Aubenton et du ravage de la Thiérache, -Philippe de Valois charge Jean son fils, duc de Normandie, d'envahir le -Hainaut à la tête d'une puissante armée. P. 1, 185, 187. - -En Gascogne, le comte de l'Isle reçoit l'ordre d'envahir le Bordelais -et en général toutes les terres et seigneuries des Anglais et de leurs -adhérents.--Noms des principaux seigneurs qui prennent part à cette -campagne.--Les Français ravagent les terres d'Albret[1] et de -Pommiers[2], et en général les possessions des seigneurs de Lesparre, -de _Cars_[3] et de Mussidan[4]. P. 1, 2, 187 et 188. - - [1] Labrit, Landes, arr. Mont-de-Marsan. La forme la plus - ordinaire de ce nom dans les mss. des Chroniques de Froissart est - _Labreth_. Albret est devenu le nom historique de l'illustre - famille à qui appartenait cette seigneurie. - - [2] Pommiers, Gironde, comm. Saint-Félix de Foncaude, arr. la - Réole, c. Sauveterre. - - [3] On peut lire dans le ms. d'Amiens _Tarse_ ou _Carse_. Après - avoir adopté la leçon Tarse, nous donnons la préférence à Carse, - parce qu'il s'agit peut-être de Cars, Gironde, arr. et c. Blaye. - - [4] Dordogne, arr. Ribérac. - -En même temps, le roi de France renforce la grosse flotte des écumeurs, -commandée par Hue Quieret et Barbavara qui se tient en face des côtes -de Flandre pour empêcher Édouard III de repasser sur le continent. P. 2 -et 188. - -Louis de Nevers, comte de Flandre, et la comtesse Marguerite sa femme, -vivent à Paris à la charge du roi de France, car ils ne reçoivent rien -des rentes et revenus de leur comté. Les collecteurs de ces revenus -n'en rendent compte qu'à Jacques d'Arteveld et à certains bourgeois de -Gand, de Bruges, d'Ypres et de Courtrai, à ce députés; on les met en -réserve afin que le pays y puisse recourir en cas de besoin et aussi en -prévision d'une réconciliation avec le comte de Flandre. Les dépenses -de Jacques d'Arteveld sont imputées sur des tailles spéciales levées -toutes les semaines. Louis de Flandre engage le roi de France à -contraindre les Flamands à l'obéissance en les menaçant de les faire -excommunier par le pape. P. 185. - -Philippe de Valois, qui voit les Flamands disposés à entrer dans la -ligue formée contre lui par les Allemands, les Brabançons, les -Hainuyers et les Anglais, essaye de les gagner par la persuasion avant -d'en venir aux mesures de rigueur. Le comte Raoul d'Eu et de Guines, -connétable de France, les seigneurs de Montmorency et de Saint-Venant, -les évêques de Paris et de Chartres, sont envoyés à Tournay et -reçoivent mission de s'aboucher et de traiter avec les députés des -villes de Flandre. Ceux-ci déclarent qu'ils n'entendront à rien tant -que le roi de France n'aura pas rendu Lille, Douai, Béthune et les -dépendances de ces villes. Les commissaires de Philippe de Valois -jugent qu'une entente est impossible dans ces conditions, et l'on se -sépare sans avoir rien fait. P. 185 et 186. - -A l'instigation du roi de France, le pape (Benoit XII) lance une bulle -d'excommunication contre les Flamands et l'envoie aux évêques de -Cambrai, de Tournay et de Thérouanne. Il est défendu aux prêtres de -chanter la messe sous peine d'encourir l'excommunication et de perdre -leurs bénéfices. Informé de cette situation, Édouard III promet aux -Flamands de leur amener, à son prochain retour sur le continent, des -prêtres de son pays pour chanter la messe, que le pape le veuille on -non, car comme roi d'Angleterre il a parfaitement le droit de le faire. -Grand mécontentement des prêtres de Flandre privés de leur casuel par -la défense du pape. P. 2, 3, 186 et 187. - -Philippe de Valois donne l'ordre aux gens d'armes de ses garnisons de -Tournay, de Lille, de Douai et des châteaux voisins de faire la guerre -aux Flamands et de porter le ravage dans leur pays. Chevauchée des -Français jusqu'aux portes de Courtrai, incendie des faubourgs de cette -ville et de tout le pays environnant, notamment de Dottignies[5]; -retour par la rivière du Lis et par Warnêton[6]; capture de plus de dix -mille blanches bêtes, de trois mille porcs, de deux mille grosses -bêtes, sans compter cinq cents personnes, hommes, femmes et enfants, -emmenés pour être mis à rançon. P. 3 et 4, 188 et 189. - - [5] Belgique, Fl. occ., arr. et c. Courtrai. - - [6] Belgique, Fl. occ., arr. Ypres, c. Messines. - -Expédition de Jacques d'Arteveld contre Tournay à la tête d'une -puissante armée de Flamands. Arrivé au Pont de Fer[7], entre Audenarde -et Tournay, le chef des Flamands attend que les comtes de Salisbury et -de Suffolk, qui se tiennent en garnison à Ypres, et le contingent du -Franc de Bruges, viennent le rejoindre. P. 4, 5, 189. - - [7] Pont de Fer paraît être une forme francisée du flamand - _Verbruk_. Verbruk est aujourd'hui un hameau d'Amougies, sur le - Rhosne, Belgique, Fl. or., arr. Audenarde, c. Renaix. Cette - localité est située à peu près à égale distance d'Audenarde et de - Tournay (note communiquée par mon jeune et savant collègue M. A. - Longnon). - -Les Flamands occupent Poperinghe, Messines[8], Bergues[9], Cassel[10], -Bourbourg[11], Furnes, Nieuport[12], Dunkerque, Gravelines[13]. Les -Français ont mis garnison à Saint-Omer, à Thérouanne, à Aire[14] et à -Saint-Venant[15]. Le roi de France envoie deux cents lances de Savoie -et de Bourgogne à Lille sous les ordres d'Amé de Genève[16], de [Hue] -de Châlon[17], des seigneurs de Villars[18] et de Groslée[19]. P. 5 et -191. - - [8] Poperinghe et Messines sont situés en Belgique, Fl. occ. arr. - Ypres. - - [9] Nord, arr. Dunkerque. - - [10] Nord, arr. Hazebrouck. - - [11] Nord, arr. Dunkerque. - - [12] Belgique, Fl. occ., arr. Furnes, à 38 kil. de Bruges. - - [13] Nord, arr. Dunkerque. - - [14] Thérouanne et Aire sont situés dans le Pas-de-Calais, arr. - Saint-Omer. - - [15] Pas-de-Calais, arr. Béthune, c. Lillers. - - [16] Amé, comte de Genève, figure sur les montres de l'host de - Bouvines, dans la bataille du comte de Savoie: «Amé, comte de - Genève, 6 chev. bann., 3 bach., 3 esc. bann. comptez comme bach., - 252 esc.» Bibl. imp., De Camps, portef. 83, fo 344 vo. - - [17] «Hue, vidame de Chalon, 4(bach.), 20 esc.» De Camps, portef. - 83, fo 225. - - [18] «Humbert, seigneur de Villars, bann., 3 bann., 6 bach., 82 - esc.; venu de Montroyal en Montagne.» De Camps, portef. 83, fo - 334 vo. - - [19] «Agot des Baus et Guy de Groullée, chev. bann., venus en la - guerre du roy pour M. le dauphin de Vienne avec 7 autres bann., 4 - bach., 3 esc. bann., 179 esc.» De Camps, 83, fo 345. - -Pendant le trajet d'Ypres au Pont de Fer, les comtes de Salisbury et de -Suffolk tombent, malgré les avis de Waflard de la Croix, dans une -embuscade dressée contre eux près de Lille et sont faits prisonniers -par les habitants de cette ville qui les livrent à Philippe de Valois. -Jacques d'Arteveld, découragé, congédie ses gens d'armes et retourne à -Gand. P. 5 à 8, 189 à 193. - - - - -CHAPITRE XXXV. - - 1340. INCURSIONS DES FRANÇAIS EN HAINAUT, NOTAMMENT AUX ENVIRONS - DE VALENCIENNES (§§ 102 à 107). - - -Jean, duc de Normandie, réunit à Saint-Quentin une puissante armée pour -envahir le Hainaut.--Noms des principaux seigneurs qui font partie de -l'expédition.--De Saint-Quentin, l'armée du duc de Normandie se dirige -en passant par Bohain[20] vers le Cateau-Cambrésis[21] et vient loger -près de cette ville en un lieu appelé Montay[22], à l'entrée du -Hainaut, sur la Selle[23]. P. 8 et 9, 193 à 195. - - [20] Aujourd'hui Bohain-en-Vermandois, Aisne, arr. Saint-Quentin. - - [21] Le Cateau, Nord, arr. Cambrai. - - [22] Nord, arr. Cambrai, c. le Cateau. - - [23] La Selle, affluent de la rive droite de l'Escaut, prend sa - source au sud du Cateau dans une vallée appelée Fons-Selle, et se - jette dans l'Escaut à Denain. - -Gérard de Verchin, sénéchal de Hainaut, se met à la tête de soixante -lances, passe à Forest[24] sur la frontière du Hainaut, et va réveiller -au milieu de la nuit les Français qui se tiennent à Montay, à une -petite lieue de Forest. Deux puissants chevaliers de Normandie, les -seigneurs de Bailleul et de Bréauté[25], sont assaillis les premiers: -le seigneur de Bailleul est tué et les seigneurs de Bréauté et de -Brimeux sont emmenés prisonniers à Valenciennes. P. 9 à 11, 195 à 197. - - [24] Nord, arr. Avesnes, c. Landrecies. - - [25] Les noms de ces deux chevaliers figurent précisément à la - suite l'un de l'autre sur les montres de la bataille de Raoul, - comte d'Eu, lieutenant ès frontières de Flandre, du 9 mars au 1er - octobre 1340: «Pierre, seign. de Bailleul en Caux, bann., 2 - bach., 4 esc.--Guillaume de Briauté bach. et 3 esc.» De Camps, - portef. 83, fo 317. - -Le lendemain matin, le duc de Normandie, furieux de cette attaque -nocturne, donne l'ordre d'entrer en Hainaut et d'y porter partout -l'incendie et le ravage. Les Français, divisés en plusieurs corps -d'armée et courant dans toutes les directions, dévastent et -brûlent Forest, Vertain[26], Vertigneul[27], Escarmain[28], -Vendegies-au-Bois[29], Vendegies-sur-Écaillon[30], Bermerain[31], -_Calaumes_[32], Salesches[33], Orsinval[34], Villers-en-Cauchie[35], -Gommegnies[36], Maresches[37], Villers-Pol[38], Poix[39], -Préseau[40], Amfroipret[41], Preux[42], Frasnoy[43], Obies[44], -Wargnies-le-Grand[45], Wargnies-le-Petit[46], Saint-Vaast[47] en -Bavaisis, Louvignies[48], Mecquignies[49]; ils brûlent les moulins et -rompent les écluses du vivier de Quélipont[50]. Tous les villages -compris entre les rivières de Selle et de Honneau[51] deviennent la -proie des flammes[52]. Les habitants du pays se sont réfugiés, -emportant ce qu'ils ont de plus précieux, à Bouchain[53], à -Valenciennes, à Bavai, au Quesnoy, à Landrecies[54], à Maubeuge[55] et -dans les autres forteresses des environs qui sont tenables. Les -Français mettent le feu aux faubourgs du Quesnoy et de Bavai. Le -sénéchal de Hainaut, craignant pour son château de Verchin[56], est -allé s'y enfermer avec trente lances, laissant Valenciennes sous la -garde du seigneur d'Antoing. La nuit d'après cette première journée -d'invasion, le duc de Normandie vient camper dans les belles prairies -de Haussy[57] et de Saulzoir[58], sur les bords de la rivière de Selle, -depuis Haspres[59] jusqu'à Solesmes[60]. P. 11 et 12, 197 à 199. - - [26] Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes. - - [27] Aujourd'hui hameau de la comm. de Romeries, Nord, arr. - Cambrai, c. Solesmes. - - [28] Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes. - - [29] Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy. - - [30] Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes. - - [31] Ibid. - - [32] Calaumes désigne sans doute la Chapelle Callome, dépendance - de Bermerain, qui figure encore sur la carte de Cassini. - - [33] Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy. - - [34] Ibid. - - [35] Nord, arr. Cambrai, c. Carnières. - - [36] Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy. - - [37] Ibid. - - [38] Ibid. - - [39] Ibid. - - [40] Nord, arr. et c. Valenciennes. - - [41] Nord, arr. Avesnes, c. Bavai. - - [42] Aujourd'hui Preux-au-Sart, Nord, arr. Avesnes, c. le - Quesnoy. - - [43] Ibid. - - [44] Nord, arr. Avesnes, c. Bavai. - - [45] Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy. - - [46] Ibid. - - [47] Aujourd'hui Saint-Vaast-la-Valleé, Nord, arr. Avesnes, c. - Bavai. - - [48] Aujourd'hui Louvignies-lès-Bavai, sur un affluent du Honneau - ou Hongneau. - - [49] Nord, arr. Avesnes, c. Bavai. - - [50] Aujourd'hui lieu-dit de la comm. du Preux-au-Sart. - - [51] Le Honneau ou Hongneau est un petit cours d'eau sorti de la - forêt de Mormal, qui se jette dans la Haine, affluent de la rive - droite de l'Escaut. - - [52] Froissart dit que cette incursion poussée jusque dans le - Bavaisis fut faite par l'avant-garde de l'armée du duc de - Normandie, et que l'un des chefs de cette avant-garde était - Thibaud de Moreuil. Les montres conservées par De Camps - confirment sur ce point le témoignage du chroniqueur; mais tandis - que Froissart semble mettre la chevauchée dont il s'agit avant - l'attaque contre Valenciennes, c'est-à-dire en juin 1340, les - montres la placent après cette attaque, puisqu'elles la reportent - au mois de juillet. «Gens d'armes qui servirent Thibaut de - Moreuil en la chevauchée de Bavai en Hainaut _ou mois de juillet_ - 1340: Enguerran, sire de Coucy, bann., 1 bann., 11 bach., 59 - esc.; Raoul Flamenc, seigneur de Canny, chev. bann., 2 bach., 19 - esc.; Mathieu d'Espineuses bach. 3 esc.» De Camps, portef. 83, fo - 346. - - [53] Nord, arr. Valenciennes, sur l'Escaut. - - [54] Nord, arr. Avesnes, sur la Sambre. - - [55] Ibid. - - [56] Nord, arr. et c. Valenciennes, sur l'Écaillon. - - [57] Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes, sur la Selle. - - [58] Ibid. - - [59] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain, dans une île formée - par la Selle. - - [60] Nord, arr. Cambrai, sur la Selle. - -Valerand, seigneur de Fauquemont (Valkenburg), capitaine de Maubeuge, -laisse cette ville sous la garde des seigneurs de Beaurieu et de -Montegny, et après avoir chevauché tout un jour en longeant la forêt de -Mormal[61], passe à gué la Selle et vient vers minuit réveiller le duc -de Normandie et son armée. Du côté des Français, le seigneur de -Picquigny[62] est tué, le vicomte des Quesnes[63] et le Borgne de -Rivery[64] sont faits prisonniers dans cette alerte. Puis le seigneur -de Fauquemont court se réfugier sous Thierry de Valcourt, maréchal de -Hainaut, au Quesnoy[65], qui n'était point alors aussi bien fortifié -qu'il fut soixante ans plus tard. P. 12, 13, 199, 200, 204. - - [61] Au quatorzième siècle, la forêt de Mormal, située sur la - rive gauche de la Sambre, s'étendait depuis Landrecies au sud - jusque près de Bavai au nord; elle avait pour limite à l'ouest la - voie romaine, dite Chaussée Brunehaut, du Cateau à Bavai. - - [62] A l'host des frontières de Flandre, du 9 mars 1339 au 1er - octobre 1340, dans la bataille des maréchaux de France figurent: - «Robert de Pinquigny, chev. bann., 2 chev. bach. et 12 esc.; venu - de Fluy lès Pinquigny (Fluy, Somme, arr. Amiens, c. - Molliens-Vidame); Regnaut et Jean de Pinquigny et 8 esc.» De - Camps, portef. 83. fo 320 vo. - - [63] Le personnage désigné ici par le titre de vicomte des - Quesnes est Guillaume des Quesnes, vicomte de Poix, qui figure - aussi avec son fils Renaud des Quesnes à l'host de Flandre de - 1339 à 1340: «Guillaume des Quesnes, vicomte de Pois, chev. - bann., 2 bach., 11 esc.; venu de Quesnes (auj. le Quesne, Somme, - arr. Amiens, c. Hornoy). De Camps, 83, fo 337 vo.--«Regnaut des - Quesnes, bach., 27 esc.» fo 323. - - [64] A l'host des frontières de Flandre de 1339 à 1340, parmi les - écuyers de la bataille des maréchaux de France, figure: «le - Borgne de Rivery, 1 esc.; venu de Rivery près d'Amiens.» De - Camps, 83, fo 327. - - [65] «Pons Cornillon de la Balme fut fait chevalier _devant le - Quesnoy le 7 juin_.» Ibid., fo 334. - -Les Français brûlent Felaines,[66] Famars[67], Sepmeries[68], -Baudignies[69], Artres[70], _Artriel_[71], Saultain[72], Curgies[73], -Estreux[74], Aulnoy[75], Jenlain[76], Beauvoir[77], Rombies[78] et -viennent camper sur la rivière d'Uintiel[79] (la Rhonelle), aux -alentours de Querenaing[80]. Quarante hommes d'armes hainuyers des -garnisons de Condé[81], de Montroeul-sur-Haine[82], de Quiévrain[83] et -de Quiévrechain[84] se mettent en embuscade dans les bois de -Roisin[85], mais ils n'osent attaquer les coureurs français qui -chevauchent au nombre de plus de quatre cents lances. P. 13, 14 et 201. - - [66] Aujourd'hui Pont-à-Felaines, lieu-dit de la commune de - Famars. - - [67] Nord, arr. et c. Valenciennes. - - [68] Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy. - - [69] Ibid. - - [70] Nord, arr. et c. Valenciennes. - - [71] _Artriel_ était sans doute une dépendance d'Artre, comme - Angriel est une dépendance d'Angre et Sebourquiel une dépendance - de Sebourg; mais ce hameau a disparu. Un terrain vague, situé - près d'Artre, s'appelle encore aujourd'hui _le Triez_; peut-être - conserve-t-il le souvenir de l'Artriel de Froissart (note - communiquée par M. Caffiaux). - - [72] Nord, arr. et c. Valenciennes. - - [73] Ibid. - - [74] Ibid. - - [75] Ibid. - - [76] Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy. - - [77] Aujourd'hui hameau de la commune de Havay, Belgique, prov. - Hainaut, arr. Mons, c. Pâturages. - - [78] Rombies-et-Marchipont, Nord, arr. et c. Valenciennes. - - [79] Uintiel, Untiel, Ontiel, Ointiel est l'ancien nom de la - rivière qui s'appelle maintenant la Rhonelle, affluent de la rive - droite de l'Escaut, qui se jette dans ce fleuve à Valenciennes. - - [80] Nord. arr. et c. Valenciennes, entre la Rhonelle et - l'Écaillon. - - [81] Nord, arr. Valenciennes, au confluent de l'Escaut et de la - Hayne. - - [82] Belgique, prov. Hainaut, arr. Mons, c. Boussu. - - [83] Belgique, prov. Hainaut, arr. Mons, c. Dour. - - [84] Nord, arr. et c. Valenciennes, sur la petite Honnelle. - - [85] Belgique, prov. Hainaut, arr. Mons, c. Dour. - -Le lendemain, par une belle matinée du mois de mai[86], le duc de -Normandie vient camper à Famars sur une colline appelée le Mont de -Castres[87]. Quelques-uns de ses gens d'armes descendent du Mont de -Castres, mettent le feu à Marly[88] et aux faubourgs de la porte de -Cambrai. Grand émoi à Valenciennes; on sonne les cloches et le beffroi -à toute volée. La rue de Cambrai se remplit de bourgeois en armes qui -veulent marcher contre l'ennemi. Henri d'Antoing, qui garde les clefs -de la porte de Cambrai, et Jean de Baissi, prévôt de la ville, -s'efforcent de contenir les impatients. P. 202. - - [86] Les Français se mirent en marche pour attaquer Valenciennes - dans les premiers jours de mai 1340. Par acte daté du 2 mai 1340, - Raoul, comte d'Eu, connétable de France, mande aux bourgeois de - Valenciennes qu'ils n'aient point à soutenir les Anglais ni leurs - alliés contre le roi de France (Orig. parch., Archives du Nord). - La principale attaque dirigée contre cette ville dut avoir lieu - le 22 mai, jour où il y eut du côté des Français une promotion de - chevaliers: «Loys de Tournon fait chevalier nouvel _devant - Valenciennes_, le 22 mai.» De Camps, portef. 83, fo 334. - - [87] Le Mont de Castres (_mons castrorum_) est le nom de la - colline sur laquelle est bâti Famars. Au quatrième siècle, après - la ruine de Bavai, les Romains y avaient construit une enceinte - fortifiée dont quelques débris subsistent encore. - - [88] Nord, arr. et c. Valenciennes. - -Une troupe de coureurs français livre un assaut infructueux à la tour -carrée de Maing[89], qui était alors à Jean Bernier de Valenciennes et -qui fut depuis à Jean de Neuville. Ces coureurs, n'ayant pu traverser -l'Escaut à Trith[90] parce que le pont a été coupé par les habitants, -passent le fleuve aux Planches à Prouvy[91], mettent le feu aux maisons -et aux moulins de Prouvy et de Rouvignies[92], et, après avoir refait -le pont[93] de Trith, brûlent _Wercinniel_, Bourlain[94] et Infier[95], -d'où les flammèches volent jusqu'à Valenciennes. P. 15, 204 et 205. - - [89] Ibid. - - [90] Aujourd'hui Trith-Saint-Léger, Nord, arr. et c. - Valenciennes. - - [91] Ibid. - - [92] Ibid. - - [93] Le pont jeté en cet endroit sur l'Escaut, pour relier Famars - à la rive gauche du fleuve, avait donné son nom à un village - aujourd'hui détruit; la tradition faisait remonter aux Romains la - construction de ce pont. - - [94] On appelle encore _marais de Bourlain_ un lieu-dit de la - banlieue de Valenciennes, près de l'Escaut, du côté de la porte - de Cambrai. - - [95] Le _marais d'Infier_ figure aussi comme lieu-dit sur les - relevés du cadastre; mais il est plus rapproché de Trith que - Bourlain (Note de M. Caffiaux). - -D'autres coureurs, ayant à leur tête trois chevaliers poitevins, -Boucicaut[96], Guillaume Blondel[97] et le seigneur de Surgères[98], -passent l'Escaut assez près de Valenciennes, au pont qu'on dit à la -Tourelle à Goguel, brûlent Heurtebise[99], et s'avancent vers -Bellaing[100] et Hérin[101]. Un certain nombre de gens d'armes de -Valenciennes[102] sortent de la ville par les deux portes d'Anzin[103], -la grande et la petite, et marchent à la rencontre de ces pillards. Un -combat s'engage au-dessus d'une église qu'on dit de Saint-Vaast[104]. -Déroute des Français. [Gui] de Surgères se sauve du côté du village de -Hérin et court se jeter dans les bois d'Aubry[105], d'où, le soir venu, -par le pont de Heurtebise et le pont de Trith, il regagne le camp du -Mont de Castres. Boucicaut veut résister; il est fait prisonnier et -amené à Valenciennes. P. 15, 16, 202 et 203, 205 et 206. - - [96] Boucicaut figure sur les montres de l'host de Bouvines dans - la bataille du roi parmi les bacheliers: «Pour M. Boucicaut et 3 - escuiers; venu de Poitou.» De Camps, 83, fo 404 vo. - - [97] Au lieu de Guillaume Blondel, le ms. de Rome mentionne Gui - Poteron. - - [98] Gui (et non Jacques) de Surgères figure à l'host de Bouvines - dans la bataille du roi de Navarre: «Guy de Surgières, bann., 6 - bach., 37 esc.» De Camps, 83, fo 335 vo. - - [99] Heurtebise est indiqué sur la carte de Cassini comme un - écart de Trith-Saint-Léger, près de la chaussée de Bouchain à - Valenciennes. - - [100] Nord, arr. et c. Valenciennes. - - [101] Ibid. - - [102] D'après la première et la troisième rédaction, les - Valenciennois vainqueurs à Saint-Vaast étaient commandés par - Gérard de Verchin, sénéchal de Hainaut. - - [103] Anzin est à 2 kil. N. O. de Valenciennes, sur la route de - cette ville à Lille. - - [104] Aujourd'hui Saint-Vaast-là-Haut, lieu-dit de la banlieue de - Valenciennes. Saint-Vaast, Beaurepaire et la Tasnerie étaient - trois seigneuries dépendantes de cette ville. - - [105] A la place du bois d'Aubry s'élève aujourd'hui le village - appelé Petite-Forêt-de-Raismes, érigé en commune en 1801. - -Le duc de Normandie, voyant que les habitants de Valenciennes ne sont -pas disposés à accepter la bataille et n'espérant pas prendre leur -ville d'assaut, se décide à revenir vers Cambrai. Au retour, ses gens -d'armes incendient Maing, l'abbaye de Fontenelle[106], Trith, Prouvy, -Rouvignies, Douchy[107], Thiant[108], Monchaux[109], et en général tout -le pays qui s'étend entre Valenciennes et Cambrai. P. 17, 18, 208 et -209. - - [106] Abbaye de femmes de l'ordre de Cîteaux située sur le - territoire de la paroisse de Maing, près de l'ancienne route de - Valenciennes à Cambrai. - - [107] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain sur la Selle. - - [108] Nord, arr. et c. Valenciennes. - - [109] Ibid., sur l'Écaillon. - -Après le départ des Français, les Valenciennois viennent mettre le feu -au camp du Mont de Castres; ils y trouvent quelques brigands et Génois -qui, plongés dans un sommeil alourdi par l'ivresse, ne sont pas partis -avec le gros de l'armée; ils les brûlent tout vivants. P. 19. - -Le duc de Normandie met le siége devant le château d'Escaudœuvres[110]. -Gérard de Sassegnies, capitaine de ce château pour le comte de Hainaut, -le livre par trahison aux assiégeants. Les habitants de Cambrai -abattent les remparts d'Escaudœuvres; ils emploient les matériaux -provenant de cette démolition à fortifier la porte Robert qui regarde -le Hainaut. Gérard de Sassegnies devait expier bientôt sa trahison en -subissant à Mons la peine capitale[111]. P. 19, 20, 209 à 211. - - [110] Nord, arr. et c. Cambrai, sur l'Escaut, à 3 kil. N. E. de - Cambrai. - - [111] Le château d'Escaudœuvres fut pris avant le 3 juin 1340. - Par une charte datée du 3 juin 1340, le duc de Normandie mande, - du château d'Escaudoeuvres, aux bourgeois de Valenciennes, de ne - point servir le comte de Hainaut ni son oncle le seigneur de - Beaumont, qui s'étaient joints aux Anglais pour nuire au royaume - de France (Orig. parch., aux Archives du Nord). - -Les garnisons françaises de Douai et de Lille ravagent l'Ostrevant; -elles pillent et brûlent Aniche[112], la moitié d'Abscon[113], -Escaudain[114], Erre[115], Fenain[116], Denain[117], Montigny[118], -Warlaing[119], Masny[120], Auberchicourt[121], Lourches[122], -Saulx[123], Roeulx[124], Neuville[125], Lieu-Saint-Amand[126], -Bugnicourt[127], Monchecourt[128]. En revanche, les gens d'armes -hainuyers en garnison à Bouchain mettent le feu à la moitié d'Abscon -qui se tient française et dévastent tous les villages et hameaux -jusqu'aux portes de Douai, notamment les villages d'Esquerchin[129] et -de Lambres[130]. - - [112] Nord, arr. et c. Douai. - - [113] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain. Une moitié de ce - village tenait, comme on le verra plus bas, pour les Hainuyers, - l'autre moitié pour les Français. - - [114] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain. - - [115] Nord, arr. Douai, c. Marchiennes. - - [116] Ibid. - - [117] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain. - - [118] Nord, arr. et c. Douai. - - [119] Hameau de la commune d'Alnes, Nord, arr. Douai, c. - Marchiennes. - - [120] Nord, arr. et c. Douai. Le nom de cette seigneurie - s'écrivait autrefois Mauny; elle appartenait à l'illustre famille - de ce nom. - - [121] Nord, arr. et c. Douai. - - [122] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain. - - [123] Hameau de la commune de Lourches. - - [124] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain. - - [125] Aujourd'hui Neuville-sur-l'Escaut, Nord, arr. Valenciennes, - c. Bouchain. - - [126] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain. - - [127] Nord, arr. Douai, c. Arleux. - - [128] Ibid. - - [129] Nord, arr. et c. Douai. - - [130] Ibid. - -Escarmouche entre la garnison française de la Malmaison, composée -d'Allemands dont Albrecht de Cologne est le chef pour l'évêque de -Cambrai[131] et la garnison de Landrecies dont le seigneur de Potelles -est capitaine pour le comte de Hainaut. Le seigneur de Potelles est tué -par Albrecht de Cologne, mais les compagnons de celui-ci sont mis en -déroute, tués ou faits prisonniers par les Hainuyers. P. 21 à 23, 211 -et 212. - - [131] La forteresse de la Malmaison située dans la commune d'Ors - (Nord, arr. Cambrai, c. le Cateau), sur la rive gauche de la - Sambre, appartenait en effet aux évêques de Cambrai; mais en 1340 - Sohier de Gand en était capitaine et il avait sous ses ordres 20 - écuyers pour le roi de France. (De Camps, 83, fo 458 vo.) - -Le seigneur de Floyon succède au seigneur de Potelles comme gardien de -Landrecies et chevauche souvent contre les garnisons françaises de -Bohain, de la Malmaison, du Cateau-Cambrésis[132], de Beauvois[133] et -de Serain[134]. Pendant ce temps, le comte de Hainaut, de retour -d'Angleterre, s'est rendu en Allemagne auprès de l'empereur Louis de -Bavière; et Jean de Hainaut est allé en Brabant et en Flandre implorer -le secours du duc de Brabant, de Jacques d'Arteveld et des Flamands. P. -23, 24, 212, 213. - - [132] Au Cateau, Jean de Honnecourt était châtelain pour le roi - de France. De Camps, 83, fo 458. - - [133] Nord, arr. Cambrai, c. Carnières. - - [134] Aisne, arr. Saint-Quentin, c. Bohain. - - - - -CHAPITRE XXXVI. - - 1340. SIÉGE ET PRISE DE THUN-L'ÉVÊQUE PAR LES FRANÇAIS.--OFFRES - DE COMBAT FAITES PAR LE COMTE DE HAINAUT; REFUS DU DUC DE - NORMANDIE[135] (§§ 108 à 112). - - [135] Cf. Jean le Bel, chap. xxxv, t. I, p. 171 à 173. - - -Le duc de Normandie vient, sur les instances des Cambrésiens, mettre le -siége devant la forteresse de Thun-l'Évêque[136] dont les Hainuyers se -sont emparés et d'où ils portent le ravage aux environs de la cité de -Cambrai. La garnison a pour chefs un chevalier du parti anglais nommé -Richard de Limozin et deux écuyers du Hainaut, frères de Gautier de -Mauny, Jean et Thierry de Mauny. Craignant d'être empestés par les -bêtes mortes et puantes que jettent les engins des assiégeants, les -assiégés demandent et obtiennent une trêve de quinze jours; ils -promettent de se rendre au duc de Normandie s'ils ne sont pas secourus -par Jean de Hainaut dans cet intervalle. Catherine de Wargnies, -chanoinesse de l'abbaye de Denain, qui s'est enfermée dans Thun par -amour pour Jean de Mauny dont elle est la maîtresse, et que le fracas -du siége incommode beaucoup à cause de son état de grossesse avancée, -profite de la trêve pour se retirer à Bouchain. P. 24 à 26, 212 à 214. - - [136] La prise de Thun-l'Evêque eut lieu dans le courant du mois - de juin 1340. Des lettres d'amortissement de 20 livres de rente - sans justice et forteresse, délivrées pour la fondation d'une - chapelle à «Gieffroy de Gienville», clerc et conseiller du roi, - sont datées de _noz tentes, après la prise du chastel de Thun, - l'an 1340 au mois de juing_. Arch. de l'Empire, sect. hist., - JJ73, fo 117, p. 137. - -Sur ces entrefaites, le comte de Hainaut revient dans son pays. Il -réunit en toute hâte une puissante armée pour marcher au secours de la -garnison de Thun-l'Évêque et vient camper à Naves et à Iwuy sur la rive -droite de l'Escaut; il est bientôt rejoint par le comte de Namur, le -duc de Brabant et les grands seigneurs des marches d'Allemagne alliés -du roi d'Angleterre. P. 27 et 28, 215 et 216. - -L'armée du duc de Normandie est campée de l'autre côté de la rivière, -sur la rive gauche de l'Escaut. A la nouvelle de l'arrivée du comte de -Hainaut, Philippe de Valois, qui se tenait depuis six semaines à -Péronne, accourt rejoindre Jean son fils à la tête de douze cents -lances; mais comme le roi de France a fait serment de ne pas pénétrer à -main armée sur le territoire de l'Empire, le duc de Normandie conserve -le commandement nominal, tout en n'agissant que d'après le conseil de -son père. P. 28, 216. - -Quatre jours après son arrivée devant Thun-l'Évêque, l'armée du comte -de Hainaut se renforce d'une troupe de Valenciennois que commande Jean -de Baissi, prévôt de la ville. Richard de Limozin et les autres gens -d'armes de la garnison de Thun-l'Évêque profitent d'une escarmouche -entre Français et Valenciennois pour se sauver dans une barque et aller -rejoindre le comte de Hainaut qui les remercie et les félicite de leur -belle défense. P. 29, 216 et 217. - -Les Français ravagent l'Ostrevant et les Hainuyers le Cambrésis. Le -comte de Hainaut reçoit un renfort de soixante mille Flamands amenés -par Jacques d'Arteveld; il offre la bataille au duc de Normandie qui la -refuse. Le comte de Hainaut réunit alors les plus grands barons de -l'armée pour leur communiquer la réponse du duc de Normandie et leur -demander conseil; il veut faire un pont sur l'Escaut afin d'aller -livrer bataille aux Français. Le duc de Brabant combat ce projet; il -est d'avis qu'on se sépare sans avoir rien fait et qu'on attende -l'arrivée prochaine du roi d'Angleterre qui doit se joindre à ses -alliés pour mettre le siége devant Tournay. Malgré l'opposition du duc -de Brabant dont les gens d'armes, surtout ceux de Bruxelles et de -Louvain, sont impatients de retourner dans leurs foyers, le comte de -Hainaut n'en persiste pas moins dans son projet de livrer bataille aux -Français. P. 29 à 31, 217, 218. - -Le comte de Hainaut charge Jean de Hainaut, seigneur de Beaumont, son -oncle, de demander trois jours de répit aux Français, le temps de -construire un pont sur l'Escaut afin que les deux armées puissent se -joindre et en venir aux mains. Au moment où Jean de Hainaut chevauche -sur la rive droite de l'Escaut et se dispose à accomplir son message, -il aperçoit sur la rive opposée un chevalier de Normandie de sa -connaissance, le seigneur de Maubuisson[137]; il prie ce chevalier de -transmettre au roi de France ou au duc de Normandie la proposition du -comte de Hainaut. Le conseil du roi de France répond au seigneur de -Maubuisson que l'on est résolu à ne pas changer de tactique vis-à-vis -du comte de Hainaut, qu'on veut d'abord le ruiner en traînant la guerre -en longueur, que cela fait, on envahira son pays pour y porter le -ravage. Jean de Hainaut, à qui le seigneur de Maubuisson vient -rapporter cette réponse, la transmet au comte de Hainaut, son neveu, -qui la reçoit avec un profond déplaisir. P. 32 à 34, 218. - - [137] Jean de Maubuisson figure à l'host de Bouvines, parmi les - _bacheliers sous les maréchaux_: «Jean de Maubuisson et 1 escuier - venu de Montigny lez Gisors.» De Camps, portef. 83, fo 366. - - - - -CHAPITRE XXXVII. - - 1340. DÉFAITE DE LA FLOTTE FRANÇAISE PAR LA FLOTTE ANGLAISE - DEVANT L'ÉCLUSE; ARRIVÉE D'ÉDOUARD III ET DE SON ARMÉE EN - FLANDRE[138] (§§ 113 à 117). - - [138] Cf. Jean le Bel, chap. XXXVI, t. I, p. 171 à 173. - - -La veille de la fête de saint Jean-Baptiste (23 juin), Édouard III -s'embarque sur la Tamise et cingle vers l'Écluse[139] (Sluis), en -Flandre. La flotte anglaise, composée de plus de cent vaisseaux, porte -quatre mille hommes d'armes et douze mille archers. La flotte française -est encore supérieure en nombre à la flotte anglaise. Montée par des -marins normands, picards et génois, sous les ordres du Normand -[Nicolas] Behuchet, du Picard Hue Quieret et du Génois Barbavara, cette -flotte stationne près de Blankenberghe[140], entre Kadzand[141] et -l'Écluse, pour arrêter au passage le roi d'Angleterre. La bataille -s'engage devant l'Écluse le 24 juin[142] entre les deux flottes -ennemies et dure tout un jour. Les Anglais ont soin de prendre des -dispositions plus habiles que leurs adversaires. Le grand vaisseau _le -Christophe_, conquis peu de temps auparavant par les Normands et monté -par les Génois, est repris dès le commencement de l'action, grâce aux -archers à main d'Angleterre, auxquels un tir plus rapide assure -l'avantage sur les arbalétriers génois. P. 34 à 37, 218 à 221. - - [139] L'Écluse, en flamand Sluis, ville et port de mer des - Pays-Bas, dans la Flandre hollandaise, prov. Zeeland, arr. - Middelburg. - - [140] Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. et c. Bruges. - - [141] L'île de Kadzand fait aujourd'hui partie des Pays-Bas, - prov. Zeeland, arr. Middelburg, c. l'Écluse (Sluis). - - [142] Édouard III s'embarqua à Orwell le 23 juin, veille de la - fête de la Nativité de Saint-Jean-Baptiste; et la bataille navale - de l'Écluse se livra le jour même de la fête, le 24 juin: - «....sub spe cœlestis auxilii, écrit Édouard III à l'archevêque - de Canterbury, et justitiæ nostræ fiducia, dictum portum navigio - venientes, invenimus dictam classem, et hostes nostros ibidem - paratissimos ad prælium, in multitudine copiosa quibus _in festo - Nativitatis Sancti Johannis Baptistæ proxime præterito_, ipse, - spes nostra, Christus Deus, per conflictum fortem et validum, nos - prævalere concessit, facta strage non modica dictorum hostium, - capta etiam quodammodo tota classe, cum læsione gentis nostræ non - modica respective.» Rymer, _Fœdera_, vol. II, p. 1129. - -Édouard III monte un grand vaisseau construit à Sandwich[143], sur -lequel flotte une bannière mi-partie aux armes de France et -d'Angleterre. Le roi anglais, alors en la fleur de sa jeunesse, fait -des prodiges de valeur; les marins normands et picards déploient, de -leur côté, un grand courage. Dans l'après-midi, un gros renfort de -navires montés par des hommes frais et nouveaux, amené par les Flamands -de l'Écluse, de Blankenberghe, d'Aardenburg[144], d'Oostburg[145], de -Bruges, du Damme[146], de Nieuport[147] et des villes voisines, décide -la victoire en faveur des Anglais. Cette affaire coûte la vie à Hue -Quieret et à (Nicolas) Behuchet; Pietro Barbavara se sauve à grand -peine[148]. P. 37 et 38, 221 à 225. - - [143] Sandwich, dans le comté de Kent, un des cinq ports. - - [144] Pays-Bas, prov. Zeeland, arr. Middelburg, c. l'Écluse - (Sluis). - - [145] Pays-Bas, prov. Zeeland, arr. Middelburg, chef-lieu de - canton. - - [146] Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. et c. Bruges. - - [147] Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. Furnes, chef-lieu - de canton. - - [148] Hue Quieret, seigneur de Tours en Vimeu, mourut des - blessures reçues dans le combat. Nicolas Behuchet fut, dit-on, - pendu au mât de son vaisseau par l'ordre d'Édouard III. Philippe - de Valois amortit en avril 1344 quinze livres tournois de rente à - Gonfreville-l'Orcher, à la requête de frère Pierre le Marchant, - du tiers ordre de Saint-François, «clerc de nostre amé et feal - conseiller _Nicolas Beuchet_ JADIS _chevalier_, en recompense des - bons et agreables services que nous fist le dit Pierre en noz - guerres de la mer en la compaignie du dit chevalier.» Arch. de - l'Empire, sect. hist., JJ74, p. 154, fo 93. - - La marine normande fut longtemps à se relever de ce désastre. En - février 1342, Philippe de Valois amortit cent livres de terre pour - la fondation d'un hôpital: «comme les bourgois et les habitanz de - la ville de Leure en Normandie (Seine-Inférieure, comm. le Havre), - _pour compassion de plusieurs du dit pais, qui onc de nostre armée - de la mer avoient esté navrez et mehaigniez_ si griement qu'il ne - povoient ne ne pourront jamais gaigner leurs vivres....» JJ74, p. - 694, fo 418. - -Après la victoire de l'Écluse, le roi d'Angleterre fait un pèlerinage à -Notre-Dame[149] d'Aardenburg, puis il se rend à Gand. A la nouvelle de -l'arrivée et de la victoire d'Édouard III, les allies campés devant -Thun-l'Évêque lèvent le siége de cette forteresse et viennent à Gand -auprès du roi anglais; là ils prennent l'engagement de se réunir un -certain jour en parlement à Vilvorde. P. 38 à 40, 225 à 229. - - [149] La belle église d'Aardenburg, dédiée sous l'invocation de - Notre-Dame, était célèbre dans toute la Flandre au moyen âge - comme but de pèlerinage. - -Le roi de France retourne à Arras et le duc de Normandie à Cambrai. -Les Français prennent aisément leur parti de la déconfiture des -Normands à l'Écluse et disent: «On n'a rien perdu en perdant ces -écumeurs de mer. Ils étaient tous des brigands; ils ne laissaient point -venir de poisson sur le continent, et ils étaient cause qu'on n'en -pouvait avoir. Le roi de France d'ailleurs a gagné deux cent mille -florins à leur mort, car on leur devait leurs gages de quatre mois.» -Toutefois, Philippe de Valois et son fils donnent l'ordre de renforcer -les garnisons de Tournay, de Lille[150], de Douai[151], de Mortagne, de -Saint-Amand, de Saint-Omer, d'Aire[152] et de Saint-Venant[153]. -Informé qu'Édouard III et ses alliés doivent venir assiéger Tournay, le -duc de Normandie envoie dans cette place Godemar du Fay[154]. Le -seigneur de Beaujeu est mis dans Mortagne[155], et Pierre de -Carcassonne est chargé de défendre Saint-Amand[156] en Puelle. P. 40 et -41, 227. - - [150] Louis d'Espagne, comte de Talmont, fut capitaine souverain - à Lille du 16 avril au 27 septembre 1340. De Camps, portef. 83, - fo 310 vo. - - [151] Hue Quieret, chevalier et conseiller du roi, son amiral en - la mer, fut capitaine de Douai du 28 octobre au 6 décembre 1339. - De Camps, 83, fo 311. Nicole de Wasiers paraît avoir succédé à - Hue Quieret comme capitaine de Douai sous le gouvernement de - Godemar du Fay, du 28 octobre 1339 au 27 septembre 1340. De - Camps, 83, fo 312. - - [152] Jean de Traynel, _chevalier le roi_, fut établi du 2 - février au 12 juillet 1340, capitaine à Aire et ès frontières - d'Artois avec 2 bacheliers et 28 écuyers sous sa bannière, et - sous ses ordres 25 chevaliers bacheliers. De Camps, 83, fos 315 - et 316. - - [153] Robert de Wavrin, sire de Saint-Venant, fut établi, du 30 - octobre 1339 au 27 septembre 1340, capitaine de Saint-Venant, - avec 5 chevaliers et 40 écuyers sous sa bannière, et sous ses - ordres 7 chevaliers bacheliers. De Camps, 83, fos 314 et 315. - - [154] Godemar du Fay, sire de Bouchon (Somme, arr. Amiens, c. - Picquigny), gouverneur de Tournésis, fut capitaine général ès - villes de Lille et de Tournay et sur les frontières de Flandre et - de Hainaut, du 18 octobre 1339 au 1er octobre 1340. De Camps, 83, - fo 308 vo. - - [155] Jean de Vienne, chevalier banneret, fut commis à la garde - de Mortagne, du 29 octobre 1339 au 1er octobre 1340, avec 6 - chevaliers bacheliers et 44 écuyers. De Camps, 83, fo 313. - - [156] Jean, sire de Wastines, chevalier bachelier, fut préposé à - la défense de Saint-Amand en 1339 et 1340 avec Jean de - Verdebourc, Baudouin de Loc, Baudouin de Hasebrouck et 23 - écuyers. Ibid. - -Robert, roi de Sicile, très-versé dans l'astrologie, prédit les succès -d'Édouard III: «Le sanglier de Windsor viendra, dit-il, enfoncer ses -défenses jusque dans les portes de Paris.» Inspiré par son dévouement à -la couronne de France, le roi Robert vient à Avignon prier le pape -(Benoît XII)[157] d'user de son intervention pour faire la paix entre -les rois de France et d'Angleterre. P. 41, 226. - - [157] Froissart se trompe en rapportant ce fait au pontificat de - Clément VI qui ne succéda à Benoît XII qu'en 1342. - - - - -CHAPITRE XXXVIII. - - 1340. ASSEMBLÉE DE VILVORDE SUIVIE DU SIÉGE DE TOURNAY PAR - ÉDOUARD III ET SES ALLIÉS[158] (§§ 118 à 122). - - [158] Cf. Jean le Bel, chap. XXXVII, t. I, p. 175 à 177. - - -Assemblée de Vilvorde. Les principaux personnages qui assistent à cette -assemblée, sont Édouard III roi d'Angleterre, Jean III duc de Brabant, -Guillaume II comte de Hainaut, Jean de Hainaut, oncle du comte, Renaud -II duc de Gueldre, Guillaume V marquis de Juliers, Louis Ier de -Bavière, marquis de Brandebourg, Frédéric II, marquis de Meissen et -d'Osterland, Adolphe VIII, comte de Berg, Robert d'Artois, Thierry III, -seigneur de Fauquemont (Valkenburg), Guillaume de Duvenvoorde, -Guillaume Ier, marquis de Namur. A ces princes sont venus se joindre -Jacques d'Arteveld et les députés de Flandre, de Brabant et de Hainaut, -au nombre de trois ou quatre pour chaque bonne ville. Une alliance -offensive et défensive est conclue entre Flandre, Hainaut et Brabant; -en cas de différend, c'est le roi d'Angleterre qui jouera le rôle -d'arbitre entre ces trois pays. En signe de cette alliance, il sera -frappé une monnaie dont les pièces s'appelleront _compagnons_ ou -_alliés_. Les alliés conviennent d'aller mettre le siége devant Tournay -aux environs de la Madeleine (22 juillet), puis ils se séparent et -chacun retourne chez soi pour faire ses préparatifs. P. 41 à 43, 229 et -230. - -Philippe de Valois envoie tenir garnison à Tournay l'élite de sa -chevalerie, notamment Raoul, comte d'Eu, connétable de France[159], le -jeune comte de Guines son fils[160], le comte de Foix[161] et ses -frères, Aymeri VIII (vicomte) de Narbonne, Amé de Poitiers[162], -Geoffroy de Charny[163], Girard de Montfaucon[164], Robert Bertran et -Mathieu de Trie, maréchaux de France[165], Jean de Landas[166], le -sénéchal de Poitou[167], les seigneurs de Cayeux[168], de -Châtillon[169], de Renneval, de Mello[170], d'Offémont[171], de -Saint-Venant[172] et de Creseques[173]. Les fortifications de la cité -sont réparées, les engins, canons et espingalles sont mis en état, et -l'on se pourvoit d'approvisionnements de toute sorte. P. 43, 44, 230. - - [159] «Gens d'armes qui furent _à Tournay sous le gouvernement de - Raoul, comte d'Eu_, connestable de France, estably lieutenant du - roy sur toutes les frontières de Flandres et de Hainaut, du 23 - octobre 1339 jusques au 2 décembre qu'il donna congé à ses dites - gens d'armes.» De Camps, 83, fo 396 vo. - - [160] «Raoul, comte de Guines, chev. bann. et 14 esc.» De Camps, - 83, fo 307. - - [161] Gaston de Foix n'est pas mentionné dans les montres comme - ayant tenu garnison à Tournay, mais il commandait une des - batailles de l'host de Bouvines: «La bataille Gaston, comte de - Foix. Le dit comte de Foix, 32 chev. bann., 31 bach., 23 esc. - bann., 671 esc., 7 sergens d'armes, 12 menestrels et 4 mareschaux - pour chascun menestrel.» De Camps, 83, fos 343 vo et 344. - - [162] Host de Bouvines en 1340. Bataille du roi: «Amé de - Poitiers, banneret, 3 bach., 62 esc.» De Camps, 83, fo 346. - - [163] A l'host des frontières de Flandre, du 9 mars 1339 au 1er - octobre 1340, dans la bataille de Raoul, comte d'Eu, figure: - «Gieffroy de Charny, bach. et 6 esc.; venu de Pierrepont sous - Vezelay.» De Camps, 83, fo 317. - - [164] Parmi les gens d'armes qui ont servi à Douai sous Godemar - du Fay, du 18 octobre 1339 au 1er octobre 1340, figure: «Girart - de Montfaucon, chev. bach., avec 9 esc.» De Camps, 83, fo 309 vo. - - [165] Mathieu de Trie et Robert Bertran avaient à l'host de - Flandre du 2 mars 1339 le commandement d'une bataille dite - _bataille des maréchaux de France_: «Mathieu de Trie, mareschal - de France, bann., 17 chev. bach. et 180 esc.; Robert Bertran, - sire de Briquebec, mareschal de France, bann. et 16 esc.» De - Camps, 83, fo 320 vo. - - [166] Du 27 octobre 1339 au 27 septembre 1340 «jusques au - departement de l'ost de Bovines, Jean de Mortaigne, seigneur de - Landas, chev. bach., fut establi capitaine de Marchaines - (Marchiennes) avec 12 esc.» De Camps, 83, fo 346. - - [167] A l'host de Bouvines, dans la bataille du comte d'Alençon, - figure «Jourdain de Loubert, seneschal de Poitou, chev. bann., 14 - bach., 65 esc.» De Camps, 83, fo 337 vo. - - [168] Jean de Cayeu, chev. bann., 12 esc.; venu de Senarpont - (Somme, arr. Amiens, c. Oisemont). Ibid., fos 307 et 317. - - [169] A l'host de Bouvines, dans la bataille du duc de Normandie, - figure «Jean, sire de Chastillon, chev. bann., 9 bach. et 56 - esc.; venu de Marigny lès Chasteau Thierry.» Ibid., fo 396. - - [170] Parmi les gens d'armes qui servirent à Tournay sous Raoul, - comte d'Eu, du 28 octobre au 2 décembre 1339, figure «Guillaume - de Mello et 8 esc.» Ibid., fo 306 vo. - - [171] A l'host de Bouvines, dans la bataille du comte d'Alençon, - figure «Jean de Neelle, seigneur d'Auffemont, chev. bann., 5 - bach., 32 esc.» Ibid., fo 338. - - [172] Robert de Wavrin, sire de Saint-Venant. - - [173] On lit _Breseques_ dans le ms. B 6; mais il s'agit sans - doute ici d'Eustache, seigneur de Creseques, chevalier banneret - d'Artois, qui servit à l'host de Bouvines, dans la bataille - d'Eude, duc de Bourgogne et comte d'Artois. De Camps, 83, fo 330 vo. - -Siége de Tournay par Édouard III et ses alliés. Le roi d'Angleterre -prend position à la porte dite de Saint-Martin[174] sur le chemin de -Lille et de Douai, le duc entre le Pont-à-Rieux[175], le long de -l'Escaut, le Pire[176] et la porte de Valenciennes[177], le comte de -Hainaut entre le roi d'Angleterre et le duc de Brabant[178]. Jacques -d'Arteveld, à la tête de soixante mille Flamands, vient se loger à la -porte de Sainte-Fontaine[179], sur les deux rives de l'Escaut. Les -princes allemands, campés près des Marvis[180] du côté du Hainaut, ont -fait un pont sur l'Escaut en amont de Tournay pour aller et venir d'une -rive à l'autre. La cité de Tournay est ainsi investie de tous les côtés -à la fois, et les habitants, pour mieux assurer la défense, ont enterré -sept de leurs portes. P. 44 et 45, 230 à 232. - - [174] La porte de Saint-Martin était au midi de Tournay, non loin - du chemin de Lille et de Douai, situé un peu plus à l'ouest. - - [175] Le Pont-à-Rieux est aujourd'hui un hameau de la commune de - Saint-Maur, Belgique, prov. Hainaut, arr. Tournay, c. Antoing, à - 5 kil. de Tournay. - - [176] Le Pire est aujourd'hui un hameau de Montroeul-au-Bois, - Belgique, prov. Hainaut, arr. Tournay, c. Leuze, à 12 kil. de - Tournay. - - [177] La porte de Valenciennes était située à l'est de Tournay, - sur la rive gauche de l'Escaut, à l'endroit où ce fleuve entre - dans la ville. - - [178] Entre Édouard III au midi et le duc de Brabant à l'est, le - comte de Hainaut était campé par conséquent au sud-est. - - [179] La porte de Sainte-Fontaine était à l'ouest de Tournay, du - côté de Courtrai, sur la rive gauche de l'Escaut. - - [180] La porte des Marvis était située au nord-est de Tournay, - sur la rive droite de l'Escaut. - -Le siége durant devant Tournay, le comte de Hainaut ravage et brûle -Orchies[181] et plus de quarante villages ou hameaux des environs, -Landas[182], Lecelles[183], Haubourdin[184], Seclin[185], Ronchin[186], -la ville et l'abbaye de Cysoing[187], Bachy[188], Marchiennes[189], -les bords de la rivière de Scarp jusqu'au château de Rieulay[190], en -Hainaut; il pousse ses incursions jusqu'au Pont-à-Raches[191] à une -lieue de Douai et jusqu'aux faubourgs de Lens[192] en Artois. P. 46, -232 et 233. - - [181] Nord, arr. Douai. - - [182] Nord, arr. Douai, c. Orchies. - - [183] Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux. - - [184] Nord, arr. Lille. - - [185] Nord, arr. Lille. Par acte daté du Moncel lez - Pont-Sainte-Maxence en octobre 1340, Philippe de Valois donne aux - religieux, frères et sœurs de l'hôpital de Notre-Dame _emprès - Seclin «tant pour leurs maisons qui ont esté arses et leurs biens - gastez par noz anemis_, comme pour certaines autres causes, trois - muis de blé, deux muis d'aveine et douze solz parisis ou environ - de rente annuelle, en quoy le dit hospital estoit tenuz à nous - par an.» Arch. de l'Empire, sect. hist., JJ73, p. 39, fo 32 vo. - - [186] Nord, arr. et c. Lille. - - [187] Nord, arr. de Lille, sur la Marcq. Abbaye d'hommes de - l'ordre de Saint-Augustin, au diocèse de Tournay. - - [188] Nord, arr. Lille, c. Cysoing. - - [189] Nord, arr. Douai. - - [190] Nord, arr. Douai, c. Marchiennes. - - [191] Raches ou Pont-à-Raches, Nord, arr. et c. Douai. - - [192] Pas-de-Calais, arr. Béthune. - -Combat sur l'Escaut entre les Flamands et les Français montés les uns -et les autres sur des barques; les Flamands sont repoussés par les -assiégés. P. 46, 47, 233, 234. - -Durant ce même siége de Tournay, les Français de la garnison de -Saint-Amand pillent et brûlent le village et l'abbaye d'Hasnon[193]; -ils traversent les bois de Raismes, mettent le feu à l'hôtel du -Pourcelet et attaquent l'abbaye de Vicoigne[194], dont l'abbé nommé -Godefroi[195] parvient à repousser les agresseurs. Pour remercier les -arbalétriers de Valenciennes qui sont accourus à son secours sous les -ordres de Jean de Baissi, prévôt de la ville, l'abbé de Vicoigne leur -fait boire un tonneau de vin; et dans la crainte d'une nouvelle -surprise, il fait couper les bois qui entourent son abbaye et creuser -de profonds et larges fossés. P. 47, 48, 234, 235. - - [193] Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand. Abbaye de - Bénédictins au diocèse d'Arras. - - [194] Vicoigne, aujourd'hui hameau de la commune de Raismes, - Nord, arr. Valenciennes. Abbaye de l'ordre de Prémontré au - diocèse d'Arras. - - [195] L'abbé Godefroi, dont il est ici question, est Godefroi II - de Bavai, né à Cambrai, promu abbé en 1312, mort en 1344. Une - épitaphe rapportée dans le _Gallia christiana_ célèbre le courage - de l'abbé Godefroi. - -«Pendant le siége de Tournay, dit Froissart, il survint plusieurs -grands faits d'armes, non-seulement en France, mais encore en Gascogne -et en Écosse, qui ne doivent pas être mis en oubli, car selon la -promesse que j'ai faite à mon seigneur et maître en commençant cet -ouvrage, je consignerai toutes les belles actions qui viendront à ma -connaissance, quoique Jean le Bel ne les ait pas mentionnées dans ses -Chroniques. Mais un homme ne peut tout savoir, et ces guerres étaient -si grandes, si dures et si enracinées de tous côtés, qu'il est facile -d'en oublier quelque chose si l'on n'y prend bien garde.» P. 235, 236. - -Le comte de l'Isle[196] est en Gascogne comme un petit roi de France et -fait une guerre acharnée aux Gascons du parti anglais. Les principaux -chevaliers du parti français sont avec le comte de l'Isle, les comtes -de Comminges[197] et de Périgord[198], les vicomtes de Villemur[199], -de Tallard[200], de Bruniquel, de Caraman[201] et de _Murendon_[202]; -l'effectif de leurs forces s'élève à six mille chevaux et dix -mille fantassins. Les Français prennent Bergerac, Condom, -Sainte-Bazeille[203], Penne[204], Langon[205], _Prudaire_, Civrac[206]; -ils assiégent la Réole. Après une belle défense, Jean le Bouteiller, -capitaine de la ville pour le roi d'Angleterre, rend la Réole[207] au -comte de l'Isle qui confie la garde de cette place à un chevalier -gascon nommé _Raymond Segui_. Une fois maîtres de la Réole, les -Français mettent le siége devant Auberoche[208], dont la garnison a -pour chef Hélie de Pommiers. P. 48, 236 et 237. - - [196] Bernard Jourdain, sire de Lille (auj. - l'Isle-en-Jourdain-Gers, Gers, arr. Lombez.) - - [197] Pierre Raymond Ier, comte de Comminges. - - [198] Roger Bernard, comte de Périgord. - - [199] Arnaud de la Vie, sire de Villemur. - - [200] Jean de la Baume, vicomte de Tallard. - - [201] Arnaud d'Euze, vicomte de Caraman. - - [202] Peut-être Amauri, vicomte de Lautrec, seigneur de - Montredon. - - [203] Lot-et-Garonne, arr. et c. Marmande. - - [204] Lot-et-Garonne, arr. Villeneuve-sur-Lot. - - [205] Gironde, arr. Bazas. - - [206] Civrac-de-Dordogne, Gironde, arr. Libourne, c. Pujols. - - [207] La Réole était au pouvoir du roi de France dès 1339. Le 6 - janvier de cette année, Jean, roi de Bohême, lieutenant du roi en - langue d'oc, accorde aux consuls et habitants de la Réole, - contrairement à la coutume de Bazas, en récompense de leur - fidélité, le privilége de pouvoir disposer par testament de leurs - biens immeubles. Arch. de l'Empire, sect. hist., JJ73, p. 227, fo - 179.--En 1341, Thibaud de Barbazan, écuyer banneret, était - capitaine, et Guillaume de la Baume, chevalier banneret, - châtelain de la Réole avec 10 écuyers. De Camps, 83, fo 288 vo. - - [208] Aujourd'hui hameau de la commune du Change, Dordogne, arr. - Périgueux, c. Savignac-les-Églises. - - - - -CHAPITRE XXXIX. - -1340. GUERRE EN ÉCOSSE (§ 123). - - -Les Écossais prennent les armes sous les ordres de Guillaume de -Douglas, des comtes de Murray, Patrick et de Sutherland, de Robert de -Vescy, de Simon Fraser et d'Alexandre de Ramsay.--Pendant que le roi -d'Angleterre assiége Tournay, et à l'instigation du roi de France, les -Écossais portent le ravage dans le Northumberland et l'évêché de -Durham; ils reconquièrent toutes les forteresses occupées par les -Anglais, à l'exception de Bervick, de Stirling, de Roxburgh et -d'Édimbourg. P. 49, 50, 237 à 239. - -Guillaume de Douglas s'empare du château d'Edimbourg par surprise. P. -51 à 54. - -Reddition aux Écossais de Dalkeith, de Dumbar, de Dundee, de -Dumfermline; siége de Stirling. P. 54, 239 à 241. - - - - -CHAPITRE XL. - -1340. ARRIVÉE DU ROI DE FRANCE ET DE SON ARMÉE AU PONT DE BOUVINES -CONTRE ÉDOUARD III ET SES ALLIÉS[209] (§§ 124 à 126). - - [209] Cf. Jean le Bel, chap. XXXVIII, t. I, p. 181 à 186. - - -Le roi d'Angleterre assiége toujours Tournay avec une armée de plus de -cent mille hommes, y compris les Flamands. Les assiégés, menacés de -famine, font sortir les plus pauvres habitants de la ville, hommes et -femmes. P. 54 et 241. - -Philippe de Valois convoque à Arras une grande armée pour marcher au -secours des habitants de Tournay.--Noms des principaux princes et -seigneurs, tant français qu'étrangers[210], qui se rendent à l'appel du -roi de France. P. 55, 241 et 242. - - [210] Voici, d'après les montres, la liste des batailles dont se - composa l'host de Bouvines du 9 mars au 1er octobre 1340: - bataille de Raoul, comte d'Eu, connétable de France;--bataille de - Robert Bertran et de Mathieu de Trie, maréchaux de - France;--bataille de Louis, comte de Flandre, de Nevers et de - Réthel;--bataille d'Eude, duc de Bourgogne, comte d'Artois et - comte palatin de Bourgogne, sire de Salins;--bataille du duc de - Normandie, lieutenant du roi de France;--bataille du roi de - Navarre;--bataille du comte d'Alençon;--bataille de Jean, comte - d'Armagnac;--bataille de Gaston, comte de Foix;--bataille d'Amé, - comte de Savoie;--bataille d'Adolphe, évêque de Liége;--bataille - du roi de France. De Camps, portef. 83, fos 316 à 406. - -Arrivée du roi de France[211] et de son armée sur les bords d'une -petite rivière (la Marcq)[212], située à peu de distance de Tournay, -entre les ponts de Bouvines[213] et de Tressin[214]. P. 56 et 242. - - [211] Philippe de Valois convoqua ses gens d'armes à Arras en - juillet 1340 (De Camps, 83, fo 296), et les congédia le 27 - septembre de la même année (Ibid., fo 346); il était près du - prieuré de Saint-André (auj. Saint-André, Nord, arr. et c. Lille) - le 30 juillet, date de sa réponse à une provocation qui lui avait - été adressée le 26 juillet par Édouard III de Chin-lez-Tournay - (auj. hameau de Romegnies-Chin, Belgique, à 6 kil. de Tournay). - Voyez Rymer, _Fœdera_, t. II, pars ii, p. 1131 et 1132. Le roi de - France paraît avoir passé partie du mois d'août à Douai (Actum et - datum _in exercitu nostro prope Duacum_ anno Domini 1340, mense - _augusti_. JJ73, p. 48, fo 40). Plusieurs chartes datées du Pont - de Bouvines sont du mois de septembre (Actum et datum _in - tentoriis nostris prope pontem de Bovinis_, anno Domini 1340, - mense _septembris_. JJ73, p. 247, fo 193 vo.) - - [212] La Marcq, issue des bois de Phalempin à 15 kil. de Lille, - traverse des marais auxquels elle sert de décharge, et, après un - cours d'environ 5 myriamètres, se jette dans la Deule à - Marquette. - - [213] Nord, arr. Lille, c. Cysoing. - - [214] Nord, arr. Lille, c. Lannoy. - -Rencontre près de Notre-Dame-aux-Bois[215] entre des gens d'armes de la -garnison de Bouchain, commandés par trois chevaliers allemands au -service du comte de Hainaut et un détachement de la garnison française -de Mortagne, qui a pour chef un chevalier bourguignon de la suite du -seigneur de Beaujeu, nommé Jean de Frolois[216]. Les Français sont mis -en déroute, et Jean de Frolois est fait prisonnier. P. 56 à 58, 242 à -244. - - [215] Nord, arr. Valenciennes, c. Bruille-Saint-Amand. _Le - Crousage_ du texte est peut-être la Croisette, hameau de - Saint-Amand-les-Eaux. - - [216] A l'host de Bouvines, dans la bataille d'Eude, duc de - Bourgogne figure: «Jean de Froulois, bann., 2 bach., 11 esc.» De - Camps, portef. 83, fo 330. - -Un jour, un détachement de Hainuyers, dont Guillaume de Baileu est le -chef, passe le Pont-à-Tressin[217], et va, sous la conduite de Waflard -de la Croix, réveiller les Français. Ce même jour, une troupe de -Liégeois venus avec leur évêque servir le roi de France, sous les -ordres de Robert de Baileu[218], frère de Guillaume, passe aussi en -sens inverse le Pont-à-Tressin, pour aller fourrager dans les belles -plaines qui s'étendent entre Tressin et Baisieux[219]. Les Hainuyers de -Guillaume de Baileu sont repoussés et mis en fuite. Au moment où ils -repassent le pont, ils vont se jeter dans les rangs des Liégeois de -Robert de Baileu, qui reviennent de leur excursion, et dont ils -prennent la bannière, portée par Jacques de Forvie[220], pour la leur -propre, à cause de la ressemblance extrême des armes de Robert et de -Guillaume de Baileu. La plupart des Hainuyers sont tués ou faits -prisonniers. Guillaume de Baileu se sauve à grand peine. Waflard de la -Croix, pris dans cette rencontre et livré au roi de France, fut donné -bientôt après, en échange du comte de Salisbury, aux habitants de -Lille, qui le firent mettre à mort. P. 58 à 62, 244 à 246. - - [217] Pont-à-Tressin est encore aujourd'hui le nom d'un hameau de - la commune de Tressin. - - [218] «Host de Bouvines en 1340. La bataille Adolf evesque du - Liége: le dit evesque, 7 chev. bann., 73 bach., 420 esc.» De - Camps, portef. 83, fo 344 vo. Il faut prendre garde de confondre - les seigneurs de Baileu (les mss. de Froissart écrivent Bailleul) - avec les seigneurs de Baillœul en Hainaut ou de Bailleul en - Normandie. La seigneurie de Baileu est aujourd'hui un hameau de - la commune de Walcourt, Belgique, prov. Namur, arr. - Philippeville. Morialmé, dont Robert de Baileu était seigneur, - fait aussi partie du canton de Walcourt. - - [219] Nord, arr. Lille, c. Lannoy. - - [220] Jacques de Forvie, écuyer, était le second fils de Stockar - de Forvie le Vieux; il se maria à Isabeau, fille de Pierre de - Surice, bourgeois de Namur. Hemricourt, _Miroir des Nobles_, éd. - de Jalheau, p. 143. - - - - -CHAPITRE XLI. - - 1340. SIÉGE DE MORTAGNE ET PRISE DE SAINT-AMAND ET DE MARCHIENNES - PAR LE COMTE DE HAINAUT.--DÉFAITE D'UNE TROUPE DE FRANÇAIS ET DU - SEIGNEUR DE MONTMORENCY AU PONT-A-TRESSIN (§§ 127 à 132). - - -Le comte de Hainaut, pour se venger de la mésaventure de Guillaume de -Baileu et de ses gens d'armes, quitte le siége de Tournay et vient avec -six ou sept cents lances assiéger Mortagne par la rive droite de -l'Escaut. En même temps, les habitants de Valenciennes ayant reçu -l'ordre d'assaillir cette place en s'avançant entre la Scarpe et -l'Escaut, douze cents hommes, commandés par Jean de Baissi, prévôt de -la ville, et Gille le Ramonnier, passent les deux rivières de Haine et -d'Escaut à Condé, et arrivent sous les murs de Mortagne. P. 62, 246 et -247. - -Édouard de Beaujeu, capitaine de Mortagne[221], en prévision d'un -siége, a fait enfoncer dans le lit de l'Escaut une quantité innombrable -de pieux pour rendre la navigation impossible. Ce que voyant les -arbalétriers de Valenciennes, qui ne peuvent approcher assez près des -barrières à cause de la largeur des fossés, prennent le parti de passer -la Scarpe au-dessous de Château-l'Abbaye[222] afin d'attaquer Mortagne -du côté de Saint-Amand[223] et de donner l'assaut à la porte devers -Maulde[224]. Cette porte, qui donne sur la Scarpe, est défendue par -Édouard de Beaujeu en personne, tandis que le seigneur de -Saint-Georges[225], son cousin, se tient à la porte d'Escaut par où -l'on va à Antoing[226], faisant face au comte de Hainaut, campé le long -de l'Escaut du côté de Briffœuil[227]. Le seigneur de Beaujeu est armé -d'une longue lance, et, au moyen d'un croc de fer attaché à l'extrémité -de cette lance qui s'enfonce dans les plates et le hauberjon, il -parvient à harponner une douzaine d'assaillants, les attirant à lui ou -les précipitant au fond des fossés pleins d'eau. P. 63 et 247. - - [221] D'après les montres conservées par De Camps, Jean de - Vienne, et non Édouard de Beaujeu, fut capitaine de Mortagne, du - 29 octobre 1339 au 1er octobre 1340, avec 6 chevaliers bacheliers - et 44 écuyers. De Camps, portef. 83, fo 313. - - Le château de Mortagne, bâti au confluent de l'Escaut et de la - Scarpe, résidence habituelle des châtelains de Tournay, fut cédé - en 1313 avec la châtellenie de Tournay à Philippe le Bel. - - [222] Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux. - - [223] Aujourd'hui Saint-Amand-les-Eaux, sur la rive gauche de la - Scarpe, affluent de la rive gauche de l'Escaut. - - [224] Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux, sur la - rive gauche de la Scarpe. - - [225] Il s'agit ici sans doute du seigneur de - Saint-Georges-de-Reneins, Rhône, arr. Villefranche-sur-Saône, c. - Belleville-sur-Saône. - - [226] Belgique, prov. Hainaut, arr. Tournay, à 7 kil. de Tournay. - - [227] Aujourd'hui hameau de Wasmes-Audemez, Belgique, prov. - Hainaut, arr. Tournay, c. Péruwelz. - -Les assiégeants donnent l'ordre d'installer sur un bateau un appareil -destiné à arracher les pieux qui barrent le passage de l'Escaut. Quant -on vient à essayer cet appareil, il fonctionne si mal qu'on doit -renoncer à s'en servir. Les Valenciennois ont pendant ce temps dressé -une très-belle machine qui lance des pierres énormes contre le château -et la ville de Mortagne; mais un maître ingénieur de la garnison -construit une machine plus petite et l'ajuste si bien qu'à la troisième -pierre qu'elle lance, elle brise par le milieu le pierrier des -assiégeants. Après deux nuits et trois jours d'assaut, le comte de -Hainaut et Jean de Hainaut, son oncle, se décident à retourner au siége -de Tournay, et les Valenciennois reprennent le chemin de leur ville -après avoir ravagé l'abbaye du Château. P. 64, 65, 248. - -Informé que la garnison française de Saint-Amand a brûlé l'abbaye -d'Hasnon et essayé de brûler celle de Vicoigne, le comte de Hainaut -part de Tournay et vient avec trois mille combattants assiéger -Saint-Amand, qui n'était alors entouré que d'une enceinte de -palissades. Le capitaine de la garnison[228] est un bon chevalier de la -langue d'oc, nommé le sénéchal de Carcassonne[229]; prévoyant l'attaque -du comte de Hainaut et sachant que la place n'est pas tenable, il a -fait transporter les plus riches joyaux de l'abbaye à Mortagne, P. 65, -66, 248. - - [228] Comme nous l'avons dit plus haut, Jean, sire de Wastines, - fut établi gardien de Saint-Amand, du 23 octobre 1339 au 1er - octobre 1340. - - [229] Le sénéchal de Carcassonne, dont il est ici question, - s'appelait Jean de la Roche; il figure sur les montres de l'host - de Bouvines en 1340 avec cette mention: «Jean de la Roche, - chevalier, seneschal de Carcassonne, banneret, 2 chevaliers - bacheliers, 102 escuiers.» De Camps, portef. 83, fo 352. Jean de - la Roche, seigneur de Castanet (Haute-Garonne), était marié à - Guillemine de Roussillon. - -Douze mille Valenciennois attaquent Saint-Amand par le pont jeté sur la -Scarpe. Les bidauds et les Génois de la garnison, pour se moquer des -arbalétriers de Valenciennes, essuient avec leurs chaperons sur les -murs la place des traits et crient aux assiégeants: «Allez boire votre -goudale, allez!» Découragés et ne recevant aucunes nouvelles du comte -leur seigneur, les Valenciennois regagnent leur ville le soir même. P. -66, 67, 248, 249. - -Le lendemain, le comte de Hainaut arrive devant Saint-Amand et donne -l'assaut à la porte du côté de Mortagne. Une brèche est ouverte dans le -mur de l'abbaye que l'on enfonce au moyen d'énormes pieux en chêne; le -comte s'élance par cette brèche et pénètre sur la place du marché -devant l'église. Il y trouve le sénéchal de Carcassonne qui l'attend de -pied ferme avec une poignée de compagnons de son pays serrés autour de -sa bannière. Un moine nommé Froissart défend l'entrée de l'abbaye et -tue plus de dix-huit assaillants. Le comte fait passer la garnison au -fil de l'épée et mettre le feu à la ville, à l'église et aux bâtiments -de l'abbaye. Le sénéchal de Carcassonne est tué sous sa bannière. P. 67 -à 69, 249. - -Après la destruction de Saint-Amand, le comte de Hainaut incendie -Orchies, Landas, Lecelles, passe la Scarpe au-dessous d'Hasnon et, -entrant en France, s'empare de la grosse et riche abbaye de -Marchiennes[230] défendue par Amé de Warnant[231]. Incendie et pillage -de la ville et de l'abbaye. P. 69, 70, 249, 250. - - [230] Nord, arr. Douai, sur la rive gauche de la Scarpe et de la - Rache et sur la route de Bouchain à Orchies. Abbaye de - Bénédictins au diocèse d'Arras. Depuis la dispersion de l'host de - Buironfosse, le 28 octobre 1339 jusqu'à la dispersion de l'host - de Bouvines, le 27 septembre 1340, «Jean de Mortagne, seigneur de - Landas, chevalier bachelier, fut establi capitaine de Marchiennes - avec 12 escuiers.» De Camps, 83, fo 346 vo. - - [231] A l'host de Bouvines en 1340, parmi les bacheliers sous les - maréchaux de France, figure: «Amé de Warnans, chev. bach. et 25 - esc.; venu de Warnans entre Aix et le Liége.» Aujourd'hui - Warnant-Dreye, Belgique, prov. Liége. - -Le roi d'Angleterre se tient toujours devant Tournay qu'il espère -réduire bientôt par la famine; mais le duc de Brabant laisse plus d'une -fois passer à travers son armée des vivres destinés aux assiégés, et -les gens d'armes de ses bonnes villes de Bruxelles, de Louvain, de -Malines, d'Anvers, de Nivelles, de Jodoigne[232], de Lierre[233], -commencent à s'impatienter de la longueur du siége. P. 70, 71, 250, -251. - - [232] Belgique, prov. Brabant, arr. Nivelles. - - [233] Belgique, prov. Anvers, arr. Malines. - -Un certain nombre de gens d'armes allemands des duchés de Gueldre et de -Juliers s'entendent avec plusieurs chevaliers du Hainaut pour prendre -une revanche de la victoire remportée à Pont-à-Tressin par Robert de -Baileu et les Liégeois sur les Hainuyers: ils se divisent en deux -détachements, dont l'un reste à Pont-à-Tressin pour garder le passage, -tandis que l'autre court réveiller les Français. Deux grands barons de -France, les seigneurs de Montmorency[234] et de Saint-Sauflieu[235], -qui font le guet la nuit où se passe cette escarmouche, repoussent ces -agresseurs et se mettent à leur poursuite jusqu'à Pont-à-Tressin. -Voyant que les ennemis sont là en force pour défendre le passage, le -seigneur de Saint-Sauflieu prend le parti de se retirer avec les siens. -Le seigneur de Montmorency, qui veut continuer la lutte, est fait -prisonnier ainsi que toute son escorte par Renaud de Sconnevort; et les -Allemands ou Hainuyers restent maîtres du pont. P. 71 à 76, 251 à 253. - - [234] A l'host de Bouvines en 1340, dans la bataille de Raoul, - comte d'Eu, figure «Charles, seigneur de Montmorency, banneret, 1 - bachelier, 11 escuiers.» De Camps, 83, fo 335. - - [235] Somme, arr. Amiens, c. Sains. Aucun chevalier banneret, - seigneur de Saint-Sauflieu, n'est mentionné sur les montres de - l'host de Bouvines en 1340; on n'y voit figurer que Gaucher de - Saint-Sauflieu, écuyer, et Raoul, dit Herpin, de Saint-Sauflieu, - aussi écuyer, fait chevalier le 23 mai. Comme Gaucher et Raoul - dit Herpin de Saint-Sauflieu servaient sous la bannière de Rogue, - sire de Hangest, ce dernier est sans doute «le grand baron» dont - parle Froissart; et il n'est pas étonnant qu'on le trouve à côté - de Charles, seigneur de Montmorency, dont il était l'oncle par - son mariage avec Isabeau de Montmorency, fille de Mathieu IV. - «Rogue, sire de Hangest, chev. bann., 4 bach. et 29 esc.; venu de - Maigneville en la comté de Bar. De sa compagnie.... Gaucher de - Saint-Sauflieu.... Harpin de Saint-Sauflieu et Martel du Hamel - faits chevaliers nouvels le 23 jour de may.» De Camps, 83, fo 396 - vo. - - - - -CHAPITRE XLII. - - 1340. DÉFAITE PRÈS DE SAINT-OMER, PANIQUE ET RETRAITE DES - FLAMANDS DANS LEUR PAYS.--LEVÉE DU SIÉGE DE TOURNAY; TRÊVE ENTRE - LA FRANCE ET L'ANGLETERRE[236] (§§ 133 à 137). - - [236] Cf. Jean le Bel, chap. xxxix, t. I, p. 187 à 194. - - -Après l'arrivée du roi de France et de son armée à Bouvines, le bruit -se répand que les garnisons françaises de Saint-Omer, d'Aire et de -Thérouanne doivent pénétrer dans la vallée de Cassel et ravager le -pays, notamment les villes de Bergues[237], Bourbourg[238], -Messines[239], Wervicq[240], Poperinghe[241]. Pour conjurer ce danger, -Robert d'Artois et Henri de Flandre vont se poster avec vingt mille -Flamands à l'entrée de la vallée de Cassel. P. 76, 77, 253. - - [237] Nord, arr. Dunkerque. - - [238] Ibid. - - [239] Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. Ypres. - - [240] Ibid. - - [241] Ibid. - -Environ trois mille de ces Flamands quittent un jour leur campement -pour aller ravager et piller, à l'insu de leurs chefs, le pays situé -entre Aire, Thérouanne et Saint-Omer, ils mettent le feu aux faubourgs -et abattent les moulins de Saint-Omer; à une demi-lieue de cette ville, -ils pillent et brûlent aussi le gros village d'Arques[242] où ils font -un riche butin; mais au moment où ils se reposent dans un village -appelé _la Cauchie_[243], un certain nombre de gens d'armes français -des garnisons de Saint-Omer et de Thérouanne viennent, sous les ordres -de (Jean), comte dauphin d'Auvergne[244], fondre à l'improviste sur ces -pillards, en tuent dix-huit cents et en font quatre cents -prisonniers[245]. P. 76 à 78, 253 à 255. - - [242] Pas-de-Calais, arr. et c. Saint-Omer. - - [243] Aujourd'hui Cauchy, hameau de la commune d'Ecques, - Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer, c. Aire-sur-la-Lys. - - [244] C'est par erreur que Froissart appelle _Béraud_ le comte - dauphin d'Auvergne, qui prit part à l'expédition de Bouvines; - Béraud Ier ne succéda à Jean, dit Dauphinet, son père, qu'en - 1351. «Jean, comte de Clermont, dalphin d'Auvergne, pour li - escuier banneret, 7 bach., 1 esc. bann., 56 esc.--Pour - l'accroissement des gages du dit comte qui le 11 jour de juillet - fut fait chevalier, de Beraut de Marqueil (Mercœur), esc. bann. - fait chevalier le 27 d'aoust.» De Camps, 83, fo 351. - - [245] 6 écuyers bannerets de langue d'oc furent faits chevaliers, - 32 écuyers aussi de langue d'oc furent faits chevaliers nouveaux - «devant Saint-Omer _le 25 juillet_.» De Camps, 83, fo 343. Nous - aurions ainsi une date précise si nous étions certains que - l'engagement devant Saint-Omer qui donna lieu à cette promotion - de chevaliers est le même que celui dont parle Froissart. - - Au milieu de la nuit qui suit ce désastre, tous les Flamands - campés dans la vallée de Cassel se réveillent comme pris de - panique, se lèvent en toute hâte et après avoir plié bagages, - reprennent le chemin de leur pays, malgré les représentations de - Henri de Flandre et de Robert d'Artois, qui vont rejoindre Édouard - III et l'armée anglo-allemande devant Tournay. P. 78, 79, 255, - 256. - - Dans une dépêche d'Édouard III datée de Bruges le 9 juillet et - adressée au prochain Parlement qui doit se réunir à Westminster, - le roi d'Angleterre annonce qu'il se dispose à aller bientôt (aux - environs de la Madeleine, le 22 juillet) assiéger Tournay avec la - plus grande partie de ses forces «où il y auera cent mill homes de - Flaundres armez; _et mounseur Robert d'Artoys vers Seint Omer od - cynquante mill_, outre touz nos alliez et lour poair.» Dès le 26 - juillet, Édouard III était campé «à Chyn (auj. hameau de - Ramegnies-Chin, Belgique, à 6 kil. de Tournay), sur les champs de - lez Tournay.» Rymer, _Fœdera_, vol. II, p. 1130 et 1131. Les - Flamands de Robert d'Artois durent arriver à peu près en même - temps devant Saint-Omer; la date de leur défaite le 25 juillet est - donc très-probable. - -Une trêve d'un an est conclue à Esplechin[246] entre les rois de France -et d'Angleterre par l'entremise de Jeanne de Valois, soœur de Philippe -de Valois, mère du comte Guillaume de Hainaut, aidée de Louis -d'Agimont[247]. P. 79 à 82, 256 à 262. - - [246] Belgique, prov. Hainaut, arr. et c. Tournay, à 7 kil. de - cette ville. - - [247] Parmi les chevaliers bacheliers qui servirent ès parties de - Thiérache sous Gautier duc d'Athènes en vertu de lettres du 6 - septembre 1339 figure: «Loys d'Aigimont, 1 bachelier, 8 - escuiers.» De Camps, 83, fo 305 vo. - - La trêve fut en effet signée dans l'église d'Esplechin le lundi 25 - septembre 1340. Les négociateurs furent de la part du roi de - France: Jean roi de Bohême et comte de Luxembourg, Adolphe évêque - de Liége, Raoul duc de Lorraine, Amé comte de Savoie, Jean comte - d'Armagnac;--de la part du roi d'Angleterre: le duc de Brabant, le - duc de Gueldre, le marquis de Juliers, le comte de Hainaut et Jean - de Hainaut sire de Beaumont. Rymer, _Fœdera_, vol. II, p. 1135. - -Édouard III lève le siége de Tournay, qui dure depuis onze semaines -trois jours moins, et retourne en Angleterre; Philippe de Valois, de -son côté, licencie son armée campée à Bouvines[248].--Les conférences -tenues à Arras entre les envoyés des deux rois en vue de la conclusion -d'un traité de paix, restent sans résultat. P. 82 à 86, 262 à 265. - - [248] Le 27 septembre 1340, congé général fut donné aux gens - d'armes de l'host de Bouvines «excepté à aucuns qui en garnison - demeurèrent à Tournay, le siége des ennemis estant devant la - ville, lesquels ont pris gages jusques au 1er octobre 1340 par - grace du roi.» De Camps, 83, fo 350. - - Le 13 octobre 1340, Philippe de Valois était à l'abbaye de Moncel - (auj. hameau de Pont-Point, Oise, arr. Senlis, c. - Pont-Sainte-Maxence), ainsi que l'atteste une charte où il accorde - aux religieuses, abbesse et couvent du dit lieu «le droit de - prendre annuellement vint milliers de fagos en la vente ou ès - ventes d'aucun ou d'aucuns marcheans de la forest de Halate.» - Arch. de l'Empire, Sect. hist., JJ73, p. 157, fo 129 vo. - - - - -CHAPITRE XLIII. - - 1341. GUERRE DE LA SUCCESSION DE BRETAGNE: SUCCÈS DU COMTE DE - MONTFORT[249] (§§ 138 à 143). - - [249] Cf. Jean le Bel, chap. XLVI, t. I, p. 225 à 236. - - -«Plusieurs jongleurs et chanteurs sur les places, dit Froissart, en -prenant les guerres de Bretagne pour sujet de chansons de geste -fabuleuses et de poëmes mensongers, ont altéré la vérité historique au -grand déplaisir de Jean le Bel, qui a raconté le premier ces guerres -dans ses Chroniques et à mon grand déplaisir aussi à moi Froissart qui -ai loyalement, impartialement continué et complété l'œuvre de mon -prédécesseur. Ces poëmes et ces chansons ne donnent nullement les faits -réels: ces faits, on ne les trouvera qu'ici, grâce au soin extrême que -nous y avons mis, car on n'a rien sans frais et sans peine. Moi, Jean -Froissart, venu le dernier depuis Jean le Bel pour traiter ce sujet, -j'ai visité et parcouru la plus grande partie de la Bretagne, j'ai fait -une enquête auprès des seigneurs et des hérauts sur les guerres, les -prises, les assauts, les incursions, les batailles, les rescousses et -tous les beaux faits d'armes arrivés depuis 1340 jusqu'à la fin de ce -livre; je me suis imposé cette tâche tant à la requête de mon seigneur -et maître et à ses frais que pour me satisfaire moi-même, pour donner -de l'authenticité et des bases solides à mon travail: en quoi mes -efforts ont été grandement récompensés.» P. 265 et 266. - -Mort de Jean III, dit le Bon, duc de Bretagne (30 avril 1341). Jean, -comte de Montfort, frère de père de Jean III, est reçu comme duc à -Nantes au mépris des prétentions de Jeanne, nièce du roi de France par -son mariage avec Charles de Blois et dont le père Gui, comte de -Penthièvre, était frère de Jean III de père et de mère. P. 86 à 88, 265 -à 269. - -Jean de Montfort, après s'être emparé de Limoges et des trésors de Jean -III, revient à Nantes où il convoque à une grande fête les nobles et -prélats de Bretagne. Les bourgeois et conseillers des bonnes villes se -rendent à cet appel, mais non les grands barons qui, sauf Hervé de -Léon[250], sont à peu près tous partisans de Charles de Blois. Jean de -Montfort distribue à ses fidèles le trésor trouvé à Limoges. P. 89 et -90, 269 à 271. - - [250] Les chefs du parti de Montfort étaient, outre Hervé de - Léon, le seigneur de Pont-l'Abbé (Finistère, arr. Quimper), - Geffroi de Malestroit (Morbihan, arr. Ploërmel), Tanneguy du - Châtel (la terre et seigneurie du Châtel était située dans - l'ancien diocèse de Saint-Pol-de-Léon), Henri de Kaër (fief situé - sur le territoire de Vannes), Yvon de Trésiguidy (Finistère, arr. - Châteaulin, hameau de la commune de Pleuben), Hervé seigneur de - Névez (Finistère, arr. Quimperlé, c. Pont-Aven), Alain de - Kerlévénan (Morbihan, arr. Vannes, hameau de la commune de - Sarzeau); on voit que les principaux partisans de Montfort - appartenaient à la Bretagne bretonnante. - -Prise du fort château de Brest par Jean de Montfort après une héroïque -défense de (Gautier[251]) de Clisson. P. 90 à 93, 271 à 275. - - [251] Jean le Bel et Froissart donnent à ce chevalier le prénom - de _Garnier_; les historiens de Bretagne l'appellent Gautier. - -Siége de Rennes par Jean de Montfort. Henri de Spinefort[252], -capitaine de la ville, est fait prisonnier dans une sortie. Le comte de -Montfort menace de faire pendre ce chevalier si Rennes ne lui ouvre ses -portes. Lutte entre les grands bourgeois qui sont d'avis de résister et -les gens du commun qui veulent faire leur soumission. La ville finit -par se rendre, et Henri de Spinefort se range parmi les partisans de -Jean de Montfort. P. 93 à 96, 275 à 280. - - [252] La maison de Spinefort était une «noble et ancienne maison - de Bretagne, au diocèse de Vannes, en la paroisse de Languidic - (Morbihan, arr. Lorient, c. Hennebont), à peu de distance de - Hennebont.» Voy. _Les vies des saints de la Bretagne_, par Albert - le Grand, éd. de M. Miorcec de Kerdannet, p. 38 et 39. - -Prise d'Hennebont[253], fort château et bon port de mer, due à une -surprise faite à Olivier de Spinefort, capitaine de cette place, par -son frère Henri de Spinefort.--Reddition de Vannes.--Levée du siége mis -pendant dix jours devant la Roche-Piriou[254].--Reddition de -Suscinio[255].--Reddition du château d'Auray[256] par Geffroi de -Malestroit et Yvon de Trésiguidy qui prêtent serment de fidélité au -comte de Montfort.--Reddition de la Forest[257] dont le capitaine est -un ancien compagnon d'armes d'Hervé de Léon en Grenade et en -Prusse.--Reddition de Carhaix[258] où s'était enfermé un évêque qui en -était seigneur[259]. Cet évêque, oncle d'Hervé de Léon, se décide, sur -les instances de son neveu, à faire sa soumission au comte de Montfort. -P. 97 à 100, 280 à 285. - - [253] Morbihan, arr. Lorient. - - [254] Aujourd'hui hameau de la commune de Priziac, Morbihan, arr. - Napoléonville, c. le Faouët. - - [255] Aujourd'hui hameau de la commune de Sarzeau, Morbihan, arr. - Vannes. - - [256] Morbihan, arr. Lorient. - - [257] Jean le Bel, dont Froissart reproduit ici le texte à peu - près mot à mot, appelle cette localité _la Forest_ (t. I, p. - 236). Ogée et Albert le Grand identifient le _la Forest_ de Jean - le Bel et le _Goy-la-Forêt_ de Froissart avec la Forest, - Finistère, arr. Brest, c. Landerneau. «Le château de la Forêt, - dit Ogée, fut assiégé en 1341 par le comte de Montfort. C'était - une place forte qui appartenait au vicomte de Rohan, partisan de - Charles de Blois.» _Dictionnaire historique et géographique de la - Bretagne_, t. II, p. 305, au mot _La Forêt_. Le nom breton est - _Gouëlet-Forest_; il figure dans le passage suivant d'une vie de - saint Ténenan: - - Poulzet ouënt gant eun avel gré, - Ractal, é rivier Landerné, - Quen e errusont, gant o lestr, - Dindan Castel-_Gouëlet-Forest_. - - V. Albert le Grand, éd. de M. Miorcec de Kerdannet, p. 403, en - note. Du breton _Gouëlet-Forest_ Froissart a fait Goy-la-Forêt. - - [258] Finistère, arr. Châteaulin. - - [259] Gui de Léon. - -Siége de Jugon[260] par le comte de Montfort. Amauri de Clisson, -capitaine de la garnison, et plus de cent vingt bourgeois de la ville, -sont faits prisonniers dans une sortie par Olivier et Henri de -Spinefort accourus au secours d'Yvon de Trésiguidy. La ville de -Jugon, contre laquelle le comte de Montfort a fait dresser quatre -engins amenés de Rennes, est obligée de se rendre; Amauri de Clisson -prête serment de fidélité au comte de Montfort, qui assigne à ce -chevalier cinq cents livres de terre et le retient de son conseil. -Le vainqueur laisse comme châtelain à Jugon Garnier de Trésiguidy, -cousin d'Yvon.--Reddition de Dinan.--Siége infructueux de -Josselin[261].--Reddition du château de Ploërmel.--Reddition sous -condition de Mauron[262] après douze jours de siége. P. 285 à 291. - - [260] Côtes-du-Nord, arr. Dinan. - - [261] Morbihan, arr. Ploërmel. - - [262] Morbihan, arr. Ploërmel. - - - - -CHAPITRE XLIV. - - 1341. VOYAGES DU COMTE DE MONTFORT EN ANGLETERRE, PUIS A - PARIS[263] (§§ 144 à 146). - - [263] Cf. Jean le Bel, chap. XLVI et XLVII, t. I, p. 236 à 242. - - -Le comte de Montfort se fait partout reconnaître comme duc de Bretagne. -Cependant les seigneurs de Clisson[264], de Tournemine, de -Quintin[265], de Beaumanoir[266], de Laval, de _Gargoule_, de -Lohéac[267], d'Ancenis, de Retz, de Rieux[268], d'Avaugour[269], -refusent d'obéir au nouveau duc; quelques-uns de ces seigneurs -quittent la Bretagne, soit pour guerroyer à Grenade et en Prusse, soit -pour entreprendre le pèlerinage d'outre-mer. P. 291. - - [264] Loire-Inférieure, arr. Nantes. - - [265] Côtes-du-Nord, arr. Saint-Brieuc. - - [266] Aujourd'hui hameau de la commune d'Evran, Côtes-du-Nord, - arr. Dinan. - - [267] Ille-et-Vilaine, arr. Redon, c. Pipriac. - - [268] Morbihan, arr. Vannes, c. Allaire. - - [269] Jeanne, femme de Charles de Blois, avait pour mère Jeanne - d'Avaugour, mariée à Gui, comte de Penthièvre, fille et héritière - de Henri seigneur d'Avaugour. Un petit hameau de la commune de - Saint-Péver, Côtes-du-Nord, arr. Guingamp, c. Plouagat, porte - encore aujourd'hui le nom illustré par cette famille qui - descendait d'Eude comte de Bretagne. - -Jean de Montfort comprend la nécessité de se faire un allié puissant -qu'il puisse opposer au roi de France, oncle et allié naturel de -Charles de Blois. C'est pourquoi il s'embarque à _Gredo_[270] (Redon) -en basse Bretagne pour l'Angleterre, arrive en Cornouaille et débarque -au port de _Cepsée_; de là, il se rend à Windsor auprès d'Édouard III. -Le comte de Montfort fait hommage lige pour le duché de Bretagne au roi -d'Angleterre qui promet en retour d'aider et de défendre son vassal -contre tous, spécialement contre le roi de France; puis il retourne à -Nantes, comblé des présents et des faveurs d'Édouard III[271]. P. 100 à -102, 291 à 298. - - [270] Dom Morice conjecture (_Hist. de Bretagne_, t. I, p. 248) - que Froissart a voulu désigner ici Roscoff; mais, comme l'a fait - remarquer Dacier, il y a bien peu d'analogie entre _Gredo_ et - _Roscoff_. Dacier propose de lire _Coredou_, village sur le bord - d'une petite anse à l'ouest de Saint-Pol-de-Léon, et - l'identification de _Gredo_ avec _Coredou_ a été adoptée par - Buchon (t. I, éd. du Panthéon, p. LIV). Il nous a été impossible - de retrouver exactement, soit dans les dictionnaires, soit sur - les cartes, le _Coredou_ de Dacier. Le nom de ce port est écrit - _Grendo_ dans Jean le Bel (v. t. I, p. 236). D'après la deuxième - rédaction ou ms. d'Amiens (v. p. 291) Jean de Montfort se serait - embarqué à Guérande, et d'après la troisième rédaction ou ms. de - Rome (v. p. 295) à Vannes. En proposant d'identifier _Gredo_ avec - _Redon_, nous nous fondons principalement sur le passage suivant - de la troisième rédaction ou ms. de Rome: «....et vinrent ariver - à _Grède, au plus proçain port de Vennes et de Rennes_.» P. 391. - D'ailleurs, même en ce qui concerne la première rédaction, 10 - mss. sur 33, les mss. 23 à 33 donnent la variante _Redon_ pour - _Gredo_ (voy. p. 397). L'addition d'un g parasite dans _Gredo_ - s'est faite comme dans _grenouille_, de _ranuncula_. Redon a un - port sur la Vilaine accessible aux navires de médiocre grandeur. - - [271] Par acte daté de Westminster le 24 septembre 1341, Édouard - III donne le comté de Richmond avec toutes ses dépendances à son - très-cher cousin Jean duc de Bretagne et comte de Montfort, en - témoignage de l'alliance conclue entre lui et le dit Jean et - aussi en dédommagement du comté de Montfort confisqué par - Philippe de Valois (Rymer, _Foedera_, vol. II, p. 1176). On ne - trouve du reste aucune trace dans les pièces publiées par Rymer - de l'hommage du duché de Bretagne qui aurait été fait dans cette - circonstance par Jean de Montfort à Édouard III. - -Le vicomte de Rohan, les seigneurs de Clisson, d'Avaugour et de -Beaumanoir se rendent en France et informent Charles de Blois des -succès de Jean de Montfort. Charles de Blois implore contre son -compétiteur l'appui du roi de France son oncle. Philippe de Valois, de -l'avis des pairs et grands barons de son royaume, prend le parti de -mander à Paris l'adversaire de son neveu; les seigneurs de Mathefelon, -de Gaussan et Grimouton de Chambly[272], vont à Nantes notifier au -comte de Montfort la volonté du roi de France. Jeanne de Montfort -conseille à son mari de ne pas répondre à l'appel de Philippe de -Valois. Cependant, le comte de Montfort, après avoir hésité quelque -temps, vient à Paris où il fait son entrée en somptueux équipage et -avec une suite de plus de trois cents chevaux. P. 102, 103, 298 à 300, -302, 303. - - [272] D'après le ms. de Rome (v. p. 302), les messagers furent - les seigneurs de Montmorency et de Saint-Venant. - -L'entrevue du comte avec le roi de France a lieu dans une grande -chambre du palais décorée de magnifiques tapisseries. Aux côtés du roi -siégent le comte d'Alençon son frère, le duc de Normandie son fils, -Eude, duc de Bourgogne et Philippe de Bourgogne, fils du duc, le duc de -Bourbon, Jacques de Bourbon alors comte de Ponthieu, les comtes de -Blois, de Forez, de Vendôme et de Guines, les seigneurs de Coucy, de -Sully, de Craon, de Roye, de Saint-Venant, de Renneval et de Fiennes. -Philippe de Valois reproche à Jean de Montfort d'avoir fait hommage du -duché de Bretagne à Édouard III. Le comte répond que ce reproche n'est -nullement fondé, mais en même temps il maintient la légitimité de ses -prétentions à l'héritage de Bretagne. Le roi enjoint à Jean de Montfort -de ne pas quitter Paris avant quinze jours et d'attendre que les pairs, -chargés d'examiner la question pendante entre lui et Charles de Blois, -aient décidé de quel côté est le bon droit. Découragé par un accueil -aussi défavorable, le comte de Montfort estime prudent de ne pas -attendre le jugement des pairs. Un soir, il prend l'habit d'un de ses -ménestrels, monte à cheval sans autre suite qu'un valet de ménestrel, -et à la faveur de ce déguisement, s'échappe à la dérobée de Paris dont -on ne fermait point alors les portes; pendant que ses chambellants font -courir le bruit que leur maître est couché malade dans son lit, il -regagne en toute hâte la Bretagne et va rejoindre à Nantes la comtesse -sa femme. P. 103 à 105, 300 à 302, 303 à 306. - -Le roi de France et Charles de Blois sont furieux quand ils apprennent -que le comte de Montfort vient de s'échapper de leurs mains. Les pairs -et grands barons, réunis en conseil pour statuer sur les prétentions -respectives de Charles de Blois et de Jean de Montfort à l'héritage de -Bretagne, se prononcent tout d'une voix en faveur de Charles de Blois; -ils fondent leur jugement sur deux considérants principaux. 1º Jeanne, -femme de Charles de Blois, à titre de fille unique de Gui, comte de -Penthièvre, frère de père et de mère de Jean III, duc de Bretagne, -dernièrement mort, a plus de parenté avec le dit duc que Jean de -Montfort, qui est seulement frère de père de Jean III[273]; 2º -d'ailleurs le comte de Montfort, même en supposant qu'il y ait quelque -chose de fondé dans ses prétentions, est atteint de forfaiture, d'abord -pour avoir relevé le duché d'un seigneur autre que le roi de France de -qui on le doit tenir en fief, ensuite pour avoir transgressé les ordres -et cassé l'arrêt de son suzerain en quittant Paris sans congé[274]. P. -105 et 106. - - [273] Nous avons corrigé ici Froissart qui dit, sans doute par - inadvertance, que Jean de Montfort n'était pas issu du même père - que le feu duc de Bretagne et son frère le comte de Penthièvre. - La vérité est, comme l'indique notre chroniqueur dans un des - chapitres précédents, que Jean III, duc de Bretagne, et Gui comte - de Penthièvre étaient sortis d'un premier mariage d'Arthur II duc - de Bretagne avec Marie vicomtesse de Limoges, tandis que Jean de - Montfort devait le jour à un second mariage d'Arthur II avec - Iolande de Dreux. - - [274] L'arrêt rendu en faveur de Charles de Blois «in curia - nostra, in magno consilio nostro Parium Franciæ, prælatorum, - baronum aliorumque...» est daté de Conflans le 7 septembre 1341. - V. _Mémoires pour servir de preuves à l'histoire de Bretagne_, - par dom Morice, t. I, col. 1421 à 1424. Froissart se trompe sur - les considérants de cet arrêt. Il n'y est fait mention que des - raisons et des exemples allégués par Charles de Blois, d'une - part, pour prouver qu'en Bretagne les représentants du frère - aîné, lorsqu'il s'agissait d'une succession noble, la - recueillaient au préjudice du frère cadet; et par le comte de - Montfort, d'autre part, pour établir le contraire. - -Charles de Blois, confiant en son droit après le jugement prononcé en -sa faveur, assuré en outre de l'appui du roi de France, entreprend de -reconquérir à main armée son duché de Bretagne. Le duc de Normandie est -adjoint à son cousin comme chef de l'expédition projetée. Les -principaux barons qui s'engagent à faire partie de cette expédition, -sont le comte d'Alençon, oncle de Charles de Blois, le duc de -Bourgogne, le comte de Blois, frère de Charles, le duc de Bourbon, -Louis d'Espagne, Jacques de Bourbon, le comte d'Eu, connétable de -France et le comte de Guines, son fils, le vicomte de Rohan, les comtes -de Forez, de Vendôme et de Dammartin, les seigneurs de Coucy, de Craon, -de Beaujeu, de Sully et de Châtillon. On fixe à Angers le rassemblement -général. P. 106 et 107, 306 et 307. - - - - -CHAPITRE XLV. - - 1341. EXPÉDITION DU DUC DE NORMANDIE ET DE CHARLES DE BLOIS EN - BRETAGNE[275] (§§ 147 à 150). - - [275] Cf. Jean le Bel, chap. XLVII, t. I, p. 243 à 249. - - -Le duc de Normandie, le comte d'Alençon, les ducs de Bourgogne, de -Bourbon et les autres barons et chevaliers dont Charles de Blois s'est -assuré le concours, se rendent à Angers, où rendez-vous général a été -donné à tous les gens d'armes qui doivent faire partie de l'expédition -de Bretagne. Toutes ces forces réunies s'élèvent à cinq mille armures -de fer, sans compter trois mille Génois sous les ordres d'Ayton Doria -et de Charles Grimaldi. Le Galois de la Baume commande aussi une -nombreuse troupe de bidaus et d'arbalétriers. Cette armée chevauche en -trois batailles. La première, composée de cinq cents lances, marche -sous les bannières de Louis d'Espagne, du vicomte de Rohan, des -seigneurs d'Avaugour, de Clisson et de Beaumanoir. La plus forte -bataille est celle du duc de Normandie[276], où se trouvent les plus -puissants seigneurs de l'armée, notamment les comtes d'Alençon et de -Blois, Charles de Blois lui-même qui prend le titre et les armes de duc -de Bretagne, et a fait hommage et féauté pour ce duché au roi de -France. Raoul, comte d'Eu, connétable de France, est à la tête de la -troisième bataille ou arrière-garde avec le comte de Guines[277], son -fils, les seigneurs de Coucy, de Montmorency, de Quintin et de -Tournemine. P. 107, 108, 307, 308. - - [276] «Le voyage de Bretagne et l'ost devant Nantes fait par le - duc de Normandie et les establies après ensuivant le dit voyage, - commençant 26 septembre 1341, finant 6 mai 1342: Eude duc de - Bourgoigne, Gaucher duc d'Athènes, le comte de Joigny, Jean de - Chalon, André de Chauvigny, Gile sire de Soocourt, Bernart sire - de Morueil, Rogue sire de Hangest, Jean de Chastillon, Charles - sire de Montmorency.... Arnaut de la Vie sire de Villemur, Hue de - Bouville, G. de Craon, Hue sire de Faignoles, Robert Bertran - mareschal de France, Payen de Mailly, Jean de Vienne, Regnaut - sire de Honcourt, Godefroy de Nast, etc....» V. De Camps, portef. - 83, fos 452 à 453 vo. - - [277] «La retenue des gens d'armes de l'hostel de nous Raoul, - comte de Eu, connestable de France, qui avecques nous ont esté en - Bretaingne en la compaignie mgr le duc de Normandie _ès mois - d'octobre et de novembre_ 1341. Nous connestable, 1 bann., 4 chv. - bach. et 53 esc.; venus du comté d'Eu _à Angers_.. Pour nostre - bannière, Tassart de Basinguehan--Raoul comte de Guisnes nostre - fil, chev. bann.; pour sa bannière, Bertaut d'Outreleaue.» De - Camps, 83, fo 416. - - Les principaux chevaliers de la bataille du comte d'Eu sont: Jean, - seigneur de Walencourt, chev. bann., 2 chev. bach. et 15 esc., - venus de Wallaincourt en Cambraisis;--Drieu de Mello, chev., 3 - esc., venus de Saint Brice en Aucerrois;--Guillaume de Merlo, - chev., 3 esc., venus de Poisse en Aussay;--Gieffroy de Charny, - chev., 3 esc., venus de Pierrepertuis sous Vezelay;--Ferry de - Chardoingne, chev., 6 esc., venus d'Oupie en l'évesché de - Verdun;--Loys de Corbon, chev., 8 esc., venus de Guion en - Barrois;--Jean Mauvoisin, chev., 2 esc., venus d'auprès Vernon en - Normandie;--Philippe de Pont, chev., 3 esc., venus d'Aencourt prez - d'Arche en Normandie;--Guillaume de Villers, 2 esc., venus de - Villers en Vimeu;--Philippe de Buissy, chev., 2 esc., venus de - Savoye;--Jean de Landas, Baudoin de Bavelinguen, Jean de Dargny, - Jean Maquerel, Gieffroy du Forestel;--Robert le Thyoys, chev., 3 - esc., venus de Gisors.» De Camps, 83, fos 416 à 419. - -Les Français passent par Ancenis et viennent mettre le siége devant -Champtoceaux, qui est de ce côté la clef et l'entrée de Bretagne. Cette -forteresse, assise sur un monticule au pied duquel coule une grosse -rivière (la Loire), a pour capitaines et gardiens deux chevaliers de -Lorraine, nommés Mile et Valerand[278]. Le duc de Normandie fait -combler les fossés par les paysans des environs, tandis qu'on construit -un château de bois monté sur douze roues qui peut bien contenir deux -cents hommes d'armes et cent arbalétriers. Ce château de bois, tout -pourvu d'assaillants, est amené à force de bras jusque contre les -remparts de Champtoceaux. L'énorme machine se compose de trois étages: -à l'étage le plus élevé se tiennent les gens d'armes, au second les -arbalétriers, et tout en bas les sapeurs qui démolissent les murs par -la base. Les assiégeants livrent, avec l'aide de cet engin, un assaut -terrible qui coûte beaucoup de monde aux assiégés et leur fait dépenser -toute leur artillerie. Les gens d'armes de la garnison, découragés, -rendent Champtoceaux, sauve leur vie et leurs biens[279]. P. 108, 100, -309 à 310. - - [278] Champtoceaux, Maine-et-Loire, arr. Cholet, sur la rive - gauche de la Loire. Les ruines du château de Champtoceaux - couvrent encore aujourd'hui les flancs d'un monticule situé à - moins de cent mètres du lit de la Loire. - - [279] Le siége de Champtoceaux dura au moins depuis le 10 octobre - jusqu'au 26 du même mois: «Robert de Marigny esc. fait chev. - nouviaus _à Chantociaus le 10 octobre_, 5 esc., venus de - Triestrieux lez Beauvais.» De Camps, 83, fo 419--«Jean de - Honnecourt escuier fait chevalier nouveau _à Cantociaus le 26 - octobre_.» _Ibid._, fo 417. - -Le duc de Normandie, chef suprême de l'expédition, livre Champtoceaux à -Charles de Blois, son cousin, qui laisse dans cette forteresse comme -châtelain un chevalier nommé Rasse de Guingamp. Puis les Français -prennent le chemin de Nantes, où le comte de Montfort s'est enfermé. -Sur la route, ils s'emparent de Carquefou[280], place située près de -Nantes, entourée de fossés et de palissades, mais dont la garnison, qui -ne se compose que de vilains, ne peut tenir tête aux arbalétriers -génois; la ville est prise et pillée; beaucoup des gens qu'on y trouve -sont passés au fil de l'épée; on met le feu aux maisons, dont la moitié -est la proie des flammes. P. 110, 310, 311, 313. - - [280] Loire-Inférieure, arr. Nantes. Carquefou n'est qu'à 10 - kilomètres de Nantes. - -L'armée du duc de Normandie vient camper devant Nantes et investit -cette grande cité que traverse la Loire, très large en cet endroit. -Jean de Montfort a laissé à Rennes la comtesse sa femme et s'est -enfermé dans Nantes avec Hervé de Léon, Henri et Olivier de Spinefort, -Yvon de Trésiguidy et plusieurs autres chevaliers et écuyers qui l'ont -reconnu comme duc de Bretagne. La cité est forte, bien fermée, -abondamment pourvue de vivres et d'artillerie; en outre, le comte est -très-aimé des bourgeois de Nantes. Pleinement rassuré sur l'issue d'un -siége soutenu dans ces conditions, Jean de Montfort invite les -habitants à se tenir sur la défensive: la saison est trop avancée pour -que le siége puisse durer longtemps. Malgré cette injonction, Hervé de -Léon, à la tête d'une troupe de deux cents armures de fer, la plupart -jeunes bourgeois de Nantes, fait un jour, de grand matin, une sortie -par la poterne de Richebourg[281], pour surprendre un convoi de vivres -destiné aux assiégeants; il s'empare d'environ trente sommiers, mulets -et roncins, et de quinze charrettes remplies de vin et de farine. Une -troupe de cinq cents gens d'armes français commandés par Louis -d'Espagne accourt pour reprendre ce butin; et Hervé de Léon ne parvient -à garder sa proie qu'en fermant précipitamment les portes en dehors -desquelles il laisse deux cents de ses compagnons qui sont tués ou -faits prisonniers. Les parents de ces malheureux sont transportés de -fureur, et Hervé de Léon encourt pour ce fait la disgrâce du comte de -Montfort. P. 110 à 112, 311 à 315. - - [281] La poterne de Richebourg, qui donnait accès dans le - faubourg de ce nom, était située au nord-est de Nantes, sur la - rive droite de la Loire, entre l'Erdre et ce fleuve. - -Un certain nombre de bourgeois de Nantes, parents et amis des gens -d'armes faits prisonniers par Louis d'Espagne, entrent en pourparlers -avec les assiégeants à l'insu de Jean de Montfort, et conviennent de -laisser la poterne de Sauve[282] ouverte aux Français qui pénètrent -ainsi dans la ville un matin sans coup férir. Ils vont droit au château -de Nantes où ils trouvent le comte de Montfort encore endormi et le -font prisonnier. Henri et Olivier de Spinefort, Yvon de Trésiguidy -parviennent à s'échapper. La rumeur publique voit dans la trahison dont -le comte de Montfort est victime en cette circonstance la main de Hervé -de Léon qui se serait vengé ainsi du blâme sévère que le comte lui -avait infligé quelques jours auparavant. Ce qui est certain, c'est que -Hervé est épargné lui et les siens par Charles de Blois, auquel il fait -féauté et hommage comme à son seigneur, et qu'il reconnut depuis lors -comme duc de Bretagne. P. 112, 113, 315 à 319. - - [282] La poterne de Sauve, anciennement appelée de Sauve Tour, - qui donnait accès dans le Bourgneuf, était située sur la rive - droite de la Loire comme la poterne de Richebourg, un peu à - l'ouest de cette dernière, près de la rivière d'Erdre. Une - indication de détail sur la topographie de Nantes aussi précise - que celle des deux poternes de Richebourg et de Sauve semble due - à des souvenirs personnels. Quoi qu'il en soit, il est à - remarquer que cette indication ne se trouve que dans la troisième - et dernière rédaction du premier livre des _Chroniques_ - représentée par le ms. de Rome. - -Les Français se rendent ainsi maîtres de Nantes aux environs de la -Toussaint[283] l'an 1341. A l'occasion de cette solennité, le duc de -Normandie et Charles de Blois tiennent cour plénière au château de -Nantes, où ils donnent des fêtes qui durent quatre jours. Là, le -vicomte de Rohan, les seigneurs de Clisson, d'Ancenis, de Beaumanoir, -de Malestroit, d'Avaugour, de _Gargoule_, de Quintin, de Léon, de -Dinan, de Retz, de Rieux et bien quarante chevaliers bretons des -environs de Nantes font féauté et hommage au mari de Jeanne de -Penthièvre et le reconnaissent comme leur duc. Charles de Blois reste à -Nantes pour y passer l'hiver avec plusieurs vaillants chevaliers de son -lignage. Le reste de l'armée se disperse après avoir promis au nouveau -duc de revenir en Bretagne l'été prochain, si besoin est. Le duc de -Normandie retourne à Paris, emmenant avec lui[284] le comte de Montfort -qu'il remet entre les mains du roi de France. Philippe de Valois fait -enfermer son prisonnier au château du Louvre; on dit même qu'il -l'aurait fait mourir, si Louis de Nevers, comte de Flandre, n'avait -intercédé pour son beau-frère. P. 114, 318, 320 à 322. - - [283] Froissart a varié dans ses diverses rédactions sur la date - de la reddition de Nantes: dans la première rédaction (v. p. - 113), cette date est fixée aux environs de la Toussaint, dans la - troisième (v. p. 319) à la nuit de la Toussaint, dans la deuxième - (v. p. 318) au 20 octobre. Ce qui est certain, c'est que les - Français occupaient Nantes dès le 21 novembre. En vertu d'une - charte datée du 21 novembre 1341, une imposition de 4 deniers - pour livre sur l'achat et la vente des denrées fut établie à - Nantes par Robert Bertran, sire de Bricquebec, maréchal de - France, capitaine pour le roi ès parties de Bretagne, et par - Olivier, évêque de Nantes. _Mémoires pour servir de preuves à - l'histoire de Bretagne_, par Morice, t. I, col. 1429. - - [284] D'après la deuxième rédaction (v. p. 317), l'arrivée du - comte de Montfort à Paris aurait précédé le retour du duc de - Normandie. D'après les première (v. p. 114) et troisième (v. p. - 321) rédactions, au contraire, c'est le duc de Normandie lui-même - qui, au retour de son expédition en Bretagne, aurait amené à - Paris le compétiteur de Charles de Blois et l'aurait livré au roi - de France. Cette dernière version est d'autant plus vraisemblable - que, selon Froissart, le duc de Normandie et les seigneurs - français quittèrent Nantes pour retourner dans leurs foyers _peu - après la Toussaint_; or il est certain que le comte de Montfort - était encore à Nantes le 18 décembre, date d'une lettre qu'il - écrivit à «ses petits bacheliers» Tanneguy du Châtel, Geffroi de - Malestroit et Henri de Kaër. _Preuves de l'hist. de Bretagne_, - par Morice, t. I, col. 1428. - -Charles de Blois écrit aux habitants de Rennes, de Vannes, de -Quimperlé, de Quimper-Corentin, d'Hennebont, de Lamballe[285], de -Guingamp, de Dinan, de Dol[286], de Saint-Mathieu[287], de Saint-Malo, -de venir à Nantes lui prêter serment de fidélité comme à leur duc; mais -la plupart de ces villes prennent parti pour la comtesse de Montfort -qui apprend à Rennes[288] que son mari est tombé aux mains de ses -ennemis. A cette nouvelle, la comtesse, femme au cœur d'homme et de -lion, rassemble ses partisans, leur présente son jeune fils Jean âgé -de sept ans, et se met à chevaucher de forteresse en forteresse à la -tête de cinq cents lances, renforçant partout les garnisons, payant -très-largement les gages de ses gens d'armes et réchauffant par tous -les moyens le zèle des Bretons restés fidèles à sa cause. Elle renforce -surtout la garnison de Rennes, car elle prévoit que ce sera la première -ville que viendra assiéger Charles de Blois; et elle met dans cette -place comme capitaine un vaillant chevalier et de bon conseil, -très-attaché à elle et à son mari, nommé Guillaume de Cadoudal, Breton -bretonnant. Puis elle va, en compagnie de son fidèle Amauri de Clisson, -qui ne la quitte pas, s'enfermer dans Hennebont, fort château et bon -port de mer, afin d'assurer en cas de besoin ses communications avec -l'Angleterre. P. 114, 115, 320 à 324. - - [285] Côtes-du-Nord, arr. Saint-Brieuc. - - [286] Ille-et-Vilaine, arr. Saint-Malo. - - [287] Aujourd'hui hameau de la commune de Plougonvelin, - Finistère, arr. Brest, c. Saint-Renan. - - [288] D'après le ms. de Rome (v. p. 320), c'est à Vannes, au - château de La Motte, non à Rennes, que la comtesse de Montfort - aurait appris que son mari était tombé aux mains des Français. - - - - -CHAPITRE XLVI. - -1341 et 1342. GUERRE EN ÉCOSSE[289] (§§ 151 à 161). - - [289] Cf. Jean le Bel, chap. XLVIII à LI, t. I, p. 251 à 275. - -1341. Continuation des hostilités entre l'Angleterre et l'Écosse: prise -de Stirling par les Écossais.--Trêve entre l'Angleterre et -l'Écosse.--Retour de David Bruce dans son royaume[290]. P. 116 à 120, -324 à 329. - - [290] David II, accompagné de Jeanne d'Angleterre sa femme, - débarqua à Inverbervic dans le comté de Kincardine, le 4 mai - 1341. - -Incursions de David Bruce et des Écossais dans le Northumberland et -l'évêché de Durham: siége de Newcastle.--Prise de Durham. P. 120 à 124, -329 à 335. - -Édouard III fait ses préparatifs[291] pour marcher contre les Écossais -qui, tout en effectuant leur retraite le long de la Tyne dans la -direction de Carlisle, mettent le siége devant un château où la -comtesse de Salisbury se tient enfermée[292].--Les Écossais livrent un -assaut infructueux, mais la garnison du château est bientôt réduite à -la dernière extrémité.--Le capitaine de cette garnison, Guillaume de -Montagu, réussit à traverser pendant la nuit les lignes ennemies pour -aller à York demander du secours à Édouard III.--Aussitôt qu'ils -apprennent que le roi d'Angleterre marche contre eux à la tête d'une -puissante armée, les Écossais lèvent le siége du château de la comtesse -de Salisbury et se retirent dans les forêts de Jedburgh. P. 124 à 131, -335 à 338. - - [291] Le mandement du roi d'Angleterre pour faire assembler à - Newcastle-upon-Tyne le 24 janvier 1342 les troupes qui doivent - marcher contre les Ecossais, est daté de Newcastle-upon-Tyne le 4 - décembre 1341. V. Rymer, _Fœdera_, vol II, p. 1183 et 1184. - - [292] Froissart veut sans doute désigner ici le château de Wark, - situé entre Newcastle et Carlisle, sur la rive gauche de la Tyne, - qui appartenait au comte de Salisbury. - -1342. Édouard III au château de la comtesse de Salisbury.--Passion du -roi d'Angleterre pour la belle comtesse. P. 131 à 135, 339 à 340. - -Récit d'une partie d'échecs entre le roi et la comtesse. P. 340 à 342. - -Édouard III poursuit les Écossais jusque au delà de Berwick.--Nouvelle -trêve entre les Anglais et les Écossais[293].--Le roi d'Angleterre -renvoie le comte de Murray son prisonnier au roi d'Écosse en échange du -comte de Salisbury mis en liberté par le roi de France[294]. P. 135 à -137, 342 à 347. - - [293] Les pouvoirs donnés par Édouard III pour traiter avec les - ambassadeurs de David Bruce, soit de la paix, soit seulement - d'une trêve, sont datés des 20 mars et 3 avril 1342. V. Rymer, - _Fœdera_, vol. II, p. 1189, 1190 et 1191. Édouard III était de - retour à Londres le 20 février 1342 (Rymer, _ibid._, p. 1187), - après avoir demeuré sur les frontières de l'Ecosse depuis le - commencement de novembre 1341. - - [294] Philippe de Valois ne consentit à remettre en liberté le - comte de Salisbury qu'à la condition qu'il jurerait de ne porter - jamais les armes contre la France. Le comte sollicita la - permission de faire ce serment, et Édouard la lui accorda par - lettres datées du 20 mai 1342. Par conséquent, le comte de - Salisbury ne put être de retour en Angleterre que vers le - commencement du mois de juin au plus tôt. V. Rymer, _Fœdera_, - vol. II, p. 1195. - - - - -CHAPITRE XLVII. - - 1342. SIÉGE ET PRISE DE RENNES PAR CHARLES DE BLOIS.--SIÉGE - D'HENNEBONT: DÉFENSE HÉROÏQUE DE JEANNE DE MONTFORT; LEVÉE DU - SIÉGE PAR LES FRANÇAIS A LA SUITE DE L'ARRIVÉE DE GAUTIER DE - MAUNY ET DES ANGLAIS[295] (§§ 162 à 169). - - [295] Cf. Jean le Bel, chap. LII à LVII, t. I, p. 277 à 295. - - -Au printemps de 1342, les seigneurs français qui ont fait partie de -l'expédition de Bretagne l'année précédente, reviennent à Nantes où -Charles de Blois a passé l'hiver. La lutte est plus vive que jamais -entre les deux partis qui se disputent la Bretagne. La comtesse de -Montfort tient, comme on l'a dit plus haut, garnison dans Hennebont, -mais elle a eu soin d'établir Guillaume de Cadoudal comme capitaine à -Rennes et de pourvoir cette place d'artillerie et d'approvisionnements -de toute sorte. L'armée de Charles de Blois, forte de six mille hommes -d'armes et de douze mille soudoyers à lances et à pavois, met le siége -devant Rennes. Ayton Doria et Charles Grimaldi commandent les -arbalétriers génois. Rennes avait alors de grands faubourgs auxquels le -capitaine de la ville est obligé de faire mettre le feu pour pourvoir -aux nécessités de la défense. Les efforts des assiégeants, surtout des -Génois et des Espagnols, très-nombreux dans l'armée de Charles de -Blois, réduisent bientôt la garnison de Rennes à la situation la plus -critique. P. 137 à 139, 347 à 349, 351, 352. - -La comtesse de Montfort, qui se tient enfermée dans Hennebont, envoie -son fidèle Amauri de Clisson[296] demander du secours à Édouard III. Le -roi anglais fait bon accueil au messager de Jeanne de Montfort et -charge Gautier de Mauny de se rendre en Bretagne à la tête de trois -cents lances et de deux mille archers d'élite pour porter secours à la -comtesse. Amauri de Clisson, Gautier de Mauny et le corps d'auxiliaires -anglais se mettent en mer et cinglent vers Hennebont; mais la flotte -qui les porte, assaillie par les vents contraires, erre au gré des -vents pendant plus de soixante jours avant de pouvoir aborder en -Bretagne, et ce retard plonge Jeanne de Montfort dans une angoisse -mortelle. P. 139 à 141, 350 à 354. - - [296] Le voyage d'Amauri de Clisson en Angleterre doit être peu - antérieur au 10 mars 1342. Le 10 mars 1342, Édouard III ordonne - une levée de cent hommes d'armes et de neuf cents _hobbiliers_ - (hommes d'armes de cavalerie légère, de _hobby_) en Irlande et - charge Gautier de Mauny de prendre possession en son nom de - toutes les forteresses de Bretagne qu'Amauri de Clisson, tuteur - de l'héritier du duché, s'est engagé à lui remettre. Le roi - d'Angleterre reconnaît par deux autres actes, datés aussi du 10 - mars 1342, que Gautier de Mauny a reçu d'Amauri de Clisson un - subside de mille livres sterling et envoie en Bretagne, comme il - a été convenu avec les messagers bretons, _de assensu nunciorum - Britaniæ, ad nos in Angliam destinatorum_, des monnayeurs chargés - de convertir la monnaie anglaise en monnaie bretonne. V. Rymer, - _Fœdera_, vol. II, p. 1188 et 1189. - -Les bourgeois de Rennes, réduits au dernier degré de dénûment, -manifestent l'intention de traiter avec les assiégeants; et comme -Guillaume de Cadoudal, capitaine de la garnison, ne veut entendre -parler d'aucun arrangement, ils le font mettre en prison. Ils traitent -ensuite avec Charles de Blois et conviennent de lui rendre la ville à -la condition que les partisans de Montfort auront la vie sauve et -pourront aller où ils voudront. Cette reddition de Rennes a lieu au -commencement de mai 1342. Guillaume de Cadoudal, à peine mis en -liberté, accourt à Hennebont auprès de la comtesse de Montfort. P. 141, -142, 355, 356. - -Une fois maître de Rennes, Charles de Blois assiége Hennebont[297] où -Jeanne de Montfort s'est enfermée avec ses principaux partisans, Gui, -évêque de Léon, oncle de Hervé de Léon, Yvon de Trésiguidy, le seigneur -de Landerneau, le châtelain de Guingamp, Henri et Olivier de Spinefort. -Jeanne de Montfort, armée de pied en cap, chevauche de rue en rue et -exhorte ses gens à se bien défendre; à la voix de la comtesse, les -dames de la ville elles-mêmes travaillent à défaire les chaussées et du -haut des créneaux font pleuvoir des pierres ou versent des pots pleins -de chaux vive sur les assiégeants. P. 142 à 144, 356 à 359. - - [297] Morbihan, arr. Lorient, sur le Blavet navigable en aval - d'Hennebont pour les navires de moyenne grandeur. _Le 13 juin - 1342_, «en noz tentes devant la ville de _Hambont_» Charles de - Blois donne à Ayton Doire (Doria), damoiseau, en récompense de - ses services dans la guerre de Bretagne, les châteaux de - Châteaulin et de Brélidy et toute la terre confisquée sur Yvon de - Trésiguidy pour crime de forfaiture. Arch. de l'Empire, JJ. 74, - p. 685. - -Pendant un assaut, Jeanne de Montfort, qui observe l'action du haut -d'une tour, s'aperçoit que l'ennemi est sorti en masse de ses -campements et que presque tous les Français sont occupés à attaquer la -ville. Aussitôt elle monte à cheval, se met à la tête de trois cents -cavaliers, sort d'Hennebont par une fausse poterne et court mettre le -feu aux tentes et logis des Français. Ceux-ci, à la vue de leur camp en -flammes, quittent précipitamment l'assaut et tombent sur Jeanne de -Montfort après avoir eu soin de lui couper la retraite. Se voyant -poursuivie par Louis d'Espagne et ne pouvant rentrer dans Hennebont, la -comtesse va se jeter à trois ou quatre lieues de là dans le château de -Brech[298], mais les plus mal montés de ses hommes sont faits -prisonniers par les Français. Cinq jours après cette affaire, Jeanne -de Montfort part vers minuit de Brech avec cinq cents compagnons et -rentre au lever du soleil dans sa bonne ville d'Hennebont, dont les -habitants l'accueillent à son de trompe et avec des transports de joie. -Les assiégeants livrent alors un nouvel assaut qui n'est pas plus -heureux que les précédents. Ce que voyant, les Français prennent le -parti de se diviser en deux corps d'armée. Charles de Blois, le comte -Louis de Blois, son frère, le duc de Bourbon, Jacques de Bourbon, -Robert Bertran, maréchal de France, les comtes d'Eu, de Guines et -d'Auxerre, Charles de Montmorency, Gui de Chantemerle, Hervé de Léon, -le seigneur d'Avaugour et partie des Génois et des Espagnols vont -assiéger le château d'Auray, tandis que Louis d'Espagne, Ayton Doria, -Charles Grimaldi et le restant des Espagnols et des Génois, le vicomte -de Rohan, le comte de Joigny, les seigneurs d'Ancenis, de Tournemine, -de Retz, de Rieux, de _Gargoule_ et le Galois de la Baume maintiennent -le siége devant Hennebont avec l'aide de douze grands engins que l'on -fait venir de Rennes. P. 144 à 147, 359 à 365. - - [298] Jean le Bel, dont Froissart reproduit ici le texte, appelle - ce château _Brayt_ qu'on peut lire _Brayc_ à cause de la - ressemblance du t et du c dans l'écriture du XIVe siècle: «elle - s'en rala par une aultre voye droit au chastel de _Brayc qui - estoit_ A QUATRE LIEUES _de là_.» (_Chronique de Jean le Bel_, - éd. Polain, t. I, p. 284). Jean le Bel ajoute quelques lignes - plus bas et Froissart répète que Jeanne de Montfort, partie à - minuit de Brayc, rentra au point du jour à Hennebont. Aucune de - ces circonstances ne convient à Brest qu'une distance de plus de - trente lieues sépare d'Hennebont. Les anciens compagnons d'armes - de Charles de Blois, de Jeanne de Montfort, de qui Jean le Bel et - Froissart tenaient le récit de cette affaire, ont sans doute - voulu désigner BRECH (Morbihan, arr. Lorient, c. Pluvigner), - situé en effet à environ quatre lieues anciennes d'Hennebont, sur - la voie romaine d'Hennebont à Vannes. Il appartient aux érudits - qui ont fait une étude spéciale de la géographie féodale de la - Bretagne, de nous dire, pour confirmer notre conjecture, s'il y - avait à Brech un château fort au XIVe siècle. - -La garnison du château d'Auray[299] compte deux cents hommes en état de -porter les armes sous les ordres de Henri et d'Olivier de Spinefort. A -quatre lieues d'Auray, Vannes, qui tient aussi pour la comtesse de -Montfort, a pour capitaine Geffroi de Malestroit. Dinan, situé d'un -autre côté et fermé seulement de fossés et de palissades, en l'absence -du châtelain de Guingamp, enfermé dans Hennebont avec Jeanne de -Montfort, est confié à la garde de son fils Renaud de Guingamp. Le -château de la Roche-Piriou[300] entre Vannes et Dinan est au comte de -Blois, et la garnison qui se compose de Bourguignons a pour chefs -Gérard de Mâlain[301] et Pierre Portebœuf. Cette garnison ravage et -pille tout le pays des environs et fait des incursions tantôt du côté -de Vannes, tantôt du côté de Dinan. Un jour que Gérard de Mâlain et -vingt-cinq de ses compagnons ont fait main basse sur quatorze ou quinze -marchands et se sont emparés de leurs marchandises, ils tombent à leur -tour entre les mains de Renaud de Guingamp qui les fait prisonniers et -les amène à Dinan. Cependant Louis d'Espagne redouble ses efforts pour -emporter d'assaut Hennebont, et la détresse des assiégés, qui attendent -en vain le retour d'Amauri de Clisson et l'arrivée des Anglais, est à -son comble. A l'instigation de Gui, évêque de Léon, les défenseurs -d'Hennebont consentent à traiter de la reddition de cette place -moyennant certaines conditions stipulées entre l'évêque Gui[302] de -Léon et son neveu Hervé de Léon rallié à Charles de Blois. Au moment -où Hervé de Léon s'approche de la ville pour entrer en pourparlers avec -les assiégés, la comtesse de Montfort regarde du côté de la mer par une -petite lucarne du château; tout à coup elle voit flamboyer des voiles à -l'horizon. Elle s'écrie alors à deux reprises avec des transports de -joie: «Voici venir, Beau Dieu! le secours que j'ai tant désiré!» A ce -cri, chacun se précipite aux fenêtres et aux créneaux; toute une flotte -apparaît qui cingle à pleines voiles vers Hennebont: c'est Amauri de -Clisson qui arrive enfin avec Gautier de Mauny et les Anglais au -secours de la ville assiégée. P. 147 à 150, 365 à 372. - - [299] Morbihan, arr. Lorient. - - [300] Aujourd'hui hameau de la commune de Priziac, Morbihan, arr. - Napoléonville, c. le Faouët. On lit dans le _Dictionnaire - topographique du Morbihan_, par M. Rosenzweig, p. 236: - «ROCHE-PIRIOU, vill. et moulin à eau sur le Pont-Rouge, comm. de - Priziac; pont sur l'Ellée, reliant Priziac et - Meslan.--Seigneurie.» L'identification du Rocheperiot de - Froissart avec Roche-Piriou peut être faite avec certitude - puisque le chroniqueur dit lui-même un peu plus loin (v. p. 164) - que Rocheperiot ou Roceperiot est situé à moins d'une lieue du - Faouët. Roche-Piriou était le chef-lieu d'une châtellenie qui - dépendait de la grande seigneurie de Guémené, érigée en - principauté en 1570. Le dernier jour de mai 1377, le vicomte de - Rohan acquit de Jean de Longueval «les châteaux, châtellainies et - terroers de Guemenetguinguant et de _la Rocheperriou_.» D. - Morice, _Preuves de l'histoire de Bretagne_, t. II, p. 178. Un - acte d'hommage de 1575 rendu par Louis de Rohan mentionne encore - «l'aplacement de l'ancienne forteresse de son chasteau de la - Roche-Periou.» (_Archives de Nantes_; note communiquée à M. - Kervyn par M. Arthur de La Borderie.) - - [301] Mâlain, Côte-d'Or, arr. Dijon, c. Sombernon. - - [302] Entre Guillaume III, évêque en 1335 et Guillaume IV, évêque - en 1349, l'éditeur du XIVe volume du _Gallia Christiana_ place - Yvon III de Trésiguidy auquel il consacre l'article suivant: «Yvo - sæculari militiæ primo nomen dederat et sub Joannis - Montifortensis vexillis contra Carolum Blesensem pugnaverat. - Dein, deposito gladio, sacris initiatus est creatusque Leonensis - episcopus. Carolo Blesensi, susceptis infulis, amicus fuit anno - 1342 apud Suaresium.» _Gallia Christiana_, t. XIV, ed. Hauréau, - col. 978. Admis par M. Hauréau d'après Suarez, Yvon III de - Trésiguidy est rejeté par Ogée qui ne propose d'ailleurs personne - à sa place: «Quelques-uns donnent pour successeur à Pierre - Bernard un Yves de Trésiguidy qui ne paraît pas admissible.» - _Dict. hist. de Bretagne_, par Ogée, t. IV, p. 371. Enfin, - d'après M. Kervyn (t. IV de son édition des Chroniques de - Froissart, p. 436, en note), Gui de Léon aurait succédé comme - évêque de Léon à Pierre de Guémené. - -Rassurés par ce renfort, les défenseurs d'Hennebont s'empressent de -désavouer les démarches faites par Gui de Léon. Cet évêque, qui se sent -compromis vis-à-vis de la comtesse, quitte la ville pour se rendre au -camp de Louis d'Espagne et se rallier comme son neveu Hervé au parti de -Charles de Blois. Le jour même de son arrivée à Hennebont, Gautier de -Mauny fait une sortie contre les Français et parvient à détruire une -machine qui faisait beaucoup de mal aux assiégés. Louis d'Espagne, -voyant la ville d'Hennebont ainsi secourue et ravitaillée par les -Anglais, désespère de prendre cette place et va rejoindre Charles de -Blois devant Auray. P. 150 à 154, 372 à 378. - - - - -CHAPITRE XLVIII. - - 1342. SIÉGE ET PRISE DE CONQUEST, DE DINAN, DE GUÉRANDE PAR LOUIS - D'ESPAGNE, D'AURAY ET DE VANNES PAR CHARLES DE BLOIS[303] (§§ 170 - et 171). - - [303] Cf. Jean le Bel, chap. LVII, t. I, p. 295 à 299. - - -Après la levée du siége d'Hennebont, Charles de Blois envoie Louis -d'Espagne et ses gens assiéger la bonne ville de Dinan[304] qui -n'avait alors pour enceinte que de l'eau et des palissades. Sur la -route, Louis d'Espagne met le siége devant un petit et vieux château -nommé _Conquest_[305] qui tient pour la comtesse de Montfort. Le -capitaine est un chevalier de Lombardie[306] et la garnison se compose -de Lombards et de Génois. Le château est emporté d'assaut et la -garnison est massacrée excepté le capitaine qui est pris à rançon. -Louis d'Espagne laisse _Conquest_ sous la garde d'un châtelain et de -soixante hommes d'armes et continue sa route vers Dinan. P. 154, 155, -378 à 381. - - [304] Cette mention d'un Dinan, voisin du Conquet, entouré - seulement d'eau et de palissades, rapprochée d'un passage - précédent où Froissart dit que la Roche-Piriou est à moitié - chemin de Vannes et de Dinan, cette mention, dis-je, nous avait - fait penser au premier abord que le Dinan dont il s'agit ici - pouvait être identifié avec le petit port de Dinan situé sur - l'anse du même nom au sud de la grande rade de Brest (aujourd'hui - hameau de la commune de Crozon, Finistère, arr. Châteaulin). Mais - à moins qu'on ne prouve que le Dinan du Finistère avait une - certaine importance au XIVe siècle, il est plus naturel de - supposer que Jean le Bel et Froissart ignoraient la véritable - position du Dinan des Côtes-du-Nord. - - [305] Les circonstances du récit de Froissart ne permettent guère - d'identifier _Conquest_ avec _le Conquet_, Finistère, arr. Brest, - c. Saint-Renan. D'un autre côté, tous les historiens de la - Bretagne racontent que le Conquet fut pris par les Français en - 1341 et repris au commencement de 1342 par Gautier de Mauny. V. - notamment le _Dictionnaire historique de Bretagne_, par Ogée, au - mot _Conquet_. «Il n'est guère possible, dit Dacier à propos de - ce passage, que Louis d'Espagne ait rencontré sur sa route, en - allant d'Auray à Dinan qui est à l'orient, à une assez grande - distance, le château du Conquet situé à la pointe occidentale de - la Bretagne. Il n'est guère plus possible que Gautier de Mauny se - soit transporté avec une troupe nombreuse en une matinée de - Hennebont au Conquet près de Brest, c'est-à-dire, à plus de - trente lieues, comme Froissart va le raconter. L'historien - ignorait donc la position des lieux dont il a parlé, à moins - qu'on ne suppose, ce qui n'est pas très-vraisemblable, qu'il - existe un autre château du Conquet que celui que nous - connaissons.» _Chroniques de Froissart_, éd. Dacier, p. 198. M. - Kervyn de Lettenhove (t. IV, p. 438 de son édition) identifie - _Conquest_ avec _Concoret_, Morbihan, arr. Ploërmel, c. Mauron. - «Froissart, dit l'éditeur belge, a pu faire de Conquest - Concoret.» Au point de vue phonétique, cette identification nous - semble inadmissible. - - [306] Jean le Bel, d'après la lecture de M. Polain, appelle ce - chevalier _Martin_ (v. t. I, p. 296); Froissart, dans ses - rédactions 1re (v. p. 155) et 3e (v. p. 381) le nomme _Mansion_, - et dans la 2e (v. p. 379) _Garsion_. - -Informée que Louis d'Espagne s'est arrêté devant _Conquest_, la -comtesse de Montfort charge Gautier de Mauny de délivrer ce château et -d'en faire lever le siége aux Français. Partis d'Hennebont le matin, -Gautier de Mauny et les siens arrivent vers le soir[307] devant -_Conquest_; ils reprennent le château pris la veille par les Français, -le laissent vide et sans garde, car il n'est pas tenable, et retournent -à Hennebont. P. 155, 156, 379 à 383. - - [307] Jean le Bel auquel Froissart a emprunté ce récit dit que - Gautier de Mauny et ses compagnons arrivèrent au château de - _Conquest_ «entre midi et nonne» _Chronique de Jean le Bel_, éd. - Polain, t. I, p. 296. - -Louis d'Espagne investit Dinan et fait faire bateaux et nacelles pour -assaillir cette place de toutes parts, par terre et par eau. Les -bourgeois de Dinan prennent peur, car la place n'est pas forte et n'est -fermée que de palissades; leur capitaine, Renaud de Guingamp, fils du -châtelain de Guingamp, s'efforce en vain de les rassurer. Après quatre -jours de siége, les assiégés se rendent aux Français et mettent à mort -sur la place du marché Renaud de Guingamp qui s'oppose à cette -reddition; Louis d'Espagne leur donne pour capitaines Gérard de Mâlain -et Pierre Portebœuf trouvés prisonniers à Dinan. P. 156 et 157, 383 et -384, 386 et 387. - -Louis d'Espagne, une fois maître de Dinan, se dirige vers une -très-grosse ville située sur le flux de la mer qu'on appelle -Guérande[308] et l'assiége par terre. Il trouve assez près de là, dans -un havre[309] qui est un des plus fréquentés de Bretagne, un certain -nombre de navires chargés de vins que des marchands de Poitou, de -Saintonge et de la Rochelle, ont amenés pour les vendre. Louis -d'Espagne fait main basse sur les cargaisons; il embarque sur les -navires ses gens d'armes et partie des Espagnols et des Génois. -Assaillie par terre et par mer, la ville de Guérande est emportée -d'assaut, les habitants sont passés au fil de l'épée; cinq églises sont -brûlées, mais Louis d'Espagne fait pendre vingt-quatre de ceux qui y -ont mis le feu. Tout est livré au pillage, et l'on recueille un butin -considérable, car Guérande est une ville grande, riche et marchande. P. -156 et 157, 384, 387 et 388. - - [308] Guérande est à 5 kilomètres de l'Océan, mais cette ville - n'étant séparée de la mer que par d'immenses marais salants, Jean - le Bel et Froissart ont pu dire qu'elle est «sur mer» ou «sur le - flun de le mer.» - - [309] Froissart veut sans doute désigner le golfe ou havre au sud - duquel se trouve l'excellent port du Croisic. - -Tandis que Louis d'Espagne et Ayton Doria s'embarquent avec les -Espagnols et les Génois sur les navires pris à Guérande, le vicomte de -Rohan, l'évêque de Léon, Hervé de Léon son neveu vont rejoindre Charles -de Blois devant Auray. A la nouvelle de l'arrivée de Gautier de Mauny -et des Anglais, le roi de France a envoyé une foule de seigneurs -grossir les rangs de l'armée de Bretagne, notamment Louis de Poitiers, -comte de Valentinois, les comtes d'Auxerre, de Joigny, de Porcien, de -Boulogne, les seigneurs de Beaujeu, de Châteauvillain, de Noyers, -d'Anglure, de Catillon, d'Offémont, de Roye, d'Aubigny et Moreau de -Fiennes. Malgré ce renfort, le château d'Auray n'est pas encore pris, -mais ceux de dedans souffrent tellement de la famine, qu'à défaut -d'autre nourriture, ils mangent en huit jours tous leurs chevaux. La -plupart des gens d'armes de la garnison sont tués une nuit qu'ils -tentent de se sauver à la dérobée en traversant les lignes des -assiégeants. Toutefois, Henri et Olivier de Spinefort parviennent à -s'échapper et vont droit à Hennebont. C'est ainsi que le château -d'Auray est pris après dix semaines de siége. P. 158, 385, 388. - -Charles de Blois va assiéger la cité de Vannes dont Geffroi de -Malestroit est capitaine pour la comtesse de Montfort. Le second jour -du siége, des Bretons et autres soudoyers du parti de Montfort qui -tiennent garnison au fort de Ploërmel viennent réveiller les Français. -Deux chevaliers de Picardie qui font le guet cette nuit là, les -seigneurs de Catillon et d'Aubigny, donnent l'éveil; les agresseurs -sont enveloppés et tués ou mis en fuite. Ce même jour, les assiégeants -s'emparent du bourg[310] situé au pied de la cité et du fort jusqu'aux -barrières. Les bourgeois de Vannes prennent le parti de se rendre -malgré les efforts de Geffroi de Malestroit qui s'enfuit Hennebont sous -un déguisement. Charles de Blois passe cinq jours à Vannes, y laisse -comme capitaines Hervé de Léon, Olivier de Clisson, et va assiéger -Carhaix. P. 159, 160, 385 et 386. - - [310] Ce bourg situé au pied de la cité est ce qu'on appelle à - Vannes la _ville basse_; la cité est la _ville haute_. Les - lecteurs de Froissart remarqueront que dans la langue de ce - chroniqueur le terme de _cité_ ne s'applique guère qu'aux villes - _épiscopales_. - - - - -CHAPITRE XLIX. - - 1342. DÉFAITE DE LOUIS D'ESPAGNE PRÈS DE QUIMPERLÉ; SIÉGE DE LA - ROCHE-PIRIOU, DU FAOUËT, ET PRISE DE LA FOREST PAR GAUTIER DE - MAUNY[311] (§§ 172 à 174). - - [311] Cf. Jean le Bel, chap. LVIII, t. I, p. 301 à 307. - -Louis d'Espagne et Ayton Doria s'embarquent avec un certain nombre de -gens d'armes sur les navires pris à Guérande et vont ravager la -Bretagne bretonnante, notamment les environs de Quimperlé, de -Quimper-Corentin et de Saint-Mathieu[312]; ils font des descentes sur -les côtes et courent tout ce pays dont ils entassent les dépouilles sur -leurs navires. A cette nouvelle, Gautier de Mauny, qui se tient à -Hennebont auprès de la comtesse de Montfort, prend la mer avec une -flotte montée par cinq cents hommes d'armes et deux mille archers. -Cette flotte parvient à joindre celle de Louis d'Espagne et d'Ayton -Doria dans le havre de Quimperlé. Gautier de Mauny saisit l'instant où -les Français sont descendus à terre pour piller le littoral, il fond à -l'improviste sur leurs navires sans défense et les capture; puis il -laisse sa flotte sous la garde de cent hommes d'armes et de trois cents -archers, met pied à terre et marche à la rencontre de Louis d'Espagne. -P. 160, 161, 392, 393, 388, 389. - - [312] Aujourd'hui hameau de la commune de Plougonvelin, - Finistère, arr. Brest, c. Saint-Renan. La pointe de Saint-Mathieu - où l'on voit les ruines de l'abbaye du même nom est l'un des - trois promontoires les plus occidentaux de France: d'où le - département où se trouvent ces promontoires a reçu le nom de - Finistère. Saint-Mathieu-de-_Fine-Poterne_ est sans doute une - corruption bizarre de l'ancien nom du hameau dont il s'agit: - Saint-Mathieu-_Fin-de-Terre_. - -Gautier de Mauny et Louis d'Espagne se livrant un combat acharné aux -environs de Quimperlé[313]. Gautier de Mauny a réparti ses gens en -trois batailles. Louis d'Espagne met en déroute la première bataille -dans un engagement où il fait chevalier son neveu Alphonse d'Espagne, -mais il ne peut tenir tête malgré son courage aux deux autres batailles -accourues au secours de la première et auxquelles les paysans des -environs viennent prêter main forte; il est forcé de prendre la fuite -après avoir perdu presque tous les siens, entre autres Alphonse son -cher neveu: il se jette dans une grosse barque et se sauve à force de -voiles avec quelques-uns de ses compagnons. Gautier de Mauny fait -appareiller sa flotte en toute hâte et se met à la poursuite des -fugitifs. Louis d'Espagne aborde à Redon au moment où ses ennemis sont -sur le point de le ratteindre; il réussit à leur échapper en montant -sur de petits chevaux qu'il emprunte et à l'aide desquels il gagne -précipitamment la cité de Rennes voisine de Redon. Gautier de Mauny et -les siens font voile de Redon pour revenir par mer à Hennebont, mais -les vents contraires les forcent à prendre terre à trois lieues de -Dinan[314] d'où ils vont assiéger la Roche-Piriou. Gérard de Mâlain, -autrefois capitaine de ce château, est revenu depuis six jours y tenir -garnison par l'ordre de Charles de Blois. Gautier de Mauny commande -l'assaut, mais ceux de dedans repoussent les assaillants par le jet de -pierres et de poutres, par le tir de leurs canons et de leurs arcs à -tour. Deux chevaliers, Jean le Bouteiller et Hubert de Frenay, sont -blessés en montant à l'assaut; on les porte dans un pré situé au pied -du château et où sont déjà gisants un certain nombre d'autres blessés. -P. 161 à 164, 393 à 396, 389 à 391. - - [313] La 2e rédaction dit: «en l'_ille de Camperli_.» Il n'y a - pas, que nous sachions, d'île de Quimperlé. Froissart désigne - peut-être ainsi la presqu'île formée par le confluent de l'Ellé - et de l'Isole. - - [314] Ce passage emprunté par le chroniqueur de Valenciennes dans - ses deux premières rédactions à Jean le Bel, fournit une nouvelle - preuve que le chanoine de Liége ignorait complétement la - véritable position de Dinan. Froissart a pris soin de faire - disparaître cette erreur grossière dans sa troisième rédaction. - D'après cette rédaction, Gautier de Mauny ne se mit point à la - poursuite de Louis d'Espagne et revint tout droit à Hennebont - d'où il alla assiéger la Roche-Piriou (v. p. 391 et 396), tandis - que Louis d'Espagne, après une nuit de navigation, venait aborder - «à _Grède_, au plus proçain port de Vennes et de Rennes.» Nous - avons eu l'occasion de faire ressortir plus haut (p. XXXVI, note - 1) l'importance de ces dernières lignes qui semblent indiquer que - Froissart identifie _Grède_ ou _Gredo_ avec _Redon_. - -Renier de Mâlain, frère de Gérard, châtelain d'un autre petit fort -appelé le Faouët[315] situé à moins d'une lieue de la Roche-Piriou, -accourt avec quarante de ses compagnons pour porter secours à son -frère; il trouve au pied du château assiégé Jean le Bouteiller, Hubert -de Frenay et les autres hommes d'armes blessés du côté des assaillants -étendus au milieu d'un pré; il n'a pas de peine à les faire prisonniers -et revient les mettre sous bonne garde dans sa forteresse du Faouët. -Indignés d'une si lâche surprise, Gautier de Mauny et Amauri de Clisson -abandonnent la Roche-Piriou et viennent assiéger le Faouët pour -délivrer leurs compagnons. Gérard de Mâlain veut alors rendre à son -frère Renier service pour service; il monte à cheval, part une nuit de -la Roche-Piriou et arrive un peu devant le jour à Dinan[316] où il -implore le secours de Pierre Portebœuf, son bon compagnon, en faveur -de son frère Renier. Il réussit à faire accueillir favorablement sa -demande et ne tarde pas à revenir vers le Faouët avec un corps de six -mille auxiliaires fournis par les bourgeois de Dinan. Gautier de Mauny, -craignant de se trouver pris entre les gens d'armes amenés par Gérard -de Mâlain, d'une part, et l'armée de Charles de Blois, de l'autre, lève -le siége du Faouët. P. 164 à 166, 397 à 399, 401. - - [315] Morbihan, arr. Napoléonville, sur l'Ellé. - - [316] La distance entre la Roche-Piriou, à l'est du Morbihan, et - Dinan, à l'ouest des Côtes-du-Nord, est beaucoup trop - considérable pour que, même à cheval, on puisse faire le trajet - en une nuit; mais, nous le répétons, Jean le Bel auquel ces - détails sont empruntés, ne se faisait pas la moindre idée de la - position exacte de Dinan. - -Avant de rentrer dans Hennebont, Gautier de Mauny met le siége devant -le château de _Ghoy le Forest_[317]. Charles de Blois, à qui ce château -s'est rendu quinze jours auparavant, y a maintenu comme capitaine Gui -de _Ghoy_, auquel il a adjoint Hervé de Léon; mais ces deux chevaliers -sont absents au moment où Gautier de Mauny se présente devant la -forteresse confiée à leur garde: ils sont allés se joindre au gros de -l'armée française qui assiége Carhaix. Gautier de Mauny profite de leur -absence pour emporter d'assaut _Ghoy le Forest_, qui est un château -merveilleusement fort; il passe la garnison au fil de l'épée, et -revient après ce beau fait d'armes à Hennebont. P. 167, 168, 400 à 402. - - [317] On lit _Glay la Forest_ dans Jean le Bel (v. t. I, p. 306, - éd. Polain). Ici encore Froissart a corrigé dans sa troisième - rédaction une erreur géographique commise d'après Jean le Bel - dans les deux rédactions précédentes. Dans celles-ci, en effet, - notre chroniqueur disait que Gautier de Mauny avait trouvé Ghoy - le Forest sur son chemin en revenant du Faouët à Hennebont, comme - si Ghoy le Forest était placé entre ces deux localités (v. p. - 166, 167 et 400). Froissart mieux informé a soin de faire - remarquer dans la troisième rédaction que Gautier de Mauny se - détourna du chemin d'Hennebont pour mettre le siége devant Ghoy - le Forest: «Quant mesires Gautiers de Mauni et sa route se furent - departi de Fauet, _il n'alèrent pas le droit cemin pour retourner - à Hainbon, mais s'adrechièrent vers Goi le Forest_.» P. 401. Il - est vrai que le chroniqueur retombe dans une autre erreur - lorsqu'il ajoute que Gautier de Mauny, après avoir pris Goy la - Forest, rentra ce jour même à Hennebont, à moins que _Goy_ ne - soit une corruption du breton _Coët_ qu'on aura joint, par une - sorte de tautologie assez fréquente dans les noms de lieu, à sa - traduction française _la Forest_. Dans cette hypothèse, - Goy-la-Forest pourrait désigner le château de Coët situé à 10 - kilomètres nord-est d'Hennebont dans la commune de Languidic, - qui, d'après M. de La Borderie, si versé dans la géographie - féodale de la Bretagne, était au moyen âge le chef-lieu d'une - seigneurie investie du droit de haute justice. - - - - -CHAPITRE L. - - 1342. SIÉGE ET OCCUPATION DE CARHAIX PAR CHARLES DE - BLOIS.--SECOND SIÉGE D'HENNEBONT PAR LES FRANÇAIS, SIGNALÉ PAR UN - MERVEILLEUX EXPLOIT DE GAUTIER DE MAUNY ET LEVÉE DE CE - SIÉGE.--REDDITION DE JUGON A CHARLES DE BLOIS.--TRÊVE ENTRE LES - BELLIGÉRANTS SUIVIE DU DÉPART DE JEANNE DE MONTFORT POUR - L'ANGLETERRE[318] (§§ 175 à 180). - - [318] Cf. Jean le Bel, chap. LVIII à LX, t. I, p. 307 à 317. - -La comtesse de Montfort donne un grand dîner pour fêter le retour de -Gautier de Mauny et de ses compagnons; elle prend plaisir à leur faire -conter leurs exploits et leurs aventures.--Gérard de Mâlain, informé -que les Anglais ont pris _Ghoy le Forest_ et l'ont laissé sans garde, -fait réparer ce château par les paysans des environs, a soin de le -pourvoir de vivres ainsi que d'artillerie et y met bonne garnison. P. -168, 169, 402. - -Pendant ce temps, Charles de Blois maintient toujours le siége devant -Carhaix[319]. Les assiégés appellent en vain à deux ou trois reprises -Jeanne de Montfort à leur aide. Désespérée de son impuissance, la -comtesse envoie des messagers en Angleterre et les charge d'informer -Édouard III, son allié, de la détresse où elle se trouve réduite après -la prise de Rennes, de Vannes et de plusieurs autres places par Charles -de Blois; elle conjure le roi d'Angleterre d'expédier en Bretagne de -nouveaux secours, sans quoi elle ne répond pas de l'avenir.--Sur ces -entrefaites, les habitants de Carhaix, pressés par la famine et se -voyant abandonnés à leurs seules forces par la comtesse de Montfort, -prennent le parti de se rendre et font leur soumission à Charles de -Blois. P. 169, 170, 402, 403. - - [319] Finistère, arr. Châteaulin. - -Après la reddition de Carhaix, Charles de Blois va mettre une seconde -fois le siége devant Hennebont, il investit la ville et le château -défendu par l'élite de la chevalerie bretonne et anglaise. Le quatrième -jour du siége, Louis d'Espagne vient se joindre aux assiégeants après -être resté six semaines à Rennes pour la guérison de ses blessures. Du -reste, ce n'est pas le seul renfort que reçoit Charles de Blois. Tous -les jours il voit arriver à son camp des chevaliers de France qui, -revenant de guerroyer avec le roi Alphonse d'Espagne contre les -Sarrasins de Grenade et apprenant à leur passage en Poitou qu'il y a -guerre en Bretagne, accourent y prendre part. Charles de Blois fait -dresser seize grandes machines qui lancent d'énormes pierres contre les -murailles d'Hennebont et dans l'intérieur de la ville. Les assiégés -n'en ont cure; du haut des remparts ils essuient par bravade la face -extérieure des créneaux avec leurs chaperons. «Allez donc, crient-ils -aux assiégeants, allez donc chercher vos compagnons qui se reposent au -camp de Quimperlé!» P. 170, 171, 403, 404. - -Louis d'Espagne, qui veut tirer vengeance de la mort de son neveu -Alphonse tué à Quimperlé, se fait délivrer par Charles de Blois, Jean -le Bouteiller et Hubert de Frenay, deux des compagnons de Gautier de -Mauny, qui au retour de l'expédition de Quimperlé ont été faits -prisonniers devant la Roche-Piriou par Renier de Mâlain et enfermés au -Faouët; puis, malgré les instances de Charles et des autres seigneurs -français, il déclare, une fois que les deux prisonniers sont entre ses -mains, qu'il les va mettre à mort. Gautier de Mauny, informé par ses -espions du sort cruel réservé à ses deux compagnons d'armes, entreprend -de les arracher au péril qui les menace. Tandis qu'Amauri de Clisson, -en s'avançant vers l'heure du dîner jusque sur le bord des fossés avec -trois cents armures de fer et mille archers, fait sortir les -assiégeants en masse de leurs campements et les occupe à des -escarmouches, Gautier de Mauny sort d'Hennebont par une poterne avec -cent ou deux cents compagnons d'élite et cinq cents archers à cheval, -gagne par un chemin détourné le camp français où il n'est resté que des -valets, se fait conduire par ses espions droit à la tente où l'on garde -les deux prisonniers, les délivre et rentre avec eux dans Hennebont. En -revanche, deux chevaliers de la garnison, le seigneur de Landerneau et -le châtelain de Guingamp sont pris dans une sortie par les assiégeants -et se soumettent le soir même à Charles de Blois. P. 171 à 177, 404 à -409, 411. - -Cependant le siége d'Hennebont ne fait aucun progrès. Le château est -très-fort, et la garnison, aussi nombreuse qu'aguerrie, peut se -ravitailler tous les jours par mer. D'un autre côté, l'hiver approche: -on est entre la Saint-Remy (1er octobre) et la Toussaint (1er -novembre); et le pays des environs a été tellement ravagé que les -assiégeants ne savent plus où trouver vivres ni fourrages. Toutes ces -raisons déterminent Charles de Blois à donner congé au gros de son -armée, et le siége d'Hennebont est levé vers la Saint-Luc (18 octobre). -La plupart des seigneurs de France retournent chez eux, et Charles de -Blois avec les gens d'armes qui lui restent prend ses quartiers[320] -d'hiver à Carhaix. P. 176 à 178, 409 à 412. - - [320] Froissart, en supposant ici l'année 1342 près de finir, - semble placer en 1343 les faits dont le récit va suivre, par - exemple, l'arrivée de Robert d'Artois, puis celle d'Édouard III - en Bretagne, tandis qu'en réalité ces événements appartiennent à - l'année 1342. - -Sur ces entrefaites, un riche bourgeois et un grand marchand de -Jugon[321], qui fait tous les approvisionnements de la comtesse de -Montfort, tombe entre les mains de Robert de Beaumanoir, maréchal de -l'armée de Charles de Blois. Ce bourgeois, pour sauver sa vie et -recouvrer sa liberté, s'engage à livrer Jugon aux Français. Charles de -Blois laisse une partie de ses gens à Carhaix sous les ordres de Louis -d'Espagne, et vient en personne avec cinq cents lances à Jugon, dont le -bourgeois qui est de sa connivence lui ouvre à minuit les portes. La -ville une fois prise, le château lui-même finit, après quelque -résistance, par se rendre au vainqueur. Gérard de Rochefort est -maintenu comme capitaine de la garnison par Charles de Blois qui -retourne à Carhaix. Bientôt, par les soins d'Yvon de Trésiguidy, au nom -de la comtesse de Montfort, et de Robert de Beaumanoir, au nom de -Charles de Blois, une trêve est conclue entre les belligérants qui doit -durer jusqu'à la mi-mai[322] 1343. Aussitôt après la conclusion de -cette trêve, la comtesse de Montfort s'embarque à Hennebont et se rend -en Angleterre auprès d'Édouard III, tandis que Charles de Blois vient à -Paris faire visite au roi Philippe de Valois, son oncle. P. 178 à 181, -412 à 417. - - [321] Côtes-du-Nord, arr. Dinan. Il ne reste rien aujourd'hui de - la redoutable forteresse qui avait donné lieu au proverbe: - - Qui a Bretagne sans Jugon - A chape sans chaperon. - - [322] On ne trouve ni dans le recueil de Rymer ni ailleurs aucune - mention d'une trêve qui aurait été conclue à cette date entre - Charles de Blois et la comtesse de Montfort. Froissart veut - peut-être parler, ainsi que Dacier l'a supposé, de l'armistice - arrêté entre les deux parties au commencement de cette année 1342 - pour durer jusqu'au retour de la belle saison. V. _Hist. de - Bretagne_, par dom Morice, t. I, p. 254. - - - - -CHRONIQUES - -DE J. FROISSART. - - - - -LIVRE PREMIER - - § 99. Quant li rois de France eut oy recorder comment - li Haynuier avoient ars ens ou pays de Tierasse, - pris et occis ses chevaliers, et destruit le bonne ville - de Aubenton, saciés que il ne prist mies ceste cose - en gré, mais commanda à son fil le duch de Normendie 5 - que il mesist une grosse chevaucie sus, et - s'en venist en Haynau, et sans deport atournast tel - le pays que jamais ne fust recouvret. Et li dus respondi - qu'il le feroit volentiers. Encores ordonna li - rois de France le conte de [Lille[323]], gascon qui se tenoit 10 - adonc à Paris dalés lui et que moult amoit, que il - mesist sus une grosse chevaucie de gens d'armes, et - s'en alast en Gascongne et y chevauçast, comme lieutenans - dou roy de France, et guerriast durement et - radement Bourdiaus et Bourdelois et toutes les forterèces - qui là se tenoient pour le roi d'Engleterre. Li - contes dessus dis obey au commandement dou roy - et se parti de Paris, et fist son mandement à Thoulouse - à estre à closes Paskes, li quelz mandemens fu 5 - tenus, ensi que vous orés chà en apriès, quant tamps - et lieus sera. Encores renforça grandement li rois de - France l'armée qu'il tenoit sus mer et le grosse armée - des escumeurs. Et manda à monsigneur Hue - Kieret et à Barbevaires, et as aultres chapitainnes, 10 - qu'il fuissent songneus de yaus tenir sus les mètes - de Flandres, et que nullement il ne laiassent le roy - d'Engleterre rapasser ne prendre port en Flandres; - et se par leur coupe en demoroit, il les feroit morir - de male mort. 15 - - [323] Ms. A8, fo 49.--Mss. B1, 3, 4, fo 71 vo: «Laille». - - Avoech tout ce, vous avés bien oy recorder comment - de nouviel li Flamench s'estoient alloiiet, par - saiellet, avoecques le roi d'Engleterre, et li avoient - juret à lui aidier à poursievir sa guerre, et li avoient - fait encargier les armes de France, et li avoient fait 20 - hommage de tout ce dont tenu estoient au roy de - France, et li fisent encores prendre title et nom de - roy de France; et cils rois les avoit absols et quittés - de une grande somme de florins dont obligiet il estoient - de jadis et loiiet au roy de France. Dont il 25 - avint que, quant li rois Phelippes oy ces nouvelles, - se ne li pleurent mies bien, tant pour ce qu'il avoient - fait hommage à son adversaire, que pour ce que li - rois englès, comme rois de France, les avoit quittés - de le somme et de l'obligation, ce que nullement il 30 - ne pooit faire. De quoi encores, pour yaus retraire, - il leur manda par un prelat, sus l'ombre dou pape, - qu'il tenissent ferme et estable leur sierement; autrement, - il jetteroit une sentense entre yaus; non obstant - ce et le petite et foible information qu'il avoient - eu, se il se voloient recognoistre et retourner à lui et à - le couronne de France, et relenquir le roi d'Engleterre 5 - qui enchanté les avoit, il leur pardonroit son - mautalent et leur quitteroit la ditte somme, et leur - donroit et saieleroit pluiseurs belles francises en son - royaume. Li Flamench n'eurent mies adonc conseil - ne acord de ce faire, et respondirent qu'il se tenoient 10 - bien pour absols et pour quittes de tout ce où obligiet - estoient, tant c'au roi de France. Et quant li rois - de France vei qu'il n'en aroit aultre cose, si s'en - complaindi au pape Clement VIe qui regnoit pour le - temps, li quelz papes jetta une sentense et un escumeniement 15 - en Flandres si horrible et si grant que il - n'estoit nulz prestres qui y volsist celebrer ne faire - le divin offisce. De quoi li Flamench furent moult - courouchiet; et en envoiièrent complaintes grandes - et grosses au roi englès, li quelz, pour yaus apaisier, 20 - leur manda que de ce il ne fuissent noient effraet. - Car, la première fois qu'il rapasseroit, il lor menroit - des prestres de son pays qui chanteroient messe en - Flandres, volsist li papes ou non, car il est bien privilegiiés - de ce faire. Parmi tant s'apaisièrent li Flamench. 25 - - - § 100. Quant li rois de France vei que, par nulle - voie ne pourkas qu'il [sceust[324]] faire ne moustrer, il - ne poroit ratraire les Flamens ne oster de leur oppinion, - si commanda à chiaus qu'il tenoit en garnison, - de Tournay, de Lille, de Douay et des chastiaus voisins, - que il fesissent guerre as Flamens, et courussent - en leur pays et sans deport. Dont il avint que - messires Mahieus de Roie, qui pour le temps se tenoit 5 - dedens Tournay, et messires Mahieus de Trie, - mareschaus de France, avoech monsigneur Godemar - dou Fay et pluiseur aultre, misent une chevaucie sus - de mille armeures de fier, tous bien montés, et trois - cens arbalestriers, tant de Tournay, de Lille que de 10 - Douay, et se partirent de le cité de Tournay un soir - apriès souper, et chevaucièrent tant que sus le point - dou jour il vinrent devant Courtrai, et accueillièrent, - devant soleil levant, toute le proie de là environ. - Et coururent li coureur jusques as portes, et occirent 15 - et mehagnièrent aucuns hommes qu'il trouvèrent - ens ès fourbours, et puis s'en retournèrent arrière - sans damage. Et prisent ces gens d'armes leur tour - deviers le rivière dou Lis et devers le Warneston, en - accueillant et en menant devant yaus toute le proie 20 - qu'il trouvèrent et encontrèrent; et ramenèrent ce - jour en le cité de Tournay plus de dix mille blanches - bestes, et bien otant que pors, que bues, que - vaches, dont il eurent grant pourfit et grant butin. - Et en fu la ditte cités bien pourveue et rafreschie un 25 - grant temps et largement avitaillie. - - [324] Mss. B3, 4, fo 47.--Ms. B1, fo 72 vo: «sceuissent.» - - Ces nouvelles, qui ne furent mies trop plaisans - pour les Flamens, s'espandirent parmi Flandres. Si - en fu durement li pays esmeus et tourblés. Et en 30 - vinrent les complaintes à Jakemon d'Artevelle qui se - tenoit à Gand. Pour quoi li dis d'Artevelles fu durement - courouciés, et dist et jura que ceste fourfaiture - seroit amendée ou pays de Tournesis. Si fist son - mandement par tout, et commanda parmi les bonnes - villes de Flandres que tout vuidassent et fuissent, - à un certain jour qu'il y assigna, avoecques lui, devant - le cité de Tournay; et escrisi au conte de Sallebrin 5 - et au conte de Sufforch, qui se tenoient en - garnison en le ville de Ippre, qu'il se traissent de - celle part. Et encores pour mieus moustrer que la - besongne estoit sienne et qu'elle li touchoit, il se - parti de Gand moult estoffeement, et s'en vint entre 10 - le ville d'Audenarde et de Tournay, sus un certain - pas que on dist au Pont de Fier; et se loga là, attendans - les dessus dis contes d'Engleterre et ossi - chiaus dou Franch de Bruges. - - - § 101. Quant li doi conte d'Engleterre dessus 15 - nommet entendirent ces nouvelles, si ne veurent - mies pour leur honneur delaiier; ains renvoiièrent - tantost devers d'Artevelle, en disant que il seroient - là au jour qui assignés y estoit. Sur ce il se partirent - assés briefment de le ville d'Ippre, environ cinquante 20 - lances et quarante arbalestriers, et se misent au chemin - pour venir là où d'Artevelles les attendoit. Ensi - qu'il chevauçoient et qu'il leur couvenoit passer au - dehors de le ville de Lille, leur venue fu seue en la - ditte ville. Dont s'armèrent secretement cil de le ville 25 - de Lille, et se partirent de lor ville bien quinze cens, - à piet, à cheval, et se misent et establirent en trois - agais, afin que cil ne les peuissent mies escaper. Et - vinrent li pluiseur et li plus certain sus un pas, entre - haies et buissons, et là s'embuschièrent. 30 - - Or chevauçoient adonc cil doi conte englès et - leur route, sus le guiement monsigneur Wafflart de - le Crois, qui un grant temps avoit guerriiet chiaus - de Lille, et encores guerrioit, quant il pooit; et s'estoit - tenus celle saison à Ippre, pour yaulz mieus - guerriier, et se faisoit fors que d'yaus mener sans peril, 5 - car il savoit toutes les adrèces et les torses voies. - Et encores en fust il bien venus à chief, se cil de - Lille n'euissent fait au dehors de leur ville un grant - trencheis nouvellement, qui n'estoit mies acoustumés - d'estre. Et quant cilz messires Wafflars les eut 10 - amenés jusques à là, et il vei que on leur avoit - copet le voie, si fu tous esbahis et dist as contes - d'Engleterre: «Mi signeur, nous ne poons nullement - passer le chemin que nous alons, sans nous - mettre en grant dangier et ou peril de chiaus de Lille. 15 - Pour quoi, je conseille que nous retournons et prendons - ailleurs nostre chemin.» Adonc respondirent - li baron d'Engleterre: «Messire Wafflart, jà n'avenra - que nous issons de nostre chemin pour chiaus - de Lille. Chevauciés toutdis avant, car nous avons 20 - acertefiiet d'Artevelle que nous serons ce jour, à - quèle heure que soit, là où il est.» Lors chevaucièrent - li Englès sans nul esmay. Et quant messires Wafflars - vei que c'estoit acertes, et que il ne pooit estre creus - ne oys, si fist son marchiet tout avant et dist: «Biau 25 - signeur, voirs est que pour gide et conduiseur en ce - voiage vous m'avés pris, et que tout cel yvier je me - sui tenus avoecques vous en Ippre, et me loe de - vostre compagnie et de vous grandement. Mais toutes - fois, se il avient que cil de Lille sallent ne issent 30 - hors contre nous ne sur nous, n'aiiés nulle fiance - que je les doie attendre, mès me sauverai au plus - tost que je porai. Car se j'estoie pris ne arrestés par - aucun kas de fortune, ce seroit sus ma tieste que j'ai - plus chier que vostre compagnie.» - - Adonc commenchièrent li chevalier à rire, et disent - à monsigneur Wafflart qu'il le tenoient bien 5 - pour escuset. Tout ensi qu'il l'imagina en avint, car - il ne se donnèrent de garde; si se boutèrent en l'embusce, - qui estoit grande et forte, et bien pourveue - de gens d'armes et d'arbalestriers, qui les escriièrent - tantost: «Avant, avant, par chi ne poés vous passer 10 - sans no congiet.» Lors commencièrent il à traire - et à lancier sus les Englès et leur route. Et si tretost - que messires Waufflars en vei la manière, il n'eut - cure de chevaucier plus avant, mès retourna au plus - tost qu'il peut, et se bouta hors de le presse et se 15 - sauva, et ne fu mies pris à celle fois. Et li doi signeur - d'Engleterre, messires Guillaumes de Montagut, - contes de Sallebrin, et li contes de Sufforch escheirent - en le main de leurs ennemis, et furent - mieulz pris c'à le roit, car il furent embuschiet en 20 - un chemin estroit, entre haies et espines et fossés à - tous lés, si fort et par tel manière qu'il ne se pooient - ravoir ne retourner, ne monter, ne prendre les camps. - Toutes fois, quant il veirent le mesaventure, il descendirent - tout à piet et se deffendirent ce qu'il peurent, 25 - et en navrèrent et mehagnièrent assés de chiaus - de le ville. Mais finablement leur deffense ne vali - noient, car gens d'armes frès et nouviaus croissoient - toutdis sus yaus. Là furent il pris et rançonné de - force, et uns escuiers jones, de Limozin, neveus dou 30 - pape Clement, qui s'appelloit Raymons; mais depuis - qu'il fu creantés prisons, fu il occis pour le couvoitise - de ses belles armeures, dont moult de bonnes - gens en furent courouciet. - - Ensi furent pris et retenu li doi conte d'Engleterre - et mis en la halle de Lille en prison, et depuis - envoiiet en France par devers le roy Phelippe, qui 5 - en eut grant joie et en seut grant gret à chiaus de - Lille. Et dist adonc li dis rois et prommist à chiaus - de le ville de Lille qu'il leur seroit guerredonné - grandement, car il li avoient fait un biau service. Et - quant Jakemars d'Artevelle, qui se tenoit au Pont de 10 - Fier, en seut nouvelles, si en fu durement courouciés, - et brisa pour ceste avenue son pourpos et sen - emprise, et donna ses Flamens congiet, et s'en retourna - en le ville de Gand. - - - § 102. Nous retourrons, car la matère le requiert, 15 - as guerres de Haynau et à le contrevengance que li - rois de France y fist prendre par le duch Jehan - de Normendie, son ainsnet fil. Li dus, au commandement - et ordenance dou roy son père, fist son especial - mandement à estre à Saint Quentin et là environ, 20 - et se parti de Paris environ Paskes, l'an mil - trois cens et quarante, et vint à Saint Quentin. Là - estoient avoech lui li dus d'Athènes, li contes de - Flandres, li contes d'Auçoirre, li contes de Sansoirre, - li contes Raoulz d'Eu connestables de France, 25 - li contes de Porsiien, li contes de Roussi, li contes - de Brainne, li contes de Grantpret, li sires de Couci - et grant fuison de noble chevalerie de Normendie et - des basses marces. Quant il furent tout assamblé à - Saint Quentin ou là environ, si fu regardé par le 30 - connestable, le conte de Ghines et les mareschaus - de France, monsigneur Robert Bertran et monsigneur - Mahieu de Trie, quel nombre de gens d'armes - il pooient estre; si trouvèrent qu'i(l) estoient bien - six mille armeures de fier, chevaliers et escuiers, et - bien huit mille, que brigans, que bidaus, que aultres 5 - gens poursievant l'ost. C'estoit assés, si com il - disoient entre yaus, pour combatre le conte de Haynau - et toute se poissance. Si se misent as camps par - l'ordenance des mareschaus, et se partirent tout de - Saint Quentin, et s'arroutèrent devers le Chastiel en 10 - Chambresis, et passèrent dehors Bohain, et chevaucièrent - tant qu'il passèrent le Chastiel en Chambresis. - Et s'en vinrent logier li dus de Normendie et - toute son host en le ville de Montais sus le rivière - de Selles. Or vous dirai une grant apertise d'armes 15 - que messires Gerars de Werchin, seneschaus de Haynau - pour le temps, fist et entreprist, laquèle doit - bien estre recordée et tenue à grant proèce. - - - § 103. Li seneschaus de Haynau dessus nommés - sceut bien par ses espies que li dus de Normendie 20 - estoit logiés à Saint Quentin, et que ses gens manechoient - durement le pays de Haynau. Avoech tout - ce, il sceut l'eure et le venue dou dit duch, qui estoit - arrestés à Montais, dehors le forterèce dou Chastiel - en Chambresis. Si s'avisa en soi meismes, comme 25 - preus chevaliers et entreprendans, qu'il iroit le duch - escarmuchier et resvillier. Si pria aucuns chevaliers - et escuiers, ce qu'il en peut trouver dalés lui, que il - volsissent aler où il les menroit, et il li eurent en - couvent. Si se parti de son chastiel de Wercin, environ 30 - soixante lances en se compagnie tant seulement. - Et chevaucièrent depuis soleil esconsant, et fisent - tant que il vinrent à Forès, à l'issue de Haynau, - et à une petite liewe de Montais; et pooit estre environ - jour falli. Si tretost qu'il eurent chevauciet - oultre le ville de Forès, il fist toutes ses gens arrester 5 - en mi uns camps, et leur fist restraindre leurs armeures - et recengler leurs chevaus, et puis leur dist - se pensée et che qu'il voloit faire. Et il en furent - tout joiant, et li disent qu'il s'enventuroient volentiers - avoecques lui, et ne le faurroient jusques au 10 - morir, et il leur dist grant mercis. Avoecques lui estoient: - des chevaliers, messires Jakemes dou Sart, - messires Henris de Husphalize, messires Oliphars de - Ghistelles, messires Jehan dou Chastelet, li sires de - Vertain, li sires de Fontenoit et li sires de Wargni; 15 - et des escuiers, Gilles et Thieris de Sommaing, Bauduins - de Biaufort, Colebiers de Braille, Moriaus de - Lestines, Sandrars d'Esquarmain, Jehans de Robersart, - Bridoulz de Thians et pluiseur aultre. Puis chevaucièrent - tout quoiement, et vinrent à Montais et 20 - se boutèrent en le ville. Et ne faisoient li François - point de gait. - - Et descendirent premierement li seneschaus et tout - li compagnon devant un grant hostel où il cuidoient - certainnement que li dus de Normendie fust, mais il 25 - estoit un aultre hostel avant. Et laiens estoient logiet - doi grant signeur de Normendie, li sires de Bailluel - et li sires de [Briauté[325]]. Si furent assalli vistement, - et li porte de leur hostel boutée oultre. Quant li doi - chevalier se veirent ensi souspris et oïrent crier: 30 - «Haynau au senescal!», si furent moult esbahi. - Nompourquant il se misent à deffense, ce qu'il peurent; - mès li sires de Bailluel fu là occis, dont ce fu - damages, et li sires de [Briauté] fianciés prisons dou - dit seneschal, et eut couvent sus se loyauté de venir 5 - dedens trois jours tenir prison en Valenchiènes. Dont - se commenchièrent François à estourmir et à widier - leurs hostels, et à alumer grans feus et tortis, et à - resvillier l'un l'autre. Meismement on resvilla le dit - duch de Normendie, et le fist on armer en grant 10 - haste, et aporter sa banière devant son hostel et desveloper. - Là se traioient toutes gens d'armes de leur - costé. Quant li Haynuier perchurent les François ensi - estourmis, si ne veurent plus demorer, mais se retrairent - bellement et sagement devers leurs chevaus; 15 - et montèrent sus et se partirent, quant il se furent - remis ensamble; et en menèrent jusques à dix ou - douze bons prisonniers; et retournèrent sans damage, - car point ne furent poursievi, pour tant qu'il faisoit - brun et tart; et vinrent, environ l'aube crevant, 20 - au Kesnoi. Là se reposèrent il et rafreschirent, et - puis vinrent à Valenchiennes. - - [325] Ms. B4, fo 50.--Ms. B1, fo 74 vo: «Brianté.» - - Or parlerons dou duch de Normendie, qui moult - courouchiés estoit dou despit que li Haynuier li - avoient fait. Si commanda au matin à deslogier et à 25 - entrer en Haynau, pour tout ardoir sans deport. - Dont s'arroutèrent li charoi, et chevaucièrent li signeur, - li coureur premiers qui estoient bien deux - cens lances. Et en estoient chapitainne messires Thiebaus - de Moruel, li Gallois de le Baume, li sires de - Mirepois, li sires de Rainneval, li sires de Saint Pi, - messires Jehans de Landas, li sires d'Astices, li sires 30 - de Hangès et li sires de Cramelles. Apriès chevauçoient - li doi mareschal de France en grant route, - messires Robers Bertrans et messires Mahieus de - Trie; et estoient bien cinq cens lances; et puis li - dus de Normendie avoech grant fuison de contes, de 5 - barons et de tous aultres chevaliers. Si entrèrent li - dit coureur en Haynau et ardirent Forest, Vertain, - Vertigneul, Esquarmain, Vendegies ou Bos, Vendegies - sus Escallon, Bermerain, Calaumes, Senlèces et - les fourbours dou Kesnoi, et se logièrent sus le rivière 10 - d'Uintiel. A l'endemain, il passèrent oultre et - ardirent Oursineval, Villers en le Cauchie, Gommegnies, - Marech, Pois, Presiel, Anfroipret, Preus, Le - Frasnoit, Obies et le bonne ville de Bavai et tout le - pays jusques à le rivière de Honniel. Et eut ce second 15 - jour grant assaut et escarmuce au chastiel de - Werchin de le bataille des mareschaus, mès noient n'i - fisent, car il fu bien gardés et bien deffendus. Et s'en - vint li dus de Normendie logier sus le rivière de - Selles entre Haussi et Sausoir. Or vous parlerons dou 20 - signeur de Faukemont, qui fu uns moult rades chevaliers, - d'une grant apertise d'armes qu'il fist. - - - § 104. Messires Walerans, sires de Fauquemont, - estoit chapitainne et gardiiens de le ville de Maubuege, - et bien cent lances d'Alemans et de Haynuiers 25 - avoecques lui. Quant il sceut que li François chevauçoient, - qui ardoient le pays, et ooit les povres - gens criier et plorer et plaindre le leur, si en eut - grant pité, si s'arma et fist ses gens armer, et recommanda - le ville de Maubuege au signeur de Biaurieu 30 - et au signeur de Montegni, et dist à ses gens qu'il - avoit très grant desir de trouver les François. Si chevauça - ce jour, toutdis costiant les bois et le forest de - Mourmail. Quant ce vint sus le soir, il aprist et entendi - que li dus de Normendie et toute sen host estoient - logiet sus le rivière de Selles, assés priès de 5 - Haussi. De che fu il tous joians et dist briefment qu'il - les iroit resvillier. Si chevauça ceste vesprée tout sagement, - et environ mienuit il passa le ditte rivière à - gués, et toute se route. Quant il furent oultre, ilz rechenglèrent - leurs chevaus et se remisent à point, et 10 - puis chevaucièrent tout souef jusques adonc qu'il - vinrent au logeis dou duch. Quant il deurent approcier, - ilz ferirent chevaus des esporons tout d'un randon, - et se plantèrent en l'ost le duch en escriant: - «Faukemont! Faukemont!», et commencièrent à 15 - coper cordes, et à ruer jus et à abatre tentes et pavillons - par terre, et à occire et à decoper gens, et - d'yaus mettre en grant meschief. Li hos se commença - à estourmir, et toutes gens à armer et à traire - celle part là où la noise et li hustins estoit. Quant li 20 - sires de Faukemont vei que poins fu, il se retray arrière. - Et en retraiant ses gens tout sagement fu mors, - de(s) François, li sires de Pikegni pikart, et fianciés - prisons li viscontes de Kesnes et li Borgnes de Rouvroi, - et durement blechiés messires Antones de 25 - Kodun. Quant li sires de Faukemont eut fait sen emprise, - et il vei que temps fu, et que li hos s'estourmissoit, - il se parti et toutes ses gens; et rapassèrent - le rivière de Selles sans damage, car point ne furent - poursievi. Et chevaucièrent depuis tout bellement, 30 - et vinrent d'environ soleil levant au Kesnoi où li - mareschaus de Haynau se tenoit, messires Thieris de - Walecourt, qui leur ouvri le porte et les rechut liement. - - Et li dus de Normendie fu moult courouciés de - ses gens que on avoit occis et blechiés et fianchiés - prisons et dist: «Agar comment cil Haynuier nous 5 - resveillent!» A l'endemain, au point dou jour, fist - on sonner les trompètes en l'ost le duc de Normendie. - Si se armèrent et ordonnèrent toutes manières - de gens, et misent à cheval, et arroutèrent le charoi, - et passèrent le ditte rivière de Selles, et entrèrent de 10 - rechief en Haynau, car li dus voloit venir vers Valenchiènes - et aviser comment il le poroit assegier. - Chil qui chevauçoient devant, li mareschaus de Mirepois, - li sires de Noiiers, li Gallois de le Baume et - messires Thiebaus de Moruel, à bien quatre cens lances 15 - sans les bidaus, s'en vinrent devant le Kesnoy - et approchièrent le ville jusques as barrières, et fisent - samblant qu'il le vorroient assallir; mès elle estoit - si bien pourveue de bonnes gens d'armes et de - grant artillerie qu'il y euissent perdu leur painne. 20 - Nompourquant il escarmucièrent un petit devant les - bailles, mais on les fist tantost retraire, car cil dou - Kesnoi descliquièrent canons et bombardes qui jettoient - grans quariaus. Si se doubtoient li François de - leurs chevaus, et se retraisent par devers Wargni et 25 - ardirent Wargni le Grant et Wargni le Petit, Fielainnes, - Faumars, Semeries, Artre, Artriel, Sautain, Curgies, - Estruen, Ausnoy et Villers monsigneur Polle. - Et en voloient les flamesces et li fascon en le ville - de Valenchiènes. Et vinrent cil coureur courir par 30 - devant Valenchiènes. Et entrues ordonnoient li François - leurs batailles sus le mont de Chastres priès de - Valenchiènes, et se tenoient là en grant estoffe et - moult richement. Dont il avint que environ deux - cens lances des leurs, dont li sires de Craon et li sires - de Maulevrier et li sires de Matefelon et li sires - d'Avoir estoient conduiseur, s'avalèrent devers Maing, 5 - et vinrent assallir une forte tour quarée, qui pour le - temps estoit Jehan Bernir de Valenchiènes. Depuis - fu elle à Jehan de Nuefville. Là eut grant assaut, dur - et fort, et dura priès que tout le jour, ne on n'en - pooit les François partir; si en y eut il mors ne sai 10 - cinq ou six. Et si bien se tinrent et deffendirent cil - qui le gardoient qu'il n'i prisent point de damage. - Si s'en vinrent li plus de ces François à Trit, et cuidièrent - de premières venues là passer l'Escaut; mais - cil de le ville avoient deffait le pont et deffendoient 15 - le passage roidement et fierement. Et jamais à cel - endroit ne l'euissent li François conquis, mais il en - y eut entre yaus de chiaus qui cognissoient le passage - et le rivière et le pays; si en menèrent bien - deux cens de piet passer as plankes à Prouvi. Quant 20 - cil furent oultre, il vinrent tantos baudement sus - chiaus de Trit qui n'estoient c'un petit ens ou regard - d'yaus, et ne peurent durer; si tournèrent en fuite. - Si en y eut des mors et des navrés et des noiiés pluiseur. - 25 - Ce meismes jour, estoit partis de Valenchiènes li - seneschaus de Haynau à cent armeures de fier, et issus - de le ville par le porte d'Anzaing; et pensoit bien - que cil de Trit aroient à faire; si les voloit secourir. - Dont il avint que, deseure Saint Vaast, il trouva de 30 - rencontre environ vint cinq coureurs françois que - troi chevalier de Poito menoient, messires Bouchicaus - li uns, li sires de Surgières li aultres, et messires - Guillaumes Blondiaus li tiers; et avoient passet - l'Escaut assés priès de Valenchiènes, au pont c'on - dist à le Tourielle; et avoient courut par droite bachelerie - deseure Saint Vaast. Si tretost que li senescaus 5 - de Haynau les perchut, si fu moult liés, car - bien perchut et vit que c'estoient si ennemit, et feri - apriès yaus et toute se route ossi. Là eut bonne - jouste des uns as aultres. Et me samble que li seneschaus - de Haynau porta jus de cop de lance monsigneur 10 - Bouchicau, qui estoit adonc moult apers chevaliers, - et fu plus encores depuis et marescaus de - France, si com vous orés avant en l'ystore; et le fist - fiancier prison et l'envoia en Valenchiènes; mais je - ne sçai comment ce poet estre, car li sires de Surgières 15 - escapa et se sauva, et ne fu point pris. Mès il fu - pris messires Guillaumes Blondiel et fiança prison à - monsigneur Henri de Husphalise, et furent priès tout - li aultre mort et pris. Cilz rencontres detria grandement - le senescal de Haynau qu'il ne peut venir à 20 - temps au pont à Trit; mais l'avoient jà conquis li - François, quant il y vint; et mettoient grant painne - à abatre les moulins et un petit chastelet qui là estoit. - Mès si tretost que li senescaus vint en le ville, - il n'eurent point de loisir, car il furent reboutet et 25 - reculet villainnement, occis, decopé et mis en cache. - Et les fist on sallir en le rivière d'Escaut, dont il en - y eut aucuns noiiés, et en fu li ville de Trit adonc - toute delivrée. Et vint li senescaus de Haynau passer - l'Escaut à Denaing, et puis chevauça et toute se route 30 - vers son chastiel de Werchin, et se bouta dedens - pour le garder et deffendre, se mestier faisoit. Et encores - se tenoit li dus de Normendie et ses batailles - sus le mont de Castres, et se tint en bonne ordenance - le plus grant partie dou jour, car il cuidoit - que cil de Valenciènes deuissent widier et lui venir - combatre. Ossi fuissent il très volentiers. Mès messires 5 - Henris d'Antoing, qui avoit la ville en garde, leur - deveoit et deffendoit, et estoit à le porte [cambresienne] - moult ensonniiés et en grant painne de yaus - destourner de non vuidier, et li prevos de le ville - pour le temps, (avoecques lui,) Jehans de Baissi, qui 10 - les affrenoit ce qu'il pooit, et leur moustra adonc - tant de belles raisons qu'il s'en souffrirent. - - - § 105. Quant li dus de Normendie et ses batailles, - qui très belles estoient à regarder, ensi que ci dessus - est deviset, se furent tenu un grant temps sus le 15 - mont de Castres, et il veirent que nulz ne venroit - ne isteroit hors de Valenchiènes pour yaus combatre, - adonc furent envoiiet li dus d'Athènes et li sires de - Chastellon, et bien trois cens lances de fortes gens - et bien montés, pour courir jusques à Valenciènes. 20 - Chil chevaucièrent en très bonne ordenance, et vinrent - au lés devers le Tourielle à Goguel, et chevaucièrent - moult arreement jusques as bailles de le ville; - mais il n'i demorèrent point plenté, car il ressongnièrent - le tret pour leurs chevaus. Et toutes fois li 25 - sires de Chastillon chevauça si avant que ses coursiers - fu trais et chei desous lui, et le couvint monter - sus un aultre. Ceste chevaucie prist son tour devers - les Marlis et les ardirent, et abatirent tous les moulins - qui là estoient sus le rivière de Wintiel, et puis 30 - prisent leur tour par derrière les Chartrois et revinrent - à leur bataille. Or vous di qu'il estoient demoret - aucun compagnon françois derrière en le ville - des Marlis, pour mieus fourer à leur aise. Dont il - avint que cil qui gardoient une tour, qui là est as - hoirs de Haynau, et fu jadis à monsigneur Robert de 5 - Namur de par ma dame Yzabiel de Haynau sa femme, - perchurent ces François qui là estoient, et si veirent - bien que li grosse chevaucie estoit retraite: si issirent - baudement hors, et les assallirent de grant corage: - et les menèrent telz qu'il en tuèrent bien la 10 - moitiet, et leur tollirent tout leur pillage, et puis retournèrent - en leur tour. - - Encores se tenoient les batailles sus le mont de - Castres, et tinrent tout le jour jusques apriès nonne, - que li coureur revinrent de tous costés. Dont eurent 15 - conseil là entre yaus moult grant et disoient li signeur - que, tout consideret, il n'estoient mies gens - assés pour assegier une si grande ville que Valenchiènes - est. Si eurent finablement conseil de departir - d'illuech, et de yaus retraire deviers Cambray. Si 20 - s'en vinrent ce soir logier à Maing et à Fontenielles, - et furent là toute la nuit, et fisent bon gait et grant. - A l'endemain, il s'en partirent, mais il ardirent Maing - et Fontenielles et toute l'abbeye, qui estoit à ma - dame Jehane de Valois, ante dou dit duch et soer 25 - germainne au roy son père. De quoi li dus fu moult - courouciés, et fist pendre chiaus qui le feu y avoient - mis et bouté. A ce departement, fu pararse li ville de - Trit, et li chastiaus et li moulin abatu, et Prouvi, - Rouvegni, Thians, Monciaus, et tous li plas pays 30 - entre Cambrai et Valenciènes. - - Ce jour, au matin, issirent de Valenchiènes aucun - compagnon legier, quant il seurent le departement - des François, et s'en vinrent sus les camps, entour - le mont de Castres, ù li François avoient esté logiet, - et y trouvèrent encores des vivres et des pourveances - que li François y avoient laissies, et pluiseur logeis 5 - où il avoit encores aucuns brigans et Geneuois - qui tant avoient beu dou soir qu'il s'estoient enivré - et dormoient encores. Si boutèrent cil dit compagnon - de Valenciènes le feu en ces logis, et ardirent - là dedens le(s) dis brigans. Car quant il sentoient le 10 - feu, il s'esvilloient et cuidoient sallir hors; mais il estoient - decaciet ens de leurs ennemis à plançons et à - goudendars. Toutes fois, il en y eut un qui salli hors, - mais il fu pris par piés et par gambes et par bras, - et jettés en un grant feu qui estoit fais devant le dit 15 - logis, et là fu tous ars. Si est grans meschiés de ce - que chrestiien destruisent ensi li uns l'autre sans - pité. - - Che jour chevauça tant li dus de Normendie qu'il - vint devant Escauduevre, un bon chastiel et fort dou 20 - conte de Haynau, seant sus le rivière d'Escaut, et - qui moult grevoit chiaus de Cambrai, avoecques - chiaus de le garnison de Thun l'Evesque. Dou chastiel - d'Escauduevre estoit chapitainne et souverains - messires Gerars de Sassegnies, qui devant ce n'avoit 25 - eu nulle reproce de diffame. Or ne sçai je que ce fu - ne qui l'enchanta, mès li dus n'ot pas sis devant le - forterèce six jours quant elle li fu rendue sainne et - entière, dont tous li pays fu esmerveilliés. Et en furent - souspeçonnet de trahison messires Gerars de 30 - Sassegnies, et uns siens escuiers, qui s'appelloit Robers - Mariniaus. Chil doi en furent pris et encoupet, - et en morurent villainnement à Mons en Haynau. Et - chil de Cambrai abatirent le chastiel d'Escauduevre, - et en portèrent le pière à Cambray, et en fisent remparer - et refortefiier leur ville. - - - § 106. Apriès le prise et le destruction d'Escauduevre, 5 - se retray li dus Jehans de Normendie en le - cité de Cambray, et donna une grant partie de ses - gens d'armes congiet, et les aultres envoia ens ès - garnisons de Lille et de Douay et des forterèces voisines. - Et avint en celle meismes sepmainne que Escauduevre 10 - fu pris, que li François qui en Douay estoient - issirent hors, et chil de Lille avoech yaus, et - pooient estre environ trois cens lances. Et les conduisoient - messires Loeis de Savoie et messires Aymars - de Poitiers, li contes de Genève, li sires de Villars, 15 - et li Gallois de le Bausme avoecques le signeur de - Wavrain et le signeur de Wasiers, et vinrent en celle - chevaucie ardoir en Haynau ce biau plain pays d'Ostrevan. - Et ne demora riens dehors (les fortrèches[326]), - dont cil de Bouçain furent moult courouciet, car il 20 - veoient les feus et les fumières au tour d'yaus, et se - n'i pooient mettre remède. Si envoiièrent il en Valenchiènes - en disant que, (se) de nuit il (vouloient[327]) issir - hors environ cinq cens ou six cens armeures de fier, il - porteroient grant damage as François qui estoient 25 - encores tout quoi et logiet ou plain pays; mais cil de - Valenciènes n'en eurent point conseil de partir, ne de - vuidier leur ville. Par ensi n'eurent li François point - d'encontre; si ardirent il Anich et le moitiet d'Ascons, - Escaudain, Here, Fenain, Denain, Montegni, Warlain, - Mauni, Aubrecicourt, l'Ourch, Sauch, Ruet, (Nuefville[328]), - le Lieu Saint Amant et tous les villages qui en ce - pays estoient, et en remenèrent grant pillage et grant 5 - proie en leurs garnisons. Et quant cil de Douay furent - retrait, li saudoiier de Bouçain issirent hors et - chevaucièrent et ardirent l'autre partie de le ville 10 - d'Ascons, qui se tenoit françoise, et tous les villiaus - françois jusques ens ès portes de Douay, et le ville - d'Eskierchin. - - [326] Mss. B4, 3, fo 52.--Ms. B1, fo 78 (lacune). - - [327] Mss. B3, 4.--Ms. B1: «voloit.» - - [328] Mss. B4, 3, fo 52.--Ms. B1, fo 78 (lacune). - - Ensi que je vous ay dit, les garnisons sus les frontières - estoient pourveues et garnies de gens d'armes, - et souvent y avoit des chevaucies et des rencontres - et des fais d'armes des uns as aultres, ensi que en 15 - telz besongnes appertient. Si avint, en celle meisme - saison, que saudoiier alemant se tenoient[329] de par - l'evesque de Cambray en le Malemaison, à deux - liewes dou Chastiel Cambrisien, et marchissant d'autre - part plus priès de Landrecies, dont li sires de Potelles, 20 - uns appers chevaliers haynuiers, estoit chapitainne - et gardiiens, car li contes Loeis de Blois, quoi - qu'il en fust sires, avoit rendu son hommage au - conte de Haynau, pour tant qu'il estoit françois, et - li contes le tenoit en se main et le faisoit garder pour 25 - les François. Si avoient souvent le hustin cil de le - Malemaison et cil de Landrecies ensamble. Dont un - jour sallirent hors de le Malemaison li dessus dit - Alemant bien armé et bien monté, et vinrent courir - devant le ville de Landrechies, et acueillièrent le - proie, et l'en menoient devant yaus, quant la nouvelle - et li haros en vint en Landrechies entre les Haynuiers - qui là se tenoient. Donc s'arma li sires de - Potielles et fist armer les compagnons, et montèrent 5 - à cheval et se partirent pour rescourre as Alemans - le proie qu'il en menoient. Si estoit adonc li sires de - Potielles tout devant, et le sievoient ses gens, cescuns - qui mieus mieus. Ils, qui estoit de grant volenté - et plains de hardement, abaissa son glave et escria as 10 - François qu'il retournaissent, car c'estoit hontes de - fuir. - - [329] Dans le ms. B1, fo 78, comme dans tous les mss. de - Froissart, _se tenoient_ est précédé de _qui_, que nous avons - supprimé. - - Là avoit un escuier alemant que on appelloit Albrest - de Coulongne, apert homme d'armes durement, - qui fu tous honteus quant il vey que on le cachoit 15 - ensi; si retourna franchement et abaissa son glave, - et feri cheval des esporons, et s'adreça sus le signeur - de Potielles, et li chevaliers sur lui, telement qu'il le - feri sus sa targe un si grant horion que la glave vola - en tronchons. Et li Alemans le consievi par tel manière, 20 - de son glave roide et enfumée, que onques ne - brisa ne ne ploia, mès percha la targe, les plates et - l'auqueton, et li entra dedens le corps, et le poindi - droit au coer, et l'abati jus dou cheval navré à mort. - Donc vinrent li compagnon haynuier, li sires de 25 - Bousies, Gerars de Mastain et Jehans de Mastain et - li aultre qui de priès le sievoient, qui s'arrestèrent - sur lui, quant en ce parti le veirent, et le regretèrent - durement; et puis requisent les François fierement - et asprement, en contrevengant le signeur de Potielles 30 - qui là gisoit navrés à mort. Et combatirent et - assalirent si dur Albrest et se route qu'il furent desconfi, - mort et pris. Peu en escapèrent, et la proie - (fu) rescousse et ramenée, et li prisonnier ossi en - Landrecies, et li sires de Potièles mors, dont tout - li compagnon furent cou(rou)ciet[330]. - - [330] Mss. B3, 4, fo 52.--Ms. B1, fos 78 vo et 79: «couciet.» - - - § 107. Apriès le signeur de Potielles, li sires de 5 - Floion fu un grant temps gardiiens de le ville et dou - chastiel de Landrechies, et couroit souvent sus chiaus - de Bohain, de le Malemaison et dou Chastiel en Cambresis - et des forterèces voisines, qui ennemies leur - estoient. Ensi couroient un jour li Haynuier et l'autre 10 - li François. Si y avoit souvent des rencontres et - des escarmuces et des rués jus des uns et des aultres, - car au voir dire telz besongnes le requièrent. Si estoit - li pays de Haynau en grant tribulacion et en grant - esmay, car une partie de leur pays estoit ars et essilliés; 15 - et si sentoient encores le duch de Normendie - sus les frontières, et ne savoient qu'il avoit empenset, - et si n'ooient nulles (nouvelles[331]) de leur signeur - le conte. Bien est voirs qu'il avoit estet en Engleterre - où li rois et li baron dou pays l'avoient grandement 20 - honnouré et festiiet; et avoit fait et juret - grans alliances au roy englès, et s'en estoit partis et - alés en Alemaigne devers l'empereour Loeis de Baivière: - c'estoit la cause pour quoi il sejournoit tant. - D'autre part, messires Jehans de Haynau, ses oncles, 25 - estoit alés en Braibant et en Flandres, et avoit remoustré - au dit duch de Braibant et à Jakemon d'Arteveille - le desolation dou pays de Haynau, et comment - li Haynuier leur prioient qu'il y volsissent entendre - et pourveir de conseil. Li dessus dit l'en - avoient respondut que li contes ne pooit longement - demorer; et, lui revenu, il estoient tout appareilliet - d'aler à tout leur pooir là où il les vorroit mener. 5 - Or revenrons nous au duch de Normendie, et recorderons - comment il assega chiaus de Thun l'Evesque. - - [331] Mss. B3, 4, fo 52.--Ms. B1, fo 79 (lacune). - - - § 108. Entrues que li dus de Normendie se tenoit - en le cité de Cambray, li dis evesques et li bourgois - dou lieu li remoustroient comment li Haynuier 10 - avoient pris et emblet le fort chastiel de Thun, et - que, par amours et pour se honneur et le pourfit del - commun pays, il vosist mettre conseil et entente au - ravoir, car chil de le garnison constraindoient durement - le pays de là environ. Li dis dus y entendi 15 - volentiers, et fist de recief semonre ses hos, et mist - ensamble grant fuison de signeurs et de gens d'armes, - qui se tenoient en Artois et en Vermendois, les - quelz il avoit eus en se première chevaucie; et se - parti de Cambray et s'en vint à toutes ses gens logier 20 - devant Thun, sus le rivière d'Escaut, en ces biaus - plains au lés deviers Ostrevant. Et fist li dus là amener - et achariier six grans engiens de Cambray et de - Douay, et les fist drecier et asseoir fortement devant - le forterèce. Chil engien y gettoient nuit et jour pières 25 - et mangonniaus à grant fuison, qui effondroient - et abatoient les combles et les tois des tours, des - cambres et des salles, et constraindirent par ce dit - assaut durement chiaus dou chastiel. Et n'osoient li - compagnon qui le gardoient demorer en cambre ne 30 - en salle qu'il euissent, fors en caves et en celiers. - Onques gens d'armes ne souffrirent, pour lor honneur, - en forterèce, tant de painne ne de meschief - que cil fisent. Des quelz estoit souverains et chapitains - uns chevaliers englès qui s'appelloit messires - Richars de Limozin, et ossi doi escuier de Haynau, 5 - frères au signeur de Mauni, Jehans et Thieris. Chil - troi dessus tous les aultres en avoient toute le carge, - le painne et le fais, et tenoient les aultres compagnons - en vertu et en force, et leur disoient: «Biau - signeur, nos sires li gentilz contes de Haynau venra 10 - un de ces jours à si grant ost contre les François, - qu'il nous delivera à toute honneur de ce peril, et - nous sara grant gré de ce que si francement nous - serons tenu.» - - Ensi reconfortoient li troi dessus dit les compagnons 15 - qui n'estoient mies à leur aise, car pour yaus - plus grever et plus tost amener à merci, cil de l'host - leur jettoient et envoioient par leurs engiens chevaus - mors et bestes mortes et puans, pour yaulz empunaisier, - dont il estoient là dedens en grant destrèce. 20 - Car li airs estoit fors et chaus ensi qu'en plain esté, - et furent plus adit et constraint par cel estat que par - aultre cose. Finablement, il regardèrent et considerèrent - entre yaus que celle mesaise il ne pooient longement - souffrir ne porter, tant leur estoit la punaisie 25 - abhominable. Si eurent conseil et avis de trettier - unes triewes à durer quinze jours, et là en dedens - segnefiier leur povreté à monsigneur Jehan de Haynau, - qui est regars et gardiiens de tout le pays, à fin - qu'il en fuissent conforté; et se il ne l'estoient, il 30 - renderoient le forterèce au dit duch de Normendie. - Chilz trettiés fu entamés et mis avant. Li dus leur - acorda et mist en souffrance tous assaus et leur donna - triewes quinze jours, qui fisent moult de biens as - compagnons dou dit fort, car aultrement il euissent - esté tout mort et empunaisiet sans merci, tant leur - envoioit (on[332]) de charongnes pouries et d'aultres ordures 5 - par les engiens. Si fisent tantost partir Ostelart - de Sommaing par le trettiet devisant, qui s'en vint - à Mons en Haynau, et trouva là le signeur de Byaumont - qui avoit oy nouvelles de son neveu le conte - de Haynau qui revenoit en son pays, et avoit estet 10 - devers l'Empereur et fait grans alliances à lui et as - signeurs de l'Empire, le duch de Gerles, le conte de - Jullers, le markis de Blankebourch et tous les aultres. - Si en enfourma li sires de Byaumont le dit escuier - Ostelart de Sommaing, et li dist bien que chil 15 - de Thun l'Evesque seroient temprement conforté, - mès que ses cousins fust revenus ou pays. - - [332] Mss. B3, 4, fo 53.--Ms. B1, fo 80 (lacune). - - - § 109. Le triewe durant, qui fu prise entre le duch - de Normendie et les saudoiiers de Thun, si com vous - avés oy, revint li contes de Haynau en son pays, 20 - dont toutes manières de gens furent resjoy, car moult - l'avoient desiret. Se li recorda li sires de Byaumont, - ses oncles, comment les coses avoient alet depuis - son departement, et à quel poissance li dus de Normendie - avoit entré ne sejourné en son pays, et ars 25 - et destruit tout par delà Valenciènes, excepté les forterèces. - S'en respondi li contes qu'il seroit bien amendet, - et que li royaumes de France estoit grans assés - pour avoir ent satisfation de toutes ces fourfaitures; - mès briefment il voloit aler devant Thun l'Evesque - et conforter ses bonnes gens qui gisoient là si honnourablement, - et qui si loyaument s'i estoient tenu - et deffendu. Si fist li contes ses mandemens et ses - priières en Braibant, en Guerles, en Jullers et en Alemaigne 5 - et ossi en Flandres devers son bon ami d'Artevelle. - Et s'en vint li dis contes à Valenciènes, à - grant fuison de gens d'armes, chevaliers et escuiers - de son pays et des pays dessus nommés, et toutdis - li croissoient gens. Et se parti de Valenciènes en 10 - grant arroy de gens d'armes, de charoi, de tentes, - de trés, de pavillons et de toutes aultres pourveances, - et s'en vint logier à Nave sur ces biaus plains et - ces grans prés, tout contreval le rivière d'Eschaut. - - Là estoient des signeurs de Haynau avoec le dit 15 - conte et en bon arroy: premierement messires Jehans - de Haynau, ses oncles, li sires d'Enghien, li sires - de Wercin, seneschaus de Haynau, li sires d'Antoing, - li sires de Ligne, li sires de Barbençon, li - sires de Lens, messires Guillaumes de Bailluel, li sires 20 - de Haverech, chastellains de Mons, li sires de Montegni, - li sires de Marbais, messires Thieris de Wallecourt, - mareschaus de Haynau, li sires de le Hamède, - li sires de Gommegnies, li sires de Roisin, li sires de - Trasegnies, li sires de Briffuel, li sires de Lalain, li 25 - sires de Mastain, li sires de Sars, li sires de Wargni, - li sires de Biauriu et pluiseur aultre chevalier et escuier, - qui tout se logoient dalés leur signeur. Assés - tost apriès, y revint li jones contes Guillaumes de - Namur moult estoffeement à deux cens lances, et se 30 - loga ossi sus le rivière d'Escaut en l'ost le conte. - Apriès revinrent li dus de Braibant à bien sis cens - lances, li dus de Guerles, li contes de Jullers, li markis - de Misse et d'Eurient, li markis de Blankebourch, - li contes des Mons, li sires de Faukemont, messires - Ernoulz de Bakehen, et grant fuison d'autres signeurs - et gens d'armes d'Alemagne et de Witephale. Si se 5 - logièrent tout li un apriès l'autre, sus le rivière d'Escaut, - à l'encontre de l'ost françoise; et estoient plentiveusement - (pourveu[333]) de tous vivres, qui leur venoient - tous les jours de Valenchiènes et dou pays de - Haynau voisin à yaus. 10 - - [333] Mss. B3, 4, fo 53 vo.--Ms. B1, fo 80 vo: «et pourveuement.» - - - § 110. Quant cil signeur se furent logiet, ensi que - vous avés entendu, sus le rivière d'Escaut, et mis - entre Nave et Yvuis, li dus Jehans de Normendie, - qui estoit d'autre part le rivière avoecques lui moult - belle gent, vey que li hos son cousin le conte de 15 - Haynau croissoit durement; si segnefia tout l'estat au - roy de France, son père, qui se tenoit à Peronne en - Vermendois, et estoit tenus plus de six sepmainnes - à grant gent. Lors fist li rois de recief une semonse - très especial, et envoia jusques à douze cens lances de 20 - bonnes gens d'armes en l'ost son fil. Et assés tos - apriès, il y vint comme saudoiiers au duch son fil, - car il ne pooit nullement venir à main armée sus - l'Empire, se il voloit tenir son sierement, ensi qu'il - fist. Et fu tout dis li dis dus chiés et souverains de 25 - ceste armée, mais il s'ordonnoit par le conseil dou - roy son père. - - Quant cil de Thun l'Evesque veirent lor signeur - le conte de Haynau venu si poissamment, si en furent - moult joiant, che fu bien raisons, car moult - l'avoient desiret, et bien en pensoient à estre delivret. - Le quatrime jour apriès qu'il furent là venu et - (hostilliet[334]) à host, vinrent cil de Valenciènes en grant - arroy, des quelz Jehans de Baissi, qui prevos estoit 5 - pour le temps, se faisoit mestres et gouvrenères. Si - tretost que cil de Valenciènes furent venu, on les - envoia escarmucier as François sus le rivage de l'Escaut, - pour ensonniier chiaus de l'host, et pour faire - chiaus de le garnison de Thun l'Evesque voie. Là 10 - eut grant escarmuce des uns as aultres, et pluiseur - quariel tret et lanciet, et tamaint homme navret et - bleciet. Entrues qu'il entendoient au paleter, li compagnon - de Thun l'Evesque, messires Richars de Limozin - et li aultre se partirent dou chastiel et se misent 15 - en l'Escaut. On leur ot appareilliet batiaus et - nacelles, en quoi on les ala querir d'autre part le - rivage; si furent amenet en l'ost et devers le conte - de Haynau, qui liement et doucement les rechut et - les honnoura moult dou bon service qu'il li avoient 20 - fait, quant si longement et à tel meschief il s'estoient - tenu en Thun l'Evesque. - - [334] Ms. B4, fo 54.--Ms. B1: «exilliet.» Mauvaise leçon. - - - § 111. En dementrues que ces deux hos estoient - ensi assamblées pour le fait de Thun l'Evesque et logies - sus le rivière d'Escaut, li François devers France 25 - et li Haynuier sus leur pays, couroient li fourier fourer - là où par tout trouver il le pooient de l'un lés et - de l'autre, mès point ne se trouvoient ne encontroient, - car la rivière d'Escaut estoit entre deus. Mais - li François parardirent et coururent tout le pays - d'Ostrevant, che qui demoret y estoit, et li Haynuier - tout le pays de Cambresis. Et là vint en l'ayde dou - conte de Haynau et à se priière, Jakemes d'Artevelle - à plus de soixante mille Flamens tous bien armés, et 5 - se logièrent poissamment à l'encontre des François. - Quant il furent venu, moult en fu li contes de Haynau - liés, car son host en fu grandement renforcie; si - manda par ses hiraus au duch de Normendie, son - cousin, que bataille se peust faire entre yaus, et que 10 - ce seroit blasmes pour toutes les parties, se si grant - gent d'armes qui là estoient se departoient sans bataille. - Li dus de Normendie respondi, à ceste fois, - qu'il en aroit avis. Chil avis et consaulz fu si lons - que li hiraut s'en partirent adonc sans avoir certainnes 15 - responses. Dont il avint que, le tierch jour - apriès, li contes de rechief y renvoia, pour mieus - savoir l'intension dou dit duch et des François. Li - dus en respondi qu'il n'estoit mies encores bien consilliés - de combatre ne de mettre y journée, et dist encores 20 - ensi que li contes de Haynau estoit trop hastieus. - - Quant li contes oy ces parolles, se li sambla uns - detriemens; si manda tous les plus grans barons de - l'host et premierement le duch de Braibant, son - grant signeur, et tous les aultres ensiewant, et puis 25 - leur remoustra sen intention et le response dou duc - de Normendie; si en demanda à avoir conseil. Adonc - regardèrent il cescuns l'un l'autre, et ne veult nulz - respondre premiers. Toutes fois li dus de Braibant - parla, pour tant que c'estoit li plus grans de toute 30 - l'ost et tenus li plus sages; si dist que de faire un - pont ne de combatre as François il n'estoit mies d'acort, - car il savoient de certain que li rois englès devoit - proçainnement passer le mer et venir assegier le - cité de Tournay: «Se li avons, ce dist li dus, prommis - et juret foy, amour et ayde de nous et des nostres; - dont se nous nos combatons maintenant, et li 5 - fortune fust contre nous, il perderoit son voiage, ne - nul confort il n'aroit de nous. Et se li journée estoit - pour nous, il ne nous en saroit gré, car c'est se intention - que jà sans lui, qui chiés est de ceste guerre, - nous ne nos combatons au pooir de France. Mais 10 - quant nous serons devant Tournay, il avoecques - nous et nous avoecques lui, et li rois de France sera - d'autre part, à envis se departiroient si grans gens - sans bataille. Si vous conseille, biaus filz, que vous - vos partés de chi, car vous y sejournés à grant frait, 15 - et donnés congiet toutes manières de gens d'armes; - si s'en revoist cescuns en son lieu, car dedens dix - jours vous orés nouvelles dou roy d'Engleterre.» A - ce conseil se tinrent li plus grant partie des signeurs - qui là estoient; mais il ne pleut mies encores trop 20 - bien au conte de Haynau, et pria as signeurs et as - barons tous en general qui là estoient qu'il ne se - volsissent mies encores partir, car ce seroit trop grandement, - ce li sambloit, contre se honneur, se li - François n'estoient combatu; et il li eurent tout en 25 - couvent. A ces parolles issirent il hors de parlement, - et se retrest cescuns à son logeis. Trop volentiers se - fuissent departi chil de Brousselles et de Louvaing, - car il estoient si tané que plus ne pooient. Et en parlèrent - pluiseurs fois au duch, leur signeur, et li remoustrèrent 30 - qu'il gisoient là à grant frait, et riens - n'i faisoient. - - - § 112. Quant li contes de Haynau vey son conseil - variier, et qu'il n'estoient mies bien d'acort de passer - le rivière d'Escaut, et de combatre les François, - si en fu durement courouciés. Si appella un jour son - oncle, monsigneur Jehan de Haynau, et li dist: 5 - «Biaus oncles, montés à cheval, et chevaucherés selonch - ceste rivière, et appellerés qui que soit homme - d'onneur en l'ost françoise, et dirés de par moy que - je leur liverai pont pour passer, mès que nous aions - trois jours de respit ensamble tant seulement pour le 10 - faire, et que je les voel combatre, comment que soit.» - Li sires de Byaumont, qui veoit son neveut en grant - desir de combatre ses ennemis, li acorda volentiers, - et dist qu'il iroit et feroit le message. Si vint à son - logeis et s'apparilla bien et frichement, lui troisime 15 - de chevaliers tant seulement, li sires de Fagnuelles - et messires Florens de Biaurieu, et son pennon devant - lui, montés sus bons coursiers, et chevaucièrent - ensi sus le rivage d'Escaut. - - Et avint que, de l'autre part, li sires de Byaumont 20 - aperçut un chevalier de Normendie, le quel il recogneut - par ses parures; si l'appella et dist: «Sire de - Maubuisson, sire de Maubuisson, parlés à moy!» Li - chevaliers qui se oy nommer, et qui ossi recogneut - monsigneur Jehan de Haynau, par le pennon de ses 25 - armes qui estoit devant lui, s'arresta et dist: «Sire, - que plaist vous?»--«Je vous pri, dist li sires de - Byaumont, que vous voelliés aler devers le roy de - France et son conseil, et leur dittes que li contes de - Haynau m'envoie chi pour prendre une triewe tant 30 - seulement qu'uns pons soit fais sus ceste rivière, par - quoi vos gens ou li nostre le puissent passer. Et ce - que li rois ou li dus de Normendie en responderont, - si le me venés dire, car je vous attenderai tant que - vous serés revenus.»--«Par ma foy, dist li chevaliers, - monsigneur, volentiers.» - - Atant se depa(r)ti li sires de Maubuisson, et feri 5 - cheval des esporons, et vint jusques en la tente dou - roy de France, où li dus de Normendie estoit adonc - personelment, et grant fuison d'autres signeurs. Li - sires de Maubuisson salua le roy, le duch et tous les - signeurs, et relata son message bien et deuement, 10 - ensi qu'il apertenoit, et que cargiés en estoit. Quant - il fu oys et entendus, on l'en respondi moult briefment - et li dist on: «Sire de Maubuisson, vous dirés - de par nous à celui qui chi vous envoie, que en - tel estat où nous avons tenu le conte de Haynau 15 - jusques à ores, nous le tenrons en avant, et li ferons - despendre et engagier sa terre: ensi sera il guerriiés - de deux costés. Et quant bon nous samblera, nous - enterons en sa terre si à point que nous li pararderons - tout son pays.» 20 - - Ces parolles ne plus ne mains raporta li sires de - Maubuisson à monsigneur Jehan de Haynau, qui là - l'attendoit sus le rivage. Et quant la relation l'en fu - faite, si dist au chevalier: «Grant mercis!» Lors s'en - parti et s'en revint arrière à leur logeis, et trouva le 25 - conte de Haynau, son (neveu), qui jeuoit as eschés - au conte de Namur. Li contes se leva si tost qu'il - vey son oncle, et li demanda nouvelles. «Sire, dist - messires Jehans de Haynau, à ce que je puis veoir et - considerer, li rois de France et ses consaulz prendent 30 - grant plaisance en ce que vous sejournés chi à grant - frait, et dient ensi qu'il vous feront despendre et engagier - toute vo terre. Et quant bon leur samblera, il - vous combateront, non à vostre volenté ne aise, - mais à le leur.» De ces responses fu li contes de Haynau - tous grigneus, et dist qu'il n'iroit mies ensi. - - - § 113. Nous nos tairons un petit à parler dou 5 - duch de Normendie et dou conte de Haynau, et parlerons - dou roy Edouwart d'Engleterre, qui estoit - mis sus mer pour venir et arriver, selonch se intention, - en Flandres, et puis venir en Haynau aidier à - guerriier le conte, son serourge, contre les François. 10 - Ce fu le jour devant le vegille Saint Jehan Baptiste, - l'an mil trois cens et quarante, qu'il nagoit par mer - à belle carge de naves et de vaissiaus. Et estoit toute - sa navie partie dou havene de Tamise, et s'en venoit - droitement pour arriver à l'Escluse. 15 - - Et adonc se tenoient entre Blankeberghe et l'Escluse - et sus le mer messires Hues Kierés, messires - Pières Bahucés et Barbevaire, à plus de sept vint - gros vaissiaus sans les hokebos. Et estoient bien Normans, - Bidaus, Geneuois et Pikars quarante mille. Et 20 - estoient là ancré et arresté, au commandement dou - roy de France, pour attendre le revenue dou roy - d'Engleterre, car bien savoient qu'il devoit rapasser; - se li voloient veer et deffendre le passage, ensi qu'il - fisent bien et hardiement, tant qu'il peurent, si com 25 - vous orés recorder. Li rois d'Engleterre et li sien, - qui s'en venoient tout singlant, regardent et voient - devers l'Escluse si grant quantité de vaissiaus que des - mas ce sambloient droitement uns bos; si en fu forment - esmervilliés, et demanda au patron de se navie 30 - quelz gens ce pooient estre. Il respondi qu'il cuidoit - bien que ce fust li armée des Normans que li rois de - France tenoit sus mer, et qui pluiseurs fois li avoient - fait grant damage, et tant que ars et robet le bonne - ville de Hantonne, et conquis _Christofle_, son grant - vaissiel, et occis chiaus qui le gardoient et conduisoient. 5 - Dont respondi li rois englès: «J'ay de lonch - temps desiré que je les peuisse combatre; si les combaterons, - s'il plaist à Dieu et à saint Jorge, car voirement - m'ont il fais tant de contraires que j'en voel - prendre le vengance, se g'i puis avenir.» 10 - - Lors fist li rois ordonner tous ses vaissiaus et mettre - les plus fors devant, et fist frontière à tous costés - de ses archiers; et entre deux nefs d'arciers, en y - avoit une de gens d'armes. Et encores fist il une bataille - sus costière, toute purainne d'arciers, pour reconforter, 15 - se mestier faisoit, les plus lassés. Là y - avoit grant fuison de dames d'Engleterre, contesses, - baronnesses, chevalereuses et bourgoises de Londres, - qui venoient veoir le royne d'Engleterre à Gand, que - veue n'avoient un grant temps. Et ces dames fist li 20 - rois englès bien garder et songneusement de trois cens - armeures de fier et de cinq cens arciers. Et puis pria - li rois à tous que il volsissent penser dou bien faire - et garder sen honneur; et cescuns li eut en couvent. - - - § 114. Quant li rois d'Engleterre et si mareschal 25 - eurent ordené leurs batailles et leurs navies bellement - et sagement, il fisent tendre et traire les voiles - contremont, et vinrent au vent, de quartier, sus destre, - pour avoir l'avantage dou soleil, qui en venant - lor estoit ou visage. Si s'avisèrent et regardèrent que 30 - ce les pooit trop nuire, et detriièrent un petit, et - tourniièrent tant qu'i(l) l'eurent à leur volenté. Li - Normant, qui les veoient tourniier, s'esmervilloient - trop pour quoi il le faisoient et disoient: «Il ressongnent - et reculent, car il ne sont pas gens pour - combatre à nous.» Bien veoient entre yaus li Normant, 5 - par les banières, que li rois d'Engleterre y estoit - personelment; si en estoient moult joiant, car - trop le desiroient à combatre. Si misent leurs vaissiaus - en bon estat, car il estoient sage de mer et bon - combatant. Et ordonnèrent _Christofle_, le grant vaissiel 10 - que conquis avoient sus les Englès en celle meisme - anée, tout devant, et grant fuison d'arbalestriers - geneuois dedens, pour le garder et traire et escarmucier - as Englès. Et puis s'arroutèrent, à grant fuison - de trompes et de trompètes et de pluiseurs aultres 15 - instrumens, et s'en vinrent requerre leurs ennemis. - - Là se commença bataille dure et forte, de tous - costés. Et arcier et arbalestrier commencièrent à - traire l'un contre l'autre diversement et roidement, - et gens d'armes à approcier et à combatre main à 20 - main asprement et hardiement. Et par quoi il peuissent - mieus avenir li un à l'autre, il avoient grans cros - et havés de fier tenans à chainnes; si les jettoient - ens ès nefs li un de l'autre, et les atachoient ensamble, - à fin qu'il se peuissent mieulz aherdre et plus 25 - fierement combatre. Là eut une très dure et forte - bataille, et mainte apertise d'armes faite, mainte - luite, mainte prise et mainte rescousse. Là fu _Christofles_, - cilz grans vaissiaus, auques de commencement - reconquis des Englès, et tout chil mort et peri 30 - qui le gardoient et deffendoient. Et adonc y eut grant - huée et grant noise; et approcièrent durement li Englès - et pourveirent incontinent _Christofle_, ce biel et - grant vaissiel, de purs arciers qu'il fisent passer tout - devant et combatre as Geneuois. - - - § 115. Ceste bataille dont je vous parolle fu moult - felenesse et très horrible, car batailles et assaus sus 5 - mer sont plus dur et plus fort que sus terre; car là - ne poet on reculer ne fuir, mais se fault vendre et - combatre, et attendre l'aventure, et cescun endroit - de lui moustrer son hardement et se proèce. Bien - est verités que messires Hues Kierés estoit bons chevaliers 10 - et hardis, et ossi messires Pières Bahucés et - Barbevaires, qui dou temps passet avoient fait maint - meschief sus mer, et mis à fin tamaint Englès. Si - dura la bataille et la pestilense, de l'eure de prime - jusques à haute nonne. Si poés bien croire que, ce 15 - terme durant, il y eut mainte apertise d'armes faite. - Et couvint là les Englès souffrir et endurer grant - painne, car leur ennemit estoient quatre contre un, - et toute gent de fait et de mer. De quoi li Englès, - pour tant qu'il besongnoit, se prendoient moult 20 - priès de bien faire. - - Là fu li rois d'Engleterre, de sa main très bons - chevaliers, car il estoit adonc en le fleur de se jonèce. - Et ossi furent li contes Derbi, li contes de Pennebruch, - li contes de Herfort, li contes de Hostidonne, 25 - (ly contes de Kent, ly contes de Norhantonne[335]) - et de Clocestre, messires Renaulz de Gobehen, messires - Richars de Stanfort, li sires de Persi, messires - Gautiers de Mauni, messires Henris de Flandres, - messires Jehans de Biaucamp, li sires de Felleton, li - sires de Brasseton, messires Jehans Chandos, li sires - de le Ware, li sires de Muleton et messires Robers - d'Artois, qui s'appelloit contes de Ricemont, et estoit - dalés le roy en grant arroi et en bonne estoffe, et 5 - pluiseur aultre baron et chevalier, plain d'onneur et - de proèce, des quelz je ne puis mie de tous parler, - ne leurs bien fais ramentevoir. Mais il s'i esprouvèrent - si bien et si vassaument, par mi un secours de - Bruges et dou pays voisin qui leur vint, qu'il obtinrent 10 - le place et l'yawe. Et furent li Normant et tout - cil qui là estoient encontre yaus mort et desconfi, peri - et noiiet, ne onques piés n'en escapa que tout ne - fuissent mis à (mort[336]). Ceste avenue fu moult tost - sceue par mi Flandres et puis en Haynau. Et en vinrent 15 - les certainnes nouvelles ens ès deux hos, à - heure de mienuit, devant Thun l'Evesque. Si en furent - Haynuier, Flamench, Alemant et Braibençon - moult resjoy, et li François très courouciet. Or vous - conterons dou roy englès comment il persevera 20 - apriès la bataille faite. - - [335] Mss. B4, 3, fo 56.--Ms. B1, fo 84 (lacune). - - [336] Ms. B3, fo 56.--Mss. B1, 4, fo 84: «bort.» Mauvaise leçon. - - - § 116. Quant ceste victore, ensi que dessus est - dit, fu avenue au roy englès, il demora toute celle - nuit, qui fu la vigile Saint Jehan Baptiste, sus mer - en ses naves devant l'Escluse, en grant bruit et en 25 - grant noise de trompes et de nakaires et de toutes - manières de menestraudies. Et là le vinrent veoir - chil de Flandres, qui estoient enfourmé de se venue. - Si demanda li dis rois nouvelles as bourgois de Bruges, - de Jakemon d'Artevelle; et cil respondirent qu'il - estoit à une semonse dou conte de Haynau contre le - duch de Normendie, à plus de soixante mille Flamens. - Ces parolles furent assés plaisans au roy englès. - Quant ce vint à l'endemain, le jour Saint Jehan, 5 - li rois et toutes ses gens prisent port et terre. Et se - mist li rois tout à piet, et grant fuison de se chevalerie; - et s'en vinrent en cel estat en pelerinage à - Nostre Dame d'Ardenbourch. Là oy messe li rois et - disna, et puis monta; et vint celi jour, sus le soir, à 10 - Gand, où ma dame la royne sa femme estoit, qui le - rechut à grant joie. Et toutes les gens le roy et tous - leurs harnois vinrent celle part depuis petit à petit. - - Li rois d'Engleterre avoit escript et segnefiiet sa - venue as signeurs qui encores estoient à Thun l'Evesque, 15 - devant les François: si ques, si tretost qu'il - sceurent qu'il estoit arrivés, et qu'il avoit desconfis - les Normans, il se deslogièrent. Et donna li dis contes - de Haynau, à quel priière et mandement il estoient - là venu, toutes manières de gens congiet, exceptet 20 - les corps des grans signeurs. Mais chiaus là - amena il en Valenchiènes, et les festia et honnoura - grandement, par especial le duch de Braibant et Jakemon - d'Artevelle. Et là preeça li dis d'Artevelle, en - mi le marchiet, present tous les signeurs et chiaus 25 - qui le peurent oïr. Et remoustra quelz drois li rois - d'Engleterre avoit à le calenge de France, et ossi quel - poissance li troi pays avoient, Flandres, Haynau et - Braibant, quant il estoient d'un accord et d'une alliance - ensamble. Et fist tant adonc, par ses paroles 30 - et par son grant sens, que toutes manières de gens - qui l'oïrent et entendirent, disent qu'il avoit durement - bien parlet et par grant experiense, et en fu de - tous moult loés et prisiés; et disent qu'il estoit bien - dignes de gouvrener et excerser le conté de Flandres. - - Apriès ces coses faites et devisées, li signeur se - partirent li un de l'autre, et prisent un brief jour de 5 - estre ensamble à Gand dalés le roy d'Engleterre. Si - y furent le sizime jour apriès, et vinrent veoir le roy, - qui les rechut à grant chière, et les conjoy et festia - moult liement. Et ossi fist la royne d'Engleterre, - Phelippe de Haynau, qui assés nouvellement estoit 10 - relevée d'un fil qui s'appelloit Jehans, et fu depuis - dus de Lancastre de par ma dame, sa femme, fille - au duch Henri de Lancastre, si com vous orés recorder - avant en l'ystore. Adonc fu pris et assignés - uns certains jours de parlement, à estre à Villevort 15 - tous les signeurs et leurs consaulz, et li consaulz des - bonnes villes de leurs pays. Si se partirent dou roy - d'Engleterre, et s'en rala cescuns en son lieu, attendans - que li termes devoit venir pour estre à Vilvort, - si com dessus est dit. Or vous compterons un petit 20 - dou roy de France, et de aucunes de ses ordenances, - (qu'il fist depuis[337]) qu'il sceut que li rois englès fu - arivés en Flandres. - - [337] Mss. B3, 4, fo 56 vo.--Ms. B1, fo 84 vo (lacune). - - - § 117. Quant li rois Phelippes de France sceut le - verité de sen armée sus mer, comment il avoient 25 - esté desconfi, et que li rois englès, ses adversaires, - estoit arrivés paisievlement en Flandres, si en fu durement - courouciés, mès amender ne le peut; si se - desloga et se retray viers Arras, et donna une partie - de ses gens d'armes congiet, jusques à tant qu'il oroit 30 - aultres nouvelles. Mais il envoia monsigneur Godemar - dou Fay en Tournay, pour là aviser des besongnes, - et penser que la cité fust bien pourveue, car il - se doubtoit plus des Flamens que d'autrui. Et mist - le signeur de Biaugeu en Mortagne, pour faire frontière 5 - contre les Haynuiers; et envoia grant fuison de - gens d'armes à Saint Omer, à Aire et à Saint Venant; - et pourvei souffissamment tout le pays, sus les frontières - de Flandres. - - En ce temps, regnoit uns rois en Sesille, qui s'appelloit 10 - Robers, qui avoit le fame et le renommée de - estre très grans astro(no)miens, et deffendoit, ce qu'il - pooit, au roy de France et à son conseil que point - ne se combatesist au roy englès, car li dis rois englès - devoit estre trop fortunés en toutes ses besongnes. 15 - Et euist volentiers veu li dis rois Robers que on euist - les dessus dis rois mis à acord et à fin de leur guerre, - car il amoit tant la couronne de France que à envis - veist se desolation. Si estoit li dessus dis rois en ce - temps venus en Avignon devers le pape Clement et 20 - le Collège, et leur avoit remoustré les perilz qui - pooient estre en France, par le fait des guerres des - deux rois, et encores avoech ce priiet et requis qu'il - se volsissent ensonniier d'yaus apaisenter, pour tant - qu'il les veoit si esmeus en grant guerre où nulz 25 - n'aloit au devant. De quoi li papes Clemens VIe et - li cardinal l'en avoient respondu tout à point et dit - qu'il y entenderoient volentiers, mès que li doi roy - en volsissent oïr. - - - § 118[338]. Or retourrons nous au parlement qui fu à 30 - Vilvort, si com dessus est dit. A ce parlement qui - fu à Vilvort, furent tout cil signeur après denommet: - premierement li rois d'Engleterre, li dus Jehans de - Braibant, li contes de Haynau, messires Jehans de - Haynau, ses oncles, li dus de Guerles, li contes de 5 - Jullers, li markis de Blankebourch, li markis de Misse - et d'Eurient, li contes des Mons, messires Robers - d'Artois, li sires de Faukemont, messires Guillaumes - de Duvort, li contes de Namur, Jakemes d'Artevelle, - et grant fuison d'aultres signeurs; et de toutes les 10 - bonnes villes de Flandres, de Braibant et de Haynau, - deux ou quatre hommes, par manière de conseil. Là - furent parlementé et consilliet pluiseur avis et estatut - entre les signeurs et leurs pays. Et acordèrent et - seelèrent li troy pays, loist assavoir Flandres, Haynau 15 - et Braibant, qu'il seroient, de ce jour en avant, - aidant et confortant l'un l'autre, en tous cas et en - tous afaires. Et se alloiièrent par certainnes couvenences - que, se li uns des trois pays avoit à faire contre - qui que ce fust, li doi autre le devoient aidier. Et 20 - se il avenoit qu'il fuissent en discort dou temps à venir - li doi ensamble, li tiers y devoit mettre bon acord. - Et se il n'estoit fors pour ce faire, il s'en devoit traire - au roy d'Engleterre, en qui main ces couvenences et - alliances estoient dittes et jurées à tenir fermes et 25 - estables, qui comme ressors les devoit apaisenter. - - [338] Dans le ms. B1, fo 85, il n'y a aucune coupure après ces - mots: «volsissent oïr»; nous avons suivi quelques bons mss., - notamment celui de Besançon, fo 61, qui commencent ici un - paragraphe distinct. - - Et furent pluiseur estatut là juret, escript et seelet, - qui depuis se tinrent trop mal. Mais toutes fois, - par confirmation d'amour et d'unité, il ordonnèrent - à faire forgier une monnoie coursable ens ès trois 30 - pays, que on appelleroit _compagnons_ ou _alloiiés_. Sus - le fin des parlemens, il fu dit et arresté et regardé - pour le milleur que, environ le Magdelainne, li rois - englès s'esmouveroit et venroit efforciement mettre - le siège devant le bonne cité de Tournay. Et là y 5 - devoient estre avoecques lui tout li signeur dessus - nommet, avoech leur mandement de chevaliers et - d'escuiers, et li pooirs des bonnes villes. Si se partirent - sus tel estat que pour yaus retraire en leurs - pays, et appareillier souffisanment, cescun selonch 10 - che qu'il apertenoit, pour estre mieus pourveu, quant - li jours et li termes venroit qu'il devoi(en)t estre devant - le cité de Tournay, et cescuns selonch son estat. - - - § 119. Or sceut li rois Phelippes, assés tost apriès - le departement de ces signeurs qui à Vilvort avoient 15 - esté, le plus grant partie de l'ordenance de ce parlement - et tout l'estat, et comment li rois englès devoit - venir assegier le cité de Tournay; si s'avisa qu'il le - conforteroit telement et y envoieroit si bonne chevalerie, - que la cité seroit toute seure et bien consillie. 20 - Si y envoia droitement fleur de chevalerie, le conte - Raoul d'Eu, connestable de France, et le jone conte - de Ghines, son fil, le conte de Fois et ses frères, le - conte Aimeri de Nerbonne, monsigneur Aymart de - Poitiers, monsigneur Joffroi de Chargni, monsigneur 25 - Gerart de Montfaucon, ses deux mareschaus monsigneur - Robert Bertran et monsigneur Mahieu de Trie, - le signeur de Kaieus, le senescal de Poito, le signeur - de Chastillon et monsigneur Jehan de Landas. Chil - avoient avoech yaus chevaliers et escuiers, preus as 30 - armes, et très bonnes gens. Si leur pria li dis rois - chierement qu'il vosissent si bien penser et songnier - de Tournay que nulz damages ne s'en presist; et il - li eurent en couvent. Adonc se partirent il d'Arras, - et chevaucièrent tant par leurs journées qu'il vinrent - à Tournay. Si y trouvèrent monsigneur Godemar 5 - dou Fay, qui en devant y avoit esté envoiiés, qui - les rechut liement; et ossi fisent tout li homme de le - ville. Assés tost apriès che qu'il furent venu, il regardèrent - et fisent regarder as pourveances de le - cité, tant en vivres comme en artillerie, et ordonnèrent 10 - bien et à point, selonch che qu'il besongnoit; - et y fisent amener et achariier, dou pays voisin, - grant fuison de blés et d'avainnes et de toutes aultres - pourveances, tant que la chité fu en bon point, - pour lui tenir un grant temps. 15 - - - § 120[339]. Or retourrons au roy d'Engleterre, qui se - tenoit à Gand, dalés la royne sa femme, et entendoit - à ordener ses besongnes. Quant li termes deubt - approcier que li signeur dessus nommet se devoient - trouver devant Tournay, et que li bled commençoient 20 - à meurir, li rois englès se parti de Gand à - moult belle gent d'armes de son pays, sept contes, - deux prelas, vingt huit banerès et bien deux cens - chevaliers. Et estoient Englès quatre mille hommes - d'armes et neuf mille archiers, sans le pietaille. Si 30 - s'en vint et passa et toute sen host parmi le ville de - Audenarde; et puis passa le rivière d'Escaut, et s'en - vint logier devant Tournay, à le porte c'on dist - Saint Martin, ou chemin de Lille et de Douay. Assés - tost après, vint ses cousins li dus de Braibant, à plus - de vingt mille hommes, chevaliers et escuiers, et les - communautés de ses bonnes villes. Et se loga li dis - dus devant Tournay; et comprendoit sen host grant - quantité de terre. Et estoient Braibençon logiet au 5 - Pont à Riès, contreval l'Escaut, mouvant de l'abbeye - Saint Nicolay, revenans vers le Pire et le porte Vale(n)cenoise. - Apriès estoit li contes Guillaumes de - Haynau avoech belle bachelerie de son pays; et avoit - grant fuison de Hollandois et de Zellandois, qui le 10 - gardoient de priès, et le servoient ensi que leur signeur. - Et estoit li contes de Haynau logiés entre le - duch de Braibant et le roi d'Engleterre. Apriès estoit - Jakemes d'Artevelle à plus (de) soixante mil Flamens - sans chiaus de Ippre, de Popringhe et de Cassiel et 15 - de le chastelerie de Berghes, qui estoient envoiiet - d'autre part, ensi que vous orés chi après. Et estoit - Jakemes d'Artevelle logiés à le porte Sainte Fontainne, - d'une part de l'Escaut et d'aultre. Et avoient - li Flamench fait un pont de nefs sus l'Escaut, pour 20 - aler et venir à lor aise. Li dus de Guerles, li contes - de Jullers, li markis de Blankebourch, li markis de - Misse et d'Eurient, li contes des Mons, li contes de - Saumes, li sires de Faukemont, li sires de Bakehen - et tout li Alemant estoient logiet d'autre part devers 25 - Haynau, et avoient fait ossi un pont sus l'Escaut, au - dessus de Tournay, et pooient aler et chevaucier de - l'une host en l'autre. Ensi estoit la cité de Tournay - assise et environnée de tous lés et de tous costés, ne - nulz n'en pooit partir, entrer ne aler, que ce ne fust - par congiet, et qu'il ne fust veus et aperceus de 30 - chiaus de l'ost, sus le quel costet que che fust. - - [339] Ms. A8, fo 59, et ms. A1, fo 61 vo. Il n'y a pas ici de - coupure dans les mss. B1, 3 et 4. - - - § 121. Chilz sièges fais et arrestés devant le cité de - Tournay, si com vous avés oy, dura longement. Et - estoit li hos de chiaus de dehors bien pourveue et - avitaillie de tous vivres, et à bon marchiet, car il - lor venoit de tous lés, par terre et par yawe. Si 5 - y eut, le siège durant, là environ pluiseurs belles - apertises d'armes faites et pluiseurs chevaucies, des - quèles nous ferons en sievant mention. Car li - jones contes de Haynau, qui estoit hardis et entreprendans, - avoit si pris en coer ceste guerre, comment 10 - que de premiers il en fu moult frois, que c'estoit - cilz par qui toutes se mettoient sus les envaies - et les chevaucies. Et se parti de l'host à une matinée, - à bien cinq cens lances, et s'en vint passer desous - Lille, et ardi le bonne ville de Seclin et grant fuison 15 - de villiaus là environ. Et coururent si coureur jusques - ens ès fourbours de Lens en Artois. Tout ce fu - recordé au roy Phelippe, son oncle, qui se tenoit en - Arras; si en fu moult courouciés, mès amender ne - le peut tant c'à ceste fois. Encores apriès ceste chevaucie, 20 - en remist li contes une sus, et chevauça - adonc devers le bonne ville d'Orcies; si fu prise et - arse, car elle n'estoit point fremée, et Landas et li - Celle, et pluiseur bon village qui sont là en ce contour. - Et coururent tout le pays où il eurent très grant 25 - pillage, et puis s'en revinrent au siège de Tournay. - - D'autre part, li Flamench assalloient souvent chiaus - de Tournay, et avoient fait en nefs sus l'Escaut bierfrois - et atournemens d'assaus; et venoient hurter et - escarmucier, priés que tous les jours, à chiaus de 30 - Tournay. S'en y avoit souvent des navrés, des uns - et des aultres. Et se mettoient en grant painne li - Flamench de conquerre et de damagier Tournay, - tant avoient pris le guerre en coer. Et on dist et - voirs est qu'il n'est si felle guerre que de voisins et - d'amis. Et entre les assaus que li Flamench fisent, il en - y eut un qui dura un jour tout entier. Là eut tamainte 5 - grant apertise d'armes faite, car tout li signeur et li - chevalier qui en Tournay estoient furent à cel assaut. - Et estoit li dis assaus fais en nefs et en vaissiaus, à - ce appareilliés de lonch temps, pour ouvrir et pour - rompre les barrières à le posterne de l'arce; mais 10 - elles furent si bien deffendues que li Flamench n'i - conquisent riens; ançois perdirent une nef toute cargie - de gens, dont il en y eut plus de six vingt noiiés; - et retournèrent au soir tout lasset et tout travilliet. - - - § 122. Le siège durant et tenant devant Tournay, 15 - issirent hors une matinée li saudoiier de Saint Amand, - dont il en y avoit grant fuison, et vinrent à Hanon - qui se tient de Haynau, et ardirent le ville et violèrent - l'abbeye et destruisirent le moustier; et en menèrent - et en portèrent devant yaus tout che que mener 20 - et emporter en peurent, et puis retournèrent en - Saint Amand. Assés tost après, se partirent li saudoiier - dessus dit, et passèrent le bos de Saint Amand, - et vinrent jusques à l'abbeye de Vicogne, pour le - ardoir et essillier; et en fuissent venu à leur entente, 25 - car il avoient fait un grant feu contre le porte, pour - le ardoir et abatre à force; mais uns gentilz abbes, - qui laiens estoit pour le temps, y pourvei de grant - remède. Car, quant il eut consideré le peril, il monta - à cheval et parti par derrière, et chevauça tous les 30 - bos, à le couverte, et fist tant que moult quoiteusement - il vint à Valenchiènes. Si requist au prevost de - le ville et as jurés que on li volsist prester les arbalestriers - de le ville, pour aidier à deffendre sa maison; - et cil li acordèrent volentiers. Si les en mena - dans abbes avoech lui; et passèrent derrière Raimes, 5 - et les mist en ce bois, qui regarde vers le Pourcelet, - et sus le caucie. Là commencièrent il à traire et à - berser sur ces bidaus et Geneuois, qui estoient devant - le porte de Vicongne. Si tretost qu'il sentirent - ces saiettes qui leur venoient de dedens le bos, si furent 10 - tout effraé, et se misent au retour, cescuns qui - mieulz mieulz. Ensi fu li abbeye de Vicongne sauvée. - - En ce temps, estoit li contes de (Lille), en Gascongne, - de par le roy de France, qui y faisoit la guerre, - et avoit priès repris et conquis tout le pays d'Acquitainne; 15 - et y tenoit les champs, à plus de six mille - chevaus; et avoit assis Bourdiaus, par terre et par - aigue. Si estoient avoecques le dit conte toute li fleur - de chevalerie des marches de Gascongne, li contes - de Pieregorth, li contes de Commignes, (ly vicontes 20 - de Carmaing[340]), li viscontes de Villemur, li viscontes - de Brunikiel, li sires de la Barde et pluiseur aultre - baron et chevalier. Et n'estoit nulz, de par le roy - englès, qui leur veast leurs chevaucies, fors tant que - les forterèces englesces se tenoient et gardoient à leur 25 - pooir. Et là en ce pays avinrent moult de biaus fais - d'armes, des quelz nous vous parlerons chà en apriès, - quant temps et lieus sera. Mès nous retourrons encores - un petit as besongnes qui avinrent en Escoce, - le siège durant et tenant devant le cité de Tournay. 30 - - [340] Mss. B4, 3, fo 58.--Ms. B1 (lacune). - - - § 123. Vous devés savoir que messires Guillaumes - de Douglas, filz dou frère à monsigneur Guillaume - de Douglas qui demora en Espagne, si com chi dessus - est contenu, li jones contes de Mouret, li contes - Patris, li contes de Surlant, messires Robers de Versi, 5 - messires Symons Fresel, Alixandres de Ramesay estoient - demoret chapitainne del remanant d'Escoce, - et se tenoient et tinrent longement en celle forest de - Gedours, par yvier temps et par esté, par l'espasse - de sept ans et plus, comme très vaillans gens; et guerrioient 10 - toutdis les villes et les forterèces, là où li rois - Edowars avoit mis ses gens et ses garnisons; et souvent - leur avenoit des belles aventures et perilleuses, - des quèles il se partoient à grant honneur, par quoi - on les doit conter entre les preus, ossi fait on. 15 - - Si avint ens ou temps que li rois englès estoit par - deçà, et guerrioit le royaume de France, et seoit - devant Tournay, que li rois Phelippes envoia en Escoce - gens, qui arrivèrent en le ville de Saint Jehan. - Et prioit adonc li rois de France à ces dessus nommés 20 - signeurs d'Escoce qu'il volsissent esmouvoir et - faire si grant guerre sus le royaume d'Engleterre, - qu'il couvenist que li rois englès s'en ralast oultre, - et deffesist son siège de devant Tournay, et leur promist - à aidier et conforter de poissance, de gens et 25 - d'avoir: si ques, en ce temps que li sièges fu devant - Tournay, cil signeur d'Escoce se pourveirent, à - le requeste dou roy de France, pour faire une grande - chevaucie sus les Englès. Quant ilz furent bien pourveu - de grans gens, ensi qu'il leur besongnoit, il se 30 - partirent de le forest de Gedours, et alèrent par toute - Escoce reconquerre des forterèces celles qu'il peurent - ravoir; et passèrent oultre le bonne cité de Bervich - et le rivière de Thin, et entrèrent ens ou pays de - Northombreland, qui jadis fu royaumes. Là trouvèrent - ilz bestes grasses à grant fuison. Si gastèrent - tout le pays et ardirent jusques à le cité de Duremme 5 - et assés oultre; puis s'en retournèrent arrière par - un aultre chemin, gastant et ardant le pays, si qu'il - destruisirent bien en celle chevaucie trois journées - long del pays le roy englès; et puis rentrèrent ens - ou pays d'Escoce, et reconquisent toutes les forterèces 10 - que li Englès tenoient, hors mis le bonne cité de - Bervich, et trois aultres fors chastiaus qui leur faisoient - trop grant anoy et souvent, pour le(s) vaillans - gens qui les gardoient, et le pays d'entours ossi. Et - estoient et sont encores chil troi chastiel si fort que 15 - à painnes poroit on trouver si fors en nul pays. Si - appell' on l'un Struvelin, l'autre Rosebourch, et le - tierch et le souverain de tout le royaume d'Escoce - Haindebourch. Li chastians de Haindebourch siet - sus une haute roce, par quoi on voit tout le pays 20 - d'environ. Et est la montagne si roste et si malaisie - que à grant painne y poet uns homs monter, sans - reposer deux fois ou trois, et ensi uns chevaus à demie - charge. Et estoit cilz adonc qui faisoit plus de - contraires à ces signeurs d'Escoce et à leurs gens. Et 25 - en estoit chastellains et gardiiens, pour le temps de - lors, uns vaillans chevaliers englès, qui s'appelloit - messires Gautiers de Limoges, frères germains à monsigneur - Richart de Limosin, qui si vaillamment se - tint et deffendi à Thun l'Evesque contre les François. 30 - - Or avint, en ce temps que li sièges se tenoit devant - Tournay, et que cil signeur d'Escoce, si com - dessus est dit, chevauçoient parmi le pays d'Escoce, - reconquerant les forterèces à leur loyal pooir, messires - Guillaumes Douglas s'avisa d'un grant fait et - perilleus et d'une grant subtileté, et le descouvri à - aucuns de ses compagnons, au conte Patris, à monsigneur 5 - Symon Fresiel, qui avoit estet mestres et - gardiiens dou roy David d'Escoce, et à Alixandre de - Ramesai, qui tout s'i accordèrent et se misent en - celle perilleuse aventure avoecques le bon chevalier - dessus dit; et prisent bien jusques à deux cens compagnons 10 - de ces (Escos[341]) sauvages, pour faire une - embusche, ensi com vous orés. Chil quatre signeur - et gouvreneur de tous les Escos, qui savoient le pensée - li uns de l'autre, entrèrent en mer à toute leur - compagnie, et fisent pourveance d'avainne, de blanche 15 - farine, et de carbon de fèvres; puis arrivèrent - paisievlement à un port qui estoit à trois liewes - priès de ce fort chastiel de Haindebourch, qui lor - destraindoit plus que tout li aultre. Quant il furent - arrivet, il issirent hors par nuit, et prisent dix ou 20 - douze des compagnons ens ès quelz ilz se confioient - le plus, et se vestirent de povres cotes deschirées et - de povres capiaus, à guise de povres marcheans, et - chargièrent douze petis chevalés de douze sas, les uns - emplis d'avainne, les aultres de farine, et le(s) aultres 25 - de charbon de fèvres. Et envoiièrent les aultres compagnons - embuschier en une deschirée abbeye et gastée - là où nulz ne demoroit; et estoit assés priès dou - piet de le montagne sour quoi li chastiaus seoit. - Quant jours fu, cil marchant, qui estoient couvertement 30 - armet, s'esmurent et se misent au chemin viers - le chastiel à tout les chevaus chargiés, ensi que vous - avés oy. Quant il vinrent au piet de le montagne, - qui estoit si roste et si malaisie à monter, il menèrent - les chevalés chargiés amont, ensi qu'il peurent. - Quant il vinrent en le moiiené de le montagne, li 5 - dis messires Guillaumes Douglas et messires Symons - Fresiel alèrent devant (et firent les autres venir[342] - tout bellement), et fisent tant qu'il vinrent au - portier, et li disent qu'il avoient amenet, en grant - paour, bled, farine et avainne; s'il leur besongnoit, 10 - il leur venderoient volentiers, et à bon marchié. Li - portiers respondi que voirement besongneroient il bien - en le forterèce, mais il estoit si matin qu'il n'oseroit - esvillier le signeur de le forterèce ne le mestre d'ostel; - mais il fesissent venir avant le pourveance, et il 15 - leur ouveroit le première porte des bailles. Cil le - oïrent volentiers, et fisent passer avant tout bellement - les aultres avoech leur charge, et entrèrent tout - en le porte des bailles, qui leur fu ouverte. Messires - Guillaumes Douglas avoit bien veu que li portiers 20 - avoit toutes les clés de le grant porte dou chastiel, - et avoit couvertement demandet au portier le quèle - deffremoit le porte, et la quèle le guicet. Quant la - porte des bailles fu ouverte, si com vous avés oy, il - misent ens les chevalés, et en deschargièrent deux, 25 - qui portoient les sas plains de charbon, droitement - sus le suel de le porte, à fin que on ne le peuist reclore; - puis prisent le portier et le tuèrent si paisievlement - que onques ne dist mot; et prisent les clés, - et deffremèrent le porte dou chastiel. Puis corna li 30 - dis messires Guillaumes Douglas un cor, et jettèrent - il et si treize compagnon les cotes deschirées tantost - jus, et reversèrent les aultres sas plains de charbon - au travers de le porte, par quoi on ne le peuist clore. - - [341] Mss. B3, fo 59.--Ms. B1, fo 88 (lacune). - - [342] Mss. B4, 3, fo 59.--Ms B1, fo 88 (lacune). - - Quant li aultre compagnon, qui estoient embuschiet - assés priès dou chastiel, ensi que vous avés oy, 5 - oïrent le cor sonner, il sallirent hors de l'embuschement - et coururent contremont le voie del chastiel, - tant qu'il peurent. Li gaitte, qui dormoit adonc, se - esvilla au son del cor, et vey gens monter hasteement - contremont le chastiel, tous armés. Si commença 10 - à corner et à criier tant qu'il peut: «Trahi! - Trahi!» Adonc se esvilla li chastelains, et tout chil - de laiens ossi s'armèrent, si tost qu'il peurent, et - vinrent tout acourant à le porte, qui plus tost peurent, - pour le refremer, mais on leur devea, car messires 15 - Guillaumes et si douze compagnon leur deffendirent. - Adonc monteplia grans hustins entre yaus, - car chil dou chastiel ewissent volentiers le porte refremée - pour leurs vies sauver, car il perchevoient - bien qu'il estoient trahi. Et cil qui bien avoient 20 - acompli leur emprise et leur desirier se penoient - tant qu'il pooient del detenir; et tant fisent par leur - proèce qu'il detinrent l'entrée, tant que cil de l'embuschement - furent parvenu à yaus. Lors se commencièrent - à esbahir cil dou chastiel, car il veirent 25 - bien qu'il estoient souspris. Si s'efforcièrent de deffendre - le chastiel, et de leurs ennemis remettre hors, - se ilz peuissent, et fisent tant d'armes que merveilles - estoit à regarder, et par especial messires Gautiers - de Limozin, car il besongnoit. Mais darrain lor deffense 30 - ne les peut sauver, comment qu'il en tuèrent - et navrèrent aucuns de chiaus dehors, que li dis - messires Guillaumes Douglas et si compagnon ne gaegnassent - le fort chastiel par force, et occirent le plus - grant partie de chiaus qui le gardoient, excepté le - chastellain et six escuiers qu'il prisent à merci. Si - demorèrent laiens tout le jour; puis y establirent 5 - chastellain (ung[343]) gentilhomme dou pays, un escuier - qui s'appelloit Symons de Weseby, et avoech lui grant - fuison de bons compagnons et hommes de fief d'Escoce. - Ensi fu repris li fors chastiaus de Haindebourch - en Escoce. Et en vinrent les certainnes nouvelles au 10 - roy englès, entrues qu'il seoit devant Tournay, au - quel siège nous retourrons à parler, car il est heure. - - [343] Ms. B3, fo 59 vo.--Mss. B1, 4, fo 89:«d'un.» - - - § 124. Vous avés bien chi dessus oy recorder comment - li rois englès avoit assegiet le bonne cité de - Tournay, et moult le constraindoit, car il avoit en 15 - son host plus de six vingt mille hommes as armes, - parmi les Flamens, li quel s'acquittoient bien de l'assallir. - Et l'avoient li assegeur telement environné de - tous costés, que riens ne leur pooit venir, entrer - ne issir, qu'il ne fust tantost hapés et perceus. Et 20 - pour tant que les pourveances de le cité commencièrent - à amenrir, li signeur de France, qui là estoient, - fisent widier toutes manières de povres gens, qui - pourveu n'estoient pour attendre l'aventure, et les - misent hors à plain jour, hommes et femmes; et 25 - passèrent parmi l'ost dou duch de Braibant qui leur - fist grasce, car il les fist conduire sauvement tout - oultre l'ost. Li rois englès entendi bien par chiaus et - par aultres que la cité estoit durement astrainte; si en - fu plus joieus, et pensa que bien il le conquerroit, - com longement ne quel fret que il y mesist. - - D'autre part, li rois de France, qui se tenoit à Arras, - et estoit tenus toute le saison, entendi que cil de - Tournay estoient moult constraint, et qu'il avoient 5 - grant mestier d'estre conforté. Si s'ordena à ce qu'il - les conforteroit, à quel mescief que ce fust, car il - ne voloit mies perdre une tèle cité que Tournay estoit. - Si fist un très grant mandement par tout son - royaume, et ossi une grant priière en l'Empire, tant 10 - qu'il eut le roy Charlon de Behagne, le duch de - Loeraingne, le conte de Bar, (l'evesque de Liège, l'evesque - de Miés[344]), l'evesque de Vredun, le conte de - Montbliar, messire Jehan de Chalon, le conte de Genève, - et ossi le conte de Savoie et monsigneur Loeis 15 - de Savoie son frère. Tout cil signeur vinrent servir - le roy de France, à ce qu'il peurent avoir de gens. - D'autre part, revinrent li dus de Bretagne, li dus de - Bourgongne, li dus de Bourbon, li contes d'Alençon, - li contes de Forès, li contes d'Ermignach, li contes 20 - de Flandres, li contes de Blois, messires Charles de - Blois, li contes de Harcourt, li contes de Dammartin, - li sires de Couci, et si grant fuison de barons et - de signeurs, que le nommer par nom et par sournom - seroit uns grans detriemens. Après revint li rois de 25 - Navare, à tout grant fuison de gens d'armes de Navare - et de le terre qu'il tenoit en France, dont il - estoit homs au roy. Et si y estoit li rois David d'Escoce, - à le delivrance dou roy de France, à belle - route de gens d'armes. 30 - - [344] Mss. B4, 3, fo 59 vo.--Ms. B1, fo 89 (lacune). - - - § 125. Quant tout cil signeur dessus nommet et - plus encores furent venus à Arras devers le roy, il - eut conseil de chevaucier et de traire par devers ses - ennemis; si s'esmeut, et cescuns le sievi, ensi que - ordonné estoit. Et fisent tant par leurs petites journées 5 - qu'il vinrent jusques à une petite rivière, qui - est à trois liewes priès de Tournay, la quèle est moult - parfonde et environnée de si grans c(r)olières et marès, - que nulz ne le pooit passer fors parmi un petit - pont si estroit que uns seulz homs à cheval seroit 10 - assés ensonniiés dou passer oultre; doi homme ne s'i - poroient combiner. Et loga trestous li hos sus les - camps sans passer le rivière, car il ne peuissent. - L'endemain, li hos demora tous quois. Li signeur, - qui estoient dalés le roy, eurent conseil comment il 15 - peuissent faire pons, pour passer le rivière dessus - ditte et les crolières plus aise et plus seurement. Si - furent envoiiet aucun chevalier et ouvrier, pour regarder - le passage; mais quant il eurent tout consideré - et avisé, il regardèrent qu'il perdoient le temps; 20 - si raportèrent au roy qu'il n'i avoit point de passage, - fors par le pont à Tressin tant seulement. Si demora - la cose en cel estat, et se logièrent li signeur, cescuns - sires par lui et entre ses gens. Les nouvelles - s'espardirent par tout que li rois de France estoit 25 - logiés au pont à Tressin, et entre le pont de Bouvines, - en entente de combatre ses ennemis: si ques - toutes manières de gens d'onneur, qui desiroient à - acquerre grasce par fait d'armes, se traioient celle - part, tant d'un lés comme de l'autre. 30 - - Or avint que troi chevalier alemant, qui se tenoient - en le garnison de Bouchain, furent informet que li - doi roy s'approçoient durement, et que on supposoit - bien qu'il se combateroient. De quoi, li doi - priièrent tant à leur compagnon qu'il s'acorda à ce - qu'il demorroit, et li aultre iroient devant Tournay - querre les aventures; et garderoit le forterèce bien et 5 - songneusement jusques à leur retour. Si se partirent - li doi chevalier, dont on clamoit l'un monsigneur - Conrart de Leusennich, et l'autre monsigneur Conrart - d'Asko; et chevaucièrent tant qu'il vinrent vers - Escaupons, deseure Valenciènes, car il voloient passer 10 - l'Escaut à Condet. Si oïrent, entre Frasne et Escaupons, - grant effroi de gens, et en veirent pluiseurs - fuians. Dont brocièrent il celle part et leur route, et - pooient estre environ vingt cinq lances; si encontrèrent - les premiers qui fuioient, et leur demandèrent 15 - qu'il leur falloit ne estoit avenu. «En non Dieu, signeur, - ce respondirent li fuiant, li saudoiier de Mortagne - sont issu et ont accueilliet grant proie chi entours, - et l'enmainnent et cacent devers leur forterèce, - et avoech çou pluiseurs prisonniers de che pays.» 20 - Donc respondirent li chevalier alemant: «Et nous - sariés vous mener celle part où il vont?»--«En - nom Dieu, signeur, oil.» Adonc se sont li Alemant - mis en cace apriès les François de Mortagne, et ont - sievis les bonhommes dou pays qui les avoiièrent 25 - parmi le bois; et adevancièrent les dessus dis assés - priès de Nostre Dame ou Bois et dou Crousage. - Et estoient bien li François six vingt saudoiiers; - et enmenoient devant yaus bien deux cens grosses - bestes et aucuns prisonniers paysans dou pays. Et 30 - estoit adonc leur chapitainne, de par le signeur de - Biaugeu, uns chevaliers de Bourgongne qui s'appelloit - messires Jehans de Frelais. Sitost que li Alemant - les veirent, il les escriièrent fierement et se boutèrent - de grant randon en yaus. Et là eut bon hustin et - dur, car li chevaliers bourghignons se mist à deffense - bien et hardiement, et li aucun de se route, et 5 - non pas tout, car il y eut pluiseurs bidaus qui fuirent; - mais il furent de si priès encauciet des Alemans - et des villains dou pays, qui les sievoient, as plançons - et as bourlés, que petit en escapèrent qu'il ne - fuissent mort et atieret. Et y fu messires Jehans de 10 - Frelais pris, et toute la proie (rescousse[345]) et rendue - as hommes dou pays, qui grant gret en sceurent as - Alemans. Depuis ceste avenue, s'en vinrent li chevalier - devant Tournay, où il furent li bien venu. - - [345] Mss. B3, 4, fo 60 vo.--Ms. B1, fo 90 (lacune). - - - § 126. Assés tost apriès chou que li rois de France 15 - s'en fu venus logier à host au pont à Tressin, se mist - une compagnie de Haynuiers sus, par l'enhort monsigneur - Wauflart de le Crois, qui leur dist qu'il cognissoit - tout le pays, et qu'il les menroit bien en tel - lieu sus l'ost de France où il gaegneroient. Si se partirent 20 - à son enhort, et pour faire aucun biau fait - d'armes, une ajournée, environ six vingt compagnons, - chevaliers et escuiers, tout pour l'amour li - uns de l'autre, et chevaucièrent devers le pont à - Tressin, et fisent de monsigneur Guillaume de Bailluel 25 - leur chief, et à se banière se devoient tout ralloiier. - Ceste meisme matinée, chevauçoient li Liegois, - dont messires Robers de Bailluel, frères germains au - dessus dit monsigneur Guillaume, estoit chiés, de - par les Liegois; car adonc il estoit, et faire le devoit, - avoecques l'evesque de Liège. Si avoient li Liegois - passet le pont à Tressin, et estoient espars en ces - biaus plains, entre Tressin et Baisieu, et estoient en - fourage pour leurs chevaus, et ossi pour veoir se il 5 - trouveroient nulle aventure où il peuissent pourfiter. - Li Haynuier chevaucièrent celle matinée, qui d'encontre - nul n'en trouvèrent, car il faisoit si grant - bruine que on ne pooit veoir un demi bonnier de - terre loing; et passèrent le pont baudement et sans 10 - encontre, et messires Wauflars de le Crois (devant[346]) - qui les menoit. Quant il furent tout oultre, il ordonnèrent - que messires Guillaumes de Bailluel et se - banière demorroient au pont, et messires Wauflars - de le Crois, et messires Rasses de Monciaus, et messires 15 - Jehans de Sorres, et messires Jehans de Wargni - courroient devant. - - [346] Ms. B4, fo 60 vo.--Ms. B1, fo 90 (lacune). - - Si se departirent li coureur et chevaucièrent si - avant que il s'embatirent en l'ost le roy de Behagne - et de l'evesque de Liège, qui assés priès dou pont 20 - estoient logiet. Et avoit la nuit fait le gait en l'ost le - roy de Behagne li sires de Rodemach; et jà estoit - sus son departement, quant li coureur haynuier vinrent; - si leur sallirent au devant hardiement, quant il - les veirent venir. Et ossi Liegois s'estourmirent; si 25 - reboutèrent ces coureurs moult asprement. Et y eut - là adonc moult bon puigneis, car Haynuier vassaument - s'i esprouvèrent. Toutes fois, pour revenir à - leur banière, il se misent devers le pont. E vous Liegois - et Lussemboursins apriès venus au pont à leur 30 - banière. Là y eut grant bataille. Et fu consilliet à monsigneur - Guillaume de Bailluel qu'il rapassast le pont, - et se banière, car il avoient encores de leurs compagnons - oultre. Si rapassèrent Haynuier au mieus qu'il - peurent. Et y eut au passer mainte belle apertise d'armes 5 - faite, mainte prise et mainte rescousse. Et avint - que messires Waufflars de le Crois fu si quoitiés que - il ne peut rapasser le pont; si doubta le peril et qu'il - ne fust pris; si s'avisa qu'il se sauveroit. Si issi hors - de le presse, au mieulz qu'il peut, et prist un chemin 10 - qu'il cognissoit assés, et se vint bouter en uns marès, - entre rosiaus et crolières, et se tint là un grant temps. - Et li aultre toutdis se combatoient. Les quelz Liegois - et Lussemboursins avoient jà rués jus et abatu le - banière monsigneur Guillaume de Bailluel. 15 - - A ces cops vinrent cil de le route monsigneur Robert - de Bailluel, qui venoient de courir, et entendirent - le hustin; si chevaucièrent celle part. Et fist passer - messires Robers de Bailluel sa banière devant, - que uns siens escuiers portoit, qui s'appelloit Jakemes 20 - de Forsvie, en escriant: «Moriaumés!» Li Haynuier, - qui jà estoient tout escauffé, perchurent le - banière de Moriaumés qui estoit toute droite; si cuidièrent - que ce fust li leurs où il se devoient radrecier; - car moult petit de differense y avoit de l'un à 25 - l'autre, car les armes de Moriaumés sont vairiet contre - vairiet, à deux kievirons de geules; et sus le kieviron - messires Robers portoit une petite croisète d'or: - si ne l'avisèrent mies bien, pour tant en furent il - deceu; et se vinrent de fait bouter desous le banière 30 - monsigneur Robert. Là y eut dur hustin. Et furent - li Haynuier fierement rebouté et tout desconfi. Et y - furent mort troy bon chevalier de leur costé, messires - Jehans de Wargni, messires Gontiers de Pontelarce, - messires Guillaumes de Pipempois, et pluiseur - aultre bon escuier et homme d'armes, dont ce fu - damages, et pris messires Jehans de Sorre, messires 5 - Daniaus Bleze, messires Rasses de Monchiaus, messires - Loeis de Jupeleu et pluiseur aultre. Et retourna - au mieus qu'il peut messires Guillaumes de Bailluel, - qui se sauva, quoi qu'il y perdesist assés des siens. - - D'autre part, messires Wauflars de le Crois, qui 10 - s'estoit boutés et repus entre marès et rosiaus, et se - cuidoit là tenir jusques à le nuit, fu perceus d'aucuns - compagnons qui chevauçoient sus ces marès et - voloient de leurs oisiaus, et estoient au signeur de - Saint Venant; si fisent si grant noise et si grant bruit 15 - que messires Wauflars issi hors, tous desconfis, et se - vint rendre à yaus. Il le prisent et le ramenèrent en - l'ost, et le delivrèrent à leur mestre, qui le tint un - jour tout entier en son logeis, et l'euist volentiers - sauvé, se il peuist, par cause de pité, car bien sçavoit 20 - qu'il estoit pris sus le teste. Mès il fu accusés, - car les nouvelles vinrent au roy de France de le besongne, - comment elle avoit alé, et de monsigneur - Robert de Bailluel, qui avoit ruet jus son frère et les - Haynuiers, et ossi de monsigneur Waufflart de le 25 - Crois, qui avoit esté pris, où et comment. Pour quoi - li rois en volt avoir le cognissance. Se li fu rendus - li dis messires Wauflars, qui eut moult mal finet; - car li dis rois, (pour complaire à ceulx de Lille[347]), - pour tant qu'il li avoient delivret le conte de Sallebrin 30 - et le conte de Sufforch, leur rendi monsigneur - Waufflart, qui grant temps les avoit guerriiés. Dont - cil de Lille furent moult joiant, pour tant qu'il leur - avoit esté grans ennemis; et le fisent depuis morir en - leur ville; onques n'en veurent prendre nulle raençon. 5 - - [347] Mss. B4, 3, fo 61.--Ms. B1, fo 90 (lacune). - - - § 127. De l'avenue monsigneur Robert de Bailluel - et des Liegois qui avoient ruet jus les Haynuiers, - fu li rois Phelippes tous joians, et en loa grandement - tous chiaus qui y avoient estet. D'autre part, li contes - de Haynau et chil qui leurs amis avoient perdus, 10 - en furent tout courouciet, et ce fu bien raisons. Or - avint, assés tost apriès que ceste chevaucie dessus - ditte fu avenue, li contes de Haynau, messires Jehans - de Haynau, ses oncles, messires Gerars de Wercin, - seneschaus de Haynau, et bien six cens lances de 15 - Haynuiers et d'Alemans se departirent dou siège de - Tournay, et s'en vinrent devant Mortagne. Et manda - li dis contes à chiaus de Valenchiènes qu'il venissent - d'aultre part, et se mesissent entre le Scarp et l'Escaut, - pour assallir le ville; li quel y vinrent en grant 20 - estoffe, et fisent achariier et amener grans engiens, - pour jetter à le ville. - - Or vous di que li sires de Biauge(u), qui estoit dedens - et chapitainne de Mortagne, et uns moult sages - guerroiières, s'estoit bien doubtés de ces assaus, pour 25 - tant que Mortagne siet si priès de l'Escaut et de Haynau, - et de tous costés. Et avoit fait piloter le ditte - rivière d'Escaut, à fin que on n'i peuist naviier; et y - pooit avoir, par droit compte, plus de douze cens - pilos. Pour ce ne demora mies que li contes de Haynau 30 - et li Haynuier n'i venissent de l'un des costés, - et cil de Valenciènes de l'autre. Si se ordonnèrent - et appareillièrent et sans delay pour assallir. Et fisent - li Valenciennois tous leurs arbalestriers traire avant - et approcier les barrières; mais il y avoit si grant - trenceis de fossés qu'il n'i pooient avenir. Lors s'avisèrent 5 - li aucun qu'il passeroient oultre le Scarp, - comment qu'il fust, au desous de Chastiaus l'Abbeye, - et venroient au lés devers Saint Amand, et feroient - assaut à le porte qui oevre devers Maude. Si - passèrent aucun compagnon volentrieu et armerés, et 10 - fisent tant qu'il furent oultre le rivière, ensi que proposet - avoient; et furent bien quatre cens tout able - et legier et en grant volenté de bien faire le besongne. - - Ensi fu Mortagne environnée, à trois portes, des - Haynuiers, et tous prês de l'assallir. Mais au plus 15 - foible des costés, c'estoit devers Maude, si y faisoit - il fort assés. Toutes fois, li sires de Biaugeu vint celle - part, trop bien pourveus dou deffendre, car bien savoit - que d'autre part il n'avoit que faire; et tenoit - un glave roit et fort à un lonch fer bien aceret, et 20 - desous ce fier avoit un havet agut et prendant: si - ques, quant il avoit lanciet et il pooit sachier, en fichant - le havet en plates ou en haubregon dont on - estoit armet, il couvenoit c'on en venist ou c'on fust - reversé en l'aigue. Par ceste manière, en atrapa il et 25 - noia ce jour plus de une dousainne. Et fu à celle - porte li assaus plus grans que nulle part. Et riens - n'en savoit li contes de Haynau, qui estoit au lés devers - Brifuel, tout rengiet sus le rivage de l'Escaut. - - Et avisèrent là li signeur entre yaus voie et engien 30 - comment on poroit tous les pilos, dont on avoit piloté - l'Escaut, oster et traire hors par force ou par - soubtilité, par quoi on peuist nagier jusques as murs. - Si avisèrent et ordonnèrent à faire en une grosse nef - un engien, qui tous les attrairoit hors l'un apriès - l'autre. Dont furent carpentier mandet et mis en oeuvre, - et li dis engiens fais en une nef. Ossi ce meisme 5 - jour, levèrent cil de Valenciènes à leur costet un - très biel engien et bien gettant, qui portoit grosses - pières jusques dedens le ville et au chastiel, et travilloit - durement chiaus de Mortagne. Ensi passèrent - ce premier jour et le nuit ensiewant, en assallant, 10 - avisant et devisant comment il poroient grever Mortagne; - et l'endemain se traisent à l'assaut de tous - costés. Encores n'estoit point le second jour fais li - engiens qui devoit traire les pillos hors. Mais li engiens - de chiaus de Valenciènes jettoit (uniement[348]) à 15 - chiaus de Mortagne. - - [348] Ms. B3, fo 62.--Ms. B1, fo 92 vo: «onniement.» - - - § 128. Le tierch jour apriès, fu la nef toute ordonnée - et abillie, et li engiens dedens assis et apparilliés, - pour traire hors les pillos. Lors commencièrent - à aler cil qui s'en ensonnioient au dessus dou 20 - pilotis, et emprisent à ouvrer, si com commandé leur - fu. Si s'afficièrent à oster et à traire hors les pilos, - dont il y avoit semés en l'Escaut grant fuison; mais - tant de painne et de labeur eurent, anchois qu'il en - peuissent avoir un, que merveilles fu à penser. Si 25 - regardèrent et considerèrent li signeur que jamais il - n'aroient fait; si commandèrent à cesser cest ouvrage. - - D'autre part, il y avoit dedens Mortagne un mestre - engigneour qui avisa et considera l'engien de chiaus - de Valenchiennes, et comment il grevoit leur forterèce. 30 - Si en leva un ou chastiel, qui n'estoit mies trop - grans, et l'attempra bien et à point, et ne le fist jetter - que trois fois, dont la première (pierre[349]) chei à - douze apas priès de l'engien de Valenciennes, la seconde - au piet de le huge, et la tierce pière fu si bien 5 - apointie que elle feri l'engien parmi le flèche et le - rompi en deux moitiés. Adonc fu grande li huée des - saudoiiers de Mortagne. Et chil de Valenchiènes furent - tout esbahi de leur engien qui estoit rompus - ou moilon, et le alèrent regarder à grant merveilles. 10 - - [349] Mss. B4, 3, fo 62.--Ms. B1, fo 89 (lacune). - - - § 129. Ensi furent li Haynuier devant Mortagne - deux nuis et trois jours que riens n'i conquisent. Si - eut li dis contes de Haynau et messires Jehans ses - oncles avis et volenté de retraire au siège de Tournay; - et donnèrent congiet à chiaus de Valenchiennes 15 - de retourner en leur ville. Ensi se departi ceste - assamblée. Li Valencienois se retraisent arrière en - Valenciènes, et li contes et li chevalier s'en revinrent - en l'ost devant Tournay, et se tinrent là environ - trois jours. Et puis fist li contes une priière as compagnons 20 - pour amener devant Saint Amand, car les - plaintes estoient venues à lui que li saudoiier de - Saint Amand avoient arse l'abbeye de Hanon, et s'estoient - mis en painne d'ardoir Vicongne, et avoient - fait pluiseurs despis as frontières de Haynau, pour 25 - quoi li dis contes voloit contrevengier ces fourfaitures. - Si se parti dou dit siège de Tournay à bien trois - mille combatans, et s'en vint à Saint Amand, qui - adonc n'estoit fremée que de palis. Bien avoient li - saudoiier, qui estoient dedens, entendu que li contes 30 - de Haynau les venroit veoir, mès il s'estoient si - glorefiiet en leur orguel qu'il n'en faisoient nul - conte. A ce donc estoit gardiiens et chapitainne de - Saint Amand uns bons chevaliers de le langue d'och, - nommés li seneschaus de Carcassonne, li quelz avoit 5 - bien imaginet et consideret le force de le ville. Si en - avoit dit son avis as monnes, et à chiaus qui estoient - demoret pour garder l'abbeye et le ville. Et disoit - bien que ce n'estoit pas une forterèce tenable contre - une host, non qu'il s'en volsist partir, mès demorer 10 - et garder à son loyal pooir; mais il le disoit par manière - de conseil. Li parole dou chevalier ne fu mies - oye ne creue bien à point, dont il leur mesvint, si - com vous orés chi après. Toutes fois, par son enhort, - il avoit fait de lonch temps les plus riches jeuiaus de 15 - l'abbeye et de le ville widier et porter à Mortagne à - sauveté, et là aler l'abbet et tous les monnes, qui - n'estoient tailliet de yaus deffendre. - - Cil de Valenchiènes, qui avoient estet mandé dou - conte leur signeur qu'il fuissent à un certain jour 20 - devant le ville de Saint Amand, et il seroit à l'autre - lés, vinrent, ensi que commandé leur fu, en très bon - couvenant, et estoient bien douze mille combatans. - Sitost qu'il furent venu devant Saint Amant, il s'i - logièrent et misent en bonne ordenance, et puis eurent 25 - conseil d'aler assallir. Si fisent armer tous leurs - arbalestriers, et puis traire vers le pont de Scarp. Là - commença li assaus durs et fiers et perilleus durement, - et en y eut pluiseurs bleciés et navrés, d'un - lés et d'aultre. Et dura cilz assaulz tout le jour, que 30 - onques cil de Valenciennes n'i peurent riens fourfaire; - mais en y eut des mors et des navrés grant - fuison des leurs. Et leur disoient li saudoiier et li - bidau qui laiens estoient, par manière de reproce: - «Alés boire vostre goudale, alés!» Quant ce vint au - soir, cil de Valenciènes se retraisent tout lasset, et - furent moult esmervilliet de ce qu'il n'avoient oy 5 - nulle nouvelle dou conte leur signeur; si eurent avis - qu'i(l) se deslogeroient et retourroient viers Valenciennes; - si fisent tout tourser, et se retraiirent, che - meisme soir, en leur ville. - - A l'endemain au matin que cil de Valenciènes se 10 - furent retret, li contes de Haynau se parti dou siège - de Tournay, si com dessus est dit, à grant compagnie - de gens d'armes, de banières et de pennons, et - s'en vint devant Saint Amand, au lés par devers Mortagne. - Si tost qu'il furent venu, il se traisent à l'assaut, 15 - et là eut moult fort assaut et moult dur. Et gaegnièrent - li Haynuier, de venue, les premières bailles, - et vinrent jusques à le porte qui oevre devers Mortagne. - Là estoient tout premier et devant à l'assaut - li contes de Haynau et li sires de Byaumont ses oncles, 20 - et assalloient de grant corage et sans yaus espargnier; - de quoi il leur en fu priès mesavenu, car - il furent tout doi si dur rencontré de deux pières - jettées d'amont qu'il en eurent leurs bachinés effondrés - et les tiestes toutes estonnées. 25 - - Adonc fu là qui dist: «Sire, sire, à cel endroit chi - ne les arions nous jamès, car la porte est forte et la - voie estroite; si cousteroit trop des vostres au conquerre. - Mais faites aporter des grans mairiens, ouvrés - à manière de pillos, et hurter as murs de 30 - l'abbeye; nous vous certefions que de force on le - pertuisera en pluiseurs lieus. Et se nous sommes en - l'abbeye, la ville est nostre, car il n'i a nul entredeus - entre (la ville[350]) et l'abbeye.» Dont commanda li dis - contes que on fesist ensi que pour le mieulz on li - consilloit, et pour le plus tost prendre. Si quist on - grans baus de chesnes, et puis furent tantost ouvré 5 - et aguisié devant; et si s'acompagnoient à un pillot - yaus vint ou yaus trente, et s'escueilloient et puis - boutoient de grant randon contre le mur; et tant boutèrent - et si vertueusement qu'il pertuisièrent le mur - de l'abbeye et rompirent en pluiseurs lieus, et entrèrent 10 - ens abandonneement, et passèrent une petite - rivière qui là est, et s'en vinrent sans contredit jusques - à une place, qui est devant le moustier, où li - marchiés est de pluiseurs coses. - - [350] Mss. B3, 4, fo 63.--Ms. B1, fo 93 vo (lacune). - - Et là estoit li dis seneschaus de Carcassonne en 15 - bon couvenant, sa banière devant lui, qui estoit de - geules à un chief d'argent, à deux demi kievirons ou - chief, et estoit à une bordure d'asur endentée. Là - dalés lui s'estoient recueilliet pluiseur compagnon de - son pays, qui assés hardiement rechurent les Haynuiers, 20 - et se combatirent vaillamment, tant qu'il peurent. - Mès leur deffense ne leur valli noient, car Haynuier - y sourvinrent à trop grant fuison. Et vous di - encores, pour tout ramentevoir, à entrer de premiers - dedens l'abbeye, il y avoit un monne que on appelloit 25 - dan Froissart. Chilz y fist merveilles, et en occist - que mehagna, au devant d'un pertuis où il se tenoit, - plus de dix huit; et n'osoit nulz entrer par le lieu qu'il - gardoit. Mais finablement il le couvint partir, que - Haynuier entroient en l'abbeye, et avoient pertuisiet 30 - le mur en pluiseurs lieus. Si se sauva li dis monnes, - au mieus qu'il peut, et fist tant qu'il vint à Mortagne. - - - § 130. Quant li contes de Haynau et messires Jehans - de Haynau, ses oncles, et li chevalerie de Haynau - furent entré en l'abbeye, ensi que vous avés oy, si 5 - commanda li dis contes que on mesist tout à l'espée, - sans nullui prendre à merci, tant estoit il courouciés - sus chiaus de Saint Amand, pour les despis qu'il - avoient fais à son pays. Si fu la ditte ville moult tost - emplie de gens d'armes; et bidau(s) et Geneuois, qui 10 - là estoient, encauciet et quis de rue en rue, et d'ostel - en hostel. Peu en escapèrent qu'il ne fuissent - mort et occis, car nuls n'estoit pris à merci. Meismes, - li senescaus de Carcassonne y fu occis desous - sa banière, et plus de deux cens hommes, environ 15 - lui que assés priès. Ensi fu Saint Amand destruite. - Et retourna li contes, ce propre soir, devant Tournay. - Et l'endemain, les gens d'armes de Valenciènes - et la communautés vinrent à Saint Amand, et parardirent - le ville et toute l'abbeye et le grant moustier, 20 - et brisièrent toutes les cloches, dont ce fu damages, - car il en y avoit moult de bonnes et de melodieuses, - et si ne lor vint à nul profit qui à compter face. - - Apriès le destruction de Saint Amand, li contes de - Haynau, qui trop durement avoit pris ceste guerre 25 - à coer, et qui estoit plus aigres que nulz des aultres, - se departi dou siège de Tournay, en se route environ - six cens armeures de fier, et s'en vint ardoir Orchies - et Landas et le Celle, et grant fuison de villages là - environ; et puis passa et toute se route la rivière de 30 - Scarp au desous de Hanon, et entrèrent en France, et - vinrent à Marchiennes, une grosse et riche abbeye, - dont messires Amés de Warnans estoit chapitainne, - et avoit avoecques lui une partie des arbalestriers - de Douay. Là eut grant assaut, car li dis chevaliers - avoit durement fortefiiet le (première[351]) porte de l'abbeye, 5 - qui estoit toute enclose et environnée de fossés - grans et parfons. Et se deffendirent li François et li - monne qui dedens estoient moult vassaument; mais - finablement il ne peurent durer contre tant de gent - d'armes, car il quisent et fissent tant qu'il eurent des 10 - batiaus et les misent en l'aigue, et entrèrent par celle - manière en l'abbeye. Mais il y eut mort et noiiet un - chevalier alemant, compagnon au signeur de Faukemont, - qui s'appelloit messires Bacho de le Wière, - dont li sires de Faukemont fu moult courouciés, 15 - mais amender ne le peut. A l'assaut de le porte où - messires Amés de Warnans se tenoit, furent moult - bon chevalier li contes de Haynau et messires de - Byaumont, ses oncles, et li seneschaus de Haynau; - et fisent tant finable(ment) que la porte fu conquise, 20 - et li chevaliers qui le gardoit pris, et mort et occis - li plus grant partie des aultres. Et furent pris ossi - pluiseur des monnes, qui laiens furent trouvet, et - toute la ditte abbeye robée et pillie, et puis arse et - destruite, et la ville ossi. Et quant il eurent fait leur 25 - emprise, li contes et toutes ces gens d'armes, qui furent - à le destruction de Marciènes et en ceste chevaucie, - s'en retournèrent au siège devant Tournay. - - [351] Mss. B4, 3, fo 63.--Ms. B1, fo 94 (lacune). - - - § 131. Li sièges qui fu devant Tournay fu grans et - lons et bien tenus; et moult y eut li rois englès grant 30 - fuison de bonnes gens d'armes. Et se s'i tenoit li dis - rois volentiers, car bien le pensoit à conquerre, pour - tant qu'il savoit bien qu'il y avoit dedens grant fuison - de gens d'armes et assés escarcement de vivres; - si les supposoit bien à afamer et avoir par force de 5 - famine. Mais li aucun dient et maintiènent qu'il - trouvèrent moult de courtoisies en chiaus de Braibant, - et qu'il souffrirent par pluiseurs fois à laissier - passer parmi leur host vivre assés largement pour - mener dedens Tournay, dont il furent bien conforté. 10 - Avoech tout ce, cil de Brousselles et cil de Louvaing, - qui estoient tout tanet de là tant seoir et demorer, - fisent une requeste au mareschal de l'host que il se - peuissent partir et retraire en Braibant, car trop - avoient là demoret à peu de fait. Li mareschaus qui 15 - vey bien que la requeste n'estoit point honnourable - ne raisonnable, leur respondi que c'estoit bien ses - grés, mais il leur couvenoit mettre jus leurs armeures. - Li dessus dit furent tout honteus; si se souffrirent - atant et n'en parlèrent onques depuis. 20 - - Or vous recorderons d'une chevaucie des Alemans, - qui fu faite devant Tournay, à ce meisme pont de - Tressin où messires Robers de Bailluel et li Liegois - avoient desconfit les Haynuiers. Li sires de Randerodène - et messires Ernoulz de Randerodène, ses filz, 25 - adonc escuiers, et messires Jehans de Hodebourch - ossi adonc escuiers et mestres dou fil au signeur de - Randerodène, messires Ernoulz de Bakehen, messires - Renauls de Sconnevort, messires Conrars de Leusennich, - messires Conrars d'Asko, messires Bastiiens de 30 - Barsies et Caudreliers ses frères et messires Stramen - de Venoue et pluiseur aultre de le ducé de Jullers et - de Guerles avoient pris en grant virgongne che que - li Haynuier avoient esté ensi rencontret; si parlementèrent - dou soir et s'acordèrent à chevaucier le - matin au pont à Tressin. Si se armèrent et ordonnèrent - de le nuit bien et faiticement, et se partirent 5 - sus l'ajournée. Et ossi se misent avoech yaus en leur - chevaucie aucun baceler de Haynau, qui point n'avoient - esté à l'autre dessus ditte, telz que messires - Florens de Biaurieu, messires Baras de le Haie, marescal - de l'host, monsigneur Jehan de Haynau, messires 10 - Oulphars de Gistelles, messires Robers de Glennes - de le conté de Los, adonc escuier et au corps - monsigneur Jehan de Haynau, et pluiseur aultre. Si - chevaucièrent chil chevalier et chil compagnon dessus - nommé bellement et sagement; et estoient bien 15 - trois cens ou plus, toutes bonnes armeures de fier; - et vinrent droit au pont à Tressin, droit au point - dou jour, et le passèrent oultre sans damage. Et - quant il furent par de delà, ilz se avisèrent et consillièrent - ensamble comment il s'ordonneroient, pour 20 - le mieulz, et à leur honneur, resvillier et escarmucier - l'ost de France. Là furent ordonné li sires de Randerodène - et Ernouls ses filz et messires Henris de Keukeren, - uns chevaliers miesenaires, et messires Thielemans - de Sansi, messires Oulphars de Ghistelles, et 25 - messires li Alemans, bastars de Haynau, et messires - Robers de Glennes, adonc escuier, et Jakelos de - Thians, à estre coureur et chevauceur jusques as tentes - et logeis des François. Et tout li aultre chevalier - et escuier, qui bien estoient trois cens, devoient demorer 30 - au pont et garder le passage, pour le deffendre - as aventures des sourvenans. Ensi et sus cel estat, - se partirent li coureur, qui pooient estre quarante - lances, très bien monté sus fleurs de roncins et de - gros coursiers, et chevaucièrent de premiers tout bellement - tant qu'il vinrent en l'ost le roy de France. - Dont se boutèrent il ens de plains eslais, et commenchièrent 5 - à decoper cordes et paissons, et à abatre - et reverser tentes et trés, et à faire un très grant - desroy, et François à yaus estourmir. - - Celle nuit avoient fait le gait doi grant baron de - France, li sires de Montmorensi et li sires de Saint 10 - Saufliu; et estoient, à ceste heure que li Alemant - vinrent, encores à leur garde. Quant il oïrent le noise - et entendirent l'effroi, si tournèrent celle part leurs - banières et leurs gens, et chevaucièrent fort et roit - sus les coureurs qui leur host avoient estourmi. Et 15 - quant li sires de Randerodène les vei venir, il tourna - sus frain tout sagement, et fist chevaucier son pennon - et ses compagnons, pour revenir au pont à leur - grosse route, et li François apriès. En celle cace là - eut bon coureis, car li Alemant se hastoient pour revenir 20 - au dit pont, et li François ossi pour yaus retenir. - En celle cace fu pris et retenus des François - messires Oulphars de Ghistelles, qui ne se sceut ne - peut garder à point, car li chevaliers avoit court vue; - si fu enclos de ses ennemis, par trop demorer derrière, 25 - et fianciés prisons; et ossi doi escuier, dont on - nommoit l'un Jehan de Mondorp, et l'autre Jakelot - de Thians. Li François et leur route chevauçoient - d'un lés, et li coureur alemant d'autre; et estoient - environ demi bonnier priès li un de l'autre, et tant 30 - qu'il se pooient bien recognoistre et entendre de - leurs langages. Et disoient li François as Alemans: - «Ha! ha! signeur, vous n'en irés pas ensi!» Si se - hastoient pour prendre le pont, et pas ne savoient - de le grosse embusce qui estoit au pont, de monsigneur - Renault de Sconnevort et des aultres: si ques - il fu dit au signeur de Randerodène: «Sire, sire, 5 - avisés vous, car il nous samble que chil François - nous torront le pont.» Donc respondi li sires de - Randerodène et dist: «Se il scèvent un chemin, j'en - sçai un aultre.» Adonc se retourna sus destre et se - route, et prisent un chemin assés froiiet qui les mena 10 - droit à celle petite rivière dessus ditte, qui est si - noire et si parfonde et si environnée de grans marès. - Et quant il furent là venu, se ne peurent il passer, - mès les couvint retourner devers le pont. Et - toutdis chevauçoient li François le(s) grans galos devers 15 - le pont, qui cuidoient ces coureurs alemans enclore - et prendre, ensi qu'il avoient jà pris de leurs - compagnons. Et par especial moult y metoit li sires - de Montmorensi grant entente. - - - § 132. Quant li François eurent tant chevauciet 20 - qu'il furent priès au pont, et il veirent le grosse embusche, - qui là estoit au devant dou pont, toute armée - et ordonnée, et qui les attendoit en très bon - couvenant, si furent tout esmervilliet. Et disent entre - yaus li aucun qui regardèrent le manière: «Nous 25 - caçons trop folement; de legier porons plus perdre - que gaegnier.» Dont retournèrent li pluiseur et par - especial li banière le signeur de Saint Saufliu et li - sires ossi. Et messires Charles de Montmorensi et se - banière chevauça toutdis avant et ne volt onques reculer, 30 - mès s'en vint de grant corage assambler as Alemans, - et li Alemant à lui et à ses gens. Là y eut, de - premières venues, durs encontres et fortes joustes, - et tamaint homme reversé d'un lés et d'autre. Ensi - qu'il assambloient, li coureur dessus nommet, qui - costiiet les avoient, s'en vinrent ferir sus èle, et se 5 - boutèrent ens de plains eslais et de grant volenté. Et - ossi li François les rechurent moult bien. - - Or vous dirai de une grant apertise d'armes et - d'un grant avis, dont messires Renaulz de Sconnevort - usa à l'assambler, et c'on doit bien tenir et recommender 10 - à sage fait d'armes. Ilz qui estoit adonc - en le fleur de se jonèce, fors chevaliers et rades durement, - bien armés et bien montés pour le journée, - s'en vint assambler à le banière le signeur de Montmorensi - qu'il recogneut assés bien; et s'avisa qu'il 15 - s'en venroit esprouver à celui qui estoit li plus proçains - de le banière, car il pensoit bien que c'estoit - li sires. Ensi qu'il jetta son avis il le fist, et feri son - coursier des esporons, et passa par force le route, et - s'en vint au signeur de Montmorensi, qui estoit desous 20 - sa banière, bien montés sus bon coursier; et le - trouva en bon couvenant, l'espée ou poing, et combatant - à tous lés, car il estoit ossi fors chevaliers et - grans durement. Et li vint li sires de Sconnevort sus - destre, et bouta son brach senestre ou fraîn de son 25 - coursier, et puis feri le sien des esporons, en lui tirant - hors de le bataille, comme vistes et fors chevaliers. - Li sires de Montmorensi, qui bien se donna à - garde de ce tour, se prist à deffendre vassaument, comme - fors et hardis chevaliers, pour lui delivrer de ce 30 - peril et des mains le signeur de Sconnevort; et feroit - à main tas de sen espée sus le bacinet et sus le dos - le signeur de Sconnevort. Mais li sires de Sconnevort, - qui bien estoit (armés[352]) et montés, brisoit à le - fois les cops, à le fois et le(s) recevoit moult vassaument; - et tant fist par son effort, vosist ou non li sires - de Montmorensi, que il le creanta à prisonnier, 5 - et demora ses prisons. - - [352] Mss. B3, 4, fo 64 vo.--Ms. B1, fo 96 vo (lacune). - - Et li aultre se combatoient de toutes pars. Et là - furent bon chevalier messires Ernoulz de Randerodène, - messires de Keukeren, messires Thielemans - de Sansi, messires Bastiiens de Barsies et Caudreliers 10 - ses frères, messires Robers de Glennes, et prist un - homme d'armes en bon couvenant, qui s'armoit de - geules à trois fauls d'or. Et fisent adonc tant li Alemant - et leur route que il obtinrent le place, et prisent - bien quatre vingt prisonniers, tous gentilz 15 - hommes, desous le banière monsigneur Charle de - Montmorensi; et rapassèrent le pont sans damage, et - vinrent en l'ost devant Tournay; et rala cescuns devers - se partie; et se desarmèrent et puis alèrent veoir - les signeurs, dont il furent bien conjoy, le conte de 20 - Haynau et monsigneur son oncle. - - - § 133. De le prise monsigneur Charle de Montmorensi - furent li François moult courouciet, mès amender - ne le peurent. Tant comme adonc, ceste cose - passa, li sièges se tint; li prisonnier se ranchonnèrent 25 - et se delivrèrent au plus tost qu'il peurent. Or - vous conterons de une aventure qu'il avint as Flamens - que messires Robers d'Artois et messires Henris - de Flandres gouvrenoient, dont il en y avoit plus - de soixante mille de le ville d'Ippre, de Popringhe, 30 - de Messines, de Cassiel et de le chastelerie de Berghes. - Et se tenoient tout cil Flamench, dont li dessus - dit estoient chief, ou val de Cassiel, logiés as tentes - et as trés, et à grant arroi, pour contrester contre les - garnisons françoises que li rois Phelippes avoit envoiies 5 - à Saint Omer, à Aire, à Saint Venant, et ens - ès villes et forterèces voisines. Et se tenoient dedens - Saint Omer, de par le roy de France, li contes, daufins - d'Auvergne, li sires de Merquel, li sires de Calençon, - li sires de Montagut, li sires de Rocefort, li 10 - viscontes de Touwars, et pluiseur aultre chevalier - d'Auvergne et de Limozin. Et dedens Aire et dedens - Saint Venant en y avoit ossi grant fuison. Et issoient - souvent hors et venoient escarmucier as Flamens; si - gaegnoient à le fois, et à le fois y perdoient. 15 - - Or avint un jour à ces Flamens que il s'en vinrent - environ troi mille, tout legier et able compagnon, et - s'avalèrent et issirent hors de leurs logeis pour venir - hustiner devant Saint Omer, et se boutèrent ens ès - fourbours et brisièrent pluiseurs maisons, et entendirent 20 - telement au pillage qu'il desrobèrent tout ce - qu'il trouvèrent. La noise et li effrois monta en le - ville de Saint Omer. Dont s'armèrent moult vistement - li signeur qui laiens estoient. Et ossi fisent - toutes leurs gens, et se partirent par une aultre porte 25 - que par celle devant qui li Flamench estoient. Et - pooient estre entours six banières et deux cens bacinès, - et environ cinq cens bidaus tout à piet. Et chevaucièrent - tout au tour de le ville de Saint Omer, - ensi qu'il avoient guides qui bien les savoient mener. 30 - Et vinrent tout à temps à ces Flamens qui s'ensonnioient - de pillier et de rober tout ce qu'il trouvèrent - en le ville de Arkes, qui est assés priès de le ville de - Saint Omer; et estoient laiens espars sans chapitainne - et sans arroi. E vous les François soudainnement - venus sus yaus, lances abaissies, banières desploiies, - et en bon couvenant de bataille, et en criant: 5 - «Clermont au dauffin d'Auvergne!» Lors entrèrent - en ces Flamens qui furent tout esbahi, quant si priès - d'yaus il les veirent, et ne tinrent ordenance ne conroy - nul; mais fuirent cescuns qui mieus mieus, et - jettèrent tout jus ce que pilliet et cargiet avoient, et 10 - prisent les camps; et François apriès yaus, tuant et - abatant par monciaus et par tropiaus. Et dura ceste - cace bien deux liewes. Et en y eut bien mors des - trois mille dix huit cens, et retenu quatre cens qui - furent amenet en Saint Omer en prison. 15 - - - § 134. Quant li demorant qui escaper peurent, - furent revenu devers leurs compagnons, si contèrent - leur aventure as uns et as aultres. Et vinrent les nouvelles - à leurs chapitainnes monsigneur Robert d'Artois - et monsigneur Henri de Flandres, qui petit les 20 - en plaindirent, mais disent que c'estoit bien emploiiet, - car sans conseil et sans commandement il - y estoient alet. - - Or avint celle meisme nuit à toute leur host generalment - une mervilleuse aventure; on n'oy onques, 25 - je croy, à parler ne recorder de si sauvage. Car, environ - heure de mienuit que cil Flamench gisoient en - leurs tentes et dormoient, uns si grans effrois et telz - paours et hideurs les prist generalment en dormant, - que tout se levèrent en si grant haste et en tel 30 - painne qu'il ne cuidièrent jamais à temps estre deslogiet; - et abatirent tantost tentes, trés et pavillons, - et toursèrent tout sus leurs chars, en si grant haste - que li uns n'attendoit point l'autre, et s'en fuioient - tout, sans voie tenir et sans conroy. Et fu ensi dit à - monsigneur Robert d'Artois et à monsigneur Henri 5 - de Flandres, qui dormoient en leurs logeis: «Chier - signeur, levés vous sus bien tos et vous appareilliés, car - vos gens s'en fuient et nulz ne les cace; et ne scèvent - à dire quel cose leur fault, ne qui les muet à fuir.» - - Adonc se levèrent li doi signeur en grant haste, et 10 - fisent alumer feus et grant plenté de tortis, et montèrent - sus leurs chevaus, et s'en vinrent au devant - d'yaus, et leur disent: «Biau signeur, dittes nous - quel cose il vous fault, qui ensi fuiiés? N'estes vous - mies bien asseguret? Retournés, retournés, ou nom 15 - de Dieu! Vous avés grant tort, quant ensi fuiiés, et - nulz ne vous cace.» Mès quoi que ensi fuissent - priiet ne requis d'arrester et de retourner, il n'en fisent - compte, mais toutdis fuirent; et prist çascuns le - chemin vers sa maison, au plus droit qu'il peut. Et 20 - quant messires Robers d'Artois et messires Henris de - Flandres veirent qu'il n'en aroient aultre cose, si - fisent tourser tout leur harnois et mettre à voiture, et - s'en vinrent au siège devant Tournay, et recordèrent - as signeurs l'aventure des Flamens, dont on fu durement 25 - esmervilliet. Et disent li pluiseur qu'il avoient - estet enfantosmet. - - - § 135. Chilz sièges devant le cité de Tournay dura - assés longement, onze sepmainnes trois jours mains. - Si poés bien croire et savoir qu'il y eut fais pluiseurs 30 - escarmuces et paletis, tant à assallir le cité, comme - des chevaucies des compagnons bacelereus l'un sus - l'autre. Mais dedens le cité de Tournay avoit très - bonne et sage chevalerie (envoiée en[353]) garnison de - par le roy de France, si com dessus est dit, qui telement - en songnièrent et en pensèrent que nulz damages 5 - ne s'i prist. - - [353] Ms. B3, fo 65 vo.--Ms. B1, fo 98 ro: «envoiiet». - - Or n'est riens, si com on dist, qui ne prende fin. - On doit savoir que, ce siège pendant, ma dame - Jehane de Valois, serour au roy de France et mère - au conte Guillaume de Haynau, travilloit durement 10 - de l'une host en l'autre, à fin que pais ou respis fust - entre ces parties, par quoi on se departesist sans bataille, - car la bonne dame veoit là de deux costés - toute le fleur et l'onneur de le chevalerie dou monde; - se veist trop à envis, pour les grans perilz qui en 15 - pooient avenir, que nulle bataille fust adrecie entre - yaus. Et par pluiseurs fois la bonne dame en estoit - cheue as piés le roy de France son frère, et li priiet - que respis ou trettiés d'acort fust pris entre lui et - le roy englès. Et quant la ditte dame avoit travilliet 20 - entre les signeurs de France, elle s'en revenoit - à chiaus de l'Empire, especialment au duch de Braibant, - au duc de Jullers, son fil, qui avoit sa fille, à - monsigneur Jehan de Haynau; et leur prioit que, - pour Dieu et par pité, il volsissent entendre à aucun 25 - trettiet d'acort, et avoiier le roy d'Engleterre à çou - qu'il y volsist descendre. - - Tant ala et tant procura la bonne dame entre ces - signeurs, avoech l'ayde et le conseil d'un gentil et sage - chevalier, qui estoit moult bien de toutes les parties, 30 - messires Loeis d'Augimont, que une journée de traittement - fu acordée à l'endemain, là où çascune des - parties devoit envoiier quatre personnes souffissans, - pour trettier toutes bonnes voies pour acorder les dittes - parties, se il plaisoit à Dieu, et souffrance de trois 5 - jours que li uns ne pooit ne devoit fourfaire sour - l'autre. Et si se devoient assambler cil trettieur à une - capelle, et la dessus ditte bonne dame avoecques. - De le partie dou roy de France, y fu envoiiés Charles - li roys de Behagne, Charles li contes d'Alençon, frères 10 - au dit roy, li evesques de Liège, li contes de - Flandres et li contes d'Ermignach. De le partie le roy - d'Engleterre, y furent envoiiet li dus de Braibant, li - evesques de Lincolle, li dus de Guerles, li dus de - Julers et messires Jehans de Haynau. 15 - - Quant il furent tout venu à la ditte capelle, il se - saluèrent moult amiablement et festiièrent grandement, - et apriès il entrèrent en leur trettiement. Toute - celle première journée, cil trettieur trettièrent sour - pluiseurs voies d'acort. Et toutdis estoit la bonne 20 - dame ma dame Jehane de Valois en mi yaus, qui - moult humlement et de grant coer leur prioit que - çascune partie se volsist priès prendre de l'acorder. - Toutes voies celle journée passa sans nul certain - acord; cescuns en rala en son lieu, sour couvent de 25 - revenir. L'endemain, il revinrent tout à le capelle - en tel point, et commencièrent à trettier com en devant, - et cheirent sus aucunes voies assés acordables; - mès ce fu si tart que on ne les peut escrire de jour. - Si se parti li parlemens adonc, et creanta cescuns de 30 - revenir là endroit à l'endemain, pour parfaire et - acorder le remanant. Au tierch jour, cil signeur revinrent - à plus grant conseil. Là fu acordée une - triewe à durer une anée entierement, et devoit entrer - tantost entre ces signeurs et ces gens qui là estoient - d'une part et d'autre; et entre chiaus qui guerrioient - en Escoce, en Gascogne, en Poito et en Saintonge, 5 - elle ne devoit entrer jusques à quarante jours. - Dedens lesquelz quarante jours, cescune des parties - le devoit faire savoir as siens, sans mal engien: s'il - les voloient tenir, se les tenissent; et se tenir ne les - voloient, si guerriaissent li uns l'autre. Mais France, 10 - Pikardie, Bourgongne, Bretagne et Normendie le - tenoient sans nulle exception. Et devoient li doi - roy dessus dit, cescuns pour lui et en bon couvenant, - envoiier quatre ou cinq nobles personnes, - et li papes deux cardinaulz en legation en le cité 15 - d'Arras. Et ce que ces parties ordonneroient, li doi - roi le tenroient et confremeroient sans nul moiien. - Et fu encores celle triewe presente acordée sus tèle - condition que cescuns devoit tenir paisieuvlement ce - dont il estoit saisis. 20 - - Quant celle triewe fu acordée et saielée d'une part - et d'aultre, cescuns s'en retourna en son host. Si le - fisent tantost criier par tout l'ost d'une part et d'autre, - dont li Braibençon eurent grant joie, car il eurent - là logiet et esté un grant temps moult à envis. 25 - Qui l'endemain, si tost que jours fu, peuist veoir - tentes abatre, chars chargier, gens fourhaster, emblaver - et toueillier, bien peuist dire: «Je voi un - nouvel siècle.» - - - § 136. Ensi com vous avés oy, se departirent ces 30 - deux grans hos, par le traveil et le pourcach de celle - bonne dame, qui Diex face pardon, qui y rendi grant - painne. Et demora la bonne cité de Tournay francement - et entière, qui avoit esté en très grant peril, - car toutes leurs pourveances falloient, et n'en avoient - mies pour trois jours ou pour quatre à vivre. Li 5 - Braibençon se prisent au raler hasteement, car grant - desir en avoient. Li rois englès s'en departi moult à - envis, s'il peuist et à se volenté en fust; mais il li - couvenoit sievir partie de le volenté les aultres signeurs - et croire leur conseil. Li jones contes de Haynau 10 - et messires Jehans de Haynau, ses oncles, se - fuissent ossi bien à envis acordés à celle departie, - s'il seuissent ossi bien le couvenant de chiaus qui - estoient dedens Tournay que li rois de France faisoit, - et se ne fust ce que li dus de Braibant leur 15 - avoit dit en secret qu'il detenoit à grant mesaise ses - Braibençons, et comment que fust, il ne les pooit - tenir qu'il ne se deuissent partir le jour ou l'endemain, - se acors ne se faisoit. - - Li rois de France et tous ses hos se departirent 20 - assés liement, car il ne pooient bonnement plus demorer - là endroit, pour le puasine des biestes que on - tuoit si priès de leurs logeis, et pour le chaut qu'il - faisoit; et si pensoient en leur part à avoir l'onneur - de celle partie, si com il disoient, pour le raison de 25 - ce que il avoient rescousse et gardée d'estre perdue le - bonne cité de Tournay, et avoient fait departir celle - grande assamblée qui assegiet l'avoit, et nient n'i - avoient fait, comment qu'il y euissent grans frais mis - et despendus. Li aultre signeur et cil de leur partie 30 - pensoient ossi bien à avoir l'onneur de celle partie, - pour le raison de ce qu'il avoient si longement demoret - ens ou royaume et assegié une des bonnes cités - que li rois ewist, et ars et gasté son pays cescun - jour, lui saçant et voiant; et point ne l'avoit secouru - de temps ne d'eure, ensi qu'il deuist; et au daarrain - il avoit acordé une triewe, ses ennemis seans devant 5 - se cité et ardant et gastant son pays. - - Ensi en voloit cescune des parties avoir à soy et - attribuer l'onneur. Si en poés determiner entre vous, - qui oy les fais avés et qui les sentés, ce qu'il vous - en samble, car de moy je n'en pense à nullui donner 10 - l'onneur plus l'un que l'autre, ne faire ent partie, - car je ne me cognois mie en si grans afaires - qu'en fais et en maniemens d'armes. - - - § 137. Or se departirent cil signeur dou siège de - Tournay, et en rala cescuns en son lieu. Li rois englès 15 - s'en revint à Gand dalés ma dame sa femme, et - assés tost apriès il rapassa le mer et toutes ses gens, - excepté chiaus qu'il laissa pour estre au parlement à - Arras. Li contes de Haynau s'en revint en son pays; - et eut adonc une moult noble feste à Mons en Haynau 20 - et jouste de chevaliers, à la quèle messires Gerars - de Wercin, seneschaus de Haynau, fu et jousta; - et y fu telement bleciés qu'il en morut, dont ce fu - damages. Se demora de li uns biaus filz, qui fu appellés - Jehans, et puissedi bons chevaliers et hardis; 25 - mais petit dura et regna en santé, dont ce fu damages. - Li rois de France donna à toutes ses gens congiet, - et puis s'en vint jewer et rafreschir en le ville - de Lille. Et là le vinrent veoir cil de Tournay, les - quelz li rois reçut liement et vei très volentiers, et 30 - leur fist grasce, pour tant que si bellement et si vallamment - il s'estoient tenu et deffendu contre leurs - ennemis, et que riens on n'avoit pris ne conquesté - sus yaus. Le grasce qu'il leur fist elle fu tèle qu'il - leur rendi leur loy que perdu avoient de grant temps, - dont il furent moult joiant, car messires Godemars 5 - don Fay et aultre pluiseur chevalier estragne, devant - lui, en avoient esté gouvreneur; si refisent entre - yaus prevos et jurés, selonch leurs usages anciiens. - Quant li rois eut ordonné à son plaisir une partie - de ses besongnes, il se departi de Lille et se mist au 10 - chemin devers France, pour revenir à Paris. - - Or vint li saisons que li parlement ordonnet et - insinuet en le cité d'Arras approcièrent. Si y envoia - li papes Clemens VIe en legation deux cardinaulz, - cesti de Naples et cesti de Clermont, qui de premiers 15 - vinrent à Paris, où il furent moult honnouré dou - roy et des François; et puis s'avalèrent devers Artois - et jusques en le cité d'Arras. A ce parlement, de par - le roy de France, furent li contes d'Alençon, li dus - de Bourbon, li contes de Flandres et li contes de 20 - Blois, et des prelas li archevesques de Sens, li evesques - de Biauvais et li evesques d'Auçoirre; de par le - roy d'Engleterre, li evesques de Lincolle, li evesques - de Duremmes, li contes de Warvich, messires Robers - d'Artois, messires Jehans de Haynau et messires 25 - Henris de Flandres. Au quel parlement, il y eut pluiseurs - trettiés et langages mis avant, et parlementèrent - plus de quinze jours. Mais riens n'i fu acordé - ne afiné, car li Englès demandoient et li François - ne voloient riens donner, fors tant seulement rendre 30 - le conté de Pontieu, qui fu donnée à le royne Ysabiel - en mariage avoech le roy d'Engleterre. Ceste - cose ne veurent point li Englès accepter. Si se departirent - cil signeur et cil parlement sans riens faire, - fors tant seulement que la triewe fu ralongie deux - ans; che fu tout ce que li cardinal y peurent impetrer. - Apriès ce, cescuns s'en rala en son lieu. Et revinrent 5 - adonc li doi cardinal parmi Haynau, à le - priière dou conte, qui grandement le(s) festia en le - ville de Valenciènes. - - Or nous deporterons nous à parler des deux rois, - tant que les triewes durront, qui furent assés bien 10 - tenues, excepté les marces lontainnes; et enterons - en le grant matère et hystore de Bretagne, qui grandement - renlumine ce livre, pour les biaus fais d'armes - et grandes aventures qui y sont avenues, si com - vous porés ensiewant oïr. Et pour ce que vous saciés 15 - veritablement le commencement et le racine de ceste - guerre et dont elle se meut, je le vous declarrai de - point en point. Si en dirés vostre entente, et quel - cause et droit messires Charles de Blois eut au grant - hiretage de Bretagne, et d'autre part li contes de 20 - Montfort qui en fist fait et partie contre lui, dont - tant de rencontres, de batailles et d'autres grans fais - d'armes sont avenu en la ditte ducé de Bretagne et - ens ès marces voisines. - - - § 138. A savoir est que, quant les triewes furent 25 - acordées et seellées devant le cité de Tournay, tout - li signeur et toutes manières de gens se deslogièrent - de une part et d'autre. Si s'en rala cescuns en sa - contrée. Li dus de Bretagne, qui avoit esté à host - droit là devant Tournay avoec le roy de France plus 30 - grossement et plus estoffeement que nulz des autres - princes, s'en retourna vers son pays en l'entente - d'y revenir, mais il ne peut, car une maladie le prist - sus le chemin, dont il le couvint aliter et morir. - Dont ce fu damages, car grans guerres et grans - destructions de villes et de chastiaus en avinrent 5 - entre les gens nobles et non nobles de son pays. - Et pour cescun mieulz infourmer pour quoi tout - cil grant mal avinrent, jou en conterai aucune partie - ensi que je le sçai et que jou en ay enquis ou - pays meismement, où j'ay esté et conversé, pour 10 - mieulz savoir ent le verité, et à chiaus ossi qui ont - là esté où je n'ai mies (este[354]) et qui en ont veu et - sceu ce que je n'ai mies tout pout veoir et concevoir. - - [354] Mss. B 4, 3, fo 66, vo.--Ms. B 1, fo 100 (lacune). - - Cilz dus de Bretagne, quant il trespassa de ce siècle, - n'avoit nul enfant ne n'eut onques de la duçoise sa 15 - femme ne n'avoit eu nulle esperance de l'avoir. Si - avoit un frère, de par se mère qui avoit estet remariée, - que on appelloit le conte de Montfort, qui vivoit - adonc, et avoit chilz à femme le sereur le conte Loeis - de Flandres. Cilz dus de Bretagne avoit eut un aultre 20 - frère germain de père et de mère, qui trespassés estoit; - s'en estoit demorée une jone fillète, la quèle li - dis dus ses oncles avoit mariée à monsigneur Charle - de Blois (mains net fil au conte Guy de Blois[355]) de le - sereur le roy Phelippe de France qui adonc regnoit; 25 - et li avoit prommis en mariage la ducé de Bretagne - apriès son dechiès, pour tant qu'il se doubtoit que - li contes de Montfort n'i vosist clamer droit par - proismeté apriès son dechiès, comment qu'il ne fust - mies ses frères germains. Et il sambloit au dit duch 30 - que li fille de sen frère germain devoit estre par raison - plus proçaine de avoir le ducée apriès son deciès, - que li contes de Montfort, ses frères, qui n'estoit point - estrais de l'estok de Bretagne. Et par tant qu'il avoit - toutdis doubtet que ses frères li coens de Montfort 5 - n'enforçast, apriès son deciès, le droit de sa jone nièce, - par se poissance, le maria il au dit monsigneur Carle - de Blois, à celle entente que li rois Phelippes, qui - estoit ses oncles, li aidast mieus et plus volentiers à - garder son droit encontre le dit conte de Montfort, 10 - s'il le vosist entreprendre. - - [355] Mss. B 4, 3, fo 66, vo.--Ms. B 1, fo 100 vo (lacune). - - Si avint tout ce que li dis dus avoit toutdis doubtet. - Car, sitost que li contes de Montfort peut savoir - que li dis dus ses frères fu trespassés sus le - chemin de Bretagne, il se traist tantost à Nantes, 15 - qui est li chiés et li souverainne cités de Bretagne; - et fist tant as bourgois et à chiaus dou pays entour, - qu'il fu receus à signeur comme li plus proisme del - duch son frère qui trespassés estoit; et li fisent tout - feaulté et hommage comme au duch de Bretagne et 20 - au signeur. Quant il eut pris le feauté des bourgois - de Nantes et dou pays d'entour Nantes, ils et la - contesse sa femme, qui bien avoit coer d'omme - et de lyon, eurent conseil ensamble qu'il tenroient - une grant court et feste solennèle à Nantes, et manderoient 25 - tous les barons et les nobles del pays de - Bretagne et les consaulz des bonnes villes et de - toutes les cités, qu'il volsissent estre et venir à celle - court, pour faire feaulté à lui comme à leur droit - signeur. Quant cilz consaulz fu acordés, il envoiièrent - grans messages par tous les signeurs, les cités et 30 - les bonnes villes del pays. - - - § 139. Chou pendant et le feste attendant, il se - parti de Nantes à grant fuison de gens d'armes et s'en - ala vers la bonne cité de Limoges, car il sçavoit et - estoit infourmés que li grans tresors, que li dus ses - frères avoit amasset de lonch temps, estoit là enfremés. 5 - Quant il vint là, il entra en le cité à grant beubant - et fu noblement recheus des bourgois et de - tout le clergié et le communauté de le cité; (si ly - firent tous feaulté, comme à leur droit seigneur. Et - ly fu tous cils grans tresors delivrés, par le grant acord 10 - qu'il acquist as bourgois de le cité[356]), par grans dons - et prommesses qu'il leur fist. Et quant il eut là tant - festiiet et sejourné qu'il li pleut, il s'en parti à tout - le grant tresor et s'en revint droit à Nantes, là où - madame sa femme estoit, qui eut grant joie del grant 15 - tresor que ses sires avoit trouvet. Si demorèrent à - Nantes tout quoi, grant feste demenant, jusques au - jour que la feste devoit estre, et li grans cours tenue; - et faisoient très grans pourveances pour celle grant - feste parfurnir. 20 - - [356] Mss. B 4, 3, fo 67.--Ms. B 1, fo 101 (lacune). - - Quant li jours de celle feste fu venus, et nulz - n'i venoit pour mandement qui fais leur fust, fors - uns seulz chevaliers que on clamoit monsigneur - Hervi de Lyon, noble homme et poissant, li dis - contes de Montfort et la contesse sa femme en furent 25 - durement courouciet et abaubit. Il fisent leur - feste par trois jours des bourgois de Nantes et des - bonnes gens de là au tour, au mieus qu'il peurent; - si eurent grant despit des aultres qui n'avoient dagniet - venir à leur mandement. Et eurent conseil 30 - entre yaus de retenir saudoiiers à cheval et à piet, - tous ceulz qui venir vorroient, et de departir ce grant - tresor que trouvet avoient, pour mieus venir le dit - conte à son pourpos de la ditte ducé de Bretagne, et - pour constraindre tous rebelles de venir à merchi. 5 - A ce conseil se tinrent tout cil qui là furent, chevalier, - clerch et bourgois. Et furent retenu saudoiier - venans de tous costés, et larghement paiiés, tant qu'il - en eurent grant plenté, à cheval et à piet, nobles et - non nobles, de pluiseurs pays. 10 - - - § 140. Quant li contes de Montfort perchut qu'il - avoit gens à plentet, il eut conseil de aler conquerre, - par force ou par amours, tout le pays, et de destruire - tous rebelles à son pooir. Puis, issi hors de le cité - de Nantes à grant host; si se trest par devers un 15 - moult fort chastiel qui siet d'un costet sus mer, que - on appelle (Brait. Et en estoit gardiiens et chastellains - uns gentilz chevaliers qu'on appelloit[357]) monsigneur - Garnier de Cliçon, cousins au duch qui - mors estoit, et cousins à monsigneur Olivier de 20 - Cliçon, un noble chevalier et un des plus haus barons - de Bretagne. Ançois que li dis coens de Montfort - parvenist à Brait, il avoit si constraint tous - chiaus del commun pays, fors de forterèces, que cescuns - le sievoit à cheval ou à piet, car nulz ne l'osoit 25 - laissier, si qu'il avoit si grant host que merveilles - estoit. Quant il fu parvenus devant le chastiel de - Brait à tout son host, il fist appeller le chevalier deseure - dit monsigneur Garnier (de Clichon par monsigneur - Hervy de Lyon qui là estoit venus avoech lui, - et requist au dit monsigneur Garnier[358]) qu'il vosist - obeir à lui et rendre le ville et le chastiel comme au - duch de Bretagne et à signeur. Li chevaliers respondi - qu'il n'estoit point consilliés de çou faire, ne riens 5 - n'en feroit, ne ne le tenroit à signeur, s'il n'en avoit - mandement et ensengnes dou signeur à qui il devoit - estre par droit. Adonc retray li dis coens arrière et - deffia le chevalier et chiaus dou chastiel et de le - ville. A l'endemain, quant il eut oy messe, il commanda 10 - que tout fuissent armet et fist le chastiel assallir, - qui moult fors estoit et bien pourveus et appareilliés - pour le deffendre. Et li chevaliers messires - Garniers de Cliçon, qui preus estoit, sages et hardis, - fist ossi toutes ses gens armer, qui bien estoient trois 15 - cens arme(u)res et combatans, et fist çascun aler à - se deffense là où il les avoit ordonnés et establis, et - en prist environ quarante des plus hardis: si s'en - vint hors dou chastiel jusques as bailles pour deffendre, - se il peuist, quant il vei les assallans venir tous 20 - batilliés. - - [357] Mss. B 4, 3, fo 67, vo.--Ms. B 1, fo 101 vo (lacune). - - [358] Mss. B4, 3 fo 67 vo.--Ms. B1 (lacune). - - A ce premierain assaut, eut grant hustin et très - durement trait et lanciet, et fuison de mors et de - navrés de chiaus de dehors. Et y fist li dis chevaliers - tant de biaus fais d'armes et souffri tant de cops 25 - durs et perilleus que on le devoit bien tenir pour - preu. Mès au daarrain il y sourvint si grant fuisson - des assallans, et se les semonnoit li contes si asprement, - que cescuns s'esprouvoit, efforçoit et penoit - de l'assallir et se mettoit en aventure: si ques, au 30 - daarrain, les bailles furent gaegnies, et convint les - daarrains retraire vers le forterèce à grant meschief, - car li assallant se ferirent entre yaus et en tuèrent - aucuns. Et li chevaliers, qui y faisoit merveilles d'armes, - les rescouoit et les metoit ce qu'il pooit à sauveté 5 - dedens la mestre porte. Quant cil qui estoient - sus le port(e) veirent le grant meschief, il eurent paour - de perdre le chastiel; si laissièrent avaler le grant - restiel et encloirent le chevalier dehors et aucuns de - leurs compagnons qui se combatoient fortement à 10 - chiaus de dehors. Là fu li bons chevaliers à grant - meschief et durement navrés en pluiseurs lius, et si - compagnon, qui hors estoient fourclos, priès que tout - mort; ne onques ne se volt rendre prisons pour requeste - que on li fesist. Quant cil del chastiel veirent 15 - le grant meschief là où li chevaliers estoit et comment - il se deffendoit, il s'efforcièrent de traire et de - getter grosses pières à fais, tant qu'il fisent les assallans - traire arrière, et ressachièrent sus un petit les - restiaus; par quoi li chevaliers entra en le porte durement 20 - bleciés et navrés en pluiseurs heus, et aucuns - de ses compagnons, qui demoret li estoient, tout navret - ossi. Et li assallant retraiirent arrière à leurs logeis, - durement travilliés, et li aucun blechiés et navrés, - et li coens de Montfort durement courouciés de çou 25 - que li chevaliers li estoit escapés. A l'endemain, il fist - faire et apparillier instrumens et engiens pour plus - fortement assallir le chastiel, et bien dist qu'il ne s'en - partiroit, pour bien ne pour mal, si l'aroit à se volenté. - - Au tierc jour apriès, il entendi par une espie 30 - que li bons chevaliers messires Garniers de Cliçon - estoit trespassés des plaies et des bleceures qu'il - avoit receutes en lui deffendant, si comme voirs - estoit, dont ce fu pités et damages. Si commanda - tantost que cescuns se alast armer pour recommencier - l'assaut moult vighereusement. Et adonc fist li - coens traire avant aucuns estrumens qui fais estoient, 5 - et grans mairiens pour getter oultre les fossés pour - venir as murs dou chastiel. Chil de dedens se deffendirent - longement, de traire et de getter pières et feu - et pos plains de cauch, jusques environ le heure de - miedi. Adonc les fist requerre li contes qu'il se volsissent 10 - rendre et lui tenir à signeur, et il lor pardonroit - son mautalent. Il eurent conseil entre yaus longement, - tant que li contes fist cesser l'assaut. Au - daarrains, quant il se furent longuement consilliet, - il se rendirent de plain acord au dit conte, salve 15 - leurs corps, leurs membres et leur avoir. Si entra - adonc li dis contes ens ou chastiel de Brait à peu de - gens, et rechut le feauté de tous les hommes de le - chastelerie, et y establi un chevalier pour chastelain en - qui moult se fioit, puis revint à ses tentes tous joians. 20 - - - § 141. Quant li contes de Montfort fu revenus - entre ses gens, et il eut establi ses gardes ens ou chastiel - de Brait, il eut conseil qu'il se trairoit par devers - le cité de Rennes qui estoit assés priès de là. Si fist - deslogier ses gens et traire le chemin devers Rennes. 25 - Et par tout là où il venoit, il faisoit toutes manières - de gens rendre et faire feaulté à lui comme à leur - droit signeur. Et enmenoit tous chiaus qui se pooient - aidier, avoecques lui, pour efforcier son host; et il ne - l'osoient refuser ne laiier, pour doubtance de leurs 30 - corps. Et en ala tant ensi qu'il vint devant le cité de - Rennes; si fist tendre ses tentes et ses gens logier entours - (le ville et entours[359]) les fourbours. Quant cil - de le cité de Rennes veirent ceste host logie entours - leur ville et entours les fourbours, il fisent grant - samblant d'yaus deffendre. Et avoient avoecques yaus 5 - un gentil homme, chevalier preu et hardi durement, - qui manoit assés priès de là, et l'amoient entre yaus - trop durement pour le loyauté de lui. Si l'avoient - esleu et pris pour leur gouvrenement et chapitainne, - et avoit nom messires Henris de Pennefort. 10 - - [359] Mss. B4, 3, fo 68.--Ms. B1, fo 102 (lacune). - - Si avint un jour que cilz eut volenté qu'il destourberoit - les gens de l'host, s'il avoit compagnie. - Si pourcaça tant qu'il eut compagnie de deus cens - hommes de bonne volenté, et issi hors de le cité - paisievlement à l'aube dou jour, et se feri à l'un 15 - des costés de l'host à toute se compagnie. Si abati - tentes et logeis et en tua aucuns, par quoi li cris - et li hahais mon(ta) tantost en l'ost, et cria cescuns - as armes, et se commencièrent à deffendre. Droit - à ce point se repairoit uns chevaliers, qui avoit fait 20 - le gait celle nuit, par devers l'ost, à toute se compagnie. - Si oy le cri et le hahay et se trest celle part, - au ferir des esporons, et encontra le chevalier et toute - se compagnie qui s'en repairoit vers le cité. Si lor - coururent sus vighereusement, et eurent bon puigneis 25 - et fort. Apriès yaus venoient courant cil de - l'host qui estoient armet. Quant cil de le cité veirent - le fais qui leur croissoit, il se desconfirent et s'en - fuirent vers le cité ce qu'il peurent, mais il en domora - grant fuison de mors et de pris. Et si y fu pris li chevaliers 30 - que tant amoient, messires Henris de Pennefort - (et amenés devant le conte[360]) qui volentiers le vey. - - [360] Mss. B 4, 3, fo 68.--Ms. B 1, fo 102 vo (lacune). - - Quant tout furent repairiet à leur host, li contes - eut conseil qu'il envoieroit le chevalier prison par - devant le cité, et feroit requerre les bourgois qu'il 5 - li volsissent rendre le cité et faire feaulté à lui comme - à leur signeur, ou il feroit pendre le chevalier devant - le porte, par tant qu'il avoit entendu que li - chevaliers estoit très durement amés de toute le communauté - de Rennes. Ensi fu fait que consilliet fu. 10 - Quant cil de le cité oïrent celle requeste et veirent - le chevalier qu'il amoient tant à tel meschief, il en - eurent grant pité. Si se traisent en le cité pour yaus - consillier sour celle requeste que on leur avoit faite. - Si se consillièrent moult longuement, car grans dissentions 15 - estoit entre yaus, car li communs avoit - grant pitié dou chevalier qu'il amoient durement, - et si avoient petit de pourveances pour le siège longement - soustenir. Si se acordèrent finablement tuit - à le pais. Et li grant bourgois, qui estoient bien 20 - pourveu, ne s'i voloient acorder. - - Si monteplia li dissentions si durement que li - grant bourgois, qui estoient tout d'un linage, se traisent - d'une part et disent tout hault que tout cil qui - estoient de leur accord se traisissent d'une part et devers 25 - yaus. Il s'en traii tant de chiaus qui estoient de - leur linage, qu'il furent bien doi mille, tout d'un - acord. Quant li aultre commun veirent che, il se - commencièrent à esmouvoir et à criier durement sus - les grans bourgois, disant sur yaus laides parolles et 30 - villainnes. Et au daarrain il les coururent sus, et en - tuèrent grant fuison. Quant li bourgois se veirent à - tel dangier, (il) priièrent merci, et disent qu'il s'acorderoient - à le volenté dou commun et dou pays. - Adonc cessa li hustins, et coururent tous li communs - ouvrir les portes, et rendirent le ditte cité au conte 5 - de Montfort; et li fisent feaulté et hommage, grans - et petis, et le cogneurent à signeur. Ossi fist li chevaliers, - messires Henris de Pennefort, et fu retenus - de son conseil. 10 - - - § 142. Adonc entra li contes de Montfort en le - cité de Rennes à grant feste, et fist son host tout quoi - logier as camps. Et fist le pais et l'acord entre les - grans bourgois et les communs; puis establi baillieu, - prevost, eskievins, sergans et tous aultres officiiers. 15 - Et sejourna en le cité trois jours, pour li reposer et - son host ossi, et pour avoir avis comment il feroit de - donc en avant. Au quart jour, il fist son hoost deslogier, - et eut conseil de traire devers uns des plus fors - chastiaus et forte ville sans comparison de toute Bretagne, 20 - que on claime Haimbon, et siet droitement sus - un bon port de mer, et en va li fluns tout au tour - par grans fossés. Quant messires Henris de Pennefort, - qui estoit rendus (au conte[361]) et avoit juret son conseil, - vei que li contes se trairoit par devers Haimbon, 25 - dont Oliviers de Pennefort ses frères avoit estet - gouvrenères un grant temps et encores estoit, il eut - paour qu'il ne mescheist à son frère par aucune - aventure; si traist le conte d'une part à conseil et li - dist: «Sire, je sui de vostre conseil, si vous doi - feauté. Je voi que vous volés traire par devers Haimbon. - Sachiés que li chastiaus et la ville sont si fort - qu'il ne font mies à gaegnier, ensi que vous poriiés - penser. Vous y poriés seoir et perdre le temps d'un 5 - an, ançois que vous le peuissiés avoir par force. Mais - je vous dirai, se croire me volés, comment vous le - porés avoir. Il fait boin ouvrer par engien, quant on - ne poet avant aler par force. Vous me deliverés, se - il vous plaist, jusques à six cens hommes à faire me 10 - volenté, et je les menrai devant vostre host par l'espasse - de quatre liewes de terre, et porterai le banière - de Bretagne devant mi. Jou ay dedens Haimbon un - frère qui est gouvrenères dou chastiel et de le ville. - Tantost qu'il vera le banière de Bretagne et il me cognistera, 15 - il me fera ouvrir le porte, et je enterai dedens - à toutes gens, et me saisirai de le ville et des - portes, et prenderai mon frère, et le vous renderai - pris et à vostre volenté, se tantost il n'obeist à moy, - mès que vous me prommetés que dou corps nul mal 20 - ne li ferés.»--«Par mon chief, dist li contes, nennil. - Et vous estes bien avisés, et vous amerai mieus - que devant à tous jours mès, se par ensi faites que je - soie sires de Haimbon, de le ville et dou chastiel.» - - [361] Mss. B 3, 4, fo 70.--Ms. B 1, fo 103 vo (lacune). - - - § 143. Adonc se parti messires Henris de Pennefort 25 - de le route dou conte, en se compagnie bien six - cens armeures de fier, et chevauça le jour tout entier, - et sus le soir il vint en Haimbon. Quant Oliviers de - Pennefort ses frères sceut que messires Henris venoit - là, si en eut grant joie et cuida tout certainnement 30 - que ce fust pour lui aidier à garder le ville; si le - laissa ens et ses gens d'armes, et vint contre lui sus - le rue. Si tost que messires Henris le vei, il s'approça - de lui et le prist et li dist: «Olivier, vous estes mon - prisonnier.»--«Comment ce, respondi Oliviers! - Je me sui confiiés en vous et cuidoie que vous venissiés 5 - chi pour moy aidier à garder et à deffendre - ceste ville et ce chastiel.»--«Biaus frères, dist - messires Henris, il ne va point ensi. Je m'en mach - en possession et saisine de par le conte de Montfort, - qui presentement est dus de Bretagne, et à qui j'ay 10 - fait feauté et hommage, et tous li plus grant partie - dou pays ossi. Si y obeirés ossi. Et encores vault - mieulz que ce soit par amours que par force, et vous - en sara messires grignour gré.» Tant fu Oliviers de - Pennefort preeciés et amonnestés de monsigneur 15 - Henri son frère, qu'il s'acorda à lui et au conte de - Montfort ossi, qui entra dedens Haimbon à grant joie; - et fu plus liés de le prise et saisine de Haimbon que - de telz quarante castiaus (qui[362]) sont en Bretagne, car - il y a bonne ville et grosse et bon port de mer. Si se 20 - saisi tantost dou fort chastiel et de le ville, et y mist - dedens ses gens et ses garnisons. - - [362] Ms. B 3, fo 70.--Mss. B 1, 4, fo 104 (lacune.) - - Et puis si se traist à toute son host par devant le - cité de Vennes; et fist tant parler et trettier as bourgois - et à chiaus de Vennes, qu'il se rendirent à lui 25 - et li fisent feaulté et hommage comme à leur signeur. - Il establi en le cité toutes manières d'officiiers et y - sejourna deus jours. - - Au tierc jour, il s'en parti et ala assegier un trop - fort chastiel, seant sus un hault tertre qui s'estent 30 - droit sus le mer, que on claime le Roceperiot. Si en - estoit chastellains uns vaillans chevaliers et moult - gentils homs que on clamoit monsigneur Olivier de - Cliçon, cousins germains au signeur de Cliçon. Et - sejourna par devant, à siège fait, plus de dix jours que 5 - onques ne peut trouver voie par quoi il peuist le - chastiel gaagnier, si fors estoit il. Et si ne pooit - trouver accord au gentil chevalier, par quoi il peuist - obeir à lui, par promesses ne par manaces qu'il li - peuist faire. 10 - - Si s'en parti atant et laissa le siège jusques à tant - que plus grans pooirs li venroit, et ala assegier un - aultre chastiel, à dix liewes priès de là, que on clamoit - chastiel d'Auroy. Et en estoit chastellains uns - gentilz chevaliers que on clamoit monsigneur Joffroi 15 - de Malatrait, et avoit à compagnon monsigneur Yvon - de Tigri. Li dis coens fist assallir deus fois à celui - castiel, mais il vey bien qu'il y poroit plus perdre - que gaegnier. Si s'acorda à une triewe et à jour de - parlement, par le pourcach monsigneur Hervi de 20 - Lyon, qui adonc estoit avoech lui. Li parlemens se - porta si bien que au pardaarrain il furent bon ami. - Et fisent li doi chevalier feaulté au dit conte, et demorèrent - gardiien dou dit chastiel et de celui pays, - de par le dit conte. 25 - - Atant se parti li contes de là et mena son host par - devant un aultre fort chastiel, assés priès de là, que - on claime Goy le Foriest. Chils qui chastelains en - estoit veoit que li contes avoit grant host et que - tous li pays se rendoit à lui: si ques, par l'enhort et 30 - le conseil monsigneur Hervi de Lyon, avoech qui il - avoit estet grans compains en Grenate, en Prusce et - en aultres estragnes contrées, il s'acorda au dit conte - et li fist feaulté, et demora gardiiens del dit chastiel - de par le conte. - - Tantost apriès, li contes se parti de là et s'en ala - par devers Craais, bonne ville et fort chastiel, et 5 - avoit dedens un evesque qui sires en estoit. Chilz - evesques estoit oncles au dit monsigneur Hervi de - Lyon: si ques, par le conseil et l'amour del dit - monsigneur Hervi de Lyon, il s'acorda au dit conte - et le recogneut à signeur jusques adonc que venroit 10 - avant, qui plus grant droit mousteroit pour avoir la - ducée de Bretagne. - - - § 144. Pourquoi vous feroi je lonc compte? En - tel manière conquist li dis contes de Montfort tout - cel pays que vous avés oy, et fist par tout obeir à lui 15 - et appeller duc de Bretagne. Puis s'en ala à un port - de mer que on claime Gredo, et departi toutes ses - gens. Si les envoia par ses cités et forterèces, pour - elles aidier à garder, puis se mist en mer à tout - vingt chevaliers et naga tant qu'il vint en Cornuaille 20 - et arriva à un port c'on dist Cepsée. Si enquist dou - roy englès où il le trouveroit. Il li fu dit que le plus - dou tamps il se tenoit à Windesore. Dont chevauça - celle part et toute se route; et fist tant par ses journées - qu'il vint à Windesore, où il fu receus à grant 25 - joie dou roy, de ma dame le royne et de tous les - barons qui là estoient. Et fu grandement festiiés et - honnourés, quant on sceut pour coi il estoit là venus. - Premierement (il[363]) remoustra ses besongnes au roy - englès, à monsigneur Robert d'Artois et à tout le conseil - le roy, et dist comment il s'estoit mis en saisine - et en possession de la ducée de Bretagne, qui escheue - li estoit par le succession dou duc son frère daarrainnement - trespassé de ce siècle. Or faisoit il 5 - doubte que messires Charles de Blois ne li empeeçast, - et li rois de France ses oncles ne li volsist oster par - poissance; pour quoi il s'estoit là trais pour relever - la ditte ducée et tenir en foy et en hommage dou - roy d'Engleterre à tous jours, mès qu'il l'en fesist 10 - seur contre le roy de France et contre tous aultres - qui empeecier li vorroient. - - [363] Ms. B 4, 3, fo 69 vo.--Ms. B1, fo 104 vo (lacune). - - Quant li rois englès eut oy ces parolles, il y entendi - volentiers, car il regarda et ymagina que se - guerre au roy de France en seroit grandement embellie, 15 - et qu'il ne pooit avoir plus belle entrée ou - royaume ne plus pourfitable que par Bretagne, et - que, de tant qu'il avoit guerriiet par les Alemans et - les Braibençons, il n'avoit riens fait, fors que frettiiet - et despendut grandement et grossement. Et 20 - l'avoient mené et demené li signeur de l'Empire, - qui avoient pris son or et son argent, ensi qu'il - avoient volu, et riens fait. Si descendi à le requeste - dou conte de Montfort liement et legierement, et - prist le hommage de la ditte ducé de Bretagne, par 25 - la main dou conte de Montfort, qui se tenoit et appelloit - dus de Bretagne. Et là li eut li rois englès en - couvent, present les barons et les chevaliers qui - d'Engleterre estoient et qu'il avoit là amenés de Bretagne, - qu'il l'aideroit et deffenderoit et garderoit 30 - comme son homme contre tous hommes, fust rois de - France ou aultres, selonch son loyal pooir. De ces parolles - et de ces hommages furent escriptes et (leues[364]) - lettres et seelées, dont cescune des parties eut les - copies. Avoec tout ce, li rois et ma dame la royne - donnèrent au conte de Montfort et à ses gens grans - dons et biaus jeuiaus, car bien le savoient faire; et 5 - tant qu'il en furent tout content et qu'il disent que - c'estoit uns nobles rois et vaillans et une noble - royne, et qu'il estoient bien tailliet de regner encores - en grant prosperité. - - [364] Ms B4, fo 70.--Ms. B1, fo 105: «levées.» - - Apriès toutes ces coses faites et acomplies, li contes 10 - de Montfort prist congiet et se parti d'yaus, et - passa Engleterre. Et rentra en mer à ce meisme port - où il estoit arivés, et naga tant qu'il arriva à Gredo - en le Basse Bretagne. Et puis s'en vint en le cité de - Nantes, où il trouva la contesse sa femme, à qui il 15 - recorda comment il avoit esploitiet. De ce fu elle - toute joians, et li dist qu'il avoit très bien ouvré et - par bon conseil. Si me tairai un petit d'yaus et - parlerai de monsigneur Charlon de Blois, qui devoit - avoir la ducée de Bretagne de par sa femme, ensi 20 - que vous avés oy determiner par devant. - - - § 145. Quant messires Charles de Blois, qui tenoit - à avoir à femme le droit hoir de Bretagne, entendi - que li contes de Montfort conqueroit ensi par force - le pays et les forterèces, qui estre devoient siennes 25 - par droit, il s'en vint à Paris complaindre au roy - Phelippe son oncle. Li rois Phelippes ot conseil à - ses douze pers quel cose il en feroit. Si douze per li - consillièrent qu'il apertenoit bien que li dis coens - de Montfort fust mandés et ajournés par souffissans - messages à estre à un certain jour à Paris, pour oïr - ce qu'il en vorroit respondre. Ensi fu fait. Li dis - contes fu mandés et ajournés souffissamment; et fu - trouvés en le cité de Nantes, grant feste demenant. Il 5 - fist grant chière et grant feste as messages, mais il - eut pluiseurs diverses pensées ançois qu'il otriast le - voie de l'aler au mandement dou roy à Paris. Toutes - voies au darrain, il leur respondi qu'il voloit estre - obeyssans au roy et qu'il iroit volentiers à son mandement. 10 - Si s'ordonna et apparilla moult richement - et grandement, et se departi de Nantes en grant arroi - et bien acompagniés de chevaliers et d'escuiers, et - fist tant par ses journées qu'il entra en Paris à plus - de trois cens chevaus, et se trest as hostelz moult ordeneement,15 - et fu là tout le jour et le nuit ossi. - - A l'endemain, à heure de tierce, il monta à cheval, - et chevalier et escuier grant fuison avoecques lui, et - chevauça vers le palais et fist tant qu'il y vint. Là - l'attendoit li rois Phelippes, et tout li douze per et 20 - grant plenté des barons de France avoecques monsigneur - Charlon de Blois. Quant li contes de Montfort - sceut quel part il trouveroit le roy et les barons, - il s'est trais viers yaus en une cambre où il estoient - tout assamblé. Si fu moult durement regardés et salués 25 - de tous les barons, puis s'en vint encliner le - roy moult humlement et li dist: «Sire, je sui chi - venus à vostre mandement et à vostre plaisir.» Li - rois li respondi et li dist: «Contes de Montfort, de - ce vous sai je bon gré. Mais je m'esmerveille durement 30 - pour quoi ne comment vous avés osé entreprendre, - de vostre volenté, le duchée de Bretagne où - vous n'avés nul droit, car il y a plus proisme de - vous, cui vous volés deshireter. Et pour vous mieus - efforcier, vous estes alés à mon adversaire le roy - d'Engleterre, et le avés de lui relevet et à lui fait - feaulté et hommage, ensi que on le m'a compté.» Li 5 - contes respondi et dist: «Ha! sire, ne le creés pas, - car vraiement vous estes de chou mal infourmés, je - le feroie moult à envis. Mais de la proismeté dont - vous me parlés m'est avis, sire, sauve vostre grasce, - que vous en mesprendés, car je ne sçai nul si proçain 10 - del duch de Bretagne, mon frère daarrainnement - mort, que moy. Et se jugiet et declaret estoit - par droit que aultres y fust plus proismes de moy, - je ne seroie point honteus ne rebelles del deporter.» - Quant li roys entendi chou, il respondi et dist: 15 - «Sire coens, vous en dites assés, mès je vous commande, - sur quanques vous tenés de moy et que - tenir en devés, que vous ne vous partés de le cité - de Paris jusques à quinze jours que li baron et li per - jugeront de celle proismeté. Si sarés adonc quel 20 - droit vous y avés; et se vous le faites autrement, saciés - que vous me couroucerés.» Li coens respondi - et dist: «Sire, à vostre volenté.» - - Si se parti atant dou roy et vint à son hostel: - venus, il entra en sa cambre et se commença à aviser 25 - et penser que, s'il attendoit le jugement des barons - et des pers de France, que li jugemens poroit - bien tourner contre lui, car bien li sambloit que - li rois feroit plus volentiers partie pour monsigneur - Charlon de Blois son neveu que pour lui. 30 - Et veoit bien que, se il avoit jugement contre - lui, que li rois le feroit arrester jusques à tant - qu'il aroit tout rendu, cités, villes et chastiaus - dont il tenoit ores le saisine et le possession, et - avoech chou tout le grant tresor qu'il avoit trouvet - et despendut. Se li fu avis pour le mains - mauvais qu'il li valoit mieulz qu'il courouchast le 5 - roy et s'en ralast paisievlement par devers Bretagne, - que il demorast en Paris en ce dangier et en si perilleuse - aventure. Ensi qu'il pensa, ensi fut fait. Si - monta si paisievlement et si couvertement, et se parti - à si peu de compagnie qu'il fu ançois en Bretagne 10 - revenus que li rois ne aultres, fors cil de son conseil, - sceuissent riens de son departement; ains pensoit - cescuns qu'il fust dehetiés à son hostel. Quant il fu - revenus dalés le contesse sa femme qui estoit à - Nantes, il li compta toute sen aventure, puis ala par 15 - le conseil de sa femme, qui avoit bien coer d'omme - et de lyon, par toutes les cités, les chastiaus et les - bonnes villes qui estoient à lui rendues, et establi - par tout bons capitainnes et si grant plenté de saudoiiers - à piet et à cheval qu'il y couvenoit, et grans 20 - pourveances de vivres à l'avenant. Et paia si bien - tous saudoiiers à piet et à cheval que cescuns le servoit - volentiers. Quant il eut (tout) ordonné ensi qu'il - appertenoit, il s'en revint à Nantes dalés ma dame sa - femme et dalés les bourgois de le cité, qui durement 25 - l'amoient par samblant, pour les grans courtoisies - qu'il leur faisoit. Or me tairai un petit de lui et retourneray - au roy de France et à son neveu monsigneur - Charlon de Blois. - - - § 146. Cescuns doit sçavoir que li rois de France 30 - fu durement courouciés, ossi fu messires Charles de - Blois, quant il sceurent que li contes de Montfort - leur fu ensi escapés et en estoit alés, ensi que vous - avés oy. Toutes voies, il attendirent jusques à le quinsainne - que li per et li dit baron de France devoient - rendre leur jugement de la ducé de Bretagne. Si le 5 - jugièrent del tout à monsigneur Charlon de Blois et - en ostèrent le conte de Montfort, par deus raisons: - l'une, par tant que la dame, la femme monsigneur - Charlon de Blois, qui estoit fille dou frère germain le - duch qui mors estoit, de par le père dont la ducée 10 - lor venoit, estoit plus proçaine que li contes de - Montfort, qui estoit d'un aultre père qui onques n'avoit - estet dus de Bretagne. L'autre raisons si estoit - que, s'il fust ensi que li contes de Montfort y ewist - aucun droit, si l'avoit il fourfait par deus raisons: 15 - l'une, par tant qu'il l'avoit relevet d'aultre signeur - que dou roy de France, de cui on le devoit tenir en - fief; l'autre raison, pour tant qu'il avoit fourpasset - le commandement son signeur le roy et brisiet son - arrest et se prison, et s'en estoit partis sans congiet. 20 - - Quant cilz jugemens fu rendus par plainne sieute de - tous les barons, li rois en appella monsigneur Charlon - de Blois et li dist: «Biaus niés, vous avés jugement - pour vous de bel hiretage et grant. Or vous - hastés et vous penés del reconquerre sour celi qui le 25 - tient à tort, et priiés tous vos amis qu'il vous voellent - aidier à cest besoing, et je ne vous y faurrai mies; ains - vous presterai or et argent assés. Et dirai à mon fil - le duch de Normendie qu'il (se[365]) face chief avoecques - vous. Et vous pri et commande que vous vos hastés. 30 - - [365] Ms. B3, fo 72, vo.--Mss. B1, 4, fo 105 vo (lacune). - - Car, se li rois englès nos adversaires, de cui li contes - de Montfort a relevet le ducée, venoit en Bretagne, il - nous poroit trop durement porter grant damage, et - ne poroit avoir plus belle entrée pour venir par deçà, - meismement quant il aroit le pays et les forterèces 5 - de Bretagne de son acord.» Adonc messires Charles - de Blois enclina son oncle, en merciant durement - de ce qu'il li disoit et prommetoit. Si pria tantost là - endroit le duch de Normendie son cousin, le conte - d'Alençon son oncle, le duch de Bourgongne, le 10 - conte de Blois son frère, le duch de Bourbon, messire - Loeis d'Espagne, monsigneur Jakeme de Bourbon, - le conte d'Eu connestable de France et le conte - de Ghines son fil, le visconte de Roem, et en apriès - tous les contes, les princes et les barons qui là estoient, 15 - qui tout li eurent en couvent que il iroient - volentiers avoech lui et avoecques leur signeur le - duch de Normendie, cescuns à tout tant de gens et - de compagnie qu'il poroit avoir. Puis se departirent - tout li prince et li baron deçà et delà. Si envoiièrent 20 - leurs messages par tout pour yaus appareillier et pour - faire pourveances, ensi qu'il leur besongnoit pour - aler en si lontain voiage et si diverses marces et - pays. Et bien pensoient qu'il ne poroient avenir à - lor entente sans avoir grant contraire. 25 - - - § 147. Quant tout cil signeur, li dus de Normendie, - li contes d'Alençon, li dus de Bourgongne, li - dus de Bourbon et li aultre signeur, baron et chevalier - qui devoient aler avoech monsigneur Charlon - de Blois, pour lui aidier à reconquerre la ducée de 30 - Bretagne, ensi que vous avés oy, furent prest et leurs - gens apparilliet, il se partirent de Paris li aucun, et - li aultre de leur lieu. Si en alèrent li uns après les - aultres, et se assamblèrent en le cité de Angiers; - puis s'en alèrent jusques à Ancheni, qui est li fins del - royaume à cestui costé delà, et sejournèrent là endroit 5 - trois jours, pour mieus ordonner leur conroy et - leur charoi. Quant il eurent chou fait, il issirent hors - pour entrer ens ou pays de Bretagne. Quant il furent - as camps, il considerèrent leur pooir et estimèrent - leur host à cinq mille armeures de fer, sans les Geneuois 10 - qui estoient là trois mille, si com jou ay oy - depuis recorder. Et les conduisoient doi chevalier - de (Gennes[366]): si avoit nom li uns messires Othes - Doriie, et li aultres messires Charles Grimaus. Et si - y avoit grant plenté (de bidaus[367] et) d'arbalestriers 15 - que conduisoit messires li Galois de le Baume. - - [366] Mss. B 1, 3, 4, fo 107: «Genueves.» - - [367] Mss. B 4, 3, fo 71.--Ms. B 1 (lacune). - - Quant toutes ces gens furent issu de Ancheni, il se - traisent par devant un très fort chastiel seant hault - sus une montagne par dessus une rivière: si l'appelle - on Chastouseal, et est li clés et li entrée de Bretagne. 20 - Et estoit bien garnis et bien furnis de gens d'armes où - que il y avoit deus moult vaillans chevaliers, qui en estoient - chapitain, dont li uns avoit nom messire Milles - et li aultres messire Walerans, et estoient de Loeraingne. - Quant li dus de Normendie et li aultre signeur 25 - que vous avés oy nommer veirent le chastiel si fort, - il eurent conseil qu'il les assegeroient. Car, s'il passoient - avant et laissoient une tèle garnison derrière - yaus, ce leur poroit tourner à grant damage et à anoy. - Si le assegièrent tout au tour et y fisent pluiseurs - assaus, meismement li Geneuois qui s'abandonnoient - durement et follement, pour yaus mieus moustrer à - cest commencement, si qu'il y perdirent de leurs - compagnons par pluiseurs fois, car cil dou chastiel 5 - se deffendirent durement et sagement: si ques li signeur - demorèrent grant pièce devant, ançois qu'il le - peuissent (avoir[368]). Mais au daarrain il fisent si grant - attrait de mairiens et de velourdes, et les fisent mener - par force de gens jusques as fossés dou chastiel, 10 - et puis fisent assallir très fortement: si ques, tout en - assallant, il fisent emplir ces fossés de ces mairiens - et velourdes, tant que qui estoit couvers il pooit bien - aler jusques as murs, combien que cil dou chastiel - se deffendesissent si bien et si vassaument que on ne 15 - poroit mieus deviser, tant que de traire, de getter - pières, cauch et feu ardant à grant fuison. Et cil de - dehors avoient fait chas et instrumens, par quoi on - pikoit les murs, tous couvers. Que vous feroi je lonch - compte? Cil del chastiel veirent bien qu'il ne se poroient 20 - longuement tenir, puis que on pertruisoit les - murs. Et si savoient bien qu'il n'aroient point de secours - ne point de merci, se il estoient pris par force. - Si eurent conseil entre yaus qu'il se renderoient, - sauves leurs vies et leurs membres, si qu'il fisent. Et 25 - les prisent li signeur à merci. Ensi fu gaagniés par - ces signeurs de France cilz premiers chastiaus que on - claime Chastouseaulz, dont il orent moult grant joie, - car il lor sambla que ce fust bons commencemens - de leur emprise. 30 - - [368] Mss. B 4, 3, fo 71.--Ms. B 1, fo 107 vo (lacune). - - - § 148. Quant li dus de Normendie et li aultre signeur - eurent conquis Chastouseaulz, si com vous - avés oy, li dus de Normendie, qui estoit souverains - de tous, le livra tantost à monsigneur Charlon de - Blois comme sien, et il mist dedens bon chastelain 5 - et grant fuison de gens d'armes, pour garder l'entrée - dou pays, et pour conduire chiaus qui venroient - apriès yaus. Puis se deslogièrent li signeur et se traisent - par devers Nantes, là où il tenoient que li contes - de Montfort leurs ennemis estoit. Si lor avint que li 10 - mareschal de l'host et li coureur trouvèrent entre - voies une bonne ville et grosse, bien fremée de fossés - et de palis; si l'assallirent fortement. Ichil dedens - estoient peu de gens et petitement armé; si ne se - peurent deffendre contre les assallans, meismement 15 - contre les arbalestriers des Geneuois. Si fu la ville - tantost gaagnie, toute robée, et bien li moitiés arse, - et toutes gens mis à l'espée, dont ce fu pités. Et appelle - on le ville Quarquefoure, et siet à quatre liewes - ou à cinq priès de Nantes. Li signeur logièrent celle 20 - nuit là entour. - - L'endemain, il se deslogièrent et se traisent par - devers le cité de Nantes; si le assegièrent tout au tour. - Et fisent tendre tentes et pavillons si bellement et si - ordonneement que vous savés que François scèvent 25 - bien faire. Et cil qui estoient dedens le cité pour le - garder, dont il y avoit grant fuison de gens d'armes - avoecques les bourgois, se alèrent tout armer et se - maintinrent celui jour moult bellement, cescuns à sa - deffense, ensi qu'il estoit ordonnés. Celui jour entendirent 30 - cil de l'host à yaus logier et aler fourer. Et aucun - bidau et Geneuois alèrent priès des bailles pour - escarmucier et paleter. Et aucun des saudoiers et des - jones bourgois issirent hors encontre yaus: si qu'il - y ot trait et lanciet, et des mors et des navrés d'un - costet et d'autre, si com il a souvent en si faites besongnes. - Ensi y eut là des escarmuces par deus ou 5 - par trois fois, tant que li hos demora là. - - Au pardarrain, il y avint une aventure assés sauvage, - ensi que jou oy recorder ceulz qui y furent. - Car aucun des saudoiiers de le cité et des bourgois - issirent hors une matinée à l'aventure, et trouvèrent 10 - jusques à quinze chars chargiés de vivres et de - pourveances qui en aloient vers l'ost, et gens qui - les conduisoient jusques à soissante, et cil de le - cité estoient bien deus cens. Si les coururent sus et - les desconfirent, et en tuèrent les aucuns, et fisent les 15 - chars chariier par devers le cité. Li cris et li hus en - vint jusques en l'ost. Si s'ala cescuns armer au plus - tost qu'il peut, et courut cescuns apriès les chars - pour rescourre le proie; et les raconsievirent assés - priès des bailles de le cité. Là monteplia très durement 20 - li hustins, car cil de l'host y vinrent à si grant - fuison que li saudoiier en orent trop grant fais. Toutes - voies, il fisent desteler les chevaus et les cachièrent - dedens le porte, à fin que, s'il avenoit que cil - de l'host obtenissent le place, que il ne peuissent 25 - remener les chars ne les pourveances si legierement. - Quant li aultre saudoiier de le cité veirent le hustin, - et que leur compagnon avoient trop grant fais, aucun - issirent hors pour yaus aidier. Ossi fisent des aultres - bourgois, pour aidier leurs parens. Ensi monteplia 30 - très durement li hustins, et y eut tout plain de mors - et de navrés d'un costet et d'aultre, et grant fuison - de bien deffendans et d'assallans. Et dura cils hustins - moult longement, car toutdis croissoit li force de - chiaus de l'host. Et sourvenoient toutdis nouvelles - gens reposés. - - Tant avint que, au pardarrain, messires Hervis de 5 - Lyon, qui estoit li uns des mestres consillières le - conte de Montfort et ossi de toute le cité, et qui - moult bien s'estoit maintenus et moult vassaument - à ce hustin, et moult avoit reconforté ses gens, quant - il vei qu'il estoit poins de retraire et qu'il pooient 10 - plus perdre au demorer que gaegnier, il fist ses gens - retraire au mieulz qu'il peut, et les deffendoit en retraiant - et garandissoit au mieulz qu'il pooit. Si leur - avint qu'il furent si priès sievi au retraire qu'il y eut - grant fuison de mors, et pris bien deus cens et plus 15 - des bourgois de le cité, dont leur père, leur frère et - leur ami furent durement dolent et courouciet. Ossi - fu li contes de Montfort qui en blasma durement - monsigneur Hervi de Lyon, par courouch de chou - qu'il les avoit si tost fait retraire. Et li sambloit que 20 - par le retraite ses gens estoient perdu. De quoi messires - Hervis fu durement merancolieus. Et ne volt - onques, puissedi, venir au conseil le conte, se petit - non. Si s'en esmervilloient durement les gens pour - quoi il le faisoit. 25 - - - § 149. Or avint, ensi que jou ay oy recorder, que - aucun des bourgois de le cité, qui veoient leurs biens - destruire dedens le cité et dehors, et avoient leurs - amis et leurs hoirs et enfans en prison et doubtoient - encores pis à venir, se avisèrent et parlèrent ensamble 30 - tant qu'il eurent entre yaus acord de trettier à - ces signeurs de France couvertement, par quoi il - peuissent venir à pais et ravoir leurs enfans et amis - quittes qui estoient en prison. Si trettièrent tant paisievlement - et couvertement que acordé fu que il raroient - les prisons tous quittes; et il devoient livrer 5 - l'une des portes ouvertes pour les signeurs entrer en - le cité et pour aler prendre le conte de Montfort - dedens le chastiel, sans riens fourfaire ailleurs en le - cité, ne à corps, ne à biens. Ensi que acordé (et - traictié[369] fu) fu fait. Et entrèrent li signeur et ceulz 10 - qu'il veurent avoir avoech yaus, en une matinée, en - le cité de Nantes, par l'acord des bourgois, et alèrent - droit au chastiel ou au palais. Si brisièrent les huis - et prisent le conte de Montfort et l'en menèrent hors - de le cité, à leurs tentes, si paisievlement qu'il ne 15 - fourfisent riens ne as corps ne as biens de le cité. Et - vorrent bien aucunes gens dire que ce fu fait assés de - l'accord et pourcach ou consentement monsigneur - Hervi de Lyon, pour tant que li coens l'avoit rampronnet, - si com vous avés oy. Or ne sçai je pas, quoi 20 - qu'il en fust d'aucunes gens soupeçonnés, se ce fu - voirs ou non, car bien ap(pa)rut en ce que, apriès - che fait, il fu toutdis de l'accord et conseil del dit - monsigneur Charle. Ensi que vous avés oy, et que - jou ay oy recorder, fu pris li contes de Montfort en 25 - le cité de Nantes, l'an de grasce mil trois cens et quarante - un, entour le feste de le Toussains. - - [369] Mss. B 4, 3, fo 72.--Ms. B 1, fo 109 (lacune). - - Tantost apriès chou que li contes de Montfort fu - pris et menés as tentes, li signeur de France entrèrent - en le cité, tout desarmet, à moult grant feste. 30 - Et fisent li bourgois et tout cil del pays au tour - feaulté et hommage à monsigneur Charle de Blois, - comme à leur droit signeur. Si demorèrent li signeur - en le cité par l'espasse de trois jours, à grant feste, - pour yaus aaisier et pour avoir conseil entre yaus 5 - qu'il poroient faire de donc en avant. Si se acordèrent - à çou, pour le milleur, qu'il s'en retourneroient - par devers France et par devers le roy et li liveroient - le conte de Montfort pour prison, car il avoient - moult grandement bien esploitiet, ce lor sambloit, 10 - et par tant ossi qu'il ne pooient bonnement plus - avant hostoiier ne guerriier, pour l'ivier temps qui - entrés estoit, fors par garnisons et forterèces, ce leur - sambloit. Si consillièrent à monsigneur Charle de - Blois qu'il se tenist en le cité de Nantes et là entour 15 - jusques au nouviel temps d'esté, et fesist ce qu'il - peuist par ses saudoiiers et par ses forterèces qu'il - avoit reconquises. Puis se partirent tout li signeur - sour ce pourpos, et fisent tant par leurs journées - qu'il revinrent à Paris là où li rois estoit; se li livrèrent 20 - le conte de Montfort pour son prison. Li rois le - rechut à grant joie, et le fist emprisonner en le tour - dou Louvre dalés Paris, là où il demora longement. - Au pardarrain, y morut il, ensi que jou ay oy recorder, - et qu'il fu verités. 25 - - - § 150. Or voel jou retourner à le contesse de - Montfort, qui bien avoit corage d'omme et coer de - lyon. Elle estoit en le cité de Rennes, quant elle entendi - que ses sires estoit pris, en le manière que vous - avés oy. Se elle en fu dolente et couroucie, ce puet 30 - cescuns et doit penser et savoir, car elle pensa mieus - que on deuist mettre son signeur à mort qu'en prison. - Et comment que elle ewist grant doel au coer, - si ne fist elle mies comme femme desconfortée, - mès comme (homs[370]) fiers et hardis, en reconfortant - vaillamment tous ses amis et ses saudoiiers. Et leur 5 - moustroit un petit fil que elle avoit, que on appelloit - Jehan ensi que le père, et disoit: «Ha! signeur, - ne vous desconfortés mies ne esbahissiés pour monsigneur - que nous avons perdu: ce n'estoit que uns - seulz homs. Veés ci mon petit enfant qui sera, s'il 10 - plaist à Dieu, ses restoriers, et qui vous fera des - biens assés. Et vous pourcacerai tèle chapitainne et - tel mainbour par cui vous serés tous reconfortés.» - - [370] Mss. B 4, 3, fo 72 vo.--Ms. B 1, fo 109 vo (lacune). - - Quant la dessus ditte dame et contesse eut ensi - reconforté ses amis et ses saudoiiers qui estoient à 15 - Rennes, elle ala par toutes ses bonnes villes et ses - forterèces, et menoit son jone fil avoecques lui; et les - sermonnoit et reconfortoit en tèle manière que elle - avoit fait chiaus de Rennes, et renforçoit les garnisons - de gens et de quanques fallir leur pooit. Et 20 - paia largement par tout, et donna assés d'abondance - là où elle pensoit que bien emploiiet estoit. Puis - s'en vint en Hembon sus la mer, qui est forte ville - et grosse et fors chastiaus. Là se tint elle et son fil - avoecques lui, tout cel ivier. Souvent envoioit viseter 25 - ses garnisons et reconfortoit ses gens, et paioit moult - largement leurs gages. Si me tairai atant de ceste - matère et retournerai au roy Edouwart d'Engleterre, - et conterai quelz coses li avinrent apriès le departement - dou siège de Tournay. 30 - - - § 151. Vous avés bien chi dessus oy recorder - comment, le siège durant devant Tournay, li signeur - d'Escoce avoient repris pluiseurs villes et forterèces - sus les Englès qu'il tenoient ou royaume d'Escoce, - et par especial Haindebourch, qui plus les avoit 5 - heriiés et cuvriiés que nulz des aultres, par l'avis et - le soutilleté de monsigneur Guillaume de Douglas. - Et encores estoient Struvelin, qui sciet à vint liewes - d'Aindebourch, la cités de Bervich et Rosebourc, - englès; et plus n'en y avoit demoret que tout ne 10 - fuissent reconquis. Et seoient li dit Escot à siège fait, - et aucun signeur de France avoech yaus, que li rois - Phelippes y avoit envoiiet pour parfaire leur guerre, - devant le chastiel de Struvelin. Et l'avoient telement - astraint et constraint et travilliet que li Englès, qui 15 - dedens (estoient[371]) et qui le gardoient, ne le pooient - longuement tenir. - - [371] Mss. B 4, 3, fo 73.--Ms. B 1, fo 110 (lacune). - - Dont il avint que, quant li Englès se furent parti - de Tournay et retourné en leur pays, li rois Edowars - leur sires fu enfourmés des Escos comment il avoient 20 - chevauciet et reconquis les villes et les chastiaus - d'Escoce, qui de jadis li avoient tant cousté au prendre, - et seoient encores li dit Escot devant Struvelin. Si - eut li rois englès conseil et (volenté[372] de) chevaucier vers - Escoce, si com il fist, et se mist au chemin entre le 25 - Saint Mikiel et le Toussains; et fist un très grant mandement - et très fort que toutes gens d'armes et arciers - le sievissent et venissent à lui vers Evruich, car là - s'en aloit il et y faisoit sen assemblée. Dont s'esmurent - toutes manières de gens parmi Engleterre, et s'en vinrent - celle part là où il estoient semons et mandé. Et - meismement li rois tout devant s'en vint à Evruich et - là s'arresta, en sourattendant ses gens qui venoient à - grant effort li uns apriès l'autre. Li signeur d'Escoce, 5 - qui furent enfourmé de le venue dou roy englès qui - venoit sus yaus, et qui le dit chastiel de Struvelin - avoient assegiet, se hastèrent telement et si constraindirent - chiaus de le ditte garnison, par assaus - d'engiens et de kanons, que par force il les couvint 10 - rendre as Escos. Et leur delivrèrent le forterèce par - tel manière qu'il s'en partoient, salve leurs corps et - leurs membres, mais riens dou leur n'en portoient. - Ensi recouvrèrent li dit Escot le chastiel de Struvelin. - 15 - [372] Mss. B4, 3, fo 73.--Ms. B1 (lacune). - - Ces nouvelles vinrent au roy englès qui encores - se tenoit en Evruich: se ne li furent mies trop plaisans. - Et se parti de le ditte cité et se trest par devers - Duremme et passa oultre, et puis vint au Noef - Chastiel sur Thin. Et se logièrent ses gens en le ditte 20 - ville ou ens ès villages d'environ. Et là sejournèrent - plus d'un mois, en attendant leurs pourveances - que on avoit mis sus mer et qui leur devoient venir, - mais petit leur en vinrent. Car leurs vassiaus eurent - si grant fortune sus mer, entre le Toussains et le 25 - Saint Andrieu, que pluiseurs de leurs nefs furent peries; - et s'en alèrent arriver par vent contraire, volsissent - ou non, en Hollandes et en Frise. Dont li Englès, - qui se tenoient au Noef Chastiel et là entour, - eurent moult de disètes et de chier temps. Et ne 30 - pooient aler avant, car se il fuissent passet, il ne - sceuissent où fourer ne recouvrer de vivres, car li - yviers estoit entrés, et si avoient li Escoçois tous - leurs biens, bleds et avainnes, mis et bouté en leurs - forterèces. Et si avoit li rois englès grant gent avoecques - lui, bien six mille hommes à chevaus et quarante - mille hommes de piet; si leur falloit fuison 5 - de pourveances. - - Li signeur d'Escoce, qui s'estoient retrait devers - le forest de Gedours apriès le prise de Struvelin, - entendirent bien que li rois d'Engleterre sejournoit - au Noef Chastiel sur Thin à grant gent, encoragiés 10 - durement d'ardoir et exillier leur pays, - ensi qu'il avoit fait aultre fois. Si eurent conseil - entre yaus et avis, par grant deliberation, quel cose - il poroient faire et comment il s'en maintenroient, - car il estoient peu de gens, et avoient longement 15 - guerriiet par l'espasse de sept ans et plus sans signeur, - et jut as camps et ès foriès à grant mesaise. - Et encores n'avoient il point (le[373]) roy leur - signeur; si en estoient tout anoieus et naisis. Si - se acordèrent à ce que il envoieroient devers le 20 - roy englès un evesque et un abbé, pour requerre - aucune triewe. Li quel message se partirent des - Escos, et chevaucièrent tant qu'il vinrent en le ville - dou Noef Chastiel sur Thin, et trouvèrent là le roy - englès et grant fuison de baronnie dalés lui. Cil 25 - doi prelat d'Escoce, qui là avoient esté envoiiet sus - saufconduit, se traisent devers le roy englès et son - conseil et remoustrèrent leur besongne si bellement - et si sagement que une triewe fu acordée à durer - quatre mois tant seulement, par tèle condition que 30 - cil d'Escoce devoient envoiier en France après le roy - David messages souffissans; et li segnefieroient que, - s'il ne venoit dedens le jour de may ensiewant si - poissamment que pour resister as Englès et deffendre - son pays, il se renderoient au roy englès, ne jamais 5 - ne le tenroient à signeur. Ensi furent les triewes - acordées et affremées, et retournèrent li message deviers - leurs gens en Escoce, et recordèrent comment - il avoient exploitié. Che pleut moult bien as Escos; et - ordonnèrent tantost gens pour envoiier en France, 10 - monsigneur Robert de Versi et monsigneur Symon - Fresiel et deus aultres chevaliers, qui s'en devoient - aler en France par devers le roy leur signeur et - conter ces nouvelles. Et li dis rois englès, qui au - Noef Chastiel sejournoit à grant mesaise et ossi toutes 15 - ses gens par deffaute de pourveances et de vivres, - et pour ce s'estoit il plus priès pris d'acorder à le - triewe, se parti de là et s'en revint arrière en Engleterre - et donna toutes ses gens congiet; si s'en rala - cescuns en son lieu. 20 - - [373] Mss. B4, 3, fo 73 vo.--Ms. B1, fo 110 vo: «dou.» - - Or avint ensi que, quant ces triewes furent acordées - et li message d'Escoce qui furent envoiiet en - France apriès le roy David, il passèrent à Douvres - le mer. Et li rois David, qui par le terme de sept - ans et plus avoit demoret en France et savoit que 25 - ses pays estoit si foulés et si gastés que vous avés - oy et savoit ses gens en grant meschief pour les - Englès, eut conseil qu'il prenderoit congiet au roy - Phelippe de France et s'en revenroit en son royaume, - pour ses gens viseter et reconforter. Si le fist et se 30 - mist à voie entre lui et ma dame sa femme, anchois - que li message d'Escoce, qui à lui avoient estet envoiiet, - parvenissent à lui. Et s'estoit mis en mer à - un aultre port, en le gouvrenance d'un maronnier - que on clamoit monsigneur Richart le Flamench, si - qu'il ariva au port de Morois en Escoce, ançois que - cil signeur d'Escoce qui remandé l'avoient le sceuissent. 5 - Et quant il le sceurent, il en eurent grant joie. - Si s'esmurent tuit et vinrent à grant solennité et à - grant feste là où il estoit. Et le amenèrent très noblement - et solennelment à un(e) cité que on claime - Saint Jehan (en[374]) Escoce, où on prent le bon saumon 10 - et grant fuison. - - [374] Mss. B4, 3, fo 73 vo.--Ms. B1, fo 111 (lacune). - - § 152. Quant li jones rois David d'Escoce et ma - dame la royne Ysabiel sa femme furent venu en - le cité dessus ditte, on le sceut tantost parmi le pays. - Si vinrent là gens de toutes pars pour lui veoir et 15 - festiier, car on ne l'avoit veu, grant temps avoit; - cescuns doit savoir que on li fist grant feste. Quant - toutes ces festes et ces bien venues furent passées, - cescuns li ala remoustrer et complaindre ses damages - et ses mescheances, au mieulz qu'il peut, et toute 20 - le destruction que li rois Edowars et li Englès avoient - fais en son pays. Li jones rois David eut grant doel - et grant pitié quant il vei ensi son pays destruit et - ses gens ossi complaindre, ossi ma dame la royne sa - femme qui en plora assés. Quant li rois eut oy toutes 25 - les complaintes des uns et des aultres, il les reconforta - au mieuls qu'il peut, et dist qu'il s'en vengeroit, ou il - perderoit le remanant, ou il morroit en le painne. - Puis eut conseil tel qu'il envoia grans messages par - tout ses amis lonc et priès, en priant et requerant - humlement que cescuns fust appareilliés pour lui aidier - à cest besoing. A celui mandement vint li contes - d'Orkenay, uns grans princes et poissans, et avoit à - femme (la seur[375]) le signeur le roy. Chilz y vint à grant 5 - poissance de gens d'armes, et pluiseur aultre grant - baron et chevalier de Souède, de Norvèghe et de - Danemarce, li un par amour et li autre par saudées. - Tant en y vint d'un costé et d'aultre qu'il furent bien, - quant tout furent venu entour le cité de Saint Jehan 10 - en Escoce, au jour que li dis rois les avoit mandés, - soixante mille hommes à piet et sour hagenées, et - bien trois mille armeures de fier, chevaliers et escuiers, - parmi les signeurs et chiaus dou pays d'Escoce. - 15 - [375] Mss. B4, 3, fo 74.--Ms. B 1, fo 111 vo (lacune). - - Quant tout furent assamblet et appareilliet, il s'esmurent - pour aler exillier chou qu'il poroient dou - royaume, car la triewe estoit (espirée[376]) et li quatre - mois acompli et plus où il disoient ensi qu'il se combateroient - au roy, qui tant d'anois leur avoit fais et 20 - de damages. Si se partirent de le ville de Saint Jehan - en Scoce moult ordeneement et vinrent ce premier - jour jesir à Donfremelin, et puis passèrent à l'endemain - un brac de mer entre Donfremelin et Struvelin. - Quant il furent tout oultre, il cheminèrent à 25 - grant esploit et passèrent desous Haindebourch, et - puis toute l'Escoce, et par dalés le fort chastiel de Rosebourch - qui se tenoit englès, mais point n'i assallirent, - car il ne voloient mies faire blecier leurs gens et - aleuer leur artillerie, car il ne savoient quel besoing - il en aroient, pour tant qu'il esperoient à faire un - grant fait ains leur retour. Apriès passèrent il assés - priès de le cité de Bervich dont messires Edouwars - de Bailluel estoit chapitainne et souverains, et puis 5 - cheminèrent oultre sans point assallir, et entrèrent - ou royaume de Northombrelant et vinrent sus le rivière - de Thin, ardant et destruisant tout le pays; et - fisent tant par leurs journées qu'il vinrent par devant - le Noef Chastiel qui siet sus le rivière de Thin. Là se 10 - loga li rois David et toutes ses hos celle nuit, pour savoir - et veoir se il y poroit de riens esploitier. Quant - ce vint à le matinée ensi que droit au point dou jour, - aucun compagnon gentil homme de là environ, qui - estoient dedens le ville, se partirent par une porte 15 - paisievlement pour esmouvoir l'ost. Et estoient bien - deus cens et plus, hardis et entreprendans. Puis se - ferirent à l'un des costés de l'host droitement as logeis - le conte de Moret, qui s'armoit d'argent à trois - orilliers de geules. Si le trouvèrent en son lit; si le 20 - prisent, et tuèrent grant (plenté[377]) de ses gens, ançois - que li host fust esvilliés ne estourmis, et gaegnièrent - grant plenté d'avoir. Puis s'en retournèrent en le - ville baudement et à grant joie, et livrèrent le conte - de Mouret au chastelain monsigneur Jehan de Noefville 25 - qui en fist grant feste. Quant cil de l'host furent - estourmi et armé et il sceurent l'aventure, il coururent - comme tout foursené jusques as bailles de le - ville, et fisent un grant assaut qui dura moult longement; - mais petit lor valu, ains perdirent assés de 30 - leurs gens. Car en le ville avoit grant fuison de - bonnes gens d'armes qui bien et sagement le deffendirent; - par quoi il couvint les assallans retraire à - leur grant perte. - - [376] Mss. B4, 3, fo 74.--Ms. B 1, fo 111 vo: «inspirée.» - - [377] Mss. B4, 3, fo 74.--Ms. B 1, fo 112 (lacune). - - - § 153. Quant li rois David et si consilleur veirent 5 - bien que li demorers là endroit ne leur pooit porter - pourfit ne honneur, il se partirent de là et entrèrent - ens ou pays de l'evesquiet de Durem. Si l'ardirent et - gastèrent tout, puis se traisent par devant le cité de - Duremmes. Et le assegièrent et y fisent pluiseurs grans 10 - assaus comme gens foursenés, pour tant qu'il avoient - perdu le conte de Mouret. Et il savoient bien qu'il - avoit en le cité très grant avoir assamblet, car tous - li pays d'entours y estoit afuiois; si se penoient d'assallir - cescun jour plus aigrement. Et faisoit li dis 15 - rois d'Escoce faire estrumens et engiens, pour venir - à segur jusques as murs. Quant il se furent departi - de devant le Noef Chastiel, messires Jehans de Nuefville, - chastelains pour le temps et souverains dou Noef - Chastiel, se parti de nuit, montés sus fleur de coursier, 20 - et eslonga les Escos, car il savoit toutes les - adrèces et les refuites dou pays, pour tant que il en - estoit; et fist tant que, dedens cinq jours, il vint à - Chartesée où li rois englès estoit adonc. Et li conta - et remoustra comment li rois d'Escoce, à grant poissance, 25 - estoit entrés en son pays et ardoit et exilloit - tout devant lui, et l'avoit laissiet devant le cité de - Durem. - - De ces nouvelles fu li rois englès moult irés et - courouciés. Si mist tantost messagiers en oevre et 30 - les envoia par tout et manda à toutes manières de - gens, chevaliers et escuiers, et autres gens dont on - se pooit aidier, deseure l'eage de quinze ans et desous - soixante ans, que nulz ne s'escusast, mès venissent, - ses lettres veues et ses mandemens oys, tantost - devers lui sus les marces dou north, pour aidier à 5 - deffendre son royaume que li Escot destruisoient. - Adonc s'avancièrent conte, baron, chevalier et escuier - et communautés des bonnes villes, et se hastèrent - durement pour obeir au mandement dou roy - leur signeur, et se misent tout à voie et de grant volenté 10 - par devers Evruich. Et meismement li rois se - parti tout premierement et n'attendi nullui, tant - avoit grant haste; mais tout dis li croissoient et venoient - gens de tous costés. - - Endementrues que cilz rois se traioit par devers le 15 - cité d'Evruich, et que cescuns le sievoit qui mieus - pooit, li roys d'Escoce fist si fortement assallir à le - cité de Duremme par estrumens et engiens qu'il avoit - fais, que cil de le cité ne le peurent garandir ne deffendre - que elle ne fust prise par force et toute robée 20 - et arse, et toutes gens mis à mort sans merci. Femmes - et hommes, prestres, monnes, chanonnes et petis - enfans, qui estoient fuis à le grande eglise, furent tout - ars et peri dedens l'eglise, car li feus y fu boutés, de - quoi ce fu horrible pités. Car en le cité de Durem ne 25 - demora adonc homs ne femme, ne petis enfans, ne - maison ne eglise, que tout ne fuissent mis à destruction. - Dont ce fu grans pités et cruèle foursenerie et - est, quant on destruit ensi sainte chrestieneté et les - eglises où Diex est servis et honnerés. 30 - - - § 154. Quant chou fu avenu, li rois David eut - conseil qu'il se retrairoit arrière selonch le rivière - de Thin, et se trairoit par devers le ville de Cardueil, - qui est à l'entrée de Galles. Ensi qu'il aloit celle part, - il se loga une nuit et toute sen host assés priès dou - fort chastiel de Salebrin, qui estoit au conte de Salebrin, 5 - qui fu pris avoec le conte de Sufforch en le - marce de Pikardie par devant Lille en Flandres et estoit - encores en prison par dedens Chastelet à Paris. - En ce fort chastiel sejournoit adonc la noble dame la - contesse de Sallebrin, qui on tenoit pour la plus belle 10 - dame et le plus noble d'Engleterre. Et estoit cilz fors - chastiaus bien garnis de gens d'armes. Si en estoit - gardiiens et souverains uns gentilz bachelers preus et - hardis, filz de le sereur le conte de Sallebrin. Et avoit - cilz nom messires Guillaumes de Montagut apriès son 15 - oncle qui ensi eut nom, car li rois le maria et li donna - le conté de Sallebrin pour se proèce et pour le bon - service qu'il avoit toutdis en lui trouvet. Quant celle - nuit fu passée, li hos le roy d'Escoce se desloga pour - traire avant par devers Carduel, ensi que proposé 20 - estoit. Et passèrent li Escot par routes assés priès de - ce fort chastiel, durement chargiet d'avoir qu'il avoient - gaegniet à Duremmes et ou pays environ Durem. - - Quant li bacelers messires Guillaumes de Montagut - vey del chastiel qu'il estoient tout passet, et qu'il ne 25 - arresteroient point pour assallir au chastiel, il issi hors, - tous armés, à tout quarante compagnons d'armes, et - sievi apertement après le daarrain trahin qui avoient - chevaus si chargiés d'avoir que à grant mesaise pooient - il aler avant. Si les raconsievirent à l'entrée d'un bois 30 - et leur coururent seure. Et en tuèrent et en blechièrent - il et si compagnon plus de deus cens; et prisent - bien sis vingt chevaus chargiés de jeuiaulz et d'avoir, - et les amenèrent par devers le chastiel. Li cris et li - hus et li fuiant s'en vinrent jusques à monsigneur - Guillaume de Douglas qui faisoit l'arrieregarde et - avoit jà passet le bois; et apriès en vinrent les nouvelles 5 - en l'ost. Qui donc (veist[378]) les Eskos retourner à - cours de chevaus parmi les camps, par montagnes et - par vallées, et monsigneur Guillaume Douglas tout devant, - il en peuist avoir grant hide. Tant coururent - qui mieus mieus, qu'il vinrent au piet dou chastiel 10 - et montèrent le montagne en grant haste. Mès ançois - qu'il parvenissent as bailles, chil de dedens les avoient - refremées, et le proie et l'avoir mis laiens à sauveté: - de quoi li Escot eurent grant doel. Si commencièrent - à assallir moult fortement, et cil de dedens à deffendre 15 - de lanchier et d'estechier, de traire et de jetter tant - que on pooit, d'une part et d'aultre. Là s'efforçoient - durement li doy Guillaume de grever li uns l'autre. - - [378] Mss. B4, 3, fo 75.--Ms. B 1, fo 113 (lacune). - - Et tant dura cilz assaulz que tous li hos des Escos y - fu venus et li rois meismes. Quant li rois et ses consaulz 20 - eurent veu les gens mors gisans sus les camps, - et veirent les assallans blecier et navrer à cel assaut - sans riens conquester, il en furent durement courouciet. - Si commanda li rois que on laissast l'assallir et - que cescuns se alast logier, car il ne trairoit plus avant, 25 - et ne se partiroit de là si aroit veu comment il poroit - ses gens vengier. Qui adonc veist gens fremir et appeller - li uns l'autre et querre pièce de terre pour - mieulz logier les assallans, retraire les navrés, raporter - ou rapoiier, les mors ratrainer et rassambler, veoir y 30 - peuist grant triboulement. Celle nuit fu li hos des dis - Escos logie par desous le chastel. Et la frice dame, - contesse de Sallebrin, festia très durement et conforta - tous les compagnons de laiens, tant que elle pot aler, - à lie cière. 5 - - - § 155. A l'endemain, li rois d'Escoce, qui durement - courouciés estoit, commanda que cescuns se - apparillast pour assallir, car il feroit ses engiens - et estrumens traire à mont, pour savoir se il poroient - de riens entamer le fort chastiel. Cescuns 10 - s'apparilla; et montèrent contremont pour assallir, - et cil de dedens pour yaus deffendre. Là eut un fort - assaut et perilleus, et moult de bien faisans d'un lés - et d'aultre. Là estoit la contesse de Sallebrin qui - très durement les reconfortoit; et par le regard de 15 - une tèle dame et son douch amonnestement, uns - homs doit bien valoir deus au besoing. Cilz assaus - dura moult longement. Et y perdirent li Escot grant - fuison de leurs gens, car ilz s'abandonnoient durement - et portoient arbres et mairiens à grant fuison 20 - pour emplir les fossés et pour amener les estrumens - jusques as murs, se il peuissent. Mais cil del chastiel - se deffendoient si vassaument que li assallant y perdirent - grant fuison de leurs gens; si les couvint retraire - arrière. Li rois commanda que li estrument 25 - fuissent bien gardé pour renforcier l'assaut à l'endemain. - Ensi se departi li assaus, et s'en rala cescuns - en se loge, horsmis chiaus qui devoient ces estrumens - garder. Li un plorèrent les mors, et li aultre - confortèrent les navrés. 30 - - Chil del chastiel qui durement estoient travilliet, - et si y avoit grant fuison de bleciés, veirent bien que - li fais leur estoit grans; et se li rois David maintenoit - son pourpos, il aroient fort temps. Si eurent - entre yaus conseil qu'il envoieroient certain message - par devers le roy Edouwart qui estoit à Evruich 5 - là venus, ce savoient il de verité par les prisonniers - d'Escoce qu'il avoient pris. Si regardèrent entre - yaus qui feroit ceste besongne, mais il ne (peurent[379]) - trouver qui volsist laissier le chastiel à deffendre, ne - la belle dame ossi pour porter cel message. Si en 10 - ot entre yaus grant estrit. Quant li gentilz bacelers - messires Guillaumes de Montagut vei le bonne volenté - de ses compagnons et vei d'autre part le meschief - qui leur poroit avenir, se il n'estoient secouru, - si lor dist: «Signeur, je voy bien vostre loyauté et 15 - vostre bonne volenté: si ques, pour l'amour de ma - dame et de vous, je metterai mon corps en aventure - pour faire cesti message, car jou ay tel fiance en - vous, selonch chou que j'ai veu, que vous detenrés - bien le chastiel jusques à me revenue. Et ay d'autre 20 - part si grant esperance el noble roy nostre signeur, - que je vous amenrai temprement si grant secours - que vous en arés joie, et vous seront bien meri li - bien fait que fait arés.» De ceste parolle furent ma - dame li contesse et li compagnon tout joiant. 25 - - [379] Mss. B4, 3, fo 75 vo.--Ms. B1: «poroit.» Mauvaise leçon. - - Quant la nuis fu venue, li dis messires Guillaumes - se apparilla dou mieulz qu'il peut, pour plus paisivlement - issir de laiens qu'il ne fust perceus de chiaus - de l'host. Se li avint si bien qu'il pleut toute la nuit - si fort que nulz des Escos n'osoit issir de se loge. 30 - Si passa à mienuit tout parmi l'ost, que onques ne fu - perceus. Quant il fu passés, il fu grans jours; si - chevauça avant tant qu'il encontra deus hommes - d'Escoce, à demi liewe priès de l'host, qui amenoient - deus bues et une vache par devers l'ost. Messires 5 - Guillaumes cogneut qu'il estoient Escot; si les navra - tous deus durement et tua leurs bestes, par quoi li - Escot ne cil de l'host n'en euissent aise, puis dist as - deus navrés: «Alés, dittes à vostre roy que Guillaumes - de Montagut vous a mis en tel point en son 10 - despit. Et li dittes que je vois querre le gentil roy - Edowart qui li fera temprement vuidier ceste place - maugré lui.» Cil li prommisent qu'il feroient volentiers - ce message, mais qu'il les laissast atant à - pais. Lors se parti li dis messires Guillaumes d'yaus, 15 - et s'en ala tant qu'il peut par devers le roy son signeur - qui estoit à Evruich à tout grant fuison de gens - d'armes, et en attendoit encores plus. Si fist li dis - messires Guillaumes son salu au roy de par ma dame - sen ante, contesse de Salebrin, et li conta le meschief 20 - où elle et ses gens estoient. Li rois respondi - apertement et liement qu'il ne laisseroit nullement - qu'il ne secourust la dame et ses gens; et se plus - tost euist sceu là où li Escot estoient, et le meschief - del chastiel et de la dame, plus tost fust alés celle 25 - part. Si commanda tantost li dis rois que cescuns - fust appareilliés à mouvoir l'endemain, et que on - fesist toutdis les venans traire avant apriès son host - qu'il avoit grant. - - - § 156. Li rois englès se parti à l'endemain de le 30 - cité de Evruich moult liement, pour les nouvelles - que messires Guillaumes li avoit aportées. Et avoit - avoech lui sis mille armeures de fier, dis mille arciers - et bien quatre vingt mille hommes de piet, qui tout - le sievoient, et toutdis li venoient gens. Quant li - baron d'Escoce et li mestre del conseil le roy sceurent 5 - que li dis messires Guillaumes de Montagut - avoit ensi passet parmi leur host, et qu'il s'en aloit - querre secours au roy englès, et savoient bien que li - rois Edouwars estoit à Evruich à grant gent, et le tenoient - de si grant corage et si gentil, que il ne lairoit 10 - nullement que il ne venist tantost sus yaus pour secourre - la dame et chiaus del chastiel, il parlèrent - ensamble, endementrues que li rois faisoit souvent et - ardamment assallir. Et veirent bien que li rois faisoit - ses gens navrer et martiriier sans raison. Et veoient 15 - bien que li rois englès venroit bien ançois combatre - à yaus que leurs rois peuist avoir conquis che chastiel, - ensi qu'il cuidoit. Si parlèrent tout ensamble au - roy David d'un accord, et li disent que li demorers - là n'estoit point ses pourfis ne sen honneur, car il 20 - leur estoit moult honnourablement avenu de leur - emprise. Et avoient fait grant despit as Englès, quant - il avoient jeut en leur pays par douze jours, et ars et - exilliet tout au tour. Après il avoient pris par force - le cité de Duremmes et mis toute à grant destruction: 25 - si ques, tout consideret, c'estoit bon qu'il se - partesist et se retraisist vers son royaume; et y menassent - à sauveté ce que conquis avoient, et que - une aultre fois il retourroit en Engleterre quant il li - plairoit. Li rois, qui ne volt mies issir dou conseil de 30 - ses hommes, s'i acorda, quoi que il le fesist moult à - envis, car volentiers ewist attendu à bataille le roy - d'Engleterre, se on ne li ewist desconsillié. Toutes - fois il se desloga au matin et toute se host ossi. Et - s'en alèrent li dit Escot droit par devers le grant - forest de Gedours, où li sauvage Escot se tiennent - tout bellement et à leur aise, car il voloient savoir 5 - que li rois englès feroit en avant, ou se il retrairoit - arrière ou se il iroit avant et trairoit en leur pays. - - - § 157. Ce jour meismes que li rois David et li - Escot se departirent au matin de devant le chastiel - de Salebrin, vint li rois Edouwars à toute son host, 10 - à heure de miedi, en le place là où li rois des Escos - avoit logiet. Si fu moult courouciés quant il ne le - trouva, car volentiers se fust combatus à lui. Il - estoit venus en si grant haste que ses gens et ses - chevaus estoient durement travilliet. Si commanda 15 - que cescuns se logast là endroit, car il voloit aler - veoir le chastiel et la gentilz dame qui laiens estoit, - car il ne l'avoit veu puis les noces dont elle fu mariée. - Ensi fu fait que commandé fu. Cescuns s'ala - logier, ensi qu'il peut, et reposer qui volt. Sitos que 20 - li rois Edowars fu desarmés, il prist jusques à dix - ou douze chevaliers, et s'en ala vers le chastiel pour - saluer la contesse de Salebrin, et pour veoir le manière - des assaus que li Escot avoient fais, et des deffenses - que cil dou chastiel avoient faites à l'encontre. 25 - - Sitos que la dame de Salebrin sceut le roy venant, - elle fist ouvrir toutes les portes, et vint hors si richement - vestie et atournée que cescuns s'en esmervilloit. - Et ne se pooit on cesser de li regarder et de remirer - le grant noblèce de le dame, avoech le grant biauté 30 - et le gracieus maintien que elle avoit. Quant elle fu - venue jusques au roy, elle s'enclina jusques à terre - encontre lui, en regratiant de le grace et del secours - que fait li avoit, et l'en mena ens ou chastiel pour - lui festiier et honnourer, comme celle qui très bien - le savoit faire. Cescuns le regardoit à merveilles, et 5 - li rois meismes ne se pooit tenir de lui regarder. Et - bien lui estoit avis que onques n'avoit veu si noble, - si friche, ne nulle si belle de li. Se li feri tantost une - estincelle de fine amour ens el coer qui li dura par - lonch temps, car bien li sambloit que ou monde n'i 10 - avoit dame qui tant fesist à amer comme celle. Si - entrèrent ens ou chastiel main à main. Et le mena - la dame premiers en le sale, et puis en sa cambre, qui - estoit si noblement parée qu'il affreoit à tel dame. - Et toutdis regardoit li rois le gentilz dame si ardamment 15 - que elle en devenoit toute honteuse et abaubie. - Quant il l'ot grant pièce assés regardé(e), il ala à une - fenestre pour apoiier, et commença fortement à penser. - La dame, qui à ce point ne pensoit, ala les aultres - signeurs et chevaliers festiier et saluer moult grandement 20 - et à point, ensi que elle savoit bien faire, - cescun selonch son estat. Et puis commanda à appareillier - le disner, et quant temps seroit, à mettre les - tables et le sale parer. - - - § 158. Quant la dame eut tout deviset et commandet 25 - à ses gens chou que bon li sambloit, elle - s'en revint à chière lie par devers le roy, qui encores - pensoit et musoit fortement, et li dist: «Chiers sires, - pour quoi pensés vous si fort? Tant pensers n'affiert - pas à vous, ce m'est avis, sauve vostre grace. Ains 30 - deuissiés faire feste et joie à bonne cière, quant vous - avés encaciet vos ennemis qui ne vous ont osé attendre; - et deuissiés les aultres laissier penser del remanant.» - Li rois respondi et dist: «Ha! ma chière - dame, sachiés que puis que jou entrai ceens, m'est - une songne sourvenue, de quoi je ne me prendoie 5 - garde: se m'i couvient penser. Et se ne sçai que - avenir en pora, mais je n'en puis mon coer oster.»--«Ha! - chiers sires, dist la dame, vous deuissiés - tous jours faire bonne cière, pour vos gens mieulz - conforter, et laissier (le)[380] penser et le muser. Diex vous 10 - a si bien aidiet jusques à ores en toutes vos besongnes - et donnet si grant grasce, que vous estes li plus - doubtés et honnourés princes des Chrestiens. Et se - li rois d'Escoce vous a fait despit et damage, vous - le porés bien amender, quant vous vorrés, ensi que 15 - aultre fois avés fait. Si laissiés le muser et venés en - le sale, se il vous plaist, dalés vos chevaliers: tantost - sera appareilliet pour disner.»--«Ha! ma - chière dame, dist li rois, aultre cose me touche et - gist en mon coer que vous ne pensés. Car certainnement 20 - li doulz maintiens, li parfais sens, la grant - noblèce et la fine biauté que jou ay veu et trouvet - en vous m'ont si souspris et entrepris qu'il covient - que je soie vos amans. Si vous pri que ce soit vos - grés, et que je soie de vous amés, car nulz escondis 25 - ne m'en poroit oster.» La gentilz dame fu adonc - durement esbahie et dist: «Très chiers sires, ne me - voelliés mokier, ne assaiier, ne tempter. Je ne poroie - cuidier ne penser que ce fust acertes que vous dittes, - ne que si nobles ne si gentils princes que vous estes 30 - deuist querre tour ne penser pour deshonnerer moy - et mon marit, qui est si vaillans chevaliers, et qui - tant vous a servi que vous savés, et encores gist pour - vous emprisonnés. Certes, vous seriés del cas petit - prisiés et amendés. Certes, onques tel pensée ne me 5 - vint en coer ne jà ne venra, se Dieu plaist, pour - homme qui soit nés; (et se je le faisoie, vous m'en - devriez[381]), non pas blasmer seulement, mais mon corps - justicier et desmembrer.» - - [380] Mss. B 4, 3, fo 76 vo.--Ms. B1, fo 115 vo: «et.» - - [381] Mss. B 4, 3, fo 76 vo.--Ms. B1, fo 116 (lacune). - - - § 159. Atant se parti la vaillans dame, et laissa le 10 - roy durement esbahi; et s'en revint en le sale pour - faire haster le disner. Et puis s'en retourna au roy - et en mena de ses chevaliers, et li dist: «Sire, - venés en la sale. Li chevalier vous attendent pour - laver, car il ont trop junet, ossi avés vous.» Li 15 - rois se parti de la cambre et s'en ala en la sale, à ce - mot, et lava, et puis s'assist entre ses chevaliers au - disner, et la dame ossi. Mais li roys y disna petit, - car aultre cose li touçoit que boire et mengier; et - ne fist onques à ce disner fors que penser. Et à le 20 - fois, quant il osoit la dame et son maintien regarder, - il gettoit ses yex celle part. De quoi toutes ses - gens avoient grant merveille, car il n'en estoient - point acoustumés, ne onques en tel point ne l'avoient - veu. Ains cuidoient li aucun que ce fust pour les Escos 25 - qui li estoient escapés. Mais aultre cose li touchoit, - et li estoit si fermement entrée ou coer, que - onques n'en peut issir en grant temps, pour escondire - (que la dame[382]) en seuist ne peuist faire. Mais - il en fu toutdis depuis plus liés, plus gais et plus - jolis; et en fist pluiseurs belles festes et joustes, et - grans assamblées de signeurs, de dames et de damoiselles, - tout pour l'amour de la ditte contesse de - Salbrin, si com vous orés chi après. 5 - - [382] Mss. B 4, 3, fo 77.--Ms. B1, fo 116 (lacune). - - - § 160. Toutes voies, li rois englès demora tout celi - jour ens ou chastiel, en grans pensées et à grant mesaise - de coer, car il ne savoit que faire. Aucune fois - il se ravisoit, car honneurs et loyautés le reprendoit - de mettre son coer en tèle fausseté, pour deshonnerer 10 - si vaillant dame, et si loyal chevalier comme ses - maris estoit, qui si loyaument l'avoit toutdis servi. - D'autre part, amours le constraindoit si fort que elle - vaincoit et sourmontoit honneur et loyauté. Ensi se - debatoit li rois en lui, tout le jour et toute le nuit. 15 - Au matin, il se leva et fist toute son host deslogier - et traire apriès les Eskos, et pour yaus sievir et cachier - hors de son royaume; puis prist congiet à la - dame, en disant: «Ma chière dame, à Dieu vous - commant jusques au revenir. Si vous pri que vous 20 - vos voelliés aviser, et aultrement estre consillie que - vous ne m'aiiés dit.»--«Chiers sires, respondi la - dame, li Pères glorieus vous voelle conduire et oster - de villainne pensée et de deshonnourable, car je sui - et serai toutdis consillie et apparillie de vous servir 25 - à vostre honneur et à le miène.» - - Atant se parti li rois trestous confus et abaubis. Si - s'en ala à tout son host apriès les Escos, et les sievi - jusques oultre le bonne cité de Bervich, et se loga - à quatre liewes priès de le forest de Gedours, là où 30 - li rois David et toutes ses gens estoient entrés, pour - les grans forterèces qu'il y a. Là endroit demora li - dis rois englès par l'espasse de trois jours, pour - savoir se li Escot vorroient hors issir pour combatre - à lui. Et saciés que tous les trois jours y avoit tant - d'escarmuces et de paletis entre les deus hos, que 5 - cescuns estoit anoieus del regarder; et y avoit souvent - des mors et des pris, d'une part et d'aultre. Et - sur tous les aultres y estoit souvent veus en bon - couvenant messires Guillaumes Douglas, qui s'arme - d'azur à comble (d'argent[383]), et dedens le comble 10 - trois estoilles de geules. Et estoit cilz qui y faisoit - plus de biaus fais, de belles rescousses et de hautes - emprises; et fist en l'ost des Englès moult de destourbiers. - - [383] Mss. B 4, 3, fo 77.--Ms. B1 (lacune). - - - § 161. Tous ces trois jours, parlementèrent aucun 15 - preudomme de triewes et d'acort entre ces deus - rois. Et tant trettièrent que une triewe fu acordée à - durer deus ans, voires se li rois Phelippes de France - s'i assentoit, car li rois d'Escoce estoit si fort alloiiés - à lui qu'il ne pooit donner triewes ne faire pais sans 20 - lui. Et se li rois Phelippes ne s'i voloit acorder, si - devoient les triewes durer entre Engleterre et Escoce - jusques au premier jour d'aoust. Et devoit estre - quittes li contes de Mouret de se prison, se li rois - d'Escoce pooit tant pourcacier au roy de France que 25 - li contes de Salebrin fust quittes ossi de se prison. - La quèle cose devoit estre pourcacie au roy de - France dedens le Saint Jehan Baptiste. Li rois d'Engleterre - se acorda plus legierement à celle triewe, - pour tant que cilz fait grant sens, qui a trois guerres - ou quatre, s'il en poet atriewer ou apaisier les deus - ou les trois qu'il le face. Et cilz rois avoit bien à - penser sur telz coses, car il avoit guerre en France, - en Gascongne, en Poito, en Saintonge et en Bretagne, 5 - et par tout ses gens et ses saudoiiers. - - Celle triewe as Escos fu ensi affremée et acordée - que vous avés oy. Si departi li rois d'Escoce ses gens, - et s'en rala cescuns en se contrée; puis envoia grans - messages au roy Phelippe de France, pour acorder 10 - chou que trettiet estoit, se il li plaisoit. Il pleut assés - bien au roy de France pour mieus complaire au roy - d'Escoce; (et) ne desdist de riens au trettiet, mais - renvoia le conte de Salbrin en Engleterre. Dont, si - tost qu'il y fu revenus, li rois englès renvoia arrière 15 - le conte de Mouret d'Escoce, ossi devers le roy David - qui en eut grant joie. Ensi fu fais cilz escanges de - ces deus signeurs, si com vous avés oy. Et se departirent - ces deus grosses chevaucies, sans plus riens - faire, et se retrest cescuns en son lieu. Or retournerons 20 - nous à parler des aventures et des guerres de - Bretagne. - - - § 162. Vous devés savoir que, quant li dus de - Normendie, li dus de Bourgongne, li contes d'Alençon, - li dus de Bourbon, li contes de Blois, li connestables 25 - de France, li contes de Ghines ses filz, messires - Jakemes de Bourbon, messires Loeis d'Espagne - et li conte et li baron de France se furent parti de - Bretagne, qu'il eurent conquis le fort chastiel de - Chastouseaus, et puis apriès le cité de Nantes, et pris 30 - le conte de Montfort, et livret au roy Phelippe, et il - l'eut fait mettre en prison ou Louvre dalés Paris, - si com vous avés oy; et comment messires Charles - de Blois estoit demorés tous quois en le cité de - Nantes et ou pays d'entour qui obeissoit à lui, pour - attendre le saison d'esté en la quèle il fait milleur 5 - hostoiier qu'il ne fait en le saison d'ivier, et celle - douce saison fu revenue, tout cil signeur de France - dessus nommet et grant fuison d'aultres gens avoech - yaus s'en ralèrent devers Bretagne à grant poissance, - pour aidier monsigneur Charle à reconquerre le remanant 10 - de le ducé de Bretagne, dont il avinrent des - grans et mervilleus fais d'armes, ensi com vous porés - oïr. Quant il furent venu à Nantes, là où il trouvèrent - monsigneur Charle de Blois, il eurent conseil - qu'il assegeroient le cité de Rennes. Si issirent de 15 - Nantes et alèrent assegier Rennes tout au tour. La - contesse de Monfort en devant l'avoit si bien garni(e) - et pourveue de gens d'armes et de tout ce qu'il affreoit, - que riens n'i falloit. Et y avoit establi un - vaillant chevalier et hardi pour chapitainne, que on 20 - clamoit monsigneur Guillaume de Quadudal, gentil - homme durement dou pays de Bretagne. - - Aussi avoit la ditte contesse mis grans garnisons - par toutes les aultres cités, chastiaus et bonnes villes - qui à lui obeissoient; et par tout bonnes chapitainnes, 25 - des gentilz hommes dou pays qui à lui obeissoient - et se tenoient, les quels elle avoit acquis par - biau parler, par prommettre et par donner, car elle - n'i voloit point espargnier: des quelz li evesques de - Lyon, messires Amauris de Cliçon, messires Yewains 30 - de Tigri, li sires de Landreniaus, li chastelains de - Ghingant, messires Henris et messires Oliviers de - Pennefort, messires Joffrois de Malatrait, messires - Guillaumes de Quadudal, li doi frère de Quirich y - estoient, et pluiseur aultre noble chevalier et escuier - que je ne sai mies nommer. Ossi en y avoit de l'accord - monsigneur Charle de Blois grant fuison, qui à 5 - lui se tenoient, avoecques monsigneur Hervi de Lyon, - qui fu de premiers de l'accord le conte de Montfort - et mestres de son conseil, jusques à tant que la cités - de Nantes fu rendue, et li contes de Montfort fu rendus - pris, ensi que vous avés oy. De quoi li dis messires 10 - (Hervis[384]) fu durement blasmés, car on voloit dire - que il l'avoit pourcaciet et les bourgois enhortés. - Chou apparoit en ce que, puis ce fait, ce fu cilz qui - plus se penoit de grever la contesse de Montfort et - ses aidans. 15 - - [384] Ms. A7, fo 84.--Mss. B 1, 3, 4, fo 117, vo; «Henris.» - Mauvaise leçon. - - - § 163. Messires Charles de Blois et li signeur dessus - nommet sisent assés longement devant le cité de - Rennes, et y fisent grans damages et pluiseurs grans - assaus et fors par les Espagnolz et par les Geneuois; - et cil de dedens se deffendirent ossi fortement et vassaument, 20 - par le conseil le signeur de Quadudal, et - si sagement que cil de dehors y perdirent plus souvent - qu'il n'i gaegnièrent. - - En celui temps, si tost que la dessus ditte contesse - sceut que cil signeur de France estoient venu en Bretagne, 25 - à si grant poissance, elle envoia monsigneur - Amauri de Cliçon en Engleterre parler au roy Edowart, - et pour priier et requerre secours et ayde, par tèle - condition que li jones enfes, filz au conte de Montfort - et de la ditte contesse, prenderoit à femme l'une - des jones filles au roy d'Engleterre, et s'appelleroit - duçoise de Bretagne. Li rois Edowars estoit adonc à - Londres, et festioit tant qu'il pooit le conte de Salbrin, 5 - qui tantost estoit revenus de se prison. Si fist - moult grant feste et honneur à monsigneur Amauri - de Cliçon, quant il fu à lui venus, car il estoit moult - gentilz homs; et li ottria toute sa requeste assés briefment, - car il y veoit son avantage en deus manières. 10 - Car il li fu avis que c'estoit grant cose et noble de - la ducé de Bretagne, se il le pooit conquerre; et si - estoit la plus belle entrée qu'il pooit avoir pour conquerre - le royaume de France, à quoi il tendoit. Si - commanda à monsigneur Gautier de Mauni qu'il 15 - amoit moult, car moult l'avoit bien servi et loyaument - en pluiseurs besongnes perilleuses, qu'il presist - tant de gens d'armes que li dis messires Amauris li - deviseroit et qu'il li souffiroit, et se apparillast au - plus tost qu'il poroit pour aler aidier la contesse de 20 - Montfort, et presist avoecques lui jusques à deus - mille ou trois mille arciers des milleurs d'Engleterre. - - Li dis messires Gautiers fist moult volentiers le - commandement son signeur; si se apparilla au plus - tost qu'il peut, et se mist en mer avoecques le dit 25 - monsigneur Amauri, à tèle compagnie de gens d'armes - et d'arciers qu'il souffi au dit monsigneur Amauri. - Avoec lui en alèrent li doy frère de Neynendale, messires - Loeis et messires Jehans, li Haze de Braibant, - messires Hubiers de Frenay, messires Alains de Sirehonde, 30 - et pluiseur aultre que je ne puis ne sai tous - nommer, et avoech yaus sis mille arciers. Mais uns - grans tourmens les prist sour mer et vens contraires, - par quoi il les couvint demorer sour le mer par le - terme de soissante jours, ançois qu'il peuissent parvenir - à Hembon, là où li contesse de Montfort les - attendoit de jour en jour, à grant mesaise de coer, 5 - pour le grant meschief que elle sentoit que ses gens - soustenoient, qui estoient dedens le cité de Rennes. - - - § 164. Or est à savoir que messires Charles de - Blois et cil signeur de France sisent longuement devant - le cité de Rennes, et tant qu'il y fisent très grant 10 - damage, par quoi li bourgois en furent durement - anoiiés; et volentiers se fuissent souvent acordé à - rendre le cité, se il osassent, mais messires Guillaumes - de Quadudal ne s'i voloit acorder nullement. - Quant li bourgois et li commun de le cité eurent assés 15 - souffert, et qu'il ne veoient nul secours de nulle part - venir, il se vorrent rendre; mais li dis messires Guillaumes - ne s'i volt accorder. Au daarrain, il prisent le - dit monsigneur Guillaume et le misent en prison; et - eurent en couvent à monsigneur Charlon de Blois 20 - qu'il se renderoient à l'endemain par tèle condition - que tout cil de le partie le contesse de Monfort s'en - pooient aler sauvement, quel part qu'il voloient. Li - dis messires Charles de Blois leur acorda. Ensi fu li - cités de Rennes rendue à monsigneur Charle de Blois, 25 - l'an de grasce mil trois cens quarante et deus, à l'entrée - de may. Et messires Guillaumes de Quadudal - ne volt point demorer de l'acord monsigneur Charle - de Blois, ains s'en ala tantost par devers Hembon, là - où la contesse de Monfort estoit, qui fu moult dolente 30 - quant elle seut que la cité de Rennes estoit rendue; - et si n'ooit nulles nouvelles de monsigneur Amauri de - Cliçon ne de se compagnie. - - - § 165. Quant la cité de Rennes se fu rendue, ensi - que vous avés oy, et li bourgois eurent fait feauté - à monsigneur Charles de Blois, messires Charle eut 5 - conseil quèle part il se poroit traire à toute son host, - pour mieulz avant esploitier de reconquerre le remanant. - Li consaulz se tourna à çou que il se traisist - par devers Hembon, là où la contesse de Montfort - estoit; car, puis que li sires estoit en prison, s'il pooit 10 - prendre le ville, le chastiel et le contesse, il aroit tost - sa guerre afinée. Ensi fu fait. Si se traisent tuit vers - Hembon et assegièrent le ville et le chastiel tout au - tour, tant qu'il peurent, par terre. La contesse estoit - si bien pourveue de bons chevaliers et d'autres souffissans 15 - gens d'armes qu'il couvenait pour deffendre le - ville et le chastiel, et tout dis estoit en grant soupeçon - del secours d'Engleterre que elle attendoit, et se n'en - ooit nulles nouvelles. Ains avoit doubtance que grans - meschiés ne leur fust avenus, ou par fortune de le mer, 20 - ou par rencontre d'ennemis. Avoecques li estoit en - Hembon li evesques de Lyon en Bretagne, dont messires - Hervis de Lyon estoit (neveus[385]), qui estoit de le - partie monsigneur Charles. Et si y estoient messires - Yves de Tigri, li sires de Landreniaus, li chastelains 25 - de Ginghant, li doi frère de Quirich, messires Henris - et messires Oliviers de Pennefort et pluiseur aultre. - Quant la contesse et cil chevalier entendirent que cil - signeur de France venoient pour yaus assegier, et qu'il - estoient assés priès de là, il fisent commander que on - sonnast le ban cloche, et que çascuns s'alast armer et - alast à sa deffense, ensi qu'il estoit ordonnés. Ensi - fu fait sans contredit. - - [385] Mss. B1, 3, 4: «oncles.» Mauvaise leçon. - - Quant messires Charles de Blois et li signeur françois 5 - furent approciet de le ville de Hembon et il - le veirent forte, il fisent leurs gens logier, ensi que - pour faire siège. Aucun jone compagnon geneuois, - espagnol et françois alèrent jusques as bailles pour - paleter et escarmucier; et aucun de chiaus de dedens 10 - issirent encontre yaus, ensi que on fait souvent - en telz besongnes. Là eut pluiseurs hustins. - Et perdirent plus li Geneuois qu'il n'i gaegnassent, - ensi qu'il avient souvent par trop folement abandonner. - Quant li vespres approça, cescuns se retraii 15 - à se loge. L'endemain, li signeur eurent conseil - qu'il feroient à l'endemain assallir les bailles - fortement, pour veoir le contenance de chiaus - de dedens, et pour veoir se il y poroient riens - conquester, ensi qu'il fisent. Car au tierc jour il 20 - assallirent au matin, entours heure de prime, as - bailles très fortement. Et chil de dedens issirent hors - li aucun des plus souffissans, et se deffendirent si vassaument - qu'il fisent l'assaut durer jusques à heure de - nonne que li assallant se retraisent un petit arrière. 25 - Et y laissièrent fuison de mors, et en remenèrent - plenté de bleciés. Quant li signeur veirent leurs gens - retraire, il en furent durement courouciés. Si fisent - recommencier l'assaut plus fort que devant. Et cil de - Hembon s'efforcièrent ossi d'yaus très bien deffendre. 30 - Et la contesse, qui estoit armée de corps et estoit - montée sus un bon coursier, chevauçoit de rue en - rue par le ville, et semonnoit ses gens de bien deffendre. - Et faisoit les femmes de le ville, dames et - aultres, deffaire les caucies et porter les pières as - crestiaus pour getter as ennemis. Et faisoit aporter - bombardes et pos plains de cauch vive, pour getter 5 - sus les assallans. - - - § 166. Encores fist ceste ditte contesse de Montfort - une très hardie emprise qui ne fait mies (à[386]) oubliier, - et c'on doit bien recorder à hardit et outrageus fait - d'armes. La contesse montoit en une tour, pour 10 - mieulz veoir comment ses gens se maintenoient. Si - regarda et vei que tout cil de l'host, signeur et aultre, - avoient laissiet leurs logeis, et estoient priès que tout - alé veoir l'assaut. Elle s'avisa d'un grant fait et remonta - sus son coursier, ensi armée comme elle estoit. 15 - Et fist monter environ trois cens hommes à cheval - avoecques lui, qui gardoient une aultre porte là où on - n'assalloit point. Si issi de celle porte o toute se compagnie, - et se feri très vassaument en ces tentes et en ces - logeis des signeurs de France, qui tantos furent toutes 20 - arses, tentes et toutes loges, qui n'estoient gardées fors - de garçons et de varlès qui s'en fuirent, si tos comme - il y veirent le feu bouter et la contesse et ses gens entrer. - Quant li signeur de France veirent leurs logeis - ardoir et oïrent le hu et le cri qui en venoit, il furent 25 - tout esbahi et coururent tout vers lor logeis, - criant: «Trahi! Trahi!», et ne demora adonc nulz - à l'assaut. - - [386] Mss. B 4, 3, fo 79.--Ms. B 1, fo 119 (lacune). - - Quant la contesse vei l'ost estourmir et de toutes - pars acourir, elle rassambla ses gens et vei bien que - elle ne poroit rentrer en le ville sans trop grant perte; - si s'en ala le droit chemin par devers le chastiel de - Brait qui siet à trois liewes priès de là. Quant messires - Loeis d'Espagne, qui estoit mareschaus de toute 5 - l'ost, fu venus as logeis qui ardoient, et vei la contesse - et ses gens qui s'en aloient tant qu'il pooient, il se - mist à aler après pour raconsievir se il peuist, et grant - fuison de gens d'armes avoecques lui. Si les encauça - et caça tant qu'il en tua et mehagna aucuns qui estoient 10 - mal montet, et qui ne pooient sievir les bien - montés. Toutes fois, la ditte contesse chevauça tant - et si bien que elle et li plus grant partie de ses gens - vinrent assés à point au bon chastiel de Brait, là où - elle fu receute et festiie à grant joie de chiaus de le 15 - ville et dou chastiel. Quant messires Loeis d'Espagne - sceut, par les prisons que pris avoit, que c'estoit la - contesse qui tel fait avoit fait et qui escapée li estoit, - il s'en retourna en l'ost et conta sen aventure as signeurs - et as aultres qui grant merveille en eurent. 20 - Ossi eurent cil qui estoient dedens Haimbon, et ne - pooient apenser ne trop imaginer comment leur dame - avoit che aviset ne oset entreprendre. Mais il furent - toute le nuit en grant quisençon de çou que la - dame ne nulz de ses compagnons ne revenoit; si n'en 25 - savoient que penser ne que aviser, et ce n'estoit point - trop grant merveille. - - - § 167. A l'endemain, li signeur de France, qui - avoient perdu leurs tentes et leurs pourveances, - orent conseil qu'il se logeroient d'arbres et de foellies 30 - plus priès de le ville, et qu'il se maintenroient plus - sagement. Si se alèrent logier à grant painne plus - priès de le ville, et disoient souvent ensi à chiaus de - le ville: «Alés, signeur, alés requerre vostre contesse. - Certes elle est perdue, vous ne le trouverés en - pièce.» Quant cil de le ville, gens d'armes et aultres, 5 - oïrent telz parolles, il furent esbahi et eurent grant - paour que grans meschiés ne fust avenus à leur dame. - Si n'en savoient que croire, par tant que elle point - ne revenoit, ne n'en ooient nulles nouvelles. Si demorèrent - en tel paour par l'espasse de cinq jours. 10 - Et la contesse, qui bien pensoit que ses gens estoient - à grant mesaise pour lui et en grant doubtance, se - pourcaça tant que elle eut bien cinq cens compagnons - (armés[387]) et bien montés. Puis se parti de Brait - entour le mienuit et se vint, droit au point que li solaus 15 - se liève, à chevauçant à l'un des costés de l'host, et - fist ouvrir le porte et entra ens à grant joie et à grant - son de trompes et de nakaires: de quoi li hos des - François fu durement estourmie. Si se fissent tout - armer et coururent par devers le ville pour assallir, 20 - et cil de dedens as fenestres pour le deffendre. Là - commença grans assaus et fors, qui dura jusques à - haute nonne. Et plus y perdirent li assallant que li - deffendant. - - [387] Mss. B4, 3, fo 79 vo.--Ms. B1, fo 119 vo (lacune). - - Environ heure de nonne, fisent li signeur cesser 25 - d'assallir, car leurs gens se faisoient tuer et navrer - sans raison, et retraisent à leurs logeis. Si eurent - conseil et acord que messires Charles de Blois iroit - assegier (le) chastiel d'Auroy que li rois Artus fist - faire et fremer. Et iroient avoecques lui li dus de 30 - Bourbon, li contes de Blois ses frères, et li mareschaus - de France messires Robers Bertrans, et messires - Hervis de Lyon et partie des Geneuois. Et messires - Loeis d'Espagne, li viscontes de Rohen et tous - li remanans des Geneuois et Espagnolz demorroient 5 - devant Hembon. Et mandèrent douze grans engiens - qu'il avoient laissiés à Rennes, pour getter à le ville - et au chastiel de Hembon, car il veoient bien qu'il - ne le pooient gaegnier ne riens pourfiter à l'assallir; - si qu'il fisent deus hos: s'en demora li uns devant 10 - Hembon, et li aultres en ala assegier chastiel d'Auroy - qui estoit assés priès de là; des quels nous parlerons - et nous soufferons un petit des aultres. - - - § 168. Messires Charles de Blois se trest par devant - le chastiel d'Auroy, qui estoit assés priès de là, à tout 15 - se compagnie, et se loga et toute son host environ. - Et y fist assallir et escarmucier, car chil del chastiel - estoient bien pourveu et bien garni de bonnes gens - d'armes, pour tel siège soustenir. Si ne se vorrent rendre, - ne laissier le service de la contesse, qui grans 20 - biens leur avoit fais, pour obeir au dit monsigneur - Charle, pour ses prommesses. Dedens le forterèce avoit - deus cens compagnons aidables, uns et aultres, des - quelz estoient mestres et chapitainnes doi chevalier - dou pays, vaillant homme et hardi durement, messires 25 - Henris de Pennefort et Oliviers de Pennefort - ses frères. A quatre liewes priès de ce chastiel siet la - bonne cité de Vennes, qui fermement se tenoit à le - contesse. Et en estoit messires Joffrois de Malatrait - chapitainne, gentilz homs et vaillans durement. D'autre 30 - part sciet la bonne ville de Dignant en Bretagne, - qui adonc n'estoit fremée, fors de fossés et de palis. - Si en estoit chapitains de par le contesse uns durement - vaillans homs que on clamoit le chastellain de - Gingant, mais il estoit adonc assis dedens Hembon - avoech la contesse. Mais il avoit laissiet à Dignant 5 - son hostel, ma dame sa femme et ses filles, et avoit - laissiet à chapitainne, en lieu de li, monsigneur Renault - son fil, vaillant baceler et hardi durement. - - Entre ces deus bonnes villes siet uns très fors chastiaus - qui se tenoit adonc à monsigneur Charle de 10 - Blois, et l'avoit fait garnir de gens d'armes et de saudoiiers, - qui tout estoient Bourgignon. Si en estoit - souverains et mestres uns bons escuiers assés jones - que on clamoit Gerart de Malain; et avoit avoecques - lui un hardi chevalier que on clamoit monsigneur 15 - Pière Portebuef. Cil doi avoecques leurs compagnons - honnissoient et gastoient tout le pays de là entour, - et destraindoient si ouniement le cité de Vennes et - le bonne ville de Dinant, que nulles pourveances ne - marchandises ne pooient entrer ne venir, fors en 20 - grant peril et sous grant aventure, car il chevauçoient - l'un jour par devers Vennes, et l'autre jour - par devers Dinant. Tant chevaucièrent ensi li dessus - dit Bourgegnon et leurs routes, que li jones bacelers - messires Renaulz de Gingant prist, par un embuscement 25 - qu'il avoit establi, le dit Gerart de Malain à - toute se compagnie, qui estoient yaus vingt et cinq - compagnon, et rescoui jusques à quinze marcheans à - tout leur avoir qu'il avoient pris, et les emmenoient - par devers leur garnison que on claime Rocheperiot. - Mais li jones bacelers messires Renaulz de Gingant les 30 - conquist tous, par son sens et par sa proèce, et les - en mena tous (en Dynant[388]) en prison, dont tous li - pays d'entour eut grant joie. Et en fu durement li - dis messires Renaulz loés et prisiés. - - [388] Mss. B4, 3, fo 80.--Ms. B1, fo 120 vo (lacune). - - Si me tairai un petit à parler de ces gens de Vennes, - de Dinant et de Roceperiot, et revenrai à la 5 - contesse de Montfort, qui estoit assise dedens Haimbon, - et à monsigneur Loeis d'Espagne qui tenoit - le siège par devant et avoit si debrisié et defroissié - le ville et le fremeté, par les engiens, que cil de - dedens se commencièrent à esmaiier et avoir volenté 10 - de faire acord, car il ne veoient nul secours venir, - ne n'en entendoient nouvelles. Dont il avint que - li evesques messires Guis de Lyon, qui estoit (oncles[389]) - monsigneur Hervi de Lyon, par qui pourcach et conseil - li contes de Montfort avoit estet pris, si com 15 - on disoit, dedens le cité de Nantes, parla un jour au - dit monsigneur Hervi son (neveu,) sus assegurance, et - par lonch temps ensamble, d'unes coses et d'aultres; - et tant que li dis evesques devoit pourcacier acord à - ses compagnons, par quoi li ville de Hembon seroit 20 - rendue à monsigneur Charle de Blois. Et li dis messires - Hervis, d'autre part, devoit pourcacier que cil - de dedens seroient apaisiés envers monsigneur Charle, - quittes et lieges, et ne perderoient riens dou - leur. Ensi se departi cilz parlemens. Li dis evesques 25 - rentra en le ville pour parler as aultres signeurs. La - contesse se doubta tantost de mauvais pourcach; si - pria à ces signeurs de Bretagne, pour l'amour de - Dieu, qu'il ne fesissent nulle defaute, car elle avoit - esperance en Nostre Signeur que elle aroit grant secours - dedens trois jours. Mais li dis evesques parla - tant et moustra tant de raisons à ces signeurs de - Bretagne qu'i(l) les mist en grant effroi celle nuit. A - l'endemain, il recommença et dist tant de raisons, 5 - d'unes et d'autres, qu'il estoient tout de son acord - ou assés priès. Et jà estoit li dis messires Hervis venus - assés priès de le ville pour (la) prendre et par - leur acord, quant la contesse qui regardoit aval le mer, - par une fenestre del chastiel, commença à criier et à 10 - faire grant joie; et disoit tant comme elle pooit: «Je - voi venir le secours que j'ai tant desiré!» deus fois - le dist. Cescuns de le ville courut tantost, qui mieulz - pot, as fenestres et as crestiaus des murs pour veoir - que c'estoit. Et veirent clerement grant fuison de 15 - naves, petites et grandes, bien batillies, venir par - devers Hembon. Dont cescuns fu durement reconfortés, - car bien tenoient que c'estoit messires Amauris - de Cliçon qui amenoit ce secours d'Engleterre, - dont vous avés par chà devant oy parler, qui par 20 - soixante jours avoient eu vent contraire sur le - mer. - - [389] Mss. B4, 3, fo 80.--Ms. B1: «niés.» Mauvaise leçon. - - - § 169. Quant li chastellains de Gingant messires - Yves de Tigueri, messires Gallerans de Landreniaulz - et li aultre chevalier veirent ce secours venir, 25 - il disent à l'evesque qu'il pooit bien contremender - son parlement, car point consilliet n'estoient de - faire ce qu'il leur exhortoit. Li dis evesques messires - Guis de Lyon en fu durement courouciés et - dist: «Signeur, dont se departira nostre compagnie, 30 - car vous demorrés deça par devers ma dame, et je - m'en irai par delà par devers celui qui plus grant - droit y a, ce me samble.» Lors se parti li dis evesques - de Hembon, et deffia la dame et tous ses aidans, - et s'en ala renoncier au dit monsigneur Hervi et dist - la besongne ensi comme elle se portoit. Li dis messires 5 - Hervis fu durement courouciés. Si fist tantost - drecier les plus grans engiens qu'il avoient, au plus - priès del chastiel que on peut, et commanda que - on ne cessast de getter par jours ne par nuis; - puis se parti de là. Si en mena son (oncle[390]) le dit 10 - evesque à monsigneur Loeis d'Espagne qui le rechut - à bon gré et liement. Ossi fist messires Charles de - Blois, quant il fu à lui venus. La comtesse fist à lie - chière apparillier salles, cambres et hostelz, pour herbergier - aisiement ces signeurs d'Engleterre qui là venoient, 15 - et envoia encontre yaus moult noblement. - Quant il furent venus et descendus, elle meismes - vint contre yaus à grant reverense. Et se elle les - festia et regratia grandement, che ne fait point à - esmervillier, car elle avoit bien mestier de leur 20 - venue, si com vous avés oy. Si en fist adonc et de - puis ossi tout quanque elle en peut faire. Et les en - mena tous, chevaliers et escuiers, ens ou chastiel - herbergier, jusques adonc qu'il seroient herbegiet en - le ville à leur aise; et leur donna l'endemain à disner 25 - moult grandement. Toute la nuit ne cessèrent li - engien de getter, ne l'endemain ossi. - - [390] Mss. B4, 3, fo 80 vo.--Ms. B1: «neveu.» - - Quant ce vint après disner que la dame eut festiiet - ces signeurs, messires Gautiers de Mauni, qui estoit - mestres et souverains des Englès venus avoec lui, appella 30 - d'une part monsigneur Yvon de Tigueri et li - demanda de l'estat de chiaus de le ville et de leurs - couvenans et de chiaus de l'host ossi. Puis regarda - et dist qu'il avoit grant volenté d'aler abatre ce grant - engien, qui si priès leur estoit assis et qui si grant anoi 5 - leur faisoit, mès que on le volsist sievir. Messires Yves - de Tigueri dist que il ne l'en faurroit mies à ce(ste) - première envaye. Ensi dist li sires de Landreniaus. - Adonc s'ala tantost armer li gentilz sires de Mauni. - Ossi fisent tout si compagnon quant il le sceurent, et 10 - ossi tout li chevalier breton et li escuier qui laiens - estoient. Puis issirent hors paisievlement par le porte, - et fisent aler avoech yaus trois cens archiers. Tant - alèrent traiant li arcier qu'il fisent fuir en voies ceulz - qui gardoient ce grant engien. Et les gens d'armes qui 15 - venoient après ces arciers en occisent aucuns, et abatirent - ce grant engien, et le detaillièrent tout par - pièces. Puis coururent de randon jusques as tentes - et as logeis, et boutèrent le feu dedens. Si tuèrent et - navrèrent pluiseurs de leurs ennemis, ançois que li 20 - host fust estourmis; et puis se retraisent bellement - arrière. Quant li hos fu estourmis et armés, il vinrent - acourant apriès yaus, comme gens tous foursenés. - Et quant messires Gautiers de Mauni vey ces - gens acourir et estourmir en demenant grans hus et 25 - grant cris, il dist tout haut: «Jamais ne soie jou - salués de ma chière amie, se je rentre en chastiel ne - en forterèce, jusques adonc que jou arai l'un de ces - venans versé à terre, ou jou y serai versés!» Lors se - retourna il, le glave ou poing, par devers les ennemis. 30 - Ossi fisent li doi frère de Leindehale, li Haze de - Braibant, messires Yves de Tigueri, messires Galerans - de Landreniaus et pluiseur aultre compagnon, - et brocièrent à premiers venans. Si en fisent pluiseurs - verser, les gambes contremont. Ossi en y eut - des leurs versés. - - Là commença uns très fors hustins, car tout dis 5 - venoient avant cil de l'host. Si monteplioit leurs - effors, par quoi il convenoit les Englès et les Bretons - retraire tout bellement par devers leur forterèce. - Là peuist on veoir d'une part et d'autre belles - envayes, belles rescousses, biaus fais d'armes et des 10 - belles proèces grant fuison. Sour tous les aultres - le faisoit bien et en avoit le los et le huée li gentilz - chevaliers, messires Gautiers de Mauni. Et ossi - moult vassaument s'i maintinrent tout si compagnon, - et s'i combatirent très bien. Quant il veirent 15 - que tamps fu de retraire, si se retraisent bellement et - sagement jusques à leurs fossés, et là rendirent il estal - jusques à tant que leurs gens furent entret à sauveté. - Mais saciés que li aultre arcier, qui point n'avoient - esté à abatre les engiens, estoient issu de le ville et 20 - rengiés sus les fossés, et traioient si fortement qu'il - fisent tous chiaus de l'host reculer, qui eurent grant - fuison d'ommes et de chevaus mors et navrés. Quant - cil de l'host veirent que leurs gens estoient au bersail - et qu'il perdoient sans riens conquester, il fisent 25 - leur gens retraire à leurs logeis. Et quant il furent tout - retrait, cil de le ville se retraisent ossi, cescuns à son - hostel. Qui adonc veist la contesse descendre dou - chastiel à grant chière, et baisier monsigneur Gautier - de Mauni et ses compagnons, les uns apriès les aultres, 30 - deus fois ou trois, bien peuist dire que c'estoit - une vaillans dame. - - - § 170. A l'endemain, messires Loeis d'Espagne appella - le visconte de Rohem, l'evesque de Lyon, monsigneur - Hervi de Lyon et le mestre des Geneuois, pour - avoir avis et conseil qu'il feroient et comment il se - maintenroient, car il veoient le ville de Hembon si 5 - forte et le secours qui venus y estoit, meismement - les arciés qui tous les desconfisoient. Par quoi, il - perdoient le tamps pour noient, et aleuoient à - demorer là, et ne veoient tour ne voie par quoi il - y peuissent riens conquester. Si se accordèrent tout à 10 - çou que il se deslogeroient à l'endemain et se trairoient - par devers le chastiel d'Auroy, là où messires - Charles de Blois estoit à siège fait, et li aultre signeur - de France. L'endemain, bien matin, il deffisent leurs - logeis et se traisent celle part, si com ordonné l'avoient. 15 - Chil de le ville fisent grans hus apriès yaus, - quant il les veirent deslogiet. Et aucun issirent après - yaus pour aventurer, mais il furent racaciet arrière, - et perdirent de leurs compagnons, ançois qu'il peuissent - estre retrait à le ville. 20 - - Quant messires Loeis d'Espagne et toute sa carge - de gens d'armes furent venu en l'ost monsigneur - Charles de Blois, il li conta le raison pour quoi il - avoit laissiet le siège de devant Hembon. Adonc ordonnèrent - il entre yaus, par grant deliberation, que 25 - li dis messires Loeis et cil qui estoient venu avoech - li iroient assegier le bonne ville de Dinant qui n'estoit - fremée fors que d'yawe et de palis. Ensi demora - la ville de Hembon en pais une grant pièce, - et fu reforcie et rafrescie moult durement. Li dis 30 - messires Loeis s'en ala adonc à tout son host assegier - Dinant. Ensi qu'il s'en aloit, il passa assés - priès d'un viés chastiel que on clamoit Conquest. Et - en estoit chastellains, de par le contesse, uns chevaliers - de Lombardie, bons guerriières et hardis, qui - s'appeloit messires Mansion, et avoit pluiseurs saudoiiers - avoech li. Quant li dis messires Loeis entendi 5 - que li chastiaus estoit de l'accord le contesse, il fist - traire son host celle part et assallir le chastiel fortement. - Chil dedens se deffendirent si bien que li assaus - dura jusques à le nuit, et se loga li hos là endroit. - L'endemain, il fist l'assaut recommencier. Li assallant 10 - approcièrent si priès des murs qu'il y fissent un - grant trau, car li fosset n'estoient mies moult parfont. - Si entrèrent ens par force et misent à mort tous - chiaus dou chastiel, exceptet le chevalier qu'il prisent - à prisonnier; et y establirent un aultre chastelain 15 - bon et seur et soixante compagnons avoec li, pour - garder le chastiel. Puis s'en parti li dis messires Loeis - et s'en ala assegier le bonne ville de Dinant. - - La contesse de Monfort et messires Gautiers de - Mauni entendirent ces nouvelles que messires Loeis 20 - d'Espagne et toute son host estoit arrestés par devant - le chastiel de Conquest. Si appella messires - Gautiers tous les compagnons saudoiiers, et leur dist - que ce seroit trop noble aventure pour yaus tous, - se il pooient deslogier le dit chastiel et desconfire le 25 - dit monsigneur Loeis et toute son host, et que onques - si grant honneur n'avint à gens d'armes qu'il - leur avenroient. Tout li compagnon s'i acordèrent et - se partirent l'endemain au matin de Haimbon, et s'en - alèrent celle part de si grant volenté que petit en demora 30 - en le ville. Tant chevaucièrent qu'il vinrent environ - nonne au chastiel de Conquest, et trouvèrent - qu'il avoit esté conquis par force le jour devant, et - cil de dedens tout occis, excepté le chevalier monsigneur - Mansion qui le gardoit. Et l'avoient li François - repourveu et rafresci de nouvelle gent. Quant messires - Gautiers entendi çou, et que messires Loeis estoit 5 - alés assegier le ville de Dinant, il en eut grant - doel, pour tant qu'il ne se pooit combatre à lui. Si - dist à ses compagnons qu'il ne se partiroit de là, si - saroit quelz gens il avoit ou chastiel, et comment il - avoit estet perdus. Si se apparillièrent il et si compagnon, 10 - pour assallir le chastiel, et montèrent tout - targiet contremont. Quant li Espagnol qui dedens estoient - les veirent en tel manière venir, il se deffendirent - tant qu'il peurent. Et cil de dehors les assallirent - si fortement et les tinrent si priès de traire qu'il 15 - approcièrent les murs, maugré chiaus dou chastiel, - et trouvèrent le trau del mur, par quoi il avoient le - jour devant gaegniet le chastiel. Si entrèrent ens par - ce trau meismes, et tuèrent tous les Espagnolz, excepté - dix que aucun chevalier prisent à merci. Puis 20 - se retraisent li Englès et li Breton par devers Hembon, - car il ne l'osoient durement eslongier; et laissièrent le - chastiel de Conquest tout seul et sans garde, car il - veirent bien que il ne faisoit mies à tenir. - - - § 171. Or revenrai à monsigneur Loeis d'Espagne 25 - qui fist logier son host tout au tour de la ville de - Dinant en Bretagne, et fist tantost faire petits batiaus - et nacelles, pour assallir le ville de toutes pars, par - terre et par yawe. Quant li bourgois de le ville veirent - chou, et bien savoient que lor ville n'estoit fremée 30 - fors que de palis, il eurent paour, grans et petis, - de perdre corps et avoir. Si se accordèrent communement - qu'il se renderoient, salves leurs corps et leur - avoir, si qu'il fisent au quart jour que li hos fu venus - là, maugré leur chapitainne monsigneur Renault de - Ginghant et le tuèrent (tout en my le marchiet[391]), pour 5 - tant qu'il ne s'i voloit acorder. Quant messires Loeis - d'Espagne eut esté en le ville de Dignant par deux - jours, et ot pris le feaulté des bourgois, il leur donna - pour chapitainne celui Gerard de Malain, escuier, que - il trouva laiens prisonnier, et monsigneur Pière Portebuef 10 - avoech lui. Puis s'en ala à tout son host par devers - une grosse ville seans sus le flun de le mer, que - on claime Garlande, et le assega par terre. Et trouva - assés priès grant fuison de naves et de vaissiaus plainnes - de vins que marcheant avoient là amenet de 15 - Poito et de Le Rocelle pour vendre. Si euren tantost - vendut li marchant leurs vins, et furent mal paiiet. - Et puis fist li dis messires Loeis prendre toutes ces - naves, et ens monter gens d'armes et partie des Espagnols - et des Geneuois. Puis fist l'endemain assallir le 20 - ville par terre et par mer, qui ne se pot longement - deffendre; ains fu assés tost gaegnie par force, et - tantost toute robée, et tout mis à l'espée, femmes et - hommes et enfans, et cinq eglises arses et violées: - dont messires Loeis fu durement courouciés. Si fist 25 - tantost pour chou pendre vingt et quatre de chiaus - qui chou avoient fait. Là eut gaegniet très grant tresor, - si ques cescuns en eut tant qu'il en peut porter, car - la ville estoit durement grande et rice et marceande. - - [391] Mss. B4, 3, fo 82.--Ms. B 1, fo 123 vo (lacune). - - Quant celle grosse ville, qui Garlande estoit appellée, 30 - fu ensi gaegnie et robée et essillie, il ne sceurent - où aler plus avant pour gaegnier. Si se mist li dis - messires Loeis en ces vaissiaus qu'il avait trouvés, sus - mer, en le compagnie de monsigneur Othon Doriie - et de Toudou et de aucuns Geneuois et Espagnolz, 5 - pour aler aucune part, pour aventurer sus le marine. - Et li viscontes de Roem, li evesques de Lyon, messires - Hervis, ses niés, et tout li aultre s'en revinrent - en l'ost monsigneur Charle de Blois, qui encores seoit - devant le chastiel d'Auroy. Et trouvèrent grant fuison 10 - de signeurs et de chevaliers de France, qui nouvellement - estoient là venus, telz que monsigneur Loeis - de Poitiers conte de Valence, le conte d'Auçoirre, - le conte de Portiien, le conte de Joni, le conte de - Boulongne et pluiseurs aultres, dont li rois Phelippes 15 - les y avoit envoiiés pour reconforter son neveu; et - aucun y estoient venu de leur volenté, pour venir - veoir et servir monsigneur Charle de Blois. Et encores - n'estoit li fors chastiaus d'Auroy gaegniés. Mais - chil de dedens estoient si près menet et apresset de 20 - famine qu'il avoient mengiet par huit jours tous - leurs chevaus; et ne les voloit on prendre à merci, - s'il ne se rendoient simplement. Quant il veirent - que morir les couvenoit, il issirent hors couvertement - par nuit, et se misent en le volenté de Dieu, 25 - et passèrent tout parmi l'ost, à l'un des costés. Aucun - en furent perceu et tuet. Mais messires Henris de - Pennefort et messires Oliviers ses frères et pluiseur - aultre se sauvèrent par un bosket qui là estoit, et en - alèrent droit à Hembon devers le contesse et les 30 - compagnons, chevaliers englès et bretons, qui les - rechurent liement. - - Ensi reconquist messires Charles de Blois le fort - chastiel d'Auroi, et par affamer ceulx qui le gardoient, - là où il avoit sis par l'espasse de dix sepmainnes - et plus. Si le fist reffaire et rappareillier - et bien garnir de gens d'armes et de toutes pourveances; 5 - et puis s'en ala à tout son ost assegier - le cité de Vennes, dont messires Joffrois de Malatrait - estoit chapitains, et se loga tout au tour. A - l'endemain, aucun compagnon breton et saudoiier, - qui gisoient en une ville que on claime Plaremiel, 10 - issirent hors et se misent en aventure de gaegnier. - Si vinrent estourmir l'ost monsigneur Charle, et se - ferirent à l'un des corons secretement; mais il furent - enclos quant li hos fu estourmis, et perdirent de - leurs gens grossement. Li aultre s'en fuirent et furent 15 - sievi jusques assés priès de Plaremiel, qui estoit - assés priès de Vennes. Quant cil de l'host qui estoient - armet furent revenu de le cace, il alèrent de ce - retour meismes assallir le ville de Vennes fortement - et radement, et gaegnièrent par force les bailles jusques 20 - à le porte de le cité. Là eut très fort assaut, et - pluiseurs mors et navrés d'une part et d'autre, et - dura jusques à le nuit. Adonc fu acordé uns respis - qui devoit durer l'endemain tout le jour, pour les - bourgois consillier, s'il se vorroient rendre ou non. 25 - A lendemain, il furent si consilliet qu'il se rendirent, - maugret monsigneur Joffroi de Malatret leur chapitainne. - Et quant il vei chou, il se mist hors de le - cité desconnuement, endementrues que on parlementoit, - et s'en ala par devers Hembon. Et li parlemens 30 - se fist ensi, que messires Charles de Blois et - tout li signeur entrèrent en le cité, et prisent le - feaulté des bourgois, et se reposèrent en le cité par - cinq jours. Puis s'en partirent et alèrent assegier une - aultre forterèce et bonne cité que on claime Craais. - Or lairai à parler un petit d'yaus, et retourrai à - monsigneur Loeis d'Espagne qui s'estoit mis en mer, 5 - ensi que vous avés oy ci dessus. - - - § 172. Saciés que, quant messires Loeis d'Espagne - fu montés, au port de Garlande, sus mer, il et se - compagnie alèrent tant nagant par mer qu'il arrivèrent - en le Bretagne bretonnant, au port de Camperli 10 - et assés priès de Camper Corentin et de Saint Mahieu - de Fine Poterne; et issirent des naves, et alèrent ardoir - et rober tout le pays. Et trouvèrent si grant - avoir que merveilles seroit dou raconter; si le raportoient - tout en leurs naves, et puis aloient d'autre 15 - part rober, et ne trouvoient qui leur deffendesist. - - Quant messires Gautiers de Mauni et messires Amauris - de Cliçon sceurent les nouvelles de monsigneur - Loeis d'Espagne et de ses compagnons, il eurent conseil - qu'il iroient celle part. Puis le descouvrirent à 20 - monsigneur Yvon de Trigri, au chastelain de Gingant, - au signeur de Landreniaus, à monsigneur Guillaume - de Quadudal, as deus frères de Pennefort, et à tous - les chevaliers qui là estoient dedens Hembon, qui - tout s'i acordèrent de bonne volenté. Lors se misent 25 - tout en leurs vaissiaus, et prisent trois mille arciers - avoecques yaus, et ne cessèrent de nagier jusques à - tant qu'il vinrent droit au port, là où les naves monsigneur - Loeis estoient ancrées. Si entrèrent dedans, - et tuèrent tous chiaus qui les naves gardoient. Et 30 - trouvèrent ens si grant avoir qu'il s'en esmervillièrent - durement, que li Geneuois et li Espagnol avoient - là dedens aportet. Puis se misent à terre, et veirent - en pluiseurs lieus villes et maisons ardoir. Si se partirent - en trois batailles, par grant sens, pour plus tost - trouver leurs ennemis, et laissièrent trois cens arciers 5 - pour garder leur navie et l'avoir qu'il avoient gaegniet; - puis se misent à le voie par devers les fumières - par pluiseurs chemins. - - Ces nouvelles vinrent à monsigneur Loeis d'Espagne - que li Englès estoient arrivet efforciement et le queroient. 10 - Si rassambla toutes ses gens, et se mist au retour - par devers ses naves, pour entrer dedens. Ensi - qu'il s'en revenoit, tout cil dou pays le poursievoient, - hommes et femmes qui avoient perdu lor avoir; et il - se hastoit tant qu'il pooit. Si encontra l'une des trois 15 - batailles, et vey bien que combatre le couvenoit. Se - se mist tantost en bon couvenant, car il estoit hardis - chevaliers et confortés durement. Et fist là aucuns - chevaliers nouviaus, et especialment un sien neveut - que on appelloit Aufons. Si se ferirent li dis messires 20 - Loeis d'Espagne et ses gens en ceste première bataille - si radement qu'il en ruèrent tamaint par terre; - et euist esté tantost toute nettement desconfite et - sans remède, se n'euissent esté les aultres deus batailles - qui y sourvinrent, par le cri et le hu qu'il 25 - avoient oy des gens dou pays. Lors commença li - hustins à renforcer, et li arcier si fort à traire que - Geneuois et Espagnol furent desconfit et priès que - tout mort et tuet à grant meschief, car cil dou - pays qui les sievoient à bourlès et à pikes y sourvinrent, 30 - qui les partuèrent tous, et rescouoient ce qu'il - pooient de leur perte: si ques à grant meschief li - dis messires Loeis se parti de le bataille, durement - navrés en pluiseurs lius, et s'en afui par devers ses - naves, tous desconfis. Et ne ramena de bien sis mille - hommes qu'il avoit avoech lui plus hault de trois - cens; et y laissa mort son neveu que moult amoit, 5 - monsigneur Aufons d'Espagne, dont il estoit en coer - et fu puissedi moult destrois, mais amender ne le peut. - - Quant il fu venus à ses naves, il cuida ens entrer, - mais il les trouva si bien gardées qu'il ne - peut ens entrer. Si se mist en un vaissiel que on 10 - claime lique, à grant meschief et à grant haste, à tout - ce de gens qu'il avoit d'escapés, et se mist à nagier - fortement en voies. Quant cil chevalier d'Engleterre - et de Bretagne dessus nommet eurent desconfis leurs - ennemis, et il perçurent que li dis messires Loeis 15 - s'en estoit partis et alés par devers les vaissiaus, il se - misent tout à aler après lui tant qu'il purent, et - laissièrent les gens del pays couvenir del remanant - et yaus vengier, et reprendre partie de chou que on - leur avoit robet. Quant il furent venu à leurs vaissiaus, 20 - il trouvèrent que li dis messires Loeis estoit - entrés en une lique qu'il avoit trouvet, et s'en aloit - fuiant tant qu'il pooit. Il entrèrent tantost ens ès - plus appareilliés vaissiaus qu'il trouvèrent là, et nagièrent - tant qu'il purent apriès le dit monsigneur 25 - Loeis, car il leur estoit avis qu'il n'avoient riens fait, - se li dis messires Loeis leur escapoit. Il eurent bon - vent si com à souhet, et le veoient toutdis nagier - devant yaus si fortement qu'il ne le pooient raconsievir. - Tant nagièrent à force de bras li maronnier 30 - monsigneur Loys qu'il parvinrent à un port que on - claime le port de Gredo. Là descendi li dis messires - Loeis et cil qui escapet estoient avoecques lui, et entrèrent - en le ville de Gredo. Il ne furent mies gramment - arresté en le ditte ville, quant il oïrent dire que li - Englès estoient arrivé, et qu'il descendoient pour yaus - combatre. Adonc se hasta li dis messires Loeis, qui 5 - ne se vei meis à pareçon contre yaus; et monta sour - petis chevaus qu'il emprunta en le ville, et s'en ala - droit par devers le cité de Rennes qui estoit assés - priès de là. Et montèrent ossi ses gens, qui peurent - recouvrer de chevaus; et qui ne peurent, il se partirent 10 - tout à pied, sievans leurs mestres. Si en y eut - pluiseurs des lassés et des mal montés ratains et raconsievis, - qui eurent mal finet quant il cheirent ens - ès mains de leurs ennemis. Toutes fois, li dis messires - Loeis d'Espagne se sauva, et ne le peurent li 15 - Englès raconsievir, et s'en vint à petite compagnie - en le cité de Rennes. - - Et li Englès et li Breton s'en retournèrent et vinrent - à Gredo, et là se reposèrent celle nuit. L'endemain, - il se remisent en chemin par mer, pour revenir 20 - à Hembon par devers le contesse leur dame, - mais il eurent vent contraire. Si leur couvint prendre - terre à trois liewes priès de le ville de Dinant; - puis se misent au chemin par terre, ensi qu'il peurent, - et gastèrent le pays entours Dinant. Et prendoient 25 - chevaus telz que cescuns pooit trouver, li - uns à selle, li aultres sans selle, et alèrent tant - qu'il vinrent une nuit assés priès de Roceperiot. - Quant il furent là venu, messires Gautiers de Mauni - dist certainement à ses compagnons: «Signeur, jou 30 - iroie volentiers assallir à ce fort chastiel, se jou - avoie compagnie, com travilliés que je soie, pour - assaiier se nous y porions riens conquester.» Li - aultre chevalier respondirent tuit: «Sire, alés y - hardiement, nous vous sievrons jusques à le mort.» - Adonc se misent tout à monter contremont le montagne, - tous apparilliés d'assallir. A ce point estoit laiens 5 - ycilz escuiers que on clamoit Gerard de Malain, com - chastelains, qui avoit esté prisonniers à Dignant, si - com vous avés oy, li quelz fist armer apertement toutes - ses gens et traire as garites et as deffenses; et ne se - mist point derrière, mais vint o toutes ses gens pour 10 - deffendre le chastiel. Là ot un fort assaut, dur et perilleus, - et y eut pluiseurs chevaliers et escuiers navrés, - entre les quelz messires Jehans li Boutilliers et - messires Mahieus de Frenai furent durement bleciet; - et tant qu'il les couvint raporter aval et mettre 15 - gesir en un pré avoecques les autres navrés. - - - § 173. Cilz Gerars de Malain avoit un frère, hardi - escuier et conforté durement, que on clamoit Renier - de Malain, et estoit chastelains d'un aultre petit fort - que on appelloit Fauet, qui siet à mains d'une liewe 20 - priès de Roceperiot. Quant cilz Reniers entendi que - Breton et Englès assalloient son frère, il fist armer - de ses compagnons jusques à quarante. Si issi hors - et chevauça devers Roceperiot, pour aventurer et - pour veoir se il poroit en aucune manière son frère 25 - valoir ne aidier. Se li avint si bien qu'il sourvint - sour ces chevaliers et escuiers navrés et sour leur - mesnie, qui gisoient desous le chastiel en un pré. Si - leur courut seure et prist les deux chevaliers et les - escuiers navrés, et les en fist porter et emmener par 30 - devers Fauet sa garnison en prison, ensi bleciet qu'il - estoient. Aucun de leur mesnie s'en afuirent à monsigneur - Gautier de Mauni, à monsigneur Amauri de - Cliçon et as autres chevaliers qui estoient durement - ententieu d'assallir, et leur disent l'aventure comment - on emmenoit ces chevaliers et escuiers par devers 5 - Fauet en prison, et comment il avoient estet pris. - - Quant li chevalier entendirent ces nouvelles, il furent - trop durement courouciet, et fisent cesser l'assaut, - et se misent à l'aler, tant qu'il peurent, qui - mieulz mieulz, par devers Fauet, pour raconsievir, se 10 - ilz peuissent, chiaus qui emmenoient ces prisons. Mais - il ne se peurent tant haster que li dis Reniers de Malain - ne fust ançois rentrés en son chastiel à tout ses - prisons, qu'il peuissent venir là. Quant il furent là - venu, li uns devant, li aultres après, il commencièrent 15 - à assallir, si travilliet qu'il estoient; mais petit y fisent - adonc, car li dis Reniers et si compagnon se deffendoient - vassaument. Et jà estoit tart, et tuit estoient - travilliet durement. Si eurent conseil qu'il se logeroient - et se reposeroient celle nuit, pour mieus assallir 20 - à l'endemain. - - - § 174. Gerars de Malain sceut, tantost que cil signeur - se furent parti de là, le biau fet d'armes que - ses frères Reniers avoit fait pour lui secourre; si en - eut grant joie. Et sceut que cil signeur estoient pour 25 - çou trais par devant Fauet et le conquerroient, s'il - pooient. Si se apensa que il feroit ossi biel service à - son frère, se il pooit, que ses frères li avoit fait. Si - monta tout par nuit sour son cheval et vint, un petit - devant le jour, à Dinant, et fist tant qu'il parla tantost 30 - à monsigneur Pière Portebuef, son bon compagnon, - qui estoit chapitainne et souverains de Dinant avoech - lui, si com vous avés oy, et li conta l'aventure et - pour quoi il estoit là venus. Si eurent conseil que, - sitos que jours seroit, il assambleroit tous les bourgois - de le ville, et leur demoustreroit le besongne, et 5 - les feroit armer, s'il pooit, pour aler dessegier le - chastiel de Fauet. Quant grans jours fu, et tout li - bourgois furent assamblé en le halle de le ville, Gerars - de Malain leur remoustra le besongne si bellement - que li bourgois et li saudoiier furent d'acord 10 - d'yaus armer, et de partir tantost, et d'aler là où on - les vorroit mener; et fisent sonner la bancloke, et - s'armèrent toutes gens. Puis issirent hors et se misent - à le voie, tant qu'il peurent, par devers Fauet, - et estoient bien sis mille hommes, uns et autres. 15 - Messires Gautiers de Mauni et li aultre signeur le - sceurent tantos par une espie. Si eurent conseil ensamble - pour regarder et aviser quel cose leur seroit - bon à faire: si ques, tout consideret le bien et le - mal, il se acordèrent à che que il se partiroient de 20 - là et s'en retrairoient, ensi qu'il poroient, par devers - Hembon, car grans meschiés leur poroit avenir, s'il - demoroient longement là. Car, se cil de Dinant leur - venoient d'une part, et li hos monsigneur Charle et - des signeurs de France d'autre, il seroient enclos. Si 25 - seroient tout pris ou mors, à le volenté de leurs ennemis. - Si se acordèrent à che que leurs milleurs poins - estoit de laissier leurs compagnons en prison, que - tout perdre, jusques adonc qu'il le poroient amender. - Lors se partirent de là, et se misent à le voie pour 30 - revenir à Hembon. - - Ensi qu'il revenoient vers Hembon, il vinrent passant - par devant un chastiel que on claime Ghoy le - Forest, qui quinze jours devant estoit rendus à monsigneur - Charle de Blois. Et l'avoit li dis monsigneur - Charle livret pour garder à monsigneur Hervi - de Lyon et à monsigneur Gui de Ghoy, qui en devant 5 - le tenoit. Li quel doy chevalier n'estoient point - laiens, quant cil signeur englès et breton vinrent - là passant; ains estoient en l'ost monsigneur Charle, - avoecques les signeurs de France, par devant le - ville de Craais qu'il avoient assegiet. Quant messires 10 - Gautiers de Mauni vei le chastiel de Ghoy le - Forest qui estoit merveilleusement fors, il dist à ces - signeurs et chevaliers de Bretagne, qui estoient avoecques - lui, qu'il n'iroit plus avant ne se partiroit de là, - com travilliés qu'il fust, se aroit assallit à ce fort 15 - chastiel, et aroit veu le couvenant de chiaus qui estoient - dedens. Si commanda tantost as arciers que - cescuns le sievist, et à ses compagnons ossi. Puis - prist se targe à son col et monta contremont jusques - as bailles et as fossés dou chastiel, et tout li aultre 20 - Breton et Englès le sievirent. Lors commencièrent - fortement à assallir, et cil de dedens fortement à - yaus deffendre, comment qu'il n'euissent point leur - chapitainne. Là eut très fort assaut et grant fuison - de bien faisans dedens et dehors, et dura longement 25 - jusques à basses vespres. Et cilz bons chevaliers messires - Gautiers de Mauni semonnoit fortement les assallans, - et se mettoit toutdis au devant des aultres - ou plus grant peril. Et li arcier traioient si (ouniement[392]) - que cil dou chastiel ne s'osoient moustrer se 30 - petit non. Si fisent li dis messires Gautiers et si compagnon, - que li fosset furent rempli, à l'un des costés, - d'estrain et de bois, par quoi il parvinrent jusques - as murs, et pikièrent tant de grans maulz de fer, de - pik et de martiaus, que li murs fu trawés une toise 5 - de large. Si entrèrent li dit Englès et Breton dedens - che chastiel par force, et tuèrent tous chiaus qu'il y - trouvèrent, et se logièrent là endroit. L'endemain, il - se misent au chemin, et alèrent tant en tel manière - qu'il vinrent à Hembon. Et d'autre part Gerars de 10 - Malain, qui estoit à Dinant venus querre le secours, - et qui l'en menoit par devers Fauet, esploita tant - avoecques chiaus qu'il en menoit, qu'il parvinrent à - Fauet, et trouvèrent que li Englès et li Breton s'en - estoient parti. Si issi Reniers de Malain contre yaus 15 - et les rechut liement; et se logièrent là ens ès prés - tant qu'il eurent disnet, et puis s'en retournèrent à - Dinant. - - [392] Mss. B4, 3, fo 84.--Ms. B1, fo 127: «onniement.» - - § 175. Quant la contesse de Montfort sceut nouvelles - de le revenue des dessus dis Englès et Bretons, 20 - si en fu grandement resjoie. Si ala contre yaus et les - festia liement, et baisa et acola cescun de grant coer. - Et avoit fait apparillier ens ou chastiel pour yaus - mieulz festiier, et donna à disner moult noblement à - tous les chevaliers et escuiers de renom; et leur demanda 25 - moult ententievement de leurs aventures, - comment que elle en seuist jà grant partie. Cescuns - compta che qu'il en savoit, et des bienfaisans che - que cescuns en avoit veu. Là endroit furent ramenteues - maintes proèces, pluiseurs travaus, maint grant - fait d'armes et perilleus, et maintes hardies emprises 30 - faites par chiaus qui là furent; (ce pèvent et doivent - savoir ceulx qui ont[393]) esté souvent en armes, et les - doit on tenir et reputer pour preus. Mais sus tous - en portoit le huée et le chapelet messires Gautiers - de Mauni. 5 - - [393] Ms. B3, fo 86 vo.--Mss. B1, 4, fo 127 vo: «poent et - doient.» - - A ce point que cil signeur englès et breton furent - revenu à Hembon y messires Charles de Blois avoit - reconquis le bonne cité de Vennes, et avoit assegiet - le bonne (ville[394]) que on claime Craais. Et - l'avoit durement astrainte, par quoi elle ne se pooit 10 - longement tenir sans avoir secours. Par coi la contesse - de Montfort et messires Gautiers de Mauni envoiièrent - tantost au roy Edowart pour segnefiier à - lui comment messires Charles de Blois et li aultre - signeur de France et leurs aidans avoient reconquis 15 - les cités, Rennes, Vennes et les aultres bonnes villes - et chastiaus de Bretagne, et qu'il conquerroient tout - le remanant, s'il ne les venoit secourir temprement. - Chil message se departirent de Hembon, et s'en alèrent - en Engleterre, tant qu'il peurent. Et arivèrent en 20 - Cornuaille, et enquisent et demandèrent là dou roy - où il le trouveroient. Il leur fu dit qu'il estoit à Windesore. - Si chevaucièrent celle part à grant esploit. - - [394] Mss. B4, 3, fo 84 vo.--Ms. B1 (lacune). - - Or nous soufferons nous un petit à parler de ces - messagiers, et retournerons à monsigneur Charle de 25 - Blois et à chiaus de son costé qui avoient assegiet le - ville de Craais; et tant le constraindirent, par assaus - et par engiens, qu'il ne se peurent plus tenir et se - rendirent à monsigneur Charle, salve leurs biens et - leur avoir, li quelz dis messires Charles les prist à - merci. Et cil de Craais li jurèrent feaulté et hommage, - et le recogneurent à signeur. Si y mist li dis - messires Charles nouviaus officiers qui li jurèrent - loyaulté à tenir, et leur delivra un bon chevalier à 5 - chapitainne en qui moult il se confioit. Et sejournèrent - là li dit signeur pour yaus et leurs gens rafreschir, - bien quinze jours. Là en dedens eurent il - conseil et avis qu'il se trairoient par devant le ville - de Hembon. 10 - - - § 176. Adonc se departirent li dessus dit signeur, - baron et chevalier de France, de Craais, et se traisent - moult arreement devant le forte ville de Hembon, - qui durement estoit renforcie et bien ravitaillie et - pourveue de toute artillerie. Et si le assegièrent tout 15 - au tour, si avant comme assegier le peurent. - - Le quatrime jour apriès que cil signeur s'i furent - mis et trait à siège, y vint messires Loeis d'Espagne qui - s'estoit tenus en le cité de Rennes bien six sepmainnes, - et là fait curer et medeciner de ses plaies. Si le 20 - veirent tout li signeur moult volentiers et le reçurent - à grant joie, car il estoit moult honnerés et amés - entre yaus, et tenus pour très bon homme d'armes - et vaillant chevalier. Et telz estoit il vraiement. Et - ossi il y avoit bien cause qu'il le festiaissent, car il 25 - ne l'avoient veu puis la bataille dessus ditte. La - compagnie des signeurs de France estoit grandement - montepliie, et acroissoit tous les jours. Car grant - fuison de signeurs de France et de chevaliers revenoient - de jour en jour dou roy d'Espagne, qui guerrioit 30 - adonc au roy de Grenate et as Sarrasins: si - ques, quant il passoient par Poito et il ooient nouvelles - des guerres qui estoient en Bretagne, il s'en - aloient celle part. - - Li dis messires Charles avoit fait drecier quinze - ou seize grans engiens qui gettoient grandes pières 5 - as murs de Hembon et à le ville. Mais cil de dedens - n'i acontoient nient gramment, car il estoient fort - paveschiet et garitet à l'encontre. Et venoient à chiés - de fois as murs et as crestiaus, et les frotoient et - passoient de leurs caperons par despit. Et puis 10 - crioient, quanqu'il pooient, en disant: «Alés, alés - requerre et raporter vos compagnons qui se reposent - au camp de Camperli!» De quoi, pour ces - parolles, messires Loeis d'Espagne et li Geneuois - avoient grant ireur et grant despit. 15 - - - § 177. Un jour vint li dis messires Loeis d'Espagne - en l'entente monsigneur Charle de Blois et li - demanda un don, present fuison de grans signeurs - de France qui là estoient, en guerredon de tous les - services que fais li avoit. Li dis messires Charles ne 20 - savoit mies quel don il voloit demander, car, se il - le seuist, jamais ne li euist acordé; se li ottria legierement, - pour tant que il se sentoit moult tenus à - lui. Quant li dons fu ottriiés, messires Loeis dist: - «Monsigneur, grant mercis. Je vous pri donc et requier 25 - que vous faites ci venir tantost les deus chevaliers - qui sont en vostre prison en Fauet, monsigneur - Jehan le Boutillier et monsigneur Mahieu de Frenai, - et le(s) me donnés pour faire me volentet: c'est li - dons que je vous demande. Il m'ont cachiet, desconfit 30 - et navret et ont tuet monsigneur Aufons, mon - neveut, que je tant amoie. Si ne m'en sçai aultrement - vengier que je leur ferai les testes coper, par devant - leurs compagnons qui laiens sont enfremet.» Li dis - messires Charles fu tous esbahis, quant il oy monsigneur - Loeis ensi parler. Si li dist courtoisement: 5 - «Certes, sire, les prisons vous deliverai je moult volentiers, - puisque demandés les avés. Mais ce seroit - cruautés et peu d'onneur pour vous et grans blasmes - pour nous tous, se vous faisiés de deus si vaillans - hommes que cil sont, che que dit avés, et nous seroit 10 - à tous jours reprouvet. Et aroient nostre ennemi - bien cause des nostres faire ensi, quant tenir les poront, - et nous ne savons que à venir nous est de jour - en jour. Pour quoi, chiers sires et biaus cousins, si - vous voelliés mieulz aviser.» Messires Loeis d'Espagne 15 - respondi et dist briefment qu'il n'en feroit - aultrement, se tout li signeur del monde en prioient: - «Et se vous ne me tenés couvent, saciés que je me - partirai de ci, et ne vous servirai ne amerai tant que - je vive.» 20 - - Messires Charles vei bien et perçut que c'estoit - acertes: si n'osa couroucier plus avant le dit monsigneur - Loeis; ains envoia tantos certains messages - au chastellain de Fauet, pour les dessus dis - chevaliers amener en son host. Ensi que commandé 25 - fu, ensi fu fait. Li doi chevalier furent amenet un - jour assés matin en le tente monsigneur Charle de - Blois. Quant messires Loeis d'Espagne les sceut - venus, il les ala tantost ve(o)ir. Ossi fisent pluiseur des - signeurs et des chevaliers qui les seurent venus. 30 - Quant li dis messires Loeis les vit, il leur dist: - «Ha! signeur chevalier, vous m'avés bleciet del - corps et ostet de vie mon chier neveu que je tant - amoie. Si convient que vostre vie vous soit ossi - (ostée[395]). De chou ne vous poet nuls garandir. Si - vous poés confesser, s'il vous plest, et priier merci à - Nostre Signeur, car vos daarrains jours est venus.» Li 5 - doi chevalier furent durement abaubit de ces parolles, - ce fu bien raisons, et disent qu'il ne pooient - croire que vaillans hommes ne gens d'armes deuissent - faire ne consentir tèle cruaulté que de mettre à - mort chevaliers (pris[396]) en fais d'armes, pour guerres 10 - de signeurs; et se fait estoit par oultrage, aultre gent - pluiseur, chevalier et escuier, le poront bien comparer - en semblable cas. Li aultre signeur, qui là estoient - et ooient ces parolles, en avoient grant pité. - Mais, pour priière ne pour pluiseurs bonnes raisons 15 - que il peuissent faire ne moustrer au dit monsigneur - Loeis, il ne le peurent oster de son pourpos qu'il ne - convenist que li doi dessus dit chevalier ne fuissent - decolet apriès disner, tant estoit li dis messires Loeis - courouciés et aïrés sur yaus. 20 - - [395] Mss. B4, 3, fo 85 vo.--Ms. B1, fo 129 (lacune). - - [396] Mss. B4, 3, fo 85, vo.--Ms. B1 (lacune). - - - § 178. Toutes les parolles, demandes et responses, - qui premiers furent dittes entre monsigneur Charle - et le dit monsigneur Loeis à l'ocquison de ces deus - chevaliers, furent tantost sceues à monsigneur Gautier - de Mauni et à monsigneur Amauri de Cliçon, par 25 - espies qui toutdis aloient couvertement de l'une - host en l'autre. Ossi furent toutes ces parolles daarrainnement - dittes, quant li doi chevalier furent amenet - en le tente monsigneur Charle. Et quant messires - Gautiers de Mauni et messires Amauris de - Cliçon oïrent ces nouvelles et entendirent que c'estoit - acertes, il en eurent grant pité. Si appellèrent - aucuns de leurs compagnons et leur remoustrèrent 5 - le meschief des deux chevaliers leurs compagnons, - pour avoir conseil qu'il en poroient faire. Puis commencièrent - à penser, li uns (chà[397]) et li aultres là, et n'en - savoient qu'aviser. Au daarrain, commença à parler li - preus chevaliers messires Gautiers de Mauni et dist: 10 - «Signeur compagnon, ce seroit grans honneurs pour - nous, se nous poyons ces deus chevaliers sauver. - Et, se nous nos metons en aventure dou faire, et se - falissiens, si nous en saroit li rois Edowars, nos sires, - grant gré. Ossi feroient tout preudomme qui en 15 - oroient parler, quant nous en arions fait nostre - pooir. Si vous en dirai mon avis, se vous avés talent - de l'entreprendre. Car il me samble que on doit - bien le corps aventurer, pour les vies de deus vaillans - chevaliers sauver. Jou ay visé, se il vous plaist, 20 - que nous nos irons armer, et nous partirons en deus - pars, dont li une des pars istera maintenant, ensi - que on disnera, par ceste porte; et si en iront li - compagnon rengier et moustrer sus ces fossés, pour - estourmir l'ost et pour escarmucier. Bien croi que 25 - tout cil de l'host acourront tantost celle part. Vous, - messires Amauris, en serés chapitainne, s'il vous - plest, et arés avoecques vous mille bons arciers, - pour les sourvenans detriier et faire reculer. Et je - prenderai cent de nos campagnons et cinq cens arciers, 30 - et isterons par celle posterne d'autre part couvertement, - et venrons par derrière ferir en lors logeis - que nous trouverons vuides. Jou ay moult bien - avoecques mi tèle gent, qui scèvent bien le voie as - tentes monsigneur Charle, là où li doi chevalier sont. 5 - Si me trairai celle part, et je vous creanch que jou - et mi compagnon ferons nostre pooir dou delivrer, - et les ramenrons à sauveté, s'il plest à Dieu.» - - [397] Mss. B4, 3 fo 85 vo.--Ms. B1 (lacune). - -Cilz consaulz et avis plaisi à tous; et se alèrent armer et apparillier -incontinent. Et se parti droit sus 10 l'eure dou disner messires -Amauris de Cliçon à trois cens armeures de fier et mille arciers, (et -fist ouvrir[398]) le souverainne porte de le ville de Hembon, dont li -chemins aloit droit en l'ost. Si coururent li Englès et li Breton, qui -à cheval estoient, jusques en l'ost, 15 en demenant grans cris et grans -hus. Et commencièrent à reverser et à abatre tentes et trés, et à tuer -et decoper gens où il les trouvoient. Li hos qui fu toute effraée se -commença à estourmir. Et se armèrent toutes manières de gens au plus -tost qu'il peurent, 20 et se traisent devers les Englès et Bretons qui -les recueilloient vistement. Là eut dure escarmuce et forte, et maint -homme reversé d'un lés et d'autre. Quant messires Amauris de Cliçon vei -que li hos s'estourmissoit, et que priès estoient tout armé et 25 trait -sus les camps, il retraist ses gens tout bellement, et tout en -combatant, jusques devant les bailles de le ville. Adonc s'arrestèrent -il là tout quoi. Et li arcier estoient tout rengié sus le chemin, d'un -lés et d'autre, qui traioient saiettes à pooir; et Geneuois retraioient -30 ossi efforciement contre yaus. Là commença li hustins grans et -fors; et y acoururent cil de l'host que onques nulz n'i demora, fors li -varlet. - - [398] Mss. B4, 3, fo 86.--Ms. B1, fo 129 vo (lacune). - - Endementrues, messires Gautiers de Mauni et se - route issirent par une posterne couvertement, et vinrent 5 - par derrière l'ost ens ès tentez et ens ès logeis des - signeurs de France. Onques ne trouvèrent homme qui - leur veast, car tout estoient à l'escarmuce devant les - fossés. Et s'en vint li dis messires Gautiers de Mauni - tout droit, car bien avoit qui le menoit en le tente 10 - monsigneur Charle de Blois. Et trouva les deus chevaliers, - monsigneur Hubert de Frenai et monsigneur - Jehan le Boutillier, qui n'estoient mies à leur aise; - mais il le furent si tost qu'il veirent monsigneur - Gautier et se route, ce fu bien raisons. Si furent 15 - tantost montés sus bons coursiers que on leur avoit - amenés. Si se partirent et furent ensi rescous, et - rentrèrent dedens Hembon par le posterne meismes - par où il estoient issu. Et vint la contesse de Montfort - contre yaus, qui les rechut à grant joie. 20 - - - § 179. Encores se combatoient li Englès et li Breton - qui estoient devant les barrières et ensonnioient, - de fait avisé, chiaus de l'host tant que li doy chevalier - fuissent rescous, qui jà l'estoient. Et en vinrent - les nouvelles as signeurs de France qui se tenoient à 25 - l'escarmuce. Et leur fu dit: «Signeur, signeur, vous - gardés mal vos prisonniers; jà les ont rescous cil de - Hembon et remis dedens leur forterèce.» Quant - messires Loeis d'Espagne, qui là estoit à l'assaut, entendi - chou, si fu durement courouciés, et se tint 30 - ensi que pour tous deceus. Et demanda quel part li - Englès et li Breton estoient, qui rescous les avoient. - On li respondi qu'il estoient jà ou priès retrait en - leur garnison. Dont se retrest messires Loeis d'Espagne - vers les logeis tous mautalentis, et laissa la - bataille, si com par anoy. Ossi se commencièrent 5 - à retraire toutes aultres manières de gens. En che - retret furent pris doi chevalier breton de le partie le - contesse, qui trop s'avancièrent: che furent li sires - de Landreniaus et li chastellains de Ginghant, dont - messires Charles de Blois eut grant joie. Depuis que 10 - cil de Hembon furent retrait, et cil de l'host ossi, - menèrent li Englès grant joie et grant reviel de leurs - deux chevaliers qu'il ravoient, et en loèrent grandement - monseigneur Gautier de Mauni; et disent bien - que par son sens et se hardie entrepresure il avoient 20 - été rescous. Ensi se portèrent il d'une part et d'autre. - Celle meisme nuit, furent en le tente monsigneur - Charle de Blois tant preeciet et si bien li chevalier - breton dessus nommet, qu'il se tournèrent de le partie - monsigneur Charle, et li fisent feaulté et hommage, - et relenquirent la contesse qui maint bien lor - avoit fait et pluiseurs dons donnés. De quoi on parla - moult et murmura sus leur afaire dedens le ville de - Hembon. - - Trois jours apriès ceste avenue, tout cil signeur de 25 - France, qui là estoient au siège par devant Hembon, - se assemblèrent en le tente monsigneur Charle de - Blois, pour avoir conseil qu'il feroient, et comment il - se maintenroient de ce jour en avant. Et bien lor - besongnoit d'avoir bon conseil, car il veoient bien que 30 - li ville et li chastiaus de Hembon estoient si fort - qu'il n'estoient mies pour gaegnier, tant avoit dedens - de bonnes gens d'armes qui moult petit les doubtoient, - ensi qu'il estoit apparut; et leur venoient tous - les jours pourveances et vitailles par le mer. D'autre - part, li pays d'entour estoient si gastet qu'il ne savoient - mies où aler fourer. Et si leur estoit li yvier 5 - proçains, par quoi il ne pooient là longement demorer: - si ques, tous ces poins considerés, il s'acordèrent - tout communalment qu'il se partiroient de là. - Et consillièrent en bonne foy à monseigneur Charle - de Blois qu'il mesist par toutes les cités, les bonnes 10 - villes et les forterèces qu'il avoit conquises, bonnes - garnisons et fortes, et si vaillans chapitains qu'il se - peuist affiier en leur garde; par quoi li ennemi ne les - peuissent reconquerre; et se ossi aucuns vaillans homs - se voloit entremettre de prendre et de donner une 15 - triewe jusques à la Pentecouste, il s'i acordast legierement. - - - § 180. A ce conseil se tinrent tout cil qui là estoient, - car c'estoit entre le Saint Remi et le Toussains, - l'an de grasce mil trois cens quarante deux, que li 20 - yviers approçoit. Si se partirent tout cil de l'host, - signeur et aultre; si s'en rala cescuns en se contrée. - Et li dis messires Charle de Blois s'en ala droit par - devers le ville de Craais à tout ces barons et nobles - signeurs de Bretagne, qu'il avoit là endroit de se 25 - partie; si retint avoech li pluiseurs signeurs et chevaliers - de France pour lui aidier à consillier. Quant - il fu venus à Craais, entrues qu'il entendoit à ordener - de ses besongnes et de ses garnisons, il avint que - uns riches bourgois et grans marcheans, qui estoit 30 - de le ville que on claime Jugon, fu encontrés de son - mareschal monseigneur Robert de Biaumanoir, et fu - pris et amenés à Craais par devant monsigneur - Charle de Blois. Chilz bourgois faisoit toutes les - pourveances madame la contesse de Montfort à Jugon - et aultre part, et estoit moult amés et creus en le 5 - ville de Jugon qui est moult fortement fremée et sciet - très noblement. Ossi fait li chastiaus, qui est biaus et - fors, et de le partie le contesse dessus ditte. Et en - estoit chastelains adonc, de par la dame, uns chevaliers - moult gentilz homs que on clamoit monseigneur 10 - Gerard de Rocefort. - - Chilz bourgois, qui ensi fut pris, eult moult grant - paour de morir; si pria que on le laissast passer par - raençon. Messires Charles, briefment à parler, le fist - tant examiner et enquerre de unes causes et d'autres, 15 - qu'il encouvenença de rendre et trahir le forte ville - de Jugon. Et se fist fors de livrer l'une des portes par - nuit à certainne heure, car il estoit tant creus en le - ville qu'il en gardoit les clés; et pour chou mieulz - assegurer, il en mist son fil en hostage. Et li dis messires 20 - Charles l'en devoit et avoit prommis à donner - cinq cens livrées de terre hiretablement. Cilz jours - vint; les portes furent ouvertes à mienuit. Messires - Charles et ses gens entrèrent en le ville de Jugon à - celle heure, à grant poissance. Li gette dou chastiel 25 - s'en perchut; si commença à criier: «As armes, (as) - armes! Trahi! Trahi!» Li bourgois, qui de ce ne se - donnoient garde, se commencièrent à estourmir. Et - quant il veirent leur ville perdue, il se mirent au - fuir par devers le chastiel par tropiaus. Et li bourgois, 30 - qui trahis les avoit, se mist à fui(r), par couvreture, - avoecques yaus. Quant li jours fu venus, messires - Charles et ses gens entrèrent ens ès maisons des - bourgois pour herbergier, et prisent ce qu'il trouvèrent. - Et quant messires Charles de Blois vei le chastiel - si fort et si emplit de bourgois, il dist qu'il ne s'en - partiroit de là jusques adonc qu'il aroit le chastiel à 5 - se volenté. Li chastelains et li bourgois de le ville - perçurent bien tantost que cilz bourgois les avoit - trahis; si le prisent et le pendirent tantost as crestiaus - et as murs dou chastiel. - - Et pour ce ne s'en partirent mies messires Charles 10 - et ses gens, mais s'ordonnèrent et appareillièrent pour - assallir fortement et durement. Quant cil qui dedens - le chastiel se tenoient, veirent que messires Charles - ne se partiroit point ensi jusques adonc qu'il aroit le - chastiel, ensi qu'il avoit dit, et sentoient qu'il n'avoient 15 - mies pourveances assés pour yaus tenir plus - hault de dix jours, il s'acordèrent à ce qu'il se renderoient. - Si en commencièrent à trettier; et se porta - trettiés entre yaus et monsigneur Charle qu'il se rendirent - quittement et purement, salve leurs corps et 20 - leurs biens qui demoret leur estoient. Et fisent feauté - et hommage à monsigneur Charle de Blois, et le recogneurent - à signeur, et devinrent tout si homme. - Ensi eut messires Charles le bonne ville et le fort - chastiel de Jugon, et en fist une bonne garnison, et 25 - y laissa monsigneur Gerard de Rocefort à chapitainne, - et le rafreschi d'autres gens d'armes et de - pourveances. De ces nouvelles furent la contesse de - Montfort et cil de sa partie tout courouciet, mais - amender ne le porent; se leur couvint porter leur 30 - anoi. - - Endementrues que ces coses avinrent, s'ensonniièrent - aucun preudomme de Bretagne de parlementer - une triewe entre le dit monsigneur Charle et - la contesse, la quèle s'i acorda legierement. Et ossi - fisent tout si aidant, car li rois d'Engleterre leur - avoit ensi mandet par les messages que la ditte contesse 5 - et messires Gautiers de Mauni y avoient envoiiés. - Et tantost que ces triewes furent affremées, la - contesse se mist en mer en instance de ce que pour - arriver en Engleterre, ensi que elle fist, et pour parler - au roy englès et li remoustrer toutes ses besongnes. 10 - Or me tairai atant de le contesse de Montfort, - si parleray dou roy Edowart. - - -FIN DU SECOND VOLUME. - - - - -VARIANTES. - - - - -VARIANTES. - - -=§ 99.= P. 1, l. 1: Quant li rois.--_Ms. de Rome_: Vous devés sçavoir -que li rois Phelippes de France fu enfourmés moult dur et très -fellement et estragnement de son cousin le conte de Hainnau et des -Hainnuiers de la cavauchie que il fissent à Aubenton et en la Tierasse. -Et l'en fu repris assés plus que il n'en avoit esté, et tant que li -rois dist que il i pourveroit, et s'enfellonnia trez grandement et bien -à certes sus son cousin le conte de Hainnau. - -Li contes Loeis de Flandres et la contesse Margerite sa fenme se -tenoient pour lors à Paris dalés le roi; et couvenoit de pure necessité -que li rois les aidast à soustenir lor estat, car des rentes et -revenues de Flandres il n'avoient nulles. Toutes estoient tournées à la -volenté Jaquemon d'Artevelle, poursievoites et recheues par recheveurs -qui en rendoient compte au dit d'Artevelle et as aultres honmes deputés -à ce oïr et ordonner, bourgois de Gant, de Bruges, d'Ippre et de -Courtrai. Et toutes ces revenues recheutes estoient misses et tournées -en seqestre, afin, se li pais avoit à faire, que on trouvast cel argent -apparilliet, ou que li contes lors sires vosist retourner avoecques -euls, et estre bons et loiaus Flamens sans nulle dissimulation, car ce -que Jaques d'Artevelle aleuoit et despendoit et tenoit son estat, -estoit pris par asignation sus certainnes tailles, les quelles estoient -faites et ordonnées à paiier toutes les sepmainnes. Li contes de -Flandres poursievoit le roi de France et son consel trop fort que il -vosist rendre painne à ce que li Flamenc fuissent obeisant à lui; et là -où il ne le vodroient estre, que la painne où il s'estoient obligiet -par sentense de pape, fust donnée sus euls. - -Li rois de France, qui consideroit toutes ces coses, et qui veoit que -li Flamenc estoient trop fort rebelle à lui, et qui queroient aliances -estragnes as Alemans, as Braibençons, as Hainnuiers et as Englois, et -tout estoit en euls fortefiant et à l'encontre de li, les euist -volentiers ratrais par douces et amiables paroles, se ils peuist, non -par rigeur ne par manaces. Si envoia son connestable le conte Raoul -d'Eu et de Ghines, le signeur de Montmorensi et le signeur de Saint -Venant, et de prelas l'evesque de Paris et l'evesque de Chartres, en la -chité de Tournai pour tretiier as Flamens. Et fissent tant chil -signeur, conmissaire de par le roi de France, que les consauls des -bonnes villes de Flandres vinrent parler à euls à Tournai. Là ot grans -tretiés et lons et pluisseurs paroles proposées et remoustrées; mais li -Flamenc, qui à Tournai estoient, avoient lor carge tèle que d'Artevelle -lor avoit bailliet, et metoient en termes que, qant li rois Phelippes -lor renderoit Lille, Douai et Bietune et les apendances, et li pais de -Flandres en seroit remis en posession, il entenderoient à ses tretiés -et non aultrement. Chil conmissaire n'avoient pas lor carge si avant -que de respondre au ferme de ceste matère. Et pour ce fallirent li -tretié, et retournèrent li signeur en France. - -Qant li rois vei que il n'en aueroit aultre cose, il envoia deviers le -pape Clement VIme, qui pour ce temps resgnoit, unes lettres moult -fortes ens ès quelles tous li pais de Flandres estoit loiiés et -obligiés et sus sentens de pape; et prioit li rois que il vosist -proceder sus. Li papes Clemens vei que li rois de France le requeroit -de raison. Si jeta sentense generale et publ(iqu)e sus les Flamens et -sus toute Flandres, et envoia ses bulles d'esqumenication as -diocesains, tels que l'evesque de Cambrai, l'evesque de Tournai et -l'evesque de Tieruane. Et n'osa uns lonch temps nuls prestres par tout -le pais de Flandres chanter messe, sus privation de benefice et estre -encourus en sentense de esqumenication. Qant Jaquemes d'Artevelle et li -pais de Flandres veirent ce, il escrisirent deviers le roi d'Engleterre -le dangier où tous li pais de Flandres estoit; et li priièrent que, -qant il retourneroit deçà la mer, que il vosist amener en sa compagnie -des prestres d'Engleterre, par quoi Diex fust servis en Flandres, -maugré le pape d'Avignon et le roi Phelippe. Li rois d'Engleterre -entendi à ceste priière trop volentiers, pour complaire as Flamens; et -ne vosist point que les coses se portaissent aultrement en Flandres; et -lor remanda, par ceuls meismes qui ces lettres avoient aporté, que il -ne fuissent en nul soussi, il lor en menroit assés. Ensi s'apaisièrent -li Flamenc; et se passèrent au mieuls que il porent d'aler au moustier, -tant que li rois d'Engleterre fu retournés en Flandres. Et estoient li -prestre moult courouchiet en Flandres de ce que point ne chantoient, -car il perdoient les offrandes. Fo 55. - -P. 1, l. 5 et 6: Normendie.--_Ms. B 6_: «Jehan beau filz, prendés de -mes gens tant que vous vorés avoir, et cheminés devers Haynau et -contrevengiés sur mon nepveu les despis que il nous a fait. Et ne -deportés ville ne hamel; mettés tout en feu et en flame. Et se nulle -assamblée se fait contre vous de gens d'armes, sy m'en escripsiés: je y -envoyeray tantost tant de gens que pour combatre tous venans.» A ches -parolles obey le duc de Normendie moult vollentiers, car ossy il -desiroit grandement à venir en Haynau et visseter le pais, car point -n'amoit son cousin le conte de Haynau. Fos 135 et 136. - -P. 1, l. 10: le conte.--_Ms. d'Amiens_: Or vous parlerons dou comte de -Laille qui estoit partis de Paris comme liutenant dou roy de Franche -ens ès marches de Gascoingne, et fist tant par ses journées qu'il vint -à Thoulouse où il avoit fait son mandement. Quant li gentil homme dou -pays seurent se venue, si en furent tout joyant, car au voir dire il -estoit moult vaillans chevaliers et preudoms et améz de touttes gens -d'armes. Si se hastèrent encorres plus que devant et s'en vinrent tout -deviers lui, car c'estoit sen entente que de faire une forte gherre en -Bourdelois et en le terre qui se tenoit dou roy englès. Et se parti de -Toulouse et vint à Montalban[399] à plus de trois mille lances et dix -mille[400] bidaus et Thoulousains à gavrelos et à pavais. Et avoit li -comtes de Laille adonc de se delivranche et de se carge mout de bonne -gens, telz que le comte de Villemur, le comte de Commignes, le comte de -Pierregort, le visconte de Bruniqiel, le visconte de Talar, le visconte -de Murendon, le visconte de Quarmaing et le visconte de Lautrec et -pluisseurs bons chevaliers et hardis. Et se partirent de Montalben et -entrèrent en le ducé d'Aquitainne et coummenchièrent à gueriier le pays -et à assegier fortrèches et à prendre prisonniers et à faire mout de -desrois en le terre de Labreth et de Pummier et sus le terre le -seigneur de Lespar et le seigneur de Tarse et le seigneur de Muchident, -liquel n'estoient mies adonc fort pour resister contre yaus. -Nonpourquant il fisent ossi tamainte chevauchie sur yaus. Une heure -perdoient, l'autre gaegnoient, ensi que fait de guerre se poursuioit; -mès touttes fois li comtes de Laille et ses routtes tenoient les camps. -Fo 40. - - [399] _Ms. de Valenciennes_: au mont Saint Albain, Fo 91 vo. - - [400] _Ms. de Valenciennes_: trois mille sergans à lances et à - pavais. Fo 91 vo. - -P. 1, l. 10: de (Lille).--_Mss. A 8 à 10, 15 à 17_: de Lille. Fo -49.--_Mss. A 7, 23 à 33_: de Laille. Fo 49.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 -à 22, 34 à 36_: de Laigle. Fo 53 vo[401]. - - [401] A partir du présent volume, toutes les fois qu'une variante - est fournie par les mss. _A 1 à 6_, le fo indiqué à la fin de la - variante sera toujours le fo du ms. _A 2_ (2649 de notre - Bibliothèque impériale). - -P. 2, l. 10: Kieret.--_Ms. d'Amiens_: A monsigneur Pière Bahucet. Fo -39. - -P. 2, l. 10: Barbevaires.--_Mss. A 1 à 6, 8 à 17, 20 à 22_: Barbenoire. -Fo 54.--_Mss. A 7, 18, 19, 34 à 37_: Barbenaire. Fo 49. - -P. 3, l. 14: Clement VI.--_Ms. d'Amiens_: qui nouvellement estoit -creés. Fo 39 vo. - -P. 3, l. 16: en Flandres.--_Ms. d'Amiens_: car il estoit pappes en son -pays et en touttes les terres qui de lui se tiennent, et de ce est il -bien previlegiiés. Fo 39 vo. - - -=§ 100.= P. 4, l. 2: de Douay.--_Les mss. A 11 à 14 ajoutent_: de -Bethume. Fo 52 vo. - -P. 4, l. 8: dou Fay.--_Le ms. de Rome ajoute_: li sires de Chastellon, -mesires Lois de Chalon. Fo 55. - -P. 4, l. 9 et 10: trois cens.--_Ms. d'Amiens_: deux cens. Fo 39 -vo.--_Mss. A 1 à 6_: quatre cens. Fo 54.--_Ms. de Rome_: et furent bien -cinq cens lances, parmi le signeur de Wauvrin, capitaine de Douai, et -le chapitainne de Lille, et quatre cens arbalestriers et bien siis -mille honmes de piet. Fo 55 vo. - -P. 4, l. 14: devant soleil levant.--_Ms. d'Amiens_: environ heure de -prime. Fo 39 vo.--_Ms. de Rome_: et se quatirent tant que les bonnes -gens de la ville orent mis hors lor bestail, vaces, pors, buefs et -brebis. Fo 55 vo. - -P. 4, l. 15: as portes.--_Ms. d'Amiens_: Mès jà avoient il estet de -venue jusquez as portes de Courtrai et ochis hommes et femmes, et ars -tous les fourbours au lez deviers Tournay, et pluisseurs maisons et -cours environ Courtray. Fo 39 vo.--_Ms. de Rome_: et fuissent bien -entré dedens la porte qui sciet ou cemin de Tournai, se il vosissent. -Fo 55 vo. - -P. 4, l. 19: le Warneston.--_Ms. d'Amiens_: aqueillans et menans tout -devant yaux jusquez au Warneston. Fo 39 vo.--_Ms. de Rome_: et prissent -honmes, fenmes et enfans, et cachièrent tout devant euls, et fissent -par lors varlès bouter le feu ens ès fourbours; et furent tout ars et -la proie aquellie. Et se missent li François tout souef au retour, et -tout caçoient devant euls, et vinrent à Dotegnies, et fu la ville toute -arse. Fo 55 vo. - -P. 4, l. 21 et 22: ce jour.--_Ms. de Rome_: au soir. Fo 55 vo. - -P. 4, l. 22: dix mille.--_Mss. A 11 à 14_: douze mille. Fo 52 vo. - -P. 4, l. 23: que pors.--_Ms. d'Amiens_: trois mille pors et deus mille -grosses bestes. Fo 39 vo.--_Ms. de Rome_: et bien cinq cens honmes, que -fenmes, que enfans, qui depuis furent rançonné; et auquns on laissa -aler pour l'amour de Dieu. Fo 55 vo. - -P. 4, l. 27: Ces nouvelles.--_Ms. d'Amiens_: ces nouvelles et les -complaintes de chiaux de Tournay et dou pays environ. Fo 39 vo. - -P. 4, l. 30: d'Artevelle.--_Ms. B 6_: En che temps s'en vint Jaques de -Hartevelle et se party de Gand à tout grant foyson de Flamens, et avoit -intension de venir mettre le siège devant Tournay. Sy senefia son -emprise au conte de Sallebrin, qui pour le tamps se tenoit en garnison -en la ville d'Ypre, et que il i vaulsist estre. Fos 142 et 143. - -P. 4, l. 31: à Gand.--_Ms. d'Amiens_: et li fu remonstré quel dammaige -et quel despit chil de Tournay et (li) chevalier franchois avoient fet -ou pays de Flandres. Fo 39 vo. - -P. 5, l. 1: de Tournesis.--_Ms. d'Amiens_: et que briefment il venroit -asiegier Tournay et tout le communalté de Flandres, et que jà n'y -atenderoit ne roy d'Engleterre ne autre, et fist se semonsce et son -mandement très grant et très especial, et mist adonc enssamble plus de -soissante[402] mille Flamens. Fo 39 vo. - - [402] _Ms. de Valenciennes_: cinquante mille. Fo 91. - - -=§ 101.= P. 5, l. 15: Quant li doi conte--_Ms. B 6_: Le conte de -Sallebrin ne volt mie desobeyr, mais s'apresta du plus tost que il -peult; et cueilla tout ses compaignons où il povoit avoir soixante -lanches et se mist au chemin et en mena les arbalestriés de la ville -d'Ypre avec luy; et chevauchèrent devers Warneston. Or les convenoit il -passer asés près de la ville de Lille qui estoit françoise. Se(u) fu -leur aller par espies en la ville de Lille. Adonc se mirent en esbuque -cheux de Lille et firent trois agais; et en cescune (route) avoit cinq -cens compaignons. De che ne se doubtoient les Flamens et chevauchoient -sur la conduite de monsseigneur Vafflart de le Crois, qui moult -longement avoit guerriiet ceulx de Lille et porté pluiseurs domaiges. -Et sy savoit toutes les torses et les chemins de antour de Lille: sy -avoit empris de mener les Englès et Flamens sauvement et sans peril au -dehors de Lille; mais il faly à son pourpost. Car quant il vint à che -pas où il cuidoit passer, il retourna, car il y trouva tel empechement -et tel tranquis que c'estoit chose impousible de y passer. Sy fu tous -esbahis et dist ensy au conte de Sallebrin: «Monseigneur, on nous a -deffendu le voie par chy depuis que je n'y passay, et se n'y a pas -quinze jours. Je vous consaille, puisque par chy passer ne povons, que -nous retournons arière et prendons ung autre chemin où je vous menray: -(il) sera plus loing de chestuy environ trois lieues, mais nous y -serons sauvement et sans dangier de cheulx de Lille.» Adonc s'avisa et -aresta le conte de Salbrin et dist: «Il nous fault au vespre estre au -Pont de Fier, où Jacques de Hartevelle nous atent, car ensy je luy ay -mandé. Allons au bout de che fos(s)et, nous trouverons voie: cheus de -Lille ne nous quer(r)oient jamais chy.» - -Quelle chose que messire Wafflars desist ne quelle cose que il leur -remonstrast, oncques le conte de Sallebrin ne le volt croire que il ne -alast au debout du fosset; et puis les entra en ung vert chemin qui -tout droit les mena là où cheulx de Lille avoient fait leur embusque. -Et ne s'en donnèrent garde; sy furent droit sur eulx et ne peurent -reculler. Messire Wafflart de le Croix, qui toudis se doutoit, alla -derière: sy que osy trestost que il perchut cheux de Lille, il retourna -son coursier et se fery parmi ung grans marès et se bouta en ung vivier -et entre rossiauls et glaivons; là fu tout le jour jusques au vespre -qu'il ysy hors à la nuit au mieulx qu'il pot et se sauva bien. Et le -virent cheux de Lille partir, mais point ne le poursieuwirent, car il -ne savoient pas que che fust messires Wafflars. Et entendirent à envayr -et assalir le conte de Sallebrin et sa route, qui furent tantost -avyronnet de plus de mille; lors virent bien que deffense ne leur -valloit riens: sy se rendirent sauves leur vies. - -Ensy les perirent cheux de Lille et les menèrent dedens la ville à -grant joie. Et là avoit ung jone escuiier, nepveu au pape Benedit qui -lors regnoit pour le temps, qui s'apelloit Raimmons, qui là estoit -venus pour son corps avanchier. Sy estoit chis très richement armés. Sy -s'esmeut entre les commun(s) qui pris l'avoient dissencion pour sa -prise: sy que, par envie et mauvaiseté il fut ochis, coyque le conte de -Sallebrin et les riches hommez de la ville en furent durement -courouchiés, mais amender ne le peurent. - -Ensy de cheulx de Lille fu pris messires Gillame de Montagut conte de -Sallebrin, et depuis fu menés en prison à Paris devers le roy Phelippe, -qui le veult avoir et veoir, et qui de surprise sceult trop grant gret -à cheulx de Lille. Ches nouvelles seut Jaques de Hartevelle, quy se -tenoit au Pont de Fier entre Audenarde et Tournay; sy en fu sy -courouchiés, quant il le sceut, qu'il en rompy son voiage et son -emprise et se retrait à Gand et donna congiet à tous les Flammens pour -celle fois. Fos 143 à 146. - -P. 5, l. 20: cinquante.--_Mss. A 1 à 6, 15 à 17, 20 à 22_: quarante. Fo -54 vo. - -P. 5, l. 21: arbalestriers.--_Ms. d'Amiens_: et s'en venoient deviers -le Pont de Fier qui siet en Tournesis, où Jaqueme d'Artevelle estoit jà -venus à plus de soissante mille Flammens, et atendoit les deux comtes -dessus dis pour venir devant Tournay. Fo 39 vo--_Ms. de Rome_: car il -avoient envoiiet de lors gens à Popringhe, à Miessines, à Berghes, à -Cassiel, à Bourbourc, à Vorne, au Noef Port, à Dunqerque et à -Gravelines, pour faire frontière contre les François qui se tenoient à -Saint Omer, à Tieruane, à Aire, à Saint Venant. Et tout faisoient -frontière et euissent fait des grands damages et contraires au dit pais -de Flandres, se il ne sentesissent les Englois ens ès garnisons desus -nonmées. Fo 56. - -P. 5, l. 22: pour venir.--_Ms. de Rome_: viers Audenarde. Fo 56. - -P. 5, l. 24: de Lille.--_Ms. de Rome_: en laquelle il i avoit de par le -roi de France bien deus cens lances, Savoiiens et Bourgignons. Et là -estoient mesire Amé de Genève, mesire Huge de Chalon, li Galois de la -Baume, li sires de Villars et li sires de Groulé. Fo 56. - -P. 5, l. 25: s'armèrent.--_Ms. de Rome_: et montèrent à chevaus et -fissent armer tous les arbalestriers de Lille et bien mille honmes -avoecques euls. Et qant il furent tout issu, chil chevalier françois -demandèrent se li Englois pooient faire plus d'un cemin. Chil qui -congnissoient le pais, respondirent: «Oil, il i a deus voies: li une -trait à la bonne main, et li autre à la senestre.» Qant il oïrent ces -paroles, il partirent lors gens en deus, et fissent deus enbusques. Fo -56. - -P. 5, l. 26: quinze cens.--_Mss. A 8, 9, 15 à 17_: cinq cens.--Fo -50.--_Mss. A 11 à 14_: quatorze cens. Fo 53.--_Mss. A 20 à 22_: seize -cens. Fo 83 vo. - -P. 6, l. 2: de le Crois.--_Ms. de Rome_: uns chevaliers françois et -hainnuiers. Fo 56. - -P. 6, l. 11: jusques à là.--_Ms. d'Amiens_: et nous convient passer si -aupriès de leur ville que à le tretie de deux ars. Fo 39 vo.--_Ms. de -Rome_: si priès de euls (de Lille) que à une lieue ou là environ. Fo -56. - -P. 6, l. 20: avant.--_Ms. de Rome_: Retournés à Ippre, se vous vos -doubtés. Fo 56. - -P. 7, l. 1: se j'estoie pris.--_Ms. d'Amiens_: tous li avoirs de Bruges -ne me respiteroit point que je ne fuisse mors à honte. Et je le vous -remonstre, pour tant que hui que demain on ne me puist reprochier de -men honneur. Fo 40.--_Ms. de Rome_: ma raençon est paiie: c'est sus la -vie que je chevauce; mais vous, vous seriés mis à courtoise finance, -vous n'aueriés nul mal de vostre corps. Fo 56. - -P. 7, l. 3: compagnie.--_Les mss. A 11 à 14 ajoutent_: car qui n'a -point de teste, il ne lui fault point de bacinet ne de chaperon. Fo 53. - -P. 7, l. 4 et 5: et disent.--_Ms. d'Amiens_: Alons, alons, Waflart; -nous n'avons garde, che ne sont que villain en Lille. Il n'oseront -jammès yssir hors de leurs portes. Fo 40. - -P. 7, l. 7: se boutèrent.--_Ms. de Rome_: au tournant de une longe -haie. Fo 56. - -P. 7, l. 7 et 8: l'embusce.--_Ms. d'Amiens_: de cinq cens compaignons -qui se tenoient entre hayes et buissons au traviers dou chemin, et -arbalestriers avoecq yaux qui leurs ars avoient tout tendus. Si -coummenchièrent à escriier d'une vois: «Tous morés entre vous, Englès!» -Fo 40. - -P. 7, l. 11: commencièrent il.--_Ms. de Rome_: li Savoiien et li -Bourgignon. Fo 56. - -P. 7, l. 14: plus avant.--_Ms. de Rome_: et fist son cheval sallir -oultre un fossé de douze piés de large. Fo 56. - -P. 7, l. 30: neveus.--_Ms. d'Amiens_: cousins. Fo 40. - -P. 7, l. 32: pour.--_Ms. de Rome_: envie ou pour ses belles armeures. -Fo 56. - -P. 8, l. 2: courouciet.--_Ms. de Rome_: et euist paiiet quarante mille -florins de raençon, se on le peuist avoir tenu en vie. Fo 56. - -P. 8, l. 3: pris et retenu.--_Ms. d'Amiens_: car on en volloit faire -ung present au roy de Franche, enssi qu'il fissent dedens troix jours -apriès. Et lez amenèrent à Paris douze bourgois de Lille et cent -armures de fier à grant joie. Quant li rois de Franche seut ces -nouvelles et comment li bourgois de Lille avoient esploité, si en fu -mout joyans et les conjoi de grant coer et dist que c'estoient bonne -gent et de hardie emprise, et que ce qu'il avoient fait leur seroit -remuneret. Enssi se porta ceste besoingne. Li doi comte furent -emprisonnet en Castelet, où il furent depuis ung grant temps, ensi que -vous orez. Fo 40. - -_Ms. de Rome_: Si furent li contes de Sasleberi et li contes de Sufforc -pris et amenés en la ville de Lille et bien gardé, tant que la -connissance en vint au roi Phelippe. Qant il le sceut, il fu grandement -resjois de lor prise, et les desira à veoir et les manda. On li envoia. -Si furent amené à Paris et recreu sus lors fois: il n'orent nulle -vilainne prison. Fo 56 vo. - -P. 8, l. 10 et 11: Pont de Fier.--_Ms. d'Amiens_: à bien soixante mille -Flammens, pour venir assegier le chité de Tournay et ardoir tout le -Tournesis. Fo 40.--_Ms. de Rome_: sus la rivière dou Lis. Fo 56 vo. - - -=§ 102.= P. 8, l. 16: contrevengance.--_Ms. de Rome_: Li François ne -pooient oubliier la cevauchie que li contes de Hainnau et mesires -Jehans de Hainnau son oncle avoient fait en la Tierasse, pris et ars la -ville d'Aubenton, Maubert Fontainnes, Vimi et bien quarante villes là -ens ou pais. Et disoient li François que ce ne faisoit point à souffrir -ne à consentir que il ne fust amendé. Tant fu parlé et remoustré au roi -et à son consel que ordonné fu que li dus de Normendie, li ainnés fils -dou roi Phelippe, à une qantité de gens d'armes, s'avaleroit et venroit -en la conté de Hainnau, pour ardoir et bruir tout le pais et -contrevengier les arsins que li contes de Hainnau et ses oncles et li -Hainnuier avoient fait en la Tierasse et en Cambresis. Si tretos que li -dus de Normendie fu esleus à estre chiés de ceste cevaucie, tout -chevalier et esquier de Vermendois, d'Artois et de Piqardie en furent -resjoi, car euls se desiroient à armer, et à porter contraire et damage -les Hainnuiers. Fo 56 vo. - -P. 8, l. 21: environ Paskes.--_Ms. d'Amiens_: à le close Pasques. Fo -40. - -P. 8, l. 22 et 23: Là estoient.--_Le ms. d'Amiens ajoute_: Si doi -cousin de Blois, Loeys et Carles, car li comtes de Blois avoit renvoiet -son hoummage au comte de Haynnau de tout ce qu'il tenoit de par lui,... -li ducs de Bourbon,... messires Loeis de Savoie, messires Loeys de -Chalon,... li sires de Grantsi, li sires de Montmorensi, li sires de -Saint Venant, li sires de Saint Digier, li sires de Roye, messires -Ustasses de Ribeumont, messires Jehans de Landas, li sires de Cran, li -sires de Montsault, li sires de Cramelles, li sires de Fiennes, li -sires d'Estourmelles, li sires de Bleville, messires Bouchiguaus. Fo 40 -vo. - -_Le ms. de Rome ajoute_: le duch Pière de Bourbon, mesire Jaqueme de -Bourbon, son frère,... le conte de Videmont et de Genville,... le conte -de Dreus,... le signeur de Castellon, le signeur de Conflans, marescal -de Campagne, le conte de Harcourt, le conte d'Aumale, le signeur -d'Estouteville, le signeur de Graville. Fo 56 vo. - -P. 8, l. 26: de Porsiien.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18, 19, 20 à 22, 34 -à 36_: de Pontieu. Fo 55 vo. - -P. 8, l. 27: de Couci.--_Les mss. A et B 3, 4 ajoutent_: le sire de -Craon. Fo 53 vo. - -P. 9, l. 4: six mille.--_Mss. A 11 à 14_: dix mille. Fo 53 vo.--_Mss. A -15 à 17_: huit mille. Fo 55 vo.--_Ms. d'Amiens_: Et estoient bien six -mille hommes d'armes et six mille bidaus et Geneuois sans l'autre -ribaudaille. Et avoit empris li dis ducs de Normendie que de venir -assegier Vallenchiennes. Fo 40 vo.--_Ms. de Rome_: et tant que il -estoient bien quatre mille esporons dorés et douse mille armeures de -fier, sans les Geneuois arbalestriers. Et ne fissent pas celle asamblée -si grande pour la cause des Hainnuiers que pour ce qu'il savoient bien -que li Alemant, li Braibençon et li Hollandois, Zellandois et li -Flamenc estoient tout aloiiet avoecques les Hainnuiers, et de rechief -que li contes de Hainnau estoit alés en Engleterre au secours. Se -voloient li François moustrer poissance à l'encontre de tous ceuls qui -poroient venir. Fo 56 vo. - -P. 9, l. 9: se partirent.--_Ms. B 6_: Il partirent de Saint Quentin; il -s'en vièrent devers Boucain pour venir vers le Chastel en Cambresy, -car par ce costé voloient il entrer en Haynau. Et estoient bien dix -mille combatans; sy vinrent si avant qu'il passèrent le Chastel en -Cambresis et se logèrent à Montais, à l'entrée de Haynau. Fo 136. - -P. 9, l. 10: Saint Quentin.--_Ms. de Rome_: Et cevauchièrent devant li -connestables et li marescal de France, et puis li dus de Normendie et -sa route, et derrière li avant garde; et s'en vinrent logier sus la -rivière de Selles autour dou Chastiel en Cambresis. Fo 56 vo. - -P. 9, l. 14: toute son host.--_Ms. de Rome_: et son hostel. Fo 56 vo. - -P. 9, l. 14: Montais.--_Ms. d'Amiens_: dallez le Castiel en Cambresis, -à l'entrée de Haynnau. Fo 40 vo.--_Ms. de Rome_: dehors le chastiel. Fo -56 vo. - -P. 9, l. 15: d'armes.--_Ms. d'Amiens_: de quoy il (li François) furent -resvilliet celle première nuit. Fo 40 vo. - - -=§ 103.= P. 9, l. 24: Montais.--_Mss. A 11 à 14_: Mortais. Fo 54. - -P. 9, l. 30: se parti.--_Ms. de Rome_: et s'en vint au Kesnoi et quella -sus heure ce que il pot avoir de chevaliers et esquiers.... Sus le -tart, il se departi dou Kesnoi.... Dou Kesnoi à Montais a quatre -petites lieues; si furent tantos là. Fos 56 et 57 vo. - -P. 9, l. 30: de Wercin.--_Ms. B 6_: du Quennoy, à tout cent hommes -d'armes. Fo 137. - -P. 9, l. 31: soixante.--_Ms. d'Amiens_: cinquante. Fo 40 vo.--_Ms. de -Rome_: siis vins. Fo 57. - -P. 10, l. 4: jour falli.--_Ms. B 6_: Et pour che que en ce temps il -faisoit brun et qu'il peuissent mieulx congnoistre l'un l'autre, -vestirent chacun sur leur harnast ung blanc vestement. Fo 137. - -P. 10, l. 7: leurs chevaus.--_Ms. d'Amiens_: et eurent ordonnance, pour -ce qu'il faisoit mout brun, que chacun ewist une chemise dessus ses -armures; et qui n'avoit chemises, si y mesist quoy que fuist de blancq -pour recongnoistre l'un l'autre. Fo 40 vo. - -P. 10, l. 7: leur dist.--_Ms. de Rome_: Li dus de Normendie est logiés -en celle ville des Montais, et je vous ai amené jusques à chi pour -faire auqune emprise d'armes. Si soiies tous avisés. Et quant nous -enterons en la ville, criiés: Hainnau au senescal et Werchin à la -retraite! Et ne vous faindés pas de euls porter contraire et damage, se -vous poés, car qant il enteront en nostre pais, il ne nous espargneront -point. Fo 57. - -P. 10, l. 12: des chevaliers.--_Le ms. d'Amiens ajoute_: le signeur de -Gommegnies,... le seigneur de Boussi, le seigneur d'Espinoit, Jehan de -Gommegnies, Ostelart de Soumaing. Fo 40 vo.--_Le ms. de Rome ajoute_: -Gerars de Vendegies, li sires de Montchiaus. Fo 57. - -P. 10, l. 13: messires Henris.--_Ms. de Rome_: mestres Henris. Fo 57. - -P. 10, l. 14: dou Chastelet.--_Mss. A 8 à 10_: de Chasteler. Fo -51.--_Mss. A 15 à 17_: du Chastelier. Fo 55 vo. - -P. 10, l. 14 et 15: li sires de Vertain.--_Ms. d'Amiens_: messires -Ustasse de Vertaing. Fo 40 vo.--_Mss. A 23 à 29_: de Werchain. Fo 64. - -P. 10, l. 15: de Fontenoit.--_Ce chevalier n'est mentionné que dans le -ms. B 1._ - -P. 10, l. 16: des escuiers.--_Ms. de Rome_: Là fu li pennons au -senescal desvolepés, et le porta uns esquiers qui se nonmoit Robers de -Wargni. Fo 57. - -P. 10, l. 21: se boutèrent.--_Ms. d'Amiens_: et estoit environ mie -nuit. Fo 40 vo. - -P. 10, l. 26: avant.--_Ms. de Rome_: dont bien l'en chei. En cel ostel -estoit logiés li sires de Brimeu, et des compagnons françois biau cop -avoecques lui. Fo 57. - -P. 10, l. 28: (Briauté).--_Mss. A 1 à 7, 9 à 17, 20 à 22_: Briauté. Fo -56.--_Mss. A 30 à 36_: Breauté, Breaulté. Fo 129.--_Mss. A 18, 19, 23 à -29_: Brience, Briance. Fo 56 vo.--_Ms. A 8_: Briancon. Fo 51. - -P. 10, l. 29 et 30: Quant li doi chevalier.--_Ms. de Rome_: Celle nuit -faisoit le gait uns chevaliers de Normendie qui se nonmoit Guillaumes, -sires de Gauville, et avoecques li mesires Pières de Praiaus. Et -estoient establi en lor ordenance environ cent armeures de fier. Et -trop bien chei à point au duch de Normendie et as signeurs qui là -estoient logiés; car, se li gais ne fust tantos trait avant, li -Hainnuier euissent porté grant damage as François. Mais li chevalier -dou gait se traissent tantos avant, et vinrent devant l'ostel le duch -de Normendie, et se missent en bonne ordenance. Fo 57. - -P. 11, l. 8: tortis--_Ms. B 6_: torses. Fo 137. - -P. 11, l. 14: estourmis.--_Ms. de Rome_: voires chil qui estoient -logiés à Montais, car partout tant que avoecques le duch n'avoit que -huit banerès et lors gens, vint et siis chevaliers en tout. Donc se -requellièrent li Hainnuier moult sagement et criièrent: «Werchin à le -retraite!» Chil qui entrèrent dedens l'ostel le signeur de Brimeu, en -furent mestre et l'esforchièrent; et fu pris et fianciés prisons li -sires de Brimeu et auquns de ses honmes. Fo 57. - -P. 11, l. 17 et 18: dix ou douze.--_Ms. B 6_: jusques à huit. Fo 138. - -P. 11, l. 21: au Kesnoi.--_Ms. d'Amiens_: Et li senescaux de Haynnau -s'en vint au point du jour au Kesnoy. Si trouva monseigneur Thiery, -seigneur de Fauquemont, à qui il recorda sen aventure, liquelx fu trop -fort courouchiés de ce qu'il n'y avoit estet. De là en droit vint li -senescaux à Vallenchiennes et enfourma chiaux de le ville de le venue -des Franchoix; et leur dist que il avoit entendu, par prisonniers -franchoix qu'il avoit pris, que c'estoit li entente dou duch que de -assegier Vallenchiennes. Adonc chil de Vallenchiennes fissent -songneusement prendre garde à toutte leur artillerie, as enghiens, as -espringalles, as ars à tour et à touttes autres coses appertenans as -deffensces. Et fissent le rivière d'Escault floer entour le ville, et -renforchièrent leurs gais as portes, as tours et as garittes, tant de -jour comme de nuit. Fo 40 vo. - -P. 11, l. 24: courouchiés.--_Ms. de Rome_: Li dus de Normendie ne sceut -riens de ceste avenue jusques au matin. Si fu moult courouchiés qant on -li ot dit, et que li sires de Brimeu et li sires de Bailluel en -Normendie et li sires de Briauté estoient pris. Donc dist li dus: «On -ne le puet amender. Li Hainnuier ont volé et pris, et puis se sont -retrait quant il ont fait lor emprise. Aussi nous fault il voler et -prendre: si sera prise contre prise.» Fo 57. - -P. 11, l. 28 et 29: deux cens.--_Ms. d'Amiens_: trois cens. Fo 40 -vo.--_Mss. A 15 à 17_: trois cens. Fo 56. - -P. 11, l. 30 et 31: li sires de Mirepois.--_Ms. d'Amiens_: li marescaus -de Mirepois. Fo 41.--_Les mss. A 11 à 14 ne nomment que les trois -premiers chevaliers et ajoutent_: le sire de Hambuye. Fo 54 vo.--_Le -ms. de Rome ajoute_: li sires de Noiiers,... messires Anthones de -Qodun, li sires de Loques, messires Tristrans de Magnelers. Fo 57 vo. - -P. 11, l. 32: li sires d'Astices.--_Ce chevalier n'est mentionné que -dans le ms. B 1._ - -P. 12, l. 1: li sires de Cramelles.--_Mss. A 15 à 17_: Raoul de -Cramelles. Fo 56. - -P. 12, l, 1 et 2: chevauçoient.--_Ms. de Rome_: Et cevauchoient chil -tout devant, et avoient lors honmes qui les sievoient et qui boutoient -le feu. Fo 57 vo. - -P. 12, l. 2: mareschal.--_Ms. de Rome_: Apriès cevauçoit li avant -garde, où li connestables de France et li marescal estoient. Fo 57 vo. - -P. 12, l. 4: cinq cens lances.--_Ms. de Rome_: deus mille armeures de -fier. Fo 57 vo. - -P. 12, l. 5: de Normendie.--_Ms. de Rome_: li dus d'Athènes et la grose -route des gens d'armes. Apriès venoit li arrière garde, que li sires de -Couchi, li sires de Castellon, li sires de Montmorensi, li sires -d'Estouteville et pluisseur aultre menoient, où bien avoit deus mille -armeures de fier. Au voir dire, il estoient gens assés pour combatre -tous cheuls de Hainnau, grans et petis. Et ensi que chil coureur -chevauçoient devant, il ardoient le pais, sans ce que les batailles dou -duch s'en ensonniassent ne desroiassent en riens. Fo 57 vo. - -P. 12, l. 11: d'Uintiel.--_Ms. B 6_: Che fu environ l'Ascension l'an -mil trois cens quarante. Fo 140. - -P. 12, l. 11: oultre.--_Ms. d'Amiens_: Et ardirent che premier jour li -Franchois Bavay, une bonne ville qui adonc estoit sans fremure; puis se -retrairent et ne veurent adonc chevauchier plus avant pour lez bos et -l'aventure des encontres. Si ardirent à leur retour Louvegni, -Anfroipret, Saint Vast en Bavesis, Goummegnies, Preus, Fresnoit, Wargni -le Grant et Wargni le Petit, Obies, Orsinneval; et abatirent les -moullins de Quellinpont, et rompirent lez escluzes dou vivier, et -donnèrent le pisson congiet d'aller jeuuer où il peult; et passèrent à -Orsinneval et desoubz le Kesnoy, et ardirent Villers monsigneur Polle -et Calames. Fo 41. - -_Ms. de Rome_: Et vinrent ardoir Bavai, Mieqegnies, Obies, Goumegries, -Frasnoit, Wargni, Villers, et vinrent courir devant le Quesnoi, mais -point n'i arestèrent. Et fust volentiers li seneschaus de Hainnau issus -hors, se il euist eu gens assés. Et s'en vinrent ces coureurs à -Bermerain et l'ardirent, et Vertain et Vertegnuel et tous les villages -de là environ. Et en avoloient les flamesches jusques dedens la ville -de Valenchiennes. Fo 57 vo. - -P. 12, l. 12: Oursineval.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: Esmenal. -Fo 56 vo. - -P. 12, l. 19: de Normendie.--_Ms. d'Amiens_: ceste première nuit et -toutte sen host sus le rivierre de Selles, entre Sollemmes et Haussi. -Tout li plas pays fuioit devant yaux à sauveté; et se boutoient ens ès -forterèches et amenoient, aportoient et acharioient le leur au Kesnoy, -à Landrechies, à Bouchain et à Valenchiennes et as autres fors environ -qui estoient tenable. Li senescaux de Haynau se doubta de son castel de -Werchin. Si se parti de Valenchiennes tout de nuit, avoecq lui environ -trente lanches, et fist tant que sans peril il s'i bouta. Et dist au -seigneur d'Anthoing, qui estoit en Vallenchiennes, qu'il fuist songneus -de le ville et dez hommes, affin que il n'y ewissent dammaige, ne il -point de blasme. Fo 41. - -_Ms. de Rome_: ce second jour logier à Haussi, à Sausoit, à Solèmes et -tout au lonc de la rivière de Selles jusques à Haspre; et menoient -moult grant charoi. Honmes et fenmes et enfans avoient esté de lonc -temps avisé de la venue des François; si ques il s'estoient tout -pourveu à l'encontre de ce; et avoient amenet et achariiet lors -millours meubles à Valenchiennes, à Maubuege, au Quesnoi et à Bouchain. -Li François trouvoient fourages assés pour lors cevaus et nulles -aultres pourveances. Fo 57 vo. - - -=§ 104.= P. 12, l. 23: Fauquemont.--_Ms. d'Amiens_: qui estoit en -garnison au Kesnoy. Fo 41. - -P. 12, l. 29 et 30: et recommanda.--_Ms. d'Amiens_: Adonc fist il -commander estroitement que nuls ne wuidaist hors des portes du Kesnoy, -homs ne femme, et sus le teste. Fo 41. - -P. 12, l. 30: Maubuege.--_Ms. de Rome_: et issi de Maubuege et vint à -Pons sus Sambre. Et trouva les hommes moult esfraés, car li François -avoient esté à Miequegnies et là priès, et avoient ars tout le pais de -là environ. Encores en veoit on les fumières. Fo 57 vo. - -P. 12, l. 30: Biaurieu.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22, 34 à 36_: -Beaugeu. Fo 56 vo. - -P. 12, l. 31: de Montegni.--_Ms. d'Amiens_: et establi à demourer, pour -garder le ville, le seigneur de Roysin, le seigneur de Wargny. Fo 41. - -P. 13, l. 1 et 2: chevauça.--_Ms. de Rome_: et passa à Robertsart, et -n'atendoit aultre cose que le logeis des François dou vespre. Fo 57 vo. - -P. 13, l. 3: Mourmail.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22, 34 à 36_: -Moruel, Morueil. Fo 56 vo. _Mauvaise leçon._ - -P. 13, l. 5 et 6: de Haussi.--_Ms. d'Amiens_: à Sollemmes, vers Haussi -et Sausoit, en ces biaux prés. Fo 41.--_Ms. de Rome_: à Haussi et à -Sausoit, et tout jusqu'à Haspre. Fo 57 vo. - -P. 13, l. 18: meschief.--_Ms. B 6_: Che soir faisoit le gait le sire de -Craon à cinq cens hommes. Fo 138. - -P. 13, l. 23: Pikegni.--_Ms. d'Amiens_: et doi de ses escuiers, et -navrez li sires de Cramelles mout durement et li sires de Sains. Fo -41.--_Ms. de Rome_: Celle nuit faisoient le gait li contes d'Auçoirre, -li sires de Noiiers et li sires d'Auchi, artissiens, et avoient bien -trois cens combatans sus lor gait. Li Hainnuier et li Alemant -n'entrèrent point de ce lés où li gais estoit, mais bien en sus, et -cheirent sus le logeis le signeur de Piquegni, liquels salli tantos sus -que il oy la friente, et s'arma et se mist à desfense moult -vaillanment; mais il ot si grante qoite de li armer que point il -n'estoit armés de plate fors de une cote de fier, laquelle fu perchie -tout oultre de une roide espée et li corps dou chevalier, et morut de -celle plaie.... Li sires de Piquegni, liquels estoit navrés tout parmi -le corps, fu mis en une litière et portés à Cambrai pour saner et -mediciner; mès onques de la navreure ils ne pot avoir garison et morut. -Si retourna la terre de Piquegni à un sien fil, jone enfant, que on -nonmoit Jehan, et qui depuis fist moult de mauls en France, voires à -Amiens et là environ, ensi que vous orés recorder avant en l'istore. -Fos 57 vo et 58. - -P. 13, l. 30: poursievi.--_Ms. de Rome_: Et là fist li sires de -Fauquemont bonne compagnie as deus chevaliers françois, lesquels il -enmenoit prisonniers, le visconte de Qesnes et le Borgne de Rouveroi, -car il les recrut sus lors fois à venir à Mons en Hainnau tenir lors -corps prisons, qant il en seroient requis, quinse jours apriès la -semonse. Si retournèrent li chevalier en l'ost et comptèrent lor -aventure. Fo 58. - -P. 13, l. 31: au Kesnoi.--_Ms. de Rome_: Si entrèrent dedens la ville -et s'i rafresqirent, euls et lors cevaus, et puis retournèrent sus le -soir à Maubuege. Fo 58. - -P. 14, l. 3: Et li dus.--_Ms. de Rome_: Ensi fu, la seconde nuit que li -dus de Normendie se loga en Hainnau, li hoos des François resvillie -des Hainnuiers, liquel avoient tout ce fait, sans porter point de -damage à euls et à lor compagnie. De quoi li dus de Normendie en dist -au matin, qant il en fu enfourmés: «Ces Hainnuiers sont de grant corage -et de bonne emprise. Nous n'avons que deux nuis dormi en Hainnau; mès -tout dis nous ont il resvillié: chi apriès, il seront resvilliet -aussi.» Fo 58. - -P. 14, l. 15: quatre cens.--_Mss. A 15 à 17_: trois cens. Fo 57. - -P. 14, l. 16: bidaus.--_Mss. A 15 à 17_: sanz les bidaus, tuffes et -petaux. Fo 57. - -P. 14, l. 16: s'en vinrent.--_Ms. d'Amiens_: à Verchin, où li senescaux -estoit dedens le castel. Et regardèrent li Franchois le mannière dou -fort et de le deffensce. Si moustrèrent de premiers que de trop grant -couraige il le assaudroient, et fissent traire et lanchier leurs bidaus -et Geneuois; mès riens n'y fisent, car li castiaux estoit bien pourveu -d'artillerie, de kanons et d'ars à tour et de tous instrumens pour le -deffendre. Si y pooient plus perdre que gaegnier, et il ne volloient -pas trop travillier leurs gens, car il ne savoient quel besoing il en -aroient. Si se partirent d'illuecques, mès il ardirent toutte le ville -et abatirent une partie des murs dou gart de Werchin. Et passa toute li -os là et environ. Et montèrent au lés deviers Fanmars, pour mieux veoir -et adviser Vallenchiennes dou tierne. Et toudis aloient li coureur -devant à destre et à senestre, ardans et exillans che biau plain pays -de Haynnau. Si ardirent Presel, Marech, Biauvoir, Curgies, Sautain, -Rombies et tout le plain pays jusquez à le rivierre de Honniel. Et se -loga li dus ce jour sus le rivière d'Uintiel au lés deviers Kierenaing, -et toute sen ost ossi, et se fist le nuit gettier bien et grossement à -plus de cinq cens lanches et de deux mille bidaus et Geneuois, car il -ne volloit mies que li Haynuier le resvillaissent ainssi qu'il avoient -fait. Bien est voir que de Condet et dou castiel de Moustroel sus -Haynne et dou castiel de Kievraing et de Kievrechin estoient assamblet -et acompaigniet environ quarante lanches, et s'estoient boutet ès bois -de Roisin; et volentiers ewissent fait quelque fait d'armes, se il -ewissent veu leur plus bel. Li sires de Gommignies et li sires de -Wargni ossi lez costiièrent tout le jour, mès point ne virent de jeu -parti pour yaux aventurer, car li coureur franchois se tenoient tout -enssamble, et estoient bien monté et plus de quatre cens lanches: se -n'y faisoit nul pour les Haynuiers. - -Ce jour au matin qu'il fist moult bel et moult joli, car c'estoit ou -mois de may, se deslogièrent li Franchois et se misent en arroy, et -ordonnèrent le charoy et le fissent passer tout devant. Et puis -chevauchièrent bannierres et seigneurs et vinrent, environ heure de -primme, deseure Fanmars, sus ung terne que on appelle le mont de -Castres; et là s'ordonnèrent il bien et faitichement en troix bonnes -batailles. Le première avoit li dus de Bourbon, la seconde li comtes de -Flandres, et la tierce li dus de Normendie. Là veoit on bannierres et -pignons et armoirie en très grant parement. Là estoient muses, -calemelles, naquaires, trompes et trompettes, qui menoient grant bruit -et grant tintin. Et bien les veoient et ooient chil de Valenchiennes -des tours et des clochiers, car il estoient à demy lieuwe d'iaux. Là -sonnoit on les cloches ou biefroy de Vallenchiennes à volée, et -estoient armet touttes mannierres de gens, et li rue Cambrisienne -toutte plainne. Et volloient à force yssir et yaux aventurer; mès -messires Henris d'Antoing, qui gardoit les clefs de celle porte, leur -deveoit et leur disoit qu'il se voloient aller tout perdre. Nientmains -il volloient yssir, coumment qu'il fuist, et y eut là pluiseurs grosses -parolles entre le chevalier et yaux. Finablement il leur dist que -messires de Biaumont, qui baux estoit dou pays et à qui on avoit juret -et proummis de obeir, li avoit deffendu et coummandet sus sen onneur -que nullement il ne les lessast wuidier. Et coummanda au prouvost qui -là estoit, Jehan de Baisi, de par monseigneur Jehan de Haynnau, que il -lez fesist retourner et aler à leur gès, as tours et as garittes, pour -deffendre et garder le ville, s'il besongnoit. Et li prouvos vot obeir; -si leur commanda à retraire, et il le fissent. - -A che donc estoient dedens Vallenchiennes aucun chevalier d'Engleterre, -et par especial li comtes de Warvich, que li roys d'Engleterre avoit -laissiet en Flandres. Et avoit estet chilz en le chevauchie de -Aubenton, et demorés en Vallenchiennes, à le priière dou comte. Et -estoient avoecques lui messires Hues de Hastinges, messires Rogiers de -Biaucamp, messires Jehans Cambdos, messires Jehans de Graail, messires -Oliviers de Baucestre, messires Rogiers de Cliffort. Si requisent chil -chevalier à monseigneur Henry d'Antoing que on lez lessaist wuidier le -ville sus leur peril et chevaucier deviers le rivierre d'Escault, pour -veoir se il poroient nient trouver à faire aucune bacelerie, ne biau -fait d'armes sus lez Franchois. Tant priièrent et parlèrent que il en -eurent congiet, et estoient environ trente lanches et quarante -archiers, et tout à ceval. Si wuidièrent par le porte d'Anzain, et -cevaucièrent deseure Saint Vast. A ce donc couroit environ le Tourielle -sus l'Escault ungs bons chevaliers franchois poitevins, messires -Bouchichaus, et estoit avallés des batailles qui se tenoient au mont de -Castres. Et estoient environ douze lanches; si avoient passet l'Escaut -au pont de le Tourielle et estoient montet hault deviers Saint Vast -pour descouvrir à cesti lés; mès il furent trouvet et rencontret des -Englès dessus noummés. Et ne daigna oncques messires Bouchichaus fuir, -et jousta franchement à messire Hue de Hastinges, et le porta par -terre. Depuis fu il jus portéz par terre par deux chevaliers et tenus -si cours qu'il le couvint rendre. Et fu fianchiés prisons et amenés à -Vallenchiennes, et doy escuier de son pays avoecq lui. Et li autre se -sauvèrent au mieux qu'il porent et retournèrent à leurs batailles, et -recordèrent le prise de monseigneur Bouchicaus, dont li dus de -Normendie fu mout courouchiéz. Fo 41 vo. - -_Ms. de Rome_: Qant ce vint au matin, on se desloga, et sonnèrent les -tronpètes parmi l'oost. Tout s'armèrent et montèrent à chevaus, et se -traissent sus les camps. Ce jour fist il moult biel, moult cler et -moult joli, ensi que il fait ou mois de mai, et fu la nuit de une -Asention. Li dus de Normendie ordonna à traire viers Valenchiennes. -Donc cevauchièrent les batailles moult ordonneement, et n'aloient que -le pas et costiièrent Werchin, mais point n'asallirent au chastiel, -mais la vile fu arse. Et s'en vinrent tout li François arester et faire -lor moustre sus le mont de Castres; et veoient Valenchiennes tout au -plain devant euls, et là ordonnèrent trois batailles, tout armé au -cler. Ce estoit une grande biauté que de euls veoir, les armes, hiaumes -de quoi on s'armoit adonc, banières et pennons resplendir au solel. Et -se tenoient li signeur tout quoi, atendans que on les venist combatre. - -Li jone chevalier de France et li esqier, qui desiroient les armes, ne -se pooient tenir que il ne cevauçassent. Et s'en vinrent li marescaus -de Mirepois, li sires de Noiiers, li Galois de la Baume, messires -Tiebaus de Moruel, li viscontes d'Aunai, li sires d'Englure, li sires -de Trainiel, messires Tristrans de Magnelers, li sires d'Aubegni, li -sires de Fransures, li chastelains de Biauvais et pluisseur aultre, -tout de grant volenté. Et estoient quatre cens d'emprise et de fait et -bien montés, et vinrent courir devant le Kesnoi; et s'arestèrent sus -les camps, et moustroient que on les venist combatre. Li marescaus de -Hainnau et bien cinquante lances de bons Hainnuiers estoient là dedens. -Pour ces jours li Qesnois n'estoit point si bien fremée conme elle -estoit soisante ans apriès, et tous les jours elle amendoit en fremeté. - -Li compagnon consideroient trop bien l'ordenance des François conment -il freteloient sus lors cevaus et faisoient courner lors menestrels, et -moustroient que on les alast veoir et escarmuchier, mais il n'estoient -pas gens assés. Si se tinrent tout quoi et pourveu de euls deffendre, -se on les euist assallis. Qant il veirent ce que nuls ne saudroit, il -s'en departirent et cevauchièrent viers Villers. Et menoient ces gens -d'armes, boutefeus, avoecques euls, qui couroient de ville en ville, et -boutoient le feu dedens et ne s'en departoient; si estoit la ville -toute embrasée. Si ardirent de celle empainte Genlain, Curgies, -Sautain, Presiel, Marec, Aunoit, Biauvoir, Fielainnes, Escaillon et -Faumars. Et voloient les flamesques et les fascons en la ville de -Valenchiennes, et li rai dou soleil en estoient tout encombré. Et -s'avalèrent auqun François dou mont de Castres et vinrent ardoir les -Marlis, et boutèrent le feu ens ès fourbours de la porte Cambrisienne. - -Pour ces jours estoit chapitainne et gardiiens de la ville de -Valenchiennes institués et ordonnés de par mesire Jehan de Hainnau, -mesires Henris d'Antoing, quoi que li senescaus de Hainnau et aultres -chevaliers fuissent en la ville; mais il en avoit la souverainne -aministration et se tenoit à la porte Cambrisienne, et là estoit trop -fort heriiés et pressés d'auquns fos, outrageus et outrequidiés, qui -voloient issir et euls aler perdre. Et bien leur disoit et remoustroit -li chevaliers que point n'estoit heure de issir: «Souffrés vous, bonnes -gens: la poissance des François est trop grande maintenant. Atendés que -vous aiiés vostre signeur dalés vous; si en serés plus fort et mieuls -consilliés. Il m'est deffendu que nuls ne isse, car se vous receviés -blame ne damage, je n'en poroie estre escusés.» Ensi à grant mescief -les amoderoit et refroidoit de lors folies li sires d'Antoing. - -Encores, en ce meisme jour, par le consentement dou connestable de -France et des marescaus, se departirent dou mont de Castres auqun jone -chevalier et esquier françois et cevauchièrent as aventures. Et tout -estoit fait pour atraire les Valenchiennois hors de lor ville, et -furent de une sorte environ deux cens lances. Et les menoient li sires -de Craan, li sires de Maulevrier, li sires de Partenai, li sires de -Tors et li sires de Matefelon, et s'avalèrent dou mont de Castres à -Fontenelles, et vinrent à Main. Et là avoit une tour belle et bonne et -encores a, laquelle pour ce temps estoit à un bourgois de Valenchiennes -qui s'apelloit Jehan Bernier, et puis fu elle transmuée à autres hoirs. -Chil chevalier de France et lor route vinrent là et l'environnèrent et -le fissent asallir. La tour estoit forte assés, environnée de fossés et -pourveue d'artellerie; car on i avoit envoiiet des arbalestriers de -Valenchiennes, pour le deffendre et garder. Là ot grant asaut, mais li -François n'i peurent riens faire. Avant en i ot des blechiés dou tret. -Si passèrent oultre et vinrent à Trit. Li honme de la ville avoient le -pont deffait. Si ne peurent (passer) oultre par ce pas là, mais il -trouvèrent (un) des hommes dou pais meismes qui les mena autour as -plances à Povri. Si passèrent là l'Eschaut et retournèrent à Trit. Et -fu la ville toute arse et li moulin abatu, et ensi à Povri et à -Rouvegni. Et refissent li François le pont à Trit, et ardirent -Wercinniel, Bourlain et Infier, et tant que les fascons en avoloient à -grant volées à Valenchiennes. Et retournèrent chil François et s'en -ralèrent en lor hoost, c'est à entendre sus le mont de Castres, -avoecques les aultres. - -Ce jour s'estoient aussi parti de lors arrois, troi jone chevalier de -Poito: li uns fu nonmés messires Bouchicaus, li autres messires Jaques -de Surgières, et li tiers messires Guis Poteron; et avoient passet -l'Escaut au pont à Trit, car il estoit refais des plances meismes que -chil de Trit en avoient osté. Et les avoient les François rasisses, -pour passer et rapaser à lor volenté. Chil troi chevalier et lor route -pooient estre jusques à vint cinq lances, et passèrent le pont à Trit, -et vinrent courir viers Hurtebisse; et fissent bouter le feu dedens, -tant que on le veoit tout clerement de Valenchiennes, car il n'i a que -une petite lieue. Li seneschaus de Hainnau, qui se tenoit adonc à -Valenchiennes, entendi que auquns François estoient avalé et passé -oultre l'Eschaut au pont à Trit, et couroient sus ces biaus plains -desus un moustier que on nonme Saint Vast, et ne lor aloit nuls au -devant. Si parla au signeur de Berlainmont, à messire Henri d'Uffalise, -à messire Oulefart de Ghistelle, au signeur de Biellain et à auquns -chevaliers qui en Valenchiennes estoient enclos avoecques lui: «Je vous -pri que nous montons sus nos chevaus et alons veoir viers Saint Vast -quel sont chil qui i chevaucent. Espoir, poront estre tel que il -paieront nostre escot.» Tout s'acordèrent à la volenté dou senescal, et -montèrent environ cent compagnons tout bien armés, et prist casquns son -glave; et fissent ouvrir les deus portes d'Anzain, la grande et la -petite. Et se missent sur les camps et si à point que, droit au desus -d'un moustier que on dist de Saint Vast, il vont trouver ces chevaliers -poitevins qui avoient pris lor tour viers Bellain et Ierin et avoient -fait bouter le feu dedens, et s'en retournoient pour passer à Trit, et -avoient gides propement dou pais qui les menoient. Qant li seneschaus -de Hainnau les vei et sa route aussi, qui estoient monté sus bons -coursiers et bien alans, si lor vinrent au devant et escriièrent: -«Hainnau!» et abaissièrent les glaves. Li seneschaus de Hainnau fu li -premiers qui asambla à messire Bouchicau, qui estoit pour lor jones -chevaliers, et fu depuis un moult vaillans homs. Il le feri à plainne -targe un si grant cop, avoecques ce que il estoit fors chevaliers et -bien montés, que il le bouta jus et passa oultre. Li sires de -Berlainmont consievi parellement mesire Gui Poteron et le reversa jus à -terre. Chil Hainnuier se frapèrent en ces François et en abatirent -jusques à sept. Entrues que il entendirent à euls fianchier et faire -rendre, mesires Jaquemes de Surgières et bien douse des leurs -retournèrent sus frain, et prissent le cemin viers un village que on -appelle Ierin; mais avant que il i parvenissent, pour euls sauver, il -se boutèrent ens ès bois d'Aubri, et ne savoient où il aloient, car -point ne connisoient le pais. Qant li seneschaus de Hainnau vei que -chil François prendoient le cemin dou bois, si fist doubte que li -François n'euissent là jetté une enbusqe, et que chil qui pris estoient -et qui fuioient, n'euissent esté là envoiiet tout de fait pour -descouvrir et pour faire sallir hors de Valenchiennes auquns gentils -honmes qui s'i tenoient. Si fist cesser ses gens de non aler plus avant -et non cachier. Et se retraissent tout le pas viers Valenchiennes, et -enmenèrent les deus chevaliers prisonniers, messire Bouchicau et mesire -Gui Poteron, poitevins, et jusques à diis de lors compagnons. Dont li -senescaus acquist grant grasce des Valenchiennois. Et messires Jaquemes -de Surgières et li autre, qui se boutèrent ens ès bos d'Aubri, se -tinrent là et quatirent tout bellement jusques à tant que li viespres -fu venus, et puis issirent hors et vinrent tout droit à Hurtebise, et -de là au pont à Trit, et rapassèrent l'Escaut. Et qant ilz furent venu -en l'oost, il comptèrent lor aventure, et conment messire Bouchicau et -mesire Gui Poteron estoient demoré et pris dou senescal de Hainnau. Fos -58 et 59. - -P. 14, l. 28: Villers.--_Les mss. A et B 3, 4, omettent_: Villers _et -mentionnent deux fois_: Fanmars. - -P. 14, l. 32 et p. 15, l. 1: pries de Valenchiènes.--_Ms. B 6_: à demy -lieue de Valenchiènes. Fo 140. - -P. 15, l. 28: d'Anzaing.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: du Rain. Fo 57. -_Mauvaise leçon._ - -P. 15, l. 32: Poito.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: Pontieu. _Mauvaise -leçon._ - -P. 17, l. 3: dou jour.--_Ms. B 6_: car on luy dit que cheulx de -Vallenchiènes le venroient combatre, car tant orguilleus et -presumptueux estoient. Fo 140. - - -=§ 105.= P. 17, l. 15: un grant temps.--_Ms. de Rome_: tout ce jour de -l'Asention. Fo 59.--_Ms. B 6_: l'espace de cinq heures. Fo 141. - -P. 17, l. 16: de Castres.--_Ms. de Rome_: à demi lieue de -Valenchiennes. F. 59. - -P. 17, l. 18: li dus d'Athènes.--_Ms. d'Amiens_: et li doy marescal de -France, li contes d'Auchoire. Fo 41 vo. - -P. 17, l. 19: trois cens.--_Mss. A 11 à 17_: quatre cens. Fo 56.--_Ms. -B 6_: cinq cens. Fo 141. - -P. 17, l. 22: le tourielle à Goguel.--_Ms. d'Amiens_: le Tourielle et -Goirel. Fo 41 vo. - -P. 17, l. 23: de le ville.--_Ms. B 6_: A che jour estoient en la ville -de Vallenchiène le conte de Warvich et le conte de Kenfort que le roy -d'Engleterre avoit laissiet à Gand delés madamme sa femme. Si estoient -venu à Vallenchiènes pour la cause de ce que on avoit entendu que le -duc de Normendie se venoit tenir celle part. Ches deux chevaliers -avecque la communaleté de la ville euyssent trop vollentiers veu que -(on) fust vidiet contre eulx et que on euist recueilliet cheux qui -estoient venut jusques a(s) bailles. Mais messire Henri d'Anthoing, qui -pour le temps estoit gardiens de Valenchiène de par monseigneur Jehan -de Haynau, ne le veult oncques consentir, et dist et jura que jà -personne n'en ysceroit; et fist faire le ban, de par le prouvost de la -ville, que sur la teste nulz ne vidast hors de la ville sans -commandement. Sy gardèrent le porte Cambrisiène, où celle estourmye -estoit, le sire de Mastaing et le sire de Floyon. Fo 141. - -P. 17, l. 29: les ardirent.--_Ms. B 6_: et puis la ville d'Asnoy. Fo -142. - -P. 17, l. 30: de Wintiel.--_Ms. d'Amiens_: et puis chevauchièrent -toutte le rivierre contre mont vers Aunoit pour revenir à leur grosse -bataille; mès en leur chemin il ardirent Aunoit, Felainne, Artre, -Astriel, Kierenaing, Biaudegnies, et Pois et pluisseurs autres villes. -Fo 41 vo. - -P. 17, l. 31: par derrière les Chartrois.--_Mss. A 1 à 6_: par devers -les charroys. Fo 58.--_Mss. A 20 à 22_: par derrière les chariots. Fo -88.--_Mss. A 11 à 14, 18, 19_: par devers les chartois. Fo 56. - -P. 18, l. 10 et 11: bien la moitiet.--_Ms. d'Amiens_: que il en tuèrent -dix et fissent saillir en le rivière, et en y eut ossi des noiiéz, et -furent chil euwireux qui escapper peurent. Fo 42. - -P. 18, l. 21: ce soir.--_Ms. de Rome_: Qant ce vint sus la remontière, -et que li signeur estoient tout hodé et lassé de tant estre sus lors -cevaus, car ce jour il avoient bien petit beu et mengié fors sus lors -cevaus. Fo 59. - -P. 18, l. 21: à Maing et à Fontenielles.--_Le ms. d'Amiens ajoute_: et -à Trit. Fo 42.--_Ms. de Rome_: à Fontenelles et à Main, en ces biaus -prés. Fo 59. - -P. 18, l. 23: Maing.--_Ms. B 6_: A son departement de la ville de Maing -où il estoit logiés, ardirent les Franchois Denaing et l'abeie de -Fontenelles où madamme sa tante estoit logie, mais elle se tenoit à -Valenchiènes. Fo 142. - -P. 18, l. 25: de Valois.--_Ms. d'Amiens_: où medamme Jehanne de -Vallois, ante dou dit duc, se tenoit par devotion; mès elle n'y estoit -mies adonc, ainchois se tenoit en Vallenchiennes. Fo 42.--_Ms. de -Rome_: Madame de Valois, ante dou duch de Normendie, n'estoit point -pour ces jours à Fontenelles, mais se tenoit à l'ostel de Hollandes à -Valenchiennes, et toutes les dames dou dit monastère; et là avoient -amené toutes lors coses, car en gerre et en hainne n'a nulle segurté. -Fo 59. - -P. 18, l. 28: A ce departement.--_Ms. d'Amiens_: Le jour que li dus de -Normendie se parti de Fontenelles et de Maing, i eut une grant -escarmuche au pont à Trith sus l'Escaut; car là estoient requeilliet li -Haynuyer, hommes des villages de là entours, et deffendirent le pont -mout vassaument contre lez Franchois che qu'il peurent; et l'ewissent -bien tenu et deffendu, mès li aucun Franchois allèrent autour passer -l'Escault as planches à Prouvi, et vinrent à Trit, et trouvèrent chiaux -qui se combatoient as Franchois. Lors y eut grant fouleis, et couvint -les Haynuier partir et leissier le pont et le deffensce. Et passèrent -touttes mannières de gens qui passer veurent, et abatirent ung petit -castelet qui là estoit et les moullins, et ardirent toutte le ville et -Wercinnel ossi; mès depuis furent il reboutet et reculet dou comte de -Warwich et de se routte, et en y eut bien mors que noiiés soissante. Fo -42. - ---_Ms. de Rome_: A lor departement, la ville de Maing fu toute arse, et -la mention de l'abeie de Fontenielles aussi. Chil qui cevauçoient -devant et sus les costés, ardoient villes et hamiaus, et ardirent en -lor venant Monchiaus, Thians, Douci. Et partout il abatirent les -moulins, car ces villes sont seans sus rivière. Et cevauchièrent tant -ce jour li François que il aprochièrent Nave et Iwis. Et vint li dus de -Normendie mettre son siège devant le chastiel d'Escauduevre, seant sus -la rivière d'Escaut. Fo 59. - -P. 18, l. 30: Thians.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22, 34 à 36_: -Thiois. Fo 58. - -P. 18, l. 32 et p. 19, l. 1 à 18: Ce jour .... sans pité.--_Cet alinéa -manque dans tous les mss. A sans exception._ - -P. 19, l. 20: Escauduevre.--_Ms. de Rome_: Chil de la garnison -d'Escauduevre avoient, tout l'ivier et le temps, cuvriiet et herriiet -ceuls de Cambrai. Fo 59. - -P. 19, l. 20: et fort.--_Ms. d'Amiens_: à une lieuwe de Cambray. Fo 42. - -P. 19, l. 25: de Sassegnies.--_Ms. de Rome_: uns chevaliers de Hainnau. -Fo 59. - ---_Ms. B 6_: En che temps estoit cappitaine du chastel d'Escauduevre -sur l'Escault, à une bonne lieue de Cambray, messire Gerart de -Saingnies par l'ordonnance de monseigneur Jehan de Haynau qui avoit le -gouvernement de la conté de Haynau, entreulx que sen nepvreu le conte -estoit en Engleterre, sy comme chy dessus est dit. Je ne say comment il -avint ne par quelle procuration che fu fait, mais il vendy le dit -chastel et le livra as Franchois. Et fu pris le dit chevalier de ceux -de Thun, à l'issir hors de Cambray, où il avoit l'argent avoecq luy. Se -fu amenés à Mons en Haynau et là fut justichiés, et ung sien escuier -avoecq luy, qui avoit consenti le mal à faire. De le prise du chastel -d'Escauduevre furent les Haynuierz moult courouchiés, car cheulx de -Cambray l'abatirent rés à rés de terre, et en menèrent le pière à leur -ville, et en firent faire deux de leur portes, le porte Robert et une -aultre. Fos 146 et 147. - -P. 19, l. 27: mès li dus.--_Ms. d'Amiens_: en traita et parla à yaux -tant et si bellement messires Godemars (dou[403] Fay), qui jadis les -connissoit, que.... Fo 42. - - [403] Le nom est laissé en blanc dans le ms. d'Amiens. - -P. 19, l. 28: six jours.--_Ms. de Rome_: sept jours, Fo 59 vo. - -P. 19, l. 32: Mariniaus.--_Ms. de Rome_: Et qant il furent venu en -Hainnau, li saudoiier meismes, qui en Escauduevre s'estoient tenu -avoecques euls, les prisent au conmandement messire Jehan de Hainnau -qui se tenoit en la ville de Mons, et furent amené devant lui et acusé -de traison. Onques il ne s'en porent escuser de la mise ne delivrer. Fo -59 vo. - -P. 19, l. 32: pris.--_Ms. d'Amiens_: Vous avés bien chy dessus oy -recorder le prise d'Escaudoeuvre et coumment messires Gerars de -Sassegnies et Robers Mariniaux le rendirent. Si n'en furent il mies -mescreus de premiers, fors tant que li saudoiier de dedens furent trop -esmervilliet de ceste aventure. Et vinrent au jour qu'il fu rendus ou -castiel de Thun l'Evesque, qui siet assés priès, et recordèrent as deux -frères de Mauni, Jehan et Thieri, ceste mesavenue, et coumment Gerars -de Sassegnies lez avoit preechiéz que il ne se pooient tenir longement -contre si grant ost que li dus de Normendie. Nient moins et sus cez -parolles li Franchois y estoient l'endemain entret. Lors demandèrent li -enfant de Mauni qu'il pooit y estre devenus, et il disent qu'il ne -savoient, mès bien cuidoient qu'il fuist en Cambray. Sus ceste parolle -chil doy frère de Mauny envoièrent espies à Cambray, qui raportèrent -que messires Gerars et chilz Robiers y estoient. Si furent si bien -poursieuwi des deux enfans de Mauny qui misent enbuces et agaix sus -yaux, que ung jour qu'il estoient parti de Cambray, il furent pris de -Jehan et de Thieri de Mauni et amenet à Bouchain et là mis en prison. -Tantost apriès, Jehan de Ma(u)ni s'en vint à Mons en Haynnau parler à -monseigneur de Biaumont, et li recorda tout le fait et coumment il lez -avoit pris. Si lez renvoya querre messires Jehans de Haynnau et ramener -en Mons en Haynnau. Depuis n'en fist il nient trop longe garde, car il -lez fist morir honteusement et trayner comme trayteurs contre leur -seigneur. Che paiement eurent il de leur fourfaiture. Et encorres -estoit li comtes Guillaummes de Haynnau hors de ses pays, dont trop -desplaisoit à monseigneur de Biaumont son oncle. Fo 42 vo. - -P. 20, l. 2: de Cambrai.--_Ms. d'Amiens_: machon et carpentier. Fo 42. - -P. 20, l. 4: leur ville.--_Ms. d'Amiens_: et en fu faite li porte -Robert, qui siet sus Haynnau. Fo 42. - - -=§ 106.= P. 20, l. 9 et 10: voisines.--_Ms. d'Amiens_: .... de -Mortaigne et de Tournay. Fo 42. - -P. 20, l. 13: trois cens.--_Mss. A 11 à 14_: quatre cens. Fo 56 vo. - -P. 20, l. 15: Villars.--_Mss. A 1 à 7, 23 à 33_: Villars. Fo 58 -vo.--_Mss. A 8 à 10, 18, 19_: Villers. Fo 53 vo.--_Mss. A 11 à 17, 20 à -22, 34 à 36_: Villiers. Fo 56 vo. - -P. 20, l. 16: avoecques.--_Ms. d'Amiens_: messires Gerars de Monfaucon, -messire Thiebaux de Maruel. Fo 42. - -P. 20, l. 17: Wavrain.--_Mss. A 11 à 14_: Wertain. Fo 56 vo. - -P. 20, l. 19: riens dehors.--_Ms. de Rome_: reservé le chastiel de -Bouchain, qui ne fust tout ars et mis à seqution, ne nuls ne lor ala au -devant. Les bonnes gens du pais d'Ostrevant estoient retrait en -Valenchiennes, et là avoient amené une partie de lors biens, et les -bestes cachies ens ès bois, ou fait venir ens ès praieries de -Valenchiennes et de Condet, et là les tenoient pour eslongier lors -ennemis. Fo 59 vo. - -P. 20, l. 20: Bouçain.--_Mss. A 8 à 17, 34 à 36_: Bouhaing. Fo 53 vo. - -P. 20, l. 24: cinq cens ou six cens.--_Ms. d'Amiens_: trois cens ou -quatre cens. Fo 42. - -P. 21, l. 2: Here.--_Mss. A 8 à 10, 15 à 17_: Hette. Fo 58 vo. - -P. 21, l. 2: Fenain.--_Mss. A 1 à 7, 11 à 14, 18 à 36_: Sonnain, -Sonnent, Senaing, Senain. Fo 58 vo.--_Mss. A 8 à 10, 15 à 17_: Fenain, -Fenaing. Fo 53 vo. - -P. 21, l. 3: Mauni.--_Mss. A_: Wargni. - -P. 21, l. 3: Aubrecicourt.--_Ms. d'Amiens_: .... Buignicourt, -Maucicourt,... Rouvegny,... Noefville. Fo 42. - -P. 21, l. 7: Bouçain.--_Mss. A 8 à 17, 34 à 36_: Bouhaing. Fo 53 vo. - -P. 21, l. 20: plus priès.--_Ms. de Rome_: une lieue en sus de là. Fo 59 -vo. - -P. 21, l. 23: sires.--_Ms. de Rome_: quoique la ville (de Landrecies) -et Avesnes fuissent au conte de Blois. Fo 59 vo. - -P. 22, l. 14: Coulongne.--_Ms. de Rome_: et en estoit capitainne uns -esquiers qui se nonmoit Albrest Qose, de Coulongne. Fo 59 vo. - -P. 22, l. 25 et 26: li sires de Bousies, Gerars de Mastain et Jehans de -Mastain.--_Ces Chevaliers ne sont dénommés que dans les mss. B et A 7 à -10, 15 à 17._ - -P. 22, l. 32: si dur.--_Ms. de Rome_: que la proie fu rescouse, et -Albrest pris et auquns des aultres, et chil qui se sauvèrent furent -cachiet jusques ens ès portes de la Malemaison. Si raportèrent li -compagnon le signeur de Potelles tout mort à Landrechies. Depuis fu il -envoiiés à Valenchiennes sus un char et en un linsiel, et ensepvelis en -l'eglise des Cordeliers de Valenchiennes. Ensi se portent les aventures -d'armes. Tels se lieuve au matin, qui ne scet qu'i(l) li avenra. Fo 59 -vo. - - -=§ 107.= P. 23, l. 8: Bohain.--_Mss. A 23 à 29_: Bouchain. Fo 68. - -P. 23, l. 8 et 9: Chastiel en Cambresis.--_Ms. d'Amiens_: de Biauvoir -et de Sierain, et tint bien et francement le fortrèche contre lez -Franchois. Or parlerons dou duc de Normendie coument il vint asegier -Thun l'Evesque seant sus Escaut. Fo 42 vo. - -P. 23, l. 10: li Haynuier.--_Ms. de Rome_: Et cevauçoient moult souvent -li Hainnuier sus ceuls de Bohain et de la Malemaison; une fois -gaegnoient et l'aultre perdoient: ensi estoit tous li pais entouelliés. -Fo 59 vo. - - -=§ 108.= P. 24, l. 10: remoustroient.--_Ms. B 6_: que le conte de -Haynau et ses gens avoient fait plus de damaige au pais de Cambresis et -à le cité de Cambray que ne fist le roy d'Engleterre. Fo 147 et 148. - -P. 24, l. 13 et 14: au ravoir.--_Ms. d'Amiens_: et il aroit fait ung -biau voiaige, car il avoit villainnement ars et escaudet le contet de -Haynnau. Fo 42 vo. - -P. 24, l. 18: Vermendois.--_Ms. de Rome_: en Amiennois, en Bar et en -Lorrainne. Fo 60. - -P. 25, l. 3: des quelz.--_Ms. d'Amiens_: Jehans de Mastaing, Bridouls -de Thians, Thieris et Hostelars de Soumaing, Gilles Moriaux de -Lestinnes, Hues d'Aunoit, Sandrais d'Esquarmaing. Fo 43. - -P. 25, l. 6: et Thieris.--_Ms. de Rome_: Jehans de Mauni et Tieris son -frère, qui chapitainne en estoient, se reconfortoient en ce que il -estoient bien pourveu, et aussi que lors sires li contes de Hainnau -queroit aide et aliances partout, et que de poissance li sièges seroit -levés. Si ne se esbahirent point li Hainnuiers, quoi que li enghien -jetaissent continuelment, qui lor rompirent tous les tois dou dit -manage. - -Ce siège estant devant Thun l'Evesque, chil de la garnison de Bouchain -issirent une fois hors, et vinrent au matin cevauchier jusques à -Esqerchin, et trouvèrent les honmes en lors lis, et prissent desquels -que il vodrent. Et puis se missent au retour et boutèrent le feu en -Esqerchin et ardirent Lambres et les fourbours de Douai et tout ce qui -de France se tenoit, et rentrèrent dedens la garnison de Bouchain, sans -prendre nul damage. Ensi couroient les garnisons, l'un sus l'autre, et -faisoient les armes. - -Chil de la conté de Hainnau s'esmervilloient trop fort que lors sires -estoit devenus, car il n'en ooient nulles nouvelles. Et en parloient li -chevalier et li esquier et li consaus des bonnes villes à messire Jehan -de Hainnau, et li disoient: «Sire, c'est trop mal fait que vous -n'envoiiés plus especiaulment deviers nostre signeur le conte, par quoi -il soit bien acertes segnefiiés de l'estat de son pais. Il i a jà plus -de siis sepmainnes qu'il se parti, et si n'en ot on nulles nouvelles. -Se vous les avés, si n'en avons nous nulle congnissance.» Mesires -Jehans de Hainnau respondoit à ces paroles et disoit: «Il n'a pas tenu -en ma negligense que je ne m'en soie bien acquités. Monsigneur de -Hainnau a esté en Engleterre, et li a li rois d'Engleterre fait très -bonne chière et li a proumis, selonch che que il m'a escript et -segnefiiet par ses lettres, que il sera dedens le jour Saint Jehan, à -poissance de gens d'armes et d'archiers, en la ville de l'Escluse. Et -sur ce monsigneur mon cousin est departis d'Engleterre, et monta en mer -à Orvelle là où il ariva qant il vint ou pais, et a pris terre à -Dourdresc en Hollandes. Et tous enfourmés de l'estat de son pais, et -pour resister à l'encontre de la poissance dou duch de Normendie et des -François, il est alés deviers le roi d'Alemagne au seqours, et semonre -tous les aloiiés. Et temprement vous le verés revenu en ce pais, et -gens d'armes à pooir avoecques li.» Fo 60. - -P. 25, l. 30: ne l'estoient.--_Ms. d'Amiens_: il devoient rendre le -fortrèche et yaux partir simplement sans riens porter dou leur. Et de -ce livrèrent il deus escuiers gentil hommes hostages, pour mieux le -duch acouvenenchier. Fo 43. - -P. 26, l. 1: acorda.--_Ms. de Rome_: Li auqun, qui consideroient le -dangier où li Hainnuier estoient, opposoient au tretié et disoient: -«Pourquoi lor donroit on jour? Il ne se pueent plus tenir. Le chastiel -est nostre, se monsigneur le voelt avoir et nous aussi.» Nequedent -toutes ces paroles remoustrées, li dus de Normendie s'inclina à -douçour, non à rigeur, et entendi à lor trettié. Et i furent recheu, et -livrèrent plèges Gillion de Soumain et Tieri de Soumain son frère, -Robert de Villers et Hueon d'Aunoit. Et cessèrent li enghien, et se -rafresqirent li compagnon, pour lors deniers, de vivres et de vins, et -vinrent en l'oost veoir le duch qui les vei volentiers, et lor fist -donner de son vin bien et largement. Et là avoit dedens la forterèce -une damoiselle gentil fenme, qui enclose s'i estoit pour l'amour de son -ami Jehan de Mauni, et se nonmoit Kateline de Wargni, et estoit des -damoiselles de l'abeie de Denain. Et estoit si enchainte que sus ses -jours, et moult avoit esté destourbée et travillie dou ject des pières -des enghiens, tant que tout li compagnon en avoient eu grant pité. Si -fu menée à sauveté à Bouchain, et en fu grant nouvelle en l'oost des -François, car par lor dangier et congiet, le couvint passer et aler en -la garnison de Bouçain. Fo 60. - -P. 26, l. 7: par le trettiet devisant.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à -22_: pour le traittiet devisier. Fo 59 vo. - -P. 26, l. 9: son neveu.--_Ms. d'Amiens_: qui moult s'esmervilla dou -conte son nepveult qui tant demouroit. Et l'avoit jà remandet par -pluiseurs messaiges, et li avoit escript et contenut veritablement -l'arsin et le doummaige que ses pays avoit recheus, dont li comtes -n'estoit mies plus liéz, et metoit paynne à son retour à revenir -hasteement, et aqueroit amis de tous costéz. Fo 43. - - -=§ 109.= P. 26, l. 22: de Byaumont.--_Ms. de Rome_: et de Chimai. Fo 60 -vo. - -P. 26, l. 27 et 28: amendet.--_Ms. de Rome_: et avoit esploitié et -avanchié ses besongnes que toutes gens d'armes d'Alemagne, liqel -estoient aloiiet et ahers en la gerre avoecques le roi d'Engleterre, le -sievoient et par l'ordenance et conmandement de Lois le Baivier, roi -d'Alemagne et empereour de Ronme. Fo 60 vo. - -P. 27, l. 11: arroy.--_Ms. d'Amiens_: à touttes ses os de Haynnau, de -Hollande, de Zellande. Fo 43.--_Ms. B 6_: Sy avoit en l'ost du dit -conte plus de cent milles testes armées. Fo 149. - -P. 27, l. 13: à Nave.--_Ms. de Rome_: et s'en vint passer à Haspre, et -vint à Nave et à Iwis. Fo 60 vo. - -P. 27, l. 19: Ligne.--_Mss. A 15 à 17_: Ligny. Fo 60. - -P. 27, l. 19: Barbençon.--_Mss. A 15 à 17_: Barbentoing. Fo 60. - -P. 27, l. 20: Lens.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: Leul, Lueul, -Lueil. Fo 60. - -P. 27, l. 20: Bailleul.--_Ms. et Amiens_: li sires de Moriaumés. Fo 43. - -P. 27, l. 21: de Mons.--_Ms. d'Amiens_: li sires de Faignuelles,... li -sires de Jeumont, li sires de Solre, li sires de Boussut,... li sires -de Vendegies,... li sires d'Aubrecicourt, li sires de Berlaimont,... li -sires de Pottes,... li sires de Ranpemont, li sires de Buillemont, li -sires de Ville. Fo 43. - -P. 27, l. 21 et 22: li sires de Montegni.--_Ms. d'Amiens_: li sires de -Montegni en Ostrevant,... li sires de Montegny Saint Chrestofle. Fo 43. - -P. 27, l. 22: Marbais.--_Mss. A 1 à 7, 11 à 14, 18 à 33_: Barbais. Fo -60. - -P. 27, l. 27: Biauriu.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14_: Beaugeu. Fo 60. - -P. 27, l. 29 et 30: Guillaumes de Namur.--_Ms. de Rome_: Jehans de -Namur. Fo 60 vo. - -P. 27, l. 32: de Braibant.--_Ms. de Rome_: Li dus de Braibant fu li -darrain venans et amena bien siis cens lances. Fo 60 vo. - -P. 27, l. 32: six cens.--_Mss. A 11 à 14_: sept cens. Fo 58. - -P. 28, l. 1: Guerles.--_Ms. d'Amiens_: à quatre cens lanches. Fo -43.--_Ms. de Rome_: à bien trois cens lances de Guerlois. Fo 60 vo. - -P. 28, l. 1: de Jullers.--_Ms. d'Amiens_: à trois cens lanches. Fo -43.--_Ms. de Rome_: et li contes des Mons à bien cinq cens lances. Fo -60 vo.--_Les marquis de Julliers, de Meissen et de Brandebourg ne sont -dénommés que dans les mss. B._ - -P. 28, l. 2: et d'Eurient.--_Ms. de Rome_: à deus cens lances. Fo 60 -vo. - -P. 28, l. 2: de Blankebourch.--_Ms. d'Amiens_: à deus cens lanches. Fo -43. - -P. 28, l. 3: des Mons.--_Ms. d'Amiens_: li comtes des Mons et li comtes -de Clèves à cent lanches. Fo 43.--_Ms. de Rome_: li contes de Jullers -et li contes des Mons à bien cinq cens lances. Fo 60 vo. - -P. 28, l. 3: de Faukemont.--_Ms. d'Amiens_: à cinquante lanches. Fo -43.--_Ms. de Rome_: à bien cent lances. Fo 60 vo. - -P. 28, l. 4: de Bakehen.--_Ms. de Rome_: à bien cent lances. Fo 60 vo. - -P. 28, l. 6 et 7: d'Escaut.--_Ms. de Rome_: entre Cambrai et Nave. Fo -60 vo. - - -=§ 110.= P. 28, l. 13: Nave et Yvuis.--_Ms. de Rome_: deus villages les -plus proçains de Thun l'Evesque. Fo 61. - -P. 28, l. 20: douze.--_Ms. d'Amiens_: trois mille. Fo 43. - -P. 28, l. 29: si poissamment.--_Ms. de Rome_: En l'oost le conte de -Hainnau avoit vingt chinq cens hiaumes. Et vinrent les communautés de -Brousselles, de Louvain et de Malignes. Et vint Jaquemes d'Artevelle et -amena de Flandres bien soissante mille honmes, et passèrent par -Audenarde et par Renais et par Leuse et par Condet et par -Valenchiennes. Et tout se logièrent devant l'oost le duc de Normendie. -Et estoient en l'oost le conte de Hainnau plus de cent mille honmes. Fo -61. - -P. 29, l. 2 et 3: delivret.--_Ms. d'Amiens_: Et encorres duroient lez -trieuwes entre yaux et chiaux de l'ost de Franche. Si envoiièrent un -hirault deviers le duc de Normendie, en lui priant que leurs hostaiges -il pewissent ravoir, Jehan de Nordvich, un englès et Gillion de -Biaurieu. Li dus, qui fu bien consilliéz, les renvoya, car il n'avoit -nul cause dou tenir. Fo 43. - ---_Ms. de Rome_: Or i ot manière à ravoir les quatre esquiers ostagiers -que chil de Thun l'Evesque avoient delivré au duch de Normendie. Li -contes de Hainnau, qui chiés estoit de toute cel hoost, qant il fu bien -consilliés, envoia un hiraut deviers le duc de Normendie, qui li -remoustra conment chil dou chastiel de Thun avoient bien tenu leur -couvenance, et que dedens les quinse jours que mis i avoient, secours -lor estoit venus, pour quoi ils voloient ravoir lors ostages. Et en -oultre mandoit li contes de Hainnau, se li dus de Normendie et li -François voloient avoir la bataille, il estoient tout apparilliet que -pour le livrer et le faire. Li consauls dou duch de Normendie respondi -à ce et dist que, des ostages renvoiier, il estoient consilliet que il -les renvoieroient volentiers, car voirement il n'avoient nulle cause -dou retenir; mais tant que d'acorder la bataille, il n'avoit pas mis -encore son consel ensamble, et que il en aueroit avis de respondre. Li -hiraus retourna sus ce et fist sa response. Li ostage furent renvoiiet, -et demora li chastiaus de Thun l'Evesque ensi tous deschirés. Li -Hainnuier n'en fissent compte, mais il tinrent à grant vaillance ce que -Richars de Limosin et li enfant de Mauni l'avoient si bien tenu contre -les François. Fo 61. - -P. 29, l. 3: le quatrime jour.--_Mss. A 11 à 14_: le sixième jour. Fo -58 vo. - -P. 29, l. 15: dou chastiel.--_Ms. d'Amiens_: et au partir il boutèrent -le feu en le tour dou castiel de Thun où si longhement il s'estoient -tenut. Si vinrent messires Richiers de Limozin et li enfant de Mauny et -li autre compaignon en le tente dou comte de Haynnau. Fo 43. - - -=§ 111.= P. 30, l. 20: combatre.--_Ms. de Rome_: Et le faisoient li -François tout volentiers pour faire le conte de Hainnau aleuer son -argent, et li bouter en une grande debte encontre les Alemans qui ne -sont pas trop legier à rapaisier. Fo 61. - -P. 30, l. 21: hastieux.--_Ms. d'Amiens_: mès s'il passoit l'Escault, il -fust tous seurs qu'il seroit combatus. Fo 43 vo. - -P. 30, l. 31: sages.--_Ms. d'Amiens_: et si avoit li comtes sa fille. -Fo 43 vo. - -P. 31, l. 32: faisoient.--_Ms. d'Amiens_: Et tout enssi comme en l'ost -haynuier, on se demenoit par conssaux sus l'entente de combattre ou de -non, ossi en l'ost de France on se consilloit et avisoit coumment et -par honneur on se maintenroit. Bien disoient li pluiseur grant signeur -de Franche que li dus gisoit là à se honneur, car il avoit chevauchiet -en Haynnau, ars et essilliet le pays et courut devant lez fortrèches, -et demouret ung jour tout entier devant le milleur ville de Haynnau et -courut et ars jusquez as bailles, et puis assegiéz deux castiaux -propisses à Haynnau et trop ennemis au royaume et à Cambresis, et ces -deux castiaux pris et abatus. «Et encorres sont il devant leurs -ennemis, qui pas ne leur veeroient à faire ung pont, se faire le -volloient, fors tant que li Haynuier et li aloiiet sont maintenant trop -plus fort et plus grant nombre de gens que li Franchoix. Si lez fet bon -tenir en cel estat, car li comtes de Haynnau gist là à grant fret, et -tellement s'endebtera deviers ces Allemans que jammès ne s'en vera -quittes ne delivrés, à quoy qu'il mande ne qu'il se demainne. Se ne li -acordéz nulle journée.» Enssi ou auques priès estoient li parlement de -France, si comme j'oy recorder depuis deux grans barons de Franche qui -y furent, monseigneur de Montmorensi et monseigneur de Saint Venant. Fo -43 vo. - - -=§ 112.= P. 32, l. 1: Haynau.--_Ms. d'Amiens_: liquelx li looit bien à -combattre et venir passer l'Escault à Bouchain et une autre petitte -rivierre qui descent d'amont, que on ne poet passer à gué, qui vient de -Oizi en Cambresis et de Alues en Pailluel. Là falloit leur pourpos, car -se il avoient passet l'Escaut à Bouchain, se leur couvenroit faire un -pont sus ceste autre rivière. Fo 43 vo. - -P. 32, l. 10: trois jours.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14_: jour de respit. Fo -61. - -P. 32, l. 15: troisime.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 17_: quatrième. Fo 61 vo. - -P. 32, l. 16: chevaliers.--_Ms. d'Amiens_: et fist armer deux -chevaliers avoecq lui et trois escuiers. Et montèrent li chevalier sus -courssiers, et li escuier sus bons ronchins. Fo 44. - -P. 32, l. 17 et 18: devant.--_Mss. A 11 à 14_: et un aultre chevalier -qui portoit son pennon devant lui, montez sur bons coursiers. Fo 59. - -P. 32, l. 25: Haynau.--_Ms. d'Amiens_: par son tourniquiel et ung -pignon qu'il faisoit porter de ses armes devant lui. Fo 44. - - -=§ 113.= P. 34, l. 7: Edouwart.--_Ms. de Rome_: Li rois Edouwars -d'Engleterre avoit, tout l'ivier et le temps, entendu à ses besongnes -et priiet chevaliers et esquiers en son pais et quelliet, par priière -et par ordenance de don que son peuple li avoit fait bon une aide moult -grose, grant argent, car il esperoit que sus l'esté il feroit un grant -fait; et sus cel estat, il estoit departis des Alemans. Et avoit li dis -rois d'Engleterre fait ses pourveances moult grandes et moult groses -sus la rivière de la Tamise en la chité de Londres; et là avoit fait -son mandement et assamblé grant fuisson de nobles, chevaliers et -esquiers et archiers. - -Qant tout fu prest, et la navie cargie, li rois d'Engleterre entra en -son vassiel. Toutes ses gens entrèrent et montèrent, ensi que ordonné -estoit, et se desancrèrent dou qai de Londres, et singlèrent aval la -Tamise et vinrent de celle marée devant Gravesaindes; de la seconde -marée, devant Mergate, et puis entrèrent en mer; et pooient estre -environ siis vingt vassiaus, nefs, balengiers et passagiers, quatre -mille honmes d'armes, chevaliers et esquiers et douse mille archiers. -Et avoient li rois et ses gens la mer et le vent pour euls, et -nagièrent à pooir viers la ville de l'Escluse en Flandres. Et ne -savoient riens les Englois des Normans qui se tenoient devant l'Escluse -bien quarante mille, et atendoient le retour et venue dou roi -d'Engleterre. Bien sçavoient les Englois que les Normans esqumeurs -estoient sus la mer, mès il ne les quidoient pas trouver à l'Escluse. -Et tout che lor faisoit faire li rois de France qui lor voloit brisier -lor voiage. - -Et estoient li Normant, parmi les Geneuois et Piqars, bien quarante -mille honmes, desquels mesires Hues Qierès d'Amiennois, Barbevaire et -Bahucès estoient chiés. Et avoient bien deux cens vassiaus parmi ceuls -des pourveances, et avoient ensi que assis la ville de l'Escluse; et -n'i pooit nuls entrer ne issir, fors par lor congiet. Or avint que, la -vegille de la Saint Jehan Baptiste que on compta pour lors en l'an de -grasce Nostre Signeur mille trois cens et quarante, li rois -d'Engleterre et sa navie vinrent devant l'Escluse, c'est à entendre -pour prendre port et terre priès de Blanqueberghe, à deus lieues de -l'Escluse, et trouvèrent la navie des Normans. Des mas qui drecoient -contre mont, ce sambloit uns grans bois. Qant li rois d'Engleterre et -les Englois orent congnissance que li Normant estoient devant -l'Escluse, et ne pooient prendre terre fors par lor dangier, si -jettèrent lors ancres, et se tinrent tout quoi pour entendre à lors -besongnes et ordonner lors batailles. Lors fist li rois d'Engleterre -pluisseurs chevaliers nouviaus, car bien veirent generaument que -combatre les couvenoit. Qant la mer fu revenue, il desancrèrent et -ordonnèrent tous lors vassiaus; et missent les plus fors devant, et les -armèrent et pourveirent d'archiers. Entre deus nefs d'archiers avoit -une nef de gens d'armes. Fo 61. - -P. 34, l. 12: par mer.--_Ms. d'Amiens_: à bien quatre mille hommes -d'armes et douze mille archiers. Fo 44. - -P. 34, l. 13: vaissiaus.--_Ms. B 6_: à tout quatre mille hommes d'armes -et huit mille archiés. Fo 151. - -P. 34, l. 16: se tenoient.--_Ms. B 6_: devant l'Escluse, entre -Blancqueberge et Quaisant. Fo 151. - -P. 34, l. 18: sept vingt.--_Ms. d'Amiens_: cent. Fo 44.--_Mss. A 1 à -6_: six vingt. Fo 59. - -P. 34, l. 20: quarante mille.--_Ms. B 6_: Et estoient plus de quarante -mille hommes, Gheneuois, Normans et Picars, tout escumeurs de mer. Fo -151. - -P. 35, l. 5: vassiel.--_Ms. d'Amiens_: qui tant li avoit coustet au -faire. Fo 44. - -P. 35, l. 20: temps.--_Ms. d'Amiens_: jà par le tierme de deus ans et -plus. Fo 44. - -P. 35, l. 21: trois cens.--_Mss. A 11 à 14_: à quatre cens hommes -d'armes et à huit cens archiers. Fo 60. - - -=§ 114.= P. 35, l. 25: Quant.--_Ms. de Rome_: Qant tout furent ordonné, -li vassiel le roi d'Engleterre aprochièrent. Che estoit biautés et -grant plaisance au veoir ces banières et ces estramières armoiies des -armes des signeurs. Et à ce que li Normant moustrèrent, il desiroient -avoir la bataille as Englois. Car, si tretos que il les veirent -aprochier, il avoient croisiet tous lors vassiaus, il traisent les -ancres à mont, et laissièrent les voilles aler, et s'en vinrent tout de -grant volenté sus la navie des Englois. Et ordonnèrent à aler tout -devant _Cristofle_, le grant vassiel, lequel en celle meisme anée il -avoient conquis sus les Englois. Qant Englois et Normans -s'encontrèrent, il i ot grant hustin; et à l'entrer l'un dedens -l'autre, il abaisièrent tous lors voilles. - -Ou grant vassiel de _Cristofle_ qui se remoustroit desus tous les -aultres, avoit bien quatre cens geneuois arbalestriers, liquel -conmenchièrent à traire moult roit et moult dur à l'aprocier. Li -Englois recongneurent bien que c'estoit _Cristofle_, le vassiel qui -avoit esté conquis sus euls. Si furent plus desirant dou reconquerre, -et l'environnèrent de tous lés. Et conmenchièrent archier à traire de -grant randon, et à aprochier ce vassiel _Cristofle_ et les Geneuois qui -dedens estoient. Vous savés que archier de l'arc à main sont trop plus -isniel que ne soient arbalestrier. Chil archier d'Engleterre, par -ouniement traire fort et roit, ensonniièrent tellement ces Geneuois que -il furent mestre et signeur de euls, et entrèrent dedens _Cristofle_ et -le conquissent, et missent à mort et à bort tous les Geneuois que il i -trouvèrent. En ce vassiel pooient bien mille honmes. Tantos il fu -pourveus d'archiers et de gens d'armes, liquel portèrent grant -contraire as aultres. - -Li rois d'Engleterre, li contes de Pennebruq, li contes de Houstidonne -et leur bataille bien ordonnée et acompagnie de gens d'armes et -d'archiers, avoient asamblé là où mesires Hues Quierès et Bahucès -estoient, bien acompagniés aussi de Normans et de Geneuois. Et là fu la -bataille très grande et très perilleuse; car chil Normant et chil -Geneuois estoient tout esqumeur et coustumier de la mer, et trop bien -en pooient la painne, car en tout lor vivant il n'avoient fait aultre -cose que poursievir les aventures d'armes sus la mer. Aussi au voir -dire, Englois sont bonnes gens de mer, car il en sont fait et nourri, -et trop bien en pueent la painne. C'est trop dure bataille sus mer, et -trop perilleuse, car il fault atendre l'aventure, ne on ne poet fuir. - -Ceste bataille dont je vous parole, fu durement bien combatue et -longement dura; et conmença la nuit de la Saint Jehan Baptiste au -matin, ensi que à huit heures; mais elle dura jusques à cinq heures -apriès nonne, et que la mer fu ralée et revenue. Considerés se là, en -ce terme et espasce, il n'i peurent pas avenir des grans fais d'armes: -oil, car il estoient tout resvillié et ordonné à ce faire, tant li -Englois conme li Normant. Fo 61 vo. - -P. 36, l. 12: devant.--_Ms. d'Amiens_: bien pourveu d'artillerie et -d'arbalestriers. Fo 44 vo. - -P. 36, l. 13: dedens.--_Ms. d'Amiens_: ou plus parfont pour mieux -combattre. Fo 44 vo. - -P. 36, l. 16: ennemis.--_Ms. d'Amiens_: mout fierement et moult -asprement là traioient li arbalestrier normant et jeneuois très roit et -très vigereusement, et li archier d'Engleterre ossi mout songneusement. -Fo 44 vo. - -P. 36, l. 21: hardiement.--_Ms. d'Amiens_: et bien le couvenoit, car li -Normant avoecques leurs ayewes estoient bien cinq contre ung, et tout -dur et gent de mer. Fo 44 vo. - -P. 36, l. 26: combatre.--_Ms. d'Amiens_: Et entroient d'un vaissiel en -aultre li plus legier et vigereux, et li plus batillèrent là. Se -combatoient li aucun, main à main, as espies et as haches, as espois et -as daghes, et luttoient et fesoient merveilles de belles appertises -d'armes. Là crioient li Englès: «Saint Jorge! Giane!» et trop bien -assalloient et deffendoient. Et li Normant crioient: «Franche!» et ossi -trop bien se combatoient. Fo 44 vo. - - -=§ 115.= P. 37, l. 5: horrible.--_Ms. de Rome_: Et ce qui donna très -grant avantage as Englois, ce fu que ens ou conmencement de la -bataille, il conquisent _Cristofle_ le grant vassiel; et qant il -l'orent conquis, il le pourveirent d'archiers, et i en i entra plus de -mille. Et chil archier avoient très grant avantage de traire au lonc -et de ensonniier Normans, liquel n'estoient pas de si grant valleur as -armes, ne de deffense conme estoient les gens d'armes d'Engleterre. - -Pour lors li rois d'Engleterre estoit en la flour de sa jonèce, et -point ne s'espargnoit, mais s'aventuroit en la bataile aussi -aventureusement conme nuls de ses chevaliers, et moustroit bien en -faisant armes que la besongne estoit sienne. Li rois estoit en un -vassiel moult fort et moult biel qui avoit esté fais, ouvrés et -carpentés à Zandvich, et estoit armés et parés de banières et -d'estramières très rices, ouvrées et armoiies des armes de France et -d'Engleterre esquartelées; et sus le mast amont avoit une grande -couronne d'argent dorée d'or, qui resplendisoit et flambioit contre le -solel. D'encoste le roi estoient li contes Henri Derbi, son cousin -germain, li contes de Norhantonne et li contes de Herfort, et avoit -quatre chevaliers ses cambrelens, mesires Jehans Candos, mesire Richars -La Vace, messire Richars de Pennebruge et mesire Richars Sturi, tout -quatre honmes de grant vaillance. Les nefs estoient acroqies et -atachies les unes as aultres, et ne se pooient departir. Et là avoit -dure bataille, et dedens les nefs fait tamainte apertise d'armes. -Finablement li Englois obtinrent la mer et la place. Et furent chil -esqumeur normant, piqart, geneuois, bidau et prouvenciel desconfi; et -trop petit s'en sauvèrent, car à la desconfiture il ne porent. Cause -pourquoi, je le vous dirai. - -Les Englois en venant les avoient enclos entre euls et l'Escluse. Se ne -pooient requler, fors sus lors ennemis, ne aler avant, ne rompre la -navie d'Engleterre qui avoient propris tout le pasage de la mer. Chil -et auqun, qui se quidièrent sauver pour venir à l'Escluse, furent mort -davantage; car li Flamenc, qui avoient grant haine à euls, pour tant -que toute la saison il avoient cuvriiet et heriiet le pasage à -l'Escluse, et robé et pilliet sus la mer, et n'avoient eu cure à qui, -les tuoient otant bien sus la terre que en la mer, et n'en avoient -nulle pité. Et vinrent là, que de Bruges, que de Ardenbourc, que de -Otebourch, de Blanqueberghe et dou Dam, à l'Escluse, plus de huit mille -honmes qui rafresqirent grandement les Englois et parfissent la -desconfiture des Normans. Barbevaire fu mors et jetés de son vassiel en -la mer. Aussi mesires Hues Qirès ot la teste copée sus le bort de une -nef et (fu) reversés en la mer. Bahucès fu pris en vie; et pour tant -que il avoit esté tous jours fors lerres et robères sus la mer, li -amirauls de la mer d'Engleterre le fist sachier amont à une polie et -pendre à un mas et estrangler. - -P. 37, l. 15: nonne.--_Ms. d'Amiens_: Et dura la bataille de l'heure de -primme jusquez à relevée. Et adonc vinrent grant gent de Flandres, car -très le matin li bailliux de l'Escluze l'avoit fet segnefiier à Bruges -et ès villes voisinnes. Si estoient les villes touttes esmutes et -acourutes à piet et à cheval et par le Roe, cheminans qui mieux mieux -pour aidier les Englès. Et s'asamblèrent à l'Escluse grant cantité de -Flammens, et entrèrent en nefs et en barges et en grans vaissiaux -espagnols, et s'en vinrent jusquez à le bataille tout fresk et tout -nouviel, et grandement reconfortèrent les Englès. Fo 44 vo. - -P. 37, l. 24: Derbi.--_Ms. d'Amiens_: .... li evesques de Lincolle,... -li comtes de Norhantonne,... li sires de le Ware, messires Loeys de -Biaucamp, messires Guillaume Filz Warine, li sires de Basset,... li -sires de Luzi, messires Guillaume de Windesore, messires Thummas de -Hollandes, messires Richars de Pennebruge,... li sires de Ponchardon, -messires Niel Lornich, messires Olivier de Clifort, messires Henris de -Biaumont, messires Francques de le Halle, li sires de Ferières, li -sires Despenssier.... Fo 44 vo. - -P. 38, l. 2: Brasseton.--_Mss. A 8 à 10_: Buisseton. Fo 58.--_Mss. A 23 -à 29_: Barsseton. Fo 72 vo. - -P. 38, l. 9: vassaument.--_Ms. d'Amiens_: avoecq l'ayde de leurs -archiers. Fo 44 vo. - -P. 38, l. 9: secours.--_Ms. B 6_: A ceste desconfiture parfaire vinrent -les Flamens du Francq de Bruges, de Noefport et du pays environ, qui -grandement aydèrent le roy d'Engleterre et le rafresqirent en sa -bataille: laquelle bataille fu l'an de grace Nostre Seigneur mil trois -cens et quarante, le nuit Saint Jehan Baptiste. Fo 149. - -P. 38, l. 11: Et furent.--_Ms. B 6_: Et furent tout ces Normans et leur -sexte desconfis, mors ou noiiés, et messires Hues Kierès et Bahucès -leur patron mors et mis à bort. Sy se sauva Barbenaire, Marans et -Mestriel; et entrèrent en une barge quant il virent le desconfiture. -Che fu une moult belle journée pour le roy d'Engleterre, car il mist là -à fin plus de quarante mille hommes qui tant avoient fait de mal sur la -mer que sans nombre; ne il n'estoit nul marchans qui devant ceste -bataille osast aler sur mer. Fo 149. - -P. 38, l. 13: noiiet.--_Ms. d'Amiens_: excepté Barbevaire et Maraut qui -se sauvèrent. Car, quant il virent le desconfiture, il entrèrent en une -barge et fissent tant par rivier qu'il yssirent de le bataille et -eslongièrent les perilx qui moult grant y estoient entre leurs gens, -car on n'en prendoit nul à merchit, mès les mettoit on tous à bort. Là -furent mort messires Hues Kierès et messires Pierres Bahucès et bien -quarante mille saudoiiers, normans, pikars, geneuois, bretons, bidaus -et gens de touttes queilloites. Ceste bataille fu en l'an de grace -Nostre Seigneur mil trois cens quarante, le jour devant le vegille -Saint Jehan Baptiste. Fo 44 vo. - -P. 38, l. 14: mis à (mort).--_Mss. A 7 à 10, 15 à 17, 23 à 33_: mis à -bort. Fo 58.--_Mss. A 1 à 6, 18 à 22_: perilz et noyés. Fo 63.--_Mss. A -11 à 14_: mors et noyez et mis au bort. Fo 60 vo. - -P. 38, l. 19: resjoy.--_Ms. d'Amiens_: Adonc dist li dus de Braibant -que ses pourpos estoit averis et que une autre foix il fuist mieux -creux et que ses cousins li rois englès, puisqu'il estoit dechà le mer, -lez ensonnieroit temprement, et que bon seroit de l'aller vers lui, -ensi que on li avoit juret et proummis. Là eurent li seigneur qui -avoecq le comte de Haynnau estoient, conseil et advis que d'iaux -deslogier le matin et de donner touttes mannierres de gens congiet -jusques adonc qu'il seroient semons et mandet de par yaux ou nom dou -roy englès, et que tout li cief des grans seigneurs qui là estoient, se -retraissent deviers le roy d'Engleterre qui s'en venoit à Gand. Donc fu -criiet et nonchiet en l'ost que chacuns devant soleil levant se -deslogast. Ossi fu il enssi en l'ost le roy de France, car environ -mienuit li roys oy lez nouvelles que sen armée sour mer estoit toutte -perdue et desconfite, et que nuls de vaille n'en estoit escappés, et -estoit li roys englès à grant effort venus par dechà le mer. De ces -nouvelles fu li roys de Franche moult courouchiés, car il avoit eu -grant fianche en ces Geneuois et Normans que par yaus fuist li rois -englès desconfis sus mer et ses voiaiges rompus. De quoy pour le -mautalent il ordonna le matin à deslogier et à retraire vers Arras et -illoecq environ. Enssi furent departies ces deux os que vous m'oés -recorder, de devant Thun, et requeillèrent tentes et pavillons et -misent à charoy. Et revint li comtes de Haynnau à Vallenchiennes et là -amena le duc de Braibant, le duc de Gerlles, le comte de Jullers, son -serourge, le comte de Namur, le marquis de Blancquebourch, monseigneur -Jehan de Haynnau son oncle, le marquis de Misse, le seigneur de -Fauquemont, Jaquemon d'Artevelle, et lez festia et honnoura au mieux -qu'il peult. Et cil dessus dit fissent leurs gens tout bellement -retraire et raller en leurs lieux. Et ossi li roys de Franche se -desloga ceste meysme matinée et s'en vint à Arras, et ducs et comtes -avoecq lui, et ne donna nullui congiet, car il penssoit bien qu'il en -aroit temprement affaire. Or revenrons au roy d'Engleterre et coumment -il se ordonna apriès le bataille qu'il eult entre Blancqueberghe et -l'Escluze. Fos 44 vo et 45. - - -=§ 116.= P. 38, l. 26: nakaires.--_Mss. A 11 à 14_: tabours, cornez et -de toutes manières d'instrumens, telement que on n'i ouist pas Dieu -tonnant. Fo 61. - -P. 38, l. 27: menestrandies.--_Ms. de Rome_: Et amenoit li rois -d'Engleterre en sa compagnie bien trois cens prestres, les quels il -avoit mis hors d'Engleterre, pour celebrer et faire l'office de Dieu en -Flandres. Car papes Clemens V[I], resgnans pour ce temps, à la requeste -et ordenance dou roi de France, avoit jetté une sentense -d'esqumenication par toutes les parties de Flandres. Et n'estoit nuls -prestres flamens, sus estre encourus en sentense esqumenicative, qui -osast canter ne faire le divin office, ou estre privés de son -benefisce, se il le tenoit. Et pour che, à la requeste et priière dou -pais, avoit li rois d'Engleterre amené tant de prestres, et pour faire -canter en Flandres. Fo 62. - -P. 39, l. 5: à l'endemain.--_Ms. B 6_: Au tierch jour. Fo 150. - -P. 39, l. 10: sus le soir.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: la nuit. -Fo 63. - -P. 39, l. 13: part.--_Ms. d'Amiens_: et lez dammes ossi qui estoient -venues veoir et apassées le mer pour l'amour de le roynne d'Engleterre -qui estoit moult enchainte, et assés tost apriès ajut d'un biau fil, -qui eut à nom Jehans contre le duc Jehan de Braibant qui le tint as -fons. Et fu puis duc de Lancastre de par sa femme ma damme Blanche, -fille au duch Henri de Lancastre. Fo 45. - -P. 40, l. 4: li signeur.--_Ms. d'Amiens_: li dus de Braibant, li comtes -de Haynnau, li dus de Guerlles, li comtes de Jullers, Jaquemes -d'Artevelle, qui estoit tous sires et souverains des Flammens. Fo 45. - -P. 40, l. 7: le sizime jour.--_Mss. A 1 à 7_: le huitième jour. Fo 63. - -P. 40, l. 18: lieu.--_Ms. d'Amiens_: Et li comtes de Haynnau et -messires de Biaumont, ses oncles, demeurèrent dalés le roy et le roynne -à Gand. Fo 45. - - -=§ 117.= P. 40, l. 24: Quant.--_Ms. de Rome_: Le jour Saint Jehan au -matin, furent ces nouvelles sceues et publiies devant Thun l'Evesque, -tant en l'oost dou conte de Hainnau conme dou duch de Normendie. Par -aparant li François ne fissent point trop grant compte de ces Normans, -et dissent li auqun: «On n'a riens perdu, se chil esqumeur de mer sont -mort et peri. Il n'estoient que larron: il ne laisoient point de -poisson venir par de deçà, nous n'en poions point avoir pour euls. Li -rois de France a à lor mort gaegniet deux cens mille florins. On lor -devoit lors gages de quatre mois, et si en est la mer delivrée.» Ensi, -ne aultrement ne les plaindoient moult d'onmes en l'oost le roi de -France et le duch de Normendie. Et li auqun disoient: «Puisque li rois -d'Engleterre a eu celle première aventure de desconfire les Normans et -les Geneuois, et que les victores le conmencent à agratiier, il en -auera encores des aultres.» Et bien le dist li rois Robers de Cecille, -de Naples et de Jherusalem, que li senglers de Windesore ficeroit -encores ses dens moult parfont ens ès portes de Paris; et chils -Edouwars est li senglers de Windesore, ensi que dient les prophesies de -Merlin selonch le livre de Bructus. - -Le jour Saint Jehan Baptiste, en l'an de grasce desus dit, et sus le -point de neuf heures, issi li rois d'Engleterre de la navie qui estoit -à l'ancre devant l'Escluse, et li signeur d'Engleterre aussi; et -vinrent en la ville de l'Escluse, et là furent recheu à grant joie. Et -but et manga li rois un petit, et puis tout de piet il vint à -Ardenbourc veoir le ymage de Nostre Dame, en cause de devotion, et là -fu tout le jour. Et là le vinrent veoir li bourgois de Bruges qui lui -recordèrent des besongnes de Flandres, et conment Jaquemes d'Artevelle, -ses grans amis, estoit avoecques le conte de Hainnau et le duch de -Braibant et les Alemans, à bien soisante mille Flamens, à l'encontre -dou duch de Normendie logiés, et couroit renonmée que il i aueroit -bataille. Ces paroles entendi li rois d'Engleterre volentiers, pour -tant que d'Artevelle estoit si bien en la grasce des Flamens que il les -menoit où il voloit. Si mist tantos li dis rois clers en oeuvre et -messagiers, et escripsi au conte de Hainnau et à ces signeurs le duch -de Braibant, le duch de Guerles, le conte de Jullers et tous les -aultres, son estat et la manière de l'estat et victore que il avoit eu -sus mer à l'encontre des Normans. Et qant il ot fait ce pour quoi il -estoit venus à Nostre Dame d'Ardenbourch, ils et auquns signeurs -montèrent sus chevaus que on lor amena de Bruges, et cevauchièrent et -vinrent à Gant, et trouvèrent madame la roine Phelippe, qui -nouvellement estoit relevée d'un biau fil, liquels avait à non Jehans, -contre le duch Jehan de Braibant, et puis fu dus de Lancastre. - -Li rois et la roine qui estoit logie l'abeie de Saint Pière se -conjoirent, ce fu raisons, ensi que gens qui s'entramoient grandement. -Si se tint là li rois et s'i rafresqi. Et aussi fissent li signeur -d'Engleterre et lors gens, et s'espardirent petit à petit parmi le pais -de Flandres, ens ès bonnes villes et aillours, et estoient par tout -conjoi et requelliet liement, car il paioient bien tout ce que il -prendoient. - -Qant li signeur d'Alemagne, qui gisoient devant Thun l'Evesque, furent -segnefiiet dou roi d'Engleterre que il estoit à Gant, et que là les -atendoit, si en furent grandement resjoy, et orent là consel l'un par -l'autre que il se deslogeroient et iroient veoir le roi à Gant. Si se -deslogièrent et se departirent premierement tantos les communautés de -Flandres, de Hainnau et de Braibant, et retournèrent en lors villes. -Ensi se desrompi ceste grande assamblée. Et li dus de Normendie se -retraist en Cambrai, et donna grant fuisson de ses gens d'armes -congiet, et les envoia par garnisons, et par especial en Lille, en -Douai et en Tournai, sus les frontières de Flandres. Et pour ce que -renonmée couroit que li rois d'Engleterre et li aloiiet venroient -mettre le siège devant la chité de Tournai, on i envoia le conte de -Fois et le conte de Conminges, le visconte de Bruninqiel, le visconte -de Talar, le visconte de Villemur et le visconte de Nerbonne, à bien -cinq cens armeures de fier, de Bidaus et de Foisois. Et encores furent -envoiiet en Mortagne, seans sus l'Escaut, li sires de Biaujeu à tout -grant fuisson de Bourgignons et de Biaujolois. En la ville de Saint -Amant en Peule furent envoiiet biaucop de Bidaus à dardes et à pavais, -des quels mesires Pières de Carchasonne, uns moult jentils cevaliers, -estoit capitaine. Toutes les garnisons françoises de là environ furent -pourveues de ce que il lor besongnoit, pour atendre l'aventure et -passer la saison. Et se tint li dus de Normandie à Cambrai un lonch -temps, et li rois de France se tenoit à Pieronne en Vermendois, et -donnoient saudées à tous geneuois et prouvenchiaus arbalestriers; et -qant il estoient paiiet pour trois mois, on les envoioit oultre sus les -pas(s)ages et frontières, là où on supposoit que il besongnoient. - -Qant li contes de Hainnau et li baron d'Alemagne et li dus de Braibant -se departirent de l'oost de devant Thun l'Evesque, il se traissent à ce -retour à Valenchiennes, et tout dis Jaquemart d'Artevelle en lor -compagnie, ne on ne faisoit riens sans lui, pour tant que toute -Flandres estoit en son obeissance, et tenoit un estat aussi estofé -conme li dus de Gerles, et plus grant. Et par especial li contes de -Hainnau et li dus de Braibant le tenoient grandement à amour, pour tant -que lor pais marcissent à Flandres: si en pooient estre aidié dou jour -à l'endemain. Li contes de Hainnau et la contesse sa fenme requelli ces -signeurs en Valenchiennes moult grandement, et lor fist des biaus -disners et soupers, cinq jours que il i furent. Et là preeca li dis -d'Artevelle enmi le marchiet, et estoit montés en la hale des signeurs, -là où ou anonce les bans, et fu volentiers oïs, car il avoit grant sens -et bielle parleure. Et remoustra quel droit li rois d'Engleterre avoit -au calenge de la couronne de France, et ausi quèle poissance li troi -pais avoient, Flandres, Hainnaus et Braibant, qant il estoient conjoint -ensamble et d'un acord et aliance. Chils Jaquemes d'Artevelle parla si -proprement à la plaisance dou peuple, qui là estoit asamblés pour oïr -ce que il voloit dire, que, qant il conclut son sermon, une vois -generaus et murmurations se eslevèrent en disant: «d'Artevelle a bien -parlé et par grande experiense, et est dignes de gouvrener et excerser -le pais de Flandres.» - -Apriès toutes ces coses faites et dittes, li signeur, liquel estoient à -Valenchiennes, prissent congiet l'un à l'aultre, et eurent ordenance de -estre dedens siis jours apriès à Gant deviers le roi d'Engleterre, et i -furent. Et les rechut li rois d'Engleterre et la roine liement et -doucement, et là parlementèrent ensamble. Et fu là acordé que li rois -d'Engleterre venroit à Villevort, où autrefois avoit esté, et là -seroient li signeur tout chil qui presentement estoient à Gant, et -pluisseur aultre qui point n'estoient là. Donc se departirent dou roi -d'Engleterre et s'en retournèrent li dus de Braibant en son pais, et li -contes de Hainnau à Valenchiennes où la contesse sa fenme se tenoit. -Mais li signeur d'Alemagne demorèrent à Brouselles et à Malignes et à -Louvaing, pour estre plus apparilliet au jour de ce parlement; et li -dis Renauls de Gerles, serouges au roi d'Engleterre, demora à Gant, et -vint à Villevort avoecques le dit roi. Fos 62 vo et 63. - -P. 41, l. 3: car.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 20 à 22_: il s'en doubtoit -plus que d'autres (_Mss. A 11 à 14_: d'autre ville qu'il eust) pour -cause des Flamens. Fo 63 vo. - -P. 41, l. 5: Biaugeu.--_Mss. A 11 à 14_: le sires de la Baume. Fo 61 -vo.--_Mss. A 2 à 6_: le sire de Wauvrins. Fo 63 vo.--_Mss. A 1, 18 à -23_: Beaurieu. - -P. 41, l. 17: guerre.--_Mss. A 11 à 14_: pour obvier à l'effusion de -sang et à la grant destruction du peuple et de l'Eglise qui s'en -povoient ensuir. Fo 61 vo. - - -=§ 118.= P. 42, l. 5: oncles.--_Ms. d'Amiens_: et leurs conssaux, li -ducs.... Fo 45. - -P. 42, l. 7: des Mons.--_Mss. A 11 à 14_: de Vaudemont. Fo 62. - -P. 42, l. 8: Faukemont.--_Ms. d Amiens_: .... li comtes de Los. Fo 45. - -P. 42, l. 9: d'Artevelle.--_Ms. de Rome_: conme souverains de Flandres. -Fo 63 vo. - -P. 42, l. 12: deus ou quatre.--_Mss. A 8 à 10_: trois ou quatre. Fo 58 -vo.--_Mss. A 11 à 14_: deus ou trois vaillans bourgois. Fo 62. - -P. 42, l. 27: seelet.--_Ms. de Rome_: sus painne de encourir en -contredit de Ronme et sentense d'Empereur. Fo 63 vo. - -P. 42, l. 30: monnoie.--_Ms. d'Amiens_: une monnoie sannable d'un -quind, d'un poix et d'une forge. Fo 45. - -P. 43, l. 5: Tournay.--_Ms. d'Amiens_: car s'il avoient Tournai à leur -volloir, il iroient par toutte Franche jusquez à Compiègne et jusques à -Coisi à leur vollenté. Et li Flammencq assiegeroient legierement Lille -et Douay et prenderoient toudis leurs pourveanches à Tournay, que nulz -ne leur poroit destourner. Fo 45. - -P. 43, l. 13: estat.--_Ms. de Rome_: Et li rois d'Engleterre et -Jaquemes d'Artevelle retournèrent à Gant. Trois jours apriès la revenue -dou roi d'Engleterre à Gant, s'acouça la fenme de ce d'Artevelle d'un -fil, et ot nom Phelippes contre la (roine) d'Engleterre, et le tinrent -à fons li rois d'Engleterre et la roine. Chils enfes, nonmés -Phelippes, fu depuis moult sages et bacelereus, et obtint tout le pais -de Flandres à l'encontre dou conte et des signeurs et dou roi de -France, ensi que vous orés recorder avant en l'istore. Fo 63 vo. - - -=§ 119.= P. 43, l. 14: Phelippes.--_Ms. de Rome_: qui se tenoit à -Pieronne en Vermendois et estoit tenus ou là environ, depuis que son -fil le duc de Normendie avoit fait sa cevauchie ens ou pais de Hainnau. -Fo 63 vo. - -P. 43, l. 25: de Poitiers.--_Mss. A 11 à 14_: Aimemon de Pommiers. Fo -62 vo. - -P. 43, l. 28: de Kaieus.--_Ms. d'Amiens_: .... monseigneur Godemar dou -Fay, le seigneur de Rainneval,... le seigneur de Merlo, monseigneur -d'Aufemont, monseigneur de Saint Venant, tout grant baron. Fo 45 -vo.--_Le ms. B 6 ajoute_: le seigneur de Bresekes. Fo 154. - -P. 43, l. 28: senescal.--_Mss. A 11 à 14_: mareschal. Fo 62 vo. - -P. 43, l. 28: Poito.--_Ms. A 1_: Pontieu. Fo 61 vo. - -P. 44, l. 9: regardèrent.--_Ms. B 6_: .... as portes, as murs, as -barbakennes, as bailles et à tout che que necessité leur estoit en la -ville. Fo 154. - -P. 44, l. 10: artillerie.--_Ms. d'Amiens_: et as enghiens, as kanons et -as espringalles, et les missent bien à point. Et regardèrent as -pourveanches de le ville, comment elle estoit avitaillie. Si fissent -wuidier grant fuisson de menues gens qui n'estoient mies bien pourveu, -et y fissent venir vins, bléz, avoines et grant fuisson de char, tant -que la chité fu en point et en estat pour li tenir ung grant temps. Fo -45 vo. - -P. 44, l. 11: besongnoit.--_Ms. B 6_: Et cheux qui bien n'estoient -pourveu pour atendre le siège, il les firent partir. Fo 155. - - -=§ 120.= P. 44, l. 18: li termes.--_Ms. B 6_: Quant le jour de la -Madelaine fut venus et que les blés estoient par les camps assés bons -pour les chevaulx et les avainnes. Fo 155. - -P. 44, l. 21: meurir.--_Ms. de Rome_: Li bleds et les avainnes as camps -commençoient à meurer, et li fain estoient fené et les auquns à fener, -et c'est li temps que les gens d'armes demandent pour euls et pour lors -cevaus. Fo 63 vo. - -P. 44, l. 21: englès.--_Ms. de Rome_: volt moustrer meute pour -esmouvoir tous les aultres, et avoit requelliet tous les Englois qui -espars estoient en Flandres, en Hainnau et en Braibant, et se departi -de Gant. Fo 63 vo. - -P. 44, l. 22: sept.--_Ms. de Rome_: huit. Fo 63 vo. - -P. 44, l. 23: deus.--_Édit. de Verard et de D. Sauvage_: huit. _Edit. -de Lyon_, 1559, p. 69. - -P. 44, l. 23: deus cens.--_Ms. de Rome_: quatre cens. Fo 63 vo. - -P. 44, l. 24: chevaliers.--_Ms. de Rome_: En ces quatre cens chevaliers -estoient vint et wit banerès, tous grans signeurs, et les contes -doubles banerès, et menoient casquns de ces signeurs grant arroi. Et -estoit mesires Robers d'Artois ou nombre de ces contes, car on le -nonmoit le conte de Ricemont; et pooit celle terre de Ricemont valoir -en revenue par an environ siis mille florins. Et li avoit li rois -donnée pour tenir son estat, car conment que messires Robers d'Artois -fust banis et escachiés de France, ensi que ichi desus est dit, il -estoit li uns des plus nobles de sanc et des gentils honmes des -Crestiiens, et issus de la droite generation dou roi saint Lois. Fo 63 -vo. - -P. 44, l. 24: quatre mille.--_Ms. B 6_: six mille. Fo 155. - -P. 44, l. 25: neuf mille.--_Ms. de Rome_: douse mille. Fo 63 vo.--_Ms. -B 6_: dix mille archiés et otant de Galois. Fo 155. - -P. 44, l. 25: pietaille.--_Mss. A 11 à 14_: sanz les petaulx, tuffes et -guieliers. Fo 62 vo. - -P. 45, l. 2: vingt mille.--_Ms. A 3_: dix mille.--_Ms. de Rome_: sans -chevaliers et esquiers, dont il ot plus de quatre cens. Fo 63 vo--_Ms. -B 6_: à tout quatre mille hommes, que chevaliers, que escuiiers, et -trente mille communiers. Fo 156. - -P. 45, l. 5: terre.--_Ms. d'Amiens_: car là estoient de son pays tout -li gentils hommes et chil dez bonnes villes de Brouxelles, de Louvaing, -de Malines, d'Anwiers et de touttes les aultres. Fo 45 vo. - -P. 45, l. 6: pont à Ries.--_Mss. A 11 à 14_: pont de mer. Fo 62 vo. - -P. 45, l. 7: le Pire.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14_: les prés de la porte -Valenciennoise. Fos 64 vo et 65.--_Mss. A 7, 18 à 33_: les prés et la -porte Valenciennoise. Fo 59 vo.--_Mss. A 8 à 10, 15 à 17, B 3_: -l'Empire et la porte Valenciennoise. Fo 59. - -P. 45, l. 9: Haynau.--_Ms. B 6_: En après vint le conte de Haynau, le -conte de Namur en sa compaignie, monseigneur Jehan de Haynau son -oncle, le seigneur d'Engien, le seigneur de Havrech, le seigneur de -Lingne, de Lens, le seigneur de Brabenchon, le senescal de Haynau, le -seigneur d'Antoing. Et avoit bien le dit conte deux mil lanches, tant -de Haynau comme de Hollande, et vingt mil Hollandois. Sy se loga le dit -conte au lés devers Explechin. Fo 155. - -P. 45, l. 11 et 12: signeur.--_Ms. d'Amiens_: Et li roys d'Engleterre -et toutte sa gent estoient deviers le porte Saint Martin, sus le chemin -de Lille. Fo 45 vo. - -P. 45, l. 14: soissante mille.--_Edit. de D. Sauvage_: quarante mille. -Lyon, 1559, p. 69. - -P. 45, l. 21: aise.--_Ms. de Rome_: et chariier sans peril; et aussi li -Braibençon, liquel estoient logiet sus le Piré, ensi que li Escaus -entre en la chité de Tournai, avoient parellement fait un tel pont. Fo -64. - -P. 45, l. 23: des Mons.--_Mss. A 11 à 14_: de Vaudemont. Fo 63. - -P. 45, l. 24: Bakehen.--_Mss. d'Amiens et de Rome_: ... messires -Guillaumes de Duvort. Fo 45 vo. - -P. 45, l. 25: devers.--_Ms. de Rome_: les Marvis, au lés deviers -Hainnau; et comprendoient lors logeis jusques à la porte de Sainte -Fontainne. Fo 64. - -P. 45, l. 28: Tournay.--_Ms. de Rome_: qui est de grant cirquité. Fo -64. - -P. 45, l. 30: fust.--_Ms. de Rome_: Li contes de Namur s'estoit esqusés -deviers le conte de Hainnau, de qui il relieuve sa terre et l'en doit -service, pour tant que il n'estoit pas chiés de la besongne, mais li -rois d'Engleterre; et ne se voloit pas armer li dis contes contre le -roiaulme de France. Fo 64. - -P. 45, l. 32: fust.--_Ms. B 6_: Et les nombra on, et estoient bien deux -cens milles hommes. Et estoient logiet par telle manière que nul n'en -povoit entrer ne yssir en la ville qu'il ne fust veus. Et avoient ceulx -de Tournay, pour eulx mieulx forteffier, enterret sept de leur portes. -Fo 156. - - -=§ 121.= P. 46, l. 5: yawe.--_Ms. d'Amiens_: par le rivierre d'Escault. -Fo 45 vo.--_Ms. de Rome_: car il lor venoient de Flandres, de Hainnau -et de Braibant. Fo 64. - -P. 46, l. 8: mention.--_Ms. de Rome_: Et plus en fissent li Hainnuiier -que nuls des aultres. Fo 64. - -P. 46, l. 9: Haynau.--_Ms. B 6_: Le conte de Haynau.... ardy en poudre -la ville d'Orchies et plus de quarante villaiges ens ou pais. Et assaly -Saint Amant et de forche le prist; et furent tous mors cheulx qui -dedens estoient, et le senescal de Carcasone ossy qui cappitaine en -estoit, et ly abeie ars(e) et destruite. Et depuis revint le dit conte -devant le castiel de Mortaigne et le fist assaillir de deux costés par -trois jours. Mais le sire de Beaugeu, qui dedens estoit avoecques -foison de bonne gens d'armes, le garda et deffendy sy bien que point de -damaige il n'y eult ne cheulx de le fortrèche. Fo 157. - -P. 46, l. 9 et 10: entreprendans.--_Ms. de Rome_: et messires Jehans de -Hainnau, son oncle, avoient si fort encargiet ceste guerre, et pris en -si grant desplaisance et despit la cevauchie que li dus de Normendie -avoit fait en Hainnau, que il ne le pooient ne voloient oubliier. Fo -64. - -P. 46, l. 13: se parti.--_Ms. de Rome_: li dis contes et ses oncles. Fo -64. - -P. 46, l. 15: Lille.--_Ms. de Rome_: et vinrent ardoir Habourdins et -Seclin, Ronchins et tous les villages de là environ, et la ville et -abbeie de Chisoing et Baissi et tous le pais jusques au pont à Raisse à -une lieue de Douai, et puis s'en retournèrent viers Landas et viers -Orchies et les ardirent. Fo 64. - -P. 46, l. 24 et 25: contour.--_Ms. d'Amiens_: en le Peule, et le ville -de Marchiennes ossi et tout le pays costiant le rivière de Scarp -jusquez au castiau de Rieulay qui se tient de Haynnau. Et coururent si -coureur bien priès de Douay. Fo 45 vo. - -P. 46, l. 27: Flamench.--_Ms. de Rome_: qui estoient logiet à la porte -Sainte Fontainne. Fo 64. - -P. 47, l. 7: chevalier.--_Ms. d'Amiens_: Et vous di que li bon -chevalier que li roys de Franche y avoit envoiiéz, leur fisent grant -confort, et tint Tournay en honneur. Et fissent li Flammencq, entre les -autres assaux, un assaut très fort et très mervilleus et par especial -sour le rivierre d'Escault, et avoient nefs armées et grant fuisson de -bonnes gens dedens. Et aprochièrent ces nefs jusques à le barbakanne de -le porte couleiche de l'arche sus l'Escault, et volloient par là entrer -en le ville et hantoient Flamencq de haces, de pils et d'autres -instrummens ordonnés et aprestés pour rompre. Là estoient as gharittes -d'amont li comtes de Foix et si frère, messires Robiers Bertrans, -marescaux de France, messires Joffroys de Carni, li sires de Kaieus, et -servoient chiaux d'aval tellement qu'il n'y avoit si hardit qui ne -resongnaist. Encorres estoient dez barons de Franche en nefs sur -l'Eskault par dedens le ville, li senescaux de Poitau, messires Gerars -de Montfaucon, messires Mahieux de Trie, messires Godemars dou Fay, et -estoient à l'encontre des assallans et se deffendoient vaillamment. Fo -46. - -P. 47, l. 9: appareilliés.--_Ms. de Rome_: et avoient en ces nefs -arbalestriers qui traioient à ceuls de dedens, les quels il convenoit -estre bien pavesciés, ou il euissent trop grandement perdu. Fo 64. - -P. 47, l. 13: six vingt.--_Mss. A 11 à 14_: huit vingt. Fo 63 vo. - - -=§ 122.= P. 47, l. 15: Le siège.--_Ms. de Rome_: Le siège estant devant -Tournai, issirent hors de Saint Amant li saudoiier qui là estoient, et -vinrent à Hanon à une petite lieue de là, et passèrent les bos. Si -ardirent la ville et violèrent l'abeie, et le destruisirent et le -moustier aussi, et enportèrent et menèrent tout ce que de bon il i -trouvèrent; mais en devant ce, li abbes de Hanon et li monne avoient -amené lor fiètre et lors jeuiauls et les reliques à sauveté en la ville -de Valenchiennes. - -Qant li saudoiier de Saint Amant orent ce fait, il s'avalèrent parmi -les bois que on dist de Rainmes, et vinrent à l'abeie de Vicongue, et -ardirent l'ostel dou Pourcelet, et abatirent le conduit de une -fontainne qui là estoit, et vinrent à la porte de l'abeie de Vicongne, -et le conmenchièrent à asallir. Pour ces jours, il i avoit un abbet, -mout vaillant honme, qui se nonmoit Godefroi. Qant il considera le -peril de ces bidaus, il fist monter un varlet à ceval, et se parti de -l'abeie par derrière, et vint au ferir des esporons à Valenchiennes et -au sequours. - -Pour ces jours, estoit prevos de Valenchiennes uns moult vaillans homs -qui se nonmoit Jehans de Baisci, qui entendi as requestes que dans -abbes de Vicongne faisoit, car moult l'amoit et l'abeie aussi. Si -ordonna tantos arbalestriers et honmes bien cinq cens à partir et à -aler à Vicongne, pour aidier à l'abeie. Chil qui furent esleu se -departirent tantos, et prissent le cemin de Rainmes. Et bien lor -besongna que il se delivrassent dou venir au seqours pour l'abeie, car -li saudoiier de Saint Amant avoient fait un gran feu devant la porte de -l'abeie, pour le ardoir et entrer dedens; mais li abbes desus nonmés, -qui bien se doubtoit de tout ce, avoit fait armer et vestir la porte -de quirs de vaces à tout le poil, par quoi li feus ne se peuist -legierement prendre, ne atachier à la porte. - -De ces bidaus qui là estoient venu, en i avoit auquns qui en estoient -alé et parti de lor compagnons pour pillier à Rainmes. Chil de la ville -de Rainmes avoient relevé les fossés à deus costés deviers le bois, et -fait à deffense unes grandes bailles; et là ot grande escarmuce, et -tant que li arbalestrier de Valenchiennes aprocièrent. Chil bidau les -veirent venir sus la caucie et lor banière tout devant; et avoec ce il -oïrent dire ces gens de Rainmes qui là se deffendoient et -escarmuçoient: «Veci seqours qui nous vient; vechi les Valenciennois.» -Ces paroles oïes et les arbalestriers veus, chil bidau se missent -tantos au retour, et entrèrent ens ès bos de Saint Amant, et se -sauvèrent, et retournèrent en la ville. - -Et li Valenchiennois vinrent jusques à Vicongne, et estindirent le feu -qui estoit devant la porte. Li abbes Godefrois les remercia grandement -de ce seqours, et fist tourner un tonniel de vin sus le fons et lor -fist boire, et puis retournèrent à Vallenchiennes. Et li abbes de -Vicongne fist tantos coper les bos tout autour de son abbeie et devant -aussi, par quoi on ne peuist chevauchier ne venir aisiement jusques à -là. Fo 64. - -P. 48, l. 5: lui.--_Ms. d'Amiens_: environ quarante arbalestriers et -otant d'archiers à main. Fo 46. - -P. 48, l. 5: Raimes.--_Ms. d'Amiens_: en ce petit bos qui regarde sus -le voie de le cauchie dou Pourcelet, liquelle chauchée estoit adonc -toutte semée de Franchois qui Vicongne volloient destruire. Fo 46. - -P. 48, l. 10: bos.--_Ms. d'Amiens_: et à chiaux qui les traioient ne -pooient avenir, car il y avoit grandes rouillies et fort bos entr'iaux. -Fo 46. - -P. 48, l. 11: retour.--_Ms. d'Amiens_: car il se doubtèrent qu'il n'y -ewist plus de gens qu'il n'y avoit. Fo 46. - -P. 48, l. 12: mieulz.--_Ms. d'Amiens_: Et li arbalestriers de -Vallenchiennes, tout costiant lez bos, les reboutèrent si avant qu'il -en delivrèrent le chauchie. Et fu li abbeie deffendue, et li feulx -estains, qui devant le porte estoit. Et fist chils abbes copper grant -fuisson de bos par derierre, affin que on ne les pewist approchier; et -par devant, où point de bos n'avoit, il fist faire grans fossés et -parfons et larges. Fo 46. - -P. 48, l. 13 et 14: Gascongne.--_Ms. d'Amiens_: Si comme je vous -recorde, che siège durant devant Tournay, avinrent pluisseurs avenues -et grans fès d'armes, tant en France comme en Gascoingne et en Escoche, -qui ne font mies à oubliier, car ainssi l'ai je proummis à messires et -mestres ou coummenchement de mon livre, que tous les biaux fès d'armes -dont j'ay le memore et le juste infourmation, je les remeteray avant, -jà soit ce que messires Jehans li Biaux en ses cronikes n'en fait mies -de tous mention. Mès ungs homs ne puet mies tout savoir, car ces -guerres estoient si grandes et si dures et si enrachinées de tous -costés que on y a tantost oubliiet quelque cose, qui n'y prent -songneusement garde. - -Et pour ce voeil revenir ung petit au comte de Laille qui, comme roys -de Franche, se tenoit en Gascoingne, et faisoit de celle saison grant -guerre contre les Gascons qui pour le roy d'Engleterre se tenoient. Et -estoit avoecq lui li comtes de Comminges, li comtes de Pieregorth, li -viscomtes de Villemur, le viscontes de Talar, li comtes de Bruniqiel, -li viscontes de Carmaing, li viscontes de Murendon, et pluisseur autre -baron et chevalier. Et estoient bien six mille à cheval et dix mil à -piet, et avoient jà reconcquis pluisseurs bonnes villes et castiaux, -tant que Bregerach, Condon, Sainte Basille, Penne, Lango, Prudaire, -Zebillach. Et avoient partout mis gens et garnisons pour deffendre et -tenir ces castiaux, et seoient devant le Riole, une bonne ville et fort -castiel. Si en estoit adonc capitaine ungs chevaliers englès qui -s'appielloit messires Jehans li Boutilliers, qui longement et -vassaument le tint contre les François. Mès finablement il fu si menés -et si appressés par assaulx d'enghiens et d'autres besoingnes, et si -veoit ossi que nuls comfors ne li appairoit, car il n'avoit homme en -Gascoingne adonc, seigneur de Labreth ne autre, qui se meuist ne -resistast as Franchois de riens, mès gardoient chacuns leurs fortrèches -au mieux qu'il pooient. Si traita li cappittainne de le Riole, par le -consseil et acord de chiaux de le ville, à le rendre au comte de Laille -parmy tant qu'il s'en devoit partir, et chil qui partir s'en volloient, -sans dammaige; mès il, ne chil qui avoecq lui se partiroient, ne se -pooient armer toutte l'année contre yaus ens ès marches et frontierres -de Gascoingne. Chilz marchiés fu tenus, et li ville et li castiaux de -le Riolle rendus. Et y entrèrent li Franchois baudement, et prisent le -feaulté et le serment de chiaux de le ville, et y misent ung chevalier -gascon que on appelloit messire Raimmon Segni. - -Apriès le prise de le Riole et le chevalier dessus noummet ens -laissiet, et le ville pourvue et rafreschie de touttes coses qui -appertenans y estoient, li comtes de Laille eut consseil qu'il yroit -devant Auberoche et l'asegeroit et ne s'en partiroit jusques à tant -qu'il l'aroit. Si se parti appertement de le Riolle et fist arouter -tout son charoy et ses pourveances, et esploita tant qu'il vint devant -le bonne ville de Auberoche et le assiega de tous poins environneement, -et y fist faire et livrer pluisseurs assaux grans et mervilleux, mès -chil de dedens se deffendoient bien et vaillamment. Et en estoit adonc -souverains et gardiiens de par le roy d'Engleterre messires Helies de -Pummiers, frères au seigneur de Pummiers, liquelx avoit avoecq lui -bonne bachelerie et apperte, qui moult songneux estoient de garder le -ville et de enhorter les bourgois de le ville qu'il fuissent loyal et -preudomme enviers leur seigneur le roy Edouwart d'Engleterre. Enssi se -portoit li affaire; on gerrioit de tous lés. Li roys englès seoit -devant Tournai et ardoit et exilloit le pays d'environ. Et li comtes de -Laille et li autre comte et baron li ardoient et assegoient son pays en -Gascoingne. Ossi li Escot li faisoient une très forte gerre par de delà -au costet deviers Escoche, si comme vous orés chy apriès. Fo 46 vo. - -P. 48, l. 16: six mille.--_Mss. A 11 à 14_: huit mille. Fo 63 vo. - -P. 48, l. 22: la Barde.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: la Bourde, -la Borde. Fo 65 vo. - - -=§ 123.= P. 49, l. 1: Vous devés.--_Ms. d'Amiens_: Endementroes que li -sièges estoit devant Tournay, qui y fu grans et lons, et bien dura par -l'espasse de onze sepmainnes, li ennemic au roy d'Engleterre se -pourveoient de tous lés à lui porter contraire et damage au -coummandement et à l'ordonnanche dou roy de Franche, et par especial li -baron et chevalier du royaumme d'Escoce. Vous avés bien oy chy devant -recorder coumment li rois englès chevaucha en Escoche et conquist -Bervic, Rossebourch, Haindebourch, Struvelin, Dalquest et pluisseurs -fortrèces, et ardi et essilla toutte le plainne Escoche jusques en -Abredane et jusquez à le ville Saint Jehan. Et tout ce fist ainschoix -qu'il entrepresist le gherre au roy Phelippe de Franche, par tant que -li roys David d'Escoce ne volloit point relever le royaume d'Escoce dou -roy englès, car ses gens ne li souffroient. Et dient et maintiennent -que li Englèz n'ont nul droit à ce demander, et li Englèz moustrent le -contraire. Par enssi y est la gherre et a estet longement et sera -encorres ainchois que la cose soit declairie, car li Escot aimment -otant le gherre que le pès as Englès, especialement li bachelerie -d'Escoce; ne de feus, ne de arssins que li Englès fachent en leur pays, -il ne font nul compte, car il ne edefient pas maisson de grant -coustaige: il en ont une faite et parfaite, pour demourer à leur usaige -assés aisiement, en mains de cinq jours. Et quant il sentent que li -Englès doient venir en leur pays, il requeillent leurs bestes et le -leur, dont il ne sont gaires ensonniiet, car il ne font compte de grant -meuble, et se mètent ens ès foriès, boutent le feu en leurs maisons, -affin que li Englès n'en aient point d'aise. Et quant li Englès sont -retret en leurs pays, il se requeillent et cevauchent hardiement sour -yaux, et entrent en le contrée de Northonbrelant, qui fu jadis -royaummes dou tamps le roy Artus, et en l'evesquet de Durem, et se -contrevengent bien de leur dammaige. Ensi courent une fois li Escot sus -lez Englès et puis li Englès sus les Escos, et maintiennent toudis le -gherre que leur predicesseur ont maintenu. - -Or seurent li seigneur d'Escoce, qui le pays adonc gouvernoient de par -le roy David leur seigneur, qui estoit en Franche, ensi com vous avés -oy, que li roys englès seoit devant Tournay et en avoit menet toutte le -fleur de se chevalerie, et que li royaummes d'Engleterre estoit ensi -que tous wis, et que li comtes de Sallebrin, messires Guillaumes de -Montagut, qui tant de dammaiges leur avoit fès et portés, estoit pris -dez Franchoix et emprisonnés en Castelet en Paris, et li comtes de -Sufforch avoecq lui, ossi messires Gautier de Mauni estoit avoecq le -roy devant Tournay. Si s'avisèrent li ung par l'autre, c'est assavoir -messires Guillaumes de Douglas, neveus à monseigneur Guillaumme de -Douglas qui demoura en Espaigne, ensi comme vous avés oy, li comtes de -Moret, filz au comte de Moret qui demoura avoecq le dessus dit, -messires Robers de Versi, messires Simons Fresiel, Alixandres de -Ramesay, qui en Dubretan se tenoient, que il metteroient une chevauchie -sus et enteroient en Engleterre, ardant et exillant le pays et par -especial le comté de Sallebrin, pour ce que li comtes leur avoit fès -pluisseurs dammaiges. Si se queillièrent secretement et rassamblèrent -de plusieurs lieux, et misent et ordonnèrent ung certain jour qu'il -seroient en le forest de Gedours au jour qu'il noummèrent et -devisèrent. Chil qui mandet y furent, vinrent sans defallir. - -Quant chil seigneur d'Escoce se virent tout enssamble, si eurent -consseil et consideration là où il se trairoient premierement pour -porter plus grant dammaige as Englès: si i eut là pluiseurs parolles -retournées et devisées entre yaux. Li aucun volloient que leur -chevaucie fuist emploiiée en Engleterre, et li autre disoient qu'il -vauroit trop mieux, et plus honnerable et pourfitable leur seroit que -il mesissent painne et dilligence à raquerre les castiaux et les -fortrèces que pardus avoient, que de cevauchier plus avant; car espoir -chil qui les castiaux tenoient en Escoce, leur poroient parardoir et -destruire tout le remannant de leur pays, quant parti s'en seroient. -Chilz conssaux et advis fu tenus. Et s'avisa messires Guillaummes de -Douglas d'une grande et haulte emprise et le dist au comte de Moret, -sen cousin, à messire Simon Fresel et à Alixandre de Ramesai, tant -seullement, liquel s'accordèrent moult bien à lui et disent qu'il li -aideroient à parfurnir, à quel coron que venir en deuissent. Or vous -diray de l'emprise dou dessus dist chevalier, quelle elle fu, car elle -ne fet mies à oubliier, tant fu perilleuse et hautainne. Fos 46 vo et -47. - -P. 51, l. 10: deus cens.--_Ms. d'Amiens_: trois cens. Fo 47. - -P. 51, l. 20 et 21: dis ou douze.--_Ms. d'Amiens_: jusques à douze. Fo -47. - -P. 51, l. 23: capiaus.--_Ms. d'Amiens_: de rude fautre. Fo 47. - -P. 52, l. 10: paour.--_Ms. d'Amiens_: de le cité de Bervic. Fo 47. - -P. 53, l. 1: si treize.--_Ms. d'Amiens_: si douze. Fo 47. - -P. 54, l. 5: jour.--_Ms. d'Amiens_: et segnefiièrent leur aventure à -chiaux de leur pays qui à Dubretan les atendoient, qui de cez nouvelles -furent moult joyant. Fo 47 vo. - -P. 54, l. 8 et 9: d'Escoce.--_Mss. A 11 à 14_: tous hommes de fief du -roy d'Escoce. Fo 65. - -P. 54, l. 9: Ensi.--_Ms. d'Amiens_: Quant messires Robers de Versi et -li autre chevalier d'Escoce sceurent que Haindebourch estoit repris par -le subtilité et hardement de monseigneur Guillaumme de Douglas, si se -partirent de Dubretan: à ce de gens estoient bien deux mille hommes -d'armes et quatre mille à piet; et esploitièrent tant qu'il vinrent à -Haindebourch. Et là s'asamblèrent et dissent entr'iaux, puis qu'il -avoient ung si bon commencement que repris le plus fort castiel que li -Englès leur avoient tollut, il se metteroient en paine de reconcquerre -tous lez autres, et puis après chevaucheroient sus Engleterre. Si se -partirent de Haindebourch, quant il l'eurent bien pourveu de tout ce -qui y besongnoit et mis dedens cappittainne et compaignons pour le -garder, et s'en vinrent devant Dalquest à cinq lieuwes de Haindebourch, -ung très bel fort de l'hiretaige le comte de Douglas, et l'avoient li -Englès concquis. Quant messires Guillaummes de Douglas et tout sen ost -fu là venus, il fist environner le castiel et drechier enghiens par -devant le mestre tour qui est grosse et quarrie, et le fist assaillir -mout fierement. Chil dedens se deffendirent comme bonne gent, et -estoient assés bien pourveus d'artillerie. Si traioient à chiaux dehors -et se fuissent bien tenut ung grant temps, se il esperaissent confort -ne secours de nul costet; mès il sentoient le roy englès oultre le mer, -le comte de Sallebrin en prison, le castiel de Haindebourch repris. Si -en estoient en plus grant esmay, car messires Guillaumme de Douglas -leur avoit bien baptisiet que, se par forche il estoient pris, de leurs -vies ne seroit riens; et se partir bellement s'en volloient, il les -lairoit aller sans peril jusques à Bervich. Dont finablement, tout -consideret, li Englèz qui en Dalquest estoient, rendirent le chastiel, -sauve leur vies et leurs armures, et s'en partirent sans dammaige. Par -enssi reut messires Guillaume de Douglas son castiel, dont il eut grant -joie, et lequel oncques depuis il ne perdi. - -Apriès le reconcquès dou castiel de Dalquest, et que li Escot l'eurent -bien pourveu et messire Guillaume de Douglas mis ens cappitainne et -compaignons à son plaisir, il chevauchièrent et vinrent à Dombare seant -sur le mer, et là avoit une grosse tour et saudoiiers englès qui -durement herioient le pays. Li Escot l'environnèrent et le fissent -assaillir d'enghiens et le prissent de forche le cinquième jour qu'il y -furent venut, et ochirent tous chiaux qui dedens estoient, et -abandonnèrent le tour à abattre as villains dou pays, laquelle fu -tantost abatue rés à réz de terre. Et quant il eurent ce fait, il -eurent avis qu'il s'en yroient devant Dondieu. Donc se deslogièrent il -de Dombare et esploitièrent tant qu'il vinrent à Dondieu et -l'asegièrent de tous costés. Dedens estoit ungs chevaliers englès, -cousins au comte de Sallebrin, et l'apielloit on messires Thummas -Brike, bon bacheler et sceur as armes, et dist que le castiel il ne -renderoit pour morir. Chil de le ville tinrent un grant temps sen -opinion, maugret yaulx, car il estoient Escos: si se fuissent -vollentiers retourné plus tempre qu'il ne fesissent. Touttes fois -messires Guillaumme de Douglas et li Escot sirent tant devant que cil -de le ville se rendirent, et prissent de force messire Thumas et le -livrèrent as barons d'Escoce qui le retinrent pour prisonnier et -l'envoiièrent en Haindebourch prisonnier, puis se partirent de Dondieu -et s'en vinrent à Donfremelin, une bonne ville et bien fremée: si -l'asegièrent et n'y furent que trois jours quant il se rendirent. - -Que vous feroie je loncq compte? En ceste meysme saison, entroes que li -roys englès estoit par dechà le mer, messires Guillaume de Douglas, li -comtes de Mouret, li contes Patris, messires Robers de Versi, messires -Simons Fresel, Alixandres de Ramesay et pluiseurs autres chevaliers -d'Escoce avoecq les bachelers et les escuyers reconquisent moult dou -pays d'Escoce perdu, et s'en vinrent finalment devant Struvelin, ung -très fort castel et très bel, seant sus ung bras de mer à l'un dez léz -et d'autre part sus une roche, et l'asegièrent communaument de grant -vollenté. Et leur sanbloit que, se il ravoient ce castiel, il seroient -ensi que tout au dessus de leur pays où li Englèz avoient jà demouret -plus de troix ans; pour ce y mettoient il grant painne et grant cure à -le ravoir. Or lairons à parler des Escos. Quant tamps et lieux sera, -nous y retourons. Si parlerons dou siège de Tournay et coumment il fu -perseverés. Fo 47 vo. - - -=§ 124=, P. 54, l. 16: six vingt mille.--_Ms. d'Amiens_: plus de cent -mille. Fo 48. - -P. 55, l. 10: royaume.--_Ms. d'Amiens_: que tout fuissent assamblet à -Arras, à Lille et à Douay, au jour qui ordonnés y estoit. Fo 48. - -P. 55, l. 12: Bar.--_Ms. d'Amiens_: ... l'evesque de Liège, l'evesque -de Miès.... Fo 48. - -P. 55, l. 17: gens.--_Ms. d'Amiens_: qui le vinrent servir à bien -quinze cens lanches. Fo 48. - -P. 55, l. 18: revinrent.--_Ms. d'Amiens_: li dus de Normendie, aisnés -fils au roy de Franche. Fo 48. - -P. 55, l. 18: Bretagne.--_Ms. d'Amiens_: à plus de mil lanches, -chevaliers et escuiers, de son pays. Fo 48. - -P. 55, l. 19: Bourgongne.--_Ms. d'Amiens_: ses filz. Fo 48. - -P. 55, l. 19: d'Alençon.--_Ms. d'Amiens_: frères au roy de Franche. Fo -48. - -P. 55, 21: Blois.--_Ms. d'Amiens_: messires Charles de Blois,... li -comtes d'Auçoire, li comtes de Ventadour, li comtes de Bouloingne, li -comtes de Sansoire, li comtes de Tancarville, li comtes de Saint Pol, -li comtes d'Aumale,... li sires de Sulli, li sires de Pons, messires -Goffrois de Harcourt, li viscomtes de Rohan, li sires de Partenay, li -sires de Montmorensi. Fo 48. - -P. 55, l. 25: detriemens.--_Ms. d'Amiens_: Et s'asamblèrent à Arras et -là environ, à Lille, à Douay, à Bietunne, à Lens et là environ. Fo 48. - - -=§ 125.= P. 56, l. 2: venus.--_Ms. d'Amiens_: li aucun par priière, li -aultre par feaulté et par hommage. Fo 48. - -P. 56, l. 7: Tournay.--_Ms. d'Amiens_: et s'en vinrent logier au Pont à -Bouvines et jusques au Pont à Tresin, et point ne passèrent non par -mannierre de logeis. Fo 48. - -P. 56, l. 10: estroit.--_Ms. d'Amiens_: car trois hommes de front à -grant mesaise le pewissent cevauchier. Fo 48. - -P. 56, l. 12: combiner.--_Ms. d'Amiens_: Et se logièrent li roys de -Behaingne et li evesques Aoulz de Liège et touttes leurs gens assés -priès de ce pont. Quant toutte li os fu amanagie et logie, il fu -ordonnet de par le roy de Franche que li comtes de Flandre, li dus -d'Athènes, li viscoens de Touars, li comtes de Sallesebruges, li sires -de Cram regardaissent et advisaissent sus celle rivière. Fo 48. - -P. 56, l. 26: au pont à Tressin.--_Mss. A 1 à 6_: au pont à Crecy et -entre le pont et Bovines. Fo 68.--_Mss. A 7 à 10, 15 à 17_: au pont à -Tressin et entre le pont de Bouvines. Fo 62.--_Mss. A 11 à 14_: à -Crecy, entre le pont et Bovines. Fo 66.--_Mss. A 18, 19, 30 à 33_: au -pont de Tressin et entre le pont de Bouvines. Fo 68.--_Mss. A 20 à 22_: -entre le pont à Tressin et le pont à Bouvines. Fo 102.--_Mss. A 23 à -29_: au pont de Tressin et emprès le pont de Bouvines. Fo 78. - -P. 56, l. 27: ennemis.--_Ms. d'Amiens_: pour comforter chiaux de -Tournay qui vaillamment et bellement se tiennent contre les Englès, -car, pour escarmuche ne pour assaut que on y face, en riens ne -s'effréent ne se desroient ossi. Il y a dedens bonne chevalerie, sage -et avisée, qui sèvent de guerre assés pour yaux tenir et deffendre. Fo -48. - -P. 56, l. 31: alemant.--_Ms. d'Amiens_: preux et hardis et qui tout -troi avoient à nom Conrart, par lesquelx ens ou pays de Ostrevant -avoient estet fait pluiseurs biaux fès d'armes sus les frontières de -Douay, de Marchiennes, de Alues en Pailloel, de Cambresis et d'Artois. -Fo 48 vo. - -P. 56, l. 32: Bouchain.--_Mss. A 1 à 7, 18 à 33_: Bouchain.--_Mss. A 8 -à 17_: Bohaing, Bouhaing. - -P. 57, l. 8: Leusennich.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 23 à 33_: Lansemich, -Lensemiich.--_Mss. A 18, 19_: Lansennich. - -P. 57, l. 11: l'Escaut.--_Ms. d'Amiens_: et le Haynne. Fo 48 vo. - -P. 57, l. 11: Condet.--_Ms. de Rome_: Ensi que il cevauçoient, euls -vintime tant seulement, et estoient entre Frane et Escaupons, deus -villages qui sont entre Valenchiennes et Condet, il regardèrent sur les -camps et veirent gens fuians, et moustroient que il estoient en grant -effroi. Si cevauchièrent au devant et leur demandèrent pourquoi il -fuioient. Il respondirent: «Nous fuions à sauveté, car chi en ce -village sont entré auqun compagnon françois, et creons bien que il sont -issu de Mortagne, et requellent la proie et l'asamblent, et avoecques -tout ce il ont jà pris honmes et fenmes que il en voellent mener.» Qant -chil chevalier entendirent ces paroles: «Retournés, bonnes gens, nous -irons veoir que c'est. Et sont il grant fuisson?»--«En non Dieu, -signeur, respondirent il, i(l) sont plus de cent.» Donc demandèrent li -chevalier: «Et conment appelle on celle ville à ce grant clochier?» Il -respondirent: «Frane.»--«Or alés celle part, dissent li chevalier, et -esmouvés les honmes de Frane, et faites recoper les cloces, par quoi -tout s'esmuevent fenmes et honmes de la ville, et les faites tous issir -hors, car nous les poursieverons et meterons en enbusque au lonc de -celle haie, et verons quels gens ils sont, et lors calengerons lor -proie.» Il le fissent tout ensi et vinrent à Frane, et trouvèrent les -honmes de la ville qui gardoient lor moustier. Se lor dissent ces -nouvelles. - -En celle prope heure vint là li sires de Frane qui venoit de -Valenchiennes, et estoit là establis pour aidier à garder la ville, et -jà savoit que il i avoit pillars venus à Bruel et à Escaupons, et -avoient aquelliet la proie des praieries. Si voloit, selonc sa -poissance, deffendre et garder ses gens et sa ville, et estoient diis -lances et vint arbalestriers. Qant il oï ces nouvelles de ceuls de la -garnison de Bouçain, si en fu tous resjois, car il les sentoit moult -vaillans honmes, et requella tous les honmes aidables de sa ville, et -fist ensi que li premier li avoient dit. Ces saudoiiers de Mortagne, -qant il orent fait lor quelloite, il missent ensamble bien deus cens -bestes, et prissent lor retour, et les fissent cachier devant euls. Et -tout ce veirent chil qui estoient en enbusque, et les laisièrent passer -et aler tout oultre, et jà estoient ou bois, qant chil de Frane -vinrent. Qant il furent tout ensamble, il se missent au cemin le bon -pas, et poursievirent ceuls qui enmenoient la proie et biaucop de -prisonniers, et ne pooient tos aler pour la cause dou bestail. - -Ensi que assés priès de Nostre Dame ou Bos il raconsievirent ces -pillars, voires li honme de ceval premierement, et conmenchièrent à -escriier «Hainnau!» et abaisièrent les glaves, et se boutèrent entre -euls, et en ruèrent jus de lors cevaus de premières venues sept. Li -aultre se missent à deffense, car il i avoit des gentilshonmes qui là -estoient venu pour gaegnier, ensi que auqun baceler s'avancent. Là ot -bon hustin et dur, et moustrèrent li François deffense; mais chil -Alemant estoient droite gens d'armes, et bien usé et coustumé de tels -besongnes. Et avint que avoecques le confort des gens de piet, -arbalestriers et aultres qui les sievoient, la proie fu rescouse, et -tout chil et celles qui pris estoient, delivret; et en i ot des -François mors jusques à quinze et pris plus de vint cinq, et li autre -se boutèrent en bos et se sauvèrent. - -Ce service fissent li doi chevalier alemant qui issu estoient de -Bouçain, à ceuls de Bruel et d'Escaupons; et furent li prisonnier menet -à Valenchiennes, à Condet et à Mons en Hainnau. Si furent li varlet -pendu et noiiet, et li gentilhonme rançonnet. Et li doi chevalier -alemant et li sires de Frane en lor compagnie vinrent au siège devant -Tournai, et trouvèrent le conte de Hainnau qui lor fist bonne chière. -Fos 65 vo et 66. - - -=§ 126.= P. 58, l. 24 et 25: au pont à Tressin.--_Ms. d'Amiens_: au -pont à Bouvines. Fo 48 vo.--_Ms. de Rome_: viers le pont à Tresin, ou -cemin de Lille et de Tournai, et moult i a biaus pais et plain. Et -passèrent Froiane et Basieu, et cevauçoient as aventures, ensi que -compagnon font qui se desirent à avanchier et avoir bonne renonmée. Fo -66. - -P. 59, l. 2: l'evesque.--_Ms. de Rome_: Aoul de Liège, qui là estoit -avoecques le roi de France. Fo 66. - -P. 59, l. 2: de Liège.--_Ms. B 6_: qui estoit ses sires. Fo 159. - -P. 59, l. 2: Liegois.--_Ms. de Rome_: et li Hasbegnon, qui s'estoient -levet bien matin. Fo 66. - -P. 59, l. 4: plains.--_Ms. de Rome_: en ce plain pais de Tournesis. Fo -66. - -P. 59, l. 10: pont.--_Ms. de Rome_: pour aler viers Lille. Fo 66. - -P. 59, l. 12 et 13: ordonnèrent.--_Ms. de Rome_: messire Wauflars de le -Crois ordonna. Fo 66. - -P. 59, l. 16: Sorres.--_Mss. A 8 à 10_: Sorce. Fo 62 vo.--_Mss. A 15 à -17_: Sorée. Fo 68 vo.--_Le nom de ce chevalier manque dans les autres -mss. A._ - -P. 59, l. 19: avant.--_Ms. de Rome_: car il estoient bien monté et -furent decheu par la bruine, car il ne veoient point lonch ne autour de -euls, et ne se donnèrent de garde. Fo 66. - -P. 59, l. 22: li sires.--_Ms. B 6_: de Montmorensy. Fo 160. - -P. 59, l. 22: Rodemach.--_Ms. d'Amiens_: de le ducé de Luxembourcq. Fo -48 vo. - -P. 59, l. 28: esprouvèrent.--_Ms. de Rome_: mais la force des -Lucembrins et des Liegois les sourmonta. Fo 66 vo. - -P. 60, l. 11: bouter.--_Ms. B 6_: en ung vert chemin entre sauchois et -marès, et se bouta entre rosiauls et fontaines et autres petis -buissons, et dist que là il se tenroit jusques à la nuit. Fo 160. - -P. 60, l. 12: temps.--_Ms. d'Amiens_: Et s'avisa qu'il s'i tenroit bien -jusques à le nuit que il cevauceroit plus avant, ou il rapasseroit le -pont. Mès il n'en vint pas à sen entente, car il y fu ce meysme jour -trouvés et pris et rendus au roy de Franche, dont il eult grant joie, -car il li avoit fait pluisseurs contraires. Fos 48 vo et 49.--_Ms. de -Rome_: et jà avoit il laissiet aler son ceval. Il ne voloit sauver que -son corps, car trop resongnoit à estre pris pour les haines que chil de -Lille avoient sur lui. Fo 66 vo. - -P. 60, l. 15: banière.--_Ms. de Rome_: Et fu la banière à mesire -Guillaume de Bailluel conquise. Donc fu consilliés li dis messires -Guillaumes que il rapas(s)ast le pont: si ques, tout en combatant et -faisant armes, il le rapas(s)a et ses gens aussi, et avoient biau cop -de painne. Qant il fu oultre le pont, il fu qui li dist: «Sire, sauvés -vous, car la journée est contre nous.» Il tint ce consel et se ala et -pas(s)a tant de l'un à l'autre que il s'embla et feri ceval des -esporons, et deus de ses honmes tant seullement: chil se sauvèrent. Fo -66 vo. - -P. 60, l. 16: A ces cops.--_Ms. de Rome_: tantos apriès ce que messires -Guillaumes de Bailluel fu departis. Fo 66 vo. - -P. 60, l. 17: Bailluel.--_Ms. d'Amiens_: frères mainnéz à monseigneur -Guillaumme de Bailloel. Fo 49. - -P. 60, l. 26: armes.--_Ms. de Rome_: car la brisure des deus frères -estoit moult petite, et crioient tout doi: «Moriaumés!» Fo 66 vo. - -P. 60, l. 26 et 27: vairiet contre vairiet.--_Mss. A 8 à 10, 20 à 22_: -barrées contre barrées, à deux chevrons de gueules. Fo 63. - -P. 61, l. 2: Gontiers.--_Mss. A 11 à 14, 20 à 33_: Gaultier, Gautier. -Fo 69. - -P. 61, l. 2 et 3: Pontelarce.--_Mss. A 15 à 33_: Pont de l'Arche. Fo 68 -vo.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14_: Poncharche, Pontarche, Poucharche. Fo 69. - -P. 61, l. 6: Daniaus.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14_: Damas. Fo 69. - -P. 61, l. 7: aultre.--_Ms. de Rome_: Des siis vint qui parti au matin -estoient de l'oost le conte de Hainnau, il n'en retournèrent que douse, -que tout ne fuissent mort ou pris. Fo 66 vo. - -P. 61, l. 8: Bailluel.--_Ms. d'Amiens_: Et messires Robers ses frères -obtint le place, et eurent li Liegois le journée pour yaux, de quoy li -roys de Franche leur sceut grant gret. Fo 49. - -P. 61, l. 12: nuit.--_Ms. de Rome_: mais il ne peut, car li sires de -Saint Venant et ses gens le trouvèrent en la rosière où il reclamoient -un faucon que il avoient perdu. Fo 66 vo. - -P. 61, l. 15: Saint Venant.--_Mss. A 11 à 14_: Montmorency. Fo 67. - -P. 62, l. 4: ennemis.--_Ms. de Rome_: il l'enmenèrent en lor ville, et -le tinrent en prison tant que il vesqi. Fo 67. - -P. 62, l. 4: morir.--_Ms. B 6_: de moult cruelle mort et à grant -martire. Fo 162. - -P. 62, l. 5: raençon.--_Mss. A 15 à 17_: Ainsi fina honteusement -monseigneur Wafflart de la Croix. Fo 69. - - -=§ 127.= P. 62, l. 10: Haynau.--_Ms. de Rome_: Nouvelles vinrent en -l'oost devant Tournai au conte de Hainnau, que li saudoiier de Saint -Amant estoient issu et avoient ars la ville de Hanon et l'abeie. Et -encores avoecques tout ce il estoient retourné par Vicongne et avoient -ars la maison dou Pourcelet et abatu le moulin et la fontainne, et -s'estoient mis en grant painne de destruire et ardoir la belle abbeie -de Vicongne; mais li Valenchiennois l'en avoient sauvé et respité par -le secours de cinq cens compagnons que il i avoient envoiet. Donc crola -li contes de Hainnau la teste et dist: «Chil de Saint Amant sont trop -reveleus: il les nous fault aler veoir, et ceuls de Mortagne aussi, -mais ce sera plus proçainnement que il ne quident.» Fo 64 vo. - -P. 62, l. 15: sis cens.--_Ms. de Rome_: sept cens. Fo 64 vo. - -P. 62, l. 23: Biaugeu.--_Ms. de Rome_: liquels se nonmoit Edouwars,... -et avoit avoecques lui des Bourgignons et des Savoiiens biaucop et -toute flour de gens d'armes. Fo 64 vo. - -P. 62, l. 29: douse cens.--_Mss. A 11 à 14_: quatorze cens. Fo 67. - -P. 62, l. 30: pilos.--_Ms. d'Amiens_: Et duroit chilz pilotis tout au -loncq de le rivierre. Fo 49. - -P. 62, l. 31: costés.--_Ms. de Rome_: avoecques ses Hainnuiers et -Hollandois. Fo 65. - -P. 63, l. 1: l'autre.--_Ms. de Rome_: Et se departirent de -Valenchiennes bien douse mille honmes. Et les conduisoient li doi -prevost de la ville, Jehans de Baisi et mesire Gilles li Ramonniers. Et -vinrent passer à Condet les deus rivières de Hainne et l'Eschaut, et -ceminèrent à piet et à ceval tant que il furent devant Mortagne. Fo 64 -vo. - -P. 63, l. 6: le Scarp.--_Mss. A 1 à 7, 11 à 14, 23 à 29_: l'Escaut. Fo -69 vo. - -P. 63, l. 9: Mande.--_Mss. A 1 à 6, 18 à 33_: Mante. Fo 69 vo.--_Mss. A -7 à 10_: Mande. Fo 64 vo.--_Mss. A 11 à 14_: Manre. Fo 67 vo.--_Mss. A -15 à 17_: Saint Mande. Fo 69 vo.--_Ms. d'Amiens_: et Saint Amand. Fo -49. - -P. 63, l. 12: quatre cens.--_Ms. d'Amiens_: trois cens. Fo 49. - -P. 63, l. 18: part.--_Ms. de Rome_: au lés deviers Mande, à la porte -qui oeuvre sus le Scarp; et ses cousins li sires de Saint Gorge estoit -à la porte d'Escaut, par où on va à Antoing et en Hainnau. Fo 65. - -P. 63, l. 25: en l'aigue.--_Ms. d'Amiens_: à terre et en le rivière de -Scarpe qui noiiet fuissent, se il n'ewissent evut bon secours. Fo 49. - -P. 64, l. 3: engien.--_Ms. de Rome_: et deus espringalles: li enghiens -jettoit pières de fais dedens la ville; et les espringalles, groses -plonmées. Là estoient li arbalestrier de Valenchiennes arouté, et -traioient à pooir sus les deffendans, dou quel trait il en blechièrent -pluisseurs. Fo 65. - - -=§ 128.= P. 64, l. 23: l'Escaut.--_Ms. d'Amiens_: plus de douze cens. -Fo 49. - -P. 64, l. 27: fait.--_Ms. d'Amiens_: que tout au mieux venir, on n'en -aroit meut hors de l'aighe une douzaine le jour. Fo 49. - -P. 65, l. 9: esbahi.--_Ms. d'Amiens_: dou sens de l'enghigneour de -Mortaigne, et dissent bien que uns telx mestres estoit dignes de vivre. -Fo 49 vo. - - -=§ 129.= P. 65, l. 12: deus nuis et trois jours.--_Mss. A 11 à 14 et A -1_: deux jours et trois nuiz. Fo 67 vo. - -P. 65, l. 12: conquisent.--_Ms. de Rome_: Avant i ot plus de lors gens -navrés et bleciés que des François, car, à parler par raison et à -considerer toutes coses, Mortagne dalés Tournai est trop forte place; -et pour ces jours elle estoit pourveue de bonnes gens d'armes, sage et -conforté, et ne fust à garder plus perilleuse forterèce assés de -deffense que ceste ne soit. Fo 65. - -P. 65, l. 16: ville.--_Ms. d'Amiens_: et dedens trois jours apriès -fuissent devant Saint Amand, car il y seroit ossi. Ces nouvelles oïes -en l'ost de Vallenchiennes, il se partirent et deslogièrent et -tourssèrent tout et missent à voie; mès au partir il violèrent et -desrompirent trop diviersement l'abbeie de Castiaux, dont ce fu pitéz. -Fo 49 vo. - -P. 65, l. 27 et 28: trois mille.--_Mss. A 15 à 17_: quatre mille. Fo -70. - -P. 66, l. 1: veoir.--_Ms. d'Amiens_: car moult les hayoit pour le cause -de l'abbeie de Hanon qu'il avoient ars. Fo 49 vo. - -P. 66, l. 4: d'och.--_Ms. d'Amiens_: cousins à l'evesque de Cambrai, -Guillaumme d'Ausoire. Et estoit chils de chiaux de Mirepois et -senescaus de Carkasonne, et là envoiiéz en garnison de par le roy de -France. Fo 49 vo.--_Ms. de Rome_: mesire Pière de Charcasonne. Fo 65. - -P. 66, l. 16: l'abbeye.--_Ms. d'Amiens_: reliques et aournemens de -moustier, Fo 49 vo. - -P. 67, l. 2: bidau.--_Ms. d'Amiens_: bidau et Geneuois ne s'en -faisoient que truffer, et torquoient de leurs capperons lez murs de le -ville, quant li arbalestrier avoient trait. Fo 49 vo.--_Ms. de Rome_: -et ne faisoient compte des Hainnuiers et par especial des -Valenchiennois. Fo 65. - -P. 67, l. 13: d'armes.--_Ms. d'Amiens_: à plus de douze cens lances. Fo -50. - -P. 67, l. 14: au lés.--_Ms. d'Amiens_: derière l'abbeie. Fo 50. - -P. 68, l. 23: fuison.--_Ms. de Rome_: car chil qui entré estoient, -entrues que li premier se conbatoient, alèrent ouvrir les portes de la -ville. Si entrèrent ens li Valenchiennois, et tout chil qui entrer i -vodrent, par le pont de Scarp, et li aultre par la porte de Tournai. Fo -95 vo. - - -=§ 130.= P. 69, l. 13: occis.--_Ms. de Rome_: dont il en desplaisi -grandement au conte de Hainnau, et euist volentiers veu que on l'euist -pris sus et retenu en vie. Fo 65 vo. - -P. 69, l. 16: destruite.--_Ms. de Rome_: et se s'en sauvèrent -pluisseurs qui se boutèrent par derrière en le Scarp en nefs et en -batiaus, et lors fenmes et lors enfans, et s'en vinrent à sauveté à -Mortagne. Fo 65 vo. - -P. 69, l. 19 et 20: parardirent.--_Ms. de Rome_: fustèrent toute la -ville et le parardirent, et abatirent et destruisirent biaucop des -offecines et mancions de l'abeie, et descouvrirent le moustier qui tout -estoit couvers de plonc, et rompirent le clochier et abatirent et -brisièrent les cloces qui estoient excellentement bonnes, et tout -cargièrent sus chars et sus charètes. Fo 65 vo. - -P. 69, l. 28: sis cens.--_Ms. de Rome_: cinq cens. Fo 67. - -P. 69, l. 31: Scarp au dessous de Hanon.--_Mss. A 7 à 10, 23 à 33_: -Scarp au dessus de Hannon. Fo 66.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: -l'Escaut au dessus de Hanon. Fo 71 vo. - -P. 70, l. 7: parfons.--_Ms. de Rome_: liquel estoient impossible à -passer sans batiaus. Fo 67. - -P. 70, l. 11: l'aigue.--_Ms. de Rome_: Si entrèrent dedens et avoient -amené des arbalestriers et des hollandois piquenaires, liquel sont et -vaillent moult à un assaut. Chil qui estoient ens ès batiaus sus l'aige -qui venoit de la rivière de Scarp, qui vient de Douai et qui là qourt, -se missent sus la cauchie qui va de la porte à l'abeie; et petit à -petit tant passèrent que il furent plus de cent parmi les -arbalestriers. Fo 67. - -P. 70, l. 14: Bacho de le Wière.--_Mss. A 11 à 14_: Bachon de la -Bruière. Fo 69. - -P. 70, l. 21: pris.--_Ms. de Rome_: Et se rendi messires Amés de -Warwaus prisonniers au dit conte, et auqun gentilhomme qui là estoient, -et li monne aussi; mais le demorant il furent ochis ou jetté en la -rivière. Fo 67. - -P. 70, l. 22: ossi.--_Ms. de Rome_: Dont ce fu damages; mais en gerre -il n'i a nulle pité ne merchi; et li varlet qui poursievent les gens -d'armes, font plus à la fois, qant il se voient au desus de lor -emprise, que on ne lor conmande. Fo 67. - - -=§ 131.= P. 71, l. 6: famine.--_Mss. A 11 à 14_: pour quoy il les -pensoit plus tost avoir par affamer que par assaulx. Fo 69. - -P. 71, l. 11: Avoech.--_Ms. d Amiens_: .... il y avoit un grant -parlement entre le duc de Braibant, le duc de Guerlles, le comte de -Jullers, le marquis de Blancquebourch et aucuns seigneurs d'Engleterre, -sus l'estat que je vous diray. Li communauté des bonnes villes de -Braibant, especialement Brouxelles, Louvain, Malinnes, Anwers, Nivelle, -Jourdongne et Liere, se volloient partir comment qu'il fust, et -estoient enssi que tout tannet. Et s'estoient complaint au duc leur -seigneur en disant que ce n'estoit mies vie d'estre si longement à ost -devant une ville sans autre cose faire, et que là il sejournoient à -trop grant fret, et que briefment il s'en partiroient par congiet ou -sans congiet. De quoy li dus, qui fu moult sages homs, leur avoit -respondu que vollentiers il en parleroit as autres seigneurs et au -consseil le roy d'Engleterre, pour qui il estoient là assamblet. Si -leur avoit remoustré, ensi que dessus est dit, li dus, quant li comtes -de Haynnau entra ou parlement. Si sambla as seigneurs, especialement au -consseil le roy englèz, que li Braibenchon ne se volloient mies -acquitter trop souffissamment, qui jà parloient dou retour. Et fu chilx -conssaux jettéz sus le comte de Haynnau et priiés que il en volsist -dire sen entente. Et il en respondi tout pourveeuement «que on leur -donne ce congiet de partir, se partir voellent, mès on leur face -commandement que nuls n'enporte ses armures, mès les mettent jus et les -raportent deviers lez marescaus.» Chils parlers fu tenus, et leur fist -li dus de Braibant ceste responsce de par le roy d'Engleterre et tous -les plus grans seigneurs de l'ost. Et quant il oïrent che, si se turent -et furent tous virgongneus, et leur sambla que on se truffoit d'iaux. -Si n'en parlèrent oncques puisedi si descouvertement. Fo 49 vo. - -P. 71, l. 26: Hodebourch.--_Mss. A 1 à 7, 18 à 29_: Rodebourch, -Radebourch, Rodebourg. Fo 72.--_Mss. A 8 à 10_: Rendebourch. Fo 65 -vo.--_Mss. A 11 à 14_: Rodembourch. Fo 69 vo.--_Mss. A 15 à 17, 30 à -33_: Randebourch. Fo 71 vo. - -P. 71, l. 28: Ernoul.--_Mss. A 23 à 29_: Noel. Fo 83. - -P. 71, l. 28: Bakehen.--_Mss. A 11 à 17_: Kakehan. Fo 69 vo.--_Ms. de -Rome_: et Jehans ses frères. Fo 67. - -P. 71, l. 29: Renauls.--_Ms. B 3_: Arnault. Fo 63 vo. - -P. 71, l. 29: Conrars.--_Ms. B 3_: Colas. - -P. 71, l. 30: d'Asko.--_Ms. de Rome_: Ce furent li doi chevalier qui -estoient parti de Bouçain, ensi que chi desus est dit, et qui ruèrent -jus entre Frane et Nostre Dame ou Bos, les saudoiiers de Mortagne. Fo -67. - -P. 71, l. 30: Bastiens.--_Mss. A 11 à 14_: Jahan. Fo 69 vo. - -P. 71, l. 31: Barsies.--_Mss. A 1 à 6, 18 à 22_: Warsie. Fo 72.--_Mss. -A 11 à 14_: Warwasie.--_Mss. A 23 à 33_: Bastres. Fo 83. - -P. 71, l. 31 et 32: Stramen de Venoue.--_Ms. B 3_: Stranjen de -Veemone.--_Mss. A 23 à 29_: Stranjen de Beurne. Fo 83. - -P. 72, l. 7: de Haynau.--_Ms. de Rome_: Et là furent li sires de -Goumegnies, li sires de Mastain, li sires de Vertain, messires Henris -de Huffalise, et Gilles et Tieris et Ostelars de Soumain. Fo 67.--_Ms. -B 6_: Des Haynuiers y estoient messires Florens de Biaurieu, messires -Olyfars de Ghistelle, le sire de Gommegnies, le sire de Semeries, le -sire de Floyon, le sire de Sars et pluisseurs aultres. Fo 160. - -P. 72, l. 9: Biaurieu.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: Beaugeu. Fo -72. - -P. 72, l. 9: Baras.--_Mss. A 11 à 14_: Bertran. Fo 69 vo. - -P. 72, l. 16: trois cens.--_Mss. A 11 à 14_: Si estoient environ quatre -cens hommes d'armes, tous bien montez et armez. Fo 69 vo. - -P. 72, l. 24 et 25: Keukeren.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14_: Kakeren, -Kakeranth.--_Mss. A 20 à 22_: Baquehem. Fo 108.--_Ms. B 3_: Kerqueren. -Fo 64. - -P. 72, l. 24 et 25: Thielemans.--_Ms. de Rome_:... messire Henri -d'Uffalise. Fo 67. - -P. 72, l. 25: Sansi.--_Mss. A 1 à 10, 15 à 33_: Saussi. Saussy, Sausy, -Saucy.--_Mss. A 11 à 14_: Thiebault du Saussoy. - -P. 73, l. 1: se partirent.--_Ms. B 6_: sans che que le conte de Haynau -ne messire Jehan de Haynau ses oncles en sceust riens. Fo 160. - -P. 73, l. 10: Montmorensi.--_Ms. de Rome_: mesires Carles. Fo 67 -vo.--_Mss. A 11 à 14_: monseigneur Mahieu de Montmorancy et monseigneur -Jehan de Saint Saulieu; mais en ces entrefaittes qu'ilz se departoient -de leur guait, un pou devant soleil levant, vindrent ces Allemans en -leurs gardes. Fo 69 vo. - -P. 73, l. 24: car.--_Ms. de Rome_: ses chevaus li falli. Fo 67 vo. - -P. 73, l. 27 et 28: Jakelot de Thians.--_Mss. A 1 à 6_: Jaquelés de -Chans. Fo 72 vo.--_Mss. A 11 à 14_: Jaquemes des Champs. Fo 70.--_Mss. -A 20 à 22_: Jacques de Thibaux. Fo 108 vo. - - -=§ 132.= P. 74, l. 29: ossi.--_Ms. de Rome_: dont il fu depuis moult -blamés, quant il laissa son compagnon, messire Carle de Montmorensi. Fo -67 vo. - -P. 75, l. 4: coureur.--_Ms. d'Amiens_: li sires de Randerodene et -messires Ernoulz ses filz et messires Henris de Kenkeren ung -missenairez et messires Thielemant de Sanssi, messires Oliffars de -Gistelles et messires li Allemans, bastars de Haynnau et messires -Robers Glummes adonc escuier. Fo 50. - -P. 76, l. 6: prisons.--_Ms. de Rome_: De celle aventure furent li -François si esbahi que il perdirent lor arroi, et n'avoient pas gens -parellement as Alemans et Hainnuiers, car la grignour partie sievirent -la banière le signeur de Saint Sauflieu. Et furent les gens le signeur -de Montmorensi tout espars; petit en i ot de mors. Fo 67 vo. - -P. 76, l. 9: Kenkeren.--_Ms. d'Amiens_: Henris de Kenkeren. Fo 50. - -P. 76, l. 10: Sausi.--_Ms. d'Amiens_: ... messires Ernaux de -Bakehen,... messires Florens de Biaurieu, messires Baras de le Haye. Fo -50. - -P. 76, l. 12: homme d'armes.--_Ms. d'Amiens_: escuier. Fo 50 vo. - -P. 76, l. 15: prisonniers.--_Ms. de Rome_: Et furent rescous messires -Oulfars de Ghistelle et li doi esquier qui pris estoient; et -retournèrent en l'oost devant la chité de Tournai. Fo 67 vo. - - -=§ 133.= P. 76, l. 26 et 27: Or vous.--_Ms. de Rome_: Ensi se portoient -les cevauchies et les enbusqes et rencontres entre ces deus hoos, le -siège estant devant Tournai. Et pour ce que Jaques d'Artevelle, à -poissance de Flamens, se tenoit devant Tournai avoecques les aultres -signeurs, nouvelles vinrent en l'ost, qant li rois de Franche fu venus -à Bouvines, que les gens d'armes qui estoient establi ens ès garnisons -de Saint Orner, d'Aire, de Tieruane et des forterèces françoises -marcissans sus les frontières de Flandres, enteroient en la vallée de -Cassiel, et destruiroient le pais, Berghes, Bourbourc, Miessines, -Werevi, Popringhe et tout le plat pais de là environ, se il n'estoit -que on lor fust au devant. Pour ce furent ordonné messires Robers -d'Artois et mesires Henris de Flandres à partir de l'oost, et à prendre -vint mille Flamens, et aler ou val de Cassiel, et requellier encores -tous honmes portans armes dou tieroit dou Franc et de Flandres, car -tout n'estoient pas au siège de Tournai. Si en seroit li pais plus fors -et plus doubtés. - -Sus cel estat, li dis mesires Robers d'Artois et mesires Henris de -Flandres s'en vinrent en la valée de Cassiel, et là se logièrent; et -fissent un arrière mandement qui s'estendi par tout le pais de -Flandres, et pour garder les entrées de Flandres. Si vinrent de tous -lés là Flamens et se logièrent, et se trouvèrent bien quarante mille et -plus. Avint ensi que compagnon, en une hoost qui sejourne, sont de -grant volenté; il se quellièrent et missent ensamble bien trois mille -Flamens, et sus l'entente que pour gaegnier et aler fuster le pais -environ Aire, Tieruane et Saint Omer; et se departirent de l'oost et -des aultres une vesprée, sans point parler à lors chapitainnes, et -vinrent sus un ajournement ens ès fourbours de Saint Omer et les -ardirent, et abatirent les moulins qui estoient au dehors. Chil qui -estoient dedens Saint Omer s'estourmirent, et là se tenoient bonne -chevalerie d'Auvergne et de Limosin, premierement li conte Beraut -daufin d'Auvergne, et (li) conte de Clermont son frère, le signeur de -Merquel, le signeur de la Tour, le signeur de Montgascon, le signeur -d'Achier, le signeur d'Açon, le signeur d'Alaigre, le signeur de Saint -Aupisse, le signeur de Pière Bufière, et se trouvoient bien trois cens -lances, chevaliers et esquiers. Si s'avisèrent que il se meteroient sus -les camps et poursieveroient ces Flamens, et manderoient ceuls qui -estoient en garnison en Tieruane que il leur venissent au devant, entre -Aire et Arques, et ausi à ceuls de la garnison d'Aire et de Saint -Venant que il isissent et se mesissent sus le camps, et qant il -seroient tout ensamble, il courroient sus à lor avantage ces Flamens. - -Tout ensi conme il le proposèrent, il le fissent, et s'asanblèrent -dedens Saint Omer, et s'armèrent et montèrent as cevaus, et enmenèrent -les arbalestriers et bien mille aultres honmes avoecques euls, et -issirent hors de Saint Omer, et prissent à la couverte le cemin dou -mont de Herfaut. Qant li chevalier et li esquier qui en Tieruane se -tenoient furent segnefiiet de ceuls de Saint Omer, li sires de Brimeu, -li sires de Boubert, li sires de Saint Pi, li sires de Reli, li sires -de Sanci et pluisseur aultre qui là se tenoient, il s'armèrent et -montèrent as chevaus, et issirent de Tieruane, et se missent sus les -camps. Li Flamenc, qui ne voloient aultre cose que pillier le pais, et -puis retourner et estre au soir en l'oost de lors gens, vinrent à -Arques, une grose ville à demi lieue de Saint Omer, et le pillièrent et -robèrent toute, et se cargièrent de ce que il i trouvèrent de dras et -de jeuiaus; et puis à lor departement, il boutèrent le feu dedens, et -en ardirent plus de la moitié, et abatirent les moulins. Et tout ce -veoient li François qui estoient sus les camps, et avoient jà trouvé -l'un l'autre chil de Saint Omer et chil de Tieruane, et se trouvoient -quatre cens lances et douse cens honmes de piet. Chil Flamenc, qui -avoient ceminet toute la nuit et à l'endemain jusques à haute tierce, -estoient tout lasset, et vinrent sus un village que on appelle la -Cauchie et là s'arestèrent; et dissent que il mengeroient et se -reposeroient, et puis il se retrairoient viers Cassiel, car il ne se -sentoient de nului poursievi. Qant il furent là venu ou dit village, li -pluisseur se desarmèrent et se traissent par ostels, et se boutèrent en -gragnes, en maisons et en jardins, et n'estoient en doubte de nului. -Evous venus ces François en deus batailles, et avoient vint banières, -et ordonnèrent lors arbalestriers tout devant, et s'en vinrent en cel -vilage que on dist la Cauchie à frapant à l'esporon, et trouvèrent ces -Flamens, les auquns sus la rue, les aultres tous desarmés, et les -pluisseurs qui buvoient et mengoient. - -Qant chil chevalier et esquier furent là venu, et casquns escria son -cri, chil Flamenc furent si esbahi que onques il ne tinrent conroi ne -ordenance, mais tournèrent tous les dos, et se sauvèrent qui sauver se -peurent; et en i ot bien ocis ou village que en cace sus les camps dix -huit cens, et li demorans retournèrent à grant mescief tout desbareté. -Fo 68. - -P. 77, l. 3: Cassiel.--_Ms. d'Amiens_: de le castelerie de Cassiel. Fo -51. - -P. 77, l. 6: à Saint Omer.--_Ms. d'Amiens_: de Saint Omer. Fo 51. - -P. 77, l. 10: Montagut.--_Ms. d'Amiens_: d'Auviergne. Fo 51. - -P. 77, l. 10: Rocefort.--_Ms. d'Amiens_: .... li sires d'Achier et tout -grant baron d'Auvergne. Fo 51. - -P. 77, l. 12: Aire.--_Ms. d'Amiens_: se tenoient Artisien, li sires -d'Aubegny, li sires de Sanci, li sires d'Avelui, li sires de Creki, li -sires de Kikenpoi, li sires d'Avesquierke, li sires d'Ennekins, li -sires de Reli et li sires de Bassentin. Fo 51. - -P. 77, l. 14: Flamens.--_Ms. d'Amiens_: et li Flammencq ossi sus yaux. -Fo 51. - -P. 77, l. 17: trois mille.--_Mss. A 1 à 10, 18 à 33_: quatre mille. Fo -73 vo. - -P. 77, l. 27: six.--_Mss. A 11 à 14_: sept. Fo 71. - -P. 77, l. 27: deus cens.--_Mss. A 11 à 14_: trois cens. Fo 71. - -P. 77, l. 27 et 28: bacinés.--_Ms. d'Amiens_: lanches. Fo 51. - -P. 77, l. 28: cinq cens.--_Ms. d'Amiens_: sis cens. Fo 51.--_Mss. A 11 -à 14_: et environ huit cens bidaux, taffes et petaulx. Fo 71. - -P. 78, l. 1: Arkes.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: Ardres. Fo 73 vo. - -P. 78, l. 14: dis huit cens.--_Ms. d'Amiens_: de trois mille à dis huit -cens. Fo 51. - - -=§ 134.= P. 79, l. 19: compte.--_Ms. d'Amiens_: Et ne furent à nul -seur, ne pour parolle ne pour priière que messires Robers d'Artois ne -messires Henry de Flandres leur pewissent dire ne faire, jusquez à tant -qu'il se trouvèrent à Ippre, à Popringe et ens leur pays bien avant. Fo -51.--_Ms. de Rome_: Nient mains, tous jours il tenoient leur rieule sus -la fourme que dit vous ai; et n'i demora, avant que il fust jours, -ville ne hamiel à deslogier. Et se trouvèrent li doi chevalier, un -petit apriès solel levant, ensi que tout seuls, sus les camps. Fo 68 -vo. - -P. 79, l. 24: recordèrent.--_Ms. de Rome_: au roi d'Engleterre, au duch -de Braibant, au duch de Gerlles, au conte de Hainnau et as signeurs. Fo -68 vo. - -P. 79, l. 26: esmervilliet.--_Ms. d'Amiens_: Et quant chil de Saint -Omer, d'Aire et de Saint Venant entendirent le deslogement des -Flammens, et coumment en grant haste il s'en aloient, si se partirent -des villes voisinnes et vinrent en ceste meisme plache, et trouvèrent -encorres grans remannans de tentes, de très, de pavillons, de harnois -et de carois. Si prisent et toursèrent tout et en menèrent en leurs -villes, et y eurent grant prouffit. Fo 51 vo. - - -=§ 135.= P. 79, l. 28: Chils sièges.--_Ms. de Rome_: Li sièges devant -la chité de Tournai dura assés longement onse sepmainnes, trois jours -mains, et tous les jours i avoit fais d'armes ou escarmuce, auquel lés -que ce fust. Par dedens avoit avoecques messire Godemar dou Fai, qui un -lonch temps en avoit eu le gouvrenement, bonne chevalerie et sage, tels -que le conte de Fois, le conte de Conmingnes, le conte d'Ermignach, le -seigneur de Labret, le conte de Qarmain, le signeur de Copane, le -signeur de Qorasse, le signeur de Qoo, le signeur de Barrage, le -signeur de Taride, le signeur de Pincornet et maint aultre, Gascons, -Foisois, Bernès et Labrisiens. Et chil signeur avoient la souverainne -ordenance de la chité; et n'en songnoient les prevos et les jurés et -les honmes de la ville ensi que noient, car la amministration de toutes -coses estoit reservée à ceuls desus dis. - -Li rois d'Engleterre, à grant poissance et grant coustage, tenoit là -son siège, car li Alemant n'en faisoient riens, fors que pour l'argent, -et voloient estre paiiet de quinzainne en quinzainne; et estoient là -contournées et enbutes toutes les rentes et revenues d'Engleterre, tant -en l'estat dou roi tenir, que en paiant les Alemans. Li contes de -Hainnau, li dus de Braibant et li dus de Gerles servoient le roi -d'Engleterre à leurs coustages, et messires Jehans de Hainnau aussi; -mais tout li aultre, reservé les Flamens, voloient bien sçavoir -pourquoi et conment il estoient là venu. Et couvint le roi -d'Engleterre, ensi que je fui enfourmés, enprunter à Jaquemon -d'Artevelle, son compère, et à tout le pais de Flandres chienqante -mille mars, monnoie d'Engleterre, avaluée au paiement de Flandres et -d'Engleterre: ce furent deus cens mille florins; et tout fu contourné -en son estat et au paiier ses saudoyers. Et de l'enprunt que li rois -d'Engleterre fist et dou prest aussi, il bailla lettres autentiques, -seelées dou seel le roi et de pluisseurs barons d'Engleterre qui là -estoient, en tesmongnant et en aprouvant les lettres à veritables; mais -Jaquemes d'Artevelle, qui avoit toute la poissance de Flandres en sa -main, i estoit tous pour le roi d'Engleterre; et ne li prioit en secré -et en especialité d'aultre cose que il se vosist tenir tous quois, sans -partir, en Flandres, et vivre des rentes et revenues dou pais et des -aides que on li feroit, et espargnier les revenues d'Engleterre pour -poursievir sa gerre. Et qant li rois d'Engleterre remoustroit ces -proumesses à son consel que Jaques d'Artevelle et li pais de Flandres -de bonne volenté li offroient, li plus de son consel s'enclinoient à ce -que il le presist, et que sa gerre en seroit plus forte et plus belle. -Et qant, sus cel estat, li rois d'Engleterre en parloit au duch de -Gerlles, son serourge, au duch de Braibant, son cousin germain, et au -conte de Hainnau, son frère, il li consilloient tout le contraire et li -remoustroient par pluisseurs raisons que il se meteroit en grant -aventure et peril; car qant il quideroit estre le mieuls d'euls, uns -rumours et uns debas s'esmouveroit à Bruges ou à Gant ou à Ippre de ses -gens as Flamens, selonc ce que Flamenc sont chaut et merancolieus: «il -ociroient tout soudainnement et vous aussi, et puis remanderoient lor -signeur. Il vous soufisse à avoir ce que vous en avés. Tenés les à -amour et ce Jaque d'Artevelle, entrues que il est en sa poissance. Vous -les auerés millours à estre en sus de vous que si proçains, et si serés -hors dou peril, car nuls sires ne se doit trop comfiier en commun -estragne. De trop petit on piert lor grasce et lor amour. Encores vit -lors sires et a un fil. Par ce fil, mais que li rois de France lor -voelle renvoiier, se poront il un de ces jours retourner et ocire ce -d'Artevelle, et trop de soutilleté il a en France. Mais qui poroit -faire une cose, vous avés une fille, Isabiel: se li Flamenc pooient -tant faire par sens et par pratique que il reuissent lor fil; et puis -uns mariages se fist de vostre fille à ce fil, les aliances dou mariage -poroient estre bonnes et moult vous deveroient valoir ou temps à -venir.» Li rois d'Engleterre s'inclina à ce consel et ne prist nul -autre. - -Or vous voel je nonmer les contes et les barons qui furent au siège de -Tournai avoecques le roi d'Engleterre, et liquel passèrent la mer -avoecques li: premierement les prelas, l'evesque de Lincole et -l'evesque de Durem; le conte Derbi, le conte d'Arondiel, le conte de -Norhantonne, le conte de Herfort, le conte de Warvich, le conte de -Douvesière, le conte d'Ormont et le conte de Wincestre; barons: le -signeur de Persi, le signeur de Lusi, le signeur de Noefville, le -signeur de Helinton, le signeur de Felleton, le signeur de Braseton, le -signeur Espensier, mesire Renault de Gobehen, mesire Richart de -Stanfort, mesire Thomas de Hollandes, le signeur de Basset, le signeur -de Bercler, le signeur Fil Warin, le signeur Fil Watier, le signeur de -Biaucamp, mesire Jehan de Biaucamp, mesire Rogier de Biaucamp, le -signeur de Hastinges, le signeur de Ferrières, le signeur de Moutbrai, -le signeur de Multon, le signeur de Ware, le signeur de Lanton, le -signeur de Graa, messire Richart la Vace, le signeur de Courtenai, le -signeur de Illecombe, cornillois, le signeur de Talebot, et tant que il -estoient vint et huit barons et diis contes. Je n'ai pas nonmé le conte -de Pennebruq et le conte de Heustidonne qui ausi i estoient. Encores -avoecques tout ce, se la bataille euist esté devant Tournai des deus -rois et de lors aliiés, ensi que on esperoit que elle deuist estre, il -estoient issu hors d'Engleterre avoecques le roi pluissours chevaliers -et signours qui euissent bouté lors banières hors, et avoient lor estat -tout pourveu grant et estofé, et ne desiroient aultre cose. Aussi tout -li signeur, qui là au dit roi d'Engleterre compagnie faisoient, au plus -estofeement conme il pooient, il i estoient, tant de banières, de -pennons, de monteures, de trefs, de tentes, de carroi et de toutes -coses qui à une hoost apertient et est necessaire as gens d'armes. - -Encores sans comparison estoit trop plus grans li estas dou roi -Phelippe de France, car là estoient quatre rois qui tout li faisoient -compagnie et service: li rois de Boesme, li rois de Navare, li rois -d'Escoce et li rois de Maiogres; et comprendoient les logeis des -François trois lieues tout à l'environ. Et fu raporté par les -hiraus(que) avoecques le duc de Normendie, le duch de Bretagne, le duc -de Bourgogne et le duch de Lorrainne, il i avoit en son hoost dix sept -contes, deus cens et soisante neuf banerès, et estoient bien tout honme -de deffense cent et chienqante mille. Considerés le peuple qui là -estoit assamblés, tant pour l'un roi que pour l'autre, car li rois -d'Engleterre, parmi les Flamens, avoit plus de cent mille honmes. Grant -ocision et grande mortalité de peuple i euist esté, se par bataille il -fuissent venu ensamble. On en fu sus le point, mais li dus de Braibant, -qui cousins germains estoit dou roi d'Engleterre, et qui là estoit -moult poissanment venus, acompagniés de barons et de chevaliers de son -pais et des conmunautés, des honmes de Brousselles, de Malignes et de -Louvaing, brisoit et brisa tout dis couvertement la bataille, avoecques -un grant moiien qui là estoit pour tretiier paix, trieuwes ou respit, -madame Jehane de Valois qui contesse avoit esté de Hainnau, et qui -serour germainne estoit dou roi Phelippe et dou conte Carle d'Alençon, -et qui avoit là son fil le conte de Hainnau. Avoecques la bonne dame -s'ensonnioit de traitiier et d'aler de l'un à l'autre uns moult sages -chevaliers qui se nonmoit mesires Lois d'Augimont; et avoit si belle -parleure et si aournée et de si grande prudense que il estoit très -volentiers oïs entre toutes les parties, tant de France conme de -l'Empire. Et quoi que pour le roi d'Engleterre tout chil signeur de son -lés fuissent là asamblé, il n'en estoit pas en li dou dire et dou -faire, mais couvenoit que le plus il s'ordonnast et gouvrenast par -ceuls de l'Empire et especiaulment par le duc Jehan de Braibant, son -cousin germain, car desus tous il avoit la grignour vois et audiense. -Et moustra par couvreture que à la priière madame Jehane de Valois il -s'inclinoit à ce que bon seroit que on entendesist à auquns trettiés de -paix et de trieuves, car on devoit là moult faire pour faire pour la -bonne dame qui là avoit ses frères et ses enfans. Et fu donné à -entendre au roi d'Engleterre que li iviers aproçoit, et les longes nuis -et froides, que toutes gens resongnent de jesir as camps, et que pour -celle saison on en avoit assés fait. - -Li rois d'Engleterre, pour ce temps, estoit jones, et pas ne -congnissoit encores le malisce et pratique dou monde et des grans -signeurs de l'Empire qui despendoient son argent et vosissent que la -gerre durast tout dis, car il estoient bien paiiet. Li contes de -Hainnau et messires Jehans de Hainnau, ses oncles, avoient cler enghien -assés pour considerer toutes ces coses, et veoient bien les -dissimulations qui estoient entre ces signeurs de l'Empire et le plus -deviers le duch de Braibant, mais il n'en osoient parler et se -souffroient, et ne se vodrent onques ensonniier de nul trettié, mais en -laissièrent couvenir le duch de Braibant, le duch de Gerles et le conte -de Jullers, de la partie le roi d'Engleterre. Madame Jehane de Valois -et messires Lois d'Augimont procurèrent tant deviers le roi de France -que li rois de Boesme, li contes d'Alençon et li contes de Flandres -furent esleu pour estre à ces parlemens et tretiés à l'encontre de ces -signeurs desus nonmés. Et fu ordonné que chil signeur, qant on ot pris -asegurances que il pooient aler et venir et lors gens sans nul peril -et retourner casqun en son hoost, tenroient lors parlemens et lors -trettiés en une chapelle que on dist à Esplecin, et est asisse enmi les -camps, ensi que en un chemin. Et venoient là chil signeur tantos apriès -messe et boire, et se metoient dedens la chapelle, et la desus ditte -dame, madame Jehane de Valois, avoecques euls; et i furent trois ou -quatre fois que riens n'i faisoient. Donc i revinrent dou costé le roi -d'Engleterre li evesques de Lincolle et messires Jehans de Hainnau; et -de la partie le roi de France, li evesques de Liège et li contes -d'Ermignach. Par le moiien de ceuls qui adrechièrent as besongnes, -avoecques les paroles et priières de celle bonne dame, madame Jehane de -Valois, se ouvrirent et avancièrent li trettié. Et regardèrent li -signeur, qui moult honnouroient l'un l'autre, qant il entroient dedens -la capelle, que unes trieuwes seroient bonnes prises à durer tant -seullement un an entre toutes les parties par mer et par terre, et -dedens cel an li rois d'Engleterre envoieroit nobles honmes et prelas -de par lui en la chité d'Arras en Piqardie, qui aueroient plainne -poissance de faire paix et acord à l'entente des deus rois; et aussi li -rois de France parellement renvoieroit de par li nobles honmes et -prelas qui aueroient plainne poissance d'acorder tout ce que dit et -parlementé seroit pour le millour. Avoecques tout che, li doi roi -supplieroient benignement à nostre Saint Père le pape que il i vosist -envoiier deus cardinauls en legation, pour aidier à adrecier à ces -besongnes. Sus cel estat et ordenance se conclut li parlemens, et donna -on à entendre au roi d'Engleterre que par ce parlement qui seroit -asignés à Arras, il aueroit en pareçon grant part dou roiaulme de -France; dou mains toute la ducée de Normendie, qui jadis avoit esté as -rois d'Engleterre, li seroit rendue, et la conté de Pontieu et celle de -Monstruel, et tous coustages et frès que fais avoit, li et ses gens, -depuis que il passa la mer en la cause dou calenge. Ces proumesses ou -là environ et encores plus grandes que li dus de Braibant remoustroit à -son cousin le roi d'Engleterre, l'apaisoient grandement et li brisoient -ses abusions, et aussi à ceuls d'Engleterre, et s'acorda assés -doucement à la trieuve. Si furent lettres escriptes, seelées et -données, et en prist cascuns des rois ou de lors honmes à ce conmis dou -recevoir, les copies. Et estoient données les trieuwes, et ensi furent -elles causées et conditionnées et publiies ens ès deus hoos et dedens -la chité de Tournai, pour resjoïr la conmunauté de la ville, à durer -jusques au premier jour dou mois de marc, lequel on atendoit, que on -compteroit l'an mil trois cens quarante et un, jusques au marc -ensievant l'an mil trois cens quarante et deux. Et avoient li pluisseur -là en dedens esperance de paix. A toutes ces coses rendi especiaulment -grant painne madame de Valois. Fos 68 vo à 70. - -P. 79, l. 29: trois jours mains.--_Mss. A 11 à 14_: et quatre jours. Fo -71 vo. - -P. 80, l. 4: France.--_Ms. d'Amiens_: premierement le comte de Foix et -sen frère le comte Raoul d'Eu, connestable de Franche, le comte de -Ghines son fil, le conte Aimery de Nerbonne, messire Aymars de -Poitiers, messire Joffroy de Cargny, messire Gerart de Montfaucon, -messire Godemar dou Fay et le seigneur de Kayeux, et ossi le marescal -de Franche, monseigneur Robert Bertran. Chil seigneur estoient vaillant -homme, et de grant affaire et de bon sens. Si penssèrent si bellement -et si sagement de le ditte ville que leur honneur y fu bien et -grandement gardée et la chité ossi. Car oncques pour assault ne pour -hustin, ne pour escarmuce qui y fuist, chil seigneur ne s'en partirent; -mès songneusement de nuit et de jour le pourveirent de deffense et de -consseil. Fo 51 vo. - -P. 80, l. 24: Haynau.--_Ms. d'Amiens_: car son fil le comte Haynnau -trouvoit elle si dur et si rebelle à sen entention, que elle ne l'en -volloit plus parler. Fo 51 vo. - -P. 81, l. 8: capelle.--_Ms. B. 6_: vers Esplechin. Fo 165. - -P. 81, l. 9: De le partie.--_Ms. B 6_: De la partie de Franche fu pris -pour faire le traitiet le roy de Behaigne, l'evesque de Liège, le duc -de Bourbon et le comte d'Alenchon; et de la partie du roy d'Engleterre, -le duc de Brabant, le conte Derbi, le conte de Norhantonne et -l'evesques de Londres. Fo 165. - -P. 81, l. 12: d'Ermignach.--_Ms. d'Amiens_: et li comtes de Blois. Fo -51 vo. - -P. 81, l. 14 et 15: li dus de Julers.--_Ms. d'Amiens_: li comtes de -Jullers. Fo 51 vo. - -P. 81, l. 15: Haynau.--_Ms. d'Amiens_: et li comtes de Warvich. Fo 51 -vo. - -P. 81, l. 16: capelle.--_Ms. d'Amiens_: Ceste journée au matin que li -seigneur durent venir enssamble, il oïrent au point dou jour messe. Et -assés tost apriès le messe, il burent ung cop, et puis cevauchièrent -chacuns li ungs deviers l'autre, li Franchois enssamble et li Englèz -enssi, et entrèrent environ à l'eure de tierche en le ditte capèle. Fo -51 vo. - -P. 82, l. 2: entrer.--_Ms. d'Amiens_: avoecques le somme de l'année. Fo -51 vo. - -P. 82, l. 8: engien.--_Ms. d'Amiens_: Et avoient cilz des lontainnes -marches, les quarante jours, advis de tenir le trieuwe, s'il volloient, -ou de renonchier et guerriier, s'il leur plaisoit. Fo 52. - -P. 82, l. 25: à envis.--_Ms. d'Amiens_: especialment chil de -Brouxelles. Fo 52. - - -=§ 136.= P. 82, l. 30: Ensi.--_Ms. d'Amiens_: Enssi se departirent ces -deus grans os, et donna ly rois d'Engleterre congiet à touttes -mannierres de gens et de seigneurs, et les remerchia grandement et -chacun par lui, dou service que fait li avoient. Si s'en revint li roys -à Gand, dallés le roynne se femme, et ne demoura mies puis loingtans -qu'il s'en partirent et retournèrent en Engleterre. Fo 52. - -P. 83, l. 9 et 10: signeurs.--_Ms. de Rome_: De rechief, il se -offrirent à lui et se representèrent pour aler partout où il les -manderoit, car il les avoit bien paiiés. Fo 70. - - -=§ 137.= P. 84, l. 14: Or se.--_Ms. de Rome_: Ensi se departirent tout -chil signeur d'Allemagne et tournèrent casquns en lors lieus. Li dus de -Braibant retourna dedens son pais, li contes de Hainnau et messires -Jehans de Hainnau fissent compagnie au roi d'Engleterre jusques en la -ville de Gant, et là prissent il congiet à lui et à la roine, et puis -retournèrent en Hainnau par Brousselles, car là ot une grande feste de -joustes que li dus de Braibant et li chevalier de Braibant fissent à -lor retour. Et là joustèrent li contes de Hainnau et ses oncles, et en -ot le pris de ceuls de dehors li contes de Hainnau, et de ceuls de -dedens li sires de Destre; et des esquiers de dehors, Willaumes de -Mastain, et de ceuls de dedens Pières de Pietresen. Et là furent à ces -joustes de Brousselles noncies et criies unes joustes de trente -chevaliers et de trente esquiers à estre à Mons en Hainnau. Et se tint -la feste grande et belle, et enporta le pris des chevaliers de dehors -li contes de Namur, et de ceuls de dedens mesires Gerars de Werchin, -senescal de Hainnau, mais il i fu si travilliés que depuis il ne vesqi -point longement, et morut jones, dont ce fu damages, et des esquiers -de dehors, Thieris de Brederode, et de ceuls de dedens Ansiaus de Sars. -Et se continuèrent ces festes en bien, en joie et en reviel. - -Et les povres gens dou pais de Hainnau, liquel avoient perdu le lor à -ce conmencement par la gerre et ars lors hostels et lors maisons, -s'aherdirent au labourer et au gaegnier dou nouviel. Aussi fissent chil -de France des marces et frontières de Tournesis, de Lille et de Douai. - -Et li rois d'Engleterre et la roine sa fenme ordonnèrent lors -besongnes, et prissent congiet à lor compère Jaquemon d'Artevelle, mais -il les amena et aconvoia jusques à Bruges et de là à Dunquerque. Et là -estoient lor vassiel tout prest, et entrèrent dedens, et traversèrent -la mer et vinrent à Zandvich; et jà estoient departi grant fuisson de -lors gens par l'Escluse et par Anwiers et retourné en Engleterre. - -Et li rois Phelippes aussi avoit donné congiet à toutes gens d'armes et -remerciiet les lontains, et estoit venus jeuer et esbatre en la ville -de Lille, et là le vinrent veoir les bonnes gens de Tournai; il les vei -volentiers. Et les representèrent mesires Godemars dou Fai et li -signeur qui dedens avoient esté le siège durant, et se loèrent -grandement de euls. Li rois oy volentiers ces loenges, et rendi à ceuls -de Tournai lor loi, laquelle il avoient perdu un grant temps; et -estoient menet, jugiet et ordonné par un gouvreneur. - -Apriès toutes ces coses faites et acomplies, li rois s'en retourna en -France, et ot une très grande feste à Compiengne; et fu uns tournois, -liquels fu criiés et publiiés en moult de pais, et en fu chiés li bons -rois de Boesme, et ot à ce tournoi plus de sept cens hiaumes. Fo 70. - -P. 84, l. 21: jouste.--_Ms. B 6_: de quarante chevaliers et escuiers -contre tous venans. Et y eut moult belle jouste. Et y fu le roy -d'Engleterre, le duc de Brabant, Jaques de Hartevelle et grant foison -d'autres seigneurs. Et furent les joustes moult belles; et après la -feste faite, chacun se party et alla là où il leur plaisoit. Fo 166. - -P. 84, l. 29: Lille.--_Ms. d'Amiens_: et s'i tint environ quinze jours. -Fo 52. - -P. 84, l. 29: cil de Tournay.--_Ms. d'Amiens_: li plus grant bourgois -de Tournay. Fo 52. - -P. 85, l. 8: anciiens.--_Ms. d'Amiens_: Ossi li bourgeois de Lille -requisent au roy que il leur volsist donner messire Wafflart de le -Croix, qu'il tenoit en prison, liquelx les avoit gueriiés ung moult -loing tamps et fès plusieurs despis. Li rois leur donna, car bien y -estoit tenus pour le cause d'un biau service que cil de Lille li -avoient fet, que pris le comte de Sallebrin et le comte de Sufforch et -rendus à lui pour ses prisonniers. Et quant chil de Lille eurent le dit -monseigneur Wafflart en leur vollenté, il ne le gardèrent pas trop -longement, mès le fisent morir à honte. Apriès touttes ces coses, li -roys de Franche se parti de Lille et s'en revint à petites journées en -grans esbas à Paris, et là ou au bos de Vincènes se tint ung grant -temps. Fo 52. - -P. 85, l. 18: A ce parlement.--_Ms. B 6_: Et s'en revint le roy -d'Engleterre à Gand où madame sa femme estoit. Sy ordonna toutes ses -besoignes et s'en rala en son pais, et laissa par dechà le conte Derbi -son cousin et le conte de Norhantonne et l'evesque de Linchelle pour -estre à che parlement et traitiet qui se devoit faire en la ville de -Aras, mais riens de pais ne s'y pot trouver ne esploitier. Sy y furent -deus cardinaulx, le cardinal de Naples et le cardinal de Panestres, -envoiiet en legation de par le pappe Benedick. Et osy de par le roy de -France y fut le conte de Flandres, le conte de Bar, le sire de Saint -Venant, l'evesque de Ausoire. Ches traitteurs et ces cardinaulx se -tinrent là emsamble plus de trois mois, maiz il n'y peurent trouver -nulle fin de pais. Fos 166 et 167. - -P. 85, l. 20: Bourbon.--_Ms. d'Amiens_: .... li comtes de Salebruges, -li comtes de Saint Pol et li sires de Couchy. Fo 52. - -P. 85, l. 25: d'Artois.--_Ms. de Rome_: contes de Ricemont. Fo 70 vo. - -P. 85, l. 26: Flandres.--_Ms. de Rome_: Et en furent priiet li contes -de Hainnau et messires Jehans de Hainnau et messires Henris de -Flandres. Li contes de Hainnau s'escusa, mais son oncle et messire -Henris i furent. Fo 70 vo. - -P. 86, l. 3 et 4: deux ans.--_Ms. de Rome_: par mer et par terre. Fo 70 -vo. - -P. 86, l. 5 et 6: revinrent.--_Ms. d'Amiens_: li cardinal en Avignon, -li Franchois en Franche et li Englès en Engleterre. Et se pourveirent -li doy roy sus ceste entente pour gueriier, le trieuwe acomplie, plus -fort et plus radement qu'en devant n'avoient fait. Fo 52.--_Ms. de -Rome_: Mais li contes de Hainnau avoit fait priier par son oncle le -cardinal de Naples, son cousin, que il vosist venir et descendre en son -pais en Hainnau. Li cardinauls, à la priière dou conte et de son oncle, -obei et descendi et vint en Hainnau, et entra en Valenchiennes par la -porte d'Anzain. Et ala li contes sus les camps à l'encontre de li à -plus de cinq cens chevaus, et l'amena moult honnourablement en -Valenchiennes, et de là en son hostel que on nonme la Salle, et fu -trois jours à Valenchiennes et deus jours au Kesnoi. Et puis retourna -li dis cardinaus à Cambrai, et de là à Amiens, où il trouva le cardinal -de Clermont qui là l'atendoit; et puis s'en alèrent tout doi ensamble à -Paris deviers le roi et les signeurs. Fo 70 vo. - -P. 86, l. 11: lontainnes.--_Ms. d'Amiens_: de Saintongle, de Gascoingne -et de Thoulousain, car toudis gueriièrent il et heriièrent l'un l'autre -les garnisons englesses et franchoises. Et tenoient li Gascon franchois -à ce donc les camps en le lange d'ok, et concquisent pluiseurs villes -et fortrèches sus les Englèz. Ossi li Escot dis(o)ient bien que jà, -tant que il pewissent gueriier, il ne tenroient trieuwes ne respit as -Englès, car pas n'y estoient tenu, mès de porter tous les dammaiges -qu'il poroient, ensi qu'il fissent et si comme vous orés chy -enssiewant. Fo 52. - -P. 86, l. 14: avenues.--_Ms. d'Amiens_: plus qu'en nul autre pays. Fo -52. - - -=§ 138.= P. 86, l. 25: A savoir.--_Ms. d'Amiens_: Pluiseur gongleour et -enchanteour en place ont chanté et rimet lez guerres de Bretagne et -corromput, par leurs chançons et rimes controuvées, le juste et vraie -histoire, dont trop en desplaist à monseigneur Jehan le Biel, qui le -coummencha à mettre en prose et en cronique, et à moy, sire Jehan -Froissart, qui loyaument et justement l'ay poursuiwi à mon pooir; car -leurs rimmez et leurs canchons controuvées n'ataindent en riens le -vraie matère, mès velle ci si comme nous l'avons faite et achievée par -le grande dilligensce que nous y avons rendut, car on n'a riens sans -fret et sans penne. Jou, sire Jehans Froissars, darrains venus depuis -monseigneur Jehan le Bel en cel ouvraige, ai ge allé et cherchiet le -plus grant partie de Bretaigne, et enquis et demandé as seigneurs et as -hiraux les gerrez, les prises, les assaux, les envaïes, les bataillez, -les rescousses et tous les biaux fès d'armes qui y sont avenut mouvant -sus l'an de grasce mil trois cens quarante, poursieuwans jusquez à le -darrainne datte de ce livre, tant à le requeste de mes diz seigneurs et -à ses fraix que pour me plaisance acomplir et moy fonder sus title de -verité, et dont j'ay estet grandement recompenssé. Et pour chou que -vous sachiés le coumencement et le rachinne de ceste guerre et dont -elle se moet, je le vous declarray de point en point. Si en diréz -vostre entente, et quel cause et droit messires Carles de Blois eut à -l'hiretaige de Bretaingne, et d'autre part, li comtez de Monfort, qui -en fist fet et partie contre lui. Pluisseurs gens en ont parlet ou -parolent, qui ne sèvent mies ou n'ont sceu par quel affaire li -oppinions de le challenge des seigneurs dessus diz est venus, ne -premierement esmeus; mès chy s'enssuilt. Si l'oréz, s'il vous plest, et -je le vous declarray. - -Apriès le departement dou siège dou Tournai, si comme vous avés chy -dessus oy, et que li roys de Franche donna congiet à tous sez os et -remerchia lez ducs, lez comtez et lez barons de ce que si bien et si -honnerablement cescun seloncq son pooir l'avoient servi, ly seigneur -prisent congiet dou roy li ung après l'autre, et se retrairent chacun -vers sen lieu. En ce departement, li dus de Bretaingne, qui servi avoit -le roy à bien dix mil lanches devant Tournai, tous de chevaliers et -d'escuiers de son pays, donna à toutez ses gens congiet de raller -chacun sus son lieu, et ne retint fors chiaux de son hostel, et chemina -à petittez journées et à grans frais. Bien le pooit faire, car il -tenoit grant estat et noble, car il estoit sires d'un grant pays et -rendable. En son chemin, chilx dus s'acouça au lit d'une maladie, de -laquelle il morut. Chils dus n'avoit eu nul enfant de la ducoise sa -femme. Si avoit il une sienne nièce, fille de son frère germain de père -et de mère, laquelle jone fille il avoit mariée à monseigneur Charle de -Blois, frère maisnet à monseigneur Loeys, comte de Blois. Chils dus de -Bretagne si avoit ung frère de par se mère qui avoit estet remariée, et -appelloit on cesti le comte de Montfort. Et estoit chilx comtez de -Monfort mariés à le sereur le comte Loeys de Flandrez, et avoit de -ceste damme fil et fille. Chils dus de Bretaigne, qui de son vivant -avoit mariée se nièche, fille de son frère germain, mort devant lui, se -doubtoit bien que li comtes de Montfort, ses frères de remariaige, ne -volsist de forche, apriès sa mort, entrer en la possession de -Bretaingne et deshireter sa nièche, qui drois hoirs en estoit. Et pour -mieux tenir et garder ses drois et deffendre sen hiretaige, il l'avoit -dounnet, enssi que j'ay jà dit, à monseigneur Charlon de Blois, -nepveut au roy de Franche, et qui le mieux et le plus grandement estoit -enlinagiéz en Franche, et qui le plus y avoit de prochains de tous -costéz et de bons amis. Et à celle entente avoit li dus fet le mariaige -de sa nièche et de monseigneur Charlon de Blois, que li roys Phelipez, -qui estoit ses oncles, li aidast mieux et plus volentiers à garder son -droit encontre le dit comte de Monfort, s'il le volsist entreprendre, -liquelx ne venoit mies dou droit estock de Bretaingne. Fo 52 vo. - -_Ms. de Rome_: Vous sçavés, si com ichi desus est dit, que li rois -Phelippes de France, qant il vint au Pont à Bouvines à l'encontre dou -roi d'Engleterre, liquels avoit assis et environné la chité de Tournai, -et i fist son mandement parmi le roiaulme de France, il n'oublia pas à -mander le duch de Bretagne, liquels le vint servir plus poissanment que -nuls des aultres prinches de France; car il ot en sa compagnie et -delivrance trente trois banerès dou pais de Bretagne, et bien sept cens -chevaliers et esquiers, tous gentilshonmes. - -Qant tout li signeur se departirent dou roi et l'un de l'aultre, et que -casquns s'en retourna viers son pais, et il orent donné tous lors -honmes congiet, car en grant temps ils n'en pensoient à avoir à faire -pour tel cas, chils dus de Bretagne, qui pooit estre de l'eage de -soissante ans ou environ, s'en retournoit viers son pais à tout son -estat tant seullement. Maladie le prist et aherdi sus son cemin, de -laquelle il s'acouça au lit en la chité de Chartres, et en morut. Ce -duch mort, de li ne demora fils ne fille, car nul enfant il n'ot onques -eu de sa fenme. Chils dus avoit eu un frère germain de père et de mère, -lequel on avoit nonmé mesire Jehan de Bretagne. De ce frère au duc -estoit demorée une belle jone fille, nonmée Jehane, et contesse de -Pentèvre de par sa dame de mère. Chil doi duc, c'est à entendre le duc -qui fu devant Tournai, et mesires Jehans de Bretagne, son frère et -conte de Pentèvre, avoient un frère de par lor dame de mère, non de par -lor père, car lor mère estoit remariée au conte de Montfort. Chils -contes avoit eu ce fil, qui se nonmoit contes de Montfort, de la dame -qui duçoise avoit esté de Bretagne, vivant le duch de Bretagne son mari -tant seullement. Li dus de Bretagne qui fu devant Tournai et ses frères -avoient tenu ce conte de Montfort à frère, pour tant que il estoit fils -de lor mère et non de lor père, ensi que vous le devés entendre. Chils -contes de Montfort avoit à fenme la soer au conte Lois de Flandres. Li -dus de Bretagne qui fu devant Tournai, avoit la fille de son frère -germain mariet à messire Carle de Blois, fil au conte Gui de Blois et -frère au conte Lois de Blois et neveut dou roi Phelippe de France, fil -de sa serour; car vous savés, ensi que il est dit et escript ichi -desus, que li contes de Hainnau, li contes Guis de Blois et mesires -Robers d'Artois eurent les trois serours dou roi Phelippe. Chils dus de -Bretagne qui fu devant Tournai, avoit tous jours fait doubte que li -contes de Montfort, son frère de remariage, ne vosist, apriès son -dechiès, efforchier sa cousine la droite hiretière de Bretagne, et -bouter hors de son hiretage; et pour ce l'avoit il mariet et donnet à -mesire Carle de Blois, (affin) que li rois Phelippes de France et li -contes d'Alençon, si oncle, et li dus de Normendie, ses cousins -germains, li aidaissent à soustenir et deffendre son hiretage de -Bretagne, se li contes de Montfort, qui riens n'estoit issus de -Bretagne, le voloit efforchier et oster son droit, par queconques -cautelle(s) que ce fust. - -Et ce en avint que li dus de Bretagne pensa et imagina en son temps. -Car sitos que li contes de Montfort peut sçavoir que li dus de -Bretagne, ses frères, fu mors, il s'en vint à Nantes, qui est la -souverainne chité de Bretagne. Et fist tant as bourgois et à ceuls dou -pais entours que il le rechurent à signeur et li fissent feaulté et -honmage, et toutes les solempnités autèles conme elles apertiennent à -faire as dus de Bretagne, sans nulles excepsions ne reservations; et -tantos ala à Rennes, qui est la grignour chité apriès. Chil de Rennes -le rechurent parellement. Aussi fissent chil de Vennes, de Camperlé, de -Camper Correntin, de Dol, de Saint Bru de Vaus, de Hainbon, de Lanbale -et de toutes les chités et villes de Bretagne, reservé Braist et auquns -fors chastiaus et les signeurs qui ne vodrent pas sitos obeir; car il -sentoient que mesires Carles de Blois avoit à fenme la droite hiretière -de Bretagne, et s'enmervilloient conment les bonnes villes et les -chités de Bretagne estoient sitos rendues à lui; mais mesires Hervis de -Lion, un grant baron de Bretagne, i avoit fort aidié. Et là par tout où -li contes de Montfort aloit et cevauçoit, et à toutes ces receptions il -menoit la contesse sa fenme, laquelle avoit coer d'onme et le lion. Et -s'avisèrent li contes et sa fenme, qant il orent chevauciet par toutes -les chités et bonnes villes de Bretagne, que il ordonneroient une feste -à tenir très grande en la chité de Nantes. Si fu la feste prononchie -et publiie par tout, et li jours asignés que la feste se tenroit. Si -furent les pourveances faites très grandes et groses de toutes coses -que à la feste pooit ou devoit apartenir. Fo 71. - -P. 86, l. 29: à host.--_Ms. B 6_: à plus de quinze cens lanches. Fo -167. - -P. 87, l. 3: morir.--_Ms. B 6_: à Roen. Fo 167. - -P. 87, l. 17: se mère.--_Mss. A 1 à 7, 11 à 22, 30 à 33_: son -père.--_Mss. A 8, 9, 23 à 29_: sa mère. Fo 69 vo. - -P. 88, l. 23: sa femme.--_Ms. B 6_: que seur germaine estoit du conte -Loys de Flandres. Fo 169. - - -=§ 139.= P. 89, l. 1: Chou pendant.--_Ms. de Rome_: Li contes de -Montfort, qui soubtieus et imaginatis estoit, se departi de Nantes et -laissa là la contesse sa fenme, pour ordonner de celle feste, et -cevauça à poissance de gens d'armes viers la chité de Limoges, dont li -dus, son frère, avoit esté sires et contes; et bien savoit que son -grant tresor estoit là, et de lonch temps l'avoit assamblé. Qant il fu -venus jusques à Limoges, on ne mist nul contredit à lui recevoir, car -renonmée couroit jà, et bien le remoustroit, que chil de Nantes, de -Rennes et de Vennes et des chités et bonnes villes de Bretagne -l'avoient receu à duch et à signeur, et ce coulouroit grandement son -fait. Et li fissent toutes les solempnités les eglises et les bourgois -de Limoges que on doit faire à son signeur; et prist et saisi le grant -tresor: en or et argent avoit grans sonme que li dus son frère avoit -assamblé, car ce fu uns sires de bon gouvrenement et de grant espargne. -Chils contes de Montfort prist tout ce tresor et le carga et toursa et -en ordonna ensi conme sien, et s'apensa que il li venroit bien à point -pour renforcier son estat, acquerre des bons amis et destruire ses -ennemis. - -Qant il ot pris la possession de Limoges et de Limosin de ce que à son -hiretage apertenoit, il ordonna partout gens et officiiers de par lui -et se mist au retour, et vint à Nantes. Et trouva que les pourveances -pour la feste que il voloit tenir, estoient toutes prestes, dont il fu -moult resjois, car il atendoit les nobles et les prelas de son pais, -c'est à entendre selonch le droit que il se disoit à avoir. A cele -feste qui fu tenue à Nantes, vinrent des chités et des bonnes villes de -Bretagne les consauls et les honmes que il avoit creés et pourveus en -office; mais des barons nuls n'i vinrent, fors mesires Hervis de Lion, -dont il fu moult pensieus et esmervilliés. Bien est verité que auquns -chevaliers et esquiers, le plus Bretons bretonnans, i vinrent, liquel -n'estoient pas encores bien enfourmé de la matère. Et à tous ceuls qui -furent à sa feste, il donna et departi de ses biens si largement que -tout s'en contentèrent, et acquist la grasce et l'amour d'euls, car il -n'est riens que dons ne qassent. - -Qant li contes de Montfort vei que pluisseur baron et chevalier de -Bretagne refusoient à ses mandemens, et que point n'estoient venu à sa -feste, si en fu tous merancolieus. Et pour ce ne laissa il pas à fester -et à faire bonne chière à tous ceuls qui venu estoient. Et avant que la -feste fust esparse, il demanda comment il se ceviroit de ceuls qui le -voloient adoser. Il fu consilliés que il semonsist tous ses hommes, et -priast ses amis et presist saudoiiers de toutes pars, car il avoit bien -de quoi faire, et cevauçast à poissance de gens d'armes en Bretagne, et -conquesist de fait les rebelles et fesist venir à obeissance, et tout -premierement il alast devant Brait et fesist tant que il en fust sires, -car pas n'est dus de Bretagne qui n'est sires de Brait. Li contes de -Montfort crei ce consel et semonst tous ceuls qui feaulté li avoient -fait, et desquels il pensoit à estre aidiés, et retint saudoiiers à -tous lés, et les paia bien et largement, tant que casquns le vint -volentiers servir. Fo 71 vo. - -P. 89, l. 9: seigneur.--_Ms. d'Amiens_: car il n'avoient encorrez oy -parler de nului qui li debatesist ne mesist callenge. Fo 52 vo. - -P. 89, l. 20: parfurnir.--_Ms. d'Amiens_: Si avoit li dus escript -especialement et envoiiés certains messaiges deviers le visconte de -Rohem, monseigneur Charle de Dignant, monseigneur Hervy de Lion, -monseigneur l'evesque, son frère, ossi à l'evesque de Rennes et à -l'evesque de Vanes, au seigneur de Cliçon, au seigneur de Biaumanoir, -au seigneur de Kintin, au seigneur de d'Avaugore, au seigneur de -Lohiach, au castelain de Ghinghant, au seigneur de Rais, au seigneur de -Rieus, au seigneur de Malatrait, au seigneur de Garghoule, au seigneur -de Tournemine, au seigneur d'Ansenis, et generaulement à tous lez -barons, chevaliers et prelas de Bretaingne, et engoint en especialité -que tout venissent à se feste en le cité de Nantez. Fo 53. - -P. 89, l. 24: Hervi.--_Mss. A 8, 9, 11 à 17, 20 à 22_: Henri. Fo 70. -_Mauvaise leçon._ - -P. 90, l. 1: entre yaus.--_Ms. d'Amiens_: par le enort de monseigneur -Hervy de Lion et de aucuns bourgois de Nantez. Fo 53. - - -=§ 140.= P. 90, l. 17: Brait.--_Mss. A 8, 9, B 3_: Braist. Fo -70.--_Mss. A 1 à 7, 11 à 33_: Brest. Fo 76 vo. - -P. 90, l. 20: et cousins.--_Ms. B 6_: à le femme monseigneur Charle de -Blois. Fo 170. - -P. 91, l. 4: à signeur.--_Ms. d'Amiens_: .... car il y avoit plus -prochain à l'hiretaige qu'il ne fust. De ceste responsce eult li comtes -de Monfort grant matalant et se retrai arrierre; et deffia le chevalier -et dist qu'il li remousteroit, ainschois que de là se departesist, -quèle proimeté il avoit à le duché de Bretaingne. Si coumanda à logier -touttez mannierrez de gens et à environner le ville de Brait, au costet -deviers le terre. Fo 53. - -P. 91, l. 6: à signeur.--_Ms. B 6_: .... mais garderoit la ville et le -chastel pour l'iretière, le femme de monseigneur Charle de Blois. Fo -170. - -P. 91, l. 7: à qui.--_Mss. A 11 à 14_: auquel la duchié appartenoit par -droit. Fo 74. - -P. 91, l. 9: deffia.--_Ms. B 6_: Sy furent là ly barons et les -sauldoiers du conte huit jours que riens n'i firent. Fos 170 et 171. - -P. 91, l. 11 et 12: assallir.--_Ms. B 6_: à toute son host où bien -avoit douze mille hommes, que uns que aultres. Fo 170. - -P. 91, l. 21: assaut.--_Ms. d Amiens_: A cel assault eult grant hustin -et très durement fort combatut, car messires Garniers de Clichon estoit -très bon chevalier et plains de grant emprise, si se combatoit de grant -couraige, car il li sambloit que il le faissoit sus son droit: s'en -estoit de tant plus vigereux et tenoit ung glaive en ses mains à ung -fer bien aceret, et en faisoit merveillez d'armez. Et ne pooit nulx -venir jusqu'à lui, que il ne ruast par terre. Ossi li sien le faisoient -bien et bel, si comme bonnes gens d'armes le doient faire. Si dura -chilx assaulx du matin jusques à nonne ou environ, toudis assallant et -deffendant, et tant que chil de d'ens furent durement lasset. Ce -n'estoit mies de merveillez, car d'estre armés et de combattre ung tel -terme, je ne say coumment on le poelt souffrir ne endurer; mais il le -faisoient tout de grant vollenté et pour ce que il veoient si bien -combattre leur cappittainne. Et ossi il le besongnoit, car leurs -ennemis croissoient toudis, et venoient là à grant force, fresk et -nouviel, et se contourna tous li plus durs et grans assaux à cel -endroit. Finablement messires Garniers de Clichon et li sien furent si -efforciet et si apresset, que les gens le comte de Monfort gaignièrent, -par fort continuer leur assault, les bailles, et se boutèrent en le -ville entre les gens monseigneur Garnier et le fortrèce. Là en y eut -pluiseurs des mors et des navrés, et fète tamaintez bellez appertisez -d'armez et mainte belle rescousse. Et tout combatant et deffendant, -chil de dedens se retrayrent vers le fort, mès il n'y peurent tout -parvenir, que il n'en y ewist grant plentet de mors et de pris. Et là -estoit li dis messires Garniers, l'espée ou poing, derière ses gens, -devant sez ennemis, qui merveillez y faisoit d'armez, et qui tamaint -compaignon dez siens rescouvi de mort et de prison, et fist voie pour -entrer en le fortrèce. Fo 53 vo. - -P. 92, l. 8 et 9: le grant restiel.--_Ms. B 6_: le traille. Fo 171. - -P. 92, l. 21: navrés.--_Ms. B 6_: et eult plus de quatorze plaies. - -P. 92, l. 30: au tierc jour.--_Ms. B 6_: au septième jour. Fo 172. - -P. 93, l. 20: joians.--_Ms. de Rome_: Qant li contes de Montfort vei -que il avoit gens assés pour cevauchier avant en Bretagne, et pour -aprendre à congnoistre liquel et lesquels vodroient faire partie à -l'encontre de li, et dire que il ne fust de son droit dus et hiretiers -de Bretagne, li intension de li et de son consel estoit telle que il -les radreceroit, vosissent ou non, à raison. Si se departi de Nantes en -grant arroi, et se mist au chemin pour venir et aler devant Brest. Vous -devés sçavoir, avant que il venist à Brest, il avoit jà le plat pais de -Bretagne et moult de grosses villes si constrains à lui et mis en son -obeisance que toutes gens le sievoient à cheval et à piet, les uns par -renonmée que on disoit: «Vechi nostre signeur le duch,» les aultres par -cremeur, que il n'en osoient faire le contraire. Et tant esploitièrent -li contes de Montfort et toutes ses routes, que il vinrent devant -Brest. Dou chastiel de Brest, pour ces jours, estoit gardiiens et -chapitainne uns vaillans et sages chevaliers, qui se nonmoit messires -Garniers de Cliçon, cousins germains au signeur de Cliçon. Li contes de -Montfort le manda que il venist parler à lui sus asegurances; il vint. -Qant il fu venus, il li demanda pourquoi il clooit les forterèces de -Bretagne à l'encontre de li, qant bien il savoit que il en estoit dus -et sires, et que les chités et bonnes villes de Bretagne l'avoient -recheu à signeur. Il respondi à ce et dist: «Sire, je tieng clos et -tenrai le chastiel de Brest, tant que il me sera aparant que il i auera -un duch en Bretagne, qui recheus i sera de tous les barons et les -fievés, ensi conme il apertient à estre recheus, et que chils dus auera -fait son devoir deviers son naturel et souverain signeur, le roi de -France, et que li rois l'auera recheu à honme liege, de foi et de -bouce. Et qant ce me sera apparant clerement, je obeirai: ce sera -raisons.» Donc dist li contes de Montfort: «Garnier, vous veés mesire -Hervi de Lion qui est uns des grans barons de Bretagne, qui est venus à -obeisance à moi, et aussi sont pluisseur noble prelat et gentilhonme, -et toutes les chités et bonnes villes de Bretagne. Si ne me devés pas -estre rebelles, ne aleghier dou contraire, que je ne soie dus de -Bretagne, car la succesion m'en vient de par monsigneur mon frère, le -daarain mort.»--«Sire, respondi li chevaliers, je ai esté moult de -jours et de nuis dalés monsigneur vostre frère, de qui vous parlés, et -se li ai oy dire et affremer que à la ducée de Bretagne vous n'avés nul -droit, mais l'a mesires Carles de Blois en l'oqison de madame sa fenme -qui fille fu à mesire Jehan de Bretagne, conte de Pentèvre, et frère -germain au bon duc darrainnement mort. Et qant les raisons seront -esclarcies et determinées, là ou lieu où elles le doient estre, c'est à -Paris devant le roi de France et les douse pers, puis que vous en volés -faire question, je ouverai le chastiel de Brest, et jusques adonc, -non.»--«Garnier, Garnier, respondi li contes de Montfort, nous ne -volons pas tant atendre. Or vous en retournés, vous avés assés parlé, -et sachiés que nous i enterons qant nous porons.» Atant rentra mesires -Garniers de Cliçon ens ou chastiel, et li contes de Montfort fist -ordonner et apparillier enghiens et bricoles pour assallir, et dist: -«Brest est la clef de Bretagne, mais par celle clef je voel entrer en -Bretagne.» - -Li contes de Montfort prist en grant desplaisance ce que messires -Garniers de Cliçon li avoit dit et respondu, et dist que jamès il -n'entenderoit à aultre cose, si aueroit pris le chastiel de Brest. Le -second jour apriès, il fu consilliés de faire ce que je vous dirai, de -mettre une enbusqe sus au plus priès dou chastiel conme il poroit par -raison et puis deslogier de là mal ordonneement, ensi que gens font qui -ne sèvent que c'est de gerre, pour traire hors dou chastiel messire -Garnier et les siens; et qant il seroient hors, li enbusqe saudroit -avant et les encloroit entre le chastiel et l'oost. Aultrement ne les -pooit on avoir. Ensi conme il fu consilliet, il fu fait, et li enbusqe -asisse et mise couvertement desous le chastiel. Qant ce vint au matin, -chil de l'oost se conmencièrent à deslogier, et à euls departir par -fouqiaus, et à tourser tentes et trefs et à metre sus chars et à -voiture. Messires Garniers de Cliçon et li compagnon qui ens ou -chastiel de Brest estoient, perchurent ce convenant; si dissent: -«Sallons hors et nous frapons en la qeue de ces alans. Nous lor -porterons damage et ramenrons des prisonniers.» Il le fissent, et -issirent hors et n'eslongièrent point de trop lonch le castiel, car les -gens de Montfort estoient logiet moult priès ens ès courtils, devant -les fossés. Qant il furent issu, les lances ens ès poins, et tous -apparilliés pour faire armes et ferir en la qeue des Montfortois, et jà -il escarmuçoient, evous l'enbusque venant tout le pas autour dou -chastiel, et trouvèrent ceuls qui gardoient la porte. Qant il -perchurent lors ennemis, il furent tout esbahi, et toutes fois il se -missent à la deffense moult vaillanment. Mesires Garniers et li sien -oïrent le hustin. Si laissièrent lor emprise et retournèrent viers le -chastiel, et envaïrent moult vaillanment lors ennemis. A grant mescief -porent il rompre la presse des assalans, car li pons estoit avalés, et -la porte ouverte; si se efforçoient de entrer dedens. Là ot fort hustin -et dur, et moult d'armes et d'apertises i fissent chil dou chastiel, et -par especial messires Garniers de Cliçon, car il se tenoit derrière -tous les siens et les remetoit par apertisses d'armes dedens la porte. -Chil qui estoient amont traoient et jettoient as assallans et les -faisoient requler. Et toutes fois li pons et la porte euissent esté -efforchié, con grande vaillance que il i euist ou chevalier et en ses -gens, se chil qui estoient amont ne se fuissent delivré de lever le -pont et d'abatre la porte couleice. - -Qant il orent ce fait, il laissièrent une petite plance aler, sus -laquelle lors gens montoient un à un et rentroient ens ou chastiel. Là -estoit mesires Garniers de Cliçon tout devant, et faisoit voie à ses -gens et les remetoit dedens à son pooir, et fist ce jour d'armes ce que -uns vaillans homs doit faire; mais il fu navrés moult durement, et à -grant painne fu il remis dedens la garnison. Et là ot ce jour à celle -escarmuce grant fuisson de bleciés des uns et des aultres. Li contes de -Montfort et ses gens se retournèrent tous en lors logeis conme en -devant. Et qant chil dou chastiel de Brest veirent ceste ordenance, il -perchurent bien que il estoient decheu, et encores furent il plus -courouchié, car mesires Garniers de Cliçon ne pot avoir dedens la -forterèce ce que il li besongnoit, pour entendre as plaies que il avoit -ou chief et ou corps, et morut dedens trois jours, dont furent tout li -compagnon desbareté et esbahi, qant il veirent mort lor chapitainne. De -la mort mesire Garnier fu enfourmés li contes de Montfort. Si en fu -tous resjois, car bien veoit que point n'aueroit la forterèce, tant que -messires Garniers fust en vie. Il fist trettiier par mesire Hervi de -Lion as compagnons de Brest, et leur fist dire que il lor pardonroit -tous mautalens, se il li voloient rendre la forterèce. Chil qui dedens -estoient, qui veoient mort lor chapitainne, et ne lor apparoit seqours -de nul costé, se doubtèrent de lors corps et de lors biens à perdre; si -rendirent Brest au conte de Montfort, salve lors corps et lors biens. -Ensi eut li contes de Montfort le chastiel de Brest, et le rafresci de -nouvelles gens et de pourveances, et le bailla en garde et sus son -honnour à un gentilhonme des siens, auquel il avoit bonne fiance. Fos -72 et 73. - - -=§ 141.= P. 93, l. 24: Rennes.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: Vennes. Fo 77 -vo. - -P. 93, l. 30: doubtance.--_Ms. d'Amiens_: Si y aloient li pluiseur plus -par force que par amours, car qui en fuist rebellez, li comtez le -fesist decoller sans merchy. Fo 53 vo. - -P. 94, l. 2: fourbours.--_Ms. d'Amiens_: qui adonc estoient moult -grans. Fo 53 vo. - -P. 94, l. 3: Et avoient.--_Ms. d'Amiens_: Et avoient avoecq yaux à -cappittaine de par le duc dairain mort, ung gentil homme, chevalier -preu et hardi à merveillez, et avoit son mannoir et son hiretaige assés -priès de là; et le amoient communement trèz durement. Et avoit chilx à -nom messires Henris de Penefort, et disoit bien que jà ne relenquiroit -sa droite damme la femme à monseigneur Charlon de Blois, et le tenoit -et avoit tenu toudis à hiretierre de Bretaingne. Ossi tout chil de la -chité de Rennez estoient de son accord. - -Enssi fu assigie la chité et la ville de Rennes dou comte de Monfort et -de tous ses comfortans. Peu y fist traire ne lanchier, car il ne -volloit mies grever ne blechier ses gens. Or avint que il prist -vollenté à monseigneur Henry de Pennefort de faire une yssue sour ses -ennemis et de resvillier ciaux de l'ost. Si s'en descouvri à aucuns -jouennes bourgois et compaignons de le ville de Rennes, liquel s'i -accordèrent et priièrent tout l'un l'autre. Et se queillirent et -armèrent une ajournée, et yssirent de le chité; et pooient y estre -environ cinq cens, tous arméz et bien montéz. Et s'en vinrent -couvertement par voies non sceuez, et se boutèrent en l'ost le comte de -Monfort à l'un des corons; et abatirent tentez et tréz et pauvillons, -et coummenchièrent à gens navrer et ocire et mehaignier, et à faire un -mout grant desroy. Li hos s'estourmy, et coururent vistement as armez; -et messires Henris de Pennefort, quant il vit que point fu, il se -retraist tout bellement vers le cité de Rennes. - -En celle propre nuit avoit fet le get li sirez de Gadugal et bien sept -cens armurez de fer, sans les brigans à targes et à pavais. Si -entendirent coumment chil de le chité estoient yssus hors et avoient -porté moult grant dammaige à leur ost. Adonc s'en vint li sirez de -Gadugal, à qoite d'esperons, entre le chité et messire Henry de -Pennefort, et lez encloi avoecq se routte, parmy tant que chil de -l'ost, qui estourmit estoient, leur revinrent par derière. La eut grant -bataile et fort combatue d'une part et d'autre. Et y fissent chil de -Rennes grant plentet d'armez, et fortement se combatirent; mès gens -croissoient toudis à chiaux de l'ost. Se ne les peurent à le longhe -souffrir ne porter, et fu(i)rent comme desconfit chil de Rennez deviers -leur ville. Et en i demoura grant fuisson des leurs, car li enchauce et -li poursuioite dura jusquez as barrières. Et remest messires Henris de -Pennefort en bon convenant sus le place, et trop bien se combati -desoubz son pignon, mès finablement il ne peut durer. Rendre le -couvint, et fu prisonnier à ung escuier de l'hostel le comte de -Montfort, que on apelle Joffroy dou Bruel, liquelx le rendi au dit -comte qui en eut grant joie, pour tant qu'il li estoit contraire et -avoit estet moult grans ennemis. - -Quant chil de Rennez se virent ensi desconfit et pris leur bonne -cappittainne, si furent tout ce jour durement esbahy; et durement leur -anoya, et ce fu bien raisons. Nonpourquant il se recomfortèrent entre -yaus; et disent li plus saige que, se il avoient perdu celle fois, un -autre fois il se recouvreroient. Si passèrent ensi leur anoy et -entendirent as deffenscez de leurs chitéz. Or vous diray de quoy li -comtez de Montfort s'avisa affin que pour mieux constraindre et atraire -lez bourgois de Rennes à sa volenté, car bien savoit que toute la -coumunalté de le ville amoient durement monseigneur Henry de -Pennefort, et que jammais il ne li lairoient prendre quel meschief dou -cors, là où bonnement il le pewissent amender. Pour ce, fist il amener -le chevalier et li dist: «Messires Henris, messires Henris, vous m'avés -estet grandement contraires et rebelles en touttes mes besoingnes, et -advés enhortet et amenés les bourgois et le communauté de Rennes à che -qu'il se sont clos contre moy, qui sui leurs drois sirez naturelz; et -estez venus avoecq eulx à main armée sour my, et m'avés porté grant -dammaige de mes hommes: pour quoy il faut que vous morés, car briefment -je vous feray pendre, voiant tous chiaux de le chité, par quoy il y -prenderont exemple.» Et quant li chevaliers entendi le comte de -Montfort ensi parler, s'il fu esbahis, ce ne fu pas merveillez. -Nonpourquant il respondi et dist: «Chiers sirez, vous povés faire de -moy vostre bon plaisir, car vous me tenés en votre prison. Mès, s'il -plest à Dieu, vous arés bon advis, car ce seroit grant cruaulté, se -moy, qui sui pris en fès d'armes, moroie villainnement et sans deserte, -et à trop grant blamme vous seroit reprochiet. Et se j'ay tenu ceste -opinion contre vous, je ne sui pas seus, car il y a encorres mil -chevaliers et escuiers en le ducé de Bretaingne, ou si grans ou plus -grans que je ne sui, qui le tiennent et tenront, che dient. Car ensi -l'avons nous juret fealment à monseigneur le duc vostre frère, dairain -trespasset; et proummis à tenir sa nièce, femme à monsigneur Charlon de -Blois, à damme et hiretière. Si me poés tenir en prison, s'il vous -plest, et quant la declaration sera faitte de vous et d'elle, faittes -de moy vostre bonne vollenté et che que vos conssaux et bonne -conscienche aporteront qu'il en appertenra adonc à faire.» - -Quoyque messires Henris de Pennefort parlast assés raisonnablement au -comte de Monfort, seloncq l'avis de pluiseurs, li comtez ne se refroida -mies de tenir sen oppinion, et dist: «Messire Henri, vostre arguement -ne vallent noient, ne de vostre dame, femme à messire Charle de Blois, -car il est tout cler que je sui dus de Bretaingne, et demoray dus à -tousjours; et, comme dus, je vous juge et condamne à mort par le cause -de vostre rebellion. Si vous povés confesser, se vous voulléz, car -jammais ne buveray ne mengeray, si vous aray fet pendre, ou vous me -feréz rendre le chité de Rennes en foy et en hoummaige, et vous ossi me -juréz feaulté, ensi qu'à vo droit seigneur.» Et quant li chevaliers -entendi le comte ensi parler et si acertez, si fu touz esbahis; car de -relenquir sa droite damme, che li estoit moult dur. Si dist tous -confortéz: «Sire, vous povés faire de moy vostre bon plaisir, mès pour -morir, je ne le relenquiray jà mon droit seigneur, ne le serment que -j'ay fet, et Dieux ait l'ame de moy! S'il li plest que je muire, je le -receveray en gré, car il n'est nulle mort honteuse, puis que on le -prent pour bien faire et sus title de loyaulté maintenir.» - -Adonc fu coummandé de par le comte de Monfort que li chevaliers fust -amenés vers Rennes, et que on levast unes fourques mout tost près de le -cité. Tout chou fu fait qu'il coummanda, les fourques levées, et -messires Henris de Penefort par le marescal de l'ost amenés jusques à -Rennes, et bien gardés de plus de deux mille bachinès, affin que chil -de le ville ne le rescouvissent. Et quant li coummunaulté de le chité -de Rennes entendi que li gibet que on carpentoit et levoit si priès -d'iaux, estoit ordonnés pour faire morir monseigneur Henry, leur bonne -cappitainne, si eut en le ville grant cririe et grant plorie. Et en -avoient touttez mannierres de gens grant pitet, et fissent assavoir au -comte de Montfort se pour raenchon on le poroit ravoir; et il leur -respondi que nenil, fors pour avoir le chité de Rennes en se -obbeyssance. Dont respondirent il qu'il aroient consseil et advis de -chela faire, et que on le volsist detriier tant que on fust -conssilliet; et li comtes leur acorda vollentiers. - -Endementires que chil de le chité de Rennes se conssilloient entre yaux -dou rendre ou dou laiier, il y avoit là aucuns chevaliers de l'amisté -monseigneur Henry de Pennefort, qui li enhortoient et conssilloient que -il se volsissent retraire au comte de Monfort, et que il faisoit trop -grant follie de tenir l'oppinion que il tenoit: «car pour quoy? -disoient il. Monseigneur Henry, otant bien avions nous nostre loyauté -et honneur que vous faittez la vostre; mès nous ne veonz nul apparant -de monseigneur Charlon de Blois, ne de sa femme, qu'il se retraient -avant à l'hiretaige. Et prendés enssi que messires Carlez reviegne à le -ducé de Bretaingne et que ce soit ses drois, se couvenra il que li -comtez de Montfort en ait aucune parchon. Dont espoir vous escherés en -ceste, ou autrement vous avés orez belle escusation, car par -constrainte vous serés devenus homs au comte de Monfort. Jà pour ce, -messires Carlez de Blois ne vous en vaura pis.» - -Ensi et de pluiseurs parollez fu tant menés et enforméz li chevaliers -que il se laissa à dire, car au destroit chacuns fuit le mort -vollentiers; mès encorres disoit il que, se il quidast estre venus à -tel coron, il ne se fust jà rendus prisonniers, mès fès occire sus lez -camps, et que messire Garniers de Clichon avoit estet loyaux et -vaillans chevaliers, quant en se loyaulté il estoit mors. Ensi se -debatoient de parollez li chevalier et li escuier de Bretaingne, qui -adonc avoec le comte de Montfort estoient, à monseigneur Henry de -Pennefort; car trop envis le ewissent veut pendre, ne recepvoir nul -dammaige dou corps. Et chil de Rennes parlementoient, li petis contre -les grans, et estoient en grant estri ens le place où il estoient tout -assamblet. Car la coumunauté volloit que la cité fust rendue et -messires Henris de Pennefort delivréz; et li rice homme et grant -bourgois y estoient tout contraire, et disoient que jà n'avenroit que -il fesissent fraude, ne se desloyautaissent enviers leur droite damme -naturelle, pour ung chevalier, et que à trop grant meschief leur poroit -retourner. Nient mains touttez raisons remoustréez des grans as petis, -il n'y vorent point entendre, mès sonnèrent la cloche et se coururent -armer. Et s'esleva grans tumultes et dissentions entre les coummuns et -lez plus gros de le ville qui contraire estoient à leur vollenté; et -les coururent sus, et il se deffendirent. Là en y eult pluiseurs mors -et blechiéz, mès finablement li communauté obtinrent le place et furent -mestre et souverain à ce donc des grans. Et envoiièrent deviers le -comte de Montfort, en disant que il venist sceurement en le cité de -Rennes, on li recepveroit à signeur, mès que il reuissent monseigneur -Henry de Pennefort. Li comtez dist: «oil,» et fu de ces nouvelles mout -joiant, et vint en le cité de Rennes, et y entra en grant reverense de -trompez et de trompettez et de touttez mannierres de menestrandie. Et -vinrent li clergiet à grant pourcession contre lui et le amenèrent à -cel solempnité à le cathredal eglise; et là li jurèrent tout feaulté et -li fisent hoummaige comme à leur droit seigneur. Et ossi fist messires -Henris de Pennefort, qui devint ses homs et ses chevaliers: dont li -comtez eut grant joie, car il le sentoit preudomme et vaillant; et -puisqu'il en avoit le foy, il ne le frauderoit à nul jour. Se le retint -li comtez de son consseil, et li donna tantost cinq cens livrez de -revenue, et li assigna bien où il lez devoit prendre. - -Ensi comme je vous recorde eut li comtez de Montfort la bonne cité de -Rennes, le foy et le feaulté des bourgois de la ville; et s'i tint par -cinq jours, pour lui rafreschir et reposer, et pour mieux entendre à -le fortrèce de le ville et atraire touttez mannierrez de gens à sen -amour. Et de tant comme il y fu, il y tint toudis court ouverte et -donna grans dons as bourgois et à touttez mannierres de gens dont il -entendoit le mieux à valloir; et tant fist qu'il y acquist grant grace. -Quant il s'en dubt partir, il y laissa ung chevalier de par lui à -cappitainne, breton bretonnant, en qui il avoit grant fianche; et -appielloit on cesti monseigneur Guillaumme de Quadudal, gentil homme et -preudomme durement. Au sixime jour, il s'en parti et coummanda à -deslogier touttez mannierres de gens et prendre le chemin deviers le -castiel et le forte ville de Hainbon; et emmena avoec lui monseigneur -Henry de Pennefort, car il en penssoit bien à avoir mestier en son -voiaige. Fo 54 vo. - -P. 94, l. 13: deus cens.--_Ms. B 6_: trois cens. Fo 172. - -P. 94, l. 21: le gait.--_Ms. B 6_: Sy fu au retour entre l'ost et le -chité enclos de mesire Hervi de Lion qui avoit fait le gait. Fo 172. - -P. 95, l. 8: le porte.--_Ms. B 6_: et fist lever unes fourques droit -devant les fossés. Fo 173. - - -=§ 142.= P. 96, l. 11: Adonc.--_Ms. d'Amiens_: Li comtez Jehans de -Montfort se departi de Rennez et fist arouter ses os et son charoy pour -venir à Hainbon, ung très fort chastiel seans sus mer. Bien avoit oy -recorder que messires Oliviers de Pennefort, frèrez au dit monsseigneur -Henry, l'avoit en garde et en estoit castellains, et ossi que li -castiaux avoecq la ville estoient si fort que il ne faisoit mie à -prendre ne à gaagnier, sans trop loing siège. Et pour ce, en cheminant -celle part, il moustroit tous les signes d'amours qu'il pooit, à -monseigneur Henry de Pennefort, et li disoit: «Henri, Henri, vous estez -devenus mes homs et mes chevaliers. Si me devés toutte obeissanche et -tout service, et m'avés juret feaulté et à aidier à concquerre mon -hiretaige de Bretaingne et à destruire tous rebellez.»--«Sire, che li -dist messires Henris, il est verités. Et pourquoy le dittes vous? S'il -plest à Dieu, vous n'y veurés jà le contraire, puisque à ce me sui -adounnés et assentis.»--«Je le vous diray, ce dist li contes, nous -chevauchons deviers Hainbon, dont Oliviers, vos frères, est gardiiens -et cappittainne. Si ne voroie pas, pour l'amour de vous, qu'il ewist -nul dammaige dou corps; et se vous volliéz bien, adcertez nous -l'arions à nostre acord, et plus l'a(r)oie à avoir bellement que -fellement.»--«Sire, che respont messires Henris, or me monstréz voie, -s'il vous plest, comment ce se pourroit faire.»--«En nom Dieu, dist li -comtez, je le vous diray. Quant nous deverons demain aprocier le ville -de Hainbon à quatre ou à cinq lieuwes, vous prenderés quatre cens ou -cinq cens armures de fer des nostrez, et chevaucerés devant à tout les -bannières de Bretaingne, et li feréz assavoir que vous venés vers lui. -Je croy assés bien que il vous ouvera les portes, et quant vous seréz -ens et enssi que saisis de la ville, vous li mousterés sus quel estat -vous serés là entrés, et que c'est bon qu'il me reçoive comme son droit -seigneur.»--«Sire, che respont messires Henris, puisque à ce vous -m'esmouvés, et que de vostre ordonnanche vient, je le feray, mès je -deceveray mon frère.»--«Henri, Henri, ce dist li comtez, en fès d'armes -convient ung seigneur qui voet venir à ses ententes, soutillier -pluiseurs voies d'avantaige pour lui. Autrement il n'a que faire de -gueriier, et ceste est la plus proçainne que g'y puis ymaginer pour mon -prouffit, car Hainbon n'est mies ungs castiaux à concquerre par siège -ne par assault, sans grant coustage.» Fo 55. - -P. 96, l. 11: li contes.--_Mss. A 11 à 14_: et la contesse. Fo 75. - -P. 97, l. 10: six cens.--_Mss. A 11 à 14_: cinq cens. Fo 75 vo. - - -=§ 143.= P. 97, l. 25: Adonc.--_Ms. d'Amiens_: Sus les parolles dou -comte de Montfort s'ordonna messires Henris de Pennefort. L'endemain, -chevaucha li hos deviers Hanbon. Et si comme il pooient y estre à cinq -lieuwez priès, li dis messires Henris se parti dou comte et enmena -avoecq lui jusquez à cinq cens armures de fer, et chemina tous les -grans ghalos deviers le ditte fortrèche. Et quant il fu ensi que à une -petitte lieuwe priès, il envoya ung hiraut devant mander à son frère -qu'il venoit, et que il li vosist ouvrir les portes. Li hiraux fist -tout ce dont il fu chargiés. De la veuue monseigneur Henry de Pennefort -eut messires Oliviers, sez frèrez, si grant joie, qu'il ne demanda -oncquez s'il estoit amis ou ennemis, mès dist au hiraut: «Aléz contre -lui, et li dittez qu'il est li bien venus.» Ensi le raporta li hiraux à -monseigneur Henry, liquelz entra en le ville à touttes ses gens, et se -saisi de son frère et dou castiel. Et recorda à son frère comment li -affairez alloit en Bretaingne, et que li comtes de Monfort avoit jà à -lui et en son accord le plus grant partie dou pays, et bien estoit -tailliéz d'avoir le remanant, car nuls ne li alloit au devant. Et li -avoient grant plentet des seigneurs fet feaulté, et especialment cil de -Nantez et de Rennes, qui sont les souveraines chitéz dou pays et sour -qui tous li demorans se doit aviser. - -Quant messires Oliviers de Pennefort eut oy son frère, et il se vit -pris et au desoubz de sa fortrèce, si fu durement courouchiéz, mès -amender ne le pot. Et dist bien que se il ewist senti ne seu que ses -frèrez dewist là venir en tel mannière, il n'y fuist mies entréz, car -vilainement l'avoit dechupt: «Certes, biau frère, ce respont messires -Henris, il est veritéz. Mès li comtez de Montfort, qui s'apelle et -escript dus de Bretaingne, en est cause, et li ai fet feaulté et -hoummaige, et vous li feréz ossi et devenrés ses homs: je le vous -consseille.» Respont messires Oliviers: «Voeille ou non, il convient -que je le soie, mès jou ewisse plus cher autrement, s'il pewist y -estre.» Que vous feroie je loing compte? Tant parla et precha messires -Henris de Pennefort que amiablement il le fist monter à privée mesnie -et sans armure, et chevauchier contre le comte de Montfort, qui le -rechupt liement et à grant joie, et li dist que de ce jour en avant il -seroit de son hostel et de son plus privet consseil; et li donna -tantost cinq cens livrez de revenues et li assigna bien où il les -prenderoit. Si entra li dis comtes en le forte ville de Hainbon, qui -est ungs grans et bons pors sus mer, et prist le foiauté et hoummaige -de tous lez hommez de le ville et dou chevalier ossi monseigneur -Olivier de Penefort, et y demoura trois jours et toutte se ost ossi; se -s'i rafreschirent. Et y ordonna li comtez castelain et gouvreneur pour -le garder et deffendre contre tous venans, s'il besongnoit, ung très -bon chevalier et de grant affaire, que on clamoit monseigneur Yvon de -Tigri, en qui li dis comtez se confioit moult, et trois cens -saudoiiers, touttes bonnes armurez de fer, et paiiés de leurs gaiges -pour ung an. - -Quant li comtez de Montfort se fu mis en saisinne et en possession de -le forte ville et dou biau castiel de Hainbon, et ordonné garnison -telle qu'il li pleut, il eult consseil et advis qu'il se trairoit -deviers le cité de Vennes. Si fist arouter son ost, cargier son caroy -et cheminer celle part. Ainchois qu'il y parvenist, il fist traitier à -chiaux de Vennes que il le volsissent recepvoir à signeur, et il leur -seroit très bons sirez; et lez tenroit as us et as coustummes que li -dus de Bretaigne, ses frèrez, dairains trespasséz, les avoit tenus, ou -à milleurs. Quant cez nouvellez vinrent en le chité de Vennes, il -sonnèrent leur cloche et s'asamblèrent. Et quant il furent tout -assamblet, les offres, les ordonnanchez, les proummesses et lez -requestez, que li comtes de Montfort leur faisoit, furent là -remoustrées et recordées. Li aucun s'acordoient à lui recepvoir à -seigneur, et li aucun, non. Toutteffois, une souffranche fu prise à -durer troix jours, et là en dedens estre devoient tout conssilliet dou -faire ou dou laiier. Ceste souffranche durant, li comtez ne laissa miez -pour ce que il ne se logast bien et puissamment devant Vennes et ne le -asegast de tous poins, mès nul contraire ne fist à le chité; ainsçois -leur offroit toutte amour et grans bienfès, là où il le volroient -recepvoir à seigneur. Cil de Vennes se consseillièrent li ung par -l'autre, et regardèrent que il estoient sus l'un des corons de -Bretaingne, et que Nantes, Rennes, Hainbon et pluiseur autre castiel -estoient tournet à l'acord le comte de Montfort, et que nulz ne li -contrestoit. Si se doubtèrent que grans maux ne leur en venist, car -leur cité n'estoit mies forte pour yaux tenir contre ung host, ne le -pais; et si n'ooient nullez nouvellez de monseigneur Charlon de Blois: -si ques, tout consideret, le bien contre le mal, et le fort contre le -foible, il s'acordèrent au comte de Montfort et le rechuprent à -seigneur, et li fissent hoummaige et li jurèrent feaulté et l'amenèrent -à grant procession au castiel. Et là tint il sa feste, par deux jours, -dez chevaliers qui avoecq lui estoient et des bourgois de le ville; et -deffist tous offisciers et remist nouviaux offisciiers en le ville et -en le baillie de Vennes. - -Au tierch jour, il (li contes) s'en parti (de Vennes) et alla assegier -ung très fort castiel seant sus ung hault terne sus la mer, que on -claimme Rocheperiot. Si en estoit castelains uns vaillans chevaliers et -mout gentils homs, que on clammoit monseigneur Olivier de Clichon, -cousins germains à celui monseigneur Olivier de Clichon qui fu depuis -decolléz à Paris, ensi comme vous orés recorder chy apriès. Et sejourna -li dis comtez devant Rocheperiot bien, à siège fet, huit jours entirs. -Oncquez ne peult trouver voie par quoy il pewist le castiel gaegnier, -si fors estoit il et en lieu si inhabitable; et si ne peut trouver -accord au gentil cevallier, par quoy il volsist obeir à lui par -proumesses, ne par manachez, qu'il li pewist faire. Si s'en parti atant -et laissa le siège et le castiel ester jusques à tant que plus grant -prouffit li venroit d'aucuns aultrez tretiéz, et puissance li -croisseroit. Si s'en vint devant ung autre castiel que on appelle au -Suseniot, où par usaige li duc de Bretaigne se tiennent pour le cause -des biaux esbas qui sont là environ, tant des bois comme dez rivièrez. -Li castelains le rendi à lui; et li laissa li contes, quant il en eut -pris le possession. Depuis chevauça et s'en vint devant castiel -d'Auroy, qui est une belle fortrèche et de grant nom; et le fist li -roys Artus jadis faire et fonder, quant il concquist Bretaigne. Si en -estoit castelains ungs moult gentilz chevaliers, que on clammoit -monseigneur Joffroy de Malatrait, qui moustra bonne chière et grant -couraige de lui deffendre. Adonc fist li comtez de Monfort logier ses -gens environ le castiel, et dist qu'il ne s'en partiroit si l'aroit à -sa vollenté. - -Quant messires Joffroy de Malatrait se vit assegiet dou comte de -Montfort et oy lez manachez qu'il li faisoit, si demanda une trieuwe de -deus jours tant seullement, et là en dedens il se conssillieroit. Li -comtez li accorda liement et envoya parler à lui monseigneur Yvon de -Tigri, grandement compaignon et amic au dit monseigneur Joffroy, -liquelz esploita si bien deviers lui, et tant li dist d'une cose et -d'autre, que messires Joffroy de Malatrait rechupt le comte de Monfort -à seigneur, et le mist en le possession dou castiel et de le castelerie -d'Auroy, qui est moult belle et moult grande. Et li comtez li rendi et -li laissa par le consseil qu'il eult, et avoecq lui monseigneur Ivon de -Tigri; et les fist gardiiens de tous le pays là environ, et prist de -tous les gentils hommes le foy et hoummaige. - -Puis s'en parti li dis comtez et mena son ost par devant ung autre fort -castiel asséz priès de là, que on claime Gou le Forest. Chils qui -castelains en estoit, veoit que li coens de Monfort avoit grant ost, et -que tous li pays se rendoit à lui, si que par le enort et consseil -monseigneur Hervy de Lion, que mout amoit et congnissoit, car il -avoient estet grant amy et compaignon enssemble en Grenate et ailleurs -en estraingez contrées, il s'acorda au dit comte et li fist feauté, et -demoura gardien dou dit castiel de par le comte. - -Tantost apriès, li dis coens de Montfort se parti de là, et s'en alla -deviers Craais, bonne ville et bon castiel et fort durement. Dedens -Craais avoit ung evesque qui sirez en estoit, onclez à monseigneur -Hervi de Lion, si ques, par le consseil et tretiet monseigneur Hervi, -chilx evesquez s'acorda au dit comte et le recongnut à seigneur jusques -adonc que venroit avant qui plus grant droit mousteroit pour avoir la -duché de Bretaingne. Et sus cel estat en prist li comtes de Montfort le -feaulté. - -Apriès ce que la ville et li castiaux de Craais se furent rendut au -comte de Monfort par le pourcach de monseigneur Hervi de Lion, cui -oncles estoit (li[404] dis) evesque, li comtez fist ses gens deslogier -et arouter vers Ju(g)on, qui est très bonne ville et forte, et y apent -ungs biaux castiaux. Dedens le ville de Ju(g)on se tenoit messires -Amauris de Clichon, frèrez mainnéz au droit seigneur de Clichon. Et -l'avoient cil de le ville pris à cappittainne pour yaux conssillier et -conforter en tous cas; et ainssi leur avoit il juret, car grandement il -estoit amés et creus, et tenoit son hiretaige assés priès de là. Se se -cloy li dis messires Ama(u)ris au devant dou comte, et dist que, se il -plaisoit à Dieu, il n'aroit jà le ville de Ju(g)on si legierement qu'il -cuidoit. Li comtez de Monfort vint par devant, et fist toutte son ost -là traire et logier; et avoit bien à ce donc parmy le communauté dou -pays quarante mille hommes, tous aidablez. Si fist ses arbalestriers -aller traire et escamucier à le ville, et d'autre part Espagnos et -Bidaus, dont il avoit grant fuison à saudées, traire, paleter et -assaillir as murés; mès peu y gaegnièrent, ainchois en y eult des -blechiéz grant foison. Quant li comtez de Monfort vit que par assault -il ne poroit avoir le ville de Jugon, il envoya querir en le chité de -Rennes quatre moult biaux enghiens qui là estoient, pour faire drechier -devant le fortrèche et chiaux de d'ens assaillir par cel estat. Che -pendant que on les estoit alés querre, messires Amauris de Clichon -parla as jones compaignons de le ville et as aucuns escuiers dou pays -de là environ, qui s'i estoient retret, tant pour l'amour de -monseigneur Amauri que pour yaux garder; et les amena à ce que, une -ajournée, il wuidièrent et se ferirent en l'ost, et y fisent mout grant -damage. Et esceirent sus le logeis monseigneur Ivon de Tigri, qui ce -meysme soir estoit là venus dou castiel d'Auroi, où li comtez de -Montfort l'avoit laissiet, et avoit amenet en l'ost bien cent lanches -de bonne gent. Si estoit logiés à l'un dez corons assés priès de le -ville de Jugon, et fu durement resvilliés, car il fu pris et navrés, et -moult en y eut des siens mehaigniés. Celle nuit avoient fet le get li -doy frère de Pennefort, messires Henris et messires Oliviers, et -entendirent le huée et le cri, et que chil de le ville estoient yssus. -Adonc ferirent il chevaux des esperons et ne prisent mies le voie pour -venir droit sur yaux, mès le chemin de le ville, et se boutèrent entre -le ville de Jugon et l'ost. Dont, ensi que messires Amauris de Clichon -et li sien s'en retournèrent vers leur ville et en menoient monseigneur -Yvon de Tigri et pluiseurs autrez prisonniers, et moult se hastoient, -car li os estoit jà durement estourmie, li doy frère de Pennefort, -messires Henris et monseigneur Olivier, bien montés et bien ordonnés et -adonc acompaigniés bien à deus cens lanches frèz et nouviaus, leur -vinrent d'encontre; et là eut grant pugneis, et de chiaux de Jugon -moult rués par terre. Quant il se virent enssi enclos entre le ville et -l'ost, et que nulle remède n'y avoit pour yaux sauver, si furent mout -esbahy et ne tinrent point de conroy, mès entendirent chacun à yaux -sauver; et laissa chacun aller son prisonnier, qui prisonnier avoit, ou -il se rendoit prison à lui pour sauver sa vie. Par celle mannière fu -delivrés messires Ives, et pris messires Amauris de Clichon, et tout -chil qui avoecq lui estoient, mort ou pris, que oncques homs ne rentra -en le ville de Jugon, dont li bourgois de le ville furent moult -desconforté. - - [404] On lit dans le ms. d'Amiens: «au dit,» qui doit être une - mauvaise leçon. - -Quant li comtez de Montfort seut comment messires Amauris de Clichon -estoit pris et plus de six vingt jones bourgois de la ville avoecq lui, -et messires Yves de Tigri rescous et tout li aultre, si en fu durement -liéz, et ce ne fu pas merveille. Et en loa et recoummanda grandement -les deux frèrez de Pennefort; et dist que il avoient fet une belle -bachelerie et à lui ung grant service, et que encor lor seroit il -remuneret. Si fist li dis comtez tous lez prisonniers mettre d'un léz, -et lez navrés appareillier et songneusement garder, et puis monta sus -ung cheval, acompaigniés d'aucuns des siens, et s'en vint devant Jugon, -et fist signe que il volloit parler à chiaux de dedens. Li bourgois -vinrent à lui à le barrière et l'enclinèrent, car il leur fu dit que -c'estoit li comtez de Montfort, et li fissent reverence, tant qu'en -contenanche, comme chil qui doubtoient perdre leurs amis, leurs frèrez -et leurs enffans. Là parla li comtez de Montfort et leur dist: «Entre -vous, homme de le ville, vous estez grandement fourfait enviers moy, -quant vous savés que je sui vos drois sirez naturelz par le sucession -de monseigneur le duc, mon frère, dairain trespasset. Et jà m'ont -rechut à seigneur et fet hoummaige chil de Nantez, de Rennes, de -Vennes, de Hainbon, de Craais, d'Auroi, de Gou la Forest, dou Suseniot -et des autrez forterèchez; et vous, vous estez clos contre mi et mis en -paynne de moy porter dammaige. Or est enssi avenu que chilz dammaigez -est retournéz sus vous et sus vos proismez, car je tieng vostre -cappitainne en prison et bien sis vingt dez vostrez et de le nation de -ceste ville. Si devéz savoir que je lez feray tous pendre, voyant vos -yeux, sans nul prendre à merchy, se vous ne me rendéz le ville et le -castiel de Jugon et ne me jurés feauté et hommaige. Si me respondéz -moult tost lequel vous voulléz faire des deux, ou veoir vos proismez -morir honteusement, ou moy recevoir à seigneur.» Et quant li bourgois -et li communalté de Jugon entendirent cez nouvelles, si furent tout -esbahit, ce ne fu pas merveillez. Si requisent à avoir souffrance et -consseil tout ce jour, et l'endemain, à heure de prime, il venist ou il -envoiast vers yaux, et il en responderoient ce qu'il en volroient fère. -Li comtez leur acorda, par samblant aszéz à envis, et retourna en ses -tentez. Jà estoient venut li enghiens que on avoit akariiet de Rennez, -dont li comtez eut grant joie, car il lez fist mener devant le ville et -drechier tous quatre, affin que chil de le ville de Jugon les veissent -et que il en fuissent plus effraet. - -Sitost comme li comtez de Montfort se fu partis des bourgois de la -ville de Jugon, ensi que vous avés oy, il sonnèrent leur cloce et -s'asamblèrent en le place, et là parlementèrent enssamble ung grant -temps. Et remoustrèrent li plus sages et li mieux enlangagiés et chil à -qui il en touchoit le plus, le peril et l'aventure où il estoient. Ad -ce donc il ne furent nient bien d'accord; si s'ajournèrent à relevée et -alèrent chacuns disner en leurs maisons. Dedens nonne furent li quatre -enghien levet environ la ville, si que touttez mannierrez de gens -dedens et dehors les pooient veoir, qui veoir les volloient, et che -esmaya durement chiaux de la ville. Quant ce vint à relevée, il -sonnèrent de requief leur cloche et se assamblèrent, enssi que il -devoient faire. Là y eult pluiseurs parollez retournées, mès -finablement il s'acordèrent à che que, se messires Amauris de Clichons, -qui prisonniers estoit, volloit faire feauté au comte de Montfort, il -li feroient, ne jà sans lui riens n'en ordonneroient, car ensi li -avoient il juret solempnement et sus quarante mille escus de painne; si -n'en pooient riens fère sans son accord, se il ne se volloient -desloiauter et escheir en le mise. Ensi, sus cel estat, de leur -consseil il se partirent. L'endemain à l'eure qui ordonnée y estoit, li -comtez de Montfort y envoya deviers yaux le signeur de L(an)dreniaus, -son marescal de l'host. Si parlementa à yaux et il à lui, et li -cargièrent tout che que vous avés oy. Chil retourna arrière deviers le -dit comte, et li recorda le responsce et l'entention de chiaux de -Jugon. Li comtez assés s'en contenta et fist venir devant lui -monseigneur Amaury de Clichon et li dist: «Amauri, Amauri, vous avés -tort, quant contre vostre seigneur que je sui, et de ce n'est il nulle -question, volléz estriver: très grans maux vous en poroit bien prendre, -et jà estes pris, car je vous tieng en ma prison, et puis faire de vous -ma vollenté.»--«Sire, che respont li chevaliers, il est verités. Si -arés, se il vous plest, si bon avis que vous ferés de moy tout et à -point.» Che li dist li dis contes: «J'en sui tous avisés, et vous le -soiiés ossi. Ou vous me renderéz le ville de Jugon, car à vous en -tient, si comme j'en sui enformés, ou je vous feray morir à honte -avoecq tous lez autres prisonniers.» Dont se trairent avant aucun -chevalier, qui là estoient et de son linage, et li disent: «Monseigneur -Amauri, otant bien nous vorions acquitter de nostre loyaulté que vous -feriés, mès nous veons tout le pays qui se retrait deviers monseigneur -qui chy est; et sus celle entente li avons nous fait hommage, car nous -ne veons ne n'avons veut dou contraire jusqu'à orez, ne que messires -Carle de Blois y ait mis point de contredit. Si vous prions que vous -voeilliés estre des nostrez et obeir à monseigneur qui chy est; et là -où vous le ferés enssi, messires vous en sera gret, et vous pardonra -tous sez mautalens et à tous les prisonniers ossi qu'il tient, pour -l'amour de vous.» Adonc eult messires Amauris de Clichons pluiseurs -ymaginations, car il se tournoit à envis, et se li couvenoit faire ou -pis finer, ensi que li comtez li proummetoit. Tant fu enhortéz et -priiéz que il devint homs au comte de Montfort, et li fist hoummaige et -feauté. Depuis monta il à cheval, et en mena le marescal de l'host à le -ville de Jugon, et parla as bourgois, et les fist rendre et delivrer le -ville et le castiel au dit marescal, qui en prist le possession et le -saisinne ou nom dou comte. Et parmy tant, tout li prisonnier furent -quitte et delivre. - -Ensi eut li comtes de Montfort le bonne ville de Jugon et le feauté de -monsigneur Amaurit de Clichon, qui depuis le servi toudis loyaument. Et -le retint li comtes de son conseil et li donna cinq cens livres de -terre bien assignées. - -Apriès ce que li comtes de Monfort eult estet en le ville de Jugon -trois jours et y eult mis ung castelain en qui il avoit grant fianche, -ung bon escuier que on apelloit Garnier de Tigri, cousins au seigneur -de Tigri, il se parti et toute se host, et chevaucièrent viers le bonne -ville de Dinant, liquel se rendirent à mout petit parlement, car leur -vile n'estoit adonc fremée que de palis. Se ne s'osèrent clore ne tenir -contre le dit comte, que plus grans meschief ne leur en venist. Quant -li comtes en eut pris le possession et le feaulté des hommes de le -ville et dou seigneur de Dinant meysmez, ung très grant baron, il s'en -parti et chevaucha deviers Castiau Josselin, mès il estoit si fors -qu'il ne le peult prendre, et s'en passa oultre et vint à Plaremiel. Si -se rendi li castiaux, et le renouvella li comtez de garnison. Apriès il -vint devant Mauron et y sist douze jours. Au tresime il y entra par -tretiet que, se ungs autrez appairoit en Bretaingne qui y moustrast -plus grant droit de lui, il estoient quite de leur hoummaige. Fos 55 et -56. - -_Ms. de Rome_: Et puis (le comte de Montfort) se desloga de là (de -Brest) et s'en ala devant Auroi, lequel chastiel Julles Cesars fist -fonder. Li contes esploita si bien que li chastiaus li fu rendus, car -c'est dou demainne des dus de Bretagne. Et puis cemina oultre et vint -devant Goy le Forest; il i fu requelliés, et puis au Suseniot, à trois -lieues de Vennes, qui est uns biaus chastiaus et cambre des dus de -Bretagne. On le rechut dedens tout debonnairement, et fu là ne sçai -qans jours, et puis ala à Vennes et là se tint, et tousjours mesires -Hervis de Lion dalés lui et grant fuisson d'aultres chevaliers et -esquiers de Bretagne. Et les tenoit, par les dons que il lor donnoit, -en amour, et les bonnes villes aussi, et tenoit grant estat et estofet. -Et faisoit partout paiier bien et largement sans riens acroire, tant -que toutes gens se contentoient de li et des siens et disoient: «Nous -avons bon signeur à ce que il moustre: il ne voelt que tout bien, mais -que Dieus consente que il nous demeure pasieuvlement.» Fo 73. - -P. 97, l. 26 et 27: six cens.--_Ms. B 6_: à trois cens lanches. Fo 174. - -P. 98, l. 3: le prist.--_Ms. B 6_: par le main, tout en riant. Fo 174. - -P. 98, l. 12: ossi.--_Ms. B 6_: car c'est ung gentil chevalier; et, sy -se rent tout le pais à lui, nous ne povons mie seul faire partie pour -monseigneur Charle qui point n'apert en che pais. Fo 175. - -P. 99, l. 1: le Roceperiot.--_Mss. A 8 à 10, 15 à 17_: la Roche Periot. -Fo 72.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: la Roche Perion, la Roche Pierron. Fo -78 vo.--_Mss. A 7, 18, 19, 23 à 33_: la Roche Periou. Fo 74. - -P. 99, l. 5: dix.--_Mss. A 15 à 17, 23 à 29_ et _B 6_: quinze. Fo 79. - -P. 99, l. 14: d'Auroy.--_Ms. B 6_: que le roy Artus fist jadis fonder -et faire. Fo 175. - -P. 99, l. 16: Malatrait.--_Mss. A 11 à 17, 23 à 29_: Maletroit, -Malestroit. Fo 76.--_Mss. A 1 à 10, 18 à 22, 30 à 33_: Malastrait, -Malatrait, Malestret. Fo 78 vo. - -P. 99, l. 17: Tigri.--_Ms. B 3_: Trangrilidis. Fo 70 vo.--_Mss. A 1 à -10, 23 à 33_: Triviguidi, Treviguidi. Fo 78 vo.--_Mss. A 11 à 14, 18, -19_: Treseguidi, Trezeguindi. Fo 76.--_Mss. A 20 à 22_: Tornigidy. Fo -118 vo.--_Mss. A 15 à 17_: Tigri. Fo 79. - -P. 99, l. 17: deus fois.--_Ms. B 6_: de cinq ou six assaulx. Fo 176. - -P. 99, l. 20: Hervi.--_Mss. A 8 à 29_: Henry. Fo 72. - -P. 100, l. 5: Craais.--_Mss. A 8, 9_: Craais. Fo 72.--_Mss. A 11 à 17_: -Carahais. Fo 76.--_Mss. A 1 à 7, 18, 19, 23 à 33_: Carahès. Fo -79.--_Mss. A 20 à 22_: Charlès. Fo 119. - -P. 100, l. 12: Bretagne.--_Mss. A 11 à 14_: car tousjours le dit -evesque faisoit protestacion que toute la manière du traittié et de -l'accort fait entre lui et monseigneur Henrri de Lion son nepveu -seroient nulz ou cas qu'il venrroit aulcun hoir plus prouchain du conte -de Montfort et qui pourroit monstrer avoir meilleur droit en la duchié -de Bretaingne, et que à cestui ci il feroit feaulté et hommaige et se -rendroit à lui avecques toutes ses forteresces et tout son pais. Et -toutes ces choses fist il envix; ne jamais ne s'i feust acordé -bonnement, se n'eust esté par l'admonnestement et sermon du dit -monseigneur Henrri de Lion son nepveu, qui sur ce lui monstra tant de -belles raisons que au derrenier il s'accorda au dit monseigneur le -conte de Montfort et lui fist feaulté et hommaige, ainsi que vous avez -ci devant oui recorder. - -Après ces choses ainsi acordées et faictes, le dit evesque de Carahais -fist tantost ouvrir les portes de la bonne ville et du chastel de -Carahais avecques qui siet sur la mer. Et puis entra dedens le conte de -Montfort, monseigneur Henrri de Leon, monseigneur Henrri de Pennefort -et plusieurs aultres bons chevaliers et escuiers. Et tout l'ost demoura -entour la ville, et se logea chascun au mieulx qu'il pot. Et -fourragièrent sur le plat pais; ne riens ne demouroit devant eulx, se -il n'estoit trop chault ou trop pesant. Le conte et ses plus privez, -monseigneur Henrri de Leon et les aultres seigneurs estoient en la -ville où ilz furent moult grandement festoiez du dit evesque, car bien -y avoit de quoi. Et l'endemain s'en partit le dit conte et tout son -host. Fo 76. - - -=§ 144.= P. 100, l. 13: Pourquoi.--_Ms. d'Amiens_: Que vous feroi je -plus loing compte? En telle mannière concquist et acquist li comtez de -Montfort tout ce pays que vous avés oy, et se fist partout obeir et -appieller dus de Bretaingne, et encarga les p(l)ainnez armes de -Bretaingne. Si y avoit il aucuns barons qui pas ne voloient obeir à -lui, et se faindoient de son hommage, telz que le droit seigneur de -Clichon, le seigneur de Tournemine, le seigneur de Kintin, le signeur -de Biaumanoir, le seigneur de Laval, le seigneur de Gargoule, le -seigneur de Loriach, le seigneur d'Ansenis, le seigneur de Rais, le -seigneur de Rieus, le seigneur d'Avaugor et pluiseurs autres. Et se -partirent li plus de ces seigneurs adonc de Bretaingne, et fissent bien -garnir leurs castiaux. Et s'en allèrent li aucun en Grenate, li autre -oultre mer ou en Prusse, et prisent excusance de partir de Bretaingne, -tant que les coses seroient en autre estat. - -Quant li comtes de Montfort se vit ensi que au dessus de la ducé de -Bretaingne, et par especial touttes les bonnes villez li avoient fait -feaulté et hoummaige, il demanda consseil à ses plus especials amis -coumment il poroit perseverer et tenir le pays contre tous; car bien -penssoit que messires Carles de Blois, qui avoit sa nièche, y volroit -contredire, et que li roys de Franche, oncles au dit monseigneur -Carlon, l'en aideroit. Se li fu dit et conssilliet que il s'en allast -en Engleterre deviers le roy englès, et relevast la duchié de -Bretaingne de lui et l'en fesist hommaige, parmy tant que li rois -englès li jurast et proummesist à tousjours mès resort et comfort de -lui et des siens contre tous hommes qui gueriier ou empeschier li -vorroient. Li comtes de Montfort crut ce consseil, et s'appareilla -moult tost et s'en vint à Garlande. Et monta là en mer, et enmena -avoecq lui jusqu'à vingt chevaliers, tous de Bretaigne; et naga tant -par mer qu'il ariva en Cornuaille, et enquist dou roy englès où il -estoit, et on li dist qu'il se tenoit à Windesore. Lors envoya li -comtes de Montfort ses messaiges devant comme dus de Bretaingne, car -ensi s'apelloit il, segnefiier au dit roy qu'il venoit. - -Li roys englès de le venue au dit conte fu mout resjoys, et envoiia -tantost contre lui de ses chevaliers jusqu'à siis, dont messires -Gautiers de Mauni fu li uns, messires Guillaume Filz Warine, li sirez -de Biaucamp, li sires de Ferièrez, messires Francq de Halle et li sirez -de Baudresen, de Braibant, qui adonc estoit dalléz lui. Chil chevalier -amenèrent le comte de Montfort deviers le roy d'Engleterre ou castiel -de Windesore, qui le rechupt liement comme duc de Bretaigne. Et ossi -fisent tout li seigneur qui adonc estoient dallés le roy, messires -Robiers d'Artois et li autre. Et seurent, assés tost apriès, -l'intention du dit comte de Montfort, et sus quel estat il estoit venus -en Engleterre. Si furent tout joiant, et li roys especialment, quant il -congnurent qu'il volloit relever et tenir le duchet de Bretaingne en -foy et hoummaige dou dit roy englèz. - -Environ quinze jours fu li comtez de Montfort en Engleterre avoecq le -roy Edouwart, qui li fist toutte le feste, l'amour et compaignie que -faire li pot, et ossi à ses chevaliers qui avoecq lui estoient allet en -ce voiaige. Car li rois englès regardoit et consideroit que ceste -aliance et la terre de Bretaingne en son accord li pooit plus valloir -de comfort, de resort et de toutte pourveance pour gheriier le royaumme -de Franche que nulle aultre terre; car sus trois jours ou quatre il -pooit y estre en Bretaingne ou envoiier de par lui gens d'armes pour -gheriier ses ennemis. Pour ce rechupt il liement le ducé de Bretaigne -en foy et en hoummaige dou comte de Monfort. Et eut là adonc entre lui -et le dit comte pluiseurs devises, ordonnanches et aliances escriptes, -grossées et saiellées, dont chascuns eult les parties deviers soy. Et -ne devoit li comtes de Montfort, qui s'apelloit dus de Bretaingne, -relever, tenir, ne recongnoistre jamais la ducé de Bretaingne d'autre -seigneur que dou roy englès, sans son congiet ou consseil. Ossi li dis -roys englès le devoit garder, aydier, deffendre et maintenir contre -tous hommes qui contredire ou gueriier le voroient. Et ensi le -proumissent et jurèrent solempnelment enssemble. - -Apriès touttes ces coses faittez et acomplies, li comtes de Montfort et -si chevalier se partirent dou roy, qui leur donna grans dons et biaux -jeuuiaux à grant plentet, et ossi fist la roine. Si revint li comtes de -Montfort en Bretaigne demourer le plus à Nantes, et sa femme avoecq -lui, par quel consseil il usoit le plus, car elle estoit damme de grant -emprise et de grant coraige, et avoit droit coer d'omme et de lion, -enssi comme vous orés recorder avant en l'istoire. Si se faisoit li -comtes escripre et appeller dus de Bretaingne, et elle duçoise, et -guerioient toudis les rebellez à yaux; et estoient à che coummenchement -si fort ou pais, que qui ne volloit y estre de leur accord, il n'y -avoit que faire de demorer. Et estoient pluiseur grant seigneur parti -et venut en France, ou pris autres voiaiges de Prusse, de Jherusalem ou -de Grenate, tant qu'il ewissent veut comment ceste besoingne -s'achieveroit; car bien savoient li pluiseur que li roys Phelippes ne -lairoit point son nepveult, monseigneur Carlon de Blois, enssi que -planer, ne bouter hors de son hiretaige; mès moult s'esmervilloient li -aucun pourquoy il ne se traioit, ne estoit trais plus tost avant. Fo -57. - -_Ms. de Rome_: On se puet esmervillier, selonch le intitulure et le -introduction de ceste matère qui represente les fais de Bretagne, à -quoi mesires Carles de Blois pensoit, qui tenoit à avoir à fenme et à -espouse la droite hiretière de Bretagne, et qui estoit si grans de -linage en France que neveus au roi Phelippe et au conte d'Alençon et -frères au conte de Blois, que il ne se traioit avant, mais laisoit -couvenir le conte de Montfort et prendre les chités et bonnes villes et -les chastiaus de Bretagne, et point ils n'aloit au devant, ne n'i -envoioit. Et (li contes de Montfort) prendoit partout la sasine et -posession, et i ordonnoit et establissoit honmes favourables et -agreables à lui, et acqueroit l'amour des cevaliers et esquiers de -Bretagne, car bien avoit de quoi faire grans largèces, car il avoit -saisi deviers li le grant tresor qui avoit esté à son frère et lequel -il avoit trouvé en le chité de Limoges, ensi que chi desus est dit. -Aussi s'en esmervelloient moult pluisseurs chevaliers et esquiers de -Bretagne qui savoient bien que c'estoit son droit à estre dus de -Bretagne en l'oqison de sa fenme; mais puis que il le souffroit et -voloit, ensi que il disoient l'un à l'aultre qant il s'en devisoient, -il ne pooient pas, de lor poissance singulère, faire fait ne partie -pour lui. Et tant demora à venir en Bretagne et à demander son droit -que trop, car li contes de Montfort se fortefia tant en toutes manières -et acquist tant d'amis que trop forte cose euist esté à bouter hors de -sa posession, car trop vault la condition dou premier posessant. - -Il ne puet estre que messires Carles de Blois, qui se tenoit à Paris, -ne fust enfourmés de toutes ces accedenses, et que ils n'en parlast à -ses oncles le roi de France et le conte d'Alençon et à son cousin -germain le duch de Normendie qui moult l'amoit; mais il estoit servis -et respondus de douces paroles et de belles, en disant: «Biaus cousins, -ne vous sousiiés de riens: laissiés ce conte de Montfort aler et venir -et espardre cel argent que il a trouvé dou duch son frère. Il couvient, -quoi qu'il face ne ait fait jusques à chi, que il viengne deviers nous -pour relever la ducée de Bretagne; et les barons et chevaliers et -fievés de Bretagne ne sont pas si fol ne si ignorant que il le doient -recevoir à signeur, sans nostre sceu. Il seroient très mal consilliet -et le compareroient chierement; pour quoi, biaus cousins, ne vous -sousiiés de riens. Il fault que tout retourne par deviers nous. Vous -estes dus de Bretagne, et jà l'avés vous relevé de nous, et vous en -tenons à duch et à hirestier, et qui vodra dire dou contraire, nous le -verons, et le vous aiderons à deffendre et à garder contre tout honme; -car nous i sonmes tenu, et le mousterons de fait.» - -Ensi estoit mesires Carles de Blois rapaisiés de paroles, et se -confioit sur ce que on li disoit et proumetoit; et entendoit à -augmenter son estat, et avoit mis jus l'armoierie de Chastellon et pris -et encargié celle de Bretagne. Et estoient ouvrier trop grandement -ensonniiet parmi Paris de faire banières, pennons, cambres, courdines -et toutes coses qui apertiennent d'armoierie, en l'ordenance d'un -signeur et de une dame, et jà se escripsoit: «Carles de Chastellon, dus -de Bretagne et sires de Guise.» Et li contes de Montfort entendoit -d'aultre part à acquerre amis de toutes pars, tant que en Bretagne et -ens ès marces voisines, dont il pensoit le mieuls à valoir, et avoit -encargiet plainnement le nom et les armes de Bretagne et s'escripsoit: -«Jehans, dus de Bretagne, contes de Montfort et de Limoges.» Ensi et -par tèle incidense se conmencièrent à entouellier li different en -Bretagne, qui i furent si grant et si orible que les gerres et les -malefisces qui s'en eslevèrent et engendrèrent, i furent si grant que à -painnes i peut on onques trouver moiien ne conclusion pour les -apaisier. - -Li contes de Montfort, qui se veoit en posession dou tout ou en partie -de la ducée de Bretagne et n'i sentoit nuls rebelles ne contraires dont -il fesist trop grant compte, car petit à petit tout venoient à -obeisance, entendi et senti de costé, par ses amis les quels il avoit -en France, et par especial le conte de Flandres, son serouge, que -mesires Carles de Blois se nonmoit et escripsoit dus de Bretagne, et -en avoit avoecques le title encargiet l'armoierie, et l'avoit relevé en -foi et en honmage dou roi de France auquel li reliés en doit apertenir, -et s'ordonnoit li dis mesires Carles pour venir en Bretagne et -calengier l'iretage conme sien et de son droit, et li rois de France -conme son signeur naturel souverain l'en devoit aidier, et que sus ce -il euist bon avis et bon consel, (il) pensa et imagina sus, et vei et -congneut bien que point n'en joiroit pasieuvlement; si se consilla à -ceuls où il avoit la grigneur fiance. Consilliet et dit li fu: «Sire, -de vostre singulère poissance, vous ne poés contrester contre la -poissance dou roi de France, car elle est trop grande. Et si auera -vostres adversaires Carles de Blois trop d'amis et de confort, car li -rois de France et li contes d'Alençon sont si oncle. Mais vous ferés -une cose: vous vos ordonnerés à l'encontre de ce et conforterés -grandement, se vous alés en Engleterre et relevés la ducée de Bretagne -en foi et en honmage dou roi d'Engleterre et en devenés son honme, par -condition telle que contre tout honme, soit roi de France ou aultre, il -le vous aidera à deffendre et à tenir. Et ce marchiet il fera trop -volentiers, car d'Engleterre, il auera trop belle entrée de venir en -Bretagne et de Bretagne en France, et pora laisier ses honmes en -garnison en Bretagne et rafresqir; et tous jours, conment que la -querelle se porte, i auerés vous des bons amis. Et se vostre cousine la -fenme à Carle de Blois moroit, ensi que les aventures aviennent, vous -demorriés pasieuvlement dus de Bretagne, ne nuls ne nulle ne le vous -debateroit jamais.» - -Li contes de Montfort ouvri ses orelles à ce consel et s'en resjoi -grandement, car il li sambla bons et pourfitables. Et ordonna ses -besongnes à ce que pour aler en Engleterre, et monta en mer à Vennes, -assés bien acompagniés de chevaliers et d'esquiers. Et enporta -avoecques lui grant fuisson de biaus jeuiauls qui tous venoient dou -tresor de Limoges (de) son frère le duc de Bretagne, pour donner et -departir là où il les veroit bien à emploiier et pour acquerre amis; et -prist terre en Engleterre à Plumude, et avoient cargiet des chevaus. -Qant il furent trait hors des nefs, il montèrent sus li contes et ses -gens et chevauchièrent viers Londres, et tant fissent que il parvinrent -et demandèrent dou roi. On lor dist que il estoit à Windesore, et que -là conmunement il s'i tenoit plus que ailleurs, et la roine ausi. Qant -li contes de Montfort, qui se nonmoit dus de Bretagne, se fu rafresqis -un jour à Londres, ils et ses gens montèrent et chevauchièrent viers -Windesore, et vinrent disner à Bramforde, et puis vinrent à Windesore -et trouvèrent le roi et la roine qui jà estoient enfourmé de lor venue. -Si furent requelliet des chevaliers dou roi moult grandement, et puis -mené deviers le roi. Tant que des aquintances dou roi et dou conte, je -n'ai que faire de plenté parler, fors que de venir au fait pour quoi li -contes de Montfort estoit là venus. Il remoustra ses besongnes bien et -sagement, et li rois les oy et i entendi volentiers, et li respondi par -le consel que il ot de monsigneur Robert d'Artois, qui tous jours se -tenoit avoecques le roi, et li dist: «Biaus cousins, vous vos retrairés -deviers Londres; et dedens quatre jours, je serai là et auerai de mon -consel, tant que vous serés respondus de tout ce que de vostres -requestes je vodrai faire.» Li contes de Montfort se contenta de ceste -response. Et qant il ot là esté le jour et la nuit à Windesore, et -soupé avoecques le roi et la roine, à l'endemain il s'en departi et -vint à Londres; et se tint là avoecques ses gens tant que il fu mandés, -de par le roi et son consel, ens ou palais de Wesmoutier et là dedens -la cambre dou consel. Qant li prelat et li baron qui là estoient, -l'orent honnouré et fait seoir jus, il fu moult sagement examinés pour -quoi il estoit là venus, et requis que il le vosist dire, quoi que tout -en savoient jà assés, car li rois et messires Robers d'Artois qui -enfourmé estoient de la matère, avoient prononciet le fait. Il parla et -dist que, conme drois hoirs et dus de Bretagne par la mort et -succession de la mort dou duch de Bretagne darrainnement mort, il -s'estoit trais à l'iretaige de Bretagne et mis en posession, et nuls ne -li avoit encores debatu; mais il faisoit doubte que on ne li deuist -debatre, car Carles de Blois avoit à fenme et à espouse une sienne -nièce, fille dou conte de Pentèvre, qui disoit à avoir droit de par sa -fenme à l'iretage de Bretagne, et jà l'avoit il relevé de Phelippe de -Valois qui se disoit rois de France: «Et pour ce que le roi mon -signeur, qui chi est, calenge la couronne de France et s'en escript et -nonme rois, et pour ce aussi que j'en soie soustenus, portés et -deffendus en toutes actions, je m'adrèce à lui et voel devenir son -honme de foi et de bouce, et relever et tenir la ducée de Bretagne de -li; et qant ce je auerois fait et il m'auera recheu à honme, je -parlerai encores avant.» - -Sus ceste parole, li signeur, prelas et barons qui là estoient, -regardèrent tout l'un l'autre, sans riens respondre. Adonc parla -mesires Robers d'Artois et dist: «Biaus cousins, vous iscerés un petit -hors de la cambre, et tantos serés rapellés.» Il le fist. Li contes de -Montfort issi hors, et li signeur demorèrent avoecques le roi qui lor -requist que, sus ces paroles dites et offertes, il le vosissent -consillier. Li consauls ne fu pas lons, la matère estoit toute clère à -savoir que li rois en feroit; ce n'estoit pas cose ne requeste à -refuser. Car ensi que jà il avoient imaginé et consideré l'estat et -l'afaire dou roi et l'ordenance de sa guerre, et conment li dus de -Braibant, ses cousins germains, li dus de Gerlles, son serourge, et les -Alemans l'avoient mené et pourmené jà par deus saisons, et fait -despendre son argent si grandement que encores il s'en trouvoit -derrière et veroit un lonch temps; et si n'avoit riens fait fors que -travilliet son corps et ses gens, et courut une petite estrée dou -roiaume de France, et tenu sièges devant Cambrai et Tournai; et que par -ensi faire et croire les Alemans, qui sont convoiteus, il ne venroit à -son entente, mais par le pais de Bretagne qui li estoit une belle -entrée et requelloite pour cevauchier en France, i pooit il bien venir, -et si en seroit gerre plus forte et plus belle avoecques aultres -accedens qui legierement poroient avenir. - -Adonc fu li contes de Montfort appellés; il vint. Li venu en la cambre, -il li fu dit que li rois estoit consilliés à ce que il le receveroit -conme son honme liege as mains et à la bouce, et il li jurroit à estre -son honme liege à tous jours mais, et à tenir la ducée de Bretagne dou -roi presens et des rois d'Engleterre qui apriès li descenderoient. Li -contes de Montfort mist ses mains entre les mains le roi d'Engleterre, -et puis fu introduis de l'evesque de Londres à parler, et parla mot à -mot tout ce que li evesques li faisoit dire, et fist honmage de foi, de -mains et de bouce. Et furent toutes les paroles, que il dist là et -rechita, mis (es) en l'entente des prelas et signours d'Engleterre, qui -là estoient; et en furent lettres levées et instrumens publiques -escrips et grossés. Et aussi li contes de Montfort, qui se nonmoit dus -de Bretagne, qant il ot fait honmage au roi, et il fu recheus à toutes -les solempnités qui i apertenoient à estre et à faire, et il se fu en -ce loiiés et obligiés, il requist au roi conme à son signeur liege que, -se li rois Phelippes qui se disoit rois de France ou aultres voloient -entrer à poissance en Bretagne et calengier l'iretage ou nom de mesire -Carle de Blois et sa fenme, qui s'en disoit hiretière, et que il i -venissent si fort que de poissance singulère il ne peuist resister à -l'encontre, que il fust aidiés et secourus en la fourme et manière que -uns sires doit aidier son honme. Li rois li ot en couvenant; et de tout -ce fissent les lettres et instrument mention. Et furent les lettres -apertenans au conte de Montfort, les quelles il enporta avoecques li, -seelées dou seel dou roi d'Engleterre et des seauls des barons -d'Engleterre qui à toutes ces paroles, devises et ordenances furent -presens. - -Tout ce fait et accompli et dou plus hasteement c'om pot, car li contes -voloit sus brief terme retourner en Bretagne dont il se nonmoit dus, il -prist congiet au roi et as signeurs et fist partout compter et paiier. -Et se departi de Londres et chevauça viers Plumude où sa navie estoit -qui l'atendoit, et le trouva toute preste et vent bon assés pour -retourner en Bretagne. Si entrèrent li contes et ses gens en lors -vassiaus, et singlèrent tant que il retournèrent à Vennes dont il -estoient parti et là ancrèrent; et si se rafresqirent en la chité, car -elle et tous li plas pais estoit pour li. Et puis au second jour -montèrent as chevaus et vinrent à Nantes, et là trouvèrent la contesse -qui se nonmoit duçoise, qui requelli son mari et toute la compagnie -moult liement, et li demanda des nouvelles. Et li contes l'en dist -assés et toute l'ordenance des trettiés conment il se portoient, et se -looit dou roi d'Engleterre et des prelas et barons d'Engleterre, les -quels il avoit veus. Fos 73 à 75. - -P. 100, l. 20: vingt chevaliers.--_Les mss. A 11 à 14 ajoutent_: et -soixante escuiers. Fo 76 vo. - -P. 100, l. 21: Cepsée.--_Mss. A 18, 19_: Capsée. Fo 79. - - -=§ 145.= P. 102, l. 22: Quant.--_Ms. d'Amiens_: Or avint que li -viscomtez de Rohem, li sirez de Clichon, li sirez d'Avaugor et li sirez -de Biaumanoir s'en vinrent en France deviers monseigneur Carlon de -Blois, qui adonc se tenoit dallés le roy, son oncle; et bien avoit oy -recorder et ooit encorres tous les jours comment li comtez de Montfort -s'estoit mis et enclos en le saisinne et possession de Bretaingne; mès -chil seigneur l'en enfourmèrent plus plainnement et li disent: -«Monseigneur, vous avés bien mestier d'avoir grant ayeuwe à venir en -Bretaigne, car il n'y a bonne ville en toutte la duché, qui n'obeisse à -lui, et ossi grant fuison dez signeurs, chevaliers et escuiers, et -tient grant plentet de gens d'armes as saus et as gaiges. Car il a eult -deviers lui tout le grant tresor qui estoit à Limoges, que nos sires -li ducs, dairains trespassés, et messirez ses frères, pèrez à madamme -vostre femme, avoient là assamblet de loing tamps, dont il fait tous -les jours et a fait ses dons et sez larguèces si grandes, que il samble -que ors ne argens ne li couste riens; et retient touttes mannières de -saudoiiers qui viennent deviers lui. Avoecq tout chou, il a estet en -Engleterre et a relevet la duché de Bretaingne en foy et en hoummaige -dou roy englèz et ont certainnez convenenchez enssamble, lesquelles -nous ne savons mies tout clerement, car nous n'y avons mies estet, fors -tant que on dist, et bien fait à croire pour le cause de ceste -hoummaige, que li roys englès le doit aidier contre tous hommes qui de -forche le voroient bouter hors de Bretaingne.» - -Quant messires Carles de Blois eut oy les dessus dis seigneurs enssi -parler et recorder l'affaire et l'estat dou comte de Montfort et de la -duché de Bretaingne, dont il se tenoit hoirs de par sa femme, si fu -tous penssieux; et quant il eut une espasse pensset, si regarda les -chevaliers et dist: «Biau seigneur, grant mercis de ce que vous estes -venus devers moy et m'avés comptet de ceste besoingne, dont je desiroie -à savoir le verité. Nous yrons deviers le roy mon seigneur; si l'en -enfourmerons plainnement, et sour ce il en aura bon avis.» Lors les -mena messires Charles de Blois tous quatre deviers le roy sen oncle, et -parlèrent à lui à grant loisir. Et quant li roys seut comment la -besoingne se portoit, si dist que il y meroit remède telle et si bonne, -que ses biaus niés, que il tenoit hiretier de Bretaingne, s'en -parceveroit. Adonc eut li roys advis de mander les douze pers de -Franche, pour avoir consseil de plus grant deliberation. Si vinrent à -Paris dedens le jour qui mis y fu. Là fu proposé et parlementé li -affairez de Bretaigne, et aviset comment pour le mieux on s'en poroit -chevir. Se disent li douze pers de France qu'il appertenoit bien que li -comtez de Montfort fust mandés par souffissans mesages, afin que il -venist à Paris, par quoy on veist et sewist comment il voroit aleghier -contre cez oppinions. Chilz conssaux fu tenus, et message priiet et -regardet qui yroient. Che furent li sirez de Matefelon, li sirez de -Gousant et messires Grimoutons de Cambli. Et se partirent chil messaige -et chevaucièrent tant par leurs petittez journées qu'il vinrent en le -cité de Nantez. Là trouvèrent le comte de Montfort et la comtesse, sa -femme, grant joie demenant. Si fissent li seigneur dessus dit leur -messaige, ensi que chargiet leur estoit; et quant li contes les eut -oys, quoiqu'il leur feist bonne chière et lie, il eut pluisseurs -ymaginations de l'acorder che voiaige. Touttesfois finablement il -respondi as dis messaiges que il volloit y estre obeissans au roy et -yroit vollentiers à son mandement. Ceste responsce pleut bien as -messaiges, et le raportèrent ainssi au roy Phelippe, que li comtez de -Montfort seroit à Paris au jour qui mis y estoit. Dont fist li roys -demourer daléz lui tous les douze pers, et manda encorrez pluiseurs -grans barons et saiges de son royaumme, pour avoir milleur consseil -quant li dis comtes de Montfort seroit venus. - -Li comtez de Montfort se parti de Nantez en grant arroy, et estoient -bien de se compaignie trente chevaliers, tous noblez et gentilz hommez, -et estoient bien de se routte et à se delivranche en ce voiaige trois -cens chevaux sans lez sommiers, et chevaucièrent tant par leurs -journées qu'il vinrent en le chité de Paris. Adonc se tenoit li rois au -palais. Quant li per, li comte et li baron de Franche sceurent la venue -au dit comte de Montfort, si se trayrent au palais deviers le roy, car -bien savoient que li comtez de Montfort y venroit, enssi qu'il fist. -L'endemain dou jour qu'il fu venus et descendus à sen hostel, il vint à -heure de tierche mout noblement et bien acompaigniés de sez chevaliers -au palais. Si fu moult durement regardés de tous lez barons, et des -aucuns salués, et puis amenés deviers le roy. Le roy, qui estoit tous -pourveus et adviséz de savoir coumment il le devoit recepvoir, se -tenoit en sez cambres de parement. Et estoient adonc dalléz lui li -comtez d'Alençon, ses frèrez, li dus de Normendie, ses filz, li dus -Oedes de Bourgoingne et messires Phelippez de Bourgoingne, ses filz, li -dus de Bourbon, messires Jaquemes de Bourbon, adonc comtez de Pontieu, -li comtez Loeis de Blois, li comtez de Foriès, li comtes de Vendomme et -li comtez de Ghinez, et pluiseurs aultrez barons telx que le seigneur -de Couchi, le seigneur de Sulli, le seigneur de Craon, le seigneur de -Roie, le seigneur de Saint Venant, le seigneur de Rainneval et le -seigneur de Fiènes. Quant li comtez de Montfort fu parvenus jusqu'au -roy, si l'enclina mout humblement et li dist: «Monseigneur, je sui chy -venus à vostre mandement et à vostre plaisir.» Li dis rois respondi: -«Comtez de Montfort, de ce vous sai jou bon gret, mès je me esmerveille -durement pourquoi ne comment vous avés oset emprendre de vostre -vollenté la duché de Bretaingne, où vous n'avés nul droit; car il y a -plus prochain de vous, cui vous voulléz deshireter. Et pour vous mieux -efforchier, vous estez alléz à mon adversaire le roy d'Engleterre, et -advés la duché de Bretaingne de lui relevet et à lui fet feauté et -hoummaige, ensi que on le m'a comptet.» Li comtez respondi et dist: -«Ha! sire, ne le creés pas, car vraiement vous estes de chou mal -enfourmés. Je le feroie moult à envis. Mès de le proimetet dont vous me -parlastez, m'est advis, sire, sauve vostre grace, que vous en -mesprendés, car je ne say nul si prochain del duc de Bretaigne, qui -dairainement morut, que moy, qui sui ses frèrez. Et se jugiet et -declaret estoit par droit que aultre en fuist plus proisme de moy, je -ne seroie point hontous ne rebellez del deporter.» - -Quant li roys entendi le comte ensi parler, si respondi et dist: -«Comtez, comtez de Montfort, vous (en dittez[405]) ores asséz. Mès je -vous coummande, sur tout quanque vous tenés de moy et que tenir en -devés, que vous ne vous partéz de le chité de Paris jusques à quinze -jours, que li baron et li per jugeront et ordonneront de celle -proismetet, et si sarés adonc quel droit vous y aréz ou avés. Et se -vous le faittez autrement, sachiéz que vous me couroucherés.» Li comtes -respondi et dist: «Monseigneur, à vostre vollenté.» Adonc se departi li -dis comtes dou roy, et s'en revint à son hostel pour disner. Quant il -fu à son hostel venus, il entra en sa canbre et le fist clore et -refremmer apriès lui, et coummanda à ses cambriés que, se nuls le -demandoit, que on desist qu'il fuist dehetiés. Lors se coummença à -aviser et pensser que, se il atendoit le jugement dez barons et dez -pers de Franche, que li jugement poroit bien tourner contre lui; car -bien li sambloit que li roys feroit plus vollentiers partie pour -monseigneur Carlon de Blois sen nepveut que pour lui; et veoit bien que -se il avoit jugement contre lui, que li roys le feroit arester jusques -à tant qu'il aroit tout rendut, cités, villez et castiaus, dont à -present il tenoit le saisinne et le possession, que il avoit concquis, -et avoecq ce, tout le grant tresor qu'il avoit trouvet à Limogez et -ossi ailleurs, et tout aleuet et despendut. Se li fu advis que le -mieudre pour lui et le mains mauvais estoit qu'il se partesist sans -congiet, que il atendesist l'aventure et s'en ralast secretement et -paisivlement en Bretaingne, et se renforchast encorrez contre tous -venans, qui contraire li volroient porter. - - [405] On lit dans le ms. d'Amiens: «entendittez.» - -Si tint li dis comtez ceste ymagination, et fist apeler deux de ses -chevaliers où le plus se confioit, et leur descouvri sen entente, et -chil furent bien de son acord. Quant ce vint sus le soir, lui troisime, -tous desconneus, il parti de son hostel et wuida Paris, qui adonc -n'estoit point fremmée. Et chevaucha tant de jour et de nuit qu'il fu -en Bretaingne revenus, ainschois que li roys en sewist riens; mès -penssoit chacuns qu'il fuist dehetiéz à son hostel. Et tous lez jours -le sieuwoient ses gens petit à petit. Quant il fu revenus daléz le -comtesse sa femme, qui estoit à Nantez, il li compta toute sen -aventure, puis alla, par le consseil de la comtesse qui bien avoit coer -d'omme et de lion, par touttez les cités, les castiaux et les fortrèces -qui estoient à lui rendues, et establi partout bonnes cappittainnez et -si grant plentet de saudoiiers à piet et à cheval qu'il y couvenoit, -grans pourveances de vivres à l'avenant, et paiia si bien tous -saudoiiers, que chacuns le servoit vollentiers. Quant il ot tout -ordonné ensi qu'il appertenoit, il s'en revint à Nantez dallés la -comtesse sa femme, et dalléz lez bourgois de le chité, qui durement -l'amoient par samblant pour les grans courtoisies qu'il leur faisoit. -Or me teray ung petit de lui, et me retrairay au roy de Franche et à -monseigneur Carlon de Blois et as barons et douze pers dou royaumme -dessus dit. Fos 57 vo et 58. - -_Ms. de Rome_: A painnes est riens fait qui ne soit sceu: nouvelles -vinrent à Paris deviers messire Carle de Blois et les signeurs que li -conte de Montfort avoit priès conquis, tant par force que par tretiés, -toute la ducée de Bretagne, et avoit esté en Engleterre et relevé la -ducée de Bretagne dou roi d'Engleterre, et en estoit devenus son honme. -Tantos ces nouvelles vinrent au roi. Qant li rois les oï, se ne li -furent pas plaisans, et manda les douse pers de France, ceuls que pour -lors il pot avoir. Qant il les vei en sa presence, si lor demanda quel -cose estoit bonne à faire de tel cose. On li dist et consilla que chils -contes de Montfort fust mandés, et que trop on avoit atendu. Si furent -ordonné pour le aler querre li sires de Montmorensi et li sires de -Saint Venant. Chil doi baron se departirent de Paris à plus de -soissante chevaus, et chevaucièrent tant que il vinrent à Nantes, et -trouvèrent le conte de Montfort et la contesse qui faisoient une grande -feste des chevaliers et esquiers, des dames et damoiselles dou pais de -Bretagne. Il requella grandement et liement ces signeurs, car il se -tenoit de lor linage. Chil doi baron, qui sage et pourveu estoient, se -couvrirent moult bien deviers li de dire. Pluisseurs paroles disoit on -de li en France et à Paris, mais s'en dissimulèrent, et li priièrent -que il vosist descendre celle première fois à la plaisance dou roi, et -venir à Paris. Il dist que il s'en conselleroit. Il s'en consella à -auquns de son consel et à la contesse, sa fenme, laquelle li -desconsilloit que point n'i vosist aler, et que il n'i avoit que faire; -et li aultre li consilloient et disoient que si avoit, et que nullement -il ne se pooit esquser, ne passer que il n'alast en Franche, et que il -ne relevast la ducée de Bretagne dou roi. Lors respondi il à ces -paroles et dist: «Je l'ai relevé dou roi d'Engleterre: il doit -souffire. Je ne doi ne puis faire que un seul honmage.» Lors li fu dit: -«Et se vous trouvés le roi de France si amiable que il reçoive vostre -honmage, vous venrés legierement jus deviers le roi d'Engleterre. Il a -assés à faire à entendre aillours. Il ne vous boutera pas hors de -Bretagne, et espoir es(t) çou pour aultre cose que li rois vous mande.» -Finablement li contes de Montfort fu à ce consilliés et enortés que il -ordonna ses besongnes, et se departi de Nantes en la compagnie des deus -barons desus nonmés, et ossi des chevaliers de Bretagne; et fist tant -que il vint à Paris et se loga, et toutes ses gens ossi. Qant on sceut -que il fu venus et mis à hostel, on fu tous resjois de sa venue. Li -contes de Flandres, son serourge, le vint veoir, et li fist bonne -chière, et li contes de Montfort li, liquels se tint le jour que il -vint et la nuit ensievant tous quois à son hostel. Et à l'endemain, à -heure de tierce, il se departi de son hostel à plus de cent chevaus en -sa compagnie, et chevaucièrent viers le palais et descendirent là, car -li rois de France i estoit, et à painnes tout li noble prelas et barons -du roiaulme de France. Li contes de Montfort monta les degrés dou -palais et ala tant devant li que il trouva le roi et les signeurs en -une grande cambre, toute parée et couverte de tapiserie moult belle et -moult rice, et là estoit atendus li contes de Montfort. - -Qant il entra en la cambre, il fu moult fort regardés de ceuls qui -onques ne l'avoient veu, et par especial li rois de France jetta trop -fort ses ieuls sur li. Li contes de Montfort se mist en genouls devant -le roi et dist moult humlement: «Monsigneur, vous m'avés mandé, et je -suis venus à vostre mandement.» Li rois respondi et dist: «Contes de -Montfort, de che vous sai je bon gré, mais je m'esmervelle grandement -pourquoi ne conment vous avés osé entreprendre de vostre volenté la -ducée de Bretagne, où vous n'avés nul droit, car il i a plus proisme de -vous que vous volés deshireter; et pour vous mieuls efforchier, vous -estes alés à nostre adversaire le roi d'Engleterre et l'avés de lui -relevet, et fait feaulté et honmage, ensi que on nous a dit.» Li contes -respondi à che et dist: «Ha! monsigneur, ne le creés pas, car vraiement -vous estes de ce mal enfourmés, je le feroie moult à envis; mais de la -proismeté dont vous me parlés, m'est avis, monsigneur, salve soit -vostre grace, que vous mesprendés, car je ne sçai nul si prochain dou -duch de Bretagne, mon frère darrainnement mort, que moi; et se jugiet -et declaret estoit par droit que aultres i fust plus proismes de moi, -je ne seroie pas honteus ne virgongneus de moi en deporter.» A ceste -parole respondi li rois et dist: «Contes, vous en dittes assés, mais je -vous conmande sur qanq que vous tenés de nous, ne que tenir en poés ne -devés, que vous ne vos departés de la chité de Paris jusques à quinse -jours, que li baron et li per jugeront de celle proismeté. Si sauerés -adonc quel droit vous i avés; et se vous le faites aultrement, vous -nous couroucerés.» Li contes respondi et dist: «Monsigneur, à vostre -volenté.» Donc se leva il et prist congiet au roi et as prelas et hauls -barons qui là estoient, et les enclina tous autour, et euls li. Et issi -hors de la cambre, et conmença moult fort à busiier et merancoliier, et -à imaginer son afaire et son estat. A painnes pot il disner, tant fu -pensieus, et ne volt que nuls entrast en sa cambre, fors si varlet. - -A ce que li contes de Montfort pensoit, je le vous dirai: il se -repentoit trop fort de ce que il estoit venus à Paris et mis ens ès -dangiers dou roi et de ses contraires, et disoit ensi en soi meismes: -«Se je atens le jugement des douse pers, il n'est riens si certain, on -me retenra, et serai mis en prison. Et tout au mieuls venir, se je voel -avoir ma delivrance, il faudra que je remette arrière tout ce dont je -sui en saisine, et que je rende compte dou tresor le duch mon frère que -je pris et levai à Limoges, douquel je me sui aidiés. Avoecques tout -ce, on trouvera en verité que j'ai esté en Engleterre, et que je ai -relevé la ducée de Bretagne dou roi d'Engleterre, dont je me sui trop -forfais, et ne sai que li douse per de France de la correction en -vodront dire. Briefment, tout consideré, je ne puis veoir que li -demorer chi et atendre la quinsainne me soit pourfitable.» Tout -consideré et bien examiné ses besongnes, il dist que il se departiroit -de Paris et retourneroit en Bretagne; et se on le voloit là venir -querre, on le venist, car on le trouveroit pourveu, et le pais tout -clos à l'encontre des venans; et se manderoit le roi d'Engleterre, qui -li avoit juré toute loiauté, et li aidier fust contre le roi de France -ou autrui. - -Ce pourpos et ceste imagination conclut li contes de Montfort en soi -meismes, et se ordonna à partir. Je vous dirai conment: il prist l'abit -à l'un de ses menestrels, et dou soir il monta à ceval, et le varlet -dou menestrel avoecques lui, et isi de Paris. Et quidoient ses gens -voires, fors chil qui le devoient sçavoir, que il fust encores en ses -cambres, car si cambrelent disoient que il estoit malades et gissans au -lit, qant il estoit en Bretagne. Et vint à Nantes de nuit et ala -deviers sa fenme la contesse qui point de premiers ne le recongnissoit -en cel estat; et qant elle l'ot ravisé, si pensa tantos que la besongne -aloit mal. Li contes li compta tout l'estat et l'ordenance de son -voiage, et pourquoi il estoit ensi revenus. «Monsigneur, dist la -contesse, je n'en pensoie point mains, vous n'i aviés que faire. Selonc -ce que vous avés conmenchié et entrepris, vous auerés la gerre: il -n'est riens si vray. Si vous pourvées et ordonnés selonc che, et tenés -en amour les bonnes villes de Bretagne et les signeurs qui sont de -vostre partie.» Li contes respondi et dist que aussi feroit il. Fos 74 -vo et 75. - -P. 102, l. 22: qui tenoit.--_Mss. A 1 à 6, 18 à 33_: qui se tenoit à -cause de sa femme estre droit hoir de Bretaigne. Fo 79 vo. - -P. 102, l. 28: feroit.--_Ms. B 6_: Or advint autres nouvelles au roy et -à monseigneur Charle de Blois qui plus luy donnèrent à penser, car il -leur fut dit que le conte de Monfort avoit esté en Engleterre devers le -roy et relever la ducé de Bretaigne et les appertenances du roy -d'Engleterre: que faire ne povoit ne devoit, dont trop grandement -s'estoit meffais. Fo 178. - -P. 103, l. 12: de Nantes.--_Ms. B 6_: mais sachiés que che fut tout -outre le consail de madamme sa femme. Fo 179. - -P. 103, l. 15: as hostelz.--_Mss. A 1 à 6, 18 à 22_: en son hostel. Fo -79 vo. - -P. 103, l. 20: li douze per.--_Ms. B 6_: le duc de Bourgogne, le duc de -Normendie et grant plenté de seigneurs. Fo 179. - -P. 104, l. 24: à son hostel.--_Ms. B 6_: durement pensis. Fo 180. - -P. 104, l. 25 et 26: à aviser.--_Ms. B 6_: à buchier. Fo 180. - -P. 105, l. 8 et 9: Si monta.--_Ms. B 6_: Sy fist le malade toute celle -journée; et quant che vint à la nuit, il monta à cheval et se party de -Paris lui troisième, que point les portes n'estoient adonc frumées. Fo -181. - - -=§ 146.= P. 106, l. 2: alés.--_Ms. de Rome_: Et en fu li contes de -Flandres soupeçonnés que il ne li euist consilliet à faire, pour tant -que il avoit sa serour à fenme; mais li contes se osta de la soupeçon -et s'en escusa grandement et tant que on le tint bien pour escusé. Fo -75 vo. - -P. 106, l. 7: deus.--_Mss. A 1 à 7, 18 à 22_: trois. Fo 80 vo. - -P. 106, l. 22: barons.--_Ms. d'Amiens_: et douze pers. Fo 58. - -P. 107, l. 10: d'Alençon.--_Ms. d'Amiens_: monseigneur Carle comte -d'Alenchon son oncle, le ducq de Bourgoingne son cousin, le comte de -Blois son frère, le duc de Bourbon, monseigneur Jakemon de Bourbon -comte de Pontieu, monseigneur le connestable de Franche, le comte de -Ghines son fil, le comte de Foriès, le seigneur de Couchy, le seigneur -de Craan, le seigneur de Biaugeu, le seigneur de Suilli, et en apriès -tous les barons et chevaliers à qui il avoit amour et linage qui là -estoient. Et chacuns li acorda liement que il yroit avoecques lui en -Bretaingne pour aidier à reconcquerre, à tant de gent et de compaignons -qu'il poroient avoir. Si fissent leurs mandemens chacuns endroit de -lui, li uns en Biausse, li autre en Berri, puis en Ango et ou Mainne. -Et tous se devoient rassambler en le cité d'Angiers et là environ. Fo -58 vo. - -_Ms. de Rome_: Mesires Carles de Blois et li contes de Blois son frère, -liquel estoient en genouls devant le roi, le remerciièrent humlement de -toutes ces paroles. Lors se levèrent ils en piés et alèrent autour -priier lors amis, premierement lor oncle le conte d'Alençon, et puis -lor cousin germain le duch de Normendie, le duch Oede de Bourgongne et -mesire Phelippe de Bourgongne son fil, le duch Pière de Bourbon et -messire Jaqueme de Bourbon conte de Pontieu son frère, le conte d'Eu et -de Ghines connestable de France, le conte de Vendome, le conte de -Danmartin, le signeur de Chastellon et grant fuisson de barons de lor -linage. Et tout de bonne volenté se offrirent à faire service et -plaisance à mesire Carle de Blois, et aler à lors coustages avoecques -li en Bretagne. Si se ordonnèrent et apparillièrent dou plus briefment -que il peurent; et fissent lor mandement à estre à Chartres, et -atendre l'un l'autre en la chité del Mans ou d'Angiers. Fos 75 vo et -76. - -P. 107, l. 14: le visconte de Roem.--_Mss. A 11 à 14_: le viconte de -Rohan breton. Fo 78. - - -=§ 147.= P. 107, l. 26: Quant tout.--_Ms. d'Amiens_: Quant tout chil -seigneur qui priiet estoient, eurent ordonnet leur besoingnes et -chacuns fait son mandement au plus especialment qu'il peult, il se -partirent, de Paris li aucun, et li aucuns de leurs lieux. Si s'en -allèrent li uns apriès les autres et se assamblèrent en le cité -d'Angiers, puis ordonnèrent leur charoy et leurs pourveanches. Et se -misent au chemin et passèrent Ango, et vinrent logier ung soir à une -très belle fortrèce que on appelle Chantosé, qui se tient dou seigneur -de Craan. Et mist li dus de Normendie gens pour aidier à conduire leurs -pourveanchez et chiaux ossi qui lez sieuwoient. Puis cheminèrent -deviers Ansenis, qui est li fins dou royaumme et li entrée de -Bretaingne à che lés là. Li sirez est ungs grans banerès bretons, et se -tenoit de le partie monseigneur Charlon de Blois, et li fist là -hoummaige et feaulté comme au duc de Bretaingne, presens tous lez -signeurs, et li mist se fortrèche en son coummandement. Si sejournèrent -li seigneur là endroit trois jours, pour mieux ordonner leur conroy et -leur charoy. Quant il eurent ce fait, il yssirent hors pour entrer ou -pays de Bretaingne. - -Quant il furent as camps, il considerèrent leur pooir et estimèrent -leur host à cinq mille armurez de fier, sans les Geneuois qui estoient -bien troi mille, si comme jou ay oy recorder. Et lez conduisoient doi -chevalier de Genneues; si avoient nom, li uns messires Othes Doriie, et -li autres messires Carles Grimaus. Et si i avoit grant plantet de -bidaus et d'arbalestriers que conduisoit messires Galois de le Baume. -Quant touttes ces gens se furent aroutet, moult y avoit bel host; et -chevauçoient en troix bataillez: de quoy messires Loeys d'Espaingne, -ungs très bons chevaliers, et li viscontez de Rohem, li sires -d'Avaugor, li sirez de Clichon et li sirez de Biaumanoir, banièrez -desploiies, menoient les premiers; et estoient bien cinq cens lanches. -Puis chevauchoient en le grosse routte li dus de Normendie, li comtez -d'Allenchon, ses onclez, li comtez de Blois, messires Charles de Blois, -qui s'appelloit et escripsoit dus de Bretaingne et en avoit fait -feaulté et hoummage au roy de Franche, et en portoit lez plainnes -armez sans differensce. En celle routte estoient tout li plus grant -seigneur de l'ost. En le tierche bataile estoit li connestablez de -Franche, li comtes Raous d'Eu et li comtez de Ghines, ses fils, li -sires de Couci, li sires de Montmorensi, li sires de Quitin, breton, et -li sirez de Tournemine; et faisoient l'arrieregarde bien à cinq cens -lanchez, sans les Geneuois et les arbalestriers, dont li Gallois de le -Baume estoit conduisièrez. - -Environ heure de primme, li premier cevauceour vinrent devant ung très -fort castiel, seans à l'entrée de Bretaingne sus une montaigne et ou -piet desous une grosse rivière. Si appelle on le dit castiel -Chastonseal, et est li clef et li entrée de Bretaingne. Si l'avoit -garny et pourveu très bien li contes de Montfort de bonnes gens -d'armes, de pourveanches et de artillerie. Et en estoient cappittainne -de par le dit comte doi bon chevalier de Bretaingne, dont li ungs avoit -à nom messires Milles, et li autrez messires Waleranz. Fo 58 vo. - -_Ms. de Rome_: Qant tout chil signeur, liquel s'en devoient aler -avocques monsigneur Carle de Blois ens ou pais de Bretagne pour li -aidier à recouvrer son hiretage, furent prest et lors gens venus, il se -departirent de Paris li auqun, et li aultres de lors lieus. Et en -alèrent les uns apriès les aultres, et si se asamblèrent la grignour -partie en la chité du Mans et là environ; puis s'avalèrent jusques en -Anghiers, et là trouvèrent le duch de Normendie qui chiés se faisoit de -ceste cevauchie. Et vinrent toutes ces gens d'armes en Ancheni sus la -frontière et entrée de Bretagne, et là sejournèrent trois jours, en -attendant encores l'un l'autre, et pour ordonner lor charoi et lors -conrois. Qant il orent ensi fait, il se missent par ordenanche au cemin -et chevaucièrent pour entrer en Bretagne, et considerèrent lor pooir et -estimèrent lor hoost à cinq mille armeures de fier, sans les Geneuois -qui estoient environ troi mille. Et les conduisoient doi chevalier de -Genneues; si avoit nom li uns mesire Othe Doriie, et li aultres mesires -Carles Grimauls. Et se i avoit grant fuisson de bidaus et -d'arbalestriers que li Galois de la Baume conduisoit, uns chevaliers -savoiiens. - -Qant toutes ces gens d'armes et aultres arbalestriers et bidaus as -lances et à pavais se trouvèrent sus les camps, ils se departirent -d'Ancheni, et prissent le cemin par deviers un très fort chastiel, -seant sus une montagne, et desous court une rivière. Et le chastiel on -l'apelle Chastonseal, et est la clef et li entrée de Bretagne à ce lés -là, et estoit pourveus et garnis de bonnes gens d'armes. Et en -estoient chapitainne et gardiien doi chevalier de Lorrainne, dont li -uns avoit nom mesires Milles et li aultres messires Wallerans. Qant li -dus de Normendie, qui estoit chiés de ceste cevauchie, et li aultre -signeur de France veirent le chastiel si fort, il orent consel que il -le assegeroient, car se il passoient oultre et il le laisoient -derrière, il le poroit porter damage à euls ou à lors gens et as lors -pourveances. Si le assegièrent dou plus priès que il porent, et i -fissent pluisseurs assaus. Meismement li Geneuois, qui sont bons -arbalestriers, s'i abandonoient à le fois assés follement et tant que i -perdirent de lors compagnons à lors assaus, car chil dou chastiel se -deffendoient vaillanment. Adonc imaginèrent chil signeur de France que -il couvenoit emplir les fossés pour aprochier de plus priès. Si furent -envoiiet querre et amené tout li honme paisant dou plat pais, et lor -fist on coper baus et mairiens, à porter, à trainer et à chariier et -jeter en ces fossés. Et tant fissent, par la grant diligense que il i -rendirent, que il furent raempli là en cel endroit où il avoient mieuls -l'avantage de l'asallir. Et entrues que on entendi à raemplir ces -fossés, li signeur de France fissent faire et carpenter un chastiel de -bois sus douse roes et tout couvert et garité, ouquel pooient bien deus -cens hommes d'armes et cent arbalestriers. Si fu à force d'onmes chils -chastiaus, pourveus de gens d'armes et d'arbalestriers, amenés assés -priès dou mur; et avoit ou dit chastiel trois estages: ou premier hault -estoient les gens d'armes, ou second les arbalestriers, et ou tierc -estage tout bas, piqetour pour piqueter au mur et tout destruire et -abatre. - -Le jour que li enghiens et li chastiaus fu boutés avant, ot à -Chasto(n)seal trop orible asaut, et moult de honmes mors et bleciés de -ceuls dedens et de ceuls de dehors. Et aleuèrent chil dedens toute lor -artelerie au traire; et par trois fois furent rafresqi chil qui ou -chastiel estoient. Qant messires Milles et messires Walerans veirent -que si continuelment on les assalloit, et que moult de lors honmes -estoient blechiet, et se ne lor apparoit confors de nul costé, il se -doubtèrent que de force il ne fuissent pris; si entrèrent en trettiés -deviers le duch de Normendie à qui on parloit de toutes coses. Trettiés -se porta que il rendirent le chastiel, salve lors vies et lors biens. -Ensi orent li François le chastiel de Chastonseals; si le remparèrent -et rafresquirent de toutes coses. Et fu rendus li dis chastiaus dou -duch de Normendie à mesire Carle de Blois conme hiretiers et dus de -Bretagne. Et puis passèrent oultre et ceminèrent viers Nantes, où li -contes de Montfort se tenoit, qui bien estoit enfourmés de la venue de -ces signeurs de France. Si se pourveoit selonch ce, et avoit envoiiet -sa fenme et un sien jone fil à Vennes, et moustroit bonne ordenance de -li deffendre et garder. Fo 76. - -P. 108, l. 3: Angiers.--_Ms. B 6_: Et depuis ne demoura gaires de temps -que mesire Charles se party de Paris et prist le chemin d'Angiers. Et -vint là après le conte d'Allenchon, le duc de Normendie, le duc de -Bourgogne, le duc de Bourbon, le conte de Tancarville, le connestable -de France, le sire de Coucy, le sire de Carhain, le sire de Suilly et -grant foison de barons de France. Et estoient bien, quant tous furent -venus et asamblé, six mille hommes d'armes et vingt mille d'autres gens -parmy les Geneuois qui estoient desoubz messire Charle Grimaulx et -messire Oste Deoire. Et fut marescaulx de tout l'ost ung très bon et -hardy chevalier qui s'appelloit messire Loys d'Espaigne. Fo 183. - -P. 108, l. 6: trois.--_Mss. A 11 à 14_: quatre. Fo 78. - -P. 108, l. 10: cinq mille.--_Mss. A 15 à 17_: six mille. Fo 81 vo. - -P. 108, l. 11: trois mille.--_Mss. A 1 à 6_: quatre mille. Fo 81. - -P. 108, l. 20: Chastouseal.--_Mss. B 3_: Castouseul. Fo 71 vo.--_Mss. A -1 à 10, 20 à 33_: Chastonseaulx, Chastonseal, Chastonseaul, -Chastonseau. Fo 81.--_Mss. A 11 à 17_: Chantouceaulx, Chantoceaux. Fo -78 vo.--_Mss. A 18, 19_: Chastouseaulx. Fo 81. - - -=§ 148.= P. 110, l. 1: Quant li dus.--_Ms. d'Amiens_: Quant li dus de -Normendie, messires Carlez de Blois et li autre seigneur eurent conquis -le castiel de Castonseaux, si comme vous avés oy, li dus de Normendie, -qui estoit li souverains droit là de tous, le livra tantost à -monseigneur Carlon de Blois, son cousin, comme sien et son hiretaige. -Et y mist li dis messire Carles dedens bon castellain, en qui mout -s'afioit, ung chevalier que on appelloit monseigneur Rasse de -Quinnecamp, et avoecq lui grant fuison de bons compaignons; et là -rafresci de tous poins, de touttez necessités pour mieux garder -l'entrée dou pays, et pour conduire chiaux qui venroient apriès yaux. -Puis se deslogièrent li seigneur et se traissent par deviers Nantes, là -où il tenoient que li comtes de Montfort, lors ennemis, estoit. Si leur -avint que li marescaus de l'ost et leur coureur trouvèrent enmy voie -une bonne ville et grosse, bien fremée de fossés et de palis; et -appell' on ceste ville Quarquafoure, et siet à quatre lieuwes priès de -Nantes. Li marescaux et se routte l'asalirent fierement et durement de -tous costés; et chil de le ville se deffendirent, mès il n'y avoit que -villains. Si furent assés tost desconfi, la ville prise et robée, et -moult de gens dedens mors et ochis, dont che fu pités; et boutèrent le -feu ens, et en fu bien la moitiet arse. Et se logièrent li signeur -ceste nuit là environ, et l'endemain il se deslogièrent et aprochièrent -Nantez; et envoiièrent leurs coureurs devant pour aqueillir le proie, -mès point n'en trouvèrent. Dont vinrent li seigneur li uns apriès -l'autre, par ordonnanches et par connestabliez, devant le chité de -Nantes; et le assiegièrent tout autour, et y tendirent tentez, très et -pavillons et touttes autres mannières de logeis qui en telz oeuvres -appertiennent. - -Or sont logiet à ost, par devant la bonne chité de Nantez, li seigneur -de Franche. Et dedens se tient li comtez de Montfort, messires Hervieus -de Lion, messires Henris de Pennefort, messires Oliviers de Pennefort -et pluiseur chevalier et escuier de Bretaingne qui ont fait feauté ou -dit comte; et la contesse sa femme est à Rennes. Quant li comtes de -Montfort se vit assegiés, il n'en fist mies trop grant compte, car il -se sentoit en bonne chité, forte, bien fremmée et bien pourveuwe de -touttez pourveanches et d'artillerie, et bien amés des bourgois de le -ville. Si ordounna et pria à tous que chacuns se volsist bellement -deduire et acquitter enviers lui, garder le chité et leur honneur, -aller à leur deffenscez as garrittez, enssi que ordonnet estoient, et -point yssir sur chiaux de l'host, car il pooient bien perdre et point -gaegnier. Et disoit ensi li comtes, pour chiaux de Nantes reconforter, -que cilx sièges ne se pooit longement tenir, car il estoit coummenchiéz -trop sus l'ivier. - -Or avint que chils de le ville ne tinrent mies trop bien ses -coummandemens, si comme vous oréz; car il prist vollenté à aucuns -bourgois de Nantez, jones compaignons et armerèz, que de yssir et faire -aucune envaie sur chiaux de l'ost. Et en parlèrent enssamble et se -queillièrent, et furent bien quatre cens d'eslite, et priièrent à -monseigneur Hervi de Lion que il volsist y estre leur cappittainne et -yaux mener; et se Dieux plaisoit, il feroient emprise où il aroient -toutte honneur et prouffit. Messires Hervis, comme bons chevaliers et -qui amoit et queroit lez armes, s'i accorda assés legierement. Et -prissent ariest à issir une ajournée, enssi qu'il fissent, et s'en -vinrent par voies couvertes, car bien connissoient le pays autour de -l'ost. Dont d'aventure il trouvèrent environ trente sommiers, mulés et -ronchins, cargiés de pourveances, qui s'en venoient en l'ost. Si se -ferirent en chiaux qui les menoient, et en tuèrent et navrèrent les -aucuns, et li demorans s'enfui. Si misent ces sommiers à voie pour -amener à sauveté dedens le ville, et leur sambla que trop bien avoient -esploitiet. Li noise et li cris s'esleva en l'ost, et criièrent: «As -armes!» Les trompettez sonnèrent, touttes mannières de gens s'armèrent -et montèrent as cevaux. - -Ceste meysme nuit, avoit fet le gait messires Loeys d'Espaingne à plus -de cinq cens compaignons, et n'estoit point encorres retrait ne partis -de se garde. Quant il entendi le huée, il s'en vint celle part à quoite -d'esperons, bannière desploiiée; et tout li sien le suirent, et -raconssuirent chiaux de Nantez assés priès de le ville. Là y eut bon -puigneis. Quant messires Hervis de Lions et chilz de Nantes veirent -qu'il estoient si poursui, il se misent entre les sommiers et leurs -ennemis, et les fissent de forche cachier ens ès portes pour sauver, et -aucuns cars ossi, qu'il en menoient cargiés de vins et de farinez, -desteller; et les cevaux cachier en le ville, et tout adiès se -combatoient. Là ot ung dur rencontre et très forte meslée, car chil de -l'ost mouteplioient toudis, qui estoient fresch et nouviel. Là couvint -monseigneur Hervi de Lion faire maintez appertises d'armez, car -vollentiers il ewist sauvés tous les siens, s'il pewist; mès si grant -force leur sourvint que à grant meschief rentra il en le ville et se -sauva; et pour le doubte que cil de l'ost ne efforçaissent le porte et -entraissent en le cité, il fist le restiel avaller. Si en y eut bien le -moitiet et plus de leurs gens enclos par dehors, qui y souffrirent -grant meschief, car il furent tout pris ou tout mort, et menés as -logeis comme prisonniers devers le duch de Normendie et monsigneur -Carlon de Blois, qui en eurent grant joie. Et chil dedens se retrairent -au mieux qu'il peurent, qui trop plus avoient perdut que gaegniet, et -regretoient leurs frèrez et leurs amis mors et pris. - -Li comtez de Montfort, qui estoit ens ou castiel de Nantes, s'arma et -fist armer sez gens seloncq ce que on li avoit recordé que dehors le -porte il y avoit grant hustin. Si y venoit en ceste entente que pour -yaulx aidier, s'il pewist; mès quant il parvint là, la besoingne -estoit jà toutte passée. Et encontra monseigneur Hervi de Lion, si ques -tous courouciés et voiant le peuple, il l'aqueilli au tenchier et li -dist: «Messire Hervy, messire Hervy, vous estes trop bons chevaliers de -le moitiet. Je me fuisse bien maintenant passés à mains de vo proèce; -et encorrez sus vo folle emprisse, se vous ne vous fuissiés si tost -retrès, chil qui sont demouret là hors, ewissent estet bien venus à -sauveté.» De ces parolles fu messires Hervis tous honteux et -virgongneus, et passa oultre et parla mout peu, et ce qu'il respondi, -il dist: «Sire, plus sages et plus preux chevalierz que je ne soie, a -bien mespris en plus grant affaire. Dieux nous gard de plus grant -dammaige!» Ensi se retrai chacun en son hostel, car li comtez vit bien -que li issir ne li pooit porter nul prouffit, mès damage. Depuis ceste -avenue, priès que tous les jours, chil de l'ost, Geneuois et -saudoiiers, venoient escarmuchier as portez et as barrièrez, et -faisoient sur chiaux de d'ens mainte appertise d'armes. Et lanchoient -et traioient li ung à l'autre; et en y avoit souvent des navrés de -chiaux de d'ens et de chiaux de hors. Fo 59. - -_Ms. de Rome_: Sus le cemin de Nantes trouvèrent li François une bonne -ville et grose fremée de fossés et de palis tant seullement, et est -nonmée Quarquefoure. Li marescal de l'oost et chil de l'avant garde, -qant il furent venu devant, l'asallirent fortement. Ichil de dedens -estoient gens de petite deffense et foiblement armés; si ne porent -durer contre ces arbalestriers geneuois et ces gens d'armes. Si fu la -ville conquise et toute robée, et plus de la moitié arse, et toutes -gens que on pot ataindre, mis à l'espée, dont ce fu pités. - -Li signeur logièrent celle nuit là environ; et à l'endemain il -s'ordonnèrent pour venir devant la chité de Nantes, car il n'i a de -Quarquefoure que quatre lieues. Et envoiièrent premierement l'avant -garde courir devant Nantes et ordonner où li signeur se logeroient. Si -se logièrent chil de l'avant garde. Et puis vinrent li dus de Normendie -et tout li signeur et le charoi. Et se logièrent tout en bonne -ordenance, et fissent tendre tentes, trefs et pavillons. - -La chité de Nantes est grande, et la rivière de Loire qui court parmi, -moult large. Se ne le porent pas li signeur de France toute environner, -car trop i faudroit de peuple qui vodroit ce faire. Et se chil de -dedens se fuissent tenu tous jours enclos en lor ville sans point -issir, et entendu as escarmuces tant seullement, et à deffendre lors -barrières, il ne lor couvenoit aultre cose; et euissent là tenu les -signeurs de France tout le temps. Car il avoient la rivière pour euls, -laquelle on ne lor pooit oster, et si estoient bien pourveu de toutes -coses que il lor besongnoit; mais orgoels et outrequidance les dechut, -ensi que je vous dirai. - -Messires Hervis de Lion, qui fu assés chevalereus et estoit tous li -consauls dou conte, chevauça une matinée et issi hors de Nantes à tout -deus cens armeures de fier, car dou soir il avoient en lor ville -requelliet une espie qui lor avoit dit que quinse sonmiers cargiés de -pourveances venoient en l'oost, et lor avoit ensengniet le cemin que il -tenoient, et n'estoient conduit que de euls soissante lances. Pour quoi -messires Hervis de Lion, pour porter à ceuls de l'oost contraire et -damage, esmeut les compagnons saudoiiers et auquns jones honmes -bourgois de Nantes. Et sallirent hors à une ajournée par la posterne de -Ricebourc et se missent sus les camps, et cevauchièrent à la couverte, -ensi que li varlès les avoit ensengniet. Et trouvèrent sus un viés -chemin et encontrèrent ce charoi et ces sonmiers et ceuls qui les -conduisoient, qui estoient tout pesant et sonmilleus, car il avoient la -nuit moult petit dormit. Chil deus cens de la route et compagnie -messire Hervi de Lion furent tantos au desus de ce charoi et de ces -sonmiers et de ceuls qui les conduisoient. Et en i ot que mors que -bleciés plus de la moitié; et li demorrans fui en voies deviers l'ost -en faisant grant noise. Encores estoient chil dou gait de la nuit sur -les camps; si s'adrechièrent celle part où la noise estoit et li debas, -et aussi li hoos se conmença fort à estourmir. - -Qant mesires Hervis de Lion et ses gens veirent venir l'effort, si se -retraissent fort viers la chité et deviers la porte, et cachièrent lor -proie dedens. Et fuissent bien rentré dedens et à petit de damage, se -il vosissent; mais orgoels et outrequidance les amonesta de demorer et -faire armes. Et tant se moutepliièrent li hustin que chil de l'oost les -sourmontèrent, et en abatirent et mehagnièrent biaucop et prissent au -voloir rentrer en la ville. Et fu la porte sus le point de estre -gaegnie des François, et couvint priès estre armé tous ceuls de la -ville pour euls bouter hors. Et là fu très bons chevaliers messire -Hervi de Lion, et moult i fist de grandes et de belles apertises -d'armes. Toutes fois, par bien combatre et par l'effort qui i sourvint -de la chité, li François furent requlé, et la porte reclose, et li pons -levés, et la grignour partie de la proie conquise. Mès trop lor cousta -et par especial des bourgois de la ville, car il en i ot grant fuisson -de mors et de pris et de bleciés: dont li père et li frère et li -linages de ceuls en furent durement courouchiet. Et disoient li auqun -en derrière que ce avoit esté une issue sans raison et hors de -ordenance, car il n'avoient en Nantes aultre cose à faire que de garder -lor vile. - -Li contes de Montfort, qui estoit en son hostel, ne sçavoit au matin, -qant il fu levés, encores riens de ceste avenue. Et qant il en fu -enfourmés, et il oy les complaintes de ses honmes et des bourgois de la -ville, conment il avoient perdu lors fils, lors frères et lors amis et -par celle escarmuce, laquelle à la vois de ceuls de Nantes avoit esté -faite sans raison, si en fu durement courouchiés. Et qant messires -Hervis de Lion vint en sa presence, il l'en blama et reprist aigrement -de crueuses paroles, et tant que messires Hervis s'en merancolia et -prist les paroles en grant virgongne et desplaisance. Et pour ce que li -contes li dist si generaulement devant tous ceuls qui le porent oïr, se -retraist li dis mesire Hervi de Lion en son hostel en la ville, et -laissa le conte en son chastiel, sans plus aler viers lui. Fos 76 vo et -77. - -P. 110, l. 19: Quarquefoure.--_Mss. B 3, A 7 à 10, 15 à 17, 23 à 29_: -Quarquefore, Quarquefoure, Carquefoure. Fo 72.--_Mss. A 1 à 6, 18 à -22_: Quanquefore, Quaquefore. Fo 81 vo.--_Mss. A 11 à 14_: Carrefours. -Fo 79.--_Mss. A 23 à 29_: Carquefo. Fo 147. - -P. 111, l. 9: aucun des saudoiiers.--_Ms. B 6_: Or advint que mesire -(Hervy[406] de Lion), qui moult desiroit les armes, yssy hors une -matinée à tout deux cens compaignons des plus soufisans. Fo 184. - - [406] On lit dans le ms. B 6 «Henry.» Mauvaise leçon. - -P. 111, l. 11: quinze.--_Mss. A 11 à 14_: dix huit. Fo 79. - -P. 112, l. 15: deux cens.--_Ms. B 6_: six vingt par une autre embusque -que messire Loys d'Espaingne leur fist. Fo 185. - -P. 112, l. 18: blasma.--_Ms. B 6_: et luy dist que il s'en peuist bien -estre passés d'avoir fait celle yssue, et qu'il estoit trop bon -chevalier de par le diable. Fo 185. - - -=§ 149.= P. 112, l. 26: Or avint.--_Ms. d'Amiens_: Che siège durant -devant Nantez, qui grans et plentiveus estoit pour ciaux de hors et -cremeteus pour ciaux de d'ens, car il n'estoient tout mies bien -d'acord, mès à grant soussi et anoy, aucuns bourgois de le cité veoient -leurs biens destruire et amenrir dedens et dehors, et avoient lors -enfans et lors amis emprisonnés et doubtoient encorrez que pis ne leur -avenist: si s'avisèrent et parlèrent enssamble tout quoiement et -secretement. Et eurent d'accord entr'iaux ly plus sainne partie de -traitier à ces signeurs de Franche couvertement, par quoy il peuissent -avoir pès et ravoir leur enfans et amis quittes, qui estoient -emprisonnés. Touttes fois il achievèrent leurs tretiés et acordèrent et -proummisent que, sus ung jour qui ordonnéz estoit, il lairoient une -porte ouverte qui nommée y fu; et poroient chil de l'ost paisivlement -entrer en le cité et aller au castiel et prendre le comte de Montfort, -affin que nulx ne nulle de le dite cité n'y devoient mettre corps, ne -vie, ne membre, ne riens dou leur, et devoient sains et sauf et tous -quittez ravoir leurs amis. - -Enssi fu il acordé et confremmé de chiaux de l'host, et à le droite -heure ordonnée, li porte ouverte. Et entrèrent li signeur et chil qui -veurent avoec yaux, dedens Nantes, et allèrent droit au castiel là où -li comtez de Montfort se tenoit et dormoit encorrez, car il estoit bien -matin; et brisièrent lez huis, et le prissent et aucuns de ses -chevaliers. Et fu messires Hervis de Lion pris ossi; mès messires -Henris de Pennefort et messires Oliviers, ses frèrez, et messires Ives -de Tigri se sauvèrent, car il dormoient dedens le chité: si leur fu -nonchiet, et montèrent tantost à cheval et se sauvèrent. Et li comtez -de Montfort fu pris, si comme vous avés oy; et l'amenèrent li signeur -hors de la chité en leur tentez, et en eurent grant joie. De se prisse -fu adonc durement retés messires Hervis de Lion, et dou tretiet des -bourgois de le ville, car il prist les parollez que li comtez li avoit -dittes, en si grant despit que oncquez puis il ne veult y estre à nul -consseil que li contes ewist affaire. Si ne sai je pas se ce fu à cause -ou sans raison. Je n'en voroie mies parler trop avant, mès touttesvoies -li famme fu adonc telx entre pluisseurs gens, si comme je vous ay -recordet chy devant. Et che y parfist le souppechon, car toudis depuis -il fu de l'accord monseigneur Carlon de Blois, et li fist feaulté et -hoummaige si comme à son signeur, et le recongnut à ducq et à droit -hiretier de Bretaingne de par madamme sa femme. - -Quant li dus de Normendie vit le comte de Montfort devant lui, si en ot -grant joie; et ossi eut messires Carlez de Bloix, car vis leur fu que -la guerre en estoit pour yaux plus belle. Si se conseillièrent -entr'iaux comment il s'en maintenroient, et eurent advis que il -l'envoieroient à Paris deviers le roy de France, qui vollentiers le -verroit. Si en cargièrent monseigneur Loeis d'Espaingne et monseigneur -de Montmorensi, le seigneur d'Estouteville, messire Grimouton de -Camb(l)i. Et le prisent chil seigneur en leur conduit à bien deux cens -lanches pour amener plus sceurement, et cevaucièrent tant par leurs -journées qu'il vinrent à Paris. Si trouvèrent le roy Phelippe qui jà -estoit enfourméz de toutte ceste aventure et de la prise dou dit comte. -Si l'amenèrent li dessus dit chevalier au roy et li representèrent de -par le duc de Normendie, son fil, et monseigneur Carlon de Blois, son -nepveult. Li rois rechupt che present à joie, et dist en regardant sus -le comte qui mout estoit honteux et abaubis: «Comtez, comtez de -Montfort, viéz pechiéz fait nouvelle virgoingne. Et pour ce que à tort -et à pechié vous estez entréz en le saisinne de Bretaingne, où point de -droit vous n'avés, estez vous de droit encombréz; car, se nul droit -vous y euissiéz, vous ewissiéz atendu le jugement des pers de Franche. -Vous vos emblastez de my et sans congiet, et sus me deffensce vous -partesistes, et par orgoeil contre my vous vos estez tenus et portés. -Si en vauront vos besongnes le mains, car jammais de mes mains ne -partirés, se pis ne recevés. Si ne vous ferai je nul tort, mès vous -deduirai par le jugement et avis de mes hommes.» Adonc coummanda li -roys que on le mesist au castiel du Louvre. Là fu li comtez de Montfort -menés et emprisonnés, et très fort et songneusement gardés. Et sachiés -que ly roys eut depuis sur lui mainte penssée pour lui faire morir; et -l'ewist fait, si comme on dist, se n'ewist estet li comtez Loeys de -Flandrez ses serourges, qui pluiseurs fois en pria le roy mout -humblement, à laquelle priière li roys s'en souffri, et le tint -emprisonné tant qu'il vesqui. - -Or revenrons as seigneurs de Franche qui ont bien coummenchiet à -esploitier leur voiaige, car il ont pris le chief de leurs ennemis et -le souverainne chité de Bretaingne, dont il se sont mis en possession. -Et ont tout li bourgois de Nantes juret et fait feaulté et hoummaige à -monseigneur Carlon de Blois, et l'ont recongnut à duc et à signeur; et -entra de premiers dedens Nantez à grant pourcession, adestrés et -acostéz de monseigneur d'Alençon, son oncle, et dou duc de Normendie, -son cousin. - -Apriès ce que li dus de Normendie et li seigneur de Franche eurent -pris le saisinne et la possession de Nantes et reconquis sus le comte -de Montfort, en l'an de grace Nostre Seigneur mil trois cens quarante -et un, le vingtième jour de octembre, il se tinrent en le ditte cité -depuis une espace; et eurent avis et consseil comment il se -parmaintenroient. Finablement il se consseillièrent li ung par l'autre, -pour che que li yviers aprochoit et que il faisoit dur et crut et froit -hostoiier, il se partiroient et donroient leurs gens congiet; et se -retrairoient en France jusques à l'estet qu'il revenroient aidier à -monseigneur Charlon de Blois à reconcquerre le remanant; et le -lairoient cest yvier guerriier par ses fortrèches. Dont tantost apriès -le feste de le Toussaint, il se partirent de le cité de Nantes et de -monseigneur Carlon de Blois, sus l'estat que je vous ai dit; et s'en -retournèrent en Franche et en leurs nations, et chacuns en son lieu. Et -messires Carlez de Blois se tint en Nantes en grant reviel, o lui -madamme sa femme. Si fist pourveir ses garnisons et appareillier -enghiens et espringallez et touttes mannièrez d'estrumens, pour -assaillir à l'estet villes et fortrèces rebellez à lui. Or me tairay de -monseigneur Carlon de Blois et parleray de le comtesse de Montfort et -de ses ordonnances, qui fu damme de grant emprise, et bien eut coer -d'omme et de lion. Fos 59 vo et 60. - -_Ms. de Rome_: Or avint que, trois jours apriès ce que ceste avenue de -la porte des bourgois et des saudoiiers de Nantes fust avenue, uns -grans meschiés sourvint au conte de Montfort; et orent les honmes de la -ville trettiés secrès et couvers au duch de Normendie et as signeurs de -France, tels que je vous dirai. Il laissièrent une matinée la posterne -que on dist de Sauve tout ouverte, et par là entrèrent grant fuisson de -gens d'armes dedens la chité sans contredit; et ne fissent onques mal à -honme ne à fenme de la ville, ne à mesire Hervi de Lion ne à sa -famille. Et alèrent ces gens d'armes au chastiel dou conte, et -rompirent les portes et entrèrent dedens; et trouvèrent le conte de -Montfort en sa cambre qui se armoit. Il le prissent en cel estat. Et -l'enmenèrent quatre chevalier de France en la tente dou duch de -Normendie, liquels fu moult resjois (de) celle prise et li dist: -«Contes de Montfort, vous nous avés fait painne. Il vous faudra, -voelliés ou non, retourner à Paris, et oïr la sentense qui a esté -rendue et donnée sur vous.»--«Monsigneur, respondi li contes, ce poise -moi. Je me confioie en ma gent, et il m'ont trahi.» Là fu li contes -pris et menés d'autre part, et livrés en bonnes gardes de vaillans -honmes, chevaliers et esquiers, et moult proçains de linage à mesire -Carle de Blois. - -Tout ce fait, li dus de Normendie et tout li signeur de France -entrèrent dedens Nantes à grant solempnité et à grant fuisson de -tronpes, de tronpètes et de claronchiaus et descendirent ensi au -palais, et là tinrent li signeur lor estat. Et fu messires Hervis de -Lion delivrés de prison et devint homs à mesire Carle de Blois, et li -jura foi et loiauté à tenir de ce jour en avant; et on n'i vei onques -depuis le contraire. Et furent delivré tout chil qui prisonnier -estoient. Et par ces apparans doit on bien supposer que la chité de -Nantes et li di(s) messires Hervi furent en trettié deviers le duch de -Normendie et les signeurs de France. Ce fu la nuit de une Tousains que -on compta l'an de grasce mille trois cens quarante et un. Et le jour de -la Tousains tint li dus de Normendie court plenière de tous les -signeurs ens ou chastiel de Nantes, et là rendi li dis dus à mesire -Carle de Blois la chité de Nantes. Et le rechurent à duch et à signeur -tout li bourgois de la ville et li fissent feaulté et honmage, et tout -li baron et chevalier de là environ, mesires de Cliçon, li sires -d'Ansenis, li sires de Biaumanoir, li sires de Malatrait et bien -quarante cevaliers de Bretagne, qui tout furent à la feste ce jour de -la Toussains. Et durèrent les festes en Nantes quatre jours. Et encores -venoient tout dis chevaliers et esquiers fievés, dames et damoiselles -fievées, qui relevoient lors hiretages à mesire Carle de Blois, et le -tenoient à signeur et le nonmoient duch. Mais encores demoroient grant -fuisson de chités, de villes et de chastiaus et de signouries qui -tenoient le fait contraire, et le tinrent tout dis à l'encontre de -messire Carle de Blois; car li dus de Normendie et la poissance de -France se departirent trop tos de Nantes et dou pais. Car se il se -fuissent là ivernet, et euissent laissiet lors gens couvenir, et -cevauchiet sur le pais, il euissent petit à petit raquis le pais, et -osté le coers et les opinions de ceuls et de celles qui tenoient à -bonne la querelle au comte de Montfort. Et pour ce que riens n'en fu -fait, s'eslevèrent les gerres en Bretagne par le confort et aide que li -rois d'Engleterre fist à ceuls et à celles qui tenoient la partie dou -conte de Montfort, et qui s'estoient aloiiet et acouvenenchiet à li, et -se tenoient pour tout enfourmé et certefiiet que sa querelle estoit -bonne, pour tant que li dis contes avoit esté frères dou duch de -Bretagne. - -Qant li dus de Normendie et li signeur se furent tenu à Nantes jusques -as octaves de la Saint Martin que li iviers venoit, si eurent consel -que il retourneroient en France, car il n'estoit nul apparant que chil -de Bretagne se vosissent mettre ensamble, ne faire gerre, mais se -tenoient en lors garnisons. En ce sejour que li signeur fissent en -Nantes, escripsi mesires Carles de Blois, conme dus de Bretagne, à -ceuls de la chité de Rennes, de Vennes, de Camperlé, de Camper -Correntin, de Hainbon, de Lambale, de Ghinghant, de Dignant, de Dol, de -Saint Mahieu, de Saint Malo et de toutes les marces et limitations de -Bretagne, que il se vosissent traire viers Nantes et venir à obeisance -et faire ce que tenu estoient. Li auqun i venoient, et li aultre non, -et disoient et rescripsoient à mesire Carle de Blois que point -n'estoient consilliet de ce faire, car la comtesse de Montfort, qui -bien avoit coer d'onme et de lion, aloit trop fort au devant et avoit -un petit fil de l'eage de sept ans, que on nonmoit Jehan, moult biel -enfant; et au jour que son mari fu pris par la condicion et manière que -dit vous ai, elle estoit à Vennes et ou chastiel que on dist la Mote. -Ceste contesse prist le frain à dens et ne fu noient esbahie, et manda -tantos chevaliers et esquiers et ceuls dont elle pensoit à estre amée, -aidie et servie. Et quant il furent venu, elle lor remoustra en plorant -la fraude, la traison et mauvesté, ensi conme elle disoit, que on avoit -fait à son mari, et puis reprendoit ses paroles sus tel fourme en -disant: «Biau signeur et bonnes gens, je compte monsigneur pour mort, -mais vechi son fil, son hiretier et vostre signeur, qui vous est -demorés et qui vous fera encores biaucop de biens. Se li voelliés estre -bon et loial, ensi que toutes bonnes gens doient estre à lor signeur, -et je vous serai bonne dame et courtoise, et querrai à mon fil, vostre -signeur, bon manbourc, pour aidier à soustenir, à deffendre et à garder -nostre droit et son hiretage. Si vous pri cierement, conme une dame -vève et orfène de mari, que vous aiiés pité de moi et de l'enfant, et -li tenés foi et loiauté et à moi aussi, ensi que vous avés fait jusques -à chi à son père et mon mari.» - -Là avoient toutes gens, barons, chevaliers et esquiers qui tenoient sa -partie, grant pité de la dame et de l'enfant, et le reconfortoient et -disoient: «Dame, ne vous esbahissiés en riens: nous demorrons dalés -vous, puis que obligiet et acouvenenchiet i sonmes, tant que nous -auerons les vies ou corps.» Et elle leur disoit: «Grans merchis.» Et -ensi la contesse de Montfort, à plus de cinq cens lanches, chevauça de -forterèce (en forterèce) sitos que les nouvelles li vinrent de la -prise à son mari, et rafresqui chités, villes et chastiaus, et fist -toutes ses besongnes bonnes. - -Qant chil signeur de France se deubrent departir de mesire Carle de -Blois, il li consillièrent que il se tenist en la chité de Nantes, et -fesist l'ivier tout bellement ses provisions, et laisast couvenir ses -gens et guerriier des garnisons; et qant le temps d'esté retourneroit, -se il li besongnoit, il retourneroient aussi. Et disoient que il estoit -au desus de ses besongnes, puis que il estoit sires de Nantes et de la -plus sainne partie de Bretagne, et que li contes de Montfort ne li -porteroit jamès contraire. Messires Carles de Blois s'enclinoit assés à -tout ce que il li disoient. Et demorèrent dalés lui auquns vaillans -honmes de son linage pour li aidier à consillier. Et puis retournèrent -li dus de Normendie et tout li signeur en France, et s'en ala casquns -en son lieu. Mais qant li rois Phelippes vei le present que li dus de -Normendie li fist dou conte de Montfort, il en fu trop grandement -resjois. Et fu li contes moult fort ranprouvés de ce que il estoit -partis de Paris sans congiet. Li contes qui se veoit pris, ne savoit -que dire, mais s'umelioit dou plus que il pooit, et n'esperoit pas à -jamais estre delivrés de ce dangier. Et son esperance fu veritable, car -on l'envoia en prison ens ou chastiel dou Louvre. Et furent misses sus -li bonnes gardes, liquel avoient gages et pension toutes les -sepmainnes, pour lui garder de jour et de nuit, et en estoient bien -paiiet. Ensi demora li contes de Montfort en ce dangier et en la prison -dou Louvre, et tant i fu que il i morut. Fos 77 et 78. - -P. 113, l. 14: prisent.--_Ms. B 6_: en l'ostel où le conte de Montfort -dormoit. Fo 185. - -P. 114, l. 20 et 21: livrèrent,--_Ms. B 6_: l'envoièrent (le comte de -Montfort) à Paris à deux cens lances. Fo 186. - -P. 114, l. 22: emprisonner.--_Ms. B 6_: et n'en volsist pas avoir cent -mille florins. Fo 186. - - -=§ 150.= P. 114, l. 26: Or voel.--_Ms. B 6_: Quant messires Charles de -Blois et les signeurs qui là estoient virent que le conte de Montfort -estoit prins et qu'il estoit seigneur de Nantes, sy eurent consail de -retourner en France, car il estoient là à grant frait. Sy dirent ensy -le conte d'Alenchon et le duc de Normendie à mesire Charles de Blois: -«Bieau cousin, vous demor(r)és en che pais, et vous lairons mesire -Louis d'Espaigne et une autre partie de ches gens d'armes. Et nous -retournerons en France, car nous creons assés, puisque nous tenons le -conte de Montfort, que vostre guerre est finée. Il n'est nulz de par -luy que il doient gherrier; et se guerre vous sourvient, fust -d'Angleterre ou d'ailleurs, nous vous ve(n)rons secourir, car nous ne -sommes pas loing.» - -De ches parolles se tint grandement content le dit mesire Charles et -les en remerchia. Adonc prirent congié à lui et à madamme sa femme, qui -s'apelloit ducesse de Bretaigne, et retournèrent tous en France en son -pais. Ensy demoura le conte de Monfort en dangier. Et mesire Charles de -Blois et sa femme se tinrent toute celle saison en la cité de Nantes. -Sy vinrent pluiseurs chevaliers et barons de Bretaigne faire hommage au -dit mesire Charles et le tingrent à seigneur de par madame sa femme, -telz que le visconte de Rohem, le sire de Clichon, le sire de -Biaumanoir, le sire d'Ansenis, le sire d'Avaugor, le sire de Malatrait, -le sire de Gargolle, le sire de Cintin, le sire de Lion, mesire Charle -(de) Dignant, le sire de Crais, le sire de Rieus et pluiseurs autres -barons et chevaliers. - -Et aussi en demoura aulcuns du costé de la contesse de Monfort qui se -tenoient à Hainbon: de laquelle damme je vous voel ung petit parler -pour le grant confort dont elle fut plainne, car elle avoit cuer d'omme -et de lion. Quant elle vey que ses sires estoit prins et en mains de -ses ennemis, dont elle pensoit mieulx que on le feroit morir que autre -chose, elle prinst ung jone valleton que elle avoit à fil, que on -appelloit Jehan ensy que son père. Et chevauça de forteresse en -forteresse en toutes celles qui se tenoient pour luy, en remoustrant as -chevaliers et escuiers et as bourgois des chités et bonnes villes son -jone fil. Et leur dist par très bieau langaige: «Mes amis, mes bonnes -gens, veschy vostre droit hiretier et seigneur qui vous fera les grans -dons. Se je ay perdu monseigneur par traison, veschy son restor, mon -fil et le sien. Ne vous desconfortés ne esbahyssiés point pour ce, car -encores ferons nous bonne gherre, car j'ay or et argent assés pour vous -en tant donner que bien vous devera souffir. Et sy cueuray à mon fil -ung tel mainbour pour vous aydier à garder contre tous vos anemis.» -Ensy ala la dite contesse de plache en plache, et en renouvelant -hommaige et priant à ses gens que ilz se volsissent bien acquiter en -tous estas et tenir le serment que juret avoient, et elle leur seroit -bonne damme. Et tous ly eurent en convent. - -Quant elle ot ensy fait, elle se party de Hainbon et monta en mer à -privée maisnie et laissa son fil en la garde de monseigneur Henry de -Pennefort et de Olivier son frère. Et fist tant que elle vint en -Engleterre devers le roy, qui le rechut liement et qui le reconforta de -toutes ses besoignes et qui luy dist et promist seurement que elle -aroit temprement tel confort que pour resister à ses ennemis. Sur che -retourna la contesse et vint en Hainbon et en fist sa souveraine -garnison, car c'est une des forte(s) villes de Bretaigne. - -En che temps courut aultres nouvelles au roy d'Engleterre dont il ne se -donnoit garde. Et pour quoy le confort de la dame fu grandement -arrierés, et ne l'eut mie sy tost qu'elle cuida avoir: le cause pour -coy, je le vous diray. Fos 186 vo à 189. - -P. 115, l. 1 et 2: prison.--_Ms. d'Amiens_: tant sentoit le roy de -France hastieu. Fo 60. - -P. 115, l. 12: assés.--_Ms. d'Amiens_: Et jou ay, Dieu merchy, de -l'avoir en partie: si vous en donray fuison et vollentiers, car, pour -vous donner et departir l'avons nous, monseigneur et moy, dou tamps -passet, mis arière. Fo 60. - -P. 115, l. 27: atant.--_Ms. d'Amiens_: Or me tairai atant de lui et des -guerres de Bretaingne. Quant tamps et lieus venra, je m'y retrairai. -Non pourquant il besongneroit bien que j'en parlaisse toudis, car les -guerres y furent si fortes et si caudes que point de sejour ne -prissent, enssi comme vous orés avant en l'istoire. Mès ossi il -appertient bien que je fache mention dou roy englès et des Escos, dont -je me sui ung grant temps teus, et comment il gueriièrent l'un l'autre -en ceste meysme saison, dont j'ay chy dessus parlet et que li comtes de -Montfort chevauça à main armée parmy Bretaingne et prist villes, -chitéz, castiaux et autres fortrèches, si comme vous avés oy. Fo 60 vo. - -P. 115, l. 30: Tournay.--_Ms. de Rome_: Or vous voel je parler et -recorder de la contesse de Montfort conment elle se ordonna et -persevera. Elle qui ot tousjours corage de honme et de lion, ne -s'esbahi noient, mais ordonna et entendi à ses besongnes mettre en bon -point. Et pour ce que elle sentoit bien que le premier siège que ses -adversaires messires Carles de Blois et li François feroient, il seroit -devant Rennes, si fist entendre à pourveir la ditte chité de tous poins -et à rafresqir, et i establi à chapitainne un vaillant chevalier et de -bon consel et segur honme, et qui moult avoit amé son mari et li, que -on nommoit messire Guillaume de Quadudal, breton bretonnant; et ensi -pourvei toutes les aultres forterèces de gens d'armes et -d'arbalestriers, et se consilla à mesire Amauri de Cliçon, que elle -tenoit tousjours dalés lui, se elle envoieroit en Engleterre au -seqours. Li chevaliers respondi à celle parole et dist que il n'estoit -encores nulle besongne, et que elle n'avoit que faire de travillier le -roi d'Engleterre ne les Englois, jusques à tant que elle seroit plus -constrainte que elle n'estoit, et que tous les jours sus heure, on -pooit aler de Bretagne en Engleterre, car encores avoit elle cel -avantage que li pors et les havenes de Bretagne estoient pour lui. Si -demora la cose en cel estat; et n'avinrent tout cel ivier nuls fais -d'armes en Bretagne, qui à recorder facent. Fo 78. - - -=§ 151.= P. 116, l. 1: Vous avés.--_Ms. d'Amiens_: Il vous est bien -recordé chy devant comment li Escot, qui gardiien estoient dou roiame -d'Escoche de par le roy David, leur seigneur, qui se tenoit en Franche -dalléz le roy Phelipe, telz que messires Guillaumme de Douglas, neveuz -au bon monseigneur Guillaumme de Douglas qui mourut en Espaigne, li -jones comtez de Moret, messires Robers de Versi, messires Simons -Fresel, Alixandres de Ramesay, le siège durant devant Tournay, fissent -une queilloite de gens d'armes et reprissent le fort castiel de -Haindebourch, le ville de Saint Jehan que li Englès tenoient, -Donfremelin, Dalquest, Dondieu, le ville de Saint Andrieu, Dombare, -Scotewest et touttes les fortrèches que li Englès avoient concquis en -Escoce, excepté le bonne et forte chité de Bervich, le bon castel de -Rosebourch et le fort castiel de Strumelin. Et encorrez avoient il -chevauchiet bien avant en Norhombrelande et ars en Engleterre bien deux -journées de pays; et à leur retour, il avoient assiegiet le fort -castiel de Rosebourch et mout entendoient au concquester. Or avint que -li roys englèz, apriès le siège de Tournay et les trieuwes acordées, si -comme vous avés oy, rapassa le mer. Se li fu recordet comment li Escot -avoient revelet en Escoche et reconcquis auques priès tout le pays sour -yaux conquis, et se tenoient à siège devant Rosebourch et moult le -constraindoient, et avoient ars en Norhombrelande bien deux journées de -pays. Quant li roys englès oy ces nouvelles, se ne li pleurent mies -trop, et eult consseil que sans tourner aultre chemin il se trairoit -sus Escoche et yroit lever le siège de devant Rosebourch, et -combateroit les Escos s'il l'atendoient, si ques, si trestos comme il -fu arivés à Douvrez, il fist coummandement que touttes mannièrez de -gens se trayssent deviers Yorch c'on dist Ewruich. Là fu ses especials -mandemens: dont s'aroutèrent et ordonnèrent li Englès, et prisent le -chemin qui commandé leur fu. - -Tant esploitièrent li Englès, comtez, barons et chevaliers et touttez -mannierres d'autres gens, et li roys englès avoecq yaux, qu'il vinrent -en le cité de Ewruich, et là se reposèrent et rafrescirent par trois -jours. Au quatrime jour, li roys se parti, et tout le sieuwirent. Si -ceminèrent deviers le Noef Castiel sour Tin et esploitièrent tant qu'il -y parvinrent. Li roys englès se loga en le ville, et touttes ses gens -environ, car il ne se pewissent tout dedens logier. Si ne fist li roys -là point loing sejour, mès parti et prist le chemin deviers Escoche et -le voie droit vers Urcol. Si est bonne ville et biaus castiaux de -l'hiretiage le signeur de Perssi, seans à une journée priès de -Rosebourch. Quant li seigneur d'Escoce, qui devant le castel de -Rosebourch seoient, entendirent de verité que li roys englès venoit -celle part et bien si fort que pour yaux lever dou siège, et que -nullement il ne poroient resister contre li, si se conssillièrent et -advisèrent li ung par l'autre que le milleur et le plus honnerable pour -yaux estoit que de point attendre, tant qu'à ceste fois, la venue dou -roy englès, et que il se retrairoient tout bellement deviers le forest -de Gedours: se il estoient parvenut jusques à là, il seroient assés -fortefiiet contre les Englès. Dont se deslogièrent il une matinée et -toursèrent tout ce que mener en peurent; et puis boutèrent le feu en -leurs logeis, afin que li Englès n'en ewissent aise. Si prisent le -chemin deviers les forests, ensi que de jadis acoustummet avoient. - -Les nouvellez vinrent moult tost au roy englèz que li Escot estoient -parti et avoient laissiet Rosebourch. Dont coummanda li roys as -marescaux que on fesist chevauchier et haster les mieux montés, car il -volloit sieuwir et rataindre ses ennemis. Si chevaucièrent tout devant -en grant qoite, de gens d'eslite environ cinq cens lanches, et deux -mille archiers, ables et appers compaignons. Toutte li grans os lez -sieuwoit dou plus priès qu'il pooient. Tant cevaucièrent cil coureur, -et si s'esploitièrent par esclos et par froyais qu'ilx vinrent sus une -montagne en Escoche, que on appelle les mons de Getteles. Et li Escot -estoient desoubs ou plain et logiet sus une belle rivierre qui nest des -forests de Gedours et passe au piet de ceste montagne; et appelle on la -ditte rivierre Orbe, et va ferir desoubz Dondieu en le mer. Quant li -Englès virent les Escochois logiés ens ou plain, si n'eurent mies -vollenté de partir de leur fort, mès se logièrent là sus le montaingne, -et envoiièrent nonchier au roy englès toutte leur aventure. Et de ce -eut li roys grant joie et manda à ses marescaux qu'il se tenissent là -tant qu'il y seroit venus, ou qu'il aroient certainnes nouvelles de -lui. Bien veirent li Escot les Englès là sus en le montaingne, mès il -n'en fissent mies trop grant compte. Si escargaitièrent il celle nuit -leur host, et l'endemain il montèrent tout à cheval et se partirent. -Bien virent li Englès leur departement, mès il ne s'osoient bougier -pour deux raisons: li une estoit pour ce que li rois leur avoit mandet -que il l'atendesissent, et li autre estoit que il se doubtoient que li -Escot ne se fuissent parti de leur place pour yaux jus atraire. - -Enssi demourèrent li Englès sus le ditte montaingne jusques à heure de -tierce, que li roys vint et toutte li os; et montèrent au miex qu'il -peurent, car il ne pooient bonnement passer par ailleurs, non se il se -volloient trop fourvoiier. Et quant li roys fu tantost montés, il fist -ses marescaux descendre et chiaux qui avoient pris en cache les Escos; -et il disna là et toutte sen ost, horsmis lez premiers, et puis -descendi apriès nonne et sieuwi ses gens, qui ce propre soir se -logièrent assés priés des Escos. L'endemain li Escot chevaucièrent, et -environ heure de nonne il vinrent sus les foriès de Gedours. Là -s'arestèrent il seurement, car bien savoient que li Englèz ne se -bouteroient jammais dedens pour les perilleuses aventures et encontrez -qu'il y poroient recepvoir. Si chachièrent li Escot leurs chevaux et -misent tout leur harnais dedens le forest; et puis s'aroutèrent et -ordonnèrent bien et faiticement le bois au dos, et moustrèrent visaige -à leurs ennemis. En cel estat les trouva li roys englès; si coummanda à -logier touttez mannières de gens au devant d'iaux. - -Or devés savoir que entre le forest de Gedours, que li Escot avoient -mis au dos et dont il s'estoient fortefiiet, et l'ost le roy -d'Engleterre, n'y avoit pas deux lieuwes englèces, et estoient tout -belle lande. Si furent li ung devant l'autre par l'espasce de cinq -jours. Endementrues i eut mainte jouste et mainte apertise d'armes -fait, mainte prise, mainte rescousse des uns as autres. Mès de le -partie as Englès, sur tous emportoit le huée messires Gautiers de -Mauni, messires Jehans Camdos, messires Guillaumme Filz Warine et -messires Renaus de Gobehen; et de le partie as Escos, messires -Guillaumme de Douglas, li comtez de Moret, messires Robers de Verssi, -messires Simons Fresiel. - -Or avint que entre ces deux hos s'ensonniièrent aucunes bonnes -personnes pour prendre unez trieuwes. Et les traitoient et -pourparloient doy evesque: de par les Escos, li evesques de Albredane, -et de par les Englès, li evesques de Licestre, quoyque li roy englès y -descendesist envis, car c'estoit sen entention que toutte parardoir -Escoce. Mais on li dist que pour cèle voie il en avoit assés fait que -levet le siège de Rossebourch et rebouté ses ennemis jusquez enmy leur -pays; et ossi il estoit sus l'entrée de l'ivier, que il faisoit mauvais -hostoiier. Tant fu dit et pourparlet que unes trieuwez furent acordées, -à tenir dou jour de le Toussains qui venoit, dont on estoit à neuf -jours priès, jusquez à l'autre Toussains enssuivant, qui seroit l'an -mil trois cens quarante et un. Et le devoient li Escot segnefiier au -roy d'Escoce, leur seigneur, à savoir se il le tenroit ou non; et se il -ne le volloit tenir, si estoit li trieuwe tenue entre les deux pays -jusquez au premier jour de may, que on comteroit l'an mil trois cens -quarante et un. Et si demoroit tousjours li castiaux de Strumelin hors -de le trieuwe. Par enssi se departirent ces deux hos, et s'en rala -chacun en son lieu. Li roys englès retourna en Engleterre et dounna -touttes mannières de gens congiet; et li Escot se tinrent à pès tout -cel ivier. - -Quant ce vint à l'entrée dou mois de march, que li estéz coummenchoit à -aprochier, et que li Escot devoient souffissaument sommer les Englès de -l'entente dou roy David, leur seigneur, assavoir se il volroit tenir le -trieuwe ou non, si eurent consseil que il envoieroient deviers lui -especialx messagez pour lui remoustrer l'ordennanche ensi que elle -alloit. Si en priièrent monseigneur Robert de Verssi que il volsist -venir en Franche, car mieux li compteroit il la besoingne que nulz -autres. Si emprist li dis messires Robiers le voiaige; et pour ce -qu'adonc il estoit maladieus et fievreus et qu'il resongnoit le mer, il -se mist au chemin parmy Engleterre sus le respit qu'il avoient. Bien le -pooit faire, car il ne trouva oncques homme qui mal li fesist ne -desist; et chevaucha tant parmy Engleterre jusquez à Douvres, et là -monta il en mer et vint ariver à Wisant. Depuis qu'il fu yssus hors dou -vassiel, si homme, leur chevaux et tout leur harnas, il se partirent à -l'endemain et vinrent à Bouloingne. - -Or avint enssi que, en ce meysme tamps que messires Robiers de Versi -estoit sur son voiaige, li roys David d'Escoce, qui par le tierme de -cinq ans et plus avoit demouret en Franche avoecq le roy Phelippe, eut -vollenté que de retourner en son pays et de veoir son royaumme et ses -gens, que en grant temps n'avoit veut. Li roys de France s'i acorda -très bien et li dounna, au partir, grans dons et biaux jeuuiaux, et à -la roynne d'Escoce, sa femme, jà fust elle serour au roy englèz, son -ennemie; et li renouvella les couvenenches qu'il avoient entr'iaux -deux. Ellez estoient tellez que li roys d'Escoce ne pooit faire nul(le) -pès, ne nul acord au roy englès, sans le consentement dou roy de -France; et li roys d'Escoce li respondi que il tenroit ceste aloyance -et ordonnance à vraie et à bonne, et que ossi ne feroit il. Sur cel -estat se parti li roys d'Escoce dou roy de Franche, qui li delivra gens -d'armes et fist partout sez delivranches. Et chevauchièrent il et le -roynne, sa femme, et leur routtez parmy France, et s'en vinrent à -l'Escluse; et ordonnèrent vaissiaux pour yaux, et puis entrèrent ens, -quant touttez leurs pourveances y furent mises; et nagièrent par mer au -lés deviers Escoce en l'ordounnance de Dieu et dou vent et d'un -chevalier maronnier mestre de sa navie, que on appelloit monseigneur -Robert le Flammenc. Endementroes, vint messires Robiers de Verssi à -Paris, qui y estoit envoiiés de par les seigneurs d'Escoce; et quant il -ne trouva point le roy, si fu tous courouciéz: ce ne fu point de -merveille. Nonpourquant il parla au roy de Franche, qui le rechupt -assés liement; et puis assés tost apriès il se parti pour revenir -arrière en Escoce. Et li roys David et se navie esploitièrent tant -qu'il arrivèrent au port de Morois en Escoce. Fos 60 vo et 61. - -_Ms. de Rome_: En ce temps dont je parole que les trieuves duroient -entre les deux rois, remandèrent li baron d'Escoce, le roi David lor -signeur, qui un lonch termine s'estoit tenus en France; et li -segnefiièrent ensi, par lettres et par deus chevaliers que il -envoiièrent à Paris, que les besongnes d'Escoce estoient assés en bon -point, et que tous li pais le desiroit à ravoir, et que la ville de -Haindebourc et li chastiaus et aussi li chastiaus de Struvelin et -pluisseur aultre estoient repris, et les Englois, qui les tenoient, -bouté hors. Li rois d'Escoce entendi à ces nouvelles volentiers et -prist congiet au roi de France, auquel il remoustra ses besongnes; et -le regracia de ce que si doucement et si courtoisement il l'avoit -recheu. Si ordonna li dis rois d'Escoce ses besongnes et vint à -Boulongne, et la roine sa fenme en sa compagnie, et là trouva sa navie -toute preste qui l'atendoit; si entrèrent dedens. Et avoecques le roi -d'Escoce en alèrent en sa compagnie dou roiaulme de France li sires de -Rambures, messire Guis Qierès, li viscontes des Qesnes, li sires de -Chipoi, li sires de Saint Pi, li sires de Briauté et pluisseur aultre, -plus de soissante chevaliers et esquiers. Si orent vent à volenté, et -ne furent que trois jours sus mer, que il arivèrent ens ou havene de -Haindebourc. Puis issirent hors, et vinrent en la ville, et de là ou -chastiel à grant joie; et trouvèrent messire Guillaume Douglas, mesire -Robert de Versi, messire Simon Fresiel, messire Alixandre de Ramesai et -les barons et les chevaliers d'Escoce, qui tout les requellièrent à -grant joie. Si viseta li rois d'Escoce son pais, et mena ces chevaliers -et ces esquiers de France partout avoecques lui, pour euls moustrer le -roiaulme d'Escoce. Si veoient un povre pais raempli de bois et de -bruières; si s'en truffoient et rioient li un à l'autre, et disoient: -«Il ne puet estre riches homs, qui est sires d'un tel pais.» Fo 88 vo. - -P. 116, 1. 9: Bervich.--_Mss. A 11 à 14_: Warvich. Fo 80. _Mauvaise -leçon._ - -P. 116, l. 26: le Saint Mikiel.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: la Saint -Remy. Fo 83. - -P. 119, l. 24 et 23: sept ans.--_Ms. B 6_: plus de six ans. Fo 190. - -P. 120, l. 1: mis en mer.--_Ms. B 6_: Et monta en mer à Harfleur en -Normendie; et nagèrent tant qu'ilz arivèrent à Saint Jehan en Escoche -sur le rivière de Taye. Fo 191. - - -=§ 152.= P. 120, l. 12: Quant li.--_Ms. d'Amiens_: Quant li baron et li -seigneur d'Escoce seurent que li roys, leurs sirez, estoit venus et -arivés de nouviel en leur pays, si en furent touttez mannierrez de gens -mout joiant. Et allèrent contre lui, et le rechurent à grant -pourcession, et la roynne leur damme ossi; et lez amenèrent en le ville -de Saint Jehan, qui siet sour une belle rivière qui porte bons saumons -et grosse navie. Là le vinrent veoir et viseter prelat, baron, -chevalier et touttez mannières de gens, (qui li remonstrèrent ce) qu'il -avoient perdut, et qui desolé estoient par le guerre as Englèz. - -Mout ot li roys d'Escoche grant compation de le desolation de ses gens -et de le destruction de son pays, et leur dist bien que, se il plaisoit -à Dieu, il i pourveroit temprement de remède. Assés tost apriès sa -revenue, ungs grans parlemens se fist des prelas, evesques et abbés -d'Escoce, de comtez, de barons et de chevaliers et des conssaux de sez -bonnes villes, et dura par cinq jours. Si se porta ensi li parlemens -que li roys d'Escoce renoncheroit à le trieuwe que ses gens avoient -pris as Englèz, et que, depuis le jour de may venut, il n'en tenroit -nulle. Si fu là ordonné qui yroit en Engleterre pour renunchier. Avoecq -tout ce, li roys pria et coummanda à touttes gens à lui obeissans que -chacuns se pourveist bien et souffisamment à ceval et à piet et de -touttes armurez, et fuissent le huitime jour de may là en le ville de -Saint Jehan et illoecq environ; car c'estoit sen intension que d'entrer -en Engleterre et que de faire y une très grande chevauchie, et on ly -eut enssi en couvent. Enssi se departi li parlemens sus cel estat, et -en ralla chacun en son lieu, et se pourveirent seloncq leur puissance -pour venir servir le roy, leur seigneur, au jour qui mis y estoit. Et -li messaigez s'en vint en Engleterre deviers le roy englès et renoncha -souffissamment as trieuwez qui devoient y estre prises des Escos et des -Englès, et tant que li roys Edouwars s'en tint à bien contens, et se -pourvey et advisa ossi seloncq che. - -Chependant que li saisons de may aprochoit, li roys d'Escoche viseta -son pays, ses villes, ses citéz et ses fortrècez. Si eut grant doeil et -grant pité quant il vit ensi son pays destruit et ses gens oyt -complaindre. Ossi eut la roynne, sa femme, qui en ploura assés. Quant -li roys eut partout estet et oyes les complaintez des ungs et des -autrez il lez recomforta au mieux qu'il pot, et dist qu'il s'en -vengeroit, ou il perderoit le remannant, ou il moroit en le painne. -Quant ce vint sus l'entrée de may, seloncq l'ordonnance qui mise y -estoit, li Escot s'avalèrent et assamblèrent de tous costéz à Saint -Jehans Tonne et là environ. Encorrez envoya li roys grans messaigez en -Norvège, en Sude et en Danemarche, pour priier ses amis et avoir grant -fuisson de saudoiiers. A celui mandement vint li comtez d'Orkenay, ungs -grans princes et puissans, et avoit à femme le sereur le roy. Chilx y -vint à grant puissanche de gens d'armes, et pluiseur autre grant baron -et chevalier de Sude, de Danemarche et de Norvège et des autrez pays -marchissans, li ungs par amour et par priière, et li autre par saudées. -Tant en vint d'un costet et d'autre qu'il furent bien, quant tout -furent venut entours le chité de Saint Jehan en Escoce, au jour que li -dis roys les avoit mandés, soixante mille hommes à piet et sus -haghenées, et bien troi mille armures de fer, chevalier et escuier, -parmy les seigneurs et chiaux de son pays d'Escoche. Quant tout furent -assamblet et appareilliet, il s'esmurent pour aller destruire et -essillier chou qu'il poroient dou royaumme d'Engleterre, ou il se -combateroient au roy Edouwart, qui tant de maux et d'anoy leur avoit -fais. Si passèrent premiers par devant le fort castiel de Rossebourcq, -que li Englès avoient concquis, et le tenoient encorres et leur -faissoient souvent grans assaux et grans destourbiers. Si fissent là li -Escot ung grant assault; mès point n'y gaegnièrent, car li castels est -trop fors. Et n'eut point li roys adonc consseil de l'assegier, mès de -chevauchier avant et d'entrer ou droit royaumme d'Engleterre. Si fist -son host passer oultre. Apriès il passèrent devant le cité de Bervich, -mès point n'y arrestèrent et entrèrent ou royaumme de Norhombrelande. -Si ardirent toutte le ville de Persi et livrèrent ung grant assault à -le fortrèce, mès il ne le peurent avoir. Si passèrent oultre et vinrent -à Urcol, et ardirent et pillièrent toutte le ville et le pays de là -environ, et entrèrent si avant ens ou royaumme de Norhombrelande, qu'il -vinrent sour le rivière de Tin, ardant et destruisant tout le pays, et -fissent tant qu'il parvinrent devant le bonne ville de Noef Castiel sur -Tin, et là se logièrent et l'environnèrent pour l'assaillir. - -Dedens la ville dou Noef Castiel sur Tin estoient doy grant baron de -Norhombrelande, li sires de Luzi et li sires de Ros, et grant fuison de -gens d'armes et d'archiers qui trop bellement et trop sagement le -gardèrent et deffendirent à l'assaut qui fès y fu et qui dura ung jour -tout jour sans cès, et y perdirent li Escochois de leur gens. Si se -retrairent à leurs logeis qui grant estoient et estendut, car il y -avoit bien soixante et dix mille hommes sans le ribaudaille. Si -s'alèrent li Escot coucher et reposer, car moult estoient travilliet -pour l'assault. Quant ce vint environ le mienuit, li sires de Luzi, -ungs très bons chevaliers et qui cappitainne pour le temps estoit de le -ville, et qui à ce donc mies ne dormoit, mès songneuzement entendoit as -deffenscez et as gharittez de le ville, si entendi à celle heure par -ses espiez que li Escot estoient tout endormy et ne faisoient de get: -si quella tantost environ deux cens compaignons ablez et legiers, bien -armés et bien montéz, et se parti sus l'ajournée dou Noef Castiel par -une posterne, et s'en vint autour secretement et couvertement ferir en -l'ost des Escos, et d'aventure eschei ens ès logeis le comte de Moret, -ung grant seigneur d'Escoce. Si escriièrent li Englèz leur cri, et se -boutèrent ens de plains eslais, et navrèrent et tuèrent pluiseurs -Escos. Et fu li dis comtes de Mouret trouvés en son lit, et pris et -montés sour ung ceval et amenés comme prisonniers dedens le ville, et -encorrez se combatoient li autre, li sirez de Luzi et ses gens. Li hus -et li cris monta; Escochois s'esvillièrent et s'armèrent et alumèrent -grans feux, et vinrent ceste part, chacuns qui mieux mieux, où la noise -estoit. Quant li Englès virent que poins fu, si se retrairent sagement -et bellement deviers leur ville, et y rentrèrent sans dammaige. - -Moult fu li roys David d'Escoce courouciéz, et ossi furent tout li -Escot, quant il seurent le comte de Mouret pris. Si se armèrent tout -communaument au matin et sonnèrent leurs trompettez, et s'en vinrent -comme gens forsenés devant le Noef Castiel et l'assaillirent très -durement. Et dura chilz assaux tout le jour, et en y eut pluiseur -navrés dedens et dehors. Touttes voiez, li assallant ne peurent riens -concquerre sus les deffendans, mès des lors y eut pluiseurs blechiéz. -Fos 61 vo et 62. - -P. 121, l. 2: que cescuns.--_Ms. B 6_: que tous fievés et arrières -fievés fus(s)ent à ung certain jour en la ville de Hainbourcq. Fo 192. - -P. 121, l. 4: d'Orkenay.--_Mss. A 8, 9_: d'Okenay. Fo 77. _Mss. A 11 à -14_: de Kesnay. Fo 81. - -P. 421, l. 4: uns grans princes.--_Ms. B 6_: ung sien serouge du -royaume de Suède qui s'apelloit Robert, conte d'Orkenay. Là vint le -conte de Mouret, le conte de Surllant, le conte de Mare, le conte de -Bosquem, le conte de Saint Andrieu, l'evesque d'Abredane, le sire de -Brasy et tous les barons et fievés d'Escoche. Et furent bien tous -ensamble six mille hommes d'armes et quarante mille d'autres gens parmy -ceulx de le Sauvaige Escoche que Jehan des Adtulles amena. Fo 192. - -P. 121, l. 16: appareilliet.--_Ms. B 6_: Et estoient toutes gens à -cheval, et portoient par derière eulx de la ferinne tant seullement -pour faire du pain, pour vivre à necessité pour dix huit ou vingt -jours. Fo 192. - -P. 122, l. 10: le Noef Chastiel.--_Ms. B 6_: Et quant il eurent ainsy -fait, il toursèrent tout l'avoir et se misrent au chemin et prirent -leur retour devers Noef Chastel: et estoient sy fort chergiés que à -paine povoient aller avant. Sy se logèrent devant le Noef Chastiel, et -dirent que i(l) l'assairoient, se par assault il le pourroient -conquerre. Sy l'asallirent ung jour tout entir par trois ou quatre -fois, mais riens n'y firent, car il y avoit dedens bien trois cens -armés de fer qui le ville aydèrent à garder, et ossy elle estoit forte. - -Quant che vint par nuit que les Escochois tous lassés et travilliet -furent retrais à leur logis, le cappitaine de Noef Chastiel s'avisa que -il resvilleroit les Escochois. Sy fist armer tous les compaignons de là -dedens et monter à cheval; et estoient environ deus cens et otant quy -gardèrent le porte. Sy chevauchèrent ces Englès coiement jusques à tant -que il vinrent en l'ost, et trouvèrent les Escochois tous endormis sans -faire gait. Sy se ferirent en l'ost et en criant leur cry, en abatant -et ochiant les Escochois à forche. Et allèrent adonc sy avant que il -vinrent au logis du conte de Mouret: là ot grant hustin. Et fut le dit -conte prins, en sa tente, et pluseurs de ses gens mors. Et s'en -retournèrent devers le Noef Chastel et rent(r)èrent dedens sans nulz -dangiers, anchois que les Escochois furent estourmis. - -Quant les Escochois seurent le prise du conte de Mouret, sy furent -comme tous foursenez, et passèrent celle nuit à grant malaise. Et quant -che vint au matin, il s'armèrent et se mirent en ordonnanche pour -assaillir, et assallirent le Noef Chastiel par pluiseurs assaulx. Et -dura le dit assault par quatre jour(s), mais riens n'y firent. Fos 194 -et 195. - -P. 122, l. 17: deus cens.--_Mss. A 11 à 14_: quatre cens. Fo 81 vo. - - -=§ 153.= P. 123, l. 5: Quant li rois David.--_Ms. d'Amiens_: Quant li -roys d'Escosse et ses conssaulx virent que il se lassoient et -travilloient en vain, il s'ordonnèrent au deslogier et se missent au -chemin contremont ceste belle rivière de Thin, et passèrent à Bransepès -ung très fort castiel au seigneur de Noefville. Si l'assaillirent et -ardirent toutte le ville, mès le fortrèce ne peurent il avoir, et assés -priès de là il passèrent le rivière de Thin et entrèrent en l'evesquiet -de Durem. Si le ardirent moult et gastèrent de tous costéz, puis se -traisent devant le chité de Durem et le assegièrent, et disent -entr'iaux que elle estoit bien prendable et que de là ne se -partiroient, si l'aroient. Or vous diray dou seigneur de Ros et dou -seigneur de Luzi, qui se tenoient au Noef Castiel. Quant il eurent -consideret le puissanche as Escos, ossi leur emprise et comment il -ardoient et essilloient le pays et chevauchoient toudis avant, il -eurent consseil qu'il le segnefieroient au roy englèz, leur seigneur, -enssi qu'il fissent. Et se parti uns escuiers d'iaux, et cevauça tant -par nuit et par jour que dedens quatre jours il vint à Windesore, où li -roys englèz se tenoit. Adonc li bailla il lez lettrez de creanche des -chevaliers dessus dis. Quant li roys les tint, si les fist lire et -entendi par celles son dammaige et le confusion de ses gens et de son -pays, dont il fu mout courouciéz; mès la prise dou conte de Mouret ung -petit le resjoi. Si fist tantost li roys englès escripre lettres, et -mist messagiers en oevre et envoya par tout son royaumme, que chacuns -sour toutte amistéz et feaultéz se traissent deviers le chité de -Ewruic, sans nul delay, à tout ce que de gens pooit avoir, et que -chacuns s'efforçast, car li Escot estoient grant cantitet. Si rescripsi -par le dit escuier qui les nouvelles avoit apportées, as deux banerèz -dessus diz, qu'il fuissent songneus seloncq leur pooir de garder lez -frontières, car il seroit temprement ou royaumme de Norhombrelande. Li -escuiers parti et retourna arrière. Li roys se hasta pour plus tost -mettre ses gens à voie, et prist le chemin pour venir à Iorch, où ses -mandemens estoient assis et ordonnés. - -En che pendant que li roys venoit vers Ewruich et que il mandoit gens -efforceement de touttes pars pour resister as Escos, li roys David -d'Escoce, qui trop durement estoit courouchiés de la prise son cousin -le comte de Moret, seoit à siège devant le chité de Durem, et durement -le constraindoit d'assaut et d'escarmuches, et mout se pennoit de le -prendre, car bien savoit que la cité estoit garnie et pourveuwe de -grant avoir pour le pays d'environ, qui tous afuis y estoit. -Finablement tant y furent li Escot et si continuellement l'asaillirent -que de force il le prissent par force d'enghiens et d'estrumens qu'il -eurent fès, dont il brisièrent et destruisirent tous les murs, et -entrèrent ens à effort. Là eult grant ocision et grant pité, car il -misent tout à l'espée et sans merchi, hommez et femmez, enffans, clers -et prebtrez, et robèrent et pillièrent lez maisons où il trouvèrent -avoir sans nombre. Depuis le chité prise, il s'en vinrent deviers -l'eglise catedral qui siet haut sus ung terne; et l'avoient li chanonne -fortefiiet, et estoient dedens retret à garant; mès li Escos, dont che -fu grant pité et grant cruauté, boutèrent le feu ens et le ardirent et -tous chiaux qui dedens estoient, sans nullui prendre à merchy. Ensi fu -menée la bonne chité de Durem, des Escos, dont che fu dammaigez. Fo 62. - -P. 123, l. 10: Duremmes.--_Ms. B 6_: Sy entrèrent les Escochois en le -conté de Northombrelant, et ardirent moult villainement la terre au -signeur de Persy et du seigneur de Noefville. Fo 193. - -P. 123, l. 24: Chartesée.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 29_: Carthesée, -Cartezée. Fo 85.--_Mss. A 18, 19_: Tarcheste. Fo 85. - -P. 124, l. 5: dou north.--_Mss. A 1 à 6_: de Northonbrelande. Fo -85.--_Mss. A 7 à 33_: du north. Fo 78. - -P. 124, l. 30: honnerés.--_Mss. A 1, 3 à 6, 18 à 22_: nuit et -jour.--_Ms. A 2_: chacun jour. Fo 85. - - -=§ 154.= P. 124, l. 31 et p. 125, l. 1 à 3: Quant... Galles.--_Mss. A -11 à 14_: Le roy anglois s'en partit le lendemain de la bonne cité de -Ewruich moult liement pour les nouvelles que monseigneur Guillaume du -Bailleul lui avoit apportées. Et avoit aveques lui environ sept mille -armeures de fer, quatorze mille archiers et bien quatre vingt mille -hommes de pié. Mais quand les Escos sceurent sa venue, ilz -conseillièrent au roy David leur seigneur qu'il se retrairoit arrière -selon la rivière de Thin et se trairoit par devers la bonne cité de -Cardueil qui est à l'entrée de Galles. Fo 82. - -P. 125, l. 3: Galles.--_Ms. d'Amiens_: à cel lés là. Fo 62 vo. - -P. 125, l. 10: Sallebrin.--_Ms. d'Amiens_: en ce tamps li plus belle et -li plus frisce damme d'Engleterre. Fo 62 vo. - -P. 125, l. 27: quarante.--_Ms. d'Amiens_: soixante. Fo 62 vo. - - -=§ 155.= P. 127, l. 15: reconfortoit.--_Ms. d'Amiens_:... pour qui on -se devoit enssi travillier, tant estoit belle et douche. Et dura chilx -assaulx tout le jour. Et au soir il se retrayrent à leurs logeis; et à -l'endemain recommenchièrent l'assault fort et fier, tant estoient -courouchiet sour chiaux du castiel de Sallebrin. Ensi continuoient li -Escochois de jour en jour, et appareilloient leurs enghiens pour -drechier et pour plus adammagier chiaux dou fort; car bien veoient que -autrement il ne les pooient avoir. En ces meysmes jours vint li roys -d'Engleterre en le cité d'Ewruich, et y souratendoit ses gens qui -venoient de tous costéz à grant effort. Car bien estoit li renoummée en -Engleterre que li roys d'Escoce ne fu oncques de trop si fort sus les -camps qu'il estoit adonc; et pour ce venoient deviers le roy au plus -efforchiement qu'il pooient, et pour combattre les Escos, se il les -trouvoient ou attendoient. - -Entroex que li roys englèz estoit à Ewruich, eurent chil dou castiel de -Sallebrin pluisseurs assaux et furent moult apressé de leurs ennemis; -et se li roys englès le sewist, il se fuist plus hastéz qu'il ne fist -pour secourre le gentil contesse de Sallebrin. Or n'est qui l'en die -lez nouvellez, mès il les sara temprement, si comme vous poréz oïr -recorder, se il vous plaist. - -Chil dou castiel de Sallebrin estoient durement travilliet et appresset -des Escochois. Et si en y avoit entr'iaux grant fuison de blechiés, et -veirent bien que li fais leur estoit grans; et se li rois David -maintenoit son pourpos, il aroient fort tamps. Si eurent consseil que -il envoieroient certain message deviers le roy englèz, que il -esperoient à Ewruich, car bien avoient oy parler dou mandement si -especial qu'il avoit fait et dou jour qu'il y devoit estre, liquelx -termes estoit venus et cinq jours oultre. Si regardèrent et ymaginèrent -entr'iaux qui seroit tailliéz de faire ce messaige. Pluiseurz en y -avoient, mès tout s'escusoient l'un par l'autre que jà pour leur -honneur ne lairoient la damme ne le castiel, et en y eult entre yaux -grant estrif. Quant messires Guillaume de Montagut vit le bonne -vollenté de ses compaignons, et v(e)oit d'autre part le meschief et le -peril où il pooient escheir se il n'estoient secourut, si leur dist: -«Seigneur, je vois bien vostre loyaulté et vostre bonne vollenté: si -ques, pour l'amour de madamme et de vous, je metteray mon corps en -aventure pour faire cesti messaige, car jou ay tel fianche en vous, -seloncq chou que j'ay veu, que vous detenrés bien le castiel jusquez à -ma revenue. Et ay d'autre part si grant esperance el roy nostre -seigneur, que je vous amenray temprement si grant secours, que vous en -arés joie; et vous seront bien meri li bienfait que fait arés.» - -Quant la nuis fu venue, li dis messire Guillaumme se appareilla dou -mieux qu'il pot, pour plus paisivlement yssir de layens qu'il ne fust -percheus de chiaux de l'ost. Se li avint si bien qu'il pleut toute le -nuit si fort que nulx des Escos n'osoit yssir hors de sa loge. Si passa -environ mienuit tout parmy l'ost, que oncques ne fu apercheus. Quant il -fu passés et eslongiés environ deux lieuwes l'ost, il fu grans jours: -si chevaucha avant et encontra, ung peu après soleil levant, deux -hommes d'Escoce entours à trois lieuwes priès de l'ost, qui amenoient -deus buefs et une vache par deviers l'ost. Messires Guillaummes congnut -qu'il estoient Escos: si les navra tous deux durement et tua leur -bestez, pour tant qu'il ne volloit mies que chil de l'ost en ewissent -nulle aise. Puis dist as deux navrés: «Alléz, si dittes à vostre roy -que Guillaummes de Montagut vous a mis en ce point en son despit; et li -dittes que je voi querre le gentil roy d'Engleterre, qui li fera -temprement wuidier ceste place maugré lui.» Chil li proummisent qu'il -feroient vollentiers cest messaige, mès qu'il lez laissast atant à pès. -Lors se parti li dis messires Guillaummes des Escos, et chevaucha sus -fleur de coursier et fist tant que il vint à Ewruich, où il trouva le -roy englès et grant fuison de comtez, de barons et chevaliers dallés -lui. Si li compta son messaige de par le damme de Sallebrin, au mieux -et au plus biau qu'il peult. Li roys y entendi vollentiers et respondi -que il ne laisseroit nullement que il ne souscourist la damme et ses -gens; et se plus tost ewist sceut là où li Escot estoient et le mescief -et peril dou castiel et de la damme, plus tost fust allés celle part. -Si ordonna et coummanda tantost li roys par son connestable et ses -marescaux, que chacuns fust apareilliés à mouvoir l'endemain, et que on -fesist toudis les venant traire avant, et chevauchier apriès son host -qu'il avait moult grant. Fos 62 vo et 63. - -P. 128, l. 11: bacelers.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: chevalier. Fo 86. - -P. 129, l. 4: à demi liewe.--_Mss. A 11 à 14_: à deux lieues. Fo 83. - -P. 129, l. 17: Evruich.--_Mss. A 8 à 10_: Bervich. Fo 77.--_Mss. A 1 à -7, 11 à 19, 30 à 33_: Evruich. Fo 86.--_Mss. B 3 et A 20 à 22_: -Vervich, Warvich. Fo 77.--_Mss. A 23 à 29_: Enervich, Everuich. Fo 100. - -P. 129, l. 19: au roy.--_Ms. B 6_: et trouva le roy d'Engleterre et -plus de quarante mille hommes qui estoient tout esmervilliés que les -Escochois estoient devenus. Fo 197. - -P. 129, l. 20: sen ante.--_Mss. A 1 à 7, 18 à 22_: sa tante. Fo 86. - - -=§ 156.= P. 129, l. 30: Li rois.--_Ms. d'Amiens_: Li roys Edouwars se -parti l'endemain de le cité d'Ewruich mout liement pour lez nouvelles -que li dis messires Guillaummes de Montagut li avoit aportées. Et avoit -bien avoecq lui cinq mille armurez de fier, dix mille archiers et -soixante mille hommes de piet, qui tout le sieuwoient. Et toudis li -venoient gens. - -Quant li baron d'Escoce et li maistre consillière le roy David seurent -que li dis messires Guillaummes de Montagut avoit ensi passet parmy -leur ost et que il s'en alloit querre secours au roy englès, et -savoient bien que li roys Edouwars estoit à Ewruich à grant gent, et le -tenoient de si grant couraige et si gentil qu'il ne lairoit nullement -qu'il ne venist tantost sour yaux pour souscourre la damme et chiaux -dou castiel, il parlèrent enssamble, endementroes que li roys David -faisoit souvent et ardamment assaillir. Et veoient bien que li roys -David faisoit ses gens navrer et martiriier sans raison. Et veoient -bien que li rois englès venroit bien ainchois combattre à yaux que leur -roys pewist avoir concquis ce castiel, ensi qu'il cuidoit. Si parlèrent -ensamble au roy David d'un accord, et li dissent qui li demorer là -n'estoit point ses pourfis, ne sen honneur; car il leur estoit moult -honnerablement advenu de leur emprise. Et avoient fait grant despit as -Englès, qui avoient jeut en leur pays vingt deux jours et ars et -essilliet tout autour, et pris par force la cité de Durem et mise toute -à grant destruction. Et li conssillièrent que il s'en volsist raller -deviers son royaumme, par deviers le forest de Gedours; car il savoient -de certain que li roys englès venoit viers yaus à si grant puissanche, -qu'il n'aroient pooir de combattre à lui, ne de contrestrer à se -puissance. Si leur en poroit grant meschief avenir. Li roys David fuist -vollentiers demourés pour atendre lez Englès et le bataille et le -aventure de Dieu, se par son consseil en allast. Mais ses gens li -moustrèrent tant de raisons que trop loingues seroient à recorder, que -tous li os des Escos se desloga au matin, et en rallèrent droit par -deviers le grant forest de Gedours, le chemin que autres fois il -avoient tenut pour estre au dessus de leur affaire, et pour veoir et -attendre que li roys englès volroit faire de donc en avant, ou se il se -retrairoit arrière, ou se il yroit avant et trairoit en leur pays. Fo -63. - -P. 129, l. 31: Evruich.--_Mss. A 1 à 7, 11 à 19, 30 à 33_: Evruich. Fo -86 vo.--_Mss. A 8 à 10_: Bervich. Fo 79.--_Mss. B 3 et A 20 à 22_: -Vervich, Warvich. Fo 77.--_Mss. 23 à 29_: Enervich. Fo 100. - -P. 130, l. 10: quatre vingt mille.--_Mss. A 1 à 6, 8 à 10, 20 à 22_: -quatre mille. Fo 86 vo. - - -=§ 157.= P. 131, l. 21 et 22: dix ou douze.--_Ms. d'Amiens_: vingt ou -vingt deux. Fo 63 vo. - -P. 131, l. 30: le grant noblèce.--_Ms. d'Amiens_: le frisce et gentil -arroi. Fo 63 vo. - -P. 132, l. 7: n'avoit veu.--_Ms. d'Amiens_: si bien adrechie en touttes -mannierres de biautés, de frisce et gai maintien, de noble arroy et de -parfaitte et atrempée contenanche. Fo 63 vo. - -P. 132, l. 9: fine amour.--_Les mss. A 11 à 14 ajoutent_: que ma dame -Venus lui envoya par Cupido, le Dieu d'amours. Fo 83 vo. - -P. 132, l. 10: lonch temps.--_Ms. d'Amiens_: car c'est uns feus qui -fuissonne, qui est legiers à esprendre et malaisivlez à estaindre, et -plus en ung coer qu'en l'autre. Et sembloit au roy, par l'estincelle -qui jà s'esprendoit et alumoit, que ens ou monde n'avoit damme qui -fesist à amer fors celle. Fo 63 vo. - -P. 132, l. 15 et 16: si ardamment.--_Ms. d'Amiens_: et ne s'en pooient -li oeil soller, et de si ardent regart. Fo 63 vo. - -P. 132, l. 19: ne pensoit.--_Ms. d'Amiens_: qui au penssement dou roy -ne penssoit noient. Fo 63 vo. - -P. 132, l. 23: quant temps seroit.--_Mss. A 1 à 6_: quant temps fut à -mettre les tables, elle fist la salle parer et ordonner. Fo 87.--_Mss. -A 11 à 14_: mettre les tables en la salle moult bien parée et ordonnée -comme pour le roy. Fo 83 vo.--_Mss. A 15 à 17_: mettre les tables en la -sale qui jà estoit moult noblement parée aussi comme pour un roy -recepvoir. Fo 88.--_Mss. A 20 à 22_: quant temps fu de drescier les -tables, elle fist la salle parer et ordonner bien richement. Fo 131. - -P. 132, l. 24: parer.--_Ms. d'Amiens_: Ensi comme il appertenoit pour -le roy d'Engleterre. Fo 63 vo. - - -=§ 158.= P. 133, l. 12: vous estes.--_Ms. d'Amiens_: li ungs dez -princes del monde li plus doubtéz. Fo 63 vo. - -P. 133, l. 24: vos amans.--_Ms. d'Amiens_: vos vraiz amans. - -P. 134, l. 4: emprisonnés.--_Mss. A 11 à 14_: à Paris. Fo 84. - -P. 134, l. 9: desmembrer.--_Ms. d'Amiens_: qui mes drois, souverains, -naturelz sirez estez. Fo 64.--_Mss. A 11 à 14_: pour donner exemple aux -aultres d'estre loiales à leurs maris. Fo 84. - - -=§ 159.= P. 134, l. 15: avés vous.--_Ms. d'Amiens_: A ces mos et à la -parolle de la damme, li rois se parti de la fenestre où ung grant tens -il s'estoit apoiiés, et s'en vint en la salle et lava. Et puis se asist -entre ses chevaliers et la damme au disner; mès petit i sist, car autre -cose li touchoit que boire ne que mengier. Et trop durement seant à -table penssoit, dont li chevalier meismement s'esmervilloient, car il -avoit eult en devant usaige de rire et jeuuer, et de vollentiers oïr -aucunnez trufferiez pour le temps oubliier, mais là il n'en avoit cure -ne talent. Ainchois, quant il pooit ung seul regart embler et envoiier -sus la damme, il li faissoit trop grant bien. Et furent adonc regart et -pensser le plus grant partie dou disner le roy. Fo 64. - - -=§ 160.= P. 135, l. 6: Toutes voies.--_Ms. d'Amiens_: Apriès disner on -leva lez tablez. Si envoya li roys monseigneur Renaut de Gobehen et -monseigneur Richart de Stanfort à l'ost et as compaignons qui desoubz -le castiel estoient logiet, savoir comment il le faisoient, et qu'il -fuissent appareilliet, car il volloit cevaucier encorrez oultre et -sieuwir les Escos, et que on fesist tout le charoy et tout le harnas -esploitier devant, et que dou soir il seroit avoecq yaus. Et ordonna le -comte de Pennebruch à faire l'arrierre garde à tout cinq cens lanches, -et que chil l'atendesissent sus les camps tant qu'il venroit, et tout -li demourant chevauçaissent avant. Li doy baron fissent tout ce qu'il -coummanda. - -Et il demoura encorres ens ou castiel de Sallebrin dalléz la damme, et -esperoit bien ainschois son departement que il aroit de la damme -responsce plus agreable qu'il n'avoit eue. Si demanda les eschès, et la -damme li fist aporter. Adonc pria li roys à la damme que elle volsist -jeuer à lui; et la damme li acorda liement, qui li faisoit toutte le -bonne chière que elle pooit. Et bien estoit tenue dou faire, car li -roys li avoit fait ung biau serviche de lever le siège des Escos de -devant son castel, dont elle estoit en grant peril; et se li devoit le -damme faire, pour tant que li roys estoit ses drois naturés sires de -foi et hoummaige. A l'entrée dou jeu des escès, li roys, qui volloit -que aucunne cose demourast dou sien à la damme, l'asailli en riant: -«Damme, que vous plaist il à mettre au jeu?» Et la damme li respondi: -«Sire, et vous ossi?» Adonc mist li roys avant ung très bel aniel qu'il -portoit en son doi, à ung gros rubi sus le tablier. Lors dist la damme: -«Sire, sire, je n'ay nul aniel si riche comme li vostre est.»--«Damme, -dist li rois, telz que vous l'avés, metés le avant. Je n'y preng pas de -si priès garde.» - -Adonc la comtesse, pour acomplir la vollenté du roy, traist hors d'un -doy ung anelet d'or, qui n'estoit pas de grant vaille. Si jewèrent as -escèz enssamble, la damme à son avis au mieux que elle pooit, affin que -li roys ne le tenist pour trop simple et ygnorans; et li roys se -faindoit, car pas ne jewoit dou mieux qu'il savoit. Et à painnes y -avoit nulle espasse dez très, que il ne regardast si fort la damme que -elle en estoit toutte honteuse, et s'en fourfaisoit bien en traiant. Et -quant li roys veoit que elle s'estoit fourfaite d'un rock, d'un -chevalier ou de quoy que fuist, il se fourfaisoit ossi pour remettre la -damme en son jeu. - -Tant jeuèrent que li roys le perdi, et fu mas d'un aufin. Adonc se leva -la damme et demanda le vin et lez espisses, car li roys par samblant -volloit partir. Et prist la damme son aniel et le mist en son doy, et -volsist trop bien que li roys ewist repris le sien, et li ossi offri et -dist: «Sire, il n'appertient pas qu'en mon hostel jou aie riens del -vostre, ainchois en deveriés porter dou mien.»--«Dame, dist li roys, si -fait, car li jeus l'a porté ensi; et se je l'ewisse gaegniet, tenés -veritablement que j'en ewisse porté le vostre.» La damme ne vot adonc -plus presser le roy; mès s'en vint à une sienne dammoiselle, et li -bailla l'aniel, et li dist: «Quant vous verrez jà que li roys sera -partis de ceens et qu'il ara pris congiet de moy et qu'il devera monter -à cheval, si vous avanchiés et li rendéz tout bellement son aniel, et -li dittes que nullement je ne le voeil detenir, car point n'apertient.» -Et la dammoiselle li respondi que elle le feroit vollentiers. A ces mos -vinrent espisses et vins. Et n'en vot oncques prendre li roys devant la -damme, ne la damme ossi devant lui; et y eut là grant estrit tout en -reviel. Finablement, il fu acordé que il prisent tout doy enssamble, -ossi tost li ungs comme l'autre, par cause de briefté. Apriès ce fait -et que li chevalier le roy eurent tout beu, li roys prist congiet à la -damme et li dist tout haut, affin que nulx n'y penssast: «Damme, vous -demourés en vostre hostel, et je m'en irai sieuwir mes ennemis.» La -damme, à cez mos, s'enclina bien bas devant le roy. Et li roys mout -apertement le prist par le main droite, et li estraindi ung petit, et -ce li fist trop grant bien, en signe d'amour. Et regarda li roys que -chevaliers et dammoiselles s'ensonnioient de prendre congiet l'un à -l'autre; si s'avança encorrez de dire deux mos tant seullement: «Ma -cière damme, que Dieu vous coummand jusques au revenir! Si vous pri que -vous vos voeilliéz aviser et autrement y estre consseillie que vous ne -me aiiés dit.»--«Chiers sires, respondi la damme, li Pèrez glorieux -vous voeille conduire et oster de villainne penssée et deshonnerable, -car je sui et seray toudis conssillie et appareillie de vous servir à -vostre honneur et à le mienne.» - -Atant se parti li roys de le cambre, et la damme ossi, qui l'aconvoya -jusqu'en la salle où sen pallefroi estoit. Se dist li roys que il ne -monteroit point à cheval tant que la damme fust là: si que pour cause -de briefté la comtesse prist congiet de tous poins pour ceste fois au -roy et à ses chevaliers, et rentra en ses cambrez avoecq ses -dammoiselles. Ensi que li roys devoit monter, la dammoiselle qui estoit -enfourmée de sa damme, s'en vint au roy et s'engenouilla; et quant li -roys le vit, il le leva moult tost et quida que elle volsist parler -d'autre matère que elle ne fist. Se li dist: «Monseigneur, vechy vostre -aniel que madamme vous renvoie et vous prie humblement que vous ne le -voeilliés tenir à villonnie, que point ne voet qu'il demeurèce par -deviers elle. Vous li avés fait tant en autres mannierrez que elle est -tenue, ce dist, à tousjours d'estre vostre serve.» Li roys qui oy la -dammoiselle et v(e)oit son aniel qu'elle tenoit, et ooit la vollenté et -l'escuzanche de la comtesse, fu tous estonnés. Nonpourquant, comme tost -conssilliet à son gré, et affin que li aniaux demorast laiens, ossi que -en soy meysmes ordonné avoit, respondi briefment, car pas n'y affreoit -longe parolle, et dist: «Dammoiselle, puisqu'il ne plaist à vostre -damme li gaains petis que elle a fait à moy, il vous demeure.» Apriès -che parlet, il monta tantost et se parti et yssi hors dou castiel, et -se mist sour les camps avoecq ses chevaliers, et trouva le comte de -Pennebrucq qui l'atendoit à bien cinq cens lanches. Adonc se partirent -il tout enssamble et sieuwirent l'ost. Et la damoiselle dont vous avés -oy, revint à sa damme et ly recorda la responsce dou roy, et li vot -rendre l'anniel d'or que li roys avoit perdu as escèz. Mais la damme ne -le volt prendre; ains dist que elle n'y clammoit riens et que li roys -li avoit donnet: si en fesist son pourffit. Enssi demoura li aniaux dou -roy à a damoiselle. - -Or lairons nous à parler de madamme Aelis la comtesse de Sallebrin; si -revenrons au roy englès et as Escos. Depuis que il se fu partis dou -castiel dessus dit, il chevaucha ceste remontière jusquez au soir, que -il trouva son grant ost logiet sour ungs plains dou loncq d'une -rivière. Si se remist entre les contes et les barons et fist asséz -bonne chierre, et se couvri au mieux qu'il peult de moustrer comment il -li estoit dedentrainnement; ne à nullui, tant fust ses especials amis, -ne s'en fust descouvers. Pour ce ne sentoit il mies mains les maulx -d'ainmer, car si fort en estoit espris, que en son requoy il n'y -faisoit que pensser. Et li avint sour ce voiaige pluisseurs fois que, -quant il estoit assis à table, il mengoit mout petit et n'y faisoit que -pensser: de quoy ses gens s'esmervilloient dont tel penssement li -pooient venir. Et quidoient que ce fuist pour les Escos qui jà, en -ceste année, par deux fois l'avoient travilliet de chevauchier apriès -yaux; et point n'en avoit eue se raison, car toudis s'en refuioient il -vers le forest de Gedours, et encorres tenoient il che chemin; si l'en -ostoient li baron dou plus qu'il pooient. Et bien souffroit li roys, -pour lui couvrir, que de son pensser li Escot fuissent encouppé, et il -escuzéz en aultre mannierre. - -Tant chevaucha li roys poursieuwans les Escos, que il les trouva logiés -et retrès oultre le chité de Bervich, bien trois journées à l'entrée -des bois de Gedours que il avoient mis au dos. Et estoient li dit Escot -là arestet sour les camps moult faiticement, mès tous les soirs il -rentroient dedens les bois où li Englès ne se fuissent jamès enbatu: de -ce estoient il tout aseur. Li rois coummanda à logier touttes -mannierres de gens devant les Escos, et missent tout leur charoy entre -les Escos et eux; et furent là cinq jours, li uns devant l'autre, que -tout les jours li Escot yssoient hors des bois et moustroient par -samblanche que il se volsissent combattre. Et ordonnoient li Englès -touttes leurs batailles et esperoient à avoir de jour en jour -besoingne; mès point ne partoient de leur arroy, fors aucuns baceler -aventureux qui, pour aquerre pris d'armes, chevauçoient avant et -requeroient jouste as Escos. Si sachiés qu'il estoient recheu, ne -oncques nulx ne se parti escondi, et li Escot enssi sour yaux. Ossi de -archers et de compaignons de piet de l'un lés et de l'autre il i eut -pluiseurs escarmurches et paletis, des mors et des navrés de l'un lés -et de l'autre; mès point ne se desroutoient les batailles pour jouste, -ne pour escarmuche qui y fuist. Et emportoient dou tout le huée, des -Escos messires Guillaume Douglas et messires Simons Fresel, et ungs -chevaliers de France qui autrefoix avoit estet en Escoce et qui -presentement avoit rappasset le mer avoecq le roy d'Escoche pour querre -les armes, que on clammoit messire Ernoul d'Audrehen. Chils y fist -maintes belles appertises d'armes. Des Englès y avoit pluiseurs bons -chevaliers, plus que il n'y ewist des Escos, car il estoient plus grant -fuison. Et par especial messires Gautiers de Mauni, messires Loeys de -Biaucamp, messires Jehans Cambdos et messires Guillaummes Filz Warine y -fissent ossi tamainte belle proèche. Fo 64. - -P. 135, l. 28: apriès les Escos.--_Ms. B 6_: Et (li Escochois) se -partirent de Sallebrin, et fut environ heure de tierche, et le roy -d'Engleterre vint là à nonne. Sy fut durement courouchiés quant il -sceut que les Escochois estoient partis. Nienmains il les sievy à route -et se loga ce soir à trois lieues près d'eulx. Et l'endemain il fut -nonne ains que ly ung vinrent. Mais les Escochois estoient à l'entrée -de leur pais et avoient les grandes forests au dos où au besoing il se -povoient retraire, ne jamais les Englès ne les euissent là cachiés. -Ensy furent les Englès et les Escochois trois jours devant l'un l'autre -en une marche entre Gallez et Escoche que on dist Cambray et les bos de -Saint Amant. Fo 199. - -P. 135, l. 29: Bervich.--_Mss. A 7 à 10, 18 à 22, 30 à 33_: Bervich. Fo -81.--_Mss. B 3, A 1 à 6, 23 à 29_: Vervich. Fo 78 vo.--_Mss. A 11 à -17_: Wruich.--Fo 84 vo. - -P. 135, l. 30: forest de Gedours.--_Mss. A 11 à 14_: grant fourest de -Gedours. Fo 84 vo.--_Mss. A 15 à 17_: grant et haulte fourest de -Gedours. Fo 89.--_Mss. A 18, 19_: cité de Gedours. Fo 88. - - -=§ 161.= P. 136, l. 15: Tous ces trois jours.--_Ms. d'Amiens_: Che -terme durant, preudomme et saige chevalier de l'un ost et de l'autre, -avoecquez deuz evesques, cesti de Wincestre, englès, et cesti de Saint -Andrieu, escot, traitièrent ung respit entre ces deux roys à une -delivranche dou comte de Moret, qui estoit pris deviers les Englès, et -ossi dou comte de Sallebrin et dou comte de Sufforc, qui estoient -prisonnier à Paris deviers le roy de Franche. Et enclinoient chil troy -prison les coers de ces deux roys et des plus grans de leur ost à -tretier un respit et yaux ravoir chacun le sien, car il avoient là des -grans amis et dou linage qui vollentiers les veissent delivréz. Ossi il -estoient pris en armes en servant loyaumment leur seigneur, pour quoy -chil roy et chil qui dou tretiet s'ensonnioient, y entendirent plus -volentiers. Finablement tant fu tretiet et parlementet, que unes -trieuwes furent acordées à durer deux ans, se li roys Phelippes de -Franche s'y assentoit, car li roys d'Escoce estoit si fort aloiiés à -lui, que il ne pooit donner trieuwe ne respit, ne faire pais sans lui. -Et se li roys Phelippes ne s'i volloit acorder, si devoient les -trieuwes durer jusquez à le Saint Christophle, par telle condition que -li rois englès ne devoit faire nul comfort ne aydde à ces Englès qui -avoient pris et saisi ces deux fors castiaux, Rossebourch et Strumelin. -Et devoit y estre quittez li comtes de Moret de se prison, se li roys -d'Escoce pooit tant pourcachier au roy de Franche que li comtes de -Sallebrin fust quittez ossi de se prison, et li comtes de Sufforc -receut et mis à finnanche raisonnable, enssi que on doit mettre ung -gentil homme sans lui trop presser. Et devoit tout ce y estre -pourcachiet dedens le feste Saint Jaque et Saint Christofle, que -proçainement on atendoit. Celle trieuwe fu enssi acordée et affremmée -que vous avés oy. Si departi li roys d'Escoce ses gens et dounna à -chacun congiet de raller en son lieu jusques à tant qu'il les -manderoit; et envoya tantost souffissans messaigez en Franche deviers -le roy Phelippe, telz que l'evesque de Saint Andrieu et Alixandre de -Ramesay. Et li roys englès retourna arière à Bervich et donna touttes -ses gens congiet; et s'en ralla chacun en son lieu. - -Environ huit jours se tint li roys englès en le chité de Bervich et -departi touttez ses gens, si comme vous avés oy. Et demoura là à privée -maisnée, chiaux de son hostel tant seullement, et regarda au castiel et -à le forterèce de le ville. Et pria et enjoindi à monseigneur Edouwart -de Bailloeil, qui gardiiens de par lui en estoit, que il en volsist y -estre si songneus que nuls blammes ne dammaigez ne l'en presist; car il -seroit trop courouchiéz se li Escot li embloient ne tolloient par -ygnoranche ne deffaulte de bonne garde. Et li dis messires Edouwars li -respondi: «Monseigneur, nenil, se Dieux plaist. J'en songnerai dou -tamps à venir, si comme j'ay fait jusqu'à orez.» Et li rois li dist -qu'il s'en atendoit bien à lui. - -Endementroes que li roys englès sejourna à Bervich, eult il tamainte -imagination sus le comtesse de Sallebrin, car tant fort en estoit -enamourés, que nullement il n'en pooit partir, ne li oster. Une heure -disoit en soy meysmes que il s'en riroit par là en Engleterre, et puis -tantost le contredisoit, et puis afremoit que si feroit, et que au -congiet prendre, il ne trouva pas la damme si humble enviers lui qu'il -volsist. Pour quoy il li couvenoit remettre ses parolles en milleur -estat, et espoir à son retour elle seroit advisée: si le trouveroit -plus debonnaire qu'il n'avoit fait. Ensi se debatoit li roys à par -lui. Une heure estoit merancolieux, et l'autre joieux. Une heure, -honneurs et loiauté le reprendoient de mettre et d'arester son coer en -tel fausseté que volloir deshonnerer si bon chevalier que le comte de -Sallebrin, qui si loyaumment l'avoit tousjours servi. Et puis amour le -raherdoient et li enortoient, par grant ardeur dont il estoit plains, -que d'estre enamouré de l'amour d'une si noble, si frice, si douce et -si belle damme, pour ung roy et encorrez en son royaumme, il n'y avoit -point de fraude ne de desloyauté; car telz que li chevaliers estoit, il -l'avoit fait: si s'en pooit mieux fiier que d'un autre hors de son -royaumme. Et ossi se il estoit amoureux, c'estoit tout bon pour lui, -pour son pays et pour tous chevaliers et escuiers, car il en seroit -plus liés, plus gais et plus armerès; et en ordonneroit plus de -joustez, plus de behours, de festez et de reviaux qu'il n'avoit fait en -devant; et s'en seroit plus ablez et plus vighereux en ses guerrez, -plus amis et plus privés à ses gens et plus durs à ses ennemis. Ensi li -rois se devise et avise. Une heure, dist qu'il fait follie, quant il y -pense, et que la damme pour qui il a ces assaux, est moult lonch de se -penssée, et que elle se lairoit ainçois ocire que elle fesist cose dont -elle recevist blamme ne deshonneur. Puis dist li rois: «Or, soit que -elle ne me voeille ne daingne amer, si i voeil je pensser et li -parfaitement amer, car li penssée me fait grant bien.» Ensi est li roys -entrés en celle luite qui pas ne le laira ung grant tems, enssi comme -vous orés recorder en avant en l'istoire. Touttesvoiez, adonc avis le -mestria, si que, pour doubte de meffaire et de parperdre che où il -n'avoit encorres riens, il n'osa revenir par la damme de Sallebrin; mès -se recoummanda à lui par monseigneur Guillaumme de Montagut, sen -nepveut. Et li dist li roys: «Guillaumme, dittes à la contesse, vostre -ante, que elle se resjoysse, car temprement rara son marit par deviers -li.» Et li chevalier ly respondy: «Sire, vollentiers.» - -Or lairons à parler dou roy englèz, qui par le Noef Castiel sour Tin, -par Ardenton et par Dancastre, non mies par le comté de Sallebrin, -retourna arrière vers Londres. Si parlerons des messaigiers le roy -David d'Escoce, qui s'en vont en France, et fissent tant par leurs -journées qu'il vinrent à Paris, où il trouvèrent le roy Phelippe et -pluiseurs de ses barons dalléz lui; si le saluèrent bellement. Et li -roys les rechupt en cel mannierre pour le raison de chou qu'il estoient -estraingnier et au roy David, son bon amie. Li dit message -remoustrèrent au roy pourquoy il estoient là venus, et des armées et -chevauchies que li Escos et li Englèz avoient fait, li uns sour -l'autre, et comment li Escot avoient bien ars trois journées de pays en -Engleterre, et par especial la cité de Durem qui estoit rice et grande, -et comment li Englèz avoient à grant effort chevauchiet contre yaux et -nient porté de dammaige, et comment il furent cinq jours tous entiers -logiéz li ung devant l'autre, et tous les jours y avoit joustez, -paletis et escarmuches: «Finablement, chiers sires, unes trieuwez sont -prises à durer deux ans, se vous l'acordéz. Endementroes croistra nos -rois en force et en puissanche, et se repeuplera nos pays, et aquerons -amis de tous costéz, et puis ferons une bonne gherre, forte et desperte -as Englès, car jammais n'y aura ferme pais qui s'i tiengne: trop les -hayons à che costé.» Li roys entendi vollentiers à leurs parolles, et -s'acorda, pour l'amour dou roy d'Escoce et dez barons d'Escoce, à tout -chou que ordonné avoient, ne de riens il n'y contredist. Et delivra -quitte et delivre le comte de Sallebrin, que tenut avoit en prison plus -de deux ans; et mist à raençon convignable le comte de Sufforch et le -recrut sur se foy à avoir paiiet dedens l'année vingt mille escus ou -revenir en prison. Il lez paya, si fu quittez, et li comtez de Moret -delivréz parmy le comte de Sallebrin. Ainssi se fissent chil doy -escange, et se tinrent lez trieuwez entre Escoce et Engleterre. Je n'ai -nient oy parler dou contraire que elle fust de riens enfrainte. Et -toudis guerièrent li Escot le garnison de Strumelin, qui trop leur -cousta ainschois que il le pewissent ravoir. Si siet Strumelin droit ou -coer de leur pays. Fo 65. - -P. 136, l. 18: deus ans.--_Ms. B 6_: trois ans. Fo 199. - - -=§ 162.= P. 137, l. 23: Vous devés.--_Ms. d'Amiens_: Or voeil je -retourner à l'istore de Bretaingne et parler de monseigneur Carlon de -Blois et de la comtesse de Montfort. Vous savés bien en quel point je -laissai le matère, le comte de Montfort pris et emprisonnet ou castiel -de Louvre à Paris, monseigneur Carle de Blois à Nantes, et les -seigneurs de Franche qui aidiet à coummenchier sa guerre li avoient, -repairiet pour le cause de l'yvier, et devoient tout retourner à -l'estet, enssi qu'il fissent. Si me seroit il bien mestier à parler des -gherrez de Gascoingne qui trop fortez y estoient, car li comtes de -Laille, de par le roy de France, y tenoit les camps et avoit enssi que -tout reconcquis la grant duchié d'Acquitaine et constraindoit mout -chiaux de Bourdiaux; car il avoit assis la forte ville de Blaves par -terre et par aige, et n'aloit nus au devant, tant fust de grant affaire -en Gascoingne, ne amis au roy d'Engleterre. Et n'y avoit nulle ville en -Gascoingne, qui se tenissent pour englècez, excepté Bourdiaux, Blaves, -Aux en Gascoingne et la forte et bonne ville de Baione. Mais telle -estoit li intention dou comte de Laille et des seigneurs qui avoecq lui -estoient, que l'une apriès l'autre il les concquerroit. Or revenrons à -le gerre de Bretaingne et lairons à parler de ceste de Gascoingne: -quant temps et lieux sera, bien y retourons. - -Si parlerons coumment messires Carlez de Blois estoit tous quois -demourés en le cité de Nantes, et ens ou pays d'entours qui obeissoit à -lui, demoura tout l'ivier, si comme vous avés oy par devant, sus -l'estat que li dus de Normendie, ses cousins et li comtes d'Alenchon, -ses onclez, li avoient ordonnet, et atendoit le saison d'esté, en -laquelle fait milleur hostoiier qu'il ne face en le saison de yvier. Et -quant celle douce saison (d'esté) fu revenue, tout chil signeur de -France deseure noummet et grant fuison de autres gens avoecq yaux, s'en -rallèrent par deviers Bretaingne à grant puissance, pour aidier -monseigneur Charlon de Blois à reconquère le remannant de le duchet de -Bretaingne: dont il advinrent moult de grant merveilles et de biaus -fais d'armes, ensi comme vous porés oïr. - -Quant tout li seigneur furent venu à Nantes, là où il trouvèrent -monseigneur Charlon de Blois, il orent consseil qu'il assiegeroient le -cité de Rennes. Si yssirent de Nantes en grant arroy, et s'en allèrent -par deviers Rennes et le assegièrent tout environ. La contesse de -Montfort, qui se tenoit à Hainbon, l'avoit, au partir et tout l'ivier, -si bien pourveue et garnie de bonne artillerie, de touttez pourveanchez -et de bonne gent d'armes, que elle en estoit plus forte à concquerre; -et y avoit mis et establi ung vaillant chevalier et hardi pour -cappittainne, que on clammoit monsigneur Guillaumme de Quadudal, gentil -homme durement del pays de Bretaingne. - -Encorres avoit la dite comtesse de Montfort mis grans garnisons par -tout lez autres cités, castiauls et bonnes villes qui à lui -obeissoient, et partout bonnez cappitainnez des gentilz hommes dou pays -qui à lui se tenoient, desquelx le plus elle avoit acquis par biau -parler, par proumettre et par donner; car elle n'y volloit point -espargnier or ne argent, dons ne promesses: desquelx estoient li -evesquez de Lion, messires Amauris de Clichon, messires Yeuwains de -Thigueri, li sires de Landreniaus, le castelain de Ghingant, messires -Henris et messires Oliviers de Pennefort, messire Joffroi de Malatrait, -messires Guillaummes de Quadudal, li doy frère de Quarich et pluiseurs -aultrez bons chevaliers et escuier, tout de Bretaingne. - -Ossi messires Carles de Blois (en avoit) grant fuison qui à lui se -tenoient, et plus que n'ewist li comtesse, desquelx estoient li drois -sires de Clichon, messires Hervis de Lion qui estoit retournés, li -viscontez de Rohem, li sires d'Avaugor, li sires de Quitin, li sires de -Tournemine, li sires d'Ansenis, li sires de Biaumanoir, li sires de -Rais, li sires de Rieus, li sires de Laval, li sires de Gargoule, li -sires de Loriach et tout banerech, et pluisseur aultre chevalier et bon -escuier, qui nullement ne volloient estre de le partie de Montfort. Et -li autre tenoient le opinion si bonne et si juste, que, pour amorir, il -ne fuissent tournés Bloisois. Ensi estoit la grande terre de Bretaingne -entoueillie en guerre, li oncles contre le nepveult, li frèrez au -frère, li pèrez au fil tels fois fu, li germains au cousin germain, li -voisin à sen voisin. Et dura ceste guerre trop grant tamps, ensi comme -vous orés recorder avant en l'istoire. Or parlerons nous dou siège de -Rennez. Fos 65 vo et 66. - -P. 137, l. 25: de Bourbon.--_Le ms. B 6 ajoute_: le conte de Forès, le -conte de Boulongne. Fo 199. - -P. 139, l. 2: doi frère.--_Mss. A 11 à 14_: les deux frères de Quintin, -monseigneur Geffroy de Maallechat, monseigneur Robert de Guiche, -monseigneur Jehan de Quoyquem et pluseurs aultres. Fo 85 vo. - -P. 139, l. 2: Quirich.--_Mss. A 1 à 6_: Chirich. Fo 88 vo.--_Mss. A 20 -à 22_: Tirich. Fo 133 vo. - -P. 139, l. 11: dire.--_Mss. A 11 à 14_: qu'il avoit adonc pourchacié sa -prinse et fait trahir par les bourgois. Fo 85 vo. - - -=§ 163.= P. 139, l. 16: Messires Charles.--_Ms. d'Amiens_: Messires -Carles de Blois et li seigneur de Franche tinrent le siège assés -longement devant le cité de Rennes, et y fissent grans dammaigez et -mains fors assaux par les Espagnos et par les Geneuois, dont il avoient -grant fuison en leur ost. Et chil de d'ens se deffendirent bien et -vassaument, par le consseil dou bon chevalier monseigneur de Quadudal, -si sagement que cil de dehors y perdirent plus souvent qu'il n'y -gaegnoient. Si avoient fait li signeur de France drechier grans -enghiens devant la cité, qui y gettoient grosses pierres et qui trop -durement le travilloient. - -Endementrues que chils sièges estoit si grans et si fors devant Rennes, -la comtesse de Montfort, qui se tenoit en Hainbon o grant fuison de -chiaux de son acord, eult consseil que elle envoieroit au secours -deviers le roy d'Engleterre, de qui ses sires li comtez de Montfort -avoit relevet la duché de Bretaingne: si l'en devoit aidier à deffendre -et à gharandir contre tous hommez. La damme de Montfort eut ce consseil -et le vollenté de là envoiier; mès à trop grant dur trouva elle qui y -volsist aller, car nulz ne le volloit laissier ou parti où elle estoit, -pour sen onneur. Toutesvoies, tant pria elle les ungs et les autres et -leur remoustra tant de bellez et doucez parolles, que messires Amauris -de Clichon s'acorda ad ce que il feroit le messaige. Si entra en ung -vaissiel et prist bon maronnier, et se mist en mer en le vollenté de -Dieu et dou vent, en singlant devers Engleterre, et arriva dedens cinq -jours ou havene de Hantonne. Si demanda où li roys estoit; on li dist: -à Londres. Adonc monta il à ceval et toutte se routte; et -chevauchièrent tant qu'il vinrent à Londres. - -Quant li roys seut la venue monsigneur Amauri de Clichon, si en eut -grant joie, car il penssoit bien avoir nouvellez de Bretaingne. Se le -fist tantost venir avant et le rechupt liement, et li demanda que sa -cousinne la contesse de Montfort faisoit: «En nom Dieu, monseigneur, si -se recoummande à vous comme celle qui a grant mestier de vostre -comffort, car messires Carlez de Blois et grant fuison de bonne -chevalerie de Franche li font très forte guerre; et seoient devant le -cité de Rennes, quant je me parti. Si vous prie madamme que vous le -voeilliés secourir et envoiier par delà ung de vos petis marescaux qui -li aye son hiretaige et de son fil à deffendre.»--«Par me foy, dist li -roys, je le feray vollentiers.» Adonc regarda li rois sus monseigneur -Gautier de Mauni et li dist: «Gautier, vous m'avés servi en pluiseurs -bellez besongnes. Encorres vous prie jou que vous me servés en ceste, -et je vous deliveray gens, or et argent assés pour furnir vostre -voiaige.»--«Sire, respondi messires Ghautiers, Dieu me gart que jà je -refusse cose que vous coummandés à faire. Or ordonnés dou sourplus, car -je sui tous prês dou mouvoir quant il vous plaira.» Che dist li rois: -«Grant merchy, messire Gautier.» - -Assés tost apriès, messires Gautiers de Mauny s'appareilla et ordonna; -et fu ses mendemens fais et assis, et se carge, en le ville de -Hantonne. Si se parti dou roy qui le fist souverain et cappittainne de -ceste armée, et vint à Hantonne, et messires Amauris de Clichon o lui; -et là sejournèrent il douze jours, en attendant leurs gens et en -faisant leurs pourveanches, et ossi le vent qui leur estoit contraire. -Au tresimme jour entrèrent il en mer. Si estoient trois cens hommez -d'armes et douze cens archiers d'eslite. Avoecq monseigneur Gautier de -Mauny estoient des chevaliers messires Frankes de Halle, messires -Gerars de Baudresen, li doy frère de Loynendale, messires Loeys et -messires Jehans, li Haze de Braibant, messires Hubers de Frenay, -messires Alains de Sirehonde, li sires Despenssiers, li sires de -Ferièrez, messires Thomas Kok, messires Hues de Hastinges, messires -Alixandres Anssel, messires Jehans li Boutilliers et pluiseur aultre. -Si nagièrent par mer et tournèrent leurs singlez par deviers -Bretaingne. Che premier jour eurent il assés bon vent, le second les -prist une fortune si grande que il quidièrent y estre tout peri; et les -rebouta li vens bien parfont en Cornuaille. Si furent sur mer plus de -soixante jours par les vens contrairez et par les fortunnez qui leur -avinrent. Et toudis les atendoit de jour en jour la contesse de -Montfort en grant mescief de coer; car bien savoit que chil de Rennes -avoient moult à souffrir, et moult vollentiers les ewist conforté, -s'elle pewist. Fo 66. - -_Ms. de Rome_: Qant ce vint sus le printemps, et que la douce saison fu -retournée, messires Carles de Blois envoia ses messages en France, et -par especial le seigneur de Biaumanoir deviers le roi son oncle, pour -priier que il li vosist envoiier gens qui li aidassent à reconquerir le -demorant dou pais de Bretagne. Li rois s'enclina à celle priière et -manda au conte Raoul d'Eu, son connestable, et au conte de Ghines, son -fil, que il fesist son mandement de gens d'armes et d'arbalestriers, et -s'en alast en Bretagne. Li dus de Bourbon, messires Jaquemes de -Bourbon, li contes de Blois, li contes de Vendome, mesires Loeis -d'Espagne, li sires de Chastellon, li sires de Couchi, li sires de -Montmorensi, li sires de Saint Venant et grant fuisson de la baronie et -chevalerie de France se ordonnèrent et se missent au cemin. Et -esploitièrent tant que il vinrent en la chité de Nantes, et se -trouvèrent, sus quinse jours, bien six mille honmes d'armes et douse -mille honmes à lances et as pavais, parmi les arbalestriers geneuois, -des quels mesire Oste Dorie estoit chapitainne, et avoecques li -messires Carles Grimaus. Et se departirent un jour de Nantes en grant -arroi et poissance, et prissent le cemin de Rennes, et fissent tant que -il i parvinrent, et bastirent là lor siège tout à l'environ. Pour ces -jours avoit grans fourbours à Rennes, mais li chapitainne de Rennes et -li saudoiier qui dedens estoient, qant il sentirent que on les venoit -assegier, les ardirent, et avoient fortefiiet grandement lor ville de -toutes pars. Par devant Rennes ot grant siège et lonch, et qui moult -avant dura en l'esté, et fait tamainte escarmuce et maint assaut. Et -moult bien s'i portèrent chil de dedens, voires li gentilhonme, -messires Guillaume de Quadudal et li aultre; et avoient tous jours -regart sus les bourgois de Rennes que il ne fesissent auqun vilain -tretié à ceuls de l'oost. - -La contesse de Montfort, qui se tenoit à Vennes, n'estoit pas forte -assés pour lever le siège, et dist à son consel: «Il me fault envoiier -au secours en Engleterre. Je poroie bien trop atendre.» Son consel fu -d'acort à tout ce faire, et priiés de par li messires Amauris de Cliçon -que il i vosist aler. Li chevaliers ne l'euist jamais escondit et -s'ordonna à partir. Et qant il ot ses lettres adreçans au roi -d'Engleterre et à mesire Robert d'Artois et à auquns barons et -chevaliers d'Engleterre, il entra en un vassiel ou havene de Vennes -meismes, et se departi et singla tant par mer, à l'aide de Dieu et dou -vent, que il vint à Pleumude. Et là s'arestèrent et ancrèrent li -maronnier, puis issi li dis messires Amauris de son vassiel et sa -famille; et se rafresqirent dedens la ville et pourveirent des chevaus. -Et qant il furent tout apparilliet, il montèrent et chevaucèrent viers -Londres, et tant fissent que il i parvinrent. Pour ces jours, li rois -et la roine et mesires Robers d'Artois estoient en la marce de Bristo: -si lor fu painne. Toutes fois il ceminèrent celle part, et trouvèrent -le roi et la roine qui festioient le conte de Saslebrin et le conte de -Sufforch, qui nouvellement estoient issu hors de la prison de France, -et s'estoient rançonné li doi conte à vint mille nobles. - -Qant mesires Amauris de Cliçon fu venus deviers le roi, on li fist -voie. Il se mist en genouls; il bailla ses lettres. Li rois les prist -et les lissi; et portoient creance. Adonc fu trais à part dou roi -mesires Amauris de Cliçon, et encores en ce consel li rois apella -mesire Robert d'Artois. Et là parla li dis chevaliers et compta tout -l'estat de Bretagne, et conment on s'i portoit, et de la chité de -Rennes conment elle estoit assegie. Et prioit li chevaliers au roi, de -par la contesse, que il i vosist entendre, pour aidier à deffendre et -garder le pais, car sans son aide la poissance de la dame estoit moult -petite, car si ennemi tenoient les camps. Li rois respondi et dist: -«Mesire Amauri, vous nous estes li bien venus; et dedens quinse jours, -nous serons en la marce de Londres, et auerons une partie de nostre -consel, et là serés vous expediiés de toutes coses; mais nous sonmes -pour le present sus nostres deduis. Si ne poons pas entendre à tels -coses, ne faire response telle que li chas demande; car nous avons -trieuves, ensi que vous savés, à nostre adversaire Phelippe de Valois. -Si nous couvient bien avoir consel conment nous nos ordenerons de la -gerre de Bretagne.» Messires Amauris de Cliçon se contenta assés de -ceste response, et se departi (du roi) et de mesire Robert d'Artois, et -s'en retourna à Londres. - -Qant ce vint au jour que li rois deubt estre à Londres, il i fu et jà -avoit il escript et mandé son consel, celi que il voloit avoir. Et tout -furent à Wesmoutier, et là vint messires Amauris de Cliçon. Si fu -appellés en la cambre dou consel, et là, en la presence dou roi et dou -consel, il remoustra ce pour quoi il estoit venus, et prioit que il -fust briefment respondus, et la contesse de Montfort, sa dame, -secourue. On fist issir le chevalier de la cambre, tant que li consauls -dou roi euist parlé ensamble. - -Là ot en ce consel pluisseurs coses et paroles retournées, car li rois -d'Engleterre ne voloit nullement enfraindre ne brisier les trieuves qui -données estoient, jurées et seelées à tenir deus ans entre li et -Phelippe de Valois. Et ossi il couvenoit que la contesse de Montfort -fust aidie et confortée dou roi et des Englois, puis que on avoit la -ducée de Bretagne relevé de li, et que on le tenoit et voloit tenir en -foi et en honmage de la couronne d'Engleterre. Or fu avisé que on -feroit une cose raisonnable, sans ce que li rois s'en ensonniast en -riens. Puis que la contesse de Montfort mandoit secours, on l'en -envoieroit pour ses deniers, tant conme elle en vodroit avoir et poroit -paiier, ce point ne li pooit on oster; et qant les trieuves seroient -fallies entre France et Engleterre, li rois aueroit aultre consel. Donc -fu apellés messires Amauris de Cliçon, et li fu dit conment pour celle -fois il couvenoit que il ouvrast. Qant il vei ce, il considera raison -et se delivra dou plus tos que il pot, et quist gens d'armes et -archiers; et li signeur d'Engleterre li aministrèrent lesquels il -prenderoit pour bien faire sa besongne. - -Tout nouvellement estoit retournés dou roiaulme d'Escoce messire -Gautiers de Mauni, un jones chevaliers de Hainnau, qui trop -vaillanment s'i estoit portés en tous les fais d'armes où on l'avoit -veu et trouvé, et tant que il en avoit souverainnement la grace et la -renonmée. Si fu retenus de mesire Amauri de Cliçon, et pour estre -saudoiiers à la contesse de Montfort et chapitainne de tous les -aultres, et ot de sa carge trois cens lances et deus mille archiers. Et -fu tout de fait aviset si grande la carge d'archiers pour raemplir les -garnisons. Si ordonnèrent lors pourveances et lors navies à Pleumude, -et qant tout fu prest, et chil venu qui devoient passer oultre en -Bretagne, il entrèrent en lor vassiaus. Si se desancrèrent dou port de -Plemude et entrèrent en mer. Avoecques messire Gautier de Mauni, qui -souverains fu de ceste armée, estoient doi chevalier frère, Lois et -Jehans de Leinendale, mesires Hubiers de Frenai, le Hazle de Braibant, -mesire Gerart de Baudresen, mesires Alains de Sirehomde, mesires Lois -Clambo, mesires Edouwars de Lanton, messire Guillaumes Touchet, mesires -Hues de Ferrières, Guillaume Penniel, Thomas Paule, Jehan et Guillaume -Clinqueton et pluisseur aultre; et singlèrent par mer et tournèrent -viers Bretagne. Mais qant il furent en mi cemin de la mer, il orent -fortune moult grande et vent si contraire que il furent sus le point de -estre tout perdu; et les boutèrent chil vens et celle fortune en la mer -d'Irlande. Et furent plus de quinse jours avant que il peuissent -retourner sus lor cemin, et vinrent prendre terre à lor retour de la -mer d'Irlande en l'ille de Breha, c'est des tenures de Bretagne; et là -se rafresqirent quatre jours. Et puis rentrèrent en lors vassiaus, et -prissent la mer pour venir à Hainbon là où la contesse de Montfort les -atendoit, à laquelle nous retournerons un petit, et parlerons dou siège -de Rennes. Fos 78 et 79. - -P. 140, l. 21 et 22: deus mille ou trois mille.--_Mss. B 3, A 11 à 14, -18, 19, 23 à 33_: deux ou trois mille. Fo 79 vo.--_Mss. A 1 à 10, 15 à -17, 20 à 22_: trois ou quatre mille. Fo 89. - -P. 140, l. 28: Neynendale.--_Mss. B 3, A 7 à 10, 15 à 17, 23 à 33_: -Leynendale, Leynondale, Lynnodale, Leynoudale. Fo 79 vo.--_Mss. A 1 à -6, 18 à 22_: Leynodelle. Fo 89.--_Mss. A 11 à 14_: Leindechalle. Fo 86. - -P. 141, l. 7: Rennes.--_Mss. A 15 à 17_: où vaillaument ilz se -tenoient. Fo 90 vo. - - -=§ 164.= P. 141, l. 8: Or est.--_Ms. d'Amiens_: En che terme que la -damme de Montfort avoit envoiiet au secours en Engleterre, et les lons -jours qu'il missent au venir, eut devant la chité de Rennes tamaint -grant assault et mainte forte escarmuche. Et tant y sirent li Franchois -que cil de dedens en estoient tout anoieus. Et vollentiers se fuissent -rendut à monseigneur Carlon de Blois, se messires Guillaummes de -Quadudal l'ewist conssenti; mès nullement il ne s'i volloit accorder. -Et leur brisoit et tolloit toudis leur proupos; et leur disoit que, se -il plaisoit à Dieu, il ne feroient jà lasqueté à leur bonne damme. - -Li bourgois de Rennes, qui durement estoient apresset de ce siège, et -qui veoient leurs biens gaster de tous costéz, et sentoient le comte de -Montfort pris, et ne perchevoient nul secours de nul costet, eurent -entr'iaux advis et accord qu'il se renderoient; et se messires -Guillaummes de Quadudal ne s'i volloit assentir, il le prenderoient et -le meteroient en prison. Ensi qu'il proposèrent, il le fissent; et -remoustrèrent leur entente et le povreté où il estoient et pooient -encorrez esceir plus grande, et de legier: pour quoy il se volloient -rendre et yssir de ce peril. Li chevaliers, pour amorir, ne s'i fust -jammais acordé. Et quant li bourgois virent che, il le prissent de -force et l'emprisonnèrent. Et puis envoiièrent tretier deviers -monseigneur Carlon de Blois que il li renderoient la cité de Rennes, -par condition que il li volsissent pardonner son mautalent et sauver -les biens de le ville, et quitter le chevalier qu'il tenoient en -prison, et laissier aller, quel part qu'il volsist, Monfortois ou -autre, et tous chiaux ossi qui ceste oppinion volloient tenir. - -Messires Carles de Blois, par le consseil qu'il eut des seigneurs de -France qui là estoient, s'i accorda et leur pardonna son mautalent; et -entra en le chité de Rennes à grant pourcession et à grant joie, et -prist l'ommaige et le feauté des bourgois de le cité et leur tint tout -leur convens. Si fu mis messires Guillaummes de Quadudal hors de -prison. Et li fu demandet de quel costet il se volloit traire: il -respondi que il avoit son sierment à sa damme et que celle part iroit -il, se on le laissoit aller; et on li dist: «oil.» Enssi s'en vint li -chevaliers à Hainbon deviers la comtesse de Montfort, qui le rechupt à -joie, mais elle fu mout couroucie quant elle seut que la cité de Rennes -estoit rendue; et si n'ooit nulle nouvelle de monseigneur Amauri de -Clichon, ne de sa compaignie. Fo 66. - -_Ms. de Rome_: Messires Carles de Blois et li signeur de France desus -nonmet tinrent le siège assés longement devant la chité de Rennes, et i -livrèrent pluisseurs assaus, tant que li bourgois de Rennes se tenoient -à moult cargiet dou dit siège, et euissent volentiers entendu à auquns -trettiés deviers messire Carle, se il euissent osé; mais il doubtoient -lor chapitainne et les saudoiiers, et disoient entre euls: «Nous sonmes -plus que fol, qui nous faisons guerriier et destruire pour la contesse -de Montfort, et tenons son opinion à bonne. Si en perdons nos biens as -camps et nos hiretages, et en sonmes tous les jours en aventure d'estre -mort par les assaus et escarmuces que chil de l'ost nous font. Et ne -nous est apparans nuls confors de nul costé, car celle contesse à la -longe ne puet durer contre la poissance de France.» - -Tant parlèrent et murmurèrent secretement entre euls chil de Rennes que -de un conmun acord une nuit il prissent lor chapitainne messire -Guillaume de Quadudal et l'emprisonnèrent en une tour, et des -saudoiiers auquns, liquel estoient à lor avis li plus poissant, par -quoi il fuissent mieuls au desus de lor emprise. Et puis il tretiièrent -deviers mesire Carle de Blois et les François. Et se rendirent par -condition telle que ceuls que il avoient pris, il les deliveroient -quites et delivrés, et les lairoient aler euls et le leur deviers la -contesse de Montfort, se aler i voloient; et euls aussi et le lour -demoroient en segur estat, et il devenoient bons François, et -recongnissoient messire Carle de Blois à lor signeur et à duc de -Bretagne. - -On entendi volentiers à lors trettiés, et lor furent acordé, juré et -tenu, tout ensi conme il le vodrent avoir. Et se partirent mesires -Guillaumes de Qadudal et tout li compagnon que la contesse i avoit -envoiiet, car jamais ne se fuissent tourné François, de la chité de -Rennes, et cargièrent toutes lors coses, sans riens laissier derrière, -et s'en alèrent à Hainbon deviers la contesse, qui moult fu courouchie -de ces nouvelles et ot pluisseurs imaginations, pour tant que elle -n'ooit nulles nouvelles de mesire Amauri de Cliçon, et faisoit doubte -que il ne pooit esploitier, pour tant que son mari estoit tenus des -François, et ne savoit se il estoit mors ou vifs. Fo 79 vo. - - -=§ 165.= P. 142, l. 3: Quant la.--_Ms. d'Amiens_: Quant la cité de -Rennes se fu rendue, ensi comme vous avés oy, et li bourgois eurent -fait le feaulté à monseigneur Carlon de Blois, et il eut pris le -saisinne et le possession de tout et regardé as ordounnanches de le -cité, et fait reparer che qui desparet estoit par son assault, si ot -consseil à ses amis de Franche quelle part il poroit traire à tout son -host, pour mieux avant esploitier de reconquère le remannant. Li -conssaux se tourna à çou qu'il se traisist par devant le fort castiel -de Hainbon, là où li comtesse et ses filz estoient; car puisque leurs -sirez li comte de Montfort estoit emprissonnés, se il pooit prendre le -ville, le castiel et le comtesse et son fil ossi, il aroit tost sa -guerre affinnée. Enssi fu fait. Si se traisent tuit vers Hainbon, et -assegièrent le ville et le chastiel tout autour tant qu'il porent par -terre. La comtesse estoit si bien pourveue de bons chevaliers et -d'autres souffissans gens d'armes qu'il couvenoit pour deffendre le -ville et le castiel; mès toudis estoit en grant souppechon dou secours -d'Engleterre que elle atendoit, et si n'en ooit nullez nouvelles. Ains -avoit doubtance que grans meschiés ne leur fust avenus, ou par fortune -de mer, ou par encontre d'ennemis. Avoecques lui estoit en Hainbon li -evesques de Lion en Bretaingne, dont messires Hervis de Lion estoit -onclez, qui estoit de l'autre partie. Et si y estoit messires Yewez de -Tiegueri, li sires de Landreniaus, li doy frère de Pennefort, li -castelains de Guigant et pluiseur autre bon chevalier et escuier de -Bretaingne. Quant la comtesse et cil chevalier qui en Hainbon se -tenoient, entendirent que chil seigneur de Franche venoient pour yaux -assegier et que il estoient assés priès de là, il fissent coummander -que il sonnaissent le blancloque, et que chacuns s'allast armer et -allast à sa deffensce, enssi que il estoit ordonnet. Et chacuns obei -sans contredit. - -Quant messires Carlez de Blois et li seigneur franchois furent -aprochiet de le ville de Hainbon et il le virent forte et bien -breteskie, il fissent leur gens logier et amanagier, enssi qu'il -appartient, quant on voelt faire siège. Aucun jouene et legiers -compaignons geneuois, espaignol et franchois allèrent jusques as -baillez pour paleter et escarmuchier; et aucuns de chiaux de dedens -yssirent contre yaux, enssi que on fait souvent en telx besoingnes. Là -eult pluiseurs hustins, et pardirent plus li Geneuois et Espagnol qu'il -n'y gaignièrent, enssi qu'il avient souvent par lui follement -abandounner. Quant li soirs aprocha, chacun se retrai à se loge. -L'endemain, li seigneur eurent consseil qu'il feroient au matin -assaillir lez baillez fortement, pour veoir le contenanche de chiaux de -dedens, et pour veoir se il y poroient riens concquester. Au tierc jour -dou siège durant, il s'armèrent en l'ost et vinrent devant les murs, -environ heure de prime. Si coummenchièrent ung assault très fort et -très fier de traire et de lanchier et de faire touttes appertises -d'armes, et chil de d'ens à yaux deffendre de grant couraige. Et dura -chilz assaux continuelment jusques à heure de nonne, que Geneuois et -Espagnols, qui moult s'abandonnoient, furent durement lasset et -travilliet, et pluiseur mort et navret. Si se retraissent pour le -foule, et pour remettre à point lez blechiés. Quant li seigneur de -Franche virent leurs gens retraire et enssi que refroidiéz, si en -furent durement coreciet. Si fissent touttez mannierrez de gens retrère -avant et yaux encoragier et enhardir, et plus fort assaillir que -devant; et chil de dedens si s'efforchièrent ossi dou bien deffendre. -Là estoit la comtesse de Montfort toutte armée, montée sus un -courssier, et chevauchoit de rue en rue par le ville et semonnoit ses -gens de bien deffendre. Et faisoit les femmes de le ville, dammes et -autrez, deffaire les chauchies et porter les pières as cretiaux pour -jetter as ennemis; et faisoit aporter bombardes et pos plains de vive -cauch, pour plus ensonniier chiaux de l'ost. Fos 66 vo et 67. - -_Ms. de Rome_: Ensi eurent messires Carles de Blois et li François la -chité de Rennes, et entrèrent dedens à grant joie. Et rechurent li -bourgois le dit mesire Carle à duch et à signeur et le menèrent à -l'eglise, et là jura solempnelment sus Saintes Ewangilles que il les -tenroit as us et as coustumes brettes; et tout devinrent si honme. Si -se rafresqirent quatre jours en la chité des biens qui lor vinrent de -sus le pais, et que il i trouvèrent. Et orent là li signeur consel -ensamble où il se trairoient, ou devant Vennes, ou devant Hainbon là où -la contesse de Montfort estoit. Consilliet fu que il iroient devant -Hainbon, et encloroient la contesse là dedens; et, se il le pooient -conquerir, lor guerre seroit finée. Si se departirent un jour de Rennes -en grant conroi, et s'en vinrent à Hainbon; et l'asegièrent par terre -et environnèrent si avant que il porent, car au lés deviers la mer il -ne pooient bastir nul siège. - -La contesse estoit bien pourveue de ses amis, de chevaliers et -d'esquiers et de bonnes gens d'armes, les quels elle tenoit à ses gages -à Hainbon, à ville et chastiel. La contesse se tenoit ou chastiel, et -ses gens en la ville. Avoecques la contesse de Montfort, qant li -François vinrent là, estoient mesires Ives de Tigeri, li sires de -Landreniaus, li chastellains de Ghingant, li doi frère de Quirich, -messires Henris de Pennefort et messires Oliviers, son frère, et li -evesques de Lion en Bretagne, dou quel messires Hervis de Lion, qui se -tenoit avoecques messire Carle de Blois, estoit oncles. Entrues que li -François se logoient, li Geneuois et li Espagnols, des quels mesires -Loys d'Espagne, marescal de l'oost mesire Carle, estoit chapitainne, -voires avoecques lui mesires Othes Dorie, alèrent escarmuchier as -barrières. Et là vinrent chil de la garnison, qui vaillanment s'i -portèrent; et dura li escarmuce jusques au soir que tout se retraissent -as lors logeis. A l'endemain, de rechief on vint as bailles lancier et -escarmuchier; et en i ot biaucop de bleciés de une part et d'aultre. Et -entrues que li escarmuce estoit, on assalloit as murs priès que de -toutes pars, et chil de la ville se deffendoient vaillanment. La -contesse de Montfort, qui avoit coer d'onme et de lion, estoit armée et -montée sus un coursier, et amonestoit ses honmes de bien faire. Et -cevauçoit de rue en rue, et faisoit par les fenmes et les enfans -deffaire les cauchies, et porter la pière et les calliaus sus les murs, -et servir ceuls qui se deffendoient. Fo 79 vo. - -P. 142, l. 22: li evesques de Lyon.--_Mss. A 20 à 22_: oncle à messire -(Hervi) de Lyon. Fo 135.--_Tous les autres mss. A et tous les mss. B -donnent la mauvaise leçon_: dont messires Hervis de Lyon estoit neveus. - -P. 142, l. 26: Quirich.--_Mss. A 11 à 14_: Quintin. Fo 86 vo. - - -=§ 166.= P. 144, l. 7: Encores.--_Ms. d'Amiens_: Or pourés oïr une très -grant emprise et ung mervilleux et outrageux fait d'armes que ceste -comtesse fist. Elle qui oncques ne cessoit d'aller de l'un à l'autre -pour rencoragier sez gens, et ossi à le fois elle montoit en une haute -tour dou castiel pour mieux aviser le contenance de chiaux de l'ost, si -regarda une fois que elle estoit là montée, que tout li seigneur de -France et touttez mannierrez d'autrez gens estoient à l'assault et -entendoient si fort et si ententivement à l'assaillir, que tout li -logeis estoient ensi que wuit et sans garde. Que fist elle pour -adamager chiaux de l'ost? Elle requeilli environ trois cens compaignons -et les fist monter à cheval, et se parti de Hainbon par une fausse -postierne qui ouvroit sus le mer, auquel endroit il n'y avoit adonc -point d'assault; et prist son tour tout autour de le ville par voies -couvertez. Bien avoit qui mener le savoit, et s'en vint ens ès tentez -et ens ès logeis de France, et se feri dedens vassaument, et fist ses -gens espardre en pluisseurs lieux; car nulz n'y estoit, qui leur pewist -contredire, fors aucuns garchons et vallès chetilz. Là tuèrent il, et -boutèrent le feu à mout vent ens ès tentes et ens ès logeis lez -seigneurs de Franche. Tantost li feux s'esprist grans et villains, car -li une tente ardoit l'autre, tant que li punaisie et li fumière en -descendoit sour chiaux qui à l'assaut estoient. Quant li seigneur de -France virent leurs loges ardoir, et oïrent le hu et le cri qui de -celle part venoit, il furent tout esbahy et coururent vers leurs -logeis, en criant: «Trahi! Trahi!» Et ne demoura nuls à l'assault. - -Quant la dessus dite comtesse vit l'ost estourmir et de touttes pars -gens acourir, elle requeilla et rassambla ses gens bellement et -sagement, et perchut bien que elle ne poroit rentrer en le ville sans -trop grant perte. Si s'en alla ung autre chemin droit par deviers le -castiel de Braait, qui siet à quatre lieuwes priès de là. Quant -messires Loeys d'Espaingne, qui estoit connestablez adonc de toutte -l'ost et qui ceste aventure avoit pris en grant despit, quant il parfu -venus as loges et il lez vit ardoir et flammer, et la comtesse et sa -gent qui s'en alloient quanqu'il pooient, il se mist en cace apriès -yaux pour yaux raconssuiwir en criant son cor, et chacuns sieuwi sa -bannierre. Si furent durement enchauchiés la comtesse et li sien; et en -tuèrent aucuns qui estoient mal montés. Et dura li cace jusquez à -Braait, où la comtesse et li sien se sauvèrent et boutèrent; et lez -requeillirent chil de laiens à grant feste. - -Quant messires Loeys d'Espaingne seult par les prisonniers que pris en -cette cache avoit, que c'estoit la comtesse qui che destourbier li -avoit portet et à toutte l'ost, si fu durement courouchiéz de ce que -elle li estoit escappée ensi. Si s'en retourna deviers leur ost et -compta as seigneurs que ce avoit estet la comtesse de Montfort qui -ceste envayée leur avoit fait: si en furent durement esmervilliet li -ung par l'autre coumment elle avoit oset entreprendre tel fait, et li -mettre en si grant aventure et en tel parti d'armes. Se li tinrent li -aucun à outraige et à folie, et li autre à proèce et à vaillanche. Se -chil de dehors en estoient esmervilliet, chil de dedens, ses gens -meymmez, l'estoient plus; et ne pooient apenser coumment la comtesse -avoit tout ce adviset, ne oset entreprendre. Mais il furent, le parfait -dou jour et toutte la nuit enssuiwant, en grant frichon et esmay de ce -que la damme ne nulx de ses compaignons ne retournoit: si n'en savoient -que pensser, ne quoy adviser; et se doubtoient que elle ne fuist prise, -et toutte la compaignie qui avoecq lui yssi, ossi morte ou prise au -mieux venir. Fo 67. - -_Ms. de Rome_: Encores s'avisa celle contesse de une très grande -emprise que on li doit bien tourner à vaillance, car elle fist environ -deus cens honmes des siens monter as cevaus, et puis fist ouvrir une -porte où nuls n'asalloit. Et se partirent, elle et ses gens, et s'en -vinrent par derrière bouter et fraper ens ès logeis des François, qui -n'estoient pour l'eure gardé que de varlès et garçons, car tout honme -d'armes entendoient à l'asaut ou il le regardoient. Qant la contesse fu -là venue, elle fist bouter le feu en plus de trente lieus. Li feus et -la fumière s'eslevèrent; la noise et li cris conmenchièrent à lever. -Chil qui asalloient, laissièrent tout quoi ester les assaus, et -s'esmervilloient que ce pooit estre. Et perdirent li signeur, par celle -emprise et ce feu, grant fuisson de lors chevaus et de lors -pourveances. - -Messires Lois d'Espagne, marescaus de l'oost, fu auques li uns des -premiers qui retournèrent sus les logeis, et entendi que la contesse de -Montfort avoit fait celle emprise. Il ne fu pas si courouciés dou -damage que il fu resjois de ce que la contesse estoit hors de la -garnison, et cria en hault: «Or, tos as chevaus! Celle fenme et sa -route soient poursievoit! Jamais ne renteront en Hainbon, ne en -forterèce qui soit en Bretagne: il sont nostre. Aultrement ne poons -nous avoir fin de gerre.» Lors veissiés toutes gens haster et monter -sus chevaus, et euls asambler dalés le marescal qui faisoit sonner ses -tronpètes à grant effort pour requellier ses gens; et prendoient le pas -de la ville pour enclore la contesse au dehors, ensi que il fissent. La -contesse perchut bien que point ne poroient rentrer en Hainbon. Si -prist les camps et dist à ces gens: «Chevauçons viers Brest. La -garnison est pour nous. Là serons nous receu.» Il fissent ensi que elle -ordonna, et prisent le cemin de Brest, et estoient jà moult eslongiet -avant que on s'en perçuist en l'oost; car messires Lois d'Espagne et li -François avoient clos les pas et les rentrées en Hainbon, à la fin que -il fuissent au desus de la contesse et de ses gens. On vint dire et -nonchier à mesire Lois: «Sire, vous arestés ichi pour noient; la -contesse et ses gens s'en vont viers Brest.» - -Qant messires Lois d'Espagne oï ces nouvelles, si dist: «Apriès! -apriès!» Lors veissiés toutes gens desrouter et ferir à l'esporon -apriès la contesse. Ce jour furent li François bien ensonniiet, car li -auqun entendoient au cachier, et li aultre à estaindre le feu qui se -mouteplioit ens ès logeis, qui lor fist grant damage de lors chevaus, -de lors harnas et de lors pourveances. Meismement li auqun François -disoient l'un à l'autre: «Veés la vaillant contesse, et qui bien scet -guerriier et a fait aujourd'ui une grande emprise, issu de la ville de -Hainbon, ars nostres logeis, fait cesser l'asaut de devant Hainbon; et -encores s'en va elle à Brest, et tout acomplira ces emprises sans son -damage.» Il disoient verité, car onques mesires Lois d'Espagne ne sa -route ne le peurent rataindre; mais s'en vint bouter ou chastiel de -Brest. Il i eut bien auquns de ses honmes mal montés qui furent -raconsievi sus le cemin, et chil là demorèrent prisonnier et en la -volenté de lors ennemis. - -Trop fu mesires Lois d'Espagne courouchiés qant il vei que la contesse -de Montfort li estoit escapée et entrée ou chastiel de Brest. Si s'en -retourna tout le pas. Tant estoient lor ceval essouflé que jusques à la -grose alainne. Et vinrent li François as logeis et trouvèrent que on -estoit moult ensonniiet de remetre à point tentes et trefs, et de faire -nouviaus logeis de fuellies, et de envoiier as pourveances à Rennes et -sur le plat pais, car les lors estoient moult adamagies. Messires Lois -d'Espagne, qant il fu descendus et desarmés, il se traist devant la -tente de mesire Carle de Blois. Et là estoient li contes de Blois, li -dus de Bourbon, li contes de Pontieu, li contes d'Eu, connestables de -France, et li sires de Chastellon; et ne se pooient taire à parler de -ceste contesse de Montfort, de la hardie et outrageuse emprise que elle -avoit fait. Et qant messires Lois d'Espagne fu venus, encores li -demandèrent il de la cace et conment elle li estoit escapée. Il -respondi bien: «Elle s'est sauvée, et ses gens aussi, et bouté dedens -le chastiel de Brest.»--«Or bien, respondirent il, puisque elle est là, -elle s'i tenra; et de tant est la garnison de Hainbon afoiblie de force -et de consel, car elle en a mené avoecques li biaucop de bonnes gens.» -Ensi se apaisièrent il en l'oost et passèrent la nuit. Et avoient esté -le jour lassé et travilliet, tant pour le assaut qui fu grans, que de -la cace que il avoient fait apriès la contesse, que de ce que il -avoient esté trop destourbé des logeis auquns que on lor avoit ars; et -ne se doubtoient de nului, car il sentoient la contesse à Brest, si -ques sus la fiance de ce il dormirent la nuit et la matinée plus -longement. Fo 80. - -P. 144, l. 12: tout cil de l'ost.--_Ms. B 6_: excepté les garçons qui -gardoient les chevaus. Fo 201. - -P. 144, l. 16: trois cens.--_Ms. B 6_: cent. Fo 144. - -P. 144, l. 21: arses.--_Ms. B 6_: car bien le tiers de leur trés et -pavillons fust tout ars. Fo 201. - -P. 145, l. 4: à trois liewes priès de là.--_Mss. A 11 à 14_: à quatre -lieues près de là. Fo 87.--_Mss. A 1 à 7, 18 à 33_: qui siet assez près -de là. Fo 90. - -P. 145, l. 24: quisençon.--_Mss. A 1 à 6, 15 à 19_: cuisanson, -cuisançon. Fo 90 vo.--_Mss. A 11 à 14, 20 à 33_: mesaise, malaise. Fo -87. - - -=§ 167.= P. 145, l. 28: A l'endemain.--_Ms. d'Amiens_: Quant ce vint à -l'endemain, li seigneur de France, qui avoient perdut lors tentez et -lors pourveanchez, eurent consseil que il se logeroient de arbres et de -foeillies plus priès de le ville, et qu'il se maintenroient plus -sagement. Si se allèrent logier à grant painne plus priès de le ville, -et disoient en gabois à chiaux de le fortrèche: «Alés, seigneurs, allés -requerre vostre comtesse. Certez, elle est perdue, vous ne le trouverés -en pièche.» Quant chil de Hainbon, gens d'armes et autrez, oïrent tels -parollez, il furent esbahit et eurent grant paour que grans encombriers -ne fust avenus à la damme. Si ne savoient que croire, pour tant que -elle point ne revenoit, ne n'en ooient nulles nouvelles. Si demourèrent -en tel paour et en tel esmay de leur damme par l'espasse de cinq jours. - -Or vous diray de la comtesse de Montfort quelle cose elle fist. Se elle -avoit fait une felle emprise, encorres, ce me samble, fist elle ossi -perilleuse. Et sachiéz que là où elle estoit ens ou castiel de Braait, -elle n'estoit point à se aise, pour tant que elle penssoit bien que ses -gens de Hainbon ne savoient point que elle estoit devenue. Si s'avisa -que elle metteroit tout pour tout et que, se elle estoit yssue d'un -peril, encorres ysteroit elle dou second. Si se pourcacha tant que elle -ot bien cinq cens compaignons armés et bien montés; puis se parti de -Braait entour le mienuit, et s'en vint droit au point que li sollaux se -liève, à chevauchant, à l'un de(s) costé(s) de l'ost. Et envoya devant -à Hainbon et fist ouvrir le porte, et entra ens à grant joie et à grant -son de trompes et de naquairez et de cornemuses: de quoy li hos des -Franchois fu durement estourmis. Si se fissent tout armer et coururent -par deviers le ville pour assaillir, et chil de dedens as fenestres -pour le deffendre. Là commencha grans assaux et fors, qui dura jusques -à haulte nonne; mès toudis y mettoient plus chil de dehors que cil de -dedens. - -Environ l'eure de nonne, li seigneur fissent cesser d'assaillir, car -leurs gens se faisoient tuer et navrer sans raison; si se retraisent à -lors logez. Et eurent, quant tout furent retret, li seigneur consseil -que messires Carlez de Blois, li dus de Bourbon, messires Jaquemes de -Bourbon, li comtez Loeis de Blois, li comtez d'Auçoire, li comtes -Raoulz d'Eu, li comtes de Ghines, sez filz, li marescaus de France, -messires Robers Bertrans, messires Carlez de Montmorensi, messires -Ghuis de Cantemarle, li sires d'Avaugor et grant fuison d'autres -seigneurs et leurs gens yroient devant (le) chastiel d'Auroy, que li -roys Artus fist fonder. Et messires Loeis d'Espaingne, li viscomtez de -Rohem, li sires d'Ansenis, li sires de Tournemine, li comtes de Joni, -li sires de Rais, li sires de Rieus, li sires de Gargoule, messires li -Ghalois de le Baume, messires Othes Doriie, messires Carlez Grimaus et -tous li remannans dez Geneuois et d'Espagnols demorroient devant -Hainbon; et manderoient douze grans enghiens qu'il avoient laissiet à -Rennez, pour jetter à le ville et au castiel de Hainbon; car il veoient -bien qu'il ne le poroient gaegnier, ne pourfiter à l'assaillir. Si ques -il fissent deux hos: s'en en demora li une devant Hainbon, et li autre -en alla assegier le castiel d'Auroy qui est moult fors; et bien -pourveus estoit adonc de gens d'armes et de touttez pourveanchez. Et -l'avoit la sepmainne (devant) la comtesse de Montfort rafreschi de gens -d'armez et envoiiet deux vaillans chevaliers, en qui mout se fioit, -pour gardiien et cappittainne dou dit fort: c'estoit messires Henris de -Pennefort et messires Oliviers, ses frèrez. Fo 67. - -_Ms. de Rome_: Se la contesse de Montfort avoit fait, ce jour que elle -issi hors de Hainbon, une hardie emprise, et que elle vint en Brest, -encores fist elle parellement une aultre moult aventureuse. Et li -signeur de France ne furent pas bien consellié qant il sentoient que -elle estoit hors, et il ne missent enbusques sur li, dont depuis il -s'en repentirent. Je vous dirai cause pourquoi. Qant la contesse fu -venue en Brest, elle et ses gens mengièrent et burent moult -legierement, et dormirent environ trois heures. Et qant il se furent -rafresqi euls et lors chevaus, la contesse les fist resvillier et -apparillier et armer, et prist encores jusques à cent compagnons de -ceuls de Brest, et fist là laissier tous les foibles cevaus et -renouveller d'aultres. Et partirent de Brest, la contesse tout devant, -sus le point de mienuit; et chevauchièrent les bons galos le cemin de -Hainbon. Et disoit ensi la contesse en cevauchant: «Ma bonne gent de -Hainbon sont, je le sçai bien, à grant malaise de moi. Il fault que je -les reconforte et que nous rentrons en la ville, et je vous aprenderai -conment. Quant nous deverons aprochier la ville et l'oost, li une part -des nostres iront estourmir et resvillier l'oost, et li aultre -s'adrecera droit à Hainbon et fera ouvrir les bailles, avaler le pont -et ouvrir la porte. Et sitos que li hoos se conmencera à estourmir, il -se retrairont tout bellement, et nous les atenderons devant les -barrières; et ensi petit à petit il renteront, et nous aussi, dedens -Hainbon.» - -Ensi que la contesse de Montfort ordonna, il fu fait. Qant il orent -cevauchiet depuis que il se furent departi de Brest, il vinrent droit -sus le point dou jour assés priès de l'oost et de Hainbon. Il -ordonnèrent messire Guillaume de Qadudal et mesire Ivon de Tigri, à -deus cens honmes, aler escarmuchier et resvillier l'oost; et la -contesse et le demorant venroient, entrues que on ensonnieroit les -François, as bailles, et les feroient ouvrir. Lors s'en vinrent li doi -chevalier et lor route sus l'oost; et entrues la contesse et li aultre -prissent un viés chemin herbu, qui s'adreçoit droit sus les fossés. Ces -deus coses furent faites tout à une fois. Li hoos resvillie à l'un des -corons, et entrues que li estourmie se conmença à eslever, chil de -d'ens orent congnisance que lor dame estoit à la porte, car celle nuit -tout chil de Hainbon velloient et estoient trop esbahi et desconforté -de lor dame la contesse. Qant il entendirent que elle estoit si priès -de euls, si furent resjoi grandement, et avalèrent le pont et ouvrirent -la porte et puis les barrières. Tout descendirent et missent lors -chevaus dedens la ville, et puis s'ordonnèrent en atendant lors gens -qui revenoient et qui avoient estourmi l'oost; et ne furent adonc de -nului poursievi, et rentrèrent tout dedens la ville et le chastiel de -Hainbon. Qant ce vint au matin, li François orent bien congnissance que -la contesse de Montfort estoit retournée; si tinrent son fait et son -emprise à très grant vaillance. Et dissent li signeur entre euls que li -diables portoient celle contesse. Fo 80 vo. - -P. 146, l. 14: se parti.--_Ms. B 6_: au tierch jour. Fo 202. - -P. 146, l. 17: entra.--_Ms. B 6_: à plainne nonne. Fo 202. - -P. 147, l. 11: ala.--_Ms. B 6_: Sy se departirent à tout deux mille -homes à cheval et quatre mille à piet, geneuois et autres; et s'en -vinrent devant le chastiel d'Auroy et le assegèrent. Fo 202. - - -=§ 168.= P. 147, l. 15: le chastiel d'Auroy.--_Ms. d'Amiens_: Quant -messires Carlez de Blois parfu venus à toutte se host, il le assiega -(le chastiel d'Auroy) tout environ, et fist envoiier dire à chiaux de -dedens que il se voisissent rendre, et il leur pardonroit son -mautalent; et feroit à chiaux de Pennefort otel pourfit, tous les ans, -qu'il avoient de par la comtesse, ou plus grant, et lez retenroit de -son consseil. Il n'eurent mies accord ne volenté dou faire; et -respondirent qu'il estoient trop fort loiiet et acouvenenchiet à leur -seigneur que on tenoit en prison, ossi à leur damme, et que il se -travilloient en vain, qui de nul traitiet leur parloi(en)t. Dont dist -messires Carlez de Blois que jammais de là ne partiroit si lez aroit à -sa vollenté, et fist le castiel fortement assaillir par pluiseurs fois. -Mès peu y gaegnièrent li assallant, car cil dou castiel estoient bien -trois cens compaignons tous armés, et si avoient bonne cappittainne -dont il valloient le mieux; et quoyque cil d'Auroy se deffendesissent -si bien, si estoient il souvent assaillit et escarmuchiet. - -A quattre lieuwes priès d'Auroy, siet la bonne cité de Vennez qui se -tenoit fortement à le comtesse; et en estoit messires Joffroy de -Malatrait cappittainne, gentil homme et vaillant durement. D'autre part -siet la bonne ville de Dinant en Bretaingne, qui n'estoit fremée fors -de fossés et de palis. Si en estoit cappitainne de par le comtesse de -Montfort uns durement vaillant homs, que on clammoit le castelain de -Ghinghant; mès il estoit assis adonc dedens Hainbon avoecq la dessus -ditte comtesse. Si avoit laissiet à Dinant, son hostel, medamme sa -femme et ses fillez, et avoit laissiet cappittainne en lieu de lui -monseigneur Renault, son fil, vaillant baceler et hardi homme durement. - -Entre ces deux bonnes villez de Vennes et (de) Dinant, seoit uns très -fors castiaux qui se tenoit à monseigneur Carle de Blois. Et nomme hom -le dit castiau le Rocheperiot, très fort lieu durement; ne oncques li -comtez de Montfort ne le peut prendre par assault, ne par traitiet. Et -l'avoit li dis messires Carlez (de Blois) fait bien garnir de gens -d'armes et de saudoiiers, qui tout estoient bourghignon. Si en estoit -souverains d'iaux ungs vaillans escuiers et assés jonez, que on -clammoit Gerart de Malain; et avoit avoecq lui ung hardi et bon -chevalier, que on clammoit messire Pière Portebuef. Chil doi -cappittainne de Rocheperiot avoecq leurs compaignons honnissoient et -gastoient tout le pays de là entours; et destraindoient si ouniement la -chité de Vennes et la bonne ville de Dynant, que nulle pourveance ne -marchandise ne pooit entrer ne venir, fors que en grant peril sus grant -aventure. Car il chevauchoient ung jour par deviers Vennes, l'autre -jour par deviers Dinant; et estoient si cremut et si redoubtet ou pays, -que là environ on ne parloit d'autre garnison fors que de Rocheperiot. -Tant allèrent et tant chevaucièrent de l'un à l'autre, que li jones -bachelers messire Renaux de Ghinghant fist ung soir embusche sur yaux. -Et par une matinée, enssi que il avoient chevauchiet deviers Dinant, et -avoient rués jus bien vingt quatre marcheans et les enmenoient -prisonniers en leur fortrèce, messires Renaulz leur vint sus elle à -toutte sen enbusche et se feri en yaux vassaument; et se porta si bien -et chil qui avoecq lui estoient à ce donc, que il desconfissent messire -Pière Portebuef et Gerart de Malain et tous les Bourghignons qui avoecq -lui estoient, et rescouissent lez marcheans et enmenèrent les deus -cappittainnes prisonniers et bien vingt cinq des leurs en le ville de -Dinant en Bretaingne, où il furent recheu à grant feste. Ceste nouvelle -resjoy moult chiaux de Vennez et dou pais environ, et en fu li -dammoisiaux messires Renaus durement prisiéz. Or lairay à parler de -ciaus de Dinant, de Vennez et de Rocheperiot. Si parleray dou siège de -Hainbon et de monseigneur Loeis d'Espaingne, ossi de la comtesse de -Montfort. - -Vous devés savoir que messires Loeys d'Espaingne, qui souverains estoit -de l'host qui se tenoit devant le ville et le castiel de Hainbon, -mettoit grant advis et parfaite entente à conquère la garnison dessus -ditte; et de soy meysmes il estoit bons chevaliers, hardis, seurs et -entreprendans; et pour ce l'avoit monseigneur Carle de Blois fait -connestable de toutte sen host, et y ajoustoit grant foy, et y tenoit -bon linage. Si avoit li dis messires Loeys d'Espaigne fait amener et -acariier douze grans enghiens de le cité de Rennez et fais drechier -devant Hainbon, liquel jettoient si ouniement as murs de le ville que -tous lez debrisoient et deffroissoient et moult empiroient la fremmeté: -si que cil de dedens s'en coummenchoient à esbahir et à doubter le -peril où il sejournoient. Si avoient vollenté de faire acord, car il ne -veoient nul secours venir, ne de monseigneur Amauri de Clichon -n'entendoient nullez nouvellez. Dont il avint que li evesquez messires -Guis de Lion, qui estoit onclez à monseigneur Hervi de Lion, parla ung -jour au dit monseigneur Hervy, son nepveult, par asseuration; et moult -longement parlementèrent enssamble d'une raison et d'autrez. Et se -porta leurs parlemens que li dis evesquez devoit pourcachier à ses -compaignons que le ville de Hainbon seroit rendue par accord à -monseigneur Loeis d'Espaingne el nom de monseigneur Carlon de Blois; et -li dis messires Hervis devoit pourcachier, d'autre part, que tout chil -de dedens seroient appaisiés quittez et lieges au dit monseigneur -Carlon, et ne perderoient riens de leur avoir. Enssi se parti chilz -parlemens. Depuis, li evesques Guis de Lion rentra en le ville de -Hainbon pour parler as autres chevaliers et compaignons. - -La comtesse se doubta tantost de mauvais pourcach; si pria à ces -seigneurs de Bretaingne que pour Dieu il ne fesissent nulle deffaulte, -car elle avoit esperance en Nostre Seigneur que elle aroit grans -secours dedens troix jours. Li chevalier, qui là estoient, avoient pité -de la damme. A envis le falloient, et dur ossi leur estoit de perdre -cors et avoir. Nonpourquant il disent adonc ensi à la comtesse pour -elle reconforter, que elle ne se doubtast de riens, car jà ne feroient -nul tretiet que elle ne sewist bien; et se au fort il se rendoient, se -le metteroient il hors et son fil, en quelle fortrèche de Bretaigne que -elle vorroit, qui pour lui se tenoit, ou il l'acorderoient de tous -poins à monseigneur Carlon de Blois. Enssi se rappaisa ung peu la -comtesse. Mès depuis li evesques, en le absence de lui, parla as -compaignons et as seigneurs, et leur moustra tant de raisons que il lez -mist en grant effroy celle nuit. A l'endemain encorrez recoummencha il -son sermon as chevaliers de Bretaingne; et les avoit jà telz menés que -il estoient auques prièz de son accord. Et regardoient coumment entre -yaux et par honneur il se pooient acquitter de la comtesse, à qui il -avoient juret feaulté; car se elle n'ewist là estet adonc avoecq yaus, -sans faulte il ewissent rendut le ville. - -Entroex, comme il estoient en ce traitiet et en ce pourcach, et jà -estoit messires Hervis de Lion, sus asseuranche que il avoient li ung à -l'autre, venus assés priès de le ville pour parlementer à yaux, la -comtesse, qui estoit en grant soussi de coer, estoit montée ou plus -hault d'une tour dou castiel et regardoit en le mer par une petite -fenestre. Si commença à criier et à faire grant joie, et disoit tant -qu'elle pooit: «Je voy venir secours, biaux Dieux! que j'ay tant -desiret.» Par deus fois le dist elle enssi. La vois de la damme fu -entendue: si courut chacuns dou castiel as fenestres, qui mieux pot, -savoir que c'estoit, et chil de le ville as creniaux des murs, pour -veoir de quel part ces nouvellez venoient; et virent tout clerement -grant fuison de naves, petitez et grandez, bien batilliez, venir par -deviers Hainbon, dont chacuns fu durement reconfortéz. Car bien -tenoient que c'estoit messires Amauris de Clichon qui amenoit che -secours d'Engleterre, dont vous avés chy dessus oy parler, qui par -soixante jours avoit eu vent contraire et fortune très perilleuse. Fos -67 vo et 68. - -_Ms. de Rome_: Qant messires Carles de Blois vei que riens il ne -conqueroient à asallir Hainbon, si en fu tous merancolieus. Et furent -li signeur ensamble en consel conment il se maintenroient. Consilliet -fu que il departiroient lor hoost en deus parties: li une des pars -demor(r)oit devant Hainbon; et li aultre, en la compagnie de mesire -Carle, iroient metre le siège devant Auroi. Si se departirent en la -route et compagnie de mesire Carle tout chil qui nonmet i furent, et -vinrent devant Auroi et l'asegièrent. Mais li chastiaus est fors, et ne -fait pas à prendre par assaut; et pour lors il estoit bien pourveus de -chapitainne et de bons compagnons que la contesse i avoit envoiiés, -liquel n'avoient nulle volenté de rendre par trettié ne aultrement. - -A quatre lieues de là sciet la chité de Vennes, qui est forte assés, et -toute en l'obeissance de la contesse. Et en estoit pour lors -chapitainne, messires Jeffrois de Malatrait; et li sires de Malatrait, -ses cousins, estoit en la route de mesire Carle de Blois. - -D'autre part sciet la vile de Dignant en Bretagne, qui pour lors -n'estoit fremée que de fossés et de palis; et en estoit chapitainne li -chastelains de Ghinghant, mais pour lors il n'i estoit point. Avant se -tenoit en la garnison de Hainbon avoecques la contesse de Montfort, -mais il avoit sa fenme et ses filles en son hostel laissiet en la ville -de Dignant; et avoit un fil à chevalier que on nonmoit mesire Renault, -et estoit de sa jonèce moult vaillans homs. Entre ces deus villes de -Vennes et de Dignant a un fort chastiel, lequel on nonme Roceperiot; et -se tenoit pour lors à mesire Carles de Blois, liquels l'avoit pourveu -de bons compagnons bourgignons. Et en estoit chapitains uns esquiers de -Bourgongne que on clamoit Gerart de Malain, et avoit avoecques lui un -chevalier que on nonmoit messire Pière Portebuef. Chils Gerars de -Malain et li chevaliers avoecques lors compagnons honnisoient tous le -pais, et chevauçoient priesque tous les jours une heure à destre, -l'autre à senestre. Et ne pooient pour euls pourveances nulles entrer -ne venir à Vennes ne à Dignant, que chil qui les menoient ne fuissent -rués jus, et les pourveances conquises. Dont moult en anoioit au jone -chevalier mesire Renault de Ghingant; et li tournoit, ce li estoit vis, -à grant blame, pour tant que il avoit la carge de la garde de la ville -de Dignant. Et tant pensa sus que il i pourvei et prist un jour, par -une enbusque que il pourjeta sus les camps, le dit Gerart de Malain et -vingt cincq Bourghignons, et les enmena prisonniers en la ville de -Dignant, et rescoui quinze marceans que li Bourgignon enmenoient -prisonniers en la Roceperiot. Et de ce fait fu li dis messire Renauls -moult loés et moult prisiés. - -Je me tairai un petit de ces Bourgignons et de mesire Carle de Blois -qui avoit assegiet le chastiel d'Auroi, et parlerai de mesire Lois -d'Espagne et de ses gens, liquel avoient assis, ensi que vous savés, la -contesse de Montfort dedens Hainbon. Et avoient li François fait -carpenter et ouvrer grans enghiens, et fait venir aultres enghiens de -Rennes et de Nantes et drechiet devant la ville de Hainbon, liquel -continuelment jettoient contre les murs, les tours et les portes, -pières de faix, et travilloient durement ceuls de Hainbon. De quoi chil -qui dedens estoient, li auqun se conmenchièrent à esmaiier, car seqours -ne lor aparoit de nul costé. Dont la contesse de Montfort estoit en -grande angousse de coer, et menoit ses gens de douces paroles, et lor -prioit pour Dieu que il ne fesissent nul trettié senestre, car disoit -la contesse: «Bonnes gens et mi bon ami, li corages me dist que nous -auerons proçainnement bonnes nouvelles d'Engleterre; et retourne -messires Amauris de Cliçon, qui amainne le secours que nous desirons -tant à avoir et à veoir.» - -Nonobstant toutes ces douces paroles et amiables que la contesse lor -disoit et remoustroit, li evesques de Lion en Bretagne, qui se nonmoit -messires Guis, et qui estoit oncles à mesire Hervi de Lion liquels -estoit au siège là devant Hainbon, parla un jour sus asegurances à son -neveu. Et se portèrent lors tretiés que ils et auquns chevaliers et -esquiers qui là dedens estoient enclos, se departiroient de la -contesse, et se venroient rendre à mesire Lois d'Espagne qui -representoit pour lors le corps à mesire Carle de Blois. - -La contesse, qui vivoit en grant angousse de coer et double anoi, qant -elle senti que ses gens qui loiaument l'avoient servi jusques à chi, -voloient faire auquns mauvais trettiés à ses ennemis[407].... et issi -hors de son chastiel, et vint en la ville parler à euls, et lor pria en -plorant que il ne vosissent avoir nul pactis as François. Li auqun en -orent pité et dissent: «Dame, ce que nous l'avons, c'est pour ce que -nous faisons doubte que vous n'aiiés nul seqours d'Engleterre, ou que -il ne soit mesceu à mesire Amauri de Cliçon, par quoi il n'a point fait -vostre mesage, car il sourviennent sus la mer trop de perils et de -fortunes. Et quel traittié que nous faisons ne ferons, nous vous jurons -que vous serés gardée de vostre corps, et demorrés chi en ce chastiel -ou ailleurs en plus forte place, là où il vous plaira, et au sourplus -nous vous donnons pourveance chienq jours. Là en dedens pueent avenir -moult de coses.»--«Vous dites verité, respondi la contesse, et grant -merchis.» Donc retourna elle amont ens ou chastiel, moult angousouse de -coer, et bien i avoit raison. - - [407] Lacune. - -Avint que, au tierch jour apriès que ces paroles orent esté, la -contesse estoit levée moult matin. Si regarda en la mer un petit apriès -solel levant, et vei flamboiier grant fuisson de voilles en nefs, et -c'estoit la navie d'Engleterre qui venoit. Et plus atendoit la contese, -et plus aproçoient ces nefs et ces balenghiers; et qant elle vei ce et -ces banières et ces estramières flamboiier et venteler, de joie elle se -laissa ceoir. Ses gens qui estoient dalés li, le relevèrent. Et qant -elle parla, elle dist: «Or tos descendés en la ville; nonchiés ces -nouvelles à ces chevaliers. Vechi le secours d'Engleterre qui nous -vient.» Tantos on fist le conmandement de la contesse. Fos 79 vo à 81. - -P. 147, l. 30 et 31: D'autre part.--_Mss. A 30 à 33_: D'autre part siet -la bonne ville de Guignant en Bretaigne, dont le chastelain de Dignant -estoit gardien. Fo 153 vo.--_Mss. A 23 à 29_: D'aultre part siet la -bonne ville de Dignant en Bretaigne, dont le sire de Dignant estoit -chastelain et gardien. Fo 106. - -P. 148, l. 9 et 10: chastiaus.--_Ms. B 6_: que on apelle la -Rochepierot. Fo 203. - -P. 148, l. 14: de Malain.--_Ms. B 6_: et avoit en sa compaignie -soixante compaignons. Fo 203. - -P. 148, l. 15: chevalier.--_Ms. B. 6_: de Prouvenche. Fo 203. - -P. 148, l. 18: Vennes.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 20 à 22_: Rennes. Fo -91. - -P. 148, l. 25: Renaulz de Gingant.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: -les prist à un embuschement et les conquist tous par son sens et par sa -prouesse, lui vingt cinquième de coureurs compaignons, et rescouy -quinze marchans à tout leur avoir qu'ilz avoient pris et les emmenoient -tous à Dignant et par devers leurs garnisons qui se tenoient à -Rocheperion. Fo 91. - -P. 149, l. 2: grant joie.--_Ms. B. 6_: Sy demoura messire Pierre -Portebuef castelain de Rocheperoit. Fo 204. - -P. 150, l. 12: secours.--_Ms. B 6_: Le roy (d'Engleterre) qui ne veult -pas oublier la contesse (de Montfort), y envoia mesire Gautier à tout -trois cens lanches et six cens archiés. Mais il eurent sur mer trop -grant fortune, par quoy il y furent plus de quarante jours. Cils -secours vint trop grandement à point à la contesse, car ses gens -estoient en vollenté de eulx rendre aux Franchois, et en avoit porté le -traitiet messire Hervy de Lion, et se fussent rendus dedens trois -jours. Ensy estoit yl acordés quant mesire Gautie(r) de Maury vint et -en sa compaignie mille combatans, entrer à plaine voille ou havre de -Hainbon. Fo 204. - - -=§ 169.= P. 150, l. 23: Quant li chastellains.--_Ms. d'Amiens_: Quant -li castelains de Ghinghant, messire Yves de Tigueri, messires Gallerans -de Landreniaux, li doy frère de Quirich et li autre chevalier et -compaignon perchurent che secours venir, il disent à l'evesque qu'il -pooit bien contremander son parlement; car point n'estoient conssilliet -de faire chou qu'il leur enhortoit. Li evesques de ceste responsce fu -durement courouchiés et dist: «Seigneur, dont se partira nostre -compaignie, car vous demourés dechà par deviers madamme; et je m'en -yrai par delà deviers celui qui plus grant droit i a, ce me samble, -qu'elle n'ait.» Adonc se parti li evesques Guis, de Hainbon, et deffia -le damme et tous ses aidans; et s'en alla renonchier au dit monseigneur -Hervi et dist la besoingne, enssi comme elle alloit. Li dis messires -Hervis fu durement courouchiéz de ce qu'il avoit fallit à son propos. -Si fist tantost drechier le plus grant enghien qu'il avoit, au plus -priès dou castiel qu'il pot; et coummanda que on ne cessast de getter -par jour, ne par nuit, puis se parti de là. Si enmena son oncle le dit -evesque de Lion par deviers monseigneur Loeis d'Espaigne, qui le -rechupt à bon gret et liement. Ossi fist messires Carlez de Blois, -quant il fu là venus. - -La comtesse de Montfort fist à lie chière appareillier salles, cambres -et hostelz pour herbregier aisiement ces seigneurs d'Engleterre qui là -venoient, et envoya contre yaux moult noblement. Quant il furent venut -et descendut, elle meysmez vint contre yaux à grant reverence. Et se -elle lez festia et requeilla liement et grandement, ce ne fait point à -demander, car leur venue li estoit moult belle, pour tant que li -chevalier de Bretaingne, qui avoecq lui se tenoient, se fuissent -tournet d'autre part. Et ossi ewist fait la ville: il estoit jà tout -ordonnet, si ques je di que ce fu pour elle une belle aventure, et qui -li vint bien à point. La comtesse de Montfort, pour mieux festiier et -plus aisiement les chevaliers d'Engleterre qui là estoient venut, -monseigneur Ghautier de Mauni et les aultrez, les enmena ou castiel et -leur delivra cambres et officines, tant que leur hostel en le ville -furent tout bien ordounnet, et leur donna à disner grandement et -bellement. - -Or avint que moult tost apriès disner, messires Gautier de Mauny dist -que il avoit grant vollenté d'aller veoir ce grant enghien, qui si -priès estoit assis dou castiel; et demanda as chevaliers bretons qui là -estoient aucuns couvenans de chiaux de l'ost, et il en respondirent ce -qu'il en savoient. Adonc leur demanda messires Gautiers de Mauni se il -le sieuroient, car il le volloit aller abattre; et il li dissent: «Oil, -vollentiers,» et que on ne le devoit mies fallir à ceste premierre -envaie. Si s'armèrent li chevalier et li escuier sans point d'arrest, -messires Gautiers de Mauni, messire Franck de Halle, messires Gerars de -Baudresen, li doy frère de Lindehalle, li Haze de Braibant, li sires -Despensiers, messires Jehans li Boutilliers, messires Hues de -Hastinghes, messires Jehans de Lille, li sirez de Ferrièrez, messires -Olivier de Cliffort, messire Thummas Kok, messires Pièrez de Baucestre, -messires Alains de Sirehonde et li chevalier et li escuier -d'Engleterre. Et ossi fissent li chevalier de Bretaingne, messires -Amauris de Clichon, messires Yeves de Tigueri, li castellains de -Ginghant, li sirez de Landreniaus et tout li autre. Nuls ne demoura -derière, fors que pour le ville garder et yaux attendre. Et fissent -tant seullement aller avoecq yaux trois cens archers, puis yssirent -hors ordonneement par le porte, et fissent passer devant les archers -tout en trayant. Tant trayèrent li archer qu'i(l) missent en voiez -chiaux qui l'enghien gardoient. Et les gens d'armes qui venoient apriès -ces archers en ocissent aucuns, et vinrent jusquez à che grant enghien, -et coppèrent la flèce et l'abatirent par terre, et puis le -detaillièrent tout par pièches; puis coururent de randon jusquez as -tentes et loges, et boutèrent le feu dedens. Si y fissent ung grant -escart, et tuèrent pluiseurs de leurs ennemis, ainschois que li hos -fuist estourmis; et puis se retraissent bellement arrière. Et leur -sambla qu'il en avoient assés fait pour ce jour: si s'en revinrent -deviers le ville. - -Quant li hos fu estourmis et chacuns arméz et montéz à cheval, messires -Loeys d'Espaigne, li viscomtez de Rohem, messires Hervis de Lion, li -sirez de Biaumanoir, li sirez de Tournemine, li sirez d'Ansenis, li -sirez de Rays, li sires de Rieus, li Gallois de le Baume (vinrent -accourant) et chacuns qui mieux mieux apprès et en criant: «Enssi n'en -irés vous mie.» Quant messires Gautiers de Mauni se vit si fort -poursuiwis et encachiés de ses ennemis, si en ot grant virgoingne et -dist tout en hault: «Jammais ne soie jou salluéz de ma chière amie, se -jammais rentre en forterèche jusqu'à donc que j'aray l'un de ces venans -versset à terre, ou j'y seray versséz.» Adonc se retourna li -chevaliers, le glaive ou poing, par deviers les ennemis. Ossi fissent -li doy frère de Linedale, messires Francq de Halle, li Haze de -Braibant, messires Yves de Tigueri, li sires de Landreniaus et -pluiseurs autres, qui ne vorent mies fallir leur cappitainne. Là eult -ung très dur encontre, car chacun de ces chevaliers franchois et englèz -de leurs glaivez assisent li ungs sur l'autre. Si en y eut des -pluisseurs reverset par terre, de l'un costet et de l'autre. Apriès les -glaives falliez, il sachièrent les espées et se combatirent vaillamment -et radement, et en y eut pluisseurs mors et navréz. Touttez foix, chil -de l'host estoient plus grant fuisson que chil de d'ens ne fuissent. Si -retournèrent li Englèz sagement deviers le fortrèche. Devant lez -baillez y eut bonne escarmuche, mainte belle appertise d'armes faite, -mainte prise et mainte rescousse. Si rentrèrent chil de d'ens en leur -fort à petit de dammaige. Et li Franchois retournèrent à leurs logeis, -tout courouchiet de leur enghien qui estoit abatus, et si ne le pooient -amender. Ensi se porta ceste premierre besoingne. Fo 68. - -_Ms. de Rome_: Qant li chevalier furent enfourmé de ces nouvelles, il -montèrent amont et veirent tout clerement que c'estoit verité, et que -bien avoit siis vint voilles en la compagnie. La gette dou chastiel -d'amont conmença de la trompète à mener noise et grant solas, et tant -que chil de l'oost s'en perchurent. Li chevalier et li esquier, qui en -tretié estoient deviers les François, dissent à l'evesque Gui de Lion: -«Sire, vous avés mené les trettiés et les paroles à ceuls qui nous ont -asegiés. Confors nous vient d'Engleterre, et nous avons nos fois et nos -sieremens enviers madame; se li tenrons. Regardés quel cose vous volés -faire, car il est heure que vous i renonchiés, ou que vous i faites -renoncier.» Li evesques s'estoit si fort loiiés par les paroles de son -cousin, mesire Hervi de Lion, enviers les François que il ne pooit -requler, ne ne voloit aussi; si dist: «Signeur, je ne irai point parler -à euls sans vous, car ce que j'en ai fait, vous estes tous participant; -et de vous viennent otant bien li trettié que il font de moi.»--«Mesire -Gui, respondirent li chevalier, vous dites verité. Mais quoi que fait -en a esté, encores i poons nous bien renonchier. Et de chi endroit nous -i renonçons, et nous volons tenir dalés madame qui tant de biens nous a -fais et fera encores. Et sa querelle est grandement embellie, puis que -li seqours d'Engleterre li sera venus.» - -Qant li evesques de Lion les vei en celle volenté, il ne dist pas tout -ce que il pensoit, quoi que ce fust li plus grans de euls tous et li -mieuls enlinagiés; car il se doubtoit, puis que li secours d'Engleterre -venoit à la dame, que de fait elle ne le fesist detenir et metre en -prison. Si parla au plus courtoisement conme il pot, tant que il fu -hors de la ville. Et qant il fu venus as logeis des François et il ot -parlé à mesire Lois d'Espagne et à son cousin, et il se fu rendus, et -il ot dit que il voloit estre de lor opinion, et que trop longement -avoit esté rebelles et maconsilliés, et que plus ne le voloit estre, il -prist un hiraut et l'endica et enfourma; et l'envoia dedens Hainbon -parler à la contesse de Montfort, et li renvoia son honmage, et le -deffia de ce jour en avant. A l'eure que li hiraus vint, la contesse -estoit avallée jus dou chastiel en la ville, pour ordonner les logeis -de ces signeurs chevaliers d'Engleterre, qui jà estoient entré ou -havene de Hainbon. Si estoit si resjoie que elle ne fist compte des -deffiances messire Gui, et dist que elle avoit gens assés sans li. Or -retourna li hiraus en l'oost, qant il ot fait son mesage. Et la -contesse et si chevalier demorèrent, et furent tant sus le havene que -les nefs prisent terre. Et issi hors tout premierement messires Amauris -de Cliçon. La dame qui le connisoit, le ala enbrachier et baisier moult -doucement, et li dist: «Ha! Amauri, que vous avés tout demoret, et que -je vous ai tout desiré!»--«Madame, respondi li chevaliers, je ne l'ai -peut amender. Ç'a esté en partie par les fortunes de la mer, car nous -deuissions chi avoir esté, passet sont trois sepmainnes. Li rois -d'Engleterre vous salue et vous envoie à ce premier trois cens honmes -d'armes et deus mille archiers.»--«Donc, dist la dame, il soient li -bien venu, et nous en avons grant joie.» Donc issirent li chevalier, -messires Gautiers de Mauni tous premiers, qui pooit estre en l'eage de -trente sis ans, biaus chevaliers et vremauls et douls et plaisans à -regarder, de tous menbres bien façonnés. Messire Amauris de Cliçon li -dist: «Dame, vechi le capitainne, et est nonmés ensi, et uns chevaliers -où li rois d'Engleterre et li signeur de son consel ont grant fiance.» -Adonc se traist la dame à mesire Gautier et l'enbraça moult doucement -et le baisa, et puis apriès tous les aultres. Et qant elle ot alé tout -autour et fait celle requelloite, elle les enmena amont ou chastiel, -pour euls aisier et rafresqir, tant que lors gens fuissent tout issu et -apparilliet lors besongnes; et fist casqun chevalier logier assés -aisiement et restraindre ses honmes. Et dignèrent tout li chevalier -avoecques la dame. - -Messires Lois d'Espagne et li viscontes de Rohem et messires Hervis de -Lion sceurent tantos que secours d'Engleterre estoit venus à la -contesse, car li evesques de Lion lor dist; et aussi fissent aultres -honmes bretons, qui estoient alé sus le havene et veu la navie entrer. -Si en furent tout pensieu; nequedent il ne vorent pas brisier lor siège -pour cela, mais fissent les enghiens cargier qui avoient sejourné trois -jours, et jetter pières de faix en la ville, tant que li Englois, qui -point n'avoient encores apris tels coses, en furent ensi que tout -effreé. Messires Gautiers de Mauni, qant ce vint apriès disner, et ils -et si compagnon furent rafresqi, il traist à part mesire Ivon de Tigri -et mesire Guillaume de Qadudal et le chastellain de Ghinghant; et lor -demanda de l'estat de la ville et de la poissance de ceuls de l'oost, -et se mesires Carles de Blois estoit en personne au siège. A toutes ces -coses respondirent li chevalier, et dissent que messires Carles de -Blois n'estoit point presens, mais tenoit son siège devant Auroi. Tant -que de l'estat de la ville, estans là le siège qui moult les avoit -constrains, elle estoit bien pourveue, car li vivre qui lor venoient -par mer les confortoi(en)t grandement; et estoient là dedens bien cinq -cens combatans. «Donc, dist messires Gautiers de Mauni, je voel, jà sus -l'eure dou souper, aler veoir ce grant enghien. Faites apparillier vos -gens, et je auerai tous prês les nostres, et nous meterons en painne de -l'abatre et dou decoper, car il ne nous laisseroit dormir. Il demainne -trop grant hustin, et se nous est trop proçains.» Li chevalier breton -respondirent et dissent: «Sire, à vostre ordenance il sera fait.» Sus -cel estat, il s'ordonnèrent et reposèrent; et se rafresqirent les -Englois un petit, car il avoient esté travilliet de la mer. - -Qant ce vint sus l'eure de vespres, Breton et Englois s'armèrent et -furent environ cinq cens, et otant ou plus d'archiers. Et fissent -ouvrir la porte qui estoit la plus proçainne de cel grant enghien et -avaler le pont; et puis issirent tout souef desous le pennon à messire -Gautier de Mauni, et fissent passer tous lors archiers devant. Et s'en -vinrent tous le pas jusques à l'enghien; et là avoit environ cent -armeures de fier et cent arbalestriers geneuois qui le gardoient. - -Qant il veirent ces gens d'armes et ces archiers venir, tous ordonnés -et apparilliés pour combatre, il furent tout esbahi, et tournèrent en -fuies deviers l'oost. Droit à la flèce de ce grant enghien s'arestèrent -les Englois et les Bretons; et avoient amené ouvriers et carpentiers, -qui tantos entendirent à decoper cel enghien, et le missent tout par -pièces à terre. Les nouvelles vinrent en l'oost par les fuians qui -n'avoient osé demorer dalés lor enghien, car il n'estoient pas fort -assés pour resister as gens la contesse, que li grans enghiens estoit -conquis, abatus et deffaçonnés. Donc fissent li signeur sonner les -tronpètes, et armer toutes gens et traire sus les camps, et casqun -desous la banière de son signeur. Se ne fu pas sitos fait, mais fu -tantos tart. Et entrues que il s'ordonnoient en l'oost et mettoient -ensamble, messires Gautiers de Mauni et ses gens passèrent encores plus -avant autour de la ville, et abatirent deus enghiens, et missent tous -en pièces li carpentier qui là estoient. La contesse de Montfort estoit -en son chastiel et veoit tout cel esbatement; si en avoit grant joie. -Adonc se missent au retour les Englois et les Bretons et les archiers -sus costière. Et les François, qui estoient ordonné en une belle -bataille où plus avoit de deus mille honmes sans les Geneuois, les -poursievirent jusques as barrières; mais point n'i eut d'escarmuce, car -la vesprée vint. Si rentrèrent en Hainbon li Englois et li Breton, sans -nul damage. La contesse de Montfort lor vint au devant et les remerchia -grandement de lor emprise, et de ce que il l'avoient apaisie de ces -enghiens. Fos 81 vo et 82. - -P. 151, l. 24: herbergier.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 33_: et en la ville à -leur aise. Fo 92. - -P. 152, l. 10: compagnon.--_Ms. B 6_: et estoient bien cinq cens à -cheval. Fo 206. - -P. 152, l. 13: trois cens.--_Ms. B 6_: cinq cens. Fo 206. - -P. 152, l. 14 et 15: ceulz qui gardoient.--_Ms. B 6_: soixante -compaignons qui le gardoient. Fo 206. - -P. 153, l. 17: estal.--_Mss. A 20 à 22_: Et là rendirent estal les -chevaliers à tous venans jusques à tant, etc. Fo 138 vo. - - -=§ 170.= P. 154, l. 1: A l'endemain.--_Ms. d'Amiens_: A l'endemain, -messires Loeys d'Espaigne apella le viscomte de Rohem, l'evesque de -Lion, monseigneur Hervi de Lion, le seigneur de Tournemine, le seigneur -de Biaumanoir, le seigneur de Loriach, le seigneur de Rais, monseigneur -le Gallois de le Baume, le mestre dez Geneuois et tous lez seigneurs de -son host pour avoir consseil qu'il feroient, car il veoient la ville de -Hainbon si forte et maintenant pourveue et rafrescie de bon secours qui -venus leur estoit, et que il perdoient là leur tamps; car il ne veoient -tour, mannierre, ne enghien par quoy il y pewissent pourfiter, ne le -ville prendre. Si orent consseil et accord tout li ung par l'autre -qu'il se deslogeroient à l'endemain, et se retrairoient par deviers lez -autrez qui seoient devant castiel d'Auroy. Tout enssi qu'il -ordonnèrent, il fissent et se deslogièrent à l'endemain au point dou -jour, et tourssèrent tentez et trèz et touttez mannièrez de harnois; et -s'en revinrent deviers castiel d'Auroy, là où messires Charlez de -Blois, li dus de Bourbon et moult grant fuison des seigneurs de Franche -se tenoient. Si leur compta messires Loeis pourquoy il estoit partis et -quelz confors estoit creus à la comtesse, et coumment Hainbon n'estoit -mies une forterèche à prendre si de legier encorres, quant elle estoit -pourveue et garnie de telx gens d'armes. Li seigneur de Franche li -dissent bien qu'il disoit voir: «Mès pour le temps emploiier, messires -Loeys, nous vous disons que vous voeilliéz aller devant Dinant, qui -n'est pas si forte que Hainbon, et y menés toutte vostre host, et nous -nos tenronz droit chy à nostre siège.» Che respondi messire Loeys: -«Vollentiers.» Enssi demoura li fors de Hainbon en pais une grant -pièce, et messires Loeys d'Espaigne fist aroutter son host au lés -deviers le ville de Dinant en Bretaingne. - -Entre castiel d'Auroy et le ville de Dinant, siet ungs petits castiaux -que on appelle Concquest; et se tenoit adonc de par la comtesse de -Montfort. Et en estoit cappittainne uns très bons chevaliers de -Lombardie, que on clammoit messire Garsion; et avoit avoecq lui grant -fuison de Lombars et de Geneuois. Quant messires Loeys eut veu et -conssideret le forterèce, si dist que il se volloit assaiier au -prendre. Si fist touttez ses gens arouter par devant et approchier et -fortement assaillir, et chil de dedens à yaux deffendre. Et dura chilz -assaux jusques à le nuit. Si se loga li os là endroit; et dist bien -messires Loeis qu'il ne s'en partiroit mies ensi. Quant ce vint à -l'endemain, il le fist de rechief assaillir durement et asprement, et -avoecq lui Geneuois et Espagnolx qui trop bien s'i esprouvoient. Si -approchièrent li assallant si priès dou mur, que, par force d'assault -et par ouniement traire et lanchier à chiaux d'amont, il y fissent ung -grant trau, car li fossés n'estoient mies moult parfont. Si entrèrent -ens par force et ocirent tous chiaux dou castiel, excepté monsigneur -Garsion qu'i(l) prist à merchis, et cinq ou six gentils hommez. Apriès -che, messires Loeys fist restouper le trau dou mur, et y mist ung bon -castelain et soixante hommes d'armes pour garder le castiel, et le fist -remparer de tous poins, puis s'en parti, et toutte sen host, et -s'arouta vers Dinant. - -Les nouvellez estoient jà venues en Hainbon à le comtesse de Montfort -et à monseigneur Ghautier de Mauny, que messires Loeys d'Espaigne -estoit arestéz devant Concquest et l'avoit assegiet. Si dist la -comtesse as chevaliers et as compaignons que ce seroit grans honneurs -de lever che siège et de là combattre lez Franchois, et leur seroit -recordé à grant proèce. Messires Gautiers de Mauny, qui moult envis -sejournoit tant que il se sewist où emploiier, fist armer tous -chevaliers et escuiers et archers ossi, et se parti de Hainbon et se -mist au chemin deviers Concquest; et vinrent là environ heure de nonne, -et trouvèrent qu'il avoit estet concquis par force le jour devant, et -chiaux de dedens tous mis à mort. Si furent durement courouchiet de -ceste aventure, pour tant qu'il n'avoient trouvet monsigneur Loeys et -se routte. Se dist messires Gautiers qu'il ne se partiroit de là, si -aroit le castiel reconcquis. Si se appareillièrent li compaignon pour -assaillir le castiel; et entrèrent ens ès fossés où il n'avoit point -d'aighe, et montèrent tout targiet contremont. Quant li Espagnol qui -dedens estoient, lez virent venir en tel mannierre, il se misent de -grant volenté au deffendre; mès li archer englès traioient si -ouniement, que nus n'osoit aprochier as murs pour jetter pières. Et -trouvèrent chil de dehors le trau par où li dis castiaux avoit estet -pris, qui assés foiblement avoit estet remparés. Si boutèrent oultre -pières et terre qui là estoit, et entrèrent en le fortrèche par ce lieu -meysmes. Et furent tout li saudoiier qui dedens estoient, ochis, -horsmis le cappitainne, et ne say dix ou douze, que li chevalier -prissent à merchy; puis s'en partirent et laissièrent le castiel tout -vuit, car il n'estoit mies tenables, et retournèrent arrière en Hainbon -et n'eurent mies consseil adonc de chevauchier plus avant. Fos 68 vo et -69. - -_Ms. de Rome_: Qant ce vint à l'endemain, messires Lois d'Espagne -appella le visconte de Rohan, l'evesque de Lion, mesire Hervi de Lion -et le mestre des Geneuois, pour avoir consel et avis conment il se -deduiroient, car il veoient la ville de Hainbon très forte et -rafresquie de bonnes gens d'armes et d'archiers, par lesquels de nuit -il pooient estre fort travilliet, et recevoir plus de blame et de -damage que de pourfit. Tout consideret, consilliet fu que il se -deslogeroient et se retrairoient deviers mesire Carle de Blois et les -aultres barons de France, et metteroient les deux hoos en une. Si se -deslogièrent et requellièrent tentes et trefs, et misent tout à -voiture, et boutèrent le feu en lors fuellies. - -Qant chil de la garnison de Hainbon veirent ce couvenant, si dissent -entre euls: «Nostre ennemi s'en vont; il se deslogent.» Là i ot auquns -compagnons aventureus qui sallirent dehors pour gaegnier, mais il -furent rebouté et remis en la forterèce à lor damage. Et en i ot des -mors et des pris, car au deslogement il s'ordonnèrent tout et missent -en une belle bataille, et onques ne se desroutèrent; et atendirent tout -l'un l'autre et lor charroi et lors pourveances, et vinrent ensi, -bannières desploiies, devant Auroi. - -Qant messires Carles de Blois et les signeurs les veirent venus, si -s'esmervillièrent pourquoi il avoient brisié lor siège. Messire Lois -d'Espagne lor recorda conment grans secours estoit venus à la contesse -d'Engleterre: «et ont à chapitainne un chevalier de Hainnau moult -vaillant honme, à ce que il moustre, et a jà conmenchié, car le jour -meismes que il ariva à Hainbon, ils et une partie des siens issirent -hors de la forterèce, entrues que nous estions au souper, et vinrent -abatre et decoper nos enghiens. Je tieng ce fait à grant apertise -d'armes, et est li chevalier nonmés messires Gautiers de Mauni.»--«En -non Dieu, respondi messires Carles de Blois, c'est uns vaillans homs; -j'en ai bien oï parler. Ensi se renforce nostre gerre.» Adonc -laissièrent ils à parler de ce et parlèrent de l'evesque Gui de Lion, -liquels avoit laissiet la contesse de Montfort, et estoit venus servir -mesire Carle et soi rendre à lui. Messires Carles de Blois fu tous -resjois de sa venue et rechut l'evesque à honme, et demora depuis tous -jours dalés messire Carle de Blois. - -Or fu ordonné, en ce jour meismes que mesires Lois d'Espagne fu là -venus, que ils et tous ceuls que amené il avoit, en iroient met(t)re le -siège devant la ville de Dignant, et se meteroient en painne de le -prendre. Si ne reposèrent en l'oost que une nuit. A l'endemain, il se -missent tout sus les camps, reservé l'evesque Gui de Lion, qui demora -avoecques messire Carle de Blois. Et estoient bien deus mill cinq cens -armeures de fier et trois cens arbalestriers geneuois. Ensi que li dis -messire Lois d'Espagne et ses gens ceminoient deviers Dignant, il -trouvèrent sus lor cemin un chastiel qui se tenoit de la contesse, que -on nonmoit Conquest. Et en estoit gardiiens et chastellains uns -chevaliers de Lombardie que on nonmoit messire Mansion, et avoit -pluisseurs saudoiiers avoecques lui. Si se traissent messires Lois et -toutes ces gens devant ledit chastiel, et le assallirent fortement, et -i livrèrent li arbalestrier geneuois très grant assaut. Li compagnon -qui dedens estoient se deffendirent moult bien, et tant que ce premier -jour li François i conquestèrent moult petit, et se logièrent là pour -celle nuit. - -A l'endemain, il retournèrent tout à l'asaut et quissent voie et -enghien par quoi il l'adamagièrent; car à l'endroit où li arbalestrier -traioient et ensonnioient ceuls dou fort, il rompirent le mur et i -fissent un grant petruis, et entrèrent dedens à force, car il estoient -grant gent. Qant li compagnon se veirent en ce parti, il se vodrent -rendre, salve lors vies, mais nuls n'i volt entendre. Avant furent il -pris par force et tout mort sans merchi, reservé le chevalier. A cesti -on sauva la vie, et demora prisonniers. Qant il orent ensi conquis le -chastiel de Conquest, il s'avisèrent que il le tenroient, et i -establirent un autre chastellain bon et segur, et soissante compagnons -avoecques lui, liquel prissent le chastiel en garde sus lor peril et le -remparèrent, pour ce que il avoit esté desemparés à l'asallir. Et puis -passèrent oultre, et s'en vinrent mettre le siège devant la ville de -Dignant, de laquelle messires Renauls, fils au chastellain de -Ghinghant, estoit chapitainne. Nouvelles vinrent ens ou chastiel de -Hainbon que messires Lois d'Espagne estoit arestés devant le chastiel -de Conquest. Si ot (messire Gautiers de Mauni) très grant desir de -traire celle part, et le dist à messire Ivon de Tigri et as aultres: -«Il nous fault cevauchier deviers Conquest, et conforter ceuls qui sont -dedens. Se nous poions ruer jus messire Lois d'Espagne, nous ferions un -bon esploit.» A ceste parole s'acordèrent tout li compagnon, et furent -tantos apparilliet, et lors chevaus refierés à ceuls as quels il -besongnoit. Chils jours passa. Qant ce vint à l'endemain, les tronpètes -des chevaliers sonnèrent. Lors s'armèrent li compagnon et montèrent as -chevaus. Et se departirent de Hainbon environ cinq cens armeures de -fier et cinq cens archiers, et chevauchièrent viers le chastiel de -Conquest, et ne savoient pas que il fust ens ou parti où il estoit; -mais furent moult courouchié qant il trouvèrent que li François -l'avoient conquis et rafresqi de nouvelles gens. Toutes fois, il -l'avisèrent et dissent entre euls que il estoit bien prendables. Si -s'arestèrent là tout autour et envoiièrent à Hainbon apriès lors -pourveances. Si furent misses à voiture pour amener devant Conquest. -Trois jours furent li Englès et li Breton devant le castiel de -Conquest, et tous les jours i livrèrent il assaut grant et fier et -mervilleus. Il i avoit dedens Espagnols qui trop vassaument se -deffendoient et faisoient grans apertisses d'armes, et tant que il en -blechièrent pluisseurs des assallans. Au daarain assaut qui fais i fu, -il se pourveirent de cloies renforchies que li archier faisoient porter -devant euls pour get des pières qui venoient d'amont. Et qant il furent -cargiet, il aprochièrent dou plus priès les murs qu'il peurent, et puis -s'efforchièrent au traire de celle ordenance contre mont que nuls ne -s'osoit à moustrer as deffenses, se il ne voloit estre enfillés de une -flèce tout parmi la teste ou le brac ou le corps. Et entrues que les -archiers ensonniièrent ensi ceuls d'amont, il i avoit Bretons qui -entendoient à petruissier le mur, et trouvèrent le petruis refait par -où les François avoient entré dedens. Si le repetruissièrent et le -desemparèrent à force de pils et de hauiauls, et par là meismes -entrèrent il ou chastiel. Et fu ensi pris et conquis, et tout li -Espagnols qui dedens estoient, mort, reservet le chapitainne, liquels -se nonmoit Pières Ferrans de Tudesque, et auquns gentils honmes de son -pais et de sa delivrance, pour lesquels il demora, se raençon les -couvenoit paiier. Et desemparèrent les Englès le chastiel de Conquest, -et dissent que point il ne faisoit à tenir ne à garder, et s'en -retournèrent arrière à Hainbon, et enmenèrent lors prisonniers. Fos 82 -vo et 83. - -P. 154, l. 26: messires Loeis.--_Ms. B 6_: messire Gui de Lion, messire -Hervy de Lion, le viés conte de Rohem, le sire de Clichon, le sire de -Malatrait et pluiseurs barons de l'ost. Fo 208. - -P. 155, l. 3: Lombardie.--_Mss. A 22 à 33_: Normandie. Fo 108 vo. - - -=§ 171.= P. 156, l. 25: Or revenrai.--_Ms. d'Amiens_: Or vous parlerons -de monseigneur Loeys d'Espaigne qui fist logier son host tout autour de -le ville de Dinant, et fist tantost faire petis batiaux et nacellez -pour assaillir le ville de touttes pars, par yauwe et par terre. Si -estoit dedens comme souverains et cappitainne messires Renaux de -Ghinghant, filz au castellain de Ginghant, très bon chevalier de son -eage, qui reconfortoit et consilloit chiaux de dedens le ville, qui -durement estoient effraet de chou qu'il veoient faire à chiaux de l'ost -si grant appareil; car leur ville n'estoit mies forte, ne fremmée fors -que de palis. Et eurent consseil entr'iaux que il se renderoient -ainschois que plus grant meschief leur avenist; mès, à ceste fois, -messires Renaulx brisa leur vollenté, et ne se rendirent mies si très -tost. Messires Loeis d'Espaigne ymagina bien le fortrèce de le ville, -et vit bien que elle estoit prendable. Si se loga environ bien et -souffisamment, et dist qu'il ne s'en partiroit si l'aroit à sa -vollenté; et fist appertement appareillier instrummens pour assaillir, -et fu assaillie durement et fierement. Et chil de dedens se -deffendirent vassaumment, car messire Renaux de Gingant y rendoit grant -painne. En tel estat se tinrent quatre jours à point de dammaige. Au -quatrime jour, messires Loeys et li sien assaillirent le ville si -vighereusement par nacelles et par batiaux qu'il avoient fait armer et -breteskier, qu'il aprochoient les palis; et jà en avoient romput ung -grant pan, dont chil de le ville estoient moult effraet, et se -doutèrent de tout perdre, corps et chevanche. Si traitièrent à -monseigneur Loeis ung respit tant seullement que il pewissent avoir -parlet enssamble. A che respit donner, s'acorda li dessus dis moult à -envis; car il veoit chiaux de Dinant en ung dur et perilleus parti. -Touttesfois il leur acorda parmy tant que, le parlement estant, il ne -se devoient noient fortefiier, et il li eurent en couvent. Dont se -retraissent touttes mannières de gens sus le marchiet, et sonnèrent -leur cloce et parlementèrent là longement enssamble. Et estoit li -communs acors que de yaux rendre à messire Loeis d'Espaigne, salve lors -corps et lors biens, ou nom de monseigneur Charlon de Blois; mès à -cest accord ne s'asentoit nullement messires Renaux, leur cappittainne, -et disoit que il garderoit et deffenderoit bien ce pas perilleus contre -tous venans jusques au soir, et de nuit il le fortefieroit tellement -que depuis il ne feroit point à prendre. Ses parolles ne peurent y -estre oyes ne creuwes, et ne voloient nullement atendre ce peril et sa -deffensce. Et tant parlèrent enssamble que aïrs sourmonta chiaux de le -ville, et dissent que il valloit miés que li chevaliers fust ocis, qui -contraires estoit à yaux, que tant de bonnes gens fuissent mort ne -peri. Si fu là en le place, par le fait de le communauté, ocis li bons -chevaliers messires Renaus de Ghinghant, filz au castellain de -Ghingant; et fu rendue la ville de Dinant par le tretiet dessus -noummet, sauve lors corps et lors biens. Ensi y entra messires Loeys -d'Espaigne, et prist la feaulté des bourgois et le sierement, et s'i -tint par deux jours pour remparer le ville de tout ce qu'il besongnoit. -Et quant il s'en parti, il y laissa à chappitainne monseigneur Pière -Portebuef et Gerart de Malain, escuier, lesque(l)s il avoit trouvés -layens prisonnierz, car il avoient estet pris dou dit messire Renaut de -Ghinghant par embusce faite, enssi comme vous avés oy chi dessus. - -Quant messires Loeis d'Espaingne se fu partis de le ville de Dinant, il -se traist avoecq se routte par deviers une mout grosse ville seans sour -le flun de le mer, que on claimme Garlande; et l'assega par terre et -trouva assés priès grant fuison de vaissiaus et naves plainnes de vins, -que marchans avoient là amenés de Poitau pour vendre. Si eurent tant li -marchans vendu lors vins, et furent mal paiiet, che puet on bien -croire. Et fist li dis messires Loeis prendre toutes ces naves et ces -vaissiaux, et fist ens monter gens d'armes et partie des Espaignols et -des Geneuois. Puis fist l'endemain assaillir le ville par terre et par -mer, qui ne se pot longement deffendre; ains fu assés tost gaegnie par -force et tantost toutte robée, et tout mis à l'espée sans point de -merchy, hommez et femmes et enfans, et cinq eglises arsez et viollées, -dont messires Loeys fu durement courouchiés. Si fist tantost pendre -vingt quatre de chiaux qui ce avoient fait. Là eut gaegniet très grant -tresor, si que chacuns en eult tant qu'il en vot ou pot porter, car la -ville estoit durement grande, riche et marchande. - -Quant ceste grosse ville qui Garlande estoit appellée, fu enssi -gaegnie, robée et essillie, il ne seurent où aller plus avant pour -gaegnier. Si se mist li dis messires Loeys en ces vaissiaux qu'il -avoit trouvés en mer, en le compaignie de monseigneur Othon Doriie et -de Toudous, et de aucuns des Geneuois et Espagnolz, pour aller aucune -part et pour aventurer seloncq le marine. Et li viscoens de Rohem, li -evesques de Lion, messires Hervis, ses niés, et pluiseurs autres -chevaliers et escuiers retournèrent en l'ost monseigneur Carlon de -Blois, qui encorres seoit devant castiel d'Auroy. Et trouvèrent grant -fuison de signeurs et de chevaliers de Franche qui nouvellement -estoient là venus, telz que messires Loeys de Poitiers, comtez de -Vallenche, li comtez d'Auchoire, li comtez de Joni, li comtez de -Porsiien, li sires de Biaugeu, li sirez de Castelvillain, li sirez de -Noiiers, li sirez d'Englure, li sirez de Castellon, li sirez -d'Aufemont, messires Moriaux de Fiennes, li sirez de Roye, li sirez -d'Aubegni, et pluisseurs autres que li roys de Franche y avoit envoiiéz -pour remforchier l'ost et l'armée de monsigneur Charlon de Blois, sen -nepveult, car bien avoit oy dire que messires Gautiers de Mauni à tout -grant carge de gens d'armes estoit arivet en Bretaingne. Et encorrez -n'estoit point li dis castiaux gaegniés, mès chil de dedens estoient si -priès menet et si constraint, qu'il avoient mengiet par huit jours tous -leurs cevaus; et ne lez voloit on prendre à merchy, s'il ne se -rendoient simplement. Quant il veirent que morir lez couvenoit, il -yssirent hors couvertement par nuit; et se missent en le vollenté de -Dieu, et passèrent tout parmy l'ost à l'un des costéz. Aucun en furent -perchus et tués. Et messires Henris de Pennefort et Oliviers, ses -frèrez, et aucun autre se sauvèrent et escappèrent par un bosket qui là -estoit, et s'en allèrent droit à Hainbon où il furent bien recheuv. - -Enssi reconquist messires Carlez de Blois le fort castiel que on -claimme chastiel d'Auroy, où il avoit sis le tierme de dix sepmainnes. -Si le fist refaire et rapareillier et bien garnir de gens d'armes et de -touttez pourveances; et puis se parti et s'en alla à tout son host -asigier la chité de Vennes, dont messire Joffroy de Malatrait estoit -cappittainne, et se loga tout autour en bon aroy et grant couvenant. Le -second jour apriès che que messires Carles de Blois eult assegiet le -ville et le cité de Vennes, partirent aucun Braiton et aultre -compaignon saudoiier qui gisoient ou fort de Plaremiel de par le -comtesse de Montfort, et vinrent sus ung ajournement resvillier l'ost. -Ceste nuit avoient fait le gait doi chevalier de Pikardie, li sirez de -Castellon et li sirez d'Aubegny, et estoient encorrez à leur garde; si -saillirent moult tost avant, qu'il sentirent l'ost estourmir. Et furent -chil de Plaremiel enclos et villainnement reboutet et mis à cache. Et -s'estourmy tellement li hos que tout s'armèrent communaument; et apriès -ce qu'il eurent cachié les compaignons de Plaremiel et lez pluisseurs -ochis et remis en leur fort, il revinrent de grant couraige, pour -paremploiier le jour et leurs armeurez, assaillir Vennes; et là eut -assaut grant et fier et mervilleux. Et y souffrirent chil de Montfort -grant paine et grant traveil, car chil de le partie monseigneur Carle -de Blois estoient grant fuisson et toutte bonne gent. Si se portèrent -si bien que il conquisent le bourcq desous le cité et le fort jusques -as baillez; et y eut pluisseurs bourjois et riches hommes de le ville -pris, mors et navrés au rentrer dedens. Et là fu messire Joffrois de -Malatrait très bons chevaliers et y fist maintes belles appertises -d'armes; mès finaublement li Franchois assailloient de si grant -vollenté et de si bon couvenant, que chil de Vennes se doubtèrent dou -tout perdre. Si requissent à monseigneur Carlon de Blois un respit ce -jour seullement, là en dedens (aroient) avis et consseil pour yaux -rendre. Messires Carlez leur accorda assés à envis, mès li aucun baron -de France li fissent faire par ensi que il valloit mieux que il ewist -la cité sienne par amours que par haynne. Ensi parlementèrent tout le -jour chil de Vennes li ung à l'autre et puis à chiaux de hors pour yaux -rendre, salve leurs corps et leurs biens. Et quant messire Joffroi de -Malatrait vit que il ne leur porroit brisier ne oster le oppinion, il -se parti desconneus de Vennes, et s'embla et demucha, et s'en revint -vers Hainbon. Et recorda à la contesse et à chiaux qui là estoient, -coumment la besoingne alloit, liquel furent moult liet de la venue au -chevalier et moult courouchiet de la prise de Vennez; mès amender ne le -peurent tant c'à present. Or lairons ung petit à parler de cheux et de -monseigneur Carlon de Blois qui estoit jà partis de Vennez, car la cité -s'estoit rendue à lui, et l'en avoient fait li bourgois feaulté et -sierement. Et y avoit laiiet à cappittainnez monsigneur Hervi de Lion -et monsigneur Olivier de Clichon, et s'estoit trais à toutte sen host -devant la cité de Craais, et l'avoit assigie de tous costéz. Si -parlerons de monseigneur Loeis d'Espaigne et de se compagnie. Fos 69 vo -et 70. - -_Ms. de Rome_: Or voel je parler de messire Lois d'Espagne, qui fist -logier son hoost tout autour de la ville de Dignant en Bretagne, et -fist tantos pourveir petis batiaus et nacelles, pour assallir la ville -de toutes pars par terre et par iaue. Qant li bourgois de la ville -veirent ce, si se doubtèrent; et jà amoient il plus assés les François -et la partie mesire Carle de Blois que la contesse de Montfort. Si -tretiièrent deviers messire Lois d'Espagne à euls rendre, salve lors -biens et lors corps. Messires Lois entendi volentiers à ces tretiés. -Messires Renauls de Ghinghant, lor chapitainne, entendi que il -tretioient pour euls rendre. Si en fu durement courouchiés et maneça -les plus grans mestres de la ville à faire coper les testes, et les -appella fauls, mauvais et traittes, dont il furent moult courouchiet, -et se doubtèrent de lui que de fait il ne vosist essequter, ensi que il -le disoit. Paroles se moutepliièrent entre messire Renault et euls, et -tant que de fait et en meslée il l'ocirent; et puis mandèrent à mesire -Lois d'Espagne que il venist, on li ouveroit les portes. Messires Lois -fu moult resjois de ces nouvelles, et entra dedens Dignant à grant -compagnie. Et à ce jour i estoient la fenme et les enfans, deus filles -et deus jones fils, au chastellain de Ghinghant. Auqun Breton et -François li disoient que il les retenist à prisonniers, mais il n'en -volt riens faire. Avant lor fist grasce, et les delivra euls et le -leur, et les fist mettre hors de la ville et convoiier jusques à -Hainbon, dont on tint che fait à grant courtoisie. Messires Lois -d'Espagne prist la posession de Dignant de par mesire Carle de Blois, -et i ordonna chapitainne et gens d'armes pour le deffendre et garder, -et s'i tint quatre jours. Et fu delivrés Gerars de Malain et tout li -compagnon, les quels messires Renauls de Ghinghant avoit pris, ensi -comme il est ichi desus dit; et fist meismes chapitainne de Dignant -Gerart de Malain et mesire Pière Portebuef avoecques lui. - -Puis s'en ala li dis messires Lois d'Espagne à toute son hoost deviers -une grose ville seant sus la mer, que on clainme Garlande, et le assega -par terre; et n'estoit pas adonc trop fort fremée, et est uns havenes -de mer, uns des bien hantés de toute Bretagne, et ville durement. Si -trouvèrent li François ou havene de Garlande auquns vassiaus, ens ès -quels il i avoit des vins de Poito et de Saintongle et de la Rocelle, -et gisoient là à l'ancre pour estre vendu; mais il furent pris et levé, -et en traist on hors des vassiaus biaucop. Et furent cargiet sus chars -et envoiiet en l'oost devant Auroi, et en retinrent une partie pour -euls pour lors pourveances. - -La ville de la Garlande fu assallie et conquise par force, car il n'i -avoit que les honmes de la ville, et si est une ville de grant garde; -si fu violée et courue et toute robée, et i trouvèrent grant avoir. Et -i ot cinq eglises arses, dont Lois d'Espagne, qui estoit conduisières -de l'oost, fu durement courouchiés, et fist pendre ceuls qui le feu i -avoient bouté. Là orent li François grant conquest, car la ville estoit -durement riches, et pris des bons marceans pour euls rançonner. - -Là ordonna mesires Lois d'Espagne à retourner en l'oost le visconte de -Rohem et grant fuisson des aultres, et ne retint non plus que de deus -cens compagnons geneuois et espagnols; et dist que il se meteroit sus -la marine, ensi que ses corages li aporta: dont il fist une grant -folie, et l'en deubt estre priès malvenu, ensi que je vous racorderai -assés briefment. - -Qant li viscontes de Rohem et li autre chevalier de France et de -Bretagne furent retourné devant Auroi, il recordèrent à messire Carle -de Blois tout le voiage que il avoient fait, la prise de Dignant et de -la ville de Garlande où il avoient bien trouvet à pillier, et conment -messires Lois d'Espagne en estoit allés sus la marine en la compagnie -de Othon Doriie et de Toudal, grans esqumeurs de mer, et n'enmenoient -fors que Geneuois et Espagnols. De toutes ces coses se contenta -grandement messires Carles de Blois. A l'eure que li viscontes de Rohen -fu là venus devant Auroi, vinrent aussi grans gens de France que li -rois Phelippes i envoioit, car il estoit enfourmés que grans confors de -gens d'armes et d'archiers estoit venus à la contesse desus dite et -issu hors d'Engleterre. Se ne voloit pas que ses cousins fust si -despourveus que il ne peuist tenir les camps à l'encontre de ses -ennemis, puis que il li avoit couvenancé de aidier. - -Qant messires Lois d'Espagne fu montés en la navie à Garlande, en la -compagnie de Toudou et de mesire Othe Doriie, mestre des Geneuois, et -pooient estre quatre cens hommes en tout, il sievirent la bende de la -mer, et prissent terre assés priès de Camperlé. Si fissent par lors -sievans ardoir tout le plat pais; et tout ce que il trouvoient de bon, -il estoit porté en la navie. Si conquissent moult grant avoir sus ce -voiage, voires se il lor fu demoré, mais nennil. Car nouvelles vinrent -à mesire Gautier de Mauni et as chevaliers, qui dedens Hainbon se -tenoient, que messires Lois d'Espagne estoit alés en Garlande, et -l'avoit ars et tout le pais de là environ, et avoit renvoiiet une -partie de ses gens, et ne pooient estre en sa compagnie non plus de -quatre cens honmes. Evous ces chevaliers et gens d'armes de Hainbon -resvilliés; si s'armèrent et apparillièrent tantos, et entrèrent -dedens nefs et barges et balengiers environ quatre cens honmes d'armes -et mille archiers. Et se departirent dou havene et singlèrent en mer, -costians les terres pour venir à Garlande, et avoient le vent et la -marée pour euls, et vinrent à Garlande. Si trouvèrent encores que les -maisons et les eglises fumoient dou feu que li François i avoient fait, -et les povres gens dou pais qui lor vinrent au devant en criant et en -braiant et en disant: «Ha! chier signeur, li larron nous ont ars et -pris et desrobé le nostre, et s'en vont selonch la marine.» - -Qant messires Gautiers de Mauni et ses gens entendirent ces nouvelles, -sans point issir de lors vassiaus, il se missent au chemin et en la -route pour euls trouver; et veoient, de lors nefs et balengiers où il -ceminoient sus la marine, les fumières que il faisoient sus le plat -pais. Et tant alèrent que il arivèrent assés priès de Camperlé, ou -havene meismes où la navie estoit toute cargie de ce que li François -avoient trouvé sus le pais, et par especial en Garlande où il orent -trop grant avoir. Sitos que il furent venu ou havene de Camperlé, ces -nefs furent conquises, et tout mort ou jeté à bort cheuls qui les -gardoient; et entendirent par les gens dou pais qui estoient tout -effraé, que li François couroient, et avoient li pluisseur trouvé des -chevaus et roboient le pais. - -Adonc messires Gautiers de Mauni et tout chil qui en sa route estoient, -gens d'armes et archiers, se missent tout à terre et se ordonnèrent en -trois batailles, et fissent les deus reponre et muchier en un bosqet -qui là estoit, afin que mesires Lois d'Espagne et ses gens, à leur -retour, ne se tenissent à trop cargiet, car bien savoient que par là il -les couvenoit retourner. Tout ce fait et ordonné, casquns burent et -mengièrent un petit, et puis s'asissent sus l'erbe et sus le sabelon, -attendans le retour des François qui faisoient bien lor besongnes sus -le pais, car nuls ne lor aloit au devant. Qant les gens à mesire Lois -d'Espagne orent cargiet chars et charètes de tous meubles et pourfis -que il ramenoient à lor navie, et tenoient à avoir fait lor voiage, -pour euls mettre au retour viers lor navie, ainsi que il venoient et -aproçoient la mer, il voient une bataille d'archiers sus une elle, et -un petit en sus gens d'armes et les pennonchiaus venteler. - -Donc s'arestèrent li François tout quoi, et s'esmervillièrent, quels -gens ce pooient estre, qui là se tenoient; et quidièrent de -conmencement que ce fuissent chil de Camperlé qui les venissent -combatre, et qui se fuissent là requelliet. Si fissent monter deus -honmes d'armes, tout doi de Piqardie. Li uns avoit nom Tassart de -Ghines, et li aultres Hues de Villers, et tout doi estoient esquier -d'onnour à mesire Carle de Blois; mais pour lor avancement il estoient -accompagniet avoecques mesire Lois d'Espagne. Et chil doi esquier -avoient tant fait que il estoient assés bien monté. Si lor dist: -«Mesires Lois Tassart et vous, Hues, chevauchiés avant et aprochiés ces -gens de plus priès, par quoi nous aions la connissance, assavoir quels -gens ce sont.» Il respondirent: «Volentiers.» Il cevauchièrent devant, -car il avoient deus bons ronchins, et vinrent si priès des Englois et -des Bretons que li archier euissent bien tret jusques à euls, se il -vosissent. - -Chil doi esquier desus nonmé congneurent plainnement que c'estoient lor -ennemi. Si retournèrent et dissent: «Sire, ce sont Englois et Breton, -car nous avons veu et congneu le pennon à mesire Gautier de Mauni: il -est de gueulles à trois noirs qievirons, et ce sont archier d'Englerre -que vous veés là. Regardés que vous volés dire et faire.» Respondi -messires Lois: «Il nous fault combatre. Nous ne poons fuir: il sont -signeur de nostre navie. Nous avons trop demoré sus terre. Alons avant -ou nom de Dieu et de saint Gorge: il nous fault prendre l'aventure.» -Adonc fit il sa banière passer avant, et le portoit uns esquiers qui se -nonmoit Robers de Santi. Là fist li dis mesire Lois un sien neveu -chevalier, qui se nonmoit Aufons d'Espagne. Il ordonnèrent les Geneuois -et les Espagnols, et les missent tout devant, et conmenchièrent la -bataille dou tret, et puis aprochièrent les gens d'armes et se -boutèrent l'un dedens l'autre. Et se portèrent li François à ce -conmencement si bien que, se il n'euissent eu aultre faix, il se -fuissent bien delivré de ces premiers, et les requlèrent sus la marine. - -Adonc vinrent les aultres deus batailles, qui estoient en enbusqe, et -encloirent les François. Là ot dur hustin, et vaillanment s'i portèrent -les gens à mesire Lois, mais les Englois et les Bretons estoient trop -grant fuisson. Et (fu) abatue la banière à mesire Lois, et chils mors, -qui le portoit, et mesire Aufons d'Espagne, mort. A grant painne, se -sauvèrent mesire Lois d'Espagne et Toudou et mesire Othon Doriie. Mais -qant il veirent que li faix estoit trop pesans pour euls, il -entendirent à recouvrer lors cevaus que lors varlès tenoient sus les -èles de la bataille; car se ils n'euissent eu lors cevaus tous près, -jamès ne s'en fuissent parti, sans estre mort ou pris. Il prissent, sus -la desconfiture, le cemin de la mer, et pooient estre environ -soissante. Nuls ne les poursievi, car Englois et Breton n'avoient nuls -cevaus, et aussi il entendirent au garder ce que il avoient conquis. - -Messires Lois d'Espagne et chil qui escapèrent de le bataille -trouvèrent en un regot de mer une grose barge de Camperlé, que li -maronnier avoient là bouté et repus, et n'estoient osé aler avant pour -la doubtance des François. Qant il le veirent là arester à l'ancre, il -se traissent de celle part et trouvèrent trois Bretons qui le -gardoient. Il furent mestre de euls et de la barge et entrèrent dedens -non tous, car il ne peuissent, pour tant que il enmenoient en la barge -lors cevaus avoecques euls, Tassars de Ghines et Hues de Villers et -auquns Bretons qui connissoient le pais, cevauchièrent tant de jour et -de nuit que il vinrent à Rennes; et là s'arestèrent pour oïr nouvelles -de mesire Lois d'Espagne et de lors compagnons qui nagièrent toute la -nuit et vinrent ariver à Grède, au plus proçain port de Vennes et de -Rennes. - -Et li Englois et li Breton cargièrent lors vassiaus des meubles et -pourfis que li François amenoient, et puis rentrèrent en lor navie à -tout ce conquest; et retournèrent à Hainbon, et recordèrent à la -contesse et à lors compagnons conment il avoient esploitié. Si en -furent tout resjoi, ce fu raison, car il en estoient departi à lor -honnour et pourfit. Ensi vont les aventures d'armes et les fortunes: à -le fois on quide avoir tout gaegnié, et on a tout perdu. Fos 83 et 84. - -P. 157, l. 12: sus le flun de le mer.--_Mss. B 3 et A 7 à 10_: sur la -mer. Fo 83 vo.--_Mss. A 1 à 6, 15 à 33_: sur le fleuve de la mer. Fo 93 -vo.--_Mss. A 11 à 14_: sur la rive de la mer. Fo 90. - -P. 157, l. 13: Garlande.--_Mss. A 15 à 17_: Gairande. Fo 95.--_Mss. A -23 à 33_: Guerrande, Gerrande. Fo 109.--_Mss. B 3 et A 1 à 14, 18 à -22_: Garlande. Fo 83 vo. - -P. 158, l. 5: Toudou.--_Ms. B 3_: Toudouz. Fo 84.--_Mss. A 23 à 29_: -Tondons. Fo 109 vo.--_Mss. A 1 à 22_: Condons. F. 93 vo. - -P. 158, l. 14: Joni.--_Mss. B 3, A 1 à 6, 11 à 33_: Joingny, Joigny. Fo -84.--_Mss. A 7 à 10_: Jony. Fo 86. - -P. 159, l. 10: Plaremiel.--_Ms. B 3_: Plerenmiel. Fo 84.--_Mss. A 1 à -6, 11 à 14, 18 à 22_: Plearmel. Fo 94.--_Mss. A 15 à 17, 23 à 29_: -Pleremel, Plermel. Fo 95 vo.--_Mss. A 30 à 33_: Ployeremel. Fo 156. - -P. 159, l. 30: Hembon.--_Ms. B 6_: devers la contesse et monseigneur -Gautier de Mauny à qui on conta ces nouvelles. Messire Gautier s'arma -et fist armer tous les compaignons de Hambon, englès et bretons, et -estoient bien six cens lanches et neuf cens archiés. Et se partirent en -istance que pour venir à Vennes brisier ces trièves et traitiés et -rafreschir la chité. Mais quant il furent à une lieue près, il -entendirent que la cité estoit rendue, et messire Charles de Blois -estoit dedens. Sy en furent moult courouchiés. Nonpourquant messire -Gautier dist que, puisqu'il estoient sur les camps, que point ne -retourneroient se aroient trouvé aventure. Et entendy que mesire Lois -d'Espaigne chevauchoit et avoit prins la ville de Garlande et estoit -sur mer pour aller en l'isle de Camparlé envers la cité de Grède, et -prist tantost le chemin. Et mesire Charles de Blois prist le serment et -homaige de ceulx de Vennes et y laissa dedens capitaines mesire Hervy -de Lion et le sire de Clichon. Fos 210 et 211. - - -=§ 172.= P. 160, l. 7: Saciés que.--_Ms. d'Amiens_: Sachiés que, quant -messires Loeys d'Espaigne fu montés, au port de Garlande, sour mer, il -et se compaignie allèrent tant nagant par mer, qu'il arivèrent en le -Bretaingne bretonnant par mer au port de Camperli et assés priès de -Camper Correntin et de Saint Mahieu de Fine Posterne; et yssirent des -naves, et allèrent ardoir et rober tout le pays. Et trouvèrent si grant -avoir que grant merveillez seroit de le raconter; si le raportèrent -tout en leur naves, et puis allèrent autre part rober et courir tout le -pays sus le marine, qui se tenoit ne rendoit de le comtesse de -Montfort. Et y conquissent si grant avoir, que il en estoient si -cargiet que il n'en savoient que faire. - -Ces nouvelles parvinrent à Hainbon à le comtesse de Monfort et as -chevaliers qui là estoient, tant d'Engleterre que de Bretaingne, -coumment messires Loeys d'Espaigne couroit tout le pais. Si s'avisa -messires Gautiers de Mauny d'une grant proèce, et en parla as -compaignons et leur dist que il perdoient leurs tamps à là sejourner, -ou kas que il sentoient leurs ennemis si priès d'iaux. Dont -respondirent tuit communaument que il estoient appareilliet à faire -tout ce que il vorroit. Et li sirez de Mauni leur dist: «Grant -merchis.» Lors appareillièrent il tout leur harnas et cargièrent les -vaissiaux sus le havene, et y missent leurs cevaux et puis entrèrent -ens. Bien estoient cinq cens hommes d'armez et deus mille archers, et -telz chevaliers que messires Amauris de Clichon, messires Yves de -Tigueri, li castellains de Ghingant, li sires de Landreniaux, messires -Guillaummes de Quadudal, messires Joffroy de Malatrait, messires Henris -de Penefort, li doy frère de Leynendale, messires Guis de Nulli, li -sirez Despenssiers, messires Jehans le Boutillier, messires Hubert de -Frenay, messires Alains de Sirehonde, mestre des archiers, et -pluisseurs autrez chevaliers et escuyers. Si eurent bons maronniers et -saiges, et ne cessèrent de nagier si furent venut droit au port de -Camperli, là où les naves et les vaissiaux monseigneur Loeys -d'Espaingne estoient et gisoient, et tous li granz avoirs que il -avoient concquis ou pays d'environ. Si entrèrent ens Englès et Breton, -et ochissent tous ceux qui les gardoient, et y trouvèrent tant de -ricoisse que tout en furent esmervilliet. Et entendirent par les -prisonniers que messires Loeis chevauçoit. Lors eurent consseil et -advis que il se partiroient en trois bataillez et sieuroient lez -fummierrez, et ne cesseroient si aroient trouvet le dit monseigneur -Loeys et se routte, et yaux combatu. Si se missent as camps ainssi -comme ordonné fu, et pourveirent et garnirent leur navie et le navie -que trouvet avoient sus le port de Camperli, de trois cens archers et -de cent hommez d'armes; et puis chevauchièrent à l'endroit des -fummierrez et dez chemins là où il esperoient monseigneur Loeys -d'Espaigne à trouver le plus tost et toutte se routte pour le -combattre. - -Ces nouvellez vinrent au dessus dit monseigneur Loeys que li Englès -chevauchoient et le queroient, et estoient sans comparison plus fors -qu'il ne fust. Si se doubta de leur encontre, et requella tout -bellement ses gens et remist enssamble; puis chevaucha vers l'ille de -Camperli pour revenir à sa navie. Mais enssi qu'il cevauchoit sus le -marine, il encontra messire Guillaume de Quadudal, messire Henry de -Pennefort et monseigneur Joffroy de Malatrait et leur routte; et quant -il lez perchupt, si congnut assés que combattre lez couvenoit. Si mist -sez gens enssamble et lez recomforta et escria son cri, et fist -chevauchier se bannierre et appella ung sien nepveult que on claimmoit -Aufour; et le fist là chevalier et pour l'amour de lui six autrez, et -leur pria que il penssaissent dou bien faire, et chacuns li eut en -couvent. Adonc s'asamblèrent il li Franchois et li Breton, et y eult, -de premières venues, fortez joustez et radez, et pluisseurs -compaignons porté à terre de l'un léz et de l'autre; et apriès les -lanches fallies, il sachièrent lez espées et les espois et lez hachez -qui as archons des siellez leur pendoient, et s'en donnèrent grans -horions et durs, et là en y eult moult de navrés et de blechiés. Et -vous ay en couvent que messire Loeys d'Espaigne et messires li -Auffours, sez niéz, y fissent tamainte belle appertise d'armes. Et s'i -portèrent si bien des premiers chil de son costet, que finaublement il -ewissent desconfit lez Bretons et mis en cache, quant messire Gautiers -de Mauni et une grant routte d'Englèz, gens d'armes et archiers, y -sourvinrent frèz et nouviaux. Adonc se recoummencha la bataille dure et -felenesse; et couvint là souffrir et endurer monseigneur Loeys -d'Espaigne et monseigneur l'Aufour son nepveult et le chevalerie de -leur costet, grant painne. - -Vous devés savoir que ceste bataille, qui fu en l'ille de Camperli -assés prièz de Camper Correntin, fu moult fellenesse et bien combatue. -Et trop bien s'i porta messires Loeis d'Espaigne, et ossi fissent tout -chil de son costet; mès trop leur fu li fais durs et pesans, quant -messires Gautiers de Mauni y sourvint, car il amena toutte fresce gent -et bien combatant qui trouvèrent lez Franchois jà lassés davantaige. -Nonpourquant encorrez se deffendirent il et combattirent vassaument, -mès enfin il ne peurent tenir place. Et furent desconfit et mors et -messires li Aufors d'Espaigne, et li bannière de monseigneur Loeis, son -oncle, portée par terre, et uns bons escuier qui le portoit, mors et -abatus, que on claimmoit Huez de Lontin. Et se retraissent messires -Loeys et ses gens deviers leur navie, et Englès et Bretons apriès yaulx -en cache, et touttez mannières de gens paisans dou pays qui poursieuwi -les avoient as bastons, as bourlés et as pikez, pour rescour ce que dou -leur avoient perdu. Enssi à grant meschief li dis messires Loeis se -parti de le bataille, durement navrés en pluiseurs lieux, et ne ramena -de bien trois mille hommez qu'il avoit avoecq lui, non plus trois cens -et y laissa son nepveult mort, dont trop durement fu courouchiéz. - -Avoecq tout ce, quant li dis messires Loeys fu venus à sa navie, il le -trouva prise et garnie de sez ennemis. Si fu durement esbahis, et tant -couri sus le sabelon que il vint jusquez à ung ligne, ung vaissiel qui -siens estoit. Si entra dedens en grant qoite et aucuns des siens -especiaulx qui mettre s'i peurent. Puis sachièrent li maronnier le -single amont et eurent bon vent, et furent tantost esloingiet, car -chils lings si est uns vaissiaux plus appers que nulx autrez, et va de -tous vens et contre touttes marées. Quant chil chevalier d'Engleterre -et de Bretaingne eurent desconfis leurs ennemis et il perchurent que li -dis messires Loeys s'en estoit partis et alléz par deviers les -vaissiaux, il se missent tout à aller apriès lui tant qu'il peurent, et -lessièrent les gens dou pays couvenir del remannant et yaux vengier et -reprendre partie de ce que on leur avoit robet. Quant il furent venus -as vaissiaux, il trouvèrent que li dis messires (Loeys[408]) estoit -entrés en ung ligne et s'en alloit nagant quanqu'il pooit. Si entrèrent -tantost ens ès plus appareilliéz vaissiaux qu'il trouvèrent là sus le -marinne, et drechièrent lors voillez et nagièrent tant qu'il peurent -apriès le dit monsigneur Loeis (d'Espaigne); car il leur estoit avis -que il n'avoient riens fait, se il leur escappoit. Il eurent bon vent -si comme à souhet, et le veoient toudis nagier devant yaux si fortement -qu'il ne le peurent raconssuiwir. Et tant naga li dis messires Loeys -(d'Espaigne) à l'esploit dou vent et des maronniers, qu'il ariva à ung -port que on claimme le port de Gredo. Là descendi li dis messires Loeys -d'Espaigne, et chil qui escappet estoient avoecq lui, et entrèrent en -le ville de Gredo. Il n'eurent miez plenté sejourné en le ditte ville, -quant il oïrent dire que li Englès estoient arivet et qu'il -descendoient pour yaux combattre. Et quant messires Loeys et se routte -oyrent ces nouvellez, si n'eurent pas vollenté de là plus sejourner, -mais quisent, prissent et empruntèrent cevaus en le ville et montèrent -sus à esploit. Là en y eut de mal montéz, et se missent as camps -deviers le chité de Rennes, messires Loeys tout devant, enssi comme -homs desconfis, et ses gens apriès, cescuns qui mieux mieux; et qui -cheval ne pot avoir, si se repust et mucha au mieux qu'il peult. - - [408] On lit dans le ms.: «Robers.» Mauvaise leçon. - -Quant li Englès et li Breton furent arivet à Gredo, et il sceurent que -messires Loeis et li sien estoient parti et s'en aloient deviers -Rennez, si fissent tantost traire lors cevaux hors de leurs vaissiaux, -chilz qui ceval avoient, et se missent en cache encorrez apriès yaulx; -mès il estoient jà si eslongiet que nulx n'en trouvèrent. Si -retournèrent à Gredo, et s'i logièrent et reposèrent le nuit. - -L'endemain, il rentrèrent en leurs vaissiaux et singlèrent pour revenir -vers Hainbon, mès il eurent vent contraire et waucrèrent par deus -jours; et les couvint de force ariver à trois liewez de le ville de -Dinant. Puis se missent au cemin par terre enssi qu'il peurent, et -gastèrent le pays entour Dinant et prendoient cevaux telx que chacuns -pooit trouver, li uns à selle, et li autre sans selle; et allèrent tant -qu'il vinrent ung soir assés priès de le Roceperiot. Quant il furent là -venu, messires Gautiers de Mauni dist: «Certainnement jou iroie -vollentiers au matin assaillir che fort castiel de le Roceperiot, se -jou avoie compaignie, com travilliéz que je soie.» Et tout li chevalier -et li compaignon liement li accordèrent. Ceste nuit se reposèrent et -aisièrent de ce qu'il eurent. A l'endemain au matin, il vinrent devant -le dessus dit castiel; si le advisèrent et ymaginèrent coumment il -estoit hault assis et sus une roche. Et dist messires Gautiers de -Mauni, quant il y parfurent venu: «Il le nous couvient assaillir et -savoir se nous y porions riens concquerre.» Or devés savoir que dedens -le castel estoit venus, environ six jours devant, chilz bons escuiers -Gerars de Malain, par l'ordounnanche de monseigneur Charlon de Blois, -car autrefois en avoit il estet cappittainne. Dont, quant il vit Englès -et Bretons devant lui et yaux appareillier pour assaillir, il se mist -ossi en arroy pour bien deffendre. Lors commença ungs assaulx grans, -fiers et mervilleux, car Englès et Breton montoient le roche et le -montaigne amont, et trayoient et assalloient de grant vollenté. Et chil -dou fort leur envoiioient d'amont pièrez et baux et autres coses pour -yaux grever, et avoient kanons et ars à tour, dont trop bien se -deffendoient. Chil qui assalloient montoient perilleusement; et bien -apparut, car il y eut dez leurs pluisseurs blechiés et navrés: entre -lesquelx messires Jehans li Boutilliers et messires Hubert de Frenay -furent si durement blechiés, qu'il les couvint raporter aval de la Roce -et mettre jesir en ung pret avoecquez les autrez navrés. Fos 70 et 71. - -_Ms. de Rome_: Assés tos apriès avint que messires Gautiers de Mauni et -auqun Englois qui desiroient les armes se departirent de Hainbon et -cevauchièrent as aventures viers Roceperiot. Qant il furent venu -jusques à là, messires Gautiers de Mauni dist: «Avant que nous -chevauçons plus avant, je voel que nous alons assallir ce chastiel, et -veoir se nous i porions riens conquester.» Tout respondirent: «A la -bonne heure!» Il missent tantos piet à terre et aprochièrent le -chastiel, et conmenchièrent à monter la roce et à livrer grant asaut. -Pour ces jours i estoit Gerars de Malain, li esquiers de Bourgongne, -qui avoit esté pris et rescous à Dignant, et avoit avoecques lui des -bons compagnons qui tout se missent à deffense. Li dis Gerars de Malain -n'espargnoit point, mais se deffendoit de grant volenté et par bonne -ordenance. Englois sont chaut et boullant, et est vis as auquns que -tantos il doient avoir conquesté, soit bataille ou asaut, qant il i -sont venu, et là ot des lours qui s'avancièrent follement. Auquns -(furent) bleciés, et par especial deus bons chevaliers, dont li uns fu -nonmés messires Jehans li Boutelliers et li aultres messires Hubiers de -Frenai. Et furent tellement tapés sus lors bachinés dou jet de deus -pierres que il rendoient sanch par la bouce et par les orelles; et les -couvint porter hors et en sus de l'asaut en une prée et desarmer, et -furent si estonnet que on quidoit bien que il deuissent morir. Fo 84 -vo. - -P. 160, l. 18: de Cliçon.--_Le ms. B 6 ajoute_: messire Joffroy de -Malatrait. Fo 211. - -P. 161, l. 16: batailles.--_Ms. B 6_: et estoit mesire Gautier de -Mauny. Fo 212. - -P. 161, l. 20: Aufons.--_Mss. B 3, et A 1 à 22_: Aufour, Auffour. Fo -84 vo.--_Mss. A 23 à 33_: Alphons. Fo 110 vo. - -P. 162, l. 3: sis mille.--_Mss. A 1 à 22_: sept mille. Fo 95.--_Mss. A -23 à 33_: six mille. Fo 105 vo. - -P. 162, l. 23: qu'il pooit.--_Ms. B 6_: et fist tant qu'il vint en -Garlande et monta là à cheval et se sauva au mieulx qu'il pot, mais de -toute(s) ses (gens) il n'en demoura que douze. Et vinrent en l'ost -devant Crais, où messire Charles de Blois estoit. Fo 213. - -P. 162, l. 33: Gredo.--_Mss. A 1 à 22_: Gredo. Fo 95.--_Mss. A 23 à -33_: Redon. Fo 106. - -P. 163, l. 8: Rennes.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: Vennes. Fo -95.--_Mss. A 7 à 10, 15 à 17, 23 à 33_: Rennes. Fo 87 vo. - -P. 164, l. 14: Mahieus de Frenai.--_Ms. B 6_: Jehan de Frenay. Fo 214. - - -=§ 173.=--P. 164, l. 17: Cilz Gerars.--_Ms. de Rome_: Chils Gerars de -Malain avoit un frère, hardit honme et conforté durement, que on -nommoit Renier de Malain; et estoit chapitainne et chastellains de un -aultre petit fort, seans assés priès de la Roceperiot, et le fort on -clainme Fauet. Qant cils Reniers entendi que Englois et Breton -livroient assaut à la Roceperiot, de laquelle garnison ses frères -Gerars estoit chastellains et gardiiens, il fist armer de ses -compagnons jusques à quarante, et issi hors de Fauet, et cevauça viers -la Roceperiot, en instance de ce que pour conforter son frère, en -auqune manière se il pooit; et sourvint à l'aventure sus ces deus -chevaliers englois bleciés, liquel estoient en une prée en sus dou -hustin, car la noise lor faisoit mal, et ne trouvèrent dalés euls que -varlès qui les gardoient. Il veirent tantos que il estoient de lors -ennemis, et que on les avoit là amenés pour euls rafresqir. Il -environnèrent ces varlès et ces prisonniers et les prissent tous, et -fissent les chevaliers monter sus lors chevaus et les varlès venir et -sievir à piet, tant que il furent eslongiet une grose demi lieue en sus -de la Roceperiot, et puis lor donnèrent congiet. Chil varlet de piet se -tinrent pour tous resjois qant il se sentirent delivret, et vinrent à -fuiant devant la Roceperiot, et se traissent deviers messire Gautier de -Mauni et les aultres, et lor dissent: «Signeur, rescoués mesire Jehan -le Boutellier et messire Hubert de Frenai, que chil de la garnison de -Fauet enmainnent.» - -Sus ces paroles, tout laissièrent l'assaut, et montèrent as cevaus et -ferirent à l'esporon, çasquns que mieuls mieuls, pour raconsievir ceuls -de la garnison de Fauet; mais il estoient jà entré dedens, et tout mis -à sauveté, prisonniers et euls, et relevet le pont et trait les -barrières avant, et avoient encores eu loisir de boire un cop et de -euls rafresqir. Evous venu messire Gautier de Mauni et les Englois et -les Bretons à l'esporon, et missent tantos piet à terre, et -approchièrent le chastiel et conmencièrent à asallir, con lassé que il -fuissent, et continuèrent l'asaut jusques à la nuit; car tantos fu -tart. Il regardèrent quel cose il feroient; car il n'avoient tentes ne -trefs, ne nulles pourveances, fors bien petit. Mesires Gautiers de -Mauni dist: «Nennil, il nous fault ravoir nos compagnons: aultrement -nous receverions trop grant blame, et se sera tantos jours. Une nuit -est tantos passée; il fait biel et chaut. Nostres chevaus se passeront -bien meshui de ce que nostres varlès trouveront.» Chils consauls fu -creus. Et se logièrent ces Englois et ces Bretons à l'environ de Fauet; -et lor varlet alèrent fouragier, et se passèrent la nuit de ce que il -trouvèrent. Fos 84 vo et 85. - - -=§ 174.=--P. 164, l. 23: quarante.--_Ms. d'Amiens_: jusquez à quarante. -Fo 71.--_Ms. B 6_: quarante lances. Fo 214. - -P. 165, l. 8 et 9: l'assaut.--_Ms. B 6_: Dont cheulx de Rochepierot -furent bien eureus, car on dist que, se l'aventure ne fust venue, les -Englès les eussent conquis. Fo 214. - -P. 165, l. 22: Gerars de Malain.--_Ms. d'Amiens_: Gerars de Malain -sceut, tantost que cil signeur se furent parti de Rocheperiot, le biel -fet d'armez que Reniers ses frèrez avoit fait pour lui secourir, si en -eut grant joie, et sceut que chil seigneur englès et breton estoient -pour chou tret par deviers Fauet et le concquerroient se il pooient. Si -se appenssa que il feroit ossi biel service à son frère qu'il li avoit -fet. Si monta en l'eure et tout de nuit sus son cheval et chevaucha -tant que ung petit devant le jour il vint à Dinant. On li ouvri le -porte, car bien y estoit conneus. Si parla à monseigneur Pière -Portebuef, son compaignon et cappittainne de Dinant, et li remoustra -quel besoing l'amenoit là. Messires Pière (Portebuef) fist tantost -sommer la cloce dou consseil de la ville. Et s'asamblèrent tout li -bourgois ou marchiet; et quant il furent tuit venu, li dessus dit les -priièrent et enortèrent si bellement que tout s'acordèrent ad ce qu'il -s'armeroient et yroient deviers Fauet pour secourir Renier de Malain, -leur bon voisin. Dont s'armèrent ysnielment touttez mannières de gens -en le ville de Dinant, et se rassamblèrent en le plache, et furent bien -six mille, qu'à piet qu'à ceval, et se partirent à grant effort et -prissent le chemin de Fauet, messires Pières Porteboef et Gerars de -Mallain devant, qui les conduisoient. Ces nouvelles vinrent à messire -Ghautier de Mauni et as chevaliers englès et bretons coumment chil de -Dinant et dou pays d'environ venoient pour yaux combattre. Si eurent -consseil entr'iaux que bon leur en seroit affaire, si ques, tout -consideret, le bien et le mal, il s'acordèrent à ce qu'il se -partiroient de là et s'en retourneroient tout bellement par deviers -Hainbon, car grans meschiefz leur poroit avenir, se il demoroient -longement là; car, se cil de Dinant leur venoient d'une part et li hos -messire Carle de Blois et li signeur de Franche d'autre part, il -seroient enclos, si seroient tous (pris[409]) et mors à le vollenté de -leurs ennemis. Si se acordèrent à ce que li milleurs poins estoit de -laissier leurs compaignons en prisson que de tout perdre, jusquez adonc -que il le poroient amender. Lors se partirent de Fauet et s'en -retournèrent vers Hainbon. Or lairons ung petit à parler d'iaux et -parlerons de monseigneur Loeys d'Espaigne.... - - [409] On lit dans le ms.: «perilz.» Mauvaise leçon. - -Quant messires Gautiers de Mauni se fu partis de Fauet et il eurent -pris le chemin de Hainbon, il vinrent passant par devant le fort -castiel que on claimme Gohy le Forest, qui, quinze jours devant, estoit -rendus à monseigneur Carlon de Blois. Et l'avoit li dis messires Carlez -livret pour garder à monseigneur Gui de Ghoy, qui en devant le tenoit, -liquelx n'estoit point adonc là, mès estoit en l'ost avoecq les -seigneurs de France par devant la ville de Craais. Quant messires -Gautiers de Mauni vi le castiel de Ghoy le Foriest, qui durement estoit -fors, il dist à ces chevaliers de Bretaingne qui estoient avoecq lui, -que il n'yroit plus avant, ne de là ne se partiroit, com travilliés -qu'il fuist, si aroit assailli che fort castiel et aroit veu le -couvenant de ciaux qui estoient dedens. Si coummanda tantost as -archiers que chacuns le sieuwist, et à ses compaignons ossi, puis prist -sa targe à son col et monta amont jusques as baillez et as fossés dou -castiel, et tout li autre Breton et Englès le sieuvirent. Lors -coummenchièrent fortement à assaillir, et chil de dedens fortement à -yaux deffendre, coumment qu'il n'ewissent point de leur cappitaine. Là -eult trop fort assault et grant fuison de bien faisans dedens et -dehors, et dura longement jusques à basses viespres. Là estoit messire -Gautier de Mauny tout devant, qui mies ne s'espargnoit, mès se mettoit -ou plus grant peril pour rencoragier les siens. Et li archier traioient -si ouniement que chil de dedens ne s'osoient apparoir as cretiaus, se -petit non. Si fissent tant li assallant que li fossés furent rempli à -l'un des lés d'estrain et de bois et de terre gettée par dessus, par -quoy il pooient bien parvenir jusques as murs. Adonc assaillirent il -plus fort que devant. Et avoient pik dont il petruisièrent le mur, et y -fissent ung si grant trau que par ce il reversèrent ung pan dou mur; et -entrèrent ens de force et ochirent tous ceux qui dedens estoient, -excepté quatre qu'il enmenèrent prisonnier. Et laissièrent le castiel -en cel estat et s'en partirent à l'endemain; et s'en revinrent à -Hainbon, où il furent recheuv à grant joie de le comtesse de Montfort -et de tous lors compaignons. - -Or avons nous entroubliiet à parler dou secours de Dinant qui venoit -devant Fauet. Voirs est qu'il y vinrent; et quant il trouvèrent les -Englèz partis, messire Pière Porteboef ramena chiaux de Dinant. Fo 71. - - -_Ms. de Rome_: Gerars de Malain, qui se tenoit en Roceperiot entendi -que li Englois et li Breton estoient devant Fauet. Si s'apensa que il -conforteroit son frère et li remunerroit le service que fait li avoit; -si se departi de Roceperiot et vint à Dignant. D'aventure estoient là -venu li sires de Chastellon, li viscontes de Rohem, li sires d'Amboise -et autres chevaliers de France, les quels mesires Carles de Blois i -avoit envoiiés pour conforter la ville, pour tant que il avoit entendu -que li Englois cevauçoient; et estoient bien trois cens lances et deus -cens Geneuois. Li esquiers bourgignons lor recorda le fait pour quoi il -estoit là venus, et de son frère qui estoit assegiet ou chastiel de -Fauet, et couvenoit que il fust secourus, ou il seroit pris, et li doi -chevalier que il tenoit prisonniers, rescous. Ces gens d'armes ne -furent onques si resjoi, à ce que il moustrèrent, qu'il furent; et -s'ordonnèrent toute la nuit au partir au point dou jour, et s'armèrent -et fissent armer tous les honmes aidables de Dignant. Et furent ou -gouvrenement de messire Pierre Portebuef; et puis, à l'aube dou jour, -il se departirent de Dignant, et ne pooient tos aler pour la cause de -ceuls de piet qui les sievoient. Messires Gautiers de Mauni et chil qui -estoient devant Fauet, furent segnefiiet que François venoient -efforciement. Si n'orent pas consel de l'atendre, et s'en departirent -et retournèrent viers Hainbon; si ques, qant li François furent jusques -à là venu, il ne trouvèrent à qui parler. Ensi demora pour ces jours -Fauet en paix. Et confortèrent li doi frère l'un l'autre et li doi -chevalier prisonnier: dont moult en anoia à mesire Gautier de Mauni, -mais amender ne le pot pour l'eure. - -Qant mesires Gautiers de Mauni et sa route se furent departi de Fauet, -ensi que vous avés oï, il n'alèrent pas le droit cemin pour retourner à -Hainbon, mais s'adrechièrent viers Goi le Forest, un chastiel assés -fort, qui se tenoit à mesire Carle de Blois. Messires Gautiers de -Mauni, qui estoit encores tous merancolieus des deus chevaliers, -messire Hubert de Frenai et messire Jehan le Boutillier, qui estoient -demoret derrière et prisonnier ou chastiel de Fauet, qant il fu venus -devant le chastiel de Goy la Forest, il dist à ses compagnons: «Il nous -fault assaiier à ce chastiel, se jamais nous le porions prendre.» Tout -furent de son acord et missent tantos piet à terre, et alèrent asallir -de si grant volenté, que li chastiaus fu pris, et tout chil mort, qui -dedens estoient. Et puis passèrent oultre, et vinrent ce jour à Hainbon -où la contesse estoit, qui lor fist bonne chière, mais messires -Gautiers ne pooit oubliier la prise des deus chevaliers et doutoit -messire Lois d'Espagne que il ne les fesist morir, en contrevengant la -mort de son neveu, messire Aufons d'Espagne, liquels avoit esté ocis en -l'ille de Camperlé. Fo 85. - -P. 166, l. 15: sis mille.--_Ms. B 6_: quatre mille. Fo 215. - - -=§ 175.= P. 168, l. 19: Quant.--_Ms. d'Amiens_: Et Gerars de Malain -retourna en le Roceperiot: si entendi que li Englès avoient pris Ghoi -le Forest et ochis ceux de dedens et l'avoient laissiet. Si vint ung -jour celle part et y amena grant fuison de bonhommes dou pays, et le -fist remparer et fortefiier de rechief et pourveir d'artillerie, de -pourveanches et de bons compaignons pour le garder; car mies ne volloit -que li Englès y amasesissent pour gueriier chiaux d'environ. - -Et toudis se tenoit li sièges devant Craais. Tant fist messires Carlez -de Blois o son effort et les seigneurs de France que li roys Phelippes, -ses biaux oncles, li avoit envoiiés, devant la bonne et forte ville de -Craais, et tant le fist assaillir par pluisseurs fois, que chil de -dedens furent durement constraint en pluisseurs mannières. Et se -tinrent et deffendirent comme bonne gent et senefiièrent leur necessité -par deux ou par troix foix à leur damme la comtesse de Montfort, qui -moult estoit couroucie que elle n'estoit forte assés pour lever le -siège; mès messires Carles de Blois avoit adonc grant host et belle -gent, et tous les jours li fuisonnoient. Si ne se trouvoit mies en -point pour yaux combattre. - -Or eut la comtesse consseil par l'avis de monseigneur Ghautier de Mauny -que elle escriproit une grande part de ses besoingnes au roy -d'Engleterre, et li renouvelleroit les couvenenches qu'il avoient -enssamble et li prieroit d'avoir secours: autrement, ce que elle tenoit -de pays en Bretaingne estoit en grant aventure. Si escripsi la comtesse -au roy englès lettrez moult affectueuses, ensi que bien le seult faire, -et messires Gautiers de Mauny ossi pour mieux aprouver et encoulourer -les besoingnes de le damme. Les lettres escriptez et saellées, li -messagiers parti et entra ens une nef ou havene de Hainbon, et singla -vers Engleterre. Endementroes qu'il ala et vint et fist son messaige, -pluiseurs coses avinrent en Bretaingne, desquelles je vous feray des -aucunnes mention, mès premiers je vous compteray dou siège de Craais -coumment il fu perseveréz. - -Ensi comme dessus est dit, tant fist messires Carles de Blois devant la -ville de Craais, que durement l'appressa et constraindi de famine. Et -quant cil de Craais veirent que il ne seroient autrement comforté ne -secourut de par la comtesse, il se doubtèrent de plus à perdre; car il -veoient monseigneur Carlon de Blois fort durement. Si traitiièrent -deviers lui par amiable composition que il leur volsist pardonner son -mautallent, et il le receveroient à signeur et li feroient feaulté et -hoummaige pour tous jours. Mès chilz tretiés fu si sagement demenéz que -li dessus dis messires Carles les rechupt par l'ordounnanche dessus -ditte et entra dedens la ville, et y fu rechus à grant joie et y reposa -et toutte sen host, voirs chil qui reposer y veurent, par six jours, et -leur fist on là dedens moult de courtoisiez. Fos 71 vo et 72. - -_Ms. de Rome_: Si ordonna li dis messires Carles (de Blois) chapitainne -à Vennes et bonnes gens d'armes pour le garder. Et puis se traissent -(li François) devant la ville de Craais, qui aussi sus quatre jours -entra en trettiet et se rendi. Et de là il vinrent devant Hainbon, et -se requellierent toutes les gens d'armes et les capitains françois de -tout le pais, qui pour lors se tenoient à mesire Carle de Blois, et -vinrent tout au siège de Hainbon. Fo 85 vo. - - -=§ 176.= P. 170, l. 11: Adonc.--_Ms. d'Amiens_: Endementroes eurent li -seigneur consseil quel part il se trairoient, ou devant Jugon, ou -devant Hainbon. Finaublement consseil se porta qu'il se retrairoient -devant Hainbon et l'assiegeroient de tous costéz, car leur ennemic se -tenoient par dedens, et n'en partiroient, c'estoit leur entente, si -l'aroient à leur vollenté. Dont se partirent au septime jour et -aroutèrent tout leur charoy et missent les pourveanches à voiture, et -s'en vinrent li seigneur et touttes mannières de gens devant Hainbon et -le assiegièrent. - -Or ont de rechief li Franchois assegiet le ville et le castiel de -Hainbon, et dedens la comtesse de Montfort et le seigneur de Mauni et -moult de bonne chevalerie et escuierie d'Engleterre et de Bretaingne, -qui souffissamment et vassaument s'i portent et deffendent le dessus -ditte fortrèce. La compaignie de ces signeurs de France estoit durement -moutepliiée et acroissoit tous les jours; car grant fuison des -seigneurs de France, chevaliers et bonne gent d'armes, revenoient de -jour en jour del roy Alphons d'Espaingne, qui adonc guerioit au roy de -Grenade et as Sarrasins: si ques quant il passoient par Poitou et il -ooient nouvellez dez ghuerres qui estoient en Bretaigne, il s'en -alloient celle part, et il estoient li bien venu. Li dis messires -Carles avoit fait drechier jusques à seize grans enghiens qui jettoient -grandez pierres ouniement as murs de Hainbon et en le ville. Mès chil -de dedens n'y acomptoient mies gramment; ains venoient tantost as murs -et as cretiaux et lez passoient de leurs capperons par despit. Et puis -crioient quanqu'il pooient, et disoient: «Alléz, allés requerre vos -compaignons et raporter, qui se reposent ou camp de Camperli:» desquelz -parollez et trufferiez messires Loeis d'Espaigne et li Geneuois avoient -grant yreur et grant despit. Fo 72. - -_Ms. de Rome_: Chil de la garnison de Hainbon estoient durement -fortefiiet. Et bien lor besongnoit, car toute la flour de la chevalerie -estoit pardevant là venue et arestée de France; ne on ne savoit adonc -où querre les armes, fors en Bretagne. Fo 85 vo. - -P. 170, l. 26: l'avoient veu.--_Mss. A 20 à 22_: puis qu'il fut envoié -devant Dignant. Fo 145. - -P. 170, l. 28: montepliie.--_Ms. B. 6_: car le roy Phelippe y envoia -mille combatans, pour che qu'il savoit bien que messire Gautier et les -Englès estoient yssus d'Engleterre et retrait dedens la ville de -Hambon. Fo 217. - - -=§ 177.= P. 171, l. 16: Un jour.--_Ms. de Rome_: Un jour vint messires -Lois d'Espagne en la tente mesire Carle de Blois, et li demanda un don, -present fuisson de grans signeur de France qui là estoient; et fu li -dons demandés en remunerant les services que fais li avoit. Messires -Carles ne savoit pas quel don il li voloit demander, car se ils le -seuist, jamais ne li euist acordé, et li otria sa demande legierement, -car il se sentoit moult tenus à lui. - -Qant li dons fu otroiiés, mesires Lois dist: «Monsigneur, grant -merchis! Je vous demande les deux chevaliers englois, qui sont -prisonnier ens ou chastiel de Fauet, et que Reniers de Malain -garde.»--«Volentiers, respondi mesire Carle; je les vous donne.» Et -pensoit que il les vosist avoir pour ses prisonniers, et pour rançonner -à finance, pour tant que il avoit moult perdu en l'ille de Camperlé. Il -furent envoiiet querre, et amené par l'esquier meismes qui pris les -avoit. Qant mesires Carles les vei, il dist à Renier de Malain: -«Renier, chil doi chevalier sont vostre. Je les vous demande, et qant -il venra à point, il vous vaudront bien aussi grant don.»--«Monsigneur, -dist Reniers, je les vous donne.»--«Grant merchis,» dist messires -Carles, «et je les vous donne,» dist il à mesire Lois, «qui demandé me -les avés. Quel cose en volés vous faire?»--«Sire, dist il, vous les -me-s-avés donnés, et ce sont mien. C'est li intension de moi, car je ai -par euls pris et recheu si très grant damage que mes gens mors et ocis, -et par especial Aufons, mon neveu, que je amoie otant que moi meismes, -que il morront aussi.» Donc regarda messires Carles sus messires Lois, -et se repenti trop fort de ce que il li avoit donné et acordé les deus -chevaliers, et li dist: «Cousins, se vous faissiés ce que vous dittes, -vous en seriés trop grandement blamés, et si seroit trop grant -cruaultés. Se li chevalier servent le roi d'Engleterre et il soient -pris par bataille, son service faisant, ils n'ont pas pour ce deservi -mort, mais tenés les et si les rançonnés courtoisement, ensi que -gentilhonme font l'un l'autre, car sus celle entente et pour ensi à -faire, les vous ai je donnés.»--«Sire, respondi li dis messires Lois, -li chevalier sont mien; si en ferai ma volenté; et se vous les -me-s-ostés, jamais jour ne vous servirai.» Li dis mesire Carle de Blois -vei son cousin courechiet et enflamet en aïr et ne le voloit pas -perdre, car de tous ceuls de l'oost il estoit chils qui plus loiaument -se acquitoit en ses armées et cevaucies; se li dist: «Cousins, nous nos -disnerons, et apriès disner vous auerés avis quel cose vous ferés.» Li -intension de messire Carle de Blois estoit telle que il feroit priier -tant de signeurs à messire Lois d'Espagne, pour sauver les deus -chevaliers, que point ne morroient. Et fist couvrir les tables en sa -tente, et manda son frère le conte de Blois et ses cousins de Bourbon, -le signeur de Chastellon et aultres, et lor donna ce jour à disner, et -retint messire Lois d'Espagne dalés li et les deus chevaliers -d'Engleterre qui avoient oy toutes ces paroles et ces manaces. Si -n'estoient pas bien aseguré, mais grandement il se contentoient de -monsigneur Carle de Blois, et veoient bien que en li avoient un bon -moiien. Fos 85 vo et 86. - -P. 171, l. 17: en l'entente.--_Ms. d'Amiens_: ens ès tentez. Fo 72. - -P. 171, l. 28: Mahieu de Frenai.--_Ms. d'Amiens_: Hubert de Frenay. Fo -72. - -P. 171, l. 31: Aufons, mon neveut.--_Ms. d'Amiens_: Aufour, mon chier -nepveut. Fo 72. - -P. 172, l. 1: neveut.--_Ms. B 6_: fil. Fo 217. - -P. 172, l. 3: laiens sont.--_Ms. d'Amiens_: et qui m'en gallent -encorres tous les jours. Fo 72. - -P. 172, l. 23: Loeis.--_Ms. d'Amiens_: car voirement li avoit il fait -pluiseurs biaux servicez et estoit encorres bien tailliéz de li faire -de jour en jour, car il estoit li ungs des bons chevaliers de toutte -sen host. Fo 72. - -P. 172, l. 24: chastellain de Fauet.--_Ms. d'Amiens_: Renier de Malain. -Fo 72. - -P. 172, l. 25: chevaliers.--_Ms. d'Amiens_: englès. Fo 72. - -P. 172, l. 25: host.--_Ms. d'Amiens_: liquelx castelains li envoya -parmi les bonnes enseignes qu'il eult dou dessus dit monsseigneur Carle -de Blois. Fo 72. - -P. 172, l. 29: pluiseur.--_Ms. d'Amiens_: baron et chevalier de France -qui oncques mès ne les avoient veus. Fo 72. - -P. 172, l. 31: dist.--_Ms. d'Amiens_: par grant yrour. Fo 72. - -P. 173, l. 13: semblable cas.--_Ms. d'Amiens_: cas sannable. Fo 72. - -P. 173, l. 13: li aultre signeur.--_Ms. d'Amiens_: li signeur de -Franche. Fo 72. - - -=§ 178.= P. 173, l. 21: Toutes les parolles.--_Ms. d'Amiens_: Touttes -les parolles, demandez et responsses qui premiers furent dittez entre -monseigneur Carle et le dit monseigneur Loeys à l'oquison de ces deux -chevaliers, furent tantost sceuwes à monseigneur Gautier de Mauni et à -monseigneur Amauri de Clichon, par espies qui toudis alloient -couvertement de l'un host en l'autre. Ossi furent touttez ces parolles -darrainnement dittez, quant li doy chevalier furent amenet en le tente -monseigneur Carle. Et quant li doy chevalier messires Ghautiers et -messires Amauris oïrent ces nouvellez et entendirent que c'estoit à -certez, il en eulrent grant pitié. Si appellèrent aucuns de leurs -compaignons et leur remoustrèrent le mescief des deux chevaliers, lors -amis et compaignons, pour avoir consseil qu'il en poroient faire; puis -coummenchièrent à pensser li uns chà et li autrez là, et n'en savoient -c'aviser. Au dairains, coummencha à parler li preux chevaliers messires -Gautiers de Mauny, et dist: «Seigneur compaignon, che seroit grant -honneur pour nous, se nous poions ces deux bons chevaliers sauver; et -se nous nos en mettons en aventure et fallissions, si nous en seroit li -roys d'Engleterre bon gré; et ossi feroient tout preudomme qui en -oroient parler, quant nous en arions fait nostre pooir. Si vous en -diray mon avis, se vous avés talent de l'entreprendre; car il me samble -que on doit bien le corps aventurer pour sauver le vie de deux vaillans -chevaliers. J'ay aviset que nous nos yrons armer et nous partirons en -deux pars. Li une des pars ystera maintenant, ensi que on disnera, par -ceste porte, et se iront ly compaignon rengier sus cez fossés pour -estourmir l'ost et pour escarmuchier. Bien croy que tout chil de l'host -acouront ceste part, et vous, messires Amauris, en serés cappittainne, -et arés avoecq vous mil bons archiers pour lez sourvenans detriier et -faire reculler. Et je prenderay deus cens de mes compaignons bien -montés et cinq cens archiers, et ysterons par ceste posterne d'autre -part couvertement, et venrons ferir par derière en leur loges que nous -trouverons wuidez; et se il plaist à Dieu, nous ferons tant que nous -les hosterons de ce peril.» Chilz conssaux et advis pleut à tous, si -qu'il fu fais et ordounnés tantost en l'eure, et s'armèrent tout chil -de Hainbon secretement. - -Droitement sus l'eure dou disner yssi messires Amauris de Clichon à -cinq cens hommes d'armes et à mil archiers par le porte qui le plus -proçainne estoit de l'ost, et se rengièrent et ordonnèrent sus les -fossés; et quant cil de l'host lez virent, si criièrent partout: «As -armes!» et s'armèrent vistement et partirent de leurs logeis et vinrent -escarmuchier à yaux; et li archier coummenchièrent à traire et à -ensonniier les Franchois. Endementroes messires Gautiers de Mauny, -messires Frankes de Halle, messires Henris de Pennefort, messires -Guillaummes de Cadudal, messires Joffrois de Malatrait et bien deux -cens compaignons et tous d'eslite et cinq cens archiers montés à -cheval, se partirent de Hainbon par une posterne qui oeuvre sus le mer, -et chevaucièrent en sus de le ville et entours l'ost, et s'en vinrent -ferir ens ès logeis par derière et n'y trouvèrent adonc que varlès et -gharçons, car tout li seigneur estoient à l'escarmuche. Et avoient li -Englèz espiez et meneurs qui menèrent tantost et de fet monseigneur -Ghautier et se routte droitement en le tente là où li doy chevalier -prisonnier estoient en grant soussi, liquel furent errant delivret de -chiaux qui lez gardoient, dont li plus furent mort et navret et mis en -cache, et furent tantost montez sour deux coursiers et rammenet en le -ville de Hainbon par force d'armes. Che service leur fist messires -Ghautiers de Mauny, dont il acquist grant grasce. Et moult en fu -messires Loeys d'Espaingne courouchiéz, mès oubliier li couvint: si en -fu il depuis moult merancolieux, par tant qu'il avoit en tel mannière -perdu les deux chevaliers, dont il volloit faire se venganche. Fo 72 -vo. - -_Ms. de Rome_: Toutes ces paroles furent sceues en la garnison de -Hainbon et dittes et comptées à messire Gautier de Mauni, qui tantos -sus heure fu consilliés et dist à ses compagnons: «Biau signeur, il -nous fault rescourre les deus chevaliers.»--«Et conment ferons ce?» -respondirent li aultre. «Je le vous dirai, dist messires Gautiers, nous -ferons armer tous ceuls de ceste garnison, et une partie demorer pour -garder la porte et le pont. Et vous, messire Ive de Tigri, messire -Guillaume de Qadudal, li sires de Landreniaus, li chastellains de -Ghinghant, li doi frère de Pennefort, prenderés deus cens compagnons et -cinq cens archiers, et saudrés hors sus le point dou disner, et irés -escarmuchier et estourmir l'oost. Et je et mes compagnons, lesquels je -ai mis hors d'Engleterre, à cinq cens archiers, saudrons hors par la -posterne et cevaucerons tout droit là où li doi chevalier prisonnier -sont, et ferons nostre pooir dou conquerre et dou ramener. Li coers me -dist que nous les rauerons, et ce seroit grant defaute pour nous, qant -nous les savons en tel parti, (si) nous ne faisions nostre diligense de -euls delivrer.» Tout furent de son acort et s'armèrent et -apparillièrent, et montèrent as cevaus ceuls qui monter i devoient. Et -fu ouverte la porte et li pons avalés, et sallirent hors les deus cens -armeures de fier, tous Bretons, et les cinq cens archiers, et s'en -vinrent escarmuchier et estourmir l'oost. Et fu sus le point dou -disner, dont oissiés tronpètes et claronciaus retentir et bondir et -criier alarme, et toutes gens sallir sus et euls armer. Meismement -messire Carles de Blois et tout li signeur qui en sa tente estoient, -sallirent sus et boutèrent les tables jus et s'armèrent et ordonnèrent, -et ne vodrent pas estre souspris à leur disner, et se departirent et se -traissent casquns viers l'escarmuce. Et mesires Lois d'Espagne -meismement, et ot si grant quoite de li armer et d'aler à l'escarmuce, -que il ne li souvint de ses deus chevaliers englois prisonniers, et les -laissa en la tente à mesire Carle de Blois, en la garde des varlès -d'offisce qui là estoient. - -Qant la cose fu bien estourmie, evous messire Gautier de Mauni venu et -issu hors de Hainbon par une posterne qui regardoit sus la mer, ferant -à l'esporon tout autour des logeis et ses compagnons. Et estoient bien -deus cens armeures de fier et cinq cens archiers, et bien avoient qui -les menoit; et s'adrecièrent droit au logeis à messire Carle de Blois, -et n'entendirent à aultre cose faire que de venir en la tente dou dit -messire Carle. Et ne trouvèrent que varlès qui là estoient, qui tantos -s'enfuirent, li uns chà, et li aultres là, et laissièrent les deus -chevaliers qui furent moult resjoi qant il veirent messire Gautier et -lor route. Tantos il furent monté sus deus chevaus, et se missent au -retour messire Gautiers et ses gens par le cemin meismes où il estoient -venu, et n'eurent encontre ne destourbier nul, et rentrèrent en -Hainbon. Fo 86. - -P. 175, l. 21 et 22: qui les recueilloient vistement.--_Mss. A 1 à 6, -11 à 14, 18 à 22_: qui se reculoient, en desfendant vistement. Fo 98 -vo. - - -=§ 179.= P. 176, l. 21: Encores.--_Ms. d'Amiens_: Trois jours apriès -ceste avenue, tout chil seigneur de Franche qui là estoient devant le -ville de Heinbon, se assamblèrent en le tente monseigneur Carlon de -Blois pour avoir consseil qu'il feroient, car il veoient bien que li -ville et li castiaux de Hainbon estoient si fort qu'il n'estoient mies -pour gaegnier, tant avoit dedens de bonne gens d'armes qui trop bien et -trop sagement et vassaument le gardoient. Et si leur ve(n)oient[410] -tous les jours pourveanches et vitailles par mer, dont il estoient bien -servi, et se ne leur pooit on ce pas oster ne clore. D'autre part, li -plas pays d'environ estoit si gastéz, qu'il ne savoient quel part aller -fourer. Et si leur estoit li yviers prochains, par quoy il ne pooient -par raison là longement demorer; si ques, tous ces poins consideréz, il -s'acordèrent tout communaument que il se partiroient de là, et -conssillièrent en bonne foy à monseigneur Carlon de Blois que il mesist -par touttez lez citéz, les bonnez villez et les fortrèches qu'il avoit -conquises, bonnes garnisons et fortes, et si vaillans cappitaines qu'il -s'i peuist affier, par quoy li annemy ne les pewissent reconcquerre. Et -se aucuns vaillans homz se volloit entremettre de pourcachier une -trieuwe, il s'i accordast vollentiers, mès que elle ne durast fors -jusques à le Pentecouste, que li saisons est revenue pour hostoiier. - - [410] On lit dans le ms.: «veoient.» Mauvaise leçon. - -A che consseil se tinrent tout chil qui là estoient, car c'estoit entre -le Saint Remy et le Toussains l'an de grace mil trois cens et quarante -deux, que li yviers et li froide saison aprochoient. Si se partirent -tout chil de l'host, seigneur et aultre. Si en ralla chacuns en sa -contrée. Et messires Carles de Blois s'en ralla droit par deviers le -ville de Craais à tout les barons et noblez seigneurs de Bretaingne, et -dounna congiet à touttez mannières de gens estragniers, mès encorres -retint il aucuns des barons de Franche pour lui aidier à consseillier. -Fos 72 vo et 73. - -_Ms. de Rome_: Encores se combatoient et escarmuçoient les François et -les Englois et les Bretons sus les fossés, et lançoient et traioient li -un à l'autre, et faisoient des grandes escarmuces d'armes; et -pluisseurs belles apertisses i ot là faites. Nouvelles vinrent as -signeurs de France qui là estoient à l'escarmuce, que les Englois en -ramenoient les deus chevaliers prisonniers. Evous sonner tronpètes et -claronchiaus de retrète, pour retourner en l'oost. Car qant il oïrent -dire: «Les Englois sont venus et entré ens ès tentes,» il quidièrent -rechevoir plus grant damage que il n'eurent, et que les Englois -deuissent bouter le feu ens ès logeis et ardoir, ensi que il avoient -fait aultre fois, mais non fissent: il n'entendirent à aultre cose que -de ravoir lors prisonniers et de euls mettre à sauveté. - -Ensi se cessa li escarmuce, car chil qui estoient sus les fossés ne -sievirent point, mais se retraissent tout bellement en la forterèce. Et -ot en Hainbon grant joie, qant il sentirent les deus chevaliers resqous -et delivré de dangier. Messires Lois d'Espagne fu trop durement -courouchiés de ce que, tantos que li chevalier li furent donné et -delivré, que il ne les avoit fait decoler, et moult de aultres signeurs -de l'oost tout resjois de ce que on les avoit rescous. Et en disoient -li un à l'autre: «Il est bien emploiiet, car messires Lois d'Espagne -estoit très mal avisés et consilliés de euls faire voloir morir.» Et -furent moult loées et reconmendées dedens et dehors les appertisses et -vaillances à messire Gautier de Mauni, car par li et par ses emprises -avoit esté tout fait. - -Trois jours apriès ceste avenue, tout chil signeur de France se -traissent en la tente de messire Carle de Blois. Et qant il furent tout -assamblé, ils parlementèrent ensamble pour sçavoir conment il -s'ordonneroient, car il veoient et sentoient que li iviers aproçoit, et -que dedens Hainbon il estoient pourveu et rafresqui de bonnes gens -d'armes et d'archiers, et estoit la ville et li chastiaus très fort, et -lor pooient venir tous les jours pourveances par mer, lequel pas on ne -lor pooit clore, se force de navie ne le faisoit sus la mer. Avoecques -tout ce, li fourageus françois ne savoient où fouragier, car li plas -pais estoit tous gastés, et n'avoient vivres fors à grant dangier. Si -fu dit et conselliet à messire Carle de Blois que il departesist ses -gens, et pourveist forterèces et garnisons de gens d'armes, et mesist -et establesist partout bons capitainnes, vaillans honmes segurs et -sages, et les laiast couvenir cel ivier et guerriier par garnisons, se -guerriier voloient; ou, se bonnes gens moienant ceste gerre se voloient -ensonniier de tretier unes trieuves jusques à la Saint Jehan Baptiste -que li pais se peuist un petit rencrassier et repourveir, on consilloit -à messire Carle de Blois que ils s'i acordast legierement, par quoi, à -l'esté qui retournoit, li cheval trouvaissent à fouragier sus les -camps. Chils consauls fu creus et tenus: on se desloga. Au deslogement -que li signeur de France fissent, il missent une grose enbusque sus, -par quoi chil dou chastiel et de la ville de Hainbon ne lor peuissent -porter damage. Et avint que, qant les Englois et les Bretons qui en -Hainbon se tenoient, veirent li deslogement, li auqun, par convoitise -de gaegnier, sallirent hors et se boutèrent sus les deslogans, mais il -alèrent trop avant, car li enbusque, laquelle messire Lois d'Espagne -gouvrenoit, salli avant, et là furent rebouté chil de Hainbon moult -durement. A très grant meschief peurent il rentrer à la ville, et -demorèrent dehors deus chevaliers par lor vaillance, qui deffendoient -les rentrans. Ce furent li sires de Landreniaus et li chastellains de -Ghinghant, et furent pris et environ dix honmes d'armes et menet en -voies. Ensi ala de celle escarmuce. Trois jours apriès ceste avenue, -vinrent nouvelles ens ou chastiel de Hainbon à la contesse de Montfort, -et as chevaliers d'Engleterre et de Bretagne, que li doi chevalier -dessus nonmet, mesires Carles de Blois et les signeurs sejournans à -Rennes, estoient tournet François et devenu honme à mesire Carle de -Blois et fait feaulté et honmage: dont on fu moult esmervilliet, car la -contesse lor avoit fait moult de biens, et lor couvint passer, ne avoir -n'en porent aultre cose. - -Ensi se deffist li sièges de Hainbon en celle saison, environ le Saint -Luch, l'an de grasce mil trois cens quarante deux que li iviers et les -longes nuis aproçoient. Et pourvei et rafresqi mesires Carles de Blois -toutes les chités, les villes et les chastiaus que il tenoit en -Bretagne, de nouvelles gens d'armes et de pourveances. Et remercia les -signeurs qui l'estoient venu servir; et leur sambla que moult bien il -avoient esploitiet pour une saison, et se departirent de Bretagne et -retournèrent en lors contrées. Et messires Carles s'en vint à Nantes -dalés sa fenme et là se tint. Fos 86 vo et 87. - - -=§ 180.= P. 178, l. 18: A ce conseil.--_Ms. d'Amiens_: Entroes que il -(messires Carles de Blois) sejournoit à Craais et que il entendoit à -pourveir et à ordounner ses garnisons et à rafrescir de gens, de vivres -et d'artillerie, et chevauchoit ses marescaus de l'un à l'autre, avint -que ungs rices bourgois et grans marcheanz de le bonne ville que on -claimme Jugon, fu une heure encontrés de son marescal, monseigneur -Robert de Biaumanoir, et fu pris et amenés à Craais par devant -monseigneur Charle. Chilz bourgois de Jugon faisoit touttes lez -pourveanchez le comtesse de Montfort, et estoit à Jugon moult creus et -moult amés. A che donc estoit cappittainne et souverains, de par le -comtesse, de la ville de Jugon, ungs gentils chevaliers que on -claimmoit monseigneur Gerart de Rochefort. Chils bourgois de Jugon, qui -enssi fu pris, eu grant paour de morir: si pria que on le lessaist -passer pour raenchon; on ne li volt mies acorder, mais fu mis en -prison, et depuis tant enquis et examinés d'unes coses et d'autres -qu'il eult en couvent de rendre le forte ville de Jugon, et dist que il -estoit bien en se puissanche de livrer l'une dez portez et de mettre -ens gens d'armes pour saisir le ville. - -A ces parolles entendirent li seigneur de France vollentiers, et li -disent que, se il estoit trouvés en verité, messire Charles de Blois li -pardonroit son mautalent et li donroit deux cens livres de revenue bien -asignées sus le castellerie de Jugon, et il respondy: «Oyl.» Et pour ce -mieux asegurer, il en mist son fil en hostaige et fist entendant à -chiaux de Jugon qu'il estoit ranchounnés à mille florins, et que ses -filx (en estoit garans[411]) et plèges. De tout ce qu'il dist, il fu -très bien creus, ne nuls n'y penssa le contraire. Chilx jours fu venus; -les portes de Jugon à heure de mienuit furent ouvertez. Si entra -messires Charles de Blois à celle heure en le ville à grant puissanche. -La ghaite du castiel s'en perchut; si coummencha à criier: «As armez! -Trahi! trahi!» Li bourgois, qui de ce ne se donnoient garde, se -commenchièrent à estourmir; et quant il virent leur ville perdue, il se -missent au fuir par deviers le castiel par troppiaux. Et li bourgois -qui trahi les avoit se mist à fuir avoec yaux par couvreture, et entra -ens ou castiel osi bien que li autre. Quant li jours fu venus, messires -Carles et ses gens entrèrent ens ès maisons dez bourgois pour -herbregier, et prissent ce qu'il trouvèrent. Et quant li dis messires -Carlez vit le castiel si fort et si emplit des bourgois, il dist qu'il -ne se partiroit de là jusques adonc qu'il aroit le castiel à sa -vollenté. Li castelains messires Gerars de Rocefort et li bourgois de -le ville perchurent bien et congnurent tantost que chilx bourgois les -avoit trahis. Si le prissent et pendirent tantost as cretiaux et as -murs du castiel. Ensi eult il son paiement de son pechiet. Lez mallez -oevrez amainnent les gens à povre fin. - - [411] On lit dans le ms.: «en estrans.» Mauvaise leçon. - -Quant messires Gerars de Rochefort, cappitaine et souverain de Jugon, -vit que messires Carlez de Blois ne se partiroit point de là et -s'amanagoit droitement en le ville pour yaux tenir à siège, et sentoit -que li castiaux sans le ville ne se pooit longement tenir (ossi il -estoit durement remplis de gens à petit de pourveanchez, car il y -estoient entré soudainnement et sans advis); si se consseilla à aucuns -bourgois qui là estoient, quel cose en estoit bon affaire. Chil qui -veoient jà le leur perdu davantaige et leurs maissons remplies de leurs -ennemis, et ne veoient nul comfort de leur damme et sentoient que tous -li pays se rendoit et tournoit à monseigneur Carlon de Blois, se -conssillièrent que il se renderoient à lui parmy tant que, se il en y -avoit aucuns qui plus aimassent le comtesse de Montfort que monseigneur -Carle de Blois, il se pooient partir sauvement, mais riens n'en -devoient porter dou leur. Cilz traitiés fu mis avant et acordés de -monsigneur Carlon de Blois. Et se parti messires Gerars de Rocefort et -li sien, mès riens n'enportèrent ne menèrent dou leur, fors que -seullement leurs ronchins qu'il chevauchoient; et s'en vinrent à -Hainbon et recordèrent coumment li affaire avoit allet. Si en fu -durement courouchie la comtesse de Montfort, et ossi furent chil qui -avoecq lui estoient, tant d'Engleterre que de Bretaingne, car il -avoient perdu une ville qui durement leur estoit ammie et leur avoit -fès pluisseurs biaux servicez. Se leur couvint il passer et yaux -recomforter au mieux qu'il peurent. - -Quant messires Carles de Blois se fu saisis de le ville et dou castiel -de Jugon, il y sejourna quinze jours pour entendre et regarder as -besoingnes et as deffensces de le ville. Et le fist bien reparer et -fortefiier, et pourveyr d'artillerie et de touttez autres pourveanches; -et quant il s'en parti, il y laissa monseigneur le Ghalois de le -Baume, ung chevalier savoiien, à cappittainne et à souverain, et avoecq -lui deus cens Geneuois parmy les hommes d'armes. Puis se retraist à -Rennes, où madamme sa femme estoit; et envoya monseigneur Loeys -d'Espaigne sejourner à Craais, pour là garder le frontière. - -Environ le Saint Martin, fu tretiés uns respit entre messire Carle de -Blois et le dessus ditte comtesse de Montfort; et en porta les parollez -sus bon saufconduit messires Yves de Tigueri, dou léz le comtesse, et -messires Robiers de Biaumannoir, dou costet monseigneur Carle. Liquels -respis fu acordés et acouvenenchiés, d'un lés et de l'autre, à durer -jusques an my may l'an mil trois cens quarante trois. Tantost ce respit -juret et saielet, la comtesse de Montfort se party de Hainbon et enmena -avoecquez lui aucuns chevaliers de Bretaingne; et monta en mer en -entention pour ariver en Engleterre, et pour parler au roy et li -remoustrer ses besoingnes. Ossi à ce Noel enssuiwant vint messires -Carlez de Blois à Paris deviers le roy Phelippe de Franche, son oncle, -qui le rechupt à grant joie. Et là estoient dallés lui li comtes Loeis -de Blois, ses frères, et li dus de Bourbon, et pluiseur autre grant -seigneur de leur linage, pour quoy la feste fu mout remforchie; et y -dounna grans dons et grans jeuiaux as seigneurs et as chevaliers -estraingiers, car bien le savoit faire. Or nous tairons nous ung petit -à parler dou roy de France, de monseigneur Carle de Blois et de chiaux -de Bretaingne. Si parlerons dou roy englès, car la matère le requiert. -Fo 73. - -_Ms. de Rome_: En cel ivier se tourna la ville de Craais à la contesse -de Montfort, je ne sçai par quel trettiet. Qant les nouvelles en furent -venues à mesire Carle de Blois qui se tenoit à Nantes, il en fu -durement courouchiés, et dist et jura que jamais n'entenderoit à aultre -cose si aueroit esté devant Craais, et l'asegeroit et point n'en -partiroit, se trop grant poissance contre li ne l'en levoit. Ce fu -entre le Noel et la Candelor, et manda tous ceuls qui de li tenoient en -Bretagne. Et vint asseoir Craais par bastides, car il faisoit trop -froit et trop lait pour tendre tentes, trefs et pavillons; et voloit -ceuls de Craais constraindre à tollir lors pourveances, et puis, tantos -le prin temps venu, aprochier dou plus priès conme on poroit. - -En ce termine avint que uns bourgois et rices marceans de la ville de -Jugon, qui se tenoit pour la contesse de Montfort et faisoit en partie -toutes ses pourveances, fu encontrés et trouvés sus les camps de -messire Robert de Biaumanoir, marescal de l'oost messire Carle. Si fu -pris et amenés devant Craais ou logeis dou dit messire Carle. Chils -bourgois estoit moult amés et creus en la ville de Jugon, qui est moult -fortement fremée et sciet très noblement. Aussi fait li chastiaus, qui -est biaus et fors, et se tenoit de la partie la contesse desus ditte. -Et en estoit chastellains, de par la contesse, uns chevaliers qui se -nonmoit messires Gerars de Rocefort. Chils bourgois de Jugon, qui ensi -fu pris et amenés à mesire Carle de Blois, eut grant paour de morir. -Et, pour tant que il estoit si proçains de la contesse de Montfort, fu -examinés et enquis des uns et des aultres si avant que il s'acorda à ce -et se fist fors de livrer et rendre la ville de Jugon à mesire Carle de -Blois ou à ses conmis dedens un jour qui ne fu pas trop lontains apriès -sa delivrance. Et, pour acomplir celle couvenance, il en bailla un sien -fil en plèges, et sus cel estat on le laissa aler et retourner à Jugon; -et donnoit à entendre que il estoit rançonnés à cinq cens florins, et -bien en estoit creus. On n'avoit nulle soupeçon de lui, et gardoit les -clefs de l'une des portes de Jugon. - -Au jour qui mis et ordonnés i estoit, mesires Carles de Blois en -prop(r)e personne i vint à tout cinq cens lances, et lais(s)a messire -Lois d'Espagne devant Craais à tout le demorant de son hoost. Ensi que -li bourgois de Jugon avoit en couvenant, il fist, et deffrema la porte -de laquelle il gardoit les clefs. Sus un ajournement, messires Carles -et ses gens entrèrent à poissance dedens la ville. La gette dou -chastiel se perchut que gens d'armes entroient en la ville. Si -s'efforça de corner: «Trahi! trahi!» Dont se resvillièrent li -chevaliers et li saudoiier qui dedens le chastiel estoient, et -coururent as armes et as garites d'autour dou chastiel, et -requellierent les bonnes gens qui fuioient dedens le chastiel. Li -bourgois meismes, qui la trahison avoit faite, fui dedens avoecques -euls par couvreture. Messires Carles et ses gens se saisirent de la -ville, et trouvèrent les maisons drues et raemplies, car chil dou plat -pais s'i estoient retrait sus la fiance dou fort lieu, et i avoient -amené lors biens. Mesires Carles et ses gens laissièrent toutes gens -aler pasieuvlement viers le chastiel et raemplir, car bien savoient, -plus en i aueroit, plus se tenroient chil dou chastiel à cargiet, et -plus tos se renderoient. Messires Gerars de Rocefort, qui chastellains -en estoit, fist enqueste par où ne conment la ville estoit prise. On li -dist: «par la porte dont tels homs gardoit les clefs.» Li uns fu pris -tantos, car il s'estoit là dedens enclos avoecques euls. Il fu -questionnés et si bien examinés que il congneut toute la trahison. -Adonc li compagnon de là dedens le prisent par le conmandement dou -chastellain et le pendirent as crestiaus dou chastel, veant tous ceuls -qui veoir le pooient. Ce fu le paiement que il en ot. - -Pour ce ne se departirent pas mesires Carles de Blois et ses gens de la -ville, mais s'i tinrent, et environnèrent le chastiel, et n'i vodrent -onques livrer assaut; car bien savoient que longement il ne se pooit -tenir selonch le peuple qui estoit dedens, et furent en cel estat -quatre jours. - -Li chastelains ot pité des honmes et des fenmes et des enfans de la -ville qui là dedens s'estoient bouté à nulles pourveances, et que ce ne -se pooit longement soustenir, et veoit bien par les apparans des -François que point de là ne se departiroient, si aueroient tout, et il -en estoient assés au desus, puis que il avoient la ville, et ne lor -apparoit confors de nul costé; si eurent consel de trettiier deviers -messire Carle. Et tretiièrent par celle manière que la ville et li -chastiaus se renderoient à lui, parmi tant que les hostels et maisons -qui fustées estoient, seroient restablies au plus priès conme on -poroit, et raueroit casquns et casqunes ses coses. A ce trettié entendi -messires Carles de Blois volentiers, et lor tint si avant conme il pot, -et fist faire un ban et un conmandement, quiconques avoit riens pris ne -levé en la ville de Jugon, tout fust restitué et mis arrière sus une -painne que on i asist. Chils bans ne fu pas bien tenus, et par especial -de ceuls qui avoient l'argent trouvé et levé: jamais ne l'euissent -remis arrière. - -Ensi ot en celle saison mesires Carles de Blois la ville et le chastiel -de Jugon, et en fist une bonne garnison, et n'i mist autre chapitainne -que mesire Gerart de Rocefort, depuis que il se fu rendus à lui, et que -il li ot fait feaulté et honmage, et prist aussi la feauté et honmage -des bourgois, et puis s'en parti et retourna devant Craais. - -De l'avenue de Jugon furent la contesse de Montfort et tout chil de sa -partie courouchié, mais souffrir lor couvint tant que pour celle fois, -car amender ne le porent. Assés tos apriès se ensonniièrent bonnes gens -entre messire Carle de Blois et la contesse de Montfort, pour donner -unes trieuves en Bretagne tant seullement. Si furent données et jurées -entre toutes parties, à durer jusques à la Saint Jehan Baptiste -prochain venant, et tenoit casquns et casqune ce que il devoit tenir -sans mal enghien. Ensi se deffist li sièges de Craais. Et retourna -mesires Carles de Blois à Nantes, et se departirent toutes gens -d'armes, et se retraist casquns en sa garnison. - -En ce terme que les trieuves durèrent, fu la contesse de Montfort -consillie de par les Bretons et les Englois, que elle se presist priès -d'aler en Engleterre veoir le roi et les barons et euls remoustrer ses -necessités: elle ne pooit faire milleur esploit. Si se acorda à ce et -prist son estat au plus courtois que elle pot, et monta en mer en -Hainbon meismes, et enmena avoecques lui messire Amauri de Cliçon, pour -tant que jà il i avoit esté et congnissoit le roi d'Engleterre et les -barons, et aussi il le congnissoient. Encores enmena la contesse de -Montfort en Engleterre deus enfans que elle avoit, fil et fille. - -Nous laisserons un petit à parler de la ditte contesse de Montfort et -de son arroi, et parlerons dou roi d'Engleterre et des besongnes qui -avinrent en ce termine. Fos 87 vo et 88. - - -FIN DES VARIANTES DU TOME DEUXIÈME. - - - - -ERRATA. - - - _Au lieu de_: _Lisez_: - - amonet, page 29, ligne 18, amenet. - - 1342, p. 118 à 136, date courante en haut de la page, 1341. - - envoyes, p. 153, l. 10, envayes. - - alenoient, p. 154, l. 8, aleuoient. - - es, p. 171, l. 26, les. - - veir, p. 172, l. 29, ve(o)ir. - - Mande, p. 247, l. 33, Maude. - - adont, p. 300, l. 24, adonc. - - dist, p. 303, l. 10, dit. - - alevèrent. p. 309, l. 29, aleuèrent. - - st, p. 340, avant-dernière ligne, est. - - e, p. 340, dernière ligne, je. - - li, p. 404, l. 24, et li. - - et pont, p. 408, l. 10 et 11, et le pont. - - - - -TABLE. - - - CHAPITRE XXXIV. - - Ouverture des hostilités entre les rois de France et - d'Angleterre.--_Sommaire_ p. I à VI.--_Texte_, p. 1 à - 8.--_Variantes_, p. 185 à 193. - - CHAPITRE XXXV. - - Incursions des Français en Hainaut, notamment aux environs de - Valenciennes.--_Sommaire_, p. VI à XIII.--_Texte_, p. 8 à - 24.--_Variantes_, p. 193 à 212. - - CHAPITRE XXXVI. - - Siége et prise de Thun-l'Évêque par les Français.--Offres de - combat faites par le comte de Hainaut; refus du duc de - Normandie.--_Sommaire_, p. XIII à XV.--_Texte_, p. 24 à - 34.--_Variantes_, p. 212 à 218. - - CHAPITRE XXXVII. - - Défaite de la flotte française par la flotte anglaise près de - l'Écluse; arrivée d'Édouard III et de son armée en - Flandre.--_Sommaire_, p. XV à XIX.--_Texte_, p. 34 à - 41.--_Variantes_, p. 218 à 229. - - CHAPITRE XXXVIII. - - Assemblée de Vilvorde suivie du siége de Tournay par Édouard III - et ses alliés.--_Sommaire_, p. XIX à XXIV.--_Texte_, p. 41 à - 48.--_Variantes_, p. 229 à 237. - - CHAPITRE XXXIX. - - Guerre en Écosse.--_Sommaire_, p. XXIV.--_Texte_, p. 49 à - 54.--_Variantes_, p. 237 à 241. - - CHAPITRE XL. - - Arrivée du roi de France et de son armée au pont de Bouvines contre - Édouard III et ses alliés.--_Sommaire_, p. XXIV à XXVI.--_Texte_, - p. 54 à 62.--_Variantes_, p. 241 à 246. - - CHAPITRE XLI. - - Siége de Mortagne et prise de Saint-Amand et de Marchiennes par le - comte de Hainaut.--Défaite d'une troupe de Français et du seigneur - de Montmorency au Pont-à-Tressin.--_Sommaire_, p. XXVI à - XXX.--_Texte_, p. 62 à 74.--_Variantes_, p. 246 à 252. - - CHAPITRE XLII. - - Défaite près de Saint-Omer, panique et retraite des Flamands dans - leur pays.--Levée du siége de Tournay; trêve entre la France et - l'Angleterre.--_Sommaire_, p. XXX à XXXII.--_Texte_, p. 74 à - 86.--_Variantes_, p. 252 à 265. - - CHAPITRE XLIII. - - Guerre de la succession de Bretagne: succès du comte de - Montfort.--_Sommaire_, p. XXXII à XXXV.--_Texte_, p. 86 à - 100.--_Variantes_, p. 265 à 291. - - CHAPITRE XLIV. - - Voyages du comte de Montfort en Angleterre, puis à - Paris.--_Sommaire_, p. XXXV à XXXIX.--_Texte_, p. 100 à - 107.--_Variantes_, p. 291 à 307. - - CHAPITRE XLV. - - Expédition du duc de Normandie et de Charles de Blois en - Bretagne.--_Sommaire_, p. XXXIX à XLIV.--_Texte_, p. 107 à - 115.--_Variantes_, p. 307 à 324. - - CHAPITRE XLVI. - - Guerre en Écosse.--Édouard III et la comtesse de - Salisbury.--_Sommaire_, p. XLIV à XLV.--_Texte_, p. 116 à - 137.--_Variantes_, p. 324 à 347. - - CHAPITRE XLVII. - - Siége et prise de Rennes par Charles de Blois.--Siége d'Hennebont: - défense héroïque de Jeanne de Montfort; levée du siége par les - Français, à la suite de l'arrivée de Gautier de Mauny et des - Anglais.--_Sommaire_, p. XLV à L.--_Texte_, p. 137 à - 154.--_Variantes_, p. 347 à 378. - - CHAPITRE XLVIII. - - Siége et prise de Conquest, de Dinan, de Guérande par Louis d'Espagne, - d'Auray et de Vannes par Charles de Blois.--_Sommaire_, - p. L à LIII.--_Texte_, p. 154 à 160.--_Variantes_, p. 378 à 392. - - CHAPITRE XLIX. - - Défaite de Louis d'Espagne près de Quimperlé; siége de la Roche-Piriou, - du Faouët, et prise de la Forest par Gautier de Mauny.--_Sommaire_, - p. LIII à LVI.--_Texte_, p. 160 à 168.--_Variantes_, p. 392 à 402. - - CHAPITRE L. - - Siége et occupation de Carhaix par Charles de Blois.--Second siége - d'Hennebont par les Français, signalé par un merveilleux exploit de - Gautier de Mauny et levée de ce siége.--Reddition de Jugon à - Charles de Blois.--Trêve entre les belligérants, suivie du départ de - Jeanne de Montfort pour l'Angleterre.--_Sommaire_, p. LVII à - LIX.--_Texte_, p. 168 à 181.--_Variantes_, p. 402 à 417. - - -FIN DE LA TABLE DU TOME DEUXIÈME. - - -9924.--Imprimerie générale.--Lahure, rue de Fleurus, 9, à Paris. - - - - - -End of the Project Gutenberg EBook of Chroniques de J. Froissart, tome 2/13, by -Jean Froissart - -*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CHRONIQUES DE J. FROISSART *** - -***** This file should be named 50356-0.txt or 50356-0.zip ***** -This and all associated files of various formats will be found in: - http://www.gutenberg.org/5/0/3/5/50356/ - -Produced by Clarity, Hélène de Mink, and the Online -Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This -file was produced from images generously made available -by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at -http://gallica.bnf.fr) - -Updated editions will replace the previous one--the old editions will -be renamed. - -Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright -law means that no one owns a United States copyright in these works, -so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United -States without permission and without paying copyright -royalties. 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Redistribution is subject to the -trademark license, especially commercial redistribution. - -START: FULL LICENSE - -THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE -PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK - -To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free -distribution of electronic works, by using or distributing this work -(or any other work associated in any way with the phrase "Project -Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full -Project Gutenberg-tm License available with this file or online at -www.gutenberg.org/license. - -Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project -Gutenberg-tm electronic works - -1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm -electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to -and accept all the terms of this license and intellectual property -(trademark/copyright) agreement. 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Froissart, Tome Deuxime, by Jean Froissart</title> - <link rel="coverpage" href="images/cover.jpg" /> - <style type="text/css"> - - h1,h2,h3 {text-align: center; - clear: both;} - - h1 {margin-top: 2em;} - - h2 {margin-top: 4em; margin-bottom: 2em;} - - h3 {margin-top: 2em; font-size: 85%;} - - h2.normal {margin-top: 1em; margin-bottom: 1em; - page-break-after: avoid;} - - div.titlepage, - div.frontmatter - { - text-align: center; - page-break-before: always; - page-break-after: always; - } - - div.titlepage p - { - text-align: center; - font-weight: bold; - line-height: 1.3em; - } - - div.frontmatter p - { - text-align: center; - margin-top: 4em; - } - - .titlepage p - { - text-align: center; - font-weight: bold; - line-height: 1.3em; - } - - div.chapter - {page-break-before: always; margin-top: 4em; margin-bottom: 2em; text-align: center;} - - div.topspace {margin-top: 4em;} - - .space {margin-top: 2em;} - - .end - { - text-align: center; - font-size: small; - margin-top: 2em; - margin-bottom: 4em; - } - - hr.deco {width: 5%;} - - div.heading - {page-break-before: always; margin-top: 4em;} - - .recit {margin-bottom: 1em; text-align: left;} - .recit p {margin: 0; padding-left: 2em; text-indent: -1em;} - .recit .section {margin-top: 2em;} - .recit .stanza { margin: 1em 0em 1em 0em; } - - .poetry {font-size: 95%; margin-left: 20%; margin-right: 10%; - margin-bottom: 1em; text-align: left; } - .poetry .stanza { margin: 1em 0em 1em 0em; } - .poetry p { margin: 0; padding-left: 3em; text-indent: -3em; } - - - table {margin-left: auto; margin-right: auto;} - .tdl {text-align: left; vertical-align: top; - padding-left: 3em; text-indent: -1em;} - .tdr {text-align: right; vertical-align: bottom;} - .tdc {text-align: center;} - th {padding-top: 2em; padding-bottom: 1em;} - - .pagenum { /* uncomment the next line for invisible page numbers */ - /* visibility: hidden; */ - position: absolute; - right: 5%; - font-size: 0.6em; - font-variant: normal; - font-style: normal; - text-align: right; - background-color: #FFFACD; - border: 1px solid; - padding: 0.3em; - text-indent: 0em; - } /* page numbers */ - - .pagenumh { display: none; } - -/* footnotes */ - .footnotes {border: 1px dashed; padding-bottom: 2em; background-color: #F0FFFF;} - .footnote {margin-left: 8%; margin-right: 8%; font-size: 0.9em;} - .footnote .label, - .fnanchor {vertical-align: 25%; text-decoration: none; font-size: x-small; - font-weight: normal; font-style: normal;} - - .tnote {margin: auto; - margin-top: 2em; - border: 1px solid; - padding: 1em; - background-color: #F0FFFF; - width: 25em;} - - - sup {font-size: 0.7em; font-variant: normal; vertical-align: top;} - - .extra {font-size: 130%; font-weight: bold; text-align: center; - line-height: 1.5em;} - .smcap {font-variant: small-caps; font-size: 90%;} - .center {text-align: center;} - .date {font-size: 85%; margin-left: 5%;} - - .dalign {position: absolute; right: 40%; text-align: right;} - - .figcenter {margin: auto; text-align: center;} - .quote {font-size: 95%; margin-left: 20%; margin-right: 10%;} - - .p2 {margin-top: 2em;} - .small {font-size: small;} - .medium {font-size: medium;} - .large {font-size: large;} - .xlarge {font-size: x-large;} - .xxlarge {font-size: xx-large;} - .small1 {font-size: 100%; font-weight: normal;} - - .i1 {margin-left: 1em;} - .i2 {margin-left: 2em;} - .i4 {margin-left: 4em;} - - .right { text-align: right; clear: both; margin-left: 35%; width: 75%;} - .left30 {margin-left: 30%;} - .left50 {margin-left: 50%;} - -@media screen -{ - body - { - width: 90%; - max-width: 45em; - margin: auto; - } - - p - { - margin-top: .75em; - margin-bottom: .75em; - text-align: justify; - } -} - -@media print, handheld -{ - p - { - margin-top: .75em; - text-align: justify; - margin-bottom: .75em; - } - - .smcap - { - text-transform: uppercase; - font-size: 90%; - } - - hr.deco - { - width: 5%; - margin-left: 47.5%; - } - - .recit p - { - margin: 0; - padding-left: 2em; - text-indent: -1em; - display: block; - } - - .dalign - { - margin: auto; - text-align: right; - font-weight: bold; - padding-left: 1.5em; - } -} - -@media handheld -{ - body - { - margin: 0; - padding: 0; - width: 90%; - } - - #ToC, - .tnote - - { - width: auto; - } -} - - </style> - </head> -<body> - - -<pre> - -Project Gutenberg's Chroniques de J. Froissart, tome 2/13, by Jean Froissart - -This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and most -other parts of the world at no cost and with almost no restrictions -whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of -the Project Gutenberg License included with this eBook or online at -www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you'll have -to check the laws of the country where you are located before using this ebook. - -Title: Chroniques de J. Froissart, tome 2/13 - -Author: Jean Froissart - -Release Date: October 31, 2015 [EBook #50356] - -Language: French - -Character set encoding: ISO-8859-1 - -*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CHRONIQUES DE J. FROISSART *** - - - - -Produced by Clarity, Hlne de Mink, and the Online -Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This -file was produced from images generously made available -by the Bibliothque nationale de France (BnF/Gallica) at -http://gallica.bnf.fr) - - - - - - -</pre> - - -<div class="tnote"> -<p>Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont t corriges. -L'orthographe d'origine a t conserve et n'a pas t harmonise. -Les numros des pages blanches n'ont pas t repris.</p> - -<p>Cette version intgre les corrections de l'errata.</p></div> - -<h1><span class="large">CHRONIQUES</span><br /> -<span class="medium">DE</span><br /> -J. FROISSART</h1> - -<div class="frontmatter"> -<hr class="deco" /> -<p>IMPRIMERIE GNRALE DE CH. LAHURE<br /> -<span class="small">Rue de Fleurus, 9, Paris</span></p> -<hr class="deco" /> -</div> - -<div class="topspace titlepage"> -<p><span class="large">CHRONIQUES</span><br /> -<span class="medium">DE</span><br /> -<span class="xxlarge">J. FROISSART</span></p> - -<p><span class="medium">PUBLIES POUR LA SOCIT DE L'HISTOIRE DE FRANCE</span><br /> -<span class="large">PAR SIMON LUCE</span></p> - -<hr class="deco" /> - -<p><span class="large">TOME DEUXIME</span><br /> -<span class="medium">1340-1342</span></p> - -<span class="small">(DEPUIS LES PRLIMINAIRES DU SIGE DE TOURNAY JUSQU'AU VOYAGE</span><br /> -<span class="small">DE LA COMTESSE DE MONTFORT EN ANGLETERRE)</span><br /> - -<div class="figcenter"> -<img src="images/logo.jpg" width="100" height="110" alt="" /> -</div> - -<p class="space"><span class="xlarge">A PARIS</span><br /> -<span class="large">CHEZ M<sup>ME</sup> V<sup>E</sup> JULES RENOUARD</span><br /> -LIBRAIRE DE LA SOCIT DE L'HISTOIRE DE FRANCE<br /> -<span class="small">RUE DE TOURNON, N<sup>o</sup> 6</span></p> -<hr class="deco" /> -<p><span class="small">M DCCC LXX</span></p> -</div> - -<p class="center">EXTRAIT DU RGLEMENT.</p> - -<p><span class="smcap">Art.</span> 14. Le Conseil dsigne les ouvrages publier, et choisit -les personnes les plus capables d'en prparer et d'en suivre la -publication.</p> - -<p>Il nomme, pour chaque ouvrage publier, un Commissaire -responsable charg d'en surveiller l'excution.</p> - -<p>Le nom de l'diteur sera plac en tte de chaque volume.</p> - -<p>Aucun volume ne pourra paratre sous le nom de la Socit -sans l'autorisation du Conseil, et s'il n'est accompagn d'une dclaration -du Commissaire responsable, portant que le travail lui -a paru mriter d'tre publi.</p> - -<hr class="deco" /> - -<p><i>Le Commissaire responsable soussign dclare que le -tome II de l'dition des</i> <span class="smcap">Chroniques de J. Froissart</span>, <i>prpare -par</i> <span class="smcap">M. Simon Luce</span>, <i>lui a paru digne d'tre publi -par la</i> <span class="smcap">Socit de l'Histoire de France</span>.</p> - -<p class="left50"><i>Fait Paris, le</i> 1<sup>er</sup> <i>mai</i> 1870.<br /> -<span class="i2"><i>Sign</i> L. DELISLE.</span></p> - -<p class="left50"><span class="i4"><i>Certifi</i></span>,<br /> -Le Secrtaire de la Socit<br /> -<span class="i1">de l'Histoire de France,</span><br /> -<span class="i2">J. DESNOYERS.</span></p> - -<p><span class="pagenumh"><a id="Page_I"> I</a></span></p> - -<div class="chapter"></div> -<p class="xlarge extra">SOMMAIRE.</p> - -<p><span class="pagenumh"><a id="Page_II"> II</a></span> -<span class="pagenumh"><a id="Page_III"> III</a></span></p> - -<div class="chapter"> -<p class="space large center">SOMMAIRE.</p> -<h2 class="normal">CHAPITRE XXXIV.<br /> -<span class="medium">1340. <span class="smcap">OUVERTURE DES HOSTILITS ENTRE LES ROIS DE FRANCE -ET D'ANGLETERRE</span> ( 99 101).</span></h2></div> - -<p>Irrit de la destruction d'Aubenton et du ravage de la Thirache, -Philippe de Valois charge Jean son fils, duc de Normandie, -d'envahir le Hainaut la tte d'une puissante arme. <a href="#Page_1">1</a>, <a href="#Page_185">185</a>, -<a href="#Page_187">187</a>.</p> - -<p>En Gascogne, le comte de l'Isle reoit l'ordre d'envahir le -Bordelais et en gnral toutes les terres et seigneuries des Anglais -et de leurs adhrents.—Noms des principaux seigneurs qui -prennent part cette campagne.—Les Franais ravagent les -terres d'Albret<a id="FNanchor_1" href="#Footnote_1" class="fnanchor"> [1]</a> et de Pommiers<a id="FNanchor_2" href="#Footnote_2" class="fnanchor"> [2]</a>, et en gnral les possessions -des seigneurs de Lesparre, de <i>Cars</i><a id="FNanchor_3" href="#Footnote_3" class="fnanchor"> [3]</a> et de Mussidan<a id="FNanchor_4" href="#Footnote_4" class="fnanchor"> [4]</a>. P. <a href="#Page_1">1</a>, <a href="#Page_2">2</a>, -<a href="#Page_187">187</a> et <a href="#Page_188">188</a>.</p> - -<p>En mme temps, le roi de France renforce la grosse flotte des -cumeurs, commande par Hue Quieret et Barbavara qui se tient -en face des ctes de Flandre pour empcher douard III de repasser -sur le continent. P. <a href="#Page_2">2</a> et <a href="#Page_188">188</a>.</p> - -<p>Louis de Nevers, comte de Flandre, et la comtesse Marguerite -<span class="pagenum"><a id="Page_IV"> IV</a></span> -sa femme, vivent Paris la charge du roi de France, car ils -ne reoivent rien des rentes et revenus de leur comt. Les collecteurs -de ces revenus n'en rendent compte qu' Jacques d'Arteveld -et certains bourgeois de Gand, de Bruges, d'Ypres et de -Courtrai, ce dputs; on les met en rserve afin que le pays y -puisse recourir en cas de besoin et aussi en prvision d'une rconciliation -avec le comte de Flandre. Les dpenses de Jacques -d'Arteveld sont imputes sur des tailles spciales leves toutes -les semaines. Louis de Flandre engage le roi de France contraindre -les Flamands l'obissance en les menaant de les faire -excommunier par le pape. P. <a href="#Page_185">185</a>.</p> - -<p>Philippe de Valois, qui voit les Flamands disposs entrer -dans la ligue forme contre lui par les Allemands, les Brabanons, -les Hainuyers et les Anglais, essaye de les gagner par la -persuasion avant d'en venir aux mesures de rigueur. Le comte -Raoul d'Eu et de Guines, conntable de France, les seigneurs de -Montmorency et de Saint-Venant, les vques de Paris et de -Chartres, sont envoys Tournay et reoivent mission de s'aboucher -et de traiter avec les dputs des villes de Flandre. -Ceux-ci dclarent qu'ils n'entendront rien tant que le roi de -France n'aura pas rendu Lille, Douai, Bthune et les dpendances -de ces villes. Les commissaires de Philippe de Valois jugent -qu'une entente est impossible dans ces conditions, et l'on se spare -sans avoir rien fait. P. <a href="#Page_185">185</a> et <a href="#Page_186">186</a>.</p> - -<p>A l'instigation du roi de France, le pape (Benoit XII) lance -une bulle d'excommunication contre les Flamands et l'envoie aux -vques de Cambrai, de Tournay et de Throuanne. Il est dfendu -aux prtres de chanter la messe sous peine d'encourir l'excommunication -et de perdre leurs bnfices. Inform de cette -situation, douard III promet aux Flamands de leur amener, -son prochain retour sur le continent, des prtres de son pays -pour chanter la messe, que le pape le veuille on non, car comme -roi d'Angleterre il a parfaitement le droit de le faire. Grand -mcontentement des prtres de Flandre privs de leur casuel par -la dfense du pape. P. <a href="#Page_2">2</a>, <a href="#Page_3">3</a>, <a href="#Page_186">186</a> et <a href="#Page_187">187</a>.</p> - -<p>Philippe de Valois donne l'ordre aux gens d'armes de ses -garnisons de Tournay, de Lille, de Douai et des chteaux voisins -de faire la guerre aux Flamands et de porter le ravage dans -leur pays. Chevauche des Franais jusqu'aux portes de Courtrai, -incendie des faubourgs de cette ville et de tout le pays environnant, -<span class="pagenum"><a id="Page_V"> V</a></span> -notamment de Dottignies<a id="FNanchor_5" href="#Footnote_5" class="fnanchor"> [5]</a>; retour par la rivire du Lis et -par Warnton<a id="FNanchor_6" href="#Footnote_6" class="fnanchor"> [6]</a>; capture de plus de dix mille blanches btes, -de trois mille porcs, de deux mille grosses btes, sans compter -cinq cents personnes, hommes, femmes et enfants, emmens pour -tre mis ranon. P. <a href="#Page_3">3</a> et <a href="#Page_4">4</a>, <a href="#Page_188">188</a> et <a href="#Page_189">189</a>.</p> - -<p>Expdition de Jacques d'Arteveld contre Tournay la tte -d'une puissante arme de Flamands. Arriv au Pont de Fer<a id="FNanchor_7" href="#Footnote_7" class="fnanchor"> [7]</a>, -entre Audenarde et Tournay, le chef des Flamands attend que -les comtes de Salisbury et de Suffolk, qui se tiennent en garnison - Ypres, et le contingent du Franc de Bruges, viennent le rejoindre. -P. <a href="#Page_4">4</a>, <a href="#Page_5">5</a>, <a href="#Page_189">189</a>.</p> - -<p>Les Flamands occupent Poperinghe, Messines<a id="FNanchor_8" href="#Footnote_8" class="fnanchor"> [8]</a>, Bergues<a id="FNanchor_9" href="#Footnote_9" class="fnanchor"> [9]</a>, -Cassel<a id="FNanchor_10" href="#Footnote_10" class="fnanchor"> [10]</a>, Bourbourg<a id="FNanchor_11" href="#Footnote_11" class="fnanchor"> [11]</a>, Furnes, Nieuport<a id="FNanchor_12" href="#Footnote_12" class="fnanchor"> [12]</a>, Dunkerque, Gravelines<a id="FNanchor_13" href="#Footnote_13" class="fnanchor"> [13]</a>. -Les Franais ont mis garnison Saint-Omer, Throuanne, -Aire<a id="FNanchor_14" href="#Footnote_14" class="fnanchor"> [14]</a> et Saint-Venant<a id="FNanchor_15" href="#Footnote_15" class="fnanchor"> [15]</a>. Le roi de France envoie deux cents -lances de Savoie et de Bourgogne Lille sous les ordres -d'Am de Genve<a id="FNanchor_16" href="#Footnote_16" class="fnanchor"> [16]</a>, de [Hue] de Chlon<a id="FNanchor_17" href="#Footnote_17" class="fnanchor"> [17]</a>, des seigneurs de Villars<a id="FNanchor_18" href="#Footnote_18" class="fnanchor"> [18]</a> -et de Grosle<a id="FNanchor_19" href="#Footnote_19" class="fnanchor"> [19]</a>. P. <a href="#Page_5">5</a> et <a href="#Page_191">191</a>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_VI"> VI</a></span> -Pendant le trajet d'Ypres au Pont de Fer, les comtes de Salisbury -et de Suffolk tombent, malgr les avis de Waflard de la -Croix, dans une embuscade dresse contre eux prs de Lille et -sont faits prisonniers par les habitants de cette ville qui les livrent - Philippe de Valois. Jacques d'Arteveld, dcourag, congdie -ses gens d'armes et retourne Gand. P. <a href="#Page_5">5</a> <a href="#Page_8">8</a>, <a href="#Page_189">189</a> <a href="#Page_193">193</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">CHAPITRE XXXV.<br /> -<span class="medium">1340. <span class="smcap">INCURSIONS DES FRANAIS EN HAINAUT, NOTAMMENT AUX -ENVIRONS DE VALENCIENNES</span> ( 102 107).</span></h2> -</div> - -<p>Jean, duc de Normandie, runit Saint-Quentin une puissante -arme pour envahir le Hainaut.—Noms des principaux seigneurs -qui font partie de l'expdition.—De Saint-Quentin, l'arme du -duc de Normandie se dirige en passant par Bohain<a id="FNanchor_20" href="#Footnote_20" class="fnanchor"> [20]</a> vers le -Cateau-Cambrsis<a id="FNanchor_21" href="#Footnote_21" class="fnanchor"> [21]</a> et vient loger prs de cette ville en un lieu -appel Montay<a id="FNanchor_22" href="#Footnote_22" class="fnanchor"> [22]</a>, l'entre du Hainaut, sur la Selle<a id="FNanchor_23" href="#Footnote_23" class="fnanchor"> [23]</a>. P. <a href="#Page_8">8</a> et <a href="#Page_9">9</a>, -<a href="#Page_193">193</a> <a href="#Page_195">195</a>.</p> - -<p>Grard de Verchin, snchal de Hainaut, se met la tte de -soixante lances, passe Forest<a id="FNanchor_24" href="#Footnote_24" class="fnanchor"> [24]</a> sur la frontire du Hainaut, et -va rveiller au milieu de la nuit les Franais qui se tiennent -Montay, une petite lieue de Forest. Deux puissants chevaliers -de Normandie, les seigneurs de Bailleul et de Braut<a id="FNanchor_25" href="#Footnote_25" class="fnanchor"> [25]</a>, sont -assaillis les premiers: le seigneur de Bailleul est tu et les seigneurs -de Braut et de Brimeux sont emmens prisonniers -Valenciennes. P. <a href="#Page_9">9</a> <a href="#Page_11">11</a>, <a href="#Page_195">195</a> <a href="#Page_197">197</a>.</p> - -<p>Le lendemain matin, le duc de Normandie, furieux de cette -<span class="pagenum"><a id="Page_VII"> VII</a></span> -attaque nocturne, donne l'ordre d'entrer en Hainaut et d'y porter -partout l'incendie et le ravage. Les Franais, diviss en plusieurs -corps d'arme et courant dans toutes les directions, dvastent -et brlent Forest, Vertain<a id="FNanchor_26" href="#Footnote_26" class="fnanchor"> [26]</a>, Vertigneul<a id="FNanchor_27" href="#Footnote_27" class="fnanchor"> [27]</a>, Escarmain<a id="FNanchor_28" href="#Footnote_28" class="fnanchor"> [28]</a>, -Vendegies-au-Bois<a id="FNanchor_29" href="#Footnote_29" class="fnanchor"> [29]</a>, Vendegies-sur-caillon<a id="FNanchor_30" href="#Footnote_30" class="fnanchor"> [30]</a>, Bermerain<a id="FNanchor_31" href="#Footnote_31" class="fnanchor"> [31]</a>, <i>Calaumes</i><a id="FNanchor_32" href="#Footnote_32" class="fnanchor"> [32]</a>, -Salesches<a id="FNanchor_33" href="#Footnote_33" class="fnanchor"> [33]</a>, Orsinval<a id="FNanchor_34" href="#Footnote_34" class="fnanchor"> [34]</a>, Villers-en-Cauchie<a id="FNanchor_35" href="#Footnote_35" class="fnanchor"> [35]</a>, Gommegnies<a id="FNanchor_36" href="#Footnote_36" class="fnanchor"> [36]</a>, -Maresches<a id="FNanchor_37" href="#Footnote_37" class="fnanchor"> [37]</a>, Villers-Pol<a id="FNanchor_38" href="#Footnote_38" class="fnanchor"> [38]</a>, Poix<a id="FNanchor_39" href="#Footnote_39" class="fnanchor"> [39]</a>, Prseau<a id="FNanchor_40" href="#Footnote_40" class="fnanchor"> [40]</a>, Amfroipret<a id="FNanchor_41" href="#Footnote_41" class="fnanchor"> [41]</a>, -Preux<a id="FNanchor_42" href="#Footnote_42" class="fnanchor"> [42]</a>, Frasnoy<a id="FNanchor_43" href="#Footnote_43" class="fnanchor"> [43]</a>, Obies<a id="FNanchor_44" href="#Footnote_44" class="fnanchor"> [44]</a>, Wargnies-le-Grand<a id="FNanchor_45" href="#Footnote_45" class="fnanchor"> [45]</a>, -Wargnies-le-Petit<a id="FNanchor_46" href="#Footnote_46" class="fnanchor"> [46]</a>, Saint-Vaast<a id="FNanchor_47" href="#Footnote_47" class="fnanchor"> [47]</a> en Bavaisis, Louvignies<a id="FNanchor_48" href="#Footnote_48" class="fnanchor"> [48]</a>, -Mecquignies<a id="FNanchor_49" href="#Footnote_49" class="fnanchor"> [49]</a>; ils brlent les moulins et rompent les cluses du -vivier de Qulipont<a id="FNanchor_50" href="#Footnote_50" class="fnanchor"> [50]</a>. Tous les villages compris entre les rivires -de Selle et de Honneau<a id="FNanchor_51" href="#Footnote_51" class="fnanchor"> [51]</a> deviennent la proie des flammes<a id="FNanchor_52" href="#Footnote_52" class="fnanchor"> [52]</a>. -Les habitants du pays se sont rfugis, emportant ce -<span class="pagenum"><a id="Page_VIII"> VIII</a></span> -qu'ils ont de plus prcieux, Bouchain<a id="FNanchor_53" href="#Footnote_53" class="fnanchor"> [53]</a>, Valenciennes, Bavai, -au Quesnoy, Landrecies<a id="FNanchor_54" href="#Footnote_54" class="fnanchor"> [54]</a>, Maubeuge<a id="FNanchor_55" href="#Footnote_55" class="fnanchor"> [55]</a> et dans les autres -forteresses des environs qui sont tenables. Les Franais mettent -le feu aux faubourgs du Quesnoy et de Bavai. Le snchal de -Hainaut, craignant pour son chteau de Verchin<a id="FNanchor_56" href="#Footnote_56" class="fnanchor"> [56]</a>, est all s'y -enfermer avec trente lances, laissant Valenciennes sous la garde -du seigneur d'Antoing. La nuit d'aprs cette premire journe -d'invasion, le duc de Normandie vient camper dans les belles -prairies de Haussy<a id="FNanchor_57" href="#Footnote_57" class="fnanchor"> [57]</a> et de Saulzoir<a id="FNanchor_58" href="#Footnote_58" class="fnanchor"> [58]</a>, sur les bords de la rivire de -Selle, depuis Haspres<a id="FNanchor_59" href="#Footnote_59" class="fnanchor"> [59]</a> jusqu' Solesmes<a id="FNanchor_60" href="#Footnote_60" class="fnanchor"> [60]</a>. P. <a href="#Page_11">11</a> et <a href="#Page_12">12</a>, <a href="#Page_197">197</a> <a href="#Page_199">199</a>. -Valerand, seigneur de Fauquemont (Valkenburg), capitaine de -Maubeuge, laisse cette ville sous la garde des seigneurs de Beaurieu -et de Montegny, et aprs avoir chevauch tout un jour en -longeant la fort de Mormal<a id="FNanchor_61" href="#Footnote_61" class="fnanchor"> [61]</a>, passe gu la Selle et vient vers -minuit rveiller le duc de Normandie et son arme. Du ct des -Franais, le seigneur de Picquigny<a id="FNanchor_62" href="#Footnote_62" class="fnanchor"> [62]</a> est tu, le vicomte des -Quesnes<a id="FNanchor_63" href="#Footnote_63" class="fnanchor"> [63]</a> et le Borgne de Rivery<a id="FNanchor_64" href="#Footnote_64" class="fnanchor"> [64]</a> sont faits prisonniers dans -<span class="pagenum"><a id="Page_IX"> IX</a></span> -cette alerte. Puis le seigneur de Fauquemont court se rfugier -sous Thierry de Valcourt, marchal de Hainaut, au Quesnoy<a id="FNanchor_65" href="#Footnote_65" class="fnanchor"> [65]</a>, -qui n'tait point alors aussi bien fortifi qu'il fut soixante ans plus -tard. P. <a href="#Page_12">12</a>, <a href="#Page_13">13</a>, <a href="#Page_199">199</a>, <a href="#Page_200">200</a>, <a href="#Page_204">204</a>.</p> - -<p>Les Franais brlent Felaines,<a id="FNanchor_66" href="#Footnote_66" class="fnanchor"> [66]</a> Famars<a id="FNanchor_67" href="#Footnote_67" class="fnanchor"> [67]</a>, Sepmeries<a id="FNanchor_68" href="#Footnote_68" class="fnanchor"> [68]</a>, Baudignies<a id="FNanchor_69" href="#Footnote_69" class="fnanchor"> [69]</a>, -Artres<a id="FNanchor_70" href="#Footnote_70" class="fnanchor"> [70]</a>, <i>Artriel</i><a id="FNanchor_71" href="#Footnote_71" class="fnanchor"> [71]</a>, Saultain<a id="FNanchor_72" href="#Footnote_72" class="fnanchor"> [72]</a>, Curgies<a id="FNanchor_73" href="#Footnote_73" class="fnanchor"> [73]</a>, Estreux<a id="FNanchor_74" href="#Footnote_74" class="fnanchor"> [74]</a>, Aulnoy<a id="FNanchor_75" href="#Footnote_75" class="fnanchor"> [75]</a>, -Jenlain<a id="FNanchor_76" href="#Footnote_76" class="fnanchor"> [76]</a>, Beauvoir<a id="FNanchor_77" href="#Footnote_77" class="fnanchor"> [77]</a>, Rombies<a id="FNanchor_78" href="#Footnote_78" class="fnanchor"> [78]</a> et viennent camper sur -la rivire d'Uintiel<a id="FNanchor_79" href="#Footnote_79" class="fnanchor"> [79]</a> (la Rhonelle), aux alentours de Querenaing<a id="FNanchor_80" href="#Footnote_80" class="fnanchor"> [80]</a>. -Quarante hommes d'armes hainuyers des garnisons de Cond<a id="FNanchor_81" href="#Footnote_81" class="fnanchor"> [81]</a>, -de Montroeul-sur-Haine<a id="FNanchor_82" href="#Footnote_82" class="fnanchor"> [82]</a>, de Quivrain<a id="FNanchor_83" href="#Footnote_83" class="fnanchor"> [83]</a> et de Quivrechain<a id="FNanchor_84" href="#Footnote_84" class="fnanchor"> [84]</a> -se mettent en embuscade dans les bois de Roisin<a id="FNanchor_85" href="#Footnote_85" class="fnanchor"> [85]</a>, mais ils n'osent -attaquer les coureurs franais qui chevauchent au nombre de plus -de quatre cents lances. <a href="#Page_13">13</a>, <a href="#Page_14">14</a> et <a href="#Page_201">201</a>.</p> - -<p>Le lendemain, par une belle matine du mois de mai<a id="FNanchor_86" href="#Footnote_86" class="fnanchor"> [86]</a>, le duc -<span class="pagenum"><a id="Page_X"> X</a></span> -de Normandie vient camper Famars sur une colline appele le -Mont de Castres<a id="FNanchor_87" href="#Footnote_87" class="fnanchor"> [87]</a>. Quelques-uns de ses gens d'armes descendent -du Mont de Castres, mettent le feu Marly<a id="FNanchor_88" href="#Footnote_88" class="fnanchor"> [88]</a> et aux faubourgs -de la porte de Cambrai. Grand moi Valenciennes; on sonne -les cloches et le beffroi toute vole. La rue de Cambrai se remplit -de bourgeois en armes qui veulent marcher contre l'ennemi. -Henri d'Antoing, qui garde les clefs de la porte de Cambrai, et -Jean de Baissi, prvt de la ville, s'efforcent de contenir les impatients. -P. <a href="#Page_202">202</a>.</p> - -<p>Une troupe de coureurs franais livre un assaut infructueux -la tour carre de Maing<a id="FNanchor_89" href="#Footnote_89" class="fnanchor"> [89]</a>, qui tait alors Jean Bernier de -Valenciennes et qui fut depuis Jean de Neuville. Ces coureurs, -n'ayant pu traverser l'Escaut Trith<a id="FNanchor_90" href="#Footnote_90" class="fnanchor"> [90]</a> parce que le pont a t -coup par les habitants, passent le fleuve aux Planches Prouvy<a id="FNanchor_91" href="#Footnote_91" class="fnanchor"> [91]</a>, -mettent le feu aux maisons et aux moulins de Prouvy et de Rouvignies<a id="FNanchor_92" href="#Footnote_92" class="fnanchor"> [92]</a>, -et, aprs avoir refait le pont<a id="FNanchor_93" href="#Footnote_93" class="fnanchor"> [93]</a> de Trith, brlent <i>Wercinniel</i>, -Bourlain<a id="FNanchor_94" href="#Footnote_94" class="fnanchor"> [94]</a> et Infier<a id="FNanchor_95" href="#Footnote_95" class="fnanchor"> [95]</a>, d'o les flammches volent jusqu' -Valenciennes. P. <a href="#Page_15">15</a>, <a href="#Page_204">204</a> et <a href="#Page_205">205</a>.</p> - -<p>D'autres coureurs, ayant leur tte trois chevaliers poitevins, -Boucicaut<a id="FNanchor_96" href="#Footnote_96" class="fnanchor"> [96]</a>, Guillaume Blondel<a id="FNanchor_97" href="#Footnote_97" class="fnanchor"> [97]</a> et le seigneur de Surgres<a id="FNanchor_98" href="#Footnote_98" class="fnanchor"> [98]</a>, -<span class="pagenum"><a id="Page_XI"> XI</a></span> -passent l'Escaut assez prs de Valenciennes, au pont qu'on -dit la Tourelle Goguel, brlent Heurtebise<a id="FNanchor_99" href="#Footnote_99" class="fnanchor"> [99]</a>, et s'avancent vers -Bellaing<a id="FNanchor_100" href="#Footnote_100" class="fnanchor"> [100]</a> et Hrin<a id="FNanchor_101" href="#Footnote_101" class="fnanchor"> [101]</a>. Un certain nombre de gens d'armes de Valenciennes<a id="FNanchor_102" href="#Footnote_102" class="fnanchor"> [102]</a> -sortent de la ville par les deux portes d'Anzin<a id="FNanchor_103" href="#Footnote_103" class="fnanchor"> [103]</a>, la -grande et la petite, et marchent la rencontre de ces pillards. -Un combat s'engage au-dessus d'une glise qu'on dit de Saint-Vaast<a id="FNanchor_104" href="#Footnote_104" class="fnanchor"> [104]</a>. -Droute des Franais. [Gui] de Surgres se sauve du -ct du village de Hrin et court se jeter dans les bois d'Aubry<a id="FNanchor_105" href="#Footnote_105" class="fnanchor"> [105]</a>, -d'o, le soir venu, par le pont de Heurtebise et le pont de Trith, -il regagne le camp du Mont de Castres. Boucicaut veut rsister; -il est fait prisonnier et amen Valenciennes. P. <a href="#Page_15">15</a>, <a href="#Page_16">16</a>, <a href="#Page_202">202</a> et -<a href="#Page_203">203</a>, <a href="#Page_205">205</a> et <a href="#Page_206">206</a>.</p> - -<p>Le duc de Normandie, voyant que les habitants de Valenciennes -ne sont pas disposs accepter la bataille et n'esprant pas -prendre leur ville d'assaut, se dcide revenir vers Cambrai. Au -retour, ses gens d'armes incendient Maing, l'abbaye de Fontenelle<a id="FNanchor_106" href="#Footnote_106" class="fnanchor"> [106]</a>, -Trith, Prouvy, Rouvignies, Douchy<a id="FNanchor_107" href="#Footnote_107" class="fnanchor"> [107]</a>, Thiant<a id="FNanchor_108" href="#Footnote_108" class="fnanchor"> [108]</a>, Monchaux<a id="FNanchor_109" href="#Footnote_109" class="fnanchor"> [109]</a>, -et en gnral tout le pays qui s'tend entre Valenciennes -et Cambrai. P. <a href="#Page_17">17</a>, <a href="#Page_18">18</a>, <a href="#Page_208">208</a> et <a href="#Page_209">209</a>.</p> - -<p>Aprs le dpart des Franais, les Valenciennois viennent mettre -le feu au camp du Mont de Castres; ils y trouvent quelques -brigands et Gnois qui, plongs dans un sommeil alourdi par -<span class="pagenum"><a id="Page_XII"> XII</a></span> -l'ivresse, ne sont pas partis avec le gros de l'arme; ils les brlent -tout vivants. P. <a href="#Page_19">19</a>.</p> - -<p>Le duc de Normandie met le sige devant le chteau d'Escaudœuvres<a id="FNanchor_110" href="#Footnote_110" class="fnanchor"> [110]</a>. -Grard de Sassegnies, capitaine de ce chteau pour -le comte de Hainaut, le livre par trahison aux assigeants. Les -habitants de Cambrai abattent les remparts d'Escaudœuvres; ils -emploient les matriaux provenant de cette dmolition fortifier -la porte Robert qui regarde le Hainaut. Grard de Sassegnies -devait expier bientt sa trahison en subissant Mons la peine -capitale<a id="FNanchor_111" href="#Footnote_111" class="fnanchor"> [111]</a>. P. <a href="#Page_19">19</a>, <a href="#Page_20">20</a>, <a href="#Page_209">209</a> <a href="#Page_211">211</a>.</p> - -<p>Les garnisons franaises de Douai et de Lille ravagent l'Ostrevant; -elles pillent et brlent Aniche<a id="FNanchor_112" href="#Footnote_112" class="fnanchor"> [112]</a>, la moiti d'Abscon<a id="FNanchor_113" href="#Footnote_113" class="fnanchor"> [113]</a>, Escaudain<a id="FNanchor_114" href="#Footnote_114" class="fnanchor"> [114]</a>, -Erre<a id="FNanchor_115" href="#Footnote_115" class="fnanchor"> [115]</a>, Fenain<a id="FNanchor_116" href="#Footnote_116" class="fnanchor"> [116]</a>, Denain<a id="FNanchor_117" href="#Footnote_117" class="fnanchor"> [117]</a>, Montigny<a id="FNanchor_118" href="#Footnote_118" class="fnanchor"> [118]</a>, Warlaing<a id="FNanchor_119" href="#Footnote_119" class="fnanchor"> [119]</a>, Masny<a id="FNanchor_120" href="#Footnote_120" class="fnanchor"> [120]</a>, -Auberchicourt<a id="FNanchor_121" href="#Footnote_121" class="fnanchor"> [121]</a>, Lourches<a id="FNanchor_122" href="#Footnote_122" class="fnanchor"> [122]</a>, Saulx<a id="FNanchor_123" href="#Footnote_123" class="fnanchor"> [123]</a>, Roeulx<a id="FNanchor_124" href="#Footnote_124" class="fnanchor"> [124]</a>, Neuville<a id="FNanchor_125" href="#Footnote_125" class="fnanchor"> [125]</a>, -Lieu-Saint-Amand<a id="FNanchor_126" href="#Footnote_126" class="fnanchor"> [126]</a>, Bugnicourt<a id="FNanchor_127" href="#Footnote_127" class="fnanchor"> [127]</a>, Monchecourt<a id="FNanchor_128" href="#Footnote_128" class="fnanchor"> [128]</a>. En revanche, -les gens d'armes hainuyers en garnison Bouchain mettent le -feu la moiti d'Abscon qui se tient franaise et dvastent tous -<span class="pagenum"><a id="Page_XIII"> XIII</a></span> -les villages et hameaux jusqu'aux portes de Douai, notamment les -villages d'Esquerchin<a id="FNanchor_129" href="#Footnote_129" class="fnanchor"> [129]</a> et de Lambres<a id="FNanchor_130" href="#Footnote_130" class="fnanchor"> [130]</a>.</p> - -<p>Escarmouche entre la garnison franaise de la Malmaison, -compose d'Allemands dont Albrecht de Cologne est le chef pour -l'vque de Cambrai<a id="FNanchor_131" href="#Footnote_131" class="fnanchor"> [131]</a> et la garnison de Landrecies dont le seigneur -de Potelles est capitaine pour le comte de Hainaut. Le -seigneur de Potelles est tu par Albrecht de Cologne, mais les -compagnons de celui-ci sont mis en droute, tus ou faits prisonniers -par les Hainuyers. P. <a href="#Page_21">21</a> <a href="#Page_23">23</a>, <a href="#Page_211">211</a> et <a href="#Page_212">212</a>.</p> - -<p>Le seigneur de Floyon succde au seigneur de Potelles comme -gardien de Landrecies et chevauche souvent contre les garnisons -franaises de Bohain, de la Malmaison, du Cateau-Cambrsis<a id="FNanchor_132" href="#Footnote_132" class="fnanchor"> [132]</a>, -de Beauvois<a id="FNanchor_133" href="#Footnote_133" class="fnanchor"> [133]</a> et de Serain<a id="FNanchor_134" href="#Footnote_134" class="fnanchor"> [134]</a>. Pendant ce temps, le comte de Hainaut, -de retour d'Angleterre, s'est rendu en Allemagne auprs -de l'empereur Louis de Bavire; et Jean de Hainaut est all en -Brabant et en Flandre implorer le secours du duc de Brabant, -de Jacques d'Arteveld et des Flamands. P. <a href="#Page_23">23</a>, <a href="#Page_24">24</a>, <a href="#Page_212">212</a>, <a href="#Page_213">213</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">CHAPITRE XXXVI.<br /> -<span class="medium">1340. <span class="smcap">SIGE ET PRISE DE THUN-L'VQUE PAR LES FRANAIS.—OFFRES -DE COMBAT FAITES PAR LE COMTE DE HAINAUT; REFUS DU DUC DE -NORMANDIE</span><a id="FNanchor_135" href="#Footnote_135" class="fnanchor"> [135]</a> ( 108 112).</span></h2> -</div> - -<p>Le duc de Normandie vient, sur les instances des Cambrsiens, -mettre le sige devant la forteresse de Thun-l'vque<a id="FNanchor_136" href="#Footnote_136" class="fnanchor"> [136]</a> -<span class="pagenum"><a id="Page_XIV"> XIV</a></span> -dont les Hainuyers se sont empars et d'o ils portent le ravage -aux environs de la cit de Cambrai. La garnison a pour chefs -un chevalier du parti anglais nomm Richard de Limozin et deux -cuyers du Hainaut, frres de Gautier de Mauny, Jean et Thierry -de Mauny. Craignant d'tre empests par les btes mortes et -puantes que jettent les engins des assigeants, les assigs demandent -et obtiennent une trve de quinze jours; ils promettent -de se rendre au duc de Normandie s'ils ne sont pas secourus par -Jean de Hainaut dans cet intervalle. Catherine de Wargnies, chanoinesse -de l'abbaye de Denain, qui s'est enferme dans Thun -par amour pour Jean de Mauny dont elle est la matresse, et que -le fracas du sige incommode beaucoup cause de son tat de -grossesse avance, profite de la trve pour se retirer Bouchain. -P. <a href="#Page_24">24</a> <a href="#Page_26">26</a>, <a href="#Page_212">212</a> <a href="#Page_214">214</a>.</p> - -<p>Sur ces entrefaites, le comte de Hainaut revient dans son -pays. Il runit en toute hte une puissante arme pour marcher -au secours de la garnison de Thun-l'vque et vient camper -Naves et Iwuy sur la rive droite de l'Escaut; il est bientt rejoint -par le comte de Namur, le duc de Brabant et les grands -seigneurs des marches d'Allemagne allis du roi d'Angleterre. -P. <a href="#Page_27">27</a> et <a href="#Page_28">28</a>, <a href="#Page_215">215</a> et <a href="#Page_216">216</a>.</p> - -<p>L'arme du duc de Normandie est campe de l'autre ct de la -rivire, sur la rive gauche de l'Escaut. A la nouvelle de l'arrive -du comte de Hainaut, Philippe de Valois, qui se tenait depuis six -semaines Pronne, accourt rejoindre Jean son fils la tte de -douze cents lances; mais comme le roi de France a fait serment -de ne pas pntrer main arme sur le territoire de l'Empire, le -duc de Normandie conserve le commandement nominal, tout en -n'agissant que d'aprs le conseil de son pre. P. <a href="#Page_28">28</a>, <a href="#Page_216">216</a>.</p> - -<p>Quatre jours aprs son arrive devant Thun-l'vque, l'arme -du comte de Hainaut se renforce d'une troupe de Valenciennois -que commande Jean de Baissi, prvt de la ville. Richard de -Limozin et les autres gens d'armes de la garnison de Thun-l'vque -profitent d'une escarmouche entre Franais et Valenciennois -pour se sauver dans une barque et aller rejoindre le comte -<span class="pagenum"><a id="Page_XV"> XV</a></span> -de Hainaut qui les remercie et les flicite de leur belle dfense. -P. <a href="#Page_29">29</a>, <a href="#Page_216">216</a> et <a href="#Page_217">217</a>.</p> - -<p>Les Franais ravagent l'Ostrevant et les Hainuyers le Cambrsis. -Le comte de Hainaut reoit un renfort de soixante mille -Flamands amens par Jacques d'Arteveld; il offre la bataille au -duc de Normandie qui la refuse. Le comte de Hainaut runit -alors les plus grands barons de l'arme pour leur communiquer -la rponse du duc de Normandie et leur demander conseil; il -veut faire un pont sur l'Escaut afin d'aller livrer bataille aux -Franais. Le duc de Brabant combat ce projet; il est d'avis qu'on -se spare sans avoir rien fait et qu'on attende l'arrive prochaine -du roi d'Angleterre qui doit se joindre ses allis pour mettre -le sige devant Tournay. Malgr l'opposition du duc de Brabant -dont les gens d'armes, surtout ceux de Bruxelles et de Louvain, -sont impatients de retourner dans leurs foyers, le comte de Hainaut -n'en persiste pas moins dans son projet de livrer bataille -aux Franais. P. <a href="#Page_29">29</a> <a href="#Page_31">31</a>, <a href="#Page_217">217</a>, <a href="#Page_218">218</a>.</p> - -<p>Le comte de Hainaut charge Jean de Hainaut, seigneur de -Beaumont, son oncle, de demander trois jours de rpit aux Franais, -le temps de construire un pont sur l'Escaut afin que les -deux armes puissent se joindre et en venir aux mains. Au moment -o Jean de Hainaut chevauche sur la rive droite de l'Escaut -et se dispose accomplir son message, il aperoit sur la -rive oppose un chevalier de Normandie de sa connaissance, le -seigneur de Maubuisson<a id="FNanchor_137" href="#Footnote_137" class="fnanchor"> [137]</a>; il prie ce chevalier de transmettre au -roi de France ou au duc de Normandie la proposition du comte -de Hainaut. Le conseil du roi de France rpond au seigneur de -Maubuisson que l'on est rsolu ne pas changer de tactique vis--vis -du comte de Hainaut, qu'on veut d'abord le ruiner en -tranant la guerre en longueur, que cela fait, on envahira son -pays pour y porter le ravage. Jean de Hainaut, qui le seigneur -de Maubuisson vient rapporter cette rponse, la transmet -au comte de Hainaut, son neveu, qui la reoit avec un profond -dplaisir. P. <a href="#Page_32">32</a> <a href="#Page_34">34</a>, <a href="#Page_218">218</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<p><span class="pagenum"><a id="Page_XVI"> XVI</a></span></p> -<h2 class="normal">CHAPITRE XXXVII.<br /> -<span class="medium">1340. <span class="smcap">DFAITE DE LA FLOTTE FRANAISE PAR LA FLOTTE ANGLAISE -DEVANT L'CLUSE; ARRIVE D'DOUARD III ET DE SON ARME EN -FLANDRE</span><a id="FNanchor_138" href="#Footnote_138" class="fnanchor"> [138]</a> ( 113 117).</span></h2> -</div> - -<p>La veille de la fte de saint Jean-Baptiste (23 juin), douard III -s'embarque sur la Tamise et cingle vers l'cluse<a id="FNanchor_139" href="#Footnote_139" class="fnanchor"> [139]</a> (Sluis), en -Flandre. La flotte anglaise, compose de plus de cent vaisseaux, -porte quatre mille hommes d'armes et douze mille archers. La -flotte franaise est encore suprieure en nombre la flotte anglaise. -Monte par des marins normands, picards et gnois, sous -les ordres du Normand [Nicolas] Behuchet, du Picard Hue Quieret -et du Gnois Barbavara, cette flotte stationne prs de Blankenberghe<a id="FNanchor_140" href="#Footnote_140" class="fnanchor"> [140]</a>, -entre Kadzand<a id="FNanchor_141" href="#Footnote_141" class="fnanchor"> [141]</a> et l'cluse, pour arrter au passage le -roi d'Angleterre. La bataille s'engage devant l'cluse le 24 juin<a id="FNanchor_142" href="#Footnote_142" class="fnanchor"> [142]</a> -entre les deux flottes ennemies et dure tout un jour. Les Anglais -ont soin de prendre des dispositions plus habiles que leurs -adversaires. Le grand vaisseau <i>le Christophe</i>, conquis peu de -temps auparavant par les Normands et mont par les Gnois, est -repris ds le commencement de l'action, grce aux archers -main d'Angleterre, auxquels un tir plus rapide assure l'avantage -sur les arbaltriers gnois. P. <a href="#Page_34">34</a> <a href="#Page_37">37</a>, <a href="#Page_218">218</a> <a href="#Page_221">221</a>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_XVII"> XVII</a></span> -douard III monte un grand vaisseau construit Sandwich<a id="FNanchor_143" href="#Footnote_143" class="fnanchor"> [143]</a>, -sur lequel flotte une bannire mi-partie aux armes de France et -d'Angleterre. Le roi anglais, alors en la fleur de sa jeunesse, fait -des prodiges de valeur; les marins normands et picards dploient, -de leur ct, un grand courage. Dans l'aprs-midi, un gros -renfort de navires monts par des hommes frais et nouveaux, -amen par les Flamands de l'cluse, de Blankenberghe, d'Aardenburg<a id="FNanchor_144" href="#Footnote_144" class="fnanchor"> [144]</a>, -d'Oostburg<a id="FNanchor_145" href="#Footnote_145" class="fnanchor"> [145]</a>, de Bruges, du Damme<a id="FNanchor_146" href="#Footnote_146" class="fnanchor"> [146]</a>, de Nieuport<a id="FNanchor_147" href="#Footnote_147" class="fnanchor"> [147]</a> -et des villes voisines, dcide la victoire en faveur des Anglais. -Cette affaire cote la vie Hue Quieret et (Nicolas) Behuchet; -Pietro Barbavara se sauve grand peine<a id="FNanchor_148" href="#Footnote_148" class="fnanchor"> [148]</a>. P. <a href="#Page_37">37</a> et <a href="#Page_38">38</a>, <a href="#Page_221">221</a> <a href="#Page_225">225</a>.</p> - -<p>Aprs la victoire de l'cluse, le roi d'Angleterre fait un plerinage - Notre-Dame<a id="FNanchor_149" href="#Footnote_149" class="fnanchor"> [149]</a> d'Aardenburg, puis il se rend Gand. A -la nouvelle de l'arrive et de la victoire d'douard III, les allies -camps devant Thun-l'vque lvent le sige de cette forteresse -et viennent Gand auprs du roi anglais; l ils prennent l'engagement -de se runir un certain jour en parlement Vilvorde. -P. <a href="#Page_38">38</a> <a href="#Page_40">40</a>, <a href="#Page_225">225</a> <a href="#Page_229">229</a>.</p> - -<p>Le roi de France retourne Arras et le duc de Normandie -<span class="pagenum"><a id="Page_XVIII"> XVIII</a></span> -Cambrai. Les Franais prennent aisment leur parti de la dconfiture -des Normands l'cluse et disent: On n'a rien perdu -en perdant ces cumeurs de mer. Ils taient tous des brigands; -ils ne laissaient point venir de poisson sur le continent, et ils -taient cause qu'on n'en pouvait avoir. Le roi de France d'ailleurs -a gagn deux cent mille florins leur mort, car on -leur devait leurs gages de quatre mois. Toutefois, Philippe de -Valois et son fils donnent l'ordre de renforcer les garnisons de -Tournay, de Lille<a id="FNanchor_150" href="#Footnote_150" class="fnanchor"> [150]</a>, de Douai<a id="FNanchor_151" href="#Footnote_151" class="fnanchor"> [151]</a>, de Mortagne, de Saint-Amand, -de Saint-Omer, d'Aire<a id="FNanchor_152" href="#Footnote_152" class="fnanchor"> [152]</a> et de Saint-Venant<a id="FNanchor_153" href="#Footnote_153" class="fnanchor"> [153]</a>. Inform qu'douard -III et ses allis doivent venir assiger Tournay, le duc -de Normandie envoie dans cette place Godemar du Fay<a id="FNanchor_154" href="#Footnote_154" class="fnanchor"> [154]</a>. Le seigneur -de Beaujeu est mis dans Mortagne<a id="FNanchor_155" href="#Footnote_155" class="fnanchor"> [155]</a>, et Pierre de Carcassonne -est charg de dfendre Saint-Amand<a id="FNanchor_156" href="#Footnote_156" class="fnanchor"> [156]</a> en Puelle. P. <a href="#Page_40">40</a> -et <a href="#Page_41">41</a>, <a href="#Page_227">227</a>.</p> - -<p>Robert, roi de Sicile, trs-vers dans l'astrologie, prdit les -succs d'douard III: Le sanglier de Windsor viendra, dit-il, -enfoncer ses dfenses jusque dans les portes de Paris. Inspir -par son dvouement la couronne de France, le roi Robert -<span class="pagenum"><a id="Page_XIX"> XIX</a></span> -vient Avignon prier le pape (Benot XII)<a id="FNanchor_157" href="#Footnote_157" class="fnanchor"> [157]</a> d'user de son intervention -pour faire la paix entre les rois de France et d'Angleterre. -P. <a href="#Page_41">41</a>, <a href="#Page_226">226</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2>CHAPITRE XXXVIII.<br /> -<span class="medium">1340. <span class="smcap">ASSEMBLE DE VILVORDE SUIVIE DU SIGE DE TOURNAY PAR -DOUARD III ET SES ALLIS</span><a id="FNanchor_158" href="#Footnote_158" class="fnanchor"> [158]</a> ( 118 122).</span></h2> -</div> - -<p>Assemble de Vilvorde. Les principaux personnages qui assistent - cette assemble, sont douard III roi d'Angleterre, Jean III -duc de Brabant, Guillaume II comte de Hainaut, Jean de Hainaut, -oncle du comte, Renaud II duc de Gueldre, Guillaume V -marquis de Juliers, Louis I<sup>er</sup> de Bavire, marquis de Brandebourg, -Frdric II, marquis de Meissen et d'Osterland, Adolphe -VIII, comte de Berg, Robert d'Artois, Thierry III, seigneur -de Fauquemont (Valkenburg), Guillaume de Duvenvoorde, Guillaume -I<sup>er</sup>, marquis de Namur. A ces princes sont venus se joindre -Jacques d'Arteveld et les dputs de Flandre, de Brabant et de -Hainaut, au nombre de trois ou quatre pour chaque bonne ville. -Une alliance offensive et dfensive est conclue entre Flandre, -Hainaut et Brabant; en cas de diffrend, c'est le roi d'Angleterre -qui jouera le rle d'arbitre entre ces trois pays. En signe de cette -alliance, il sera frapp une monnaie dont les pices s'appelleront -<i>compagnons</i> ou <i>allis</i>. Les allis conviennent d'aller mettre le -sige devant Tournay aux environs de la Madeleine (22 juillet), -puis ils se sparent et chacun retourne chez soi pour faire ses -prparatifs. P. <a href="#Page_41">41</a> <a href="#Page_43">43</a>, <a href="#Page_229">229</a> et <a href="#Page_230">230</a>.</p> - -<p>Philippe de Valois envoie tenir garnison Tournay l'lite de -sa chevalerie, notamment Raoul, comte d'Eu, conntable de -France<a id="FNanchor_159" href="#Footnote_159" class="fnanchor"> [159]</a>, le jeune comte de Guines son fils<a id="FNanchor_160" href="#Footnote_160" class="fnanchor"> [160]</a>, le comte de Foix<a id="FNanchor_161" href="#Footnote_161" class="fnanchor"> [161]</a> et -<span class="pagenum"><a id="Page_XX"> XX</a></span> -ses frres, Aymeri VIII (vicomte) de Narbonne, Am de Poitiers<a id="FNanchor_162" href="#Footnote_162" class="fnanchor"> [162]</a>, -Geoffroy de Charny<a id="FNanchor_163" href="#Footnote_163" class="fnanchor"> [163]</a>, Girard de Montfaucon<a id="FNanchor_164" href="#Footnote_164" class="fnanchor"> [164]</a>, Robert Bertran -et Mathieu de Trie, marchaux de France<a id="FNanchor_165" href="#Footnote_165" class="fnanchor"> [165]</a>, Jean de Landas<a id="FNanchor_166" href="#Footnote_166" class="fnanchor"> [166]</a>, le -snchal de Poitou<a id="FNanchor_167" href="#Footnote_167" class="fnanchor"> [167]</a>, les seigneurs de Cayeux<a id="FNanchor_168" href="#Footnote_168" class="fnanchor"> [168]</a>, de Chtillon<a id="FNanchor_169" href="#Footnote_169" class="fnanchor"> [169]</a>, de -Renneval, de Mello<a id="FNanchor_170" href="#Footnote_170" class="fnanchor"> [170]</a>, d'Offmont<a id="FNanchor_171" href="#Footnote_171" class="fnanchor"> [171]</a>, de Saint-Venant<a id="FNanchor_172" href="#Footnote_172" class="fnanchor"> [172]</a> et de Creseques<a id="FNanchor_173" href="#Footnote_173" class="fnanchor"> [173]</a>. -Les fortifications de la cit sont rpares, les engins, canons -<span class="pagenum"><a id="Page_XXI"> XXI</a></span> -et espingalles sont mis en tat, et l'on se pourvoit d'approvisionnements -de toute sorte. P. <a href="#Page_43">43</a>, <a href="#Page_44">44</a>, <a href="#Page_230">230</a>.</p> - -<p>Sige de Tournay par douard III et ses allis. Le roi d'Angleterre -prend position la porte dite de Saint-Martin<a id="FNanchor_174" href="#Footnote_174" class="fnanchor"> [174]</a> sur le -chemin de Lille et de Douai, le duc entre le Pont--Rieux<a id="FNanchor_175" href="#Footnote_175" class="fnanchor"> [175]</a>, le -long de l'Escaut, le Pire<a id="FNanchor_176" href="#Footnote_176" class="fnanchor"> [176]</a> et la porte de Valenciennes<a id="FNanchor_177" href="#Footnote_177" class="fnanchor"> [177]</a>, le comte -de Hainaut entre le roi d'Angleterre et le duc de Brabant<a id="FNanchor_178" href="#Footnote_178" class="fnanchor"> [178]</a>. Jacques -d'Arteveld, la tte de soixante mille Flamands, vient se -loger la porte de Sainte-Fontaine<a id="FNanchor_179" href="#Footnote_179" class="fnanchor"> [179]</a>, sur les deux rives de l'Escaut. -Les princes allemands, camps prs des Marvis<a id="FNanchor_180" href="#Footnote_180" class="fnanchor"> [180]</a> du ct du -Hainaut, ont fait un pont sur l'Escaut en amont de Tournay pour -aller et venir d'une rive l'autre. La cit de Tournay est ainsi -investie de tous les cts la fois, et les habitants, pour mieux -assurer la dfense, ont enterr sept de leurs portes. P. <a href="#Page_44">44</a> et <a href="#Page_45">45</a>, -<a href="#Page_230">230</a> <a href="#Page_232">232</a>.</p> - -<p>Le sige durant devant Tournay, le comte de Hainaut ravage -et brle Orchies<a id="FNanchor_181" href="#Footnote_181" class="fnanchor"> [181]</a> et plus de quarante villages ou hameaux des -environs, Landas<a id="FNanchor_182" href="#Footnote_182" class="fnanchor"> [182]</a>, Lecelles<a id="FNanchor_183" href="#Footnote_183" class="fnanchor"> [183]</a>, Haubourdin<a id="FNanchor_184" href="#Footnote_184" class="fnanchor"> [184]</a>, Seclin<a id="FNanchor_185" href="#Footnote_185" class="fnanchor"> [185]</a>, Ronchin<a id="FNanchor_186" href="#Footnote_186" class="fnanchor"> [186]</a>, -<span class="pagenum"><a id="Page_XXII"> XXII</a></span> -la ville et l'abbaye de Cysoing<a id="FNanchor_187" href="#Footnote_187" class="fnanchor"> [187]</a>, Bachy<a id="FNanchor_188" href="#Footnote_188" class="fnanchor"> [188]</a>, Marchiennes<a id="FNanchor_189" href="#Footnote_189" class="fnanchor"> [189]</a>, les -bords de la rivire de Scarp jusqu'au chteau de Rieulay<a id="FNanchor_190" href="#Footnote_190" class="fnanchor"> [190]</a>, en -Hainaut; il pousse ses incursions jusqu'au Pont--Raches<a id="FNanchor_191" href="#Footnote_191" class="fnanchor"> [191]</a> une -lieue de Douai et jusqu'aux faubourgs de Lens<a id="FNanchor_192" href="#Footnote_192" class="fnanchor"> [192]</a> en Artois. P. <a href="#Page_46">46</a>, -<a href="#Page_232">232</a> et <a href="#Page_233">233</a>.</p> - -<p>Combat sur l'Escaut entre les Flamands et les Franais monts -les uns et les autres sur des barques; les Flamands sont repousss -par les assigs. P. <a href="#Page_46">46</a>, <a href="#Page_47">47</a>, <a href="#Page_233">233</a>, <a href="#Page_234">234</a>.</p> - -<p>Durant ce mme sige de Tournay, les Franais de la garnison -de Saint-Amand pillent et brlent le village et l'abbaye -d'Hasnon<a id="FNanchor_193" href="#Footnote_193" class="fnanchor"> [193]</a>; ils traversent les bois de Raismes, mettent le feu -l'htel du Pourcelet et attaquent l'abbaye de Vicoigne<a id="FNanchor_194" href="#Footnote_194" class="fnanchor"> [194]</a>, dont -l'abb nomm Godefroi<a id="FNanchor_195" href="#Footnote_195" class="fnanchor"> [195]</a> parvient repousser les agresseurs. -Pour remercier les arbaltriers de Valenciennes qui sont accourus - son secours sous les ordres de Jean de Baissi, prvt de la -ville, l'abb de Vicoigne leur fait boire un tonneau de vin; et -dans la crainte d'une nouvelle surprise, il fait couper les bois -qui entourent son abbaye et creuser de profonds et larges fosss. -P. <a href="#Page_47">47</a>, <a href="#Page_48">48</a>, <a href="#Page_234">234</a>, <a href="#Page_235">235</a>.</p> - -<p>Pendant le sige de Tournay, dit Froissart, il survint plusieurs -grands faits d'armes, non-seulement en France, mais encore -en Gascogne et en cosse, qui ne doivent pas tre mis en -oubli, car selon la promesse que j'ai faite mon seigneur et -matre en commenant cet ouvrage, je consignerai toutes les -belles actions qui viendront ma connaissance, quoique Jean le -Bel ne les ait pas mentionnes dans ses Chroniques. Mais un -homme ne peut tout savoir, et ces guerres taient si grandes, si -<span class="pagenum"><a id="Page_XXIII"> XXIII</a></span> -dures et si enracines de tous cts, qu'il est facile d'en oublier -quelque chose si l'on n'y prend bien garde. P. <a href="#Page_235">235</a>, <a href="#Page_236">236</a>.</p> - -<p>Le comte de l'Isle<a id="FNanchor_196" href="#Footnote_196" class="fnanchor"> [196]</a> est en Gascogne comme un petit roi de -France et fait une guerre acharne aux Gascons du parti anglais. -Les principaux chevaliers du parti franais sont avec le comte de -l'Isle, les comtes de Comminges<a id="FNanchor_197" href="#Footnote_197" class="fnanchor"> [197]</a> et de Prigord<a id="FNanchor_198" href="#Footnote_198" class="fnanchor"> [198]</a>, les vicomtes -de Villemur<a id="FNanchor_199" href="#Footnote_199" class="fnanchor"> [199]</a>, de Tallard<a id="FNanchor_200" href="#Footnote_200" class="fnanchor"> [200]</a>, de Bruniquel, de Caraman<a id="FNanchor_201" href="#Footnote_201" class="fnanchor"> [201]</a> et de -<i>Murendon</i><a id="FNanchor_202" href="#Footnote_202" class="fnanchor"> [202]</a>; l'effectif de leurs forces s'lve six mille chevaux -et dix mille fantassins. Les Franais prennent Bergerac, Condom, -Sainte-Bazeille<a id="FNanchor_203" href="#Footnote_203" class="fnanchor"> [203]</a>, Penne<a id="FNanchor_204" href="#Footnote_204" class="fnanchor"> [204]</a>, Langon<a id="FNanchor_205" href="#Footnote_205" class="fnanchor"> [205]</a>, <i>Prudaire</i>, Civrac<a id="FNanchor_206" href="#Footnote_206" class="fnanchor"> [206]</a>; ils assigent -la Role. Aprs une belle dfense, Jean le Bouteiller, capitaine -de la ville pour le roi d'Angleterre, rend la Role<a id="FNanchor_207" href="#Footnote_207" class="fnanchor"> [207]</a> au -comte de l'Isle qui confie la garde de cette place un chevalier -gascon nomm <i>Raymond Segui</i>. Une fois matres de la Role, les -Franais mettent le sige devant Auberoche<a id="FNanchor_208" href="#Footnote_208" class="fnanchor"> [208]</a>, dont la garnison a -pour chef Hlie de Pommiers. P. <a href="#Page_48">48</a>, <a href="#Page_236">236</a> et <a href="#Page_237">237</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<p><span class="pagenum"><a id="Page_XXIV"> XXIV</a></span></p> -<h2 class="normal">CHAPITRE XXXIX.<br /> -<span class="medium">1340. <span class="smcap">GUERRE EN COSSE</span> ( 123).</span></h2> -</div> - -<p>Les cossais prennent les armes sous les ordres de Guillaume -de Douglas, des comtes de Murray, Patrick et de Sutherland, de -Robert de Vescy, de Simon Fraser et d'Alexandre de Ramsay.—Pendant -que le roi d'Angleterre assige Tournay, et l'instigation -du roi de France, les cossais portent le ravage dans le -Northumberland et l'vch de Durham; ils reconquirent toutes -les forteresses occupes par les Anglais, l'exception de Bervick, -de Stirling, de Roxburgh et d'dimbourg. P. <a href="#Page_49">49</a>, <a href="#Page_50">50</a>, <a href="#Page_237">237</a> <a href="#Page_239">239</a>.</p> - -<p>Guillaume de Douglas s'empare du chteau d'Edimbourg par -surprise. P. <a href="#Page_51">51</a> <a href="#Page_54">54</a>.</p> - -<p>Reddition aux cossais de Dalkeith, de Dumbar, de Dundee, -de Dumfermline; sige de Stirling. P. <a href="#Page_54">54</a>, <a href="#Page_239">239</a> <a href="#Page_241">241</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">CHAPITRE XL.<br /> -<span class="medium">1340. ARRIVE DU ROI DE FRANCE ET DE SON ARME AU PONT DE -BOUVINES CONTRE DOUARD III ET SES ALLIS<a id="FNanchor_209" href="#Footnote_209" class="fnanchor"> [209]</a> ( 124 126).</span></h2> -</div> - -<p>Le roi d'Angleterre assige toujours Tournay avec une arme -de plus de cent mille hommes, y compris les Flamands. Les -assigs, menacs de famine, font sortir les plus pauvres habitants -de la ville, hommes et femmes. P. <a href="#Page_54">54</a> et <a href="#Page_241">241</a>.</p> - -<p>Philippe de Valois convoque Arras une grande arme pour -marcher au secours des habitants de Tournay.—Noms des -principaux princes et seigneurs, tant franais qu'trangers<a id="FNanchor_210" href="#Footnote_210" class="fnanchor"> [210]</a>, qui -se rendent l'appel du roi de France. P. <a href="#Page_55">55</a>, <a href="#Page_241">241</a> et <a href="#Page_242">242</a>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_XXV"> XXV</a></span> -Arrive du roi de France<a id="FNanchor_211" href="#Footnote_211" class="fnanchor"> [211]</a> et de son arme sur les bords -d'une petite rivire (la Marcq)<a id="FNanchor_212" href="#Footnote_212" class="fnanchor"> [212]</a>, situe peu de distance de -Tournay, entre les ponts de Bouvines<a id="FNanchor_213" href="#Footnote_213" class="fnanchor"> [213]</a> et de Tressin<a id="FNanchor_214" href="#Footnote_214" class="fnanchor"> [214]</a>. P. <a href="#Page_56">56</a> -et <a href="#Page_242">242</a>.</p> - -<p>Rencontre prs de Notre-Dame-aux-Bois<a id="FNanchor_215" href="#Footnote_215" class="fnanchor"> [215]</a> entre des gens d'armes -de la garnison de Bouchain, commands par trois chevaliers -allemands au service du comte de Hainaut et un dtachement de -la garnison franaise de Mortagne, qui a pour chef un chevalier -bourguignon de la suite du seigneur de Beaujeu, nomm Jean -de Frolois<a id="FNanchor_216" href="#Footnote_216" class="fnanchor"> [216]</a>. Les Franais sont mis en droute, et Jean de Frolois -est fait prisonnier. P. <a href="#Page_56">56</a> <a href="#Page_58">58</a>, <a href="#Page_242">242</a> <a href="#Page_244">244</a>.</p> - -<p>Un jour, un dtachement de Hainuyers, dont Guillaume de -Baileu est le chef, passe le Pont--Tressin<a id="FNanchor_217" href="#Footnote_217" class="fnanchor"> [217]</a>, et va, sous la conduite -de Waflard de la Croix, rveiller les Franais. Ce mme -jour, une troupe de Ligeois venus avec leur vque servir le roi -<span class="pagenum"><a id="Page_XXVI"> XXVI</a></span> -de France, sous les ordres de Robert de Baileu<a id="FNanchor_218" href="#Footnote_218" class="fnanchor"> [218]</a>, frre de Guillaume, -passe aussi en sens inverse le Pont--Tressin, pour aller -fourrager dans les belles plaines qui s'tendent entre Tressin et -Baisieux<a id="FNanchor_219" href="#Footnote_219" class="fnanchor"> [219]</a>. Les Hainuyers de Guillaume de Baileu sont repousss -et mis en fuite. Au moment o ils repassent le pont, ils vont se -jeter dans les rangs des Ligeois de Robert de Baileu, qui reviennent -de leur excursion, et dont ils prennent la bannire, porte -par Jacques de Forvie<a id="FNanchor_220" href="#Footnote_220" class="fnanchor"> [220]</a>, pour la leur propre, cause de la ressemblance -extrme des armes de Robert et de Guillaume de Baileu. -La plupart des Hainuyers sont tus ou faits prisonniers. -Guillaume de Baileu se sauve grand peine. Waflard de la Croix, -pris dans cette rencontre et livr au roi de France, fut donn -bientt aprs, en change du comte de Salisbury, aux habitants -de Lille, qui le firent mettre mort. P. <a href="#Page_58">58</a> <a href="#Page_62">62</a>, <a href="#Page_244">244</a> <a href="#Page_246">246</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">CHAPITRE XLI.<br /> -<span class="medium">1340. SIGE DE MORTAGNE ET PRISE DE SAINT-AMAND ET DE MARCHIENNES -PAR LE COMTE DE HAINAUT.—DFAITE D'UNE TROUPE -DE FRANAIS ET DU SEIGNEUR DE MONTMORENCY AU PONT-A-TRESSIN ( 127 132).</span></h2> -</div> - -<p>Le comte de Hainaut, pour se venger de la msaventure de -Guillaume de Baileu et de ses gens d'armes, quitte le sige de -Tournay et vient avec six ou sept cents lances assiger Mortagne -par la rive droite de l'Escaut. En mme temps, les habitants de -Valenciennes ayant reu l'ordre d'assaillir cette place en s'avanant -entre la Scarpe et l'Escaut, douze cents hommes, commands -<span class="pagenum"><a id="Page_XXVII"> XXVII</a></span> -par Jean de Baissi, prvt de la ville, et Gille le Ramonnier, -passent les deux rivires de Haine et d'Escaut Cond, et arrivent -sous les murs de Mortagne. P. <a href="#Page_62">62</a>, <a href="#Page_246">246</a> et <a href="#Page_247">247</a>.</p> - -<p>douard de Beaujeu, capitaine de Mortagne<a id="FNanchor_221" href="#Footnote_221" class="fnanchor"> [221]</a>, en prvision -d'un sige, a fait enfoncer dans le lit de l'Escaut une quantit -innombrable de pieux pour rendre la navigation impossible. Ce -que voyant les arbaltriers de Valenciennes, qui ne peuvent approcher -assez prs des barrires cause de la largeur des fosss, -prennent le parti de passer la Scarpe au-dessous de Chteau-l'Abbaye<a id="FNanchor_222" href="#Footnote_222" class="fnanchor"> [222]</a> -afin d'attaquer Mortagne du ct de Saint-Amand<a id="FNanchor_223" href="#Footnote_223" class="fnanchor"> [223]</a> et -de donner l'assaut la porte devers Maulde<a id="FNanchor_224" href="#Footnote_224" class="fnanchor"> [224]</a>. Cette porte, qui -donne sur la Scarpe, est dfendue par douard de Beaujeu en -personne, tandis que le seigneur de Saint-Georges<a id="FNanchor_225" href="#Footnote_225" class="fnanchor"> [225]</a>, son cousin, -se tient la porte d'Escaut par o l'on va Antoing<a id="FNanchor_226" href="#Footnote_226" class="fnanchor"> [226]</a>, faisant -face au comte de Hainaut, camp le long de l'Escaut du ct de -Briffœuil<a id="FNanchor_227" href="#Footnote_227" class="fnanchor"> [227]</a>. Le seigneur de Beaujeu est arm d'une longue lance, -et, au moyen d'un croc de fer attach l'extrmit de cette -lance qui s'enfonce dans les plates et le hauberjon, il parvient -harponner une douzaine d'assaillants, les attirant lui ou les -prcipitant au fond des fosss pleins d'eau. P. <a href="#Page_63">63</a> et <a href="#Page_247">247</a>.</p> - -<p>Les assigeants donnent l'ordre d'installer sur un bateau un -appareil destin arracher les pieux qui barrent le passage de -l'Escaut. Quant on vient essayer cet appareil, il fonctionne si -mal qu'on doit renoncer s'en servir. Les Valenciennois ont -pendant ce temps dress une trs-belle machine qui lance des -pierres normes contre le chteau et la ville de Mortagne; mais -<span class="pagenum"><a id="Page_XXVIII"> XXVIII</a></span> -un matre ingnieur de la garnison construit une machine plus -petite et l'ajuste si bien qu' la troisime pierre qu'elle lance, elle -brise par le milieu le pierrier des assigeants. Aprs deux nuits -et trois jours d'assaut, le comte de Hainaut et Jean de Hainaut, -son oncle, se dcident retourner au sige de Tournay, et les -Valenciennois reprennent le chemin de leur ville aprs avoir ravag -l'abbaye du Chteau. P. <a href="#Page_64">64</a>, <a href="#Page_65">65</a>, <a href="#Page_248">248</a>.</p> - -<p>Inform que la garnison franaise de Saint-Amand a brl -l'abbaye d'Hasnon et essay de brler celle de Vicoigne, le comte -de Hainaut part de Tournay et vient avec trois mille combattants -assiger Saint-Amand, qui n'tait alors entour que d'une enceinte -de palissades. Le capitaine de la garnison<a id="FNanchor_228" href="#Footnote_228" class="fnanchor"> [228]</a> est un bon -chevalier de la langue d'oc, nomm le snchal de Carcassonne<a id="FNanchor_229" href="#Footnote_229" class="fnanchor"> [229]</a>; -prvoyant l'attaque du comte de Hainaut et sachant que la place -n'est pas tenable, il a fait transporter les plus riches joyaux de -l'abbaye Mortagne, P. <a href="#Page_65">65</a>, <a href="#Page_66">66</a>, <a href="#Page_248">248</a>.</p> - -<p>Douze mille Valenciennois attaquent Saint-Amand par le pont -jet sur la Scarpe. Les bidauds et les Gnois de la garnison, -pour se moquer des arbaltriers de Valenciennes, essuient avec -leurs chaperons sur les murs la place des traits et crient aux -assigeants: Allez boire votre goudale, allez! Dcourags et -ne recevant aucunes nouvelles du comte leur seigneur, les Valenciennois -regagnent leur ville le soir mme. P. <a href="#Page_66">66</a>, <a href="#Page_67">67</a>, <a href="#Page_248">248</a>, <a href="#Page_249">249</a>.</p> - -<p>Le lendemain, le comte de Hainaut arrive devant Saint-Amand -et donne l'assaut la porte du ct de Mortagne. Une brche -est ouverte dans le mur de l'abbaye que l'on enfonce au moyen -d'normes pieux en chne; le comte s'lance par cette brche et -pntre sur la place du march devant l'glise. Il y trouve le -snchal de Carcassonne qui l'attend de pied ferme avec une -poigne de compagnons de son pays serrs autour de sa bannire. -Un moine nomm Froissart dfend l'entre de l'abbaye et -tue plus de dix-huit assaillants. Le comte fait passer la garnison -<span class="pagenum"><a id="Page_XXIX"> XXIX</a></span> -au fil de l'pe et mettre le feu la ville, l'glise et aux btiments -de l'abbaye. Le snchal de Carcassonne est tu sous sa -bannire. P. <a href="#Page_67">67</a> <a href="#Page_69">69</a>, <a href="#Page_249">249</a>.</p> - -<p>Aprs la destruction de Saint-Amand, le comte de Hainaut incendie -Orchies, Landas, Lecelles, passe la Scarpe au-dessous -d'Hasnon et, entrant en France, s'empare de la grosse et riche -abbaye de Marchiennes<a id="FNanchor_230" href="#Footnote_230" class="fnanchor"> [230]</a> dfendue par Am de Warnant<a id="FNanchor_231" href="#Footnote_231" class="fnanchor"> [231]</a>. Incendie -et pillage de la ville et de l'abbaye. P. <a href="#Page_69">69</a>, <a href="#Page_70">70</a>, <a href="#Page_249">249</a>, <a href="#Page_250">250</a>.</p> - -<p>Le roi d'Angleterre se tient toujours devant Tournay qu'il espre -rduire bientt par la famine; mais le duc de Brabant laisse -plus d'une fois passer travers son arme des vivres destins -aux assigs, et les gens d'armes de ses bonnes villes de Bruxelles, -de Louvain, de Malines, d'Anvers, de Nivelles, de Jodoigne<a id="FNanchor_232" href="#Footnote_232" class="fnanchor"> [232]</a>, -de Lierre<a id="FNanchor_233" href="#Footnote_233" class="fnanchor"> [233]</a>, commencent s'impatienter de la longueur du sige. -P. <a href="#Page_70">70</a>, <a href="#Page_71">71</a>, <a href="#Page_250">250</a>, <a href="#Page_251">251</a>.</p> - -<p>Un certain nombre de gens d'armes allemands des duchs de -Gueldre et de Juliers s'entendent avec plusieurs chevaliers du -Hainaut pour prendre une revanche de la victoire remporte -Pont--Tressin par Robert de Baileu et les Ligeois sur les Hainuyers: -ils se divisent en deux dtachements, dont l'un reste -Pont--Tressin pour garder le passage, tandis que l'autre court -rveiller les Franais. Deux grands barons de France, les seigneurs -de Montmorency<a id="FNanchor_234" href="#Footnote_234" class="fnanchor"> [234]</a> et de Saint-Sauflieu<a id="FNanchor_235" href="#Footnote_235" class="fnanchor"> [235]</a>, qui font le guet -<span class="pagenum"><a id="Page_XXX"> XXX</a></span> -la nuit o se passe cette escarmouche, repoussent ces agresseurs -et se mettent leur poursuite jusqu' Pont--Tressin. Voyant -que les ennemis sont l en force pour dfendre le passage, le seigneur -de Saint-Sauflieu prend le parti de se retirer avec les -siens. Le seigneur de Montmorency, qui veut continuer la lutte, -est fait prisonnier ainsi que toute son escorte par Renaud de -Sconnevort; et les Allemands ou Hainuyers restent matres du -pont. P. <a href="#Page_71">71</a> <a href="#Page_76">76</a>, <a href="#Page_251">251</a> <a href="#Page_253">253</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">CHAPITRE XLII.<br /> -<span class="medium">1340. <span class="smcap">DFAITE PRS DE SAINT-OMER, PANIQUE ET RETRAITE DES FLAMANDS -DANS LEUR PAYS.—LEVE DU SIGE DE TOURNAY; TRVE -ENTRE LA FRANCE ET L'ANGLETERRE</span><a id="FNanchor_236" href="#Footnote_236" class="fnanchor"> [236]</a> ( 133 137).</span></h2> -</div> - -<p>Aprs l'arrive du roi de France et de son arme Bouvines, -le bruit se rpand que les garnisons franaises de Saint-Omer, -d'Aire et de Throuanne doivent pntrer dans la valle de Cassel -et ravager le pays, notamment les villes de Bergues<a id="FNanchor_237" href="#Footnote_237" class="fnanchor"> [237]</a>, Bourbourg<a id="FNanchor_238" href="#Footnote_238" class="fnanchor"> [238]</a>, -Messines<a id="FNanchor_239" href="#Footnote_239" class="fnanchor"> [239]</a>, Wervicq<a id="FNanchor_240" href="#Footnote_240" class="fnanchor"> [240]</a>, Poperinghe<a id="FNanchor_241" href="#Footnote_241" class="fnanchor"> [241]</a>. Pour conjurer ce danger, -Robert d'Artois et Henri de Flandre vont se poster avec vingt -mille Flamands l'entre de la valle de Cassel. P. <a href="#Page_76">76</a>, <a href="#Page_77">77</a>, <a href="#Page_253">253</a>.</p> - -<p>Environ trois mille de ces Flamands quittent un jour leur campement -pour aller ravager et piller, l'insu de leurs chefs, le pays -situ entre Aire, Throuanne et Saint-Omer, ils mettent le feu -aux faubourgs et abattent les moulins de Saint-Omer; une demi-lieue -de cette ville, ils pillent et brlent aussi le gros village -<span class="pagenum"><a id="Page_XXXI"> XXXI</a></span> -d'Arques<a id="FNanchor_242" href="#Footnote_242" class="fnanchor"> [242]</a> o ils font un riche butin; mais au moment o ils se -reposent dans un village appel <i>la Cauchie</i><a id="FNanchor_243" href="#Footnote_243" class="fnanchor"> [243]</a>, un certain nombre -de gens d'armes franais des garnisons de Saint-Omer et de -Throuanne viennent, sous les ordres de (Jean), comte dauphin -d'Auvergne<a id="FNanchor_244" href="#Footnote_244" class="fnanchor"> [244]</a>, fondre l'improviste sur ces pillards, en tuent -dix-huit cents et en font quatre cents prisonniers<a id="FNanchor_245" href="#Footnote_245" class="fnanchor"> [245]</a>. P. <a href="#Page_76">76</a> <a href="#Page_78">78</a>, -<a href="#Page_253">253</a> <a href="#Page_255">255</a>.</p> - -<p>Une trve d'un an est conclue Esplechin<a id="FNanchor_246" href="#Footnote_246" class="fnanchor"> [246]</a> entre les rois de -France et d'Angleterre par l'entremise de Jeanne de Valois, sœur -<span class="pagenum"><a id="Page_XXXII"> XXXII</a></span> -de Philippe de Valois, mre du comte Guillaume de Hainaut, -aide de Louis d'Agimont<a id="FNanchor_247" href="#Footnote_247" class="fnanchor"> [247]</a>. P. <a href="#Page_79">79</a> <a href="#Page_82">82</a>, <a href="#Page_256">256</a> <a href="#Page_262">262</a>.</p> - -<p>douard III lve le sige de Tournay, qui dure depuis onze -semaines trois jours moins, et retourne en Angleterre; Philippe de -Valois, de son ct, licencie son arme campe Bouvines<a id="FNanchor_248" href="#Footnote_248" class="fnanchor"> [248]</a>.—Les -confrences tenues Arras entre les envoys des deux rois -en vue de la conclusion d'un trait de paix, restent sans rsultat. -P. <a href="#Page_82">82</a> <a href="#Page_86">86</a>, <a href="#Page_262">262</a> <a href="#Page_265">265</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">CHAPITRE XLIII.<br /> -<span class="medium">1341. <span class="smcap">GUERRE DE LA SUCCESSION DE BRETAGNE: SUCCS DU COMTE -DE MONTFORT</span><a id="FNanchor_249" href="#Footnote_249" class="fnanchor"> [249]</a> ( 138 143).</span></h2> -</div> - -<p>Plusieurs jongleurs et chanteurs sur les places, dit Froissart, -en prenant les guerres de Bretagne pour sujet de chansons de -geste fabuleuses et de pomes mensongers, ont altr la vrit -historique au grand dplaisir de Jean le Bel, qui a racont le -premier ces guerres dans ses Chroniques et mon grand dplaisir -aussi moi Froissart qui ai loyalement, impartialement continu -<span class="pagenum"><a id="Page_XXXIII"> XXXIII</a></span> -et complt l'œuvre de mon prdcesseur. Ces pomes et -ces chansons ne donnent nullement les faits rels: ces faits, on -ne les trouvera qu'ici, grce au soin extrme que nous y avons -mis, car on n'a rien sans frais et sans peine. Moi, Jean Froissart, -venu le dernier depuis Jean le Bel pour traiter ce sujet, j'ai visit -et parcouru la plus grande partie de la Bretagne, j'ai fait -une enqute auprs des seigneurs et des hrauts sur les guerres, -les prises, les assauts, les incursions, les batailles, les rescousses -et tous les beaux faits d'armes arrivs depuis 1340 jusqu' la fin -de ce livre; je me suis impos cette tche tant la requte de -mon seigneur et matre et ses frais que pour me satisfaire moi-mme, -pour donner de l'authenticit et des bases solides mon -travail: en quoi mes efforts ont t grandement rcompenss. -P. <a href="#Page_265">265</a> et <a href="#Page_266">266</a>.</p> - -<p>Mort de Jean III, dit le Bon, duc de Bretagne (30 avril 1341). -Jean, comte de Montfort, frre de pre de Jean III, est reu -comme duc Nantes au mpris des prtentions de Jeanne, nice -du roi de France par son mariage avec Charles de Blois et dont -le pre Gui, comte de Penthivre, tait frre de Jean III de pre -et de mre. P. <a href="#Page_86">86</a> <a href="#Page_88">88</a>, <a href="#Page_265">265</a> <a href="#Page_269">269</a>.</p> - -<p>Jean de Montfort, aprs s'tre empar de Limoges et des trsors -de Jean III, revient Nantes o il convoque une grande -fte les nobles et prlats de Bretagne. Les bourgeois et conseillers -des bonnes villes se rendent cet appel, mais non les grands -barons qui, sauf Herv de Lon<a id="FNanchor_250" href="#Footnote_250" class="fnanchor"> [250]</a>, sont peu prs tous partisans -de Charles de Blois. Jean de Montfort distribue ses fidles le -trsor trouv Limoges. P. <a href="#Page_89">89</a> et <a href="#Page_90">90</a>, <a href="#Page_269">269</a> <a href="#Page_271">271</a>.</p> - -<p>Prise du fort chteau de Brest par Jean de Montfort aprs une -hroque dfense de (Gautier<a id="FNanchor_251" href="#Footnote_251" class="fnanchor"> [251]</a>) de Clisson. P. <a href="#Page_90">90</a> <a href="#Page_93">93</a>, <a href="#Page_271">271</a> <a href="#Page_275">275</a>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_XXXIV"> XXXIV</a></span> -Sige de Rennes par Jean de Montfort. Henri de Spinefort<a id="FNanchor_252" href="#Footnote_252" class="fnanchor"> [252]</a>, -capitaine de la ville, est fait prisonnier dans une sortie. Le comte -de Montfort menace de faire pendre ce chevalier si Rennes ne -lui ouvre ses portes. Lutte entre les grands bourgeois qui sont -d'avis de rsister et les gens du commun qui veulent faire leur -soumission. La ville finit par se rendre, et Henri de Spinefort se -range parmi les partisans de Jean de Montfort. P. <a href="#Page_93">93</a> <a href="#Page_96">96</a>, <a href="#Page_275">275</a> - <a href="#Page_280">280</a>.</p> - -<p>Prise d'Hennebont<a id="FNanchor_253" href="#Footnote_253" class="fnanchor"> [253]</a>, fort chteau et bon port de mer, due - une surprise faite Olivier de Spinefort, capitaine de cette -place, par son frre Henri de Spinefort.—Reddition de Vannes.—Leve -du sige mis pendant dix jours devant la Roche-Piriou<a id="FNanchor_254" href="#Footnote_254" class="fnanchor"> [254]</a>.—Reddition -de Suscinio<a id="FNanchor_255" href="#Footnote_255" class="fnanchor"> [255]</a>.—Reddition du chteau -d'Auray<a id="FNanchor_256" href="#Footnote_256" class="fnanchor"> [256]</a> par Geffroi de Malestroit et Yvon de Trsiguidy qui -prtent serment de fidlit au comte de Montfort.—Reddition -de la Forest<a id="FNanchor_257" href="#Footnote_257" class="fnanchor"> [257]</a> dont le capitaine est un ancien compagnon d'armes -d'Herv de Lon en Grenade et en Prusse.—Reddition de -<span class="pagenum"><a id="Page_XXXV"> XXXV</a></span> -Carhaix<a id="FNanchor_258" href="#Footnote_258" class="fnanchor"> [258]</a> o s'tait enferm un vque qui en tait seigneur<a id="FNanchor_259" href="#Footnote_259" class="fnanchor"> [259]</a>. Cet -vque, oncle d'Herv de Lon, se dcide, sur les instances de -son neveu, faire sa soumission au comte de Montfort. P. <a href="#Page_97">97</a> -<a href="#Page_100">100</a>, <a href="#Page_280">280</a> <a href="#Page_285">285</a>.</p> - -<p>Sige de Jugon<a id="FNanchor_260" href="#Footnote_260" class="fnanchor"> [260]</a> par le comte de Montfort. Amauri de Clisson, -capitaine de la garnison, et plus de cent vingt bourgeois de la -ville, sont faits prisonniers dans une sortie par Olivier et Henri -de Spinefort accourus au secours d'Yvon de Trsiguidy. La ville -de Jugon, contre laquelle le comte de Montfort a fait dresser -quatre engins amens de Rennes, est oblige de se rendre; -Amauri de Clisson prte serment de fidlit au comte de Montfort, -qui assigne ce chevalier cinq cents livres de terre et le -retient de son conseil. Le vainqueur laisse comme chtelain -Jugon Garnier de Trsiguidy, cousin d'Yvon.—Reddition de -Dinan.—Sige infructueux de Josselin<a id="FNanchor_261" href="#Footnote_261" class="fnanchor"> [261]</a>.—Reddition du chteau -de Plormel.—Reddition sous condition de Mauron<a id="FNanchor_262" href="#Footnote_262" class="fnanchor"> [262]</a> aprs -douze jours de sige. P. <a href="#Page_285">285</a> <a href="#Page_291">291</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">CHAPITRE XLIV.<br /> -<span class="medium">1341. <span class="smcap">VOYAGES DU COMTE DE MONTFORT EN ANGLETERRE, PUIS A -PARIS</span><a id="FNanchor_263" href="#Footnote_263" class="fnanchor"> [263]</a> ( 144 146).</span></h2> -</div> - -<p>Le comte de Montfort se fait partout reconnatre comme duc -de Bretagne. Cependant les seigneurs de Clisson<a id="FNanchor_264" href="#Footnote_264" class="fnanchor"> [264]</a>, de Tournemine, -de Quintin<a id="FNanchor_265" href="#Footnote_265" class="fnanchor"> [265]</a>, de Beaumanoir<a id="FNanchor_266" href="#Footnote_266" class="fnanchor"> [266]</a>, de Laval, de <i>Gargoule</i>, de -Lohac<a id="FNanchor_267" href="#Footnote_267" class="fnanchor"> [267]</a>, d'Ancenis, de Retz, de Rieux<a id="FNanchor_268" href="#Footnote_268" class="fnanchor"> [268]</a>, d'Avaugour<a id="FNanchor_269" href="#Footnote_269" class="fnanchor"> [269]</a>, refusent -<span class="pagenum"><a id="Page_XXXVI"> XXXVI</a></span> -d'obir au nouveau duc; quelques-uns de ces seigneurs quittent -la Bretagne, soit pour guerroyer Grenade et en Prusse, soit -pour entreprendre le plerinage d'outre-mer. P. <a href="#Page_291">291</a>.</p> - -<p>Jean de Montfort comprend la ncessit de se faire un alli -puissant qu'il puisse opposer au roi de France, oncle et alli naturel -de Charles de Blois. C'est pourquoi il s'embarque <i>Gredo</i><a id="FNanchor_270" href="#Footnote_270" class="fnanchor"> [270]</a> -(Redon) en basse Bretagne pour l'Angleterre, arrive en Cornouaille -et dbarque au port de <i>Cepse</i>; de l, il se rend -Windsor auprs d'douard III. Le comte de Montfort fait hommage -lige pour le duch de Bretagne au roi d'Angleterre qui -promet en retour d'aider et de dfendre son vassal contre tous, -spcialement contre le roi de France; puis il retourne Nantes, -combl des prsents et des faveurs d'douard III<a id="FNanchor_271" href="#Footnote_271" class="fnanchor"> [271]</a>. P. <a href="#Page_100">100</a> <a href="#Page_102">102</a>, -<a href="#Page_291">291</a> <a href="#Page_298">298</a>.</p> - -<p>Le vicomte de Rohan, les seigneurs de Clisson, d'Avaugour et -<span class="pagenum"><a id="Page_XXXVII"> XXXVII</a></span> -de Beaumanoir se rendent en France et informent Charles de -Blois des succs de Jean de Montfort. Charles de Blois implore -contre son comptiteur l'appui du roi de France son oncle. Philippe -de Valois, de l'avis des pairs et grands barons de son -royaume, prend le parti de mander Paris l'adversaire de son -neveu; les seigneurs de Mathefelon, de Gaussan et Grimouton de -Chambly<a id="FNanchor_272" href="#Footnote_272" class="fnanchor"> [272]</a>, vont Nantes notifier au comte de Montfort la volont -du roi de France. Jeanne de Montfort conseille son mari de -ne pas rpondre l'appel de Philippe de Valois. Cependant, -le comte de Montfort, aprs avoir hsit quelque temps, vient -Paris o il fait son entre en somptueux quipage et avec une -suite de plus de trois cents chevaux. P. <a href="#Page_102">102</a>, <a href="#Page_103">103</a>, <a href="#Page_298">298</a> <a href="#Page_300">300</a>, -<a href="#Page_302">302</a>, <a href="#Page_303">303</a>.</p> - -<p>L'entrevue du comte avec le roi de France a lieu dans une -grande chambre du palais dcore de magnifiques tapisseries. -Aux cts du roi sigent le comte d'Alenon son frre, le duc de -Normandie son fils, Eude, duc de Bourgogne et Philippe de -Bourgogne, fils du duc, le duc de Bourbon, Jacques de Bourbon -alors comte de Ponthieu, les comtes de Blois, de Forez, de Vendme -et de Guines, les seigneurs de Coucy, de Sully, de Craon, -de Roye, de Saint-Venant, de Renneval et de Fiennes. Philippe -de Valois reproche Jean de Montfort d'avoir fait hommage du -duch de Bretagne douard III. Le comte rpond que ce reproche -n'est nullement fond, mais en mme temps il maintient -la lgitimit de ses prtentions l'hritage de Bretagne. Le roi -enjoint Jean de Montfort de ne pas quitter Paris avant quinze -jours et d'attendre que les pairs, chargs d'examiner la question -pendante entre lui et Charles de Blois, aient dcid de quel ct -est le bon droit. Dcourag par un accueil aussi dfavorable, le -comte de Montfort estime prudent de ne pas attendre le jugement -des pairs. Un soir, il prend l'habit d'un de ses mnestrels, -monte cheval sans autre suite qu'un valet de mnestrel, et la -faveur de ce dguisement, s'chappe la drobe de Paris dont -on ne fermait point alors les portes; pendant que ses chambellants -font courir le bruit que leur matre est couch malade dans -son lit, il regagne en toute hte la Bretagne et va rejoindre -Nantes la comtesse sa femme. P. <a href="#Page_103">103</a> <a href="#Page_105">105</a>, <a href="#Page_300">300</a> <a href="#Page_302">302</a>, <a href="#Page_303">303</a> -<a href="#Page_306">306</a>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_XXXVIII"> XXXVIII</a></span> -Le roi de France et Charles de Blois sont furieux quand ils -apprennent que le comte de Montfort vient de s'chapper de -leurs mains. Les pairs et grands barons, runis en conseil pour -statuer sur les prtentions respectives de Charles de Blois et de -Jean de Montfort l'hritage de Bretagne, se prononcent tout -d'une voix en faveur de Charles de Blois; ils fondent leur jugement -sur deux considrants principaux. 1<sup>o</sup> Jeanne, femme de -Charles de Blois, titre de fille unique de Gui, comte de Penthivre, -frre de pre et de mre de Jean III, duc de Bretagne, -dernirement mort, a plus de parent avec le dit duc que Jean -de Montfort, qui est seulement frre de pre de Jean III<a id="FNanchor_273" href="#Footnote_273" class="fnanchor"> [273]</a>; -2<sup>o</sup> d'ailleurs le comte de Montfort, mme en supposant qu'il y -ait quelque chose de fond dans ses prtentions, est atteint de -forfaiture, d'abord pour avoir relev le duch d'un seigneur -autre que le roi de France de qui on le doit tenir en fief, ensuite -pour avoir transgress les ordres et cass l'arrt de son suzerain -en quittant Paris sans cong<a id="FNanchor_274" href="#Footnote_274" class="fnanchor"> [274]</a>. P. <a href="#Page_105">105</a> et <a href="#Page_106">106</a>.</p> - -<p>Charles de Blois, confiant en son droit aprs le jugement prononc -en sa faveur, assur en outre de l'appui du roi de France, -entreprend de reconqurir main arme son duch de Bretagne. -Le duc de Normandie est adjoint son cousin comme chef -de l'expdition projete. Les principaux barons qui s'engagent -faire partie de cette expdition, sont le comte d'Alenon, oncle -de Charles de Blois, le duc de Bourgogne, le comte de Blois, -frre de Charles, le duc de Bourbon, Louis d'Espagne, Jacques -<span class="pagenum"><a id="Page_XXXIX"> XXXIX</a></span> -de Bourbon, le comte d'Eu, conntable de France et le comte de -Guines, son fils, le vicomte de Rohan, les comtes de Forez, de -Vendme et de Dammartin, les seigneurs de Coucy, de Craon, de -Beaujeu, de Sully et de Chtillon. On fixe Angers le rassemblement -gnral. P. <a href="#Page_106">106</a> et <a href="#Page_107">107</a>, <a href="#Page_306">306</a> et <a href="#Page_307">307</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">CHAPITRE XLV.<br /> -<span class="medium">1341. <span class="smcap">EXPDITION DU DUC DE NORMANDIE ET DE CHARLES DE BLOIS -EN BRETAGNE</span><a id="FNanchor_275" href="#Footnote_275" class="fnanchor"> [275]</a> ( 147 150).</span></h2> -</div> - -<p>Le duc de Normandie, le comte d'Alenon, les ducs de Bourgogne, -de Bourbon et les autres barons et chevaliers dont Charles -de Blois s'est assur le concours, se rendent Angers, o -rendez-vous gnral a t donn tous les gens d'armes qui doivent -faire partie de l'expdition de Bretagne. Toutes ces forces -runies s'lvent cinq mille armures de fer, sans compter trois -mille Gnois sous les ordres d'Ayton Doria et de Charles Grimaldi. -Le Galois de la Baume commande aussi une nombreuse -troupe de bidaus et d'arbaltriers. Cette arme chevauche en trois -batailles. La premire, compose de cinq cents lances, marche -sous les bannires de Louis d'Espagne, du vicomte de Rohan, -des seigneurs d'Avaugour, de Clisson et de Beaumanoir. La plus -forte bataille est celle du duc de Normandie<a id="FNanchor_276" href="#Footnote_276" class="fnanchor"> [276]</a>, o se trouvent les -plus puissants seigneurs de l'arme, notamment les comtes d'Alenon -et de Blois, Charles de Blois lui-mme qui prend le titre et -les armes de duc de Bretagne, et a fait hommage et faut pour -ce duch au roi de France. Raoul, comte d'Eu, conntable de -France, est la tte de la troisime bataille ou arrire-garde -<span class="pagenum"><a id="Page_XL"> XL</a></span> -avec le comte de Guines<a id="FNanchor_277" href="#Footnote_277" class="fnanchor"> [277]</a>, son fils, les seigneurs de Coucy, de -Montmorency, de Quintin et de Tournemine. P. <a href="#Page_107">107</a>, <a href="#Page_108">108</a>, -<a href="#Page_307">307</a>, <a href="#Page_308">308</a>.</p> - -<p>Les Franais passent par Ancenis et viennent mettre le sige -devant Champtoceaux, qui est de ce ct la clef et l'entre de -Bretagne. Cette forteresse, assise sur un monticule au pied duquel -coule une grosse rivire (la Loire), a pour capitaines et -gardiens deux chevaliers de Lorraine, nomms Mile et Valerand<a id="FNanchor_278" href="#Footnote_278" class="fnanchor"> [278]</a>. -Le duc de Normandie fait combler les fosss par les paysans des -environs, tandis qu'on construit un chteau de bois mont sur -douze roues qui peut bien contenir deux cents hommes d'armes -et cent arbaltriers. Ce chteau de bois, tout pourvu d'assaillants, -est amen force de bras jusque contre les remparts de Champtoceaux. -L'norme machine se compose de trois tages: l'tage -le plus lev se tiennent les gens d'armes, au second les arbaltriers, -et tout en bas les sapeurs qui dmolissent les murs par la -base. Les assigeants livrent, avec l'aide de cet engin, un assaut -terrible qui cote beaucoup de monde aux assigs et leur fait -dpenser toute leur artillerie. Les gens d'armes de la garnison, -<span class="pagenum"><a id="Page_XLI"> XLI</a></span> -dcourags, rendent Champtoceaux, sauve leur vie et leurs biens<a id="FNanchor_279" href="#Footnote_279" class="fnanchor"> [279]</a>. -P. <a href="#Page_108">108</a>, <a href="#Page_100">100</a>, <a href="#Page_309">309</a> <a href="#Page_310">310</a>.</p> - -<p>Le duc de Normandie, chef suprme de l'expdition, livre -Champtoceaux Charles de Blois, son cousin, qui laisse dans -cette forteresse comme chtelain un chevalier nomm Rasse de -Guingamp. Puis les Franais prennent le chemin de Nantes, o -le comte de Montfort s'est enferm. Sur la route, ils s'emparent -de Carquefou<a id="FNanchor_280" href="#Footnote_280" class="fnanchor"> [280]</a>, place situe prs de Nantes, entoure de fosss -et de palissades, mais dont la garnison, qui ne se compose que -de vilains, ne peut tenir tte aux arbaltriers gnois; la ville -est prise et pille; beaucoup des gens qu'on y trouve sont passs -au fil de l'pe; on met le feu aux maisons, dont la moiti est -la proie des flammes. P. <a href="#Page_110">110</a>, <a href="#Page_310">310</a>, <a href="#Page_311">311</a>, <a href="#Page_313">313</a>.</p> - -<p>L'arme du duc de Normandie vient camper devant Nantes et -investit cette grande cit que traverse la Loire, trs large en cet -endroit. Jean de Montfort a laiss Rennes la comtesse sa femme -et s'est enferm dans Nantes avec Herv de Lon, Henri et Olivier -de Spinefort, Yvon de Trsiguidy et plusieurs autres chevaliers -et cuyers qui l'ont reconnu comme duc de Bretagne. La -cit est forte, bien ferme, abondamment pourvue de vivres et -d'artillerie; en outre, le comte est trs-aim des bourgeois de -Nantes. Pleinement rassur sur l'issue d'un sige soutenu dans -ces conditions, Jean de Montfort invite les habitants se tenir -sur la dfensive: la saison est trop avance pour que le sige -puisse durer longtemps. Malgr cette injonction, Herv de Lon, - la tte d'une troupe de deux cents armures de fer, la plupart -jeunes bourgeois de Nantes, fait un jour, de grand matin, une -sortie par la poterne de Richebourg<a id="FNanchor_281" href="#Footnote_281" class="fnanchor"> [281]</a>, pour surprendre un convoi -de vivres destin aux assigeants; il s'empare d'environ trente -sommiers, mulets et roncins, et de quinze charrettes remplies de -vin et de farine. Une troupe de cinq cents gens d'armes franais -<span class="pagenum"><a id="Page_XLII"> XLII</a></span> -commands par Louis d'Espagne accourt pour reprendre ce butin; -et Herv de Lon ne parvient garder sa proie qu'en fermant -prcipitamment les portes en dehors desquelles il laisse -deux cents de ses compagnons qui sont tus ou faits prisonniers. -Les parents de ces malheureux sont transports de fureur, et -Herv de Lon encourt pour ce fait la disgrce du comte de -Montfort. P. <a href="#Page_110">110</a> <a href="#Page_112">112</a>, <a href="#Page_311">311</a> <a href="#Page_315">315</a>.</p> - -<p>Un certain nombre de bourgeois de Nantes, parents et amis -des gens d'armes faits prisonniers par Louis d'Espagne, entrent -en pourparlers avec les assigeants l'insu de Jean de Montfort, -et conviennent de laisser la poterne de Sauve<a id="FNanchor_282" href="#Footnote_282" class="fnanchor"> [282]</a> ouverte aux Franais -qui pntrent ainsi dans la ville un matin sans coup frir. -Ils vont droit au chteau de Nantes o ils trouvent le comte de -Montfort encore endormi et le font prisonnier. Henri et Olivier -de Spinefort, Yvon de Trsiguidy parviennent s'chapper. La -rumeur publique voit dans la trahison dont le comte de Montfort -est victime en cette circonstance la main de Herv de Lon qui -se serait veng ainsi du blme svre que le comte lui avait inflig -quelques jours auparavant. Ce qui est certain, c'est que -Herv est pargn lui et les siens par Charles de Blois, auquel il -fait faut et hommage comme son seigneur, et qu'il reconnut -depuis lors comme duc de Bretagne. P. <a href="#Page_112">112</a>, <a href="#Page_113">113</a>, <a href="#Page_315">315</a> <a href="#Page_319">319</a>.</p> - -<p>Les Franais se rendent ainsi matres de Nantes aux environs -de la Toussaint<a id="FNanchor_283" href="#Footnote_283" class="fnanchor"> [283]</a> l'an 1341. A l'occasion de cette solennit, le duc -<span class="pagenum"><a id="Page_XLIII"> XLIII</a></span> -de Normandie et Charles de Blois tiennent cour plnire au chteau -de Nantes, o ils donnent des ftes qui durent quatre jours. -L, le vicomte de Rohan, les seigneurs de Clisson, d'Ancenis, de -Beaumanoir, de Malestroit, d'Avaugour, de <i>Gargoule</i>, de Quintin, -de Lon, de Dinan, de Retz, de Rieux et bien quarante chevaliers -bretons des environs de Nantes font faut et hommage au -mari de Jeanne de Penthivre et le reconnaissent comme leur duc. -Charles de Blois reste Nantes pour y passer l'hiver avec plusieurs -vaillants chevaliers de son lignage. Le reste de l'arme se -disperse aprs avoir promis au nouveau duc de revenir en Bretagne -l't prochain, si besoin est. Le duc de Normandie retourne - Paris, emmenant avec lui<a id="FNanchor_284" href="#Footnote_284" class="fnanchor"> [284]</a> le comte de Montfort qu'il remet entre -les mains du roi de France. Philippe de Valois fait enfermer -son prisonnier au chteau du Louvre; on dit mme qu'il l'aurait -fait mourir, si Louis de Nevers, comte de Flandre, n'avait -intercd pour son beau-frre. P. <a href="#Page_114">114</a>, <a href="#Page_318">318</a>, <a href="#Page_320">320</a> <a href="#Page_322">322</a>.</p> - -<p>Charles de Blois crit aux habitants de Rennes, de Vannes, de -Quimperl, de Quimper-Corentin, d'Hennebont, de Lamballe<a id="FNanchor_285" href="#Footnote_285" class="fnanchor"> [285]</a>, -de Guingamp, de Dinan, de Dol<a id="FNanchor_286" href="#Footnote_286" class="fnanchor"> [286]</a>, de Saint-Mathieu<a id="FNanchor_287" href="#Footnote_287" class="fnanchor"> [287]</a>, de Saint-Malo, -de venir Nantes lui prter serment de fidlit comme -leur duc; mais la plupart de ces villes prennent parti pour la -comtesse de Montfort qui apprend Rennes<a id="FNanchor_288" href="#Footnote_288" class="fnanchor"> [288]</a> que son mari est -tomb aux mains de ses ennemis. A cette nouvelle, la comtesse, -femme au cœur d'homme et de lion, rassemble ses partisans, leur -<span class="pagenum"><a id="Page_XLIV"> XLIV</a></span> -prsente son jeune fils Jean g de sept ans, et se met chevaucher -de forteresse en forteresse la tte de cinq cents lances, -renforant partout les garnisons, payant trs-largement les gages -de ses gens d'armes et rchauffant par tous les moyens le zle -des Bretons rests fidles sa cause. Elle renforce surtout la garnison -de Rennes, car elle prvoit que ce sera la premire ville -que viendra assiger Charles de Blois; et elle met dans cette -place comme capitaine un vaillant chevalier et de bon conseil, -trs-attach elle et son mari, nomm Guillaume de Cadoudal, -Breton bretonnant. Puis elle va, en compagnie de son fidle -Amauri de Clisson, qui ne la quitte pas, s'enfermer dans Hennebont, -fort chteau et bon port de mer, afin d'assurer en cas de -besoin ses communications avec l'Angleterre. P. <a href="#Page_114">114</a>, <a href="#Page_115">115</a>, <a href="#Page_320">320</a> - <a href="#Page_324">324</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">CHAPITRE XLVI.<br /> -<span class="medium">1341 et 1342. <span class="smcap">GUERRE EN COSSE</span><a id="FNanchor_289" href="#Footnote_289" class="fnanchor"> [289]</a> ( 151 161).</span></h2> -</div> - -<p>1341. Continuation des hostilits entre l'Angleterre et l'cosse: -prise de Stirling par les cossais.—Trve entre l'Angleterre -et l'cosse.—Retour de David Bruce dans son royaume<a id="FNanchor_290" href="#Footnote_290" class="fnanchor"> [290]</a>. -P. <a href="#Page_116">116</a> <a href="#Page_120">120</a>, <a href="#Page_324">324</a> <a href="#Page_329">329</a>.</p> - -<p>Incursions de David Bruce et des cossais dans le Northumberland -et l'vch de Durham: sige de Newcastle.—Prise de -Durham. P. <a href="#Page_120">120</a> <a href="#Page_124">124</a>, <a href="#Page_329">329</a> <a href="#Page_335">335</a>.</p> - -<p>douard III fait ses prparatifs<a id="FNanchor_291" href="#Footnote_291" class="fnanchor"> [291]</a> pour marcher contre les -cossais qui, tout en effectuant leur retraite le long de la Tyne -dans la direction de Carlisle, mettent le sige devant un chteau -o la comtesse de Salisbury se tient enferme<a id="FNanchor_292" href="#Footnote_292" class="fnanchor"> [292]</a>.—Les cossais -livrent un assaut infructueux, mais la garnison du chteau est -<span class="pagenum"><a id="Page_XLV"> XLV</a></span> -bientt rduite la dernire extrmit.—Le capitaine de cette -garnison, Guillaume de Montagu, russit traverser pendant la -nuit les lignes ennemies pour aller York demander du secours - douard III.—Aussitt qu'ils apprennent que le roi d'Angleterre -marche contre eux la tte d'une puissante arme, les -cossais lvent le sige du chteau de la comtesse de Salisbury et -se retirent dans les forts de Jedburgh. P. <a href="#Page_124">124</a> <a href="#Page_131">131</a>, <a href="#Page_335">335</a> <a href="#Page_338">338</a>.</p> - -<p>1342. douard III au chteau de la comtesse de Salisbury.—Passion -du roi d'Angleterre pour la belle comtesse. P. <a href="#Page_131">131</a> <a href="#Page_135">135</a>, -<a href="#Page_339">339</a> <a href="#Page_340">340</a>.</p> - -<p>Rcit d'une partie d'checs entre le roi et la comtesse. P. <a href="#Page_340">340</a> - <a href="#Page_342">342</a>.</p> - -<p>douard III poursuit les cossais jusque au del de Berwick.—Nouvelle -trve entre les Anglais et les cossais<a id="FNanchor_293" href="#Footnote_293" class="fnanchor"> [293]</a>.—Le roi -d'Angleterre renvoie le comte de Murray son prisonnier au roi -d'cosse en change du comte de Salisbury mis en libert par le -roi de France<a id="FNanchor_294" href="#Footnote_294" class="fnanchor"> [294]</a>. P. <a href="#Page_135">135</a> <a href="#Page_137">137</a>, <a href="#Page_342">342</a> <a href="#Page_347">347</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">CHAPITRE XLVII.<br /> -<span class="medium">1342. <span class="smcap">SIGE ET PRISE DE RENNES PAR CHARLES DE BLOIS.—SIGE -D'HENNEBONT: DFENSE HROQUE DE JEANNE DE MONTFORT; LEVE -DU SIGE PAR LES FRANAIS A LA SUITE DE L'ARRIVE DE GAUTIER -DE MAUNY ET DES ANGLAIS</span><a id="FNanchor_295" href="#Footnote_295" class="fnanchor"> [295]</a> ( 162 169).</span></h2> -</div> - -<p>Au printemps de 1342, les seigneurs franais qui ont fait partie -de l'expdition de Bretagne l'anne prcdente, reviennent -Nantes o Charles de Blois a pass l'hiver. La lutte est plus vive -<span class="pagenum"><a id="Page_XLVI"> XLVI</a></span> -que jamais entre les deux partis qui se disputent la Bretagne. La -comtesse de Montfort tient, comme on l'a dit plus haut, garnison -dans Hennebont, mais elle a eu soin d'tablir Guillaume de Cadoudal -comme capitaine Rennes et de pourvoir cette place d'artillerie -et d'approvisionnements de toute sorte. L'arme de Charles -de Blois, forte de six mille hommes d'armes et de douze -mille soudoyers lances et pavois, met le sige devant Rennes. -Ayton Doria et Charles Grimaldi commandent les arbaltriers -gnois. Rennes avait alors de grands faubourgs auxquels le capitaine -de la ville est oblig de faire mettre le feu pour pourvoir -aux ncessits de la dfense. Les efforts des assigeants, surtout -des Gnois et des Espagnols, trs-nombreux dans l'arme de -Charles de Blois, rduisent bientt la garnison de Rennes la -situation la plus critique. P. <a href="#Page_137">137</a> <a href="#Page_139">139</a>, <a href="#Page_347">347</a> <a href="#Page_349">349</a>, <a href="#Page_351">351</a>, <a href="#Page_352">352</a>.</p> - -<p>La comtesse de Montfort, qui se tient enferme dans Hennebont, -envoie son fidle Amauri de Clisson<a id="FNanchor_296" href="#Footnote_296" class="fnanchor"> [296]</a> demander du secours - douard III. Le roi anglais fait bon accueil au messager de -Jeanne de Montfort et charge Gautier de Mauny de se rendre en -Bretagne la tte de trois cents lances et de deux mille archers -d'lite pour porter secours la comtesse. Amauri de Clisson, -Gautier de Mauny et le corps d'auxiliaires anglais se mettent en -mer et cinglent vers Hennebont; mais la flotte qui les porte, assaillie -par les vents contraires, erre au gr des vents pendant -plus de soixante jours avant de pouvoir aborder en Bretagne, et -ce retard plonge Jeanne de Montfort dans une angoisse mortelle. -P. <a href="#Page_139">139</a> <a href="#Page_141">141</a>, <a href="#Page_350">350</a> <a href="#Page_354">354</a>.</p> - -<p>Les bourgeois de Rennes, rduits au dernier degr de dnment, -manifestent l'intention de traiter avec les assigeants; et -<span class="pagenum"><a id="Page_XLVII"> XLVII</a></span> -comme Guillaume de Cadoudal, capitaine de la garnison, ne veut -entendre parler d'aucun arrangement, ils le font mettre en prison. -Ils traitent ensuite avec Charles de Blois et conviennent de lui -rendre la ville la condition que les partisans de Montfort auront -la vie sauve et pourront aller o ils voudront. Cette reddition -de Rennes a lieu au commencement de mai 1342. Guillaume -de Cadoudal, peine mis en libert, accourt Hennebont auprs -de la comtesse de Montfort. P. <a href="#Page_141">141</a>, <a href="#Page_142">142</a>, <a href="#Page_355">355</a>, <a href="#Page_356">356</a>.</p> - -<p>Une fois matre de Rennes, Charles de Blois assige Hennebont<a id="FNanchor_297" href="#Footnote_297" class="fnanchor"> [297]</a> -o Jeanne de Montfort s'est enferme avec ses principaux partisans, -Gui, vque de Lon, oncle de Herv de Lon, Yvon de Trsiguidy, -le seigneur de Landerneau, le chtelain de Guingamp, -Henri et Olivier de Spinefort. Jeanne de Montfort, arme de pied -en cap, chevauche de rue en rue et exhorte ses gens se bien dfendre; - la voix de la comtesse, les dames de la ville elles-mmes -travaillent dfaire les chausses et du haut des crneaux font -pleuvoir des pierres ou versent des pots pleins de chaux vive -sur les assigeants. P. <a href="#Page_142">142</a> <a href="#Page_144">144</a>, <a href="#Page_356">356</a> <a href="#Page_359">359</a>.</p> - -<p>Pendant un assaut, Jeanne de Montfort, qui observe l'action -du haut d'une tour, s'aperoit que l'ennemi est sorti en masse -de ses campements et que presque tous les Franais sont occups - attaquer la ville. Aussitt elle monte cheval, se met - la tte de trois cents cavaliers, sort d'Hennebont par une -fausse poterne et court mettre le feu aux tentes et logis des -Franais. Ceux-ci, la vue de leur camp en flammes, quittent -prcipitamment l'assaut et tombent sur Jeanne de Montfort aprs -avoir eu soin de lui couper la retraite. Se voyant poursuivie par -Louis d'Espagne et ne pouvant rentrer dans Hennebont, la comtesse -va se jeter trois ou quatre lieues de l dans le chteau -de Brech<a id="FNanchor_298" href="#Footnote_298" class="fnanchor"> [298]</a>, mais les plus mal monts de ses hommes sont faits -<span class="pagenum"><a id="Page_XLVIII"> XLVIII</a></span> -prisonniers par les Franais. Cinq jours aprs cette affaire, -Jeanne de Montfort part vers minuit de Brech avec cinq cents -compagnons et rentre au lever du soleil dans sa bonne ville -d'Hennebont, dont les habitants l'accueillent son de trompe et -avec des transports de joie. Les assigeants livrent alors un -nouvel assaut qui n'est pas plus heureux que les prcdents. Ce -que voyant, les Franais prennent le parti de se diviser en deux -corps d'arme. Charles de Blois, le comte Louis de Blois, son -frre, le duc de Bourbon, Jacques de Bourbon, Robert Bertran, -marchal de France, les comtes d'Eu, de Guines et d'Auxerre, -Charles de Montmorency, Gui de Chantemerle, Herv de Lon, -le seigneur d'Avaugour et partie des Gnois et des Espagnols -vont assiger le chteau d'Auray, tandis que Louis d'Espagne, -Ayton Doria, Charles Grimaldi et le restant des Espagnols et des -Gnois, le vicomte de Rohan, le comte de Joigny, les seigneurs -d'Ancenis, de Tournemine, de Retz, de Rieux, de <i>Gargoule</i> et le -Galois de la Baume maintiennent le sige devant Hennebont avec -l'aide de douze grands engins que l'on fait venir de Rennes. -P. <a href="#Page_144">144</a> <a href="#Page_147">147</a>, <a href="#Page_359">359</a> <a href="#Page_365">365</a>.</p> - -<p>La garnison du chteau d'Auray<a id="FNanchor_299" href="#Footnote_299" class="fnanchor"> [299]</a> compte deux cents hommes -en tat de porter les armes sous les ordres de Henri et d'Olivier -de Spinefort. A quatre lieues d'Auray, Vannes, qui tient aussi -pour la comtesse de Montfort, a pour capitaine Geffroi de Malestroit. -Dinan, situ d'un autre ct et ferm seulement de fosss -et de palissades, en l'absence du chtelain de Guingamp, enferm -dans Hennebont avec Jeanne de Montfort, est confi la garde -de son fils Renaud de Guingamp. Le chteau de la Roche-Piriou<a id="FNanchor_300" href="#Footnote_300" class="fnanchor"> [300]</a> -<span class="pagenum"><a id="Page_XLIX"> XLIX</a></span> -entre Vannes et Dinan est au comte de Blois, et la garnison qui -se compose de Bourguignons a pour chefs Grard de Mlain<a id="FNanchor_301" href="#Footnote_301" class="fnanchor"> [301]</a> et -Pierre Portebœuf. Cette garnison ravage et pille tout le pays des -environs et fait des incursions tantt du ct de Vannes, tantt -du ct de Dinan. Un jour que Grard de Mlain et vingt-cinq -de ses compagnons ont fait main basse sur quatorze ou quinze -marchands et se sont empars de leurs marchandises, ils tombent - leur tour entre les mains de Renaud de Guingamp qui les fait -prisonniers et les amne Dinan. Cependant Louis d'Espagne -redouble ses efforts pour emporter d'assaut Hennebont, et la dtresse -des assigs, qui attendent en vain le retour d'Amauri de -Clisson et l'arrive des Anglais, est son comble. A l'instigation -de Gui, vque de Lon, les dfenseurs d'Hennebont consentent - traiter de la reddition de cette place moyennant certaines conditions -stipules entre l'vque Gui<a id="FNanchor_302" href="#Footnote_302" class="fnanchor"> [302]</a> de Lon et son neveu Herv -<span class="pagenum"><a id="Page_L"> L</a></span> -de Lon ralli Charles de Blois. Au moment o Herv de Lon -s'approche de la ville pour entrer en pourparlers avec les assigs, -la comtesse de Montfort regarde du ct de la mer par une -petite lucarne du chteau; tout coup elle voit flamboyer des -voiles l'horizon. Elle s'crie alors deux reprises avec des -transports de joie: Voici venir, Beau Dieu! le secours que j'ai -tant dsir! A ce cri, chacun se prcipite aux fentres et aux -crneaux; toute une flotte apparat qui cingle pleines voiles -vers Hennebont: c'est Amauri de Clisson qui arrive enfin avec -Gautier de Mauny et les Anglais au secours de la ville assige. -P. <a href="#Page_147">147</a> <a href="#Page_150">150</a>, <a href="#Page_365">365</a> <a href="#Page_372">372</a>.</p> - -<p>Rassurs par ce renfort, les dfenseurs d'Hennebont s'empressent -de dsavouer les dmarches faites par Gui de Lon. Cet -vque, qui se sent compromis vis--vis de la comtesse, quitte la -ville pour se rendre au camp de Louis d'Espagne et se rallier -comme son neveu Herv au parti de Charles de Blois. Le jour -mme de son arrive Hennebont, Gautier de Mauny fait une -sortie contre les Franais et parvient dtruire une machine qui -faisait beaucoup de mal aux assigs. Louis d'Espagne, voyant la -ville d'Hennebont ainsi secourue et ravitaille par les Anglais, -dsespre de prendre cette place et va rejoindre Charles de Blois -devant Auray. P. <a href="#Page_150">150</a> <a href="#Page_154">154</a>, <a href="#Page_372">372</a> <a href="#Page_378">378</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">CHAPITRE XLVIII.<br /> -<span class="medium">1342. <span class="smcap">SIGE ET PRISE DE CONQUEST, DE DINAN, DE GURANDE PAR -LOUIS D'ESPAGNE, D'AURAY ET DE VANNES PAR CHARLES DE BLOIS</span><a id="FNanchor_303" href="#Footnote_303" class="fnanchor"> [303]</a> -( 170 et 171).</span></h2> -</div> - -<p>Aprs la leve du sige d'Hennebont, Charles de Blois envoie -Louis d'Espagne et ses gens assiger la bonne ville de Dinan<a id="FNanchor_304" href="#Footnote_304" class="fnanchor"> [304]</a> qui -<span class="pagenum"><a id="Page_LI"> LI</a></span> -n'avait alors pour enceinte que de l'eau et des palissades. Sur la -route, Louis d'Espagne met le sige devant un petit et vieux chteau -nomm <i>Conquest</i><a id="FNanchor_305" href="#Footnote_305" class="fnanchor"> [305]</a> qui tient pour la comtesse de Montfort. -Le capitaine est un chevalier de Lombardie<a id="FNanchor_306" href="#Footnote_306" class="fnanchor"> [306]</a> et la garnison se -compose de Lombards et de Gnois. Le chteau est emport d'assaut -et la garnison est massacre except le capitaine qui est pris - ranon. Louis d'Espagne laisse <i>Conquest</i> sous la garde d'un -chtelain et de soixante hommes d'armes et continue sa route -vers Dinan. P. <a href="#Page_154">154</a>, <a href="#Page_155">155</a>, <a href="#Page_378">378</a> <a href="#Page_381">381</a>.</p> - -<p>Informe que Louis d'Espagne s'est arrt devant <i>Conquest</i>, la -comtesse de Montfort charge Gautier de Mauny de dlivrer ce -chteau et d'en faire lever le sige aux Franais. Partis d'Hennebont -le matin, Gautier de Mauny et les siens arrivent vers le -soir<a id="FNanchor_307" href="#Footnote_307" class="fnanchor"> [307]</a> devant <i>Conquest</i>; ils reprennent le chteau pris la veille -<span class="pagenum"><a id="Page_LII"> LII</a></span> -par les Franais, le laissent vide et sans garde, car il n'est pas -tenable, et retournent Hennebont. P. <a href="#Page_155">155</a>, <a href="#Page_156">156</a>, <a href="#Page_379">379</a> <a href="#Page_383">383</a>.</p> - -<p>Louis d'Espagne investit Dinan et fait faire bateaux et nacelles -pour assaillir cette place de toutes parts, par terre et par eau. -Les bourgeois de Dinan prennent peur, car la place n'est pas -forte et n'est ferme que de palissades; leur capitaine, Renaud -de Guingamp, fils du chtelain de Guingamp, s'efforce en vain de -les rassurer. Aprs quatre jours de sige, les assigs se rendent -aux Franais et mettent mort sur la place du march Renaud -de Guingamp qui s'oppose cette reddition; Louis d'Espagne -leur donne pour capitaines Grard de Mlain et Pierre Portebœuf -trouvs prisonniers Dinan. P. <a href="#Page_156">156</a> et <a href="#Page_157">157</a>, <a href="#Page_383">383</a> et <a href="#Page_384">384</a>, <a href="#Page_386">386</a> -et <a href="#Page_387">387</a>.</p> - -<p>Louis d'Espagne, une fois matre de Dinan, se dirige vers une -trs-grosse ville situe sur le flux de la mer qu'on appelle Gurande<a id="FNanchor_308" href="#Footnote_308" class="fnanchor"> [308]</a> -et l'assige par terre. Il trouve assez prs de l, dans un -havre<a id="FNanchor_309" href="#Footnote_309" class="fnanchor"> [309]</a> qui est un des plus frquents de Bretagne, un certain -nombre de navires chargs de vins que des marchands de Poitou, -de Saintonge et de la Rochelle, ont amens pour les vendre. -Louis d'Espagne fait main basse sur les cargaisons; il embarque -sur les navires ses gens d'armes et partie des Espagnols et des -Gnois. Assaillie par terre et par mer, la ville de Gurande est -emporte d'assaut, les habitants sont passs au fil de l'pe; cinq -glises sont brles, mais Louis d'Espagne fait pendre vingt-quatre -de ceux qui y ont mis le feu. Tout est livr au pillage, et -l'on recueille un butin considrable, car Gurande est une ville -grande, riche et marchande. P. <a href="#Page_156">156</a> et <a href="#Page_157">157</a>, <a href="#Page_384">384</a>, <a href="#Page_387">387</a> et <a href="#Page_388">388</a>.</p> - -<p>Tandis que Louis d'Espagne et Ayton Doria s'embarquent avec -les Espagnols et les Gnois sur les navires pris Gurande, le vicomte -de Rohan, l'vque de Lon, Herv de Lon son neveu -vont rejoindre Charles de Blois devant Auray. A la nouvelle de -l'arrive de Gautier de Mauny et des Anglais, le roi de France a -envoy une foule de seigneurs grossir les rangs de l'arme de -Bretagne, notamment Louis de Poitiers, comte de Valentinois, -les comtes d'Auxerre, de Joigny, de Porcien, de Boulogne, les -<span class="pagenum"><a id="Page_LIII"> LIII</a></span> -seigneurs de Beaujeu, de Chteauvillain, de Noyers, d'Anglure, -de Catillon, d'Offmont, de Roye, d'Aubigny et Moreau de Fiennes. -Malgr ce renfort, le chteau d'Auray n'est pas encore pris, -mais ceux de dedans souffrent tellement de la famine, qu' dfaut -d'autre nourriture, ils mangent en huit jours tous leurs chevaux. -La plupart des gens d'armes de la garnison sont tus une nuit -qu'ils tentent de se sauver la drobe en traversant les lignes -des assigeants. Toutefois, Henri et Olivier de Spinefort parviennent - s'chapper et vont droit Hennebont. C'est ainsi que le -chteau d'Auray est pris aprs dix semaines de sige. P. <a href="#Page_158">158</a>, -<a href="#Page_385">385</a>, <a href="#Page_388">388</a>.</p> - -<p>Charles de Blois va assiger la cit de Vannes dont Geffroi -de Malestroit est capitaine pour la comtesse de Montfort. Le second -jour du sige, des Bretons et autres soudoyers du parti de -Montfort qui tiennent garnison au fort de Plormel viennent rveiller -les Franais. Deux chevaliers de Picardie qui font le guet -cette nuit l, les seigneurs de Catillon et d'Aubigny, donnent l'veil; -les agresseurs sont envelopps et tus ou mis en fuite. Ce -mme jour, les assigeants s'emparent du bourg<a id="FNanchor_310" href="#Footnote_310" class="fnanchor"> [310]</a> situ au pied -de la cit et du fort jusqu'aux barrires. Les bourgeois de Vannes -prennent le parti de se rendre malgr les efforts de Geffroi -de Malestroit qui s'enfuit Hennebont sous un dguisement. -Charles de Blois passe cinq jours Vannes, y laisse comme capitaines -Herv de Lon, Olivier de Clisson, et va assiger Carhaix. -P. <a href="#Page_159">159</a>, <a href="#Page_160">160</a>, <a href="#Page_385">385</a> et <a href="#Page_386">386</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">CHAPITRE XLIX.<br /> -<span class="medium">1342. <span class="smcap">DFAITE DE LOUIS D'ESPAGNE PRS DE QUIMPERL; SIGE DE LA -ROCHE-PIRIOU, DU FAOUT, ET PRISE DE LA FOREST PAR GAUTIER DE -MAUNY</span><a id="FNanchor_311" href="#Footnote_311" class="fnanchor"> [311]</a> ( 172 174).</span></h2> -</div> - -<p>Louis d'Espagne et Ayton Doria s'embarquent avec un certain -nombre de gens d'armes sur les navires pris Gurande et vont -<span class="pagenum"><a id="Page_LIV"> LIV</a></span> -ravager la Bretagne bretonnante, notamment les environs de -Quimperl, de Quimper-Corentin et de Saint-Mathieu<a id="FNanchor_312" href="#Footnote_312" class="fnanchor"> [312]</a>; ils font -des descentes sur les ctes et courent tout ce pays dont ils entassent -les dpouilles sur leurs navires. A cette nouvelle, Gautier -de Mauny, qui se tient Hennebont auprs de la comtesse de -Montfort, prend la mer avec une flotte monte par cinq cents -hommes d'armes et deux mille archers. Cette flotte parvient -joindre celle de Louis d'Espagne et d'Ayton Doria dans le havre -de Quimperl. Gautier de Mauny saisit l'instant o les Franais -sont descendus terre pour piller le littoral, il fond l'improviste -sur leurs navires sans dfense et les capture; puis il laisse -sa flotte sous la garde de cent hommes d'armes et de trois cents -archers, met pied terre et marche la rencontre de Louis -d'Espagne. P. <a href="#Page_160">160</a>, <a href="#Page_161">161</a>, <a href="#Page_392">392</a>, <a href="#Page_393">393</a>, <a href="#Page_388">388</a>, <a href="#Page_389">389</a>.</p> - -<p>Gautier de Mauny et Louis d'Espagne se livrant un combat -acharn aux environs de Quimperl<a id="FNanchor_313" href="#Footnote_313" class="fnanchor"> [313]</a>. Gautier de Mauny a rparti -ses gens en trois batailles. Louis d'Espagne met en droute la -premire bataille dans un engagement o il fait chevalier son -neveu Alphonse d'Espagne, mais il ne peut tenir tte malgr son -courage aux deux autres batailles accourues au secours de la -premire et auxquelles les paysans des environs viennent prter -main forte; il est forc de prendre la fuite aprs avoir perdu -presque tous les siens, entre autres Alphonse son cher neveu: il -se jette dans une grosse barque et se sauve force de voiles -avec quelques-uns de ses compagnons. Gautier de Mauny fait -appareiller sa flotte en toute hte et se met la poursuite des fugitifs. -Louis d'Espagne aborde Redon au moment o ses ennemis -sont sur le point de le ratteindre; il russit leur chapper -en montant sur de petits chevaux qu'il emprunte et l'aide desquels -il gagne prcipitamment la cit de Rennes voisine de Redon. -Gautier de Mauny et les siens font voile de Redon pour revenir -<span class="pagenum"><a id="Page_LV"> LV</a></span> -par mer Hennebont, mais les vents contraires les forcent -prendre terre trois lieues de Dinan<a id="FNanchor_314" href="#Footnote_314" class="fnanchor"> [314]</a> d'o ils vont assiger la -Roche-Piriou. Grard de Mlain, autrefois capitaine de ce chteau, -est revenu depuis six jours y tenir garnison par l'ordre de -Charles de Blois. Gautier de Mauny commande l'assaut, mais -ceux de dedans repoussent les assaillants par le jet de pierres et -de poutres, par le tir de leurs canons et de leurs arcs tour. Deux -chevaliers, Jean le Bouteiller et Hubert de Frenay, sont blesss -en montant l'assaut; on les porte dans un pr situ au pied du -chteau et o sont dj gisants un certain nombre d'autres blesss. -P. <a href="#Page_161">161</a> <a href="#Page_164">164</a>, <a href="#Page_393">393</a> <a href="#Page_396">396</a>, <a href="#Page_389">389</a> <a href="#Page_391">391</a>.</p> - -<p>Renier de Mlain, frre de Grard, chtelain d'un autre petit -fort appel le Faout<a id="FNanchor_315" href="#Footnote_315" class="fnanchor"> [315]</a> situ moins d'une lieue de la Roche-Piriou, -accourt avec quarante de ses compagnons pour porter secours - son frre; il trouve au pied du chteau assig Jean le -Bouteiller, Hubert de Frenay et les autres hommes d'armes blesss -du ct des assaillants tendus au milieu d'un pr; il n'a pas -de peine les faire prisonniers et revient les mettre sous bonne -garde dans sa forteresse du Faout. Indigns d'une si lche surprise, -Gautier de Mauny et Amauri de Clisson abandonnent la Roche-Piriou -et viennent assiger le Faout pour dlivrer leurs -compagnons. Grard de Mlain veut alors rendre son frre -Renier service pour service; il monte cheval, part une nuit de -la Roche-Piriou et arrive un peu devant le jour Dinan<a id="FNanchor_316" href="#Footnote_316" class="fnanchor"> [316]</a> o il -implore le secours de Pierre Portebœuf, son bon compagnon, en -<span class="pagenum"><a id="Page_LVI"> LVI</a></span> -faveur de son frre Renier. Il russit faire accueillir favorablement -sa demande et ne tarde pas revenir vers le Faout avec -un corps de six mille auxiliaires fournis par les bourgeois de -Dinan. Gautier de Mauny, craignant de se trouver pris entre les -gens d'armes amens par Grard de Mlain, d'une part, et l'arme -de Charles de Blois, de l'autre, lve le sige du Faout. -P. <a href="#Page_164">164</a> <a href="#Page_166">166</a>, <a href="#Page_397">397</a> <a href="#Page_399">399</a>, <a href="#Page_401">401</a>.</p> - -<p>Avant de rentrer dans Hennebont, Gautier de Mauny met le -sige devant le chteau de <i>Ghoy le Forest</i><a id="FNanchor_317" href="#Footnote_317" class="fnanchor"> [317]</a>. Charles de Blois, -qui ce chteau s'est rendu quinze jours auparavant, y a maintenu -comme capitaine Gui de <i>Ghoy</i>, auquel il a adjoint Herv de Lon; -mais ces deux chevaliers sont absents au moment o Gautier de -Mauny se prsente devant la forteresse confie leur garde: ils -sont alls se joindre au gros de l'arme franaise qui assige -Carhaix. Gautier de Mauny profite de leur absence pour emporter -d'assaut <i>Ghoy le Forest</i>, qui est un chteau merveilleusement -fort; il passe la garnison au fil de l'pe, et revient aprs ce beau -fait d'armes Hennebont. P. <a href="#Page_167">167</a>, <a href="#Page_168">168</a>, <a href="#Page_400">400</a> <a href="#Page_402">402</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<p><span class="pagenum"><a id="Page_LVII"> LVII</a></span></p> -<h2 class="normal">CHAPITRE L.<br /> -<span class="medium">1342. <span class="smcap">SIGE ET OCCUPATION DE CARHAIX PAR CHARLES DE BLOIS.—SECOND -SIGE D'HENNEBONT PAR LES FRANAIS, SIGNAL PAR UN -MERVEILLEUX EXPLOIT DE GAUTIER DE MAUNY ET LEVE DE CE SIGE.—REDDITION -DE JUGON A CHARLES DE BLOIS.—TRVE ENTRE LES -BELLIGRANTS SUIVIE DU DPART DE JEANNE DE MONTFORT POUR -L'ANGLETERRE</span><a id="FNanchor_318" href="#Footnote_318" class="fnanchor"> [318]</a> ( 175 180).</span></h2> -</div> - -<p>La comtesse de Montfort donne un grand dner pour fter le -retour de Gautier de Mauny et de ses compagnons; elle prend -plaisir leur faire conter leurs exploits et leurs aventures.—Grard -de Mlain, inform que les Anglais ont pris <i>Ghoy le Forest</i> -et l'ont laiss sans garde, fait rparer ce chteau par les paysans -des environs, a soin de le pourvoir de vivres ainsi que d'artillerie -et y met bonne garnison. P. <a href="#Page_168">168</a>, <a href="#Page_169">169</a>, <a href="#Page_402">402</a>.</p> - -<p>Pendant ce temps, Charles de Blois maintient toujours le sige -devant Carhaix<a id="FNanchor_319" href="#Footnote_319" class="fnanchor"> [319]</a>. Les assigs appellent en vain deux ou trois -reprises Jeanne de Montfort leur aide. Dsespre de son impuissance, -la comtesse envoie des messagers en Angleterre et les -charge d'informer douard III, son alli, de la dtresse o elle -se trouve rduite aprs la prise de Rennes, de Vannes et de plusieurs -autres places par Charles de Blois; elle conjure le roi -d'Angleterre d'expdier en Bretagne de nouveaux secours, sans -quoi elle ne rpond pas de l'avenir.—Sur ces entrefaites, les -habitants de Carhaix, presss par la famine et se voyant abandonns - leurs seules forces par la comtesse de Montfort, prennent -le parti de se rendre et font leur soumission Charles de -Blois. P. <a href="#Page_169">169</a>, <a href="#Page_170">170</a>, <a href="#Page_402">402</a>, <a href="#Page_403">403</a>.</p> - -<p>Aprs la reddition de Carhaix, Charles de Blois va mettre une -seconde fois le sige devant Hennebont, il investit la ville et le -chteau dfendu par l'lite de la chevalerie bretonne et anglaise. -Le quatrime jour du sige, Louis d'Espagne vient se joindre aux -assigeants aprs tre rest six semaines Rennes pour la gurison -de ses blessures. Du reste, ce n'est pas le seul renfort que -<span class="pagenum"><a id="Page_LVIII"> LVIII</a></span> -reoit Charles de Blois. Tous les jours il voit arriver son camp -des chevaliers de France qui, revenant de guerroyer avec le roi -Alphonse d'Espagne contre les Sarrasins de Grenade et apprenant - leur passage en Poitou qu'il y a guerre en Bretagne, accourent -y prendre part. Charles de Blois fait dresser seize grandes -machines qui lancent d'normes pierres contre les murailles -d'Hennebont et dans l'intrieur de la ville. Les assigs n'en ont -cure; du haut des remparts ils essuient par bravade la face extrieure -des crneaux avec leurs chaperons. Allez donc, crient-ils -aux assigeants, allez donc chercher vos compagnons qui se -reposent au camp de Quimperl! P. <a href="#Page_170">170</a>, <a href="#Page_171">171</a>, <a href="#Page_403">403</a>, <a href="#Page_404">404</a>.</p> - -<p>Louis d'Espagne, qui veut tirer vengeance de la mort de son -neveu Alphonse tu Quimperl, se fait dlivrer par Charles de -Blois, Jean le Bouteiller et Hubert de Frenay, deux des compagnons -de Gautier de Mauny, qui au retour de l'expdition de -Quimperl ont t faits prisonniers devant la Roche-Piriou par -Renier de Mlain et enferms au Faout; puis, malgr les instances -de Charles et des autres seigneurs franais, il dclare, une -fois que les deux prisonniers sont entre ses mains, qu'il les va -mettre mort. Gautier de Mauny, inform par ses espions du -sort cruel rserv ses deux compagnons d'armes, entreprend -de les arracher au pril qui les menace. Tandis qu'Amauri de -Clisson, en s'avanant vers l'heure du dner jusque sur le bord -des fosss avec trois cents armures de fer et mille archers, fait -sortir les assigeants en masse de leurs campements et les occupe - des escarmouches, Gautier de Mauny sort d'Hennebont par une -poterne avec cent ou deux cents compagnons d'lite et cinq cents -archers cheval, gagne par un chemin dtourn le camp franais -o il n'est rest que des valets, se fait conduire par ses espions -droit la tente o l'on garde les deux prisonniers, les dlivre et -rentre avec eux dans Hennebont. En revanche, deux chevaliers -de la garnison, le seigneur de Landerneau et le chtelain de -Guingamp sont pris dans une sortie par les assigeants et se soumettent -le soir mme Charles de Blois. P. <a href="#Page_171">171</a> <a href="#Page_177">177</a>, <a href="#Page_404">404</a> -<a href="#Page_409">409</a>, <a href="#Page_411">411</a>.</p> - -<p>Cependant le sige d'Hennebont ne fait aucun progrs. Le chteau -est trs-fort, et la garnison, aussi nombreuse qu'aguerrie, -peut se ravitailler tous les jours par mer. D'un autre ct, l'hiver -approche: on est entre la Saint-Remy (1<sup>er</sup> octobre) et la Toussaint -(1<sup>er</sup> novembre); et le pays des environs a t tellement ravag -<span class="pagenum"><a id="Page_LVIX"> LVIX</a></span> -que les assigeants ne savent plus o trouver vivres ni -fourrages. Toutes ces raisons dterminent Charles de Blois -donner cong au gros de son arme, et le sige d'Hennebont est -lev vers la Saint-Luc (18 octobre). La plupart des seigneurs de -France retournent chez eux, et Charles de Blois avec les gens -d'armes qui lui restent prend ses quartiers<a id="FNanchor_320" href="#Footnote_320" class="fnanchor"> [320]</a> d'hiver Carhaix. -P. <a href="#Page_176">176</a> <a href="#Page_178">178</a>, <a href="#Page_409">409</a> <a href="#Page_412">412</a>.</p> - -<p>Sur ces entrefaites, un riche bourgeois et un grand marchand -de Jugon<a id="FNanchor_321" href="#Footnote_321" class="fnanchor"> [321]</a>, qui fait tous les approvisionnements de la comtesse -de Montfort, tombe entre les mains de Robert de Beaumanoir, -marchal de l'arme de Charles de Blois. Ce bourgeois, pour -sauver sa vie et recouvrer sa libert, s'engage livrer Jugon -aux Franais. Charles de Blois laisse une partie de ses gens -Carhaix sous les ordres de Louis d'Espagne, et vient en personne -avec cinq cents lances Jugon, dont le bourgeois qui est de sa -connivence lui ouvre minuit les portes. La ville une fois prise, -le chteau lui-mme finit, aprs quelque rsistance, par se rendre -au vainqueur. Grard de Rochefort est maintenu comme capitaine -de la garnison par Charles de Blois qui retourne Carhaix. -Bientt, par les soins d'Yvon de Trsiguidy, au nom de la -comtesse de Montfort, et de Robert de Beaumanoir, au nom de -Charles de Blois, une trve est conclue entre les belligrants qui -doit durer jusqu' la mi-mai<a id="FNanchor_322" href="#Footnote_322" class="fnanchor"> [322]</a> 1343. Aussitt aprs la conclusion -de cette trve, la comtesse de Montfort s'embarque Hennebont -et se rend en Angleterre auprs d'douard III, tandis que Charles -de Blois vient Paris faire visite au roi Philippe de Valois, -son oncle. P. <a href="#Page_178">178</a> <a href="#Page_181">181</a>, <a href="#Page_412">412</a> <a href="#Page_417">417</a>.</p> - -<div class="chapter"> -<p><span class="pagenumh"><a id="Page_LXVI"> LXVI</a></span> -<span class="pagenum"><a id="Page_1"> 1</a></span></p> -<p class="extra">CHRONIQUES<br /> -<span class="xlarge">DE J. FROISSART.</span></p> -</div> - -<h2 class="normal"><a id="LIVRE_PREMIER"></a>LIVRE PREMIER</h2> - -<div class="recit"><div class="section"> -<p> 99. Quant li rois de France eut oy recorder comment</p> -<p>li Haynuier avoient ars ens ou pays de Tierasse,</p> -<p>pris et occis ses chevaliers, et destruit le bonne ville</p> -<p>de Aubenton, sacis que il ne prist mies ceste cose</p> -<p>en gr, mais commanda son fil le duch de Normendie <span class="dalign">5</span></p> -<p>que il mesist une grosse chevaucie sus, et</p> -<p>s'en venist en Haynau, et sans deport atournast tel</p> -<p>le pays que jamais ne fust recouvret. Et li dus respondi</p> -<p>qu'il le feroit volentiers. Encores ordonna li</p> -<p>rois de France le conte de [Lille<a id="FNanchor_323" href="#Footnote_323" class="fnanchor"> [323]</a>], gascon qui se tenoit <span class="dalign">10</span></p> -<p>adonc Paris dals lui et que moult amoit, que il</p> -<p>mesist sus une grosse chevaucie de gens d'armes, et</p> -<p>s'en alast en Gascongne et y chevauast, comme lieutenans</p> -<p>dou roy de France, et guerriast durement et</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_2"> 2</a></span></div> -<p>radement Bourdiaus et Bourdelois et toutes les forterces</p> -<p>qui l se tenoient pour le roi d'Engleterre. Li</p> -<p>contes dessus dis obey au commandement dou roy</p> -<p>et se parti de Paris, et fist son mandement Thoulouse <span class="dalign">5</span></p> -<p> estre closes Paskes, li quelz mandemens fu</p> -<p>tenus, ensi que vous ors ch en apris, quant tamps</p> -<p>et lieus sera. Encores renfora grandement li rois de</p> -<p>France l'arme qu'il tenoit sus mer et le grosse arme</p> -<p>des escumeurs. Et manda monsigneur Hue</p> -<p>Kieret et Barbevaires, et as aultres chapitainnes, <span class="dalign">10</span></p> -<p>qu'il fuissent songneus de yaus tenir sus les mtes</p> -<p>de Flandres, et que nullement il ne laiassent le roy</p> -<p>d'Engleterre rapasser ne prendre port en Flandres;</p> -<p>et se par leur coupe en demoroit, il les feroit morir</p> -<p>de male mort. <span class="dalign">15</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Avoech tout ce, vous avs bien oy recorder comment</p> -<p>de nouviel li Flamench s'estoient alloiiet, par</p> -<p>saiellet, avoecques le roi d'Engleterre, et li avoient</p> -<p>juret lui aidier poursievir sa guerre, et li avoient</p> -<p>fait encargier les armes de France, et li avoient fait <span class="dalign">20</span></p> -<p>hommage de tout ce dont tenu estoient au roy de</p> -<p>France, et li fisent encores prendre title et nom de</p> -<p>roy de France; et cils rois les avoit absols et quitts</p> -<p>de une grande somme de florins dont obligiet il estoient</p> -<p>de jadis et loiiet au roy de France. Dont il <span class="dalign">25</span></p> -<p>avint que, quant li rois Phelippes oy ces nouvelles,</p> -<p>se ne li pleurent mies bien, tant pour ce qu'il avoient</p> -<p>fait hommage son adversaire, que pour ce que li</p> -<p>rois engls, comme rois de France, les avoit quitts</p> -<p>de le somme et de l'obligation, ce que nullement il <span class="dalign">30</span></p> -<p>ne pooit faire. De quoi encores, pour yaus retraire,</p> -<p>il leur manda par un prelat, sus l'ombre dou pape,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_3"> 3</a></span></div> -<p>qu'il tenissent ferme et estable leur sierement; autrement,</p> -<p>il jetteroit une sentense entre yaus; non obstant</p> -<p>ce et le petite et foible information qu'il avoient</p> -<p>eu, se il se voloient recognoistre et retourner lui et </p> -<p>le couronne de France, et relenquir le roi d'Engleterre <span class="dalign">5</span></p> -<p>qui enchant les avoit, il leur pardonroit son</p> -<p>mautalent et leur quitteroit la ditte somme, et leur</p> -<p>donroit et saieleroit pluiseurs belles francises en son</p> -<p>royaume. Li Flamench n'eurent mies adonc conseil</p> -<p>ne acord de ce faire, et respondirent qu'il se tenoient <span class="dalign">10</span></p> -<p>bien pour absols et pour quittes de tout ce o obligiet</p> -<p>estoient, tant c'au roi de France. Et quant li rois</p> -<p>de France vei qu'il n'en aroit aultre cose, si s'en</p> -<p>complaindi au pape Clement VI<sup>e</sup> qui regnoit pour le</p> -<p>temps, li quelz papes jetta une sentense et un escumeniement <span class="dalign">15</span></p> -<p>en Flandres si horrible et si grant que il</p> -<p>n'estoit nulz prestres qui y volsist celebrer ne faire</p> -<p>le divin offisce. De quoi li Flamench furent moult</p> -<p>courouchiet; et en envoiirent complaintes grandes</p> -<p>et grosses au roi engls, li quelz, pour yaus apaisier, <span class="dalign">20</span></p> -<p>leur manda que de ce il ne fuissent noient effraet.</p> -<p>Car, la premire fois qu'il rapasseroit, il lor menroit</p> -<p>des prestres de son pays qui chanteroient messe en</p> -<p>Flandres, volsist li papes ou non, car il est bien privilegiis</p> -<p>de ce faire. Parmi tant s'apaisirent li Flamench. <span class="dalign">25</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 100. Quant li rois de France vei que, par nulle</p> -<p>voie ne pourkas qu'il [sceust<a id="FNanchor_324" href="#Footnote_324" class="fnanchor"> [324]</a>] faire ne moustrer, il</p> -<p>ne poroit ratraire les Flamens ne oster de leur oppinion,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_4"> 4</a></span></div> -<p>si commanda chiaus qu'il tenoit en garnison,</p> -<p>de Tournay, de Lille, de Douay et des chastiaus voisins,</p> -<p>que il fesissent guerre as Flamens, et courussent</p> -<p>en leur pays et sans deport. Dont il avint que</p> -<p>messires Mahieus de Roie, qui pour le temps se tenoit <span class="dalign">5</span></p> -<p>dedens Tournay, et messires Mahieus de Trie,</p> -<p>mareschaus de France, avoech monsigneur Godemar</p> -<p>dou Fay et pluiseur aultre, misent une chevaucie sus</p> -<p>de mille armeures de fier, tous bien monts, et trois</p> -<p>cens arbalestriers, tant de Tournay, de Lille que de <span class="dalign">10</span></p> -<p>Douay, et se partirent de le cit de Tournay un soir</p> -<p>apris souper, et chevaucirent tant que sus le point</p> -<p>dou jour il vinrent devant Courtrai, et accueillirent,</p> -<p>devant soleil levant, toute le proie de l environ.</p> -<p>Et coururent li coureur jusques as portes, et occirent <span class="dalign">15</span></p> -<p>et mehagnirent aucuns hommes qu'il trouvrent</p> -<p>ens s fourbours, et puis s'en retournrent arrire</p> -<p>sans damage. Et prisent ces gens d'armes leur tour</p> -<p>deviers le rivire dou Lis et devers le Warneston, en</p> -<p>accueillant et en menant devant yaus toute le proie <span class="dalign">20</span></p> -<p>qu'il trouvrent et encontrrent; et ramenrent ce</p> -<p>jour en le cit de Tournay plus de dix mille blanches</p> -<p>bestes, et bien otant que pors, que bues, que</p> -<p>vaches, dont il eurent grant pourfit et grant butin.</p> -<p>Et en fu la ditte cits bien pourveue et rafreschie un <span class="dalign">25</span></p> -<p>grant temps et largement avitaillie.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Ces nouvelles, qui ne furent mies trop plaisans</p> -<p>pour les Flamens, s'espandirent parmi Flandres. Si</p> -<p>en fu durement li pays esmeus et tourbls. Et en <span class="dalign">30</span></p> -<p>vinrent les complaintes Jakemon d'Artevelle qui se</p> -<p>tenoit Gand. Pour quoi li dis d'Artevelles fu durement</p> -<p>couroucis, et dist et jura que ceste fourfaiture</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_5"> 5</a></span></div> -<p>seroit amende ou pays de Tournesis. Si fist son</p> -<p>mandement par tout, et commanda parmi les bonnes</p> -<p>villes de Flandres que tout vuidassent et fuissent,</p> -<p> un certain jour qu'il y assigna, avoecques lui, devant</p> -<p>le cit de Tournay; et escrisi au conte de Sallebrin <span class="dalign">5</span></p> -<p>et au conte de Sufforch, qui se tenoient en</p> -<p>garnison en le ville de Ippre, qu'il se traissent de</p> -<p>celle part. Et encores pour mieus moustrer que la</p> -<p>besongne estoit sienne et qu'elle li touchoit, il se</p> -<p>parti de Gand moult estoffeement, et s'en vint entre <span class="dalign">10</span></p> -<p>le ville d'Audenarde et de Tournay, sus un certain</p> -<p>pas que on dist au Pont de Fier; et se loga l, attendans</p> -<p>les dessus dis contes d'Engleterre et ossi</p> -<p>chiaus dou Franch de Bruges.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 101. Quant li doi conte d'Engleterre dessus <span class="dalign">15</span></p> -<p>nommet entendirent ces nouvelles, si ne veurent</p> -<p>mies pour leur honneur delaiier; ains renvoiirent</p> -<p>tantost devers d'Artevelle, en disant que il seroient</p> -<p>l au jour qui assigns y estoit. Sur ce il se partirent</p> -<p>asss briefment de le ville d'Ippre, environ cinquante <span class="dalign">20</span></p> -<p>lances et quarante arbalestriers, et se misent au chemin</p> -<p>pour venir l o d'Artevelles les attendoit. Ensi</p> -<p>qu'il chevauoient et qu'il leur couvenoit passer au</p> -<p>dehors de le ville de Lille, leur venue fu seue en la</p> -<p>ditte ville. Dont s'armrent secretement cil de le ville <span class="dalign">25</span></p> -<p>de Lille, et se partirent de lor ville bien quinze cens,</p> -<p> piet, cheval, et se misent et establirent en trois</p> -<p>agais, afin que cil ne les peuissent mies escaper. Et</p> -<p>vinrent li pluiseur et li plus certain sus un pas, entre</p> -<p>haies et buissons, et l s'embuschirent. <span class="dalign">30</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or chevauoient adonc cil doi conte engls et</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_6"> 6</a></span></div> -<p>leur route, sus le guiement monsigneur Wafflart de</p> -<p>le Crois, qui un grant temps avoit guerriiet chiaus</p> -<p>de Lille, et encores guerrioit, quant il pooit; et s'estoit</p> -<p>tenus celle saison Ippre, pour yaulz mieus</p> -<p>guerriier, et se faisoit fors que d'yaus mener sans peril, <span class="dalign">5</span></p> -<p>car il savoit toutes les adrces et les torses voies.</p> -<p>Et encores en fust il bien venus chief, se cil de</p> -<p>Lille n'euissent fait au dehors de leur ville un grant</p> -<p>trencheis nouvellement, qui n'estoit mies acoustums</p> -<p>d'estre. Et quant cilz messires Wafflars les eut <span class="dalign">10</span></p> -<p>amens jusques l, et il vei que on leur avoit</p> -<p>copet le voie, si fu tous esbahis et dist as contes</p> -<p>d'Engleterre: Mi signeur, nous ne poons nullement</p> -<p>passer le chemin que nous alons, sans nous</p> -<p>mettre en grant dangier et ou peril de chiaus de Lille. <span class="dalign">15</span></p> -<p>Pour quoi, je conseille que nous retournons et prendons</p> -<p>ailleurs nostre chemin. Adonc respondirent</p> -<p>li baron d'Engleterre: Messire Wafflart, j n'avenra</p> -<p>que nous issons de nostre chemin pour chiaus</p> -<p>de Lille. Chevaucis toutdis avant, car nous avons <span class="dalign">20</span></p> -<p>acertefiiet d'Artevelle que nous serons ce jour, </p> -<p>qule heure que soit, l o il est. Lors chevaucirent</p> -<p>li Engls sans nul esmay. Et quant messires Wafflars</p> -<p>vei que c'estoit acertes, et que il ne pooit estre creus</p> -<p>ne oys, si fist son marchiet tout avant et dist: Biau <span class="dalign">25</span></p> -<p>signeur, voirs est que pour gide et conduiseur en ce</p> -<p>voiage vous m'avs pris, et que tout cel yvier je me</p> -<p>sui tenus avoecques vous en Ippre, et me loe de</p> -<p>vostre compagnie et de vous grandement. Mais toutes</p> -<p>fois, se il avient que cil de Lille sallent ne issent <span class="dalign">30</span></p> -<p>hors contre nous ne sur nous, n'aiis nulle fiance</p> -<p>que je les doie attendre, ms me sauverai au plus</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_7"> 7</a></span></div> -<p>tost que je porai. Car se j'estoie pris ne arrests par</p> -<p>aucun kas de fortune, ce seroit sus ma tieste que j'ai</p> -<p>plus chier que vostre compagnie.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Adonc commenchirent li chevalier rire, et disent</p> -<p> monsigneur Wafflart qu'il le tenoient bien <span class="dalign">5</span></p> -<p>pour escuset. Tout ensi qu'il l'imagina en avint, car</p> -<p>il ne se donnrent de garde; si se boutrent en l'embusce,</p> -<p>qui estoit grande et forte, et bien pourveue</p> -<p>de gens d'armes et d'arbalestriers, qui les escriirent</p> -<p>tantost: Avant, avant, par chi ne pos vous passer <span class="dalign">10</span></p> -<p>sans no congiet. Lors commencirent il traire</p> -<p>et lancier sus les Engls et leur route. Et si tretost</p> -<p>que messires Waufflars en vei la manire, il n'eut</p> -<p>cure de chevaucier plus avant, ms retourna au plus</p> -<p>tost qu'il peut, et se bouta hors de le presse et se <span class="dalign">15</span></p> -<p>sauva, et ne fu mies pris celle fois. Et li doi signeur</p> -<p>d'Engleterre, messires Guillaumes de Montagut,</p> -<p>contes de Sallebrin, et li contes de Sufforch escheirent</p> -<p>en le main de leurs ennemis, et furent</p> -<p>mieulz pris c' le roit, car il furent embuschiet en <span class="dalign">20</span></p> -<p>un chemin estroit, entre haies et espines et fosss </p> -<p>tous ls, si fort et par tel manire qu'il ne se pooient</p> -<p>ravoir ne retourner, ne monter, ne prendre les camps.</p> -<p>Toutes fois, quant il veirent le mesaventure, il descendirent</p> -<p>tout piet et se deffendirent ce qu'il peurent, <span class="dalign">25</span></p> -<p>et en navrrent et mehagnirent asss de chiaus</p> -<p>de le ville. Mais finablement leur deffense ne vali</p> -<p>noient, car gens d'armes frs et nouviaus croissoient</p> -<p>toutdis sus yaus. L furent il pris et ranonn de</p> -<p>force, et uns escuiers jones, de Limozin, neveus dou <span class="dalign">30</span></p> -<p>pape Clement, qui s'appelloit Raymons; mais depuis</p> -<p>qu'il fu creants prisons, fu il occis pour le couvoitise</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_8"> 8</a></span></div> -<p>de ses belles armeures, dont moult de bonnes</p> -<p>gens en furent courouciet.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Ensi furent pris et retenu li doi conte d'Engleterre</p> -<p>et mis en la halle de Lille en prison, et depuis</p> -<p>envoiiet en France par devers le roy Phelippe, qui <span class="dalign">5</span></p> -<p>en eut grant joie et en seut grant gret chiaus de</p> -<p>Lille. Et dist adonc li dis rois et prommist chiaus</p> -<p>de le ville de Lille qu'il leur seroit guerredonn</p> -<p>grandement, car il li avoient fait un biau service. Et</p> -<p>quant Jakemars d'Artevelle, qui se tenoit au Pont de <span class="dalign">10</span></p> -<p>Fier, en seut nouvelles, si en fu durement couroucis,</p> -<p>et brisa pour ceste avenue son pourpos et sen</p> -<p>emprise, et donna ses Flamens congiet, et s'en retourna</p> -<p>en le ville de Gand.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 102. Nous retourrons, car la matre le requiert, <span class="dalign">15</span></p> -<p>as guerres de Haynau et le contrevengance que li</p> -<p>rois de France y fist prendre par le duch Jehan</p> -<p>de Normendie, son ainsnet fil. Li dus, au commandement</p> -<p>et ordenance dou roy son pre, fist son especial</p> -<p>mandement estre Saint Quentin et l environ, <span class="dalign"><span class="dalign">20</span></span></p> -<p>et se parti de Paris environ Paskes, l'an mil</p> -<p>trois cens et quarante, et vint Saint Quentin. L</p> -<p>estoient avoech lui li dus d'Athnes, li contes de</p> -<p>Flandres, li contes d'Auoirre, li contes de Sansoirre,</p> -<p>li contes Raoulz d'Eu connestables de France, <span class="dalign"> 25</span></p> -<p>li contes de Porsiien, li contes de Roussi, li contes</p> -<p>de Brainne, li contes de Grantpret, li sires de Couci</p> -<p>et grant fuison de noble chevalerie de Normendie et</p> -<p>des basses marces. Quant il furent tout assambl </p> -<p>Saint Quentin ou l environ, si fu regard par le <span class="dalign">30</span></p> -<p>connestable, le conte de Ghines et les mareschaus</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_9"> 9</a></span></div> -<p>de France, monsigneur Robert Bertran et monsigneur</p> -<p>Mahieu de Trie, quel nombre de gens d'armes</p> -<p>il pooient estre; si trouvrent qu'i(l) estoient bien</p> -<p>six mille armeures de fier, chevaliers et escuiers, et</p> -<p>bien huit mille, que brigans, que bidaus, que aultres <span class="dalign">5</span></p> -<p>gens poursievant l'ost. C'estoit asss, si com il</p> -<p>disoient entre yaus, pour combatre le conte de Haynau</p> -<p>et toute se poissance. Si se misent as camps par</p> -<p>l'ordenance des mareschaus, et se partirent tout de</p> -<p>Saint Quentin, et s'arroutrent devers le Chastiel en <span class="dalign">10</span></p> -<p>Chambresis, et passrent dehors Bohain, et chevaucirent</p> -<p>tant qu'il passrent le Chastiel en Chambresis.</p> -<p>Et s'en vinrent logier li dus de Normendie et</p> -<p>toute son host en le ville de Montais sus le rivire</p> -<p>de Selles. Or vous dirai une grant apertise d'armes <span class="dalign">15</span></p> -<p>que messires Gerars de Werchin, seneschaus de Haynau</p> -<p>pour le temps, fist et entreprist, laqule doit</p> -<p>bien estre recorde et tenue grant proce.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 103. Li seneschaus de Haynau dessus nomms</p> -<p>sceut bien par ses espies que li dus de Normendie <span class="dalign">20</span></p> -<p>estoit logis Saint Quentin, et que ses gens manechoient</p> -<p>durement le pays de Haynau. Avoech tout</p> -<p>ce, il sceut l'eure et le venue dou dit duch, qui estoit</p> -<p>arrests Montais, dehors le forterce dou Chastiel</p> -<p>en Chambresis. Si s'avisa en soi meismes, comme <span class="dalign">25</span></p> -<p>preus chevaliers et entreprendans, qu'il iroit le duch</p> -<p>escarmuchier et resvillier. Si pria aucuns chevaliers</p> -<p>et escuiers, ce qu'il en peut trouver dals lui, que il</p> -<p>volsissent aler o il les menroit, et il li eurent en</p> -<p>couvent. Si se parti de son chastiel de Wercin, environ <span class="dalign">30</span></p> -<p>soixante lances en se compagnie tant seulement.</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_10"> 10</a></span></div> -<p>Et chevaucirent depuis soleil esconsant, et fisent</p> -<p>tant que il vinrent Fors, l'issue de Haynau,</p> -<p>et une petite liewe de Montais; et pooit estre environ</p> -<p>jour falli. Si tretost qu'il eurent chevauciet</p> -<p>oultre le ville de Fors, il fist toutes ses gens arrester <span class="dalign">5</span></p> -<p>en mi uns camps, et leur fist restraindre leurs armeures</p> -<p>et recengler leurs chevaus, et puis leur dist</p> -<p>se pense et che qu'il voloit faire. Et il en furent</p> -<p>tout joiant, et li disent qu'il s'enventuroient volentiers</p> -<p>avoecques lui, et ne le faurroient jusques au <span class="dalign">10</span></p> -<p>morir, et il leur dist grant mercis. Avoecques lui estoient:</p> -<p>des chevaliers, messires Jakemes dou Sart,</p> -<p>messires Henris de Husphalize, messires Oliphars de</p> -<p>Ghistelles, messires Jehan dou Chastelet, li sires de</p> -<p>Vertain, li sires de Fontenoit et li sires de Wargni; <span class="dalign">15</span></p> -<p>et des escuiers, Gilles et Thieris de Sommaing, Bauduins</p> -<p>de Biaufort, Colebiers de Braille, Moriaus de</p> -<p>Lestines, Sandrars d'Esquarmain, Jehans de Robersart,</p> -<p>Bridoulz de Thians et pluiseur aultre. Puis chevaucirent</p> -<p>tout quoiement, et vinrent Montais et <span class="dalign">20</span></p> -<p>se boutrent en le ville. Et ne faisoient li Franois</p> -<p>point de gait.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Et descendirent premierement li seneschaus et tout</p> -<p>li compagnon devant un grant hostel o il cuidoient</p> -<p>certainnement que li dus de Normendie fust, mais il <span class="dalign">25</span></p> -<p>estoit un aultre hostel avant. Et laiens estoient logiet</p> -<p>doi grant signeur de Normendie, li sires de Bailluel</p> -<p>et li sires de (Briaut<a id="FNanchor_325" href="#Footnote_325" class="fnanchor"> [325]</a>). Si furent assalli vistement,</p> -<p>et li porte de leur hostel boute oultre. Quant li doi</p> -<p>chevalier se veirent ensi souspris et orent crier: <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_11"> 11</a></span></div> -<p>Haynau au senescal!, si furent moult esbahi.</p> -<p>Nompourquant il se misent deffense, ce qu'il peurent;</p> -<p>ms li sires de Bailluel fu l occis, dont ce fu</p> -<p>damages, et li sires de (Briaut) fiancis prisons dou</p> -<p>dit seneschal, et eut couvent sus se loyaut de venir <span class="dalign">5</span></p> -<p>dedens trois jours tenir prison en Valenchines. Dont</p> -<p>se commenchirent Franois estourmir et widier</p> -<p>leurs hostels, et alumer grans feus et tortis, et </p> -<p>resvillier l'un l'autre. Meismement on resvilla le dit</p> -<p>duch de Normendie, et le fist on armer en grant <span class="dalign">10</span></p> -<p>haste, et aporter sa banire devant son hostel et desveloper.</p> -<p>L se traioient toutes gens d'armes de leur</p> -<p>cost. Quant li Haynuier perchurent les Franois ensi</p> -<p>estourmis, si ne veurent plus demorer, mais se retrairent</p> -<p>bellement et sagement devers leurs chevaus; <span class="dalign">15</span></p> -<p>et montrent sus et se partirent, quant il se furent</p> -<p>remis ensamble; et en menrent jusques dix ou</p> -<p>douze bons prisonniers; et retournrent sans damage,</p> -<p>car point ne furent poursievi, pour tant qu'il faisoit</p> -<p>brun et tart; et vinrent, environ l'aube crevant, <span class="dalign">20</span></p> -<p>au Kesnoi. L se reposrent il et rafreschirent, et</p> -<p>puis vinrent Valenchiennes.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or parlerons dou duch de Normendie, qui moult</p> -<p>courouchis estoit dou despit que li Haynuier li</p> -<p>avoient fait. Si commanda au matin deslogier et <span class="dalign">25</span></p> -<p>entrer en Haynau, pour tout ardoir sans deport.</p> -<p>Dont s'arroutrent li charoi, et chevaucirent li signeur,</p> -<p>li coureur premiers qui estoient bien deux</p> -<p>cens lances. Et en estoient chapitainne messires Thiebaus</p> -<p>de Moruel, li Gallois de le Baume, li sires de</p> -<p>Mirepois, li sires de Rainneval, li sires de Saint Pi,</p> -<p>messires Jehans de Landas, li sires d'Astices, li sires <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_12"> 12</a></span></div> -<p>de Hangs et li sires de Cramelles. Apris chevauoient</p> -<p>li doi mareschal de France en grant route,</p> -<p>messires Robers Bertrans et messires Mahieus de</p> -<p>Trie; et estoient bien cinq cens lances; et puis li</p> -<p>dus de Normendie avoech grant fuison de contes, de <span class="dalign">5</span></p> -<p>barons et de tous aultres chevaliers. Si entrrent li</p> -<p>dit coureur en Haynau et ardirent Forest, Vertain,</p> -<p>Vertigneul, Esquarmain, Vendegies ou Bos, Vendegies</p> -<p>sus Escallon, Bermerain, Calaumes, Senlces et</p> -<p>les fourbours dou Kesnoi, et se logirent sus le rivire <span class="dalign">10</span></p> -<p>d'Uintiel. A l'endemain, il passrent oultre et</p> -<p>ardirent Oursineval, Villers en le Cauchie, Gommegnies,</p> -<p>Marech, Pois, Presiel, Anfroipret, Preus, Le</p> -<p>Frasnoit, Obies et le bonne ville de Bavai et tout le</p> -<p>pays jusques le rivire de Honniel. Et eut ce second <span class="dalign">15</span></p> -<p>jour grant assaut et escarmuce au chastiel de</p> -<p>Werchin de le bataille des mareschaus, ms noient n'i</p> -<p>fisent, car il fu bien gards et bien deffendus. Et s'en</p> -<p>vint li dus de Normendie logier sus le rivire de</p> -<p>Selles entre Haussi et Sausoir. Or vous parlerons dou <span class="dalign">20</span></p> -<p>signeur de Faukemont, qui fu uns moult rades chevaliers,</p> -<p>d'une grant apertise d'armes qu'il fist.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 104. Messires Walerans, sires de Fauquemont,</p> -<p>estoit chapitainne et gardiiens de le ville de Maubuege,</p> -<p>et bien cent lances d'Alemans et de Haynuiers <span class="dalign">25</span></p> -<p>avoecques lui. Quant il sceut que li Franois chevauoient,</p> -<p>qui ardoient le pays, et ooit les povres</p> -<p>gens criier et plorer et plaindre le leur, si en eut</p> -<p>grant pit, si s'arma et fist ses gens armer, et recommanda</p> -<p>le ville de Maubuege au signeur de Biaurieu <span class="dalign">30</span></p> -<p>et au signeur de Montegni, et dist ses gens qu'il</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_13"> 13</a></span></div> -<p>avoit trs grant desir de trouver les Franois. Si chevaua</p> -<p>ce jour, toutdis costiant les bois et le forest de</p> -<p>Mourmail. Quant ce vint sus le soir, il aprist et entendi</p> -<p>que li dus de Normendie et toute sen host estoient</p> -<p>logiet sus le rivire de Selles, asss pris de <span class="dalign">5</span></p> -<p>Haussi. De che fu il tous joians et dist briefment qu'il</p> -<p>les iroit resvillier. Si chevaua ceste vespre tout sagement,</p> -<p>et environ mienuit il passa le ditte rivire </p> -<p>gus, et toute se route. Quant il furent oultre, ilz rechenglrent</p> -<p>leurs chevaus et se remisent point, et <span class="dalign">10</span></p> -<p>puis chevaucirent tout souef jusques adonc qu'il</p> -<p>vinrent au logeis dou duch. Quant il deurent approcier,</p> -<p>ilz ferirent chevaus des esporons tout d'un randon,</p> -<p>et se plantrent en l'ost le duch en escriant:</p> -<p>Faukemont! Faukemont!, et commencirent <span class="dalign">15</span></p> -<p>coper cordes, et ruer jus et abatre tentes et pavillons</p> -<p>par terre, et occire et decoper gens, et</p> -<p>d'yaus mettre en grant meschief. Li hos se commena</p> -<p> estourmir, et toutes gens armer et traire</p> -<p>celle part l o la noise et li hustins estoit. Quant li <span class="dalign">20</span></p> -<p>sires de Faukemont vei que poins fu, il se retray arrire.</p> -<p>Et en retraiant ses gens tout sagement fu mors,</p> -<p>de[s] Franois, li sires de Pikegni pikart, et fiancis</p> -<p>prisons li viscontes de Kesnes et li Borgnes de Rouvroi,</p> -<p>et durement blechis messires Antones de <span class="dalign">25</span></p> -<p>Kodun. Quant li sires de Faukemont eut fait sen emprise,</p> -<p>et il vei que temps fu, et que li hos s'estourmissoit,</p> -<p>il se parti et toutes ses gens; et rapassrent</p> -<p>le rivire de Selles sans damage, car point ne furent</p> -<p>poursievi. Et chevaucirent depuis tout bellement, <span class="dalign">30</span></p> -<p>et vinrent d'environ soleil levant au Kesnoi o li</p> -<p>mareschaus de Haynau se tenoit, messires Thieris de</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_14"> 14</a></span></div> -<p>Walecourt, qui leur ouvri le porte et les rechut liement.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Et li dus de Normendie fu moult couroucis de</p> -<p>ses gens que on avoit occis et blechis et fianchis</p> -<p>prisons et dist: Agar comment cil Haynuier nous <span class="dalign">5</span></p> -<p>resveillent! A l'endemain, au point dou jour, fist</p> -<p>on sonner les tromptes en l'ost le duc de Normendie.</p> -<p>Si se armrent et ordonnrent toutes manires</p> -<p>de gens, et misent cheval, et arroutrent le charoi,</p> -<p>et passrent le ditte rivire de Selles, et entrrent de <span class="dalign">10</span></p> -<p>rechief en Haynau, car li dus voloit venir vers Valenchines</p> -<p>et aviser comment il le poroit assegier.</p> -<p>Chil qui chevauoient devant, li mareschaus de Mirepois,</p> -<p>li sires de Noiiers, li Gallois de le Baume et</p> -<p>messires Thiebaus de Moruel, bien quatre cens lances <span class="dalign">15</span></p> -<p>sans les bidaus, s'en vinrent devant le Kesnoy</p> -<p>et approchirent le ville jusques as barrires, et fisent</p> -<p>samblant qu'il le vorroient assallir; ms elle estoit</p> -<p>si bien pourveue de bonnes gens d'armes et de</p> -<p>grant artillerie qu'il y euissent perdu leur painne. <span class="dalign">20</span></p> -<p>Nompourquant il escarmucirent un petit devant les</p> -<p>bailles, mais on les fist tantost retraire, car cil dou</p> -<p>Kesnoi descliquirent canons et bombardes qui jettoient</p> -<p>grans quariaus. Si se doubtoient li Franois de</p> -<p>leurs chevaus, et se retraisent par devers Wargni et <span class="dalign">25</span></p> -<p>ardirent Wargni le Grant et Wargni le Petit, Fielainnes,</p> -<p>Faumars, Semeries, Artre, Artriel, Sautain, Curgies,</p> -<p>Estruen, Ausnoy et Villers monsigneur Polle.</p> -<p>Et en voloient les flamesces et li fascon en le ville</p> -<p>de Valenchines. Et vinrent cil coureur courir par <span class="dalign">30</span></p> -<p>devant Valenchines. Et entrues ordonnoient li Franois</p> -<p>leurs batailles sus le mont de Chastres pris de</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_15"> 15</a></span></div> -<p>Valenchines, et se tenoient l en grant estoffe et</p> -<p>moult richement. Dont il avint que environ deux</p> -<p>cens lances des leurs, dont li sires de Craon et li sires</p> -<p>de Maulevrier et li sires de Matefelon et li sires</p> -<p>d'Avoir estoient conduiseur, s'avalrent devers Maing, <span class="dalign">5</span></p> -<p>et vinrent assallir une forte tour quare, qui pour le</p> -<p>temps estoit Jehan Bernir de Valenchines. Depuis</p> -<p>fu elle Jehan de Nuefville. L eut grant assaut, dur</p> -<p>et fort, et dura pris que tout le jour, ne on n'en</p> -<p>pooit les Franois partir; si en y eut il mors ne sai <span class="dalign">10</span></p> -<p>cinq ou six. Et si bien se tinrent et deffendirent cil</p> -<p>qui le gardoient qu'il n'i prisent point de damage.</p> -<p>Si s'en vinrent li plus de ces Franois Trit, et cuidirent</p> -<p>de premires venues l passer l'Escaut; mais</p> -<p>cil de le ville avoient deffait le pont et deffendoient <span class="dalign">15</span></p> -<p>le passage roidement et fierement. Et jamais cel</p> -<p>endroit ne l'euissent li Franois conquis, mais il en</p> -<p>y eut entre yaus de chiaus qui cognissoient le passage</p> -<p>et le rivire et le pays; si en menrent bien</p> -<p>deux cens de piet passer as plankes Prouvi. Quant <span class="chapter">20</span></p> -<p>cil furent oultre, il vinrent tantos baudement sus</p> -<p>chiaus de Trit qui n'estoient c'un petit ens ou regard</p> -<p>d'yaus, et ne peurent durer; si tournrent en fuite.</p> -<p>Si en y eut des mors et des navrs et des noiis pluiseur.</p> -<p> <span class="dalign">25</span></p> -<p>Ce meismes jour, estoit partis de Valenchines li</p> -<p>seneschaus de Haynau cent armeures de fier, et issus</p> -<p>de le ville par le porte d'Anzaing; et pensoit bien</p> -<p>que cil de Trit aroient faire; si les voloit secourir.</p> -<p>Dont il avint que, deseure Saint Vaast, il trouva de <span class="dalign">30</span></p> -<p>rencontre environ vint cinq coureurs franois que</p> -<p>troi chevalier de Poito menoient, messires Bouchicaus</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_16"> 16</a></span></div> -<p>li uns, li sires de Surgires li aultres, et messires</p> -<p>Guillaumes Blondiaus li tiers; et avoient passet</p> -<p>l'Escaut asss pris de Valenchines, au pont c'on</p> -<p>dist le Tourielle; et avoient courut par droite bachelerie</p> -<p>deseure Saint Vaast. Si tretost que li senescaus <span class="dalign">5</span></p> -<p>de Haynau les perchut, si fu moult lis, car</p> -<p>bien perchut et vit que c'estoient si ennemit, et feri</p> -<p>apris yaus et toute se route ossi. L eut bonne</p> -<p>jouste des uns as aultres. Et me samble que li seneschaus</p> -<p>de Haynau porta jus de cop de lance monsigneur <span class="dalign">10</span></p> -<p>Bouchicau, qui estoit adonc moult apers chevaliers,</p> -<p>et fu plus encores depuis et marescaus de</p> -<p>France, si com vous ors avant en l'ystore; et le fist</p> -<p>fiancier prison et l'envoia en Valenchines; mais je</p> -<p>ne sai comment ce poet estre, car li sires de Surgires <span class="dalign">15</span></p> -<p>escapa et se sauva, et ne fu point pris. Ms il fu</p> -<p>pris messires Guillaumes Blondiel et fiana prison </p> -<p>monsigneur Henri de Husphalise, et furent pris tout</p> -<p>li aultre mort et pris. Cilz rencontres detria grandement</p> -<p>le senescal de Haynau qu'il ne peut venir <span class="dalign">20</span></p> -<p>temps au pont Trit; mais l'avoient j conquis li</p> -<p>Franois, quant il y vint; et mettoient grant painne</p> -<p> abatre les moulins et un petit chastelet qui l estoit.</p> -<p>Ms si tretost que li senescaus vint en le ville,</p> -<p>il n'eurent point de loisir, car il furent reboutet et <span class="dalign">25</span></p> -<p>reculet villainnement, occis, decop et mis en cache.</p> -<p>Et les fist on sallir en le rivire d'Escaut, dont il en</p> -<p>y eut aucuns noiis, et en fu li ville de Trit adonc</p> -<p>toute delivre. Et vint li senescaus de Haynau passer</p> -<p>l'Escaut Denaing, et puis chevaua et toute se route <span class="dalign">30</span></p> -<p>vers son chastiel de Werchin, et se bouta dedens</p> -<p>pour le garder et deffendre, se mestier faisoit. Et encores</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_17"> 17</a></span></div> -<p>se tenoit li dus de Normendie et ses batailles</p> -<p>sus le mont de Castres, et se tint en bonne ordenance</p> -<p>le plus grant partie dou jour, car il cuidoit</p> -<p>que cil de Valencines deuissent widier et lui venir</p> -<p>combatre. Ossi fuissent il trs volentiers. Ms messires <span class="dalign">5</span></p> -<p>Henris d'Antoing, qui avoit la ville en garde, leur</p> -<p>deveoit et deffendoit, et estoit le porte [cambresienne]</p> -<p>moult ensonniis et en grant painne de yaus</p> -<p>destourner de non vuidier, et li prevos de le ville</p> -<p>pour le temps, (avoecques lui,) Jehans de Baissi, qui <span class="dalign">10</span></p> -<p>les affrenoit ce qu'il pooit, et leur moustra adonc</p> -<p>tant de belles raisons qu'il s'en souffrirent.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 105. Quant li dus de Normendie et ses batailles,</p> -<p>qui trs belles estoient regarder, ensi que ci dessus</p> -<p>est deviset, se furent tenu un grant temps sus le <span class="dalign">15</span></p> -<p>mont de Castres, et il veirent que nulz ne venroit</p> -<p>ne isteroit hors de Valenchines pour yaus combatre,</p> -<p>adonc furent envoiiet li dus d'Athnes et li sires de</p> -<p>Chastellon, et bien trois cens lances de fortes gens</p> -<p>et bien monts, pour courir jusques Valencines. <span class="dalign">20</span></p> -<p>Chil chevaucirent en trs bonne ordenance, et vinrent</p> -<p>au ls devers le Tourielle Goguel, et chevaucirent</p> -<p>moult arreement jusques as bailles de le ville;</p> -<p>mais il n'i demorrent point plent, car il ressongnirent</p> -<p>le tret pour leurs chevaus. Et toutes fois li <span class="dalign">25</span></p> -<p>sires de Chastillon chevaua si avant que ses coursiers</p> -<p>fu trais et chei desous lui, et le couvint monter</p> -<p>sus un aultre. Ceste chevaucie prist son tour devers</p> -<p>les Marlis et les ardirent, et abatirent tous les moulins</p> -<p>qui l estoient sus le rivire de Wintiel, et puis <span class="dalign">30</span></p> -<p>prisent leur tour par derrire les Chartrois et revinrent</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_18"> 18</a></span></div> -<p> leur bataille. Or vous di qu'il estoient demoret</p> -<p>aucun compagnon franois derrire en le ville</p> -<p>des Marlis, pour mieus fourer leur aise. Dont il</p> -<p>avint que cil qui gardoient une tour, qui l est as</p> -<p>hoirs de Haynau, et fu jadis monsigneur Robert de <span class="dalign">5</span></p> -<p>Namur de par ma dame Yzabiel de Haynau sa femme,</p> -<p>perchurent ces Franois qui l estoient, et si veirent</p> -<p>bien que li grosse chevaucie estoit retraite: si issirent</p> -<p>baudement hors, et les assallirent de grant corage:</p> -<p>et les menrent telz qu'il en turent bien la <span class="dalign">10</span></p> -<p>moitiet, et leur tollirent tout leur pillage, et puis retournrent</p> -<p>en leur tour.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Encores se tenoient les batailles sus le mont de</p> -<p>Castres, et tinrent tout le jour jusques apris nonne,</p> -<p>que li coureur revinrent de tous costs. Dont eurent <span class="dalign">15</span></p> -<p>conseil l entre yaus moult grant et disoient li signeur</p> -<p>que, tout consideret, il n'estoient mies gens</p> -<p>asss pour assegier une si grande ville que Valenchines</p> -<p>est. Si eurent finablement conseil de departir</p> -<p>d'illuech, et de yaus retraire deviers Cambray. Si <span class="dalign">20</span></p> -<p>s'en vinrent ce soir logier Maing et Fontenielles,</p> -<p>et furent l toute la nuit, et fisent bon gait et grant.</p> -<p>A l'endemain, il s'en partirent, mais il ardirent Maing</p> -<p>et Fontenielles et toute l'abbeye, qui estoit ma</p> -<p>dame Jehane de Valois, ante dou dit duch et soer <span class="dalign">25</span></p> -<p>germainne au roy son pre. De quoi li dus fu moult</p> -<p>couroucis, et fist pendre chiaus qui le feu y avoient</p> -<p>mis et bout. A ce departement, fu pararse li ville de</p> -<p>Trit, et li chastiaus et li moulin abatu, et Prouvi,</p> -<p>Rouvegni, Thians, Monciaus, et tous li plas pays <span class="dalign">30</span></p> -<p>entre Cambrai et Valencines.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Ce jour, au matin, issirent de Valenchines aucun</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_19"> 19</a></span></div> -<p>compagnon legier, quant il seurent le departement</p> -<p>des Franois, et s'en vinrent sus les camps, entour</p> -<p>le mont de Castres, li Franois avoient est logiet,</p> -<p>et y trouvrent encores des vivres et des pourveances</p> -<p>que li Franois y avoient laissies, et pluiseur logeis <span class="dalign">5</span></p> -<p>o il avoit encores aucuns brigans et Geneuois</p> -<p>qui tant avoient beu dou soir qu'il s'estoient enivr</p> -<p>et dormoient encores. Si boutrent cil dit compagnon</p> -<p>de Valencines le feu en ces logis, et ardirent</p> -<p>l dedens le[s] dis brigans. Car quant il sentoient le <span class="dalign">10</span></p> -<p>feu, il s'esvilloient et cuidoient sallir hors; mais il estoient</p> -<p>decaciet ens de leurs ennemis planons et </p> -<p>goudendars. Toutes fois, il en y eut un qui salli hors,</p> -<p>mais il fu pris par pis et par gambes et par bras,</p> -<p>et jetts en un grant feu qui estoit fais devant le dit <span class="dalign">15</span></p> -<p>logis, et l fu tous ars. Si est grans meschis de ce</p> -<p>que chrestiien destruisent ensi li uns l'autre sans</p> -<p>pit.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Che jour chevaua tant li dus de Normendie qu'il</p> -<p>vint devant Escauduevre, un bon chastiel et fort dou <span class="dalign">20</span></p> -<p>conte de Haynau, seant sus le rivire d'Escaut, et</p> -<p>qui moult grevoit chiaus de Cambrai, avoecques</p> -<p>chiaus de le garnison de Thun l'Evesque. Dou chastiel</p> -<p>d'Escauduevre estoit chapitainne et souverains</p> -<p>messires Gerars de Sassegnies, qui devant ce n'avoit <span class="dalign">25</span></p> -<p>eu nulle reproce de diffame. Or ne sai je que ce fu</p> -<p>ne qui l'enchanta, ms li dus n'ot pas sis devant le</p> -<p>forterce six jours quant elle li fu rendue sainne et</p> -<p>entire, dont tous li pays fu esmerveillis. Et en furent</p> -<p>souspeonnet de trahison messires Gerars de <span class="dalign">30</span></p> -<p>Sassegnies, et uns siens escuiers, qui s'appelloit Robers</p> -<p>Mariniaus. Chil doi en furent pris et encoupet,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_20"> 20</a></span></div> -<p>et en morurent villainnement Mons en Haynau. Et</p> -<p>chil de Cambrai abatirent le chastiel d'Escauduevre,</p> -<p>et en portrent le pire Cambray, et en fisent remparer</p> -<p>et refortefiier leur ville.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 106. Apris le prise et le destruction d'Escauduevre, <span class="dalign">5</span></p> -<p>se retray li dus Jehans de Normendie en le</p> -<p>cit de Cambray, et donna une grant partie de ses</p> -<p>gens d'armes congiet, et les aultres envoia ens s</p> -<p>garnisons de Lille et de Douay et des forterces voisines.</p> -<p>Et avint en celle meismes sepmainne que Escauduevre <span class="dalign">10</span></p> -<p>fu pris, que li Franois qui en Douay estoient</p> -<p>issirent hors, et chil de Lille avoech yaus, et</p> -<p>pooient estre environ trois cens lances. Et les conduisoient</p> -<p>messires Loeis de Savoie et messires Aymars</p> -<p>de Poitiers, li contes de Genve, li sires de Villars, <span class="dalign">15</span></p> -<p>et li Gallois de le Bausme avoecques le signeur de</p> -<p>Wavrain et le signeur de Wasiers, et vinrent en celle</p> -<p>chevaucie ardoir en Haynau ce biau plain pays d'Ostrevan.</p> -<p>Et ne demora riens dehors (les fortrches<a id="FNanchor_326" href="#Footnote_326" class="fnanchor"> [326]</a>),</p> -<p>dont cil de Bouain furent moult courouciet, car il <span class="dalign">20</span></p> -<p>veoient les feus et les fumires au tour d'yaus, et se</p> -<p>n'i pooient mettre remde. Si envoiirent il en Valenchines</p> -<p>en disant que, (se) de nuit il (vouloient<a id="FNanchor_327" href="#Footnote_327" class="fnanchor"> [327]</a>) issir</p> -<p>hors environ cinq cens ou six cens armeures de fier, il</p> -<p>porteroient grant damage as Franois qui estoient <span class="dalign">25</span></p> -<p>encores tout quoi et logiet ou plain pays; mais cil de</p> -<p>Valencines n'en eurent point conseil de partir, ne de</p> -<p>vuidier leur ville. Par ensi n'eurent li Franois point</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_21"> 21</a></span></div> -<p>d'encontre; si ardirent il Anich et le moitiet d'Ascons,</p> -<p>Escaudain, Here, Fenain, Denain, Montegni, Warlain,</p> -<p>Mauni, Aubrecicourt, l'Ourch, Sauch, Ruet, (Nuefville<a id="FNanchor_328" href="#Footnote_328" class="fnanchor"> [328]</a>),</p> -<p>le Lieu Saint Amant et tous les villages qui en ce</p> -<p>pays estoient, et en remenrent grant pillage et grant <span class="dalign">5</span></p> -<p>proie en leurs garnisons. Et quant cil de Douay furent</p> -<p>retrait, li saudoiier de Bouain issirent hors et</p> -<p>chevaucirent et ardirent l'autre partie de le ville </p> -<p>d'Ascons, qui se tenoit franoise, et tous les villiaus</p> -<p>franois jusques ens s portes de Douay, et le ville <span class="dalign">10</span></p> -<p>d'Eskierchin.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Ensi que je vous ay dit, les garnisons sus les frontires</p> -<p>estoient pourveues et garnies de gens d'armes,</p> -<p>et souvent y avoit des chevaucies et des rencontres</p> -<p>et des fais d'armes des uns as aultres, ensi que en <span class="dalign">15</span></p> -<p>telz besongnes appertient. Si avint, en celle meisme</p> -<p>saison, que saudoiier alemant se tenoient<a id="FNanchor_329" href="#Footnote_329" class="fnanchor"> [329]</a> de par</p> -<p>l'evesque de Cambray en le Malemaison, deux</p> -<p>liewes dou Chastiel Cambrisien, et marchissant d'autre</p> -<p>part plus pris de Landrecies, dont li sires de Potelles, <span class="dalign">20</span></p> -<p>uns appers chevaliers haynuiers, estoit chapitainne</p> -<p>et gardiiens, car li contes Loeis de Blois, quoi</p> -<p>qu'il en fust sires, avoit rendu son hommage au</p> -<p>conte de Haynau, pour tant qu'il estoit franois, et</p> -<p>li contes le tenoit en se main et le faisoit garder pour <span class="dalign">25</span></p> -<p>les Franois. Si avoient souvent le hustin cil de le</p> -<p>Malemaison et cil de Landrecies ensamble. Dont un</p> -<p>jour sallirent hors de le Malemaison li dessus dit</p> -<p>Alemant bien arm et bien mont, et vinrent courir</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_22"> 22</a></span></div> -<p>devant le ville de Landrechies, et acueillirent le</p> -<p>proie, et l'en menoient devant yaus, quant la nouvelle</p> -<p>et li haros en vint en Landrechies entre les Haynuiers</p> -<p>qui l se tenoient. Donc s'arma li sires de</p> -<p>Potielles et fist armer les compagnons, et montrent <span class="dalign">5</span></p> -<p> cheval et se partirent pour rescourre as Alemans</p> -<p>le proie qu'il en menoient. Si estoit adonc li sires de</p> -<p>Potielles tout devant, et le sievoient ses gens, cescuns</p> -<p>qui mieus mieus. Ils, qui estoit de grant volent</p> -<p>et plains de hardement, abaissa son glave et escria as <span class="dalign">10</span></p> -<p>Franois qu'il retournaissent, car c'estoit hontes de</p> -<p>fuir.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>L avoit un escuier alemant que on appelloit Albrest</p> -<p>de Coulongne, apert homme d'armes durement,</p> -<p>qui fu tous honteus quant il vey que on le cachoit <span class="dalign">15</span></p> -<p>ensi; si retourna franchement et abaissa son glave,</p> -<p>et feri cheval des esporons, et s'adrea sus le signeur</p> -<p>de Potielles, et li chevaliers sur lui, telement qu'il le</p> -<p>feri sus sa targe un si grant horion que la glave vola</p> -<p>en tronchons. Et li Alemans le consievi par tel manire, <span class="dalign">20</span></p> -<p>de son glave roide et enfume, que onques ne</p> -<p>brisa ne ne ploia, ms percha la targe, les plates et</p> -<p>l'auqueton, et li entra dedens le corps, et le poindi</p> -<p>droit au coer, et l'abati jus dou cheval navr mort.</p> -<p>Donc vinrent li compagnon haynuier, li sires de <span class="dalign">25</span></p> -<p>Bousies, Gerars de Mastain et Jehans de Mastain et</p> -<p>li aultre qui de pris le sievoient, qui s'arrestrent</p> -<p>sur lui, quant en ce parti le veirent, et le regretrent</p> -<p>durement; et puis requisent les Franois fierement</p> -<p>et asprement, en contrevengant le signeur de Potielles <span class="dalign">30</span></p> -<p>qui l gisoit navrs mort. Et combatirent et</p> -<p>assalirent si dur Albrest et se route qu'il furent desconfi,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_23"> 23</a></span></div> -<p>mort et pris. Peu en escaprent, et la proie</p> -<p>(fu) rescousse et ramene, et li prisonnier ossi en</p> -<p>Landrecies, et li sires de Potiles mors, dont tout</p> -<p>li compagnon furent cou(rou)ciet<a id="FNanchor_330" href="#Footnote_330" class="fnanchor"> [330]</a>.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 107. Apris le signeur de Potielles, li sires de <span class="dalign">5</span></p> -<p>Floion fu un grant temps gardiiens de le ville et dou</p> -<p>chastiel de Landrechies, et couroit souvent sus chiaus</p> -<p>de Bohain, de le Malemaison et dou Chastiel en Cambresis</p> -<p>et des forterces voisines, qui ennemies leur</p> -<p>estoient. Ensi couroient un jour li Haynuier et l'autre <span class="dalign">10</span></p> -<p>li Franois. Si y avoit souvent des rencontres et</p> -<p>des escarmuces et des rus jus des uns et des aultres,</p> -<p>car au voir dire telz besongnes le requirent. Si estoit</p> -<p>li pays de Haynau en grant tribulacion et en grant</p> -<p>esmay, car une partie de leur pays estoit ars et essillis; <span class="dalign">15</span></p> -<p>et si sentoient encores le duch de Normendie</p> -<p>sus les frontires, et ne savoient qu'il avoit empenset,</p> -<p>et si n'ooient nulles (nouvelles<a id="FNanchor_331" href="#Footnote_331" class="fnanchor"> [331]</a>) de leur signeur</p> -<p>le conte. Bien est voirs qu'il avoit estet en Engleterre</p> -<p>o li rois et li baron dou pays l'avoient grandement <span class="dalign">20</span></p> -<p>honnour et festiiet; et avoit fait et juret</p> -<p>grans alliances au roy engls, et s'en estoit partis et</p> -<p>als en Alemaigne devers l'empereour Loeis de Baivire:</p> -<p>c'estoit la cause pour quoi il sejournoit tant.</p> -<p>D'autre part, messires Jehans de Haynau, ses oncles, <span class="dalign">25</span></p> -<p>estoit als en Braibant et en Flandres, et avoit remoustr</p> -<p>au dit duch de Braibant et Jakemon d'Arteveille</p> -<p>le desolation dou pays de Haynau, et comment</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_24"> 24</a></span></div> -<p>li Haynuier leur prioient qu'il y volsissent entendre</p> -<p>et pourveir de conseil. Li dessus dit l'en</p> -<p>avoient respondut que li contes ne pooit longement</p> -<p>demorer; et, lui revenu, il estoient tout appareilliet</p> -<p>d'aler tout leur pooir l o il les vorroit mener. <span class="dalign">5</span></p> -<p>Or revenrons nous au duch de Normendie, et recorderons</p> -<p>comment il assega chiaus de Thun l'Evesque.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 108. Entrues que li dus de Normendie se tenoit</p> -<p>en le cit de Cambray, li dis evesques et li bourgois</p> -<p>dou lieu li remoustroient comment li Haynuier <span class="dalign">10</span></p> -<p>avoient pris et emblet le fort chastiel de Thun, et</p> -<p>que, par amours et pour se honneur et le pourfit del</p> -<p>commun pays, il vosist mettre conseil et entente au</p> -<p>ravoir, car chil de le garnison constraindoient durement</p> -<p>le pays de l environ. Li dis dus y entendi <span class="dalign">15</span></p> -<p>volentiers, et fist de recief semonre ses hos, et mist</p> -<p>ensamble grant fuison de signeurs et de gens d'armes,</p> -<p>qui se tenoient en Artois et en Vermendois, les</p> -<p>quelz il avoit eus en se premire chevaucie; et se</p> -<p>parti de Cambray et s'en vint toutes ses gens logier <span class="dalign">20</span></p> -<p>devant Thun, sus le rivire d'Escaut, en ces biaus</p> -<p>plains au ls deviers Ostrevant. Et fist li dus l amener</p> -<p>et achariier six grans engiens de Cambray et de</p> -<p>Douay, et les fist drecier et asseoir fortement devant</p> -<p>le forterce. Chil engien y gettoient nuit et jour pires <span class="dalign">25</span></p> -<p>et mangonniaus grant fuison, qui effondroient</p> -<p>et abatoient les combles et les tois des tours, des</p> -<p>cambres et des salles, et constraindirent par ce dit</p> -<p>assaut durement chiaus dou chastiel. Et n'osoient li</p> -<p>compagnon qui le gardoient demorer en cambre ne <span class="dalign">30</span></p> -<p>en salle qu'il euissent, fors en caves et en celiers.</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_25"> 25</a></span></div> -<p>Onques gens d'armes ne souffrirent, pour lor honneur,</p> -<p>en forterce, tant de painne ne de meschief</p> -<p>que cil fisent. Des quelz estoit souverains et chapitains</p> -<p>uns chevaliers engls qui s'appelloit messires</p> -<p>Richars de Limozin, et ossi doi escuier de Haynau, <span class="dalign">5</span></p> -<p>frres au signeur de Mauni, Jehans et Thieris. Chil</p> -<p>troi dessus tous les aultres en avoient toute le carge,</p> -<p>le painne et le fais, et tenoient les aultres compagnons</p> -<p>en vertu et en force, et leur disoient: Biau</p> -<p>signeur, nos sires li gentilz contes de Haynau venra <span class="dalign">10</span></p> -<p>un de ces jours si grant ost contre les Franois,</p> -<p>qu'il nous delivera toute honneur de ce peril, et</p> -<p>nous sara grant gr de ce que si francement nous</p> -<p>serons tenu.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Ensi reconfortoient li troi dessus dit les compagnons <span class="dalign">15</span></p> -<p>qui n'estoient mies leur aise, car pour yaus</p> -<p>plus grever et plus tost amener merci, cil de l'host</p> -<p>leur jettoient et envoioient par leurs engiens chevaus</p> -<p>mors et bestes mortes et puans, pour yaulz empunaisier,</p> -<p>dont il estoient l dedens en grant destrce. <span class="dalign">20</span></p> -<p>Car li airs estoit fors et chaus ensi qu'en plain est,</p> -<p>et furent plus adit et constraint par cel estat que par</p> -<p>aultre cose. Finablement, il regardrent et considerrent</p> -<p>entre yaus que celle mesaise il ne pooient longement</p> -<p>souffrir ne porter, tant leur estoit la punaisie <span class="dalign">25</span></p> -<p>abhominable. Si eurent conseil et avis de trettier</p> -<p>unes triewes durer quinze jours, et l en dedens</p> -<p>segnefiier leur povret monsigneur Jehan de Haynau,</p> -<p>qui est regars et gardiiens de tout le pays, fin</p> -<p>qu'il en fuissent confort; et se il ne l'estoient, il <span class="dalign">30</span></p> -<p>renderoient le forterce au dit duch de Normendie.</p> -<p>Chilz trettis fu entams et mis avant. Li dus leur</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_26"> 26</a></span></div> -<p>acorda et mist en souffrance tous assaus et leur donna</p> -<p>triewes quinze jours, qui fisent moult de biens as</p> -<p>compagnons dou dit fort, car aultrement il euissent</p> -<p>est tout mort et empunaisiet sans merci, tant leur</p> -<p>envoioit (on<a id="FNanchor_332" href="#Footnote_332" class="fnanchor"> [332]</a>) de charongnes pouries et d'aultres ordures <span class="dalign">5</span></p> -<p>par les engiens. Si fisent tantost partir Ostelart</p> -<p>de Sommaing par le trettiet devisant, qui s'en vint</p> -<p> Mons en Haynau, et trouva l le signeur de Byaumont</p> -<p>qui avoit oy nouvelles de son neveu le conte</p> -<p>de Haynau qui revenoit en son pays, et avoit estet <span class="dalign">10</span></p> -<p>devers l'Empereur et fait grans alliances lui et as</p> -<p>signeurs de l'Empire, le duch de Gerles, le conte de</p> -<p>Jullers, le markis de Blankebourch et tous les aultres.</p> -<p>Si en enfourma li sires de Byaumont le dit escuier</p> -<p>Ostelart de Sommaing, et li dist bien que chil <span class="dalign">15</span></p> -<p>de Thun l'Evesque seroient temprement confort,</p> -<p>ms que ses cousins fust revenus ou pays.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 109. Le triewe durant, qui fu prise entre le duch</p> -<p>de Normendie et les saudoiiers de Thun, si com vous</p> -<p>avs oy, revint li contes de Haynau en son pays, <span class="dalign">20</span></p> -<p>dont toutes manires de gens furent resjoy, car moult</p> -<p>l'avoient desiret. Se li recorda li sires de Byaumont,</p> -<p>ses oncles, comment les coses avoient alet depuis</p> -<p>son departement, et quel poissance li dus de Normendie</p> -<p>avoit entr ne sejourn en son pays, et ars <span class="dalign">25</span></p> -<p>et destruit tout par del Valencines, except les forterces.</p> -<p>S'en respondi li contes qu'il seroit bien amendet,</p> -<p>et que li royaumes de France estoit grans asss</p> -<p>pour avoir ent satisfation de toutes ces fourfaitures;</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_27"> 27</a></span></div> -<p>ms briefment il voloit aler devant Thun l'Evesque</p> -<p>et conforter ses bonnes gens qui gisoient l si honnourablement,</p> -<p>et qui si loyaument s'i estoient tenu</p> -<p>et deffendu. Si fist li contes ses mandemens et ses</p> -<p>priires en Braibant, en Guerles, en Jullers et en Alemaigne <span class="dalign">5</span></p> -<p>et ossi en Flandres devers son bon ami d'Artevelle.</p> -<p>Et s'en vint li dis contes Valencines, </p> -<p>grant fuison de gens d'armes, chevaliers et escuiers</p> -<p>de son pays et des pays dessus nomms, et toutdis</p> -<p>li croissoient gens. Et se parti de Valencines en <span class="dalign">10</span></p> -<p>grant arroy de gens d'armes, de charoi, de tentes,</p> -<p>de trs, de pavillons et de toutes aultres pourveances,</p> -<p>et s'en vint logier Nave sur ces biaus plains et</p> -<p>ces grans prs, tout contreval le rivire d'Eschaut.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>L estoient des signeurs de Haynau avoec le dit <span class="dalign">15</span></p> -<p>conte et en bon arroy: premierement messires Jehans</p> -<p>de Haynau, ses oncles, li sires d'Enghien, li sires</p> -<p>de Wercin, seneschaus de Haynau, li sires d'Antoing,</p> -<p>li sires de Ligne, li sires de Barbenon, li</p> -<p>sires de Lens, messires Guillaumes de Bailluel, li sires <span class="dalign">20</span></p> -<p>de Haverech, chastellains de Mons, li sires de Montegni,</p> -<p>li sires de Marbais, messires Thieris de Wallecourt,</p> -<p>mareschaus de Haynau, li sires de le Hamde,</p> -<p>li sires de Gommegnies, li sires de Roisin, li sires de</p> -<p>Trasegnies, li sires de Briffuel, li sires de Lalain, li <span class="dalign">25</span></p> -<p>sires de Mastain, li sires de Sars, li sires de Wargni,</p> -<p>li sires de Biauriu et pluiseur aultre chevalier et escuier,</p> -<p>qui tout se logoient dals leur signeur. Asss</p> -<p>tost apris, y revint li jones contes Guillaumes de</p> -<p>Namur moult estoffeement deux cens lances, et se <span class="dalign">30</span></p> -<p>loga ossi sus le rivire d'Escaut en l'ost le conte.</p> -<p>Apris revinrent li dus de Braibant bien sis cens</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_28"> 28</a></span></div> -<p>lances, li dus de Guerles, li contes de Jullers, li markis</p> -<p>de Misse et d'Eurient, li markis de Blankebourch,</p> -<p>li contes des Mons, li sires de Faukemont, messires</p> -<p>Ernoulz de Bakehen, et grant fuison d'autres signeurs</p> -<p>et gens d'armes d'Alemagne et de Witephale. Si se <span class="dalign">5</span></p> -<p>logirent tout li un apris l'autre, sus le rivire d'Escaut,</p> -<p> l'encontre de l'ost franoise; et estoient plentiveusement</p> -<p>(pourveu<a id="FNanchor_333" href="#Footnote_333" class="fnanchor"> [333]</a>) de tous vivres, qui leur venoient</p> -<p>tous les jours de Valenchines et dou pays de</p> -<p>Haynau voisin yaus. <span class="dalign">10</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 110. Quant cil signeur se furent logiet, ensi que</p> -<p>vous avs entendu, sus le rivire d'Escaut, et mis</p> -<p>entre Nave et Yvuis, li dus Jehans de Normendie,</p> -<p>qui estoit d'autre part le rivire avoecques lui moult</p> -<p>belle gent, vey que li hos son cousin le conte de <span class="dalign">15</span></p> -<p>Haynau croissoit durement; si segnefia tout l'estat au</p> -<p>roy de France, son pre, qui se tenoit Peronne en</p> -<p>Vermendois, et estoit tenus plus de six sepmainnes</p> -<p> grant gent. Lors fist li rois de recief une semonse</p> -<p>trs especial, et envoia jusques douze cens lances de <span class="dalign">20</span></p> -<p>bonnes gens d'armes en l'ost son fil. Et asss tos</p> -<p>apris, il y vint comme saudoiiers au duch son fil,</p> -<p>car il ne pooit nullement venir main arme sus</p> -<p>l'Empire, se il voloit tenir son sierement, ensi qu'il</p> -<p>fist. Et fu tout dis li dis dus chis et souverains de <span class="dalign">25</span></p> -<p>ceste arme, mais il s'ordonnoit par le conseil dou</p> -<p>roy son pre.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant cil de Thun l'Evesque veirent lor signeur</p> -<p>le conte de Haynau venu si poissamment, si en furent</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_29"> 29</a></span></div> -<p>moult joiant, che fu bien raisons, car moult</p> -<p>l'avoient desiret, et bien en pensoient estre delivret.</p> -<p>Le quatrime jour apris qu'il furent l venu et</p> -<p>(hostilliet<a id="FNanchor_334" href="#Footnote_334" class="fnanchor"> [334]</a>) host, vinrent cil de Valencines en grant</p> -<p>arroy, des quelz Jehans de Baissi, qui prevos estoit <span class="dalign">5</span></p> -<p>pour le temps, se faisoit mestres et gouvrenres. Si</p> -<p>tretost que cil de Valencines furent venu, on les</p> -<p>envoia escarmucier as Franois sus le rivage de l'Escaut,</p> -<p>pour ensonniier chiaus de l'host, et pour faire</p> -<p>chiaus de le garnison de Thun l'Evesque voie. L <span class="dalign">10</span></p> -<p>eut grant escarmuce des uns as aultres, et pluiseur</p> -<p>quariel tret et lanciet, et tamaint homme navret et</p> -<p>bleciet. Entrues qu'il entendoient au paleter, li compagnon</p> -<p>de Thun l'Evesque, messires Richars de Limozin</p> -<p>et li aultre se partirent dou chastiel et se misent <span class="dalign">15</span></p> -<p>en l'Escaut. On leur ot appareilliet batiaus et</p> -<p>nacelles, en quoi on les ala querir d'autre part le</p> -<p>rivage; si furent amenet en l'ost et devers le conte</p> -<p>de Haynau, qui liement et doucement les rechut et</p> -<p>les honnoura moult dou bon service qu'il li avoient <span class="dalign">20</span></p> -<p>fait, quant si longement et tel meschief il s'estoient</p> -<p>tenu en Thun l'Evesque.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 111. En dementrues que ces deux hos estoient</p> -<p>ensi assambles pour le fait de Thun l'Evesque et logies</p> -<p>sus le rivire d'Escaut, li Franois devers France <span class="dalign">25</span></p> -<p>et li Haynuier sus leur pays, couroient li fourier fourer</p> -<p>l o par tout trouver il le pooient de l'un ls et</p> -<p>de l'autre, ms point ne se trouvoient ne encontroient,</p> -<p>car la rivire d'Escaut estoit entre deus. Mais</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_30"> 30</a></span></div> -<p>li Franois parardirent et coururent tout le pays</p> -<p>d'Ostrevant, che qui demoret y estoit, et li Haynuier</p> -<p>tout le pays de Cambresis. Et l vint en l'ayde dou</p> -<p>conte de Haynau et se priire, Jakemes d'Artevelle</p> -<p> plus de soixante mille Flamens tous bien arms, et <span class="dalign">5</span></p> -<p>se logirent poissamment l'encontre des Franois.</p> -<p>Quant il furent venu, moult en fu li contes de Haynau</p> -<p>lis, car son host en fu grandement renforcie; si</p> -<p>manda par ses hiraus au duch de Normendie, son</p> -<p>cousin, que bataille se peust faire entre yaus, et que <span class="dalign">10</span></p> -<p>ce seroit blasmes pour toutes les parties, se si grant</p> -<p>gent d'armes qui l estoient se departoient sans bataille.</p> -<p>Li dus de Normendie respondi, ceste fois,</p> -<p>qu'il en aroit avis. Chil avis et consaulz fu si lons</p> -<p>que li hiraut s'en partirent adonc sans avoir certainnes <span class="dalign">15</span></p> -<p>responses. Dont il avint que, le tierch jour</p> -<p>apris, li contes de rechief y renvoia, pour mieus</p> -<p>savoir l'intension dou dit duch et des Franois. Li</p> -<p>dus en respondi qu'il n'estoit mies encores bien consillis</p> -<p>de combatre ne de mettre y journe, et dist encores <span class="dalign">20</span></p> -<p>ensi que li contes de Haynau estoit trop hastieus.</p> -<p>Quant li contes oy ces parolles, se li sambla uns</p> -<p>detriemens; si manda tous les plus grans barons de</p> -<p>l'host et premierement le duch de Braibant, son</p> -<p>grant signeur, et tous les aultres ensiewant, et puis <span class="dalign">25</span></p> -<p>leur remoustra sen intention et le response dou duc</p> -<p>de Normendie; si en demanda avoir conseil. Adonc</p> -<p>regardrent il cescuns l'un l'autre, et ne veult nulz</p> -<p>respondre premiers. Toutes fois li dus de Braibant</p> -<p>parla, pour tant que c'estoit li plus grans de toute <span class="dalign">30</span></p> -<p>l'ost et tenus li plus sages; si dist que de faire un</p> -<p>pont ne de combatre as Franois il n'estoit mies d'acort,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_31"> 31</a></span></div> -<p>car il savoient de certain que li rois engls devoit</p> -<p>proainnement passer le mer et venir assegier le</p> -<p>cit de Tournay: Se li avons, ce dist li dus, prommis</p> -<p>et juret foy, amour et ayde de nous et des nostres;</p> -<p>dont se nous nos combatons maintenant, et li <span class="dalign">5</span></p> -<p>fortune fust contre nous, il perderoit son voiage, ne</p> -<p>nul confort il n'aroit de nous. Et se li journe estoit</p> -<p>pour nous, il ne nous en saroit gr, car c'est se intention</p> -<p>que j sans lui, qui chis est de ceste guerre,</p> -<p>nous ne nos combatons au pooir de France. Mais <span class="dalign">10</span></p> -<p>quant nous serons devant Tournay, il avoecques</p> -<p>nous et nous avoecques lui, et li rois de France sera</p> -<p>d'autre part, envis se departiroient si grans gens</p> -<p>sans bataille. Si vous conseille, biaus filz, que vous</p> -<p>vos parts de chi, car vous y sejourns grant frait, <span class="dalign">15</span></p> -<p>et donns congiet toutes manires de gens d'armes;</p> -<p>si s'en revoist cescuns en son lieu, car dedens dix</p> -<p>jours vous ors nouvelles dou roy d'Engleterre. A</p> -<p>ce conseil se tinrent li plus grant partie des signeurs</p> -<p>qui l estoient; mais il ne pleut mies encores trop <span class="dalign">20</span></p> -<p>bien au conte de Haynau, et pria as signeurs et as</p> -<p>barons tous en general qui l estoient qu'il ne se</p> -<p>volsissent mies encores partir, car ce seroit trop grandement,</p> -<p>ce li sambloit, contre se honneur, se li</p> -<p>Franois n'estoient combatu; et il li eurent tout en <span class="dalign">25</span></p> -<p>couvent. A ces parolles issirent il hors de parlement,</p> -<p>et se retrest cescuns son logeis. Trop volentiers se</p> -<p>fuissent departi chil de Brousselles et de Louvaing,</p> -<p>car il estoient si tan que plus ne pooient. Et en parlrent</p> -<p>pluiseurs fois au duch, leur signeur, et li remoustrrent <span class="dalign">30</span></p> -<p>qu'il gisoient l grant frait, et riens</p> -<p>n'i faisoient.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_32"> 32</a></span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 112. Quant li contes de Haynau vey son conseil</p> -<p>variier, et qu'il n'estoient mies bien d'acort de passer</p> -<p>le rivire d'Escaut, et de combatre les Franois,</p> -<p>si en fu durement couroucis. Si appella un jour son</p> -<p>oncle, monsigneur Jehan de Haynau, et li dist: <span class="dalign">5</span></p> -<p>Biaus oncles, monts cheval, et chevauchers selonch</p> -<p>ceste rivire, et appellers qui que soit homme</p> -<p>d'onneur en l'ost franoise, et dirs de par moy que</p> -<p>je leur liverai pont pour passer, ms que nous aions</p> -<p>trois jours de respit ensamble tant seulement pour le <span class="dalign">10</span></p> -<p>faire, et que je les voel combatre, comment que soit.</p> -<p>Li sires de Byaumont, qui veoit son neveut en grant</p> -<p>desir de combatre ses ennemis, li acorda volentiers,</p> -<p>et dist qu'il iroit et feroit le message. Si vint son</p> -<p>logeis et s'apparilla bien et frichement, lui troisime <span class="dalign">15</span></p> -<p>de chevaliers tant seulement, li sires de Fagnuelles</p> -<p>et messires Florens de Biaurieu, et son pennon devant</p> -<p>lui, monts sus bons coursiers, et chevaucirent</p> -<p>ensi sus le rivage d'Escaut.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Et avint que, de l'autre part, li sires de Byaumont <span class="dalign">20</span></p> -<p>aperut un chevalier de Normendie, le quel il recogneut</p> -<p>par ses parures; si l'appella et dist: Sire de</p> -<p>Maubuisson, sire de Maubuisson, parls moy! Li</p> -<p>chevaliers qui se oy nommer, et qui ossi recogneut</p> -<p>monsigneur Jehan de Haynau, par le pennon de ses <span class="dalign">25</span></p> -<p>armes qui estoit devant lui, s'arresta et dist: Sire,</p> -<p>que plaist vous?—Je vous pri, dist li sires de</p> -<p>Byaumont, que vous voellis aler devers le roy de</p> -<p>France et son conseil, et leur dittes que li contes de</p> -<p>Haynau m'envoie chi pour prendre une triewe tant <span class="dalign">30</span></p> -<p>seulement qu'uns pons soit fais sus ceste rivire, par</p> -<p>quoi vos gens ou li nostre le puissent passer. Et ce</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_33"> 33</a></span></div> -<p>que li rois ou li dus de Normendie en responderont,</p> -<p>si le me vens dire, car je vous attenderai tant que</p> -<p>vous sers revenus.—Par ma foy, dist li chevaliers,</p> -<p>monsigneur, volentiers.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Atant se depa(r)ti li sires de Maubuisson, et feri <span class="dalign">5</span></p> -<p>cheval des esporons, et vint jusques en la tente dou</p> -<p>roy de France, o li dus de Normendie estoit adonc</p> -<p>personelment, et grant fuison d'autres signeurs. Li</p> -<p>sires de Maubuisson salua le roy, le duch et tous les</p> -<p>signeurs, et relata son message bien et deuement, <span class="dalign">10</span></p> -<p>ensi qu'il apertenoit, et que cargis en estoit. Quant</p> -<p>il fu oys et entendus, on l'en respondi moult briefment</p> -<p>et li dist on: Sire de Maubuisson, vous dirs</p> -<p>de par nous celui qui chi vous envoie, que en</p> -<p>tel estat o nous avons tenu le conte de Haynau <span class="dalign">15</span></p> -<p>jusques ores, nous le tenrons en avant, et li ferons</p> -<p>despendre et engagier sa terre: ensi sera il guerriis</p> -<p>de deux costs. Et quant bon nous samblera, nous</p> -<p>enterons en sa terre si point que nous li pararderons</p> -<p>tout son pays. <span class="dalign"> 20</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Ces parolles ne plus ne mains raporta li sires de</p> -<p>Maubuisson monsigneur Jehan de Haynau, qui l</p> -<p>l'attendoit sus le rivage. Et quant la relation l'en fu</p> -<p>faite, si dist au chevalier: Grant mercis! Lors s'en</p> -<p>parti et s'en revint arrire leur logeis, et trouva le <span class="dalign">25</span></p> -<p>conte de Haynau, son (neveu), qui jeuoit as eschs</p> -<p>au conte de Namur. Li contes se leva si tost qu'il</p> -<p>vey son oncle, et li demanda nouvelles. Sire, dist</p> -<p>messires Jehans de Haynau, ce que je puis veoir et</p> -<p>considerer, li rois de France et ses consaulz prendent <span class="dalign">30</span></p> -<p>grant plaisance en ce que vous sejourns chi grant</p> -<p>frait, et dient ensi qu'il vous feront despendre et engagier</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_34"> 34</a></span></div> -<p>toute vo terre. Et quant bon leur samblera, il</p> -<p>vous combateront, non vostre volent ne aise,</p> -<p>mais le leur. De ces responses fu li contes de Haynau</p> -<p>tous grigneus, et dist qu'il n'iroit mies ensi.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 113. Nous nos tairons un petit parler dou <span class="dalign">5</span></p> -<p>duch de Normendie et dou conte de Haynau, et parlerons</p> -<p>dou roy Edouwart d'Engleterre, qui estoit</p> -<p>mis sus mer pour venir et arriver, selonch se intention,</p> -<p>en Flandres, et puis venir en Haynau aidier </p> -<p>guerriier le conte, son serourge, contre les Franois. <span class="dalign">10</span></p> -<p>Ce fu le jour devant le vegille Saint Jehan Baptiste,</p> -<p>l'an mil trois cens et quarante, qu'il nagoit par mer</p> -<p> belle carge de naves et de vaissiaus. Et estoit toute</p> -<p>sa navie partie dou havene de Tamise, et s'en venoit</p> -<p>droitement pour arriver l'Escluse. <span class="dalign">15</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Et adonc se tenoient entre Blankeberghe et l'Escluse</p> -<p>et sus le mer messires Hues Kiers, messires</p> -<p>Pires Bahucs et Barbevaire, plus de sept vint</p> -<p>gros vaissiaus sans les hokebos. Et estoient bien Normans,</p> -<p>Bidaus, Geneuois et Pikars quarante mille. Et <span class="dalign">20</span></p> -<p>estoient l ancr et arrest, au commandement dou</p> -<p>roy de France, pour attendre le revenue dou roy</p> -<p>d'Engleterre, car bien savoient qu'il devoit rapasser;</p> -<p>se li voloient veer et deffendre le passage, ensi qu'il</p> -<p>fisent bien et hardiement, tant qu'il peurent, si com <span class="dalign">25</span></p> -<p>vous ors recorder. Li rois d'Engleterre et li sien,</p> -<p>qui s'en venoient tout singlant, regardent et voient</p> -<p>devers l'Escluse si grant quantit de vaissiaus que des</p> -<p>mas ce sambloient droitement uns bos; si en fu forment</p> -<p>esmervillis, et demanda au patron de se navie <span class="dalign">30</span></p> -<p>quelz gens ce pooient estre. Il respondi qu'il cuidoit</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_35"> 35</a></span></div> -<p>bien que ce fust li arme des Normans que li rois de</p> -<p>France tenoit sus mer, et qui pluiseurs fois li avoient</p> -<p>fait grant damage, et tant que ars et robet le bonne</p> -<p>ville de Hantonne, et conquis <i>Christofle</i>, son grant</p> -<p>vaissiel, et occis chiaus qui le gardoient et conduisoient. <span class="dalign">5</span></p> -<p>Dont respondi li rois engls: J'ay de lonch</p> -<p>temps desir que je les peuisse combatre; si les combaterons,</p> -<p>s'il plaist Dieu et saint Jorge, car voirement</p> -<p>m'ont il fais tant de contraires que j'en voel</p> -<p>prendre le vengance, se g'i puis avenir. <span class="dalign">10</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Lors fist li rois ordonner tous ses vaissiaus et mettre</p> -<p>les plus fors devant, et fist frontire tous costs</p> -<p>de ses archiers; et entre deux nefs d'arciers, en y</p> -<p>avoit une de gens d'armes. Et encores fist il une bataille</p> -<p>sus costire, toute purainne d'arciers, pour reconforter, <span class="dalign">15</span></p> -<p>se mestier faisoit, les plus lasss. L y</p> -<p>avoit grant fuison de dames d'Engleterre, contesses,</p> -<p>baronnesses, chevalereuses et bourgoises de Londres,</p> -<p>qui venoient veoir le royne d'Engleterre Gand, que</p> -<p>veue n'avoient un grant temps. Et ces dames fist li <span class="dalign">20</span></p> -<p>rois engls bien garder et songneusement de trois cens</p> -<p>armeures de fier et de cinq cens arciers. Et puis pria</p> -<p>li rois tous que il volsissent penser dou bien faire</p> -<p>et garder sen honneur; et cescuns li eut en couvent.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 114. Quant li rois d'Engleterre et si mareschal <span class="dalign">25</span></p> -<p>eurent orden leurs batailles et leurs navies bellement</p> -<p>et sagement, il fisent tendre et traire les voiles</p> -<p>contremont, et vinrent au vent, de quartier, sus destre,</p> -<p>pour avoir l'avantage dou soleil, qui en venant</p> -<p>lor estoit ou visage. Si s'avisrent et regardrent que <span class="dalign">30</span></p> -<p>ce les pooit trop nuire, et detriirent un petit, et</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_36"> 36</a></span></div> -<p>tourniirent tant qu'i(l) l'eurent leur volent. Li</p> -<p>Normant, qui les veoient tourniier, s'esmervilloient</p> -<p>trop pour quoi il le faisoient et disoient: Il ressongnent</p> -<p>et reculent, car il ne sont pas gens pour</p> -<p>combatre nous. Bien veoient entre yaus li Normant,<span class="dalign">5</span> </p> -<p>par les banires, que li rois d'Engleterre y estoit</p> -<p>personelment; si en estoient moult joiant, car</p> -<p>trop le desiroient combatre. Si misent leurs vaissiaus</p> -<p>en bon estat, car il estoient sage de mer et bon</p> -<p>combatant. Et ordonnrent <i>Christofle</i>, le grant vaissiel <span class="dalign">10</span></p> -<p>que conquis avoient sus les Engls en celle meisme</p> -<p>ane, tout devant, et grant fuison d'arbalestriers</p> -<p>geneuois dedens, pour le garder et traire et escarmucier</p> -<p>as Engls. Et puis s'arroutrent, grant fuison</p> -<p>de trompes et de tromptes et de pluiseurs aultres <span class="dalign">15</span></p> -<p>instrumens, et s'en vinrent requerre leurs ennemis.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>L se commena bataille dure et forte, de tous</p> -<p>costs. Et arcier et arbalestrier commencirent </p> -<p>traire l'un contre l'autre diversement et roidement,</p> -<p>et gens d'armes approcier et combatre main <span class="dalign">20</span></p> -<p>main asprement et hardiement. Et par quoi il peuissent</p> -<p>mieus avenir li un l'autre, il avoient grans cros</p> -<p>et havs de fier tenans chainnes; si les jettoient</p> -<p>ens s nefs li un de l'autre, et les atachoient ensamble,</p> -<p> fin qu'il se peuissent mieulz aherdre et plus <span class="dalign">25</span></p> -<p>fierement combatre. L eut une trs dure et forte</p> -<p>bataille, et mainte apertise d'armes faite, mainte</p> -<p>luite, mainte prise et mainte rescousse. L fu <i>Christofles</i>,</p> -<p>cilz grans vaissiaus, auques de commencement</p> -<p>reconquis des Engls, et tout chil mort et peri <span class="dalign">30</span></p> -<p>qui le gardoient et deffendoient. Et adonc y eut grant</p> -<p>hue et grant noise; et approcirent durement li Engls</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_37"> 37</a></span></div> -<p>et pourveirent incontinent <i>Christofle</i>, ce biel et</p> -<p>grant vaissiel, de purs arciers qu'il fisent passer tout</p> -<p>devant et combatre as Geneuois.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 115. Ceste bataille dont je vous parolle fu moult</p> -<p>felenesse et trs horrible, car batailles et assaus sus <span class="dalign">5</span></p> -<p>mer sont plus dur et plus fort que sus terre; car l</p> -<p>ne poet on reculer ne fuir, mais se fault vendre et</p> -<p>combatre, et attendre l'aventure, et cescun endroit</p> -<p>de lui moustrer son hardement et se proce. Bien</p> -<p>est verits que messires Hues Kiers estoit bons chevaliers <span class="dalign">10</span></p> -<p>et hardis, et ossi messires Pires Bahucs et</p> -<p>Barbevaires, qui dou temps passet avoient fait maint</p> -<p>meschief sus mer, et mis fin tamaint Engls. Si</p> -<p>dura la bataille et la pestilense, de l'eure de prime</p> -<p>jusques haute nonne. Si pos bien croire que, ce <span class="dalign">15</span></p> -<p>terme durant, il y eut mainte apertise d'armes faite.</p> -<p>Et couvint l les Engls souffrir et endurer grant</p> -<p>painne, car leur ennemit estoient quatre contre un,</p> -<p>et toute gent de fait et de mer. De quoi li Engls,</p> -<p>pour tant qu'il besongnoit, se prendoient moult <span class="dalign">20</span></p> -<p>pris de bien faire.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>L fu li rois d'Engleterre, de sa main trs bons</p> -<p>chevaliers, car il estoit adonc en le fleur de se jonce.</p> -<p>Et ossi furent li contes Derbi, li contes de Pennebruch,</p> -<p>li contes de Herfort, li contes de Hostidonne, <span class="dalign">25</span></p> -<p>(ly contes de Kent, ly contes de Norhantonne<a id="FNanchor_335" href="#Footnote_335" class="fnanchor"> [335]</a>)</p> -<p>et de Clocestre, messires Renaulz de Gobehen, messires</p> -<p>Richars de Stanfort, li sires de Persi, messires</p> -<p>Gautiers de Mauni, messires Henris de Flandres,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_38"> 38</a></span></div> -<p>messires Jehans de Biaucamp, li sires de Felleton, li</p> -<p>sires de Brasseton, messires Jehans Chandos, li sires</p> -<p>de le Ware, li sires de Muleton et messires Robers</p> -<p>d'Artois, qui s'appelloit contes de Ricemont, et estoit</p> -<p>dals le roy en grant arroi et en bonne estoffe, et <span class="dalign">5</span></p> -<p>pluiseur aultre baron et chevalier, plain d'onneur et</p> -<p>de proce, des quelz je ne puis mie de tous parler,</p> -<p>ne leurs bien fais ramentevoir. Mais il s'i esprouvrent</p> -<p>si bien et si vassaument, par mi un secours de</p> -<p>Bruges et dou pays voisin qui leur vint, qu'il obtinrent <span class="dalign">10</span></p> -<p>le place et l'yawe. Et furent li Normant et tout</p> -<p>cil qui l estoient encontre yaus mort et desconfi, peri</p> -<p>et noiiet, ne onques pis n'en escapa que tout ne</p> -<p>fuissent mis (mort<a id="FNanchor_336" href="#Footnote_336" class="fnanchor"> [336]</a>). Ceste avenue fu moult tost</p> -<p>sceue par mi Flandres et puis en Haynau. Et en vinrent <span class="dalign">15</span></p> -<p>les certainnes nouvelles ens s deux hos, </p> -<p>heure de mienuit, devant Thun l'Evesque. Si en furent</p> -<p>Haynuier, Flamench, Alemant et Braibenon</p> -<p>moult resjoy, et li Franois trs courouciet. Or vous</p> -<p>conterons dou roy engls comment il persevera <span class="dalign">20</span></p> -<p>apris la bataille faite.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 116. Quant ceste victore, ensi que dessus est</p> -<p>dit, fu avenue au roy engls, il demora toute celle</p> -<p>nuit, qui fu la vigile Saint Jehan Baptiste, sus mer</p> -<p>en ses naves devant l'Escluse, en grant bruit et en <span class="dalign">25</span></p> -<p>grant noise de trompes et de nakaires et de toutes</p> -<p>manires de menestraudies. Et l le vinrent veoir</p> -<p>chil de Flandres, qui estoient enfourm de se venue.</p> -<p>Si demanda li dis rois nouvelles as bourgois de Bruges,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_39"> 39</a></span></div> -<p>de Jakemon d'Artevelle; et cil respondirent qu'il</p> -<p>estoit une semonse dou conte de Haynau contre le</p> -<p>duch de Normendie, plus de soixante mille Flamens.</p> -<p>Ces parolles furent asss plaisans au roy engls.</p> -<p>Quant ce vint l'endemain, le jour Saint Jehan, <span class="dalign">5</span></p> -<p>li rois et toutes ses gens prisent port et terre. Et se</p> -<p>mist li rois tout piet, et grant fuison de se chevalerie;</p> -<p>et s'en vinrent en cel estat en pelerinage </p> -<p>Nostre Dame d'Ardenbourch. L oy messe li rois et</p> -<p>disna, et puis monta; et vint celi jour, sus le soir, <span class="dalign">10</span></p> -<p>Gand, o ma dame la royne sa femme estoit, qui le</p> -<p>rechut grant joie. Et toutes les gens le roy et tous</p> -<p>leurs harnois vinrent celle part depuis petit petit.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Li rois d'Engleterre avoit escript et segnefiiet sa</p> -<p>venue as signeurs qui encores estoient Thun l'Evesque, <span class="dalign">15</span></p> -<p>devant les Franois: si ques, si tretost qu'il</p> -<p>sceurent qu'il estoit arrivs, et qu'il avoit desconfis</p> -<p>les Normans, il se deslogirent. Et donna li dis contes</p> -<p>de Haynau, quel priire et mandement il estoient</p> -<p>l venu, toutes manires de gens congiet, exceptet <span class="dalign">20</span></p> -<p>les corps des grans signeurs. Mais chiaus l</p> -<p>amena il en Valenchines, et les festia et honnoura</p> -<p>grandement, par especial le duch de Braibant et Jakemon</p> -<p>d'Artevelle. Et l preea li dis d'Artevelle, en</p> -<p>mi le marchiet, present tous les signeurs et chiaus <span class="dalign">25</span></p> -<p>qui le peurent or. Et remoustra quelz drois li rois</p> -<p>d'Engleterre avoit le calenge de France, et ossi quel</p> -<p>poissance li troi pays avoient, Flandres, Haynau et</p> -<p>Braibant, quant il estoient d'un accord et d'une alliance</p> -<p>ensamble. Et fist tant adonc, par ses paroles <span class="dalign">30</span></p> -<p>et par son grant sens, que toutes manires de gens</p> -<p>qui l'orent et entendirent, disent qu'il avoit durement</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_40"> 40</a></span></div> -<p>bien parlet et par grant experiense, et en fu de</p> -<p>tous moult los et prisis; et disent qu'il estoit bien</p> -<p>dignes de gouvrener et excerser le cont de Flandres.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Apris ces coses faites et devises, li signeur se</p> -<p>partirent li un de l'autre, et prisent un brief jour de <span class="dalign">5</span></p> -<p>estre ensamble Gand dals le roy d'Engleterre. Si</p> -<p>y furent le sizime jour apris, et vinrent veoir le roy,</p> -<p>qui les rechut grant chire, et les conjoy et festia</p> -<p>moult liement. Et ossi fist la royne d'Engleterre,</p> -<p>Phelippe de Haynau, qui asss nouvellement estoit <span class="dalign">10</span></p> -<p>releve d'un fil qui s'appelloit Jehans, et fu depuis</p> -<p>dus de Lancastre de par ma dame, sa femme, fille</p> -<p>au duch Henri de Lancastre, si com vous ors recorder</p> -<p>avant en l'ystore. Adonc fu pris et assigns</p> -<p>uns certains jours de parlement, estre Villevort<span class="dalign">15</span></p> -<p>tous les signeurs et leurs consaulz, et li consaulz des</p> -<p>bonnes villes de leurs pays. Si se partirent dou roy</p> -<p>d'Engleterre, et s'en rala cescuns en son lieu, attendans</p> -<p>que li termes devoit venir pour estre Vilvort,</p> -<p>si com dessus est dit. Or vous compterons un petit <span class="dalign">20</span></p> -<p>dou roy de France, et de aucunes de ses ordenances,</p> -<p>(qu'il fist depuis<a id="FNanchor_337" href="#Footnote_337" class="fnanchor"> [337]</a>) qu'il sceut que li rois engls fu</p> -<p>arivs en Flandres.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 117. Quant li rois Phelippes de France sceut le</p> -<p>verit de sen arme sus mer, comment il avoient <span class="dalign">25</span></p> -<p>est desconfi, et que li rois engls, ses adversaires,</p> -<p>estoit arrivs paisievlement en Flandres, si en fu durement</p> -<p>couroucis, ms amender ne le peut; si se</p> -<p>desloga et se retray viers Arras, et donna une partie</p> -<p>de ses gens d'armes congiet, jusques tant qu'il oroit <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_41"> 41</a></span></div> -<p>aultres nouvelles. Mais il envoia monsigneur Godemar</p> -<p>dou Fay en Tournay, pour l aviser des besongnes,</p> -<p>et penser que la cit fust bien pourveue, car il</p> -<p>se doubtoit plus des Flamens que d'autrui. Et mist</p> -<p>le signeur de Biaugeu en Mortagne, pour faire frontire <span class="dalign">5</span></p> -<p>contre les Haynuiers; et envoia grant fuison de</p> -<p>gens d'armes Saint Omer, Aire et Saint Venant;</p> -<p>et pourvei souffissamment tout le pays, sus les frontires</p> -<p>de Flandres.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>En ce temps, regnoit uns rois en Sesille, qui s'appelloit <span class="dalign">10</span></p> -<p>Robers, qui avoit le fame et le renomme de</p> -<p>estre trs grans astro(no)miens, et deffendoit, ce qu'il</p> -<p>pooit, au roy de France et son conseil que point</p> -<p>ne se combatesist au roy engls, car li dis rois engls</p> -<p>devoit estre trop fortuns en toutes ses besongnes. <span class="dalign">15</span></p> -<p>Et euist volentiers veu li dis rois Robers que on euist</p> -<p>les dessus dis rois mis acord et fin de leur guerre,</p> -<p>car il amoit tant la couronne de France que envis</p> -<p>veist se desolation. Si estoit li dessus dis rois en ce</p> -<p>temps venus en Avignon devers le pape Clement et <span class="dalign">20</span></p> -<p>le Collge, et leur avoit remoustr les perilz qui</p> -<p>pooient estre en France, par le fait des guerres des</p> -<p>deux rois, et encores avoech ce priiet et requis qu'il</p> -<p>se volsissent ensonniier d'yaus apaisenter, pour tant</p> -<p>qu'il les veoit si esmeus en grant guerre o nulz <span class="dalign">25</span></p> -<p>n'aloit au devant. De quoi li papes Clemens VI<sup>e</sup> et</p> -<p>li cardinal l'en avoient respondu tout point et dit</p> -<p>qu'il y entenderoient volentiers, ms que li doi roy</p> -<p>en volsissent or.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 118<a id="FNanchor_338" href="#Footnote_338" class="fnanchor"> [338]</a>. Or retourrons nous au parlement qui fu 30</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_42"> 42</a></span></div> -<p>Vilvort, si com dessus est dit. A ce parlement qui</p> -<p>fu Vilvort, furent tout cil signeur aprs denommet:</p> -<p>premierement li rois d'Engleterre, li dus Jehans de</p> -<p>Braibant, li contes de Haynau, messires Jehans de</p> -<p>Haynau, ses oncles, li dus de Guerles, li contes de <span class="dalign">5</span></p> -<p>Jullers, li markis de Blankebourch, li markis de Misse</p> -<p>et d'Eurient, li contes des Mons, messires Robers</p> -<p>d'Artois, li sires de Faukemont, messires Guillaumes</p> -<p>de Duvort, li contes de Namur, Jakemes d'Artevelle,</p> -<p>et grant fuison d'aultres signeurs; et de toutes les <span class="dalign">10</span></p> -<p>bonnes villes de Flandres, de Braibant et de Haynau,</p> -<p>deux ou quatre hommes, par manire de conseil. L</p> -<p>furent parlement et consilliet pluiseur avis et estatut</p> -<p>entre les signeurs et leurs pays. Et acordrent et</p> -<p>seelrent li troy pays, loist assavoir Flandres, Haynau <span class="dalign">15</span></p> -<p>et Braibant, qu'il seroient, de ce jour en avant,</p> -<p>aidant et confortant l'un l'autre, en tous cas et en</p> -<p>tous afaires. Et se alloiirent par certainnes couvenences</p> -<p>que, se li uns des trois pays avoit faire contre</p> -<p>qui que ce fust, li doi autre le devoient aidier. Et <span class="dalign">20</span></p> -<p>se il avenoit qu'il fuissent en discort dou temps venir</p> -<p>li doi ensamble, li tiers y devoit mettre bon acord.</p> -<p>Et se il n'estoit fors pour ce faire, il s'en devoit traire</p> -<p>au roy d'Engleterre, en qui main ces couvenences et</p> -<p>alliances estoient dittes et jures tenir fermes et <span class="dalign">25</span></p> -<p>estables, qui comme ressors les devoit apaisenter.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Et furent pluiseur estatut l juret, escript et seelet,</p> -<p>qui depuis se tinrent trop mal. Mais toutes fois,</p> -<p>par confirmation d'amour et d'unit, il ordonnrent</p> -<p> faire forgier une monnoie coursable ens s trois <span class="dalign">30</span></p> -<p><span class="pagenum"><a id="Page_43"> 43</a></span></p> -<p>pays, que on appelleroit <i>compagnons</i> ou <i>alloiis</i>. Sus</p> -<p>le fin des parlemens, il fu dit et arrest et regard</p> -<p>pour le milleur que, environ le Magdelainne, li rois</p> -<p>engls s'esmouveroit et venroit efforciement mettre</p> -<p>le sige devant le bonne cit de Tournay. Et l y <span class="dalign">5</span></p> -<p>devoient estre avoecques lui tout li signeur dessus</p> -<p>nommet, avoech leur mandement de chevaliers et</p> -<p>d'escuiers, et li pooirs des bonnes villes. Si se partirent</p> -<p>sus tel estat que pour yaus retraire en leurs</p> -<p>pays, et appareillier souffisanment, cescun selonch <span class="dalign">10</span></p> -<p>che qu'il apertenoit, pour estre mieus pourveu, quant</p> -<p>li jours et li termes venroit qu'il devoi(en)t estre devant</p> -<p>le cit de Tournay, et cescuns selonch son estat.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 119. Or sceut li rois Phelippes, asss tost apris</p> -<p>le departement de ces signeurs qui Vilvort avoient <span class="dalign">15</span></p> -<p>est, le plus grant partie de l'ordenance de ce parlement</p> -<p>et tout l'estat, et comment li rois engls devoit</p> -<p>venir assegier le cit de Tournay; si s'avisa qu'il le</p> -<p>conforteroit telement et y envoieroit si bonne chevalerie,</p> -<p>que la cit seroit toute seure et bien consillie. <span class="dalign">20</span></p> -<p>Si y envoia droitement fleur de chevalerie, le conte</p> -<p>Raoul d'Eu, connestable de France, et le jone conte</p> -<p>de Ghines, son fil, le conte de Fois et ses frres, le</p> -<p>conte Aimeri de Nerbonne, monsigneur Aymart de</p> -<p>Poitiers, monsigneur Joffroi de Chargni, monsigneur <span class="dalign">25</span></p> -<p>Gerart de Montfaucon, ses deux mareschaus monsigneur</p> -<p>Robert Bertran et monsigneur Mahieu de Trie,</p> -<p>le signeur de Kaieus, le senescal de Poito, le signeur</p> -<p>de Chastillon et monsigneur Jehan de Landas. Chil</p> -<p>avoient avoech yaus chevaliers et escuiers, preus as <span class="dalign">30</span></p> -<p>armes, et trs bonnes gens. Si leur pria li dis rois</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_44"> 44</a></span></div> -<p>chierement qu'il vosissent si bien penser et songnier</p> -<p>de Tournay que nulz damages ne s'en presist; et il</p> -<p>li eurent en couvent. Adonc se partirent il d'Arras,</p> -<p>et chevaucirent tant par leurs journes qu'il vinrent</p> -<p> Tournay. Si y trouvrent monsigneur Godemar <span class="dalign">5</span></p> -<p>dou Fay, qui en devant y avoit est envoiis, qui</p> -<p>les rechut liement; et ossi fisent tout li homme de le</p> -<p>ville. Asss tost apris che qu'il furent venu, il regardrent</p> -<p>et fisent regarder as pourveances de le</p> -<p>cit, tant en vivres comme en artillerie, et ordonnrent <span class="dalign">10</span></p> -<p>bien et point, selonch che qu'il besongnoit;</p> -<p>et y fisent amener et achariier, dou pays voisin,</p> -<p>grant fuison de bls et d'avainnes et de toutes aultres</p> -<p>pourveances, tant que la chit fu en bon point,</p> -<p>pour lui tenir un grant temps. <span class="dalign">15</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 120<a id="FNanchor_339" href="#Footnote_339" class="fnanchor"> [339]</a>. Or retourrons au roy d'Engleterre, qui se</p> -<p>tenoit Gand, dals la royne sa femme, et entendoit</p> -<p> ordener ses besongnes. Quant li termes deubt</p> -<p>approcier que li signeur dessus nommet se devoient</p> -<p>trouver devant Tournay, et que li bled commenoient <span class="dalign">20</span></p> -<p> meurir, li rois engls se parti de Gand </p> -<p>moult belle gent d'armes de son pays, sept contes,</p> -<p>deux prelas, vingt huit baners et bien deux cens</p> -<p>chevaliers. Et estoient Engls quatre mille hommes</p> -<p>d'armes et neuf mille archiers, sans le pietaille. Si <span class="dalign">30</span></p> -<p>s'en vint et passa et toute sen host parmi le ville de</p> -<p>Audenarde; et puis passa le rivire d'Escaut, et s'en</p> -<p>vint logier devant Tournay, le porte c'on dist</p> -<p>Saint Martin, ou chemin de Lille et de Douay. Asss</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_45"> 45</a></span></div> -<p>tost aprs, vint ses cousins li dus de Braibant, plus</p> -<p>de vingt mille hommes, chevaliers et escuiers, et les</p> -<p>communauts de ses bonnes villes. Et se loga li dis</p> -<p>dus devant Tournay; et comprendoit sen host grant</p> -<p>quantit de terre. Et estoient Braibenon logiet au <span class="dalign">5</span></p> -<p>Pont Ris, contreval l'Escaut, mouvant de l'abbeye</p> -<p>Saint Nicolay, revenans vers le Pire et le porte Vale(n)cenoise.</p> -<p>Apris estoit li contes Guillaumes de</p> -<p>Haynau avoech belle bachelerie de son pays; et avoit</p> -<p>grant fuison de Hollandois et de Zellandois, qui le <span class="dalign">10</span></p> -<p>gardoient de pris, et le servoient ensi que leur signeur.</p> -<p>Et estoit li contes de Haynau logis entre le</p> -<p>duch de Braibant et le roi d'Engleterre. Apris estoit</p> -<p>Jakemes d'Artevelle plus (de) soixante mil Flamens</p> -<p>sans chiaus de Ippre, de Popringhe et de Cassiel et <span class="dalign">15</span></p> -<p>de le chastelerie de Berghes, qui estoient envoiiet</p> -<p>d'autre part, ensi que vous ors chi aprs. Et estoit</p> -<p>Jakemes d'Artevelle logis le porte Sainte Fontainne,</p> -<p>d'une part de l'Escaut et d'aultre. Et avoient</p> -<p>li Flamench fait un pont de nefs sus l'Escaut, pour <span class="dalign">20</span></p> -<p>aler et venir lor aise. Li dus de Guerles, li contes</p> -<p>de Jullers, li markis de Blankebourch, li markis de</p> -<p>Misse et d'Eurient, li contes des Mons, li contes de</p> -<p>Saumes, li sires de Faukemont, li sires de Bakehen</p> -<p>et tout li Alemant estoient logiet d'autre part devers <span class="dalign">25</span></p> -<p>Haynau, et avoient fait ossi un pont sus l'Escaut, au</p> -<p>dessus de Tournay, et pooient aler et chevaucier de</p> -<p>l'une host en l'autre. Ensi estoit la cit de Tournay</p> -<p>assise et environne de tous ls et de tous costs, ne</p> -<p>nulz n'en pooit partir, entrer ne aler, que ce ne fust</p> -<p>par congiet, et qu'il ne fust veus et aperceus de <span class="dalign">30</span></p> -<p>chiaus de l'ost, sus le quel costet que che fust.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_46"> 46</a></span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 121. Chilz siges fais et arrests devant le cit de</p> -<p>Tournay, si com vous avs oy, dura longement. Et</p> -<p>estoit li hos de chiaus de dehors bien pourveue et</p> -<p>avitaillie de tous vivres, et bon marchiet, car il</p> -<p>lor venoit de tous ls, par terre et par yawe. Si <span class="dalign">5</span></p> -<p>y eut, le sige durant, l environ pluiseurs belles</p> -<p>apertises d'armes faites et pluiseurs chevaucies, des</p> -<p>qules nous ferons en sievant mention. Car li</p> -<p>jones contes de Haynau, qui estoit hardis et entreprendans,</p> -<p>avoit si pris en coer ceste guerre, comment <span class="dalign">10</span></p> -<p>que de premiers il en fu moult frois, que c'estoit</p> -<p>cilz par qui toutes se mettoient sus les envaies</p> -<p>et les chevaucies. Et se parti de l'host une matine,</p> -<p> bien cinq cens lances, et s'en vint passer desous</p> -<p>Lille, et ardi le bonne ville de Seclin et grant fuison <span class="dalign">15</span></p> -<p>de villiaus l environ. Et coururent si coureur jusques</p> -<p>ens s fourbours de Lens en Artois. Tout ce fu</p> -<p>record au roy Phelippe, son oncle, qui se tenoit en</p> -<p>Arras; si en fu moult couroucis, ms amender ne</p> -<p>le peut tant c' ceste fois. Encores apris ceste chevaucie, <span class="dalign">20</span></p> -<p>en remist li contes une sus, et chevaua</p> -<p>adonc devers le bonne ville d'Orcies; si fu prise et</p> -<p>arse, car elle n'estoit point freme, et Landas et li</p> -<p>Celle, et pluiseur bon village qui sont l en ce contour.</p> -<p>Et coururent tout le pays o il eurent trs grant <span class="dalign">25</span></p> -<p>pillage, et puis s'en revinrent au sige de Tournay.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>D'autre part, li Flamench assalloient souvent chiaus</p> -<p>de Tournay, et avoient fait en nefs sus l'Escaut bierfrois</p> -<p>et atournemens d'assaus; et venoient hurter et</p> -<p>escarmucier, pris que tous les jours, chiaus de <span class="dalign">30</span></p> -<p>Tournay. S'en y avoit souvent des navrs, des uns</p> -<p>et des aultres. Et se mettoient en grant painne li</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_47"> 47</a></span></div> -<p>Flamench de conquerre et de damagier Tournay,</p> -<p>tant avoient pris le guerre en coer. Et on dist et</p> -<p>voirs est qu'il n'est si felle guerre que de voisins et</p> -<p>d'amis. Et entre les assaus que li Flamench fisent, il en</p> -<p>y eut un qui dura un jour tout entier. L eut tamainte <span class="dalign">5</span></p> -<p>grant apertise d'armes faite, car tout li signeur et li</p> -<p>chevalier qui en Tournay estoient furent cel assaut.</p> -<p>Et estoit li dis assaus fais en nefs et en vaissiaus, </p> -<p>ce appareillis de lonch temps, pour ouvrir et pour</p> -<p>rompre les barrires le posterne de l'arce; mais <span class="dalign">10</span></p> -<p>elles furent si bien deffendues que li Flamench n'i</p> -<p>conquisent riens; anois perdirent une nef toute cargie</p> -<p>de gens, dont il en y eut plus de six vingt noiis;</p> -<p>et retournrent au soir tout lasset et tout travilliet.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 122. Le sige durant et tenant devant Tournay, <span class="dalign">15</span></p> -<p>issirent hors une matine li saudoiier de Saint Amand,</p> -<p>dont il en y avoit grant fuison, et vinrent Hanon</p> -<p>qui se tient de Haynau, et ardirent le ville et violrent</p> -<p>l'abbeye et destruisirent le moustier; et en menrent</p> -<p>et en portrent devant yaus tout che que mener <span class="dalign">20</span></p> -<p>et emporter en peurent, et puis retournrent en</p> -<p>Saint Amand. Asss tost aprs, se partirent li saudoiier</p> -<p>dessus dit, et passrent le bos de Saint Amand,</p> -<p>et vinrent jusques l'abbeye de Vicogne, pour le</p> -<p>ardoir et essillier; et en fuissent venu leur entente, <span class="dalign">25</span></p> -<p>car il avoient fait un grant feu contre le porte, pour</p> -<p>le ardoir et abatre force; mais uns gentilz abbes,</p> -<p>qui laiens estoit pour le temps, y pourvei de grant</p> -<p>remde. Car, quant il eut consider le peril, il monta</p> -<p> cheval et parti par derrire, et chevaua tous les <span class="dalign">30</span></p> -<p>bos, le couverte, et fist tant que moult quoiteusement</p> -<span class="pagenum"><a id="Page_48"> 48</a></span> -<p>il vint Valenchines. Si requist au prevost de</p> -<p>le ville et as jurs que on li volsist prester les arbalestriers</p> -<p>de le ville, pour aidier deffendre sa maison;</p> -<p>et cil li acordrent volentiers. Si les en mena</p> -<p>dans abbes avoech lui; et passrent derrire Raimes, <span class="dalign">5</span></p> -<p>et les mist en ce bois, qui regarde vers le Pourcelet,</p> -<p>et sus le caucie. L commencirent il traire et </p> -<p>berser sur ces bidaus et Geneuois, qui estoient devant</p> -<p>le porte de Vicongne. Si tretost qu'il sentirent</p> -<p>ces saiettes qui leur venoient de dedens le bos, si furent <span class="dalign">10</span></p> -<p>tout effra, et se misent au retour, cescuns qui</p> -<p>mieulz mieulz. Ensi fu li abbeye de Vicongne sauve.</p> -</div> -<div class="section"> -<p>En ce temps, estoit li contes de (Lille), en Gascongne,</p> -<p>de par le roy de France, qui y faisoit la guerre,</p> -<p>et avoit pris repris et conquis tout le pays d'Acquitainne; <span class="dalign">15</span></p> -<p>et y tenoit les champs, plus de six mille</p> -<p>chevaus; et avoit assis Bourdiaus, par terre et par</p> -<p>aigue. Si estoient avoecques le dit conte toute li fleur</p> -<p>de chevalerie des marches de Gascongne, li contes</p> -<p>de Pieregorth, li contes de Commignes, (ly vicontes <span class="dalign">20</span></p> -<p>de Carmaing<a id="FNanchor_340" href="#Footnote_340" class="fnanchor"> [340]</a>), li viscontes de Villemur, li viscontes</p> -<p>de Brunikiel, li sires de la Barde et pluiseur aultre</p> -<p>baron et chevalier. Et n'estoit nulz, de par le roy</p> -<p>engls, qui leur veast leurs chevaucies, fors tant que</p> -<p>les forterces englesces se tenoient et gardoient leur <span class="dalign">25</span></p> -<p>pooir. Et l en ce pays avinrent moult de biaus fais</p> -<p>d'armes, des quelz nous vous parlerons ch en apris,</p> -<p>quant temps et lieus sera. Ms nous retourrons encores</p> -<p>un petit as besongnes qui avinrent en Escoce,</p> -<p>le sige durant et tenant devant le cit de Tournay. <span class="dalign">30</span></p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_49"> 49</a></span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 123. Vous devs savoir que messires Guillaumes</p> -<p>de Douglas, filz dou frre monsigneur Guillaume</p> -<p>de Douglas qui demora en Espagne, si com chi dessus</p> -<p>est contenu, li jones contes de Mouret, li contes</p> -<p>Patris, li contes de Surlant, messires Robers de Versi, <span class="dalign">5</span></p> -<p>messires Symons Fresel, Alixandres de Ramesay estoient</p> -<p>demoret chapitainne del remanant d'Escoce,</p> -<p>et se tenoient et tinrent longement en celle forest de</p> -<p>Gedours, par yvier temps et par est, par l'espasse</p> -<p>de sept ans et plus, comme trs vaillans gens; et guerrioient <span class="dalign">10</span></p> -<p>toutdis les villes et les forterces, l o li rois</p> -<p>Edowars avoit mis ses gens et ses garnisons; et souvent</p> -<p>leur avenoit des belles aventures et perilleuses,</p> -<p>des qules il se partoient grant honneur, par quoi</p> -<p>on les doit conter entre les preus, ossi fait on. <span class="dalign">15</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Si avint ens ou temps que li rois engls estoit par</p> -<p>de, et guerrioit le royaume de France, et seoit</p> -<p>devant Tournay, que li rois Phelippes envoia en Escoce</p> -<p>gens, qui arrivrent en le ville de Saint Jehan.</p> -<p>Et prioit adonc li rois de France ces dessus nomms <span class="dalign">20</span></p> -<p>signeurs d'Escoce qu'il volsissent esmouvoir et</p> -<p>faire si grant guerre sus le royaume d'Engleterre,</p> -<p>qu'il couvenist que li rois engls s'en ralast oultre,</p> -<p>et deffesist son sige de devant Tournay, et leur promist</p> -<p> aidier et conforter de poissance, de gens et <span class="dalign">25</span></p> -<p>d'avoir: si ques, en ce temps que li siges fu devant</p> -<p>Tournay, cil signeur d'Escoce se pourveirent, </p> -<p>le requeste dou roy de France, pour faire une grande</p> -<p>chevaucie sus les Engls. Quant ilz furent bien pourveu</p> -<p>de grans gens, ensi qu'il leur besongnoit, il se <span class="dalign">30</span></p> -<p>partirent de le forest de Gedours, et alrent par toute</p> -<p>Escoce reconquerre des forterces celles qu'il peurent</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_50"> 50</a></span></div> -<p>ravoir; et passrent oultre le bonne cit de Bervich</p> -<p>et le rivire de Thin, et entrrent ens ou pays de</p> -<p>Northombreland, qui jadis fu royaumes. L trouvrent</p> -<p>ilz bestes grasses grant fuison. Si gastrent</p> -<p>tout le pays et ardirent jusques le cit de Duremme <span class="dalign">5</span></p> -<p>et asss oultre; puis s'en retournrent arrire par</p> -<p>un aultre chemin, gastant et ardant le pays, si qu'il</p> -<p>destruisirent bien en celle chevaucie trois journes</p> -<p>long del pays le roy engls; et puis rentrrent ens</p> -<p>ou pays d'Escoce, et reconquisent toutes les forterces <span class="dalign">10</span></p> -<p>que li Engls tenoient, hors mis le bonne cit de</p> -<p>Bervich, et trois aultres fors chastiaus qui leur faisoient</p> -<p>trop grant anoy et souvent, pour le(s) vaillans</p> -<p>gens qui les gardoient, et le pays d'entours ossi. Et</p> -<p>estoient et sont encores chil troi chastiel si fort que <span class="dalign">15</span></p> -<p> painnes poroit on trouver si fors en nul pays. Si</p> -<p>appell' on l'un Struvelin, l'autre Rosebourch, et le</p> -<p>tierch et le souverain de tout le royaume d'Escoce</p> -<p>Haindebourch. Li chastians de Haindebourch siet</p> -<p>sus une haute roce, par quoi on voit tout le pays <span class="dalign">20</span></p> -<p>d'environ. Et est la montagne si roste et si malaisie</p> -<p>que grant painne y poet uns homs monter, sans</p> -<p>reposer deux fois ou trois, et ensi uns chevaus demie</p> -<p>charge. Et estoit cilz adonc qui faisoit plus de</p> -<p>contraires ces signeurs d'Escoce et leurs gens. Et <span class="dalign">25</span></p> -<p>en estoit chastellains et gardiiens, pour le temps de</p> -<p>lors, uns vaillans chevaliers engls, qui s'appelloit</p> -<p>messires Gautiers de Limoges, frres germains monsigneur</p> -<p>Richart de Limosin, qui si vaillamment se</p> -<p>tint et deffendi Thun l'Evesque contre les Franois. <span class="dalign">30</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p>Or avint, en ce temps que li siges se tenoit devant</p> -<p>Tournay, et que cil signeur d'Escoce, si com</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_51"> 51</a></span></div> -<p>dessus est dit, chevauoient parmi le pays d'Escoce,</p> -<p>reconquerant les forterces leur loyal pooir, messires</p> -<p>Guillaumes Douglas s'avisa d'un grant fait et</p> -<p>perilleus et d'une grant subtilet, et le descouvri </p> -<p>aucuns de ses compagnons, au conte Patris, monsigneur <span class="dalign">5</span></p> -<p>Symon Fresiel, qui avoit estet mestres et</p> -<p>gardiiens dou roy David d'Escoce, et Alixandre de</p> -<p>Ramesai, qui tout s'i accordrent et se misent en</p> -<p>celle perilleuse aventure avoecques le bon chevalier</p> -<p>dessus dit; et prisent bien jusques deux cens compagnons <span class="dalign">10</span></p> -<p>de ces (Escos<a id="FNanchor_341" href="#Footnote_341" class="fnanchor"> [341]</a>) sauvages, pour faire une</p> -<p>embusche, ensi com vous ors. Chil quatre signeur</p> -<p>et gouvreneur de tous les Escos, qui savoient le pense</p> -<p>li uns de l'autre, entrrent en mer toute leur</p> -<p>compagnie, et fisent pourveance d'avainne, de blanche <span class="dalign">15</span></p> -<p>farine, et de carbon de fvres; puis arrivrent</p> -<p>paisievlement un port qui estoit trois liewes</p> -<p>pris de ce fort chastiel de Haindebourch, qui lor</p> -<p>destraindoit plus que tout li aultre. Quant il furent</p> -<p>arrivet, il issirent hors par nuit, et prisent dix ou <span class="dalign">20</span></p> -<p>douze des compagnons ens s quelz ilz se confioient</p> -<p>le plus, et se vestirent de povres cotes deschires et</p> -<p>de povres capiaus, guise de povres marcheans, et</p> -<p>chargirent douze petis chevals de douze sas, les uns</p> -<p>emplis d'avainne, les aultres de farine, et le(s) aultres <span class="dalign">25</span></p> -<p>de charbon de fvres. Et envoiirent les aultres compagnons</p> -<p>embuschier en une deschire abbeye et gaste</p> -<p>l o nulz ne demoroit; et estoit asss pris dou</p> -<p>piet de le montagne sour quoi li chastiaus seoit.</p> -<p>Quant jours fu, cil marchant, qui estoient couvertement <span class="dalign">30</span></p> -<p>armet, s'esmurent et se misent au chemin viers</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_52"> 52</a></span></div> -<p>le chastiel tout les chevaus chargis, ensi que vous</p> -<p>avs oy. Quant il vinrent au piet de le montagne,</p> -<p>qui estoit si roste et si malaisie monter, il menrent</p> -<p>les chevals chargis amont, ensi qu'il peurent.</p> -<p>Quant il vinrent en le moiien de le montagne, li <span class="dalign">5</span></p> -<p>dis messires Guillaumes Douglas et messires Symons</p> -<p>Fresiel alrent devant (et firent les autres venir<a id="FNanchor_342" href="#Footnote_342" class="fnanchor"> [342]</a></p> -<p>tout bellement), et fisent tant qu'il vinrent au</p> -<p>portier, et li disent qu'il avoient amenet, en grant</p> -<p>paour, bled, farine et avainne; s'il leur besongnoit,<span class="dalign">10</span></p> -<p>il leur venderoient volentiers, et bon marchi. Li</p> -<p>portiers respondi que voirement besongneroient il bien</p> -<p>en le forterce, mais il estoit si matin qu'il n'oseroit</p> -<p>esvillier le signeur de le forterce ne le mestre d'ostel;</p> -<p>mais il fesissent venir avant le pourveance, et il <span class="dalign">15</span></p> -<p>leur ouveroit le premire porte des bailles. Cil le</p> -<p>orent volentiers, et fisent passer avant tout bellement</p> -<p>les aultres avoech leur charge, et entrrent tout</p> -<p>en le porte des bailles, qui leur fu ouverte. Messires</p> -<p>Guillaumes Douglas avoit bien veu que li portiers <span class="dalign">20</span></p> -<p>avoit toutes les cls de le grant porte dou chastiel,</p> -<p>et avoit couvertement demandet au portier le qule</p> -<p>deffremoit le porte, et la qule le guicet. Quant la</p> -<p>porte des bailles fu ouverte, si com vous avs oy, il</p> -<p>misent ens les chevals, et en deschargirent deux, <span class="dalign">25</span></p> -<p>qui portoient les sas plains de charbon, droitement</p> -<p>sus le suel de le porte, fin que on ne le peuist reclore;</p> -<p>puis prisent le portier et le turent si paisievlement</p> -<p>que onques ne dist mot; et prisent les cls,</p> -<p>et deffremrent le porte dou chastiel. Puis corna li <span class="dalign">30</span></p> -<p>dis messires Guillaumes Douglas un cor, et jettrent</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_53"> 53</a></span></div> -<p>il et si treize compagnon les cotes deschires tantost</p> -<p>jus, et reversrent les aultres sas plains de charbon</p> -<p>au travers de le porte, par quoi on ne le peuist clore.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant li aultre compagnon, qui estoient embuschiet</p> -<p>asss pris dou chastiel, ensi que vous avs oy, <span class="dalign">5</span></p> -<p>orent le cor sonner, il sallirent hors de l'embuschement</p> -<p>et coururent contremont le voie del chastiel,</p> -<p>tant qu'il peurent. Li gaitte, qui dormoit adonc, se</p> -<p>esvilla au son del cor, et vey gens monter hasteement</p> -<p>contremont le chastiel, tous arms. Si commena <span class="dalign">10</span></p> -<p> corner et criier tant qu'il peut: Trahi!</p> -<p>Trahi! Adonc se esvilla li chastelains, et tout chil</p> -<p>de laiens ossi s'armrent, si tost qu'il peurent, et</p> -<p>vinrent tout acourant le porte, qui plus tost peurent,</p> -<p>pour le refremer, mais on leur devea, car messires <span class="dalign">15</span></p> -<p>Guillaumes et si douze compagnon leur deffendirent.</p> -<p>Adonc monteplia grans hustins entre yaus,</p> -<p>car chil dou chastiel ewissent volentiers le porte refreme</p> -<p>pour leurs vies sauver, car il perchevoient</p> -<p>bien qu'il estoient trahi. Et cil qui bien avoient <span class="dalign">20</span></p> -<p>acompli leur emprise et leur desirier se penoient</p> -<p>tant qu'il pooient del detenir; et tant fisent par leur</p> -<p>proce qu'il detinrent l'entre, tant que cil de l'embuschement</p> -<p>furent parvenu yaus. Lors se commencirent</p> -<p> esbahir cil dou chastiel, car il veirent <span class="dalign">25</span> </p> -<p>bien qu'il estoient souspris. Si s'efforcirent de deffendre</p> -<p>le chastiel, et de leurs ennemis remettre hors,</p> -<p>se ilz peuissent, et fisent tant d'armes que merveilles</p> -<p>estoit regarder, et par especial messires Gautiers</p> -<p>de Limozin, car il besongnoit. Mais darrain lor deffense <span class="dalign">30</span></p> -<p>ne les peut sauver, comment qu'il en turent</p> -<p>et navrrent aucuns de chiaus dehors, que li dis</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_54"> 54</a></span></div> -<p>messires Guillaumes Douglas et si compagnon ne gaegnassent</p> -<p>le fort chastiel par force, et occirent le plus</p> -<p>grant partie de chiaus qui le gardoient, except le</p> -<p>chastellain et six escuiers qu'il prisent merci. Si</p> -<p>demorrent laiens tout le jour; puis y establirent <span class="dalign">5</span></p> -<p>chastellain (ung<a id="FNanchor_343" href="#Footnote_343" class="fnanchor"> [343]</a>) gentilhomme dou pays, un escuier</p> -<p>qui s'appelloit Symons de Weseby, et avoech lui grant</p> -<p>fuison de bons compagnons et hommes de fief d'Escoce.</p> -<p>Ensi fu repris li fors chastiaus de Haindebourch</p> -<p>en Escoce. Et en vinrent les certainnes nouvelles au <span class="dalign">10</span></p> -<p>roy engls, entrues qu'il seoit devant Tournay, au</p> -<p>quel sige nous retourrons parler, car il est heure.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 124. Vous avs bien chi dessus oy recorder comment</p> -<p>li rois engls avoit assegiet le bonne cit de</p> -<p>Tournay, et moult le constraindoit, car il avoit en <span class="dalign">15</span></p> -<p>son host plus de six vingt mille hommes as armes,</p> -<p>parmi les Flamens, li quel s'acquittoient bien de l'assallir.</p> -<p>Et l'avoient li assegeur telement environn de</p> -<p>tous costs, que riens ne leur pooit venir, entrer</p> -<p>ne issir, qu'il ne fust tantost haps et perceus. Et <span class="dalign">20</span></p> -<p>pour tant que les pourveances de le cit commencirent</p> -<p> amenrir, li signeur de France, qui l estoient,</p> -<p>fisent widier toutes manires de povres gens, qui</p> -<p>pourveu n'estoient pour attendre l'aventure, et les</p> -<p>misent hors plain jour, hommes et femmes; et <span class="dalign">25</span></p> -<p>passrent parmi l'ost dou duch de Braibant qui leur</p> -<p>fist grasce, car il les fist conduire sauvement tout</p> -<p>oultre l'ost. Li rois engls entendi bien par chiaus et</p> -<p>par aultres que la cit estoit durement astrainte; si en</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_55"> 55</a></span></div> -<p>fu plus joieus, et pensa que bien il le conquerroit,</p> -<p>com longement ne quel fret que il y mesist.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>D'autre part, li rois de France, qui se tenoit Arras,</p> -<p>et estoit tenus toute le saison, entendi que cil de</p> -<p>Tournay estoient moult constraint, et qu'il avoient <span class="dalign">5</span></p> -<p>grant mestier d'estre confort. Si s'ordena ce qu'il</p> -<p>les conforteroit, quel mescief que ce fust, car il</p> -<p>ne voloit mies perdre une tle cit que Tournay estoit.</p> -<p>Si fist un trs grant mandement par tout son</p> -<p>royaume, et ossi une grant priire en l'Empire, tant <span class="dalign">10</span></p> -<p>qu'il eut le roy Charlon de Behagne, le duch de</p> -<p>Loeraingne, le conte de Bar, (l'evesque de Lige, l'evesque</p> -<p>de Mis<a id="FNanchor_344" href="#Footnote_344" class="fnanchor"> [344]</a>), l'evesque de Vredun, le conte de</p> -<p>Montbliar, messire Jehan de Chalon, le conte de Genve,</p> -<p>et ossi le conte de Savoie et monsigneur Loeis <span class="dalign">15</span></p> -<p>de Savoie son frre. Tout cil signeur vinrent servir</p> -<p>le roy de France, ce qu'il peurent avoir de gens.</p> -<p>D'autre part, revinrent li dus de Bretagne, li dus de</p> -<p>Bourgongne, li dus de Bourbon, li contes d'Alenon,</p> -<p>li contes de Fors, li contes d'Ermignach, li contes <span class="dalign">20</span></p> -<p>de Flandres, li contes de Blois, messires Charles de</p> -<p>Blois, li contes de Harcourt, li contes de Dammartin,</p> -<p>li sires de Couci, et si grant fuison de barons et</p> -<p>de signeurs, que le nommer par nom et par sournom</p> -<p>seroit uns grans detriemens. Aprs revint li rois de <span class="dalign">25</span></p> -<p>Navare, tout grant fuison de gens d'armes de Navare</p> -<p>et de le terre qu'il tenoit en France, dont il</p> -<p>estoit homs au roy. Et si y estoit li rois David d'Escoce,</p> -<p> le delivrance dou roy de France, belle</p> -<p>route de gens d'armes. <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_56"> 56</a></span></div> -</div> -<div class="section"> -<p> 125. Quant tout cil signeur dessus nommet et</p> -<p>plus encores furent venus Arras devers le roy, il</p> -<p>eut conseil de chevaucier et de traire par devers ses</p> -<p>ennemis; si s'esmeut, et cescuns le sievi, ensi que</p> -<p>ordonn estoit. Et fisent tant par leurs petites journes <span class="dalign">5</span></p> -<p>qu'il vinrent jusques une petite rivire, qui</p> -<p>est trois liewes pris de Tournay, la qule est moult</p> -<p>parfonde et environne de si grans c(r)olires et mars,</p> -<p>que nulz ne le pooit passer fors parmi un petit</p> -<p>pont si estroit que uns seulz homs cheval seroit <span class="dalign">10</span></p> -<p>asss ensonniis dou passer oultre; doi homme ne s'i</p> -<p>poroient combiner. Et loga trestous li hos sus les</p> -<p>camps sans passer le rivire, car il ne peuissent.</p> -<p>L'endemain, li hos demora tous quois. Li signeur,</p> -<p>qui estoient dals le roy, eurent conseil comment il <span class="dalign">15</span></p> -<p>peuissent faire pons, pour passer le rivire dessus</p> -<p>ditte et les crolires plus aise et plus seurement. Si</p> -<p>furent envoiiet aucun chevalier et ouvrier, pour regarder</p> -<p>le passage; mais quant il eurent tout consider</p> -<p>et avis, il regardrent qu'il perdoient le temps; <span class="dalign">20</span></p> -<p>si raportrent au roy qu'il n'i avoit point de passage,</p> -<p>fors par le pont Tressin tant seulement. Si demora</p> -<p>la cose en cel estat, et se logirent li signeur, cescuns</p> -<p>sires par lui et entre ses gens. Les nouvelles</p> -<p>s'espardirent par tout que li rois de France estoit <span class="dalign">25</span></p> -<p>logis au pont Tressin, et entre le pont de Bouvines,</p> -<p>en entente de combatre ses ennemis: si ques</p> -<p>toutes manires de gens d'onneur, qui desiroient </p> -<p>acquerre grasce par fait d'armes, se traioient celle</p> -<p>part, tant d'un ls comme de l'autre. <span class="dalign">30</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or avint que troi chevalier alemant, qui se tenoient</p> -<p>en le garnison de Bouchain, furent informet que li</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_57"> 57</a></span></div> -<p>doi roy s'approoient durement, et que on supposoit</p> -<p>bien qu'il se combateroient. De quoi, li doi</p> -<p>priirent tant leur compagnon qu'il s'acorda ce</p> -<p>qu'il demorroit, et li aultre iroient devant Tournay</p> -<p>querre les aventures; et garderoit le forterce bien et <span class="dalign">5</span></p> -<p>songneusement jusques leur retour. Si se partirent</p> -<p>li doi chevalier, dont on clamoit l'un monsigneur</p> -<p>Conrart de Leusennich, et l'autre monsigneur Conrart</p> -<p>d'Asko; et chevaucirent tant qu'il vinrent vers</p> -<p>Escaupons, deseure Valencines, car il voloient passer <span class="dalign">10</span></p> -<p>l'Escaut Condet. Si orent, entre Frasne et Escaupons,</p> -<p>grant effroi de gens, et en veirent pluiseurs</p> -<p>fuians. Dont brocirent il celle part et leur route, et</p> -<p>pooient estre environ vingt cinq lances; si encontrrent</p> -<p>les premiers qui fuioient, et leur demandrent <span class="dalign">15</span></p> -<p>qu'il leur falloit ne estoit avenu. En non Dieu, signeur,</p> -<p>ce respondirent li fuiant, li saudoiier de Mortagne</p> -<p>sont issu et ont accueilliet grant proie chi entours,</p> -<p>et l'enmainnent et cacent devers leur forterce,</p> -<p>et avoech ou pluiseurs prisonniers de che pays. <span class="dalign">20</span></p> -<p>Donc respondirent li chevalier alemant: Et nous</p> -<p>saris vous mener celle part o il vont?—En</p> -<p>nom Dieu, signeur, oil. Adonc se sont li Alemant</p> -<p>mis en cace apris les Franois de Mortagne, et ont</p> -<p>sievis les bonhommes dou pays qui les avoiirent <span class="dalign">25</span></p> -<p>parmi le bois; et adevancirent les dessus dis asss</p> -<p>pris de Nostre Dame ou Bois et dou Crousage.</p> -<p>Et estoient bien li Franois six vingt saudoiiers;</p> -<p>et enmenoient devant yaus bien deux cens grosses</p> -<p>bestes et aucuns prisonniers paysans dou pays. Et <span class="dalign">30</span></p> -<p>estoit adonc leur chapitainne, de par le signeur de</p> -<p>Biaugeu, uns chevaliers de Bourgongne qui s'appelloit</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_58"> 58</a></span></div> -<p>messires Jehans de Frelais. Sitost que li Alemant</p> -<p>les veirent, il les escriirent fierement et se boutrent</p> -<p>de grant randon en yaus. Et l eut bon hustin et</p> -<p>dur, car li chevaliers bourghignons se mist deffense</p> -<p>bien et hardiement, et li aucun de se route, et <span class="dalign">5</span></p> -<p>non pas tout, car il y eut pluiseurs bidaus qui fuirent;</p> -<p>mais il furent de si pris encauciet des Alemans</p> -<p>et des villains dou pays, qui les sievoient, as planons</p> -<p>et as bourls, que petit en escaprent qu'il ne</p> -<p>fuissent mort et atieret. Et y fu messires Jehans de <span class="dalign">10</span></p> -<p>Frelais pris, et toute la proie (rescousse<a id="FNanchor_345" href="#Footnote_345" class="fnanchor"> [345]</a>) et rendue</p> -<p>as hommes dou pays, qui grant gret en sceurent as</p> -<p>Alemans. Depuis ceste avenue, s'en vinrent li chevalier</p> -<p>devant Tournay, o il furent li bien venu.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 126. Asss tost apris chou que li rois de France <span class="dalign">15</span></p> -<p>s'en fu venus logier host au pont Tressin, se mist</p> -<p>une compagnie de Haynuiers sus, par l'enhort monsigneur</p> -<p>Wauflart de le Crois, qui leur dist qu'il cognissoit</p> -<p>tout le pays, et qu'il les menroit bien en tel</p> -<p>lieu sus l'ost de France o il gaegneroient. Si se partirent <span class="dalign">20</span></p> -<p> son enhort, et pour faire aucun biau fait</p> -<p>d'armes, une ajourne, environ six vingt compagnons,</p> -<p>chevaliers et escuiers, tout pour l'amour li</p> -<p>uns de l'autre, et chevaucirent devers le pont </p> -<p>Tressin, et fisent de monsigneur Guillaume de Bailluel <span class="dalign">25</span>leur chief, et se banire se devoient tout ralloiier.</p> -<p>Ceste meisme matine, chevauoient li Liegois,</p> -<p>dont messires Robers de Bailluel, frres germains au</p> -<p>dessus dit monsigneur Guillaume, estoit chis, de</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_59"> 59</a></span></div> -<p>par les Liegois; car adonc il estoit, et faire le devoit,</p> -<p>avoecques l'evesque de Lige. Si avoient li Liegois</p> -<p>passet le pont Tressin, et estoient espars en ces</p> -<p>biaus plains, entre Tressin et Baisieu, et estoient en</p> -<p>fourage pour leurs chevaus, et ossi pour veoir se il <span class="dalign">5</span></p> -<p>trouveroient nulle aventure o il peuissent pourfiter.</p> -<p>Li Haynuier chevaucirent celle matine, qui d'encontre</p> -<p>nul n'en trouvrent, car il faisoit si grant</p> -<p>bruine que on ne pooit veoir un demi bonnier de</p> -<p>terre loing; et passrent le pont baudement et sans <span class="dalign">10</span></p> -<p>encontre, et messires Wauflars de le Crois (devant<a id="FNanchor_346" href="#Footnote_346" class="fnanchor"> [346]</a>)</p> -<p>qui les menoit. Quant il furent tout oultre, il ordonnrent</p> -<p>que messires Guillaumes de Bailluel et se</p> -<p>banire demorroient au pont, et messires Wauflars</p> -<p>de le Crois, et messires Rasses de Monciaus, et messires <span class="dalign">15</span></p> -<p>Jehans de Sorres, et messires Jehans de Wargni</p> -<p>courroient devant.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Si se departirent li coureur et chevaucirent si</p> -<p>avant que il s'embatirent en l'ost le roy de Behagne</p> -<p>et de l'evesque de Lige, qui asss pris dou pont <span class="dalign">20</span></p> -<p>estoient logiet. Et avoit la nuit fait le gait en l'ost le</p> -<p>roy de Behagne li sires de Rodemach; et j estoit</p> -<p>sus son departement, quant li coureur haynuier vinrent;</p> -<p>si leur sallirent au devant hardiement, quant il</p> -<p>les veirent venir. Et ossi Liegois s'estourmirent; si <span class="dalign">25</span></p> -<p>reboutrent ces coureurs moult asprement. Et y eut</p> -<p>l adonc moult bon puigneis, car Haynuier vassaument</p> -<p>s'i esprouvrent. Toutes fois, pour revenir </p> -<p>leur banire, il se misent devers le pont. E vous Liegois</p> -<p>et Lussemboursins apris venus au pont leur <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_60"> 60</a></span></div> -<p>banire. L y eut grant bataille. Et fu consilliet monsigneur</p> -<p>Guillaume de Bailluel qu'il rapassast le pont,</p> -<p>et se banire, car il avoient encores de leurs compagnons</p> -<p>oultre. Si rapassrent Haynuier au mieus qu'il</p> -<p>peurent. Et y eut au passer mainte belle apertise d'armes <span class="dalign">5</span></p> -<p>faite, mainte prise et mainte rescousse. Et avint</p> -<p>que messires Waufflars de le Crois fu si quoitis que</p> -<p>il ne peut rapasser le pont; si doubta le peril et qu'il</p> -<p>ne fust pris; si s'avisa qu'il se sauveroit. Si issi hors</p> -<p>de le presse, au mieulz qu'il peut, et prist un chemin <span class="dalign">10</span></p> -<p>qu'il cognissoit asss, et se vint bouter en uns mars,</p> -<p>entre rosiaus et crolires, et se tint l un grant temps.</p> -<p>Et li aultre toutdis se combatoient. Les quelz Liegois</p> -<p>et Lussemboursins avoient j rus jus et abatu le</p> -<p>banire monsigneur Guillaume de Bailluel. <span class="dalign">15</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>A ces cops vinrent cil de le route monsigneur Robert</p> -<p>de Bailluel, qui venoient de courir, et entendirent</p> -<p>le hustin; si chevaucirent celle part. Et fist passer</p> -<p>messires Robers de Bailluel sa banire devant,</p> -<p>que uns siens escuiers portoit, qui s'appelloit Jakemes <span class="dalign">20</span></p> -<p>de Forsvie, en escriant: Moriaums! Li Haynuier,</p> -<p>qui j estoient tout escauff, perchurent le</p> -<p>banire de Moriaums qui estoit toute droite; si cuidirent</p> -<p>que ce fust li leurs o il se devoient radrecier;</p> -<p>car moult petit de differense y avoit de l'un <span class="dalign">25</span></p> -<p>l'autre, car les armes de Moriaums sont vairiet contre</p> -<p>vairiet, deux kievirons de geules; et sus le kieviron</p> -<p>messires Robers portoit une petite croiste d'or:</p> -<p>si ne l'avisrent mies bien, pour tant en furent il</p> -<p>deceu; et se vinrent de fait bouter desous le banire <span class="dalign">30</span></p> -<p>monsigneur Robert. L y eut dur hustin. Et furent</p> -<p>li Haynuier fierement rebout et tout desconfi. Et y</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_61"> 61</a></span></div> -<p>furent mort troy bon chevalier de leur cost, messires</p> -<p>Jehans de Wargni, messires Gontiers de Pontelarce,</p> -<p>messires Guillaumes de Pipempois, et pluiseur</p> -<p>aultre bon escuier et homme d'armes, dont ce fu</p> -<p>damages, et pris messires Jehans de Sorre, messires <span class="dalign">5</span></p> -<p>Daniaus Bleze, messires Rasses de Monchiaus, messires</p> -<p>Loeis de Jupeleu et pluiseur aultre. Et retourna</p> -<p>au mieus qu'il peut messires Guillaumes de Bailluel,</p> -<p>qui se sauva, quoi qu'il y perdesist asss des siens.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>D'autre part, messires Wauflars de le Crois, qui <span class="dalign">10</span></p> -<p>s'estoit bouts et repus entre mars et rosiaus, et se</p> -<p>cuidoit l tenir jusques le nuit, fu perceus d'aucuns</p> -<p>compagnons qui chevauoient sus ces mars et</p> -<p>voloient de leurs oisiaus, et estoient au signeur de</p> -<p>Saint Venant; si fisent si grant noise et si grant bruit <span class="dalign">15</span></p> -<p>que messires Wauflars issi hors, tous desconfis, et se</p> -<p>vint rendre yaus. Il le prisent et le ramenrent en</p> -<p>l'ost, et le delivrrent leur mestre, qui le tint un</p> -<p>jour tout entier en son logeis, et l'euist volentiers</p> -<p>sauv, se il peuist, par cause de pit, car bien savoit <span class="chapter">20</span></p> -<p>qu'il estoit pris sus le teste. Ms il fu accuss,</p> -<p>car les nouvelles vinrent au roy de France de le besongne,</p> -<p>comment elle avoit al, et de monsigneur</p> -<p>Robert de Bailluel, qui avoit ruet jus son frre et les</p> -<p>Haynuiers, et ossi de monsigneur Waufflart de le <span class="dalign">25</span></p> -<p>Crois, qui avoit est pris, o et comment. Pour quoi</p> -<p>li rois en volt avoir le cognissance. Se li fu rendus</p> -<p>li dis messires Wauflars, qui eut moult mal finet;</p> -<p>car li dis rois, (pour complaire ceulx de Lille<a id="FNanchor_347" href="#Footnote_347" class="fnanchor"> [347]</a>),</p> -<p>pour tant qu'il li avoient delivret le conte de Sallebrin <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_62"> 62</a></span></div> -<p>et le conte de Sufforch, leur rendi monsigneur</p> -<p>Waufflart, qui grant temps les avoit guerriis. Dont</p> -<p>cil de Lille furent moult joiant, pour tant qu'il leur</p> -<p>avoit est grans ennemis; et le fisent depuis morir en</p> -<p>leur ville; onques n'en veurent prendre nulle raenon. <span class="dalign">5</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 127. De l'avenue monsigneur Robert de Bailluel</p> -<p>et des Liegois qui avoient ruet jus les Haynuiers,</p> -<p>fu li rois Phelippes tous joians, et en loa grandement</p> -<p>tous chiaus qui y avoient estet. D'autre part, li contes</p> -<p>de Haynau et chil qui leurs amis avoient perdus, <span class="dalign">10</span></p> -<p>en furent tout courouciet, et ce fu bien raisons. Or</p> -<p>avint, asss tost apris que ceste chevaucie dessus</p> -<p>ditte fu avenue, li contes de Haynau, messires Jehans</p> -<p>de Haynau, ses oncles, messires Gerars de Wercin,</p> -<p>seneschaus de Haynau, et bien six cens lances de <span class="dalign">15</span></p> -<p>Haynuiers et d'Alemans se departirent dou sige de</p> -<p>Tournay, et s'en vinrent devant Mortagne. Et manda</p> -<p>li dis contes chiaus de Valenchines qu'il venissent</p> -<p>d'aultre part, et se mesissent entre le Scarp et l'Escaut,</p> -<p>pour assallir le ville; li quel y vinrent en grant <span class="dalign">20</span></p> -<p>estoffe, et fisent achariier et amener grans engiens,</p> -<p>pour jetter le ville.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or vous di que li sires de Biauge(u), qui estoit dedens</p> -<p>et chapitainne de Mortagne, et uns moult sages</p> -<p>guerroiires, s'estoit bien doubts de ces assaus, pour <span class="dalign">25</span></p> -<p>tant que Mortagne siet si pris de l'Escaut et de Haynau,</p> -<p>et de tous costs. Et avoit fait piloter le ditte</p> -<p>rivire d'Escaut, fin que on n'i peuist naviier; et y</p> -<p>pooit avoir, par droit compte, plus de douze cens</p> -<p>pilos. Pour ce ne demora mies que li contes de Haynau <span class="dalign">30</span></p> -<p>et li Haynuier n'i venissent de l'un des costs,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_63"> 63</a></span></div> -<p>et cil de Valencines de l'autre. Si se ordonnrent</p> -<p>et appareillirent et sans delay pour assallir. Et fisent</p> -<p>li Valenciennois tous leurs arbalestriers traire avant</p> -<p>et approcier les barrires; mais il y avoit si grant</p> -<p>trenceis de fosss qu'il n'i pooient avenir. Lors s'avisrent <span class="dalign">5</span></p> -<p>li aucun qu'il passeroient oultre le Scarp,</p> -<p>comment qu'il fust, au desous de Chastiaus l'Abbeye,</p> -<p>et venroient au ls devers Saint Amand, et feroient</p> -<p>assaut le porte qui oevre devers Maude. Si</p> -<p>passrent aucun compagnon volentrieu et armers, et <span class="dalign">10</span></p> -<p>fisent tant qu'il furent oultre le rivire, ensi que proposet</p> -<p>avoient; et furent bien quatre cens tout able</p> -<p>et legier et en grant volent de bien faire le besongne.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Ensi fu Mortagne environne, trois portes, des</p> -<p>Haynuiers, et tous prs de l'assallir. Mais au plus <span class="dalign">15</span></p> -<p>foible des costs, c'estoit devers Maude, si y faisoit</p> -<p>il fort asss. Toutes fois, li sires de Biaugeu vint celle</p> -<p>part, trop bien pourveus dou deffendre, car bien savoit</p> -<p>que d'autre part il n'avoit que faire; et tenoit</p> -<p>un glave roit et fort un lonch fer bien aceret, et <span class="dalign">20</span></p> -<p>desous ce fier avoit un havet agut et prendant: si</p> -<p>ques, quant il avoit lanciet et il pooit sachier, en fichant</p> -<p>le havet en plates ou en haubregon dont on</p> -<p>estoit armet, il couvenoit c'on en venist ou c'on fust</p> -<p>revers en l'aigue. Par ceste manire, en atrapa il et <span class="dalign">25</span></p> -<p>noia ce jour plus de une dousainne. Et fu celle</p> -<p>porte li assaus plus grans que nulle part. Et riens</p> -<p>n'en savoit li contes de Haynau, qui estoit au ls devers</p> -<p>Brifuel, tout rengiet sus le rivage de l'Escaut.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Et avisrent l li signeur entre yaus voie et engien <span class="dalign">30</span></p> -<p>comment on poroit tous les pilos, dont on avoit pilot</p> -<p>l'Escaut, oster et traire hors par force ou par</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_64"> 64</a></span></div> -<p>soubtilit, par quoi on peuist nagier jusques as murs.</p> -<p>Si avisrent et ordonnrent faire en une grosse nef</p> -<p>un engien, qui tous les attrairoit hors l'un apris</p> -<p>l'autre. Dont furent carpentier mandet et mis en oeuvre,</p> -<p>et li dis engiens fais en une nef. Ossi ce meisme <span class="dalign">5</span></p> -<p>jour, levrent cil de Valencines leur costet un</p> -<p>trs biel engien et bien gettant, qui portoit grosses</p> -<p>pires jusques dedens le ville et au chastiel, et travilloit</p> -<p>durement chiaus de Mortagne. Ensi passrent</p> -<p>ce premier jour et le nuit ensiewant, en assallant, <span class="dalign">10</span></p> -<p>avisant et devisant comment il poroient grever Mortagne;</p> -<p>et l'endemain se traisent l'assaut de tous</p> -<p>costs. Encores n'estoit point le second jour fais li</p> -<p>engiens qui devoit traire les pillos hors. Mais li engiens</p> -<p>de chiaus de Valencines jettoit (uniement<a id="FNanchor_348" href="#Footnote_348" class="fnanchor"> [348]</a>) <span class="dalign">15</span></p> -<p>chiaus de Mortagne.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p> 128. Le tierch jour apris, fu la nef toute ordonne</p> -<p>et abillie, et li engiens dedens assis et apparillis,</p> -<p>pour traire hors les pillos. Lors commencirent</p> -<p> aler cil qui s'en ensonnioient au dessus dou <span class="dalign">20</span></p> -<p>pilotis, et emprisent ouvrer, si com command leur</p> -<p>fu. Si s'afficirent oster et traire hors les pilos,</p> -<p>dont il y avoit sems en l'Escaut grant fuison; mais</p> -<p>tant de painne et de labeur eurent, anchois qu'il en</p> -<p>peuissent avoir un, que merveilles fu penser. Si <span class="dalign">25</span></p> -<p>regardrent et considerrent li signeur que jamais il</p> -<p>n'aroient fait; si commandrent cesser cest ouvrage.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>D'autre part, il y avoit dedens Mortagne un mestre</p> -<p>engigneour qui avisa et considera l'engien de chiaus</p> -<p>de Valenchiennes, et comment il grevoit leur forterce. <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_65"> 65</a></span></div> -<p>Si en leva un ou chastiel, qui n'estoit mies trop</p> -<p>grans, et l'attempra bien et point, et ne le fist jetter</p> -<p>que trois fois, dont la premire (pierre<a id="FNanchor_349" href="#Footnote_349" class="fnanchor"> [349]</a>) chei </p> -<p>douze apas pris de l'engien de Valenciennes, la seconde</p> -<p>au piet de le huge, et la tierce pire fu si bien <span class="dalign">5</span></p> -<p>apointie que elle feri l'engien parmi le flche et le</p> -<p>rompi en deux moitis. Adonc fu grande li hue des</p> -<p>saudoiiers de Mortagne. Et chil de Valenchines furent</p> -<p>tout esbahi de leur engien qui estoit rompus</p> -<p>ou moilon, et le alrent regarder grant merveilles. <span class="dalign">10</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 129. Ensi furent li Haynuier devant Mortagne</p> -<p>deux nuis et trois jours que riens n'i conquisent. Si</p> -<p>eut li dis contes de Haynau et messires Jehans ses</p> -<p>oncles avis et volent de retraire au sige de Tournay;</p> -<p>et donnrent congiet chiaus de Valenchiennes <span class="dalign">15</span></p> -<p>de retourner en leur ville. Ensi se departi ceste</p> -<p>assamble. Li Valencienois se retraisent arrire en</p> -<p>Valencines, et li contes et li chevalier s'en revinrent</p> -<p>en l'ost devant Tournay, et se tinrent l environ</p> -<p>trois jours. Et puis fist li contes une priire as compagnons <span class="dalign">20</span></p> -<p>pour amener devant Saint Amand, car les</p> -<p>plaintes estoient venues lui que li saudoiier de</p> -<p>Saint Amand avoient arse l'abbeye de Hanon, et s'estoient</p> -<p>mis en painne d'ardoir Vicongne, et avoient</p> -<p>fait pluiseurs despis as frontires de Haynau, pour <span class="dalign">25</span></p> -<p>quoi li dis contes voloit contrevengier ces fourfaitures.</p> -<p>Si se parti dou dit sige de Tournay bien trois</p> -<p>mille combatans, et s'en vint Saint Amand, qui</p> -<p>adonc n'estoit freme que de palis. Bien avoient li</p> -<p>saudoiier, qui estoient dedens, entendu que li contes <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_66"> 66</a></span></div> -<p>de Haynau les venroit veoir, ms il s'estoient si</p> -<p>glorefiiet en leur orguel qu'il n'en faisoient nul</p> -<p>conte. A ce donc estoit gardiiens et chapitainne de</p> -<p>Saint Amand uns bons chevaliers de le langue d'och,</p> -<p>nomms li seneschaus de Carcassonne, li quelz avoit <span class="dalign">5</span></p> -<p>bien imaginet et consideret le force de le ville. Si en</p> -<p>avoit dit son avis as monnes, et chiaus qui estoient</p> -<p>demoret pour garder l'abbeye et le ville. Et disoit</p> -<p>bien que ce n'estoit pas une forterce tenable contre</p> -<p>une host, non qu'il s'en volsist partir, ms demorer <span class="dalign">10</span></p> -<p>et garder son loyal pooir; mais il le disoit par manire</p> -<p>de conseil. Li parole dou chevalier ne fu mies</p> -<p>oye ne creue bien point, dont il leur mesvint, si</p> -<p>com vous ors chi aprs. Toutes fois, par son enhort,</p> -<p>il avoit fait de lonch temps les plus riches jeuiaus de <span class="dalign">15</span></p> -<p>l'abbeye et de le ville widier et porter Mortagne </p> -<p>sauvet, et l aler l'abbet et tous les monnes, qui</p> -<p>n'estoient tailliet de yaus deffendre.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Cil de Valenchines, qui avoient estet mand dou</p> -<p>conte leur signeur qu'il fuissent un certain jour <span class="dalign">20</span></p> -<p>devant le ville de Saint Amand, et il seroit l'autre</p> -<p>ls, vinrent, ensi que command leur fu, en trs bon</p> -<p>couvenant, et estoient bien douze mille combatans.</p> -<p>Sitost qu'il furent venu devant Saint Amant, il s'i</p> -<p>logirent et misent en bonne ordenance, et puis eurent <span class="dalign">25</span></p> -<p>conseil d'aler assallir. Si fisent armer tous leurs</p> -<p>arbalestriers, et puis traire vers le pont de Scarp. L</p> -<p>commena li assaus durs et fiers et perilleus durement,</p> -<p>et en y eut pluiseurs blecis et navrs, d'un</p> -<p>ls et d'aultre. Et dura cilz assaulz tout le jour, que <span class="dalign">30</span></p> -<p>onques cil de Valenciennes n'i peurent riens fourfaire;</p> -<p>mais en y eut des mors et des navrs grant</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_67"> 67</a></span></div> -<p>fuison des leurs. Et leur disoient li saudoiier et li</p> -<p>bidau qui laiens estoient, par manire de reproce:</p> -<p>Als boire vostre goudale, als! Quant ce vint au</p> -<p>soir, cil de Valencines se retraisent tout lasset, et</p> -<p>furent moult esmervilliet de ce qu'il n'avoient oy <span class="dalign">5</span></p> -<p>nulle nouvelle dou conte leur signeur; si eurent avis</p> -<p>qu'i(l) se deslogeroient et retourroient viers Valenciennes;</p> -<p>si fisent tout tourser, et se retraiirent, che</p> -<p>meisme soir, en leur ville.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>A l'endemain au matin que cil de Valencines se <span class="dalign">10</span></p> -<p>furent retret, li contes de Haynau se parti dou sige</p> -<p>de Tournay, si com dessus est dit, grant compagnie</p> -<p>de gens d'armes, de banires et de pennons, et</p> -<p>s'en vint devant Saint Amand, au ls par devers Mortagne.</p> -<p>Si tost qu'il furent venu, il se traisent l'assaut, <span class="dalign">15</span></p> -<p>et l eut moult fort assaut et moult dur. Et gaegnirent</p> -<p>li Haynuier, de venue, les premires bailles,</p> -<p>et vinrent jusques le porte qui oevre devers Mortagne.</p> -<p>L estoient tout premier et devant l'assaut</p> -<p>li contes de Haynau et li sires de Byaumont ses oncles, <span class="dalign">20</span></p> -<p>et assalloient de grant corage et sans yaus espargnier;</p> -<p>de quoi il leur en fu pris mesavenu, car</p> -<p>il furent tout doi si dur rencontr de deux pires</p> -<p>jettes d'amont qu'il en eurent leurs bachins effondrs</p> -<p>et les tiestes toutes estonnes. <span class="dalign">25</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Adonc fu l qui dist: Sire, sire, cel endroit chi</p> -<p>ne les arions nous jams, car la porte est forte et la</p> -<p>voie estroite; si cousteroit trop des vostres au conquerre.</p> -<p>Mais faites aporter des grans mairiens, ouvrs</p> -<p> manire de pillos, et hurter as murs de <span class="dalign">30</span></p> -<p>l'abbeye; nous vous certefions que de force on le</p> -<p>pertuisera en pluiseurs lieus. Et se nous sommes en</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_68"> 68</a></span></div> -<p>l'abbeye, la ville est nostre, car il n'i a nul entredeus</p> -<p>entre (la ville<a id="FNanchor_350" href="#Footnote_350" class="fnanchor"> [350]</a>) et l'abbeye. Dont commanda li dis</p> -<p>contes que on fesist ensi que pour le mieulz on li</p> -<p>consilloit, et pour le plus tost prendre. Si quist on</p> -<p>grans baus de chesnes, et puis furent tantost ouvr <span class="dalign">5</span></p> -<p>et aguisi devant; et si s'acompagnoient un pillot</p> -<p>yaus vint ou yaus trente, et s'escueilloient et puis</p> -<p>boutoient de grant randon contre le mur; et tant boutrent</p> -<p>et si vertueusement qu'il pertuisirent le mur</p> -<p>de l'abbeye et rompirent en pluiseurs lieus, et entrrent <span class="dalign">10</span></p> -<p>ens abandonneement, et passrent une petite</p> -<p>rivire qui l est, et s'en vinrent sans contredit jusques</p> -<p> une place, qui est devant le moustier, o li</p> -<p>marchis est de pluiseurs coses.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Et l estoit li dis seneschaus de Carcassonne en <span class="dalign">15</span></p> -<p>bon couvenant, sa banire devant lui, qui estoit de</p> -<p>geules un chief d'argent, deux demi kievirons ou</p> -<p>chief, et estoit une bordure d'asur endente. L</p> -<p>dals lui s'estoient recueilliet pluiseur compagnon de</p> -<p>son pays, qui asss hardiement rechurent les Haynuiers, <span class="dalign">20</span></p> -<p>et se combatirent vaillamment, tant qu'il peurent.</p> -<p>Ms leur deffense ne leur valli noient, car Haynuier</p> -<p>y sourvinrent trop grant fuison. Et vous di</p> -<p>encores, pour tout ramentevoir, entrer de premiers</p> -<p>dedens l'abbeye, il y avoit un monne que on appelloit <span class="dalign">25</span></p> -<p>dan Froissart. Chilz y fist merveilles, et en occist</p> -<p>que mehagna, au devant d'un pertuis o il se tenoit,</p> -<p>plus de dix huit; et n'osoit nulz entrer par le lieu qu'il</p> -<p>gardoit. Mais finablement il le couvint partir, que</p> -<p>Haynuier entroient en l'abbeye, et avoient pertuisiet <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_69"> 69</a></span></div> -<p>le mur en pluiseurs lieus. Si se sauva li dis monnes,</p> -<p>au mieus qu'il peut, et fist tant qu'il vint Mortagne.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 130. Quant li contes de Haynau et messires Jehans</p> -<p>de Haynau, ses oncles, et li chevalerie de Haynau</p> -<p>furent entr en l'abbeye, ensi que vous avs oy, si <span class="dalign">5</span></p> -<p>commanda li dis contes que on mesist tout l'espe,</p> -<p>sans nullui prendre merci, tant estoit il couroucis</p> -<p>sus chiaus de Saint Amand, pour les despis qu'il</p> -<p>avoient fais son pays. Si fu la ditte ville moult tost</p> -<p>emplie de gens d'armes; et bidau(s) et Geneuois, qui <span class="dalign">10</span></p> -<p>l estoient, encauciet et quis de rue en rue, et d'ostel</p> -<p>en hostel. Peu en escaprent qu'il ne fuissent</p> -<p>mort et occis, car nuls n'estoit pris merci. Meismes,</p> -<p>li senescaus de Carcassonne y fu occis desous</p> -<p>sa banire, et plus de deux cens hommes, environ <span class="dalign">15</span></p> -<p>lui que asss pris. Ensi fu Saint Amand destruite.</p> -<p>Et retourna li contes, ce propre soir, devant Tournay.</p> -<p>Et l'endemain, les gens d'armes de Valencines</p> -<p>et la communauts vinrent Saint Amand, et parardirent</p> -<p>le ville et toute l'abbeye et le grant moustier, <span class="dalign">20</span></p> -<p>et brisirent toutes les cloches, dont ce fu damages,</p> -<p>car il en y avoit moult de bonnes et de melodieuses,</p> -<p>et si ne lor vint nul profit qui compter face.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Apris le destruction de Saint Amand, li contes de</p> -<p>Haynau, qui trop durement avoit pris ceste guerre <span class="dalign">25</span></p> -<p> coer, et qui estoit plus aigres que nulz des aultres,</p> -<p>se departi dou sige de Tournay, en se route environ</p> -<p>six cens armeures de fier, et s'en vint ardoir Orchies</p> -<p>et Landas et le Celle, et grant fuison de villages l</p> -<p>environ; et puis passa et toute se route la rivire de <span class="dalign">30</span></p> -<p>Scarp au desous de Hanon, et entrrent en France, et</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_70"> 70</a></span></div> -<p>vinrent Marchiennes, une grosse et riche abbeye,</p> -<p>dont messires Ams de Warnans estoit chapitainne,</p> -<p>et avoit avoecques lui une partie des arbalestriers</p> -<p>de Douay. L eut grant assaut, car li dis chevaliers</p> -<p>avoit durement fortefiiet le (premire<a id="FNanchor_351" href="#Footnote_351" class="fnanchor"> [351]</a>) porte de l'abbeye, <span class="dalign">5</span></p> -<p>qui estoit toute enclose et environne de fosss</p> -<p>grans et parfons. Et se deffendirent li Franois et li</p> -<p>monne qui dedens estoient moult vassaument; mais</p> -<p>finablement il ne peurent durer contre tant de gent</p> -<p>d'armes, car il quisent et fissent tant qu'il eurent des <span class="dalign">10</span></p> -<p>batiaus et les misent en l'aigue, et entrrent par celle</p> -<p>manire en l'abbeye. Mais il y eut mort et noiiet un</p> -<p>chevalier alemant, compagnon au signeur de Faukemont,</p> -<p>qui s'appelloit messires Bacho de le Wire,</p> -<p>dont li sires de Faukemont fu moult couroucis, <span class="dalign">15</span></p> -<p>mais amender ne le peut. A l'assaut de le porte o</p> -<p>messires Ams de Warnans se tenoit, furent moult</p> -<p>bon chevalier li contes de Haynau et messires de</p> -<p>Byaumont, ses oncles, et li seneschaus de Haynau;</p> -<p>et fisent tant finable(ment) que la porte fu conquise, <span class="dalign">20</span></p> -<p>et li chevaliers qui le gardoit pris, et mort et occis</p> -<p>li plus grant partie des aultres. Et furent pris ossi</p> -<p>pluiseur des monnes, qui laiens furent trouvet, et</p> -<p>toute la ditte abbeye robe et pillie, et puis arse et</p> -<p>destruite, et la ville ossi. Et quant il eurent fait leur <span class="dalign">25</span></p> -<p>emprise, li contes et toutes ces gens d'armes, qui furent</p> -<p> le destruction de Marcines et en ceste chevaucie,</p> -<p>s'en retournrent au sige devant Tournay.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 131. Li siges qui fu devant Tournay fu grans et</p> -<p>lons et bien tenus; et moult y eut li rois engls grant <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_71"> 71</a></span></div> -<p>fuison de bonnes gens d'armes. Et se s'i tenoit li dis</p> -<p>rois volentiers, car bien le pensoit conquerre, pour</p> -<p>tant qu'il savoit bien qu'il y avoit dedens grant fuison</p> -<p>de gens d'armes et asss escarcement de vivres;</p> -<p>si les supposoit bien afamer et avoir par force de <span class="dalign">5</span></p> -<p>famine. Mais li aucun dient et maintinent qu'il</p> -<p>trouvrent moult de courtoisies en chiaus de Braibant,</p> -<p>et qu'il souffrirent par pluiseurs fois laissier</p> -<p>passer parmi leur host vivre asss largement pour</p> -<p>mener dedens Tournay, dont il furent bien confort. <span class="dalign">10</span></p> -<p>Avoech tout ce, cil de Brousselles et cil de Louvaing,</p> -<p>qui estoient tout tanet de l tant seoir et demorer,</p> -<p>fisent une requeste au mareschal de l'host que il se</p> -<p>peuissent partir et retraire en Braibant, car trop</p> -<p>avoient l demoret peu de fait. Li mareschaus qui <span class="dalign">15</span></p> -<p>vey bien que la requeste n'estoit point honnourable</p> -<p>ne raisonnable, leur respondi que c'estoit bien ses</p> -<p>grs, mais il leur couvenoit mettre jus leurs armeures.</p> -<p>Li dessus dit furent tout honteus; si se souffrirent</p> -<p>atant et n'en parlrent onques depuis. <span class="dalign">20</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or vous recorderons d'une chevaucie des Alemans,</p> -<p>qui fu faite devant Tournay, ce meisme pont de</p> -<p>Tressin o messires Robers de Bailluel et li Liegois</p> -<p>avoient desconfit les Haynuiers. Li sires de Randerodne</p> -<p>et messires Ernoulz de Randerodne, ses filz, <span class="dalign">25</span></p> -<p>adonc escuiers, et messires Jehans de Hodebourch</p> -<p>ossi adonc escuiers et mestres dou fil au signeur de</p> -<p>Randerodne, messires Ernoulz de Bakehen, messires</p> -<p>Renauls de Sconnevort, messires Conrars de Leusennich,</p> -<p>messires Conrars d'Asko, messires Bastiiens de <span class="dalign">30</span></p> -<p>Barsies et Caudreliers ses frres et messires Stramen</p> -<p>de Venoue et pluiseur aultre de le duc de Jullers et</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_72"> 72</a></span></div> -<p>de Guerles avoient pris en grant virgongne che que</p> -<p>li Haynuier avoient est ensi rencontret; si parlementrent</p> -<p>dou soir et s'acordrent chevaucier le</p> -<p>matin au pont Tressin. Si se armrent et ordonnrent</p> -<p>de le nuit bien et faiticement, et se partirent <span class="dalign">5</span></p> -<p>sus l'ajourne. Et ossi se misent avoech yaus en leur</p> -<p>chevaucie aucun baceler de Haynau, qui point n'avoient</p> -<p>est l'autre dessus ditte, telz que messires</p> -<p>Florens de Biaurieu, messires Baras de le Haie, marescal</p> -<p>de l'host, monsigneur Jehan de Haynau, messires <span class="dalign">10</span></p> -<p>Oulphars de Gistelles, messires Robers de Glennes</p> -<p>de le cont de Los, adonc escuier et au corps</p> -<p>monsigneur Jehan de Haynau, et pluiseur aultre. Si</p> -<p>chevaucirent chil chevalier et chil compagnon dessus</p> -<p>nomm bellement et sagement; et estoient bien <span class="dalign">15</span></p> -<p>trois cens ou plus, toutes bonnes armeures de fier;</p> -<p>et vinrent droit au pont Tressin, droit au point</p> -<p>dou jour, et le passrent oultre sans damage. Et</p> -<p>quant il furent par de del, ilz se avisrent et consillirent</p> -<p>ensamble comment il s'ordonneroient, pour <span class="dalign">20</span></p> -<p>le mieulz, et leur honneur, resvillier et escarmucier</p> -<p>l'ost de France. L furent ordonn li sires de Randerodne</p> -<p>et Ernouls ses filz et messires Henris de Keukeren,</p> -<p>uns chevaliers miesenaires, et messires Thielemans</p> -<p>de Sansi, messires Oulphars de Ghistelles, et <span class="dalign">25</span></p> -<p>messires li Alemans, bastars de Haynau, et messires</p> -<p>Robers de Glennes, adonc escuier, et Jakelos de</p> -<p>Thians, estre coureur et chevauceur jusques as tentes</p> -<p>et logeis des Franois. Et tout li aultre chevalier</p> -<p>et escuier, qui bien estoient trois cens, devoient demorer <span class="dalign">30</span></p> -<p>au pont et garder le passage, pour le deffendre</p> -<p>as aventures des sourvenans. Ensi et sus cel estat,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_73"> 73</a></span></div> -<p>se partirent li coureur, qui pooient estre quarante</p> -<p>lances, trs bien mont sus fleurs de roncins et de</p> -<p>gros coursiers, et chevaucirent de premiers tout bellement</p> -<p>tant qu'il vinrent en l'ost le roy de France.</p> -<p>Dont se boutrent il ens de plains eslais, et commenchirent <span class="dalign">5</span></p> -<p> decoper cordes et paissons, et abatre</p> -<p>et reverser tentes et trs, et faire un trs grant</p> -<p>desroy, et Franois yaus estourmir.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Celle nuit avoient fait le gait doi grant baron de</p> -<p>France, li sires de Montmorensi et li sires de Saint <span class="dalign">10</span></p> -<p>Saufliu; et estoient, ceste heure que li Alemant</p> -<p>vinrent, encores leur garde. Quant il orent le noise</p> -<p>et entendirent l'effroi, si tournrent celle part leurs</p> -<p>banires et leurs gens, et chevaucirent fort et roit</p> -<p>sus les coureurs qui leur host avoient estourmi. Et <span class="dalign">15</span></p> -<p>quant li sires de Randerodne les vei venir, il tourna</p> -<p>sus frain tout sagement, et fist chevaucier son pennon</p> -<p>et ses compagnons, pour revenir au pont leur</p> -<p>grosse route, et li Franois apris. En celle cace l</p> -<p>eut bon coureis, car li Alemant se hastoient pour revenir <span class="dalign">20</span></p> -<p>au dit pont, et li Franois ossi pour yaus retenir.</p> -<p>En celle cace fu pris et retenus des Franois</p> -<p>messires Oulphars de Ghistelles, qui ne se sceut ne</p> -<p>peut garder point, car li chevaliers avoit court vue;</p> -<p>si fu enclos de ses ennemis, par trop demorer derrire, <span class="dalign">25</span></p> -<p>et fiancis prisons; et ossi doi escuier, dont on</p> -<p>nommoit l'un Jehan de Mondorp, et l'autre Jakelot</p> -<p>de Thians. Li Franois et leur route chevauoient</p> -<p>d'un ls, et li coureur alemant d'autre; et estoient</p> -<p>environ demi bonnier pris li un de l'autre, et tant <span class="dalign">30</span></p> -<p>qu'il se pooient bien recognoistre et entendre de</p> -<p>leurs langages. Et disoient li Franois as Alemans:</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_74"> 74</a></span></div> -<p>Ha! ha! signeur, vous n'en irs pas ensi! Si se</p> -<p>hastoient pour prendre le pont, et pas ne savoient</p> -<p>de le grosse embusce qui estoit au pont, de monsigneur</p> -<p>Renault de Sconnevort et des aultres: si ques</p> -<p>il fu dit au signeur de Randerodne: Sire, sire, <span class="dalign">5</span></p> -<p>aviss vous, car il nous samble que chil Franois</p> -<p>nous torront le pont. Donc respondi li sires de</p> -<p>Randerodne et dist: Se il scvent un chemin, j'en</p> -<p>sai un aultre. Adonc se retourna sus destre et se</p> -<p>route, et prisent un chemin asss froiiet qui les mena <span class="dalign">10</span></p> -<p>droit celle petite rivire dessus ditte, qui est si</p> -<p>noire et si parfonde et si environne de grans mars.</p> -<p>Et quant il furent l venu, se ne peurent il passer,</p> -<p>ms les couvint retourner devers le pont. Et</p> -<p>toutdis chevauoient li Franois le(s) grans galos devers <span class="dalign">15</span></p> -<p>le pont, qui cuidoient ces coureurs alemans enclore</p> -<p>et prendre, ensi qu'il avoient j pris de leurs</p> -<p>compagnons. Et par especial moult y metoit li sires</p> -<p>de Montmorensi grant entente.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 132. Quant li Franois eurent tant chevauciet <span class="dalign">20</span></p> -<p>qu'il furent pris au pont, et il veirent le grosse embusche,</p> -<p>qui l estoit au devant dou pont, toute arme</p> -<p>et ordonne, et qui les attendoit en trs bon</p> -<p>couvenant, si furent tout esmervilliet. Et disent entre</p> -<p>yaus li aucun qui regardrent le manire: Nous <span class="dalign">25</span></p> -<p>caons trop folement; de legier porons plus perdre</p> -<p>que gaegnier. Dont retournrent li pluiseur et par</p> -<p>especial li banire le signeur de Saint Saufliu et li</p> -<p>sires ossi. Et messires Charles de Montmorensi et se</p> -<p>banire chevaua toutdis avant et ne volt onques reculer, <span class="dalign">30</span></p> -<p>ms s'en vint de grant corage assambler as Alemans,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_75"> 75</a></span></div> -<p>et li Alemant lui et ses gens. L y eut, de</p> -<p>premires venues, durs encontres et fortes joustes,</p> -<p>et tamaint homme revers d'un ls et d'autre. Ensi</p> -<p>qu'il assambloient, li coureur dessus nommet, qui</p> -<p>costiiet les avoient, s'en vinrent ferir sus le, et se <span class="dalign">5</span></p> -<p>boutrent ens de plains eslais et de grant volent. Et</p> -<p>ossi li Franois les rechurent moult bien.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or vous dirai de une grant apertise d'armes et</p> -<p>d'un grant avis, dont messires Renaulz de Sconnevort</p> -<p>usa l'assambler, et c'on doit bien tenir et recommender <span class="dalign">10</span></p> -<p> sage fait d'armes. Ilz qui estoit adonc</p> -<p>en le fleur de se jonce, fors chevaliers et rades durement,</p> -<p>bien arms et bien monts pour le journe,</p> -<p>s'en vint assambler le banire le signeur de Montmorensi</p> -<p>qu'il recogneut asss bien; et s'avisa qu'il <span class="dalign">15</span></p> -<p>s'en venroit esprouver celui qui estoit li plus proains</p> -<p>de le banire, car il pensoit bien que c'estoit</p> -<p>li sires. Ensi qu'il jetta son avis il le fist, et feri son</p> -<p>coursier des esporons, et passa par force le route, et</p> -<p>s'en vint au signeur de Montmorensi, qui estoit desous <span class="dalign">20</span></p> -<p>sa banire, bien monts sus bon coursier; et le</p> -<p>trouva en bon couvenant, l'espe ou poing, et combatant</p> -<p> tous ls, car il estoit ossi fors chevaliers et</p> -<p>grans durement. Et li vint li sires de Sconnevort sus</p> -<p>destre, et bouta son brach senestre ou fran de son <span class="dalign">25</span></p> -<p>coursier, et puis feri le sien des esporons, en lui tirant</p> -<p>hors de le bataille, comme vistes et fors chevaliers.</p> -<p>Li sires de Montmorensi, qui bien se donna </p> -<p>garde de ce tour, se prist deffendre vassaument, comme</p> -<p>fors et hardis chevaliers, pour lui delivrer de ce <span class="dalign">30</span></p> -<p>peril et des mains le signeur de Sconnevort; et feroit</p> -<p> main tas de sen espe sus le bacinet et sus le dos</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_76"> 76</a></span></div> -<p>le signeur de Sconnevort. Mais li sires de Sconnevort,</p> -<p>qui bien estoit (arms<a id="FNanchor_352" href="#Footnote_352" class="fnanchor"> [352]</a>) et monts, brisoit le</p> -<p>fois les cops, le fois et le(s) recevoit moult vassaument;</p> -<p>et tant fist par son effort, vosist ou non li sires</p> -<p>de Montmorensi, que il le creanta prisonnier, <span class="dalign">5</span></p> -<p>et demora ses prisons.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Et li aultre se combatoient de toutes pars. Et l</p> -<p>furent bon chevalier messires Ernoulz de Randerodne,</p> -<p>messires de Keukeren, messires Thielemans</p> -<p>de Sansi, messires Bastiiens de Barsies et Caudreliers <span class="dalign">10</span></p> -<p>ses frres, messires Robers de Glennes, et prist un</p> -<p>homme d'armes en bon couvenant, qui s'armoit de</p> -<p>geules trois fauls d'or. Et fisent adonc tant li Alemant</p> -<p>et leur route que il obtinrent le place, et prisent</p> -<p>bien quatre vingt prisonniers, tous gentilz <span class="dalign">15</span></p> -<p>hommes, desous le banire monsigneur Charle de</p> -<p>Montmorensi; et rapassrent le pont sans damage, et</p> -<p>vinrent en l'ost devant Tournay; et rala cescuns devers</p> -<p>se partie; et se desarmrent et puis alrent veoir</p> -<p>les signeurs, dont il furent bien conjoy, le conte de <span class="dalign">20</span></p> -<p>Haynau et monsigneur son oncle.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 133. De le prise monsigneur Charle de Montmorensi</p> -<p>furent li Franois moult courouciet, ms amender</p> -<p>ne le peurent. Tant comme adonc, ceste cose</p> -<p>passa, li siges se tint; li prisonnier se ranchonnrent <span class="dalign">25</span></p> -<p>et se delivrrent au plus tost qu'il peurent. Or</p> -<p>vous conterons de une aventure qu'il avint as Flamens</p> -<p>que messires Robers d'Artois et messires Henris</p> -<p>de Flandres gouvrenoient, dont il en y avoit plus</p> -<p>de soixante mille de le ville d'Ippre, de Popringhe, <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_77"> 77</a></span></div> -<p>de Messines, de Cassiel et de le chastelerie de Berghes.</p> -<p>Et se tenoient tout cil Flamench, dont li dessus</p> -<p>dit estoient chief, ou val de Cassiel, logis as tentes</p> -<p>et as trs, et grant arroi, pour contrester contre les</p> -<p>garnisons franoises que li rois Phelippes avoit envoiies <span class="dalign">5</span></p> -<p> Saint Omer, Aire, Saint Venant, et ens</p> -<p>s villes et forterces voisines. Et se tenoient dedens</p> -<p>Saint Omer, de par le roy de France, li contes, daufins</p> -<p>d'Auvergne, li sires de Merquel, li sires de Calenon,</p> -<p>li sires de Montagut, li sires de Rocefort, li <span class="dalign">10</span></p> -<p>viscontes de Touwars, et pluiseur aultre chevalier</p> -<p>d'Auvergne et de Limozin. Et dedens Aire et dedens</p> -<p>Saint Venant en y avoit ossi grant fuison. Et issoient</p> -<p>souvent hors et venoient escarmucier as Flamens; si</p> -<p>gaegnoient le fois, et le fois y perdoient. <span class="dalign">15</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or avint un jour ces Flamens que il s'en vinrent</p> -<p>environ troi mille, tout legier et able compagnon, et</p> -<p>s'avalrent et issirent hors de leurs logeis pour venir</p> -<p>hustiner devant Saint Omer, et se boutrent ens s</p> -<p>fourbours et brisirent pluiseurs maisons, et entendirent <span class="dalign">20</span></p> -<p>telement au pillage qu'il desrobrent tout ce</p> -<p>qu'il trouvrent. La noise et li effrois monta en le</p> -<p>ville de Saint Omer. Dont s'armrent moult vistement</p> -<p>li signeur qui laiens estoient. Et ossi fisent</p> -<p>toutes leurs gens, et se partirent par une aultre porte <span class="dalign">25</span></p> -<p>que par celle devant qui li Flamench estoient. Et</p> -<p>pooient estre entours six banires et deux cens bacins,</p> -<p>et environ cinq cens bidaus tout piet. Et chevaucirent</p> -<p>tout au tour de le ville de Saint Omer,</p> -<p>ensi qu'il avoient guides qui bien les savoient mener. <span class="dalign">30</span></p> -<p>Et vinrent tout temps ces Flamens qui s'ensonnioient</p> -<p>de pillier et de rober tout ce qu'il trouvrent</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_78"> 78</a></span></div> -<p>en le ville de Arkes, qui est asss pris de le ville de</p> -<p>Saint Omer; et estoient laiens espars sans chapitainne</p> -<p>et sans arroi. E vous les Franois soudainnement</p> -<p>venus sus yaus, lances abaissies, banires desploiies,</p> -<p>et en bon couvenant de bataille, et en criant: <span class="dalign">5</span></p> -<p>Clermont au dauffin d'Auvergne! Lors entrrent</p> -<p>en ces Flamens qui furent tout esbahi, quant si pris</p> -<p>d'yaus il les veirent, et ne tinrent ordenance ne conroy</p> -<p>nul; mais fuirent cescuns qui mieus mieus, et</p> -<p>jettrent tout jus ce que pilliet et cargiet avoient, et <span class="dalign">10</span></p> -<p>prisent les camps; et Franois apris yaus, tuant et</p> -<p>abatant par monciaus et par tropiaus. Et dura ceste</p> -<p>cace bien deux liewes. Et en y eut bien mors des</p> -<p>trois mille dix huit cens, et retenu quatre cens qui</p> -<p>furent amenet en Saint Omer en prison. <span class="dalign">15</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 134. Quant li demorant qui escaper peurent,</p> -<p>furent revenu devers leurs compagnons, si contrent</p> -<p>leur aventure as uns et as aultres. Et vinrent les nouvelles</p> -<p> leurs chapitainnes monsigneur Robert d'Artois</p> -<p>et monsigneur Henri de Flandres, qui petit les <span class="dalign">20</span></p> -<p>en plaindirent, mais disent que c'estoit bien emploiiet,</p> -<p>car sans conseil et sans commandement il</p> -<p>y estoient alet.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or avint celle meisme nuit toute leur host generalment</p> -<p>une mervilleuse aventure; on n'oy onques, <span class="dalign">25</span></p> -<p>je croy, parler ne recorder de si sauvage. Car, environ</p> -<p>heure de mienuit que cil Flamench gisoient en</p> -<p>leurs tentes et dormoient, uns si grans effrois et telz</p> -<p>paours et hideurs les prist generalment en dormant,</p> -<p>que tout se levrent en si grant haste et en tel <span class="dalign">30</span></p> -<p>painne qu'il ne cuidirent jamais temps estre deslogiet;</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_79"> 79</a></span></div> -<p>et abatirent tantost tentes, trs et pavillons,</p> -<p>et toursrent tout sus leurs chars, en si grant haste</p> -<p>que li uns n'attendoit point l'autre, et s'en fuioient</p> -<p>tout, sans voie tenir et sans conroy. Et fu ensi dit </p> -<p>monsigneur Robert d'Artois et monsigneur Henri <span class="dalign">5</span></p> -<p>de Flandres, qui dormoient en leurs logeis: Chier</p> -<p>signeur, levs vous sus bien tos et vous appareillis, car</p> -<p>vos gens s'en fuient et nulz ne les cace; et ne scvent</p> -<p> dire quel cose leur fault, ne qui les muet fuir.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Adonc se levrent li doi signeur en grant haste, et <span class="dalign">10</span></p> -<p>fisent alumer feus et grant plent de tortis, et montrent</p> -<p>sus leurs chevaus, et s'en vinrent au devant</p> -<p>d'yaus, et leur disent: Biau signeur, dittes nous</p> -<p>quel cose il vous fault, qui ensi fuiis? N'estes vous</p> -<p>mies bien asseguret? Retourns, retourns, ou nom <span class="dalign">15</span></p> -<p>de Dieu! Vous avs grant tort, quant ensi fuiis, et</p> -<p>nulz ne vous cace. Ms quoi que ensi fuissent</p> -<p>priiet ne requis d'arrester et de retourner, il n'en fisent</p> -<p>compte, mais toutdis fuirent; et prist ascuns le</p> -<p>chemin vers sa maison, au plus droit qu'il peut. Et <span class="dalign">20</span></p> -<p>quant messires Robers d'Artois et messires Henris de</p> -<p>Flandres veirent qu'il n'en aroient aultre cose, si</p> -<p>fisent tourser tout leur harnois et mettre voiture, et</p> -<p>s'en vinrent au sige devant Tournay, et recordrent</p> -<p>as signeurs l'aventure des Flamens, dont on fu durement <span class="dalign">25</span></p> -<p>esmervilliet. Et disent li pluiseur qu'il avoient</p> -<p>estet enfantosmet.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 135. Chilz siges devant le cit de Tournay dura</p> -<p>asss longement, onze sepmainnes trois jours mains.</p> -<p>Si pos bien croire et savoir qu'il y eut fais pluiseurs <span class="dalign">30</span></p> -<p>escarmuces et paletis, tant assallir le cit, comme</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_80"> 80</a></span></div> -<p>des chevaucies des compagnons bacelereus l'un sus</p> -<p>l'autre. Mais dedens le cit de Tournay avoit trs</p> -<p>bonne et sage chevalerie (envoie en<a id="FNanchor_353" href="#Footnote_353" class="fnanchor"> [353]</a>) garnison de</p> -<p>par le roy de France, si com dessus est dit, qui telement</p> -<p>en songnirent et en pensrent que nulz damages <span class="dalign">5</span></p> -<p>ne s'i prist.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or n'est riens, si com on dist, qui ne prende fin.</p> -<p>On doit savoir que, ce sige pendant, ma dame</p> -<p>Jehane de Valois, serour au roy de France et mre</p> -<p>au conte Guillaume de Haynau, travilloit durement <span class="dalign">10</span></p> -<p>de l'une host en l'autre, fin que pais ou respis fust</p> -<p>entre ces parties, par quoi on se departesist sans bataille,</p> -<p>car la bonne dame veoit l de deux costs</p> -<p>toute le fleur et l'onneur de le chevalerie dou monde;</p> -<p>se veist trop envis, pour les grans perilz qui en <span class="dalign">15</span></p> -<p>pooient avenir, que nulle bataille fust adrecie entre</p> -<p>yaus. Et par pluiseurs fois la bonne dame en estoit</p> -<p>cheue as pis le roy de France son frre, et li priiet</p> -<p>que respis ou trettis d'acort fust pris entre lui et</p> -<p>le roy engls. Et quant la ditte dame avoit travilliet <span class="dalign">20</span></p> -<p>entre les signeurs de France, elle s'en revenoit</p> -<p> chiaus de l'Empire, especialment au duch de Braibant,</p> -<p>au duc de Jullers, son fil, qui avoit sa fille, </p> -<p>monsigneur Jehan de Haynau; et leur prioit que,</p> -<p>pour Dieu et par pit, il volsissent entendre aucun <span class="dalign">25</span></p> -<p>trettiet d'acort, et avoiier le roy d'Engleterre ou</p> -<p>qu'il y volsist descendre.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Tant ala et tant procura la bonne dame entre ces</p> -<p>signeurs, avoech l'ayde et le conseil d'un gentil et sage</p> -<p>chevalier, qui estoit moult bien de toutes les parties, <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_81"> 81</a></span></div> -<p>messires Loeis d'Augimont, que une journe de traittement</p> -<p>fu acorde l'endemain, l o ascune des</p> -<p>parties devoit envoiier quatre personnes souffissans,</p> -<p>pour trettier toutes bonnes voies pour acorder les dittes</p> -<p>parties, se il plaisoit Dieu, et souffrance de trois <span class="dalign">5</span></p> -<p>jours que li uns ne pooit ne devoit fourfaire sour</p> -<p>l'autre. Et si se devoient assambler cil trettieur une</p> -<p>capelle, et la dessus ditte bonne dame avoecques.</p> -<p>De le partie dou roy de France, y fu envoiis Charles</p> -<p>li roys de Behagne, Charles li contes d'Alenon, frres <span class="dalign">10</span></p> -<p>au dit roy, li evesques de Lige, li contes de</p> -<p>Flandres et li contes d'Ermignach. De le partie le roy</p> -<p>d'Engleterre, y furent envoiiet li dus de Braibant, li</p> -<p>evesques de Lincolle, li dus de Guerles, li dus de</p> -<p>Julers et messires Jehans de Haynau. <span class="dalign">15</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant il furent tout venu la ditte capelle, il se</p> -<p>salurent moult amiablement et festiirent grandement,</p> -<p>et apris il entrrent en leur trettiement. Toute</p> -<p>celle premire journe, cil trettieur trettirent sour</p> -<p>pluiseurs voies d'acort. Et toutdis estoit la bonne <span class="dalign">20</span></p> -<p>dame ma dame Jehane de Valois en mi yaus, qui</p> -<p>moult humlement et de grant coer leur prioit que</p> -<p>ascune partie se volsist pris prendre de l'acorder.</p> -<p>Toutes voies celle journe passa sans nul certain</p> -<p>acord; cescuns en rala en son lieu, sour couvent de <span class="dalign">25</span></p> -<p>revenir. L'endemain, il revinrent tout le capelle</p> -<p>en tel point, et commencirent trettier com en devant,</p> -<p>et cheirent sus aucunes voies asss acordables;</p> -<p>ms ce fu si tart que on ne les peut escrire de jour.</p> -<p>Si se parti li parlemens adonc, et creanta cescuns de <span class="dalign">30</span></p> -<p>revenir l endroit l'endemain, pour parfaire et</p> -<p>acorder le remanant. Au tierch jour, cil signeur revinrent</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_82"> 82</a></span></div> -<p> plus grant conseil. L fu acorde une</p> -<p>triewe durer une ane entierement, et devoit entrer</p> -<p>tantost entre ces signeurs et ces gens qui l estoient</p> -<p>d'une part et d'autre; et entre chiaus qui guerrioient</p> -<p>en Escoce, en Gascogne, en Poito et en Saintonge, <span class="dalign">5</span></p> -<p>elle ne devoit entrer jusques quarante jours.</p> -<p>Dedens lesquelz quarante jours, cescune des parties</p> -<p>le devoit faire savoir as siens, sans mal engien: s'il</p> -<p>les voloient tenir, se les tenissent; et se tenir ne les</p> -<p>voloient, si guerriaissent li uns l'autre. Mais France, <span class="dalign">10</span></p> -<p>Pikardie, Bourgongne, Bretagne et Normendie le</p> -<p>tenoient sans nulle exception. Et devoient li doi</p> -<p>roy dessus dit, cescuns pour lui et en bon couvenant,</p> -<p>envoiier quatre ou cinq nobles personnes,</p> -<p>et li papes deux cardinaulz en legation en le cit <span class="dalign">15</span></p> -<p>d'Arras. Et ce que ces parties ordonneroient, li doi</p> -<p>roi le tenroient et confremeroient sans nul moiien.</p> -<p>Et fu encores celle triewe presente acorde sus tle</p> -<p>condition que cescuns devoit tenir paisieuvlement ce</p> -<p>dont il estoit saisis. <span class="dalign">20</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant celle triewe fu acorde et saiele d'une part</p> -<p>et d'aultre, cescuns s'en retourna en son host. Si le</p> -<p>fisent tantost criier par tout l'ost d'une part et d'autre,</p> -<p>dont li Braibenon eurent grant joie, car il eurent</p> -<p>l logiet et est un grant temps moult envis. <span class="dalign">25</span></p> -<p>Qui l'endemain, si tost que jours fu, peuist veoir</p> -<p>tentes abatre, chars chargier, gens fourhaster, emblaver</p> -<p>et toueillier, bien peuist dire: Je voi un</p> -<p>nouvel sicle.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 136. Ensi com vous avs oy, se departirent ces <span class="dalign">30</span></p> -<p>deux grans hos, par le traveil et le pourcach de celle</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_83"> 83</a></span></div> -<p>bonne dame, qui Diex face pardon, qui y rendi grant</p> -<p>painne. Et demora la bonne cit de Tournay francement</p> -<p>et entire, qui avoit est en trs grant peril,</p> -<p>car toutes leurs pourveances falloient, et n'en avoient</p> -<p>mies pour trois jours ou pour quatre vivre. Li <span class="dalign">5</span></p> -<p>Braibenon se prisent au raler hasteement, car grant</p> -<p>desir en avoient. Li rois engls s'en departi moult </p> -<p>envis, s'il peuist et se volent en fust; mais il li</p> -<p>couvenoit sievir partie de le volent les aultres signeurs</p> -<p>et croire leur conseil. Li jones contes de Haynau <span class="dalign">10</span></p> -<p>et messires Jehans de Haynau, ses oncles, se</p> -<p>fuissent ossi bien envis acords celle departie,</p> -<p>s'il seuissent ossi bien le couvenant de chiaus qui</p> -<p>estoient dedens Tournay que li rois de France faisoit,</p> -<p>et se ne fust ce que li dus de Braibant leur <span class="dalign">15</span></p> -<p>avoit dit en secret qu'il detenoit grant mesaise ses</p> -<p>Braibenons, et comment que fust, il ne les pooit</p> -<p>tenir qu'il ne se deuissent partir le jour ou l'endemain,</p> -<p>se acors ne se faisoit.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Li rois de France et tous ses hos se departirent <span class="dalign">20</span></p> -<p>asss liement, car il ne pooient bonnement plus demorer</p> -<p>l endroit, pour le puasine des biestes que on</p> -<p>tuoit si pris de leurs logeis, et pour le chaut qu'il</p> -<p>faisoit; et si pensoient en leur part avoir l'onneur</p> -<p>de celle partie, si com il disoient, pour le raison de <span class="dalign">25</span></p> -<p>ce que il avoient rescousse et garde d'estre perdue le</p> -<p>bonne cit de Tournay, et avoient fait departir celle</p> -<p>grande assamble qui assegiet l'avoit, et nient n'i</p> -<p>avoient fait, comment qu'il y euissent grans frais mis</p> -<p>et despendus. Li aultre signeur et cil de leur partie <span class="dalign">30</span></p> -<p>pensoient ossi bien avoir l'onneur de celle partie,</p> -<p>pour le raison de ce qu'il avoient si longement demoret</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_84"> 84</a></span></div> -<p>ens ou royaume et assegi une des bonnes cits</p> -<p>que li rois ewist, et ars et gast son pays cescun</p> -<p>jour, lui saant et voiant; et point ne l'avoit secouru</p> -<p>de temps ne d'eure, ensi qu'il deuist; et au daarrain</p> -<p>il avoit acord une triewe, ses ennemis seans devant <span class="dalign">5</span></p> -<p>se cit et ardant et gastant son pays.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Ensi en voloit cescune des parties avoir soy et</p> -<p>attribuer l'onneur. Si en pos determiner entre vous,</p> -<p>qui oy les fais avs et qui les sents, ce qu'il vous</p> -<p>en samble, car de moy je n'en pense nullui donner <span class="dalign">10</span></p> -<p>l'onneur plus l'un que l'autre, ne faire ent partie,</p> -<p>car je ne me cognois mie en si grans afaires</p> -<p>qu'en fais et en maniemens d'armes.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 137. Or se departirent cil signeur dou sige de</p> -<p>Tournay, et en rala cescuns en son lieu. Li rois engls <span class="dalign">15</span></p> -<p>s'en revint Gand dals ma dame sa femme, et</p> -<p>asss tost apris il rapassa le mer et toutes ses gens,</p> -<p>except chiaus qu'il laissa pour estre au parlement </p> -<p>Arras. Li contes de Haynau s'en revint en son pays;</p> -<p>et eut adonc une moult noble feste Mons en Haynau <span class="dalign">20</span></p> -<p>et jouste de chevaliers, la qule messires Gerars</p> -<p>de Wercin, seneschaus de Haynau, fu et jousta;</p> -<p>et y fu telement blecis qu'il en morut, dont ce fu</p> -<p>damages. Se demora de li uns biaus filz, qui fu appells</p> -<p>Jehans, et puissedi bons chevaliers et hardis; <span class="dalign">25</span></p> -<p>mais petit dura et regna en sant, dont ce fu damages.</p> -<p>Li rois de France donna toutes ses gens congiet,</p> -<p>et puis s'en vint jewer et rafreschir en le ville</p> -<p>de Lille. Et l le vinrent veoir cil de Tournay, les</p> -<p>quelz li rois reut liement et vei trs volentiers, et <span class="dalign">30</span></p> -<p>leur fist grasce, pour tant que si bellement et si vallamment</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_85"> 85</a></span></div> -<p>il s'estoient tenu et deffendu contre leurs</p> -<p>ennemis, et que riens on n'avoit pris ne conquest</p> -<p>sus yaus. Le grasce qu'il leur fist elle fu tle qu'il</p> -<p>leur rendi leur loy que perdu avoient de grant temps,</p> -<p>dont il furent moult joiant, car messires Godemars <span class="dalign">5</span></p> -<p>don Fay et aultre pluiseur chevalier estragne, devant</p> -<p>lui, en avoient est gouvreneur; si refisent entre</p> -<p>yaus prevos et jurs, selonch leurs usages anciiens.</p> -<p>Quant li rois eut ordonn son plaisir une partie</p> -<p>de ses besongnes, il se departi de Lille et se mist au <span class="dalign">10</span></p> -<p>chemin devers France, pour revenir Paris.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or vint li saisons que li parlement ordonnet et</p> -<p>insinuet en le cit d'Arras approcirent. Si y envoia</p> -<p>li papes Clemens VI<sup>e</sup> en legation deux cardinaulz,</p> -<p>cesti de Naples et cesti de Clermont, qui de premiers <span class="dalign">15</span></p> -<p>vinrent Paris, o il furent moult honnour dou</p> -<p>roy et des Franois; et puis s'avalrent devers Artois</p> -<p>et jusques en le cit d'Arras. A ce parlement, de par</p> -<p>le roy de France, furent li contes d'Alenon, li dus</p> -<p>de Bourbon, li contes de Flandres et li contes de <span class="dalign">20</span></p> -<p>Blois, et des prelas li archevesques de Sens, li evesques</p> -<p>de Biauvais et li evesques d'Auoirre; de par le</p> -<p>roy d'Engleterre, li evesques de Lincolle, li evesques</p> -<p>de Duremmes, li contes de Warvich, messires Robers</p> -<p>d'Artois, messires Jehans de Haynau et messires <span class="dalign">25</span></p> -<p>Henris de Flandres. Au quel parlement, il y eut pluiseurs</p> -<p>trettis et langages mis avant, et parlementrent</p> -<p>plus de quinze jours. Mais riens n'i fu acord</p> -<p>ne afin, car li Engls demandoient et li Franois</p> -<p>ne voloient riens donner, fors tant seulement rendre <span class="dalign">30</span></p> -<p>le cont de Pontieu, qui fu donne le royne Ysabiel</p> -<p>en mariage avoech le roy d'Engleterre. Ceste</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_86"> 86</a></span></div> -<p>cose ne veurent point li Engls accepter. Si se departirent</p> -<p>cil signeur et cil parlement sans riens faire,</p> -<p>fors tant seulement que la triewe fu ralongie deux</p> -<p>ans; che fu tout ce que li cardinal y peurent impetrer.</p> -<p>Apris ce, cescuns s'en rala en son lieu. Et revinrent <span class="dalign">5</span></p> -<p>adonc li doi cardinal parmi Haynau, le</p> -<p>priire dou conte, qui grandement le(s) festia en le</p> -<p>ville de Valencines.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or nous deporterons nous parler des deux rois,</p> -<p>tant que les triewes durront, qui furent asss bien <span class="dalign">10</span></p> -<p>tenues, except les marces lontainnes; et enterons</p> -<p>en le grant matre et hystore de Bretagne, qui grandement</p> -<p>renlumine ce livre, pour les biaus fais d'armes</p> -<p>et grandes aventures qui y sont avenues, si com</p> -<p>vous pors ensiewant or. Et pour ce que vous sacis <span class="dalign">15</span></p> -<p>veritablement le commencement et le racine de ceste</p> -<p>guerre et dont elle se meut, je le vous declarrai de</p> -<p>point en point. Si en dirs vostre entente, et quel</p> -<p>cause et droit messires Charles de Blois eut au grant</p> -<p>hiretage de Bretagne, et d'autre part li contes de <span class="dalign">20</span></p> -<p>Montfort qui en fist fait et partie contre lui, dont</p> -<p>tant de rencontres, de batailles et d'autres grans fais</p> -<p>d'armes sont avenu en la ditte duc de Bretagne et</p> -<p>ens s marces voisines.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 138. A savoir est que, quant les triewes furent <span class="dalign">25</span></p> -<p>acordes et seelles devant le cit de Tournay, tout</p> -<p>li signeur et toutes manires de gens se deslogirent</p> -<p>de une part et d'autre. Si s'en rala cescuns en sa</p> -<p>contre. Li dus de Bretagne, qui avoit est host</p> -<p>droit l devant Tournay avoec le roy de France plus <span class="dalign">30</span></p> -<p>grossement et plus estoffeement que nulz des autres</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_87"> 87</a></span></div> -<p>princes, s'en retourna vers son pays en l'entente</p> -<p>d'y revenir, mais il ne peut, car une maladie le prist</p> -<p>sus le chemin, dont il le couvint aliter et morir.</p> -<p>Dont ce fu damages, car grans guerres et grans</p> -<p>destructions de villes et de chastiaus en avinrent <span class="dalign">5</span></p> -<p>entre les gens nobles et non nobles de son pays.</p> -<p>Et pour cescun mieulz infourmer pour quoi tout</p> -<p>cil grant mal avinrent, jou en conterai aucune partie</p> -<p>ensi que je le sai et que jou en ay enquis ou</p> -<p>pays meismement, o j'ay est et convers, pour <span class="dalign">10</span></p> -<p>mieulz savoir ent le verit, et chiaus ossi qui ont</p> -<p>l est o je n'ai mies (este<a id="FNanchor_354" href="#Footnote_354" class="fnanchor"> [354]</a>) et qui en ont veu et</p> -<p>sceu ce que je n'ai mies tout pout veoir et concevoir.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Cilz dus de Bretagne, quant il trespassa de ce sicle,</p> -<p>n'avoit nul enfant ne n'eut onques de la duoise sa <span class="dalign">15</span></p> -<p>femme ne n'avoit eu nulle esperance de l'avoir. Si</p> -<p>avoit un frre, de par se mre qui avoit estet remarie,</p> -<p>que on appelloit le conte de Montfort, qui vivoit</p> -<p>adonc, et avoit chilz femme le sereur le conte Loeis</p> -<p>de Flandres. Cilz dus de Bretagne avoit eut un aultre <span class="dalign">20</span></p> -<p>frre germain de pre et de mre, qui trespasss estoit;</p> -<p>s'en estoit demore une jone fillte, la qule li</p> -<p>dis dus ses oncles avoit marie monsigneur Charle</p> -<p>de Blois (mains net fil au conte Guy de Blois<a id="FNanchor_355" href="#Footnote_355" class="fnanchor"> [355]</a>) de le</p> -<p>sereur le roy Phelippe de France qui adonc regnoit; <span class="dalign">25</span></p> -<p>et li avoit prommis en mariage la duc de Bretagne</p> -<p>apris son dechis, pour tant qu'il se doubtoit que</p> -<p>li contes de Montfort n'i vosist clamer droit par</p> -<p>proismet apris son dechis, comment qu'il ne fust</p> -<p>mies ses frres germains. Et il sambloit au dit duch <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_88"> 88</a></span></div> -<p>que li fille de sen frre germain devoit estre par raison</p> -<p>plus proaine de avoir le duce apris son decis,</p> -<p>que li contes de Montfort, ses frres, qui n'estoit point</p> -<p>estrais de l'estok de Bretagne. Et par tant qu'il avoit</p> -<p>toutdis doubtet que ses frres li coens de Montfort <span class="dalign">5</span></p> -<p>n'enforast, apris son decis, le droit de sa jone nice,</p> -<p>par se poissance, le maria il au dit monsigneur Carle</p> -<p>de Blois, celle entente que li rois Phelippes, qui</p> -<p>estoit ses oncles, li aidast mieus et plus volentiers </p> -<p>garder son droit encontre le dit conte de Montfort, <span class="dalign">10</span></p> -<p>s'il le vosist entreprendre.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Si avint tout ce que li dis dus avoit toutdis doubtet.</p> -<p>Car, sitost que li contes de Montfort peut savoir</p> -<p>que li dis dus ses frres fu trespasss sus le</p> -<p>chemin de Bretagne, il se traist tantost Nantes, <span class="dalign">15</span></p> -<p>qui est li chis et li souverainne cits de Bretagne;</p> -<p>et fist tant as bourgois et chiaus dou pays entour,</p> -<p>qu'il fu receus signeur comme li plus proisme del</p> -<p>duch son frre qui trespasss estoit; et li fisent tout</p> -<p>feault et hommage comme au duch de Bretagne et <span class="dalign">20</span></p> -<p>au signeur. Quant il eut pris le feaut des bourgois</p> -<p>de Nantes et dou pays d'entour Nantes, ils et la</p> -<p>contesse sa femme, qui bien avoit coer d'omme</p> -<p>et de lyon, eurent conseil ensamble qu'il tenroient</p> -<p>une grant court et feste solennle Nantes, et manderoient <span class="dalign">25</span></p> -<p>tous les barons et les nobles del pays de</p> -<p>Bretagne et les consaulz des bonnes villes et de</p> -<p>toutes les cits, qu'il volsissent estre et venir celle</p> -<p>court, pour faire feault lui comme leur droit</p> -<p>signeur. Quant cilz consaulz fu acords, il envoiirent</p> -<p>grans messages par tous les signeurs, les cits et <span class="dalign">30</span></p> -<p>les bonnes villes del pays.</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_89"> 89</a></span></div> -</div> -<div class="section"> -<p> 139. Chou pendant et le feste attendant, il se</p> -<p>parti de Nantes grant fuison de gens d'armes et s'en</p> -<p>ala vers la bonne cit de Limoges, car il savoit et</p> -<p>estoit infourms que li grans tresors, que li dus ses</p> -<p>frres avoit amasset de lonch temps, estoit l enfrems. <span class="dalign">5</span></p> -<p>Quant il vint l, il entra en le cit grant beubant</p> -<p>et fu noblement recheus des bourgois et de</p> -<p>tout le clergi et le communaut de le cit; (si ly</p> -<p>firent tous feault, comme leur droit seigneur. Et</p> -<p>ly fu tous cils grans tresors delivrs, par le grant acord <span class="dalign">10</span></p> -<p>qu'il acquist as bourgois de le cit<a id="FNanchor_356" href="#Footnote_356" class="fnanchor"> [356]</a>), par grans dons</p> -<p>et prommesses qu'il leur fist. Et quant il eut l tant</p> -<p>festiiet et sejourn qu'il li pleut, il s'en parti tout</p> -<p>le grant tresor et s'en revint droit Nantes, l o</p> -<p>madame sa femme estoit, qui eut grant joie del grant <span class="dalign">15</span></p> -<p>tresor que ses sires avoit trouvet. Si demorrent </p> -<p>Nantes tout quoi, grant feste demenant, jusques au</p> -<p>jour que la feste devoit estre, et li grans cours tenue;</p> -<p>et faisoient trs grans pourveances pour celle grant</p> -<p>feste parfurnir. <span class="dalign">20</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant li jours de celle feste fu venus, et nulz</p> -<p>n'i venoit pour mandement qui fais leur fust, fors</p> -<p>uns seulz chevaliers que on clamoit monsigneur</p> -<p>Hervi de Lyon, noble homme et poissant, li dis</p> -<p>contes de Montfort et la contesse sa femme en furent <span class="dalign">25</span></p> -<p>durement courouciet et abaubit. Il fisent leur</p> -<p>feste par trois jours des bourgois de Nantes et des</p> -<p>bonnes gens de l au tour, au mieus qu'il peurent;</p> -<p>si eurent grant despit des aultres qui n'avoient dagniet</p> -<p>venir leur mandement. Et eurent conseil <span class="dalign">30</span></p> -<span class="pagenum"><a id="Page_90"> 90</a></span> -<p>entre yaus de retenir saudoiiers cheval et piet,</p> -<p>tous ceulz qui venir vorroient, et de departir ce grant</p> -<p>tresor que trouvet avoient, pour mieus venir le dit</p> -<p>conte son pourpos de la ditte duc de Bretagne, et</p> -<p>pour constraindre tous rebelles de venir merchi. <span class="dalign">5</span></p> -<p>A ce conseil se tinrent tout cil qui l furent, chevalier,</p> -<p>clerch et bourgois. Et furent retenu saudoiier</p> -<p>venans de tous costs, et larghement paiis, tant qu'il</p> -<p>en eurent grant plent, cheval et piet, nobles et</p> -<p>non nobles, de pluiseurs pays. <span class="dalign">10</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 140. Quant li contes de Montfort perchut qu'il</p> -<p>avoit gens plentet, il eut conseil de aler conquerre,</p> -<p>par force ou par amours, tout le pays, et de destruire</p> -<p>tous rebelles son pooir. Puis, issi hors de le cit</p> -<p>de Nantes grant host; si se trest par devers un <span class="dalign">15</span></p> -<p>moult fort chastiel qui siet d'un costet sus mer, que</p> -<p>on appelle (Brait. Et en estoit gardiiens et chastellains</p> -<p>uns gentilz chevaliers qu'on appelloit<a id="FNanchor_357" href="#Footnote_357" class="fnanchor"> [357]</a>) monsigneur</p> -<p>Garnier de Clion, cousins au duch qui</p> -<p>mors estoit, et cousins monsigneur Olivier de <span class="dalign">20</span></p> -<p>Clion, un noble chevalier et un des plus haus barons</p> -<p>de Bretagne. Anois que li dis coens de Montfort</p> -<p>parvenist Brait, il avoit si constraint tous</p> -<p>chiaus del commun pays, fors de forterces, que cescuns</p> -<p>le sievoit cheval ou piet, car nulz ne l'osoit <span class="dalign">25</span></p> -<p>laissier, si qu'il avoit si grant host que merveilles</p> -<p>estoit. Quant il fu parvenus devant le chastiel de</p> -<p>Brait tout son host, il fist appeller le chevalier deseure</p> -<p>dit monsigneur Garnier (de Clichon par monsigneur</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_91"> 91</a></span></div> -<p>Hervy de Lyon qui l estoit venus avoech lui,</p> -<p>et requist au dit monsigneur Garnier<a id="FNanchor_358" href="#Footnote_358" class="fnanchor"> [358]</a>) qu'il vosist</p> -<p>obeir lui et rendre le ville et le chastiel comme au</p> -<p>duch de Bretagne et signeur. Li chevaliers respondi</p> -<p>qu'il n'estoit point consillis de ou faire, ne riens <span class="dalign">5</span></p> -<p>n'en feroit, ne ne le tenroit signeur, s'il n'en avoit</p> -<p>mandement et ensengnes dou signeur qui il devoit</p> -<p>estre par droit. Adonc retray li dis coens arrire et</p> -<p>deffia le chevalier et chiaus dou chastiel et de le</p> -<p>ville. A l'endemain, quant il eut oy messe, il commanda <span class="dalign">10</span></p> -<p>que tout fuissent armet et fist le chastiel assallir,</p> -<p>qui moult fors estoit et bien pourveus et appareillis</p> -<p>pour le deffendre. Et li chevaliers messires</p> -<p>Garniers de Clion, qui preus estoit, sages et hardis,</p> -<p>fist ossi toutes ses gens armer, qui bien estoient trois <span class="dalign">15</span></p> -<p>cens arme(u)res et combatans, et fist ascun aler </p> -<p>se deffense l o il les avoit ordonns et establis, et</p> -<p>en prist environ quarante des plus hardis: si s'en</p> -<p>vint hors dou chastiel jusques as bailles pour deffendre,</p> -<p>se il peuist, quant il vei les assallans venir tous <span class="dalign">20</span></p> -<p>batillis.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>A ce premierain assaut, eut grant hustin et trs</p> -<p>durement trait et lanciet, et fuison de mors et de</p> -<p>navrs de chiaus de dehors. Et y fist li dis chevaliers</p> -<p>tant de biaus fais d'armes et souffri tant de cops <span class="dalign">25</span></p> -<p>durs et perilleus que on le devoit bien tenir pour</p> -<p>preu. Ms au daarrain il y sourvint si grant fuisson</p> -<p>des assallans, et se les semonnoit li contes si asprement,</p> -<p>que cescuns s'esprouvoit, efforoit et penoit</p> -<p>de l'assallir et se mettoit en aventure: si ques, au <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_92"> 92</a></span></div> -<p>daarrain, les bailles furent gaegnies, et convint les</p> -<p>daarrains retraire vers le forterce grant meschief,</p> -<p>car li assallant se ferirent entre yaus et en turent</p> -<p>aucuns. Et li chevaliers, qui y faisoit merveilles d'armes,</p> -<p>les rescouoit et les metoit ce qu'il pooit sauvet <span class="dalign">5</span></p> -<p>dedens la mestre porte. Quant cil qui estoient</p> -<p>sus le port(e) veirent le grant meschief, il eurent paour</p> -<p>de perdre le chastiel; si laissirent avaler le grant</p> -<p>restiel et encloirent le chevalier dehors et aucuns de</p> -<p>leurs compagnons qui se combatoient fortement <span class="dalign">10</span></p> -<p>chiaus de dehors. L fu li bons chevaliers grant</p> -<p>meschief et durement navrs en pluiseurs lius, et si</p> -<p>compagnon, qui hors estoient fourclos, pris que tout</p> -<p>mort; ne onques ne se volt rendre prisons pour requeste</p> -<p>que on li fesist. Quant cil del chastiel veirent <span class="dalign">15</span></p> -<p>le grant meschief l o li chevaliers estoit et comment</p> -<p>il se deffendoit, il s'efforcirent de traire et de</p> -<p>getter grosses pires fais, tant qu'il fisent les assallans</p> -<p>traire arrire, et ressachirent sus un petit les</p> -<p>restiaus; par quoi li chevaliers entra en le porte durement <span class="dalign">20</span></p> -<p>blecis et navrs en pluiseurs heus, et aucuns</p> -<p>de ses compagnons, qui demoret li estoient, tout navret</p> -<p>ossi. Et li assallant retraiirent arrire leurs logeis,</p> -<p>durement travillis, et li aucun blechis et navrs,</p> -<p>et li coens de Montfort durement couroucis de ou <span class="dalign">25</span></p> -<p>que li chevaliers li estoit escaps. A l'endemain, il fist</p> -<p>faire et apparillier instrumens et engiens pour plus</p> -<p>fortement assallir le chastiel, et bien dist qu'il ne s'en</p> -<p>partiroit, pour bien ne pour mal, si l'aroit se volent.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Au tierc jour apris, il entendi par une espie <span class="dalign">30</span></p> -<p>que li bons chevaliers messires Garniers de Clion</p> -<p>estoit trespasss des plaies et des bleceures qu'il</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_93"> 93</a></span></div> -<p>avoit receutes en lui deffendant, si comme voirs</p> -<p>estoit, dont ce fu pits et damages. Si commanda</p> -<p>tantost que cescuns se alast armer pour recommencier</p> -<p>l'assaut moult vighereusement. Et adonc fist li</p> -<p>coens traire avant aucuns estrumens qui fais estoient, <span class="dalign">5</span></p> -<p>et grans mairiens pour getter oultre les fosss pour</p> -<p>venir as murs dou chastiel. Chil de dedens se deffendirent</p> -<p>longement, de traire et de getter pires et feu</p> -<p>et pos plains de cauch, jusques environ le heure de</p> -<p>miedi. Adonc les fist requerre li contes qu'il se volsissent <span class="dalign">10</span></p> -<p>rendre et lui tenir signeur, et il lor pardonroit</p> -<p>son mautalent. Il eurent conseil entre yaus longement,</p> -<p>tant que li contes fist cesser l'assaut. Au</p> -<p>daarrains, quant il se furent longuement consilliet,</p> -<p>il se rendirent de plain acord au dit conte, salve <span class="dalign">15</span></p> -<p>leurs corps, leurs membres et leur avoir. Si entra</p> -<p>adonc li dis contes ens ou chastiel de Brait peu de</p> -<p>gens, et rechut le feaut de tous les hommes de le</p> -<p>chastelerie, et y establi un chevalier pour chastelain en</p> -<p>qui moult se fioit, puis revint ses tentes tous joians. <span class="dalign">20</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 141. Quant li contes de Montfort fu revenus</p> -<p>entre ses gens, et il eut establi ses gardes ens ou chastiel</p> -<p>de Brait, il eut conseil qu'il se trairoit par devers</p> -<p>le cit de Rennes qui estoit asss pris de l. Si fist</p> -<p>deslogier ses gens et traire le chemin devers Rennes. <span class="dalign">25</span></p> -<p>Et par tout l o il venoit, il faisoit toutes manires</p> -<p>de gens rendre et faire feault lui comme leur</p> -<p>droit signeur. Et enmenoit tous chiaus qui se pooient</p> -<p>aidier, avoecques lui, pour efforcier son host; et il ne</p> -<p>l'osoient refuser ne laiier, pour doubtance de leurs <span class="dalign">30</span></p> -<p>corps. Et en ala tant ensi qu'il vint devant le cit de</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_94"> 94</a></span></div> -<p>Rennes; si fist tendre ses tentes et ses gens logier entours</p> -<p>(le ville et entours<a id="FNanchor_359" href="#Footnote_359" class="fnanchor"> [359]</a>) les fourbours. Quant cil</p> -<p>de le cit de Rennes veirent ceste host logie entours</p> -<p>leur ville et entours les fourbours, il fisent grant</p> -<p>samblant d'yaus deffendre. Et avoient avoecques yaus <span class="dalign">5</span></p> -<p>un gentil homme, chevalier preu et hardi durement,</p> -<p>qui manoit asss pris de l, et l'amoient entre yaus</p> -<p>trop durement pour le loyaut de lui. Si l'avoient</p> -<p>esleu et pris pour leur gouvrenement et chapitainne,</p> -<p>et avoit nom messires Henris de Pennefort. <span class="dalign">10</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Si avint un jour que cilz eut volent qu'il destourberoit</p> -<p>les gens de l'host, s'il avoit compagnie.</p> -<p>Si pourcaa tant qu'il eut compagnie de deus cens</p> -<p>hommes de bonne volent, et issi hors de le cit</p> -<p>paisievlement l'aube dou jour, et se feri l'un <span class="dalign">15</span></p> -<p>des costs de l'host toute se compagnie. Si abati</p> -<p>tentes et logeis et en tua aucuns, par quoi li cris</p> -<p>et li hahais mon(ta) tantost en l'ost, et cria cescuns</p> -<p>as armes, et se commencirent deffendre. Droit</p> -<p> ce point se repairoit uns chevaliers, qui avoit fait <span class="dalign">20</span></p> -<p>le gait celle nuit, par devers l'ost, toute se compagnie.</p> -<p>Si oy le cri et le hahay et se trest celle part,</p> -<p>au ferir des esporons, et encontra le chevalier et toute</p> -<p>se compagnie qui s'en repairoit vers le cit. Si lor</p> -<p>coururent sus vighereusement, et eurent bon puigneis <span class="dalign">25</span></p> -<p>et fort. Apris yaus venoient courant cil de</p> -<p>l'host qui estoient armet. Quant cil de le cit veirent</p> -<p>le fais qui leur croissoit, il se desconfirent et s'en</p> -<p>fuirent vers le cit ce qu'il peurent, mais il en domora</p> -<p>grant fuison de mors et de pris. Et si y fu pris li chevaliers <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_95"> 95</a></span></div> -<p>que tant amoient, messires Henris de Pennefort</p> -<p>(et amens devant le conte<a id="FNanchor_360" href="#Footnote_360" class="fnanchor"> [360]</a>) qui volentiers le vey.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant tout furent repairiet leur host, li contes</p> -<p>eut conseil qu'il envoieroit le chevalier prison par</p> -<p>devant le cit, et feroit requerre les bourgois qu'il <span class="dalign">5</span></p> -<p>li volsissent rendre le cit et faire feault lui comme</p> -<p> leur signeur, ou il feroit pendre le chevalier devant</p> -<p>le porte, par tant qu'il avoit entendu que li</p> -<p>chevaliers estoit trs durement ams de toute le communaut</p> -<p>de Rennes. Ensi fu fait que consilliet fu. <span class="dalign">10</span></p> -<p>Quant cil de le cit orent celle requeste et veirent</p> -<p>le chevalier qu'il amoient tant tel meschief, il en</p> -<p>eurent grant pit. Si se traisent en le cit pour yaus</p> -<p>consillier sour celle requeste que on leur avoit faite.</p> -<p>Si se consillirent moult longuement, car grans dissentions <span class="dalign">15</span></p> -<p>estoit entre yaus, car li communs avoit</p> -<p>grant piti dou chevalier qu'il amoient durement,</p> -<p>et si avoient petit de pourveances pour le sige longement</p> -<p>soustenir. Si se acordrent finablement tuit</p> -<p> le pais. Et li grant bourgois, qui estoient bien <span class="dalign">20</span></p> -<p>pourveu, ne s'i voloient acorder.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Si monteplia li dissentions si durement que li</p> -<p>grant bourgois, qui estoient tout d'un linage, se traisent</p> -<p>d'une part et disent tout hault que tout cil qui</p> -<p>estoient de leur accord se traisissent d'une part et devers <span class="dalign">25</span></p> -<p>yaus. Il s'en traii tant de chiaus qui estoient de</p> -<p>leur linage, qu'il furent bien doi mille, tout d'un</p> -<p>acord. Quant li aultre commun veirent che, il se</p> -<p>commencirent esmouvoir et criier durement sus</p> -<p>les grans bourgois, disant sur yaus laides parolles et <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_96"> 96</a></span></div> -<p>villainnes. Et au daarrain il les coururent sus, et en</p> -<p>turent grant fuison. Quant li bourgois se veirent </p> -<p>tel dangier, (il) priirent merci, et disent qu'il s'acorderoient</p> -<p> le volent dou commun et dou pays.</p> -<p>Adonc cessa li hustins, et coururent tous li communs</p> -<p>ouvrir les portes, et rendirent le ditte cit au conte <span class="dalign">5</span></p> -<p>de Montfort; et li fisent feault et hommage, grans</p> -<p>et petis, et le cogneurent signeur. Ossi fist li chevaliers,</p> -<p>messires Henris de Pennefort, et fu retenus</p> -<p>de son conseil. <span class="dalign">10</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 142. Adonc entra li contes de Montfort en le</p> -<p>cit de Rennes grant feste, et fist son host tout quoi</p> -<p>logier as camps. Et fist le pais et l'acord entre les</p> -<p>grans bourgois et les communs; puis establi baillieu,</p> -<p>prevost, eskievins, sergans et tous aultres officiiers. <span class="dalign">15</span></p> -<p>Et sejourna en le cit trois jours, pour li reposer et</p> -<p>son host ossi, et pour avoir avis comment il feroit de</p> -<p>donc en avant. Au quart jour, il fist son hoost deslogier,</p> -<p>et eut conseil de traire devers uns des plus fors</p> -<p>chastiaus et forte ville sans comparison de toute Bretagne, <span class="dalign">20</span></p> -<p>que on claime Haimbon, et siet droitement sus</p> -<p>un bon port de mer, et en va li fluns tout au tour</p> -<p>par grans fosss. Quant messires Henris de Pennefort,</p> -<p>qui estoit rendus (au conte<a id="FNanchor_361" href="#Footnote_361" class="fnanchor"> [361]</a>) et avoit juret son conseil,</p> -<p>vei que li contes se trairoit par devers Haimbon, <span class="dalign">25</span></p> -<p>dont Oliviers de Pennefort ses frres avoit estet</p> -<p>gouvrenres un grant temps et encores estoit, il eut</p> -<p>paour qu'il ne mescheist son frre par aucune</p> -<p>aventure; si traist le conte d'une part conseil et li</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_97"> 97</a></span></div> -<p>dist: Sire, je sui de vostre conseil, si vous doi</p> -<p>feaut. Je voi que vous vols traire par devers Haimbon.</p> -<p>Sachis que li chastiaus et la ville sont si fort</p> -<p>qu'il ne font mies gaegnier, ensi que vous poriis</p> -<p>penser. Vous y poris seoir et perdre le temps d'un <span class="dalign">5</span></p> -<p>an, anois que vous le peuissis avoir par force. Mais</p> -<p>je vous dirai, se croire me vols, comment vous le</p> -<p>pors avoir. Il fait boin ouvrer par engien, quant on</p> -<p>ne poet avant aler par force. Vous me delivers, se</p> -<p>il vous plaist, jusques six cens hommes faire me <span class="dalign">10</span></p> -<p>volent, et je les menrai devant vostre host par l'espasse</p> -<p>de quatre liewes de terre, et porterai le banire</p> -<p>de Bretagne devant mi. Jou ay dedens Haimbon un</p> -<p>frre qui est gouvrenres dou chastiel et de le ville.</p> -<p>Tantost qu'il vera le banire de Bretagne et il me cognistera, <span class="dalign">15</span></p> -<p>il me fera ouvrir le porte, et je enterai dedens</p> -<p> toutes gens, et me saisirai de le ville et des</p> -<p>portes, et prenderai mon frre, et le vous renderai</p> -<p>pris et vostre volent, se tantost il n'obeist moy,</p> -<p>ms que vous me prommets que dou corps nul mal <span class="dalign">20</span></p> -<p>ne li fers.—Par mon chief, dist li contes, nennil.</p> -<p>Et vous estes bien aviss, et vous amerai mieus</p> -<p>que devant tous jours ms, se par ensi faites que je</p> -<p>soie sires de Haimbon, de le ville et dou chastiel.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 143. Adonc se parti messires Henris de Pennefort <span class="dalign">25</span></p> -<p>de le route dou conte, en se compagnie bien six</p> -<p>cens armeures de fier, et chevaua le jour tout entier,</p> -<p>et sus le soir il vint en Haimbon. Quant Oliviers de</p> -<p>Pennefort ses frres sceut que messires Henris venoit</p> -<p>l, si en eut grant joie et cuida tout certainnement <span class="dalign">30</span></p> -<p>que ce fust pour lui aidier garder le ville; si le</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_98"> 98</a></span></div> -<p>laissa ens et ses gens d'armes, et vint contre lui sus</p> -<p>le rue. Si tost que messires Henris le vei, il s'approa</p> -<p>de lui et le prist et li dist: Olivier, vous estes mon</p> -<p>prisonnier.—Comment ce, respondi Oliviers!</p> -<p>Je me sui confiis en vous et cuidoie que vous venissis <span class="dalign">5</span></p> -<p>chi pour moy aidier garder et deffendre</p> -<p>ceste ville et ce chastiel.—Biaus frres, dist</p> -<p>messires Henris, il ne va point ensi. Je m'en mach</p> -<p>en possession et saisine de par le conte de Montfort,</p> -<p>qui presentement est dus de Bretagne, et qui j'ay <span class="dalign">10</span></p> -<p>fait feaut et hommage, et tous li plus grant partie</p> -<p>dou pays ossi. Si y obeirs ossi. Et encores vault</p> -<p>mieulz que ce soit par amours que par force, et vous</p> -<p>en sara messires grignour gr. Tant fu Oliviers de</p> -<p>Pennefort preecis et amonnests de monsigneur <span class="dalign">15</span></p> -<p>Henri son frre, qu'il s'acorda lui et au conte de</p> -<p>Montfort ossi, qui entra dedens Haimbon grant joie;</p> -<p>et fu plus lis de le prise et saisine de Haimbon que</p> -<p>de telz quarante castiaus (qui<a id="FNanchor_362" href="#Footnote_362" class="fnanchor"> [362]</a>) sont en Bretagne, car</p> -<p>il y a bonne ville et grosse et bon port de mer. Si se <span class="dalign">20</span></p> -<p>saisi tantost dou fort chastiel et de le ville, et y mist</p> -<p>dedens ses gens et ses garnisons.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Et puis si se traist toute son host par devant le</p> -<p>cit de Vennes; et fist tant parler et trettier as bourgois</p> -<p>et chiaus de Vennes, qu'il se rendirent lui <span class="dalign">25</span></p> -<p>et li fisent feault et hommage comme leur signeur.</p> -<p>Il establi en le cit toutes manires d'officiiers et y</p> -<p>sejourna deus jours.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Au tierc jour, il s'en parti et ala assegier un trop</p> -<p>fort chastiel, seant sus un hault tertre qui s'estent <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_99"> 99</a></span></div> -<p>droit sus le mer, que on claime le Roceperiot. Si en</p> -<p>estoit chastellains uns vaillans chevaliers et moult</p> -<p>gentils homs que on clamoit monsigneur Olivier de</p> -<p>Clion, cousins germains au signeur de Clion. Et</p> -<p>sejourna par devant, sige fait, plus de dix jours que <span class="dalign">5</span></p> -<p>onques ne peut trouver voie par quoi il peuist le</p> -<p>chastiel gaagnier, si fors estoit il. Et si ne pooit</p> -<p>trouver accord au gentil chevalier, par quoi il peuist</p> -<p>obeir lui, par promesses ne par manaces qu'il li</p> -<p>peuist faire. <span class="dalign">10</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Si s'en parti atant et laissa le sige jusques tant</p> -<p>que plus grans pooirs li venroit, et ala assegier un</p> -<p>aultre chastiel, dix liewes pris de l, que on clamoit</p> -<p>chastiel d'Auroy. Et en estoit chastellains uns</p> -<p>gentilz chevaliers que on clamoit monsigneur Joffroi <span class="dalign">15</span></p> -<p>de Malatrait, et avoit compagnon monsigneur Yvon</p> -<p>de Tigri. Li dis coens fist assallir deus fois celui</p> -<p>castiel, mais il vey bien qu'il y poroit plus perdre</p> -<p>que gaegnier. Si s'acorda une triewe et jour de</p> -<p>parlement, par le pourcach monsigneur Hervi de <span class="dalign">20</span></p> -<p>Lyon, qui adonc estoit avoech lui. Li parlemens se</p> -<p>porta si bien que au pardaarrain il furent bon ami.</p> -<p>Et fisent li doi chevalier feault au dit conte, et demorrent</p> -<p>gardiien dou dit chastiel et de celui pays,</p> -<p>de par le dit conte. <span class="dalign">25</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Atant se parti li contes de l et mena son host par</p> -<p>devant un aultre fort chastiel, asss pris de l, que</p> -<p>on claime Goy le Foriest. Chils qui chastelains en</p> -<p>estoit veoit que li contes avoit grant host et que</p> -<p>tous li pays se rendoit lui: si ques, par l'enhort et <span class="dalign">30</span></p> -<p>le conseil monsigneur Hervi de Lyon, avoech qui il</p> -<p>avoit estet grans compains en Grenate, en Prusce et</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_100"> 100</a></span></div> -<p>en aultres estragnes contres, il s'acorda au dit conte</p> -<p>et li fist feault, et demora gardiiens del dit chastiel</p> -<p>de par le conte.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Tantost apris, li contes se parti de l et s'en ala</p> -<p>par devers Craais, bonne ville et fort chastiel, et <span class="dalign">5</span></p> -<p>avoit dedens un evesque qui sires en estoit. Chilz</p> -<p>evesques estoit oncles au dit monsigneur Hervi de</p> -<p>Lyon: si ques, par le conseil et l'amour del dit</p> -<p>monsigneur Hervi de Lyon, il s'acorda au dit conte</p> -<p>et le recogneut signeur jusques adonc que venroit <span class="dalign">10</span></p> -<p>avant, qui plus grant droit mousteroit pour avoir la</p> -<p>duce de Bretagne.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 144. Pourquoi vous feroi je lonc compte? En</p> -<p>tel manire conquist li dis contes de Montfort tout</p> -<p>cel pays que vous avs oy, et fist par tout obeir lui <span class="dalign">15</span></p> -<p>et appeller duc de Bretagne. Puis s'en ala un port</p> -<p>de mer que on claime Gredo, et departi toutes ses</p> -<p>gens. Si les envoia par ses cits et forterces, pour</p> -<p>elles aidier garder, puis se mist en mer tout</p> -<p>vingt chevaliers et naga tant qu'il vint en Cornuaille <span class="dalign">20</span></p> -<p>et arriva un port c'on dist Cepse. Si enquist dou</p> -<p>roy engls o il le trouveroit. Il li fu dit que le plus</p> -<p>dou tamps il se tenoit Windesore. Dont chevaua</p> -<p>celle part et toute se route; et fist tant par ses journes</p> -<p>qu'il vint Windesore, o il fu receus grant <span class="dalign">25</span></p> -<p>joie dou roy, de ma dame le royne et de tous les</p> -<p>barons qui l estoient. Et fu grandement festiis et</p> -<p>honnours, quant on sceut pour coi il estoit l venus.</p> -<p>Premierement (il<a id="FNanchor_363" href="#Footnote_363" class="fnanchor"> [363]</a>) remoustra ses besongnes au roy</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_101"> 101</a></span></div> -<p>engls, monsigneur Robert d'Artois et tout le conseil</p> -<p>le roy, et dist comment il s'estoit mis en saisine</p> -<p>et en possession de la duce de Bretagne, qui escheue</p> -<p>li estoit par le succession dou duc son frre daarrainnement</p> -<p>trespass de ce sicle. Or faisoit il <span class="dalign">5</span></p> -<p>doubte que messires Charles de Blois ne li empeeast,</p> -<p>et li rois de France ses oncles ne li volsist oster par</p> -<p>poissance; pour quoi il s'estoit l trais pour relever</p> -<p>la ditte duce et tenir en foy et en hommage dou</p> -<p>roy d'Engleterre tous jours, ms qu'il l'en fesist <span class="dalign">10</span></p> -<p>seur contre le roy de France et contre tous aultres</p> -<p>qui empeecier li vorroient.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant li rois engls eut oy ces parolles, il y entendi</p> -<p>volentiers, car il regarda et ymagina que se</p> -<p>guerre au roy de France en seroit grandement embellie, <span class="dalign">15</span></p> -<p>et qu'il ne pooit avoir plus belle entre ou</p> -<p>royaume ne plus pourfitable que par Bretagne, et</p> -<p>que, de tant qu'il avoit guerriiet par les Alemans et</p> -<p>les Braibenons, il n'avoit riens fait, fors que frettiiet</p> -<p>et despendut grandement et grossement. Et <span class="dalign">20</span></p> -<p>l'avoient men et demen li signeur de l'Empire,</p> -<p>qui avoient pris son or et son argent, ensi qu'il</p> -<p>avoient volu, et riens fait. Si descendi le requeste</p> -<p>dou conte de Montfort liement et legierement, et</p> -<p>prist le hommage de la ditte duc de Bretagne, par <span class="dalign">25</span></p> -<p>la main dou conte de Montfort, qui se tenoit et appelloit</p> -<p>dus de Bretagne. Et l li eut li rois engls en</p> -<p>couvent, present les barons et les chevaliers qui</p> -<p>d'Engleterre estoient et qu'il avoit l amens de Bretagne,</p> -<p>qu'il l'aideroit et deffenderoit et garderoit <span class="dalign">30</span></p> -<p>comme son homme contre tous hommes, fust rois de</p> -<p>France ou aultres, selonch son loyal pooir. De ces parolles</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_102"> 102</a></span></div> -<p>et de ces hommages furent escriptes et (leues<a id="FNanchor_364" href="#Footnote_364" class="fnanchor"> [364]</a>)</p> -<p>lettres et seeles, dont cescune des parties eut les</p> -<p>copies. Avoec tout ce, li rois et ma dame la royne</p> -<p>donnrent au conte de Montfort et ses gens grans</p> -<p>dons et biaus jeuiaus, car bien le savoient faire; et <span class="dalign">5</span></p> -<p>tant qu'il en furent tout content et qu'il disent que</p> -<p>c'estoit uns nobles rois et vaillans et une noble</p> -<p>royne, et qu'il estoient bien tailliet de regner encores</p> -<p>en grant prosperit.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Apris toutes ces coses faites et acomplies, li contes <span class="dalign">10</span></p> -<p>de Montfort prist congiet et se parti d'yaus, et</p> -<p>passa Engleterre. Et rentra en mer ce meisme port</p> -<p>o il estoit arivs, et naga tant qu'il arriva Gredo</p> -<p>en le Basse Bretagne. Et puis s'en vint en le cit de</p> -<p>Nantes, o il trouva la contesse sa femme, qui il <span class="dalign">15</span></p> -<p>recorda comment il avoit esploitiet. De ce fu elle</p> -<p>toute joians, et li dist qu'il avoit trs bien ouvr et</p> -<p>par bon conseil. Si me tairai un petit d'yaus et</p> -<p>parlerai de monsigneur Charlon de Blois, qui devoit</p> -<p>avoir la duce de Bretagne de par sa femme, ensi <span class="dalign">20</span></p> -<p>que vous avs oy determiner par devant.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 145. Quant messires Charles de Blois, qui tenoit</p> -<p> avoir femme le droit hoir de Bretagne, entendi</p> -<p>que li contes de Montfort conqueroit ensi par force</p> -<p>le pays et les forterces, qui estre devoient siennes <span class="dalign">25</span></p> -<p>par droit, il s'en vint Paris complaindre au roy</p> -<p>Phelippe son oncle. Li rois Phelippes ot conseil </p> -<p>ses douze pers quel cose il en feroit. Si douze per li</p> -<p>consillirent qu'il apertenoit bien que li dis coens</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_103"> 103</a></span></div> -<p>de Montfort fust mands et ajourns par souffissans</p> -<p>messages estre un certain jour Paris, pour or</p> -<p>ce qu'il en vorroit respondre. Ensi fu fait. Li dis</p> -<p>contes fu mands et ajourns souffissamment; et fu</p> -<p>trouvs en le cit de Nantes, grant feste demenant. Il <span class="dalign">5</span></p> -<p>fist grant chire et grant feste as messages, mais il</p> -<p>eut pluiseurs diverses penses anois qu'il otriast le</p> -<p>voie de l'aler au mandement dou roy Paris. Toutes</p> -<p>voies au darrain, il leur respondi qu'il voloit estre</p> -<p>obeyssans au roy et qu'il iroit volentiers son mandement. <span class="dalign">10</span></p> -<p>Si s'ordonna et apparilla moult richement</p> -<p>et grandement, et se departi de Nantes en grant arroi</p> -<p>et bien acompagnis de chevaliers et d'escuiers, et</p> -<p>fist tant par ses journes qu'il entra en Paris plus</p> -<p>de trois cens chevaus, et se trest as hostelz moult ordeneement,<span class="dalign">15</span></p> -<p>et fu l tout le jour et le nuit ossi.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>A l'endemain, heure de tierce, il monta cheval,</p> -<p>et chevalier et escuier grant fuison avoecques lui, et</p> -<p>chevaua vers le palais et fist tant qu'il y vint. L</p> -<p>l'attendoit li rois Phelippes, et tout li douze per et <span class="dalign">20</span></p> -<p>grant plent des barons de France avoecques monsigneur</p> -<p>Charlon de Blois. Quant li contes de Montfort</p> -<p>sceut quel part il trouveroit le roy et les barons,</p> -<p>il s'est trais viers yaus en une cambre o il estoient</p> -<p>tout assambl. Si fu moult durement regards et salus <span class="dalign">25</span></p> -<p>de tous les barons, puis s'en vint encliner le</p> -<p>roy moult humlement et li dist: Sire, je sui chi</p> -<p>venus vostre mandement et vostre plaisir. Li</p> -<p>rois li respondi et li dist: Contes de Montfort, de</p> -<p>ce vous sai je bon gr. Mais je m'esmerveille durement <span class="dalign">30</span></p> -<p>pour quoi ne comment vous avs os entreprendre,</p> -<p>de vostre volent, le duche de Bretagne o</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_104"> 104</a></span></div> -<p>vous n'avs nul droit, car il y a plus proisme de</p> -<p>vous, cui vous vols deshireter. Et pour vous mieus</p> -<p>efforcier, vous estes als mon adversaire le roy</p> -<p>d'Engleterre, et le avs de lui relevet et lui fait</p> -<p>feault et hommage, ensi que on le m'a compt. Li <span class="dalign">5</span></p> -<p>contes respondi et dist: Ha! sire, ne le cres pas,</p> -<p>car vraiement vous estes de chou mal infourms, je</p> -<p>le feroie moult envis. Mais de la proismet dont</p> -<p>vous me parls m'est avis, sire, sauve vostre grasce,</p> -<p>que vous en mesprends, car je ne sai nul si proain <span class="dalign">10</span></p> -<p>del duch de Bretagne, mon frre daarrainnement</p> -<p>mort, que moy. Et se jugiet et declaret estoit</p> -<p>par droit que aultres y fust plus proismes de moy,</p> -<p>je ne seroie point honteus ne rebelles del deporter.</p> -<p>Quant li roys entendi chou, il respondi et dist: <span class="dalign">15</span></p> -<p>Sire coens, vous en dites asss, ms je vous commande,</p> -<p>sur quanques vous tens de moy et que</p> -<p>tenir en devs, que vous ne vous parts de le cit</p> -<p>de Paris jusques quinze jours que li baron et li per</p> -<p>jugeront de celle proismet. Si sars adonc quel <span class="dalign">20</span></p> -<p>droit vous y avs; et se vous le faites autrement, sacis</p> -<p>que vous me couroucers. Li coens respondi</p> -<p>et dist: Sire, vostre volent.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Si se parti atant dou roy et vint son hostel:</p> -<p>venus, il entra en sa cambre et se commena aviser <span class="dalign">25</span></p> -<p>et penser que, s'il attendoit le jugement des barons</p> -<p>et des pers de France, que li jugemens poroit</p> -<p>bien tourner contre lui, car bien li sambloit que</p> -<p>li rois feroit plus volentiers partie pour monsigneur</p> -<p>Charlon de Blois son neveu que pour lui. <span class="dalign">30</span></p> -<p>Et veoit bien que, se il avoit jugement contre</p> -<p>lui, que li rois le feroit arrester jusques tant</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_105"> 105</a></span></div> -<p>qu'il aroit tout rendu, cits, villes et chastiaus</p> -<p>dont il tenoit ores le saisine et le possession, et</p> -<p>avoech chou tout le grant tresor qu'il avoit trouvet</p> -<p>et despendut. Se li fu avis pour le mains</p> -<p>mauvais qu'il li valoit mieulz qu'il courouchast le <span class="dalign">5</span></p> -<p>roy et s'en ralast paisievlement par devers Bretagne,</p> -<p>que il demorast en Paris en ce dangier et en si perilleuse</p> -<p>aventure. Ensi qu'il pensa, ensi fut fait. Si</p> -<p>monta si paisievlement et si couvertement, et se parti</p> -<p> si peu de compagnie qu'il fu anois en Bretagne <span class="dalign">10</span></p> -<p>revenus que li rois ne aultres, fors cil de son conseil,</p> -<p>sceuissent riens de son departement; ains pensoit</p> -<p>cescuns qu'il fust dehetis son hostel. Quant il fu</p> -<p>revenus dals le contesse sa femme qui estoit </p> -<p>Nantes, il li compta toute sen aventure, puis ala par <span class="dalign">15</span></p> -<p>le conseil de sa femme, qui avoit bien coer d'omme</p> -<p>et de lyon, par toutes les cits, les chastiaus et les</p> -<p>bonnes villes qui estoient lui rendues, et establi</p> -<p>par tout bons capitainnes et si grant plent de saudoiiers</p> -<p> piet et cheval qu'il y couvenoit, et grans <span class="dalign">20</span></p> -<p>pourveances de vivres l'avenant. Et paia si bien</p> -<p>tous saudoiiers piet et cheval que cescuns le servoit</p> -<p>volentiers. Quant il eut (tout) ordonn ensi qu'il</p> -<p>appertenoit, il s'en revint Nantes dals ma dame sa</p> -<p>femme et dals les bourgois de le cit, qui durement <span class="dalign">25</span></p> -<p>l'amoient par samblant, pour les grans courtoisies</p> -<p>qu'il leur faisoit. Or me tairai un petit de lui et retourneray</p> -<p>au roy de France et son neveu monsigneur</p> -<p>Charlon de Blois.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 146. Cescuns doit savoir que li rois de France <span class="dalign">30</span></p> -<p>fu durement couroucis, ossi fu messires Charles de</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_106"> 106</a></span></div> -<p>Blois, quant il sceurent que li contes de Montfort</p> -<p>leur fu ensi escaps et en estoit als, ensi que vous</p> -<p>avs oy. Toutes voies, il attendirent jusques le quinsainne</p> -<p>que li per et li dit baron de France devoient</p> -<p>rendre leur jugement de la duc de Bretagne. Si le <span class="dalign">5</span></p> -<p>jugirent del tout monsigneur Charlon de Blois et</p> -<p>en ostrent le conte de Montfort, par deus raisons:</p> -<p>l'une, par tant que la dame, la femme monsigneur</p> -<p>Charlon de Blois, qui estoit fille dou frre germain le</p> -<p>duch qui mors estoit, de par le pre dont la duce <span class="dalign">10</span></p> -<p>lor venoit, estoit plus proaine que li contes de</p> -<p>Montfort, qui estoit d'un aultre pre qui onques n'avoit</p> -<p>estet dus de Bretagne. L'autre raisons si estoit</p> -<p>que, s'il fust ensi que li contes de Montfort y ewist</p> -<p>aucun droit, si l'avoit il fourfait par deus raisons: <span class="dalign">15</span></p> -<p>l'une, par tant qu'il l'avoit relevet d'aultre signeur</p> -<p>que dou roy de France, de cui on le devoit tenir en</p> -<p>fief; l'autre raison, pour tant qu'il avoit fourpasset</p> -<p>le commandement son signeur le roy et brisiet son</p> -<p>arrest et se prison, et s'en estoit partis sans congiet. <span class="dalign">20</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant cilz jugemens fu rendus par plainne sieute de</p> -<p>tous les barons, li rois en appella monsigneur Charlon</p> -<p>de Blois et li dist: Biaus nis, vous avs jugement</p> -<p>pour vous de bel hiretage et grant. Or vous</p> -<p>hasts et vous pens del reconquerre sour celi qui le <span class="dalign">25</span></p> -<p>tient tort, et priis tous vos amis qu'il vous voellent</p> -<p>aidier cest besoing, et je ne vous y faurrai mies; ains</p> -<p>vous presterai or et argent asss. Et dirai mon fil</p> -<p>le duch de Normendie qu'il (se<a id="FNanchor_365" href="#Footnote_365" class="fnanchor"> [365]</a>) face chief avoecques</p> -<p>vous. Et vous pri et commande que vous vos hasts. <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_107"> 107</a></span></div> -<p>Car, se li rois engls nos adversaires, de cui li contes</p> -<p>de Montfort a relevet le duce, venoit en Bretagne, il</p> -<p>nous poroit trop durement porter grant damage, et</p> -<p>ne poroit avoir plus belle entre pour venir par de,</p> -<p>meismement quant il aroit le pays et les forterces <span class="dalign">5</span></p> -<p>de Bretagne de son acord. Adonc messires Charles</p> -<p>de Blois enclina son oncle, en merciant durement</p> -<p>de ce qu'il li disoit et prommetoit. Si pria tantost l</p> -<p>endroit le duch de Normendie son cousin, le conte</p> -<p>d'Alenon son oncle, le duch de Bourgongne, le <span class="dalign">10</span></p> -<p>conte de Blois son frre, le duch de Bourbon, messire</p> -<p>Loeis d'Espagne, monsigneur Jakeme de Bourbon,</p> -<p>le conte d'Eu connestable de France et le conte</p> -<p>de Ghines son fil, le visconte de Roem, et en apris</p> -<p>tous les contes, les princes et les barons qui l estoient, <span class="dalign">15</span></p> -<p>qui tout li eurent en couvent que il iroient</p> -<p>volentiers avoech lui et avoecques leur signeur le</p> -<p>duch de Normendie, cescuns tout tant de gens et</p> -<p>de compagnie qu'il poroit avoir. Puis se departirent</p> -<p>tout li prince et li baron de et del. Si envoiirent <span class="dalign">20</span></p> -<p>leurs messages par tout pour yaus appareillier et pour</p> -<p>faire pourveances, ensi qu'il leur besongnoit pour</p> -<p>aler en si lontain voiage et si diverses marces et</p> -<p>pays. Et bien pensoient qu'il ne poroient avenir </p> -<p>lor entente sans avoir grant contraire. <span class="dalign">25</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 147. Quant tout cil signeur, li dus de Normendie,</p> -<p>li contes d'Alenon, li dus de Bourgongne, li</p> -<p>dus de Bourbon et li aultre signeur, baron et chevalier</p> -<p>qui devoient aler avoech monsigneur Charlon</p> -<p>de Blois, pour lui aidier reconquerre la duce de <span class="dalign">30</span></p> -<p>Bretagne, ensi que vous avs oy, furent prest et leurs</p> -<p><span class="pagenum"><a id="Page_108"> 108</a></span></p> -<p>gens apparilliet, il se partirent de Paris li aucun, et</p> -<p>li aultre de leur lieu. Si en alrent li uns aprs les</p> -<p>aultres, et se assamblrent en le cit de Angiers;</p> -<p>puis s'en alrent jusques Ancheni, qui est li fins del</p> -<p>royaume cestui cost del, et sejournrent l endroit <span class="dalign">5</span></p> -<p>trois jours, pour mieus ordonner leur conroy et</p> -<p>leur charoi. Quant il eurent chou fait, il issirent hors</p> -<p>pour entrer ens ou pays de Bretagne. Quant il furent</p> -<p>as camps, il considerrent leur pooir et estimrent</p> -<p>leur host cinq mille armeures de fer, sans les Geneuois <span class="dalign">10</span></p> -<p>qui estoient l trois mille, si com jou ay oy</p> -<p>depuis recorder. Et les conduisoient doi chevalier</p> -<p>de (Gennes<a id="FNanchor_366" href="#Footnote_366" class="fnanchor"> [366]</a>): si avoit nom li uns messires Othes</p> -<p>Doriie, et li aultres messires Charles Grimaus. Et si</p> -<p>y avoit grant plent (de bidaus<a id="FNanchor_367" href="#Footnote_367" class="fnanchor"> [367]</a> et) d'arbalestriers <span class="dalign">15</span></p> -<p>que conduisoit messires li Galois de le Baume.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant toutes ces gens furent issu de Ancheni, il se</p> -<p>traisent par devant un trs fort chastiel seant hault</p> -<p>sus une montagne par dessus une rivire: si l'appelle</p> -<p>on Chastouseal, et est li cls et li entre de Bretagne. <span class="dalign">20</span></p> -<p>Et estoit bien garnis et bien furnis de gens d'armes o</p> -<p>que il y avoit deus moult vaillans chevaliers, qui en estoient</p> -<p>chapitain, dont li uns avoit nom messire Milles</p> -<p>et li aultres messire Walerans, et estoient de Loeraingne.</p> -<p>Quant li dus de Normendie et li aultre signeur <span class="dalign">25</span></p> -<p>que vous avs oy nommer veirent le chastiel si fort,</p> -<p>il eurent conseil qu'il les assegeroient. Car, s'il passoient</p> -<p>avant et laissoient une tle garnison derrire</p> -<p>yaus, ce leur poroit tourner grant damage et anoy.</p> -<p><span class="pagenum"><a id="Page_109"> 109</a></span></p> -<p>Si le assegirent tout au tour et y fisent pluiseurs</p> -<p>assaus, meismement li Geneuois qui s'abandonnoient</p> -<p>durement et follement, pour yaus mieus moustrer </p> -<p>cest commencement, si qu'il y perdirent de leurs</p> -<p>compagnons par pluiseurs fois, car cil dou chastiel <span class="dalign">5</span></p> -<p>se deffendirent durement et sagement: si ques li signeur</p> -<p>demorrent grant pice devant, anois qu'il le</p> -<p>peuissent (avoir<a id="FNanchor_368" href="#Footnote_368" class="fnanchor"> [368]</a>). Mais au daarrain il fisent si grant</p> -<p>attrait de mairiens et de velourdes, et les fisent mener</p> -<p>par force de gens jusques as fosss dou chastiel, <span class="dalign">10</span></p> -<p>et puis fisent assallir trs fortement: si ques, tout en</p> -<p>assallant, il fisent emplir ces fosss de ces mairiens</p> -<p>et velourdes, tant que qui estoit couvers il pooit bien</p> -<p>aler jusques as murs, combien que cil dou chastiel</p> -<p>se deffendesissent si bien et si vassaument que on ne <span class="dalign">15</span></p> -<p>poroit mieus deviser, tant que de traire, de getter</p> -<p>pires, cauch et feu ardant grant fuison. Et cil de</p> -<p>dehors avoient fait chas et instrumens, par quoi on</p> -<p>pikoit les murs, tous couvers. Que vous feroi je lonch</p> -<p>compte? Cil del chastiel veirent bien qu'il ne se poroient <span class="dalign">20</span></p> -<p>longuement tenir, puis que on pertruisoit les</p> -<p>murs. Et si savoient bien qu'il n'aroient point de secours</p> -<p>ne point de merci, se il estoient pris par force.</p> -<p>Si eurent conseil entre yaus qu'il se renderoient,</p> -<p>sauves leurs vies et leurs membres, si qu'il fisent. Et <span class="dalign">25</span></p> -<p>les prisent li signeur merci. Ensi fu gaagnis par</p> -<p>ces signeurs de France cilz premiers chastiaus que on</p> -<p>claime Chastouseaulz, dont il orent moult grant joie,</p> -<p>car il lor sambla que ce fust bons commencemens</p> -<p>de leur emprise. <span class="dalign">30</span></p> -</div> -<div class="section"> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_110"> 110</a></span></div> -<p> 148. Quant li dus de Normendie et li aultre signeur</p> -<p>eurent conquis Chastouseaulz, si com vous</p> -<p>avs oy, li dus de Normendie, qui estoit souverains</p> -<p>de tous, le livra tantost monsigneur Charlon de</p> -<p>Blois comme sien, et il mist dedens bon chastelain <span class="dalign">5</span></p> -<p>et grant fuison de gens d'armes, pour garder l'entre</p> -<p>dou pays, et pour conduire chiaus qui venroient</p> -<p>apris yaus. Puis se deslogirent li signeur et se traisent</p> -<p>par devers Nantes, l o il tenoient que li contes</p> -<p>de Montfort leurs ennemis estoit. Si lor avint que li <span class="dalign">10</span></p> -<p>mareschal de l'host et li coureur trouvrent entre</p> -<p>voies une bonne ville et grosse, bien freme de fosss</p> -<p>et de palis; si l'assallirent fortement. Ichil dedens</p> -<p>estoient peu de gens et petitement arm; si ne se</p> -<p>peurent deffendre contre les assallans, meismement <span class="dalign">15</span></p> -<p>contre les arbalestriers des Geneuois. Si fu la ville</p> -<p>tantost gaagnie, toute robe, et bien li moitis arse,</p> -<p>et toutes gens mis l'espe, dont ce fu pits. Et appelle</p> -<p>on le ville Quarquefoure, et siet quatre liewes</p> -<p>ou cinq pris de Nantes. Li signeur logirent celle <span class="dalign">20</span></p> -<p>nuit l entour.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>L'endemain, il se deslogirent et se traisent par</p> -<p>devers le cit de Nantes; si le assegirent tout au tour.</p> -<p>Et fisent tendre tentes et pavillons si bellement et si</p> -<p>ordonneement que vous savs que Franois scvent <span class="dalign">25</span></p> -<p>bien faire. Et cil qui estoient dedens le cit pour le</p> -<p>garder, dont il y avoit grant fuison de gens d'armes</p> -<p>avoecques les bourgois, se alrent tout armer et se</p> -<p>maintinrent celui jour moult bellement, cescuns sa</p> -<p>deffense, ensi qu'il estoit ordonns. Celui jour entendirent <span class="dalign">30</span></p> -<p>cil de l'host yaus logier et aler fourer. Et aucun</p> -<p>bidau et Geneuois alrent pris des bailles pour</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_111"> 111</a></span></div> -<p>escarmucier et paleter. Et aucun des saudoiers et des</p> -<p>jones bourgois issirent hors encontre yaus: si qu'il</p> -<p>y ot trait et lanciet, et des mors et des navrs d'un</p> -<p>costet et d'autre, si com il a souvent en si faites besongnes.</p> -<p>Ensi y eut l des escarmuces par deus ou <span class="dalign">5</span></p> -<p>par trois fois, tant que li hos demora l.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Au pardarrain, il y avint une aventure asss sauvage,</p> -<p>ensi que jou oy recorder ceulz qui y furent.</p> -<p>Car aucun des saudoiiers de le cit et des bourgois</p> -<p>issirent hors une matine l'aventure, et trouvrent <span class="dalign">10</span></p> -<p>jusques quinze chars chargis de vivres et de</p> -<p>pourveances qui en aloient vers l'ost, et gens qui</p> -<p>les conduisoient jusques soissante, et cil de le</p> -<p>cit estoient bien deus cens. Si les coururent sus et</p> -<p>les desconfirent, et en turent les aucuns, et fisent les <span class="dalign">15</span></p> -<p>chars chariier par devers le cit. Li cris et li hus en</p> -<p>vint jusques en l'ost. Si s'ala cescuns armer au plus</p> -<p>tost qu'il peut, et courut cescuns apris les chars</p> -<p>pour rescourre le proie; et les raconsievirent asss</p> -<p>pris des bailles de le cit. L monteplia trs durement <span class="dalign">20</span></p> -<p>li hustins, car cil de l'host y vinrent si grant</p> -<p>fuison que li saudoiier en orent trop grant fais. Toutes</p> -<p>voies, il fisent desteler les chevaus et les cachirent</p> -<p>dedens le porte, fin que, s'il avenoit que cil</p> -<p>de l'host obtenissent le place, que il ne peuissent <span class="dalign">25</span></p> -<p>remener les chars ne les pourveances si legierement.</p> -<p>Quant li aultre saudoiier de le cit veirent le hustin,</p> -<p>et que leur compagnon avoient trop grant fais, aucun</p> -<p>issirent hors pour yaus aidier. Ossi fisent des aultres</p> -<p>bourgois, pour aidier leurs parens. Ensi monteplia <span class="dalign">30</span></p> -<p>trs durement li hustins, et y eut tout plain de mors</p> -<p>et de navrs d'un costet et d'aultre, et grant fuison</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_112"> 112</a></span></div> -<p>de bien deffendans et d'assallans. Et dura cils hustins</p> -<p>moult longement, car toutdis croissoit li force de</p> -<p>chiaus de l'host. Et sourvenoient toutdis nouvelles</p> -<p>gens reposs.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Tant avint que, au pardarrain, messires Hervis de <span class="dalign">5</span></p> -<p>Lyon, qui estoit li uns des mestres consillires le</p> -<p>conte de Montfort et ossi de toute le cit, et qui</p> -<p>moult bien s'estoit maintenus et moult vassaument</p> -<p> ce hustin, et moult avoit reconfort ses gens, quant</p> -<p>il vei qu'il estoit poins de retraire et qu'il pooient <span class="dalign">10</span></p> -<p>plus perdre au demorer que gaegnier, il fist ses gens</p> -<p>retraire au mieulz qu'il peut, et les deffendoit en retraiant</p> -<p>et garandissoit au mieulz qu'il pooit. Si leur</p> -<p>avint qu'il furent si pris sievi au retraire qu'il y eut</p> -<p>grant fuison de mors, et pris bien deus cens et plus <span class="dalign">15</span></p> -<p>des bourgois de le cit, dont leur pre, leur frre et</p> -<p>leur ami furent durement dolent et courouciet. Ossi</p> -<p>fu li contes de Montfort qui en blasma durement</p> -<p>monsigneur Hervi de Lyon, par courouch de chou</p> -<p>qu'il les avoit si tost fait retraire. Et li sambloit que <span class="dalign">20</span></p> -<p>par le retraite ses gens estoient perdu. De quoi messires</p> -<p>Hervis fu durement merancolieus. Et ne volt</p> -<p>onques, puissedi, venir au conseil le conte, se petit</p> -<p>non. Si s'en esmervilloient durement les gens pour</p> -<p>quoi il le faisoit. <span class="dalign">25</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 149. Or avint, ensi que jou ay oy recorder, que</p> -<p>aucun des bourgois de le cit, qui veoient leurs biens</p> -<p>destruire dedens le cit et dehors, et avoient leurs</p> -<p>amis et leurs hoirs et enfans en prison et doubtoient</p> -<p>encores pis venir, se avisrent et parlrent ensamble <span class="dalign">30</span></p> -<p>tant qu'il eurent entre yaus acord de trettier </p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_113"> 113</a></span></div> -<p>ces signeurs de France couvertement, par quoi il</p> -<p>peuissent venir pais et ravoir leurs enfans et amis</p> -<p>quittes qui estoient en prison. Si trettirent tant paisievlement</p> -<p>et couvertement que acord fu que il raroient</p> -<p>les prisons tous quittes; et il devoient livrer <span class="dalign">5</span></p> -<p>l'une des portes ouvertes pour les signeurs entrer en</p> -<p>le cit et pour aler prendre le conte de Montfort</p> -<p>dedens le chastiel, sans riens fourfaire ailleurs en le</p> -<p>cit, ne corps, ne biens. Ensi que acord (et</p> -<p>traicti<a id="FNanchor_369" href="#Footnote_369" class="fnanchor"> [369]</a> fu) fu fait. Et entrrent li signeur et ceulz <span class="dalign">10</span></p> -<p>qu'il veurent avoir avoech yaus, en une matine, en</p> -<p>le cit de Nantes, par l'acord des bourgois, et alrent</p> -<p>droit au chastiel ou au palais. Si brisirent les huis</p> -<p>et prisent le conte de Montfort et l'en menrent hors</p> -<p>de le cit, leurs tentes, si paisievlement qu'il ne <span class="dalign">15</span></p> -<p>fourfisent riens ne as corps ne as biens de le cit. Et</p> -<p>vorrent bien aucunes gens dire que ce fu fait asss de</p> -<p>l'accord et pourcach ou consentement monsigneur</p> -<p>Hervi de Lyon, pour tant que li coens l'avoit rampronnet,</p> -<p>si com vous avs oy. Or ne sai je pas, quoi <span class="dalign">20</span></p> -<p>qu'il en fust d'aucunes gens soupeonns, se ce fu</p> -<p>voirs ou non, car bien ap(pa)rut en ce que, apris</p> -<p>che fait, il fu toutdis de l'accord et conseil del dit</p> -<p>monsigneur Charle. Ensi que vous avs oy, et que</p> -<p>jou ay oy recorder, fu pris li contes de Montfort en <span class="dalign">25</span></p> -<p>le cit de Nantes, l'an de grasce mil trois cens et quarante</p> -<p>un, entour le feste de le Toussains.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Tantost apris chou que li contes de Montfort fu</p> -<p>pris et mens as tentes, li signeur de France entrrent</p> -<p>en le cit, tout desarmet, moult grant feste. <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_114"> 114</a></span></div> -<p>Et fisent li bourgois et tout cil del pays au tour</p> -<p>feault et hommage monsigneur Charle de Blois,</p> -<p>comme leur droit signeur. Si demorrent li signeur</p> -<p>en le cit par l'espasse de trois jours, grant feste,</p> -<p>pour yaus aaisier et pour avoir conseil entre yaus <span class="dalign">5</span></p> -<p>qu'il poroient faire de donc en avant. Si se acordrent</p> -<p> ou, pour le milleur, qu'il s'en retourneroient</p> -<p>par devers France et par devers le roy et li liveroient</p> -<p>le conte de Montfort pour prison, car il avoient</p> -<p>moult grandement bien esploitiet, ce lor sambloit, <span class="dalign">10</span></p> -<p>et par tant ossi qu'il ne pooient bonnement plus</p> -<p>avant hostoiier ne guerriier, pour l'ivier temps qui</p> -<p>entrs estoit, fors par garnisons et forterces, ce leur</p> -<p>sambloit. Si consillirent monsigneur Charle de</p> -<p>Blois qu'il se tenist en le cit de Nantes et l entour <span class="dalign">15</span></p> -<p>jusques au nouviel temps d'est, et fesist ce qu'il</p> -<p>peuist par ses saudoiiers et par ses forterces qu'il</p> -<p>avoit reconquises. Puis se partirent tout li signeur</p> -<p>sour ce pourpos, et fisent tant par leurs journes</p> -<p>qu'il revinrent Paris l o li rois estoit; se li livrrent <span class="dalign">20</span></p> -<p>le conte de Montfort pour son prison. Li rois le</p> -<p>rechut grant joie, et le fist emprisonner en le tour</p> -<p>dou Louvre dals Paris, l o il demora longement.</p> -<p>Au pardarrain, y morut il, ensi que jou ay oy recorder,</p> -<p>et qu'il fu verits. <span class="dalign">25</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 150. Or voel jou retourner le contesse de</p> -<p>Montfort, qui bien avoit corage d'omme et coer de</p> -<p>lyon. Elle estoit en le cit de Rennes, quant elle entendi</p> -<p>que ses sires estoit pris, en le manire que vous</p> -<p>avs oy. Se elle en fu dolente et couroucie, ce puet <span class="dalign">30</span></p> -<p>cescuns et doit penser et savoir, car elle pensa mieus</p> -<span class="pagenum"><a id="Page_115"> 115</a></span> -<p>que on deuist mettre son signeur mort qu'en prison.</p> -<p>Et comment que elle ewist grant doel au coer,</p> -<p>si ne fist elle mies comme femme desconforte,</p> -<p>ms comme (homs<a id="FNanchor_370" href="#Footnote_370" class="fnanchor"> [370]</a>) fiers et hardis, en reconfortant</p> -<p>vaillamment tous ses amis et ses saudoiiers. Et leur <span class="dalign">5</span></p> -<p>moustroit un petit fil que elle avoit, que on appelloit</p> -<p>Jehan ensi que le pre, et disoit: Ha! signeur,</p> -<p>ne vous desconforts mies ne esbahissis pour monsigneur</p> -<p>que nous avons perdu: ce n'estoit que uns</p> -<p>seulz homs. Ves ci mon petit enfant qui sera, s'il <span class="dalign">10</span></p> -<p>plaist Dieu, ses restoriers, et qui vous fera des</p> -<p>biens asss. Et vous pourcacerai tle chapitainne et</p> -<p>tel mainbour par cui vous sers tous reconforts.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant la dessus ditte dame et contesse eut ensi</p> -<p>reconfort ses amis et ses saudoiiers qui estoient <span class="dalign">15</span></p> -<p>Rennes, elle ala par toutes ses bonnes villes et ses</p> -<p>forterces, et menoit son jone fil avoecques lui; et les</p> -<p>sermonnoit et reconfortoit en tle manire que elle</p> -<p>avoit fait chiaus de Rennes, et renforoit les garnisons</p> -<p>de gens et de quanques fallir leur pooit. Et <span class="dalign">20</span></p> -<p>paia largement par tout, et donna asss d'abondance</p> -<p>l o elle pensoit que bien emploiiet estoit. Puis</p> -<p>s'en vint en Hembon sus la mer, qui est forte ville</p> -<p>et grosse et fors chastiaus. L se tint elle et son fil</p> -<p>avoecques lui, tout cel ivier. Souvent envoioit viseter <span class="dalign">25</span></p> -<p>ses garnisons et reconfortoit ses gens, et paioit moult</p> -<p>largement leurs gages. Si me tairai atant de ceste</p> -<p>matre et retournerai au roy Edouwart d'Engleterre,</p> -<p>et conterai quelz coses li avinrent apris le departement</p> -<p>dou sige de Tournay.<span class="dalign">30</span></p> -</div> -<div class="section"> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_116"> 116</a></span></div> -<p> 151. Vous avs bien chi dessus oy recorder</p> -<p>comment, le sige durant devant Tournay, li signeur</p> -<p>d'Escoce avoient repris pluiseurs villes et forterces</p> -<p>sus les Engls qu'il tenoient ou royaume d'Escoce,</p> -<p>et par especial Haindebourch, qui plus les avoit <span class="dalign">5</span></p> -<p>heriis et cuvriis que nulz des aultres, par l'avis et</p> -<p>le soutillet de monsigneur Guillaume de Douglas.</p> -<p>Et encores estoient Struvelin, qui sciet vint liewes</p> -<p>d'Aindebourch, la cits de Bervich et Rosebourc,</p> -<p>engls; et plus n'en y avoit demoret que tout ne <span class="dalign">10</span></p> -<p>fuissent reconquis. Et seoient li dit Escot sige fait,</p> -<p>et aucun signeur de France avoech yaus, que li rois</p> -<p>Phelippes y avoit envoiiet pour parfaire leur guerre,</p> -<p>devant le chastiel de Struvelin. Et l'avoient telement</p> -<p>astraint et constraint et travilliet que li Engls, qui <span class="dalign">15</span></p> -<p>dedens (estoient<a id="FNanchor_371" href="#Footnote_371" class="fnanchor"> [371]</a>) et qui le gardoient, ne le pooient</p> -<p>longuement tenir.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Dont il avint que, quant li Engls se furent parti</p> -<p>de Tournay et retourn en leur pays, li rois Edowars</p> -<p>leur sires fu enfourms des Escos comment il avoient <span class="dalign">20</span></p> -<p>chevauciet et reconquis les villes et les chastiaus</p> -<p>d'Escoce, qui de jadis li avoient tant coust au prendre,</p> -<p>et seoient encores li dit Escot devant Struvelin. Si</p> -<p>eut li rois engls conseil et (volent<a id="FNanchor_372" href="#Footnote_372" class="fnanchor"> [372]</a> de) chevaucier vers</p> -<p>Escoce, si com il fist, et se mist au chemin entre le <span class="dalign">25</span></p> -<p>Saint Mikiel et le Toussains; et fist un trs grant mandement</p> -<p>et trs fort que toutes gens d'armes et arciers</p> -<p>le sievissent et venissent lui vers Evruich, car l</p> -<p>s'en aloit il et y faisoit sen assemble. Dont s'esmurent</p> -<span class="pagenum"><a id="Page_117"> 117</a></span> -<p>toutes manires de gens parmi Engleterre, et s'en vinrent</p> -<p>celle part l o il estoient semons et mand. Et</p> -<p>meismement li rois tout devant s'en vint Evruich et</p> -<p>l s'arresta, en sourattendant ses gens qui venoient </p> -<p>grant effort li uns apris l'autre. Li signeur d'Escoce, <span class="dalign">5</span></p> -<p>qui furent enfourm de le venue dou roy engls qui</p> -<p>venoit sus yaus, et qui le dit chastiel de Struvelin</p> -<p>avoient assegiet, se hastrent telement et si constraindirent</p> -<p>chiaus de le ditte garnison, par assaus</p> -<p>d'engiens et de kanons, que par force il les couvint <span class="dalign">10</span></p> -<p>rendre as Escos. Et leur delivrrent le forterce par</p> -<p>tel manire qu'il s'en partoient, salve leurs corps et</p> -<p>leurs membres, mais riens dou leur n'en portoient.</p> -<p>Ensi recouvrrent li dit Escot le chastiel de Struvelin.</p> -<p> <span class="dalign">15</span></p> -<p>Ces nouvelles vinrent au roy engls qui encores</p> -<p>se tenoit en Evruich: se ne li furent mies trop plaisans.</p> -<p>Et se parti de le ditte cit et se trest par devers</p> -<p>Duremme et passa oultre, et puis vint au Noef</p> -<p>Chastiel sur Thin. Et se logirent ses gens en le ditte <span class="dalign">20</span></p> -<p>ville ou ens s villages d'environ. Et l sejournrent</p> -<p>plus d'un mois, en attendant leurs pourveances</p> -<p>que on avoit mis sus mer et qui leur devoient venir,</p> -<p>mais petit leur en vinrent. Car leurs vassiaus eurent</p> -<p>si grant fortune sus mer, entre le Toussains et le <span class="dalign">25</span></p> -<p>Saint Andrieu, que pluiseurs de leurs nefs furent peries;</p> -<p>et s'en alrent arriver par vent contraire, volsissent</p> -<p>ou non, en Hollandes et en Frise. Dont li Engls,</p> -<p>qui se tenoient au Noef Chastiel et l entour,</p> -<p>eurent moult de distes et de chier temps. Et ne <span class="dalign">30</span></p> -<p>pooient aler avant, car se il fuissent passet, il ne</p> -<p>sceuissent o fourer ne recouvrer de vivres, car li</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_118"> 118</a></span></div> -<p>yviers estoit entrs, et si avoient li Escoois tous</p> -<p>leurs biens, bleds et avainnes, mis et bout en leurs</p> -<p>forterces. Et si avoit li rois engls grant gent avoecques</p> -<p>lui, bien six mille hommes chevaus et quarante</p> -<p>mille hommes de piet; si leur falloit fuison <span class="dalign">5</span></p> -<p>de pourveances.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Li signeur d'Escoce, qui s'estoient retrait devers</p> -<p>le forest de Gedours apris le prise de Struvelin,</p> -<p>entendirent bien que li rois d'Engleterre sejournoit</p> -<p>au Noef Chastiel sur Thin grant gent, encoragis <span class="dalign">10</span></p> -<p>durement d'ardoir et exillier leur pays,</p> -<p>ensi qu'il avoit fait aultre fois. Si eurent conseil</p> -<p>entre yaus et avis, par grant deliberation, quel cose</p> -<p>il poroient faire et comment il s'en maintenroient,</p> -<p>car il estoient peu de gens, et avoient longement <span class="dalign">15</span></p> -<p>guerriiet par l'espasse de sept ans et plus sans signeur,</p> -<p>et jut as camps et s foris grant mesaise.</p> -<p>Et encores n'avoient il point (le<a id="FNanchor_373" href="#Footnote_373" class="fnanchor"> [373]</a>) roy leur</p> -<p>signeur; si en estoient tout anoieus et naisis. Si</p> -<p>se acordrent ce que il envoieroient devers le <span class="dalign">20</span></p> -<p>roy engls un evesque et un abb, pour requerre</p> -<p>aucune triewe. Li quel message se partirent des</p> -<p>Escos, et chevaucirent tant qu'il vinrent en le ville</p> -<p>dou Noef Chastiel sur Thin, et trouvrent l le roy</p> -<p>engls et grant fuison de baronnie dals lui. Cil <span class="dalign">25</span></p> -<p>doi prelat d'Escoce, qui l avoient est envoiiet sus</p> -<p>saufconduit, se traisent devers le roy engls et son</p> -<p>conseil et remoustrrent leur besongne si bellement</p> -<p>et si sagement que une triewe fu acorde durer</p> -<p>quatre mois tant seulement, par tle condition que <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_119"> 119</a></span></div> -<p>cil d'Escoce devoient envoiier en France aprs le roy</p> -<p>David messages souffissans; et li segnefieroient que,</p> -<p>s'il ne venoit dedens le jour de may ensiewant si</p> -<p>poissamment que pour resister as Engls et deffendre</p> -<p>son pays, il se renderoient au roy engls, ne jamais <span class="dalign">5</span></p> -<p>ne le tenroient signeur. Ensi furent les triewes</p> -<p>acordes et affremes, et retournrent li message deviers</p> -<p>leurs gens en Escoce, et recordrent comment</p> -<p>il avoient exploiti. Che pleut moult bien as Escos; et</p> -<p>ordonnrent tantost gens pour envoiier en France, <span class="dalign">10</span></p> -<p>monsigneur Robert de Versi et monsigneur Symon</p> -<p>Fresiel et deus aultres chevaliers, qui s'en devoient</p> -<p>aler en France par devers le roy leur signeur et</p> -<p>conter ces nouvelles. Et li dis rois engls, qui au</p> -<p>Noef Chastiel sejournoit grant mesaise et ossi toutes <span class="dalign">15</span></p> -<p>ses gens par deffaute de pourveances et de vivres,</p> -<p>et pour ce s'estoit il plus pris pris d'acorder le</p> -<p>triewe, se parti de l et s'en revint arrire en Engleterre</p> -<p>et donna toutes ses gens congiet; si s'en rala</p> -<p>cescuns en son lieu. <span class="dalign">20</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or avint ensi que, quant ces triewes furent acordes</p> -<p>et li message d'Escoce qui furent envoiiet en</p> -<p>France apris le roy David, il passrent Douvres</p> -<p>le mer. Et li rois David, qui par le terme de sept</p> -<p>ans et plus avoit demoret en France et savoit que <span class="dalign">25</span></p> -<p>ses pays estoit si fouls et si gasts que vous avs</p> -<p>oy et savoit ses gens en grant meschief pour les</p> -<p>Engls, eut conseil qu'il prenderoit congiet au roy</p> -<p>Phelippe de France et s'en revenroit en son royaume,</p> -<p>pour ses gens viseter et reconforter. Si le fist et se <span class="dalign">30</span></p> -<p>mist voie entre lui et ma dame sa femme, anchois</p> -<p>que li message d'Escoce, qui lui avoient estet envoiiet,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_120"> 120</a></span></div> -<p>parvenissent lui. Et s'estoit mis en mer </p> -<p>un aultre port, en le gouvrenance d'un maronnier</p> -<p>que on clamoit monsigneur Richart le Flamench, si</p> -<p>qu'il ariva au port de Morois en Escoce, anois que</p> -<p>cil signeur d'Escoce qui remand l'avoient le sceuissent. <span class="dalign">5</span></p> -<p>Et quant il le sceurent, il en eurent grant joie.</p> -<p>Si s'esmurent tuit et vinrent grant solennit et </p> -<p>grant feste l o il estoit. Et le amenrent trs noblement</p> -<p>et solennelment un(e) cit que on claime</p> -<p>Saint Jehan (en<a id="FNanchor_374" href="#Footnote_374" class="fnanchor"> [374]</a>) Escoce, o on prent le bon saumon <span class="dalign">10</span></p> -<p>et grant fuison.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 152. Quant li jones rois David d'Escoce et ma</p> -<p>dame la royne Ysabiel sa femme furent venu en</p> -<p>le cit dessus ditte, on le sceut tantost parmi le pays.</p> -<p>Si vinrent l gens de toutes pars pour lui veoir et <span class="dalign">15</span></p> -<p>festiier, car on ne l'avoit veu, grant temps avoit;</p> -<p>cescuns doit savoir que on li fist grant feste. Quant</p> -<p>toutes ces festes et ces bien venues furent passes,</p> -<p>cescuns li ala remoustrer et complaindre ses damages</p> -<p>et ses mescheances, au mieulz qu'il peut, et toute <span class="dalign">20</span></p> -<p>le destruction que li rois Edowars et li Engls avoient</p> -<p>fais en son pays. Li jones rois David eut grant doel</p> -<p>et grant piti quant il vei ensi son pays destruit et</p> -<p>ses gens ossi complaindre, ossi ma dame la royne sa</p> -<p>femme qui en plora asss. Quant li rois eut oy toutes <span class="dalign">25</span></p> -<p>les complaintes des uns et des aultres, il les reconforta</p> -<p>au mieuls qu'il peut, et dist qu'il s'en vengeroit, ou il</p> -<p>perderoit le remanant, ou il morroit en le painne.</p> -<p>Puis eut conseil tel qu'il envoia grans messages par</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_121"> 121</a></span></div> -<p>tout ses amis lonc et pris, en priant et requerant</p> -<p>humlement que cescuns fust appareillis pour lui aidier</p> -<p> cest besoing. A celui mandement vint li contes</p> -<p>d'Orkenay, uns grans princes et poissans, et avoit </p> -<p>femme (la seur<a id="FNanchor_375" href="#Footnote_375" class="fnanchor"> [375]</a>) le signeur le roy. Chilz y vint grant <span class="dalign">5</span></p> -<p>poissance de gens d'armes, et pluiseur aultre grant</p> -<p>baron et chevalier de Soude, de Norvghe et de</p> -<p>Danemarce, li un par amour et li autre par saudes.</p> -<p>Tant en y vint d'un cost et d'aultre qu'il furent bien,</p> -<p>quant tout furent venu entour le cit de Saint Jehan <span class="dalign">10</span></p> -<p>en Escoce, au jour que li dis rois les avoit mands,</p> -<p>soixante mille hommes piet et sour hagenes, et</p> -<p>bien trois mille armeures de fier, chevaliers et escuiers,</p> -<p>parmi les signeurs et chiaus dou pays d'Escoce.</p> -</div> -<div class="stanza"> <span class="dalign">15</span> -<p>Quant tout furent assamblet et appareilliet, il s'esmurent</p> -<p>pour aler exillier chou qu'il poroient dou</p> -<p>royaume, car la triewe estoit (espire<a id="FNanchor_376" href="#Footnote_376" class="fnanchor"> [376]</a>) et li quatre</p> -<p>mois acompli et plus o il disoient ensi qu'il se combateroient</p> -<p>au roy, qui tant d'anois leur avoit fais et <span class="dalign">20</span></p> -<p>de damages. Si se partirent de le ville de Saint Jehan</p> -<p>en Scoce moult ordeneement et vinrent ce premier</p> -<p>jour jesir Donfremelin, et puis passrent l'endemain</p> -<p>un brac de mer entre Donfremelin et Struvelin.</p> -<p>Quant il furent tout oultre, il cheminrent <span class="dalign">25</span></p> -<p>grant esploit et passrent desous Haindebourch, et</p> -<p>puis toute l'Escoce, et par dals le fort chastiel de Rosebourch</p> -<p>qui se tenoit engls, mais point n'i assallirent,</p> -<p>car il ne voloient mies faire blecier leurs gens et</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_122"> 122</a></span></div> -<p>aleuer leur artillerie, car il ne savoient quel besoing</p> -<p>il en aroient, pour tant qu'il esperoient faire un</p> -<p>grant fait ains leur retour. Apris passrent il asss</p> -<p>pris de le cit de Bervich dont messires Edouwars</p> -<p>de Bailluel estoit chapitainne et souverains, et puis <span class="dalign">5</span></p> -<p>cheminrent oultre sans point assallir, et entrrent</p> -<p>ou royaume de Northombrelant et vinrent sus le rivire</p> -<p>de Thin, ardant et destruisant tout le pays; et</p> -<p>fisent tant par leurs journes qu'il vinrent par devant</p> -<p>le Noef Chastiel qui siet sus le rivire de Thin. L se <span class="dalign">10</span></p> -<p>loga li rois David et toutes ses hos celle nuit, pour savoir</p> -<p>et veoir se il y poroit de riens esploitier. Quant</p> -<p>ce vint le matine ensi que droit au point dou jour,</p> -<p>aucun compagnon gentil homme de l environ, qui</p> -<p>estoient dedens le ville, se partirent par une porte <span class="dalign">15</span></p> -<p>paisievlement pour esmouvoir l'ost. Et estoient bien</p> -<p>deus cens et plus, hardis et entreprendans. Puis se</p> -<p>ferirent l'un des costs de l'host droitement as logeis</p> -<p>le conte de Moret, qui s'armoit d'argent trois</p> -<p>orilliers de geules. Si le trouvrent en son lit; si le <span class="dalign">20</span></p> -<p>prisent, et turent grant (plent<a id="FNanchor_377" href="#Footnote_377" class="fnanchor"> [377]</a>) de ses gens, anois</p> -<p>que li host fust esvillis ne estourmis, et gaegnirent</p> -<p>grant plent d'avoir. Puis s'en retournrent en le</p> -<p>ville baudement et grant joie, et livrrent le conte</p> -<p>de Mouret au chastelain monsigneur Jehan de Noefville <span class="dalign">25</span></p> -<p>qui en fist grant feste. Quant cil de l'host furent</p> -<p>estourmi et arm et il sceurent l'aventure, il coururent</p> -<p>comme tout foursen jusques as bailles de le</p> -<p>ville, et fisent un grant assaut qui dura moult longement;</p> -<p>mais petit lor valu, ains perdirent asss de <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_123"> 123</a></span></div> -<p>leurs gens. Car en le ville avoit grant fuison de</p> -<p>bonnes gens d'armes qui bien et sagement le deffendirent;</p> -<p>par quoi il couvint les assallans retraire </p> -<p>leur grant perte.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 153. Quant li rois David et si consilleur veirent <span class="dalign">5</span></p> -<p>bien que li demorers l endroit ne leur pooit porter</p> -<p>pourfit ne honneur, il se partirent de l et entrrent</p> -<p>ens ou pays de l'evesquiet de Durem. Si l'ardirent et</p> -<p>gastrent tout, puis se traisent par devant le cit de</p> -<p>Duremmes. Et le assegirent et y fisent pluiseurs grans <span class="dalign">10</span></p> -<p>assaus comme gens foursens, pour tant qu'il avoient</p> -<p>perdu le conte de Mouret. Et il savoient bien qu'il</p> -<p>avoit en le cit trs grant avoir assamblet, car tous</p> -<p>li pays d'entours y estoit afuiois; si se penoient d'assallir</p> -<p>cescun jour plus aigrement. Et faisoit li dis <span class="dalign">15</span></p> -<p>rois d'Escoce faire estrumens et engiens, pour venir</p> -<p> segur jusques as murs. Quant il se furent departi</p> -<p>de devant le Noef Chastiel, messires Jehans de Nuefville,</p> -<p>chastelains pour le temps et souverains dou Noef</p> -<p>Chastiel, se parti de nuit, monts sus fleur de coursier, <span class="dalign">20</span></p> -<p>et eslonga les Escos, car il savoit toutes les</p> -<p>adrces et les refuites dou pays, pour tant que il en</p> -<p>estoit; et fist tant que, dedens cinq jours, il vint </p> -<p>Chartese o li rois engls estoit adonc. Et li conta</p> -<p>et remoustra comment li rois d'Escoce, grant poissance, <span class="dalign">25</span></p> -<p>estoit entrs en son pays et ardoit et exilloit</p> -<p>tout devant lui, et l'avoit laissiet devant le cit de</p> -<p>Durem.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>De ces nouvelles fu li rois engls moult irs et</p> -<p>couroucis. Si mist tantost messagiers en oevre et <span class="dalign">30</span></p> -<p>les envoia par tout et manda toutes manires de</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_124"> 124</a></span></div> -<p>gens, chevaliers et escuiers, et autres gens dont on</p> -<p>se pooit aidier, deseure l'eage de quinze ans et desous</p> -<p>soixante ans, que nulz ne s'escusast, ms venissent,</p> -<p>ses lettres veues et ses mandemens oys, tantost</p> -<p>devers lui sus les marces dou north, pour aidier <span class="dalign">5</span></p> -<p>deffendre son royaume que li Escot destruisoient.</p> -<p>Adonc s'avancirent conte, baron, chevalier et escuier</p> -<p>et communauts des bonnes villes, et se hastrent</p> -<p>durement pour obeir au mandement dou roy</p> -<p>leur signeur, et se misent tout voie et de grant volent <span class="dalign">10</span></p> -<p>par devers Evruich. Et meismement li rois se</p> -<p>parti tout premierement et n'attendi nullui, tant</p> -<p>avoit grant haste; mais tout dis li croissoient et venoient</p> -<p>gens de tous costs.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Endementrues que cilz rois se traioit par devers le <span class="dalign">15</span></p> -<p>cit d'Evruich, et que cescuns le sievoit qui mieus</p> -<p>pooit, li roys d'Escoce fist si fortement assallir le</p> -<p>cit de Duremme par estrumens et engiens qu'il avoit</p> -<p>fais, que cil de le cit ne le peurent garandir ne deffendre</p> -<p>que elle ne fust prise par force et toute robe <span class="dalign">20</span></p> -<p>et arse, et toutes gens mis mort sans merci. Femmes</p> -<p>et hommes, prestres, monnes, chanonnes et petis</p> -<p>enfans, qui estoient fuis le grande eglise, furent tout</p> -<p>ars et peri dedens l'eglise, car li feus y fu bouts, de</p> -<p>quoi ce fu horrible pits. Car en le cit de Durem ne <span class="dalign">25</span></p> -<p>demora adonc homs ne femme, ne petis enfans, ne</p> -<p>maison ne eglise, que tout ne fuissent mis destruction.</p> -<p>Dont ce fu grans pits et crule foursenerie et</p> -<p>est, quant on destruit ensi sainte chrestienet et les</p> -<p>eglises o Diex est servis et honners. <span class="dalign">30</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 154. Quant chou fu avenu, li rois David eut</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_125"> 125</a></span></div> -<p>conseil qu'il se retrairoit arrire selonch le rivire</p> -<p>de Thin, et se trairoit par devers le ville de Cardueil,</p> -<p>qui est l'entre de Galles. Ensi qu'il aloit celle part,</p> -<p>il se loga une nuit et toute sen host asss pris dou</p> -<p>fort chastiel de Salebrin, qui estoit au conte de Salebrin, <span class="dalign">5</span></p> -<p>qui fu pris avoec le conte de Sufforch en le</p> -<p>marce de Pikardie par devant Lille en Flandres et estoit</p> -<p>encores en prison par dedens Chastelet Paris.</p> -<p>En ce fort chastiel sejournoit adonc la noble dame la</p> -<p>contesse de Sallebrin, qui on tenoit pour la plus belle <span class="dalign">10</span></p> -<p>dame et le plus noble d'Engleterre. Et estoit cilz fors</p> -<p>chastiaus bien garnis de gens d'armes. Si en estoit</p> -<p>gardiiens et souverains uns gentilz bachelers preus et</p> -<p>hardis, filz de le sereur le conte de Sallebrin. Et avoit</p> -<p>cilz nom messires Guillaumes de Montagut apris son <span class="dalign">15</span></p> -<p>oncle qui ensi eut nom, car li rois le maria et li donna</p> -<p>le cont de Sallebrin pour se proce et pour le bon</p> -<p>service qu'il avoit toutdis en lui trouvet. Quant celle</p> -<p>nuit fu passe, li hos le roy d'Escoce se desloga pour</p> -<p>traire avant par devers Carduel, ensi que propos <span class="dalign">20</span></p> -<p>estoit. Et passrent li Escot par routes asss pris de</p> -<p>ce fort chastiel, durement chargiet d'avoir qu'il avoient</p> -<p>gaegniet Duremmes et ou pays environ Durem.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant li bacelers messires Guillaumes de Montagut</p> -<p>vey del chastiel qu'il estoient tout passet, et qu'il ne <span class="dalign">25</span></p> -<p>arresteroient point pour assallir au chastiel, il issi hors,</p> -<p>tous arms, tout quarante compagnons d'armes, et</p> -<p>sievi apertement aprs le daarrain trahin qui avoient</p> -<p>chevaus si chargis d'avoir que grant mesaise pooient</p> -<p>il aler avant. Si les raconsievirent l'entre d'un bois <span class="dalign">30</span></p> -<p>et leur coururent seure. Et en turent et en blechirent</p> -<p>il et si compagnon plus de deus cens; et prisent</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_126"> 126</a></span></div> -<p>bien sis vingt chevaus chargis de jeuiaulz et d'avoir,</p> -<p>et les amenrent par devers le chastiel. Li cris et li</p> -<p>hus et li fuiant s'en vinrent jusques monsigneur</p> -<p>Guillaume de Douglas qui faisoit l'arrieregarde et</p> -<p>avoit j passet le bois; et apris en vinrent les nouvelles <span class="dalign">5</span></p> -<p>en l'ost. Qui donc (veist<a id="FNanchor_378" href="#Footnote_378" class="fnanchor"> [378]</a>) les Eskos retourner </p> -<p>cours de chevaus parmi les camps, par montagnes et</p> -<p>par valles, et monsigneur Guillaume Douglas tout devant,</p> -<p>il en peuist avoir grant hide. Tant coururent</p> -<p>qui mieus mieus, qu'il vinrent au piet dou chastiel <span class="dalign">10</span></p> -<p>et montrent le montagne en grant haste. Ms anois</p> -<p>qu'il parvenissent as bailles, chil de dedens les avoient</p> -<p>refremes, et le proie et l'avoir mis laiens sauvet:</p> -<p>de quoi li Escot eurent grant doel. Si commencirent</p> -<p> assallir moult fortement, et cil de dedens deffendre <span class="dalign">15</span></p> -<p>de lanchier et d'estechier, de traire et de jetter tant</p> -<p>que on pooit, d'une part et d'aultre. L s'efforoient</p> -<p>durement li doy Guillaume de grever li uns l'autre.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Et tant dura cilz assaulz que tous li hos des Escos y</p> -<p>fu venus et li rois meismes. Quant li rois et ses consaulz <span class="dalign">20</span></p> -<p>eurent veu les gens mors gisans sus les camps,</p> -<p>et veirent les assallans blecier et navrer cel assaut</p> -<p>sans riens conquester, il en furent durement courouciet.</p> -<p>Si commanda li rois que on laissast l'assallir et</p> -<p>que cescuns se alast logier, car il ne trairoit plus avant, <span class="dalign">25</span></p> -<p>et ne se partiroit de l si aroit veu comment il poroit</p> -<p>ses gens vengier. Qui adonc veist gens fremir et appeller</p> -<p>li uns l'autre et querre pice de terre pour</p> -<p>mieulz logier les assallans, retraire les navrs, raporter</p> -<p>ou rapoiier, les mors ratrainer et rassambler, veoir y <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_127"> 127</a></span></div> -<p>peuist grant triboulement. Celle nuit fu li hos des dis</p> -<p>Escos logie par desous le chastel. Et la frice dame,</p> -<p>contesse de Sallebrin, festia trs durement et conforta</p> -<p>tous les compagnons de laiens, tant que elle pot aler,</p> -<p> lie cire. <span class="dalign">5</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 155. A l'endemain, li rois d'Escoce, qui durement</p> -<p>couroucis estoit, commanda que cescuns se</p> -<p>apparillast pour assallir, car il feroit ses engiens</p> -<p>et estrumens traire mont, pour savoir se il poroient</p> -<p>de riens entamer le fort chastiel. Cescuns <span class="dalign">10</span></p> -<p>s'apparilla; et montrent contremont pour assallir,</p> -<p>et cil de dedens pour yaus deffendre. L eut un fort</p> -<p>assaut et perilleus, et moult de bien faisans d'un ls</p> -<p>et d'aultre. L estoit la contesse de Sallebrin qui</p> -<p>trs durement les reconfortoit; et par le regard de <span class="dalign">15</span></p> -<p>une tle dame et son douch amonnestement, uns</p> -<p>homs doit bien valoir deus au besoing. Cilz assaus</p> -<p>dura moult longement. Et y perdirent li Escot grant</p> -<p>fuison de leurs gens, car ilz s'abandonnoient durement</p> -<p>et portoient arbres et mairiens grant fuison <span class="dalign">20</span></p> -<p>pour emplir les fosss et pour amener les estrumens</p> -<p>jusques as murs, se il peuissent. Mais cil del chastiel</p> -<p>se deffendoient si vassaument que li assallant y perdirent</p> -<p>grant fuison de leurs gens; si les couvint retraire</p> -<p>arrire. Li rois commanda que li estrument <span class="dalign">25</span></p> -<p>fuissent bien gard pour renforcier l'assaut l'endemain.</p> -<p>Ensi se departi li assaus, et s'en rala cescuns</p> -<p>en se loge, horsmis chiaus qui devoient ces estrumens</p> -<p>garder. Li un plorrent les mors, et li aultre</p> -<p>confortrent les navrs. <span class="dalign">30</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Chil del chastiel qui durement estoient travilliet,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_128"> 128</a></span></div> -<p>et si y avoit grant fuison de blecis, veirent bien que</p> -<p>li fais leur estoit grans; et se li rois David maintenoit</p> -<p>son pourpos, il aroient fort temps. Si eurent</p> -<p>entre yaus conseil qu'il envoieroient certain message</p> -<p>par devers le roy Edouwart qui estoit Evruich <span class="dalign">5</span></p> -<p>l venus, ce savoient il de verit par les prisonniers</p> -<p>d'Escoce qu'il avoient pris. Si regardrent entre</p> -<p>yaus qui feroit ceste besongne, mais il ne (peurent<a id="FNanchor_379" href="#Footnote_379" class="fnanchor"> [379]</a>)</p> -<p>trouver qui volsist laissier le chastiel deffendre, ne</p> -<p>la belle dame ossi pour porter cel message. Si en <span class="dalign">10</span></p> -<p>ot entre yaus grant estrit. Quant li gentilz bacelers</p> -<p>messires Guillaumes de Montagut vei le bonne volent</p> -<p>de ses compagnons et vei d'autre part le meschief</p> -<p>qui leur poroit avenir, se il n'estoient secouru,</p> -<p>si lor dist: Signeur, je voy bien vostre loyaut et <span class="dalign">15</span></p> -<p>vostre bonne volent: si ques, pour l'amour de ma</p> -<p>dame et de vous, je metterai mon corps en aventure</p> -<p>pour faire cesti message, car jou ay tel fiance en</p> -<p>vous, selonch chou que j'ai veu, que vous detenrs</p> -<p>bien le chastiel jusques me revenue. Et ay d'autre <span class="dalign">20</span></p> -<p>part si grant esperance el noble roy nostre signeur,</p> -<p>que je vous amenrai temprement si grant secours</p> -<p>que vous en ars joie, et vous seront bien meri li</p> -<p>bien fait que fait ars. De ceste parolle furent ma</p> -<p>dame li contesse et li compagnon tout joiant. <span class="dalign">25</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant la nuis fu venue, li dis messires Guillaumes</p> -<p>se apparilla dou mieulz qu'il peut, pour plus paisivlement</p> -<p>issir de laiens qu'il ne fust perceus de chiaus</p> -<p>de l'host. Se li avint si bien qu'il pleut toute la nuit</p> -<p>si fort que nulz des Escos n'osoit issir de se loge. <span class="dalign">30</span></p> -<span class="pagenum"><a id="Page_129"> 129</a></span> -<p>Si passa mienuit tout parmi l'ost, que onques ne fu</p> -<p>perceus. Quant il fu passs, il fu grans jours; si</p> -<p>chevaua avant tant qu'il encontra deus hommes</p> -<p>d'Escoce, demi liewe pris de l'host, qui amenoient</p> -<p>deus bues et une vache par devers l'ost. Messires <span class="dalign">5</span></p> -<p>Guillaumes cogneut qu'il estoient Escot; si les navra</p> -<p>tous deus durement et tua leurs bestes, par quoi li</p> -<p>Escot ne cil de l'host n'en euissent aise, puis dist as</p> -<p>deus navrs: Als, dittes vostre roy que Guillaumes</p> -<p>de Montagut vous a mis en tel point en son <span class="dalign">10</span></p> -<p>despit. Et li dittes que je vois querre le gentil roy</p> -<p>Edowart qui li fera temprement vuidier ceste place</p> -<p>maugr lui. Cil li prommisent qu'il feroient volentiers</p> -<p>ce message, mais qu'il les laissast atant </p> -<p>pais. Lors se parti li dis messires Guillaumes d'yaus, <span class="dalign">15</span></p> -<p>et s'en ala tant qu'il peut par devers le roy son signeur</p> -<p>qui estoit Evruich tout grant fuison de gens</p> -<p>d'armes, et en attendoit encores plus. Si fist li dis</p> -<p>messires Guillaumes son salu au roy de par ma dame</p> -<p>sen ante, contesse de Salebrin, et li conta le meschief <span class="dalign">20</span></p> -<p>o elle et ses gens estoient. Li rois respondi</p> -<p>apertement et liement qu'il ne laisseroit nullement</p> -<p>qu'il ne secourust la dame et ses gens; et se plus</p> -<p>tost euist sceu l o li Escot estoient, et le meschief</p> -<p>del chastiel et de la dame, plus tost fust als celle <span class="dalign">25</span></p> -<p>part. Si commanda tantost li dis rois que cescuns</p> -<p>fust appareillis mouvoir l'endemain, et que on</p> -<p>fesist toutdis les venans traire avant apris son host</p> -<p>qu'il avoit grant.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 156. Li rois engls se parti l'endemain de le <span class="dalign">30</span></p> -<p>cit de Evruich moult liement, pour les nouvelles</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_130"> 130</a></span></div> -<p>que messires Guillaumes li avoit aportes. Et avoit</p> -<p>avoech lui sis mille armeures de fier, dis mille arciers</p> -<p>et bien quatre vingt mille hommes de piet, qui tout</p> -<p>le sievoient, et toutdis li venoient gens. Quant li</p> -<p>baron d'Escoce et li mestre del conseil le roy sceurent <span class="dalign">5</span></p> -<p>que li dis messires Guillaumes de Montagut</p> -<p>avoit ensi passet parmi leur host, et qu'il s'en aloit</p> -<p>querre secours au roy engls, et savoient bien que li</p> -<p>rois Edouwars estoit Evruich grant gent, et le tenoient</p> -<p>de si grant corage et si gentil, que il ne lairoit <span class="dalign">10</span></p> -<p>nullement que il ne venist tantost sus yaus pour secourre</p> -<p>la dame et chiaus del chastiel, il parlrent</p> -<p>ensamble, endementrues que li rois faisoit souvent et</p> -<p>ardamment assallir. Et veirent bien que li rois faisoit</p> -<p>ses gens navrer et martiriier sans raison. Et veoient <span class="dalign">15</span></p> -<p>bien que li rois engls venroit bien anois combatre</p> -<p> yaus que leurs rois peuist avoir conquis che chastiel,</p> -<p>ensi qu'il cuidoit. Si parlrent tout ensamble au</p> -<p>roy David d'un accord, et li disent que li demorers</p> -<p>l n'estoit point ses pourfis ne sen honneur, car il <span class="dalign">20</span></p> -<p>leur estoit moult honnourablement avenu de leur</p> -<p>emprise. Et avoient fait grant despit as Engls, quant</p> -<p>il avoient jeut en leur pays par douze jours, et ars et</p> -<p>exilliet tout au tour. Aprs il avoient pris par force</p> -<p>le cit de Duremmes et mis toute grant destruction: <span class="dalign">25</span></p> -<p>si ques, tout consideret, c'estoit bon qu'il se</p> -<p>partesist et se retraisist vers son royaume; et y menassent</p> -<p> sauvet ce que conquis avoient, et que</p> -<p>une aultre fois il retourroit en Engleterre quant il li</p> -<p>plairoit. Li rois, qui ne volt mies issir dou conseil de <span class="dalign">30</span></p> -<p>ses hommes, s'i acorda, quoi que il le fesist moult </p> -<p>envis, car volentiers ewist attendu bataille le roy</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_131"> 131</a></span></div> -<p>d'Engleterre, se on ne li ewist desconsilli. Toutes</p> -<p>fois il se desloga au matin et toute se host ossi. Et</p> -<p>s'en alrent li dit Escot droit par devers le grant</p> -<p>forest de Gedours, o li sauvage Escot se tiennent</p> -<p>tout bellement et leur aise, car il voloient savoir <span class="dalign">5</span></p> -<p>que li rois engls feroit en avant, ou se il retrairoit</p> -<p>arrire ou se il iroit avant et trairoit en leur pays.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 157. Ce jour meismes que li rois David et li</p> -<p>Escot se departirent au matin de devant le chastiel</p> -<p>de Salebrin, vint li rois Edouwars toute son host, <span class="dalign">10</span></p> -<p> heure de miedi, en le place l o li rois des Escos</p> -<p>avoit logiet. Si fu moult couroucis quant il ne le</p> -<p>trouva, car volentiers se fust combatus lui. Il</p> -<p>estoit venus en si grant haste que ses gens et ses</p> -<p>chevaus estoient durement travilliet. Si commanda <span class="dalign">15</span></p> -<p>que cescuns se logast l endroit, car il voloit aler</p> -<p>veoir le chastiel et la gentilz dame qui laiens estoit,</p> -<p>car il ne l'avoit veu puis les noces dont elle fu marie.</p> -<p>Ensi fu fait que command fu. Cescuns s'ala</p> -<p>logier, ensi qu'il peut, et reposer qui volt. Sitos que <span class="dalign">20</span></p> -<p>li rois Edowars fu desarms, il prist jusques dix</p> -<p>ou douze chevaliers, et s'en ala vers le chastiel pour</p> -<p>saluer la contesse de Salebrin, et pour veoir le manire</p> -<p>des assaus que li Escot avoient fais, et des deffenses</p> -<p>que cil dou chastiel avoient faites l'encontre. <span class="dalign">25</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Sitos que la dame de Salebrin sceut le roy venant,</p> -<p>elle fist ouvrir toutes les portes, et vint hors si richement</p> -<p>vestie et atourne que cescuns s'en esmervilloit.</p> -<p>Et ne se pooit on cesser de li regarder et de remirer</p> -<p>le grant noblce de le dame, avoech le grant biaut <span class="dalign">30</span></p> -<p>et le gracieus maintien que elle avoit. Quant elle fu</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_132"> 132</a></span></div> -<p>venue jusques au roy, elle s'enclina jusques terre</p> -<p>encontre lui, en regratiant de le grace et del secours</p> -<p>que fait li avoit, et l'en mena ens ou chastiel pour</p> -<p>lui festiier et honnourer, comme celle qui trs bien</p> -<p>le savoit faire. Cescuns le regardoit merveilles, et <span class="dalign">5</span></p> -<p>li rois meismes ne se pooit tenir de lui regarder. Et</p> -<p>bien lui estoit avis que onques n'avoit veu si noble,</p> -<p>si friche, ne nulle si belle de li. Se li feri tantost une</p> -<p>estincelle de fine amour ens el coer qui li dura par</p> -<p>lonch temps, car bien li sambloit que ou monde n'i <span class="dalign">10</span></p> -<p>avoit dame qui tant fesist amer comme celle. Si</p> -<p>entrrent ens ou chastiel main main. Et le mena</p> -<p>la dame premiers en le sale, et puis en sa cambre, qui</p> -<p>estoit si noblement pare qu'il affreoit tel dame.</p> -<p>Et toutdis regardoit li rois le gentilz dame si ardamment <span class="dalign">15</span></p> -<p>que elle en devenoit toute honteuse et abaubie.</p> -<p>Quant il l'ot grant pice asss regard(e), il ala une</p> -<p>fenestre pour apoiier, et commena fortement penser.</p> -<p>La dame, qui ce point ne pensoit, ala les aultres</p> -<p>signeurs et chevaliers festiier et saluer moult grandement <span class="dalign">20</span></p> -<p>et point, ensi que elle savoit bien faire,</p> -<p>cescun selonch son estat. Et puis commanda appareillier</p> -<p>le disner, et quant temps seroit, mettre les</p> -<p>tables et le sale parer.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 158. Quant la dame eut tout deviset et commandet <span class="dalign">25</span></p> -<p> ses gens chou que bon li sambloit, elle</p> -<p>s'en revint chire lie par devers le roy, qui encores</p> -<p>pensoit et musoit fortement, et li dist: Chiers sires,</p> -<p>pour quoi penss vous si fort? Tant pensers n'affiert</p> -<p>pas vous, ce m'est avis, sauve vostre grace. Ains <span class="dalign">30</span></p> -<p>deuissis faire feste et joie bonne cire, quant vous</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_133"> 133</a></span></div> -<p>avs encaciet vos ennemis qui ne vous ont os attendre;</p> -<p>et deuissis les aultres laissier penser del remanant.</p> -<p>Li rois respondi et dist: Ha! ma chire</p> -<p>dame, sachis que puis que jou entrai ceens, m'est</p> -<p>une songne sourvenue, de quoi je ne me prendoie <span class="dalign">5</span></p> -<p>garde: se m'i couvient penser. Et se ne sai que</p> -<p>avenir en pora, mais je n'en puis mon coer oster.—Ha!</p> -<p>chiers sires, dist la dame, vous deuissis</p> -<p>tous jours faire bonne cire, pour vos gens mieulz</p> -<p>conforter, et laissier (le)<a id="FNanchor_380" href="#Footnote_380" class="fnanchor"> [380]</a> penser et le muser. Diex vous <span class="dalign">10</span></p> -<p>a si bien aidiet jusques ores en toutes vos besongnes</p> -<p>et donnet si grant grasce, que vous estes li plus</p> -<p>doubts et honnours princes des Chrestiens. Et se</p> -<p>li rois d'Escoce vous a fait despit et damage, vous</p> -<p>le pors bien amender, quant vous vorrs, ensi que <span class="dalign">15</span></p> -<p>aultre fois avs fait. Si laissis le muser et vens en</p> -<p>le sale, se il vous plaist, dals vos chevaliers: tantost</p> -<p>sera appareilliet pour disner.—Ha! ma</p> -<p>chire dame, dist li rois, aultre cose me touche et</p> -<p>gist en mon coer que vous ne penss. Car certainnement <span class="dalign">20</span></p> -<p>li doulz maintiens, li parfais sens, la grant</p> -<p>noblce et la fine biaut que jou ay veu et trouvet</p> -<p>en vous m'ont si souspris et entrepris qu'il covient</p> -<p>que je soie vos amans. Si vous pri que ce soit vos</p> -<p>grs, et que je soie de vous ams, car nulz escondis <span class="dalign">25</span></p> -<p>ne m'en poroit oster. La gentilz dame fu adonc</p> -<p>durement esbahie et dist: Trs chiers sires, ne me</p> -<p>voellis mokier, ne assaiier, ne tempter. Je ne poroie</p> -<p>cuidier ne penser que ce fust acertes que vous dittes,</p> -<p>ne que si nobles ne si gentils princes que vous estes <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_134"> 134</a></span></div> -<p>deuist querre tour ne penser pour deshonnerer moy</p> -<p>et mon marit, qui est si vaillans chevaliers, et qui</p> -<p>tant vous a servi que vous savs, et encores gist pour</p> -<p>vous emprisonns. Certes, vous seris del cas petit</p> -<p>prisis et amends. Certes, onques tel pense ne me <span class="dalign">5</span></p> -<p>vint en coer ne j ne venra, se Dieu plaist, pour</p> -<p>homme qui soit ns; (et se je le faisoie, vous m'en</p> -<p>devriez<a id="FNanchor_381" href="#Footnote_381" class="fnanchor"> [381]</a>), non pas blasmer seulement, mais mon corps</p> -<p>justicier et desmembrer.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 159. Atant se parti la vaillans dame, et laissa le <span class="dalign">10</span></p> -<p>roy durement esbahi; et s'en revint en le sale pour</p> -<p>faire haster le disner. Et puis s'en retourna au roy</p> -<p>et en mena de ses chevaliers, et li dist: Sire,</p> -<p>vens en la sale. Li chevalier vous attendent pour</p> -<p>laver, car il ont trop junet, ossi avs vous. Li <span class="dalign">15</span></p> -<p>rois se parti de la cambre et s'en ala en la sale, ce</p> -<p>mot, et lava, et puis s'assist entre ses chevaliers au</p> -<p>disner, et la dame ossi. Mais li roys y disna petit,</p> -<p>car aultre cose li touoit que boire et mengier; et</p> -<p>ne fist onques ce disner fors que penser. Et le <span class="dalign">20</span></p> -<p>fois, quant il osoit la dame et son maintien regarder,</p> -<p>il gettoit ses yex celle part. De quoi toutes ses</p> -<p>gens avoient grant merveille, car il n'en estoient</p> -<p>point acoustums, ne onques en tel point ne l'avoient</p> -<p>veu. Ains cuidoient li aucun que ce fust pour les Escos <span class="dalign">25</span></p> -<p>qui li estoient escaps. Mais aultre cose li touchoit,</p> -<p>et li estoit si fermement entre ou coer, que</p> -<p>onques n'en peut issir en grant temps, pour escondire</p> -<p>(que la dame<a id="FNanchor_382" href="#Footnote_382" class="fnanchor"> [382]</a>) en seuist ne peuist faire. Mais</p> -<p><span class="pagenum"><a id="Page_135"> 135</a></span></p> -<p>il en fu toutdis depuis plus lis, plus gais et plus</p> -<p>jolis; et en fist pluiseurs belles festes et joustes, et</p> -<p>grans assambles de signeurs, de dames et de damoiselles,</p> -<p>tout pour l'amour de la ditte contesse de</p> -<p>Salbrin, si com vous ors chi aprs. <span class="dalign">5</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 160. Toutes voies, li rois engls demora tout celi</p> -<p>jour ens ou chastiel, en grans penses et grant mesaise</p> -<p>de coer, car il ne savoit que faire. Aucune fois</p> -<p>il se ravisoit, car honneurs et loyauts le reprendoit</p> -<p>de mettre son coer en tle fausset, pour deshonnerer <span class="dalign">10</span></p> -<p>si vaillant dame, et si loyal chevalier comme ses</p> -<p>maris estoit, qui si loyaument l'avoit toutdis servi.</p> -<p>D'autre part, amours le constraindoit si fort que elle</p> -<p>vaincoit et sourmontoit honneur et loyaut. Ensi se</p> -<p>debatoit li rois en lui, tout le jour et toute le nuit. <span class="dalign">15</span></p> -<p>Au matin, il se leva et fist toute son host deslogier</p> -<p>et traire apris les Eskos, et pour yaus sievir et cachier</p> -<p>hors de son royaume; puis prist congiet la</p> -<p>dame, en disant: Ma chire dame, Dieu vous</p> -<p>commant jusques au revenir. Si vous pri que vous <span class="dalign">20</span></p> -<p>vos voellis aviser, et aultrement estre consillie que</p> -<p>vous ne m'aiis dit.—Chiers sires, respondi la</p> -<p>dame, li Pres glorieus vous voelle conduire et oster</p> -<p>de villainne pense et de deshonnourable, car je sui</p> -<p>et serai toutdis consillie et apparillie de vous servir <span class="dalign">25</span></p> -<p> vostre honneur et le mine.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Atant se parti li rois trestous confus et abaubis. Si</p> -<p>s'en ala tout son host apris les Escos, et les sievi</p> -<p>jusques oultre le bonne cit de Bervich, et se loga</p> -<p> quatre liewes pris de le forest de Gedours, l o <span class="dalign">30</span></p> -<p>li rois David et toutes ses gens estoient entrs, pour</p> -<span class="pagenum"><a id="Page_136"> 136</a></span> -<p>les grans forterces qu'il y a. L endroit demora li</p> -<p>dis rois engls par l'espasse de trois jours, pour</p> -<p>savoir se li Escot vorroient hors issir pour combatre</p> -<p> lui. Et sacis que tous les trois jours y avoit tant</p> -<p>d'escarmuces et de paletis entre les deus hos, que <span class="dalign">5</span></p> -<p>cescuns estoit anoieus del regarder; et y avoit souvent</p> -<p>des mors et des pris, d'une part et d'aultre. Et</p> -<p>sur tous les aultres y estoit souvent veus en bon</p> -<p>couvenant messires Guillaumes Douglas, qui s'arme</p> -<p>d'azur comble (d'argent<a id="FNanchor_383" href="#Footnote_383" class="fnanchor"> [383]</a>), et dedens le comble <span class="dalign">10</span></p> -<p>trois estoilles de geules. Et estoit cilz qui y faisoit</p> -<p>plus de biaus fais, de belles rescousses et de hautes</p> -<p>emprises; et fist en l'ost des Engls moult de destourbiers.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 161. Tous ces trois jours, parlementrent aucun <span class="dalign">15</span></p> -<p>preudomme de triewes et d'acort entre ces deus</p> -<p>rois. Et tant trettirent que une triewe fu acorde </p> -<p>durer deus ans, voires se li rois Phelippes de France</p> -<p>s'i assentoit, car li rois d'Escoce estoit si fort alloiis</p> -<p> lui qu'il ne pooit donner triewes ne faire pais sans <span class="dalign">20</span></p> -<p>lui. Et se li rois Phelippes ne s'i voloit acorder, si</p> -<p>devoient les triewes durer entre Engleterre et Escoce</p> -<p>jusques au premier jour d'aoust. Et devoit estre</p> -<p>quittes li contes de Mouret de se prison, se li rois</p> -<p>d'Escoce pooit tant pourcacier au roy de France que <span class="dalign">25</span></p> -<p>li contes de Salebrin fust quittes ossi de se prison.</p> -<p>La qule cose devoit estre pourcacie au roy de</p> -<p>France dedens le Saint Jehan Baptiste. Li rois d'Engleterre</p> -<p>se acorda plus legierement celle triewe,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_137"> 137</a></span></div> -<p>pour tant que cilz fait grant sens, qui a trois guerres</p> -<p>ou quatre, s'il en poet atriewer ou apaisier les deus</p> -<p>ou les trois qu'il le face. Et cilz rois avoit bien </p> -<p>penser sur telz coses, car il avoit guerre en France,</p> -<p>en Gascongne, en Poito, en Saintonge et en Bretagne, <span class="dalign">5</span></p> -<p>et par tout ses gens et ses saudoiiers.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Celle triewe as Escos fu ensi affreme et acorde</p> -<p>que vous avs oy. Si departi li rois d'Escoce ses gens,</p> -<p>et s'en rala cescuns en se contre; puis envoia grans</p> -<p>messages au roy Phelippe de France, pour acorder <span class="dalign">10</span></p> -<p>chou que trettiet estoit, se il li plaisoit. Il pleut asss</p> -<p>bien au roy de France pour mieus complaire au roy</p> -<p>d'Escoce; (et) ne desdist de riens au trettiet, mais</p> -<p>renvoia le conte de Salbrin en Engleterre. Dont, si</p> -<p>tost qu'il y fu revenus, li rois engls renvoia arrire <span class="dalign">15</span></p> -<p>le conte de Mouret d'Escoce, ossi devers le roy David</p> -<p>qui en eut grant joie. Ensi fu fais cilz escanges de</p> -<p>ces deus signeurs, si com vous avs oy. Et se departirent</p> -<p>ces deus grosses chevaucies, sans plus riens</p> -<p>faire, et se retrest cescuns en son lieu. Or retournerons <span class="dalign">20</span></p> -<p>nous parler des aventures et des guerres de</p> -<p>Bretagne.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 162. Vous devs savoir que, quant li dus de</p> -<p>Normendie, li dus de Bourgongne, li contes d'Alenon,</p> -<p>li dus de Bourbon, li contes de Blois, li connestables <span class="dalign">25</span></p> -<p>de France, li contes de Ghines ses filz, messires</p> -<p>Jakemes de Bourbon, messires Loeis d'Espagne</p> -<p>et li conte et li baron de France se furent parti de</p> -<p>Bretagne, qu'il eurent conquis le fort chastiel de</p> -<p>Chastouseaus, et puis apris le cit de Nantes, et pris <span class="dalign">30</span></p> -<p>le conte de Montfort, et livret au roy Phelippe, et il</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_138"> 138</a></span></div> -<p>l'eut fait mettre en prison ou Louvre dals Paris,</p> -<p>si com vous avs oy; et comment messires Charles</p> -<p>de Blois estoit demors tous quois en le cit de</p> -<p>Nantes et ou pays d'entour qui obeissoit lui, pour</p> -<p>attendre le saison d'est en la qule il fait milleur <span class="dalign">5</span></p> -<p>hostoiier qu'il ne fait en le saison d'ivier, et celle</p> -<p>douce saison fu revenue, tout cil signeur de France</p> -<p>dessus nommet et grant fuison d'aultres gens avoech</p> -<p>yaus s'en ralrent devers Bretagne grant poissance,</p> -<p>pour aidier monsigneur Charle reconquerre le remanant <span class="dalign">10</span></p> -<p>de le duc de Bretagne, dont il avinrent des</p> -<p>grans et mervilleus fais d'armes, ensi com vous pors</p> -<p>or. Quant il furent venu Nantes, l o il trouvrent</p> -<p>monsigneur Charle de Blois, il eurent conseil</p> -<p>qu'il assegeroient le cit de Rennes. Si issirent de <span class="dalign">15</span></p> -<p>Nantes et alrent assegier Rennes tout au tour. La</p> -<p>contesse de Monfort en devant l'avoit si bien garni(e)</p> -<p>et pourveue de gens d'armes et de tout ce qu'il affreoit,</p> -<p>que riens n'i falloit. Et y avoit establi un</p> -<p>vaillant chevalier et hardi pour chapitainne, que on <span class="dalign">20</span></p> -<p>clamoit monsigneur Guillaume de Quadudal, gentil</p> -<p>homme durement dou pays de Bretagne.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Aussi avoit la ditte contesse mis grans garnisons</p> -<p>par toutes les aultres cits, chastiaus et bonnes villes</p> -<p>qui lui obeissoient; et par tout bonnes chapitainnes, <span class="dalign">25</span></p> -<p>des gentilz hommes dou pays qui lui obeissoient</p> -<p>et se tenoient, les quels elle avoit acquis par</p> -<p>biau parler, par prommettre et par donner, car elle</p> -<p>n'i voloit point espargnier: des quelz li evesques de</p> -<p>Lyon, messires Amauris de Clion, messires Yewains <span class="dalign">30</span></p> -<p>de Tigri, li sires de Landreniaus, li chastelains de</p> -<p>Ghingant, messires Henris et messires Oliviers de</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_139"> 139</a></span></div> -<p>Pennefort, messires Joffrois de Malatrait, messires</p> -<p>Guillaumes de Quadudal, li doi frre de Quirich y</p> -<p>estoient, et pluiseur aultre noble chevalier et escuier</p> -<p>que je ne sai mies nommer. Ossi en y avoit de l'accord</p> -<p>monsigneur Charle de Blois grant fuison, qui <span class="dalign">5</span></p> -<p>lui se tenoient, avoecques monsigneur Hervi de Lyon,</p> -<p>qui fu de premiers de l'accord le conte de Montfort</p> -<p>et mestres de son conseil, jusques tant que la cits</p> -<p>de Nantes fu rendue, et li contes de Montfort fu rendus</p> -<p>pris, ensi que vous avs oy. De quoi li dis messires <span class="dalign">10</span></p> -<p>(Hervis<a id="FNanchor_384" href="#Footnote_384" class="fnanchor"> [384]</a>) fu durement blasms, car on voloit dire</p> -<p>que il l'avoit pourcaciet et les bourgois enhorts.</p> -<p>Chou apparoit en ce que, puis ce fait, ce fu cilz qui</p> -<p>plus se penoit de grever la contesse de Montfort et</p> -<p>ses aidans. <span class="dalign">15</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 163. Messires Charles de Blois et li signeur dessus</p> -<p>nommet sisent asss longement devant le cit de</p> -<p>Rennes, et y fisent grans damages et pluiseurs grans</p> -<p>assaus et fors par les Espagnolz et par les Geneuois;</p> -<p>et cil de dedens se deffendirent ossi fortement et vassaument, <span class="dalign">20</span></p> -<p>par le conseil le signeur de Quadudal, et</p> -<p>si sagement que cil de dehors y perdirent plus souvent</p> -<p>qu'il n'i gaegnirent.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>En celui temps, si tost que la dessus ditte contesse</p> -<p>sceut que cil signeur de France estoient venu en Bretagne, <span class="dalign">25</span></p> -<p> si grant poissance, elle envoia monsigneur</p> -<p>Amauri de Clion en Engleterre parler au roy Edowart,</p> -<p>et pour priier et requerre secours et ayde, par tle</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_140"> 140</a></span></div> -<p>condition que li jones enfes, filz au conte de Montfort</p> -<p>et de la ditte contesse, prenderoit femme l'une</p> -<p>des jones filles au roy d'Engleterre, et s'appelleroit</p> -<p>duoise de Bretagne. Li rois Edowars estoit adonc </p> -<p>Londres, et festioit tant qu'il pooit le conte de Salbrin, <span class="dalign">5</span></p> -<p>qui tantost estoit revenus de se prison. Si fist</p> -<p>moult grant feste et honneur monsigneur Amauri</p> -<p>de Clion, quant il fu lui venus, car il estoit moult</p> -<p>gentilz homs; et li ottria toute sa requeste asss briefment,</p> -<p>car il y veoit son avantage en deus manires. <span class="dalign">10</span></p> -<p>Car il li fu avis que c'estoit grant cose et noble de</p> -<p>la duc de Bretagne, se il le pooit conquerre; et si</p> -<p>estoit la plus belle entre qu'il pooit avoir pour conquerre</p> -<p>le royaume de France, quoi il tendoit. Si</p> -<p>commanda monsigneur Gautier de Mauni qu'il <span class="dalign">15</span></p> -<p>amoit moult, car moult l'avoit bien servi et loyaument</p> -<p>en pluiseurs besongnes perilleuses, qu'il presist</p> -<p>tant de gens d'armes que li dis messires Amauris li</p> -<p>deviseroit et qu'il li souffiroit, et se apparillast au</p> -<p>plus tost qu'il poroit pour aler aidier la contesse de <span class="dalign">20</span></p> -<p>Montfort, et presist avoecques lui jusques deus</p> -<p>mille ou trois mille arciers des milleurs d'Engleterre.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Li dis messires Gautiers fist moult volentiers le</p> -<p>commandement son signeur; si se apparilla au plus</p> -<p>tost qu'il peut, et se mist en mer avoecques le dit <span class="dalign">25</span></p> -<p>monsigneur Amauri, tle compagnie de gens d'armes</p> -<p>et d'arciers qu'il souffi au dit monsigneur Amauri.</p> -<p>Avoec lui en alrent li doy frre de Neynendale, messires</p> -<p>Loeis et messires Jehans, li Haze de Braibant,</p> -<p>messires Hubiers de Frenay, messires Alains de Sirehonde, <span class="dalign">30</span></p> -<p>et pluiseur aultre que je ne puis ne sai tous</p> -<p>nommer, et avoech yaus sis mille arciers. Mais uns</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_141"> 141</a></span></div> -<p>grans tourmens les prist sour mer et vens contraires,</p> -<p>par quoi il les couvint demorer sour le mer par le</p> -<p>terme de soissante jours, anois qu'il peuissent parvenir</p> -<p> Hembon, l o li contesse de Montfort les</p> -<p>attendoit de jour en jour, grant mesaise de coer, <span class="dalign">5</span></p> -<p>pour le grant meschief que elle sentoit que ses gens</p> -<p>soustenoient, qui estoient dedens le cit de Rennes.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 164. Or est savoir que messires Charles de</p> -<p>Blois et cil signeur de France sisent longuement devant</p> -<p>le cit de Rennes, et tant qu'il y fisent trs grant <span class="dalign">10</span></p> -<p>damage, par quoi li bourgois en furent durement</p> -<p>anoiis; et volentiers se fuissent souvent acord </p> -<p>rendre le cit, se il osassent, mais messires Guillaumes</p> -<p>de Quadudal ne s'i voloit acorder nullement.</p> -<p>Quant li bourgois et li commun de le cit eurent asss <span class="dalign">15</span></p> -<p>souffert, et qu'il ne veoient nul secours de nulle part</p> -<p>venir, il se vorrent rendre; mais li dis messires Guillaumes</p> -<p>ne s'i volt accorder. Au daarrain, il prisent le</p> -<p>dit monsigneur Guillaume et le misent en prison; et</p> -<p>eurent en couvent monsigneur Charlon de Blois <span class="dalign">20</span></p> -<p>qu'il se renderoient l'endemain par tle condition</p> -<p>que tout cil de le partie le contesse de Monfort s'en</p> -<p>pooient aler sauvement, quel part qu'il voloient. Li</p> -<p>dis messires Charles de Blois leur acorda. Ensi fu li</p> -<p>cits de Rennes rendue monsigneur Charle de Blois, <span class="dalign">25</span></p> -<p>l'an de grasce mil trois cens quarante et deus, l'entre</p> -<p>de may. Et messires Guillaumes de Quadudal</p> -<p>ne volt point demorer de l'acord monsigneur Charle</p> -<p>de Blois, ains s'en ala tantost par devers Hembon, l</p> -<p>o la contesse de Monfort estoit, qui fu moult dolente <span class="dalign">30</span></p> -<p>quant elle seut que la cit de Rennes estoit rendue;</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_142"> 142</a></span></div> -<p>et si n'ooit nulles nouvelles de monsigneur Amauri de</p> -<p>Clion ne de se compagnie.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 165. Quant la cit de Rennes se fu rendue, ensi</p> -<p>que vous avs oy, et li bourgois eurent fait feaut</p> -<p> monsigneur Charles de Blois, messires Charle eut <span class="dalign">5</span></p> -<p>conseil qule part il se poroit traire toute son host,</p> -<p>pour mieulz avant esploitier de reconquerre le remanant.</p> -<p>Li consaulz se tourna ou que il se traisist</p> -<p>par devers Hembon, l o la contesse de Montfort</p> -<p>estoit; car, puis que li sires estoit en prison, s'il pooit <span class="dalign">10</span></p> -<p>prendre le ville, le chastiel et le contesse, il aroit tost</p> -<p>sa guerre afine. Ensi fu fait. Si se traisent tuit vers</p> -<p>Hembon et assegirent le ville et le chastiel tout au</p> -<p>tour, tant qu'il peurent, par terre. La contesse estoit</p> -<p>si bien pourveue de bons chevaliers et d'autres souffissans <span class="dalign">15</span></p> -<p>gens d'armes qu'il couvenait pour deffendre le</p> -<p>ville et le chastiel, et tout dis estoit en grant soupeon</p> -<p>del secours d'Engleterre que elle attendoit, et se n'en</p> -<p>ooit nulles nouvelles. Ains avoit doubtance que grans</p> -<p>meschis ne leur fust avenus, ou par fortune de le mer, <span class="dalign">20</span></p> -<p>ou par rencontre d'ennemis. Avoecques li estoit en</p> -<p>Hembon li evesques de Lyon en Bretagne, dont messires</p> -<p>Hervis de Lyon estoit (neveus<a id="FNanchor_385" href="#Footnote_385" class="fnanchor"> [385]</a>), qui estoit de le</p> -<p>partie monsigneur Charles. Et si y estoient messires</p> -<p>Yves de Tigri, li sires de Landreniaus, li chastelains <span class="dalign">25</span></p> -<p>de Ginghant, li doi frre de Quirich, messires Henris</p> -<p>et messires Oliviers de Pennefort et pluiseur aultre.</p> -<p>Quant la contesse et cil chevalier entendirent que cil</p> -<p>signeur de France venoient pour yaus assegier, et qu'il</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_143"> 143</a></span></div> -<p>estoient asss pris de l, il fisent commander que on</p> -<p>sonnast le ban cloche, et que ascuns s'alast armer et</p> -<p>alast sa deffense, ensi qu'il estoit ordonns. Ensi</p> -<p>fu fait sans contredit.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant messires Charles de Blois et li signeur franois <span class="dalign">5</span></p> -<p>furent approciet de le ville de Hembon et il</p> -<p>le veirent forte, il fisent leurs gens logier, ensi que</p> -<p>pour faire sige. Aucun jone compagnon geneuois,</p> -<p>espagnol et franois alrent jusques as bailles pour</p> -<p>paleter et escarmucier; et aucun de chiaus de dedens <span class="dalign">10</span></p> -<p>issirent encontre yaus, ensi que on fait souvent</p> -<p>en telz besongnes. L eut pluiseurs hustins.</p> -<p>Et perdirent plus li Geneuois qu'il n'i gaegnassent,</p> -<p>ensi qu'il avient souvent par trop folement abandonner.</p> -<p>Quant li vespres approa, cescuns se retraii <span class="dalign">15</span></p> -<p> se loge. L'endemain, li signeur eurent conseil</p> -<p>qu'il feroient l'endemain assallir les bailles</p> -<p>fortement, pour veoir le contenance de chiaus</p> -<p>de dedens, et pour veoir se il y poroient riens</p> -<p>conquester, ensi qu'il fisent. Car au tierc jour il <span class="dalign">20</span></p> -<p>assallirent au matin, entours heure de prime, as</p> -<p>bailles trs fortement. Et chil de dedens issirent hors</p> -<p>li aucun des plus souffissans, et se deffendirent si vassaument</p> -<p>qu'il fisent l'assaut durer jusques heure de</p> -<p>nonne que li assallant se retraisent un petit arrire. <span class="dalign">25</span></p> -<p>Et y laissirent fuison de mors, et en remenrent</p> -<p>plent de blecis. Quant li signeur veirent leurs gens</p> -<p>retraire, il en furent durement couroucis. Si fisent</p> -<p>recommencier l'assaut plus fort que devant. Et cil de</p> -<p>Hembon s'efforcirent ossi d'yaus trs bien deffendre. <span class="dalign">30</span></p> -<p>Et la contesse, qui estoit arme de corps et estoit</p> -<p>monte sus un bon coursier, chevauoit de rue en</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_144"> 144</a></span></div> -<p>rue par le ville, et semonnoit ses gens de bien deffendre.</p> -<p>Et faisoit les femmes de le ville, dames et</p> -<p>aultres, deffaire les caucies et porter les pires as</p> -<p>crestiaus pour getter as ennemis. Et faisoit aporter</p> -<p>bombardes et pos plains de cauch vive, pour getter <span class="dalign">5</span></p> -<p>sus les assallans.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 166. Encores fist ceste ditte contesse de Montfort</p> -<p>une trs hardie emprise qui ne fait mies (<a id="FNanchor_386" href="#Footnote_386" class="fnanchor"> [386]</a>) oubliier,</p> -<p>et c'on doit bien recorder hardit et outrageus fait</p> -<p>d'armes. La contesse montoit en une tour, pour <span class="dalign">10</span></p> -<p>mieulz veoir comment ses gens se maintenoient. Si</p> -<p>regarda et vei que tout cil de l'host, signeur et aultre,</p> -<p>avoient laissiet leurs logeis, et estoient pris que tout</p> -<p>al veoir l'assaut. Elle s'avisa d'un grant fait et remonta</p> -<p>sus son coursier, ensi arme comme elle estoit. <span class="dalign">15</span></p> -<p>Et fist monter environ trois cens hommes cheval</p> -<p>avoecques lui, qui gardoient une aultre porte l o on</p> -<p>n'assalloit point. Si issi de celle porte o toute se compagnie,</p> -<p>et se feri trs vassaument en ces tentes et en ces</p> -<p>logeis des signeurs de France, qui tantos furent toutes <span class="dalign">20</span></p> -<p>arses, tentes et toutes loges, qui n'estoient gardes fors</p> -<p>de garons et de varls qui s'en fuirent, si tos comme</p> -<p>il y veirent le feu bouter et la contesse et ses gens entrer.</p> -<p>Quant li signeur de France veirent leurs logeis</p> -<p>ardoir et orent le hu et le cri qui en venoit, il furent <span class="dalign">25</span></p> -<p>tout esbahi et coururent tout vers lor logeis,</p> -<p>criant: Trahi! Trahi!, et ne demora adonc nulz</p> -<p> l'assaut.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant la contesse vei l'ost estourmir et de toutes</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_145"> 145</a></span></div> -<p>pars acourir, elle rassambla ses gens et vei bien que</p> -<p>elle ne poroit rentrer en le ville sans trop grant perte;</p> -<p>si s'en ala le droit chemin par devers le chastiel de</p> -<p>Brait qui siet trois liewes pris de l. Quant messires</p> -<p>Loeis d'Espagne, qui estoit mareschaus de toute <span class="dalign">5</span></p> -<p>l'ost, fu venus as logeis qui ardoient, et vei la contesse</p> -<p>et ses gens qui s'en aloient tant qu'il pooient, il se</p> -<p>mist aler aprs pour raconsievir se il peuist, et grant</p> -<p>fuison de gens d'armes avoecques lui. Si les encaua</p> -<p>et caa tant qu'il en tua et mehagna aucuns qui estoient <span class="dalign">10</span></p> -<p>mal montet, et qui ne pooient sievir les bien</p> -<p>monts. Toutes fois, la ditte contesse chevaua tant</p> -<p>et si bien que elle et li plus grant partie de ses gens</p> -<p>vinrent asss point au bon chastiel de Brait, l o</p> -<p>elle fu receute et festiie grant joie de chiaus de le <span class="dalign">15</span></p> -<p>ville et dou chastiel. Quant messires Loeis d'Espagne</p> -<p>sceut, par les prisons que pris avoit, que c'estoit la</p> -<p>contesse qui tel fait avoit fait et qui escape li estoit,</p> -<p>il s'en retourna en l'ost et conta sen aventure as signeurs</p> -<p>et as aultres qui grant merveille en eurent. <span class="dalign">20</span></p> -<p>Ossi eurent cil qui estoient dedens Haimbon, et ne</p> -<p>pooient apenser ne trop imaginer comment leur dame</p> -<p>avoit che aviset ne oset entreprendre. Mais il furent</p> -<p>toute le nuit en grant quisenon de ou que la</p> -<p>dame ne nulz de ses compagnons ne revenoit; si n'en <span class="dalign">25</span></p> -<p>savoient que penser ne que aviser, et ce n'estoit point</p> -<p>trop grant merveille.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 167. A l'endemain, li signeur de France, qui</p> -<p>avoient perdu leurs tentes et leurs pourveances,</p> -<p>orent conseil qu'il se logeroient d'arbres et de foellies <span class="dalign">30</span></p> -<p>plus pris de le ville, et qu'il se maintenroient plus</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_146"> 146</a></span></div> -<p>sagement. Si se alrent logier grant painne plus</p> -<p>pris de le ville, et disoient souvent ensi chiaus de</p> -<p>le ville: Als, signeur, als requerre vostre contesse.</p> -<p>Certes elle est perdue, vous ne le trouvers en</p> -<p>pice. Quant cil de le ville, gens d'armes et aultres, <span class="dalign">5</span></p> -<p>orent telz parolles, il furent esbahi et eurent grant</p> -<p>paour que grans meschis ne fust avenus leur dame.</p> -<p>Si n'en savoient que croire, par tant que elle point</p> -<p>ne revenoit, ne n'en ooient nulles nouvelles. Si demorrent</p> -<p>en tel paour par l'espasse de cinq jours. <span class="dalign">10</span></p> -<p>Et la contesse, qui bien pensoit que ses gens estoient</p> -<p> grant mesaise pour lui et en grant doubtance, se</p> -<p>pourcaa tant que elle eut bien cinq cens compagnons</p> -<p>(arms<a id="FNanchor_387" href="#Footnote_387" class="fnanchor"> [387]</a>) et bien monts. Puis se parti de Brait</p> -<p>entour le mienuit et se vint, droit au point que li solaus <span class="dalign">15</span></p> -<p>se live, chevauant l'un des costs de l'host, et</p> -<p>fist ouvrir le porte et entra ens grant joie et grant</p> -<p>son de trompes et de nakaires: de quoi li hos des</p> -<p>Franois fu durement estourmie. Si se fissent tout</p> -<p>armer et coururent par devers le ville pour assallir, <span class="dalign">20</span></p> -<p>et cil de dedens as fenestres pour le deffendre. L</p> -<p>commena grans assaus et fors, qui dura jusques </p> -<p>haute nonne. Et plus y perdirent li assallant que li</p> -<p>deffendant.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Environ heure de nonne, fisent li signeur cesser <span class="dalign">25</span></p> -<p>d'assallir, car leurs gens se faisoient tuer et navrer</p> -<p>sans raison, et retraisent leurs logeis. Si eurent</p> -<p>conseil et acord que messires Charles de Blois iroit</p> -<p>assegier (le) chastiel d'Auroy que li rois Artus fist</p> -<p>faire et fremer. Et iroient avoecques lui li dus de <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_147"> 147</a></span></div> -<p>Bourbon, li contes de Blois ses frres, et li mareschaus</p> -<p>de France messires Robers Bertrans, et messires</p> -<p>Hervis de Lyon et partie des Geneuois. Et messires</p> -<p>Loeis d'Espagne, li viscontes de Rohen et tous</p> -<p>li remanans des Geneuois et Espagnolz demorroient <span class="dalign">5</span></p> -<p>devant Hembon. Et mandrent douze grans engiens</p> -<p>qu'il avoient laissis Rennes, pour getter le ville</p> -<p>et au chastiel de Hembon, car il veoient bien qu'il</p> -<p>ne le pooient gaegnier ne riens pourfiter l'assallir;</p> -<p>si qu'il fisent deus hos: s'en demora li uns devant <span class="dalign">10</span></p> -<p>Hembon, et li aultres en ala assegier chastiel d'Auroy</p> -<p>qui estoit asss pris de l; des quels nous parlerons</p> -<p>et nous soufferons un petit des aultres.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 168. Messires Charles de Blois se trest par devant</p> -<p>le chastiel d'Auroy, qui estoit asss pris de l, tout <span class="dalign">15</span></p> -<p>se compagnie, et se loga et toute son host environ.</p> -<p>Et y fist assallir et escarmucier, car chil del chastiel</p> -<p>estoient bien pourveu et bien garni de bonnes gens</p> -<p>d'armes, pour tel sige soustenir. Si ne se vorrent rendre,</p> -<p>ne laissier le service de la contesse, qui grans <span class="dalign">20</span></p> -<p>biens leur avoit fais, pour obeir au dit monsigneur</p> -<p>Charle, pour ses prommesses. Dedens le forterce avoit</p> -<p>deus cens compagnons aidables, uns et aultres, des</p> -<p>quelz estoient mestres et chapitainnes doi chevalier</p> -<p>dou pays, vaillant homme et hardi durement, messires <span class="dalign">25</span></p> -<p>Henris de Pennefort et Oliviers de Pennefort</p> -<p>ses frres. A quatre liewes pris de ce chastiel siet la</p> -<p>bonne cit de Vennes, qui fermement se tenoit le</p> -<p>contesse. Et en estoit messires Joffrois de Malatrait</p> -<p>chapitainne, gentilz homs et vaillans durement. D'autre <span class="dalign">30</span></p> -<p>part sciet la bonne ville de Dignant en Bretagne,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_148"> 148</a></span></div> -<p>qui adonc n'estoit freme, fors de fosss et de palis.</p> -<p>Si en estoit chapitains de par le contesse uns durement</p> -<p>vaillans homs que on clamoit le chastellain de</p> -<p>Gingant, mais il estoit adonc assis dedens Hembon</p> -<p>avoech la contesse. Mais il avoit laissiet Dignant <span class="dalign">5</span></p> -<p>son hostel, ma dame sa femme et ses filles, et avoit</p> -<p>laissiet chapitainne, en lieu de li, monsigneur Renault</p> -<p>son fil, vaillant baceler et hardi durement.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Entre ces deus bonnes villes siet uns trs fors chastiaus</p> -<p>qui se tenoit adonc monsigneur Charle de <span class="dalign">10</span></p> -<p>Blois, et l'avoit fait garnir de gens d'armes et de saudoiiers,</p> -<p>qui tout estoient Bourgignon. Si en estoit</p> -<p>souverains et mestres uns bons escuiers asss jones</p> -<p>que on clamoit Gerart de Malain; et avoit avoecques</p> -<p>lui un hardi chevalier que on clamoit monsigneur <span class="dalign">15</span></p> -<p>Pire Portebuef. Cil doi avoecques leurs compagnons</p> -<p>honnissoient et gastoient tout le pays de l entour,</p> -<p>et destraindoient si ouniement le cit de Vennes et</p> -<p>le bonne ville de Dinant, que nulles pourveances ne</p> -<p>marchandises ne pooient entrer ne venir, fors en <span class="dalign">20</span></p> -<p>grant peril et sous grant aventure, car il chevauoient</p> -<p>l'un jour par devers Vennes, et l'autre jour</p> -<p>par devers Dinant. Tant chevaucirent ensi li dessus</p> -<p>dit Bourgegnon et leurs routes, que li jones bacelers</p> -<p>messires Renaulz de Gingant prist, par un embuscement <span class="dalign">25</span></p> -<p>qu'il avoit establi, le dit Gerart de Malain </p> -<p>toute se compagnie, qui estoient yaus vingt et cinq</p> -<p>compagnon, et rescoui jusques quinze marcheans </p> -<p>tout leur avoir qu'il avoient pris, et les emmenoient</p> -<p>par devers leur garnison que on claime Rocheperiot.</p> -<p>Mais li jones bacelers messires Renaulz de Gingant les <span class="dalign">30</span></p> -<p>conquist tous, par son sens et par sa proce, et les</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_149"> 149</a></span></div> -<p>en mena tous (en Dynant<a id="FNanchor_388" href="#Footnote_388" class="fnanchor"> [388]</a>) en prison, dont tous li</p> -<p>pays d'entour eut grant joie. Et en fu durement li</p> -<p>dis messires Renaulz los et prisis.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Si me tairai un petit parler de ces gens de Vennes,</p> -<p>de Dinant et de Roceperiot, et revenrai la <span class="dalign">5</span></p> -<p>contesse de Montfort, qui estoit assise dedens Haimbon,</p> -<p>et monsigneur Loeis d'Espagne qui tenoit</p> -<p>le sige par devant et avoit si debrisi et defroissi</p> -<p>le ville et le fremet, par les engiens, que cil de</p> -<p>dedens se commencirent esmaiier et avoir volent <span class="dalign">10</span></p> -<p>de faire acord, car il ne veoient nul secours venir,</p> -<p>ne n'en entendoient nouvelles. Dont il avint que</p> -<p>li evesques messires Guis de Lyon, qui estoit (oncles<a id="FNanchor_389" href="#Footnote_389" class="fnanchor"> [389]</a>)</p> -<p>monsigneur Hervi de Lyon, par qui pourcach et conseil</p> -<p>li contes de Montfort avoit estet pris, si com <span class="dalign">15</span></p> -<p>on disoit, dedens le cit de Nantes, parla un jour au</p> -<p>dit monsigneur Hervi son (neveu,) sus assegurance, et</p> -<p>par lonch temps ensamble, d'unes coses et d'aultres;</p> -<p>et tant que li dis evesques devoit pourcacier acord </p> -<p>ses compagnons, par quoi li ville de Hembon seroit <span class="dalign">20</span></p> -<p>rendue monsigneur Charle de Blois. Et li dis messires</p> -<p>Hervis, d'autre part, devoit pourcacier que cil</p> -<p>de dedens seroient apaisis envers monsigneur Charle,</p> -<p>quittes et lieges, et ne perderoient riens dou</p> -<p>leur. Ensi se departi cilz parlemens. Li dis evesques <span class="dalign">25</span></p> -<p>rentra en le ville pour parler as aultres signeurs. La</p> -<p>contesse se doubta tantost de mauvais pourcach; si</p> -<p>pria ces signeurs de Bretagne, pour l'amour de</p> -<p>Dieu, qu'il ne fesissent nulle defaute, car elle avoit</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_150"> 150</a></span></div> -<p>esperance en Nostre Signeur que elle aroit grant secours</p> -<p>dedens trois jours. Mais li dis evesques parla</p> -<p>tant et moustra tant de raisons ces signeurs de</p> -<p>Bretagne qu'i(l) les mist en grant effroi celle nuit. A</p> -<p>l'endemain, il recommena et dist tant de raisons, <span class="dalign">5</span></p> -<p>d'unes et d'autres, qu'il estoient tout de son acord</p> -<p>ou asss pris. Et j estoit li dis messires Hervis venus</p> -<p>asss pris de le ville pour (la) prendre et par</p> -<p>leur acord, quant la contesse qui regardoit aval le mer,</p> -<p>par une fenestre del chastiel, commena criier et <span class="dalign">10</span></p> -<p>faire grant joie; et disoit tant comme elle pooit: Je</p> -<p>voi venir le secours que j'ai tant desir! deus fois</p> -<p>le dist. Cescuns de le ville courut tantost, qui mieulz</p> -<p>pot, as fenestres et as crestiaus des murs pour veoir</p> -<p>que c'estoit. Et veirent clerement grant fuison de <span class="dalign">15</span></p> -<p>naves, petites et grandes, bien batillies, venir par</p> -<p>devers Hembon. Dont cescuns fu durement reconforts,</p> -<p>car bien tenoient que c'estoit messires Amauris</p> -<p>de Clion qui amenoit ce secours d'Engleterre,</p> -<p>dont vous avs par ch devant oy parler, qui par <span class="dalign">20</span></p> -<p>soixante jours avoient eu vent contraire sur le</p> -<p>mer.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 169. Quant li chastellains de Gingant messires</p> -<p>Yves de Tigueri, messires Gallerans de Landreniaulz</p> -<p>et li aultre chevalier veirent ce secours venir, <span class="dalign">25</span></p> -<p>il disent l'evesque qu'il pooit bien contremender</p> -<p>son parlement, car point consilliet n'estoient de</p> -<p>faire ce qu'il leur exhortoit. Li dis evesques messires</p> -<p>Guis de Lyon en fu durement couroucis et</p> -<p>dist: Signeur, dont se departira nostre compagnie, <span class="dalign">30</span></p> -<p>car vous demorrs dea par devers ma dame, et je</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_151"> 151</a></span></div> -<p>m'en irai par del par devers celui qui plus grant</p> -<p>droit y a, ce me samble. Lors se parti li dis evesques</p> -<p>de Hembon, et deffia la dame et tous ses aidans,</p> -<p>et s'en ala renoncier au dit monsigneur Hervi et dist</p> -<p>la besongne ensi comme elle se portoit. Li dis messires <span class="dalign">5</span></p> -<p>Hervis fu durement couroucis. Si fist tantost</p> -<p>drecier les plus grans engiens qu'il avoient, au plus</p> -<p>pris del chastiel que on peut, et commanda que</p> -<p>on ne cessast de getter par jours ne par nuis;</p> -<p>puis se parti de l. Si en mena son (oncle<a id="FNanchor_390" href="#Footnote_390" class="fnanchor"> [390]</a>) le dit <span class="dalign">10</span></p> -<p>evesque monsigneur Loeis d'Espagne qui le rechut</p> -<p> bon gr et liement. Ossi fist messires Charles de</p> -<p>Blois, quant il fu lui venus. La comtesse fist lie</p> -<p>chire apparillier salles, cambres et hostelz, pour herbergier</p> -<p>aisiement ces signeurs d'Engleterre qui l venoient, <span class="dalign">15</span></p> -<p>et envoia encontre yaus moult noblement.</p> -<p>Quant il furent venus et descendus, elle meismes</p> -<p>vint contre yaus grant reverense. Et se elle les</p> -<p>festia et regratia grandement, che ne fait point </p> -<p>esmervillier, car elle avoit bien mestier de leur <span class="dalign">20</span></p> -<p>venue, si com vous avs oy. Si en fist adonc et de</p> -<p>puis ossi tout quanque elle en peut faire. Et les en</p> -<p>mena tous, chevaliers et escuiers, ens ou chastiel</p> -<p>herbergier, jusques adonc qu'il seroient herbegiet en</p> -<p>le ville leur aise; et leur donna l'endemain disner <span class="dalign">25</span></p> -<p>moult grandement. Toute la nuit ne cessrent li</p> -<p>engien de getter, ne l'endemain ossi.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant ce vint aprs disner que la dame eut festiiet</p> -<p>ces signeurs, messires Gautiers de Mauni, qui estoit</p> -<p>mestres et souverains des Engls venus avoec lui, appella <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_152"> 152</a></span></div> -<p>d'une part monsigneur Yvon de Tigueri et li</p> -<p>demanda de l'estat de chiaus de le ville et de leurs</p> -<p>couvenans et de chiaus de l'host ossi. Puis regarda</p> -<p>et dist qu'il avoit grant volent d'aler abatre ce grant</p> -<p>engien, qui si pris leur estoit assis et qui si grant anoi <span class="dalign">5</span></p> -<p>leur faisoit, ms que on le volsist sievir. Messires Yves</p> -<p>de Tigueri dist que il ne l'en faurroit mies ce(ste)</p> -<p>premire envaye. Ensi dist li sires de Landreniaus.</p> -<p>Adonc s'ala tantost armer li gentilz sires de Mauni.</p> -<p>Ossi fisent tout si compagnon quant il le sceurent, et <span class="dalign">10</span></p> -<p>ossi tout li chevalier breton et li escuier qui laiens</p> -<p>estoient. Puis issirent hors paisievlement par le porte,</p> -<p>et fisent aler avoech yaus trois cens archiers. Tant</p> -<p>alrent traiant li arcier qu'il fisent fuir en voies ceulz</p> -<p>qui gardoient ce grant engien. Et les gens d'armes qui <span class="dalign">15</span></p> -<p>venoient aprs ces arciers en occisent aucuns, et abatirent</p> -<p>ce grant engien, et le detaillirent tout par</p> -<p>pices. Puis coururent de randon jusques as tentes</p> -<p>et as logeis, et boutrent le feu dedens. Si turent et</p> -<p>navrrent pluiseurs de leurs ennemis, anois que li <span class="dalign">20</span></p> -<p>host fust estourmis; et puis se retraisent bellement</p> -<p>arrire. Quant li hos fu estourmis et arms, il vinrent</p> -<p>acourant apris yaus, comme gens tous foursens.</p> -<p>Et quant messires Gautiers de Mauni vey ces</p> -<p>gens acourir et estourmir en demenant grans hus et <span class="dalign">25</span></p> -<p>grant cris, il dist tout haut: Jamais ne soie jou</p> -<p>salus de ma chire amie, se je rentre en chastiel ne</p> -<p>en forterce, jusques adonc que jou arai l'un de ces</p> -<p>venans vers terre, ou jou y serai verss! Lors se</p> -<p>retourna il, le glave ou poing, par devers les ennemis. <span class="dalign">30</span></p> -<p>Ossi fisent li doi frre de Leindehale, li Haze de</p> -<p>Braibant, messires Yves de Tigueri, messires Galerans</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_153"> 153</a></span></div> -<p>de Landreniaus et pluiseur aultre compagnon,</p> -<p>et brocirent premiers venans. Si en fisent pluiseurs</p> -<p>verser, les gambes contremont. Ossi en y eut</p> -<p>des leurs verss.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>L commena uns trs fors hustins, car tout dis <span class="dalign">5</span></p> -<p>venoient avant cil de l'host. Si monteplioit leurs</p> -<p>effors, par quoi il convenoit les Engls et les Bretons</p> -<p>retraire tout bellement par devers leur forterce.</p> -<p>L peuist on veoir d'une part et d'autre belles</p> -<p>envayes, belles rescousses, biaus fais d'armes et des <span class="dalign">10</span></p> -<p>belles proces grant fuison. Sour tous les aultres</p> -<p>le faisoit bien et en avoit le los et le hue li gentilz</p> -<p>chevaliers, messires Gautiers de Mauni. Et ossi</p> -<p>moult vassaument s'i maintinrent tout si compagnon,</p> -<p>et s'i combatirent trs bien. Quant il veirent <span class="dalign">15</span></p> -<p>que tamps fu de retraire, si se retraisent bellement et</p> -<p>sagement jusques leurs fosss, et l rendirent il estal</p> -<p>jusques tant que leurs gens furent entret sauvet.</p> -<p>Mais sacis que li aultre arcier, qui point n'avoient</p> -<p>est abatre les engiens, estoient issu de le ville et <span class="dalign">20</span></p> -<p>rengis sus les fosss, et traioient si fortement qu'il</p> -<p>fisent tous chiaus de l'host reculer, qui eurent grant</p> -<p>fuison d'ommes et de chevaus mors et navrs. Quant</p> -<p>cil de l'host veirent que leurs gens estoient au bersail</p> -<p>et qu'il perdoient sans riens conquester, il fisent <span class="dalign">25</span></p> -<p>leur gens retraire leurs logeis. Et quant il furent tout</p> -<p>retrait, cil de le ville se retraisent ossi, cescuns son</p> -<p>hostel. Qui adonc veist la contesse descendre dou</p> -<p>chastiel grant chire, et baisier monsigneur Gautier</p> -<p>de Mauni et ses compagnons, les uns apris les aultres, <span class="dalign">30</span></p> -<p>deus fois ou trois, bien peuist dire que c'estoit</p> -<p>une vaillans dame.</p> -</div> -<div class="section"> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_154"> 154</a></span></div> -<p> 170. A l'endemain, messires Loeis d'Espagne appella</p> -<p>le visconte de Rohem, l'evesque de Lyon, monsigneur</p> -<p>Hervi de Lyon et le mestre des Geneuois, pour</p> -<p>avoir avis et conseil qu'il feroient et comment il se</p> -<p>maintenroient, car il veoient le ville de Hembon si <span class="dalign">5</span></p> -<p>forte et le secours qui venus y estoit, meismement</p> -<p>les arcis qui tous les desconfisoient. Par quoi, il</p> -<p>perdoient le tamps pour noient, et aleuoient </p> -<p>demorer l, et ne veoient tour ne voie par quoi il</p> -<p>y peuissent riens conquester. Si se accordrent tout <span class="dalign">10</span></p> -<p>ou que il se deslogeroient l'endemain et se trairoient</p> -<p>par devers le chastiel d'Auroy, l o messires</p> -<p>Charles de Blois estoit sige fait, et li aultre signeur</p> -<p>de France. L'endemain, bien matin, il deffisent leurs</p> -<p>logeis et se traisent celle part, si com ordonn l'avoient. <span class="dalign">15</span></p> -<p>Chil de le ville fisent grans hus apris yaus,</p> -<p>quant il les veirent deslogiet. Et aucun issirent aprs</p> -<p>yaus pour aventurer, mais il furent racaciet arrire,</p> -<p>et perdirent de leurs compagnons, anois qu'il peuissent</p> -<p>estre retrait le ville. <span class="dalign">20</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant messires Loeis d'Espagne et toute sa carge</p> -<p>de gens d'armes furent venu en l'ost monsigneur</p> -<p>Charles de Blois, il li conta le raison pour quoi il</p> -<p>avoit laissiet le sige de devant Hembon. Adonc ordonnrent</p> -<p>il entre yaus, par grant deliberation, que <span class="dalign">25</span></p> -<p>li dis messires Loeis et cil qui estoient venu avoech</p> -<p>li iroient assegier le bonne ville de Dinant qui n'estoit</p> -<p>freme fors que d'yawe et de palis. Ensi demora</p> -<p>la ville de Hembon en pais une grant pice,</p> -<p>et fu reforcie et rafrescie moult durement. Li dis <span class="dalign">30</span></p> -<p>messires Loeis s'en ala adonc tout son host assegier</p> -<p>Dinant. Ensi qu'il s'en aloit, il passa asss</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_155"> 155</a></span></div> -<p>pris d'un vis chastiel que on clamoit Conquest. Et</p> -<p>en estoit chastellains, de par le contesse, uns chevaliers</p> -<p>de Lombardie, bons guerriires et hardis, qui</p> -<p>s'appeloit messires Mansion, et avoit pluiseurs saudoiiers</p> -<p>avoech li. Quant li dis messires Loeis entendi <span class="dalign">5</span></p> -<p>que li chastiaus estoit de l'accord le contesse, il fist</p> -<p>traire son host celle part et assallir le chastiel fortement.</p> -<p>Chil dedens se deffendirent si bien que li assaus</p> -<p>dura jusques le nuit, et se loga li hos l endroit.</p> -<p>L'endemain, il fist l'assaut recommencier. Li assallant <span class="dalign">10</span></p> -<p>approcirent si pris des murs qu'il y fissent un</p> -<p>grant trau, car li fosset n'estoient mies moult parfont.</p> -<p>Si entrrent ens par force et misent mort tous</p> -<p>chiaus dou chastiel, exceptet le chevalier qu'il prisent</p> -<p> prisonnier; et y establirent un aultre chastelain <span class="dalign">15</span></p> -<p>bon et seur et soixante compagnons avoec li, pour</p> -<p>garder le chastiel. Puis s'en parti li dis messires Loeis</p> -<p>et s'en ala assegier le bonne ville de Dinant.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>La contesse de Monfort et messires Gautiers de</p> -<p>Mauni entendirent ces nouvelles que messires Loeis <span class="dalign">20</span></p> -<p>d'Espagne et toute son host estoit arrests par devant</p> -<p>le chastiel de Conquest. Si appella messires</p> -<p>Gautiers tous les compagnons saudoiiers, et leur dist</p> -<p>que ce seroit trop noble aventure pour yaus tous,</p> -<p>se il pooient deslogier le dit chastiel et desconfire le <span class="dalign">25</span></p> -<p>dit monsigneur Loeis et toute son host, et que onques</p> -<p>si grant honneur n'avint gens d'armes qu'il</p> -<p>leur avenroient. Tout li compagnon s'i acordrent et</p> -<p>se partirent l'endemain au matin de Haimbon, et s'en</p> -<p>alrent celle part de si grant volent que petit en demora <span class="dalign">30</span></p> -<p>en le ville. Tant chevaucirent qu'il vinrent environ</p> -<p>nonne au chastiel de Conquest, et trouvrent</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_156"> 156</a></span></div> -<p>qu'il avoit est conquis par force le jour devant, et</p> -<p>cil de dedens tout occis, except le chevalier monsigneur</p> -<p>Mansion qui le gardoit. Et l'avoient li Franois</p> -<p>repourveu et rafresci de nouvelle gent. Quant messires</p> -<p>Gautiers entendi ou, et que messires Loeis estoit <span class="dalign">5</span></p> -<p>als assegier le ville de Dinant, il en eut grant</p> -<p>doel, pour tant qu'il ne se pooit combatre lui. Si</p> -<p>dist ses compagnons qu'il ne se partiroit de l, si</p> -<p>saroit quelz gens il avoit ou chastiel, et comment il</p> -<p>avoit estet perdus. Si se apparillirent il et si compagnon, <span class="dalign">10</span></p> -<p>pour assallir le chastiel, et montrent tout</p> -<p>targiet contremont. Quant li Espagnol qui dedens estoient</p> -<p>les veirent en tel manire venir, il se deffendirent</p> -<p>tant qu'il peurent. Et cil de dehors les assallirent</p> -<p>si fortement et les tinrent si pris de traire qu'il <span class="dalign">15</span></p> -<p>approcirent les murs, maugr chiaus dou chastiel,</p> -<p>et trouvrent le trau del mur, par quoi il avoient le</p> -<p>jour devant gaegniet le chastiel. Si entrrent ens par</p> -<p>ce trau meismes, et turent tous les Espagnolz, except</p> -<p>dix que aucun chevalier prisent merci. Puis <span class="dalign">20</span></p> -<p>se retraisent li Engls et li Breton par devers Hembon,</p> -<p>car il ne l'osoient durement eslongier; et laissirent le</p> -<p>chastiel de Conquest tout seul et sans garde, car il</p> -<p>veirent bien que il ne faisoit mies tenir.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 171. Or revenrai monsigneur Loeis d'Espagne <span class="dalign">25</span></p> -<p>qui fist logier son host tout au tour de la ville de</p> -<p>Dinant en Bretagne, et fist tantost faire petits batiaus</p> -<p>et nacelles, pour assallir le ville de toutes pars, par</p> -<p>terre et par yawe. Quant li bourgois de le ville veirent</p> -<p>chou, et bien savoient que lor ville n'estoit freme <span class="dalign">30</span></p> -<p>fors que de palis, il eurent paour, grans et petis,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_157"> 157</a></span></div> -<p>de perdre corps et avoir. Si se accordrent communement</p> -<p>qu'il se renderoient, salves leurs corps et leur</p> -<p>avoir, si qu'il fisent au quart jour que li hos fu venus</p> -<p>l, maugr leur chapitainne monsigneur Renault de</p> -<p>Ginghant et le turent (tout en my le marchiet<a id="FNanchor_391" href="#Footnote_391" class="fnanchor"> [391]</a>), pour <span class="dalign">5</span></p> -<p>tant qu'il ne s'i voloit acorder. Quant messires Loeis</p> -<p>d'Espagne eut est en le ville de Dignant par deux</p> -<p>jours, et ot pris le feault des bourgois, il leur donna</p> -<p>pour chapitainne celui Gerard de Malain, escuier, que</p> -<p>il trouva laiens prisonnier, et monsigneur Pire Portebuef <span class="dalign">10</span></p> -<p>avoech lui. Puis s'en ala tout son host par devers</p> -<p>une grosse ville seans sus le flun de le mer, que</p> -<p>on claime Garlande, et le assega par terre. Et trouva</p> -<p>asss pris grant fuison de naves et de vaissiaus plainnes</p> -<p>de vins que marcheant avoient l amenet de <span class="dalign">15</span></p> -<p>Poito et de Le Rocelle pour vendre. Si euren tantost</p> -<p>vendut li marchant leurs vins, et furent mal paiiet.</p> -<p>Et puis fist li dis messires Loeis prendre toutes ces</p> -<p>naves, et ens monter gens d'armes et partie des Espagnols</p> -<p>et des Geneuois. Puis fist l'endemain assallir le <span class="dalign">20</span></p> -<p>ville par terre et par mer, qui ne se pot longement</p> -<p>deffendre; ains fu asss tost gaegnie par force, et</p> -<p>tantost toute robe, et tout mis l'espe, femmes et</p> -<p>hommes et enfans, et cinq eglises arses et violes:</p> -<p>dont messires Loeis fu durement couroucis. Si fist <span class="dalign">25</span></p> -<p>tantost pour chou pendre vingt et quatre de chiaus</p> -<p>qui chou avoient fait. L eut gaegniet trs grant tresor,</p> -<p>si ques cescuns en eut tant qu'il en peut porter, car</p> -<p>la ville estoit durement grande et rice et marceande.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant celle grosse ville, qui Garlande estoit appelle, <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_158"> 158</a></span></div> -<p>fu ensi gaegnie et robe et essillie, il ne sceurent</p> -<p>o aler plus avant pour gaegnier. Si se mist li dis</p> -<p>messires Loeis en ces vaissiaus qu'il avait trouvs, sus</p> -<p>mer, en le compagnie de monsigneur Othon Doriie</p> -<p>et de Toudou et de aucuns Geneuois et Espagnolz, <span class="dalign">5</span></p> -<p>pour aler aucune part, pour aventurer sus le marine.</p> -<p>Et li viscontes de Roem, li evesques de Lyon, messires</p> -<p>Hervis, ses nis, et tout li aultre s'en revinrent</p> -<p>en l'ost monsigneur Charle de Blois, qui encores seoit</p> -<p>devant le chastiel d'Auroy. Et trouvrent grant fuison <span class="dalign">10</span></p> -<p>de signeurs et de chevaliers de France, qui nouvellement</p> -<p>estoient l venus, telz que monsigneur Loeis</p> -<p>de Poitiers conte de Valence, le conte d'Auoirre,</p> -<p>le conte de Portiien, le conte de Joni, le conte de</p> -<p>Boulongne et pluiseurs aultres, dont li rois Phelippes <span class="dalign">15</span></p> -<p>les y avoit envoiis pour reconforter son neveu; et</p> -<p>aucun y estoient venu de leur volent, pour venir</p> -<p>veoir et servir monsigneur Charle de Blois. Et encores</p> -<p>n'estoit li fors chastiaus d'Auroy gaegnis. Mais</p> -<p>chil de dedens estoient si prs menet et apresset de <span class="dalign">20</span></p> -<p>famine qu'il avoient mengiet par huit jours tous</p> -<p>leurs chevaus; et ne les voloit on prendre merci,</p> -<p>s'il ne se rendoient simplement. Quant il veirent</p> -<p>que morir les couvenoit, il issirent hors couvertement</p> -<p>par nuit, et se misent en le volent de Dieu, <span class="dalign">25</span></p> -<p>et passrent tout parmi l'ost, l'un des costs. Aucun</p> -<p>en furent perceu et tuet. Mais messires Henris de</p> -<p>Pennefort et messires Oliviers ses frres et pluiseur</p> -<p>aultre se sauvrent par un bosket qui l estoit, et en</p> -<p>alrent droit Hembon devers le contesse et les <span class="dalign">30</span></p> -<p>compagnons, chevaliers engls et bretons, qui les</p> -<p>rechurent liement.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_159"> 159</a></span></div> -<p>Ensi reconquist messires Charles de Blois le fort</p> -<p>chastiel d'Auroi, et par affamer ceulx qui le gardoient,</p> -<p>l o il avoit sis par l'espasse de dix sepmainnes</p> -<p>et plus. Si le fist reffaire et rappareillier</p> -<p>et bien garnir de gens d'armes et de toutes pourveances; <span class="dalign">5</span></p> -<p>et puis s'en ala tout son ost assegier</p> -<p>le cit de Vennes, dont messires Joffrois de Malatrait</p> -<p>estoit chapitains, et se loga tout au tour. A</p> -<p>l'endemain, aucun compagnon breton et saudoiier,</p> -<p>qui gisoient en une ville que on claime Plaremiel, <span class="dalign">10</span></p> -<p>issirent hors et se misent en aventure de gaegnier.</p> -<p>Si vinrent estourmir l'ost monsigneur Charle, et se</p> -<p>ferirent l'un des corons secretement; mais il furent</p> -<p>enclos quant li hos fu estourmis, et perdirent de</p> -<p>leurs gens grossement. Li aultre s'en fuirent et furent <span class="dalign">15</span></p> -<p>sievi jusques asss pris de Plaremiel, qui estoit</p> -<p>asss pris de Vennes. Quant cil de l'host qui estoient</p> -<p>armet furent revenu de le cace, il alrent de ce</p> -<p>retour meismes assallir le ville de Vennes fortement</p> -<p>et radement, et gaegnirent par force les bailles jusques <span class="dalign">20</span></p> -<p> le porte de le cit. L eut trs fort assaut, et</p> -<p>pluiseurs mors et navrs d'une part et d'autre, et</p> -<p>dura jusques le nuit. Adonc fu acord uns respis</p> -<p>qui devoit durer l'endemain tout le jour, pour les</p> -<p>bourgois consillier, s'il se vorroient rendre ou non. <span class="dalign">25</span></p> -<p>A lendemain, il furent si consilliet qu'il se rendirent,</p> -<p>maugret monsigneur Joffroi de Malatret leur chapitainne.</p> -<p>Et quant il vei chou, il se mist hors de le</p> -<p>cit desconnuement, endementrues que on parlementoit,</p> -<p>et s'en ala par devers Hembon. Et li parlemens <span class="dalign">30</span></p> -<p>se fist ensi, que messires Charles de Blois et</p> -<p>tout li signeur entrrent en le cit, et prisent le</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_160"> 160</a></span></div> -<p>feault des bourgois, et se reposrent en le cit par</p> -<p>cinq jours. Puis s'en partirent et alrent assegier une</p> -<p>aultre forterce et bonne cit que on claime Craais.</p> -<p>Or lairai parler un petit d'yaus, et retourrai </p> -<p>monsigneur Loeis d'Espagne qui s'estoit mis en mer, <span class="dalign">5</span></p> -<p>ensi que vous avs oy ci dessus.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 172. Sacis que, quant messires Loeis d'Espagne</p> -<p>fu monts, au port de Garlande, sus mer, il et se</p> -<p>compagnie alrent tant nagant par mer qu'il arrivrent</p> -<p>en le Bretagne bretonnant, au port de Camperli <span class="dalign">10</span></p> -<p>et asss pris de Camper Corentin et de Saint Mahieu</p> -<p>de Fine Poterne; et issirent des naves, et alrent ardoir</p> -<p>et rober tout le pays. Et trouvrent si grant</p> -<p>avoir que merveilles seroit dou raconter; si le raportoient</p> -<p>tout en leurs naves, et puis aloient d'autre <span class="dalign">15</span></p> -<p>part rober, et ne trouvoient qui leur deffendesist.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant messires Gautiers de Mauni et messires Amauris</p> -<p>de Clion sceurent les nouvelles de monsigneur</p> -<p>Loeis d'Espagne et de ses compagnons, il eurent conseil</p> -<p>qu'il iroient celle part. Puis le descouvrirent <span class="dalign">20</span></p> -<p>monsigneur Yvon de Trigri, au chastelain de Gingant,</p> -<p>au signeur de Landreniaus, monsigneur Guillaume</p> -<p>de Quadudal, as deus frres de Pennefort, et tous</p> -<p>les chevaliers qui l estoient dedens Hembon, qui</p> -<p>tout s'i acordrent de bonne volent. Lors se misent <span class="dalign">25</span></p> -<p>tout en leurs vaissiaus, et prisent trois mille arciers</p> -<p>avoecques yaus, et ne cessrent de nagier jusques </p> -<p>tant qu'il vinrent droit au port, l o les naves monsigneur</p> -<p>Loeis estoient ancres. Si entrrent dedans,</p> -<p>et turent tous chiaus qui les naves gardoient. Et <span class="dalign">30</span></p> -<p>trouvrent ens si grant avoir qu'il s'en esmervillirent</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_161"> 161</a></span></div> -<p>durement, que li Geneuois et li Espagnol avoient</p> -<p>l dedens aportet. Puis se misent terre, et veirent</p> -<p>en pluiseurs lieus villes et maisons ardoir. Si se partirent</p> -<p>en trois batailles, par grant sens, pour plus tost</p> -<p>trouver leurs ennemis, et laissirent trois cens arciers <span class="dalign">5</span></p> -<p>pour garder leur navie et l'avoir qu'il avoient gaegniet;</p> -<p>puis se misent le voie par devers les fumires</p> -<p>par pluiseurs chemins.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Ces nouvelles vinrent monsigneur Loeis d'Espagne</p> -<p>que li Engls estoient arrivet efforciement et le queroient. <span class="dalign">10</span></p> -<p>Si rassambla toutes ses gens, et se mist au retour</p> -<p>par devers ses naves, pour entrer dedens. Ensi</p> -<p>qu'il s'en revenoit, tout cil dou pays le poursievoient,</p> -<p>hommes et femmes qui avoient perdu lor avoir; et il</p> -<p>se hastoit tant qu'il pooit. Si encontra l'une des trois <span class="dalign">15</span></p> -<p>batailles, et vey bien que combatre le couvenoit. Se</p> -<p>se mist tantost en bon couvenant, car il estoit hardis</p> -<p>chevaliers et conforts durement. Et fist l aucuns</p> -<p>chevaliers nouviaus, et especialment un sien neveut</p> -<p>que on appelloit Aufons. Si se ferirent li dis messires <span class="dalign">20</span></p> -<p>Loeis d'Espagne et ses gens en ceste premire bataille</p> -<p>si radement qu'il en rurent tamaint par terre;</p> -<p>et euist est tantost toute nettement desconfite et</p> -<p>sans remde, se n'euissent est les aultres deus batailles</p> -<p>qui y sourvinrent, par le cri et le hu qu'il <span class="dalign">25</span></p> -<p>avoient oy des gens dou pays. Lors commena li</p> -<p>hustins renforcer, et li arcier si fort traire que</p> -<p>Geneuois et Espagnol furent desconfit et pris que</p> -<p>tout mort et tuet grant meschief, car cil dou</p> -<p>pays qui les sievoient bourls et pikes y sourvinrent, <span class="dalign">30</span></p> -<p>qui les parturent tous, et rescouoient ce qu'il</p> -<p>pooient de leur perte: si ques grant meschief li</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_162"> 162</a></span></div> -<p>dis messires Loeis se parti de le bataille, durement</p> -<p>navrs en pluiseurs lius, et s'en afui par devers ses</p> -<p>naves, tous desconfis. Et ne ramena de bien sis mille</p> -<p>hommes qu'il avoit avoech lui plus hault de trois</p> -<p>cens; et y laissa mort son neveu que moult amoit, <span class="dalign">5</span></p> -<p>monsigneur Aufons d'Espagne, dont il estoit en coer</p> -<p>et fu puissedi moult destrois, mais amender ne le peut.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant il fu venus ses naves, il cuida ens entrer,</p> -<p>mais il les trouva si bien gardes qu'il ne</p> -<p>peut ens entrer. Si se mist en un vaissiel que on <span class="dalign">10</span></p> -<p>claime lique, grant meschief et grant haste, tout</p> -<p>ce de gens qu'il avoit d'escaps, et se mist nagier</p> -<p>fortement en voies. Quant cil chevalier d'Engleterre</p> -<p>et de Bretagne dessus nommet eurent desconfis leurs</p> -<p>ennemis, et il perurent que li dis messires Loeis <span class="dalign">15</span></p> -<p>s'en estoit partis et als par devers les vaissiaus, il se</p> -<p>misent tout aler aprs lui tant qu'il purent, et</p> -<p>laissirent les gens del pays couvenir del remanant</p> -<p>et yaus vengier, et reprendre partie de chou que on</p> -<p>leur avoit robet. Quant il furent venu leurs vaissiaus, <span class="dalign">20</span></p> -<p>il trouvrent que li dis messires Loeis estoit</p> -<p>entrs en une lique qu'il avoit trouvet, et s'en aloit</p> -<p>fuiant tant qu'il pooit. Il entrrent tantost ens s</p> -<p>plus appareillis vaissiaus qu'il trouvrent l, et nagirent</p> -<p>tant qu'il purent apris le dit monsigneur <span class="dalign">25</span></p> -<p>Loeis, car il leur estoit avis qu'il n'avoient riens fait,</p> -<p>se li dis messires Loeis leur escapoit. Il eurent bon</p> -<p>vent si com souhet, et le veoient toutdis nagier</p> -<p>devant yaus si fortement qu'il ne le pooient raconsievir.</p> -<p>Tant nagirent force de bras li maronnier <span class="dalign">30</span></p> -<p>monsigneur Loys qu'il parvinrent un port que on</p> -<p>claime le port de Gredo. L descendi li dis messires</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_163"> 163</a></span></div> -<p>Loeis et cil qui escapet estoient avoecques lui, et entrrent</p> -<p>en le ville de Gredo. Il ne furent mies gramment</p> -<p>arrest en le ditte ville, quant il orent dire que li</p> -<p>Engls estoient arriv, et qu'il descendoient pour yaus</p> -<p>combatre. Adonc se hasta li dis messires Loeis, qui <span class="dalign">5</span></p> -<p>ne se vei meis pareon contre yaus; et monta sour</p> -<p>petis chevaus qu'il emprunta en le ville, et s'en ala</p> -<p>droit par devers le cit de Rennes qui estoit asss</p> -<p>pris de l. Et montrent ossi ses gens, qui peurent</p> -<p>recouvrer de chevaus; et qui ne peurent, il se partirent <span class="dalign">10</span></p> -<p>tout pied, sievans leurs mestres. Si en y eut</p> -<p>pluiseurs des lasss et des mal monts ratains et raconsievis,</p> -<p>qui eurent mal finet quant il cheirent ens</p> -<p>s mains de leurs ennemis. Toutes fois, li dis messires</p> -<p>Loeis d'Espagne se sauva, et ne le peurent li <span class="dalign">15</span></p> -<p>Engls raconsievir, et s'en vint petite compagnie</p> -<p>en le cit de Rennes.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Et li Engls et li Breton s'en retournrent et vinrent</p> -<p> Gredo, et l se reposrent celle nuit. L'endemain,</p> -<p>il se remisent en chemin par mer, pour revenir <span class="dalign">20</span></p> -<p> Hembon par devers le contesse leur dame,</p> -<p>mais il eurent vent contraire. Si leur couvint prendre</p> -<p>terre trois liewes pris de le ville de Dinant;</p> -<p>puis se misent au chemin par terre, ensi qu'il peurent,</p> -<p>et gastrent le pays entours Dinant. Et prendoient <span class="dalign">25</span></p> -<p>chevaus telz que cescuns pooit trouver, li</p> -<p>uns selle, li aultres sans selle, et alrent tant</p> -<p>qu'il vinrent une nuit asss pris de Roceperiot.</p> -<p>Quant il furent l venu, messires Gautiers de Mauni</p> -<p>dist certainement ses compagnons: Signeur, jou <span class="dalign">30</span></p> -<p>iroie volentiers assallir ce fort chastiel, se jou</p> -<p>avoie compagnie, com travillis que je soie, pour</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_164"> 164</a></span></div> -<p>assaiier se nous y porions riens conquester. Li</p> -<p>aultre chevalier respondirent tuit: Sire, als y</p> -<p>hardiement, nous vous sievrons jusques le mort.</p> -<p>Adonc se misent tout monter contremont le montagne,</p> -<p>tous apparillis d'assallir. A ce point estoit laiens <span class="dalign">5</span></p> -<p>ycilz escuiers que on clamoit Gerard de Malain, com</p> -<p>chastelains, qui avoit est prisonniers Dignant, si</p> -<p>com vous avs oy, li quelz fist armer apertement toutes</p> -<p>ses gens et traire as garites et as deffenses; et ne se</p> -<p>mist point derrire, mais vint o toutes ses gens pour <span class="dalign">10</span></p> -<p>deffendre le chastiel. L ot un fort assaut, dur et perilleus,</p> -<p>et y eut pluiseurs chevaliers et escuiers navrs,</p> -<p>entre les quelz messires Jehans li Boutilliers et</p> -<p>messires Mahieus de Frenai furent durement bleciet;</p> -<p>et tant qu'il les couvint raporter aval et mettre <span class="dalign">15</span></p> -<p>gesir en un pr avoecques les autres navrs.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 173. Cilz Gerars de Malain avoit un frre, hardi</p> -<p>escuier et confort durement, que on clamoit Renier</p> -<p>de Malain, et estoit chastelains d'un aultre petit fort</p> -<p>que on appelloit Fauet, qui siet mains d'une liewe <span class="dalign">20</span></p> -<p>pris de Roceperiot. Quant cilz Reniers entendi que</p> -<p>Breton et Engls assalloient son frre, il fist armer</p> -<p>de ses compagnons jusques quarante. Si issi hors</p> -<p>et chevaua devers Roceperiot, pour aventurer et</p> -<p>pour veoir se il poroit en aucune manire son frre <span class="dalign">25</span></p> -<p>valoir ne aidier. Se li avint si bien qu'il sourvint</p> -<p>sour ces chevaliers et escuiers navrs et sour leur</p> -<p>mesnie, qui gisoient desous le chastiel en un pr. Si</p> -<p>leur courut seure et prist les deux chevaliers et les</p> -<p>escuiers navrs, et les en fist porter et emmener par <span class="dalign">30</span></p> -<p>devers Fauet sa garnison en prison, ensi bleciet qu'il</p> -<span class="pagenum"><a id="Page_165"> 165</a></span> -<p>estoient. Aucun de leur mesnie s'en afuirent monsigneur</p> -<p>Gautier de Mauni, monsigneur Amauri de</p> -<p>Clion et as autres chevaliers qui estoient durement</p> -<p>ententieu d'assallir, et leur disent l'aventure comment</p> -<p>on emmenoit ces chevaliers et escuiers par devers <span class="dalign">5</span></p> -<p>Fauet en prison, et comment il avoient estet pris.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Quant li chevalier entendirent ces nouvelles, il furent</p> -<p>trop durement courouciet, et fisent cesser l'assaut,</p> -<p>et se misent l'aler, tant qu'il peurent, qui</p> -<p>mieulz mieulz, par devers Fauet, pour raconsievir, se <span class="dalign">10</span></p> -<p>ilz peuissent, chiaus qui emmenoient ces prisons. Mais</p> -<p>il ne se peurent tant haster que li dis Reniers de Malain</p> -<p>ne fust anois rentrs en son chastiel tout ses</p> -<p>prisons, qu'il peuissent venir l. Quant il furent l</p> -<p>venu, li uns devant, li aultres aprs, il commencirent <span class="dalign">15</span></p> -<p> assallir, si travilliet qu'il estoient; mais petit y fisent</p> -<p>adonc, car li dis Reniers et si compagnon se deffendoient</p> -<p>vassaument. Et j estoit tart, et tuit estoient</p> -<p>travilliet durement. Si eurent conseil qu'il se logeroient</p> -<p>et se reposeroient celle nuit, pour mieus assallir <span class="dalign">20</span></p> -<p> l'endemain.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 174. Gerars de Malain sceut, tantost que cil signeur</p> -<p>se furent parti de l, le biau fet d'armes que</p> -<p>ses frres Reniers avoit fait pour lui secourre; si en</p> -<p>eut grant joie. Et sceut que cil signeur estoient pour <span class="dalign">25</span></p> -<p>ou trais par devant Fauet et le conquerroient, s'il</p> -<p>pooient. Si se apensa que il feroit ossi biel service </p> -<p>son frre, se il pooit, que ses frres li avoit fait. Si</p> -<p>monta tout par nuit sour son cheval et vint, un petit</p> -<p>devant le jour, Dinant, et fist tant qu'il parla tantost <span class="dalign">30</span></p> -<p> monsigneur Pire Portebuef, son bon compagnon,</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_166"> 166</a></span></div> -<p>qui estoit chapitainne et souverains de Dinant avoech</p> -<p>lui, si com vous avs oy, et li conta l'aventure et</p> -<p>pour quoi il estoit l venus. Si eurent conseil que,</p> -<p>sitos que jours seroit, il assambleroit tous les bourgois</p> -<p>de le ville, et leur demoustreroit le besongne, et <span class="dalign">5</span></p> -<p>les feroit armer, s'il pooit, pour aler dessegier le</p> -<p>chastiel de Fauet. Quant grans jours fu, et tout li</p> -<p>bourgois furent assambl en le halle de le ville, Gerars</p> -<p>de Malain leur remoustra le besongne si bellement</p> -<p>que li bourgois et li saudoiier furent d'acord <span class="dalign">10</span></p> -<p>d'yaus armer, et de partir tantost, et d'aler l o on</p> -<p>les vorroit mener; et fisent sonner la bancloke, et</p> -<p>s'armrent toutes gens. Puis issirent hors et se misent</p> -<p> le voie, tant qu'il peurent, par devers Fauet,</p> -<p>et estoient bien sis mille hommes, uns et autres. <span class="dalign">15</span></p> -<p>Messires Gautiers de Mauni et li aultre signeur le</p> -<p>sceurent tantos par une espie. Si eurent conseil ensamble</p> -<p>pour regarder et aviser quel cose leur seroit</p> -<p>bon faire: si ques, tout consideret le bien et le</p> -<p>mal, il se acordrent che que il se partiroient de <span class="dalign">20</span></p> -<p>l et s'en retrairoient, ensi qu'il poroient, par devers</p> -<p>Hembon, car grans meschis leur poroit avenir, s'il</p> -<p>demoroient longement l. Car, se cil de Dinant leur</p> -<p>venoient d'une part, et li hos monsigneur Charle et</p> -<p>des signeurs de France d'autre, il seroient enclos. Si <span class="dalign">25</span></p> -<p>seroient tout pris ou mors, le volent de leurs ennemis.</p> -<p>Si se acordrent che que leurs milleurs poins</p> -<p>estoit de laissier leurs compagnons en prison, que</p> -<p>tout perdre, jusques adonc qu'il le poroient amender.</p> -<p>Lors se partirent de l, et se misent le voie pour <span class="dalign">30</span></p> -<p>revenir Hembon.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Ensi qu'il revenoient vers Hembon, il vinrent passant</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_167"> 167</a></span></div> -<p>par devant un chastiel que on claime Ghoy le</p> -<p>Forest, qui quinze jours devant estoit rendus monsigneur</p> -<p>Charle de Blois. Et l'avoit li dis monsigneur</p> -<p>Charle livret pour garder monsigneur Hervi</p> -<p>de Lyon et monsigneur Gui de Ghoy, qui en devant <span class="dalign">5</span></p> -<p>le tenoit. Li quel doy chevalier n'estoient point</p> -<p>laiens, quant cil signeur engls et breton vinrent</p> -<p>l passant; ains estoient en l'ost monsigneur Charle,</p> -<p>avoecques les signeurs de France, par devant le</p> -<p>ville de Craais qu'il avoient assegiet. Quant messires <span class="dalign">10</span></p> -<p>Gautiers de Mauni vei le chastiel de Ghoy le</p> -<p>Forest qui estoit merveilleusement fors, il dist ces</p> -<p>signeurs et chevaliers de Bretagne, qui estoient avoecques</p> -<p>lui, qu'il n'iroit plus avant ne se partiroit de l,</p> -<p>com travillis qu'il fust, se aroit assallit ce fort <span class="dalign">15</span></p> -<p>chastiel, et aroit veu le couvenant de chiaus qui estoient</p> -<p>dedens. Si commanda tantost as arciers que</p> -<p>cescuns le sievist, et ses compagnons ossi. Puis</p> -<p>prist se targe son col et monta contremont jusques</p> -<p>as bailles et as fosss dou chastiel, et tout li aultre <span class="dalign">20</span></p> -<p>Breton et Engls le sievirent. Lors commencirent</p> -<p>fortement assallir, et cil de dedens fortement </p> -<p>yaus deffendre, comment qu'il n'euissent point leur</p> -<p>chapitainne. L eut trs fort assaut et grant fuison</p> -<p>de bien faisans dedens et dehors, et dura longement <span class="dalign">25</span></p> -<p>jusques basses vespres. Et cilz bons chevaliers messires</p> -<p>Gautiers de Mauni semonnoit fortement les assallans,</p> -<p>et se mettoit toutdis au devant des aultres</p> -<p>ou plus grant peril. Et li arcier traioient si (ouniement<a id="FNanchor_392" href="#Footnote_392" class="fnanchor"> [392]</a>)</p> -<p>que cil dou chastiel ne s'osoient moustrer se <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_168"> 168</a></span></div> -<p>petit non. Si fisent li dis messires Gautiers et si compagnon,</p> -<p>que li fosset furent rempli, l'un des costs,</p> -<p>d'estrain et de bois, par quoi il parvinrent jusques</p> -<p>as murs, et pikirent tant de grans maulz de fer, de</p> -<p>pik et de martiaus, que li murs fu traws une toise <span class="dalign">5</span></p> -<p>de large. Si entrrent li dit Engls et Breton dedens</p> -<p>che chastiel par force, et turent tous chiaus qu'il y</p> -<p>trouvrent, et se logirent l endroit. L'endemain, il</p> -<p>se misent au chemin, et alrent tant en tel manire</p> -<p>qu'il vinrent Hembon. Et d'autre part Gerars de <span class="dalign">10</span></p> -<p>Malain, qui estoit Dinant venus querre le secours,</p> -<p>et qui l'en menoit par devers Fauet, esploita tant</p> -<p>avoecques chiaus qu'il en menoit, qu'il parvinrent </p> -<p>Fauet, et trouvrent que li Engls et li Breton s'en</p> -<p>estoient parti. Si issi Reniers de Malain contre yaus <span class="dalign">15</span></p> -<p>et les rechut liement; et se logirent l ens s prs</p> -<p>tant qu'il eurent disnet, et puis s'en retournrent </p> -<p>Dinant.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 175. Quant la contesse de Montfort sceut nouvelles</p> -<p>de le revenue des dessus dis Engls et Bretons, <span class="dalign">20</span></p> -<p>si en fu grandement resjoie. Si ala contre yaus et les</p> -<p>festia liement, et baisa et acola cescun de grant coer.</p> -<p>Et avoit fait apparillier ens ou chastiel pour yaus</p> -<p>mieulz festiier, et donna disner moult noblement </p> -<p>tous les chevaliers et escuiers de renom; et leur demanda <span class="dalign">25</span></p> -<p>moult ententievement de leurs aventures,</p> -<p>comment que elle en seuist j grant partie. Cescuns</p> -<p>compta che qu'il en savoit, et des bienfaisans che</p> -<p>que cescuns en avoit veu. L endroit furent ramenteues</p> -<p>maintes proces, pluiseurs travaus, maint grant</p> -<p>fait d'armes et perilleus, et maintes hardies emprises <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_169"> 169</a></span></div> -<p>faites par chiaus qui l furent; (ce pvent et doivent</p> -<p>savoir ceulx qui ont<a id="FNanchor_393" href="#Footnote_393" class="fnanchor"> [393]</a>) est souvent en armes, et les</p> -<p>doit on tenir et reputer pour preus. Mais sus tous</p> -<p>en portoit le hue et le chapelet messires Gautiers</p> -<p>de Mauni. <span class="dalign">5</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>A ce point que cil signeur engls et breton furent</p> -<p>revenu Hembon y messires Charles de Blois avoit</p> -<p>reconquis le bonne cit de Vennes, et avoit assegiet</p> -<p>le bonne (ville<a id="FNanchor_394" href="#Footnote_394" class="fnanchor"> [394]</a>) que on claime Craais. Et</p> -<p>l'avoit durement astrainte, par quoi elle ne se pooit <span class="dalign">10</span></p> -<p>longement tenir sans avoir secours. Par coi la contesse</p> -<p>de Montfort et messires Gautiers de Mauni envoiirent</p> -<p>tantost au roy Edowart pour segnefiier </p> -<p>lui comment messires Charles de Blois et li aultre</p> -<p>signeur de France et leurs aidans avoient reconquis <span class="dalign">15</span></p> -<p>les cits, Rennes, Vennes et les aultres bonnes villes</p> -<p>et chastiaus de Bretagne, et qu'il conquerroient tout</p> -<p>le remanant, s'il ne les venoit secourir temprement.</p> -<p>Chil message se departirent de Hembon, et s'en alrent</p> -<p>en Engleterre, tant qu'il peurent. Et arivrent en <span class="dalign">20</span></p> -<p>Cornuaille, et enquisent et demandrent l dou roy</p> -<p>o il le trouveroient. Il leur fu dit qu'il estoit Windesore.</p> -<p>Si chevaucirent celle part grant esploit.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Or nous soufferons nous un petit parler de ces</p> -<p>messagiers, et retournerons monsigneur Charle de <span class="dalign">25</span></p> -<p>Blois et chiaus de son cost qui avoient assegiet le</p> -<p>ville de Craais; et tant le constraindirent, par assaus</p> -<p>et par engiens, qu'il ne se peurent plus tenir et se</p> -<p>rendirent monsigneur Charle, salve leurs biens et</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_170"> 170</a></span></div> -<p>leur avoir, li quelz dis messires Charles les prist </p> -<p>merci. Et cil de Craais li jurrent feault et hommage,</p> -<p>et le recogneurent signeur. Si y mist li dis</p> -<p>messires Charles nouviaus officiers qui li jurrent</p> -<p>loyault tenir, et leur delivra un bon chevalier <span class="dalign">5</span></p> -<p>chapitainne en qui moult il se confioit. Et sejournrent</p> -<p>l li dit signeur pour yaus et leurs gens rafreschir,</p> -<p>bien quinze jours. L en dedens eurent il</p> -<p>conseil et avis qu'il se trairoient par devant le ville</p> -<p>de Hembon. <span class="dalign">10</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 176. Adonc se departirent li dessus dit signeur,</p> -<p>baron et chevalier de France, de Craais, et se traisent</p> -<p>moult arreement devant le forte ville de Hembon,</p> -<p>qui durement estoit renforcie et bien ravitaillie et</p> -<p>pourveue de toute artillerie. Et si le assegirent tout <span class="dalign">15</span></p> -<p>au tour, si avant comme assegier le peurent.</p> -<p>Le quatrime jour apris que cil signeur s'i furent</p> -<p>mis et trait sige, y vint messires Loeis d'Espagne qui</p> -<p>s'estoit tenus en le cit de Rennes bien six sepmainnes,</p> -<p>et l fait curer et medeciner de ses plaies. Si le <span class="dalign">20</span></p> -<p>veirent tout li signeur moult volentiers et le reurent</p> -<p> grant joie, car il estoit moult honners et ams</p> -<p>entre yaus, et tenus pour trs bon homme d'armes</p> -<p>et vaillant chevalier. Et telz estoit il vraiement. Et</p> -<p>ossi il y avoit bien cause qu'il le festiaissent, car il <span class="dalign">25</span></p> -<p>ne l'avoient veu puis la bataille dessus ditte. La</p> -<p>compagnie des signeurs de France estoit grandement</p> -<p>montepliie, et acroissoit tous les jours. Car grant</p> -<p>fuison de signeurs de France et de chevaliers revenoient</p> -<p>de jour en jour dou roy d'Espagne, qui guerrioit <span class="dalign">30</span></p> -<p>adonc au roy de Grenate et as Sarrasins: si</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_171"> 171</a></span></div> -<p>ques, quant il passoient par Poito et il ooient nouvelles</p> -<p>des guerres qui estoient en Bretagne, il s'en</p> -<p>aloient celle part.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Li dis messires Charles avoit fait drecier quinze</p> -<p>ou seize grans engiens qui gettoient grandes pires <span class="dalign">5</span></p> -<p>as murs de Hembon et le ville. Mais cil de dedens</p> -<p>n'i acontoient nient gramment, car il estoient fort</p> -<p>paveschiet et garitet l'encontre. Et venoient chis</p> -<p>de fois as murs et as crestiaus, et les frotoient et</p> -<p>passoient de leurs caperons par despit. Et puis <span class="dalign">10</span></p> -<p>crioient, quanqu'il pooient, en disant: Als, als</p> -<p>requerre et raporter vos compagnons qui se reposent</p> -<p>au camp de Camperli! De quoi, pour ces</p> -<p>parolles, messires Loeis d'Espagne et li Geneuois</p> -<p>avoient grant ireur et grant despit. <span class="dalign">15</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 177. Un jour vint li dis messires Loeis d'Espagne</p> -<p>en l'entente monsigneur Charle de Blois et li</p> -<p>demanda un don, present fuison de grans signeurs</p> -<p>de France qui l estoient, en guerredon de tous les</p> -<p>services que fais li avoit. Li dis messires Charles ne <span class="dalign">20</span></p> -<p>savoit mies quel don il voloit demander, car, se il</p> -<p>le seuist, jamais ne li euist acord; se li ottria legierement,</p> -<p>pour tant que il se sentoit moult tenus </p> -<p>lui. Quant li dons fu ottriis, messires Loeis dist:</p> -<p>Monsigneur, grant mercis. Je vous pri donc et requier <span class="dalign">25</span></p> -<p>que vous faites ci venir tantost les deus chevaliers</p> -<p>qui sont en vostre prison en Fauet, monsigneur</p> -<p>Jehan le Boutillier et monsigneur Mahieu de Frenai,</p> -<p>et le(s) me donns pour faire me volentet: c'est li</p> -<p>dons que je vous demande. Il m'ont cachiet, desconfit <span class="dalign">30</span></p> -<p>et navret et ont tuet monsigneur Aufons, mon</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_172"> 172</a></span></div> -<p>neveut, que je tant amoie. Si ne m'en sai aultrement</p> -<p>vengier que je leur ferai les testes coper, par devant</p> -<p>leurs compagnons qui laiens sont enfremet. Li dis</p> -<p>messires Charles fu tous esbahis, quant il oy monsigneur</p> -<p>Loeis ensi parler. Si li dist courtoisement: <span class="dalign">5</span></p> -<p>Certes, sire, les prisons vous deliverai je moult volentiers,</p> -<p>puisque demands les avs. Mais ce seroit</p> -<p>cruauts et peu d'onneur pour vous et grans blasmes</p> -<p>pour nous tous, se vous faisis de deus si vaillans</p> -<p>hommes que cil sont, che que dit avs, et nous seroit <span class="dalign">10</span></p> -<p> tous jours reprouvet. Et aroient nostre ennemi</p> -<p>bien cause des nostres faire ensi, quant tenir les poront,</p> -<p>et nous ne savons que venir nous est de jour</p> -<p>en jour. Pour quoi, chiers sires et biaus cousins, si</p> -<p>vous voellis mieulz aviser. Messires Loeis d'Espagne <span class="dalign">15</span></p> -<p>respondi et dist briefment qu'il n'en feroit</p> -<p>aultrement, se tout li signeur del monde en prioient:</p> -<p>Et se vous ne me tens couvent, sacis que je me</p> -<p>partirai de ci, et ne vous servirai ne amerai tant que</p> -<p>je vive. <span class="dalign">20</span></p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Messires Charles vei bien et perut que c'estoit</p> -<p>acertes: si n'osa couroucier plus avant le dit monsigneur</p> -<p>Loeis; ains envoia tantos certains messages</p> -<p>au chastellain de Fauet, pour les dessus dis</p> -<p>chevaliers amener en son host. Ensi que command <span class="dalign">25</span></p> -<p>fu, ensi fu fait. Li doi chevalier furent amenet un</p> -<p>jour asss matin en le tente monsigneur Charle de</p> -<p>Blois. Quant messires Loeis d'Espagne les sceut</p> -<p>venus, il les ala tantost ve(o)ir. Ossi fisent pluiseur des</p> -<p>signeurs et des chevaliers qui les seurent venus. <span class="dalign">30</span></p> -<p>Quant li dis messires Loeis les vit, il leur dist:</p> -<p>Ha! signeur chevalier, vous m'avs bleciet del</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_173"> 173</a></span></div> -<p>corps et ostet de vie mon chier neveu que je tant</p> -<p>amoie. Si convient que vostre vie vous soit ossi</p> -<p>(oste<a id="FNanchor_395" href="#Footnote_395" class="fnanchor"> [395]</a>). De chou ne vous poet nuls garandir. Si</p> -<p>vous pos confesser, s'il vous plest, et priier merci </p> -<p>Nostre Signeur, car vos daarrains jours est venus. Li <span class="dalign">5</span></p> -<p>doi chevalier furent durement abaubit de ces parolles,</p> -<p>ce fu bien raisons, et disent qu'il ne pooient</p> -<p>croire que vaillans hommes ne gens d'armes deuissent</p> -<p>faire ne consentir tle cruault que de mettre </p> -<p>mort chevaliers (pris<a id="FNanchor_396" href="#Footnote_396" class="fnanchor"> [396]</a>) en fais d'armes, pour guerres <span class="dalign">10</span></p> -<p>de signeurs; et se fait estoit par oultrage, aultre gent</p> -<p>pluiseur, chevalier et escuier, le poront bien comparer</p> -<p>en semblable cas. Li aultre signeur, qui l estoient</p> -<p>et ooient ces parolles, en avoient grant pit.</p> -<p>Mais, pour priire ne pour pluiseurs bonnes raisons <span class="dalign">15</span></p> -<p>que il peuissent faire ne moustrer au dit monsigneur</p> -<p>Loeis, il ne le peurent oster de son pourpos qu'il ne</p> -<p>convenist que li doi dessus dit chevalier ne fuissent</p> -<p>decolet apris disner, tant estoit li dis messires Loeis</p> -<p>couroucis et ars sur yaus. <span class="dalign">20</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 178. Toutes les parolles, demandes et responses,</p> -<p>qui premiers furent dittes entre monsigneur Charle</p> -<p>et le dit monsigneur Loeis l'ocquison de ces deus</p> -<p>chevaliers, furent tantost sceues monsigneur Gautier</p> -<p>de Mauni et monsigneur Amauri de Clion, par <span class="dalign">25</span></p> -<p>espies qui toutdis aloient couvertement de l'une</p> -<p>host en l'autre. Ossi furent toutes ces parolles daarrainnement</p> -<p>dittes, quant li doi chevalier furent amenet</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_174"> 174</a></span></div> -<p>en le tente monsigneur Charle. Et quant messires</p> -<p>Gautiers de Mauni et messires Amauris de</p> -<p>Clion orent ces nouvelles et entendirent que c'estoit</p> -<p>acertes, il en eurent grant pit. Si appellrent</p> -<p>aucuns de leurs compagnons et leur remoustrrent <span class="dalign">5</span></p> -<p>le meschief des deux chevaliers leurs compagnons,</p> -<p>pour avoir conseil qu'il en poroient faire. Puis commencirent</p> -<p> penser, li uns (ch<a id="FNanchor_397" href="#Footnote_397" class="fnanchor"> [397]</a>) et li aultres l, et n'en</p> -<p>savoient qu'aviser. Au daarrain, commena parler li</p> -<p>preus chevaliers messires Gautiers de Mauni et dist: <span class="dalign">10</span></p> -<p>Signeur compagnon, ce seroit grans honneurs pour</p> -<p>nous, se nous poyons ces deus chevaliers sauver.</p> -<p>Et, se nous nos metons en aventure dou faire, et se</p> -<p>falissiens, si nous en saroit li rois Edowars, nos sires,</p> -<p>grant gr. Ossi feroient tout preudomme qui en <span class="dalign">15</span></p> -<p>oroient parler, quant nous en arions fait nostre</p> -<p>pooir. Si vous en dirai mon avis, se vous avs talent</p> -<p>de l'entreprendre. Car il me samble que on doit</p> -<p>bien le corps aventurer, pour les vies de deus vaillans</p> -<p>chevaliers sauver. Jou ay vis, se il vous plaist, <span class="dalign">20</span></p> -<p>que nous nos irons armer, et nous partirons en deus</p> -<p>pars, dont li une des pars istera maintenant, ensi</p> -<p>que on disnera, par ceste porte; et si en iront li</p> -<p>compagnon rengier et moustrer sus ces fosss, pour</p> -<p>estourmir l'ost et pour escarmucier. Bien croi que <span class="dalign">25</span></p> -<p>tout cil de l'host acourront tantost celle part. Vous,</p> -<p>messires Amauris, en sers chapitainne, s'il vous</p> -<p>plest, et ars avoecques vous mille bons arciers,</p> -<p>pour les sourvenans detriier et faire reculer. Et je</p> -<p>prenderai cent de nos campagnons et cinq cens arciers, <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_175"> 175</a></span></div> -<p>et isterons par celle posterne d'autre part couvertement,</p> -<p>et venrons par derrire ferir en lors logeis</p> -<p>que nous trouverons vuides. Jou ay moult bien</p> -<p>avoecques mi tle gent, qui scvent bien le voie as</p> -<p>tentes monsigneur Charle, l o li doi chevalier sont. <span class="dalign">5</span></p> -<p>Si me trairai celle part, et je vous creanch que jou</p> -<p>et mi compagnon ferons nostre pooir dou delivrer,</p> -<p>et les ramenrons sauvet, s'il plest Dieu.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Cilz consaulz et avis plaisi tous; et se alrent armer</p> -<p>et apparillier incontinent. Et se parti droit sus <span class="dalign">10</span></p> -<p>l'eure dou disner messires Amauris de Clion trois</p> -<p>cens armeures de fier et mille arciers, (et fist ouvrir<a id="FNanchor_398" href="#Footnote_398" class="fnanchor"> [398]</a>)</p> -<p>le souverainne porte de le ville de Hembon, dont li</p> -<p>chemins aloit droit en l'ost. Si coururent li Engls</p> -<p>et li Breton, qui cheval estoient, jusques en l'ost, <span class="dalign">15</span></p> -<p>en demenant grans cris et grans hus. Et commencirent</p> -<p> reverser et abatre tentes et trs, et tuer</p> -<p>et decoper gens o il les trouvoient. Li hos qui fu</p> -<p>toute effrae se commena estourmir. Et se armrent</p> -<p>toutes manires de gens au plus tost qu'il peurent, <span class="dalign">20</span></p> -<p>et se traisent devers les Engls et Bretons qui</p> -<p>les recueilloient vistement. L eut dure escarmuce et</p> -<p>forte, et maint homme revers d'un ls et d'autre.</p> -<p>Quant messires Amauris de Clion vei que li hos</p> -<p>s'estourmissoit, et que pris estoient tout arm et <span class="dalign">25</span></p> -<p>trait sus les camps, il retraist ses gens tout bellement,</p> -<p>et tout en combatant, jusques devant les bailles de le</p> -<p>ville. Adonc s'arrestrent il l tout quoi. Et li arcier</p> -<p>estoient tout rengi sus le chemin, d'un ls et d'autre,</p> -<p>qui traioient saiettes pooir; et Geneuois retraioient <span class="dalign">30</span></p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_176"> 176</a></span></div> -<p>ossi efforciement contre yaus. L commena</p> -<p>li hustins grans et fors; et y acoururent cil de l'host</p> -<p>que onques nulz n'i demora, fors li varlet.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Endementrues, messires Gautiers de Mauni et se</p> -<p>route issirent par une posterne couvertement, et vinrent <span class="dalign">5</span></p> -<p>par derrire l'ost ens s tentez et ens s logeis des</p> -<p>signeurs de France. Onques ne trouvrent homme qui</p> -<p>leur veast, car tout estoient l'escarmuce devant les</p> -<p>fosss. Et s'en vint li dis messires Gautiers de Mauni</p> -<p>tout droit, car bien avoit qui le menoit en le tente <span class="dalign">10</span></p> -<p>monsigneur Charle de Blois. Et trouva les deus chevaliers,</p> -<p>monsigneur Hubert de Frenai et monsigneur</p> -<p>Jehan le Boutillier, qui n'estoient mies leur aise;</p> -<p>mais il le furent si tost qu'il veirent monsigneur</p> -<p>Gautier et se route, ce fu bien raisons. Si furent <span class="dalign">15</span></p> -<p>tantost monts sus bons coursiers que on leur avoit</p> -<p>amens. Si se partirent et furent ensi rescous, et</p> -<p>rentrrent dedens Hembon par le posterne meismes</p> -<p>par o il estoient issu. Et vint la contesse de Montfort</p> -<p>contre yaus, qui les rechut grant joie. <span class="dalign">20</span></p> -</div> -<div class="section"> -<p> 179. Encores se combatoient li Engls et li Breton</p> -<p>qui estoient devant les barrires et ensonnioient,</p> -<p>de fait avis, chiaus de l'host tant que li doy chevalier</p> -<p>fuissent rescous, qui j l'estoient. Et en vinrent</p> -<p>les nouvelles as signeurs de France qui se tenoient <span class="dalign">25</span></p> -<p>l'escarmuce. Et leur fu dit: Signeur, signeur, vous</p> -<p>gards mal vos prisonniers; j les ont rescous cil de</p> -<p>Hembon et remis dedens leur forterce. Quant</p> -<p>messires Loeis d'Espagne, qui l estoit l'assaut, entendi</p> -<p>chou, si fu durement couroucis, et se tint <span class="dalign">30</span></p> -<p>ensi que pour tous deceus. Et demanda quel part li</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_177"> 177</a></span></div> -<p>Engls et li Breton estoient, qui rescous les avoient.</p> -<p>On li respondi qu'il estoient j ou pris retrait en</p> -<p>leur garnison. Dont se retrest messires Loeis d'Espagne</p> -<p>vers les logeis tous mautalentis, et laissa la</p> -<p>bataille, si com par anoy. Ossi se commencirent <span class="dalign">5</span></p> -<p> retraire toutes aultres manires de gens. En che</p> -<p>retret furent pris doi chevalier breton de le partie le</p> -<p>contesse, qui trop s'avancirent: che furent li sires</p> -<p>de Landreniaus et li chastellains de Ginghant, dont</p> -<p>messires Charles de Blois eut grant joie. Depuis que <span class="dalign">10</span></p> -<p>cil de Hembon furent retrait, et cil de l'host ossi,</p> -<p>menrent li Engls grant joie et grant reviel de leurs</p> -<p>deux chevaliers qu'il ravoient, et en lorent grandement</p> -<p>monseigneur Gautier de Mauni; et disent bien</p> -<p>que par son sens et se hardie entrepresure il avoient <span class="dalign">20</span></p> -<p>t rescous. Ensi se portrent il d'une part et d'autre.</p> -<p>Celle meisme nuit, furent en le tente monsigneur</p> -<p>Charle de Blois tant preeciet et si bien li chevalier</p> -<p>breton dessus nommet, qu'il se tournrent de le partie</p> -<p>monsigneur Charle, et li fisent feault et hommage,</p> -<p>et relenquirent la contesse qui maint bien lor</p> -<p>avoit fait et pluiseurs dons donns. De quoi on parla</p> -<p>moult et murmura sus leur afaire dedens le ville de</p> -<p>Hembon.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Trois jours apris ceste avenue, tout cil signeur de <span class="dalign">25</span></p> -<p>France, qui l estoient au sige par devant Hembon,</p> -<p>se assemblrent en le tente monsigneur Charle de</p> -<p>Blois, pour avoir conseil qu'il feroient, et comment il</p> -<p>se maintenroient de ce jour en avant. Et bien lor</p> -<p>besongnoit d'avoir bon conseil, car il veoient bien que <span class="dalign">30</span></p> -<p>li ville et li chastiaus de Hembon estoient si fort</p> -<p>qu'il n'estoient mies pour gaegnier, tant avoit dedens</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_178"> 178</a></span></div> -<p>de bonnes gens d'armes qui moult petit les doubtoient,</p> -<p>ensi qu'il estoit apparut; et leur venoient tous</p> -<p>les jours pourveances et vitailles par le mer. D'autre</p> -<p>part, li pays d'entour estoient si gastet qu'il ne savoient</p> -<p>mies o aler fourer. Et si leur estoit li yvier <span class="dalign">5</span></p> -<p>proains, par quoi il ne pooient l longement demorer:</p> -<p>si ques, tous ces poins considers, il s'acordrent</p> -<p>tout communalment qu'il se partiroient de l.</p> -<p>Et consillirent en bonne foy monseigneur Charle</p> -<p>de Blois qu'il mesist par toutes les cits, les bonnes <span class="dalign">10</span></p> -<p>villes et les forterces qu'il avoit conquises, bonnes</p> -<p>garnisons et fortes, et si vaillans chapitains qu'il se</p> -<p>peuist affiier en leur garde; par quoi li ennemi ne les</p> -<p>peuissent reconquerre; et se ossi aucuns vaillans homs</p> -<p>se voloit entremettre de prendre et de donner une <span class="dalign">15</span></p> -<p>triewe jusques la Pentecouste, il s'i acordast legierement.</p> -</div> -<div class="section"> -<p> 180. A ce conseil se tinrent tout cil qui l estoient,</p> -<p>car c'estoit entre le Saint Remi et le Toussains,</p> -<p>l'an de grasce mil trois cens quarante deux, que li <span class="dalign">20</span></p> -<p>yviers approoit. Si se partirent tout cil de l'host,</p> -<p>signeur et aultre; si s'en rala cescuns en se contre.</p> -<p>Et li dis messires Charle de Blois s'en ala droit par</p> -<p>devers le ville de Craais tout ces barons et nobles</p> -<p>signeurs de Bretagne, qu'il avoit l endroit de se <span class="dalign">25</span></p> -<p>partie; si retint avoech li pluiseurs signeurs et chevaliers</p> -<p>de France pour lui aidier consillier. Quant</p> -<p>il fu venus Craais, entrues qu'il entendoit ordener</p> -<p>de ses besongnes et de ses garnisons, il avint que</p> -<p>uns riches bourgois et grans marcheans, qui estoit <span class="dalign">30</span></p> -<p>de le ville que on claime Jugon, fu encontrs de son</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_179"> 179</a></span></div> -<p>mareschal monseigneur Robert de Biaumanoir, et fu</p> -<p>pris et amens Craais par devant monsigneur</p> -<p>Charle de Blois. Chilz bourgois faisoit toutes les</p> -<p>pourveances madame la contesse de Montfort Jugon</p> -<p>et aultre part, et estoit moult ams et creus en le <span class="dalign">5</span></p> -<p>ville de Jugon qui est moult fortement freme et sciet</p> -<p>trs noblement. Ossi fait li chastiaus, qui est biaus et</p> -<p>fors, et de le partie le contesse dessus ditte. Et en</p> -<p>estoit chastelains adonc, de par la dame, uns chevaliers</p> -<p>moult gentilz homs que on clamoit monseigneur <span class="dalign">10</span></p> -<p>Gerard de Rocefort.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Chilz bourgois, qui ensi fut pris, eult moult grant</p> -<p>paour de morir; si pria que on le laissast passer par</p> -<p>raenon. Messires Charles, briefment parler, le fist</p> -<p>tant examiner et enquerre de unes causes et d'autres, <span class="dalign">15</span></p> -<p>qu'il encouvenena de rendre et trahir le forte ville</p> -<p>de Jugon. Et se fist fors de livrer l'une des portes par</p> -<p>nuit certainne heure, car il estoit tant creus en le</p> -<p>ville qu'il en gardoit les cls; et pour chou mieulz</p> -<p>assegurer, il en mist son fil en hostage. Et li dis messires <span class="dalign">20</span></p> -<p>Charles l'en devoit et avoit prommis donner</p> -<p>cinq cens livres de terre hiretablement. Cilz jours</p> -<p>vint; les portes furent ouvertes mienuit. Messires</p> -<p>Charles et ses gens entrrent en le ville de Jugon </p> -<p>celle heure, grant poissance. Li gette dou chastiel <span class="dalign">25</span></p> -<p>s'en perchut; si commena criier: As armes, (as)</p> -<p>armes! Trahi! Trahi! Li bourgois, qui de ce ne se</p> -<p>donnoient garde, se commencirent estourmir. Et</p> -<p>quant il veirent leur ville perdue, il se mirent au</p> -<p>fuir par devers le chastiel par tropiaus. Et li bourgois, <span class="dalign">30</span></p> -<p>qui trahis les avoit, se mist fui(r), par couvreture,</p> -<p>avoecques yaus. Quant li jours fu venus, messires</p> -<span class="pagenum"><a id="Page_180"> 180</a></span> -<p>Charles et ses gens entrrent ens s maisons des</p> -<p>bourgois pour herbergier, et prisent ce qu'il trouvrent.</p> -<p>Et quant messires Charles de Blois vei le chastiel</p> -<p>si fort et si emplit de bourgois, il dist qu'il ne s'en</p> -<p>partiroit de l jusques adonc qu'il aroit le chastiel <span class="dalign">5</span></p> -<p>se volent. Li chastelains et li bourgois de le ville</p> -<p>perurent bien tantost que cilz bourgois les avoit</p> -<p>trahis; si le prisent et le pendirent tantost as crestiaus</p> -<p>et as murs dou chastiel.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Et pour ce ne s'en partirent mies messires Charles <span class="dalign">10</span></p> -<p>et ses gens, mais s'ordonnrent et appareillirent pour</p> -<p>assallir fortement et durement. Quant cil qui dedens</p> -<p>le chastiel se tenoient, veirent que messires Charles</p> -<p>ne se partiroit point ensi jusques adonc qu'il aroit le</p> -<p>chastiel, ensi qu'il avoit dit, et sentoient qu'il n'avoient <span class="dalign">15</span></p> -<p>mies pourveances asss pour yaus tenir plus</p> -<p>hault de dix jours, il s'acordrent ce qu'il se renderoient.</p> -<p>Si en commencirent trettier; et se porta</p> -<p>trettis entre yaus et monsigneur Charle qu'il se rendirent</p> -<p>quittement et purement, salve leurs corps et <span class="dalign">20</span></p> -<p>leurs biens qui demoret leur estoient. Et fisent feaut</p> -<p>et hommage monsigneur Charle de Blois, et le recogneurent</p> -<p> signeur, et devinrent tout si homme.</p> -<p>Ensi eut messires Charles le bonne ville et le fort</p> -<p>chastiel de Jugon, et en fist une bonne garnison, et <span class="dalign">25</span></p> -<p>y laissa monsigneur Gerard de Rocefort chapitainne,</p> -<p>et le rafreschi d'autres gens d'armes et de</p> -<p>pourveances. De ces nouvelles furent la contesse de</p> -<p>Montfort et cil de sa partie tout courouciet, mais</p> -<p>amender ne le porent; se leur couvint porter leur <span class="dalign">30</span></p> -<p>anoi.</p> -</div> -<div class="stanza"> -<p>Endementrues que ces coses avinrent, s'ensonniirent</p> -<div><span class="pagenum"><a id="Page_181"> 181</a></span></div> -<p>aucun preudomme de Bretagne de parlementer</p> -<p>une triewe entre le dit monsigneur Charle et</p> -<p>la contesse, la qule s'i acorda legierement. Et ossi</p> -<p>fisent tout si aidant, car li rois d'Engleterre leur</p> -<p>avoit ensi mandet par les messages que la ditte contesse <span class="dalign">5</span></p> -<p>et messires Gautiers de Mauni y avoient envoiis.</p> -<p>Et tantost que ces triewes furent affremes, la</p> -<p>contesse se mist en mer en instance de ce que pour</p> -<p>arriver en Engleterre, ensi que elle fist, et pour parler</p> -<p>au roy engls et li remoustrer toutes ses besongnes. <span class="dalign">10</span></p> -<p>Or me tairai atant de le contesse de Montfort,</p> -<p>si parleray dou roy Edowart.</p> -</div></div> - -<p class="end">FIN DU SECOND VOLUME.</p> - -<p><span class="pagenumh"><a id="Page_182"> 182</a></span> -<span class="pagenum"><a id="Page_183"> 183</a></span></p> - -<p class="extra xlarge space">VARIANTES.</p> - -<p><span class="pagenumh"><a id="Page_184"> 184</a></span> -<span class="pagenum"><a id="Page_185"> 185</a></span></p> - -<div class="chapter"> -<h2 class="normal">VARIANTES.</h2> -</div> - -<p class="space"><b> 99.</b> P. <a href="#Page_1">1</a>, l. 1: Quant li rois.—<i>Ms. de Rome</i>: Vous -devs savoir que li rois Phelippes de France fu enfourms -moult dur et trs fellement et estragnement de son cousin le -conte de Hainnau et des Hainnuiers de la cavauchie que il fissent - Aubenton et en la Tierasse. Et l'en fu repris asss plus que il -n'en avoit est, et tant que li rois dist que il i pourveroit, et -s'enfellonnia trez grandement et bien certes sus son cousin le -conte de Hainnau.</p> - -<p>Li contes Loeis de Flandres et la contesse Margerite sa fenme -se tenoient pour lors Paris dals le roi; et couvenoit de pure -necessit que li rois les aidast soustenir lor estat, car des rentes -et revenues de Flandres il n'avoient nulles. Toutes estoient -tournes la volent Jaquemon d'Artevelle, poursievoites et recheues -par recheveurs qui en rendoient compte au dit d'Artevelle -et as aultres honmes deputs ce or et ordonner, bourgois de -Gant, de Bruges, d'Ippre et de Courtrai. Et toutes ces revenues -recheutes estoient misses et tournes en seqestre, afin, se li pais -avoit faire, que on trouvast cel argent apparilliet, ou que li -contes lors sires vosist retourner avoecques euls, et estre bons et -loiaus Flamens sans nulle dissimulation, car ce que Jaques d'Artevelle -aleuoit et despendoit et tenoit son estat, estoit pris par -asignation sus certainnes tailles, les quelles estoient faites et ordonnes - paiier toutes les sepmainnes. Li contes de Flandres -poursievoit le roi de France et son consel trop fort que il vosist -rendre painne ce que li Flamenc fuissent obeisant lui; et l -o il ne le vodroient estre, que la painne o il s'estoient obligiet -par sentense de pape, fust donne sus euls.</p> - -<p>Li rois de France, qui consideroit toutes ces coses, et qui -veoit que li Flamenc estoient trop fort rebelle lui, et qui queroient -aliances estragnes as Alemans, as Braibenons, as Hainnuiers -et as Englois, et tout estoit en euls fortefiant et l'encontre -<span class="pagenum"><a id="Page_186"> 186</a></span> -de li, les euist volentiers ratrais par douces et amiables -paroles, se ils peuist, non par rigeur ne par manaces. Si envoia -son connestable le conte Raoul d'Eu et de Ghines, le signeur de -Montmorensi et le signeur de Saint Venant, et de prelas l'evesque -de Paris et l'evesque de Chartres, en la chit de Tournai pour -tretiier as Flamens. Et fissent tant chil signeur, conmissaire de -par le roi de France, que les consauls des bonnes villes de Flandres -vinrent parler euls Tournai. L ot grans tretis et lons -et pluisseurs paroles proposes et remoustres; mais li Flamenc, -qui Tournai estoient, avoient lor carge tle que d'Artevelle lor -avoit bailliet, et metoient en termes que, qant li rois Phelippes -lor renderoit Lille, Douai et Bietune et les apendances, et li pais -de Flandres en seroit remis en posession, il entenderoient ses -tretis et non aultrement. Chil conmissaire n'avoient pas lor carge -si avant que de respondre au ferme de ceste matre. Et pour ce -fallirent li treti, et retournrent li signeur en France.</p> - -<p>Qant li rois vei que il n'en aueroit aultre cose, il envoia deviers -le pape Clement VI<sup>me</sup>, qui pour ce temps resgnoit, unes -lettres moult fortes ens s quelles tous li pais de Flandres estoit -loiis et obligis et sus sentens de pape; et prioit li rois que il -vosist proceder sus. Li papes Clemens vei que li rois de France -le requeroit de raison. Si jeta sentense generale et publ(iqu)e sus -les Flamens et sus toute Flandres, et envoia ses bulles d'esqumenication -as diocesains, tels que l'evesque de Cambrai, l'evesque -de Tournai et l'evesque de Tieruane. Et n'osa uns lonch -temps nuls prestres par tout le pais de Flandres chanter messe, -sus privation de benefice et estre encourus en sentense de esqumenication. -Qant Jaquemes d'Artevelle et li pais de Flandres -veirent ce, il escrisirent deviers le roi d'Engleterre le dangier o -tous li pais de Flandres estoit; et li priirent que, qant il retourneroit -de la mer, que il vosist amener en sa compagnie des -prestres d'Engleterre, par quoi Diex fust servis en Flandres, -maugr le pape d'Avignon et le roi Phelippe. Li rois d'Engleterre -entendi ceste priire trop volentiers, pour complaire as Flamens; -et ne vosist point que les coses se portaissent aultrement -en Flandres; et lor remanda, par ceuls meismes qui ces lettres -avoient aport, que il ne fuissent en nul soussi, il lor en menroit -asss. Ensi s'apaisirent li Flamenc; et se passrent au mieuls que -il porent d'aler au moustier, tant que li rois d'Engleterre fu retourns -en Flandres. Et estoient li prestre moult courouchiet en -<span class="pagenum"><a id="Page_187"> 187</a></span> -Flandres de ce que point ne chantoient, car il perdoient les offrandes. -F<sup>o</sup> 55.</p> - -<p>P. <a href="#Page_1">1</a>, l. 5 et 6: Normendie.—<i>Ms. B 6</i>: Jehan beau filz, -prends de mes gens tant que vous vors avoir, et chemins devers -Haynau et contrevengis sur mon nepveu les despis que il -nous a fait. Et ne deports ville ne hamel; metts tout en feu et -en flame. Et se nulle assamble se fait contre vous de gens d'armes, -sy m'en escripsis: je y envoyeray tantost tant de gens que -pour combatre tous venans. A ches parolles obey le duc de -Normendie moult vollentiers, car ossy il desiroit grandement - venir en Haynau et visseter le pais, car point n'amoit son cousin -le conte de Haynau. F<sup>os</sup> 135 et 136.</p> - -<p>P. <a href="#Page_1">1</a>, l. 10: le conte.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Or vous parlerons -dou comte de Laille qui estoit partis de Paris comme liutenant -dou roy de Franche ens s marches de Gascoingne, et fist tant -par ses journes qu'il vint Thoulouse o il avoit fait son mandement. -Quant li gentil homme dou pays seurent se venue, si -en furent tout joyant, car au voir dire il estoit moult vaillans -chevaliers et preudoms et amz de touttes gens d'armes. Si se -hastrent encorres plus que devant et s'en vinrent tout deviers -lui, car c'estoit sen entente que de faire une forte gherre en -Bourdelois et en le terre qui se tenoit dou roy engls. Et se -parti de Toulouse et vint Montalban<a id="FNanchor_399" href="#Footnote_399" class="fnanchor"> [399]</a> plus de trois mille -lances et dix mille<a id="FNanchor_400" href="#Footnote_400" class="fnanchor"> [400]</a> bidaus et Thoulousains gavrelos et pavais. -Et avoit li comtes de Laille adonc de se delivranche et de -se carge mout de bonne gens, telz que le comte de Villemur, le -comte de Commignes, le comte de Pierregort, le visconte de -Bruniqiel, le visconte de Talar, le visconte de Murendon, le visconte -de Quarmaing et le visconte de Lautrec et pluisseurs bons -chevaliers et hardis. Et se partirent de Montalben et entrrent -en le duc d'Aquitainne et coummenchirent gueriier le pays -et assegier fortrches et prendre prisonniers et faire mout -de desrois en le terre de Labreth et de Pummier et sus le terre -le seigneur de Lespar et le seigneur de Tarse et le seigneur de -Muchident, liquel n'estoient mies adonc fort pour resister contre -yaus. Nonpourquant il fisent ossi tamainte chevauchie sur yaus. -<span class="pagenum"><a id="Page_188"> 188</a></span> -Une heure perdoient, l'autre gaegnoient, ensi que fait de guerre -se poursuioit; ms touttes fois li comtes de Laille et ses routtes -tenoient les camps. F<sup>o</sup> 40.</p> - -<p>P. <a href="#Page_1">1</a>, l. 10: de (Lille).—<i>Mss. A 8 10, 15 17</i>: de Lille. -F<sup>o</sup> 49.—<i>Mss. A 7, 23 33</i>: de Laille. F<sup>o</sup> 49.—<i>Mss. A -1 6, 11 14, 18 22, 34 36</i>: de Laigle. F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup><a id="FNanchor_401" href="#Footnote_401" class="fnanchor"> [401]</a>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_2">2</a>, l. 10: Kieret.—<i>Ms. d'Amiens</i>: A monsigneur Pire -Bahucet. F<sup>o</sup> 39.</p> - -<p>P. <a href="#Page_2">2</a>, l. 10: Barbevaires.—<i>Mss. A 1 6, 8 17, 20 22</i>: -Barbenoire. F<sup>o</sup> 54.—<i>Mss. A 7, 18, 19, 34 37</i>: Barbenaire. F<sup>o</sup> 49.</p> - -<p>P. <a href="#Page_3">3</a>, l. 14: Clement VI.—<i>Ms. d'Amiens</i>: qui nouvellement -estoit cres. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_3">3</a>, l. 16: en Flandres.—<i>Ms. d'Amiens</i>: car il estoit -pappes en son pays et en touttes les terres qui de lui se tiennent, -et de ce est il bien previlegiis. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 100.</b> P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 2: de Douay.—<i>Les mss. A 11 14 ajoutent</i>: -de Bethume. F<sup>o</sup> 52 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 8: dou Fay.—<i>Le ms. de Rome ajoute</i>: li sires de -Chastellon, mesires Lois de Chalon. F<sup>o</sup> 55.</p> - -<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 9 et 10: trois cens.—<i>Ms. d'Amiens</i>: deux cens. -F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 1 6</i>: quatre cens. F<sup>o</sup> 54.—<i>Ms. de Rome</i>: -et furent bien cinq cens lances, parmi le signeur de Wauvrin, -capitaine de Douai, et le chapitainne de Lille, et quatre cens arbalestriers -et bien siis mille honmes de piet. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 14: devant soleil levant.—<i>Ms. d'Amiens</i>: environ -heure de prime. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. de Rome</i>: et se quatirent -tant que les bonnes gens de la ville orent mis hors lor bestail, -vaces, pors, buefs et brebis. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 15: as portes.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Ms j avoient il -estet de venue jusquez as portes de Courtrai et ochis hommes -et femmes, et ars tous les fourbours au lez deviers Tournay, et -pluisseurs maisons et cours environ Courtray. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. -de Rome</i>: et fuissent bien entr dedens la porte qui sciet ou -cemin de Tournai, se il vosissent. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 19: le Warneston.—<i>Ms. d'Amiens</i>: aqueillans et -<span class="pagenum"><a id="Page_189"> 189</a></span> -menans tout devant yaux jusquez au Warneston. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. -de Rome</i>: et prissent honmes, fenmes et enfans, et cachirent -tout devant euls, et fissent par lors varls bouter le feu ens -s fourbours; et furent tout ars et la proie aquellie. Et se missent -li Franois tout souef au retour, et tout caoient devant euls, et -vinrent Dotegnies, et fu la ville toute arse. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 21 et 22: ce jour.—<i>Ms. de Rome</i>: au soir. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 22: dix mille.—<i>Mss. A 11 14</i>: douze mille. F<sup>o</sup> 52 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 23: que pors.—<i>Ms. d'Amiens</i>: trois mille pors -et deus mille grosses bestes. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. de Rome</i>: et -bien cinq cens honmes, que fenmes, que enfans, qui depuis furent -ranonn; et auquns on laissa aler pour l'amour de Dieu. -F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 27: Ces nouvelles.—<i>Ms. d'Amiens</i>: ces nouvelles -et les complaintes de chiaux de Tournay et dou pays environ. -F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 30: d'Artevelle.—<i>Ms. B 6</i>: En che temps s'en -vint Jaques de Hartevelle et se party de Gand tout grant foyson -de Flamens, et avoit intension de venir mettre le sige devant -Tournay. Sy senefia son emprise au conte de Sallebrin, qui pour -le tamps se tenoit en garnison en la ville d'Ypre, et que il i vaulsist -estre. F<sup>os</sup> 142 et 143.</p> - -<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 31: Gand.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et li fu remonstr quel -dammaige et quel despit chil de Tournay et (li) chevalier franchois -avoient fet ou pays de Flandres. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 1: de Tournesis.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et que briefment -il venroit asiegier Tournay et tout le communalt de Flandres, -et que j n'y atenderoit ne roy d'Engleterre ne autre, et fist se -semonsce et son mandement trs grant et trs especial, et mist -adonc enssamble plus de soissante<a id="FNanchor_402" href="#Footnote_402" class="fnanchor"> [402]</a> mille Flamens. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 101.</b> P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 15: Quant li doi conte—<i>Ms. B 6</i>: Le conte de -Sallebrin ne volt mie desobeyr, mais s'apresta du plus tost que il -peult; et cueilla tout ses compaignons o il povoit avoir soixante -lanches et se mist au chemin et en mena les arbalestris de la ville -d'Ypre avec luy; et chevauchrent devers Warneston. Or les convenoit -il passer ass prs de la ville de Lille qui estoit franoise. -<span class="pagenum"><a id="Page_190"> 190</a></span> -Se(u) fu leur aller par espies en la ville de Lille. Adonc se mirent -en esbuque cheux de Lille et firent trois agais; et en cescune -(route) avoit cinq cens compaignons. De che ne se doubtoient les -Flamens et chevauchoient sur la conduite de monsseigneur Vafflart -de le Crois, qui moult longement avoit guerriiet ceulx de Lille -et port pluiseurs domaiges. Et sy savoit toutes les torses et les -chemins de antour de Lille: sy avoit empris de mener les Engls -et Flamens sauvement et sans peril au dehors de Lille; mais -il faly son pourpost. Car quant il vint che pas o il cuidoit -passer, il retourna, car il y trouva tel empechement et tel tranquis -que c'estoit chose impousible de y passer. Sy fu tous esbahis -et dist ensy au conte de Sallebrin: Monseigneur, on nous a -deffendu le voie par chy depuis que je n'y passay, et se n'y a -pas quinze jours. Je vous consaille, puisque par chy passer ne -povons, que nous retournons arire et prendons ung autre chemin -o je vous menray: (il) sera plus loing de chestuy environ -trois lieues, mais nous y serons sauvement et sans dangier de -cheulx de Lille. Adonc s'avisa et aresta le conte de Salbrin et -dist: Il nous fault au vespre estre au Pont de Fier, o Jacques -de Hartevelle nous atent, car ensy je luy ay mand. Allons au -bout de che fos(s)et, nous trouverons voie: cheus de Lille ne -nous quer(r)oient jamais chy.</p> - -<p>Quelle chose que messire Wafflars desist ne quelle cose que il -leur remonstrast, oncques le conte de Sallebrin ne le volt croire -que il ne alast au debout du fosset; et puis les entra en ung vert -chemin qui tout droit les mena l o cheulx de Lille avoient fait -leur embusque. Et ne s'en donnrent garde; sy furent droit sur -eulx et ne peurent reculler. Messire Wafflart de le Croix, qui -toudis se doutoit, alla derire: sy que osy trestost que il perchut -cheux de Lille, il retourna son coursier et se fery parmi -ung grans mars et se bouta en ung vivier et entre rossiauls et -glaivons; l fu tout le jour jusques au vespre qu'il ysy hors la -nuit au mieulx qu'il pot et se sauva bien. Et le virent cheux de -Lille partir, mais point ne le poursieuwirent, car il ne savoient -pas que che fust messires Wafflars. Et entendirent envayr et -assalir le conte de Sallebrin et sa route, qui furent tantost avyronnet -de plus de mille; lors virent bien que deffense ne leur -valloit riens: sy se rendirent sauves leur vies.</p> - -<p>Ensy les perirent cheux de Lille et les menrent dedens la ville - grant joie. Et l avoit ung jone escuiier, nepveu au pape Benedit -<span class="pagenum"><a id="Page_191"> 191</a></span> -qui lors regnoit pour le temps, qui s'apelloit Raimmons, qui -l estoit venus pour son corps avanchier. Sy estoit chis trs richement -arms. Sy s'esmeut entre les commun(s) qui pris l'avoient -dissencion pour sa prise: sy que, par envie et mauvaiset -il fut ochis, coyque le conte de Sallebrin et les riches hommez de -la ville en furent durement courouchis, mais amender ne le -peurent.</p> - -<p>Ensy de cheulx de Lille fu pris messires Gillame de Montagut -conte de Sallebrin, et depuis fu mens en prison Paris devers le -roy Phelippe, qui le veult avoir et veoir, et qui de surprise sceult -trop grant gret cheulx de Lille. Ches nouvelles seut Jaques de -Hartevelle, quy se tenoit au Pont de Fier entre Audenarde et -Tournay; sy en fu sy courouchis, quant il le sceut, qu'il en rompy -son voiage et son emprise et se retrait Gand et donna congiet - tous les Flammens pour celle fois. F<sup>os</sup> 143 146.</p> - -<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 20: cinquante.—<i>Mss. A 1 6, 15 17, 20 22</i>: -quarante. F<sup>o</sup> 54 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 21: arbalestriers.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et s'en venoient -deviers le Pont de Fier qui siet en Tournesis, o Jaqueme d'Artevelle -estoit j venus plus de soissante mille Flammens, et atendoit -les deux comtes dessus dis pour venir devant Tournay. -F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>—<i>Ms. de Rome</i>: car il avoient envoiiet de lors gens -Popringhe, Miessines, Berghes, Cassiel, Bourbourc, -Vorne, au Noef Port, Dunqerque et Gravelines, pour faire -frontire contre les Franois qui se tenoient Saint Omer, -Tieruane, Aire, Saint Venant. Et tout faisoient frontire et -euissent fait des grands damages et contraires au dit pais de -Flandres, se il ne sentesissent les Englois ens s garnisons desus -nonmes. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 22: pour venir.—<i>Ms. de Rome</i>: viers Audenarde. -F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 24: de Lille.—<i>Ms. de Rome</i>: en laquelle il i avoit -de par le roi de France bien deus cens lances, Savoiiens et Bourgignons. -Et l estoient mesire Am de Genve, mesire Huge de -Chalon, li Galois de la Baume, li sires de Villars et li sires de -Groul. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 25: s'armrent.—<i>Ms. de Rome</i>: et montrent -chevaus et fissent armer tous les arbalestriers de Lille et bien -mille honmes avoecques euls. Et qant il furent tout issu, chil -chevalier franois demandrent se li Englois pooient faire plus -<span class="pagenum"><a id="Page_192"> 192</a></span> -d'un cemin. Chil qui congnissoient le pais, respondirent: Oil, -il i a deus voies: li une trait la bonne main, et li autre la -senestre. Qant il orent ces paroles, il partirent lors gens en -deus, et fissent deus enbusques. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 26: quinze cens.—<i>Mss. A 8, 9, 15 17</i>: cinq -cens.—F<sup>o</sup> 50.—<i>Mss. A 11 14</i>: quatorze cens. F<sup>o</sup> 53.—<i>Mss. -A 20 22</i>: seize cens. F<sup>o</sup> 83 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_6">6</a>, l. 2: de le Crois.—<i>Ms. de Rome</i>: uns chevaliers franois -et hainnuiers. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_6">6</a>, l. 11: jusques l.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et nous convient -passer si aupris de leur ville que le tretie de deux ars. -F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. de Rome</i>: si pris de euls (de Lille) que une -lieue ou l environ. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_6">6</a>, l. 20: avant.—<i>Ms. de Rome</i>: Retourns Ippre, se -vous vos doubts. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 1: se j'estoie pris.—<i>Ms. d'Amiens</i>: tous li avoirs -de Bruges ne me respiteroit point que je ne fuisse mors honte. -Et je le vous remonstre, pour tant que hui que demain on ne me -puist reprochier de men honneur. F<sup>o</sup> 40.—<i>Ms. de Rome</i>: ma -raenon est paiie: c'est sus la vie que je chevauce; mais vous, -vous seris mis courtoise finance, vous n'aueris nul mal de -vostre corps. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 3: compagnie.—<i>Les mss. A 11 14 ajoutent</i>: -car qui n'a point de teste, il ne lui fault point de bacinet ne de -chaperon. F<sup>o</sup> 53.</p> - -<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 4 et 5 : et disent.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Alons, alons, -Waflart; nous n'avons garde, che ne sont que villain en Lille. -Il n'oseront jamms yssir hors de leurs portes. F<sup>o</sup> 40.</p> - -<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 7: se boutrent.—<i>Ms. de Rome</i>: au tournant de -une longe haie. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 7 et 8: l'embusce.—<i>Ms. d'Amiens</i>: de cinq cens -compaignons qui se tenoient entre hayes et buissons au traviers -dou chemin, et arbalestriers avoecq yaux qui leurs ars avoient -tout tendus. Si coummenchirent escriier d'une vois: Tous -mors entre vous, Engls! F<sup>o</sup> 40.</p> - -<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 11: commencirent il.—<i>Ms. de Rome</i>: li Savoiien -et li Bourgignon. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 14: plus avant.—<i>Ms. de Rome</i>: et fist son cheval -sallir oultre un foss de douze pis de large. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 30: neveus.—<i>Ms. d'Amiens</i>: cousins. F<sup>o</sup> 40. -<span class="pagenum"><a id="Page_193"> 193</a></span></p> - -<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 32: pour.—<i>Ms. de Rome</i>: envie ou pour ses belles -armeures. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 2: courouciet.—<i>Ms. de Rome</i>: et euist paiiet quarante -mille florins de raenon, se on le peuist avoir tenu en vie. -F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 3: pris et retenu.—<i>Ms. d'Amiens</i>: car on en volloit -faire ung present au roy de Franche, enssi qu'il fissent dedens -troix jours apris. Et lez amenrent Paris douze bourgois -de Lille et cent armures de fier grant joie. Quant li rois de -Franche seut ces nouvelles et comment li bourgois de Lille -avoient esploit, si en fu mout joyans et les conjoi de grant coer -et dist que c'estoient bonne gent et de hardie emprise, et que ce -qu'il avoient fait leur seroit remuneret. Enssi se porta ceste besoingne. -Li doi comte furent emprisonnet en Castelet, o il furent -depuis ung grant temps, ensi que vous orez. F<sup>o</sup> 40.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Si furent li contes de Sasleberi et li contes de -Sufforc pris et amens en la ville de Lille et bien gard, tant que -la connissance en vint au roi Phelippe. Qant il le sceut, il fu -grandement resjois de lor prise, et les desira veoir et les manda. -On li envoia. Si furent amen Paris et recreu sus lors fois: il -n'orent nulle vilainne prison. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 10 et 11: Pont de Fier.—<i>Ms. d'Amiens</i>: bien -soixante mille Flammens, pour venir assegier le chit de Tournay -et ardoir tout le Tournesis. F<sup>o</sup> 40.—<i>Ms. de Rome</i>: sus la rivire -dou Lis. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 102.</b> P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 16: contrevengance.—<i>Ms. de Rome</i>: Li -Franois ne pooient oubliier la cevauchie que li contes de Hainnau -et mesires Jehans de Hainnau son oncle avoient fait en la -Tierasse, pris et ars la ville d'Aubenton, Maubert Fontainnes, -Vimi et bien quarante villes l ens ou pais. Et disoient li Franois -que ce ne faisoit point souffrir ne consentir que il ne -fust amend. Tant fu parl et remoustr au roi et son consel -que ordonn fu que li dus de Normendie, li ainns fils dou roi -Phelippe, une qantit de gens d'armes, s'avaleroit et venroit -en la cont de Hainnau, pour ardoir et bruir tout le pais et contrevengier -les arsins que li contes de Hainnau et ses oncles et li -Hainnuier avoient fait en la Tierasse et en Cambresis. Si tretos -que li dus de Normendie fu esleus estre chis de ceste cevaucie, -tout chevalier et esquier de Vermendois, d'Artois et de Piqardie -<span class="pagenum"><a id="Page_194"> 194</a></span> -en furent resjoi, car euls se desiroient armer, et porter -contraire et damage les Hainnuiers. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 21: environ Paskes.—<i>Ms. d'Amiens</i>: le close -Pasques. F<sup>o</sup> 40.</p> - -<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 22 et 23: L estoient.—<i>Le ms. d'Amiens ajoute</i>: -Si doi cousin de Blois, Loeys et Carles, car li comtes de Blois -avoit renvoiet son hoummage au comte de Haynnau de tout ce -qu'il tenoit de par lui,... li ducs de Bourbon,... messires Loeis -de Savoie, messires Loeys de Chalon,... li sires de Grantsi, li sires -de Montmorensi, li sires de Saint Venant, li sires de Saint -Digier, li sires de Roye, messires Ustasses de Ribeumont, messires -Jehans de Landas, li sires de Cran, li sires de Montsault, li -sires de Cramelles, li sires de Fiennes, li sires d'Estourmelles, -li sires de Bleville, messires Bouchiguaus. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><i>Le ms. de Rome ajoute</i>: le duch Pire de Bourbon, mesire -Jaqueme de Bourbon, son frre,... le conte de Videmont et de -Genville,... le conte de Dreus,... le signeur de Castellon, le signeur -de Conflans, marescal de Campagne, le conte de Harcourt, -le conte d'Aumale, le signeur d'Estouteville, le signeur de Graville. -F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 26: de Porsiien.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18, 19, -20 22, 34 36</i>: de Pontieu. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 27: de Couci.—<i>Les mss. A et B 3, 4 ajoutent</i>: le -sire de Craon. F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 4: six mille.—<i>Mss. A 11 14</i>: dix mille. -F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 15 17</i>: huit mille. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. -d'Amiens</i>: Et estoient bien six mille hommes d'armes et six -mille bidaus et Geneuois sans l'autre ribaudaille. Et avoit empris -li dis ducs de Normendie que de venir assegier Vallenchiennes. -F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. de Rome</i>: et tant que il estoient bien quatre -mille esporons dors et douse mille armeures de fier, sans les -Geneuois arbalestriers. Et ne fissent pas celle asamble si grande -pour la cause des Hainnuiers que pour ce qu'il savoient bien que -li Alemant, li Braibenon et li Hollandois, Zellandois et li Flamenc -estoient tout aloiiet avoecques les Hainnuiers, et de rechief -que li contes de Hainnau estoit als en Engleterre au secours. Se -voloient li Franois moustrer poissance l'encontre de tous ceuls -qui poroient venir. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 9: se partirent.—<i>Ms. B 6</i>: Il partirent de Saint -Quentin; il s'en virent devers Boucain pour venir vers le Chastel -<span class="pagenum"><a id="Page_195"> 195</a></span> -en Cambresy, car par ce cost voloient il entrer en Haynau. Et -estoient bien dix mille combatans; sy vinrent si avant qu'il passrent -le Chastel en Cambresis et se logrent Montais, l'entre -de Haynau. F<sup>o</sup> 136.</p> - -<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 10: Saint Quentin.—<i>Ms. de Rome</i>: Et cevauchirent -devant li connestables et li marescal de France, et puis li -dus de Normendie et sa route, et derrire li avant garde; et -s'en vinrent logier sus la rivire de Selles autour dou Chastiel en -Cambresis. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 14: toute son host.—<i>Ms. de Rome</i>: et son hostel. -F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 14: Montais.—<i>Ms. d'Amiens</i>: dallez le Castiel en -Cambresis, l'entre de Haynnau. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. de Rome</i>: -dehors le chastiel. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 15: d'armes.—<i>Ms. d'Amiens</i>: de quoy il (li Franois) -furent resvilliet celle premire nuit. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 103.</b> P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 24: Montais.—<i>Mss. A 11 14</i>: Mortais. -F<sup>o</sup> 54.</p> - -<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 30: se parti.—<i>Ms. de Rome</i>: et s'en vint au Kesnoi -et quella sus heure ce que il pot avoir de chevaliers et esquiers.... -Sus le tart, il se departi dou Kesnoi.... Dou Kesnoi -Montais a quatre petites lieues; si furent tantos l. F<sup>os</sup> 56 et -57 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 30: de Wercin.—<i>Ms. B 6</i>: du Quennoy, tout cent -hommes d'armes. F<sup>o</sup> 137.</p> - -<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 31: soixante.—<i>Ms. d'Amiens</i>: cinquante. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. -de Rome</i>: siis vins. F<sup>o</sup> 57.</p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 4: jour falli.—<i>Ms. B 6</i>: Et pour che que en ce -temps il faisoit brun et qu'il peuissent mieulx congnoistre l'un -l'autre, vestirent chacun sur leur harnast ung blanc vestement. -F<sup>o</sup> 137.</p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 7: leurs chevaus.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et eurent ordonnance, -pour ce qu'il faisoit mout brun, que chacun ewist -une chemise dessus ses armures; et qui n'avoit chemises, si y -mesist quoy que fuist de blancq pour recongnoistre l'un l'autre. -F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 7: leur dist.—<i>Ms. de Rome</i>: Li dus de Normendie -est logis en celle ville des Montais, et je vous ai amen jusques - chi pour faire auqune emprise d'armes. Si soiies tous -<span class="pagenum"><a id="Page_196"> 196</a></span> -aviss. Et quant nous enterons en la ville, criis: Hainnau au -senescal et Werchin la retraite! Et ne vous fainds pas de euls -porter contraire et damage, se vous pos, car qant il enteront en -nostre pais, il ne nous espargneront point. F<sup>o</sup> 57.</p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 12: des chevaliers.—<i>Le ms. d'Amiens ajoute</i>: le -signeur de Gommegnies,... le seigneur de Boussi, le seigneur -d'Espinoit, Jehan de Gommegnies, Ostelart de Soumaing. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.—<i>Le -ms. de Rome ajoute</i>: Gerars de Vendegies, li sires de -Montchiaus. F<sup>o</sup> 57.</p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 13: messires Henris.—<i>Ms. de Rome</i>: mestres -Henris. F<sup>o</sup> 57.</p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 14: dou Chastelet.—<i>Mss. A 8 10</i>: de Chasteler. -F<sup>o</sup> 51.—<i>Mss. A 15 17</i>: du Chastelier. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 14 et 15: li sires de Vertain.—<i>Ms. d'Amiens</i>: -messires Ustasse de Vertaing. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 23 29</i>: de -Werchain. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 15: de Fontenoit.—<i>Ce chevalier n'est mentionn -que dans le ms. B 1.</i></p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 16: des escuiers.—<i>Ms. de Rome</i>: L fu li pennons -au senescal desvoleps, et le porta uns esquiers qui se nonmoit -Robers de Wargni. F<sup>o</sup> 57.</p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 21: se boutrent.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et estoit environ -mie nuit. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 26: avant.—<i>Ms. de Rome</i>: dont bien l'en chei. -En cel ostel estoit logis li sires de Brimeu, et des compagnons -franois biau cop avoecques lui. F<sup>o</sup> 57.</p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 28: (Briaut).—<i>Mss. A 1 7, 9 17, 20 22</i>: -Briaut. F<sup>o</sup> 56.—<i>Mss. A 30 36</i>: Breaut, Breault. F<sup>o</sup> 129.—<i>Mss. -A 18, 19, 23 29</i>: Brience, Briance. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. -A 8</i>: Briancon. F<sup>o</sup> 51.</p> - -<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 29 et 30: Quant li doi chevalier.—<i>Ms. de Rome</i>: -Celle nuit faisoit le gait uns chevaliers de Normendie qui se -nonmoit Guillaumes, sires de Gauville, et avoecques li mesires -Pires de Praiaus. Et estoient establi en lor ordenance environ -cent armeures de fier. Et trop bien chei point au duch de Normendie -et as signeurs qui l estoient logis; car, se li gais ne -fust tantos trait avant, li Hainnuier euissent port grant damage -as Franois. Mais li chevalier dou gait se traissent tantos avant, -et vinrent devant l'ostel le duch de Normendie, et se missent en -bonne ordenance. F<sup>o</sup> 57.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_197"> 197</a></span> -P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 8: tortis—<i>Ms. B 6</i>: torses. F<sup>o</sup> 137.</p> - -<p>P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 14: estourmis.—<i>Ms. de Rome</i>: voires chil qui -estoient logis Montais, car partout tant que avoecques le duch -n'avoit que huit baners et lors gens, vint et siis chevaliers en -tout. Donc se requellirent li Hainnuier moult sagement et criirent: -Werchin le retraite! Chil qui entrrent dedens l'ostel -le signeur de Brimeu, en furent mestre et l'esforchirent; et fu -pris et fiancis prisons li sires de Brimeu et auquns de ses honmes. -F<sup>o</sup> 57.</p> - -<p>P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 17 et 18: dix ou douze.—<i>Ms. B 6</i>: jusques -huit. F<sup>o</sup> 138.</p> - -<p>P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 21: au Kesnoi.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et li senescaux -de Haynnau s'en vint au point du jour au Kesnoy. Si trouva -monseigneur Thiery, seigneur de Fauquemont, qui il recorda -sen aventure, liquelx fu trop fort courouchis de ce qu'il n'y -avoit estet. De l en droit vint li senescaux Vallenchiennes et -enfourma chiaux de le ville de le venue des Franchoix; et leur -dist que il avoit entendu, par prisonniers franchoix qu'il avoit -pris, que c'estoit li entente dou duch que de assegier Vallenchiennes. -Adonc chil de Vallenchiennes fissent songneusement -prendre garde toutte leur artillerie, as enghiens, as espringalles, -as ars tour et touttes autres coses appertenans as deffensces. -Et fissent le rivire d'Escault floer entour le ville, et -renforchirent leurs gais as portes, as tours et as garittes, tant de -jour comme de nuit. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 24: courouchis.—<i>Ms. de Rome</i>: Li dus de Normendie -ne sceut riens de ceste avenue jusques au matin. Si fu moult courouchis -qant on li ot dit, et que li sires de Brimeu et li sires de -Bailluel en Normendie et li sires de Briaut estoient pris. Donc -dist li dus: On ne le puet amender. Li Hainnuier ont vol et pris, -et puis se sont retrait quant il ont fait lor emprise. Aussi nous fault -il voler et prendre: si sera prise contre prise. F<sup>o</sup> 57.</p> - -<p>P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 28 et 29: deux cens.—<i>Ms. d'Amiens</i>: trois cens. -F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 15 17</i>: trois cens. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 30 et 31: li sires de Mirepois.—<i>Ms. d'Amiens</i>: -li marescaus de Mirepois. F<sup>o</sup> 41.—<i>Les mss. A 11 14 ne nomment -que les trois premiers chevaliers et ajoutent</i>: le sire de -Hambuye. F<sup>o</sup> 54 v<sup>o</sup>.—<i>Le ms. de Rome ajoute</i>: li sires de -Noiiers,... messires Anthones de Qodun, li sires de Loques, -messires Tristrans de Magnelers. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_198"> 198</a></span> -P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 32: li sires d'Astices.—<i>Ce chevalier n'est mentionn -que dans le ms. B 1.</i></p> - -<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 1: li sires de Cramelles.—<i>Mss. A 15 17</i>: Raoul -de Cramelles. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l, 1 et 2: chevauoient.—<i>Ms. de Rome</i>: Et cevauchoient -chil tout devant, et avoient lors honmes qui les sievoient -et qui boutoient le feu. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 2: mareschal.—<i>Ms. de Rome</i>: Apris cevauoit -li avant garde, o li connestables de France et li marescal estoient. -F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 4: cinq cens lances.—<i>Ms. de Rome</i>: deus mille -armeures de fier. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 5: de Normendie.—<i>Ms. de Rome</i>: li dus d'Athnes -et la grose route des gens d'armes. Apris venoit li arrire -garde, que li sires de Couchi, li sires de Castellon, li sires de -Montmorensi, li sires d'Estouteville et pluisseur aultre menoient, -o bien avoit deus mille armeures de fier. Au voir dire, il estoient -gens asss pour combatre tous cheuls de Hainnau, grans -et petis. Et ensi que chil coureur chevauoient devant, il ardoient -le pais, sans ce que les batailles dou duch s'en ensonniassent ne -desroiassent en riens. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 11: d'Uintiel.—<i>Ms. B 6</i>: Che fu environ l'Ascension -l'an mil trois cens quarante. F<sup>o</sup> 140.</p> - -<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 11: oultre.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et ardirent che premier -jour li Franchois Bavay, une bonne ville qui adonc estoit -sans fremure; puis se retrairent et ne veurent adonc chevauchier -plus avant pour lez bos et l'aventure des encontres. Si ardirent - leur retour Louvegni, Anfroipret, Saint Vast en Bavesis, Goummegnies, -Preus, Fresnoit, Wargni le Grant et Wargni le Petit, -Obies, Orsinneval; et abatirent les moullins de Quellinpont, et -rompirent lez escluzes dou vivier, et donnrent le pisson congiet -d'aller jeuuer o il peult; et passrent Orsinneval et desoubz le -Kesnoy, et ardirent Villers monsigneur Polle et Calames. F<sup>o</sup> 41.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Et vinrent ardoir Bavai, Mieqegnies, Obies, Goumegries, -Frasnoit, Wargni, Villers, et vinrent courir devant le -Quesnoi, mais point n'i arestrent. Et fust volentiers li seneschaus -de Hainnau issus hors, se il euist eu gens asss. Et s'en vinrent -ces coureurs Bermerain et l'ardirent, et Vertain et Vertegnuel -et tous les villages de l environ. Et en avoloient les flamesches -jusques dedens la ville de Valenchiennes. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_199"> 199</a></span> -P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 12: Oursineval.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22</i>: -Esmenal. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 19: de Normendie.—<i>Ms. d'Amiens</i>: ceste premire -nuit et toutte sen host sus le rivierre de Selles, entre Sollemmes -et Haussi. Tout li plas pays fuioit devant yaux sauvet; -et se boutoient ens s forterches et amenoient, aportoient et -acharioient le leur au Kesnoy, Landrechies, Bouchain et -Valenchiennes et as autres fors environ qui estoient tenable. Li -senescaux de Haynau se doubta de son castel de Werchin. Si se -parti de Valenchiennes tout de nuit, avoecq lui environ trente -lanches, et fist tant que sans peril il s'i bouta. Et dist au seigneur -d'Anthoing, qui estoit en Vallenchiennes, qu'il fuist songneus de -le ville et dez hommes, affin que il n'y ewissent dammaige, ne il -point de blasme. F<sup>o</sup> 41.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: ce second jour logier Haussi, Sausoit, -Solmes et tout au lonc de la rivire de Selles jusques Haspre; -et menoient moult grant charoi. Honmes et fenmes et enfans -avoient est de lonc temps avis de la venue des Franois; si -ques il s'estoient tout pourveu l'encontre de ce; et avoient -amenet et achariiet lors millours meubles Valenchiennes, -Maubuege, au Quesnoi et Bouchain. Li Franois trouvoient -fourages asss pour lors cevaus et nulles aultres pourveances. -F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 104. </b><a href="#Page_12">12</a>, l. 23: Fauquemont.—<i>Ms. d'Amiens</i>: qui -estoit en garnison au Kesnoy. F<sup>o</sup> 41.</p> - -<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 29 et 30: et recommanda.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Adonc -fist il commander estroitement que nuls ne wuidaist hors des -portes du Kesnoy, homs ne femme, et sus le teste. F<sup>o</sup> 41.</p> - -<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 30: Maubuege.—<i>Ms. de Rome</i>: et issi de Maubuege -et vint Pons sus Sambre. Et trouva les hommes moult -esfras, car li Franois avoient est Miequegnies et l pris, -et avoient ars tout le pais de l environ. Encores en veoit on les -fumires. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 30: Biaurieu.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22, -34 36</i>: Beaugeu. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 31: de Montegni.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et establi -demourer, pour garder le ville, le seigneur de Roysin, le seigneur -de Wargny. F<sup>o</sup> 41.</p> - -<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 1 et 2: chevaua.—<i>Ms. de Rome</i>: et passa -<span class="pagenum"><a id="Page_200"> 200</a></span> -Robertsart, et n'atendoit aultre cose que le logeis des Franois -dou vespre. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 3: Mourmail.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22, -34 36</i>: Moruel, Morueil. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>. <i>Mauvaise leon.</i></p> - -<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 5 et 6: de Haussi.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Sollemmes, -vers Haussi et Sausoit, en ces biaux prs. F<sup>o</sup> 41.—<i>Ms. de Rome</i>: - Haussi et Sausoit, et tout jusqu' Haspre. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 18: meschief.—<i>Ms. B 6</i>: Che soir faisoit le gait -le sire de Craon cinq cens hommes. F<sup>o</sup> 138.</p> - -<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 23: Pikegni.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et doi de ses escuiers, -et navrez li sires de Cramelles mout durement et li sires -de Sains. F<sup>o</sup> 41.—<i>Ms. de Rome</i>: Celle nuit faisoient le gait li -contes d'Auoirre, li sires de Noiiers et li sires d'Auchi, artissiens, -et avoient bien trois cens combatans sus lor gait. Li Hainnuier -et li Alemant n'entrrent point de ce ls o li gais estoit, -mais bien en sus, et cheirent sus le logeis le signeur de Piquegni, -liquels salli tantos sus que il oy la friente, et s'arma et se -mist desfense moult vaillanment; mais il ot si grante qoite de -li armer que point il n'estoit arms de plate fors de une cote de -fier, laquelle fu perchie tout oultre de une roide espe et li corps -dou chevalier, et morut de celle plaie.... Li sires de Piquegni, -liquels estoit navrs tout parmi le corps, fu mis en une litire et -ports Cambrai pour saner et mediciner; ms onques de la navreure -ils ne pot avoir garison et morut. Si retourna la terre de -Piquegni un sien fil, jone enfant, que on nonmoit Jehan, et -qui depuis fist moult de mauls en France, voires Amiens et l -environ, ensi que vous ors recorder avant en l'istore. F<sup>os</sup> 57 v<sup>o</sup> -et 58.</p> - -<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 30: poursievi.—<i>Ms. de Rome</i>: Et l fist li sires -de Fauquemont bonne compagnie as deus chevaliers franois, -lesquels il enmenoit prisonniers, le visconte de Qesnes et le Borgne -de Rouveroi, car il les recrut sus lors fois venir Mons en -Hainnau tenir lors corps prisons, qant il en seroient requis, -quinse jours apris la semonse. Si retournrent li chevalier en -l'ost et comptrent lor aventure. F<sup>o</sup> 58.</p> - -<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 31: au Kesnoi.—<i>Ms. de Rome</i>: Si entrrent -dedens la ville et s'i rafresqirent, euls et lors cevaus, et puis retournrent -sus le soir Maubuege. F<sup>o</sup> 58.</p> - -<p>P. <a href="#Page_14">14</a>, l. 3: Et li dus.—<i>Ms. de Rome</i>: Ensi fu, la seconde -nuit que li dus de Normendie se loga en Hainnau, li hoos des -<span class="pagenum"><a id="Page_201"> 201</a></span> -Franois resvillie des Hainnuiers, liquel avoient tout ce fait, -sans porter point de damage euls et lor compagnie. De quoi -li dus de Normendie en dist au matin, qant il en fu enfourms: -Ces Hainnuiers sont de grant corage et de bonne emprise. Nous -n'avons que deux nuis dormi en Hainnau; ms tout dis nous ont -il resvilli: chi apris, il seront resvilliet aussi. F<sup>o</sup> 58.</p> - -<p>P. <a href="#Page_14">14</a>, l. 15: quatre cens.—<i>Mss. A 15 17</i>: trois cens. -F<sup>o</sup> 57.</p> - -<p>P. <a href="#Page_14">14</a>, l. 16: bidaus.—<i>Mss. A 15 17</i>: sanz les bidaus, -tuffes et petaux. F<sup>o</sup> 57.</p> - -<p>P. <a href="#Page_14">14</a>, l. 16: s'en vinrent.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Verchin, o -li senescaux estoit dedens le castel. Et regardrent li Franchois -le mannire dou fort et de le deffensce. Si moustrrent de -premiers que de trop grant couraige il le assaudroient, et fissent -traire et lanchier leurs bidaus et Geneuois; ms riens n'y fisent, -car li castiaux estoit bien pourveu d'artillerie, de kanons et d'ars - tour et de tous instrumens pour le deffendre. Si y pooient plus -perdre que gaegnier, et il ne volloient pas trop travillier leurs -gens, car il ne savoient quel besoing il en aroient. Si se partirent -d'illuecques, ms il ardirent toutte le ville et abatirent une partie -des murs dou gart de Werchin. Et passa toute li os l et environ. -Et montrent au ls deviers Fanmars, pour mieux veoir et adviser -Vallenchiennes dou tierne. Et toudis aloient li coureur devant - destre et senestre, ardans et exillans che biau plain pays de -Haynnau. Si ardirent Presel, Marech, Biauvoir, Curgies, Sautain, -Rombies et tout le plain pays jusquez le rivierre de Honniel. -Et se loga li dus ce jour sus le rivire d'Uintiel au ls deviers -Kierenaing, et toute sen ost ossi, et se fist le nuit gettier bien -et grossement plus de cinq cens lanches et de deux mille bidaus -et Geneuois, car il ne volloit mies que li Haynuier le resvillaissent -ainssi qu'il avoient fait. Bien est voir que de Condet -et dou castiel de Moustroel sus Haynne et dou castiel de Kievraing -et de Kievrechin estoient assamblet et acompaigniet environ -quarante lanches, et s'estoient boutet s bois de Roisin; et -volentiers ewissent fait quelque fait d'armes, se il ewissent veu -leur plus bel. Li sires de Gommignies et li sires de Wargni ossi -lez costiirent tout le jour, ms point ne virent de jeu parti pour -yaux aventurer, car li coureur franchois se tenoient tout enssamble, -et estoient bien mont et plus de quatre cens lanches: se n'y -faisoit nul pour les Haynuiers.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_202"> 202</a></span> -Ce jour au matin qu'il fist moult bel et moult joli, car c'estoit -ou mois de may, se deslogirent li Franchois et se misent en -arroy, et ordonnrent le charoy et le fissent passer tout devant. -Et puis chevauchirent bannierres et seigneurs et vinrent, environ -heure de primme, deseure Fanmars, sus ung terne que on appelle -le mont de Castres; et l s'ordonnrent il bien et faitichement en -troix bonnes batailles. Le premire avoit li dus de Bourbon, la -seconde li comtes de Flandres, et la tierce li dus de Normendie. -L veoit on bannierres et pignons et armoirie en trs grant parement. -L estoient muses, calemelles, naquaires, trompes et -trompettes, qui menoient grant bruit et grant tintin. Et bien les -veoient et ooient chil de Valenchiennes des tours et des clochiers, -car il estoient demy lieuwe d'iaux. L sonnoit on les cloches ou -biefroy de Vallenchiennes vole, et estoient armet touttes mannierres -de gens, et li rue Cambrisienne toutte plainne. Et volloient - force yssir et yaux aventurer; ms messires Henris d'Antoing, -qui gardoit les clefs de celle porte, leur deveoit et leur disoit -qu'il se voloient aller tout perdre. Nientmains il volloient yssir, -coumment qu'il fuist, et y eut l pluiseurs grosses parolles entre -le chevalier et yaux. Finablement il leur dist que messires de -Biaumont, qui baux estoit dou pays et qui on avoit juret et -proummis de obeir, li avoit deffendu et coummandet sus sen onneur -que nullement il ne les lessast wuidier. Et coummanda au -prouvost qui l estoit, Jehan de Baisi, de par monseigneur Jehan -de Haynnau, que il lez fesist retourner et aler leur gs, as tours -et as garittes, pour deffendre et garder le ville, s'il besongnoit. -Et li prouvos vot obeir; si leur commanda retraire, et il le fissent.</p> - -<p>A che donc estoient dedens Vallenchiennes aucun chevalier -d'Engleterre, et par especial li comtes de Warvich, que li roys -d'Engleterre avoit laissiet en Flandres. Et avoit estet chilz en le -chevauchie de Aubenton, et demors en Vallenchiennes, le priire -dou comte. Et estoient avoecques lui messires Hues de Hastinges, -messires Rogiers de Biaucamp, messires Jehans Cambdos, messires -Jehans de Graail, messires Oliviers de Baucestre, messires -Rogiers de Cliffort. Si requisent chil chevalier monseigneur -Henry d'Antoing que on lez lessaist wuidier le ville sus leur peril -et chevaucier deviers le rivierre d'Escault, pour veoir se il poroient -nient trouver faire aucune bacelerie, ne biau fait d'armes -sus lez Franchois. Tant priirent et parlrent que il en eurent -<span class="pagenum"><a id="Page_203"> 203</a></span> -congiet, et estoient environ trente lanches et quarante archiers, et -tout ceval. Si wuidirent par le porte d'Anzain, et cevaucirent -deseure Saint Vast. A ce donc couroit environ le Tourielle sus -l'Escault ungs bons chevaliers franchois poitevins, messires Bouchichaus, -et estoit avalls des batailles qui se tenoient au mont -de Castres. Et estoient environ douze lanches; si avoient passet -l'Escaut au pont de le Tourielle et estoient montet hault deviers -Saint Vast pour descouvrir cesti ls; ms il furent trouvet et -rencontret des Engls dessus noumms. Et ne daigna oncques -messires Bouchichaus fuir, et jousta franchement messire Hue -de Hastinges, et le porta par terre. Depuis fu il jus portz par -terre par deux chevaliers et tenus si cours qu'il le couvint rendre. -Et fu fianchis prisons et amens Vallenchiennes, et doy -escuier de son pays avoecq lui. Et li autre se sauvrent au mieux -qu'il porent et retournrent leurs batailles, et recordrent le -prise de monseigneur Bouchicaus, dont li dus de Normendie fu -mout courouchiz. F<sup>o</sup> 41 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Qant ce vint au matin, on se desloga, et sonnrent -les tronptes parmi l'oost. Tout s'armrent et montrent - chevaus, et se traissent sus les camps. Ce jour fist il moult -biel, moult cler et moult joli, ensi que il fait ou mois de mai, et -fu la nuit de une Asention. Li dus de Normendie ordonna -traire viers Valenchiennes. Donc cevauchirent les batailles moult -ordonneement, et n'aloient que le pas et costiirent Werchin, -mais point n'asallirent au chastiel, mais la vile fu arse. Et s'en -vinrent tout li Franois arester et faire lor moustre sus le mont -de Castres; et veoient Valenchiennes tout au plain devant euls, et -l ordonnrent trois batailles, tout arm au cler. Ce estoit une -grande biaut que de euls veoir, les armes, hiaumes de quoi on -s'armoit adonc, banires et pennons resplendir au solel. Et se tenoient -li signeur tout quoi, atendans que on les venist combatre.</p> - -<p>Li jone chevalier de France et li esqier, qui desiroient les armes, -ne se pooient tenir que il ne cevauassent. Et s'en vinrent li marescaus -de Mirepois, li sires de Noiiers, li Galois de la Baume, -messires Tiebaus de Moruel, li viscontes d'Aunai, li sires d'Englure, -li sires de Trainiel, messires Tristrans de Magnelers, li sires -d'Aubegni, li sires de Fransures, li chastelains de Biauvais et -pluisseur aultre, tout de grant volent. Et estoient quatre cens -d'emprise et de fait et bien monts, et vinrent courir devant le -Kesnoi; et s'arestrent sus les camps, et moustroient que on les -<span class="pagenum"><a id="Page_204"> 204</a></span> -venist combatre. Li marescaus de Hainnau et bien cinquante -lances de bons Hainnuiers estoient l dedens. Pour ces jours li -Qesnois n'estoit point si bien freme conme elle estoit soisante ans -apris, et tous les jours elle amendoit en fremet.</p> - -<p>Li compagnon consideroient trop bien l'ordenance des Franois -conment il freteloient sus lors cevaus et faisoient courner -lors menestrels, et moustroient que on les alast veoir et escarmuchier, -mais il n'estoient pas gens asss. Si se tinrent tout quoi -et pourveu de euls deffendre, se on les euist assallis. Qant il -veirent ce que nuls ne saudroit, il s'en departirent et cevauchirent -viers Villers. Et menoient ces gens d'armes, boutefeus, -avoecques euls, qui couroient de ville en ville, et boutoient le feu -dedens et ne s'en departoient; si estoit la ville toute embrase. Si -ardirent de celle empainte Genlain, Curgies, Sautain, Presiel, -Marec, Aunoit, Biauvoir, Fielainnes, Escaillon et Faumars. Et -voloient les flamesques et les fascons en la ville de Valenchiennes, -et li rai dou soleil en estoient tout encombr. Et s'avalrent auqun -Franois dou mont de Castres et vinrent ardoir les Marlis, et -boutrent le feu ens s fourbours de la porte Cambrisienne.</p> - -<p>Pour ces jours estoit chapitainne et gardiiens de la ville de -Valenchiennes institus et ordonns de par mesire Jehan de -Hainnau, mesires Henris d'Antoing, quoi que li senescaus de -Hainnau et aultres chevaliers fuissent en la ville; mais il en avoit -la souverainne aministration et se tenoit la porte Cambrisienne, -et l estoit trop fort heriis et presss d'auquns fos, outrageus et -outrequidis, qui voloient issir et euls aler perdre. Et bien leur -disoit et remoustroit li chevaliers que point n'estoit heure de -issir: Souffrs vous, bonnes gens: la poissance des Franois -est trop grande maintenant. Atends que vous aiis vostre signeur -dals vous; si en sers plus fort et mieuls consillis. Il -m'est deffendu que nuls ne isse, car se vous recevis blame ne -damage, je n'en poroie estre escuss. Ensi grant mescief les -amoderoit et refroidoit de lors folies li sires d'Antoing.</p> - -<p>Encores, en ce meisme jour, par le consentement dou connestable -de France et des marescaus, se departirent dou mont de -Castres auqun jone chevalier et esquier franois et cevauchirent -as aventures. Et tout estoit fait pour atraire les Valenchiennois -hors de lor ville, et furent de une sorte environ deux cens lances. -Et les menoient li sires de Craan, li sires de Maulevrier, li sires -de Partenai, li sires de Tors et li sires de Matefelon, et s'avalrent -<span class="pagenum"><a id="Page_205"> 205</a></span> -dou mont de Castres Fontenelles, et vinrent Main. Et l -avoit une tour belle et bonne et encores a, laquelle pour ce temps -estoit un bourgois de Valenchiennes qui s'apelloit Jehan Bernier, -et puis fu elle transmue autres hoirs. Chil chevalier de France -et lor route vinrent l et l'environnrent et le fissent asallir. La -tour estoit forte asss, environne de fosss et pourveue d'artellerie; -car on i avoit envoiiet des arbalestriers de Valenchiennes, -pour le deffendre et garder. L ot grant asaut, mais li Franois -n'i peurent riens faire. Avant en i ot des blechis dou tret. Si -passrent oultre et vinrent Trit. Li honme de la ville avoient -le pont deffait. Si ne peurent (passer) oultre par ce pas l, mais -il trouvrent (un) des hommes dou pais meismes qui les mena autour -as plances Povri. Si passrent l l'Eschaut et retournrent - Trit. Et fu la ville toute arse et li moulin abatu, et ensi Povri -et Rouvegni. Et refissent li Franois le pont Trit, et ardirent -Wercinniel, Bourlain et Infier, et tant que les fascons en avoloient - grant voles Valenchiennes. Et retournrent chil Franois et -s'en ralrent en lor hoost, c'est entendre sus le mont de Castres, -avoecques les aultres.</p> - -<p>Ce jour s'estoient aussi parti de lors arrois, troi jone chevalier -de Poito: li uns fu nonms messires Bouchicaus, li autres messires -Jaques de Surgires, et li tiers messires Guis Poteron; et -avoient passet l'Escaut au pont Trit, car il estoit refais des -plances meismes que chil de Trit en avoient ost. Et les avoient -les Franois rasisses, pour passer et rapaser lor volent. Chil -troi chevalier et lor route pooient estre jusques vint cinq lances, -et passrent le pont Trit, et vinrent courir viers Hurtebisse; et -fissent bouter le feu dedens, tant que on le veoit tout clerement de -Valenchiennes, car il n'i a que une petite lieue. Li seneschaus de -Hainnau, qui se tenoit adonc Valenchiennes, entendi que auquns -Franois estoient aval et pass oultre l'Eschaut au pont Trit, et -couroient sus ces biaus plains desus un moustier que on nonme Saint -Vast, et ne lor aloit nuls au devant. Si parla au signeur de Berlainmont, - messire Henri d'Uffalise, messire Oulefart de Ghistelle, -au signeur de Biellain et auquns chevaliers qui en Valenchiennes -estoient enclos avoecques lui: Je vous pri que nous montons -sus nos chevaus et alons veoir viers Saint Vast quel sont chil qui i -chevaucent. Espoir, poront estre tel que il paieront nostre escot. -Tout s'acordrent la volent dou senescal, et montrent environ -cent compagnons tout bien arms, et prist casquns son glave; et -<span class="pagenum"><a id="Page_206"> 206</a></span> -fissent ouvrir les deus portes d'Anzain, la grande et la petite. Et se -missent sur les camps et si point que, droit au desus d'un moustier -que on dist de Saint Vast, il vont trouver ces chevaliers poitevins -qui avoient pris lor tour viers Bellain et Ierin et avoient fait bouter -le feu dedens, et s'en retournoient pour passer Trit, et -avoient gides propement dou pais qui les menoient. Qant li seneschaus -de Hainnau les vei et sa route aussi, qui estoient mont -sus bons coursiers et bien alans, si lor vinrent au devant et escriirent: -Hainnau! et abaissirent les glaves. Li seneschaus -de Hainnau fu li premiers qui asambla messire Bouchicau, qui -estoit pour lor jones chevaliers, et fu depuis un moult vaillans -homs. Il le feri plainne targe un si grant cop, avoecques ce que -il estoit fors chevaliers et bien monts, que il le bouta jus et passa -oultre. Li sires de Berlainmont consievi parellement mesire Gui -Poteron et le reversa jus terre. Chil Hainnuier se fraprent en -ces Franois et en abatirent jusques sept. Entrues que il entendirent - euls fianchier et faire rendre, mesires Jaquemes de Surgires -et bien douse des leurs retournrent sus frain, et prissent -le cemin viers un village que on appelle Ierin; mais avant que il -i parvenissent, pour euls sauver, il se boutrent ens s bois d'Aubri, -et ne savoient o il aloient, car point ne connisoient le pais. -Qant li seneschaus de Hainnau vei que chil Franois prendoient -le cemin dou bois, si fist doubte que li Franois n'euissent l jett -une enbusqe, et que chil qui pris estoient et qui fuioient, n'euissent -est l envoiiet tout de fait pour descouvrir et pour faire -sallir hors de Valenchiennes auquns gentils honmes qui s'i tenoient. -Si fist cesser ses gens de non aler plus avant et non cachier. -Et se retraissent tout le pas viers Valenchiennes, et enmenrent -les deus chevaliers prisonniers, messire Bouchicau et -mesire Gui Poteron, poitevins, et jusques diis de lors compagnons. -Dont li senescaus acquist grant grasce des Valenchiennois. -Et messires Jaquemes de Surgires et li autre, qui se boutrent -ens s bos d'Aubri, se tinrent l et quatirent tout bellement jusques - tant que li viespres fu venus, et puis issirent hors et vinrent -tout droit Hurtebise, et de l au pont Trit, et rapassrent -l'Escaut. Et qant ilz furent venu en l'oost, il comptrent lor aventure, -et conment messire Bouchicau et mesire Gui Poteron estoient -demor et pris dou senescal de Hainnau. F<sup>os</sup> 58 et 59.</p> - -<p>P. <a href="#Page_14">14</a>, l. 28: Villers.—<i>Les mss. A et B 3, 4, omettent</i>: Villers -<i>et mentionnent deux fois</i>: Fanmars.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_207"> 207</a></span> -P. <a href="#Page_14">14</a>, l. 32 et p. 15, l. 1: pries de Valenchines.—<i>Ms. B 6</i>: - demy lieue de Valenchines. F<sup>o</sup> 140.</p> - -<p>P. <a href="#Page_15">15</a>, l. 28: d'Anzaing.—<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>: du Rain. -F<sup>o</sup> 57. <i>Mauvaise leon.</i></p> - -<p>P. <a href="#Page_15">15</a>, l. 32: Poito.—<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>: Pontieu. -<i>Mauvaise leon.</i></p> - -<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 3: dou jour.—<i>Ms. B 6</i>: car on luy dit que cheulx -de Vallenchines le venroient combatre, car tant orguilleus et -presumptueux estoient. F<sup>o</sup> 140.</p> - -<p class="space"> <b>105.</b> P. <a href="#Page_15">15</a>, l. 15: un grant temps.—<i>Ms. de Rome</i>: tout -ce jour de l'Asention. F<sup>o</sup> 59.—<i>Ms. B 6</i>: l'espace de cinq heures. -F<sup>o</sup> 141.</p> - -<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 16: de Castres.—<i>Ms. de Rome</i>: demi lieue de -Valenchiennes. F. 59.</p> - -<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 18: li dus d'Athnes.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et li doy -marescal de France, li contes d'Auchoire. F<sup>o</sup> 41 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 19: trois cens.—<i>Mss. A 11 17</i>: quatre cens. -F<sup>o</sup> 56.—<i>Ms. B 6</i>: cinq cens. F<sup>o</sup> 141.</p> - -<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 22: le tourielle Goguel.—<i>Ms. d'Amiens</i>: le Tourielle -et Goirel. F<sup>o</sup> 41 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 23: de le ville.—<i>Ms. B 6</i>: A che jour estoient en -la ville de Vallenchine le conte de Warvich et le conte de Kenfort -que le roy d'Engleterre avoit laissiet Gand dels madamme -sa femme. Si estoient venu Vallenchines pour la cause de ce -que on avoit entendu que le duc de Normendie se venoit tenir -celle part. Ches deux chevaliers avecque la communalet de la -ville euyssent trop vollentiers veu que (on) fust vidiet contre eulx -et que on euist recueilliet cheux qui estoient venut jusques a(s) -bailles. Mais messire Henri d'Anthoing, qui pour le temps estoit -gardiens de Valenchine de par monseigneur Jehan de Haynau, -ne le veult oncques consentir, et dist et jura que j personne n'en -ysceroit; et fist faire le ban, de par le prouvost de la ville, que -sur la teste nulz ne vidast hors de la ville sans commandement. -Sy gardrent le porte Cambrisine, o celle estourmye estoit, le -sire de Mastaing et le sire de Floyon. F<sup>o</sup> 141.</p> - -<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 29: les ardirent.—<i>Ms. B 6</i>: et puis la ville d'Asnoy. -F<sup>o</sup> 142.</p> - -<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 30: de Wintiel.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et puis chevauchirent -toutte le rivierre contre mont vers Aunoit pour revenir -<span class="pagenum"><a id="Page_208"> 208</a></span> -leur grosse bataille; ms en leur chemin il ardirent Aunoit, Felainne, -Artre, Astriel, Kierenaing, Biaudegnies, et Pois et pluisseurs -autres villes. F<sup>o</sup> 41 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 31: par derrire les Chartrois.—<i>Mss. A 1 6</i>: -par devers les charroys. F<sup>o</sup> 58.—<i>Mss. A 20 22</i>: par derrire -les chariots. F<sup>o</sup> 88.—<i>Mss. A 11 14, 18, 19</i>: par -devers les chartois. F<sup>o</sup> 56.</p> - -<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 10 et 11: bien la moitiet.—<i>Ms. d'Amiens</i>: que il -en turent dix et fissent saillir en le rivire, et en y eut ossi des -noiiz, et furent chil euwireux qui escapper peurent. F<sup>o</sup> 42.</p> - -<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 21: ce soir.—<i>Ms. de Rome</i>: Qant ce vint sus la -remontire, et que li signeur estoient tout hod et lass de tant -estre sus lors cevaus, car ce jour il avoient bien petit beu et -mengi fors sus lors cevaus. F<sup>o</sup> 59.</p> - -<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 21: Maing et Fontenielles.—<i>Le ms. d'Amiens -ajoute</i>: et Trit. F<sup>o</sup> 42.—<i>Ms. de Rome</i>: Fontenelles et -Main, en ces biaus prs. F<sup>o</sup> 59.</p> - -<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 23: Maing.—<i>Ms. B 6</i>: A son departement de -la ville de Maing o il estoit logis, ardirent les Franchois Denaing -et l'abeie de Fontenelles o madamme sa tante estoit logie, -mais elle se tenoit Valenchines. F<sup>o</sup> 142.</p> - -<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 25: de Valois.—<i>Ms. d'Amiens</i>: o medamme -Jehanne de Vallois, ante dou dit duc, se tenoit par devotion; -ms elle n'y estoit mies adonc, ainchois se tenoit en Vallenchiennes. -F<sup>o</sup> 42.—<i>Ms. de Rome</i>: Madame de Valois, ante -dou duch de Normendie, n'estoit point pour ces jours Fontenelles, -mais se tenoit l'ostel de Hollandes Valenchiennes, et -toutes les dames dou dit monastre; et l avoient amen toutes -lors coses, car en gerre et en hainne n'a nulle segurt. F<sup>o</sup> 59.</p> - -<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 28: A ce departement.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Le -jour que li dus de Normendie se parti de Fontenelles et de Maing, -i eut une grant escarmuche au pont Trith sus l'Escaut; car l -estoient requeilliet li Haynuyer, hommes des villages de l entours, -et deffendirent le pont mout vassaument contre lez Franchois -che qu'il peurent; et l'ewissent bien tenu et deffendu, ms -li aucun Franchois allrent autour passer l'Escault as planches -Prouvi, et vinrent Trit, et trouvrent chiaux qui se combatoient -as Franchois. Lors y eut grant fouleis, et couvint les Haynuier -partir et leissier le pont et le deffensce. Et passrent touttes mannires -de gens qui passer veurent, et abatirent ung petit castelet -<span class="pagenum"><a id="Page_209"> 209</a></span> -qui l estoit et les moullins, et ardirent toutte le ville et Wercinnel -ossi; ms depuis furent il reboutet et reculet dou comte -de Warwich et de se routte, et en y eut bien mors que noiis -soissante. F<sup>o</sup> 42.</p> - -<p>—<i>Ms. de Rome</i>: A lor departement, la ville de Maing fu -toute arse, et la mention de l'abeie de Fontenielles aussi. Chil -qui cevauoient devant et sus les costs, ardoient villes et hamiaus, -et ardirent en lor venant Monchiaus, Thians, Douci. Et -partout il abatirent les moulins, car ces villes sont seans sus -rivire. Et cevauchirent tant ce jour li Franois que il aprochirent -Nave et Iwis. Et vint li dus de Normendie mettre son -sige devant le chastiel d'Escauduevre, seant sus la rivire -d'Escaut. F<sup>o</sup> 59.</p> - -<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 30: Thians.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22, -34 36</i>: Thiois. F<sup>o</sup> 58.</p> - -<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 32 et p. 19, l. 1 18: Ce jour .... sans pit.—<i>Cet -alina manque dans tous les mss. A sans exception.</i></p> - -<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 20: Escauduevre.—<i>Ms. de Rome</i>: Chil de la garnison -d'Escauduevre avoient, tout l'ivier et le temps, cuvriiet et -herriiet ceuls de Cambrai. F<sup>o</sup> 59.</p> - -<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 20: et fort.—<i>Ms. d'Amiens</i>: une lieuwe de -Cambray. F<sup>o</sup> 42.</p> - -<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 25: de Sassegnies.—<i>Ms. de Rome</i>: uns chevaliers -de Hainnau. F<sup>o</sup> 59.</p> - -<p>—<i>Ms. B 6</i>: En che temps estoit cappitaine du chastel d'Escauduevre -sur l'Escault, une bonne lieue de Cambray, messire -Gerart de Saingnies par l'ordonnance de monseigneur Jehan de -Haynau qui avoit le gouvernement de la cont de Haynau, entreulx -que sen nepvreu le conte estoit en Engleterre, sy comme -chy dessus est dit. Je ne say comment il avint ne par quelle procuration -che fu fait, mais il vendy le dit chastel et le livra as -Franchois. Et fu pris le dit chevalier de ceux de Thun, l'issir -hors de Cambray, o il avoit l'argent avoecq luy. Se fu amens - Mons en Haynau et l fut justichis, et ung sien escuier avoecq -luy, qui avoit consenti le mal faire. De le prise du chastel -d'Escauduevre furent les Haynuierz moult courouchis, car cheulx -de Cambray l'abatirent rs rs de terre, et en menrent le -pire leur ville, et en firent faire deux de leur portes, le porte -Robert et une aultre. F<sup>os</sup> 146 et 147.</p> - -<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 27: ms li dus.—<i>Ms. d'Amiens</i>: en traita et parla -<span class="pagenum"><a id="Page_210"> 210</a></span> - yaux tant et si bellement messires Godemars (dou<a id="FNanchor_403" href="#Footnote_403" class="fnanchor"> [403]</a> Fay), qui -jadis les connissoit, que.... F<sup>o</sup> 42.</p> - -<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 28: six jours.—<i>Ms. de Rome</i>: sept jours, -F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 32: Mariniaus.—<i>Ms. de Rome</i>: Et qant il furent -venu en Hainnau, li saudoiier meismes, qui en Escauduevre -s'estoient tenu avoecques euls, les prisent au conmandement -messire Jehan de Hainnau qui se tenoit en la ville de Mons, et -furent amen devant lui et acus de traison. Onques il ne s'en -porent escuser de la mise ne delivrer. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 32: pris.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Vous avs bien chy -dessus oy recorder le prise d'Escaudoeuvre et coumment messires -Gerars de Sassegnies et Robers Mariniaux le rendirent. Si n'en -furent il mies mescreus de premiers, fors tant que li saudoiier -de dedens furent trop esmervilliet de ceste aventure. Et vinrent -au jour qu'il fu rendus ou castiel de Thun l'Evesque, qui siet -asss pris, et recordrent as deux frres de Mauni, Jehan et -Thieri, ceste mesavenue, et coumment Gerars de Sassegnies lez -avoit preechiz que il ne se pooient tenir longement contre si -grant ost que li dus de Normendie. Nient moins et sus cez parolles -li Franchois y estoient l'endemain entret. Lors demandrent -li enfant de Mauni qu'il pooit y estre devenus, et il disent -qu'il ne savoient, ms bien cuidoient qu'il fuist en Cambray. Sus -ceste parolle chil doy frre de Mauny envoirent espies Cambray, -qui raportrent que messires Gerars et chilz Robiers y -estoient. Si furent si bien poursieuwi des deux enfans de Mauny -qui misent enbuces et agaix sus yaux, que ung jour qu'il estoient -parti de Cambray, il furent pris de Jehan et de Thieri de Mauni -et amenet Bouchain et l mis en prison. Tantost apris, Jehan -de Ma(u)ni s'en vint Mons en Haynnau parler monseigneur de -Biaumont, et li recorda tout le fait et coumment il lez avoit pris. -Si lez renvoya querre messires Jehans de Haynnau et ramener -en Mons en Haynnau. Depuis n'en fist il nient trop longe garde, -car il lez fist morir honteusement et trayner comme trayteurs -contre leur seigneur. Che paiement eurent il de leur fourfaiture. -Et encorres estoit li comtes Guillaummes de Haynnau hors de -ses pays, dont trop desplaisoit monseigneur de Biaumont son -oncle. F<sup>o</sup> 42 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_211"> 211</a></span> -P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 2: de Cambrai.—<i>Ms. d'Amiens</i>: machon et carpentier.</p> - -<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 4: leur ville.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et en fu faite li -porte Robert, qui siet sus Haynnau. F<sup>o</sup> 42.</p> - -<p class="space"> <b> 106.</b> P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 9 et 10: voisines.—<i>Ms. d'Amiens</i>: .... de -Mortaigne et de Tournay. F<sup>o</sup> 42.</p> - -<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 13: trois cens.—<i>Mss. A 11 14</i>: quatre cens. -F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 15: Villars.—<i>Mss. A 1 7, 23 33</i>: Villars. -F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 8 10, 18, 19</i>: Villers. F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A -11 17, 20 22, 34 36</i>: Villiers. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 16: avoecques.—<i>Ms. d'Amiens</i>: messires Gerars -de Monfaucon, messire Thiebaux de Maruel. F<sup>o</sup> 42.</p> - -<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 17: Wavrain.—<i>Mss. A 11 14</i>: Wertain. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 19: riens dehors.—<i>Ms. de Rome</i>: reserv le -chastiel de Bouchain, qui ne fust tout ars et mis seqution, ne -nuls ne lor ala au devant. Les bonnes gens du pais d'Ostrevant -estoient retrait en Valenchiennes, et l avoient amen une partie -de lors biens, et les bestes cachies ens s bois, ou fait venir ens -s praieries de Valenchiennes et de Condet, et l les tenoient -pour eslongier lors ennemis. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 20: Bouain.—<i>Mss. A 8 17, 34 36</i>: Bouhaing. -F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 24: cinq cens ou six cens.—<i>Ms. d'Amiens</i>: trois -cens ou quatre cens. F<sup>o</sup> 42.</p> - -<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 2: Here.—<i>Mss. A 8 10, 15 17</i>: Hette. -F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 2: Fenain.—<i>Mss. A 1 7, 11 14, 18 36</i>: -Sonnain, Sonnent, Senaing, Senain. F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 8 10, -15 17</i>: Fenain, Fenaing. F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 3: Mauni.—<i>Mss. A</i>: Wargni.</p> - -<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 3: Aubrecicourt.—<i>Ms. d'Amiens</i>: .... Buignicourt, -Maucicourt,... Rouvegny,... Noefville. F<sup>o</sup> 42.</p> - -<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 7: Bouain.—<i>Mss. A 8 17, 34 36</i>: Bouhaing. -F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 20: plus pris.—<i>Ms. de Rome</i>: une lieue en sus -de l. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 23: sires.—<i>Ms. de Rome</i>: quoique la ville (de -Landrecies) et Avesnes fuissent au conte de Blois. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_212"> 212</a></span> -P. <a href="#Page_22">22</a>, l. 14: Coulongne.—<i>Ms. de Rome</i>: et en estoit capitainne -uns esquiers qui se nonmoit Albrest Qose, de Coulongne. -F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_22">22</a>, l. 25 et 26: li sires de Bousies, Gerars de Mastain et -Jehans de Mastain.—<i>Ces Chevaliers ne sont dnomms que dans les -mss. B et A 7 10, 15 17.</i></p> - -<p>P. <a href="#Page_22">22</a>, l. 32: si dur.—<i>Ms. de Rome</i>: que la proie fu rescouse, -et Albrest pris et auquns des aultres, et chil qui se sauvrent -furent cachiet jusques ens s portes de la Malemaison. Si -raportrent li compagnon le signeur de Potelles tout mort Landrechies. -Depuis fu il envoiis Valenchiennes sus un char et en -un linsiel, et ensepvelis en l'eglise des Cordeliers de Valenchiennes. -Ensi se portent les aventures d'armes. Tels se lieuve au -matin, qui ne scet qu'i(l) li avenra. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 107.</b> P. <a href="#Page_23">23</a>, l. 8: Bohain.—<i>Mss. A 23 29</i>: Bouchain. -F<sup>o</sup> 68.</p> - -<p>P. <a href="#Page_23">23</a>, l. 8 et 9: Chastiel en Cambresis.—<i>Ms. d'Amiens</i>: -de Biauvoir et de Sierain, et tint bien et francement le fortrche -contre lez Franchois. Or parlerons dou duc de Normendie coument -il vint asegier Thun l'Evesque seant sus Escaut. F<sup>o</sup> 42 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_23">23</a>, l. 10: li Haynuier.—<i>Ms. de Rome</i>: Et cevauoient -moult souvent li Hainnuier sus ceuls de Bohain et de la Malemaison; -une fois gaegnoient et l'aultre perdoient: ensi estoit tous -li pais entouellis. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 108.</b> P. <a href="#Page_24">24</a>, l. 10: remoustroient.—<i>Ms. B 6</i>: que le -conte de Haynau et ses gens avoient fait plus de damaige au pais -de Cambresis et le cit de Cambray que ne fist le roy d'Engleterre. -F<sup>o</sup> 147 et 148.</p> - -<p>P. <a href="#Page_24">24</a>, l. 13 et 14: au ravoir.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et il aroit -fait ung biau voiaige, car il avoit villainnement ars et escaudet -le contet de Haynnau. F<sup>o</sup> 42 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_24">24</a>, l. 18: Vermendois.—<i>Ms. de Rome</i>: en Amiennois, -en Bar et en Lorrainne. F<sup>o</sup> 60.</p> - -<p>P. <a href="#Page_25">25</a>, l. 3: des quelz.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Jehans de Mastaing, -Bridouls de Thians, Thieris et Hostelars de Soumaing, Gilles Moriaux -de Lestinnes, Hues d'Aunoit, Sandrais d'Esquarmaing. -F<sup>o</sup> 43.</p> - -<p>P. <a href="#Page_25">25</a>, l. 6: et Thieris.—<i>Ms. de Rome</i>: Jehans de Mauni et -<span class="pagenum"><a id="Page_213"> 213</a></span> -Tieris son frre, qui chapitainne en estoient, se reconfortoient en -ce que il estoient bien pourveu, et aussi que lors sires li contes -de Hainnau queroit aide et aliances partout, et que de poissance -li siges seroit levs. Si ne se esbahirent point li Hainnuiers, quoi -que li enghien jetaissent continuelment, qui lor rompirent tous les -tois dou dit manage.</p> - -<p>Ce sige estant devant Thun l'Evesque, chil de la garnison de -Bouchain issirent une fois hors, et vinrent au matin cevauchier -jusques Esqerchin, et trouvrent les honmes en lors lis, et -prissent desquels que il vodrent. Et puis se missent au retour et -boutrent le feu en Esqerchin et ardirent Lambres et les fourbours -de Douai et tout ce qui de France se tenoit, et rentrrent dedens -la garnison de Bouchain, sans prendre nul damage. Ensi couroient -les garnisons, l'un sus l'autre, et faisoient les armes.</p> - -<p>Chil de la cont de Hainnau s'esmervilloient trop fort que lors -sires estoit devenus, car il n'en ooient nulles nouvelles. Et en -parloient li chevalier et li esquier et li consaus des bonnes villes - messire Jehan de Hainnau, et li disoient: Sire, c'est trop mal -fait que vous n'envoiis plus especiaulment deviers nostre signeur -le conte, par quoi il soit bien acertes segnefiis de l'estat de son -pais. Il i a j plus de siis sepmainnes qu'il se parti, et si n'en ot -on nulles nouvelles. Se vous les avs, si n'en avons nous nulle -congnissance. Mesires Jehans de Hainnau respondoit ces paroles -et disoit: Il n'a pas tenu en ma negligense que je ne -m'en soie bien acquits. Monsigneur de Hainnau a est en Engleterre, -et li a li rois d'Engleterre fait trs bonne chire et li a -proumis, selonch che que il m'a escript et segnefiiet par ses lettres, -que il sera dedens le jour Saint Jehan, poissance de gens -d'armes et d'archiers, en la ville de l'Escluse. Et sur ce monsigneur -mon cousin est departis d'Engleterre, et monta en mer -Orvelle l o il ariva qant il vint ou pais, et a pris terre Dourdresc -en Hollandes. Et tous enfourms de l'estat de son pais, et -pour resister l'encontre de la poissance dou duch de Normendie -et des Franois, il est als deviers le roi d'Alemagne au seqours, -et semonre tous les aloiis. Et temprement vous le vers -revenu en ce pais, et gens d'armes pooir avoecques li. F<sup>o</sup> 60.</p> - -<p>P. <a href="#Page_25">25</a>, l. 30: ne l'estoient.—<i>Ms. d'Amiens</i>: il devoient -rendre le fortrche et yaux partir simplement sans riens porter -dou leur. Et de ce livrrent il deus escuiers gentil hommes hostages, -pour mieux le duch acouvenenchier. F<sup>o</sup> 43.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_214"> 214</a></span> -P. <a href="#Page_26">26</a>, l. 1: acorda.—<i>Ms. de Rome</i>: Li auqun, qui consideroient -le dangier o li Hainnuier estoient, opposoient au treti -et disoient: Pourquoi lor donroit on jour? Il ne se pueent plus -tenir. Le chastiel est nostre, se monsigneur le voelt avoir et nous -aussi. Nequedent toutes ces paroles remoustres, li dus de Normendie -s'inclina douour, non rigeur, et entendi lor tretti. -Et i furent recheu, et livrrent plges Gillion de Soumain et -Tieri de Soumain son frre, Robert de Villers et Hueon d'Aunoit. -Et cessrent li enghien, et se rafresqirent li compagnon, -pour lors deniers, de vivres et de vins, et vinrent en l'oost veoir -le duch qui les vei volentiers, et lor fist donner de son vin bien -et largement. Et l avoit dedens la forterce une damoiselle gentil -fenme, qui enclose s'i estoit pour l'amour de son ami Jehan -de Mauni, et se nonmoit Kateline de Wargni, et estoit des damoiselles -de l'abeie de Denain. Et estoit si enchainte que sus ses -jours, et moult avoit est destourbe et travillie dou ject des pires -des enghiens, tant que tout li compagnon en avoient eu grant -pit. Si fu mene sauvet Bouchain, et en fu grant nouvelle -en l'oost des Franois, car par lor dangier et congiet, le couvint -passer et aler en la garnison de Bouain. F<sup>o</sup> 60.</p> - -<p>P. <a href="#Page_26">26</a>, l. 7: par le trettiet devisant.—<i>Mss. A 1 6, 11 -14, 18 22</i>: pour le traittiet devisier. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_26">26</a>, l. 9: son neveu.—<i>Ms. d'Amiens</i>: qui moult s'esmervilla -dou conte son nepveult qui tant demouroit. Et l'avoit j remandet -par pluiseurs messaiges, et li avoit escript et contenut -veritablement l'arsin et le doummaige que ses pays avoit recheus, -dont li comtes n'estoit mies plus liz, et metoit paynne son retour - revenir hasteement, et aqueroit amis de tous costz. F<sup>o</sup> 43.</p> - -<p class="space"><b> 109.</b> P. <a href="#Page_26">26</a>, l. 22: de Byaumont.—<i>Ms. de Rome</i>: et de -Chimai. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_26">26</a>, l. 27 et 28: amendet.—<i>Ms. de Rome</i>: et avoit esploiti -et avanchi ses besongnes que toutes gens d'armes d'Alemagne, -liqel estoient aloiiet et ahers en la gerre avoecques le -roi d'Engleterre, le sievoient et par l'ordenance et conmandement -de Lois le Baivier, roi d'Alemagne et empereour de Ronme. -F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 11: arroy.—<i>Ms. d'Amiens</i>: touttes ses os de -Haynnau, de Hollande, de Zellande. F<sup>o</sup> 43.—<i>Ms. B 6</i>: Sy avoit -en l'ost du dit conte plus de cent milles testes armes. F<sup>o</sup> 149.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_215"> 215</a></span> -P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 13: Nave.—<i>Ms. de Rome</i>: et s'en vint passer -Haspre, et vint Nave et Iwis. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 19: Ligne.—<i>Mss. A 15 17</i>: Ligny. F<sup>o</sup> 60.</p> - -<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 19: Barbenon.—<i>Mss. A 15 17</i>: Barbentoing. -F<sup>o</sup> 60.</p> - -<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 20: Lens.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22</i>: Leul, -Lueul, Lueil. F<sup>o</sup> 60.</p> - -<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 20: Bailleul.—<i>Ms. et Amiens</i>: li sires de Moriaums. -F<sup>o</sup> 43.</p> - -<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 21: de Mons.—<i>Ms. d'Amiens</i>: li sires de Faignuelles,... -li sires de Jeumont, li sires de Solre, li sires de Boussut,... -li sires de Vendegies,... li sires d'Aubrecicourt, li sires de -Berlaimont,... li sires de Pottes,... li sires de Ranpemont, li sires -de Buillemont, li sires de Ville. F<sup>o</sup> 43.</p> - -<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 21 et 22: li sires de Montegni.—<i>Ms. d'Amiens</i>: -li sires de Montegni en Ostrevant,... li sires de Montegny Saint -Chrestofle. F<sup>o</sup> 43.</p> - -<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 22: Marbais.—<i>Mss. A 1 7, 11 14, 18 33</i>: -Barbais. F<sup>o</sup> 60.</p> - -<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 27: Biauriu.—<i>Mss. A 1 6, 11 14</i>: Beaugeu. -F<sup>o</sup> 60.</p> - -<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 29 et 30: Guillaumes de Namur.—<i>Ms. de Rome</i>: -Jehans de Namur. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 32: de Braibant.—<i>Ms. de Rome</i>: Li dus de Braibant -fu li darrain venans et amena bien siis cens lances. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 32: six cens.—<i>Mss. A 11 14</i>: sept cens. -F<sup>o</sup> 58.</p> - -<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 1: Guerles.—<i>Ms. d'Amiens</i>: quatre cens lanches. -F<sup>o</sup> 43.—<i>Ms. de Rome</i>: bien trois cens lances de Guerlois. -F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 1: de Jullers.—<i>Ms. d'Amiens</i>: trois cens lanches. -F<sup>o</sup> 43.—<i>Ms. de Rome</i>: et li contes des Mons bien cinq -cens lances. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.—<i>Les marquis de Julliers, de Meissen et -de Brandebourg ne sont dnomms que dans les mss. B.</i></p> - -<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 2: et d'Eurient.—<i>Ms. de Rome</i>: deus cens lances. -F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 2: de Blankebourch.—<i>Ms. d'Amiens</i>: deus cens -lanches. F<sup>o</sup> 43.</p> - -<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 3: des Mons.—<i>Ms. d'Amiens</i>: li comtes des Mons -et li comtes de Clves cent lanches. F<sup>o</sup> 43.—<i>Ms. de Rome</i>: -<span class="pagenum"><a id="Page_216"> 216</a></span> -li contes de Jullers et li contes des Mons bien cinq cens lances. -F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 3: de Faukemont.—<i>Ms. d'Amiens</i>: cinquante lanches. -F<sup>o</sup> 43.—<i>Ms. de Rome</i>: bien cent lances. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 4: de Bakehen.—<i>Ms. de Rome</i>: bien cent lances. -F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 6 et 7: d'Escaut.—<i>Ms. de Rome</i>: entre Cambrai -et Nave. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 110.</b> P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 13: Nave et Yvuis.—<i>Ms. de Rome</i>: deus -villages les plus proains de Thun l'Evesque. F<sup>o</sup> 61.</p> - -<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 20: douze.—<i>Ms. d'Amiens</i>: trois mille. F<sup>o</sup> 43.</p> - -<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 29: si poissamment.—<i>Ms. de Rome</i>: En l'oost le -conte de Hainnau avoit vingt chinq cens hiaumes. Et vinrent les -communauts de Brousselles, de Louvain et de Malignes. Et vint -Jaquemes d'Artevelle et amena de Flandres bien soissante mille -honmes, et passrent par Audenarde et par Renais et par Leuse -et par Condet et par Valenchiennes. Et tout se logirent devant -l'oost le duc de Normendie. Et estoient en l'oost le conte de Hainnau -plus de cent mille honmes. F<sup>o</sup> 61.</p> - -<p>P. <a href="#Page_29">29</a>, l. 2 et 3: delivret.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et encorres duroient -lez trieuwes entre yaux et chiaux de l'ost de Franche. -Si envoiirent un hirault deviers le duc de Normendie, en -lui priant que leurs hostaiges il pewissent ravoir, Jehan de Nordvich, -un engls et Gillion de Biaurieu. Li dus, qui fu bien consilliz, -les renvoya, car il n'avoit nul cause dou tenir. F<sup>o</sup> 43.</p> - -<p>—<i>Ms. de Rome</i>: Or i ot manire ravoir les quatre esquiers -ostagiers que chil de Thun l'Evesque avoient delivr au duch de -Normendie. Li contes de Hainnau, qui chis estoit de toute cel -hoost, qant il fu bien consillis, envoia un hiraut deviers le duc de -Normendie, qui li remoustra conment chil dou chastiel de Thun -avoient bien tenu leur couvenance, et que dedens les quinse jours -que mis i avoient, secours lor estoit venus, pour quoi ils voloient -ravoir lors ostages. Et en oultre mandoit li contes de Hainnau, se -li dus de Normendie et li Franois voloient avoir la bataille, il -estoient tout apparilliet que pour le livrer et le faire. Li consauls -dou duch de Normendie respondi ce et dist que, des ostages -renvoiier, il estoient consilliet que il les renvoieroient volentiers, -car voirement il n'avoient nulle cause dou retenir; mais tant que -d'acorder la bataille, il n'avoit pas mis encore son consel ensamble, -<span class="pagenum"><a id="Page_217"> 217</a></span> -et que il en aueroit avis de respondre. Li hiraus retourna sus -ce et fist sa response. Li ostage furent renvoiiet, et demora li -chastiaus de Thun l'Evesque ensi tous deschirs. Li Hainnuier -n'en fissent compte, mais il tinrent grant vaillance ce que Richars -de Limosin et li enfant de Mauni l'avoient si bien tenu contre -les Franois. F<sup>o</sup> 61.</p> - -<p>P. <a href="#Page_29">29</a>, l. 3: le quatrime jour.—<i>Mss. A 11 14</i>: le sixime -jour. F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_29">29</a>, l. 15: dou chastiel.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et au partir il -boutrent le feu en le tour dou castiel de Thun o si longhement -il s'estoient tenut. Si vinrent messires Richiers de Limozin et li -enfant de Mauny et li autre compaignon en le tente dou comte de -Haynnau. F<sup>o</sup> 43.</p> - -<p class="space"><b> 111.</b> P. <a href="#Page_30">30</a>, l. 20: combatre.—<i>Ms. de Rome</i>: Et le faisoient -li Franois tout volentiers pour faire le conte de Hainnau -aleuer son argent, et li bouter en une grande debte encontre les -Alemans qui ne sont pas trop legier rapaisier. F<sup>o</sup> 61.</p> - -<p>P. <a href="#Page_30">30</a>, l. 21: hastieux.—<i>Ms. d'Amiens</i>: ms s'il passoit -l'Escault, il fust tous seurs qu'il seroit combatus. F<sup>o</sup> 43 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_30">30</a>, l. 31: sages.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et si avoit li comtes -sa fille. F<sup>o</sup> 43 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_31">31</a>, l. 32: faisoient.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et tout enssi -comme en l'ost haynuier, on se demenoit par conssaux sus l'entente -de combattre ou de non, ossi en l'ost de France on se -consilloit et avisoit coumment et par honneur on se maintenroit. -Bien disoient li pluiseur grant signeur de Franche que li dus -gisoit l se honneur, car il avoit chevauchiet en Haynnau, ars -et essilliet le pays et courut devant lez fortrches, et demouret -ung jour tout entier devant le milleur ville de Haynnau et courut -et ars jusquez as bailles, et puis assegiz deux castiaux propisses - Haynnau et trop ennemis au royaume et Cambresis, et ces -deux castiaux pris et abatus. Et encorres sont il devant leurs -ennemis, qui pas ne leur veeroient faire ung pont, se faire le -volloient, fors tant que li Haynuier et li aloiiet sont maintenant -trop plus fort et plus grant nombre de gens que li Franchoix. -Si lez fet bon tenir en cel estat, car li comtes de Haynnau gist -l grant fret, et tellement s'endebtera deviers ces Allemans que -jamms ne s'en vera quittes ne delivrs, quoy qu'il mande ne -qu'il se demainne. Se ne li acordz nulle journe. Enssi ou -<span class="pagenum"><a id="Page_218"> 218</a></span> -auques pris estoient li parlement de France, si comme j'oy -recorder depuis deux grans barons de Franche qui y furent, -monseigneur de Montmorensi et monseigneur de Saint Venant. -F<sup>o</sup> 43 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 112.</b> P. <a href="#Page_32">32</a>, l. 1: Haynau.—<i>Ms. d'Amiens</i>: liquelx li -looit bien combattre et venir passer l'Escault Bouchain et -une autre petitte rivierre qui descent d'amont, que on ne poet -passer gu, qui vient de Oizi en Cambresis et de Alues en -Pailluel. L falloit leur pourpos, car se il avoient passet l'Escaut - Bouchain, se leur couvenroit faire un pont sus ceste autre -rivire. F<sup>o</sup> 43 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_32">32</a>, l. 10: trois jours.—<i>Mss. A 1 6, 11 14</i>: jour de -respit. F<sup>o</sup> 61.</p> - -<p>P. <a href="#Page_32">32</a>, l. 15: troisime.—<i>Mss. A 1 6, 11 17</i>: quatrime. -F<sup>o</sup> 61 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_32">32</a>, l. 16: chevaliers.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et fist armer deux -chevaliers avoecq lui et trois escuiers. Et montrent li chevalier -sus courssiers, et li escuier sus bons ronchins. F<sup>o</sup> 44.</p> - -<p>P. <a href="#Page_32">32</a>, l. 17 et 18: devant.—<i>Mss. A 11 14</i>: et un aultre -chevalier qui portoit son pennon devant lui, montez sur bons -coursiers. F<sup>o</sup> 59.</p> - -<p>P. <a href="#Page_32">32</a>, l. 25: Haynau.—<i>Ms. d'Amiens</i>: par son tourniquiel -et ung pignon qu'il faisoit porter de ses armes devant lui. F<sup>o</sup> 44.</p> - -<p class="space"> <b> 113.</b> P. <a href="#Page_34">34</a>, l. 7: Edouwart.—<i>Ms. de Rome</i>: Li rois -Edouwars d'Engleterre avoit, tout l'ivier et le temps, entendu -ses besongnes et priiet chevaliers et esquiers en son pais et -quelliet, par priire et par ordenance de don que son peuple li -avoit fait bon une aide moult grose, grant argent, car il esperoit -que sus l'est il feroit un grant fait; et sus cel estat, il estoit -departis des Alemans. Et avoit li dis rois d'Engleterre fait ses -pourveances moult grandes et moult groses sus la rivire de -la Tamise en la chit de Londres; et l avoit fait son mandement -et assambl grant fuisson de nobles, chevaliers et esquiers -et archiers.</p> - -<p>Qant tout fu prest, et la navie cargie, li rois d'Engleterre -entra en son vassiel. Toutes ses gens entrrent et montrent, -ensi que ordonn estoit, et se desancrrent dou qai de Londres, -et singlrent aval la Tamise et vinrent de celle mare devant -<span class="pagenum"><a id="Page_219"> 219</a></span> -Gravesaindes; de la seconde mare, devant Mergate, et puis entrrent -en mer; et pooient estre environ siis vingt vassiaus, nefs, -balengiers et passagiers, quatre mille honmes d'armes, chevaliers -et esquiers et douse mille archiers. Et avoient li rois et ses gens -la mer et le vent pour euls, et nagirent pooir viers la ville de -l'Escluse en Flandres. Et ne savoient riens les Englois des Normans -qui se tenoient devant l'Escluse bien quarante mille, et -atendoient le retour et venue dou roi d'Engleterre. Bien savoient -les Englois que les Normans esqumeurs estoient sus la mer, ms -il ne les quidoient pas trouver l'Escluse. Et tout che lor faisoit -faire li rois de France qui lor voloit brisier lor voiage.</p> - -<p>Et estoient li Normant, parmi les Geneuois et Piqars, bien quarante -mille honmes, desquels mesires Hues Qiers d'Amiennois, -Barbevaire et Bahucs estoient chis. Et avoient bien deux cens -vassiaus parmi ceuls des pourveances, et avoient ensi que assis -la ville de l'Escluse; et n'i pooit nuls entrer ne issir, fors par -lor congiet. Or avint que, la vegille de la Saint Jehan Baptiste -que on compta pour lors en l'an de grasce Nostre Signeur mille -trois cens et quarante, li rois d'Engleterre et sa navie vinrent -devant l'Escluse, c'est entendre pour prendre port et terre -pris de Blanqueberghe, deus lieues de l'Escluse, et trouvrent -la navie des Normans. Des mas qui drecoient contre mont, ce -sambloit uns grans bois. Qant li rois d'Engleterre et les Englois -orent congnissance que li Normant estoient devant l'Escluse, et -ne pooient prendre terre fors par lor dangier, si jettrent lors -ancres, et se tinrent tout quoi pour entendre lors besongnes -et ordonner lors batailles. Lors fist li rois d'Engleterre pluisseurs -chevaliers nouviaus, car bien veirent generaument que combatre -les couvenoit. Qant la mer fu revenue, il desancrrent et ordonnrent -tous lors vassiaus; et missent les plus fors devant, et -les armrent et pourveirent d'archiers. Entre deus nefs d'archiers -avoit une nef de gens d'armes. F<sup>o</sup> 61.</p> - -<p>P. <a href="#Page_34">34</a>, l. 12: par mer.—<i>Ms. d'Amiens</i>: bien quatre -mille hommes d'armes et douze mille archiers. F<sup>o</sup> 44.</p> - -<p>P. <a href="#Page_34">34</a>, l. 13: vaissiaus.—<i>Ms. B 6</i>: tout quatre mille -hommes d'armes et huit mille archis. F<sup>o</sup> 151.</p> - -<p>P. <a href="#Page_34">34</a>, l. 16: se tenoient.—<i>Ms. B 6</i>: devant l'Escluse, -entre Blancqueberge et Quaisant. F<sup>o</sup> 151.</p> - -<p>P. <a href="#Page_34">34</a>, l. 18: sept vingt.—<i>Ms. d'Amiens</i>: cent. F<sup>o</sup> 44.—<i>Mss. -A 1 6</i>: six vingt. F<sup>o</sup> 59.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_220"> 220</a></span> -P. <a href="#Page_34">34</a>, l. 20: quarante mille.—<i>Ms. B 6</i>: Et estoient plus -de quarante mille hommes, Gheneuois, Normans et Picars, tout -escumeurs de mer. F<sup>o</sup> 151.</p> - -<p>P. <a href="#Page_35">35</a>, l. 5: vassiel.—<i>Ms. d'Amiens</i>: qui tant li avoit coustet -au faire. F<sup>o</sup> 44.</p> - -<p>P. <a href="#Page_35">35</a>, l. 20: temps.—<i>Ms. d'Amiens</i>: j par le tierme de -deus ans et plus. F<sup>o</sup> 44.</p> - -<p>P. <a href="#Page_35">35</a>, l. 21: trois cens.—<i>Mss. A 11 14</i>: quatre cens -hommes d'armes et huit cens archiers. F<sup>o</sup> 60.</p> - -<p class="space"> <b> 114.</b> P. <a href="#Page_35">35</a>, l. 25: Quant.—<i>Ms. de Rome</i>: Qant tout furent -ordonn, li vassiel le roi d'Engleterre aprochirent. Che estoit -biauts et grant plaisance au veoir ces banires et ces estramires -armoiies des armes des signeurs. Et ce que li Normant moustrrent, -il desiroient avoir la bataille as Englois. Car, si tretos -que il les veirent aprochier, il avoient croisiet tous lors vassiaus, -il traisent les ancres mont, et laissirent les voilles aler, et s'en -vinrent tout de grant volent sus la navie des Englois. Et ordonnrent - aler tout devant <i>Cristofle</i>, le grant vassiel, lequel -en celle meisme ane il avoient conquis sus les Englois. Qant -Englois et Normans s'encontrrent, il i ot grant hustin; et -l'entrer l'un dedens l'autre, il abaisirent tous lors voilles.</p> - -<p>Ou grant vassiel de <i>Cristofle</i> qui se remoustroit desus tous les -aultres, avoit bien quatre cens geneuois arbalestriers, liquel conmenchirent - traire moult roit et moult dur l'aprocier. Li -Englois recongneurent bien que c'estoit <i>Cristofle</i>, le vassiel qui -avoit est conquis sus euls. Si furent plus desirant dou reconquerre, -et l'environnrent de tous ls. Et conmenchirent archier - traire de grant randon, et aprochier ce vassiel <i>Cristofle</i> et -les Geneuois qui dedens estoient. Vous savs que archier de l'arc - main sont trop plus isniel que ne soient arbalestrier. Chil archier -d'Engleterre, par ouniement traire fort et roit, ensonniirent -tellement ces Geneuois que il furent mestre et signeur de euls, -et entrrent dedens <i>Cristofle</i> et le conquissent, et missent mort -et bort tous les Geneuois que il i trouvrent. En ce vassiel -pooient bien mille honmes. Tantos il fu pourveus d'archiers et de -gens d'armes, liquel portrent grant contraire as aultres.</p> - -<p>Li rois d'Engleterre, li contes de Pennebruq, li contes de -Houstidonne et leur bataille bien ordonne et acompagnie de -gens d'armes et d'archiers, avoient asambl l o mesires Hues -<span class="pagenum"><a id="Page_221"> 221</a></span> -Quiers et Bahucs estoient, bien acompagnis aussi de Normans -et de Geneuois. Et l fu la bataille trs grande et trs perilleuse; -car chil Normant et chil Geneuois estoient tout esqumeur et -coustumier de la mer, et trop bien en pooient la painne, car en -tout lor vivant il n'avoient fait aultre cose que poursievir les -aventures d'armes sus la mer. Aussi au voir dire, Englois sont -bonnes gens de mer, car il en sont fait et nourri, et trop bien -en pueent la painne. C'est trop dure bataille sus mer, et trop -perilleuse, car il fault atendre l'aventure, ne on ne poet fuir.</p> - -<p>Ceste bataille dont je vous parole, fu durement bien combatue -et longement dura; et conmena la nuit de la Saint Jehan Baptiste -au matin, ensi que huit heures; mais elle dura jusques -cinq heures apris nonne, et que la mer fu rale et revenue. -Considers se l, en ce terme et espasce, il n'i peurent pas avenir -des grans fais d'armes: oil, car il estoient tout resvilli et ordonn - ce faire, tant li Englois conme li Normant. F<sup>o</sup> 61 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_36">36</a>, l. 12: devant.—<i>Ms. d'Amiens</i>: bien pourveu d'artillerie -et d'arbalestriers. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_36">36</a>, l. 13: dedens.—<i>Ms. d'Amiens</i>: ou plus parfont pour -mieux combattre. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_36">36</a>, l. 16: ennemis.—<i>Ms. d'Amiens</i>: mout fierement et -moult asprement l traioient li arbalestrier normant et jeneuois -trs roit et trs vigereusement, et li archier d'Engleterre ossi -mout songneusement. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_36">36</a>, l. 21: hardiement.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et bien le couvenoit, -car li Normant avoecques leurs ayewes estoient bien cinq -contre ung, et tout dur et gent de mer. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_36">36</a>, l. 26: combatre.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et entroient d'un -vaissiel en aultre li plus legier et vigereux, et li plus batillrent -l. Se combatoient li aucun, main main, as espies et as haches, -as espois et as daghes, et luttoient et fesoient merveilles de -belles appertises d'armes. L crioient li Engls: Saint Jorge! -Giane! et trop bien assalloient et deffendoient. Et li Normant -crioient: Franche! et ossi trop bien se combatoient. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 115.</b> P. <a href="#Page_37">37</a>, l. 5: horrible.—<i>Ms. de Rome</i>: Et ce qui -donna trs grant avantage as Englois, ce fu que ens ou conmencement -de la bataille, il conquisent <i>Cristofle</i> le grant vassiel; et -qant il l'orent conquis, il le pourveirent d'archiers, et i en i entra -plus de mille. Et chil archier avoient trs grant avantage de -<span class="pagenum"><a id="Page_222"> 222</a></span> -traire au lonc et de ensonniier Normans, liquel n'estoient pas de -si grant valleur as armes, ne de deffense conme estoient les gens -d'armes d'Engleterre.</p> - -<p>Pour lors li rois d'Engleterre estoit en la flour de sa jonce, et -point ne s'espargnoit, mais s'aventuroit en la bataile aussi aventureusement -conme nuls de ses chevaliers, et moustroit bien en -faisant armes que la besongne estoit sienne. Li rois estoit en un -vassiel moult fort et moult biel qui avoit est fais, ouvrs et carpents - Zandvich, et estoit arms et pars de banires et d'estramires -trs rices, ouvres et armoiies des armes de France et -d'Engleterre esquarteles; et sus le mast amont avoit une grande -couronne d'argent dore d'or, qui resplendisoit et flambioit contre -le solel. D'encoste le roi estoient li contes Henri Derbi, son -cousin germain, li contes de Norhantonne et li contes de Herfort, -et avoit quatre chevaliers ses cambrelens, mesires Jehans Candos, -mesire Richars La Vace, messire Richars de Pennebruge et mesire -Richars Sturi, tout quatre honmes de grant vaillance. Les -nefs estoient acroqies et atachies les unes as aultres, et ne se -pooient departir. Et l avoit dure bataille, et dedens les nefs fait -tamainte apertise d'armes. Finablement li Englois obtinrent la -mer et la place. Et furent chil esqumeur normant, piqart, geneuois, -bidau et prouvenciel desconfi; et trop petit s'en sauvrent, -car la desconfiture il ne porent. Cause pourquoi, je le -vous dirai.</p> - -<p>Les Englois en venant les avoient enclos entre euls et l'Escluse. -Se ne pooient requler, fors sus lors ennemis, ne aler -avant, ne rompre la navie d'Engleterre qui avoient propris tout -le pasage de la mer. Chil et auqun, qui se quidirent sauver pour -venir l'Escluse, furent mort davantage; car li Flamenc, qui -avoient grant haine euls, pour tant que toute la saison il avoient -cuvriiet et heriiet le pasage l'Escluse, et rob et pilliet sus la -mer, et n'avoient eu cure qui, les tuoient otant bien sus la -terre que en la mer, et n'en avoient nulle pit. Et vinrent l, que -de Bruges, que de Ardenbourc, que de Otebourch, de Blanqueberghe -et dou Dam, l'Escluse, plus de huit mille honmes qui rafresqirent -grandement les Englois et parfissent la desconfiture des -Normans. Barbevaire fu mors et jets de son vassiel en la mer. -Aussi mesires Hues Qirs ot la teste cope sus le bort de une nef -et (fu) reverss en la mer. Bahucs fu pris en vie; et pour tant -que il avoit est tous jours fors lerres et robres sus la mer, li -<span class="pagenum"><a id="Page_223"> 223</a></span> -amirauls de la mer d'Engleterre le fist sachier amont une polie -et pendre un mas et estrangler.</p> - -<p>P. <a href="#Page_37">37</a>, l. 15: nonne.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et dura la bataille de -l'heure de primme jusquez releve. Et adonc vinrent grant gent -de Flandres, car trs le matin li bailliux de l'Escluze l'avoit fet -segnefiier Bruges et s villes voisinnes. Si estoient les villes -touttes esmutes et acourutes piet et cheval et par le Roe, -cheminans qui mieux mieux pour aidier les Engls. Et s'asamblrent - l'Escluse grant cantit de Flammens, et entrrent en nefs -et en barges et en grans vaissiaux espagnols, et s'en vinrent jusquez - le bataille tout fresk et tout nouviel, et grandement reconfortrent -les Engls. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_37">37</a>, l. 24: Derbi.—<i>Ms. d'Amiens</i>: .... li evesques de -Lincolle,... li comtes de Norhantonne,... li sires de le Ware, -messires Loeys de Biaucamp, messires Guillaume Filz Warine, -li sires de Basset,... li sires de Luzi, messires Guillaume de Windesore, -messires Thummas de Hollandes, messires Richars de -Pennebruge,... li sires de Ponchardon, messires Niel Lornich, -messires Olivier de Clifort, messires Henris de Biaumont, messires -Francques de le Halle, li sires de Ferires, li sires Despenssier.... -F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 2: Brasseton.—<i>Mss. A 8 10</i>: Buisseton. F<sup>o</sup> 58.—<i>Mss. -A 23 29</i>: Barsseton. F<sup>o</sup> 72 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 9: vassaument.—<i>Ms. d'Amiens</i>: avoecq l'ayde de -leurs archiers. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 9: secours.—<i>Ms. B 6</i>: A ceste desconfiture parfaire -vinrent les Flamens du Francq de Bruges, de Noefport et -du pays environ, qui grandement aydrent le roy d'Engleterre et -le rafresqirent en sa bataille: laquelle bataille fu l'an de grace -Nostre Seigneur mil trois cens et quarante, le nuit Saint Jehan -Baptiste. F<sup>o</sup> 149.</p> - -<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 11: Et furent.—<i>Ms. B 6</i>: Et furent tout ces Normans -et leur sexte desconfis, mors ou noiis, et messires Hues -Kiers et Bahucs leur patron mors et mis bort. Sy se sauva -Barbenaire, Marans et Mestriel; et entrrent en une barge quant -il virent le desconfiture. Che fu une moult belle journe pour le -roy d'Engleterre, car il mist l fin plus de quarante mille hommes -qui tant avoient fait de mal sur la mer que sans nombre; -ne il n'estoit nul marchans qui devant ceste bataille osast aler -sur mer. F<sup>o</sup> 149.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_224"> 224</a></span> -P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 13: noiiet.—<i>Ms. d'Amiens</i>: except Barbevaire et -Maraut qui se sauvrent. Car, quant il virent le desconfiture, il -entrrent en une barge et fissent tant par rivier qu'il yssirent de -le bataille et eslongirent les perilx qui moult grant y estoient -entre leurs gens, car on n'en prendoit nul merchit, ms les -mettoit on tous bort. L furent mort messires Hues Kiers et -messires Pierres Bahucs et bien quarante mille saudoiiers, normans, -pikars, geneuois, bretons, bidaus et gens de touttes queilloites. -Ceste bataille fu en l'an de grace Nostre Seigneur mil trois -cens quarante, le jour devant le vegille Saint Jehan Baptiste. -F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 14: mis (mort).—<i>Mss. A 7 10, 15 17, 23 -33</i>: mis bort. F<sup>o</sup> 58.—<i>Mss. A 1 6, 18 22</i>: perilz et -noys. F<sup>o</sup> 63.—<i>Mss. A 11 14</i>: mors et noyez et mis au bort. -F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 19: resjoy.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Adonc dist li dus de -Braibant que ses pourpos estoit averis et que une autre foix il -fuist mieux creux et que ses cousins li rois engls, puisqu'il estoit -dech le mer, lez ensonnieroit temprement, et que bon seroit de -l'aller vers lui, ensi que on li avoit juret et proummis. L eurent -li seigneur qui avoecq le comte de Haynnau estoient, conseil et -advis que d'iaux deslogier le matin et de donner touttes mannierres -de gens congiet jusques adonc qu'il seroient semons et mandet -de par yaux ou nom dou roy engls, et que tout li cief des grans -seigneurs qui l estoient, se retraissent deviers le roy d'Engleterre -qui s'en venoit Gand. Donc fu criiet et nonchiet en l'ost -que chacuns devant soleil levant se deslogast. Ossi fu il enssi en -l'ost le roy de France, car environ mienuit li roys oy lez nouvelles -que sen arme sour mer estoit toutte perdue et desconfite, -et que nuls de vaille n'en estoit escapps, et estoit li roys engls -grant effort venus par dech le mer. De ces nouvelles fu li roys -de Franche moult courouchis, car il avoit eu grant fianche en -ces Geneuois et Normans que par yaus fuist li rois engls desconfis -sus mer et ses voiaiges rompus. De quoy pour le mautalent il -ordonna le matin deslogier et retraire vers Arras et illoecq -environ. Enssi furent departies ces deux os que vous m'os recorder, -de devant Thun, et requeillrent tentes et pavillons et misent - charoy. Et revint li comtes de Haynnau Vallenchiennes et l -amena le duc de Braibant, le duc de Gerlles, le comte de Jullers, -son serourge, le comte de Namur, le marquis de Blancquebourch, -<span class="pagenum"><a id="Page_225"> 225</a></span> -monseigneur Jehan de Haynnau son oncle, le marquis de Misse, -le seigneur de Fauquemont, Jaquemon d'Artevelle, et lez festia -et honnoura au mieux qu'il peult. Et cil dessus dit fissent leurs -gens tout bellement retraire et raller en leurs lieux. Et ossi li -roys de Franche se desloga ceste meysme matine et s'en vint -Arras, et ducs et comtes avoecq lui, et ne donna nullui congiet, -car il penssoit bien qu'il en aroit temprement affaire. Or revenrons -au roy d'Engleterre et coumment il se ordonna apris le -bataille qu'il eult entre Blancqueberghe et l'Escluze. F<sup>os</sup> 44 v<sup>o</sup> -et 45.</p> - -<p class="space"> <b> 116.</b> P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 26: nakaires.—<i>Mss. A 11 14</i>: tabours, -cornez et de toutes manires d'instrumens, telement que on n'i -ouist pas Dieu tonnant. F<sup>o</sup> 61.</p> - -<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 27: menestrandies.—<i>Ms. de Rome</i>: Et amenoit li -rois d'Engleterre en sa compagnie bien trois cens prestres, les -quels il avoit mis hors d'Engleterre, pour celebrer et faire l'office -de Dieu en Flandres. Car papes Clemens V[I], resgnans pour ce -temps, la requeste et ordenance dou roi de France, avoit jett -une sentense d'esqumenication par toutes les parties de Flandres. -Et n'estoit nuls prestres flamens, sus estre encourus en sentense -esqumenicative, qui osast canter ne faire le divin office, ou estre -privs de son benefisce, se il le tenoit. Et pour che, la requeste -et priire dou pais, avoit li rois d'Engleterre amen tant de prestres, -et pour faire canter en Flandres. F<sup>o</sup> 62.</p> - -<p>P. <a href="#Page_39">39</a>, l. 5: l'endemain.—<i>Ms. B 6</i>: Au tierch jour. -F<sup>o</sup> 150.</p> - -<p>P. <a href="#Page_39">39</a>, l. 10: sus le soir.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22</i>: -la nuit. F<sup>o</sup> 63.</p> - -<p>P. <a href="#Page_39">39</a>, l. 13: part.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et lez dammes ossi qui -estoient venues veoir et apasses le mer pour l'amour de le roynne -d'Engleterre qui estoit moult enchainte, et asss tost apris ajut -d'un biau fil, qui eut nom Jehans contre le duc Jehan de Braibant -qui le tint as fons. Et fu puis duc de Lancastre de par sa -femme ma damme Blanche, fille au duch Henri de Lancastre. -F<sup>o</sup> 45.</p> - -<p>P. <a href="#Page_40">40</a>, l. 4: li signeur.—<i>Ms. d'Amiens</i>: li dus de Braibant, -li comtes de Haynnau, li dus de Guerlles, li comtes de Jullers, -Jaquemes d'Artevelle, qui estoit tous sires et souverains des Flammens. -F<sup>o</sup> 45.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_226"> 226</a></span> -P. <a href="#Page_40">40</a>, l. 7: le sizime jour.—<i>Mss. A 1 7</i>: le huitime -jour. F<sup>o</sup> 63.</p> - -<p>P. <a href="#Page_40">40</a>, l. 18: lieu.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et li comtes de Haynnau -et messires de Biaumont, ses oncles, demeurrent dals le -roy et le roynne Gand. F<sup>o</sup> 45.</p> - -<p class="space"> <b> 117.</b> P. <a href="#Page_40">40</a>, l. 24: Quant.—<i>Ms. de Rome</i>: Le jour Saint -Jehan au matin, furent ces nouvelles sceues et publiies devant -Thun l'Evesque, tant en l'oost dou conte de Hainnau conme dou -duch de Normendie. Par aparant li Franois ne fissent point trop -grant compte de ces Normans, et dissent li auqun: On n'a riens -perdu, se chil esqumeur de mer sont mort et peri. Il n'estoient -que larron: il ne laisoient point de poisson venir par de de, nous -n'en poions point avoir pour euls. Li rois de France a lor mort -gaegniet deux cens mille florins. On lor devoit lors gages de quatre -mois, et si en est la mer delivre. Ensi, ne aultrement ne -les plaindoient moult d'onmes en l'oost le roi de France et le -duch de Normendie. Et li auqun disoient: Puisque li rois d'Engleterre -a eu celle premire aventure de desconfire les Normans -et les Geneuois, et que les victores le conmencent agratiier, il -en auera encores des aultres. Et bien le dist li rois Robers de -Cecille, de Naples et de Jherusalem, que li senglers de Windesore -ficeroit encores ses dens moult parfont ens s portes de Paris; et -chils Edouwars est li senglers de Windesore, ensi que dient les -prophesies de Merlin selonch le livre de Bructus.</p> - -<p>Le jour Saint Jehan Baptiste, en l'an de grasce desus dit, et -sus le point de neuf heures, issi li rois d'Engleterre de la navie -qui estoit l'ancre devant l'Escluse, et li signeur d'Engleterre -aussi; et vinrent en la ville de l'Escluse, et l furent recheu -grant joie. Et but et manga li rois un petit, et puis tout de piet -il vint Ardenbourc veoir le ymage de Nostre Dame, en cause -de devotion, et l fu tout le jour. Et l le vinrent veoir li bourgois -de Bruges qui lui recordrent des besongnes de Flandres, et -conment Jaquemes d'Artevelle, ses grans amis, estoit avoecques -le conte de Hainnau et le duch de Braibant et les Alemans, bien -soisante mille Flamens, l'encontre dou duch de Normendie logis, -et couroit renonme que il i aueroit bataille. Ces paroles entendi -li rois d'Engleterre volentiers, pour tant que d'Artevelle -estoit si bien en la grasce des Flamens que il les menoit o il -voloit. Si mist tantos li dis rois clers en oeuvre et messagiers, et -<span class="pagenum"><a id="Page_227"> 227</a></span> -escripsi au conte de Hainnau et ces signeurs le duch de Braibant, -le duch de Guerles, le conte de Jullers et tous les aultres, -son estat et la manire de l'estat et victore que il avoit eu sus mer - l'encontre des Normans. Et qant il ot fait ce pour quoi il estoit -venus Nostre Dame d'Ardenbourch, ils et auquns signeurs montrent -sus chevaus que on lor amena de Bruges, et cevauchirent -et vinrent Gant, et trouvrent madame la roine Phelippe, qui -nouvellement estoit releve d'un biau fil, liquels avait non -Jehans, contre le duch Jehan de Braibant, et puis fu dus de Lancastre.</p> - -<p>Li rois et la roine qui estoit logie l'abeie de Saint Pire se -conjoirent, ce fu raisons, ensi que gens qui s'entramoient grandement. -Si se tint l li rois et s'i rafresqi. Et aussi fissent li -signeur d'Engleterre et lors gens, et s'espardirent petit petit -parmi le pais de Flandres, ens s bonnes villes et aillours, et -estoient par tout conjoi et requelliet liement, car il paioient bien -tout ce que il prendoient.</p> - -<p>Qant li signeur d'Alemagne, qui gisoient devant Thun l'Evesque, -furent segnefiiet dou roi d'Engleterre que il estoit Gant, -et que l les atendoit, si en furent grandement resjoy, et orent -l consel l'un par l'autre que il se deslogeroient et iroient veoir -le roi Gant. Si se deslogirent et se departirent premierement -tantos les communauts de Flandres, de Hainnau et de Braibant, -et retournrent en lors villes. Ensi se desrompi ceste grande -assamble. Et li dus de Normendie se retraist en Cambrai, et -donna grant fuisson de ses gens d'armes congiet, et les envoia -par garnisons, et par especial en Lille, en Douai et en Tournai, -sus les frontires de Flandres. Et pour ce que renonme couroit -que li rois d'Engleterre et li aloiiet venroient mettre le sige -devant la chit de Tournai, on i envoia le conte de Fois et le -conte de Conminges, le visconte de Bruninqiel, le visconte de -Talar, le visconte de Villemur et le visconte de Nerbonne, bien -cinq cens armeures de fier, de Bidaus et de Foisois. Et encores -furent envoiiet en Mortagne, seans sus l'Escaut, li sires de Biaujeu - tout grant fuisson de Bourgignons et de Biaujolois. En -la ville de Saint Amant en Peule furent envoiiet biaucop de -Bidaus dardes et pavais, des quels mesires Pires de Carchasonne, -uns moult jentils cevaliers, estoit capitaine. Toutes les -garnisons franoises de l environ furent pourveues de ce que il -lor besongnoit, pour atendre l'aventure et passer la saison. Et -<span class="pagenum"><a id="Page_228"> 228</a></span> -se tint li dus de Normandie Cambrai un lonch temps, et li rois -de France se tenoit Pieronne en Vermendois, et donnoient -saudes tous geneuois et prouvenchiaus arbalestriers; et qant -il estoient paiiet pour trois mois, on les envoioit oultre sus les -pas(s)ages et frontires, l o on supposoit que il besongnoient.</p> - -<p>Qant li contes de Hainnau et li baron d'Alemagne et li dus de -Braibant se departirent de l'oost de devant Thun l'Evesque, il -se traissent ce retour Valenchiennes, et tout dis Jaquemart -d'Artevelle en lor compagnie, ne on ne faisoit riens sans lui, -pour tant que toute Flandres estoit en son obeissance, et tenoit -un estat aussi estof conme li dus de Gerles, et plus grant. Et -par especial li contes de Hainnau et li dus de Braibant le tenoient -grandement amour, pour tant que lor pais marcissent Flandres: -si en pooient estre aidi dou jour l'endemain. Li contes -de Hainnau et la contesse sa fenme requelli ces signeurs en Valenchiennes -moult grandement, et lor fist des biaus disners et -soupers, cinq jours que il i furent. Et l preeca li dis d'Artevelle -enmi le marchiet, et estoit monts en la hale des signeurs, l o -ou anonce les bans, et fu volentiers os, car il avoit grant sens -et bielle parleure. Et remoustra quel droit li rois d'Engleterre -avoit au calenge de la couronne de France, et ausi qule poissance -li troi pais avoient, Flandres, Hainnaus et Braibant, qant -il estoient conjoint ensamble et d'un acord et aliance. Chils -Jaquemes d'Artevelle parla si proprement la plaisance dou -peuple, qui l estoit asambls pour or ce que il voloit dire, que, -qant il conclut son sermon, une vois generaus et murmurations -se eslevrent en disant: d'Artevelle a bien parl et par grande -experiense, et est dignes de gouvrener et excerser le pais de -Flandres.</p> - -<p>Apris toutes ces coses faites et dittes, li signeur, liquel -estoient Valenchiennes, prissent congiet l'un l'aultre, et -eurent ordenance de estre dedens siis jours apris Gant deviers -le roi d'Engleterre, et i furent. Et les rechut li rois d'Engleterre -et la roine liement et doucement, et l parlementrent ensamble. -Et fu l acord que li rois d'Engleterre venroit Villevort, o -autrefois avoit est, et l seroient li signeur tout chil qui presentement -estoient Gant, et pluisseur aultre qui point n'estoient -l. Donc se departirent dou roi d'Engleterre et s'en retournrent -li dus de Braibant en son pais, et li contes de Hainnau Valenchiennes -o la contesse sa fenme se tenoit. Mais li signeur -<span class="pagenum"><a id="Page_229"> 229</a></span> -d'Alemagne demorrent Brouselles et Malignes et Louvaing, -pour estre plus apparilliet au jour de ce parlement; et li -dis Renauls de Gerles, serouges au roi d'Engleterre, demora -Gant, et vint Villevort avoecques le dit roi. F<sup>os</sup> 62 v<sup>o</sup> et 63.</p> - -<p>P. <a href="#Page_41">41</a>, l. 3: car.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 20 22</i>: il -s'en doubtoit plus que d'autres (<i>Mss. A 11 14</i>: d'autre ville -qu'il eust) pour cause des Flamens. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_41">41</a>, l. 5: Biaugeu.—<i>Mss. A 11 14</i>: le sires de la -Baume. F<sup>o</sup> 61 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 2 6</i>: le sire de Wauvrins. F<sup>o</sup> 63 -v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 1, 18 23</i>: Beaurieu.</p> - -<p>P. <a href="#Page_41">41</a>, l. 17: guerre.—<i>Mss. A 11 14</i>: pour obvier -l'effusion de sang et la grant destruction du peuple et de -l'Eglise qui s'en povoient ensuir. F<sup>o</sup> 61 v<sup>o</sup>.</p> - - -<p class="space"> <b> 118.</b> P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 5: oncles.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et leurs conssaux, -li ducs.... F<sup>o</sup> 45.</p> - -<p>P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 7: des Mons.—<i>Mss. A 11 14</i>: de Vaudemont. -F<sup>o</sup> 62.</p> - -<p>P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 8: Faukemont.—<i>Ms. d Amiens</i>: .... li comtes de -Los. F<sup>o</sup> 45.</p> - -<p>P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 9: d'Artevelle.—<i>Ms. de Rome</i>: conme souverains -de Flandres. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 12: deus ou quatre.—<i>Mss. A 8 10</i>: trois ou -quatre. F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 11 14</i>: deus ou trois vaillans -bourgois. F<sup>o</sup> 62.</p> - -<p>P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 27: seelet.—<i>Ms. de Rome</i>: sus painne de encourir -en contredit de Ronme et sentense d'Empereur. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 30: monnoie.—<i>Ms. d'Amiens</i>: une monnoie sannable -d'un quind, d'un poix et d'une forge. F<sup>o</sup> 45.</p> - -<p>P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 5: Tournay.—<i>Ms. d'Amiens</i>: car s'il avoient -Tournai leur volloir, il iroient par toutte Franche jusquez -Compigne et jusques Coisi leur vollent. Et li Flammencq -assiegeroient legierement Lille et Douay et prenderoient toudis -leurs pourveanches Tournay, que nulz ne leur poroit destourner. -F<sup>o</sup> 45.</p> - -<p>P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 13: estat.—<i>Ms. de Rome</i>: Et li rois d'Engleterre -et Jaquemes d'Artevelle retournrent Gant. Trois jours apris -la revenue dou roi d'Engleterre Gant, s'acoua la fenme de ce -d'Artevelle d'un fil, et ot nom Phelippes contre la (roine) d'Engleterre, -et le tinrent fons li rois d'Engleterre et la roine. Chils -<span class="pagenum"><a id="Page_230"> 230</a></span> -enfes, nonms Phelippes, fu depuis moult sages et bacelereus, et -obtint tout le pais de Flandres l'encontre dou conte et des signeurs -et dou roi de France, ensi que vous ors recorder avant -en l'istore. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 119.</b> P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 14: Phelippes.—<i>Ms. de Rome</i>: qui se tenoit - Pieronne en Vermendois et estoit tenus ou l environ, depuis -que son fil le duc de Normendie avoit fait sa cevauchie ens -ou pais de Hainnau. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 25: de Poitiers.—<i>Mss. A 11 14</i>: Aimemon de -Pommiers. F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 28: de Kaieus.—<i>Ms. d'Amiens</i>: .... monseigneur -Godemar dou Fay, le seigneur de Rainneval,... le seigneur de -Merlo, monseigneur d'Aufemont, monseigneur de Saint Venant, -tout grant baron. F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.—<i>Le ms. B 6 ajoute</i>: le seigneur -de Bresekes. F<sup>o</sup> 154.</p> - -<p>P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 28: senescal.—<i>Mss. A 11 14</i>: mareschal. -F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 28: Poito.—<i>Ms. A 1</i>: Pontieu. F<sup>o</sup> 61 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 9: regardrent.—<i>Ms. B 6</i>: .... as portes, as murs, -as barbakennes, as bailles et tout che que necessit leur estoit -en la ville. F<sup>o</sup> 154.</p> - -<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 10: artillerie.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et as enghiens, as -kanons et as espringalles, et les missent bien point. Et regardrent -as pourveanches de le ville, comment elle estoit avitaillie. -Si fissent wuidier grant fuisson de menues gens qui n'estoient -mies bien pourveu, et y fissent venir vins, blz, avoines et grant -fuisson de char, tant que la chit fu en point et en estat pour li -tenir ung grant temps. F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 11: besongnoit.—<i>Ms. B 6</i>: Et cheux qui bien -n'estoient pourveu pour atendre le sige, il les firent partir. -F<sup>o</sup> 155.</p> - -<p class="space"> <b> 120.</b> P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 18: li termes.—<i>Ms. B 6</i>: Quant le jour -de la Madelaine fut venus et que les bls estoient par les camps -asss bons pour les chevaulx et les avainnes. F<sup>o</sup> 155.</p> - -<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 21: meurir.—<i>Ms. de Rome</i>: Li bleds et les avainnes -as camps commenoient meurer, et li fain estoient fen et -les auquns fener, et c'est li temps que les gens d'armes demandent -pour euls et pour lors cevaus. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_231"> 231</a></span> -P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 21: engls.—<i>Ms. de Rome</i>: volt moustrer meute -pour esmouvoir tous les aultres, et avoit requelliet tous les Englois -qui espars estoient en Flandres, en Hainnau et en Braibant, -et se departi de Gant. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 22: sept.—<i>Ms. de Rome</i>: huit. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 23: deus.—<i>dit. de Verard et de D. Sauvage</i>: -huit. <i>Edit. de Lyon</i>, 1559, p. 69.</p> - -<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 23: deus cens.—<i>Ms. de Rome</i>: quatre cens. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 24: chevaliers.—<i>Ms. de Rome</i>: En ces quatre cens -chevaliers estoient vint et wit baners, tous grans signeurs, et les -contes doubles baners, et menoient casquns de ces signeurs -grant arroi. Et estoit mesires Robers d'Artois ou nombre de ces -contes, car on le nonmoit le conte de Ricemont; et pooit celle -terre de Ricemont valoir en revenue par an environ siis mille -florins. Et li avoit li rois donne pour tenir son estat, car conment -que messires Robers d'Artois fust banis et escachis de -France, ensi que ichi desus est dit, il estoit li uns des plus nobles -de sanc et des gentils honmes des Crestiiens, et issus de la -droite generation dou roi saint Lois. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 24: quatre mille.—<i>Ms. B 6</i>: six mille. F<sup>o</sup> 155.</p> - -<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 25: neuf mille.—<i>Ms. de Rome</i>: douse mille. F<sup>o</sup> 63 -v<sup>o</sup>.—<i>Ms. B 6</i>: dix mille archis et otant de Galois. F<sup>o</sup> 155.</p> - -<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 25: pietaille.—<i>Mss. A 11 14</i>: sanz les petaulx, -tuffes et guieliers. F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 2: vingt mille.—<i>Ms. A 3</i>: dix mille.—<i>Ms. de -Rome</i>: sans chevaliers et esquiers, dont il ot plus de quatre cens. -F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>—<i>Ms. B 6</i>: tout quatre mille hommes, que chevaliers, -que escuiiers, et trente mille communiers. F<sup>o</sup> 156.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 5: terre.—<i>Ms. d'Amiens</i>: car l estoient de son -pays tout li gentils hommes et chil dez bonnes villes de Brouxelles, -de Louvaing, de Malines, d'Anwiers et de touttes les aultres. -F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 6: pont Ries.—<i>Mss. A 11 14</i>: pont de mer. -F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 7: le Pire.—<i>Mss. A 1 6, 11 14</i>: les prs de -la porte Valenciennoise. F<sup>os</sup> 64 v<sup>o</sup> et 65.—<i>Mss. A 7, 18 33</i>: les -prs et la porte Valenciennoise. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 8 10, 15 - 17, B 3</i>: l'Empire et la porte Valenciennoise. F<sup>o</sup> 59.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 9: Haynau.—<i>Ms. B 6</i>: En aprs vint le conte de -Haynau, le conte de Namur en sa compaignie, monseigneur Jehan -<span class="pagenum"><a id="Page_232"> 232</a></span> -de Haynau son oncle, le seigneur d'Engien, le seigneur de Havrech, -le seigneur de Lingne, de Lens, le seigneur de Brabenchon, -le senescal de Haynau, le seigneur d'Antoing. Et avoit bien -le dit conte deux mil lanches, tant de Haynau comme de Hollande, -et vingt mil Hollandois. Sy se loga le dit conte au ls devers -Explechin. F<sup>o</sup> 155.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 11 et 12: signeur.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et li roys -d'Engleterre et toutte sa gent estoient deviers le porte Saint Martin, -sus le chemin de Lille. F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 14: soissante mille.—<i>Edit. de D. Sauvage</i>: quarante -mille. Lyon, 1559, p. 69.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 21: aise.—<i>Ms. de Rome</i>: et chariier sans peril; -et aussi li Braibenon, liquel estoient logiet sus le Pir, ensi que -li Escaus entre en la chit de Tournai, avoient parellement fait -un tel pont. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 23: des Mons.—<i>Mss. A 11 14</i>: de Vaudemont. -F<sup>o</sup> 63.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 24: Bakehen.—<i>Mss. d'Amiens et de Rome</i>: ... messires -Guillaumes de Duvort. F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 25: devers.—<i>Ms. de Rome</i>: les Marvis, au ls -deviers Hainnau; et comprendoient lors logeis jusques la porte -de Sainte Fontainne. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 28: Tournay.—<i>Ms. de Rome</i>: qui est de grant cirquit. -F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 30: fust.—<i>Ms. de Rome</i>: Li contes de Namur s'estoit -esquss deviers le conte de Hainnau, de qui il relieuve sa -terre et l'en doit service, pour tant que il n'estoit pas chis de la -besongne, mais li rois d'Engleterre; et ne se voloit pas armer li -dis contes contre le roiaulme de France. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 32: fust.—<i>Ms. B 6</i>: Et les nombra on, et estoient -bien deux cens milles hommes. Et estoient logiet par telle -manire que nul n'en povoit entrer ne yssir en la ville qu'il ne -fust veus. Et avoient ceulx de Tournay, pour eulx mieulx forteffier, -enterret sept de leur portes. F<sup>o</sup> 156.</p> - -<p class="space"> <b> 121.</b> P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 5: yawe.—<i>Ms. d'Amiens</i>: par le rivierre -d'Escault. F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. de Rome</i>: car il lor venoient de Flandres, -de Hainnau et de Braibant. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 8: mention.—<i>Ms. de Rome</i>: Et plus en fissent li -Hainnuiier que nuls des aultres. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_233"> 233</a></span> -P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 9: Haynau.—<i>Ms. B 6</i>: Le conte de Haynau.... ardy -en poudre la ville d'Orchies et plus de quarante villaiges ens ou -pais. Et assaly Saint Amant et de forche le prist; et furent tous -mors cheulx qui dedens estoient, et le senescal de Carcasone ossy -qui cappitaine en estoit, et ly abeie ars(e) et destruite. Et depuis -revint le dit conte devant le castiel de Mortaigne et le fist assaillir -de deux costs par trois jours. Mais le sire de Beaugeu, qui -dedens estoit avoecques foison de bonne gens d'armes, le garda -et deffendy sy bien que point de damaige il n'y eult ne cheulx de -le fortrche. F<sup>o</sup> 157.</p> - -<p>P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 9 et 10: entreprendans.—<i>Ms. de Rome</i>: et messires -Jehans de Hainnau, son oncle, avoient si fort encargiet ceste -guerre, et pris en si grant desplaisance et despit la cevauchie -que li dus de Normendie avoit fait en Hainnau, que il ne le pooient -ne voloient oubliier. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 13: se parti.—<i>Ms. de Rome</i>: li dis contes et ses -oncles. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 15: Lille.—<i>Ms. de Rome</i>: et vinrent ardoir Habourdins -et Seclin, Ronchins et tous les villages de l environ, -et la ville et abbeie de Chisoing et Baissi et tous le pais jusques -au pont Raisse une lieue de Douai, et puis s'en retournrent -viers Landas et viers Orchies et les ardirent. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 24 et 25: contour.—<i>Ms. d'Amiens</i>: en le Peule, -et le ville de Marchiennes ossi et tout le pays costiant le rivire -de Scarp jusquez au castiau de Rieulay qui se tient de Haynnau. -Et coururent si coureur bien pris de Douay. F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 27: Flamench.—<i>Ms. de Rome</i>: qui estoient logiet - la porte Sainte Fontainne. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_47">47</a>, l. 7: chevalier.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et vous di que li -bon chevalier que li roys de Franche y avoit envoiiz, leur fisent -grant confort, et tint Tournay en honneur. Et fissent li Flammencq, -entre les autres assaux, un assaut trs fort et trs mervilleus et -par especial sour le rivierre d'Escault, et avoient nefs armes et -grant fuisson de bonnes gens dedens. Et aprochirent ces nefs -jusques le barbakanne de le porte couleiche de l'arche sus l'Escault, -et volloient par l entrer en le ville et hantoient Flamencq -de haces, de pils et d'autres instrummens ordonns et aprests -pour rompre. L estoient as gharittes d'amont li comtes de Foix -et si frre, messires Robiers Bertrans, marescaux de France, messires -Joffroys de Carni, li sires de Kaieus, et servoient chiaux d'aval -<span class="pagenum"><a id="Page_234"> 234</a></span> -tellement qu'il n'y avoit si hardit qui ne resongnaist. Encorres -estoient dez barons de Franche en nefs sur l'Eskault par -dedens le ville, li senescaux de Poitau, messires Gerars de Montfaucon, -messires Mahieux de Trie, messires Godemars dou Fay, -et estoient l'encontre des assallans et se deffendoient vaillamment. -F<sup>o</sup> 46.</p> - -<p>P. <a href="#Page_47">47</a>, l. 9: appareillis.—<i>Ms. de Rome</i>: et avoient en ces -nefs arbalestriers qui traioient ceuls de dedens, les quels il convenoit -estre bien pavescis, ou il euissent trop grandement perdu. -F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_47">47</a>, l. 13: six vingt.—<i>Mss. A 11 14</i>: huit vingt. -F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 122.</b> P. <a href="#Page_47">47</a>, l. 15: Le sige.—<i>Ms. de Rome</i>: Le sige -estant devant Tournai, issirent hors de Saint Amant li saudoiier -qui l estoient, et vinrent Hanon une petite lieue de l, et -passrent les bos. Si ardirent la ville et violrent l'abeie, et le -destruisirent et le moustier aussi, et enportrent et menrent -tout ce que de bon il i trouvrent; mais en devant ce, li abbes -de Hanon et li monne avoient amen lor fitre et lors jeuiauls et -les reliques sauvet en la ville de Valenchiennes.</p> - -<p>Qant li saudoiier de Saint Amant orent ce fait, il s'avalrent -parmi les bois que on dist de Rainmes, et vinrent l'abeie de Vicongue, -et ardirent l'ostel dou Pourcelet, et abatirent le conduit -de une fontainne qui l estoit, et vinrent la porte de l'abeie de -Vicongne, et le conmenchirent asallir. Pour ces jours, il i avoit -un abbet, mout vaillant honme, qui se nonmoit Godefroi. Qant il -considera le peril de ces bidaus, il fist monter un varlet ceval, -et se parti de l'abeie par derrire, et vint au ferir des esporons -Valenchiennes et au sequours.</p> - -<p>Pour ces jours, estoit prevos de Valenchiennes uns moult vaillans -homs qui se nonmoit Jehans de Baisci, qui entendi as requestes -que dans abbes de Vicongne faisoit, car moult l'amoit et l'abeie -aussi. Si ordonna tantos arbalestriers et honmes bien cinq cens -partir et aler Vicongne, pour aidier l'abeie. Chil qui furent -esleu se departirent tantos, et prissent le cemin de Rainmes. Et -bien lor besongna que il se delivrassent dou venir au seqours -pour l'abeie, car li saudoiier de Saint Amant avoient fait un gran -feu devant la porte de l'abeie, pour le ardoir et entrer dedens; -mais li abbes desus nonms, qui bien se doubtoit de tout ce, avoit -<span class="pagenum"><a id="Page_235"> 235</a></span> -fait armer et vestir la porte de quirs de vaces tout le poil, par -quoi li feus ne se peuist legierement prendre, ne atachier la porte.</p> - -<p>De ces bidaus qui l estoient venu, en i avoit auquns qui en -estoient al et parti de lor compagnons pour pillier Rainmes. -Chil de la ville de Rainmes avoient relev les fosss deus costs -deviers le bois, et fait deffense unes grandes bailles; et l ot -grande escarmuce, et tant que li arbalestrier de Valenchiennes -aprocirent. Chil bidau les veirent venir sus la caucie et lor banire -tout devant; et avoec ce il orent dire ces gens de Rainmes -qui l se deffendoient et escarmuoient: Veci seqours qui nous -vient; vechi les Valenciennois. Ces paroles oes et les arbalestriers -veus, chil bidau se missent tantos au retour, et entrrent -ens s bos de Saint Amant, et se sauvrent, et retournrent en -la ville.</p> - -<p>Et li Valenchiennois vinrent jusques Vicongne, et estindirent -le feu qui estoit devant la porte. Li abbes Godefrois les remercia -grandement de ce seqours, et fist tourner un tonniel de vin sus -le fons et lor fist boire, et puis retournrent Vallenchiennes. Et -li abbes de Vicongne fist tantos coper les bos tout autour de son -abbeie et devant aussi, par quoi on ne peuist chevauchier ne venir -aisiement jusques l. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 5: lui.—<i>Ms. d'Amiens</i>: environ quarante arbalestriers -et otant d'archiers main. F<sup>o</sup> 46.</p> - -<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 5: Raimes.—<i>Ms. d'Amiens</i>: en ce petit bos qui -regarde sus le voie de le cauchie dou Pourcelet, liquelle chauche -estoit adonc toutte seme de Franchois qui Vicongne volloient -destruire. F<sup>o</sup> 46.</p> - -<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 10: bos.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et chiaux qui les -traioient ne pooient avenir, car il y avoit grandes rouillies et fort -bos entr'iaux. F<sup>o</sup> 46.</p> - -<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 11: retour.—<i>Ms. d'Amiens</i>: car il se doubtrent -qu'il n'y ewist plus de gens qu'il n'y avoit. F<sup>o</sup> 46.</p> - -<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 12: mieulz.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et li arbalestriers de -Vallenchiennes, tout costiant lez bos, les reboutrent si avant -qu'il en delivrrent le chauchie. Et fu li abbeie deffendue, et li -feulx estains, qui devant le porte estoit. Et fist chils abbes copper -grant fuisson de bos par derierre, affin que on ne les pewist approchier; -et par devant, o point de bos n'avoit, il fist faire grans -fosss et parfons et larges. F<sup>o</sup> 46.</p> - -<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 13 et 14: Gascongne.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Si comme -<span class="pagenum"><a id="Page_236"> 236</a></span> -je vous recorde, che sige durant devant Tournay, avinrent pluisseurs -avenues et grans fs d'armes, tant en France comme en -Gascoingne et en Escoche, qui ne font mies oubliier, car ainssi -l'ai je proummis messires et mestres ou coummenchement de -mon livre, que tous les biaux fs d'armes dont j'ay le memore -et le juste infourmation, je les remeteray avant, j soit ce que -messires Jehans li Biaux en ses cronikes n'en fait mies de tous -mention. Ms ungs homs ne puet mies tout savoir, car ces guerres -estoient si grandes et si dures et si enrachines de tous costs -que on y a tantost oubliiet quelque cose, qui n'y prent songneusement -garde.</p> - -<p>Et pour ce voeil revenir ung petit au comte de Laille qui, -comme roys de Franche, se tenoit en Gascoingne, et faisoit de -celle saison grant guerre contre les Gascons qui pour le roy -d'Engleterre se tenoient. Et estoit avoecq lui li comtes de Comminges, -li comtes de Pieregorth, li viscomtes de Villemur, le -viscontes de Talar, li comtes de Bruniqiel, li viscontes de Carmaing, -li viscontes de Murendon, et pluisseur autre baron et -chevalier. Et estoient bien six mille cheval et dix mil piet, -et avoient j reconcquis pluisseurs bonnes villes et castiaux, tant -que Bregerach, Condon, Sainte Basille, Penne, Lango, Prudaire, -Zebillach. Et avoient partout mis gens et garnisons pour deffendre -et tenir ces castiaux, et seoient devant le Riole, une bonne -ville et fort castiel. Si en estoit adonc capitaine ungs chevaliers -engls qui s'appielloit messires Jehans li Boutilliers, qui longement -et vassaument le tint contre les Franois. Ms finablement il fu si -mens et si appresss par assaulx d'enghiens et d'autres besoingnes, -et si veoit ossi que nuls comfors ne li appairoit, car il n'avoit -homme en Gascoingne adonc, seigneur de Labreth ne autre, -qui se meuist ne resistast as Franchois de riens, ms gardoient -chacuns leurs fortrches au mieux qu'il pooient. Si traita li cappittainne -de le Riole, par le consseil et acord de chiaux de le ville, - le rendre au comte de Laille parmy tant qu'il s'en devoit partir, -et chil qui partir s'en volloient, sans dammaige; ms il, ne chil -qui avoecq lui se partiroient, ne se pooient armer toutte l'anne -contre yaus ens s marches et frontierres de Gascoingne. Chilz -marchis fu tenus, et li ville et li castiaux de le Riolle rendus. Et -y entrrent li Franchois baudement, et prisent le feault et le serment -de chiaux de le ville, et y misent ung chevalier gascon que -on appelloit messire Raimmon Segni.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_237"> 237</a></span> -Apris le prise de le Riole et le chevalier dessus noummet ens -laissiet, et le ville pourvue et rafreschie de touttes coses qui -appertenans y estoient, li comtes de Laille eut consseil qu'il yroit -devant Auberoche et l'asegeroit et ne s'en partiroit jusques tant -qu'il l'aroit. Si se parti appertement de le Riolle et fist arouter -tout son charoy et ses pourveances, et esploita tant qu'il vint devant -le bonne ville de Auberoche et le assiega de tous poins environneement, -et y fist faire et livrer pluisseurs assaux grans et -mervilleux, ms chil de dedens se deffendoient bien et vaillamment. -Et en estoit adonc souverains et gardiiens de par le roy -d'Engleterre messires Helies de Pummiers, frres au seigneur de -Pummiers, liquelx avoit avoecq lui bonne bachelerie et apperte, -qui moult songneux estoient de garder le ville et de enhorter les -bourgois de le ville qu'il fuissent loyal et preudomme enviers -leur seigneur le roy Edouwart d'Engleterre. Enssi se portoit li -affaire; on gerrioit de tous ls. Li roys engls seoit devant Tournai -et ardoit et exilloit le pays d'environ. Et li comtes de Laille -et li autre comte et baron li ardoient et assegoient son pays en -Gascoingne. Ossi li Escot li faisoient une trs forte gerre par de -del au costet deviers Escoche, si comme vous ors chy apris. -F<sup>o</sup> 46 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 16: six mille.—<i>Mss. A 11 14</i>: huit mille. -F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 22: la Barde.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22</i>: -la Bourde, la Borde. F<sup>o</sup> 65 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 123.</b> P. <a href="#Page_49">49</a>, l. 1: Vous devs.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Endementroes -que li siges estoit devant Tournay, qui y fu grans et -lons, et bien dura par l'espasse de onze sepmainnes, li ennemic -au roy d'Engleterre se pourveoient de tous ls lui porter contraire -et damage au coummandement et l'ordonnanche dou roy -de Franche, et par especial li baron et chevalier du royaumme -d'Escoce. Vous avs bien oy chy devant recorder coumment li -rois engls chevaucha en Escoche et conquist Bervic, Rossebourch, -Haindebourch, Struvelin, Dalquest et pluisseurs fortrces, -et ardi et essilla toutte le plainne Escoche jusques en -Abredane et jusquez le ville Saint Jehan. Et tout ce fist ainschoix -qu'il entrepresist le gherre au roy Phelippe de Franche, -par tant que li roys David d'Escoce ne volloit point relever le -royaume d'Escoce dou roy engls, car ses gens ne li souffroient. -<span class="pagenum"><a id="Page_238"> 238</a></span> -Et dient et maintiennent que li Englz n'ont nul droit ce demander, -et li Englz moustrent le contraire. Par enssi y est la -gherre et a estet longement et sera encorres ainchois que la cose -soit declairie, car li Escot aimment otant le gherre que le ps -as Engls, especialement li bachelerie d'Escoce; ne de feus, ne -de arssins que li Engls fachent en leur pays, il ne font nul -compte, car il ne edefient pas maisson de grant coustaige: il -en ont une faite et parfaite, pour demourer leur usaige asss -aisiement, en mains de cinq jours. Et quant il sentent que li -Engls doient venir en leur pays, il requeillent leurs bestes et le -leur, dont il ne sont gaires ensonniiet, car il ne font compte de -grant meuble, et se mtent ens s foris, boutent le feu en leurs -maisons, affin que li Engls n'en aient point d'aise. Et quant li Engls -sont retret en leurs pays, il se requeillent et cevauchent hardiement -sour yaux, et entrent en le contre de Northonbrelant, qui -fu jadis royaummes dou tamps le roy Artus, et en l'evesquet -de Durem, et se contrevengent bien de leur dammaige. Ensi -courent une fois li Escot sus lez Engls et puis li Engls sus les -Escos, et maintiennent toudis le gherre que leur predicesseur -ont maintenu.</p> - -<p>Or seurent li seigneur d'Escoce, qui le pays adonc gouvernoient -de par le roy David leur seigneur, qui estoit en Franche, -ensi com vous avs oy, que li roys engls seoit devant Tournay -et en avoit menet toutte le fleur de se chevalerie, et que li -royaummes d'Engleterre estoit ensi que tous wis, et que li comtes -de Sallebrin, messires Guillaumes de Montagut, qui tant de -dammaiges leur avoit fs et ports, estoit pris dez Franchoix et -emprisonns en Castelet en Paris, et li comtes de Sufforch -avoecq lui, ossi messires Gautier de Mauni estoit avoecq le roy -devant Tournay. Si s'avisrent li ung par l'autre, c'est assavoir -messires Guillaumes de Douglas, neveus monseigneur Guillaumme -de Douglas qui demoura en Espaigne, ensi comme vous -avs oy, li comtes de Moret, filz au comte de Moret qui demoura -avoecq le dessus dit, messires Robers de Versi, messires -Simons Fresiel, Alixandres de Ramesay, qui en Dubretan se -tenoient, que il metteroient une chevauchie sus et enteroient en -Engleterre, ardant et exillant le pays et par especial le comt -de Sallebrin, pour ce que li comtes leur avoit fs pluisseurs -dammaiges. Si se queillirent secretement et rassamblrent de -plusieurs lieux, et misent et ordonnrent ung certain jour qu'il -<span class="pagenum"><a id="Page_239"> 239</a></span> -seroient en le forest de Gedours au jour qu'il noummrent et -devisrent. Chil qui mandet y furent, vinrent sans defallir.</p> - -<p>Quant chil seigneur d'Escoce se virent tout enssamble, si eurent -consseil et consideration l o il se trairoient premierement -pour porter plus grant dammaige as Engls: si i eut l pluiseurs -parolles retournes et devises entre yaux. Li aucun volloient -que leur chevaucie fuist emploiie en Engleterre, et li autre -disoient qu'il vauroit trop mieux, et plus honnerable et pourfitable -leur seroit que il mesissent painne et dilligence raquerre -les castiaux et les fortrces que pardus avoient, que de cevauchier -plus avant; car espoir chil qui les castiaux tenoient en -Escoce, leur poroient parardoir et destruire tout le remannant -de leur pays, quant parti s'en seroient. Chilz conssaux et advis -fu tenus. Et s'avisa messires Guillaummes de Douglas d'une -grande et haulte emprise et le dist au comte de Moret, sen cousin, - messire Simon Fresel et Alixandre de Ramesai, tant seullement, -liquel s'accordrent moult bien lui et disent qu'il li -aideroient parfurnir, quel coron que venir en deuissent. -Or vous diray de l'emprise dou dessus dist chevalier, quelle elle -fu, car elle ne fet mies oubliier, tant fu perilleuse et hautainne. -F<sup>os</sup> 46 v<sup>o</sup> et 47.</p> - -<p>P. <a href="#Page_51">51</a>, l. 10: deus cens.—<i>Ms. d'Amiens</i>: trois cens. F<sup>o</sup> 47.</p> - -<p>P. <a href="#Page_51">51</a>, l. 20 et 21: dis ou douze.—<i>Ms. d'Amiens</i>: jusques - douze. F<sup>o</sup> 47.</p> - -<p>P. <a href="#Page_51">51</a>, l. 23: capiaus.—<i>Ms. d'Amiens</i>: de rude fautre. -F<sup>o</sup> 47.</p> - -<p>P. <a href="#Page_52">52</a>, l. 10: paour.—<i>Ms. d'Amiens</i>: de le cit de Bervic. -F<sup>o</sup> 47.</p> - -<p>P. <a href="#Page_53">53</a>, l. 1: si treize.—<i>Ms. d'Amiens</i>: si douze. F<sup>o</sup> 47.</p> - -<p>P. <a href="#Page_54">54</a>, l. 5: jour.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et segnefiirent leur -aventure chiaux de leur pays qui Dubretan les atendoient, -qui de cez nouvelles furent moult joyant. F<sup>o</sup> 47 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_54">54</a>, l. 8 et 9: d'Escoce.—<i>Mss. A 11 14</i>: tous hommes -de fief du roy d'Escoce. F<sup>o</sup> 65.</p> - -<p>P. <a href="#Page_54">54</a>, l. 9: Ensi.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Quant messires Robers -de Versi et li autre chevalier d'Escoce sceurent que Haindebourch -estoit repris par le subtilit et hardement de monseigneur Guillaumme -de Douglas, si se partirent de Dubretan: ce de gens -estoient bien deux mille hommes d'armes et quatre mille piet; -et esploitirent tant qu'il vinrent Haindebourch. Et l s'asamblrent -<span class="pagenum"><a id="Page_240"> 240</a></span> -et dissent entr'iaux, puis qu'il avoient ung si bon commencement -que repris le plus fort castiel que li Engls leur -avoient tollut, il se metteroient en paine de reconcquerre tous -lez autres, et puis aprs chevaucheroient sus Engleterre. Si se -partirent de Haindebourch, quant il l'eurent bien pourveu de -tout ce qui y besongnoit et mis dedens cappittainne et compaignons -pour le garder, et s'en vinrent devant Dalquest cinq -lieuwes de Haindebourch, ung trs bel fort de l'hiretaige le -comte de Douglas, et l'avoient li Engls concquis. Quant messires -Guillaummes de Douglas et tout sen ost fu l venus, il fist environner -le castiel et drechier enghiens par devant le mestre tour -qui est grosse et quarrie, et le fist assaillir mout fierement. Chil -dedens se deffendirent comme bonne gent, et estoient asss bien -pourveus d'artillerie. Si traioient chiaux dehors et se fuissent -bien tenut ung grant temps, se il esperaissent confort ne secours -de nul costet; ms il sentoient le roy engls oultre le mer, le -comte de Sallebrin en prison, le castiel de Haindebourch repris. -Si en estoient en plus grant esmay, car messires Guillaumme de -Douglas leur avoit bien baptisiet que, se par forche il estoient -pris, de leurs vies ne seroit riens; et se partir bellement s'en -volloient, il les lairoit aller sans peril jusques Bervich. Dont -finablement, tout consideret, li Englz qui en Dalquest estoient, -rendirent le chastiel, sauve leur vies et leurs armures, et s'en -partirent sans dammaige. Par enssi reut messires Guillaume de -Douglas son castiel, dont il eut grant joie, et lequel oncques -depuis il ne perdi.</p> - -<p>Apris le reconcqus dou castiel de Dalquest, et que li Escot -l'eurent bien pourveu et messire Guillaume de Douglas mis ens -cappitainne et compaignons son plaisir, il chevauchirent et -vinrent Dombare seant sur le mer, et l avoit une grosse tour -et saudoiiers engls qui durement herioient le pays. Li Escot -l'environnrent et le fissent assaillir d'enghiens et le prissent de -forche le cinquime jour qu'il y furent venut, et ochirent tous -chiaux qui dedens estoient, et abandonnrent le tour abattre -as villains dou pays, laquelle fu tantost abatue rs rz de -terre. Et quant il eurent ce fait, il eurent avis qu'il s'en yroient -devant Dondieu. Donc se deslogirent il de Dombare et esploitirent -tant qu'il vinrent Dondieu et l'asegirent de tous costs. -Dedens estoit ungs chevaliers engls, cousins au comte de Sallebrin, -et l'apielloit on messires Thummas Brike, bon bacheler et -<span class="pagenum"><a id="Page_241"> 241</a></span> -sceur as armes, et dist que le castiel il ne renderoit pour morir. -Chil de le ville tinrent un grant temps sen opinion, maugret -yaulx, car il estoient Escos: si se fuissent vollentiers retourn -plus tempre qu'il ne fesissent. Touttes fois messires Guillaumme -de Douglas et li Escot sirent tant devant que cil de le ville se -rendirent, et prissent de force messire Thumas et le livrrent as -barons d'Escoce qui le retinrent pour prisonnier et l'envoiirent -en Haindebourch prisonnier, puis se partirent de Dondieu et s'en -vinrent Donfremelin, une bonne ville et bien freme: si l'asegirent -et n'y furent que trois jours quant il se rendirent.</p> - -<p>Que vous feroie je loncq compte? En ceste meysme saison, entroes -que li roys engls estoit par dech le mer, messires Guillaume -de Douglas, li comtes de Mouret, li contes Patris, messires -Robers de Versi, messires Simons Fresel, Alixandres de Ramesay -et pluiseurs autres chevaliers d'Escoce avoecq les bachelers et les -escuyers reconquisent moult dou pays d'Escoce perdu, et s'en -vinrent finalment devant Struvelin, ung trs fort castel et trs -bel, seant sus ung bras de mer l'un dez lz et d'autre part sus -une roche, et l'asegirent communaument de grant vollent. Et -leur sanbloit que, se il ravoient ce castiel, il seroient ensi que -tout au dessus de leur pays o li Englz avoient j demouret plus -de troix ans; pour ce y mettoient il grant painne et grant cure - le ravoir. Or lairons parler des Escos. Quant tamps et lieux -sera, nous y retourons. Si parlerons dou sige de Tournay et -coumment il fu persevers. F<sup>o</sup> 47 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 124.</b>, P. <a href="#Page_54">54</a>, l. 16: six vingt mille.—<i>Ms. d'Amiens</i>: plus -de cent mille. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 10: royaume.—<i>Ms. d'Amiens</i>: que tout fuissent -assamblet Arras, Lille et Douay, au jour qui ordonns y -estoit. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 12: Bar.—<i>Ms. d'Amiens</i>: ... l'evesque de Lige, -l'evesque de Mis.... F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 17: gens.—<i>Ms. d'Amiens</i>: qui le vinrent servir -bien quinze cens lanches. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 18: revinrent.—<i>Ms. d'Amiens</i>: li dus de Normendie, -aisns fils au roy de Franche. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 18: Bretagne.—<i>Ms. d'Amiens</i>: plus de mil lanches, -chevaliers et escuiers, de son pays. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 19: Bourgongne.—<i>Ms. d'Amiens</i>: ses filz. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_242"> 242</a></span> -P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 19: d'Alenon.—<i>Ms. d'Amiens</i>: frres au roy de -Franche. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, 21: Blois.—<i>Ms. d'Amiens</i>: messires Charles de -Blois,... li comtes d'Auoire, li comtes de Ventadour, li comtes -de Bouloingne, li comtes de Sansoire, li comtes de Tancarville, -li comtes de Saint Pol, li comtes d'Aumale,... li sires de Sulli, li -sires de Pons, messires Goffrois de Harcourt, li viscomtes de -Rohan, li sires de Partenay, li sires de Montmorensi. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 25: detriemens.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et s'asamblrent - Arras et l environ, Lille, Douay, Bietunne, Lens et l -environ. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p class="space"> <b> 125.</b> P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 2: venus.—<i>Ms. d'Amiens</i>: li aucun par -priire, li aultre par feault et par hommage. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p>P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 7: Tournay.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et s'en vinrent logier -au Pont Bouvines et jusques au Pont Tresin, et point ne passrent -non par mannierre de logeis. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p>P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 10: estroit.—<i>Ms. d'Amiens</i>: car trois hommes de -front grant mesaise le pewissent cevauchier. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p>P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 12: combiner.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et se logirent li -roys de Behaingne et li evesques Aoulz de Lige et touttes leurs -gens asss pris de ce pont. Quant toutte li os fu amanagie et logie, -il fu ordonnet de par le roy de Franche que li comtes de -Flandre, li dus d'Athnes, li viscoens de Touars, li comtes de -Sallesebruges, li sires de Cram regardaissent et advisaissent sus -celle rivire. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p>P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 26: au pont Tressin.—<i>Mss. A 1 6</i>: au pont - Crecy et entre le pont et Bovines. F<sup>o</sup> 68.—<i>Mss. A 7 10, 15 -17</i>: au pont Tressin et entre le pont de Bouvines. F<sup>o</sup> 62.—<i>Mss. -A 11 14</i>: Crecy, entre le pont et Bovines. F<sup>o</sup> 66.—<i>Mss. -A 18, 19, 30 33</i>: au pont de Tressin et entre le pont de -Bouvines. F<sup>o</sup> 68.—<i>Mss. A 20 22</i>: entre le pont Tressin et -le pont Bouvines. F<sup>o</sup> 102.—<i>Mss. A 23 29</i>: au pont de -Tressin et emprs le pont de Bouvines. F<sup>o</sup> 78.</p> - -<p>P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 27: ennemis.—<i>Ms. d'Amiens</i>: pour comforter -chiaux de Tournay qui vaillamment et bellement se tiennent contre -les Engls, car, pour escarmuche ne pour assaut que on y -face, en riens ne s'effrent ne se desroient ossi. Il y a dedens -bonne chevalerie, sage et avise, qui svent de guerre asss pour -yaux tenir et deffendre. F<sup>o</sup> 48.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_243"> 243</a></span> -P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 31: alemant.—<i>Ms. d'Amiens</i>: preux et hardis et -qui tout troi avoient nom Conrart, par lesquelx ens ou pays de -Ostrevant avoient estet fait pluiseurs biaux fs d'armes sus les -frontires de Douay, de Marchiennes, de Alues en Pailloel, de -Cambresis et d'Artois. F<sup>o</sup> 48 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 32: Bouchain.—<i>Mss. A 1 7, 18 33</i>: Bouchain.—<i>Mss. -A 8 17</i>: Bohaing, Bouhaing.</p> - -<p>P. <a href="#Page_57">57</a>, l. 8: Leusennich.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 23 33</i>: -Lansemich, Lensemiich.—<i>Mss. A 18, 19</i>: Lansennich.</p> - -<p>P. <a href="#Page_57">57</a>, l. 11: l'Escaut.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et le Haynne. F<sup>o</sup> 48 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_57">57</a>, l. 11: Condet.—<i>Ms. de Rome</i>: Ensi que il cevauoient, -euls vintime tant seulement, et estoient entre Frane et Escaupons, -deus villages qui sont entre Valenchiennes et Condet, il -regardrent sur les camps et veirent gens fuians, et moustroient -que il estoient en grant effroi. Si cevauchirent au devant et -leur demandrent pourquoi il fuioient. Il respondirent: Nous -fuions sauvet, car chi en ce village sont entr auqun compagnon -franois, et creons bien que il sont issu de Mortagne, et requellent -la proie et l'asamblent, et avoecques tout ce il ont j pris -honmes et fenmes que il en voellent mener. Qant chil chevalier -entendirent ces paroles: Retourns, bonnes gens, nous irons -veoir que c'est. Et sont il grant fuisson?—En non Dieu, -signeur, respondirent il, i(l) sont plus de cent. Donc demandrent -li chevalier: Et conment appelle on celle ville ce grant -clochier? Il respondirent: Frane.—Or als celle part, -dissent li chevalier, et esmouvs les honmes de Frane, et faites -recoper les cloces, par quoi tout s'esmuevent fenmes et honmes -de la ville, et les faites tous issir hors, car nous les poursieverons -et meterons en enbusque au lonc de celle haie, et verons quels -gens ils sont, et lors calengerons lor proie. Il le fissent tout ensi -et vinrent Frane, et trouvrent les honmes de la ville qui gardoient -lor moustier. Se lor dissent ces nouvelles.</p> - -<p>En celle prope heure vint l li sires de Frane qui venoit de -Valenchiennes, et estoit l establis pour aidier garder la ville, -et j savoit que il i avoit pillars venus Bruel et Escaupons, et -avoient aquelliet la proie des praieries. Si voloit, selonc sa poissance, -deffendre et garder ses gens et sa ville, et estoient diis -lances et vint arbalestriers. Qant il o ces nouvelles de ceuls de -la garnison de Bouain, si en fu tous resjois, car il les sentoit -moult vaillans honmes, et requella tous les honmes aidables de -<span class="pagenum"><a id="Page_244"> 244</a></span> -sa ville, et fist ensi que li premier li avoient dit. Ces saudoiiers de -Mortagne, qant il orent fait lor quelloite, il missent ensamble -bien deus cens bestes, et prissent lor retour, et les fissent cachier -devant euls. Et tout ce veirent chil qui estoient en enbusque, et -les laisirent passer et aler tout oultre, et j estoient ou bois, -qant chil de Frane vinrent. Qant il furent tout ensamble, il se -missent au cemin le bon pas, et poursievirent ceuls qui enmenoient -la proie et biaucop de prisonniers, et ne pooient tos aler -pour la cause dou bestail.</p> - -<p>Ensi que asss pris de Nostre Dame ou Bos il raconsievirent -ces pillars, voires li honme de ceval premierement, et conmenchirent - escriier Hainnau! et abaisirent les glaves, et se -boutrent entre euls, et en rurent jus de lors cevaus de premires -venues sept. Li aultre se missent deffense, car il i avoit -des gentilshonmes qui l estoient venu pour gaegnier, ensi que -auqun baceler s'avancent. L ot bon hustin et dur, et moustrrent -li Franois deffense; mais chil Alemant estoient droite gens -d'armes, et bien us et coustum de tels besongnes. Et avint que -avoecques le confort des gens de piet, arbalestriers et aultres qui -les sievoient, la proie fu rescouse, et tout chil et celles qui pris -estoient, delivret; et en i ot des Franois mors jusques quinze -et pris plus de vint cinq, et li autre se boutrent en bos et se -sauvrent.</p> - -<p>Ce service fissent li doi chevalier alemant qui issu estoient de -Bouain, ceuls de Bruel et d'Escaupons; et furent li prisonnier -menet Valenchiennes, Condet et Mons en Hainnau. Si furent -li varlet pendu et noiiet, et li gentilhonme ranonnet. Et li -doi chevalier alemant et li sires de Frane en lor compagnie vinrent -au sige devant Tournai, et trouvrent le conte de Hainnau qui -lor fist bonne chire. F<sup>o</sup>s 65 v<sup>o</sup> et 66.</p> - -<p class="space"> <b> 126.</b> P. <a href="#Page_58">58</a>, l. 24 et 25: au pont Tressin.—<i>Ms. d'Amiens</i>: -au pont Bouvines. F<sup>o</sup> 48 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. de Rome</i>: viers le -pont Tresin, ou cemin de Lille et de Tournai, et moult i a biaus -pais et plain. Et passrent Froiane et Basieu, et cevauoient as -aventures, ensi que compagnon font qui se desirent avanchier -et avoir bonne renonme. F<sup>o</sup> 66.</p> - -<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 2: l'evesque.—<i>Ms. de Rome</i>: Aoul de Lige, qui l -estoit avoecques le roi de France. F<sup>o</sup> 66.</p> - -<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 2: de Lige.—<i>Ms. B 6</i>: qui estoit ses sires. F<sup>o</sup> 159. -<span class="pagenum"><a id="Page_245"> 245</a></span></p> - -<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 2: Liegois.—<i>Ms. de Rome</i>: et li Hasbegnon, qui -s'estoient levet bien matin. F<sup>o</sup> 66.</p> - -<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 4: plains.—<i>Ms. de Rome</i>: en ce plain pais de -Tournesis. F<sup>o</sup> 66.</p> - -<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 10: pont.—<i>Ms. de Rome</i>: pour aler viers Lille. -F<sup>o</sup> 66.</p> - -<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 12 et 13: ordonnrent.—<i>Ms. de Rome</i>: messire -Wauflars de le Crois ordonna. F<sup>o</sup> 66.</p> - -<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 16: Sorres.—<i>Mss. A 8 10</i>: Sorce. F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. -A 15 17</i>: Sore. F<sup>o</sup> 68 v<sup>o</sup>.—<i>Le nom de ce chevalier -manque dans les autres mss. A.</i></p> - -<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 19: avant.—<i>Ms. de Rome</i>: car il estoient bien -mont et furent decheu par la bruine, car il ne veoient point -lonch ne autour de euls, et ne se donnrent de garde. F<sup>o</sup> 66.</p> - -<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 22: li sires.—<i>Ms. B 6</i>: de Montmorensy. -F<sup>o</sup> 160.</p> - -<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 22: Rodemach.—<i>Ms. d'Amiens</i>: de le duc de -Luxembourcq. F<sup>o</sup> 48 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 28: esprouvrent.—<i>Ms. de Rome</i>: mais la force -des Lucembrins et des Liegois les sourmonta. F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 11: bouter.—<i>Ms. B 6</i>: en ung vert chemin entre -sauchois et mars, et se bouta entre rosiauls et fontaines et autres -petis buissons, et dist que l il se tenroit jusques la nuit. -F<sup>o</sup> 160.</p> - -<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 12: temps.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et s'avisa qu'il s'i -tenroit bien jusques le nuit que il cevauceroit plus avant, ou il -rapasseroit le pont. Ms il n'en vint pas sen entente, car il y fu -ce meysme jour trouvs et pris et rendus au roy de Franche, -dont il eult grant joie, car il li avoit fait pluisseurs contraires. -F<sup>os</sup> 48 v<sup>o</sup> et 49.—<i>Ms. de Rome</i>: et j avoit il laissiet aler son -ceval. Il ne voloit sauver que son corps, car trop resongnoit -estre pris pour les haines que chil de Lille avoient sur lui. -F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 15: banire.—<i>Ms. de Rome</i>: Et fu la banire -mesire Guillaume de Bailluel conquise. Donc fu consillis li dis -messires Guillaumes que il rapas(s)ast le pont: si ques, tout en combatant -et faisant armes, il le rapas(s)a et ses gens aussi, et avoient -biau cop de painne. Qant il fu oultre le pont, il fu qui li dist: -Sire, sauvs vous, car la journe est contre nous. Il tint ce -consel et se ala et pas(s)a tant de l'un l'autre que il s'embla et -<span class="pagenum"><a id="Page_246"> 246</a></span> -feri ceval des esporons, et deus de ses honmes tant seullement: -chil se sauvrent. F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 16: A ces cops.—<i>Ms. de Rome</i>: tantos apris ce -que messires Guillaumes de Bailluel fu departis. F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 17: Bailluel.—<i>Ms. d'Amiens</i>: frres mainnz -monseigneur Guillaumme de Bailloel. F<sup>o</sup> 49.</p> - -<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 26: armes.—<i>Ms. de Rome</i>: car la brisure des -deus frres estoit moult petite, et crioient tout doi: Moriaums! -F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 26 et 27: vairiet contre vairiet.—<i>Mss. A 8 10, -20 22</i>: barres contre barres, deux chevrons de gueules. -F<sup>o</sup> 63.</p> - -<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 2: Gontiers.—<i>Mss. A 11 14, 20 33</i>: Gaultier, -Gautier. F<sup>o</sup> 69.</p> - -<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 2 et 3: Pontelarce.—<i>Mss. A 15 33</i>: Pont de -l'Arche. F<sup>o</sup> 68 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 1 6, 11 14</i>: Poncharche, Pontarche, -Poucharche. F<sup>o</sup> 69.</p> - -<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 6: Daniaus.—<i>Mss. A 1 6, 11 14</i>: Damas. -F<sup>o</sup> 69.</p> - -<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 7: aultre.—<i>Ms. de Rome</i>: Des siis vint qui parti -au matin estoient de l'oost le conte de Hainnau, il n'en retournrent -que douse, que tout ne fuissent mort ou pris. F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 8: Bailluel.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et messires Robers -ses frres obtint le place, et eurent li Liegois le journe pour -yaux, de quoy li roys de Franche leur sceut grant gret. F<sup>o</sup> 49.</p> - -<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 12: nuit.—<i>Ms. de Rome</i>: mais il ne peut, car li -sires de Saint Venant et ses gens le trouvrent en la rosire o -il reclamoient un faucon que il avoient perdu. F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 15: Saint Venant.—<i>Mss. A 11 14</i>: Montmorency. -F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 4: ennemis.—<i>Ms. de Rome</i>: il l'enmenrent en lor -ville, et le tinrent en prison tant que il vesqi. F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 4: morir.—<i>Ms. B 6</i>: de moult cruelle mort et -grant martire. F<sup>o</sup> 162.</p> - -<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 5: raenon.—<i>Mss. A 15 17</i>: Ainsi fina honteusement -monseigneur Wafflart de la Croix. F<sup>o</sup> 69.</p> - -<p class="space"> <b> 127.</b> P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 10: Haynau.—<i>Ms. de Rome</i>: Nouvelles vinrent -en l'oost devant Tournai au conte de Hainnau, que li saudoiier de -Saint Amant estoient issu et avoient ars la ville de Hanon et l'abeie. -<span class="pagenum"><a id="Page_247"> 247</a></span> -Et encores avoecques tout ce il estoient retourn par Vicongne -et avoient ars la maison dou Pourcelet et abatu le moulin -et la fontainne, et s'estoient mis en grant painne de destruire et -ardoir la belle abbeie de Vicongne; mais li Valenchiennois l'en -avoient sauv et respit par le secours de cinq cens compagnons -que il i avoient envoiet. Donc crola li contes de Hainnau la teste -et dist: Chil de Saint Amant sont trop reveleus: il les nous -fault aler veoir, et ceuls de Mortagne aussi, mais ce sera plus -proainnement que il ne quident. F<sup>o</sup> 64 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 15: sis cens.—<i>Ms. de Rome</i>: sept cens. F<sup>o</sup> 64 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 23: Biaugeu.—<i>Ms. de Rome</i>: liquels se nonmoit -Edouwars,... et avoit avoecques lui des Bourgignons et des Savoiiens -biaucop et toute flour de gens d'armes. F<sup>o</sup> 64 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 29: douse cens.—<i>Mss. A 11 14</i>: quatorze cens. -F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 30: pilos.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et duroit chilz pilotis -tout au loncq de le rivierre. F<sup>o</sup> 49.</p> - -<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 31: costs.—<i>Ms. de Rome</i>: avoecques ses Hainnuiers -et Hollandois. F<sup>o</sup> 65.</p> - -<p>P. <a href="#Page_63">63</a>, l. 1: l'autre.—<i>Ms. de Rome</i>: Et se departirent de -Valenchiennes bien douse mille honmes. Et les conduisoient li doi -prevost de la ville, Jehans de Baisi et mesire Gilles li Ramonniers. -Et vinrent passer Condet les deus rivires de Hainne et -l'Eschaut, et ceminrent piet et ceval tant que il furent devant -Mortagne. F<sup>o</sup> 64 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_63">63</a>, l. 6: le Scarp.—<i>Mss. A 1 7, 11 14, 23 29</i>: -l'Escaut. F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_63">63</a>, l. 9: Mande.—<i>Mss. A 1 6, 18 33</i>: Mante. -F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 7 10</i>: Mande. F<sup>o</sup> 64 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 11 -14</i>: Manre. F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 15 17</i>: Saint Mande. F<sup>o</sup> 69 -v<sup>o</sup>.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et Saint Amand. F<sup>o</sup> 49.</p> - -<p>P. <a href="#Page_63">63</a>, l. 12: quatre cens.—<i>Ms. d'Amiens</i>: trois cens. F<sup>o</sup> 49.</p> - -<p>P. <a href="#Page_63">63</a>, l. 18: part.—<i>Ms. de Rome</i>: au ls deviers Mande, - la porte qui oeuvre sus le Scarp; et ses cousins li sires de Saint -Gorge estoit la porte d'Escaut, par o on va Antoing et en -Hainnau. F<sup>o</sup> 65.</p> - -<p>P. <a href="#Page_63">63</a>, l. 25: en l'aigue.—<i>Ms. d'Amiens</i>: terre et en le -rivire de Scarpe qui noiiet fuissent, se il n'ewissent evut bon secours. -F<sup>o</sup> 49.</p> - -<p>P. <a href="#Page_64">64</a>, l. 3: engien.—<i>Ms. de Rome</i>: et deus espringalles: -<span class="pagenum"><a id="Page_248"> 248</a></span> -li enghiens jettoit pires de fais dedens la ville; et les espringalles, -groses plonmes. L estoient li arbalestrier de Valenchiennes -arout, et traioient pooir sus les deffendans, dou quel trait il -en blechirent pluisseurs. F<sup>o</sup> 65.</p> - -<p class="space"> <b> 128.</b> P. <a href="#Page_64">64</a>, l. 23: l'Escaut.—<i>Ms. d'Amiens</i>: plus de -douze cens. F<sup>o</sup> 49.</p> - -<p>P. <a href="#Page_64">64</a>, l. 27: fait.—<i>Ms. d'Amiens</i>: que tout au mieux venir, -on n'en aroit meut hors de l'aighe une douzaine le jour. -F<sup>o</sup> 49.</p> - -<p>P. <a href="#Page_65">65</a>, l. 9: esbahi.—<i>Ms. d'Amiens</i>: dou sens de l'enghigneour -de Mortaigne, et dissent bien que uns telx mestres estoit -dignes de vivre. F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 129.</b> P. <a href="#Page_65">65</a>, l. 12: deus nuis et trois jours.—<i>Mss. A 11 - 14 et A 1</i>: deux jours et trois nuiz. F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_65">65</a>, l. 12: conquisent.—<i>Ms. de Rome</i>: Avant i ot plus -de lors gens navrs et blecis que des Franois, car, parler -par raison et considerer toutes coses, Mortagne dals Tournai -est trop forte place; et pour ces jours elle estoit pourveue de -bonnes gens d'armes, sage et confort, et ne fust garder plus -perilleuse forterce asss de deffense que ceste ne soit. F<sup>o</sup> 65.</p> - -<p>P. <a href="#Page_65">65</a>, l. 16: ville.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et dedens trois jours -apris fuissent devant Saint Amand, car il y seroit ossi. Ces -nouvelles oes en l'ost de Vallenchiennes, il se partirent et deslogirent -et tourssrent tout et missent voie; ms au partir il -violrent et desrompirent trop diviersement l'abbeie de Castiaux, -dont ce fu pitz. F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_65">65</a>, l. 27 et 28: trois mille.—<i>Mss. A 15 17</i>: quatre -mille. F<sup>o</sup> 70.</p> - -<p>P. <a href="#Page_66">66</a>, l. 1: veoir.—<i>Ms. d'Amiens</i>: car moult les hayoit -pour le cause de l'abbeie de Hanon qu'il avoient ars. F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_66">66</a>, l. 4: d'och.—<i>Ms. d'Amiens</i>: cousins l'evesque de -Cambrai, Guillaumme d'Ausoire. Et estoit chils de chiaux de -Mirepois et senescaus de Carkasonne, et l envoiiz en garnison -de par le roy de France. F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. de Rome</i>: mesire -Pire de Charcasonne. F<sup>o</sup> 65.</p> - -<p>P. <a href="#Page_66">66</a>, l. 16: l'abbeye.—<i>Ms. d'Amiens</i>: reliques et aournemens -de moustier, F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_67">67</a>, l. 2: bidau.—<i>Ms. d'Amiens</i>: bidau et Geneuois ne -<span class="pagenum"><a id="Page_249"> 249</a></span> -s'en faisoient que truffer, et torquoient de leurs capperons lez -murs de le ville, quant li arbalestrier avoient trait. F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.—<i>Ms. -de Rome</i>: et ne faisoient compte des Hainnuiers et par -especial des Valenchiennois. F<sup>o</sup> 65.</p> - -<p>P. <a href="#Page_67">67</a>, l. 13: d'armes.—<i>Ms. d'Amiens</i>: plus de douze -cens lances. F<sup>o</sup> 50.</p> - -<p>P. <a href="#Page_67">67</a>, l. 14: au ls.—<i>Ms. d'Amiens</i>: derire l'abbeie. F<sup>o</sup> 50.</p> - -<p>P. <a href="#Page_68">68</a>, l. 23: fuison.—<i>Ms. de Rome</i>: car chil qui entr -estoient, entrues que li premier se conbatoient, alrent ouvrir les -portes de la ville. Si entrrent ens li Valenchiennois, et tout chil -qui entrer i vodrent, par le pont de Scarp, et li aultre par la -porte de Tournai. F<sup>o</sup> 95 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 130.</b> P. <a href="#Page_69">69</a>, l. 13: occis.—<i>Ms. de Rome</i>: dont il en -desplaisi grandement au conte de Hainnau, et euist volentiers -veu que on l'euist pris sus et retenu en vie. F<sup>o</sup> 65 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_69">69</a>, l. 16: destruite.—<i>Ms. de Rome</i>: et se s'en sauvrent -pluisseurs qui se boutrent par derrire en le Scarp en nefs et -en batiaus, et lors fenmes et lors enfans, et s'en vinrent sauvet - Mortagne. F<sup>o</sup> 65 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_69">69</a>, l. 19 et 20: parardirent.—<i>Ms. de Rome</i>: fustrent -toute la ville et le parardirent, et abatirent et destruisirent biaucop -des offecines et mancions de l'abeie, et descouvrirent le -moustier qui tout estoit couvers de plonc, et rompirent le clochier -et abatirent et brisirent les cloces qui estoient excellentement -bonnes, et tout cargirent sus chars et sus chartes. -F<sup>o</sup> 65 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_69">69</a>, l. 28: sis cens.—<i>Ms. de Rome</i>: cinq cens. F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p>P. <a href="#Page_69">69</a>, l. 31: Scarp au dessous de Hanon.—<i>Mss. A 7 10, -23 33</i>: Scarp au dessus de Hannon. F<sup>o</sup> 66.—<i>Mss. A 1 6, -11 14, 18 22</i>: l'Escaut au dessus de Hanon. F<sup>o</sup> 71 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_70">70</a>, l. 7: parfons.—<i>Ms. de Rome</i>: liquel estoient impossible - passer sans batiaus. F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p>P. <a href="#Page_70">70</a>, l. 11: l'aigue.—<i>Ms. de Rome</i>: Si entrrent dedens -et avoient amen des arbalestriers et des hollandois piquenaires, -liquel sont et vaillent moult un assaut. Chil qui estoient ens s -batiaus sus l'aige qui venoit de la rivire de Scarp, qui vient de -Douai et qui l qourt, se missent sus la cauchie qui va de la -porte l'abeie; et petit petit tant passrent que il furent plus -de cent parmi les arbalestriers. F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_250"> 250</a></span> -P. <a href="#Page_70">70</a>, l. 14: Bacho de le Wire.—<i>Mss. A 11 14</i>: -Bachon de la Bruire. F<sup>o</sup> 69.</p> - -<p>P. <a href="#Page_70">70</a>, l. 21: pris.—<i>Ms. de Rome</i>: Et se rendi messires -Ams de Warwaus prisonniers au dit conte, et auqun gentilhomme -qui l estoient, et li monne aussi; mais le demorant il -furent ochis ou jett en la rivire. F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p>P. <a href="#Page_70">70</a>, l. 22: ossi.—<i>Ms. de Rome</i>: Dont ce fu damages; -mais en gerre il n'i a nulle pit ne merchi; et li varlet qui poursievent -les gens d'armes, font plus la fois, qant il se voient au -desus de lor emprise, que on ne lor conmande. F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p class="space"> <b> 131.</b> P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 6: famine.—<i>Mss. A 11 14</i>: pour quoy -il les pensoit plus tost avoir par affamer que par assaulx. -F<sup>o</sup> 69.</p> - -<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 11: Avoech.—<i>Ms. d Amiens</i>: .... il y avoit un -grant parlement entre le duc de Braibant, le duc de Guerlles, le -comte de Jullers, le marquis de Blancquebourch et aucuns seigneurs -d'Engleterre, sus l'estat que je vous diray. Li communaut -des bonnes villes de Braibant, especialement Brouxelles, -Louvain, Malinnes, Anwers, Nivelle, Jourdongne et Liere, se volloient -partir comment qu'il fust, et estoient enssi que tout tannet. -Et s'estoient complaint au duc leur seigneur en disant que ce n'estoit -mies vie d'estre si longement ost devant une ville sans autre -cose faire, et que l il sejournoient trop grant fret, et que -briefment il s'en partiroient par congiet ou sans congiet. De quoy -li dus, qui fu moult sages homs, leur avoit respondu que vollentiers -il en parleroit as autres seigneurs et au consseil le roy d'Engleterre, -pour qui il estoient l assamblet. Si leur avoit remoustr, -ensi que dessus est dit, li dus, quant li comtes de Haynnau -entra ou parlement. Si sambla as seigneurs, especialement au -consseil le roy englz, que li Braibenchon ne se volloient mies -acquitter trop souffissamment, qui j parloient dou retour. Et fu -chilx conssaux jettz sus le comte de Haynnau et priis que il en -volsist dire sen entente. Et il en respondi tout pourveeuement -que on leur donne ce congiet de partir, se partir voellent, ms -on leur face commandement que nuls n'enporte ses armures, ms -les mettent jus et les raportent deviers lez marescaus. Chils parlers -fu tenus, et leur fist li dus de Braibant ceste responsce de -par le roy d'Engleterre et tous les plus grans seigneurs de l'ost. -Et quant il orent che, si se turent et furent tous virgongneus, -<span class="pagenum"><a id="Page_251"> 251</a></span> -et leur sambla que on se truffoit d'iaux. Si n'en parlrent oncques -puisedi si descouvertement. F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 26: Hodebourch.—<i>Mss. A 1 7, 18 29</i>: Rodebourch, -Radebourch, Rodebourg. F<sup>o</sup> 72.—<i>Mss. A 8 10</i>: -Rendebourch. F<sup>o</sup> 65 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 11 14</i>: Rodembourch. -F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 15 17, 30 33</i>: Randebourch. F<sup>o</sup> 71 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 28: Ernoul.—<i>Mss. A 23 29</i>: Noel. F<sup>o</sup> 83.</p> - -<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 28: Bakehen.—<i>Mss. A 11 17</i>: Kakehan. F<sup>o</sup> 69 -v<sup>o</sup>.—<i>Ms. de Rome</i>: et Jehans ses frres. F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 29: Renauls.—<i>Ms. B 3</i>: Arnault. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 29: Conrars.—<i>Ms. B 3</i>: Colas.</p> - -<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 30: d'Asko.—<i>Ms. de Rome</i>: Ce furent li doi chevalier -qui estoient parti de Bouain, ensi que chi desus est dit, -et qui rurent jus entre Frane et Nostre Dame ou Bos, les saudoiiers -de Mortagne. F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 30: Bastiens.—<i>Mss. A 11 14</i>: Jahan. F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 31: Barsies.—<i>Mss. A 1 6, 18 22</i>: Warsie. -F<sup>o</sup> 72.—<i>Mss. A 11 14</i>: Warwasie.—<i>Mss. A 23 33</i>: -Bastres. F<sup>o</sup> 83.</p> - -<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 31 et 32: Stramen de Venoue.—<i>Ms. B 3</i>: Stranjen -de Veemone.—<i>Mss. A 23 29</i>: Stranjen de Beurne. -F<sup>o</sup> 83.</p> - -<p>P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 7: de Haynau.—<i>Ms. de Rome</i>: Et l furent li sires -de Goumegnies, li sires de Mastain, li sires de Vertain, messires -Henris de Huffalise, et Gilles et Tieris et Ostelars de Soumain. -F<sup>o</sup> 67.—<i>Ms. B 6</i>: Des Haynuiers y estoient messires Florens -de Biaurieu, messires Olyfars de Ghistelle, le sire de Gommegnies, -le sire de Semeries, le sire de Floyon, le sire de Sars et pluisseurs -aultres. F<sup>o</sup> 160.</p> - -<p>P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 9: Biaurieu.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22</i>: -Beaugeu. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 9: Baras.—<i>Mss. A 11 14</i>: Bertran. F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 16: trois cens.—<i>Mss. A 11 14</i>: Si estoient environ -quatre cens hommes d'armes, tous bien montez et armez. -F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 24 et 25: Keukeren.—<i>Mss. A 1 6, 11 14</i>: -Kakeren, Kakeranth.—<i>Mss. A 20 22</i>: Baquehem. F<sup>o</sup> 108.—<i>Ms. -B 3</i>: Kerqueren. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 24 et 25: Thielemans.—<i>Ms. de Rome</i>:... messire -Henri d'Uffalise. F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_252"> 252</a></span> -P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 25: Sansi.—<i>Mss. A 1 10, 15 33</i>: Saussi. -Saussy, Sausy, Saucy.—<i>Mss. A 11 14</i>: Thiebault du Saussoy.</p> - -<p>P. <a href="#Page_73">73</a>, l. 1: se partirent.—<i>Ms. B 6</i>: sans che que le conte -de Haynau ne messire Jehan de Haynau ses oncles en sceust riens. -F<sup>o</sup> 160.</p> - -<p>P. <a href="#Page_73">73</a>, l. 10: Montmorensi.—<i>Ms. de Rome</i>: mesires Carles. -F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 11 14</i>: monseigneur Mahieu de Montmorancy -et monseigneur Jehan de Saint Saulieu; mais en ces entrefaittes -qu'ilz se departoient de leur guait, un pou devant soleil -levant, vindrent ces Allemans en leurs gardes. F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_73">73</a>, l. 24: car.—<i>Ms. de Rome</i>: ses chevaus li falli. -F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_73">73</a>, l. 27 et 28: Jakelot de Thians.—<i>Mss. A 1 6</i>: -Jaquels de Chans. F<sup>o</sup> 72 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 11 14</i>: Jaquemes des -Champs. F<sup>o</sup> 70.—<i>Mss. A 20 22</i>: Jacques de Thibaux. -F<sup>o</sup> 108 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 132.</b> P. <a href="#Page_74">74</a>, l. 29: ossi.—<i>Ms. de Rome</i>: dont il fu depuis -moult blams, quant il laissa son compagnon, messire Carle de -Montmorensi. F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_75">75</a>, l. 4: coureur.—<i>Ms. d'Amiens</i>: li sires de Randerodene -et messires Ernoulz ses filz et messires Henris de Kenkeren ung -missenairez et messires Thielemant de Sanssi, messires Oliffars de -Gistelles et messires li Allemans, bastars de Haynnau et messires -Robers Glummes adonc escuier. F<sup>o</sup> 50.</p> - -<p>P. <a href="#Page_76">76</a>, l. 6: prisons.—<i>Ms. de Rome</i>: De celle aventure furent -li Franois si esbahi que il perdirent lor arroi, et n'avoient -pas gens parellement as Alemans et Hainnuiers, car la grignour -partie sievirent la banire le signeur de Saint Sauflieu. Et furent -les gens le signeur de Montmorensi tout espars; petit en i ot de -mors. F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_76">76</a>, l. 9: Kenkeren.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Henris de Kenkeren. -F<sup>o</sup> 50.</p> - -<p>P. <a href="#Page_76">76</a>, l. 10: Sausi.—<i>Ms. d'Amiens</i>: ... messires Ernaux de -Bakehen,... messires Florens de Biaurieu, messires Baras de le -Haye. F<sup>o</sup> 50.</p> - -<p>P. <a href="#Page_76">76</a>, l. 12: homme d'armes.—<i>Ms. d'Amiens</i>: escuier. -F<sup>o</sup> 50 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_76">76</a>, l. 15: prisonniers.—<i>Ms. de Rome</i>: Et furent rescous -messires Oulfars de Ghistelle et li doi esquier qui pris estoient; -<span class="pagenum"><a id="Page_253"> 253</a></span> -et retournrent en l'oost devant la chit de Tournai. -F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 133.</b> P. <a href="#Page_76">76</a>, l. 26 et 27: Or vous.—<i>Ms. de Rome</i>: Ensi -se portoient les cevauchies et les enbusqes et rencontres entre ces -deus hoos, le sige estant devant Tournai. Et pour ce que Jaques -d'Artevelle, poissance de Flamens, se tenoit devant Tournai -avoecques les aultres signeurs, nouvelles vinrent en l'ost, qant li -rois de Franche fu venus Bouvines, que les gens d'armes qui -estoient establi ens s garnisons de Saint Orner, d'Aire, de -Tieruane et des forterces franoises marcissans sus les frontires -de Flandres, enteroient en la valle de Cassiel, et destruiroient -le pais, Berghes, Bourbourc, Miessines, Werevi, Popringhe -et tout le plat pais de l environ, se il n'estoit que on lor fust -au devant. Pour ce furent ordonn messires Robers d'Artois et -mesires Henris de Flandres partir de l'oost, et prendre vint -mille Flamens, et aler ou val de Cassiel, et requellier encores -tous honmes portans armes dou tieroit dou Franc et de Flandres, -car tout n'estoient pas au sige de Tournai. Si en seroit li pais -plus fors et plus doubts.</p> - -<p>Sus cel estat, li dis mesires Robers d'Artois et mesires Henris -de Flandres s'en vinrent en la vale de Cassiel, et l se logirent; -et fissent un arrire mandement qui s'estendi par tout le pais de -Flandres, et pour garder les entres de Flandres. Si vinrent de -tous ls l Flamens et se logirent, et se trouvrent bien quarante -mille et plus. Avint ensi que compagnon, en une hoost qui -sejourne, sont de grant volent; il se quellirent et missent ensamble -bien trois mille Flamens, et sus l'entente que pour gaegnier -et aler fuster le pais environ Aire, Tieruane et Saint Omer; -et se departirent de l'oost et des aultres une vespre, sans point -parler lors chapitainnes, et vinrent sus un ajournement ens s -fourbours de Saint Omer et les ardirent, et abatirent les moulins -qui estoient au dehors. Chil qui estoient dedens Saint Omer s'estourmirent, -et l se tenoient bonne chevalerie d'Auvergne et de -Limosin, premierement li conte Beraut daufin d'Auvergne, et (li) -conte de Clermont son frre, le signeur de Merquel, le signeur -de la Tour, le signeur de Montgascon, le signeur d'Achier, le -signeur d'Aon, le signeur d'Alaigre, le signeur de Saint Aupisse, -le signeur de Pire Bufire, et se trouvoient bien trois cens lances, -chevaliers et esquiers. Si s'avisrent que il se meteroient sus les -<span class="pagenum"><a id="Page_254"> 254</a></span> -camps et poursieveroient ces Flamens, et manderoient ceuls qui -estoient en garnison en Tieruane que il leur venissent au devant, -entre Aire et Arques, et ausi ceuls de la garnison d'Aire et -de Saint Venant que il isissent et se mesissent sus le camps, et -qant il seroient tout ensamble, il courroient sus lor avantage -ces Flamens.</p> - -<p>Tout ensi conme il le proposrent, il le fissent, et s'asanblrent -dedens Saint Omer, et s'armrent et montrent as cevaus, -et enmenrent les arbalestriers et bien mille aultres honmes -avoecques euls, et issirent hors de Saint Omer, et prissent la -couverte le cemin dou mont de Herfaut. Qant li chevalier et li -esquier qui en Tieruane se tenoient furent segnefiiet de ceuls de -Saint Omer, li sires de Brimeu, li sires de Boubert, li sires de -Saint Pi, li sires de Reli, li sires de Sanci et pluisseur aultre qui -l se tenoient, il s'armrent et montrent as chevaus, et issirent -de Tieruane, et se missent sus les camps. Li Flamenc, qui ne -voloient aultre cose que pillier le pais, et puis retourner et estre -au soir en l'oost de lors gens, vinrent Arques, une grose ville - demi lieue de Saint Omer, et le pillirent et robrent toute, et -se cargirent de ce que il i trouvrent de dras et de jeuiaus; et -puis lor departement, il boutrent le feu dedens, et en ardirent -plus de la moiti, et abatirent les moulins. Et tout ce veoient li -Franois qui estoient sus les camps, et avoient j trouv l'un -l'autre chil de Saint Omer et chil de Tieruane, et se trouvoient -quatre cens lances et douse cens honmes de piet. Chil Flamenc, -qui avoient ceminet toute la nuit et l'endemain jusques haute -tierce, estoient tout lasset, et vinrent sus un village que on appelle -la Cauchie et l s'arestrent; et dissent que il mengeroient -et se reposeroient, et puis il se retrairoient viers Cassiel, car il -ne se sentoient de nului poursievi. Qant il furent l venu ou dit -village, li pluisseur se desarmrent et se traissent par ostels, et -se boutrent en gragnes, en maisons et en jardins, et n'estoient -en doubte de nului. Evous venus ces Franois en deus batailles, -et avoient vint banires, et ordonnrent lors arbalestriers tout -devant, et s'en vinrent en cel vilage que on dist la Cauchie -frapant l'esporon, et trouvrent ces Flamens, les auquns sus -la rue, les aultres tous desarms, et les pluisseurs qui buvoient -et mengoient.</p> - -<p>Qant chil chevalier et esquier furent l venu, et casquns escria -son cri, chil Flamenc furent si esbahi que onques il ne tinrent -<span class="pagenum"><a id="Page_255"> 255</a></span> -conroi ne ordenance, mais tournrent tous les dos, et se sauvrent -qui sauver se peurent; et en i ot bien ocis ou village que en -cace sus les camps dix huit cens, et li demorans retournrent -grant mescief tout desbaret. F<sup>o</sup> 68.</p> - -<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 3: Cassiel.—<i>Ms. d'Amiens</i>: de le castelerie de -Cassiel. F<sup>o</sup> 51.</p> - -<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 6: Saint Omer.—<i>Ms. d'Amiens</i>: de Saint Omer. -F<sup>o</sup> 51.</p> - -<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 10: Montagut.—<i>Ms. d'Amiens</i>: d'Auviergne. -F<sup>o</sup> 51.</p> - -<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 10: Rocefort.—<i>Ms. d'Amiens</i>: .... li sires d'Achier -et tout grant baron d'Auvergne. F<sup>o</sup> 51.</p> - -<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 12: Aire.—<i>Ms. d'Amiens</i>: se tenoient Artisien, li -sires d'Aubegny, li sires de Sanci, li sires d'Avelui, li sires de -Creki, li sires de Kikenpoi, li sires d'Avesquierke, li sires d'Ennekins, -li sires de Reli et li sires de Bassentin. F<sup>o</sup> 51.</p> - -<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 14: Flamens.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et li Flammencq -ossi sus yaux. F<sup>o</sup> 51.</p> - -<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 17: trois mille.—<i>Mss. A 1 10, 18 33</i>: quatre -mille. F<sup>o</sup> 73 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 27: six.—<i>Mss. A 11 14</i>: sept. F<sup>o</sup> 71.</p> - -<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 27: deus cens.—<i>Mss. A 11 14</i>: trois cens. -F<sup>o</sup> 71.</p> - -<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 27 et 28: bacins.—<i>Ms. d'Amiens</i>: lanches. F<sup>o</sup> 51.</p> - -<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 28: cinq cens.—<i>Ms. d'Amiens</i>: sis cens. F<sup>o</sup> 51.—<i>Mss. -A 11 14</i>: et environ huit cens bidaux, taffes et petaulx. -F<sup>o</sup> 71.</p> - -<p>P. <a href="#Page_78">78</a>, l. 1: Arkes.—<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>: Ardres. F<sup>o</sup> 73 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_78">78</a>, l. 14: dis huit cens.—<i>Ms. d'Amiens</i>: de trois mille - dis huit cens. F<sup>o</sup> 51.</p> - -<p class="space"> <b> 134.</b> P. <a href="#Page_79">79</a>, l. 19: compte.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et ne furent - nul seur, ne pour parolle ne pour priire que messires -Robers d'Artois ne messires Henry de Flandres leur pewissent -dire ne faire, jusquez tant qu'il se trouvrent Ippre, Popringe -et ens leur pays bien avant. F<sup>o</sup> 51.—<i>Ms. de Rome</i>: Nient -mains, tous jours il tenoient leur rieule sus la fourme que dit -vous ai; et n'i demora, avant que il fust jours, ville ne hamiel -deslogier. Et se trouvrent li doi chevalier, un petit apris solel -levant, ensi que tout seuls, sus les camps. F<sup>o</sup> 68 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_256"> 256</a></span> -P. <a href="#Page_79">79</a>, l. 24: recordrent.—<i>Ms. de Rome</i>: au roi d'Engleterre, -au duch de Braibant, au duch de Gerlles, au conte de -Hainnau et as signeurs. F<sup>o</sup> 68 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_79">79</a>, l. 26: esmervilliet.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et quant chil de -Saint Omer, d'Aire et de Saint Venant entendirent le deslogement -des Flammens, et coumment en grant haste il s'en aloient, -si se partirent des villes voisinnes et vinrent en ceste meisme -plache, et trouvrent encorres grans remannans de tentes, de -trs, de pavillons, de harnois et de carois. Si prisent et toursrent -tout et en menrent en leurs villes, et y eurent grant prouffit. -F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 135.</b> P. <a href="#Page_79">79</a>, l. 28: Chils siges.—<i>Ms. de Rome</i>: Li siges -devant la chit de Tournai dura asss longement onse sepmainnes, -trois jours mains, et tous les jours i avoit fais d'armes -ou escarmuce, auquel ls que ce fust. Par dedens avoit avoecques -messire Godemar dou Fai, qui un lonch temps en avoit eu le -gouvrenement, bonne chevalerie et sage, tels que le conte de Fois, -le conte de Conmingnes, le conte d'Ermignach, le seigneur de -Labret, le conte de Qarmain, le signeur de Copane, le signeur -de Qorasse, le signeur de Qoo, le signeur de Barrage, le signeur -de Taride, le signeur de Pincornet et maint aultre, Gascons, -Foisois, Berns et Labrisiens. Et chil signeur avoient la souverainne -ordenance de la chit; et n'en songnoient les prevos et les -jurs et les honmes de la ville ensi que noient, car la amministration -de toutes coses estoit reserve ceuls desus dis.</p> - -<p>Li rois d'Engleterre, grant poissance et grant coustage, tenoit -l son sige, car li Alemant n'en faisoient riens, fors que -pour l'argent, et voloient estre paiiet de quinzainne en quinzainne; -et estoient l contournes et enbutes toutes les rentes et revenues -d'Engleterre, tant en l'estat dou roi tenir, que en paiant les Alemans. -Li contes de Hainnau, li dus de Braibant et li dus de Gerles -servoient le roi d'Engleterre leurs coustages, et messires -Jehans de Hainnau aussi; mais tout li aultre, reserv les Flamens, -voloient bien savoir pourquoi et conment il estoient l venu. Et -couvint le roi d'Engleterre, ensi que je fui enfourms, enprunter - Jaquemon d'Artevelle, son compre, et tout le pais de Flandres -chienqante mille mars, monnoie d'Engleterre, avalue au -paiement de Flandres et d'Engleterre: ce furent deus cens mille -florins; et tout fu contourn en son estat et au paiier ses saudoyers. -<span class="pagenum"><a id="Page_257"> 257</a></span> -Et de l'enprunt que li rois d'Engleterre fist et dou prest -aussi, il bailla lettres autentiques, seeles dou seel le roi et de -pluisseurs barons d'Engleterre qui l estoient, en tesmongnant et -en aprouvant les lettres veritables; mais Jaquemes d'Artevelle, -qui avoit toute la poissance de Flandres en sa main, i estoit tous -pour le roi d'Engleterre; et ne li prioit en secr et en especialit -d'aultre cose que il se vosist tenir tous quois, sans partir, en Flandres, -et vivre des rentes et revenues dou pais et des aides que -on li feroit, et espargnier les revenues d'Engleterre pour poursievir -sa gerre. Et qant li rois d'Engleterre remoustroit ces proumesses - son consel que Jaques d'Artevelle et li pais de Flandres -de bonne volent li offroient, li plus de son consel s'enclinoient - ce que il le presist, et que sa gerre en seroit plus forte et plus -belle. Et qant, sus cel estat, li rois d'Engleterre en parloit au -duch de Gerlles, son serourge, au duch de Braibant, son cousin -germain, et au conte de Hainnau, son frre, il li consilloient tout -le contraire et li remoustroient par pluisseurs raisons que il se -meteroit en grant aventure et peril; car qant il quideroit estre le -mieuls d'euls, uns rumours et uns debas s'esmouveroit Bruges -ou Gant ou Ippre de ses gens as Flamens, selonc ce que Flamenc -sont chaut et merancolieus: il ociroient tout soudainnement -et vous aussi, et puis remanderoient lor signeur. Il vous -soufisse avoir ce que vous en avs. Tens les amour et ce -Jaque d'Artevelle, entrues que il est en sa poissance. Vous les -auers millours estre en sus de vous que si proains, et si sers -hors dou peril, car nuls sires ne se doit trop comfiier en commun -estragne. De trop petit on piert lor grasce et lor amour. Encores -vit lors sires et a un fil. Par ce fil, mais que li rois de -France lor voelle renvoiier, se poront il un de ces jours retourner -et ocire ce d'Artevelle, et trop de soutillet il a en France. -Mais qui poroit faire une cose, vous avs une fille, Isabiel: se li -Flamenc pooient tant faire par sens et par pratique que il reuissent -lor fil; et puis uns mariages se fist de vostre fille ce fil, -les aliances dou mariage poroient estre bonnes et moult vous deveroient -valoir ou temps venir. Li rois d'Engleterre s'inclina - ce consel et ne prist nul autre.</p> - -<p>Or vous voel je nonmer les contes et les barons qui furent au -sige de Tournai avoecques le roi d'Engleterre, et liquel passrent -la mer avoecques li: premierement les prelas, l'evesque de Lincole -et l'evesque de Durem; le conte Derbi, le conte d'Arondiel, -<span class="pagenum"><a id="Page_258"> 258</a></span> -le conte de Norhantonne, le conte de Herfort, le conte de Warvich, -le conte de Douvesire, le conte d'Ormont et le conte de -Wincestre; barons: le signeur de Persi, le signeur de Lusi, le -signeur de Noefville, le signeur de Helinton, le signeur de Felleton, -le signeur de Braseton, le signeur Espensier, mesire Renault -de Gobehen, mesire Richart de Stanfort, mesire Thomas de Hollandes, -le signeur de Basset, le signeur de Bercler, le signeur -Fil Warin, le signeur Fil Watier, le signeur de Biaucamp, mesire -Jehan de Biaucamp, mesire Rogier de Biaucamp, le signeur de -Hastinges, le signeur de Ferrires, le signeur de Moutbrai, le signeur -de Multon, le signeur de Ware, le signeur de Lanton, le -signeur de Graa, messire Richart la Vace, le signeur de Courtenai, -le signeur de Illecombe, cornillois, le signeur de Talebot, et -tant que il estoient vint et huit barons et diis contes. Je n'ai pas -nonm le conte de Pennebruq et le conte de Heustidonne qui ausi -i estoient. Encores avoecques tout ce, se la bataille euist est devant -Tournai des deus rois et de lors aliis, ensi que on esperoit -que elle deuist estre, il estoient issu hors d'Engleterre avoecques -le roi pluissours chevaliers et signours qui euissent bout lors -banires hors, et avoient lor estat tout pourveu grant et estof, -et ne desiroient aultre cose. Aussi tout li signeur, qui l au dit -roi d'Engleterre compagnie faisoient, au plus estofeement conme -il pooient, il i estoient, tant de banires, de pennons, de monteures, -de trefs, de tentes, de carroi et de toutes coses qui une -hoost apertient et est necessaire as gens d'armes.</p> - -<p>Encores sans comparison estoit trop plus grans li estas dou -roi Phelippe de France, car l estoient quatre rois qui tout li -faisoient compagnie et service: li rois de Boesme, li rois de Navare, -li rois d'Escoce et li rois de Maiogres; et comprendoient -les logeis des Franois trois lieues tout l'environ. Et fu raport -par les hiraus(que) avoecques le duc de Normendie, le duch de -Bretagne, le duc de Bourgogne et le duch de Lorrainne, il i avoit -en son hoost dix sept contes, deus cens et soisante neuf baners, -et estoient bien tout honme de deffense cent et chienqante mille. -Considers le peuple qui l estoit assambls, tant pour l'un roi -que pour l'autre, car li rois d'Engleterre, parmi les Flamens, -avoit plus de cent mille honmes. Grant ocision et grande mortalit -de peuple i euist est, se par bataille il fuissent venu ensamble. -On en fu sus le point, mais li dus de Braibant, qui cousins -germains estoit dou roi d'Engleterre, et qui l estoit moult poissanment -<span class="pagenum"><a id="Page_259"> 259</a></span> -venus, acompagnis de barons et de chevaliers de son -pais et des conmunauts, des honmes de Brousselles, de Malignes -et de Louvaing, brisoit et brisa tout dis couvertement la bataille, -avoecques un grant moiien qui l estoit pour tretiier paix, -trieuwes ou respit, madame Jehane de Valois qui contesse avoit -est de Hainnau, et qui serour germainne estoit dou roi Phelippe -et dou conte Carle d'Alenon, et qui avoit l son fil le conte de -Hainnau. Avoecques la bonne dame s'ensonnioit de traitiier et -d'aler de l'un l'autre uns moult sages chevaliers qui se nonmoit -mesires Lois d'Augimont; et avoit si belle parleure et si aourne -et de si grande prudense que il estoit trs volentiers os entre -toutes les parties, tant de France conme de l'Empire. Et quoi que -pour le roi d'Engleterre tout chil signeur de son ls fuissent l -asambl, il n'en estoit pas en li dou dire et dou faire, mais couvenoit -que le plus il s'ordonnast et gouvrenast par ceuls de l'Empire -et especiaulment par le duc Jehan de Braibant, son cousin -germain, car desus tous il avoit la grignour vois et audiense. Et -moustra par couvreture que la priire madame Jehane de Valois -il s'inclinoit ce que bon seroit que on entendesist auquns -trettis de paix et de trieuves, car on devoit l moult faire pour -faire pour la bonne dame qui l avoit ses frres et ses enfans. Et -fu donn entendre au roi d'Engleterre que li iviers aprooit, et -les longes nuis et froides, que toutes gens resongnent de jesir as -camps, et que pour celle saison on en avoit asss fait.</p> - -<p>Li rois d'Engleterre, pour ce temps, estoit jones, et pas ne -congnissoit encores le malisce et pratique dou monde et des grans -signeurs de l'Empire qui despendoient son argent et vosissent -que la gerre durast tout dis, car il estoient bien paiiet. Li contes -de Hainnau et messires Jehans de Hainnau, ses oncles, avoient -cler enghien asss pour considerer toutes ces coses, et veoient -bien les dissimulations qui estoient entre ces signeurs de l'Empire -et le plus deviers le duch de Braibant, mais il n'en osoient parler -et se souffroient, et ne se vodrent onques ensonniier de nul tretti, -mais en laissirent couvenir le duch de Braibant, le duch de -Gerles et le conte de Jullers, de la partie le roi d'Engleterre. -Madame Jehane de Valois et messires Lois d'Augimont procurrent -tant deviers le roi de France que li rois de Boesme, li contes -d'Alenon et li contes de Flandres furent esleu pour estre -ces parlemens et tretis l'encontre de ces signeurs desus nonms. -Et fu ordonn que chil signeur, qant on ot pris asegurances -<span class="pagenum"><a id="Page_260"> 260</a></span> -que il pooient aler et venir et lors gens sans nul peril et retourner -casqun en son hoost, tenroient lors parlemens et lors trettis -en une chapelle que on dist Esplecin, et est asisse enmi les -camps, ensi que en un chemin. Et venoient l chil signeur tantos -apris messe et boire, et se metoient dedens la chapelle, et la desus -ditte dame, madame Jehane de Valois, avoecques euls; et i -furent trois ou quatre fois que riens n'i faisoient. Donc i revinrent -dou cost le roi d'Engleterre li evesques de Lincolle et messires -Jehans de Hainnau; et de la partie le roi de France, li evesques -de Lige et li contes d'Ermignach. Par le moiien de ceuls qui -adrechirent as besongnes, avoecques les paroles et priires de -celle bonne dame, madame Jehane de Valois, se ouvrirent et -avancirent li tretti. Et regardrent li signeur, qui moult honnouroient -l'un l'autre, qant il entroient dedens la capelle, que -unes trieuwes seroient bonnes prises durer tant seullement un -an entre toutes les parties par mer et par terre, et dedens cel -an li rois d'Engleterre envoieroit nobles honmes et prelas de par -lui en la chit d'Arras en Piqardie, qui aueroient plainne poissance -de faire paix et acord l'entente des deus rois; et aussi li -rois de France parellement renvoieroit de par li nobles honmes -et prelas qui aueroient plainne poissance d'acorder tout ce que -dit et parlement seroit pour le millour. Avoecques tout che, li -doi roi supplieroient benignement nostre Saint Pre le pape que -il i vosist envoiier deus cardinauls en legation, pour aidier -adrecier ces besongnes. Sus cel estat et ordenance se conclut li -parlemens, et donna on entendre au roi d'Engleterre que par -ce parlement qui seroit asigns Arras, il aueroit en pareon -grant part dou roiaulme de France; dou mains toute la duce de -Normendie, qui jadis avoit est as rois d'Engleterre, li seroit -rendue, et la cont de Pontieu et celle de Monstruel, et tous -coustages et frs que fais avoit, li et ses gens, depuis que il passa -la mer en la cause dou calenge. Ces proumesses ou l environ et -encores plus grandes que li dus de Braibant remoustroit son -cousin le roi d'Engleterre, l'apaisoient grandement et li brisoient -ses abusions, et aussi ceuls d'Engleterre, et s'acorda asss doucement - la trieuve. Si furent lettres escriptes, seeles et donnes, -et en prist cascuns des rois ou de lors honmes ce conmis dou -recevoir, les copies. Et estoient donnes les trieuwes, et ensi furent -elles causes et conditionnes et publiies ens s deus hoos -et dedens la chit de Tournai, pour resjor la conmunaut de la -<span class="pagenum"><a id="Page_261"> 261</a></span> -ville, durer jusques au premier jour dou mois de marc, lequel -on atendoit, que on compteroit l'an mil trois cens quarante et -un, jusques au marc ensievant l'an mil trois cens quarante et deux. -Et avoient li pluisseur l en dedens esperance de paix. A toutes -ces coses rendi especiaulment grant painne madame de Valois. -F<sup>os</sup> 68 v<sup>o</sup> 70.</p> - -<p>P. <a href="#Page_79">79</a>, l. 29: trois jours mains.—<i>Mss. A 11 14</i>: et quatre -jours. F<sup>o</sup> 71 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_80">80</a>, l. 4: France.—<i>Ms. d'Amiens</i>: premierement le -comte de Foix et sen frre le comte Raoul d'Eu, connestable de -Franche, le comte de Ghines son fil, le conte Aimery de Nerbonne, -messire Aymars de Poitiers, messire Joffroy de Cargny, -messire Gerart de Montfaucon, messire Godemar dou Fay et le -seigneur de Kayeux, et ossi le marescal de Franche, monseigneur -Robert Bertran. Chil seigneur estoient vaillant homme, et -de grant affaire et de bon sens. Si penssrent si bellement et si -sagement de le ditte ville que leur honneur y fu bien et grandement -garde et la chit ossi. Car oncques pour assault ne pour -hustin, ne pour escarmuce qui y fuist, chil seigneur ne s'en partirent; -ms songneusement de nuit et de jour le pourveirent de -deffense et de consseil. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_80">80</a>, l. 24: Haynau.—<i>Ms. d'Amiens</i>: car son fil le comte -Haynnau trouvoit elle si dur et si rebelle sen entention, que -elle ne l'en volloit plus parler. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_81">81</a>, l. 8: capelle.—<i>Ms. B. 6</i>: vers Esplechin. F<sup>o</sup> 165.</p> - -<p>P. <a href="#Page_81">81</a>, l. 9: De le partie.—<i>Ms. B 6</i>: De la partie de -Franche fu pris pour faire le traitiet le roy de Behaigne, l'evesque -de Lige, le duc de Bourbon et le comte d'Alenchon; et de -la partie du roy d'Engleterre, le duc de Brabant, le conte Derbi, -le conte de Norhantonne et l'evesques de Londres. F<sup>o</sup> 165.</p> - -<p>P. <a href="#Page_81">81</a>, l. 12: d'Ermignach.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et li comtes -de Blois. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_81">81</a>, l. 14 et 15: li dus de Julers.—<i>Ms. d'Amiens</i>: li -comtes de Jullers. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_81">81</a>, l. 15: Haynau.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et li comtes de -Warvich. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_81">81</a>, l. 16: capelle.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Ceste journe au -matin que li seigneur durent venir enssamble, il orent au point -dou jour messe. Et asss tost apris le messe, il burent ung cop, -et puis cevauchirent chacuns li ungs deviers l'autre, li Franchois -<span class="pagenum"><a id="Page_262"> 262</a></span> -enssamble et li Englz enssi, et entrrent environ l'eure -de tierche en le ditte caple. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_82">82</a>, l. 2: entrer.—<i>Ms. d'Amiens</i>: avoecques le somme -de l'anne. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_82">82</a>, l. 8: engien.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et avoient cilz des -lontainnes marches, les quarante jours, advis de tenir le trieuwe, -s'il volloient, ou de renonchier et guerriier, s'il leur plaisoit. -F<sup>o</sup> 52.</p> - -<p>P. <a href="#Page_82">82</a>, l. 25: envis.—<i>Ms. d'Amiens</i>: especialment chil de -Brouxelles. F<sup>o</sup> 52.</p> - -<p class="space"> <b> 136.</b> P. <a href="#Page_82">82</a>, l. 30: Ensi.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Enssi se departirent -ces deus grans os, et donna ly rois d'Engleterre congiet touttes -mannierres de gens et de seigneurs, et les remerchia grandement -et chacun par lui, dou service que fait li avoient. Si s'en revint -li roys Gand, dalls le roynne se femme, et ne demoura mies -puis loingtans qu'il s'en partirent et retournrent en Engleterre. -F<sup>o</sup> 52.</p> - -<p>P. <a href="#Page_83">83</a>, l. 9 et 10: signeurs.—<i>Ms. de Rome</i>: De rechief, il -se offrirent lui et se representrent pour aler partout o il les -manderoit, car il les avoit bien paiis. F<sup>o</sup> 70.</p> - -<p class="space"> <b> 137.</b> P. <a href="#Page_84">84</a>, l. 14: Or se.—<i>Ms. de Rome</i>: Ensi se departirent -tout chil signeur d'Allemagne et tournrent casquns en lors lieus. -Li dus de Braibant retourna dedens son pais, li contes de Hainnau -et messires Jehans de Hainnau fissent compagnie au roi -d'Engleterre jusques en la ville de Gant, et l prissent il congiet - lui et la roine, et puis retournrent en Hainnau par Brousselles, -car l ot une grande feste de joustes que li dus de Braibant -et li chevalier de Braibant fissent lor retour. Et l joustrent -li contes de Hainnau et ses oncles, et en ot le pris de ceuls -de dehors li contes de Hainnau, et de ceuls de dedens li sires -de Destre; et des esquiers de dehors, Willaumes de Mastain, et -de ceuls de dedens Pires de Pietresen. Et l furent ces joustes -de Brousselles noncies et criies unes joustes de trente chevaliers -et de trente esquiers estre Mons en Hainnau. Et se tint la -feste grande et belle, et enporta le pris des chevaliers de dehors -li contes de Namur, et de ceuls de dedens mesires Gerars de -Werchin, senescal de Hainnau, mais il i fu si travillis que depuis -il ne vesqi point longement, et morut jones, dont ce fu damages, -<span class="pagenum"><a id="Page_263"> 263</a></span> -et des esquiers de dehors, Thieris de Brederode, et de ceuls de -dedens Ansiaus de Sars. Et se continurent ces festes en bien, en -joie et en reviel.</p> - -<p>Et les povres gens dou pais de Hainnau, liquel avoient perdu -le lor ce conmencement par la gerre et ars lors hostels et lors -maisons, s'aherdirent au labourer et au gaegnier dou nouviel. -Aussi fissent chil de France des marces et frontires de Tournesis, -de Lille et de Douai.</p> - -<p>Et li rois d'Engleterre et la roine sa fenme ordonnrent lors -besongnes, et prissent congiet lor compre Jaquemon d'Artevelle, -mais il les amena et aconvoia jusques Bruges et de l -Dunquerque. Et l estoient lor vassiel tout prest, et entrrent -dedens, et traversrent la mer et vinrent Zandvich; et j -estoient departi grant fuisson de lors gens par l'Escluse et par -Anwiers et retourn en Engleterre.</p> - -<p>Et li rois Phelippes aussi avoit donn congiet toutes gens -d'armes et remerciiet les lontains, et estoit venus jeuer et esbatre -en la ville de Lille, et l le vinrent veoir les bonnes gens de -Tournai; il les vei volentiers. Et les representrent mesires Godemars -dou Fai et li signeur qui dedens avoient est le sige durant, -et se lorent grandement de euls. Li rois oy volentiers ces -loenges, et rendi ceuls de Tournai lor loi, laquelle il avoient -perdu un grant temps; et estoient menet, jugiet et ordonn par -un gouvreneur.</p> - -<p>Apris toutes ces coses faites et acomplies, li rois s'en retourna -en France, et ot une trs grande feste Compiengne; et fu uns -tournois, liquels fu criis et publiis en moult de pais, et en fu -chis li bons rois de Boesme, et ot ce tournoi plus de sept -cens hiaumes. F<sup>o</sup> 70.</p> - -<p>P. <a href="#Page_84">84</a>, l. 21: jouste.—<i>Ms. B 6</i>: de quarante chevaliers et -escuiers contre tous venans. Et y eut moult belle jouste. Et y fu -le roy d'Engleterre, le duc de Brabant, Jaques de Hartevelle et -grant foison d'autres seigneurs. Et furent les joustes moult belles; -et aprs la feste faite, chacun se party et alla l o il leur plaisoit. -F<sup>o</sup> 166.</p> - -<p>P. <a href="#Page_84">84</a>, l. 29: Lille.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et s'i tint environ -quinze jours. F<sup>o</sup> 52.</p> - -<p>P. <a href="#Page_84">84</a>, l. 29: cil de Tournay.—<i>Ms. d'Amiens</i>: li plus grant -bourgois de Tournay. F<sup>o</sup> 52.</p> - -<p>P. <a href="#Page_85">85</a>, l. 8: anciiens.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Ossi li bourgeois -<span class="pagenum"><a id="Page_264"> 264</a></span> -de Lille requisent au roy que il leur volsist donner messire -Wafflart de le Croix, qu'il tenoit en prison, liquelx les avoit -gueriis ung moult loing tamps et fs plusieurs despis. Li rois -leur donna, car bien y estoit tenus pour le cause d'un biau service -que cil de Lille li avoient fet, que pris le comte de Sallebrin -et le comte de Sufforch et rendus lui pour ses prisonniers. -Et quant chil de Lille eurent le dit monseigneur Wafflart en leur -vollent, il ne le gardrent pas trop longement, ms le fisent -morir honte. Apris touttes ces coses, li roys de Franche se -parti de Lille et s'en revint petites journes en grans esbas -Paris, et l ou au bos de Vincnes se tint ung grant temps. -F<sup>o</sup> 52.</p> - -<p>P. <a href="#Page_85">85</a>, l. 18: A ce parlement.—<i>Ms. B 6</i>: Et s'en revint -le roy d'Engleterre Gand o madame sa femme estoit. Sy -ordonna toutes ses besoignes et s'en rala en son pais, et laissa -par dech le conte Derbi son cousin et le conte de Norhantonne -et l'evesque de Linchelle pour estre che parlement et traitiet -qui se devoit faire en la ville de Aras, mais riens de pais ne s'y -pot trouver ne esploitier. Sy y furent deus cardinaulx, le cardinal -de Naples et le cardinal de Panestres, envoiiet en legation de par -le pappe Benedick. Et osy de par le roy de France y fut le conte -de Flandres, le conte de Bar, le sire de Saint Venant, l'evesque -de Ausoire. Ches traitteurs et ces cardinaulx se tinrent l emsamble -plus de trois mois, maiz il n'y peurent trouver nulle fin -de pais. F<sup>os</sup> 166 et 167.</p> - -<p>P. <a href="#Page_85">85</a>, l. 20: Bourbon.—<i>Ms. d'Amiens</i>: .... li comtes de -Salebruges, li comtes de Saint Pol et li sires de Couchy. F<sup>o</sup> 52.</p> - -<p>P. <a href="#Page_85">85</a>, l. 25: d'Artois.—<i>Ms. de Rome</i>: contes de Ricemont. -F<sup>o</sup> 70 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_85">85</a>, l. 26: Flandres.—<i>Ms. de Rome</i>: Et en furent -priiet li contes de Hainnau et messires Jehans de Hainnau et -messires Henris de Flandres. Li contes de Hainnau s'escusa, -mais son oncle et messire Henris i furent. F<sup>o</sup> 70 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_86">86</a>, l. 3 et 4: deux ans.—<i>Ms. de Rome</i>: par mer et -par terre. F<sup>o</sup> 70 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_86">86</a>, l. 5 et 6: revinrent.—<i>Ms. d'Amiens</i>: li cardinal -en Avignon, li Franchois en Franche et li Engls en Engleterre. -Et se pourveirent li doy roy sus ceste entente pour gueriier, le -trieuwe acomplie, plus fort et plus radement qu'en devant -n'avoient fait. F<sup>o</sup> 52.—<i>Ms. de Rome</i>: Mais li contes de -<span class="pagenum"><a id="Page_265"> 265</a></span> -Hainnau avoit fait priier par son oncle le cardinal de Naples, -son cousin, que il vosist venir et descendre en son pais en -Hainnau. Li cardinauls, la priire dou conte et de son oncle, -obei et descendi et vint en Hainnau, et entra en Valenchiennes -par la porte d'Anzain. Et ala li contes sus les camps l'encontre -de li plus de cinq cens chevaus, et l'amena moult honnourablement -en Valenchiennes, et de l en son hostel que on nonme la -Salle, et fu trois jours Valenchiennes et deus jours au Kesnoi. -Et puis retourna li dis cardinaus Cambrai, et de l Amiens, -o il trouva le cardinal de Clermont qui l l'atendoit; et puis -s'en alrent tout doi ensamble Paris deviers le roi et les signeurs. -F<sup>o</sup> 70 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_86">86</a>, l. 11: lontainnes.—<i>Ms. d'Amiens</i>: de Saintongle, -de Gascoingne et de Thoulousain, car toudis gueriirent il et -heriirent l'un l'autre les garnisons englesses et franchoises. Et -tenoient li Gascon franchois ce donc les camps en le lange -d'ok, et concquisent pluiseurs villes et fortrches sus les Englz. -Ossi li Escot dis(o)ient bien que j, tant que il pewissent gueriier, -il ne tenroient trieuwes ne respit as Engls, car pas n'y estoient -tenu, ms de porter tous les dammaiges qu'il poroient, ensi qu'il -fissent et si comme vous ors chy enssiewant. F<sup>o</sup> 52.</p> - -<p>P. <a href="#Page_86">86</a>, l. 14: avenues.—<i>Ms. d'Amiens</i>: plus qu'en nul -autre pays. F<sup>o</sup> 52.</p> - -<p class="space"> <b> 138.</b> P. <a href="#Page_86">86</a>, l. 25: A savoir.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Pluiseur gongleour -et enchanteour en place ont chant et rimet lez guerres de -Bretagne et corromput, par leurs chanons et rimes controuves, -le juste et vraie histoire, dont trop en desplaist monseigneur -Jehan le Biel, qui le coummencha mettre en prose et en cronique, -et moy, sire Jehan Froissart, qui loyaument et justement -l'ay poursuiwi mon pooir; car leurs rimmez et leurs canchons -controuves n'ataindent en riens le vraie matre, ms velle ci si -comme nous l'avons faite et achieve par le grande dilligensce -que nous y avons rendut, car on n'a riens sans fret et sans -penne. Jou, sire Jehans Froissars, darrains venus depuis monseigneur -Jehan le Bel en cel ouvraige, ai ge all et cherchiet le -plus grant partie de Bretaigne, et enquis et demand as seigneurs -et as hiraux les gerrez, les prises, les assaux, les envaes, les -bataillez, les rescousses et tous les biaux fs d'armes qui y sont -avenut mouvant sus l'an de grasce mil trois cens quarante, poursieuwans -<span class="pagenum"><a id="Page_266"> 266</a></span> -jusquez le darrainne datte de ce livre, tant le -requeste de mes diz seigneurs et ses fraix que pour me plaisance -acomplir et moy fonder sus title de verit, et dont j'ay -estet grandement recompenss. Et pour chou que vous sachis le -coumencement et le rachinne de ceste guerre et dont elle se -moet, je le vous declarray de point en point. Si en dirz vostre -entente, et quel cause et droit messires Carles de Blois eut -l'hiretaige de Bretaingne, et d'autre part, li comtez de Monfort, -qui en fist fet et partie contre lui. Pluisseurs gens en ont parlet -ou parolent, qui ne svent mies ou n'ont sceu par quel affaire li -oppinions de le challenge des seigneurs dessus diz est venus, ne -premierement esmeus; ms chy s'enssuilt. Si l'orz, s'il vous -plest, et je le vous declarray.</p> - -<p>Apris le departement dou sige dou Tournai, si comme vous -avs chy dessus oy, et que li roys de Franche donna congiet -tous sez os et remerchia lez ducs, lez comtez et lez barons de ce -que si bien et si honnerablement cescun seloncq son pooir -l'avoient servi, ly seigneur prisent congiet dou roy li ung aprs -l'autre, et se retrairent chacun vers sen lieu. En ce departement, -li dus de Bretaingne, qui servi avoit le roy bien dix mil lanches -devant Tournai, tous de chevaliers et d'escuiers de son pays, -donna toutez ses gens congiet de raller chacun sus son lieu, et -ne retint fors chiaux de son hostel, et chemina petittez journes -et grans frais. Bien le pooit faire, car il tenoit grant estat -et noble, car il estoit sires d'un grant pays et rendable. En son -chemin, chilx dus s'acoua au lit d'une maladie, de laquelle il -morut. Chils dus n'avoit eu nul enfant de la ducoise sa femme. -Si avoit il une sienne nice, fille de son frre germain de pre et -de mre, laquelle jone fille il avoit marie monseigneur Charle -de Blois, frre maisnet monseigneur Loeys, comte de Blois. -Chils dus de Bretagne si avoit ung frre de par se mre qui avoit -estet remarie, et appelloit on cesti le comte de Montfort. Et -estoit chilx comtez de Monfort maris le sereur le comte Loeys -de Flandrez, et avoit de ceste damme fil et fille. Chils dus de -Bretaigne, qui de son vivant avoit marie se niche, fille de son -frre germain, mort devant lui, se doubtoit bien que li comtes -de Montfort, ses frres de remariaige, ne volsist de forche, -apris sa mort, entrer en la possession de Bretaingne et deshireter -sa niche, qui drois hoirs en estoit. Et pour mieux tenir et -garder ses drois et deffendre sen hiretaige, il l'avoit dounnet, -<span class="pagenum"><a id="Page_267"> 267</a></span> -enssi que j'ay j dit, monseigneur Charlon de Blois, nepveut -au roy de Franche, et qui le mieux et le plus grandement estoit -enlinagiz en Franche, et qui le plus y avoit de prochains de tous -costz et de bons amis. Et celle entente avoit li dus fet le mariaige -de sa niche et de monseigneur Charlon de Blois, que li -roys Phelipez, qui estoit ses oncles, li aidast mieux et plus volentiers - garder son droit encontre le dit comte de Monfort, s'il -le volsist entreprendre, liquelx ne venoit mies dou droit estock -de Bretaingne. F<sup>o</sup> 52 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Vous savs, si com ichi desus est dit, que li -rois Phelippes de France, qant il vint au Pont Bouvines l'encontre -dou roi d'Engleterre, liquels avoit assis et environn la -chit de Tournai, et i fist son mandement parmi le roiaulme de -France, il n'oublia pas mander le duch de Bretagne, liquels le -vint servir plus poissanment que nuls des aultres prinches de -France; car il ot en sa compagnie et delivrance trente trois -baners dou pais de Bretagne, et bien sept cens chevaliers et -esquiers, tous gentilshonmes.</p> - -<p>Qant tout li signeur se departirent dou roi et l'un de l'aultre, -et que casquns s'en retourna viers son pais, et il orent donn -tous lors honmes congiet, car en grant temps ils n'en pensoient - avoir faire pour tel cas, chils dus de Bretagne, qui pooit -estre de l'eage de soissante ans ou environ, s'en retournoit viers -son pais tout son estat tant seullement. Maladie le prist et -aherdi sus son cemin, de laquelle il s'acoua au lit en la chit -de Chartres, et en morut. Ce duch mort, de li ne demora fils ne -fille, car nul enfant il n'ot onques eu de sa fenme. Chils dus -avoit eu un frre germain de pre et de mre, lequel on avoit -nonm mesire Jehan de Bretagne. De ce frre au duc estoit demore -une belle jone fille, nonme Jehane, et contesse de Pentvre -de par sa dame de mre. Chil doi duc, c'est entendre le -duc qui fu devant Tournai, et mesires Jehans de Bretagne, son -frre et conte de Pentvre, avoient un frre de par lor dame de -mre, non de par lor pre, car lor mre estoit remarie au conte -de Montfort. Chils contes avoit eu ce fil, qui se nonmoit contes -de Montfort, de la dame qui duoise avoit est de Bretagne, -vivant le duch de Bretagne son mari tant seullement. Li dus de -Bretagne qui fu devant Tournai et ses frres avoient tenu ce -conte de Montfort frre, pour tant que il estoit fils de lor mre -et non de lor pre, ensi que vous le devs entendre. Chils contes -<span class="pagenum"><a id="Page_268"> 268</a></span> -de Montfort avoit fenme la soer au conte Lois de Flandres. -Li dus de Bretagne qui fu devant Tournai, avoit la fille de son -frre germain mariet messire Carle de Blois, fil au conte Gui -de Blois et frre au conte Lois de Blois et neveut dou roi Phelippe -de France, fil de sa serour; car vous savs, ensi que il est -dit et escript ichi desus, que li contes de Hainnau, li contes -Guis de Blois et mesires Robers d'Artois eurent les trois serours -dou roi Phelippe. Chils dus de Bretagne qui fu devant Tournai, -avoit tous jours fait doubte que li contes de Montfort, son frre -de remariage, ne vosist, apris son dechis, efforchier sa cousine -la droite hiretire de Bretagne, et bouter hors de son hiretage; -et pour ce l'avoit il mariet et donnet mesire Carle de -Blois, (affin) que li rois Phelippes de France et li contes d'Alenon, -si oncle, et li dus de Normendie, ses cousins germains, li -aidaissent soustenir et deffendre son hiretage de Bretagne, se -li contes de Montfort, qui riens n'estoit issus de Bretagne, le -voloit efforchier et oster son droit, par queconques cautelle(s) que -ce fust.</p> - -<p>Et ce en avint que li dus de Bretagne pensa et imagina en -son temps. Car sitos que li contes de Montfort peut savoir -que li dus de Bretagne, ses frres, fu mors, il s'en vint Nantes, -qui est la souverainne chit de Bretagne. Et fist tant as bourgois -et ceuls dou pais entours que il le rechurent signeur et -li fissent feault et honmage, et toutes les solempnits autles -conme elles apertiennent faire as dus de Bretagne, sans nulles -excepsions ne reservations; et tantos ala Rennes, qui est la -grignour chit apris. Chil de Rennes le rechurent parellement. -Aussi fissent chil de Vennes, de Camperl, de Camper Correntin, -de Dol, de Saint Bru de Vaus, de Hainbon, de Lanbale et de -toutes les chits et villes de Bretagne, reserv Braist et auquns -fors chastiaus et les signeurs qui ne vodrent pas sitos obeir; car -il sentoient que mesires Carles de Blois avoit fenme la droite -hiretire de Bretagne, et s'enmervilloient conment les bonnes -villes et les chits de Bretagne estoient sitos rendues lui; mais -mesires Hervis de Lion, un grant baron de Bretagne, i avoit fort -aidi. Et l par tout o li contes de Montfort aloit et cevauoit, -et toutes ces receptions il menoit la contesse sa fenme, laquelle -avoit coer d'onme et le lion. Et s'avisrent li contes et sa -fenme, qant il orent chevauciet par toutes les chits et bonnes -villes de Bretagne, que il ordonneroient une feste tenir trs -<span class="pagenum"><a id="Page_269"> 269</a></span> -grande en la chit de Nantes. Si fu la feste prononchie et publiie -par tout, et li jours asigns que la feste se tenroit. Si furent les -pourveances faites trs grandes et groses de toutes coses que -la feste pooit ou devoit apartenir. F<sup>o</sup> 71.</p> - -<p>P. <a href="#Page_86">86</a>, l. 29: host.—<i>Ms. B 6</i>: plus de quinze cens lanches. -F<sup>o</sup> 167.</p> - -<p>P. <a href="#Page_87">87</a>, l. 3: morir.—<i>Ms. B 6</i>: Roen. F<sup>o</sup> 167.</p> - -<p>P. <a href="#Page_87">87</a>, l. 17: se mre.—<i>Mss. A 1 7, 11 22, 30 33</i>: -son pre.—<i>Mss. A 8, 9, 23 29</i>: sa mre. F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_88">88</a>, l. 23: sa femme.—<i>Ms. B 6</i>: que seur germaine estoit -du conte Loys de Flandres. F<sup>o</sup> 169.</p> - -<p class="space"> <b> 139.</b> P. <a href="#Page_89">89</a>, l. 1: Chou pendant.—<i>Ms. de Rome</i>: Li -contes de Montfort, qui soubtieus et imaginatis estoit, se departi -de Nantes et laissa l la contesse sa fenme, pour ordonner de -celle feste, et cevaua poissance de gens d'armes viers la chit -de Limoges, dont li dus, son frre, avoit est sires et contes; et -bien savoit que son grant tresor estoit l, et de lonch temps l'avoit -assambl. Qant il fu venus jusques Limoges, on ne mist -nul contredit lui recevoir, car renonme couroit j, et bien le -remoustroit, que chil de Nantes, de Rennes et de Vennes et des -chits et bonnes villes de Bretagne l'avoient receu duch et -signeur, et ce coulouroit grandement son fait. Et li fissent toutes -les solempnits les eglises et les bourgois de Limoges que on -doit faire son signeur; et prist et saisi le grant tresor: en or et -argent avoit grans sonme que li dus son frre avoit assambl, car -ce fu uns sires de bon gouvrenement et de grant espargne. Chils -contes de Montfort prist tout ce tresor et le carga et toursa et en -ordonna ensi conme sien, et s'apensa que il li venroit bien point -pour renforcier son estat, acquerre des bons amis et destruire ses -ennemis.</p> - -<p>Qant il ot pris la possession de Limoges et de Limosin de -ce que son hiretage apertenoit, il ordonna partout gens et -officiiers de par lui et se mist au retour, et vint Nantes. Et -trouva que les pourveances pour la feste que il voloit tenir, estoient -toutes prestes, dont il fu moult resjois, car il atendoit les -nobles et les prelas de son pais, c'est entendre selonch le droit -que il se disoit avoir. A cele feste qui fu tenue Nantes, vinrent -des chits et des bonnes villes de Bretagne les consauls et -les honmes que il avoit cres et pourveus en office; mais des barons -<span class="pagenum"><a id="Page_270"> 270</a></span> -nuls n'i vinrent, fors mesires Hervis de Lion, dont il fu -moult pensieus et esmervillis. Bien est verit que auquns chevaliers -et esquiers, le plus Bretons bretonnans, i vinrent, liquel -n'estoient pas encores bien enfourm de la matre. Et tous -ceuls qui furent sa feste, il donna et departi de ses biens si -largement que tout s'en contentrent, et acquist la grasce et l'amour -d'euls, car il n'est riens que dons ne qassent.</p> - -<p>Qant li contes de Montfort vei que pluisseur baron et chevalier -de Bretagne refusoient ses mandemens, et que point n'estoient -venu sa feste, si en fu tous merancolieus. Et pour ce ne laissa -il pas fester et faire bonne chire tous ceuls qui venu estoient. -Et avant que la feste fust esparse, il demanda comment il -se ceviroit de ceuls qui le voloient adoser. Il fu consillis que il -semonsist tous ses hommes, et priast ses amis et presist saudoiiers -de toutes pars, car il avoit bien de quoi faire, et cevauast -poissance de gens d'armes en Bretagne, et conquesist de fait les -rebelles et fesist venir obeissance, et tout premierement il alast -devant Brait et fesist tant que il en fust sires, car pas n'est dus de -Bretagne qui n'est sires de Brait. Li contes de Montfort crei ce -consel et semonst tous ceuls qui feault li avoient fait, et desquels -il pensoit estre aidis, et retint saudoiiers tous ls, et -les paia bien et largement, tant que casquns le vint volentiers -servir. F<sup>o</sup> 71 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_89">89</a>, l. 9: seigneur.—<i>Ms. d'Amiens</i>: car il n'avoient encorrez -oy parler de nului qui li debatesist ne mesist callenge. -F<sup>o</sup> 52 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_89">89</a>, l. 20: parfurnir.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Si avoit li dus -escript especialement et envoiis certains messaiges deviers le -visconte de Rohem, monseigneur Charle de Dignant, monseigneur -Hervy de Lion, monseigneur l'evesque, son frre, ossi l'evesque -de Rennes et l'evesque de Vanes, au seigneur de Clion, -au seigneur de Biaumanoir, au seigneur de Kintin, au seigneur de -d'Avaugore, au seigneur de Lohiach, au castelain de Ghinghant, -au seigneur de Rais, au seigneur de Rieus, au seigneur de Malatrait, -au seigneur de Garghoule, au seigneur de Tournemine, au -seigneur d'Ansenis, et generaulement tous lez barons, chevaliers -et prelas de Bretaingne, et engoint en especialit que tout venissent - se feste en le cit de Nantez. F<sup>o</sup> 53.</p> - -<p>P. <a href="#Page_89">89</a>, l. 24: Hervi.—<i>Mss. A 8, 9, 11 17, 20 22</i>: -Henri. F<sup>o</sup> 70. <i>Mauvaise leon.</i></p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_271"> 271</a></span> -P. <a href="#Page_90">90</a>, l. 1: entre yaus.—<i>Ms. d'Amiens</i>: par le enort de -monseigneur Hervy de Lion et de aucuns bourgois de Nantez. -F<sup>o</sup> 53.</p> - -<p class="space"> <b> 140.</b> P. <a href="#Page_90">90</a>, l. 17: Brait.—<i>Mss. A 8, 9, B 3</i>: Braist. -F<sup>o</sup> 70.—<i>Mss. A 1 7, 11 33</i>: Brest. F<sup>o</sup> 76 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_90">90</a>, l. 20: et cousins.—<i>Ms. B 6</i>: le femme monseigneur -Charle de Blois. F<sup>o</sup> 170.</p> - -<p>P. <a href="#Page_91">91</a>, l. 4: signeur.—<i>Ms. d'Amiens</i>: .... car il y avoit -plus prochain l'hiretaige qu'il ne fust. De ceste responsce eult -li comtes de Monfort grant matalant et se retrai arrierre; et deffia -le chevalier et dist qu'il li remousteroit, ainschois que de l se -departesist, qule proimet il avoit le duch de Bretaingne. Si -coumanda logier touttez mannierrez de gens et environner le -ville de Brait, au costet deviers le terre. F<sup>o</sup> 53.</p> - -<p>P. <a href="#Page_91">91</a>, l. 6: signeur.—<i>Ms. B 6</i>: .... mais garderoit la ville -et le chastel pour l'iretire, le femme de monseigneur Charle de -Blois. F<sup>o</sup> 170.</p> - -<p>P. <a href="#Page_91">91</a>, l. 7: qui.—<i>Mss. A 11 14</i>: auquel la duchi appartenoit -par droit. F<sup>o</sup> 74.</p> - -<p>P. <a href="#Page_91">91</a>, l. 9: deffia.—<i>Ms. B 6</i>: Sy furent l ly barons et les -sauldoiers du conte huit jours que riens n'i firent. F<sup>os</sup> 170 et 171.</p> - -<p>P. <a href="#Page_91">91</a>, l. 11 et 12: assallir.—<i>Ms. B 6</i>: toute son host -o bien avoit douze mille hommes, que uns que aultres. F<sup>o</sup> 170.</p> - -<p>P. <a href="#Page_91">91</a>, l. 21: assaut.—<i>Ms. d Amiens</i>: A cel assault eult -grant hustin et trs durement fort combatut, car messires Garniers -de Clichon estoit trs bon chevalier et plains de grant emprise, -si se combatoit de grant couraige, car il li sambloit que il -le faissoit sus son droit: s'en estoit de tant plus vigereux et tenoit -ung glaive en ses mains ung fer bien aceret, et en faisoit -merveillez d'armez. Et ne pooit nulx venir jusqu' lui, que il ne -ruast par terre. Ossi li sien le faisoient bien et bel, si comme -bonnes gens d'armes le doient faire. Si dura chilx assaulx du -matin jusques nonne ou environ, toudis assallant et deffendant, -et tant que chil de d'ens furent durement lasset. Ce n'estoit mies -de merveillez, car d'estre arms et de combattre ung tel terme, -je ne say coumment on le poelt souffrir ne endurer; mais il le -faisoient tout de grant vollent et pour ce que il veoient si bien -combattre leur cappittainne. Et ossi il le besongnoit, car leurs -ennemis croissoient toudis, et venoient l grant force, fresk et -<span class="pagenum"><a id="Page_272"> 272</a></span> -nouviel, et se contourna tous li plus durs et grans assaux cel -endroit. Finablement messires Garniers de Clichon et li sien furent -si efforciet et si apresset, que les gens le comte de Monfort -gaignirent, par fort continuer leur assault, les bailles, et se boutrent -en le ville entre les gens monseigneur Garnier et le fortrce. -L en y eut pluiseurs des mors et des navrs, et fte tamaintez -bellez appertisez d'armez et mainte belle rescousse. Et -tout combatant et deffendant, chil de dedens se retrayrent vers -le fort, ms il n'y peurent tout parvenir, que il n'en y ewist grant -plentet de mors et de pris. Et l estoit li dis messires Garniers, -l'espe ou poing, derire ses gens, devant sez ennemis, qui merveillez -y faisoit d'armez, et qui tamaint compaignon dez siens -rescouvi de mort et de prison, et fist voie pour entrer en le fortrce. -F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_92">92</a>, l. 8 et 9: le grant restiel.—<i>Ms. B 6</i>: le traille. -F<sup>o</sup> 171.</p> - -<p>P. <a href="#Page_92">92</a>, l. 21: navrs.—<i>Ms. B 6</i>: et eult plus de quatorze -plaies.</p> - -<p>P. <a href="#Page_92">92</a>, l. 30: au tierc jour.—<i>Ms. B 6</i>: au septime jour. -F<sup>o</sup> 172.</p> - -<p>P. <a href="#Page_93">93</a>, l. 20: joians.—<i>Ms. de Rome</i>: Qant li contes de Montfort -vei que il avoit gens asss pour cevauchier avant en Bretagne, -et pour aprendre congnoistre liquel et lesquels vodroient -faire partie l'encontre de li, et dire que il ne fust de son droit -dus et hiretiers de Bretagne, li intension de li et de son consel -estoit telle que il les radreceroit, vosissent ou non, raison. Si -se departi de Nantes en grant arroi, et se mist au chemin pour -venir et aler devant Brest. Vous devs savoir, avant que il venist - Brest, il avoit j le plat pais de Bretagne et moult de -grosses villes si constrains lui et mis en son obeisance que -toutes gens le sievoient cheval et piet, les uns par renonme -que on disoit: Vechi nostre signeur le duch, les aultres par -cremeur, que il n'en osoient faire le contraire. Et tant esploitirent -li contes de Montfort et toutes ses routes, que il vinrent devant -Brest. Dou chastiel de Brest, pour ces jours, estoit gardiiens -et chapitainne uns vaillans et sages chevaliers, qui se nonmoit -messires Garniers de Clion, cousins germains au signeur de -Clion. Li contes de Montfort le manda que il venist parler lui -sus asegurances; il vint. Qant il fu venus, il li demanda pourquoi -il clooit les forterces de Bretagne l'encontre de li, qant -<span class="pagenum"><a id="Page_273"> 273</a></span> -bien il savoit que il en estoit dus et sires, et que les chits et -bonnes villes de Bretagne l'avoient recheu signeur. Il respondi - ce et dist: Sire, je tieng clos et tenrai le chastiel de Brest, -tant que il me sera aparant que il i auera un duch en Bretagne, -qui recheus i sera de tous les barons et les fievs, ensi conme il -apertient estre recheus, et que chils dus auera fait son devoir -deviers son naturel et souverain signeur, le roi de France, et -que li rois l'auera recheu honme liege, de foi et de bouce. Et -qant ce me sera apparant clerement, je obeirai: ce sera raisons. -Donc dist li contes de Montfort: Garnier, vous ves mesire -Hervi de Lion qui est uns des grans barons de Bretagne, qui est -venus obeisance moi, et aussi sont pluisseur noble prelat et -gentilhonme, et toutes les chits et bonnes villes de Bretagne. Si -ne me devs pas estre rebelles, ne aleghier dou contraire, que je -ne soie dus de Bretagne, car la succesion m'en vient de par monsigneur -mon frre, le daarain mort.—Sire, respondi li chevaliers, -je ai est moult de jours et de nuis dals monsigneur -vostre frre, de qui vous parls, et se li ai oy dire et affremer -que la duce de Bretagne vous n'avs nul droit, mais l'a mesires -Carles de Blois en l'oqison de madame sa fenme qui fille fu - mesire Jehan de Bretagne, conte de Pentvre, et frre germain -au bon duc darrainnement mort. Et qant les raisons seront esclarcies -et determines, l ou lieu o elles le doient estre, c'est Paris -devant le roi de France et les douse pers, puis que vous en -vols faire question, je ouverai le chastiel de Brest, et jusques -adonc, non.—Garnier, Garnier, respondi li contes de -Montfort, nous ne volons pas tant atendre. Or vous en retourns, -vous avs asss parl, et sachis que nous i enterons qant nous -porons. Atant rentra mesires Garniers de Clion ens ou chastiel, -et li contes de Montfort fist ordonner et apparillier enghiens -et bricoles pour assallir, et dist: Brest est la clef de Bretagne, -mais par celle clef je voel entrer en Bretagne.</p> - -<p>Li contes de Montfort prist en grant desplaisance ce que messires -Garniers de Clion li avoit dit et respondu, et dist que jams -il n'entenderoit aultre cose, si aueroit pris le chastiel de -Brest. Le second jour apris, il fu consillis de faire ce que je -vous dirai, de mettre une enbusqe sus au plus pris dou chastiel -conme il poroit par raison et puis deslogier de l mal ordonneement, -ensi que gens font qui ne svent que c'est de gerre, pour -traire hors dou chastiel messire Garnier et les siens; et qant il -<span class="pagenum"><a id="Page_274"> 274</a></span> -seroient hors, li enbusqe saudroit avant et les encloroit entre le -chastiel et l'oost. Aultrement ne les pooit on avoir. Ensi conme il -fu consilliet, il fu fait, et li enbusqe asisse et mise couvertement -desous le chastiel. Qant ce vint au matin, chil de l'oost se conmencirent - deslogier, et euls departir par fouqiaus, et tourser -tentes et trefs et metre sus chars et voiture. Messires -Garniers de Clion et li compagnon qui ens ou chastiel de Brest -estoient, perchurent ce convenant; si dissent: Sallons hors et -nous frapons en la qeue de ces alans. Nous lor porterons damage -et ramenrons des prisonniers. Il le fissent, et issirent hors et -n'eslongirent point de trop lonch le castiel, car les gens de -Montfort estoient logiet moult pris ens s courtils, devant les -fosss. Qant il furent issu, les lances ens s poins, et tous apparillis -pour faire armes et ferir en la qeue des Montfortois, et j -il escarmuoient, evous l'enbusque venant tout le pas autour dou -chastiel, et trouvrent ceuls qui gardoient la porte. Qant il perchurent -lors ennemis, il furent tout esbahi, et toutes fois il se -missent la deffense moult vaillanment. Mesires Garniers et li -sien orent le hustin. Si laissirent lor emprise et retournrent -viers le chastiel, et envarent moult vaillanment lors ennemis. A -grant mescief porent il rompre la presse des assalans, car li pons -estoit avals, et la porte ouverte; si se efforoient de entrer dedens. -L ot fort hustin et dur, et moult d'armes et d'apertises i -fissent chil dou chastiel, et par especial messires Garniers de -Clion, car il se tenoit derrire tous les siens et les remetoit par -apertisses d'armes dedens la porte. Chil qui estoient amont traoient -et jettoient as assallans et les faisoient requler. Et toutes fois li -pons et la porte euissent est efforchi, con grande vaillance que -il i euist ou chevalier et en ses gens, se chil qui estoient amont -ne se fuissent delivr de lever le pont et d'abatre la porte couleice.</p> - -<p>Qant il orent ce fait, il laissirent une petite plance aler, sus -laquelle lors gens montoient un un et rentroient ens ou chastiel. -L estoit mesires Garniers de Clion tout devant, et faisoit voie -ses gens et les remetoit dedens son pooir, et fist ce jour d'armes -ce que uns vaillans homs doit faire; mais il fu navrs moult -durement, et grant painne fu il remis dedens la garnison. Et -l ot ce jour celle escarmuce grant fuisson de blecis des uns et -des aultres. Li contes de Montfort et ses gens se retournrent -tous en lors logeis conme en devant. Et qant chil dou chastiel de -<span class="pagenum"><a id="Page_275"> 275</a></span> -Brest veirent ceste ordenance, il perchurent bien que il estoient -decheu, et encores furent il plus courouchi, car mesires Garniers -de Clion ne pot avoir dedens la forterce ce que il li besongnoit, -pour entendre as plaies que il avoit ou chief et ou corps, -et morut dedens trois jours, dont furent tout li compagnon desbaret -et esbahi, qant il veirent mort lor chapitainne. De la mort -mesire Garnier fu enfourms li contes de Montfort. Si en fu tous -resjois, car bien veoit que point n'aueroit la forterce, tant que -messires Garniers fust en vie. Il fist trettiier par mesire Hervi -de Lion as compagnons de Brest, et leur fist dire que il lor pardonroit -tous mautalens, se il li voloient rendre la forterce. Chil -qui dedens estoient, qui veoient mort lor chapitainne, et ne lor -apparoit seqours de nul cost, se doubtrent de lors corps et de -lors biens perdre; si rendirent Brest au conte de Montfort, -salve lors corps et lors biens. Ensi eut li contes de Montfort le -chastiel de Brest, et le rafresci de nouvelles gens et de pourveances, -et le bailla en garde et sus son honnour un gentilhonme -des siens, auquel il avoit bonne fiance. F<sup>os</sup> 72 et 73.</p> - -<p class="space"> <b> 141.</b> P. <a href="#Page_93">93</a>, l. 24: Rennes.—<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>: -Vennes. F<sup>o</sup> 77 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_93">93</a>, l. 30: doubtance.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Si y aloient li -pluiseur plus par force que par amours, car qui en fuist rebellez, -li comtez le fesist decoller sans merchy. F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_94">94</a>, l. 2: fourbours.—<i>Ms. d'Amiens</i>: qui adonc estoient -moult grans. F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_94">94</a>, l. 3: Et avoient.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et avoient avoecq -yaux cappittaine de par le duc dairain mort, ung gentil homme, -chevalier preu et hardi merveillez, et avoit son mannoir et -son hiretaige asss pris de l; et le amoient communement trz -durement. Et avoit chilx nom messires Henris de Penefort, et -disoit bien que j ne relenquiroit sa droite damme la femme -monseigneur Charlon de Blois, et le tenoit et avoit tenu toudis -hiretierre de Bretaingne. Ossi tout chil de la chit de Rennez estoient -de son accord.</p> - -<p>Enssi fu assigie la chit et la ville de Rennes dou comte de -Monfort et de tous ses comfortans. Peu y fist traire ne lanchier, -car il ne volloit mies grever ne blechier ses gens. Or avint que il -prist vollent monseigneur Henry de Pennefort de faire une yssue -sour ses ennemis et de resvillier ciaux de l'ost. Si s'en descouvri -<span class="pagenum"><a id="Page_276"> 276</a></span> - aucuns jouennes bourgois et compaignons de le ville de Rennes, -liquel s'i accordrent et priirent tout l'un l'autre. Et se queillirent -et armrent une ajourne, et yssirent de le chit; et pooient -y estre environ cinq cens, tous armz et bien montz. Et s'en vinrent -couvertement par voies non sceuez, et se boutrent en l'ost -le comte de Monfort l'un des corons; et abatirent tentez et trz -et pauvillons, et coummenchirent gens navrer et ocire et mehaignier, -et faire un mout grant desroy. Li hos s'estourmy, et -coururent vistement as armez; et messires Henris de Pennefort, -quant il vit que point fu, il se retraist tout bellement vers le cit -de Rennes.</p> - -<p>En celle propre nuit avoit fet le get li sirez de Gadugal et bien -sept cens armurez de fer, sans les brigans targes et pavais. -Si entendirent coumment chil de le chit estoient yssus hors et -avoient port moult grant dammaige leur ost. Adonc s'en vint -li sirez de Gadugal, qoite d'esperons, entre le chit et messire -Henry de Pennefort, et lez encloi avoecq se routte, parmy tant -que chil de l'ost, qui estourmit estoient, leur revinrent par derire. -La eut grant bataile et fort combatue d'une part et d'autre. Et y -fissent chil de Rennes grant plentet d'armez, et fortement se -combatirent; ms gens croissoient toudis chiaux de l'ost. Se ne -les peurent le longhe souffrir ne porter, et fu(i)rent comme desconfit -chil de Rennez deviers leur ville. Et en i demoura grant -fuisson des leurs, car li enchauce et li poursuioite dura jusquez -as barrires. Et remest messires Henris de Pennefort en bon convenant -sus le place, et trop bien se combati desoubz son pignon, -ms finablement il ne peut durer. Rendre le couvint, et fu prisonnier - ung escuier de l'hostel le comte de Montfort, que on -apelle Joffroy dou Bruel, liquelx le rendi au dit comte qui en eut -grant joie, pour tant qu'il li estoit contraire et avoit estet moult -grans ennemis.</p> - -<p>Quant chil de Rennez se virent ensi desconfit et pris leur -bonne cappittainne, si furent tout ce jour durement esbahy; et -durement leur anoya, et ce fu bien raisons. Nonpourquant il se -recomfortrent entre yaus; et disent li plus saige que, se il avoient -perdu celle fois, un autre fois il se recouvreroient. Si passrent -ensi leur anoy et entendirent as deffenscez de leurs chitz. Or -vous diray de quoy li comtez de Montfort s'avisa affin que pour -mieux constraindre et atraire lez bourgois de Rennes sa volent, -car bien savoit que toute la coumunalt de le ville amoient -<span class="pagenum"><a id="Page_277"> 277</a></span> -durement monseigneur Henry de Pennefort, et que jammais il ne -li lairoient prendre quel meschief dou cors, l o bonnement il le -pewissent amender. Pour ce, fist il amener le chevalier et li dist: -Messires Henris, messires Henris, vous m'avs estet grandement -contraires et rebelles en touttes mes besoingnes, et advs -enhortet et amens les bourgois et le communaut de Rennes -che qu'il se sont clos contre moy, qui sui leurs drois sirez naturelz; -et estez venus avoecq eulx main arme sour my, et m'avs -port grant dammaige de mes hommes: pour quoy il faut -que vous mors, car briefment je vous feray pendre, voiant tous -chiaux de le chit, par quoy il y prenderont exemple. Et quant -li chevaliers entendi le comte de Montfort ensi parler, s'il fu esbahis, -ce ne fu pas merveillez. Nonpourquant il respondi et dist: -Chiers sirez, vous povs faire de moy vostre bon plaisir, car -vous me tens en votre prison. Ms, s'il plest Dieu, vous ars -bon advis, car ce seroit grant cruault, se moy, qui sui pris en -fs d'armes, moroie villainnement et sans deserte, et trop grant -blamme vous seroit reprochiet. Et se j'ay tenu ceste opinion contre -vous, je ne sui pas seus, car il y a encorres mil chevaliers et escuiers -en le duc de Bretaingne, ou si grans ou plus grans que -je ne sui, qui le tiennent et tenront, che dient. Car ensi l'avons -nous juret fealment monseigneur le duc vostre frre, dairain -trespasset; et proummis tenir sa nice, femme monsigneur -Charlon de Blois, damme et hiretire. Si me pos tenir en prison, -s'il vous plest, et quant la declaration sera faitte de vous et -d'elle, faittes de moy vostre bonne vollent et che que vos conssaux -et bonne conscienche aporteront qu'il en appertenra adonc - faire.</p> - -<p>Quoyque messires Henris de Pennefort parlast asss raisonnablement -au comte de Monfort, seloncq l'avis de pluiseurs, li comtez -ne se refroida mies de tenir sen oppinion, et dist: Messire -Henri, vostre arguement ne vallent noient, ne de vostre dame, -femme messire Charle de Blois, car il est tout cler que je sui -dus de Bretaingne, et demoray dus tousjours; et, comme dus, -je vous juge et condamne mort par le cause de vostre rebellion. -Si vous povs confesser, se vous voullz, car jammais ne buveray -ne mengeray, si vous aray fet pendre, ou vous me ferz rendre -le chit de Rennes en foy et en hoummaige, et vous ossi me -jurz feault, ensi qu' vo droit seigneur. Et quant li chevaliers -entendi le comte ensi parler et si acertez, si fu touz esbahis; car -<span class="pagenum"><a id="Page_278"> 278</a></span> -de relenquir sa droite damme, che li estoit moult dur. Si dist -tous confortz: Sire, vous povs faire de moy vostre bon plaisir, -ms pour morir, je ne le relenquiray j mon droit seigneur, -ne le serment que j'ay fet, et Dieux ait l'ame de moy! S'il li plest -que je muire, je le receveray en gr, car il n'est nulle mort honteuse, -puis que on le prent pour bien faire et sus title de loyault -maintenir.</p> - -<p>Adonc fu coummand de par le comte de Monfort que li chevaliers -fust amens vers Rennes, et que on levast unes fourques -mout tost prs de le cit. Tout chou fu fait qu'il coummanda, les -fourques leves, et messires Henris de Penefort par le marescal -de l'ost amens jusques Rennes, et bien gards de plus de deux -mille bachins, affin que chil de le ville ne le rescouvissent. Et -quant li coummunault de le chit de Rennes entendi que li gibet -que on carpentoit et levoit si pris d'iaux, estoit ordonns pour -faire morir monseigneur Henry, leur bonne cappitainne, si eut en -le ville grant cririe et grant plorie. Et en avoient touttez mannierres -de gens grant pitet, et fissent assavoir au comte de Montfort -se pour raenchon on le poroit ravoir; et il leur respondi que -nenil, fors pour avoir le chit de Rennes en se obbeyssance. Dont -respondirent il qu'il aroient consseil et advis de chela faire, et -que on le volsist detriier tant que on fust conssilliet; et li comtes -leur acorda vollentiers.</p> - -<p>Endementires que chil de le chit de Rennes se conssilloient -entre yaux dou rendre ou dou laiier, il y avoit l aucuns chevaliers -de l'amist monseigneur Henry de Pennefort, qui li enhortoient -et conssilloient que il se volsissent retraire au comte de -Monfort, et que il faisoit trop grant follie de tenir l'oppinion que -il tenoit: car pour quoy? disoient il. Monseigneur Henry, -otant bien avions nous nostre loyaut et honneur que vous faittez -la vostre; ms nous ne veonz nul apparant de monseigneur Charlon -de Blois, ne de sa femme, qu'il se retraient avant l'hiretaige. -Et prends enssi que messires Carlez reviegne le duc -de Bretaingne et que ce soit ses drois, se couvenra il que li -comtez de Montfort en ait aucune parchon. Dont espoir vous -eschers en ceste, ou autrement vous avs orez belle escusation, -car par constrainte vous sers devenus homs au comte de Monfort. -J pour ce, messires Carlez de Blois ne vous en vaura pis.</p> - -<p>Ensi et de pluiseurs parollez fu tant mens et enformz li chevaliers -que il se laissa dire, car au destroit chacuns fuit le mort -<span class="pagenum"><a id="Page_279"> 279</a></span> -vollentiers; ms encorres disoit il que, se il quidast estre venus - tel coron, il ne se fust j rendus prisonniers, ms fs occire sus -lez camps, et que messire Garniers de Clichon avoit estet loyaux -et vaillans chevaliers, quant en se loyault il estoit mors. Ensi se -debatoient de parollez li chevalier et li escuier de Bretaingne, -qui adonc avoec le comte de Montfort estoient, monseigneur -Henry de Pennefort; car trop envis le ewissent veut pendre, ne -recepvoir nul dammaige dou corps. Et chil de Rennes parlementoient, -li petis contre les grans, et estoient en grant estri ens le -place o il estoient tout assamblet. Car la coumunaut volloit que -la cit fust rendue et messires Henris de Pennefort delivrz; et -li rice homme et grant bourgois y estoient tout contraire, et -disoient que j n'avenroit que il fesissent fraude, ne se desloyautaissent -enviers leur droite damme naturelle, pour ung chevalier, -et que trop grant meschief leur poroit retourner. Nient -mains touttez raisons remoustrez des grans as petis, il n'y -vorent point entendre, ms sonnrent la cloche et se coururent -armer. Et s'esleva grans tumultes et dissentions entre les coummuns -et lez plus gros de le ville qui contraire estoient leur -vollent; et les coururent sus, et il se deffendirent. L en y eult -pluiseurs mors et blechiz, ms finablement li communaut obtinrent -le place et furent mestre et souverain ce donc des grans. -Et envoiirent deviers le comte de Montfort, en disant que il -venist sceurement en le cit de Rennes, on li recepveroit -signeur, ms que il reuissent monseigneur Henry de Pennefort. -Li comtez dist: oil, et fu de ces nouvelles mout joiant, et -vint en le cit de Rennes, et y entra en grant reverense de -trompez et de trompettez et de touttez mannierres de menestrandie. -Et vinrent li clergiet grant pourcession contre lui et le -amenrent cel solempnit le cathredal eglise; et l li jurrent -tout feault et li fisent hoummaige comme leur droit seigneur. -Et ossi fist messires Henris de Pennefort, qui devint ses homs -et ses chevaliers: dont li comtez eut grant joie, car il le sentoit -preudomme et vaillant; et puisqu'il en avoit le foy, il ne le frauderoit - nul jour. Se le retint li comtez de son consseil, et li -donna tantost cinq cens livrez de revenue, et li assigna bien o il -lez devoit prendre.</p> - -<p>Ensi comme je vous recorde eut li comtez de Montfort la -bonne cit de Rennes, le foy et le feault des bourgois de la -ville; et s'i tint par cinq jours, pour lui rafreschir et reposer, et -<span class="pagenum"><a id="Page_280"> 280</a></span> -pour mieux entendre le fortrce de le ville et atraire touttez -mannierrez de gens sen amour. Et de tant comme il y fu, il y -tint toudis court ouverte et donna grans dons as bourgois et -touttez mannierres de gens dont il entendoit le mieux valloir; -et tant fist qu'il y acquist grant grace. Quant il s'en dubt partir, -il y laissa ung chevalier de par lui cappitainne, breton bretonnant, -en qui il avoit grant fianche; et appielloit on cesti monseigneur -Guillaumme de Quadudal, gentil homme et preudomme -durement. Au sixime jour, il s'en parti et coummanda deslogier -touttez mannierres de gens et prendre le chemin deviers le -castiel et le forte ville de Hainbon; et emmena avoec lui monseigneur -Henry de Pennefort, car il en penssoit bien avoir mestier -en son voiaige. F<sup>o</sup> 54 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_94">94</a>, l. 13: deus cens.—<i>Ms. B 6</i>: trois cens. F<sup>o</sup> 172.</p> - -<p>P. <a href="#Page_94">94</a>, l. 21: le gait.—<i>Ms. B 6</i>: Sy fu au retour entre -l'ost et le chit enclos de mesire Hervi de Lion qui avoit fait le -gait. F<sup>o</sup> 172.</p> - -<p>P. <a href="#Page_95">95</a>, l. 8: le porte.—<i>Ms. B 6</i>: et fist lever unes fourques -droit devant les fosss. F<sup>o</sup> 173.</p> - -<p class="space"> <b> 142.</b> P. <a href="#Page_96">96</a>, l. 11: Adonc.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Li comtez -Jehans de Montfort se departi de Rennez et fist arouter ses os et -son charoy pour venir Hainbon, ung trs fort chastiel seans -sus mer. Bien avoit oy recorder que messires Oliviers de Pennefort, -frrez au dit monsseigneur Henry, l'avoit en garde et en -estoit castellains, et ossi que li castiaux avoecq la ville estoient si -fort que il ne faisoit mie prendre ne gaagnier, sans trop -loing sige. Et pour ce, en cheminant celle part, il moustroit -tous les signes d'amours qu'il pooit, monseigneur Henry de -Pennefort, et li disoit: Henri, Henri, vous estez devenus mes -homs et mes chevaliers. Si me devs toutte obeissanche et tout -service, et m'avs juret feault et aidier concquerre mon -hiretaige de Bretaingne et destruire tous rebellez.—Sire, -che li dist messires Henris, il est verits. Et pourquoy le dittes -vous? S'il plest Dieu, vous n'y veurs j le contraire, puisque -ce me sui adounns et assentis.—Je le vous diray, ce dist li -contes, nous chevauchons deviers Hainbon, dont Oliviers, vos -frres, est gardiiens et cappittainne. Si ne voroie pas, pour l'amour -de vous, qu'il ewist nul dammaige dou corps; et se vous volliz -bien, adcertez nous l'arions nostre acord, et plus l'a(r)oie avoir -<span class="pagenum"><a id="Page_281"> 281</a></span> -bellement que fellement.—Sire, che respont messires Henris, -or me monstrz voie, s'il vous plest, comment ce se pourroit -faire.—En nom Dieu, dist li comtez, je le vous diray. Quant -nous deverons demain aprocier le ville de Hainbon quatre ou -cinq lieuwes, vous prenders quatre cens ou cinq cens armures de -fer des nostrez, et chevaucers devant tout les bannires de -Bretaingne, et li ferz assavoir que vous vens vers lui. Je croy -asss bien que il vous ouvera les portes, et quant vous serz ens -et enssi que saisis de la ville, vous li mousters sus quel estat -vous sers l entrs, et que c'est bon qu'il me reoive comme son -droit seigneur.—Sire, che respont messires Henris, puisque - ce vous m'esmouvs, et que de vostre ordonnanche vient, je le -feray, ms je deceveray mon frre.—Henri, Henri, ce dist -li comtez, en fs d'armes convient ung seigneur qui voet venir -ses ententes, soutillier pluiseurs voies d'avantaige pour lui. Autrement -il n'a que faire de gueriier, et ceste est la plus proainne -que g'y puis ymaginer pour mon prouffit, car Hainbon n'est mies -ungs castiaux concquerre par sige ne par assault, sans grant -coustage. F<sup>o</sup> 55.</p> - -<p>P. <a href="#Page_96">96</a>, l. 11: li contes.—<i>Mss. A 11 14</i>: et la contesse. -F<sup>o</sup> 75.</p> - -<p>P. <a href="#Page_97">97</a>, l. 10: six cens.—<i>Mss. A 11 14</i>: cinq cens. F<sup>o</sup> 75 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 143.</b> P. <a href="#Page_97">97</a>, l. 25: Adonc.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Sus les -parolles dou comte de Montfort s'ordonna messires Henris de -Pennefort. L'endemain, chevaucha li hos deviers Hanbon. Et si -comme il pooient y estre cinq lieuwez pris, li dis messires -Henris se parti dou comte et enmena avoecq lui jusquez cinq -cens armures de fer, et chemina tous les grans ghalos deviers -le ditte fortrche. Et quant il fu ensi que une petitte lieuwe -pris, il envoya ung hiraut devant mander son frre qu'il -venoit, et que il li vosist ouvrir les portes. Li hiraux fist tout ce -dont il fu chargis. De la veuue monseigneur Henry de Pennefort -eut messires Oliviers, sez frrez, si grant joie, qu'il ne -demanda oncquez s'il estoit amis ou ennemis, ms dist au hiraut: -Alz contre lui, et li dittez qu'il est li bien venus. Ensi le -raporta li hiraux monseigneur Henry, liquelz entra en le ville - touttes ses gens, et se saisi de son frre et dou castiel. Et -recorda son frre comment li affairez alloit en Bretaingne, et -que li comtes de Monfort avoit j lui et en son accord le plus -<span class="pagenum"><a id="Page_282"> 282</a></span> -grant partie dou pays, et bien estoit tailliz d'avoir le remanant, -car nuls ne li alloit au devant. Et li avoient grant plentet des -seigneurs fet feault, et especialment cil de Nantez et de Rennes, -qui sont les souveraines chitz dou pays et sour qui tous li demorans -se doit aviser.</p> - -<p>Quant messires Oliviers de Pennefort eut oy son frre, et il -se vit pris et au desoubz de sa fortrce, si fu durement courouchiz, -ms amender ne le pot. Et dist bien que se il ewist -senti ne seu que ses frrez dewist l venir en tel mannire, il n'y -fuist mies entrz, car vilainement l'avoit dechupt: Certes, biau -frre, ce respont messires Henris, il est veritz. Ms li comtez -de Montfort, qui s'apelle et escript dus de Bretaingne, en est -cause, et li ai fet feault et hoummaige, et vous li ferz ossi et -devenrs ses homs: je le vous consseille. Respont messires -Oliviers: Voeille ou non, il convient que je le soie, ms jou -ewisse plus cher autrement, s'il pewist y estre. Que vous feroie -je loing compte? Tant parla et precha messires Henris de Pennefort -que amiablement il le fist monter prive mesnie et sans -armure, et chevauchier contre le comte de Montfort, qui le -rechupt liement et grant joie, et li dist que de ce jour en avant -il seroit de son hostel et de son plus privet consseil; et li donna -tantost cinq cens livrez de revenues et li assigna bien o il les -prenderoit. Si entra li dis comtes en le forte ville de Hainbon, -qui est ungs grans et bons pors sus mer, et prist le foiaut et -hoummaige de tous lez hommez de le ville et dou chevalier ossi -monseigneur Olivier de Penefort, et y demoura trois jours et -toutte se ost ossi; se s'i rafreschirent. Et y ordonna li comtez -castelain et gouvreneur pour le garder et deffendre contre tous -venans, s'il besongnoit, ung trs bon chevalier et de grant -affaire, que on clamoit monseigneur Yvon de Tigri, en qui li -dis comtez se confioit moult, et trois cens saudoiiers, touttes -bonnes armurez de fer, et paiis de leurs gaiges pour ung an.</p> - -<p>Quant li comtez de Montfort se fu mis en saisinne et en possession -de le forte ville et dou biau castiel de Hainbon, et ordonn -garnison telle qu'il li pleut, il eult consseil et advis qu'il -se trairoit deviers le cit de Vennes. Si fist arouter son ost, -cargier son caroy et cheminer celle part. Ainchois qu'il y parvenist, -il fist traitier chiaux de Vennes que il le volsissent -recepvoir signeur, et il leur seroit trs bons sirez; et lez tenroit -as us et as coustummes que li dus de Bretaigne, ses frrez, dairains -<span class="pagenum"><a id="Page_283"> 283</a></span> -trespassz, les avoit tenus, ou milleurs. Quant cez -nouvellez vinrent en le chit de Vennes, il sonnrent leur cloche -et s'asamblrent. Et quant il furent tout assamblet, les offres, -les ordonnanchez, les proummesses et lez requestez, que li comtes -de Montfort leur faisoit, furent l remoustres et recordes. Li -aucun s'acordoient lui recepvoir seigneur, et li aucun, non. -Toutteffois, une souffranche fu prise durer troix jours, et l -en dedens estre devoient tout conssilliet dou faire ou dou laiier. -Ceste souffranche durant, li comtez ne laissa miez pour ce que il -ne se logast bien et puissamment devant Vennes et ne le asegast -de tous poins, ms nul contraire ne fist le chit; ainsois leur -offroit toutte amour et grans bienfs, l o il le volroient recepvoir - seigneur. Cil de Vennes se consseillirent li ung par -l'autre, et regardrent que il estoient sus l'un des corons de -Bretaingne, et que Nantes, Rennes, Hainbon et pluiseur autre -castiel estoient tournet l'acord le comte de Montfort, et que -nulz ne li contrestoit. Si se doubtrent que grans maux ne leur -en venist, car leur cit n'estoit mies forte pour yaux tenir contre -ung host, ne le pais; et si n'ooient nullez nouvellez de monseigneur -Charlon de Blois: si ques, tout consideret, le bien contre -le mal, et le fort contre le foible, il s'acordrent au comte de -Montfort et le rechuprent seigneur, et li fissent hoummaige et -li jurrent feault et l'amenrent grant procession au castiel. -Et l tint il sa feste, par deux jours, dez chevaliers qui avoecq -lui estoient et des bourgois de le ville; et deffist tous offisciers -et remist nouviaux offisciiers en le ville et en le baillie de Vennes.</p> - -<p>Au tierch jour, il (li contes) s'en parti (de Vennes) et alla -assegier ung trs fort castiel seant sus ung hault terne sus la -mer, que on claimme Rocheperiot. Si en estoit castelains uns -vaillans chevaliers et mout gentils homs, que on clammoit monseigneur -Olivier de Clichon, cousins germains celui monseigneur -Olivier de Clichon qui fu depuis decollz Paris, ensi comme -vous ors recorder chy apris. Et sejourna li dis comtez devant -Rocheperiot bien, sige fet, huit jours entirs. Oncquez ne peult -trouver voie par quoy il pewist le castiel gaegnier, si fors estoit -il et en lieu si inhabitable; et si ne peut trouver accord au gentil -cevallier, par quoy il volsist obeir lui par proumesses, ne par -manachez, qu'il li pewist faire. Si s'en parti atant et laissa le -sige et le castiel ester jusques tant que plus grant prouffit li -venroit d'aucuns aultrez tretiz, et puissance li croisseroit. Si -<span class="pagenum"><a id="Page_284"> 284</a></span> -s'en vint devant ung autre castiel que on appelle au Suseniot, -o par usaige li duc de Bretaigne se tiennent pour le cause des -biaux esbas qui sont l environ, tant des bois comme dez rivirez. -Li castelains le rendi lui; et li laissa li contes, quant il en eut -pris le possession. Depuis chevaua et s'en vint devant castiel -d'Auroy, qui est une belle fortrche et de grant nom; et le fist -li roys Artus jadis faire et fonder, quant il concquist Bretaigne. -Si en estoit castelains ungs moult gentilz chevaliers, que on clammoit -monseigneur Joffroy de Malatrait, qui moustra bonne chire -et grant couraige de lui deffendre. Adonc fist li comtez de Monfort -logier ses gens environ le castiel, et dist qu'il ne s'en partiroit -si l'aroit sa vollent.</p> - -<p>Quant messires Joffroy de Malatrait se vit assegiet dou comte -de Montfort et oy lez manachez qu'il li faisoit, si demanda une -trieuwe de deus jours tant seullement, et l en dedens il se conssillieroit. -Li comtez li accorda liement et envoya parler lui monseigneur -Yvon de Tigri, grandement compaignon et amic au dit -monseigneur Joffroy, liquelz esploita si bien deviers lui, et tant -li dist d'une cose et d'autre, que messires Joffroy de Malatrait -rechupt le comte de Monfort seigneur, et le mist en le possession -dou castiel et de le castelerie d'Auroy, qui est moult belle et moult -grande. Et li comtez li rendi et li laissa par le consseil qu'il eult, -et avoecq lui monseigneur Ivon de Tigri; et les fist gardiiens -de tous le pays l environ, et prist de tous les gentils hommes -le foy et hoummaige.</p> - -<p>Puis s'en parti li dis comtez et mena son ost par devant ung -autre fort castiel assz pris de l, que on claime Gou le Forest. -Chils qui castelains en estoit, veoit que li coens de Monfort avoit -grant ost, et que tous li pays se rendoit lui, si que par le enort -et consseil monseigneur Hervy de Lion, que mout amoit et congnissoit, -car il avoient estet grant amy et compaignon enssemble -en Grenate et ailleurs en estraingez contres, il s'acorda au dit -comte et li fist feaut, et demoura gardien dou dit castiel de par -le comte.</p> - -<p>Tantost apris, li dis coens de Montfort se parti de l, et s'en -alla deviers Craais, bonne ville et bon castiel et fort durement. -Dedens Craais avoit ung evesque qui sirez en estoit, onclez -monseigneur Hervi de Lion, si ques, par le consseil et tretiet -monseigneur Hervi, chilx evesquez s'acorda au dit comte et le -recongnut seigneur jusques adonc que venroit avant qui plus -<span class="pagenum"><a id="Page_285"> 285</a></span> -grant droit mousteroit pour avoir la duch de Bretaingne. Et -sus cel estat en prist li comtes de Montfort le feault.</p> - -<p>Apris ce que la ville et li castiaux de Craais se furent rendut -au comte de Monfort par le pourcach de monseigneur Hervi de -Lion, cui oncles estoit (li<a id="FNanchor_404" href="#Footnote_404" class="fnanchor"> [404]</a> dis) evesque, li comtez fist ses gens -deslogier et arouter vers Ju(g)on, qui est trs bonne ville et forte, -et y apent ungs biaux castiaux. Dedens le ville de Ju(g)on se tenoit -messires Amauris de Clichon, frrez mainnz au droit seigneur de -Clichon. Et l'avoient cil de le ville pris cappittainne pour yaux -conssillier et conforter en tous cas; et ainssi leur avoit il juret, -car grandement il estoit ams et creus, et tenoit son hiretaige -asss pris de l. Se se cloy li dis messires Ama(u)ris au devant -dou comte, et dist que, se il plaisoit Dieu, il n'aroit j le ville -de Ju(g)on si legierement qu'il cuidoit. Li comtez de Monfort vint -par devant, et fist toutte son ost l traire et logier; et avoit bien - ce donc parmy le communaut dou pays quarante mille hommes, -tous aidablez. Si fist ses arbalestriers aller traire et escamucier -le ville, et d'autre part Espagnos et Bidaus, dont il avoit grant -fuison saudes, traire, paleter et assaillir as murs; ms peu y -gaegnirent, ainchois en y eult des blechiz grant foison. Quant -li comtez de Monfort vit que par assault il ne poroit avoir le -ville de Jugon, il envoya querir en le chit de Rennes quatre -moult biaux enghiens qui l estoient, pour faire drechier devant -le fortrche et chiaux de d'ens assaillir par cel estat. Che pendant -que on les estoit als querre, messires Amauris de Clichon -parla as jones compaignons de le ville et as aucuns escuiers dou -pays de l environ, qui s'i estoient retret, tant pour l'amour de -monseigneur Amauri que pour yaux garder; et les amena ce -que, une ajourne, il wuidirent et se ferirent en l'ost, et y -fisent mout grant damage. Et esceirent sus le logeis monseigneur -Ivon de Tigri, qui ce meysme soir estoit l venus dou castiel -d'Auroi, o li comtez de Montfort l'avoit laissiet, et avoit amenet -en l'ost bien cent lanches de bonne gent. Si estoit logis l'un -dez corons asss pris de le ville de Jugon, et fu durement -resvillis, car il fu pris et navrs, et moult en y eut des siens -mehaignis. Celle nuit avoient fet le get li doy frre de Pennefort, -messires Henris et messires Oliviers, et entendirent le hue -<span class="pagenum"><a id="Page_286"> 286</a></span> -et le cri, et que chil de le ville estoient yssus. Adonc ferirent il -chevaux des esperons et ne prisent mies le voie pour venir droit -sur yaux, ms le chemin de le ville, et se boutrent entre le ville -de Jugon et l'ost. Dont, ensi que messires Amauris de Clichon -et li sien s'en retournrent vers leur ville et en menoient monseigneur -Yvon de Tigri et pluiseurs autrez prisonniers, et moult -se hastoient, car li os estoit j durement estourmie, li doy frre -de Pennefort, messires Henris et monseigneur Olivier, bien monts -et bien ordonns et adonc acompaignis bien deus cens -lanches frz et nouviaus, leur vinrent d'encontre; et l eut grant -pugneis, et de chiaux de Jugon moult rus par terre. Quant il se -virent enssi enclos entre le ville et l'ost, et que nulle remde n'y -avoit pour yaux sauver, si furent mout esbahy et ne tinrent -point de conroy, ms entendirent chacun yaux sauver; et -laissa chacun aller son prisonnier, qui prisonnier avoit, ou il se -rendoit prison lui pour sauver sa vie. Par celle mannire fu -delivrs messires Ives, et pris messires Amauris de Clichon, -et tout chil qui avoecq lui estoient, mort ou pris, que oncques -homs ne rentra en le ville de Jugon, dont li bourgois de le ville -furent moult desconfort.</p> - -<p>Quant li comtez de Montfort seut comment messires Amauris -de Clichon estoit pris et plus de six vingt jones bourgois de la -ville avoecq lui, et messires Yves de Tigri rescous et tout li aultre, -si en fu durement liz, et ce ne fu pas merveille. Et en loa -et recoummanda grandement les deux frrez de Pennefort; et -dist que il avoient fet une belle bachelerie et lui ung grant -service, et que encor lor seroit il remuneret. Si fist li dis comtez -tous lez prisonniers mettre d'un lz, et lez navrs appareillier et -songneusement garder, et puis monta sus ung cheval, acompaignis -d'aucuns des siens, et s'en vint devant Jugon, et fist signe -que il volloit parler chiaux de dedens. Li bourgois vinrent lui - le barrire et l'enclinrent, car il leur fu dit que c'estoit li comtez -de Montfort, et li fissent reverence, tant qu'en contenanche, -comme chil qui doubtoient perdre leurs amis, leurs frrez et leurs -enffans. L parla li comtez de Montfort et leur dist: Entre vous, -homme de le ville, vous estez grandement fourfait enviers moy, -quant vous savs que je sui vos drois sirez naturelz par le sucession -de monseigneur le duc, mon frre, dairain trespasset. Et j -m'ont rechut seigneur et fet hoummaige chil de Nantez, de Rennes, -de Vennes, de Hainbon, de Craais, d'Auroi, de Gou la Forest, -<span class="pagenum"><a id="Page_287"> 287</a></span> -dou Suseniot et des autrez forterchez; et vous, vous estez -clos contre mi et mis en paynne de moy porter dammaige. Or est -enssi avenu que chilz dammaigez est retournz sus vous et sus vos -proismez, car je tieng vostre cappitainne en prison et bien sis -vingt dez vostrez et de le nation de ceste ville. Si devz savoir -que je lez feray tous pendre, voyant vos yeux, sans nul prendre - merchy, se vous ne me rendz le ville et le castiel de Jugon et -ne me jurs feaut et hommaige. Si me respondz moult tost lequel -vous voullz faire des deux, ou veoir vos proismez morir -honteusement, ou moy recevoir seigneur. Et quant li bourgois -et li communalt de Jugon entendirent cez nouvelles, si furent -tout esbahit, ce ne fu pas merveillez. Si requisent avoir souffrance -et consseil tout ce jour, et l'endemain, heure de prime, -il venist ou il envoiast vers yaux, et il en responderoient ce qu'il -en volroient fre. Li comtez leur acorda, par samblant aszz -envis, et retourna en ses tentez. J estoient venut li enghiens -que on avoit akariiet de Rennez, dont li comtez eut grant joie, -car il lez fist mener devant le ville et drechier tous quatre, affin -que chil de le ville de Jugon les veissent et que il en fuissent plus -effraet.</p> - -<p>Sitost comme li comtez de Montfort se fu partis des bourgois -de la ville de Jugon, ensi que vous avs oy, il sonnrent leur cloce -et s'asamblrent en le place, et l parlementrent enssamble ung -grant temps. Et remoustrrent li plus sages et li mieux enlangagis -et chil qui il en touchoit le plus, le peril et l'aventure o -il estoient. Ad ce donc il ne furent nient bien d'accord; si s'ajournrent - releve et alrent chacuns disner en leurs maisons. -Dedens nonne furent li quatre enghien levet environ la ville, si -que touttez mannierrez de gens dedens et dehors les pooient -veoir, qui veoir les volloient, et che esmaya durement chiaux de -la ville. Quant ce vint releve, il sonnrent de requief leur cloche -et se assamblrent, enssi que il devoient faire. L y eult -pluiseurs parollez retournes, ms finablement il s'acordrent -che que, se messires Amauris de Clichons, qui prisonniers estoit, -volloit faire feaut au comte de Montfort, il li feroient, ne j sans -lui riens n'en ordonneroient, car ensi li avoient il juret solempnement -et sus quarante mille escus de painne; si n'en pooient -riens fre sans son accord, se il ne se volloient desloiauter et escheir -en le mise. Ensi, sus cel estat, de leur consseil il se partirent. -L'endemain l'eure qui ordonne y estoit, li comtez de -<span class="pagenum"><a id="Page_288"> 288</a></span> -Montfort y envoya deviers yaux le signeur de L(an)dreniaus, son -marescal de l'host. Si parlementa yaux et il lui, et li cargirent -tout che que vous avs oy. Chil retourna arrire deviers le -dit comte, et li recorda le responsce et l'entention de chiaux de -Jugon. Li comtez asss s'en contenta et fist venir devant lui monseigneur -Amaury de Clichon et li dist: Amauri, Amauri, -vous avs tort, quant contre vostre seigneur que je sui, et de ce -n'est il nulle question, vollz estriver: trs grans maux vous en -poroit bien prendre, et j estes pris, car je vous tieng en ma prison, -et puis faire de vous ma vollent.—Sire, che respont -li chevaliers, il est verits. Si ars, se il vous plest, si bon avis -que vous fers de moy tout et point. Che li dist li dis contes: -J'en sui tous aviss, et vous le soiis ossi. Ou vous me renderz -le ville de Jugon, car vous en tient, si comme j'en sui enforms, -ou je vous feray morir honte avoecq tous lez autres prisonniers. -Dont se trairent avant aucun chevalier, qui l estoient -et de son linage, et li disent: Monseigneur Amauri, otant bien -nous vorions acquitter de nostre loyault que vous feris, ms -nous veons tout le pays qui se retrait deviers monseigneur qui -chy est; et sus celle entente li avons nous fait hommage, car -nous ne veons ne n'avons veut dou contraire jusqu' orez, ne -que messires Carle de Blois y ait mis point de contredit. Si vous -prions que vous voeillis estre des nostrez et obeir monseigneur -qui chy est; et l o vous le fers enssi, messires vous en sera -gret, et vous pardonra tous sez mautalens et tous les prisonniers -ossi qu'il tient, pour l'amour de vous. Adonc eult messires -Amauris de Clichons pluiseurs ymaginations, car il se tournoit -envis, et se li couvenoit faire ou pis finer, ensi que li comtez li -proummetoit. Tant fu enhortz et priiz que il devint homs au -comte de Montfort, et li fist hoummaige et feaut. Depuis monta -il cheval, et en mena le marescal de l'host le ville de Jugon, -et parla as bourgois, et les fist rendre et delivrer le ville et le -castiel au dit marescal, qui en prist le possession et le saisinne -ou nom dou comte. Et parmy tant, tout li prisonnier furent quitte -et delivre.</p> - -<p>Ensi eut li comtes de Montfort le bonne ville de Jugon et le -feaut de monsigneur Amaurit de Clichon, qui depuis le servi toudis -loyaument. Et le retint li comtes de son conseil et li donna -cinq cens livres de terre bien assignes.</p> - -<p>Apris ce que li comtes de Monfort eult estet en le ville de Jugon -<span class="pagenum"><a id="Page_289"> 289</a></span> -trois jours et y eult mis ung castelain en qui il avoit grant -fianche, ung bon escuier que on apelloit Garnier de Tigri, cousins -au seigneur de Tigri, il se parti et toute se host, et chevaucirent -viers le bonne ville de Dinant, liquel se rendirent mout -petit parlement, car leur vile n'estoit adonc freme que de palis. -Se ne s'osrent clore ne tenir contre le dit comte, que plus grans -meschief ne leur en venist. Quant li comtes en eut pris le possession -et le feault des hommes de le ville et dou seigneur de Dinant -meysmez, ung trs grant baron, il s'en parti et chevaucha -deviers Castiau Josselin, ms il estoit si fors qu'il ne le peult -prendre, et s'en passa oultre et vint Plaremiel. Si se rendi li -castiaux, et le renouvella li comtez de garnison. Apris il vint -devant Mauron et y sist douze jours. Au tresime il y entra par -tretiet que, se ungs autrez appairoit en Bretaingne qui y moustrast -plus grant droit de lui, il estoient quite de leur hoummaige. -F<sup>os</sup> 55 et 56.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Et puis (le comte de Montfort) se desloga de -l (de Brest) et s'en ala devant Auroi, lequel chastiel Julles Cesars -fist fonder. Li contes esploita si bien que li chastiaus li fu -rendus, car c'est dou demainne des dus de Bretagne. Et puis cemina -oultre et vint devant Goy le Forest; il i fu requellis, et -puis au Suseniot, trois lieues de Vennes, qui est uns biaus -chastiaus et cambre des dus de Bretagne. On le rechut dedens -tout debonnairement, et fu l ne sai qans jours, et puis ala -Vennes et l se tint, et tousjours mesires Hervis de Lion dals -lui et grant fuisson d'aultres chevaliers et esquiers de Bretagne. -Et les tenoit, par les dons que il lor donnoit, en amour, et les -bonnes villes aussi, et tenoit grant estat et estofet. Et faisoit partout -paiier bien et largement sans riens acroire, tant que toutes -gens se contentoient de li et des siens et disoient: Nous avons -bon signeur ce que il moustre: il ne voelt que tout bien, mais -que Dieus consente que il nous demeure pasieuvlement. F<sup>o</sup> 73.</p> - -<p>P. <a href="#Page_97">97</a>, l. 26 et 27: six cens.—<i>Ms. B 6</i>: trois cens lanches. -F<sup>o</sup> 174.</p> - -<p>P. <a href="#Page_98">98</a>, l. 3: le prist.—<i>Ms. B 6</i>: par le main, tout en riant. -F<sup>o</sup> 174.</p> - -<p>P. <a href="#Page_98">98</a>, l. 12: ossi.—<i>Ms. B 6</i>: car c'est ung gentil chevalier; -et, sy se rent tout le pais lui, nous ne povons mie seul -faire partie pour monseigneur Charle qui point n'apert en che -pais. F<sup>o</sup> 175.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_290"> 290</a></span> -P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 1: le Roceperiot.—<i>Mss. A 8 10, 15 17</i>: la -Roche Periot. F<sup>o</sup> 72.—<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>: la Roche Perion, -la Roche Pierron. F<sup>o</sup> 78 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 7, 18, 19, 23 33</i>: -la Roche Periou. F<sup>o</sup> 74.</p> - -<p>P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 5: dix.—<i>Mss. A 15 17, 23 29</i> et <i>B 6</i>: quinze. -F<sup>o</sup> 79.</p> - -<p>P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 14: d'Auroy.—<i>Ms. B 6</i>: que le roy Artus fist -jadis fonder et faire. F<sup>o</sup> 175.</p> - -<p>P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 16: Malatrait.—<i>Mss. A 11 17, 23 29</i>: Maletroit, -Malestroit. F<sup>o</sup> 76.—<i>Mss. A 1 10, 18 22, 30 33</i>: -Malastrait, Malatrait, Malestret. F<sup>o</sup> 78 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 17: Tigri.—<i>Ms. B 3</i>: Trangrilidis. F<sup>o</sup> 70 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. -A 1 10, 23 33</i>: Triviguidi, Treviguidi. F<sup>o</sup> 78 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. -A 11 14, 18, 19</i>: Treseguidi, Trezeguindi. F<sup>o</sup> 76.—<i>Mss. -A 20 22</i>: Tornigidy. F<sup>o</sup> 118 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 15 17</i>: -Tigri. F<sup>o</sup> 79.</p> - -<p>P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 17: deus fois.—<i>Ms. B 6</i>: de cinq ou six assaulx. -F<sup>o</sup> 176.</p> - -<p>P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 20: Hervi.—<i>Mss. A 8 29</i>: Henry. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_100">100</a>, l. 5: Craais.—<i>Mss. A 8, 9</i>: Craais. F<sup>o</sup> 72.—<i>Mss. -A 11 17</i>: Carahais. F<sup>o</sup> 76.—<i>Mss. A 1 7, 18, 19, 23 33</i>: -Carahs. F<sup>o</sup> 79.—<i>Mss. A 20 22</i>: Charls. F<sup>o</sup> 119.</p> - -<p>P. <a href="#Page_100">100</a>, l. 12: Bretagne.—<i>Mss. A 11 14</i>: car tousjours -le dit evesque faisoit protestacion que toute la manire du traitti -et de l'accort fait entre lui et monseigneur Henrri de Lion son -nepveu seroient nulz ou cas qu'il venrroit aulcun hoir plus prouchain -du conte de Montfort et qui pourroit monstrer avoir meilleur -droit en la duchi de Bretaingne, et que cestui ci il feroit -feault et hommaige et se rendroit lui avecques toutes ses forteresces -et tout son pais. Et toutes ces choses fist il envix; ne jamais -ne s'i feust acord bonnement, se n'eust est par l'admonnestement -et sermon du dit monseigneur Henrri de Lion son -nepveu, qui sur ce lui monstra tant de belles raisons que au derrenier -il s'accorda au dit monseigneur le conte de Montfort et lui -fist feault et hommaige, ainsi que vous avez ci devant oui recorder.</p> - -<p>Aprs ces choses ainsi acordes et faictes, le dit evesque de -Carahais fist tantost ouvrir les portes de la bonne ville et du chastel -de Carahais avecques qui siet sur la mer. Et puis entra dedens -le conte de Montfort, monseigneur Henrri de Leon, monseigneur -<span class="pagenum"><a id="Page_291"> 291</a></span> -Henrri de Pennefort et plusieurs aultres bons chevaliers et escuiers. -Et tout l'ost demoura entour la ville, et se logea chascun -au mieulx qu'il pot. Et fourragirent sur le plat pais; ne riens -ne demouroit devant eulx, se il n'estoit trop chault ou trop pesant. -Le conte et ses plus privez, monseigneur Henrri de Leon et -les aultres seigneurs estoient en la ville o ilz furent moult grandement -festoiez du dit evesque, car bien y avoit de quoi. Et -l'endemain s'en partit le dit conte et tout son host. F<sup>o</sup> 76.</p> - -<p class="space"> <b> 144.</b> P. <a href="#Page_100">100</a>, l. 13: Pourquoi.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Que vous -feroi je plus loing compte? En telle mannire concquist et acquist -li comtez de Montfort tout ce pays que vous avs oy, et se fist -partout obeir et appieller dus de Bretaingne, et encarga les -p(l)ainnez armes de Bretaingne. Si y avoit il aucuns barons qui -pas ne voloient obeir lui, et se faindoient de son hommage, -telz que le droit seigneur de Clichon, le seigneur de Tournemine, -le seigneur de Kintin, le signeur de Biaumanoir, le seigneur de -Laval, le seigneur de Gargoule, le seigneur de Loriach, le seigneur -d'Ansenis, le seigneur de Rais, le seigneur de Rieus, le -seigneur d'Avaugor et pluiseurs autres. Et se partirent li plus de -ces seigneurs adonc de Bretaingne, et fissent bien garnir leurs -castiaux. Et s'en allrent li aucun en Grenate, li autre oultre mer -ou en Prusse, et prisent excusance de partir de Bretaingne, tant -que les coses seroient en autre estat.</p> - -<p>Quant li comtes de Montfort se vit ensi que au dessus de la -duc de Bretaingne, et par especial touttes les bonnes villez li -avoient fait feault et hoummaige, il demanda consseil ses plus -especials amis coumment il poroit perseverer et tenir le pays contre -tous; car bien penssoit que messires Carles de Blois, qui -avoit sa niche, y volroit contredire, et que li roys de Franche, -oncles au dit monseigneur Carlon, l'en aideroit. Se li fu dit et -conssilliet que il s'en allast en Engleterre deviers le roy engls, -et relevast la duchi de Bretaingne de lui et l'en fesist hommaige, -parmy tant que li rois engls li jurast et proummesist tousjours -ms resort et comfort de lui et des siens contre tous hommes qui -gueriier ou empeschier li vorroient. Li comtes de Montfort crut -ce consseil, et s'appareilla moult tost et s'en vint Garlande. Et -monta l en mer, et enmena avoecq lui jusqu' vingt chevaliers, -tous de Bretaigne; et naga tant par mer qu'il ariva en Cornuaille, -et enquist dou roy engls o il estoit, et on li dist qu'il se tenoit -<span class="pagenum"><a id="Page_292"> 292</a></span> - Windesore. Lors envoya li comtes de Montfort ses messaiges -devant comme dus de Bretaingne, car ensi s'apelloit il, segnefiier -au dit roy qu'il venoit.</p> - -<p>Li roys engls de le venue au dit conte fu mout resjoys, et envoiia -tantost contre lui de ses chevaliers jusqu' siis, dont messires -Gautiers de Mauni fu li uns, messires Guillaume Filz Warine, -li sirez de Biaucamp, li sires de Ferirez, messires Francq de -Halle et li sirez de Baudresen, de Braibant, qui adonc estoit -dallz lui. Chil chevalier amenrent le comte de Montfort deviers -le roy d'Engleterre ou castiel de Windesore, qui le rechupt liement -comme duc de Bretaigne. Et ossi fisent tout li seigneur qui -adonc estoient dalls le roy, messires Robiers d'Artois et li autre. -Et seurent, asss tost apris, l'intention du dit comte de Montfort, -et sus quel estat il estoit venus en Engleterre. Si furent tout joiant, -et li roys especialment, quant il congnurent qu'il volloit relever -et tenir le duchet de Bretaingne en foy et hoummaige dou dit -roy englz.</p> - -<p>Environ quinze jours fu li comtez de Montfort en Engleterre -avoecq le roy Edouwart, qui li fist toutte le feste, l'amour et -compaignie que faire li pot, et ossi ses chevaliers qui avoecq -lui estoient allet en ce voiaige. Car li rois engls regardoit et consideroit -que ceste aliance et la terre de Bretaingne en son accord -li pooit plus valloir de comfort, de resort et de toutte pourveance -pour gheriier le royaumme de Franche que nulle aultre terre; -car sus trois jours ou quatre il pooit y estre en Bretaingne ou -envoiier de par lui gens d'armes pour gheriier ses ennemis. Pour -ce rechupt il liement le duc de Bretaigne en foy et en hoummaige -dou comte de Monfort. Et eut l adonc entre lui et le dit comte -pluiseurs devises, ordonnanches et aliances escriptes, grosses et -saielles, dont chascuns eult les parties deviers soy. Et ne devoit -li comtes de Montfort, qui s'apelloit dus de Bretaingne, relever, -tenir, ne recongnoistre jamais la duc de Bretaingne d'autre seigneur -que dou roy engls, sans son congiet ou consseil. Ossi li -dis roys engls le devoit garder, aydier, deffendre et maintenir -contre tous hommes qui contredire ou gueriier le voroient. Et -ensi le proumissent et jurrent solempnelment enssemble.</p> - -<p>Apris touttes ces coses faittez et acomplies, li comtes de Montfort -et si chevalier se partirent dou roy, qui leur donna grans -dons et biaux jeuuiaux grant plentet, et ossi fist la roine. Si -revint li comtes de Montfort en Bretaigne demourer le plus -<span class="pagenum"><a id="Page_293"> 293</a></span> -Nantes, et sa femme avoecq lui, par quel consseil il usoit le plus, -car elle estoit damme de grant emprise et de grant coraige, et -avoit droit coer d'omme et de lion, enssi comme vous ors recorder -avant en l'istoire. Si se faisoit li comtes escripre et appeller -dus de Bretaingne, et elle duoise, et guerioient toudis les -rebellez yaux; et estoient che coummenchement si fort ou -pais, que qui ne volloit y estre de leur accord, il n'y avoit que -faire de demorer. Et estoient pluiseur grant seigneur parti et venut -en France, ou pris autres voiaiges de Prusse, de Jherusalem -ou de Grenate, tant qu'il ewissent veut comment ceste besoingne -s'achieveroit; car bien savoient li pluiseur que li roys Phelippes -ne lairoit point son nepveult, monseigneur Carlon de Blois, enssi -que planer, ne bouter hors de son hiretaige; ms moult s'esmervilloient -li aucun pourquoy il ne se traioit, ne estoit trais plus -tost avant. F<sup>o</sup> 57.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: On se puet esmervillier, selonch le intitulure et le -introduction de ceste matre qui represente les fais de Bretagne, -quoi mesires Carles de Blois pensoit, qui tenoit avoir fenme et - espouse la droite hiretire de Bretagne, et qui estoit si grans de -linage en France que neveus au roi Phelippe et au conte d'Alenon -et frres au conte de Blois, que il ne se traioit avant, mais -laisoit couvenir le conte de Montfort et prendre les chits et bonnes -villes et les chastiaus de Bretagne, et point ils n'aloit au devant, -ne n'i envoioit. Et (li contes de Montfort) prendoit partout la -sasine et posession, et i ordonnoit et establissoit honmes favourables -et agreables lui, et acqueroit l'amour des cevaliers et esquiers -de Bretagne, car bien avoit de quoi faire grans largces, -car il avoit saisi deviers li le grant tresor qui avoit est son -frre et lequel il avoit trouv en le chit de Limoges, ensi que -chi desus est dit. Aussi s'en esmervelloient moult pluisseurs chevaliers -et esquiers de Bretagne qui savoient bien que c'estoit son -droit estre dus de Bretagne en l'oqison de sa fenme; mais puis -que il le souffroit et voloit, ensi que il disoient l'un l'aultre -qant il s'en devisoient, il ne pooient pas, de lor poissance singulre, -faire fait ne partie pour lui. Et tant demora venir en Bretagne -et demander son droit que trop, car li contes de Montfort -se fortefia tant en toutes manires et acquist tant d'amis que -trop forte cose euist est bouter hors de sa posession, car trop -vault la condition dou premier posessant.</p> - -<p>Il ne puet estre que messires Carles de Blois, qui se tenoit -<span class="pagenum"><a id="Page_294"> 294</a></span> -Paris, ne fust enfourms de toutes ces accedenses, et que ils n'en -parlast ses oncles le roi de France et le conte d'Alenon et -son cousin germain le duch de Normendie qui moult l'amoit; -mais il estoit servis et respondus de douces paroles et de belles, -en disant: Biaus cousins, ne vous sousiis de riens: laissis ce -conte de Montfort aler et venir et espardre cel argent que il a -trouv dou duch son frre. Il couvient, quoi qu'il face ne ait fait -jusques chi, que il viengne deviers nous pour relever la duce -de Bretagne; et les barons et chevaliers et fievs de Bretagne ne -sont pas si fol ne si ignorant que il le doient recevoir signeur, -sans nostre sceu. Il seroient trs mal consilliet et le compareroient -chierement; pour quoi, biaus cousins, ne vous sousiis de -riens. Il fault que tout retourne par deviers nous. Vous estes dus -de Bretagne, et j l'avs vous relev de nous, et vous en tenons - duch et hirestier, et qui vodra dire dou contraire, nous le -verons, et le vous aiderons deffendre et garder contre tout -honme; car nous i sonmes tenu, et le mousterons de fait.</p> - -<p>Ensi estoit mesires Carles de Blois rapaisis de paroles, et se -confioit sur ce que on li disoit et proumetoit; et entendoit augmenter -son estat, et avoit mis jus l'armoierie de Chastellon et -pris et encargi celle de Bretagne. Et estoient ouvrier trop grandement -ensonniiet parmi Paris de faire banires, pennons, cambres, -courdines et toutes coses qui apertiennent d'armoierie, en -l'ordenance d'un signeur et de une dame, et j se escripsoit: -Carles de Chastellon, dus de Bretagne et sires de Guise. Et li -contes de Montfort entendoit d'aultre part acquerre amis de -toutes pars, tant que en Bretagne et ens s marces voisines, dont -il pensoit le mieuls valoir, et avoit encargiet plainnement le nom -et les armes de Bretagne et s'escripsoit: Jehans, dus de Bretagne, -contes de Montfort et de Limoges. Ensi et par tle incidense -se conmencirent entouellier li different en Bretagne, qui -i furent si grant et si orible que les gerres et les malefisces qui -s'en eslevrent et engendrrent, i furent si grant que painnes -i peut on onques trouver moiien ne conclusion pour les apaisier.</p> - -<p>Li contes de Montfort, qui se veoit en posession dou tout ou en -partie de la duce de Bretagne et n'i sentoit nuls rebelles ne contraires -dont il fesist trop grant compte, car petit petit tout -venoient obeisance, entendi et senti de cost, par ses amis les -quels il avoit en France, et par especial le conte de Flandres, son -serouge, que mesires Carles de Blois se nonmoit et escripsoit dus -<span class="pagenum"><a id="Page_295"> 295</a></span> -de Bretagne, et en avoit avoecques le title encargiet l'armoierie, -et l'avoit relev en foi et en honmage dou roi de France auquel -li relis en doit apertenir, et s'ordonnoit li dis mesires Carles -pour venir en Bretagne et calengier l'iretage conme sien et -de son droit, et li rois de France conme son signeur naturel -souverain l'en devoit aidier, et que sus ce il euist bon avis et -bon consel, (il) pensa et imagina sus, et vei et congneut bien -que point n'en joiroit pasieuvlement; si se consilla ceuls o -il avoit la grigneur fiance. Consilliet et dit li fu: Sire, de -vostre singulre poissance, vous ne pos contrester contre la -poissance dou roi de France, car elle est trop grande. Et si auera -vostres adversaires Carles de Blois trop d'amis et de confort, car -li rois de France et li contes d'Alenon sont si oncle. Mais vous -fers une cose: vous vos ordonners l'encontre de ce et conforters -grandement, se vous als en Engleterre et relevs la -duce de Bretagne en foi et en honmage dou roi d'Engleterre et -en devens son honme, par condition telle que contre tout -honme, soit roi de France ou aultre, il le vous aidera deffendre -et tenir. Et ce marchiet il fera trop volentiers, car d'Engleterre, -il auera trop belle entre de venir en Bretagne et de -Bretagne en France, et pora laisier ses honmes en garnison en -Bretagne et rafresqir; et tous jours, conment que la querelle se -porte, i auers vous des bons amis. Et se vostre cousine la -fenme Carle de Blois moroit, ensi que les aventures aviennent, -vous demorris pasieuvlement dus de Bretagne, ne nuls ne nulle -ne le vous debateroit jamais.</p> - -<p>Li contes de Montfort ouvri ses orelles ce consel et s'en resjoi -grandement, car il li sambla bons et pourfitables. Et ordonna -ses besongnes ce que pour aler en Engleterre, et monta en -mer Vennes, asss bien acompagnis de chevaliers et d'esquiers. -Et enporta avoecques lui grant fuisson de biaus jeuiauls qui tous -venoient dou tresor de Limoges (de) son frre le duc de Bretagne, -pour donner et departir l o il les veroit bien emploiier -et pour acquerre amis; et prist terre en Engleterre Plumude, -et avoient cargiet des chevaus. Qant il furent trait hors des nefs, -il montrent sus li contes et ses gens et chevauchirent viers -Londres, et tant fissent que il parvinrent et demandrent dou roi. -On lor dist que il estoit Windesore, et que l conmunement il -s'i tenoit plus que ailleurs, et la roine ausi. Qant li contes de -Montfort, qui se nonmoit dus de Bretagne, se fu rafresqis un -<span class="pagenum"><a id="Page_296"> 296</a></span> -jour Londres, ils et ses gens montrent et chevauchirent viers -Windesore, et vinrent disner Bramforde, et puis vinrent -Windesore et trouvrent le roi et la roine qui j estoient enfourm -de lor venue. Si furent requelliet des chevaliers dou roi -moult grandement, et puis men deviers le roi. Tant que des -aquintances dou roi et dou conte, je n'ai que faire de plent parler, -fors que de venir au fait pour quoi li contes de Montfort -estoit l venus. Il remoustra ses besongnes bien et sagement, et -li rois les oy et i entendi volentiers, et li respondi par le consel -que il ot de monsigneur Robert d'Artois, qui tous jours se tenoit -avoecques le roi, et li dist: Biaus cousins, vous vos retrairs -deviers Londres; et dedens quatre jours, je serai l et auerai de -mon consel, tant que vous sers respondus de tout ce que de -vostres requestes je vodrai faire. Li contes de Montfort se -contenta de ceste response. Et qant il ot l est le jour et la nuit - Windesore, et soup avoecques le roi et la roine, l'endemain -il s'en departi et vint Londres; et se tint l avoecques ses gens -tant que il fu mands, de par le roi et son consel, ens ou palais -de Wesmoutier et l dedens la cambre dou consel. Qant li prelat -et li baron qui l estoient, l'orent honnour et fait seoir jus, il -fu moult sagement examins pour quoi il estoit l venus, et requis -que il le vosist dire, quoi que tout en savoient j asss, car li -rois et messires Robers d'Artois qui enfourm estoient de la matre, -avoient prononciet le fait. Il parla et dist que, conme drois -hoirs et dus de Bretagne par la mort et succession de la mort -dou duch de Bretagne darrainnement mort, il s'estoit trais -l'iretaige de Bretagne et mis en posession, et nuls ne li avoit -encores debatu; mais il faisoit doubte que on ne li deuist debatre, -car Carles de Blois avoit fenme et espouse une sienne -nice, fille dou conte de Pentvre, qui disoit avoir droit de par -sa fenme l'iretage de Bretagne, et j l'avoit il relev de Phelippe -de Valois qui se disoit rois de France: Et pour ce que -le roi mon signeur, qui chi est, calenge la couronne de France et -s'en escript et nonme rois, et pour ce aussi que j'en soie soustenus, -ports et deffendus en toutes actions, je m'adrce lui et -voel devenir son honme de foi et de bouce, et relever et tenir la -duce de Bretagne de li; et qant ce je auerois fait et il m'auera -recheu honme, je parlerai encores avant.</p> - -<p>Sus ceste parole, li signeur, prelas et barons qui l estoient, -regardrent tout l'un l'autre, sans riens respondre. Adonc parla -<span class="pagenum"><a id="Page_297"> 297</a></span> -mesires Robers d'Artois et dist: Biaus cousins, vous iscers un -petit hors de la cambre, et tantos sers rapells. Il le fist. Li -contes de Montfort issi hors, et li signeur demorrent avoecques -le roi qui lor requist que, sus ces paroles dites et offertes, il le -vosissent consillier. Li consauls ne fu pas lons, la matre estoit -toute clre savoir que li rois en feroit; ce n'estoit pas cose ne -requeste refuser. Car ensi que j il avoient imagin et consider -l'estat et l'afaire dou roi et l'ordenance de sa guerre, et -conment li dus de Braibant, ses cousins germains, li dus de -Gerlles, son serourge, et les Alemans l'avoient men et pourmen -j par deus saisons, et fait despendre son argent si grandement -que encores il s'en trouvoit derrire et veroit un lonch temps; et -si n'avoit riens fait fors que travilliet son corps et ses gens, et -courut une petite estre dou roiaume de France, et tenu siges -devant Cambrai et Tournai; et que par ensi faire et croire les -Alemans, qui sont convoiteus, il ne venroit son entente, mais -par le pais de Bretagne qui li estoit une belle entre et requelloite -pour cevauchier en France, i pooit il bien venir, et si en seroit -gerre plus forte et plus belle avoecques aultres accedens qui -legierement poroient avenir.</p> - -<p>Adonc fu li contes de Montfort appells; il vint. Li venu en la -cambre, il li fu dit que li rois estoit consillis ce que il le receveroit -conme son honme liege as mains et la bouce, et il li -jurroit estre son honme liege tous jours mais, et tenir la -duce de Bretagne dou roi presens et des rois d'Engleterre qui -apris li descenderoient. Li contes de Montfort mist ses mains entre -les mains le roi d'Engleterre, et puis fu introduis de l'evesque -de Londres parler, et parla mot mot tout ce que li evesques -li faisoit dire, et fist honmage de foi, de mains et de bouce. -Et furent toutes les paroles, que il dist l et rechita, mis (es) en -l'entente des prelas et signours d'Engleterre, qui l estoient; et -en furent lettres leves et instrumens publiques escrips et grosss. -Et aussi li contes de Montfort, qui se nonmoit dus de Bretagne, -qant il ot fait honmage au roi, et il fu recheus toutes -les solempnits qui i apertenoient estre et faire, et il se fu en -ce loiis et obligis, il requist au roi conme son signeur liege -que, se li rois Phelippes qui se disoit rois de France ou aultres -voloient entrer poissance en Bretagne et calengier l'iretage ou -nom de mesire Carle de Blois et sa fenme, qui s'en disoit hiretire, -et que il i venissent si fort que de poissance singulre il ne -<span class="pagenum"><a id="Page_298"> 298</a></span> -peuist resister l'encontre, que il fust aidis et secourus en la -fourme et manire que uns sires doit aidier son honme. Li rois -li ot en couvenant; et de tout ce fissent les lettres et instrument -mention. Et furent les lettres apertenans au conte de Montfort, -les quelles il enporta avoecques li, seeles dou seel dou roi d'Engleterre -et des seauls des barons d'Engleterre qui toutes ces -paroles, devises et ordenances furent presens.</p> - -<p>Tout ce fait et accompli et dou plus hasteement c'om pot, car -li contes voloit sus brief terme retourner en Bretagne dont il se -nonmoit dus, il prist congiet au roi et as signeurs et fist partout -compter et paiier. Et se departi de Londres et chevaua viers -Plumude o sa navie estoit qui l'atendoit, et le trouva toute -preste et vent bon asss pour retourner en Bretagne. Si entrrent -li contes et ses gens en lors vassiaus, et singlrent tant que il -retournrent Vennes dont il estoient parti et l ancrrent; et -si se rafresqirent en la chit, car elle et tous li plas pais estoit -pour li. Et puis au second jour montrent as chevaus et vinrent - Nantes, et l trouvrent la contesse qui se nonmoit duoise, -qui requelli son mari et toute la compagnie moult liement, et li -demanda des nouvelles. Et li contes l'en dist asss et toute l'ordenance -des trettis conment il se portoient, et se looit dou roi -d'Engleterre et des prelas et barons d'Engleterre, les quels il -avoit veus. F<sup>os</sup> 73 75.</p> - -<p>P. <a href="#Page_100">100</a>, l. 20: vingt chevaliers.—<i>Les mss. A 11 14 ajoutent</i>: -et soixante escuiers. F<sup>o</sup> 76 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_100">100</a>, l. 21: Cepse.—<i>Mss. A 18, 19</i>: Capse. F<sup>o</sup> 79.</p> - -<p class="space"> <b> 145.</b> P. <a href="#Page_102">102</a>, l. 22: Quant.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Or avint -que li viscomtez de Rohem, li sirez de Clichon, li sirez d'Avaugor -et li sirez de Biaumanoir s'en vinrent en France deviers -monseigneur Carlon de Blois, qui adonc se tenoit dalls le roy, -son oncle; et bien avoit oy recorder et ooit encorres tous les -jours comment li comtez de Montfort s'estoit mis et enclos en le -saisinne et possession de Bretaingne; ms chil seigneur l'en enfourmrent -plus plainnement et li disent: Monseigneur, vous -avs bien mestier d'avoir grant ayeuwe venir en Bretaigne, car -il n'y a bonne ville en toutte la duch, qui n'obeisse lui, et -ossi grant fuison dez signeurs, chevaliers et escuiers, et tient -grant plentet de gens d'armes as saus et as gaiges. Car il a eult -deviers lui tout le grant tresor qui estoit Limoges, que nos sires -<span class="pagenum"><a id="Page_299"> 299</a></span> -li ducs, dairains trespasss, et messirez ses frres, prez -madamme vostre femme, avoient l assamblet de loing tamps, -dont il fait tous les jours et a fait ses dons et sez larguces si -grandes, que il samble que ors ne argens ne li couste riens; et -retient touttes mannires de saudoiiers qui viennent deviers lui. -Avoecq tout chou, il a estet en Engleterre et a relevet la duch -de Bretaingne en foy et en hoummaige dou roy englz et ont -certainnez convenenchez enssamble, lesquelles nous ne savons -mies tout clerement, car nous n'y avons mies estet, fors tant que -on dist, et bien fait croire pour le cause de ceste hoummaige, -que li roys engls le doit aidier contre tous hommes qui de forche -le voroient bouter hors de Bretaingne.</p> - -<p>Quant messires Carles de Blois eut oy les dessus dis seigneurs -enssi parler et recorder l'affaire et l'estat dou comte de Montfort -et de la duch de Bretaingne, dont il se tenoit hoirs de par sa -femme, si fu tous penssieux; et quant il eut une espasse pensset, -si regarda les chevaliers et dist: Biau seigneur, grant mercis -de ce que vous estes venus devers moy et m'avs comptet de -ceste besoingne, dont je desiroie savoir le verit. Nous yrons -deviers le roy mon seigneur; si l'en enfourmerons plainnement, -et sour ce il en aura bon avis. Lors les mena messires Charles -de Blois tous quatre deviers le roy sen oncle, et parlrent lui -grant loisir. Et quant li roys seut comment la besoingne se portoit, -si dist que il y meroit remde telle et si bonne, que ses biaus -nis, que il tenoit hiretier de Bretaingne, s'en parceveroit. Adonc -eut li roys advis de mander les douze pers de Franche, pour -avoir consseil de plus grant deliberation. Si vinrent Paris dedens -le jour qui mis y fu. L fu propos et parlement li affairez -de Bretaigne, et aviset comment pour le mieux on s'en poroit -chevir. Se disent li douze pers de France qu'il appertenoit bien -que li comtez de Montfort fust mands par souffissans mesages, -afin que il venist Paris, par quoy on veist et sewist comment il -voroit aleghier contre cez oppinions. Chilz conssaux fu tenus, et -message priiet et regardet qui yroient. Che furent li sirez de Matefelon, -li sirez de Gousant et messires Grimoutons de Cambli. -Et se partirent chil messaige et chevaucirent tant par leurs petittez -journes qu'il vinrent en le cit de Nantez. L trouvrent -le comte de Montfort et la comtesse, sa femme, grant joie demenant. -Si fissent li seigneur dessus dit leur messaige, ensi que -chargiet leur estoit; et quant li contes les eut oys, quoiqu'il leur -<span class="pagenum"><a id="Page_300"> 300</a></span> -feist bonne chire et lie, il eut pluisseurs ymaginations de l'acorder -che voiaige. Touttesfois finablement il respondi as dis messaiges -que il volloit y estre obeissans au roy et yroit vollentiers -son mandement. Ceste responsce pleut bien as messaiges, et le -raportrent ainssi au roy Phelippe, que li comtez de Montfort seroit - Paris au jour qui mis y estoit. Dont fist li roys demourer -dalz lui tous les douze pers, et manda encorrez pluiseurs grans -barons et saiges de son royaumme, pour avoir milleur consseil -quant li dis comtes de Montfort seroit venus.</p> - -<p>Li comtez de Montfort se parti de Nantez en grant arroy, et -estoient bien de se compaignie trente chevaliers, tous noblez et -gentilz hommez, et estoient bien de se routte et se delivranche -en ce voiaige trois cens chevaux sans lez sommiers, et chevaucirent -tant par leurs journes qu'il vinrent en le chit de Paris. -Adonc se tenoit li rois au palais. Quant li per, li comte et li baron -de Franche sceurent la venue au dit comte de Montfort, si se -trayrent au palais deviers le roy, car bien savoient que li comtez -de Montfort y venroit, enssi qu'il fist. L'endemain dou jour qu'il -fu venus et descendus sen hostel, il vint heure de tierche -mout noblement et bien acompaignis de sez chevaliers au palais. -Si fu moult durement regards de tous lez barons, et des aucuns -salus, et puis amens deviers le roy. Le roy, qui estoit tous -pourveus et advisz de savoir coumment il le devoit recepvoir, -se tenoit en sez cambres de parement. Et estoient adonc dallz lui -li comtez d'Alenon, ses frrez, li dus de Normendie, ses filz, li -dus Oedes de Bourgoingne et messires Phelippez de Bourgoingne, -ses filz, li dus de Bourbon, messires Jaquemes de Bourbon, adonc -comtez de Pontieu, li comtez Loeis de Blois, li comtez de Foris, -li comtes de Vendomme et li comtez de Ghinez, et pluiseurs aultrez -barons telx que le seigneur de Couchi, le seigneur de Sulli, -le seigneur de Craon, le seigneur de Roie, le seigneur de Saint -Venant, le seigneur de Rainneval et le seigneur de Fines. Quant -li comtez de Montfort fu parvenus jusqu'au roy, si l'enclina mout -humblement et li dist: Monseigneur, je sui chy venus vostre -mandement et vostre plaisir. Li dis rois respondi: Comtez -de Montfort, de ce vous sai jou bon gret, ms je me esmerveille -durement pourquoi ne comment vous avs oset emprendre de -vostre vollent la duch de Bretaingne, o vous n'avs nul droit; -car il y a plus prochain de vous, cui vous voullz deshireter. Et -pour vous mieux efforchier, vous estez allz mon adversaire le -<span class="pagenum"><a id="Page_301"> 301</a></span> -roy d'Engleterre, et advs la duch de Bretaingne de lui relevet -et lui fet feaut et hoummaige, ensi que on le m'a comptet. -Li comtez respondi et dist: Ha! sire, ne le cres pas, car -vraiement vous estes de chou mal enfourms. Je le feroie moult - envis. Ms de le proimetet dont vous me parlastez, m'est advis, -sire, sauve vostre grace, que vous en mesprends, car je ne say -nul si prochain del duc de Bretaigne, qui dairainement morut, -que moy, qui sui ses frrez. Et se jugiet et declaret estoit par -droit que aultre en fuist plus proisme de moy, je ne seroie point -hontous ne rebellez del deporter.</p> - -<p>Quant li roys entendi le comte ensi parler, si respondi et dist: -Comtez, comtez de Montfort, vous (en dittez<a id="FNanchor_405" href="#Footnote_405" class="fnanchor"> [405]</a>) ores assz. Ms -je vous coummande, sur tout quanque vous tens de moy et que -tenir en devs, que vous ne vous partz de le chit de Paris jusques - quinze jours, que li baron et li per jugeront et ordonneront -de celle proismetet, et si sars adonc quel droit vous y arz -ou avs. Et se vous le faittez autrement, sachiz que vous me -courouchers. Li comtes respondi et dist: Monseigneur, -vostre vollent. Adonc se departi li dis comtes dou roy, et s'en -revint son hostel pour disner. Quant il fu son hostel venus, -il entra en sa canbre et le fist clore et refremmer apris lui, et -coummanda ses cambris que, se nuls le demandoit, que on desist -qu'il fuist dehetis. Lors se coummena aviser et pensser -que, se il atendoit le jugement dez barons et dez pers de Franche, -que li jugement poroit bien tourner contre lui; car bien li sambloit -que li roys feroit plus vollentiers partie pour monseigneur -Carlon de Blois sen nepveut que pour lui; et veoit bien que se il -avoit jugement contre lui, que li roys le feroit arester jusques -tant qu'il aroit tout rendut, cits, villez et castiaus, dont present -il tenoit le saisinne et le possession, que il avoit concquis, et -avoecq ce, tout le grant tresor qu'il avoit trouvet Limogez et -ossi ailleurs, et tout aleuet et despendut. Se li fu advis que le -mieudre pour lui et le mains mauvais estoit qu'il se partesist sans -congiet, que il atendesist l'aventure et s'en ralast secretement et -paisivlement en Bretaingne, et se renforchast encorrez contre -tous venans, qui contraire li volroient porter.</p> - -<p>Si tint li dis comtez ceste ymagination, et fist apeler deux de -ses chevaliers o le plus se confioit, et leur descouvri sen entente, -<span class="pagenum"><a id="Page_302"> 302</a></span> -et chil furent bien de son acord. Quant ce vint sus le soir, lui -troisime, tous desconneus, il parti de son hostel et wuida Paris, -qui adonc n'estoit point fremme. Et chevaucha tant de jour et -de nuit qu'il fu en Bretaingne revenus, ainschois que li roys en -sewist riens; ms penssoit chacuns qu'il fuist dehetiz son hostel. -Et tous lez jours le sieuwoient ses gens petit petit. Quant il -fu revenus dalz le comtesse sa femme, qui estoit Nantez, il li -compta toute sen aventure, puis alla, par le consseil de la comtesse -qui bien avoit coer d'omme et de lion, par touttez les cits, -les castiaux et les fortrces qui estoient lui rendues, et establi -partout bonnes cappittainnez et si grant plentet de saudoiiers -piet et cheval qu'il y couvenoit, grans pourveances de vivres -l'avenant, et paiia si bien tous saudoiiers, que chacuns le servoit -vollentiers. Quant il ot tout ordonn ensi qu'il appertenoit, il s'en -revint Nantez dalls la comtesse sa femme, et dallz lez bourgois -de le chit, qui durement l'amoient par samblant pour les -grans courtoisies qu'il leur faisoit. Or me teray ung petit de lui, -et me retrairay au roy de Franche et monseigneur Carlon de -Blois et as barons et douze pers dou royaumme dessus dit. F<sup>os</sup> 57 -v<sup>o</sup> et 58.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: A painnes est riens fait qui ne soit sceu: nouvelles -vinrent Paris deviers messire Carle de Blois et les signeurs -que li conte de Montfort avoit pris conquis, tant par force que -par tretis, toute la duce de Bretagne, et avoit est en Engleterre -et relev la duce de Bretagne dou roi d'Engleterre, et en estoit -devenus son honme. Tantos ces nouvelles vinrent au roi. Qant li -rois les o, se ne li furent pas plaisans, et manda les douse pers -de France, ceuls que pour lors il pot avoir. Qant il les vei en sa -presence, si lor demanda quel cose estoit bonne faire de tel -cose. On li dist et consilla que chils contes de Montfort fust mands, -et que trop on avoit atendu. Si furent ordonn pour le aler -querre li sires de Montmorensi et li sires de Saint Venant. Chil -doi baron se departirent de Paris plus de soissante chevaus, et -chevaucirent tant que il vinrent Nantes, et trouvrent le conte -de Montfort et la contesse qui faisoient une grande feste des chevaliers -et esquiers, des dames et damoiselles dou pais de Bretagne. -Il requella grandement et liement ces signeurs, car il se tenoit -de lor linage. Chil doi baron, qui sage et pourveu estoient, -se couvrirent moult bien deviers li de dire. Pluisseurs paroles -disoit on de li en France et Paris, mais s'en dissimulrent, et -<span class="pagenum"><a id="Page_303"> 303</a></span> -li priirent que il vosist descendre celle premire fois la plaisance -dou roi, et venir Paris. Il dist que il s'en conselleroit. Il -s'en consella auquns de son consel et la contesse, sa fenme, -laquelle li desconsilloit que point n'i vosist aler, et que il n'i avoit -que faire; et li aultre li consilloient et disoient que si avoit, et -que nullement il ne se pooit esquser, ne passer que il n'alast en -Franche, et que il ne relevast la duce de Bretagne dou roi. Lors -respondi il ces paroles et dist: Je l'ai relev dou roi d'Engleterre: -il doit souffire. Je ne doi ne puis faire que un seul -honmage. Lors li fu dit: Et se vous trouvs le roi de France -si amiable que il reoive vostre honmage, vous venrs legierement -jus deviers le roi d'Engleterre. Il a asss faire entendre -aillours. Il ne vous boutera pas hors de Bretagne, et espoir es(t) ou -pour aultre cose que li rois vous mande. Finablement li contes -de Montfort fu ce consillis et enorts que il ordonna ses besongnes, -et se departi de Nantes en la compagnie des deus barons -desus nonms, et ossi des chevaliers de Bretagne; et fist tant -que il vint Paris et se loga, et toutes ses gens ossi. Qant on -sceut que il fu venus et mis hostel, on fu tous resjois de sa -venue. Li contes de Flandres, son serourge, le vint veoir, et li -fist bonne chire, et li contes de Montfort li, liquels se tint le -jour que il vint et la nuit ensievant tous quois son hostel. Et -l'endemain, heure de tierce, il se departi de son hostel plus de -cent chevaus en sa compagnie, et chevaucirent viers le palais et -descendirent l, car li rois de France i estoit, et painnes tout -li noble prelas et barons du roiaulme de France. Li contes de -Montfort monta les degrs dou palais et ala tant devant li que il -trouva le roi et les signeurs en une grande cambre, toute pare -et couverte de tapiserie moult belle et moult rice, et l estoit -atendus li contes de Montfort.</p> - -<p>Qant il entra en la cambre, il fu moult fort regards de ceuls -qui onques ne l'avoient veu, et par especial li rois de France jetta -trop fort ses ieuls sur li. Li contes de Montfort se mist en genouls -devant le roi et dist moult humlement: Monsigneur, vous -m'avs mand, et je suis venus vostre mandement. Li rois respondi -et dist: Contes de Montfort, de che vous sai je bon gr, -mais je m'esmervelle grandement pourquoi ne conment vous avs -os entreprendre de vostre volent la duce de Bretagne, o vous -n'avs nul droit, car il i a plus proisme de vous que vous vols -deshireter; et pour vous mieuls efforchier, vous estes als nostre -<span class="pagenum"><a id="Page_304"> 304</a></span> -adversaire le roi d'Engleterre et l'avs de lui relevet, et fait -feault et honmage, ensi que on nous a dit. Li contes respondi - che et dist: Ha! monsigneur, ne le cres pas, car vraiement -vous estes de ce mal enfourms, je le feroie moult envis; mais -de la proismet dont vous me parls, m'est avis, monsigneur, -salve soit vostre grace, que vous mesprends, car je ne sai nul -si prochain dou duch de Bretagne, mon frre darrainnement -mort, que moi; et se jugiet et declaret estoit par droit que aultres -i fust plus proismes de moi, je ne seroie pas honteus ne virgongneus -de moi en deporter. A ceste parole respondi li rois -et dist: Contes, vous en dittes asss, mais je vous conmande -sur qanq que vous tens de nous, ne que tenir en pos ne devs, -que vous ne vos departs de la chit de Paris jusques quinse -jours, que li baron et li per jugeront de celle proismet. Si sauers -adonc quel droit vous i avs; et se vous le faites aultrement, -vous nous couroucers. Li contes respondi et dist: Monsigneur, - vostre volent. Donc se leva il et prist congiet au roi -et as prelas et hauls barons qui l estoient, et les enclina tous -autour, et euls li. Et issi hors de la cambre, et conmena moult -fort busiier et merancoliier, et imaginer son afaire et son estat. -A painnes pot il disner, tant fu pensieus, et ne volt que nuls -entrast en sa cambre, fors si varlet.</p> - -<p>A ce que li contes de Montfort pensoit, je le vous dirai: il se -repentoit trop fort de ce que il estoit venus Paris et mis ens s -dangiers dou roi et de ses contraires, et disoit ensi en soi meismes: -Se je atens le jugement des douse pers, il n'est riens si -certain, on me retenra, et serai mis en prison. Et tout au mieuls -venir, se je voel avoir ma delivrance, il faudra que je remette -arrire tout ce dont je sui en saisine, et que je rende compte -dou tresor le duch mon frre que je pris et levai Limoges, -douquel je me sui aidis. Avoecques tout ce, on trouvera en verit -que j'ai est en Engleterre, et que je ai relev la duce de -Bretagne dou roi d'Engleterre, dont je me sui trop forfais, et ne -sai que li douse per de France de la correction en vodront dire. -Briefment, tout consider, je ne puis veoir que li demorer chi et -atendre la quinsainne me soit pourfitable. Tout consider et -bien examin ses besongnes, il dist que il se departiroit de Paris -et retourneroit en Bretagne; et se on le voloit l venir querre, -on le venist, car on le trouveroit pourveu, et le pais tout clos -l'encontre des venans; et se manderoit le roi d'Engleterre, qui li -<span class="pagenum"><a id="Page_305"> 305</a></span> -avoit jur toute loiaut, et li aidier fust contre le roi de France -ou autrui.</p> - -<p>Ce pourpos et ceste imagination conclut li contes de Montfort -en soi meismes, et se ordonna partir. Je vous dirai conment: -il prist l'abit l'un de ses menestrels, et dou soir il monta ceval, -et le varlet dou menestrel avoecques lui, et isi de Paris. Et -quidoient ses gens voires, fors chil qui le devoient savoir, que -il fust encores en ses cambres, car si cambrelent disoient que il -estoit malades et gissans au lit, qant il estoit en Bretagne. Et vint - Nantes de nuit et ala deviers sa fenme la contesse qui point de -premiers ne le recongnissoit en cel estat; et qant elle l'ot ravis, -si pensa tantos que la besongne aloit mal. Li contes li compta -tout l'estat et l'ordenance de son voiage, et pourquoi il estoit -ensi revenus. Monsigneur, dist la contesse, je n'en pensoie point -mains, vous n'i avis que faire. Selonc ce que vous avs conmenchi -et entrepris, vous auers la gerre: il n'est riens si vray. Si -vous pourves et ordonns selonc che, et tens en amour les -bonnes villes de Bretagne et les signeurs qui sont de vostre partie. -Li contes respondi et dist que aussi feroit il. F<sup>os</sup> 74 v<sup>o</sup> -et 75.</p> - -<p>P. <a href="#Page_102">102</a>, l. 22: qui tenoit.—<i>Mss. A 1 6, 18 33</i>: qui se -tenoit cause de sa femme estre droit hoir de Bretaigne. -F<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_102">102</a>, l. 28: feroit.—<i>Ms. B 6</i>: Or advint autres nouvelles -au roy et monseigneur Charle de Blois qui plus luy donnrent - penser, car il leur fut dit que le conte de Monfort avoit est en -Engleterre devers le roy et relever la duc de Bretaigne et les -appertenances du roy d'Engleterre: que faire ne povoit ne devoit, -dont trop grandement s'estoit meffais. F<sup>o</sup> 178.</p> - -<p>P. <a href="#Page_103">103</a>, l. 12: de Nantes.—<i>Ms. B 6</i>: mais sachis que che -fut tout outre le consail de madamme sa femme. F<sup>o</sup> 179.</p> - -<p>P. <a href="#Page_103">103</a>, l. 15: as hostelz.—<i>Mss. A 1 6, 18 22</i>: en -son hostel. F<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_103">103</a>, l. 20: li douze per.—<i>Ms. B 6</i>: le duc de Bourgogne, -le duc de Normendie et grant plent de seigneurs. F<sup>o</sup> 179.</p> - -<p>P. <a href="#Page_104">104</a>, l. 24: son hostel.—<i>Ms. B 6</i>: durement pensis. -F<sup>o</sup> 180.</p> - -<p>P. <a href="#Page_104">104</a>, l. 25 et 26: aviser.—<i>Ms. B 6</i>: buchier. F<sup>o</sup> 180.</p> - -<p>P. <a href="#Page_105">105</a>, l. 8 et 9: Si monta.—<i>Ms. B 6</i>: Sy fist le malade -toute celle journe; et quant che vint la nuit, il monta cheval -<span class="pagenum"><a id="Page_306"> 306</a></span> -et se party de Paris lui troisime, que point les portes n'estoient -adonc frumes. F<sup>o</sup> 181.</p> - -<p class="space"> <b> 146.</b> P. <a href="#Page_106">106</a>, l. 2: als.—<i>Ms. de Rome</i>: Et en fu li contes -de Flandres soupeonns que il ne li euist consilliet faire, -pour tant que il avoit sa serour fenme; mais li contes se osta -de la soupeon et s'en escusa grandement et tant que on le tint -bien pour escus. F<sup>o</sup> 75 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_106">106</a>, l. 7: deus.—<i>Mss. A 1 7, 18 22</i>: trois. -F<sup>o</sup> 80 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_106">106</a>, l. 22: barons.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et douze pers. -F<sup>o</sup> 58.</p> - -<p>P. <a href="#Page_107">107</a>, l. 10: d'Alenon.—<i>Ms. d'Amiens</i>: monseigneur Carle -comte d'Alenchon son oncle, le ducq de Bourgoingne son cousin, -le comte de Blois son frre, le duc de Bourbon, monseigneur Jakemon -de Bourbon comte de Pontieu, monseigneur le connestable -de Franche, le comte de Ghines son fil, le comte de Foris, le -seigneur de Couchy, le seigneur de Craan, le seigneur de Biaugeu, -le seigneur de Suilli, et en apris tous les barons et chevaliers - qui il avoit amour et linage qui l estoient. Et chacuns li -acorda liement que il yroit avoecques lui en Bretaingne pour aidier - reconcquerre, tant de gent et de compaignons qu'il poroient -avoir. Si fissent leurs mandemens chacuns endroit de lui, -li uns en Biausse, li autre en Berri, puis en Ango et ou Mainne. -Et tous se devoient rassambler en le cit d'Angiers et l environ. -F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Mesires Carles de Blois et li contes de Blois -son frre, liquel estoient en genouls devant le roi, le remerciirent -humlement de toutes ces paroles. Lors se levrent ils en -pis et alrent autour priier lors amis, premierement lor oncle le -conte d'Alenon, et puis lor cousin germain le duch de Normendie, -le duch Oede de Bourgongne et mesire Phelippe de Bourgongne -son fil, le duch Pire de Bourbon et messire Jaqueme de -Bourbon conte de Pontieu son frre, le conte d'Eu et de Ghines -connestable de France, le conte de Vendome, le conte de Danmartin, -le signeur de Chastellon et grant fuisson de barons de lor -linage. Et tout de bonne volent se offrirent faire service et -plaisance mesire Carle de Blois, et aler lors coustages avoecques -li en Bretagne. Si se ordonnrent et apparillirent dou plus -briefment que il peurent; et fissent lor mandement estre Chartres, -<span class="pagenum"><a id="Page_307"> 307</a></span> -et atendre l'un l'autre en la chit del Mans ou d'Angiers. -F<sup>os</sup> 75 v<sup>o</sup> et 76.</p> - -<p>P. <a href="#Page_107">107</a>, l. 14: le visconte de Roem.—<i>Mss. A 11 14</i>: le -viconte de Rohan breton. F<sup>o</sup> 78.</p> - -<p class="space"> <b> 147.</b> P. <a href="#Page_107">107</a>, l. 26: Quant tout.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Quant -tout chil seigneur qui priiet estoient, eurent ordonnet leur besoingnes -et chacuns fait son mandement au plus especialment qu'il -peult, il se partirent, de Paris li aucun, et li aucuns de leurs -lieux. Si s'en allrent li uns apris les autres et se assamblrent -en le cit d'Angiers, puis ordonnrent leur charoy et leurs pourveanches. -Et se misent au chemin et passrent Ango, et vinrent -logier ung soir une trs belle fortrce que on appelle Chantos, -qui se tient dou seigneur de Craan. Et mist li dus de Normendie -gens pour aidier conduire leurs pourveanchez et chiaux ossi -qui lez sieuwoient. Puis cheminrent deviers Ansenis, qui est li -fins dou royaumme et li entre de Bretaingne che ls l. Li sirez -est ungs grans baners bretons, et se tenoit de le partie monseigneur -Charlon de Blois, et li fist l hoummaige et feault comme -au duc de Bretaingne, presens tous lez signeurs, et li mist se fortrche -en son coummandement. Si sejournrent li seigneur l endroit -trois jours, pour mieux ordonner leur conroy et leur charoy. -Quant il eurent ce fait, il yssirent hors pour entrer ou pays -de Bretaingne.</p> - -<p>Quant il furent as camps, il considerrent leur pooir et estimrent -leur host cinq mille armurez de fier, sans les Geneuois -qui estoient bien troi mille, si comme jou ay oy recorder. Et lez -conduisoient doi chevalier de Genneues; si avoient nom, li uns -messires Othes Doriie, et li autres messires Carles Grimaus. Et -si i avoit grant plantet de bidaus et d'arbalestriers que conduisoit -messires Galois de le Baume. Quant touttes ces gens se furent -aroutet, moult y avoit bel host; et chevauoient en troix bataillez: -de quoy messires Loeys d'Espaingne, ungs trs bons chevaliers, -et li viscontez de Rohem, li sires d'Avaugor, li sirez de -Clichon et li sirez de Biaumanoir, banirez desploiies, menoient -les premiers; et estoient bien cinq cens lanches. Puis chevauchoient -en le grosse routte li dus de Normendie, li comtez d'Allenchon, -ses onclez, li comtez de Blois, messires Charles de Blois, -qui s'appelloit et escripsoit dus de Bretaingne et en avoit fait -feault et hoummage au roy de Franche, et en portoit lez -<span class="pagenum"><a id="Page_308"> 308</a></span> -plainnes armez sans differensce. En celle routte estoient tout li -plus grant seigneur de l'ost. En le tierche bataile estoit li connestablez -de Franche, li comtes Raous d'Eu et li comtez de Ghines, -ses fils, li sires de Couci, li sires de Montmorensi, li sires de -Quitin, breton, et li sirez de Tournemine; et faisoient l'arrieregarde -bien cinq cens lanchez, sans les Geneuois et les arbalestriers, -dont li Gallois de le Baume estoit conduisirez.</p> - -<p>Environ heure de primme, li premier cevauceour vinrent devant -ung trs fort castiel, seans l'entre de Bretaingne sus une -montaigne et ou piet desous une grosse rivire. Si appelle on le -dit castiel Chastonseal, et est li clef et li entre de Bretaingne. Si -l'avoit garny et pourveu trs bien li contes de Montfort de -bonnes gens d'armes, de pourveanches et de artillerie. Et en estoient -cappittainne de par le dit comte doi bon chevalier de Bretaingne, -dont li ungs avoit nom messires Milles, et li autrez -messires Waleranz. F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Qant tout chil signeur, liquel s'en devoient aler -avocques monsigneur Carle de Blois ens ou pais de Bretagne pour -li aidier recouvrer son hiretage, furent prest et lors gens venus, -il se departirent de Paris li auqun, et li aultres de lors lieus. Et -en alrent les uns apris les aultres, et si se asamblrent la grignour -partie en la chit du Mans et l environ; puis s'avalrent -jusques en Anghiers, et l trouvrent le duch de Normendie qui -chis se faisoit de ceste cevauchie. Et vinrent toutes ces gens -d'armes en Ancheni sus la frontire et entre de Bretagne, et l -sejournrent trois jours, en attendant encores l'un l'autre, et pour -ordonner lor charoi et lors conrois. Qant il orent ensi fait, il se -missent par ordenanche au cemin et chevaucirent pour entrer en -Bretagne, et considerrent lor pooir et estimrent lor hoost -cinq mille armeures de fier, sans les Geneuois qui estoient environ -troi mille. Et les conduisoient doi chevalier de Genneues; si -avoit nom li uns mesire Othe Doriie, et li aultres mesires Carles -Grimauls. Et se i avoit grant fuisson de bidaus et d'arbalestriers -que li Galois de la Baume conduisoit, uns chevaliers savoiiens.</p> - -<p>Qant toutes ces gens d'armes et aultres arbalestriers et bidaus -as lances et pavais se trouvrent sus les camps, ils se departirent -d'Ancheni, et prissent le cemin par deviers un trs fort -chastiel, seant sus une montagne, et desous court une rivire. -Et le chastiel on l'apelle Chastonseal, et est la clef et li entre de -Bretagne ce ls l, et estoit pourveus et garnis de bonnes gens -<span class="pagenum"><a id="Page_309"> 309</a></span> -d'armes. Et en estoient chapitainne et gardiien doi chevalier de -Lorrainne, dont li uns avoit nom mesires Milles et li aultres messires -Wallerans. Qant li dus de Normendie, qui estoit chis de -ceste cevauchie, et li aultre signeur de France veirent le chastiel -si fort, il orent consel que il le assegeroient, car se il passoient -oultre et il le laisoient derrire, il le poroit porter damage euls -ou lors gens et as lors pourveances. Si le assegirent dou plus -pris que il porent, et i fissent pluisseurs assaus. Meismement li -Geneuois, qui sont bons arbalestriers, s'i abandonoient le fois -asss follement et tant que i perdirent de lors compagnons lors -assaus, car chil dou chastiel se deffendoient vaillanment. Adonc -imaginrent chil signeur de France que il couvenoit emplir les -fosss pour aprochier de plus pris. Si furent envoiiet querre et -amen tout li honme paisant dou plat pais, et lor fist on coper -baus et mairiens, porter, trainer et chariier et jeter en ces -fosss. Et tant fissent, par la grant diligense que il i rendirent, -que il furent raempli l en cel endroit o il avoient mieuls l'avantage -de l'asallir. Et entrues que on entendi raemplir ces fosss, -li signeur de France fissent faire et carpenter un chastiel de bois -sus douse roes et tout couvert et garit, ouquel pooient bien -deus cens hommes d'armes et cent arbalestriers. Si fu force -d'onmes chils chastiaus, pourveus de gens d'armes et d'arbalestriers, -amens asss pris dou mur; et avoit ou dit chastiel trois -estages: ou premier hault estoient les gens d'armes, ou second -les arbalestriers, et ou tierc estage tout bas, piqetour pour piqueter -au mur et tout destruire et abatre.</p> - -<p>Le jour que li enghiens et li chastiaus fu bouts avant, ot -Chasto(n)seal trop orible asaut, et moult de honmes mors et blecis -de ceuls dedens et de ceuls de dehors. Et aleurent chil dedens -toute lor artelerie au traire; et par trois fois furent rafresqi chil -qui ou chastiel estoient. Qant messires Milles et messires Walerans -veirent que si continuelment on les assalloit, et que moult de -lors honmes estoient blechiet, et se ne lor apparoit confors de -nul cost, il se doubtrent que de force il ne fuissent pris; si entrrent -en trettis deviers le duch de Normendie qui on parloit -de toutes coses. Trettis se porta que il rendirent le chastiel, -salve lors vies et lors biens. Ensi orent li Franois le chastiel de -Chastonseals; si le remparrent et rafresquirent de toutes coses. -Et fu rendus li dis chastiaus dou duch de Normendie mesire -Carle de Blois conme hiretiers et dus de Bretagne. Et puis passrent -<span class="pagenum"><a id="Page_310"> 310</a></span> -oultre et ceminrent viers Nantes, o li contes de Montfort -se tenoit, qui bien estoit enfourms de la venue de ces signeurs -de France. Si se pourveoit selonch ce, et avoit envoiiet sa -fenme et un sien jone fil Vennes, et moustroit bonne ordenance -de li deffendre et garder. F<sup>o</sup> 76.</p> - -<p>P. <a href="#Page_108">108</a>, l. 3: Angiers.—<i>Ms. B 6</i>: Et depuis ne demoura -gaires de temps que mesire Charles se party de Paris et prist le -chemin d'Angiers. Et vint l aprs le conte d'Allenchon, le duc -de Normendie, le duc de Bourgogne, le duc de Bourbon, le conte -de Tancarville, le connestable de France, le sire de Coucy, le sire -de Carhain, le sire de Suilly et grant foison de barons de France. -Et estoient bien, quant tous furent venus et asambl, six mille -hommes d'armes et vingt mille d'autres gens parmy les Geneuois -qui estoient desoubz messire Charle Grimaulx et messire Oste -Deoire. Et fut marescaulx de tout l'ost ung trs bon et hardy -chevalier qui s'appelloit messire Loys d'Espaigne. F<sup>o</sup> 183.</p> - -<p>P. <a href="#Page_108">108</a>, l. 6: trois.—<i>Mss. A 11 14</i>: quatre. F<sup>o</sup> 78.</p> - -<p>P. <a href="#Page_108">108</a>, l. 10: cinq mille.—<i>Mss. A 15 17</i>: six mille. -F<sup>o</sup> 81 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_108">108</a>, l. 11: trois mille.—<i>Mss. A 1 6</i>: quatre mille. -F<sup>o</sup> 81.</p> - -<p>P. <a href="#Page_108">108</a>, l. 20: Chastouseal.—<i>Mss. B 3</i>: Castouseul. F<sup>o</sup> 71 -v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 1 10, 20 33</i>: Chastonseaulx, Chastonseal, -Chastonseaul, Chastonseau. F<sup>o</sup> 81.—<i>Mss. A 11 17</i>: Chantouceaulx, -Chantoceaux. F<sup>o</sup> 78 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 18, 19</i>: Chastouseaulx. -F<sup>o</sup> 81.</p> - -<p class="space"> <b> 148.</b> P. <a href="#Page_110">110</a>, l. 1: Quant li dus.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Quant -li dus de Normendie, messires Carlez de Blois et li autre seigneur -eurent conquis le castiel de Castonseaux, si comme vous -avs oy, li dus de Normendie, qui estoit li souverains droit l de -tous, le livra tantost monseigneur Carlon de Blois, son cousin, -comme sien et son hiretaige. Et y mist li dis messire Carles dedens -bon castellain, en qui mout s'afioit, ung chevalier que on appelloit -monseigneur Rasse de Quinnecamp, et avoecq lui grant fuison -de bons compaignons; et l rafresci de tous poins, de touttez -necessits pour mieux garder l'entre dou pays, et pour conduire -chiaux qui venroient apris yaux. Puis se deslogirent li seigneur -et se traissent par deviers Nantes, l o il tenoient que li comtes -de Montfort, lors ennemis, estoit. Si leur avint que li marescaus -<span class="pagenum"><a id="Page_311"> 311</a></span> -de l'ost et leur coureur trouvrent enmy voie une bonne ville et -grosse, bien freme de fosss et de palis; et appell' on ceste ville -Quarquafoure, et siet quatre lieuwes pris de Nantes. Li marescaux -et se routte l'asalirent fierement et durement de tous -costs; et chil de le ville se deffendirent, ms il n'y avoit que -villains. Si furent asss tost desconfi, la ville prise et robe, et -moult de gens dedens mors et ochis, dont che fu pits; et boutrent -le feu ens, et en fu bien la moitiet arse. Et se logirent li signeur -ceste nuit l environ, et l'endemain il se deslogirent et -aprochirent Nantez; et envoiirent leurs coureurs devant pour -aqueillir le proie, ms point n'en trouvrent. Dont vinrent li seigneur -li uns apris l'autre, par ordonnanches et par connestabliez, -devant le chit de Nantes; et le assiegirent tout autour, -et y tendirent tentez, trs et pavillons et touttes autres mannires -de logeis qui en telz oeuvres appertiennent.</p> - -<p>Or sont logiet ost, par devant la bonne chit de Nantez, li -seigneur de Franche. Et dedens se tient li comtez de Montfort, -messires Hervieus de Lion, messires Henris de Pennefort, messires -Oliviers de Pennefort et pluiseur chevalier et escuier de Bretaingne -qui ont fait feaut ou dit comte; et la contesse sa femme -est Rennes. Quant li comtes de Montfort se vit assegis, il n'en -fist mies trop grant compte, car il se sentoit en bonne chit, -forte, bien fremme et bien pourveuwe de touttez pourveanches -et d'artillerie, et bien ams des bourgois de le ville. Si ordounna -et pria tous que chacuns se volsist bellement deduire et acquitter -enviers lui, garder le chit et leur honneur, aller leur deffenscez -as garrittez, enssi que ordonnet estoient, et point yssir -sur chiaux de l'host, car il pooient bien perdre et point gaegnier. -Et disoit ensi li comtes, pour chiaux de Nantes reconforter, que -cilx siges ne se pooit longement tenir, car il estoit coummenchiz -trop sus l'ivier.</p> - -<p>Or avint que chils de le ville ne tinrent mies trop bien ses -coummandemens, si comme vous orz; car il prist vollent aucuns -bourgois de Nantez, jones compaignons et armerz, que de -yssir et faire aucune envaie sur chiaux de l'ost. Et en parlrent -enssamble et se queillirent, et furent bien quatre cens d'eslite, -et priirent monseigneur Hervi de Lion que il volsist y estre -leur cappittainne et yaux mener; et se Dieux plaisoit, il feroient -emprise o il aroient toutte honneur et prouffit. Messires Hervis, -comme bons chevaliers et qui amoit et queroit lez armes, s'i accorda -<span class="pagenum"><a id="Page_312"> 312</a></span> -asss legierement. Et prissent ariest issir une ajourne, -enssi qu'il fissent, et s'en vinrent par voies couvertes, car bien -connissoient le pays autour de l'ost. Dont d'aventure il trouvrent -environ trente sommiers, muls et ronchins, cargis de pourveances, -qui s'en venoient en l'ost. Si se ferirent en chiaux qui -les menoient, et en turent et navrrent les aucuns, et li demorans -s'enfui. Si misent ces sommiers voie pour amener sauvet -dedens le ville, et leur sambla que trop bien avoient esploitiet. -Li noise et li cris s'esleva en l'ost, et criirent: As armes! -Les trompettez sonnrent, touttes mannires de gens s'armrent -et montrent as cevaux.</p> - -<p>Ceste meysme nuit, avoit fet le gait messires Loeys d'Espaingne - plus de cinq cens compaignons, et n'estoit point encorres -retrait ne partis de se garde. Quant il entendi le hue, il s'en -vint celle part quoite d'esperons, bannire desploiie; et tout -li sien le suirent, et raconssuirent chiaux de Nantez asss pris -de le ville. L y eut bon puigneis. Quant messires Hervis de -Lions et chilz de Nantes veirent qu'il estoient si poursui, il se -misent entre les sommiers et leurs ennemis, et les fissent de forche -cachier ens s portes pour sauver, et aucuns cars ossi, qu'il -en menoient cargis de vins et de farinez, desteller; et les cevaux -cachier en le ville, et tout adis se combatoient. L ot ung -dur rencontre et trs forte mesle, car chil de l'ost mouteplioient -toudis, qui estoient fresch et nouviel. L couvint monseigneur -Hervi de Lion faire maintez appertises d'armez, car vollentiers il -ewist sauvs tous les siens, s'il pewist; ms si grant force leur -sourvint que grant meschief rentra il en le ville et se sauva; et -pour le doubte que cil de l'ost ne efforaissent le porte et entraissent -en le cit, il fist le restiel avaller. Si en y eut bien le -moitiet et plus de leurs gens enclos par dehors, qui y souffrirent -grant meschief, car il furent tout pris ou tout mort, et mens as -logeis comme prisonniers devers le duch de Normendie et monsigneur -Carlon de Blois, qui en eurent grant joie. Et chil dedens -se retrairent au mieux qu'il peurent, qui trop plus avoient perdut -que gaegniet, et regretoient leurs frrez et leurs amis mors et -pris.</p> - -<p>Li comtez de Montfort, qui estoit ens ou castiel de Nantes, -s'arma et fist armer sez gens seloncq ce que on li avoit record -que dehors le porte il y avoit grant hustin. Si y venoit en ceste -entente que pour yaulx aidier, s'il pewist; ms quant il parvint -<span class="pagenum"><a id="Page_313"> 313</a></span> -l, la besoingne estoit j toutte passe. Et encontra monseigneur -Hervi de Lion, si ques tous couroucis et voiant le peuple, il l'aqueilli -au tenchier et li dist: Messire Hervy, messire Hervy, -vous estes trop bons chevaliers de le moitiet. Je me fuisse bien -maintenant passs mains de vo proce; et encorrez sus vo folle -emprisse, se vous ne vous fuissis si tost retrs, chil qui sont demouret -l hors, ewissent estet bien venus sauvet. De ces -parolles fu messires Hervis tous honteux et virgongneus, et passa -oultre et parla mout peu, et ce qu'il respondi, il dist: Sire, -plus sages et plus preux chevalierz que je ne soie, a bien mespris -en plus grant affaire. Dieux nous gard de plus grant dammaige! -Ensi se retrai chacun en son hostel, car li comtez vit bien que li -issir ne li pooit porter nul prouffit, ms damage. Depuis ceste -avenue, pris que tous les jours, chil de l'ost, Geneuois et saudoiiers, -venoient escarmuchier as portez et as barrirez, et faisoient -sur chiaux de d'ens mainte appertise d'armes. Et lanchoient -et traioient li ung l'autre; et en y avoit souvent des navrs de -chiaux de d'ens et de chiaux de hors. F<sup>o</sup> 59.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Sus le cemin de Nantes trouvrent li Franois -une bonne ville et grose freme de fosss et de palis tant seullement, -et est nonme Quarquefoure. Li marescal de l'oost et chil -de l'avant garde, qant il furent venu devant, l'asallirent fortement. -Ichil de dedens estoient gens de petite deffense et foiblement -arms; si ne porent durer contre ces arbalestriers geneuois -et ces gens d'armes. Si fu la ville conquise et toute robe, et plus -de la moiti arse, et toutes gens que on pot ataindre, mis l'espe, -dont ce fu pits.</p> - -<p>Li signeur logirent celle nuit l environ; et l'endemain il -s'ordonnrent pour venir devant la chit de Nantes, car il n'i a -de Quarquefoure que quatre lieues. Et envoiirent premierement -l'avant garde courir devant Nantes et ordonner o li signeur se -logeroient. Si se logirent chil de l'avant garde. Et puis vinrent -li dus de Normendie et tout li signeur et le charoi. Et se logirent -tout en bonne ordenance, et fissent tendre tentes, trefs et -pavillons.</p> - -<p>La chit de Nantes est grande, et la rivire de Loire qui court -parmi, moult large. Se ne le porent pas li signeur de France -toute environner, car trop i faudroit de peuple qui vodroit ce -faire. Et se chil de dedens se fuissent tenu tous jours enclos en -lor ville sans point issir, et entendu as escarmuces tant seullement, -<span class="pagenum"><a id="Page_314"> 314</a></span> -et deffendre lors barrires, il ne lor couvenoit aultre -cose; et euissent l tenu les signeurs de France tout le temps. -Car il avoient la rivire pour euls, laquelle on ne lor pooit oster, -et si estoient bien pourveu de toutes coses que il lor besongnoit; -mais orgoels et outrequidance les dechut, ensi que je vous dirai.</p> - -<p>Messires Hervis de Lion, qui fu asss chevalereus et estoit tous -li consauls dou conte, chevaua une matine et issi hors de Nantes - tout deus cens armeures de fier, car dou soir il avoient en -lor ville requelliet une espie qui lor avoit dit que quinse sonmiers -cargis de pourveances venoient en l'oost, et lor avoit ensengniet -le cemin que il tenoient, et n'estoient conduit que de euls soissante -lances. Pour quoi messires Hervis de Lion, pour porter -ceuls de l'oost contraire et damage, esmeut les compagnons saudoiiers -et auquns jones honmes bourgois de Nantes. Et sallirent -hors une ajourne par la posterne de Ricebourc et se missent -sus les camps, et cevauchirent la couverte, ensi que li varls -les avoit ensengniet. Et trouvrent sus un vis chemin et encontrrent -ce charoi et ces sonmiers et ceuls qui les conduisoient, -qui estoient tout pesant et sonmilleus, car il avoient la nuit moult -petit dormit. Chil deus cens de la route et compagnie messire -Hervi de Lion furent tantos au desus de ce charoi et de ces sonmiers -et de ceuls qui les conduisoient. Et en i ot que mors que -blecis plus de la moiti; et li demorrans fui en voies deviers -l'ost en faisant grant noise. Encores estoient chil dou gait de la -nuit sur les camps; si s'adrechirent celle part o la noise estoit -et li debas, et aussi li hoos se conmena fort estourmir.</p> - -<p>Qant mesires Hervis de Lion et ses gens veirent venir l'effort, -si se retraissent fort viers la chit et deviers la porte, et cachirent -lor proie dedens. Et fuissent bien rentr dedens et petit -de damage, se il vosissent; mais orgoels et outrequidance les -amonesta de demorer et faire armes. Et tant se moutepliirent li -hustin que chil de l'oost les sourmontrent, et en abatirent et -mehagnirent biaucop et prissent au voloir rentrer en la ville. -Et fu la porte sus le point de estre gaegnie des Franois, et couvint -pris estre arm tous ceuls de la ville pour euls bouter hors. -Et l fu trs bons chevaliers messire Hervi de Lion, et moult i -fist de grandes et de belles apertises d'armes. Toutes fois, par -bien combatre et par l'effort qui i sourvint de la chit, li Franois -furent requl, et la porte reclose, et li pons levs, et la grignour -partie de la proie conquise. Ms trop lor cousta et par especial -<span class="pagenum"><a id="Page_315"> 315</a></span> -des bourgois de la ville, car il en i ot grant fuisson de -mors et de pris et de blecis: dont li pre et li frre et li linages -de ceuls en furent durement courouchiet. Et disoient li auqun en -derrire que ce avoit est une issue sans raison et hors de ordenance, -car il n'avoient en Nantes aultre cose faire que de garder -lor vile.</p> - -<p>Li contes de Montfort, qui estoit en son hostel, ne savoit au -matin, qant il fu levs, encores riens de ceste avenue. Et qant il -en fu enfourms, et il oy les complaintes de ses honmes et des -bourgois de la ville, conment il avoient perdu lors fils, lors frres -et lors amis et par celle escarmuce, laquelle la vois de ceuls -de Nantes avoit est faite sans raison, si en fu durement courouchis. -Et qant messires Hervis de Lion vint en sa presence, il l'en -blama et reprist aigrement de crueuses paroles, et tant que messires -Hervis s'en merancolia et prist les paroles en grant virgongne -et desplaisance. Et pour ce que li contes li dist si generaulement -devant tous ceuls qui le porent or, se retraist li dis mesire -Hervi de Lion en son hostel en la ville, et laissa le conte en son -chastiel, sans plus aler viers lui. F<sup>os</sup> 76 v<sup>o</sup> et 77.</p> - -<p>P. <a href="#Page_110">110</a>, l. 19: Quarquefoure.—<i>Mss. B 3, A 7 10, 15 -17, 23 29</i>: Quarquefore, Quarquefoure, Carquefoure. F<sup>o</sup> 72.—<i>Mss. -A 1 6, 18 22</i>: Quanquefore, Quaquefore. F<sup>o</sup> 81 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. -A 11 14</i>: Carrefours. F<sup>o</sup> 79.—<i>Mss. A 23 29</i>: -Carquefo. F<sup>o</sup> 147.</p> - -<p>P. <a href="#Page_111">111</a>, l. 9: aucun des saudoiiers.—<i>Ms. B 6</i>: Or advint -que mesire (Hervy<a id="FNanchor_406" href="#Footnote_406" class="fnanchor"> [406]</a> de Lion), qui moult desiroit les armes, yssy -hors une matine tout deux cens compaignons des plus soufisans. -F<sup>o</sup> 184.</p> - -<p>P. <a href="#Page_111">111</a>, l. 11: quinze.—<i>Mss. A 11 14</i>: dix huit. F<sup>o</sup> 79.</p> - -<p>P. <a href="#Page_112">112</a>, l. 15: deux cens.—<i>Ms. B 6</i>: six vingt par une -autre embusque que messire Loys d'Espaingne leur fist. F<sup>o</sup> 185.</p> - -<p>P. <a href="#Page_112">112</a>, l. 18: blasma.—<i>Ms. B 6</i>: et luy dist que il s'en -peuist bien estre passs d'avoir fait celle yssue, et qu'il estoit trop -bon chevalier de par le diable. F<sup>o</sup> 185.</p> - -<p class="space"> <b> 149.</b> P. <a href="#Page_112">112</a>, l. 26: Or avint.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Che sige -durant devant Nantez, qui grans et plentiveus estoit pour ciaux -de hors et cremeteus pour ciaux de d'ens, car il n'estoient tout -<span class="pagenum"><a id="Page_316"> 316</a></span> -mies bien d'acord, ms grant soussi et anoy, aucuns bourgois -de le cit veoient leurs biens destruire et amenrir dedens et dehors, -et avoient lors enfans et lors amis emprisonns et doubtoient -encorrez que pis ne leur avenist: si s'avisrent et parlrent enssamble -tout quoiement et secretement. Et eurent d'accord entr'iaux -ly plus sainne partie de traitier ces signeurs de Franche -couvertement, par quoy il peuissent avoir ps et ravoir leur enfans -et amis quittes, qui estoient emprisonns. Touttes fois il achievrent -leurs tretis et acordrent et proummisent que, sus ung -jour qui ordonnz estoit, il lairoient une porte ouverte qui nomme -y fu; et poroient chil de l'ost paisivlement entrer en le cit -et aller au castiel et prendre le comte de Montfort, affin que nulx -ne nulle de le dite cit n'y devoient mettre corps, ne vie, ne membre, -ne riens dou leur, et devoient sains et sauf et tous quittez -ravoir leurs amis.</p> - -<p>Enssi fu il acord et confremm de chiaux de l'host, et le -droite heure ordonne, li porte ouverte. Et entrrent li signeur -et chil qui veurent avoec yaux, dedens Nantes, et allrent droit -au castiel l o li comtez de Montfort se tenoit et dormoit encorrez, -car il estoit bien matin; et brisirent lez huis, et le prissent -et aucuns de ses chevaliers. Et fu messires Hervis de Lion -pris ossi; ms messires Henris de Pennefort et messires Oliviers, -ses frrez, et messires Ives de Tigri se sauvrent, car il dormoient -dedens le chit: si leur fu nonchiet, et montrent tantost cheval -et se sauvrent. Et li comtez de Montfort fu pris, si comme -vous avs oy; et l'amenrent li signeur hors de la chit en leur -tentez, et en eurent grant joie. De se prisse fu adonc durement -rets messires Hervis de Lion, et dou tretiet des bourgois de le -ville, car il prist les parollez que li comtez li avoit dittes, en si -grant despit que oncquez puis il ne veult y estre nul consseil -que li contes ewist affaire. Si ne sai je pas se ce fu cause ou sans -raison. Je n'en voroie mies parler trop avant, ms touttesvoies li -famme fu adonc telx entre pluisseurs gens, si comme je vous ay -recordet chy devant. Et che y parfist le souppechon, car toudis -depuis il fu de l'accord monseigneur Carlon de Blois, et li fist -feault et hoummaige si comme son signeur, et le recongnut - ducq et droit hiretier de Bretaingne de par madamme sa -femme.</p> - -<p>Quant li dus de Normendie vit le comte de Montfort devant -lui, si en ot grant joie; et ossi eut messires Carlez de Bloix, car -<span class="pagenum"><a id="Page_317"> 317</a></span> -vis leur fu que la guerre en estoit pour yaux plus belle. Si se -conseillirent entr'iaux comment il s'en maintenroient, et eurent -advis que il l'envoieroient Paris deviers le roy de France, qui -vollentiers le verroit. Si en cargirent monseigneur Loeis d'Espaingne -et monseigneur de Montmorensi, le seigneur d'Estouteville, -messire Grimouton de Camb(l)i. Et le prisent chil seigneur en -leur conduit bien deux cens lanches pour amener plus sceurement, -et cevaucirent tant par leurs journes qu'il vinrent Paris. -Si trouvrent le roy Phelippe qui j estoit enfourmz de toutte -ceste aventure et de la prise dou dit comte. Si l'amenrent li dessus -dit chevalier au roy et li representrent de par le duc de -Normendie, son fil, et monseigneur Carlon de Blois, son nepveult. -Li rois rechupt che present joie, et dist en regardant sus le -comte qui mout estoit honteux et abaubis: Comtez, comtez de -Montfort, viz pechiz fait nouvelle virgoingne. Et pour ce que -tort et pechi vous estez entrz en le saisinne de Bretaingne, -o point de droit vous n'avs, estez vous de droit encombrz; -car, se nul droit vous y euissiz, vous ewissiz atendu le jugement -des pers de Franche. Vous vos emblastez de my et sans -congiet, et sus me deffensce vous partesistes, et par orgoeil contre -my vous vos estez tenus et ports. Si en vauront vos besongnes -le mains, car jammais de mes mains ne partirs, se pis -ne recevs. Si ne vous ferai je nul tort, ms vous deduirai par -le jugement et avis de mes hommes. Adonc coummanda li -roys que on le mesist au castiel du Louvre. L fu li comtez de -Montfort mens et emprisonns, et trs fort et songneusement -gards. Et sachis que ly roys eut depuis sur lui mainte pensse -pour lui faire morir; et l'ewist fait, si comme on dist, se n'ewist -estet li comtez Loeys de Flandrez ses serourges, qui pluiseurs -fois en pria le roy mout humblement, laquelle priire li roys -s'en souffri, et le tint emprisonn tant qu'il vesqui.</p> - -<p>Or revenrons as seigneurs de Franche qui ont bien coummenchiet - esploitier leur voiaige, car il ont pris le chief de leurs ennemis -et le souverainne chit de Bretaingne, dont il se sont -mis en possession. Et ont tout li bourgois de Nantes juret et fait -feault et hoummaige monseigneur Carlon de Blois, et l'ont recongnut - duc et signeur; et entra de premiers dedens Nantez - grant pourcession, adestrs et acostz de monseigneur d'Alenon, -son oncle, et dou duc de Normendie, son cousin.</p> - -<p>Apris ce que li dus de Normendie et li seigneur de Franche -<span class="pagenum"><a id="Page_318"> 318</a></span> -eurent pris le saisinne et la possession de Nantes et reconquis sus -le comte de Montfort, en l'an de grace Nostre Seigneur mil trois -cens quarante et un, le vingtime jour de octembre, il se tinrent -en le ditte cit depuis une espace; et eurent avis et consseil -comment il se parmaintenroient. Finablement il se consseillirent -li ung par l'autre, pour che que li yviers aprochoit et que il faisoit -dur et crut et froit hostoiier, il se partiroient et donroient -leurs gens congiet; et se retrairoient en France jusques l'estet -qu'il revenroient aidier monseigneur Charlon de Blois reconcquerre -le remanant; et le lairoient cest yvier guerriier par ses -fortrches. Dont tantost apris le feste de le Toussaint, il se partirent -de le cit de Nantes et de monseigneur Carlon de Blois, sus -l'estat que je vous ai dit; et s'en retournrent en Franche et en -leurs nations, et chacuns en son lieu. Et messires Carlez de Blois -se tint en Nantes en grant reviel, o lui madamme sa femme. Si -fist pourveir ses garnisons et appareillier enghiens et espringallez -et touttes mannirez d'estrumens, pour assaillir l'estet villes et -fortrces rebellez lui. Or me tairay de monseigneur Carlon de -Blois et parleray de le comtesse de Montfort et de ses ordonnances, -qui fu damme de grant emprise, et bien eut coer d'omme -et de lion. F<sup>os</sup> 59 v<sup>o</sup> et 60.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Or avint que, trois jours apris ce que ceste -avenue de la porte des bourgois et des saudoiiers de Nantes fust -avenue, uns grans meschis sourvint au conte de Montfort; et -orent les honmes de la ville trettis secrs et couvers au duch de -Normendie et as signeurs de France, tels que je vous dirai. Il -laissirent une matine la posterne que on dist de Sauve tout ouverte, -et par l entrrent grant fuisson de gens d'armes dedens -la chit sans contredit; et ne fissent onques mal honme ne -fenme de la ville, ne mesire Hervi de Lion ne sa famille. Et -alrent ces gens d'armes au chastiel dou conte, et rompirent les -portes et entrrent dedens; et trouvrent le conte de Montfort -en sa cambre qui se armoit. Il le prissent en cel estat. Et l'enmenrent -quatre chevalier de France en la tente dou duch de Normendie, -liquels fu moult resjois (de) celle prise et li dist: Contes -de Montfort, vous nous avs fait painne. Il vous faudra, voellis -ou non, retourner Paris, et or la sentense qui a est rendue et -donne sur vous.—Monsigneur, respondi li contes, ce poise -moi. Je me confioie en ma gent, et il m'ont trahi. L fu li -contes pris et mens d'autre part, et livrs en bonnes gardes de -<span class="pagenum"><a id="Page_319"> 319</a></span> -vaillans honmes, chevaliers et esquiers, et moult proains de linage - mesire Carle de Blois.</p> - -<p>Tout ce fait, li dus de Normendie et tout li signeur de France -entrrent dedens Nantes grant solempnit et grant fuisson de -tronpes, de tronptes et de claronchiaus et descendirent ensi au -palais, et l tinrent li signeur lor estat. Et fu messires Hervis de -Lion delivrs de prison et devint homs mesire Carle de Blois, -et li jura foi et loiaut tenir de ce jour en avant; et on n'i vei -onques depuis le contraire. Et furent delivr tout chil qui prisonnier -estoient. Et par ces apparans doit on bien supposer que la -chit de Nantes et li di(s) messires Hervi furent en tretti deviers -le duch de Normendie et les signeurs de France. Ce fu la nuit de -une Tousains que on compta l'an de grasce mille trois cens quarante -et un. Et le jour de la Tousains tint li dus de Normendie -court plenire de tous les signeurs ens ou chastiel de Nantes, et -l rendi li dis dus mesire Carle de Blois la chit de Nantes. Et -le rechurent duch et signeur tout li bourgois de la ville et li -fissent feault et honmage, et tout li baron et chevalier de l environ, -mesires de Clion, li sires d'Ansenis, li sires de Biaumanoir, -li sires de Malatrait et bien quarante cevaliers de Bretagne, qui -tout furent la feste ce jour de la Toussains. Et durrent les -festes en Nantes quatre jours. Et encores venoient tout dis chevaliers -et esquiers fievs, dames et damoiselles fieves, qui relevoient -lors hiretages mesire Carle de Blois, et le tenoient signeur -et le nonmoient duch. Mais encores demoroient grant fuisson -de chits, de villes et de chastiaus et de signouries qui -tenoient le fait contraire, et le tinrent tout dis l'encontre de -messire Carle de Blois; car li dus de Normendie et la poissance -de France se departirent trop tos de Nantes et dou pais. Car se il -se fuissent l ivernet, et euissent laissiet lors gens couvenir, et -cevauchiet sur le pais, il euissent petit petit raquis le pais, et -ost le coers et les opinions de ceuls et de celles qui tenoient -bonne la querelle au comte de Montfort. Et pour ce que riens -n'en fu fait, s'eslevrent les gerres en Bretagne par le confort et -aide que li rois d'Engleterre fist ceuls et celles qui tenoient la -partie dou conte de Montfort, et qui s'estoient aloiiet et acouvenenchiet - li, et se tenoient pour tout enfourm et certefiiet que -sa querelle estoit bonne, pour tant que li dis contes avoit est -frres dou duch de Bretagne.</p> - -<p>Qant li dus de Normendie et li signeur se furent tenu Nantes -<span class="pagenum"><a id="Page_320"> 320</a></span> -jusques as octaves de la Saint Martin que li iviers venoit, si -eurent consel que il retourneroient en France, car il n'estoit nul -apparant que chil de Bretagne se vosissent mettre ensamble, ne -faire gerre, mais se tenoient en lors garnisons. En ce sejour que -li signeur fissent en Nantes, escripsi mesires Carles de Blois, -conme dus de Bretagne, ceuls de la chit de Rennes, de Vennes, -de Camperl, de Camper Correntin, de Hainbon, de Lambale, -de Ghinghant, de Dignant, de Dol, de Saint Mahieu, de -Saint Malo et de toutes les marces et limitations de Bretagne, -que il se vosissent traire viers Nantes et venir obeisance et -faire ce que tenu estoient. Li auqun i venoient, et li aultre non, -et disoient et rescripsoient mesire Carle de Blois que point n'estoient -consilliet de ce faire, car la comtesse de Montfort, qui bien -avoit coer d'onme et de lion, aloit trop fort au devant et avoit -un petit fil de l'eage de sept ans, que on nonmoit Jehan, moult -biel enfant; et au jour que son mari fu pris par la condicion et -manire que dit vous ai, elle estoit Vennes et ou chastiel que -on dist la Mote. Ceste contesse prist le frain dens et ne fu -noient esbahie, et manda tantos chevaliers et esquiers et ceuls -dont elle pensoit estre ame, aidie et servie. Et quant il furent -venu, elle lor remoustra en plorant la fraude, la traison et mauvest, -ensi conme elle disoit, que on avoit fait son mari, et -puis reprendoit ses paroles sus tel fourme en disant: Biau signeur -et bonnes gens, je compte monsigneur pour mort, mais -vechi son fil, son hiretier et vostre signeur, qui vous est demors -et qui vous fera encores biaucop de biens. Se li voellis estre bon -et loial, ensi que toutes bonnes gens doient estre lor signeur, -et je vous serai bonne dame et courtoise, et querrai mon fil, -vostre signeur, bon manbourc, pour aidier soustenir, deffendre -et garder nostre droit et son hiretage. Si vous pri cierement, -conme une dame vve et orfne de mari, que vous aiis pit de -moi et de l'enfant, et li tens foi et loiaut et moi aussi, ensi -que vous avs fait jusques chi son pre et mon mari.</p> - -<p>L avoient toutes gens, barons, chevaliers et esquiers qui tenoient -sa partie, grant pit de la dame et de l'enfant, et le reconfortoient -et disoient: Dame, ne vous esbahissis en riens: nous -demorrons dals vous, puis que obligiet et acouvenenchiet i -sonmes, tant que nous auerons les vies ou corps. Et elle leur -disoit: Grans merchis. Et ensi la contesse de Montfort, -plus de cinq cens lanches, chevaua de forterce (en forterce) -<span class="pagenum"><a id="Page_321"> 321</a></span> -sitos que les nouvelles li vinrent de la prise son mari, et rafresqui -chits, villes et chastiaus, et fist toutes ses besongnes bonnes.</p> - -<p>Qant chil signeur de France se deubrent departir de mesire -Carle de Blois, il li consillirent que il se tenist en la chit de -Nantes, et fesist l'ivier tout bellement ses provisions, et laisast -couvenir ses gens et guerriier des garnisons; et qant le temps -d'est retourneroit, se il li besongnoit, il retourneroient aussi. Et -disoient que il estoit au desus de ses besongnes, puis que il estoit -sires de Nantes et de la plus sainne partie de Bretagne, et que li -contes de Montfort ne li porteroit jams contraire. Messires Carles -de Blois s'enclinoit asss tout ce que il li disoient. Et demorrent -dals lui auquns vaillans honmes de son linage pour li aidier - consillier. Et puis retournrent li dus de Normendie et tout li -signeur en France, et s'en ala casquns en son lieu. Mais qant li -rois Phelippes vei le present que li dus de Normendie li fist dou -conte de Montfort, il en fu trop grandement resjois. Et fu li contes -moult fort ranprouvs de ce que il estoit partis de Paris sans congiet. -Li contes qui se veoit pris, ne savoit que dire, mais s'umelioit -dou plus que il pooit, et n'esperoit pas jamais estre delivrs -de ce dangier. Et son esperance fu veritable, car on l'envoia -en prison ens ou chastiel dou Louvre. Et furent misses sus li -bonnes gardes, liquel avoient gages et pension toutes les sepmainnes, -pour lui garder de jour et de nuit, et en estoient bien -paiiet. Ensi demora li contes de Montfort en ce dangier et en la -prison dou Louvre, et tant i fu que il i morut. F<sup>os</sup> 77 et 78.</p> - -<p>P. <a href="#Page_113">113</a>, l. 14: prisent.—<i>Ms. B 6</i>: en l'ostel o le conte de -Montfort dormoit. F<sup>o</sup> 185.</p> - -<p>P. <a href="#Page_114">114</a>, l. 20 et 21: livrrent,—<i>Ms. B 6</i>: l'envoirent (le -comte de Montfort) Paris deux cens lances. F<sup>o</sup> 186.</p> - -<p>P. <a href="#Page_114">114</a>, l. 22: emprisonner.—<i>Ms. B 6</i>: et n'en volsist pas -avoir cent mille florins. F<sup>o</sup> 186.</p> - -<p class="space"> <b> 150.</b> P. <a href="#Page_114">114</a>, l. 26: Or voel.—<i>Ms. B 6</i>: Quant messires -Charles de Blois et les signeurs qui l estoient virent que le conte -de Montfort estoit prins et qu'il estoit seigneur de Nantes, sy eurent -consail de retourner en France, car il estoient l grant frait. -Sy dirent ensy le conte d'Alenchon et le duc de Normendie -mesire Charles de Blois: Bieau cousin, vous demor(r)s en -che pais, et vous lairons mesire Louis d'Espaigne et une autre -partie de ches gens d'armes. Et nous retournerons en France, -<span class="pagenum"><a id="Page_322"> 322</a></span> -car nous creons asss, puisque nous tenons le conte de Montfort, -que vostre guerre est fine. Il n'est nulz de par luy que il doient -gherrier; et se guerre vous sourvient, fust d'Angleterre ou d'ailleurs, -nous vous ve(n)rons secourir, car nous ne sommes pas -loing.</p> - -<p>De ches parolles se tint grandement content le dit mesire -Charles et les en remerchia. Adonc prirent congi lui et madamme -sa femme, qui s'apelloit ducesse de Bretaigne, et retournrent -tous en France en son pais. Ensy demoura le conte de -Monfort en dangier. Et mesire Charles de Blois et sa femme se -tinrent toute celle saison en la cit de Nantes. Sy vinrent pluiseurs -chevaliers et barons de Bretaigne faire hommage au dit -mesire Charles et le tingrent seigneur de par madame sa -femme, telz que le visconte de Rohem, le sire de Clichon, le sire -de Biaumanoir, le sire d'Ansenis, le sire d'Avaugor, le sire de -Malatrait, le sire de Gargolle, le sire de Cintin, le sire de Lion, -mesire Charle (de) Dignant, le sire de Crais, le sire de Rieus et -pluiseurs autres barons et chevaliers.</p> - -<p>Et aussi en demoura aulcuns du cost de la contesse de Monfort -qui se tenoient Hainbon: de laquelle damme je vous voel -ung petit parler pour le grant confort dont elle fut plainne, car -elle avoit cuer d'omme et de lion. Quant elle vey que ses sires -estoit prins et en mains de ses ennemis, dont elle pensoit mieulx -que on le feroit morir que autre chose, elle prinst ung jone valleton -que elle avoit fil, que on appelloit Jehan ensy que son pre. -Et chevaua de forteresse en forteresse en toutes celles qui se -tenoient pour luy, en remoustrant as chevaliers et escuiers et as -bourgois des chits et bonnes villes son jone fil. Et leur dist par -trs bieau langaige: Mes amis, mes bonnes gens, veschy vostre -droit hiretier et seigneur qui vous fera les grans dons. Se je -ay perdu monseigneur par traison, veschy son restor, mon fil et -le sien. Ne vous desconforts ne esbahyssis point pour ce, car -encores ferons nous bonne gherre, car j'ay or et argent asss -pour vous en tant donner que bien vous devera souffir. Et sy -cueuray mon fil ung tel mainbour pour vous aydier garder -contre tous vos anemis. Ensy ala la dite contesse de plache en -plache, et en renouvelant hommaige et priant ses gens que ilz -se volsissent bien acquiter en tous estas et tenir le serment que -juret avoient, et elle leur seroit bonne damme. Et tous ly eurent -en convent.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_323"> 323</a></span> -Quant elle ot ensy fait, elle se party de Hainbon et monta en -mer prive maisnie et laissa son fil en la garde de monseigneur -Henry de Pennefort et de Olivier son frre. Et fist tant -que elle vint en Engleterre devers le roy, qui le rechut liement -et qui le reconforta de toutes ses besoignes et qui luy dist et -promist seurement que elle aroit temprement tel confort que -pour resister ses ennemis. Sur che retourna la contesse et vint -en Hainbon et en fist sa souveraine garnison, car c'est une des -forte(s) villes de Bretaigne.</p> - -<p>En che temps courut aultres nouvelles au roy d'Engleterre -dont il ne se donnoit garde. Et pour quoy le confort de la dame -fu grandement arriers, et ne l'eut mie sy tost qu'elle cuida -avoir: le cause pour coy, je le vous diray. F<sup>os</sup> 186 v<sup>o</sup> 189.</p> - -<p>P. <a href="#Page_115">115</a>, l. 1 et 2: prison.—<i>Ms. d'Amiens</i>: tant sentoit le -roy de France hastieu. F<sup>o</sup> 60.</p> - -<p>P. <a href="#Page_115">115</a>, l. 12: asss.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et jou ay, Dieu merchy, -de l'avoir en partie: si vous en donray fuison et vollentiers, -car, pour vous donner et departir l'avons nous, monseigneur et -moy, dou tamps passet, mis arire. F<sup>o</sup> 60.</p> - -<p>P. <a href="#Page_115">115</a>, l. 27: atant.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Or me tairai atant -de lui et des guerres de Bretaingne. Quant tamps et lieus venra, -je m'y retrairai. Non pourquant il besongneroit bien que j'en parlaisse -toudis, car les guerres y furent si fortes et si caudes que -point de sejour ne prissent, enssi comme vous ors avant en -l'istoire. Ms ossi il appertient bien que je fache mention dou roy -engls et des Escos, dont je me sui ung grant temps teus, et -comment il gueriirent l'un l'autre en ceste meysme saison, dont -j'ay chy dessus parlet et que li comtes de Montfort chevaua -main arme parmy Bretaingne et prist villes, chitz, castiaux et -autres fortrches, si comme vous avs oy. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_115">115</a>, l. 30: Tournay.—<i>Ms. de Rome</i>: Or vous voel je -parler et recorder de la contesse de Montfort conment elle se ordonna -et persevera. Elle qui ot tousjours corage de honme et de -lion, ne s'esbahi noient, mais ordonna et entendi ses besongnes -mettre en bon point. Et pour ce que elle sentoit bien que le premier -sige que ses adversaires messires Carles de Blois et li Franois -feroient, il seroit devant Rennes, si fist entendre pourveir -la ditte chit de tous poins et rafresqir, et i establi chapitainne -un vaillant chevalier et de bon consel et segur honme, et -qui moult avoit am son mari et li, que on nommoit messire Guillaume -<span class="pagenum"><a id="Page_324"> 324</a></span> -de Quadudal, breton bretonnant; et ensi pourvei toutes -les aultres forterces de gens d'armes et d'arbalestriers, et se consilla - mesire Amauri de Clion, que elle tenoit tousjours dals -lui, se elle envoieroit en Engleterre au seqours. Li chevaliers respondi - celle parole et dist que il n'estoit encores nulle besongne, -et que elle n'avoit que faire de travillier le roi d'Engleterre -ne les Englois, jusques tant que elle seroit plus constrainte que -elle n'estoit, et que tous les jours sus heure, on pooit aler de -Bretagne en Engleterre, car encores avoit elle cel avantage que -li pors et les havenes de Bretagne estoient pour lui. Si demora la -cose en cel estat; et n'avinrent tout cel ivier nuls fais d'armes en -Bretagne, qui recorder facent. F<sup>o</sup> 78.</p> - -<p class="space"> <b> 151.</b> P. <a href="#Page_116">116</a>, l. 1: Vous avs.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Il vous est -bien record chy devant comment li Escot, qui gardiien estoient -dou roiame d'Escoche de par le roy David, leur seigneur, qui se -tenoit en Franche dallz le roy Phelipe, telz que messires Guillaumme -de Douglas, neveuz au bon monseigneur Guillaumme de -Douglas qui mourut en Espaigne, li jones comtez de Moret, messires -Robers de Versi, messires Simons Fresel, Alixandres de -Ramesay, le sige durant devant Tournay, fissent une queilloite -de gens d'armes et reprissent le fort castiel de Haindebourch, le -ville de Saint Jehan que li Engls tenoient, Donfremelin, Dalquest, -Dondieu, le ville de Saint Andrieu, Dombare, Scotewest -et touttes les fortrches que li Engls avoient concquis en Escoce, -except le bonne et forte chit de Bervich, le bon castel de Rosebourch -et le fort castiel de Strumelin. Et encorrez avoient il -chevauchiet bien avant en Norhombrelande et ars en Engleterre -bien deux journes de pays; et leur retour, il avoient assiegiet -le fort castiel de Rosebourch et mout entendoient au concquester. -Or avint que li roys englz, apris le sige de Tournay et les -trieuwes acordes, si comme vous avs oy, rapassa le mer. Se li -fu recordet comment li Escot avoient revelet en Escoche et reconcquis -auques pris tout le pays sour yaux conquis, et se tenoient - sige devant Rosebourch et moult le constraindoient, et -avoient ars en Norhombrelande bien deux journes de pays. -Quant li roys engls oy ces nouvelles, se ne li pleurent mies trop, -et eult consseil que sans tourner aultre chemin il se trairoit sus -Escoche et yroit lever le sige de devant Rosebourch, et combateroit -les Escos s'il l'atendoient, si ques, si trestos comme il fu -<span class="pagenum"><a id="Page_325"> 325</a></span> -arivs Douvrez, il fist coummandement que touttes mannirez -de gens se trayssent deviers Yorch c'on dist Ewruich. L fu ses -especials mandemens: dont s'aroutrent et ordonnrent li Engls, -et prisent le chemin qui command leur fu.</p> - -<p>Tant esploitirent li Engls, comtez, barons et chevaliers et -touttez mannierres d'autres gens, et li roys engls avoecq yaux, -qu'il vinrent en le cit de Ewruich, et l se reposrent et rafrescirent -par trois jours. Au quatrime jour, li roys se parti, et tout -le sieuwirent. Si ceminrent deviers le Noef Castiel sour Tin et -esploitirent tant qu'il y parvinrent. Li roys engls se loga en -le ville, et touttes ses gens environ, car il ne se pewissent tout -dedens logier. Si ne fist li roys l point loing sejour, ms -parti et prist le chemin deviers Escoche et le voie droit vers -Urcol. Si est bonne ville et biaus castiaux de l'hiretiage le signeur -de Perssi, seans une journe pris de Rosebourch. -Quant li seigneur d'Escoce, qui devant le castel de Rosebourch -seoient, entendirent de verit que li roys engls venoit celle part -et bien si fort que pour yaux lever dou sige, et que nullement -il ne poroient resister contre li, si se conssillirent et advisrent -li ung par l'autre que le milleur et le plus honnerable pour yaux -estoit que de point attendre, tant qu' ceste fois, la venue dou -roy engls, et que il se retrairoient tout bellement deviers le forest -de Gedours: se il estoient parvenut jusques l, il seroient -asss fortefiiet contre les Engls. Dont se deslogirent il une -matine et toursrent tout ce que mener en peurent; et puis boutrent -le feu en leurs logeis, afin que li Engls n'en ewissent aise. -Si prisent le chemin deviers les forests, ensi que de jadis acoustummet -avoient.</p> - -<p>Les nouvellez vinrent moult tost au roy englz que li Escot -estoient parti et avoient laissiet Rosebourch. Dont coummanda li -roys as marescaux que on fesist chevauchier et haster les mieux -monts, car il volloit sieuwir et rataindre ses ennemis. Si chevaucirent -tout devant en grant qoite, de gens d'eslite environ -cinq cens lanches, et deux mille archiers, ables et appers compaignons. -Toutte li grans os lez sieuwoit dou plus pris qu'il pooient. -Tant cevaucirent cil coureur, et si s'esploitirent par esclos et -par froyais qu'ilx vinrent sus une montagne en Escoche, que on -appelle les mons de Getteles. Et li Escot estoient desoubs ou -plain et logiet sus une belle rivierre qui nest des forests de Gedours -et passe au piet de ceste montagne; et appelle on la ditte -<span class="pagenum"><a id="Page_326"> 326</a></span> -rivierre Orbe, et va ferir desoubz Dondieu en le mer. Quant li -Engls virent les Escochois logis ens ou plain, si n'eurent mies -vollent de partir de leur fort, ms se logirent l sus le montaingne, -et envoiirent nonchier au roy engls toutte leur aventure. -Et de ce eut li roys grant joie et manda ses marescaux -qu'il se tenissent l tant qu'il y seroit venus, ou qu'il aroient certainnes -nouvelles de lui. Bien veirent li Escot les Engls l sus en -le montaingne, ms il n'en fissent mies trop grant compte. Si escargaitirent -il celle nuit leur host, et l'endemain il montrent -tout cheval et se partirent. Bien virent li Engls leur departement, -ms il ne s'osoient bougier pour deux raisons: li une estoit -pour ce que li rois leur avoit mandet que il l'atendesissent, et li -autre estoit que il se doubtoient que li Escot ne se fuissent parti -de leur place pour yaux jus atraire.</p> - -<p>Enssi demourrent li Engls sus le ditte montaingne jusques -heure de tierce, que li roys vint et toutte li os; et montrent au -miex qu'il peurent, car il ne pooient bonnement passer par ailleurs, -non se il se volloient trop fourvoiier. Et quant li roys fu tantost -monts, il fist ses marescaux descendre et chiaux qui avoient -pris en cache les Escos; et il disna l et toutte sen ost, horsmis -lez premiers, et puis descendi apris nonne et sieuwi ses gens, qui -ce propre soir se logirent asss pris des Escos. L'endemain li -Escot chevaucirent, et environ heure de nonne il vinrent sus les -foris de Gedours. L s'arestrent il seurement, car bien savoient -que li Englz ne se bouteroient jammais dedens pour les perilleuses -aventures et encontrez qu'il y poroient recepvoir. Si chachirent -li Escot leurs chevaux et misent tout leur harnais dedens -le forest; et puis s'aroutrent et ordonnrent bien et faiticement -le bois au dos, et moustrrent visaige leurs ennemis. En cel estat -les trouva li roys engls; si coummanda logier touttez mannires -de gens au devant d'iaux.</p> - -<p>Or devs savoir que entre le forest de Gedours, que li Escot -avoient mis au dos et dont il s'estoient fortefiiet, et l'ost le roy -d'Engleterre, n'y avoit pas deux lieuwes englces, et estoient -tout belle lande. Si furent li ung devant l'autre par l'espasce de -cinq jours. Endementrues i eut mainte jouste et mainte apertise -d'armes fait, mainte prise, mainte rescousse des uns as autres. -Ms de le partie as Engls, sur tous emportoit le hue messires -Gautiers de Mauni, messires Jehans Camdos, messires Guillaumme -Filz Warine et messires Renaus de Gobehen; et de le -<span class="pagenum"><a id="Page_327"> 327</a></span> -partie as Escos, messires Guillaumme de Douglas, li comtez de -Moret, messires Robers de Verssi, messires Simons Fresiel.</p> - -<p>Or avint que entre ces deux hos s'ensonniirent aucunes bonnes -personnes pour prendre unez trieuwes. Et les traitoient et -pourparloient doy evesque: de par les Escos, li evesques de Albredane, -et de par les Engls, li evesques de Licestre, quoyque -li roy engls y descendesist envis, car c'estoit sen entention que -toutte parardoir Escoce. Mais on li dist que pour cle voie il en -avoit asss fait que levet le sige de Rossebourch et rebout ses -ennemis jusquez enmy leur pays; et ossi il estoit sus l'entre de -l'ivier, que il faisoit mauvais hostoiier. Tant fu dit et pourparlet -que unes trieuwez furent acordes, tenir dou jour de le Toussains -qui venoit, dont on estoit neuf jours pris, jusquez l'autre -Toussains enssuivant, qui seroit l'an mil trois cens quarante et -un. Et le devoient li Escot segnefiier au roy d'Escoce, leur seigneur, - savoir se il le tenroit ou non; et se il ne le volloit tenir, -si estoit li trieuwe tenue entre les deux pays jusquez au premier -jour de may, que on comteroit l'an mil trois cens quarante et -un. Et si demoroit tousjours li castiaux de Strumelin hors de le -trieuwe. Par enssi se departirent ces deux hos, et s'en rala chacun -en son lieu. Li roys engls retourna en Engleterre et dounna -touttes mannires de gens congiet; et li Escot se tinrent ps -tout cel ivier.</p> - -<p>Quant ce vint l'entre dou mois de march, que li estz -coummenchoit aprochier, et que li Escot devoient souffissaument -sommer les Engls de l'entente dou roy David, leur seigneur, -assavoir se il volroit tenir le trieuwe ou non, si eurent -consseil que il envoieroient deviers lui especialx messagez pour -lui remoustrer l'ordennanche ensi que elle alloit. Si en priirent -monseigneur Robert de Verssi que il volsist venir en Franche, -car mieux li compteroit il la besoingne que nulz autres. Si emprist -li dis messires Robiers le voiaige; et pour ce qu'adonc il -estoit maladieus et fievreus et qu'il resongnoit le mer, il se mist -au chemin parmy Engleterre sus le respit qu'il avoient. Bien le -pooit faire, car il ne trouva oncques homme qui mal li fesist ne -desist; et chevaucha tant parmy Engleterre jusquez Douvres, -et l monta il en mer et vint ariver Wisant. Depuis qu'il fu yssus -hors dou vassiel, si homme, leur chevaux et tout leur harnas, -il se partirent l'endemain et vinrent Bouloingne.</p> - -<p>Or avint enssi que, en ce meysme tamps que messires Robiers -<span class="pagenum"><a id="Page_328"> 328</a></span> -de Versi estoit sur son voiaige, li roys David d'Escoce, qui par le -tierme de cinq ans et plus avoit demouret en Franche avoecq le -roy Phelippe, eut vollent que de retourner en son pays et de -veoir son royaumme et ses gens, que en grant temps n'avoit veut. -Li roys de France s'i acorda trs bien et li dounna, au partir, -grans dons et biaux jeuuiaux, et la roynne d'Escoce, sa femme, -j fust elle serour au roy englz, son ennemie; et li renouvella -les couvenenches qu'il avoient entr'iaux deux. Ellez estoient tellez -que li roys d'Escoce ne pooit faire nul(le) ps, ne nul acord au roy -engls, sans le consentement dou roy de France; et li roys d'Escoce -li respondi que il tenroit ceste aloyance et ordonnance -vraie et bonne, et que ossi ne feroit il. Sur cel estat se parti li -roys d'Escoce dou roy de Franche, qui li delivra gens d'armes -et fist partout sez delivranches. Et chevauchirent il et le roynne, -sa femme, et leur routtez parmy France, et s'en vinrent l'Escluse; -et ordonnrent vaissiaux pour yaux, et puis entrrent ens, -quant touttez leurs pourveances y furent mises; et nagirent par -mer au ls deviers Escoce en l'ordounnance de Dieu et dou vent -et d'un chevalier maronnier mestre de sa navie, que on appelloit -monseigneur Robert le Flammenc. Endementroes, vint messires -Robiers de Verssi Paris, qui y estoit envoiis de par les seigneurs -d'Escoce; et quant il ne trouva point le roy, si fu tous -courouciz: ce ne fu point de merveille. Nonpourquant il parla -au roy de Franche, qui le rechupt asss liement; et puis asss -tost apris il se parti pour revenir arrire en Escoce. Et li roys -David et se navie esploitirent tant qu'il arrivrent au port de -Morois en Escoce. F<sup>os</sup> 60 v<sup>o</sup> et 61.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: En ce temps dont je parole que les trieuves duroient -entre les deux rois, remandrent li baron d'Escoce, le roi -David lor signeur, qui un lonch termine s'estoit tenus en France; -et li segnefiirent ensi, par lettres et par deus chevaliers que il -envoiirent Paris, que les besongnes d'Escoce estoient asss en -bon point, et que tous li pais le desiroit ravoir, et que la ville -de Haindebourc et li chastiaus et aussi li chastiaus de Struvelin -et pluisseur aultre estoient repris, et les Englois, qui les tenoient, -bout hors. Li rois d'Escoce entendi ces nouvelles volentiers -et prist congiet au roi de France, auquel il remoustra ses besongnes; -et le regracia de ce que si doucement et si courtoisement -il l'avoit recheu. Si ordonna li dis rois d'Escoce ses besongnes et -vint Boulongne, et la roine sa fenme en sa compagnie, et l -<span class="pagenum"><a id="Page_329"> 329</a></span> -trouva sa navie toute preste qui l'atendoit; si entrrent dedens. -Et avoecques le roi d'Escoce en alrent en sa compagnie dou -roiaulme de France li sires de Rambures, messire Guis Qiers, li -viscontes des Qesnes, li sires de Chipoi, li sires de Saint Pi, li sires -de Briaut et pluisseur aultre, plus de soissante chevaliers et esquiers. -Si orent vent volent, et ne furent que trois jours sus -mer, que il arivrent ens ou havene de Haindebourc. Puis issirent -hors, et vinrent en la ville, et de l ou chastiel grant -joie; et trouvrent messire Guillaume Douglas, mesire Robert de -Versi, messire Simon Fresiel, messire Alixandre de Ramesai et les -barons et les chevaliers d'Escoce, qui tout les requellirent -grant joie. Si viseta li rois d'Escoce son pais, et mena ces chevaliers -et ces esquiers de France partout avoecques lui, pour euls -moustrer le roiaulme d'Escoce. Si veoient un povre pais raempli -de bois et de bruires; si s'en truffoient et rioient li un l'autre, -et disoient: Il ne puet estre riches homs, qui est sires d'un -tel pais. F<sup>o</sup> 88 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_116">116</a>, 1. 9: Bervich.—<i>Mss. A 11 14</i>: Warvich. F<sup>o</sup> 80. -<i>Mauvaise leon.</i></p> - -<p>P. <a href="#Page_116">116</a>, l. 26: le Saint Mikiel.—<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>: -la Saint Remy. F<sup>o</sup> 83.</p> - -<p>P. <a href="#Page_119">119</a>, l. 24 et 23: sept ans.—<i>Ms. B 6</i>: plus de six ans. -F<sup>o</sup> 190.</p> - -<p>P. <a href="#Page_120">120</a>, l. 1: mis en mer.—<i>Ms. B 6</i>: Et monta en mer -Harfleur en Normendie; et nagrent tant qu'ilz arivrent Saint -Jehan en Escoche sur le rivire de Taye. F<sup>o</sup> 191.</p> - -<p class="space"> <b> 152.</b> P. <a href="#Page_120">120</a>, l. 12: Quant li.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Quant li -baron et li seigneur d'Escoce seurent que li roys, leurs sirez, -estoit venus et arivs de nouviel en leur pays, si en furent touttez -mannierrez de gens mout joiant. Et allrent contre lui, et le rechurent - grant pourcession, et la roynne leur damme ossi; et -lez amenrent en le ville de Saint Jehan, qui siet sour une belle -rivire qui porte bons saumons et grosse navie. L le vinrent -veoir et viseter prelat, baron, chevalier et touttez mannires de -gens, (qui li remonstrrent ce) qu'il avoient perdut, et qui desol -estoient par le guerre as Englz.</p> - -<p>Mout ot li roys d'Escoche grant compation de le desolation de -ses gens et de le destruction de son pays, et leur dist bien que, -se il plaisoit Dieu, il i pourveroit temprement de remde. Asss -<span class="pagenum"><a id="Page_330"> 330</a></span> -tost apris sa revenue, ungs grans parlemens se fist des prelas, -evesques et abbs d'Escoce, de comtez, de barons et de chevaliers -et des conssaux de sez bonnes villes, et dura par cinq jours. Si -se porta ensi li parlemens que li roys d'Escoce renoncheroit le -trieuwe que ses gens avoient pris as Englz, et que, depuis le -jour de may venut, il n'en tenroit nulle. Si fu l ordonn qui -yroit en Engleterre pour renunchier. Avoecq tout ce, li roys pria -et coummanda touttes gens lui obeissans que chacuns se -pourveist bien et souffisamment ceval et piet et de touttes armurez, -et fuissent le huitime jour de may l en le ville de Saint -Jehan et illoecq environ; car c'estoit sen intension que d'entrer -en Engleterre et que de faire y une trs grande chevauchie, et on -ly eut enssi en couvent. Enssi se departi li parlemens sus cel estat, -et en ralla chacun en son lieu, et se pourveirent seloncq -leur puissance pour venir servir le roy, leur seigneur, au jour -qui mis y estoit. Et li messaigez s'en vint en Engleterre deviers le -roy engls et renoncha souffissamment as trieuwez qui devoient y -estre prises des Escos et des Engls, et tant que li roys Edouwars -s'en tint bien contens, et se pourvey et advisa ossi seloncq -che.</p> - -<p>Chependant que li saisons de may aprochoit, li roys d'Escoche -viseta son pays, ses villes, ses citz et ses fortrcez. Si eut grant -doeil et grant pit quant il vit ensi son pays destruit et ses gens -oyt complaindre. Ossi eut la roynne, sa femme, qui en ploura -asss. Quant li roys eut partout estet et oyes les complaintez des -ungs et des autrez il lez recomforta au mieux qu'il pot, et dist -qu'il s'en vengeroit, ou il perderoit le remannant, ou il moroit -en le painne. Quant ce vint sus l'entre de may, seloncq l'ordonnance -qui mise y estoit, li Escot s'avalrent et assamblrent de -tous costz Saint Jehans Tonne et l environ. Encorrez envoya -li roys grans messaigez en Norvge, en Sude et en Danemarche, -pour priier ses amis et avoir grant fuisson de saudoiiers. A celui -mandement vint li comtez d'Orkenay, ungs grans princes et puissans, -et avoit femme le sereur le roy. Chilx y vint grant puissanche -de gens d'armes, et pluiseur autre grant baron et chevalier -de Sude, de Danemarche et de Norvge et des autrez pays -marchissans, li ungs par amour et par priire, et li autre par -saudes. Tant en vint d'un costet et d'autre qu'il furent bien, -quant tout furent venut entours le chit de Saint Jehan en Escoce, -au jour que li dis roys les avoit mands, soixante mille -<span class="pagenum"><a id="Page_331"> 331</a></span> -hommes piet et sus haghenes, et bien troi mille armures de fer, -chevalier et escuier, parmy les seigneurs et chiaux de son pays -d'Escoche. Quant tout furent assamblet et appareilliet, il s'esmurent -pour aller destruire et essillier chou qu'il poroient dou -royaumme d'Engleterre, ou il se combateroient au roy Edouwart, -qui tant de maux et d'anoy leur avoit fais. Si passrent premiers -par devant le fort castiel de Rossebourcq, que li Engls avoient -concquis, et le tenoient encorres et leur faissoient souvent grans -assaux et grans destourbiers. Si fissent l li Escot ung grant assault; -ms point n'y gaegnirent, car li castels est trop fors. Et -n'eut point li roys adonc consseil de l'assegier, ms de chevauchier -avant et d'entrer ou droit royaumme d'Engleterre. Si fist -son host passer oultre. Apris il passrent devant le cit de Bervich, -ms point n'y arrestrent et entrrent ou royaumme de -Norhombrelande. Si ardirent toutte le ville de Persi et livrrent -ung grant assault le fortrce, ms il ne le peurent avoir. Si passrent -oultre et vinrent Urcol, et ardirent et pillirent toutte le -ville et le pays de l environ, et entrrent si avant ens ou royaumme -de Norhombrelande, qu'il vinrent sour le rivire de Tin, ardant -et destruisant tout le pays, et fissent tant qu'il parvinrent -devant le bonne ville de Noef Castiel sur Tin, et l se logirent -et l'environnrent pour l'assaillir.</p> - -<p>Dedens la ville dou Noef Castiel sur Tin estoient doy grant -baron de Norhombrelande, li sires de Luzi et li sires de Ros, et -grant fuison de gens d'armes et d'archiers qui trop bellement et -trop sagement le gardrent et deffendirent l'assaut qui fs y fu -et qui dura ung jour tout jour sans cs, et y perdirent li Escochois -de leur gens. Si se retrairent leurs logeis qui grant estoient -et estendut, car il y avoit bien soixante et dix mille hommes -sans le ribaudaille. Si s'alrent li Escot coucher et reposer, car -moult estoient travilliet pour l'assault. Quant ce vint environ le -mienuit, li sires de Luzi, ungs trs bons chevaliers et qui cappitainne -pour le temps estoit de le ville, et qui ce donc mies ne -dormoit, ms songneuzement entendoit as deffenscez et as gharittez -de le ville, si entendi celle heure par ses espiez que li Escot -estoient tout endormy et ne faisoient de get: si quella tantost -environ deux cens compaignons ablez et legiers, bien arms et -bien montz, et se parti sus l'ajourne dou Noef Castiel par une -posterne, et s'en vint autour secretement et couvertement ferir -en l'ost des Escos, et d'aventure eschei ens s logeis le comte de -<span class="pagenum"><a id="Page_332"> 332</a></span> -Moret, ung grant seigneur d'Escoce. Si escriirent li Englz leur -cri, et se boutrent ens de plains eslais, et navrrent et turent -pluiseurs Escos. Et fu li dis comtes de Mouret trouvs en son lit, -et pris et monts sour ung ceval et amens comme prisonniers -dedens le ville, et encorrez se combatoient li autre, li sirez de -Luzi et ses gens. Li hus et li cris monta; Escochois s'esvillirent -et s'armrent et alumrent grans feux, et vinrent ceste part, chacuns -qui mieux mieux, o la noise estoit. Quant li Engls virent -que poins fu, si se retrairent sagement et bellement deviers leur -ville, et y rentrrent sans dammaige.</p> - -<p>Moult fu li roys David d'Escoce courouciz, et ossi furent tout -li Escot, quant il seurent le comte de Mouret pris. Si se armrent -tout communaument au matin et sonnrent leurs trompettez, et -s'en vinrent comme gens forsens devant le Noef Castiel et l'assaillirent -trs durement. Et dura chilz assaux tout le jour, et en y -eut pluiseur navrs dedens et dehors. Touttes voiez, li assallant -ne peurent riens concquerre sus les deffendans, ms des lors y -eut pluiseurs blechiz. F<sup>os</sup> 61 v<sup>o</sup> et 62.</p> - -<p>P. <a href="#Page_121">121</a>, l. 2: que cescuns.—<i>Ms. B 6</i>: que tous fievs et -arrires fievs fus(s)ent ung certain jour en la ville de Hainbourcq. -F<sup>o</sup> 192.</p> - -<p>P. <a href="#Page_121">121</a>, l. 4: d'Orkenay.—<i>Mss. A 8, 9</i>: d'Okenay. F<sup>o</sup> 77. -<i>Mss. A 11 14</i>: de Kesnay. F<sup>o</sup> 81.</p> - -<p>P. <a href="#Page_121">121</a>, l. 4: uns grans princes.—<i>Ms. B 6</i>: ung sien -serouge du royaume de Sude qui s'apelloit Robert, conte d'Orkenay. -L vint le conte de Mouret, le conte de Surllant, le conte -de Mare, le conte de Bosquem, le conte de Saint Andrieu, l'evesque -d'Abredane, le sire de Brasy et tous les barons et fievs -d'Escoche. Et furent bien tous ensamble six mille hommes d'armes -et quarante mille d'autres gens parmy ceulx de le Sauvaige -Escoche que Jehan des Adtulles amena. F<sup>o</sup> 192.</p> - -<p>P. <a href="#Page_121">121</a>, l. 16: appareilliet.—<i>Ms. B 6</i>: Et estoient toutes -gens cheval, et portoient par derire eulx de la ferinne tant -seullement pour faire du pain, pour vivre necessit pour dix -huit ou vingt jours. F<sup>o</sup> 192.</p> - -<p>P. <a href="#Page_122">122</a>, l. 10: le Noef Chastiel.—<i>Ms. B 6</i>: Et quant il eurent -ainsy fait, il toursrent tout l'avoir et se misrent au chemin et -prirent leur retour devers Noef Chastel: et estoient sy fort chergis -que paine povoient aller avant. Sy se logrent devant le -Noef Chastiel, et dirent que i(l) l'assairoient, se par assault il le -<span class="pagenum"><a id="Page_333"> 333</a></span> -pourroient conquerre. Sy l'asallirent ung jour tout entir par trois -ou quatre fois, mais riens n'y firent, car il y avoit dedens bien -trois cens arms de fer qui le ville aydrent garder, et ossy elle -estoit forte.</p> - -<p>Quant che vint par nuit que les Escochois tous lasss et travilliet -furent retrais leur logis, le cappitaine de Noef Chastiel s'avisa -que il resvilleroit les Escochois. Sy fist armer tous les compaignons -de l dedens et monter cheval; et estoient environ -deus cens et otant quy gardrent le porte. Sy chevauchrent ces -Engls coiement jusques tant que il vinrent en l'ost, et trouvrent -les Escochois tous endormis sans faire gait. Sy se ferirent en -l'ost et en criant leur cry, en abatant et ochiant les Escochois -forche. Et allrent adonc sy avant que il vinrent au logis du conte -de Mouret: l ot grant hustin. Et fut le dit conte prins, en sa -tente, et pluseurs de ses gens mors. Et s'en retournrent devers -le Noef Chastel et rent(r)rent dedens sans nulz dangiers, anchois -que les Escochois furent estourmis.</p> - -<p>Quant les Escochois seurent le prise du conte de Mouret, sy -furent comme tous foursenez, et passrent celle nuit grant malaise. -Et quant che vint au matin, il s'armrent et se mirent en -ordonnanche pour assaillir, et assallirent le Noef Chastiel par -pluiseurs assaulx. Et dura le dit assault par quatre jour(s), mais -riens n'y firent. F<sup>os</sup> 194 et 195.</p> - -<p>P. <a href="#Page_122">122</a>, l. 17: deus cens.—<i>Mss. A 11 14</i>: quatre cens. -F<sup>o</sup> 81 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 153.</b> P. <a href="#Page_123">123</a>, l. 5: Quant li rois David.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Quant -li roys d'Escosse et ses conssaulx virent que il se lassoient et travilloient -en vain, il s'ordonnrent au deslogier et se missent au -chemin contremont ceste belle rivire de Thin, et passrent -Branseps ung trs fort castiel au seigneur de Noefville. Si l'assaillirent -et ardirent toutte le ville, ms le fortrce ne peurent il -avoir, et asss pris de l il passrent le rivire de Thin et entrrent -en l'evesquiet de Durem. Si le ardirent moult et gastrent -de tous costz, puis se traisent devant le chit de Durem et le -assegirent, et disent entr'iaux que elle estoit bien prendable et -que de l ne se partiroient, si l'aroient. Or vous diray dou seigneur -de Ros et dou seigneur de Luzi, qui se tenoient au Noef -Castiel. Quant il eurent consideret le puissanche as Escos, ossi -leur emprise et comment il ardoient et essilloient le pays et chevauchoient -<span class="pagenum"><a id="Page_334"> 334</a></span> -toudis avant, il eurent consseil qu'il le segnefieroient -au roy englz, leur seigneur, enssi qu'il fissent. Et se parti uns -escuiers d'iaux, et cevaua tant par nuit et par jour que dedens -quatre jours il vint Windesore, o li roys englz se tenoit. -Adonc li bailla il lez lettrez de creanche des chevaliers dessus dis. -Quant li roys les tint, si les fist lire et entendi par celles son dammaige -et le confusion de ses gens et de son pays, dont il fu mout -courouciz; ms la prise dou conte de Mouret ung petit le resjoi. -Si fist tantost li roys engls escripre lettres, et mist messagiers -en oevre et envoya par tout son royaumme, que chacuns sour -toutte amistz et feaultz se traissent deviers le chit de Ewruic, -sans nul delay, tout ce que de gens pooit avoir, et que chacuns -s'efforast, car li Escot estoient grant cantitet. Si rescripsi par le -dit escuier qui les nouvelles avoit apportes, as deux banerz -dessus diz, qu'il fuissent songneus seloncq leur pooir de garder -lez frontires, car il seroit temprement ou royaumme de Norhombrelande. -Li escuiers parti et retourna arrire. Li roys se hasta -pour plus tost mettre ses gens voie, et prist le chemin pour -venir Iorch, o ses mandemens estoient assis et ordonns.</p> - -<p>En che pendant que li roys venoit vers Ewruich et que il mandoit -gens efforceement de touttes pars pour resister as Escos, li -roys David d'Escoce, qui trop durement estoit courouchis de la -prise son cousin le comte de Moret, seoit sige devant le chit -de Durem, et durement le constraindoit d'assaut et d'escarmuches, -et mout se pennoit de le prendre, car bien savoit que la -cit estoit garnie et pourveuwe de grant avoir pour le pays d'environ, -qui tous afuis y estoit. Finablement tant y furent li Escot -et si continuellement l'asaillirent que de force il le prissent par -force d'enghiens et d'estrumens qu'il eurent fs, dont il brisirent -et destruisirent tous les murs, et entrrent ens effort. L eult -grant ocision et grant pit, car il misent tout l'espe et sans -merchi, hommez et femmez, enffans, clers et prebtrez, et robrent -et pillirent lez maisons o il trouvrent avoir sans nombre. -Depuis le chit prise, il s'en vinrent deviers l'eglise catedral qui -siet haut sus ung terne; et l'avoient li chanonne fortefiiet, et -estoient dedens retret garant; ms li Escos, dont che fu grant -pit et grant cruaut, boutrent le feu ens et le ardirent et tous -chiaux qui dedens estoient, sans nullui prendre merchy. Ensi -fu mene la bonne chit de Durem, des Escos, dont che fu dammaigez. -F<sup>o</sup> 62.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_335"> 335</a></span> -P. <a href="#Page_123">123</a>, l. 10: Duremmes.—<i>Ms. B 6</i>: Sy entrrent les -Escochois en le cont de Northombrelant, et ardirent moult villainement -la terre au signeur de Persy et du seigneur de Noefville. -F<sup>o</sup> 193.</p> - -<p>P. <a href="#Page_123">123</a>, l. 24: Chartese.—<i>Mss. A 1 6, 20 29</i>: Carthese, -Carteze. F<sup>o</sup> 85.—<i>Mss. A 18, 19</i>: Tarcheste. F<sup>o</sup> 85.</p> - -<p>P. <a href="#Page_124">124</a>, l. 5: dou north.—<i>Mss. A 1 6</i>: de Northonbrelande. -F<sup>o</sup> 85.—<i>Mss. A 7 33</i>: du north. F<sup>o</sup> 78.</p> - -<p>P. <a href="#Page_124">124</a>, l. 30: honners.—<i>Mss. A 1, 3 6, 18 22</i>: nuit -et jour.—<i>Ms. A 2</i>: chacun jour. F<sup>o</sup> 85.</p> - -<p class="space"> <b> 154.</b> P. <a href="#Page_124">124</a>, l. 31 et p. 125, l. 1 3: Quant... Galles.—<i>Mss. -A 11 14</i>: Le roy anglois s'en partit le lendemain de la -bonne cit de Ewruich moult liement pour les nouvelles que monseigneur -Guillaume du Bailleul lui avoit apportes. Et avoit aveques -lui environ sept mille armeures de fer, quatorze mille archiers -et bien quatre vingt mille hommes de pi. Mais quand les -Escos sceurent sa venue, ilz conseillirent au roy David leur seigneur -qu'il se retrairoit arrire selon la rivire de Thin et se trairoit -par devers la bonne cit de Cardueil qui est l'entre de -Galles. F<sup>o</sup> 82.</p> - -<p>P. <a href="#Page_125">125</a>, l. 3: Galles.—<i>Ms. d'Amiens</i>: cel ls l. F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_125">125</a>, l. 10: Sallebrin.—<i>Ms. d'Amiens</i>: en ce tamps li -plus belle et li plus frisce damme d'Engleterre. F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_125">125</a>, l. 27: quarante.—<i>Ms. d'Amiens</i>: soixante. -F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 155.</b> P. <a href="#Page_127">127</a>, l. 15: reconfortoit.—<i>Ms. d'Amiens</i>:... pour -qui on se devoit enssi travillier, tant estoit belle et douche. Et -dura chilx assaulx tout le jour. Et au soir il se retrayrent leurs -logeis; et l'endemain recommenchirent l'assault fort et fier, -tant estoient courouchiet sour chiaux du castiel de Sallebrin. Ensi -continuoient li Escochois de jour en jour, et appareilloient leurs -enghiens pour drechier et pour plus adammagier chiaux dou -fort; car bien veoient que autrement il ne les pooient avoir. En -ces meysmes jours vint li roys d'Engleterre en le cit d'Ewruich, -et y souratendoit ses gens qui venoient de tous costz grant -effort. Car bien estoit li renoumme en Engleterre que li roys -d'Escoce ne fu oncques de trop si fort sus les camps qu'il estoit -adonc; et pour ce venoient deviers le roy au plus efforchiement -<span class="pagenum"><a id="Page_336"> 336</a></span> -qu'il pooient, et pour combattre les Escos, se il les trouvoient -ou attendoient.</p> - -<p>Entroex que li roys englz estoit Ewruich, eurent chil dou -castiel de Sallebrin pluisseurs assaux et furent moult apress de -leurs ennemis; et se li roys engls le sewist, il se fuist plus hastz -qu'il ne fist pour secourre le gentil contesse de Sallebrin. Or n'est -qui l'en die lez nouvellez, ms il les sara temprement, si comme -vous porz or recorder, se il vous plaist.</p> - -<p>Chil dou castiel de Sallebrin estoient durement travilliet et appresset -des Escochois. Et si en y avoit entr'iaux grant fuison de -blechis, et veirent bien que li fais leur estoit grans; et se li rois -David maintenoit son pourpos, il aroient fort tamps. Si eurent -consseil que il envoieroient certain message deviers le roy englz, -que il esperoient Ewruich, car bien avoient oy parler dou mandement -si especial qu'il avoit fait et dou jour qu'il y devoit estre, -liquelx termes estoit venus et cinq jours oultre. Si regardrent et -ymaginrent entr'iaux qui seroit tailliz de faire ce messaige. -Pluiseurz en y avoient, ms tout s'escusoient l'un par l'autre que -j pour leur honneur ne lairoient la damme ne le castiel, et en y -eult entre yaux grant estrif. Quant messires Guillaume de Montagut -vit le bonne vollent de ses compaignons, et v(e)oit d'autre -part le meschief et le peril o il pooient escheir se il n'estoient -secourut, si leur dist: Seigneur, je vois bien vostre loyault et -vostre bonne vollent: si ques, pour l'amour de madamme et de -vous, je metteray mon corps en aventure pour faire cesti messaige, -car jou ay tel fianche en vous, seloncq chou que j'ay veu, -que vous detenrs bien le castiel jusquez ma revenue. Et ay -d'autre part si grant esperance el roy nostre seigneur, que je -vous amenray temprement si grant secours, que vous en ars -joie; et vous seront bien meri li bienfait que fait ars.</p> - -<p>Quant la nuis fu venue, li dis messire Guillaumme se appareilla -dou mieux qu'il pot, pour plus paisivlement yssir de layens qu'il -ne fust percheus de chiaux de l'ost. Se li avint si bien qu'il pleut -toute le nuit si fort que nulx des Escos n'osoit yssir hors de sa -loge. Si passa environ mienuit tout parmy l'ost, que oncques ne -fu apercheus. Quant il fu passs et eslongis environ deux lieuwes -l'ost, il fu grans jours: si chevaucha avant et encontra, ung peu -aprs soleil levant, deux hommes d'Escoce entours trois lieuwes -pris de l'ost, qui amenoient deus buefs et une vache par deviers -l'ost. Messires Guillaummes congnut qu'il estoient Escos: si les -<span class="pagenum"><a id="Page_337"> 337</a></span> -navra tous deux durement et tua leur bestez, pour tant qu'il ne -volloit mies que chil de l'ost en ewissent nulle aise. Puis dist as -deux navrs: Allz, si dittes vostre roy que Guillaummes de -Montagut vous a mis en ce point en son despit; et li dittes que -je voi querre le gentil roy d'Engleterre, qui li fera temprement -wuidier ceste place maugr lui. Chil li proummisent qu'il feroient -vollentiers cest messaige, ms qu'il lez laissast atant ps. Lors -se parti li dis messires Guillaummes des Escos, et chevaucha sus -fleur de coursier et fist tant que il vint Ewruich, o il trouva le -roy engls et grant fuison de comtez, de barons et chevaliers dalls -lui. Si li compta son messaige de par le damme de Sallebrin, -au mieux et au plus biau qu'il peult. Li roys y entendi vollentiers -et respondi que il ne laisseroit nullement que il ne souscourist la -damme et ses gens; et se plus tost ewist sceut l o li Escot estoient -et le mescief et peril dou castiel et de la damme, plus tost -fust alls celle part. Si ordonna et coummanda tantost li roys par -son connestable et ses marescaux, que chacuns fust apareillis -mouvoir l'endemain, et que on fesist toudis les venant traire -avant, et chevauchier apris son host qu'il avait moult grant. -F<sup>os</sup> 62 v<sup>o</sup> et 63.</p> - -<p>P. <a href="#Page_128">128</a>, l. 11: bacelers.—<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>: chevalier. -F<sup>o</sup> 86.</p> - -<p>P. <a href="#Page_129">129</a>, l. 4: demi liewe.—<i>Mss. A 11 14</i>: deux lieues. -F<sup>o</sup> 83.</p> - -<p>P. <a href="#Page_129">129</a>, l. 17: Evruich.—<i>Mss. A 8 10</i>: Bervich. F<sup>o</sup> 77.—<i>Mss. -A 1 7, 11 19, 30 33</i>: Evruich. F<sup>o</sup> 86.—<i>Mss. B 3 -et A 20 22</i>: Vervich, Warvich. F<sup>o</sup> 77.—<i>Mss. A 23 29</i>: -Enervich, Everuich. F<sup>o</sup> 100.</p> - -<p>P. <a href="#Page_129">129</a>, l. 19: au roy.—<i>Ms. B 6</i>: et trouva le roy d'Engleterre -et plus de quarante mille hommes qui estoient tout esmervillis -que les Escochois estoient devenus. F<sup>o</sup> 197.</p> - -<p>P. <a href="#Page_129">129</a>, l. 20: sen ante.—<i>Mss. A 1 7, 18 22</i>: sa tante. -F<sup>o</sup> 86.</p> - -<p class="space"> <b> 156.</b> P. <a href="#Page_129">129</a>, l. 30: Li rois.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Li roys -Edouwars se parti l'endemain de le cit d'Ewruich mout liement -pour lez nouvelles que li dis messires Guillaummes de Montagut -li avoit aportes. Et avoit bien avoecq lui cinq mille armurez de -fier, dix mille archiers et soixante mille hommes de piet, qui -tout le sieuwoient. Et toudis li venoient gens.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_338"> 338</a></span> -Quant li baron d'Escoce et li maistre consillire le roy David -seurent que li dis messires Guillaummes de Montagut avoit ensi -passet parmy leur ost et que il s'en alloit querre secours au roy -engls, et savoient bien que li roys Edouwars estoit Ewruich - grant gent, et le tenoient de si grant couraige et si gentil qu'il -ne lairoit nullement qu'il ne venist tantost sour yaux pour souscourre -la damme et chiaux dou castiel, il parlrent enssamble, -endementroes que li roys David faisoit souvent et ardamment assaillir. -Et veoient bien que li roys David faisoit ses gens navrer -et martiriier sans raison. Et veoient bien que li rois engls venroit -bien ainchois combattre yaux que leur roys pewist avoir concquis -ce castiel, ensi qu'il cuidoit. Si parlrent ensamble au roy -David d'un accord, et li dissent qui li demorer l n'estoit point -ses pourfis, ne sen honneur; car il leur estoit moult honnerablement -advenu de leur emprise. Et avoient fait grant despit as Engls, -qui avoient jeut en leur pays vingt deux jours et ars et essilliet -tout autour, et pris par force la cit de Durem et mise toute - grant destruction. Et li conssillirent que il s'en volsist raller -deviers son royaumme, par deviers le forest de Gedours; car il -savoient de certain que li roys engls venoit viers yaus si grant -puissanche, qu'il n'aroient pooir de combattre lui, ne de contrestrer - se puissance. Si leur en poroit grant meschief avenir. -Li roys David fuist vollentiers demours pour atendre lez Engls -et le bataille et le aventure de Dieu, se par son consseil en allast. -Mais ses gens li moustrrent tant de raisons que trop loingues -seroient recorder, que tous li os des Escos se desloga au matin, -et en rallrent droit par deviers le grant forest de Gedours, -le chemin que autres fois il avoient tenut pour estre au dessus de -leur affaire, et pour veoir et attendre que li roys engls volroit -faire de donc en avant, ou se il se retrairoit arrire, ou se il yroit -avant et trairoit en leur pays. F<sup>o</sup> 63.</p> - -<p>P. <a href="#Page_129">129</a>, l. 31: Evruich.—<i>Mss. A 1 7, 11 19, 30 33</i>: -Evruich. F<sup>o</sup> 86 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 8 10</i>: Bervich. F<sup>o</sup> 79.—<i>Mss. -B 3 et A 20 22</i>: Vervich, Warvich. F<sup>o</sup> 77.—<i>Mss. 23 29</i>: -Enervich. F<sup>o</sup> 100.</p> - -<p>P. <a href="#Page_130">130</a>, l. 10: quatre vingt mille.—<i>Mss. A 1 6, 8 10, -20 22</i>: quatre mille. F<sup>o</sup> 86 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 157.</b> P. <a href="#Page_131">131</a>, l. 21 et 22: dix ou douze.—<i>Ms. d'Amiens</i>: -vingt ou vingt deux. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_339"> 339</a></span> -P. <a href="#Page_131">131</a>, l. 30: le grant noblce.—<i>Ms. d'Amiens</i>: le frisce -et gentil arroi. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 7: n'avoit veu.—<i>Ms. d'Amiens</i>: si bien adrechie -en touttes mannierres de biauts, de frisce et gai maintien, de -noble arroy et de parfaitte et atrempe contenanche. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 9: fine amour.—<i>Les mss. A 11 14 ajoutent</i>: -que ma dame Venus lui envoya par Cupido, le Dieu d'amours. -F<sup>o</sup> 83 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 10: lonch temps.—<i>Ms. d'Amiens</i>: car c'est uns feus -qui fuissonne, qui est legiers esprendre et malaisivlez estaindre, -et plus en ung coer qu'en l'autre. Et sembloit au roy, par -l'estincelle qui j s'esprendoit et alumoit, que ens ou monde n'avoit -damme qui fesist amer fors celle. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 15 et 16: si ardamment.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et ne -s'en pooient li oeil soller, et de si ardent regart. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 19: ne pensoit.—<i>Ms. d'Amiens</i>: qui au penssement -dou roy ne penssoit noient. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 23: quant temps seroit.—<i>Mss. A 1 6</i>: quant -temps fut mettre les tables, elle fist la salle parer et ordonner. -F<sup>o</sup> 87.—<i>Mss. A 11 14</i>: mettre les tables en la salle moult -bien pare et ordonne comme pour le roy. F<sup>o</sup> 83 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A -15 17</i>: mettre les tables en la sale qui j estoit moult noblement -pare aussi comme pour un roy recepvoir. F<sup>o</sup> 88.—<i>Mss. -A 20 22</i>: quant temps fu de drescier les tables, elle fist la salle -parer et ordonner bien richement. F<sup>o</sup> 131.</p> - -<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 24: parer.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Ensi comme il appertenoit -pour le roy d'Engleterre. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 158.</b> P. <a href="#Page_133">133</a>, l. 12: vous estes.—<i>Ms. d'Amiens</i>: li ungs -dez princes del monde li plus doubtz. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_133">133</a>, l. 24: vos amans.—<i>Ms. d'Amiens</i>: vos vraiz -amans.</p> - -<p>P. <a href="#Page_134">134</a>, l. 4: emprisonns.—<i>Mss. A 11 14</i>: Paris. -F<sup>o</sup> 84.</p> - -<p>P. <a href="#Page_134">134</a>, l. 9: desmembrer.—<i>Ms. d'Amiens</i>: qui mes drois, -souverains, naturelz sirez estez. F<sup>o</sup> 64.—<i>Mss. A 11 14</i>: pour -donner exemple aux aultres d'estre loiales leurs maris. F<sup>o</sup> 84.</p> - -<p class="space"> <b> 159.</b> P. <a href="#Page_134">134</a>, l. 15: avs vous.—<i>Ms. d'Amiens</i>: A ces mos -et la parolle de la damme, li rois se parti de la fenestre o ung -<span class="pagenum"><a id="Page_340"> 340</a></span> -grant tens il s'estoit apoiis, et s'en vint en la salle et lava. Et -puis se asist entre ses chevaliers et la damme au disner; ms -petit i sist, car autre cose li touchoit que boire ne que mengier. -Et trop durement seant table penssoit, dont li chevalier meismement -s'esmervilloient, car il avoit eult en devant usaige de -rire et jeuuer, et de vollentiers or aucunnez trufferiez pour le -temps oubliier, mais l il n'en avoit cure ne talent. Ainchois, -quant il pooit ung seul regart embler et envoiier sus la damme, -il li faissoit trop grant bien. Et furent adonc regart et pensser le -plus grant partie dou disner le roy. F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p class="space"> <b> 160.</b> P. <a href="#Page_135">135</a>, l. 6: Toutes voies.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Apris -disner on leva lez tablez. Si envoya li roys monseigneur Renaut -de Gobehen et monseigneur Richart de Stanfort l'ost et as compaignons -qui desoubz le castiel estoient logiet, savoir comment il -le faisoient, et qu'il fuissent appareilliet, car il volloit cevaucier -encorrez oultre et sieuwir les Escos, et que on fesist tout le charoy -et tout le harnas esploitier devant, et que dou soir il seroit -avoecq yaus. Et ordonna le comte de Pennebruch faire l'arrierre -garde tout cinq cens lanches, et que chil l'atendesissent sus les -camps tant qu'il venroit, et tout li demourant chevauaissent -avant. Li doy baron fissent tout ce qu'il coummanda.</p> - -<p>Et il demoura encorres ens ou castiel de Sallebrin dallz la -damme, et esperoit bien ainschois son departement que il aroit de -la damme responsce plus agreable qu'il n'avoit eue. Si demanda -les eschs, et la damme li fist aporter. Adonc pria li roys la -damme que elle volsist jeuer lui; et la damme li acorda liement, -qui li faisoit toutte le bonne chire que elle pooit. Et bien -estoit tenue dou faire, car li roys li avoit fait ung biau serviche -de lever le sige des Escos de devant son castel, dont elle estoit -en grant peril; et se li devoit le damme faire, pour tant que li -roys estoit ses drois naturs sires de foi et hoummaige. A l'entre -dou jeu des escs, li roys, qui volloit que aucunne cose demourast -dou sien la damme, l'asailli en riant: Damme, que -vous plaist il mettre au jeu? Et la damme li respondi: Sire, -et vous ossi? Adonc mist li roys avant ung trs bel aniel qu'il -portoit en son doi, ung gros rubi sus le tablier. Lors dist la -damme: Sire, sire, je n'ay nul aniel si riche comme li vostre -est.—Damme, dist li rois, telz que vous l'avs, mets le avant. -Je n'y preng pas de si pris garde.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_341"> 341</a></span> -Adonc la comtesse, pour acomplir la vollent du roy, traist -hors d'un doy ung anelet d'or, qui n'estoit pas de grant vaille. Si -jewrent as escz enssamble, la damme son avis au mieux que -elle pooit, affin que li roys ne le tenist pour trop simple et ygnorans; -et li roys se faindoit, car pas ne jewoit dou mieux qu'il -savoit. Et painnes y avoit nulle espasse dez trs, que il ne -regardast si fort la damme que elle en estoit toutte honteuse, et -s'en fourfaisoit bien en traiant. Et quant li roys veoit que elle -s'estoit fourfaite d'un rock, d'un chevalier ou de quoy que fuist, -il se fourfaisoit ossi pour remettre la damme en son jeu.</p> - -<p>Tant jeurent que li roys le perdi, et fu mas d'un aufin. -Adonc se leva la damme et demanda le vin et lez espisses, car li -roys par samblant volloit partir. Et prist la damme son aniel et -le mist en son doy, et volsist trop bien que li roys ewist repris -le sien, et li ossi offri et dist: Sire, il n'appertient pas qu'en -mon hostel jou aie riens del vostre, ainchois en deveris porter -dou mien.—Dame, dist li roys, si fait, car li jeus l'a port -ensi; et se je l'ewisse gaegniet, tens veritablement que j'en ewisse -port le vostre. La damme ne vot adonc plus presser le roy; -ms s'en vint une sienne dammoiselle, et li bailla l'aniel, et li -dist: Quant vous verrez j que li roys sera partis de ceens et -qu'il ara pris congiet de moy et qu'il devera monter cheval, si -vous avanchis et li rendz tout bellement son aniel, et li dittes -que nullement je ne le voeil detenir, car point n'apertient. Et -la dammoiselle li respondi que elle le feroit vollentiers. A ces -mos vinrent espisses et vins. Et n'en vot oncques prendre li roys -devant la damme, ne la damme ossi devant lui; et y eut l grant -estrit tout en reviel. Finablement, il fu acord que il prisent tout -doy enssamble, ossi tost li ungs comme l'autre, par cause de -brieft. Apris ce fait et que li chevalier le roy eurent tout beu, -li roys prist congiet la damme et li dist tout haut, affin que -nulx n'y penssast: Damme, vous demours en vostre hostel, -et je m'en irai sieuwir mes ennemis. La damme, cez mos, -s'enclina bien bas devant le roy. Et li roys mout apertement le -prist par le main droite, et li estraindi ung petit, et ce li fist -trop grant bien, en signe d'amour. Et regarda li roys que chevaliers -et dammoiselles s'ensonnioient de prendre congiet l'un -l'autre; si s'avana encorrez de dire deux mos tant seullement: -Ma cire damme, que Dieu vous coummand jusques au revenir! -Si vous pri que vous vos voeilliz aviser et autrement y estre -<span class="pagenum"><a id="Page_342"> 342</a></span> -consseillie que vous ne me aiis dit.—Chiers sires, respondi -la damme, li Prez glorieux vous voeille conduire et oster de -villainne pensse et deshonnerable, car je sui et seray toudis conssillie -et appareillie de vous servir vostre honneur et le -mienne.</p> - -<p>Atant se parti li roys de le cambre, et la damme ossi, qui l'aconvoya -jusqu'en la salle o sen pallefroi estoit. Se dist li roys -que il ne monteroit point cheval tant que la damme fust l: si -que pour cause de brieft la comtesse prist congiet de tous poins -pour ceste fois au roy et ses chevaliers, et rentra en ses cambrez -avoecq ses dammoiselles. Ensi que li roys devoit monter, -la dammoiselle qui estoit enfourme de sa damme, s'en vint au -roy et s'engenouilla; et quant li roys le vit, il le leva moult tost -et quida que elle volsist parler d'autre matre que elle ne fist. Se -li dist: Monseigneur, vechy vostre aniel que madamme vous -renvoie et vous prie humblement que vous ne le voeillis tenir -villonnie, que point ne voet qu'il demeurce par deviers elle. -Vous li avs fait tant en autres mannierrez que elle est tenue, ce -dist, tousjours d'estre vostre serve. Li roys qui oy la dammoiselle -et v(e)oit son aniel qu'elle tenoit, et ooit la vollent et l'escuzanche -de la comtesse, fu tous estonns. Nonpourquant, comme -tost conssilliet son gr, et affin que li aniaux demorast laiens, -ossi que en soy meysmes ordonn avoit, respondi briefment, car -pas n'y affreoit longe parolle, et dist: Dammoiselle, puisqu'il -ne plaist vostre damme li gaains petis que elle a fait moy, il -vous demeure. Apris che parlet, il monta tantost et se parti et -yssi hors dou castiel, et se mist sour les camps avoecq ses chevaliers, -et trouva le comte de Pennebrucq qui l'atendoit bien cinq -cens lanches. Adonc se partirent il tout enssamble et sieuwirent -l'ost. Et la damoiselle dont vous avs oy, revint sa damme et -ly recorda la responsce dou roy, et li vot rendre l'anniel d'or que -li roys avoit perdu as escz. Mais la damme ne le volt prendre; -ains dist que elle n'y clammoit riens et que li roys li avoit donnet: -si en fesist son pourffit. Enssi demoura li aniaux dou roy a -damoiselle.</p> - -<p>Or lairons nous parler de madamme Aelis la comtesse de -Sallebrin; si revenrons au roy engls et as Escos. Depuis que il -se fu partis dou castiel dessus dit, il chevaucha ceste remontire -jusquez au soir, que il trouva son grant ost logiet sour ungs plains -dou loncq d'une rivire. Si se remist entre les contes et les barons -<span class="pagenum"><a id="Page_343"> 343</a></span> -et fist assz bonne chierre, et se couvri au mieux qu'il peult -de moustrer comment il li estoit dedentrainnement; ne nullui, -tant fust ses especials amis, ne s'en fust descouvers. Pour ce ne -sentoit il mies mains les maulx d'ainmer, car si fort en estoit espris, -que en son requoy il n'y faisoit que pensser. Et li avint sour -ce voiaige pluisseurs fois que, quant il estoit assis table, il mengoit -mout petit et n'y faisoit que pensser: de quoy ses gens s'esmervilloient -dont tel penssement li pooient venir. Et quidoient -que ce fuist pour les Escos qui j, en ceste anne, par deux fois -l'avoient travilliet de chevauchier apris yaux; et point n'en avoit -eue se raison, car toudis s'en refuioient il vers le forest de Gedours, -et encorres tenoient il che chemin; si l'en ostoient li baron -dou plus qu'il pooient. Et bien souffroit li roys, pour lui couvrir, -que de son pensser li Escot fuissent encoupp, et il escuzz en -aultre mannierre.</p> - -<p>Tant chevaucha li roys poursieuwans les Escos, que il les trouva -logis et retrs oultre le chit de Bervich, bien trois journes -l'entre des bois de Gedours que il avoient mis au dos. Et estoient -li dit Escot l arestet sour les camps moult faiticement, ms tous -les soirs il rentroient dedens les bois o li Engls ne se fuissent -jams enbatu: de ce estoient il tout aseur. Li rois coummanda -logier touttes mannierres de gens devant les Escos, et missent -tout leur charoy entre les Escos et eux; et furent l cinq jours, li -uns devant l'autre, que tout les jours li Escot yssoient hors des -bois et moustroient par samblanche que il se volsissent combattre. -Et ordonnoient li Engls touttes leurs batailles et esperoient -avoir de jour en jour besoingne; ms point ne partoient de leur -arroy, fors aucuns baceler aventureux qui, pour aquerre pris d'armes, -chevauoient avant et requeroient jouste as Escos. Si sachis -qu'il estoient recheu, ne oncques nulx ne se parti escondi, et li -Escot enssi sour yaux. Ossi de archers et de compaignons de piet -de l'un ls et de l'autre il i eut pluiseurs escarmurches et paletis, -des mors et des navrs de l'un ls et de l'autre; ms point ne se -desroutoient les batailles pour jouste, ne pour escarmuche qui y -fuist. Et emportoient dou tout le hue, des Escos messires Guillaume -Douglas et messires Simons Fresel, et ungs chevaliers de -France qui autrefoix avoit estet en Escoce et qui presentement -avoit rappasset le mer avoecq le roy d'Escoche pour querre les -armes, que on clammoit messire Ernoul d'Audrehen. Chils y fist -maintes belles appertises d'armes. Des Engls y avoit pluiseurs -<span class="pagenum"><a id="Page_344"> 344</a></span> -bons chevaliers, plus que il n'y ewist des Escos, car il estoient -plus grant fuison. Et par especial messires Gautiers de Mauni, -messires Loeys de Biaucamp, messires Jehans Cambdos et messires -Guillaummes Filz Warine y fissent ossi tamainte belle proche. -F<sup>o</sup> 64.</p> - -<p>P. <a href="#Page_135">135</a>, l. 28: apris les Escos.—<i>Ms. B 6</i>: Et (li Escochois) -se partirent de Sallebrin, et fut environ heure de tierche, et le -roy d'Engleterre vint l nonne. Sy fut durement courouchis -quant il sceut que les Escochois estoient partis. Nienmains il les -sievy route et se loga ce soir trois lieues prs d'eulx. Et -l'endemain il fut nonne ains que ly ung vinrent. Mais les Escochois -estoient l'entre de leur pais et avoient les grandes forests -au dos o au besoing il se povoient retraire, ne jamais les Engls -ne les euissent l cachis. Ensy furent les Engls et les Escochois -trois jours devant l'un l'autre en une marche entre Gallez et Escoche -que on dist Cambray et les bos de Saint Amant. F<sup>o</sup> 199.</p> - -<p>P. <a href="#Page_135">135</a>, l. 29: Bervich.—<i>Mss. A 7 10, 18 22, 30 33</i>: -Bervich. F<sup>o</sup> 81.—<i>Mss. B 3, A 1 6, 23 29</i>: Vervich. F<sup>o</sup> 78 -v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 11 17</i>: Wruich.—F<sup>o</sup> 84 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_135">135</a>, l. 30: forest de Gedours.—<i>Mss. A 11 14</i>: grant -fourest de Gedours. F<sup>o</sup> 84 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 15 17</i>: grant et -haulte fourest de Gedours. F<sup>o</sup> 89.—<i>Mss. A 18, 19</i>: cit de -Gedours. F<sup>o</sup> 88.</p> - -<p class="space"> <b> 161.</b> P. <a href="#Page_136">136</a>, l. 15: Tous ces trois jours.—<i>Ms. d'Amiens</i>: -Che terme durant, preudomme et saige chevalier de l'un ost et -de l'autre, avoecquez deuz evesques, cesti de Wincestre, engls, -et cesti de Saint Andrieu, escot, traitirent ung respit entre ces -deux roys une delivranche dou comte de Moret, qui estoit pris -deviers les Engls, et ossi dou comte de Sallebrin et dou comte -de Sufforc, qui estoient prisonnier Paris deviers le roy de Franche. -Et enclinoient chil troy prison les coers de ces deux roys et -des plus grans de leur ost tretier un respit et yaux ravoir chacun -le sien, car il avoient l des grans amis et dou linage qui -vollentiers les veissent delivrz. Ossi il estoient pris en armes en -servant loyaumment leur seigneur, pour quoy chil roy et chil qui -dou tretiet s'ensonnioient, y entendirent plus volentiers. Finablement -tant fu tretiet et parlementet, que unes trieuwes furent acordes - durer deux ans, se li roys Phelippes de Franche s'y -assentoit, car li roys d'Escoce estoit si fort aloiis lui, que il ne -<span class="pagenum"><a id="Page_345"> 345</a></span> -pooit donner trieuwe ne respit, ne faire pais sans lui. Et se li -roys Phelippes ne s'i volloit acorder, si devoient les trieuwes durer -jusquez le Saint Christophle, par telle condition que li rois -engls ne devoit faire nul comfort ne aydde ces Engls qui -avoient pris et saisi ces deux fors castiaux, Rossebourch et Strumelin. -Et devoit y estre quittez li comtes de Moret de se prison, -se li roys d'Escoce pooit tant pourcachier au roy de Franche -que li comtes de Sallebrin fust quittez ossi de se prison, et li -comtes de Sufforc receut et mis finnanche raisonnable, enssi -que on doit mettre ung gentil homme sans lui trop presser. Et -devoit tout ce y estre pourcachiet dedens le feste Saint Jaque et -Saint Christofle, que proainement on atendoit. Celle trieuwe fu -enssi acorde et affremme que vous avs oy. Si departi li roys -d'Escoce ses gens et dounna chacun congiet de raller en son -lieu jusques tant qu'il les manderoit; et envoya tantost souffissans -messaigez en Franche deviers le roy Phelippe, telz que l'evesque -de Saint Andrieu et Alixandre de Ramesay. Et li roys engls -retourna arire Bervich et donna touttes ses gens congiet; -et s'en ralla chacun en son lieu.</p> - -<p>Environ huit jours se tint li roys engls en le chit de Bervich -et departi touttez ses gens, si comme vous avs oy. Et demoura -l prive maisne, chiaux de son hostel tant seullement, et regarda -au castiel et le forterce de le ville. Et pria et enjoindi - monseigneur Edouwart de Bailloeil, qui gardiiens de par lui -en estoit, que il en volsist y estre si songneus que nuls blammes -ne dammaigez ne l'en presist; car il seroit trop courouchiz se li -Escot li embloient ne tolloient par ygnoranche ne deffaulte de -bonne garde. Et li dis messires Edouwars li respondi: Monseigneur, -nenil, se Dieux plaist. J'en songnerai dou tamps venir, -si comme j'ay fait jusqu' orez. Et li rois li dist qu'il s'en atendoit -bien lui.</p> - -<p>Endementroes que li roys engls sejourna Bervich, eult il tamainte -imagination sus le comtesse de Sallebrin, car tant fort en -estoit enamours, que nullement il n'en pooit partir, ne li oster. -Une heure disoit en soy meysmes que il s'en riroit par l en Engleterre, -et puis tantost le contredisoit, et puis afremoit que si -feroit, et que au congiet prendre, il ne trouva pas la damme si -humble enviers lui qu'il volsist. Pour quoy il li couvenoit remettre -ses parolles en milleur estat, et espoir son retour elle seroit -advise: si le trouveroit plus debonnaire qu'il n'avoit fait. Ensi -<span class="pagenum"><a id="Page_346"> 346</a></span> -se debatoit li roys par lui. Une heure estoit merancolieux, et -l'autre joieux. Une heure, honneurs et loiaut le reprendoient de -mettre et d'arester son coer en tel fausset que volloir deshonnerer -si bon chevalier que le comte de Sallebrin, qui si loyaumment -l'avoit tousjours servi. Et puis amour le raherdoient et li -enortoient, par grant ardeur dont il estoit plains, que d'estre -enamour de l'amour d'une si noble, si frice, si douce et si belle -damme, pour ung roy et encorrez en son royaumme, il n'y avoit -point de fraude ne de desloyaut; car telz que li chevaliers estoit, -il l'avoit fait: si s'en pooit mieux fiier que d'un autre hors de -son royaumme. Et ossi se il estoit amoureux, c'estoit tout bon -pour lui, pour son pays et pour tous chevaliers et escuiers, car il -en seroit plus lis, plus gais et plus armers; et en ordonneroit -plus de joustez, plus de behours, de festez et de reviaux qu'il n'avoit -fait en devant; et s'en seroit plus ablez et plus vighereux en -ses guerrez, plus amis et plus privs ses gens et plus durs -ses ennemis. Ensi li rois se devise et avise. Une heure, dist qu'il -fait follie, quant il y pense, et que la damme pour qui il a ces assaux, -est moult lonch de se pensse, et que elle se lairoit ainois -ocire que elle fesist cose dont elle recevist blamme ne deshonneur. -Puis dist li rois: Or, soit que elle ne me voeille ne daingne -amer, si i voeil je pensser et li parfaitement amer, car li -pensse me fait grant bien. Ensi est li roys entrs en celle luite -qui pas ne le laira ung grant tems, enssi comme vous ors recorder -en avant en l'istoire. Touttesvoiez, adonc avis le mestria, -si que, pour doubte de meffaire et de parperdre che o il n'avoit -encorres riens, il n'osa revenir par la damme de Sallebrin; ms se -recoummanda lui par monseigneur Guillaumme de Montagut, sen -nepveut. Et li dist li roys: Guillaumme, dittes la contesse, vostre -ante, que elle se resjoysse, car temprement rara son marit par -deviers li. Et li chevalier ly respondy: Sire, vollentiers.</p> - -<p>Or lairons parler dou roy englz, qui par le Noef Castiel -sour Tin, par Ardenton et par Dancastre, non mies par le comt -de Sallebrin, retourna arrire vers Londres. Si parlerons des -messaigiers le roy David d'Escoce, qui s'en vont en France, et -fissent tant par leurs journes qu'il vinrent Paris, o il trouvrent -le roy Phelippe et pluiseurs de ses barons dallz lui; si le -salurent bellement. Et li roys les rechupt en cel mannierre pour -le raison de chou qu'il estoient estraingnier et au roy David, son -bon amie. Li dit message remoustrrent au roy pourquoy il estoient -<span class="pagenum"><a id="Page_347"> 347</a></span> -l venus, et des armes et chevauchies que li Escos et li Englz -avoient fait, li uns sour l'autre, et comment li Escot avoient -bien ars trois journes de pays en Engleterre, et par especial la -cit de Durem qui estoit rice et grande, et comment li Englz -avoient grant effort chevauchiet contre yaux et nient port de -dammaige, et comment il furent cinq jours tous entiers logiz li -ung devant l'autre, et tous les jours y avoit joustez, paletis et escarmuches: -Finablement, chiers sires, unes trieuwez sont prises - durer deux ans, se vous l'acordz. Endementroes croistra nos -rois en force et en puissanche, et se repeuplera nos pays, et aquerons -amis de tous costz, et puis ferons une bonne gherre, forte -et desperte as Engls, car jammais n'y aura ferme pais qui s'i -tiengne: trop les hayons che cost. Li roys entendi vollentiers - leurs parolles, et s'acorda, pour l'amour dou roy d'Escoce et -dez barons d'Escoce, tout chou que ordonn avoient, ne de riens -il n'y contredist. Et delivra quitte et delivre le comte de Sallebrin, -que tenut avoit en prison plus de deux ans; et mist raenon -convignable le comte de Sufforch et le recrut sur se foy -avoir paiiet dedens l'anne vingt mille escus ou revenir en prison. -Il lez paya, si fu quittez, et li comtez de Moret delivrz parmy -le comte de Sallebrin. Ainssi se fissent chil doy escange, et se -tinrent lez trieuwez entre Escoce et Engleterre. Je n'ai nient oy -parler dou contraire que elle fust de riens enfrainte. Et toudis -guerirent li Escot le garnison de Strumelin, qui trop leur cousta -ainschois que il le pewissent ravoir. Si siet Strumelin droit ou -coer de leur pays. F<sup>o</sup> 65.</p> - -<p>P. <a href="#Page_136">136</a>, l. 18: deus ans.—<i>Ms. B 6</i>: trois ans. F<sup>o</sup> 199.</p> - -<p class="space"> <b> 162.</b> P. <a href="#Page_137">137</a>, l. 23: Vous devs.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Or voeil -je retourner l'istore de Bretaingne et parler de monseigneur -Carlon de Blois et de la comtesse de Montfort. Vous savs bien -en quel point je laissai le matre, le comte de Montfort pris et -emprisonnet ou castiel de Louvre Paris, monseigneur Carle de -Blois Nantes, et les seigneurs de Franche qui aidiet coummenchier -sa guerre li avoient, repairiet pour le cause de l'yvier, -et devoient tout retourner l'estet, enssi qu'il fissent. Si me seroit -il bien mestier parler des gherrez de Gascoingne qui trop -fortez y estoient, car li comtes de Laille, de par le roy de France, -y tenoit les camps et avoit enssi que tout reconcquis la grant duchi -d'Acquitaine et constraindoit mout chiaux de Bourdiaux; -<span class="pagenum"><a id="Page_348"> 348</a></span> -car il avoit assis la forte ville de Blaves par terre et par aige, et -n'aloit nus au devant, tant fust de grant affaire en Gascoingne, ne -amis au roy d'Engleterre. Et n'y avoit nulle ville en Gascoingne, -qui se tenissent pour englcez, except Bourdiaux, Blaves, Aux -en Gascoingne et la forte et bonne ville de Baione. Mais telle estoit -li intention dou comte de Laille et des seigneurs qui avoecq -lui estoient, que l'une apris l'autre il les concquerroit. Or revenrons - le gerre de Bretaingne et lairons parler de ceste de -Gascoingne: quant temps et lieux sera, bien y retourons.</p> - -<p>Si parlerons coumment messires Carlez de Blois estoit tous -quois demours en le cit de Nantes, et ens ou pays d'entours -qui obeissoit lui, demoura tout l'ivier, si comme vous avs oy -par devant, sus l'estat que li dus de Normendie, ses cousins et li -comtes d'Alenchon, ses onclez, li avoient ordonnet, et atendoit le -saison d'est, en laquelle fait milleur hostoiier qu'il ne face en le -saison de yvier. Et quant celle douce saison (d'est) fu revenue, -tout chil signeur de France deseure noummet et grant fuison de -autres gens avoecq yaux, s'en rallrent par deviers Bretaingne -grant puissance, pour aidier monseigneur Charlon de Blois reconqure -le remannant de le duchet de Bretaingne: dont il advinrent -moult de grant merveilles et de biaus fais d'armes, ensi -comme vous pors or.</p> - -<p>Quant tout li seigneur furent venu Nantes, l o il trouvrent -monseigneur Charlon de Blois, il orent consseil qu'il assiegeroient -le cit de Rennes. Si yssirent de Nantes en grant arroy, et s'en -allrent par deviers Rennes et le assegirent tout environ. La -contesse de Montfort, qui se tenoit Hainbon, l'avoit, au partir -et tout l'ivier, si bien pourveue et garnie de bonne artillerie, de -touttez pourveanchez et de bonne gent d'armes, que elle en estoit -plus forte concquerre; et y avoit mis et establi ung vaillant -chevalier et hardi pour cappittainne, que on clammoit monsigneur -Guillaumme de Quadudal, gentil homme durement del pays -de Bretaingne.</p> - -<p>Encorres avoit la dite comtesse de Montfort mis grans garnisons -par tout lez autres cits, castiauls et bonnes villes qui lui -obeissoient, et partout bonnez cappitainnez des gentilz hommes -dou pays qui lui se tenoient, desquelx le plus elle avoit acquis -par biau parler, par proumettre et par donner; car elle n'y volloit -point espargnier or ne argent, dons ne promesses: desquelx -estoient li evesquez de Lion, messires Amauris de Clichon, messires -<span class="pagenum"><a id="Page_349"> 349</a></span> -Yeuwains de Thigueri, li sires de Landreniaus, le castelain -de Ghingant, messires Henris et messires Oliviers de Pennefort, -messire Joffroi de Malatrait, messires Guillaummes de Quadudal, -li doy frre de Quarich et pluiseurs aultrez bons chevaliers et escuier, -tout de Bretaingne.</p> - -<p>Ossi messires Carles de Blois (en avoit) grant fuison qui lui se -tenoient, et plus que n'ewist li comtesse, desquelx estoient li drois -sires de Clichon, messires Hervis de Lion qui estoit retourns, li -viscontez de Rohem, li sires d'Avaugor, li sires de Quitin, li sires -de Tournemine, li sires d'Ansenis, li sires de Biaumanoir, li sires -de Rais, li sires de Rieus, li sires de Laval, li sires de Gargoule, -li sires de Loriach et tout banerech, et pluisseur aultre chevalier -et bon escuier, qui nullement ne volloient estre de le partie -de Montfort. Et li autre tenoient le opinion si bonne et si juste, -que, pour amorir, il ne fuissent tourns Bloisois. Ensi estoit la -grande terre de Bretaingne entoueillie en guerre, li oncles -contre le nepveult, li frrez au frre, li prez au fil tels fois fu, li -germains au cousin germain, li voisin sen voisin. Et dura ceste -guerre trop grant tamps, ensi comme vous ors recorder avant -en l'istoire. Or parlerons nous dou sige de Rennez. F<sup>os</sup> 65 v<sup>o</sup> -et 66.</p> - -<p>P. <a href="#Page_137">137</a>, l. 25: de Bourbon.—<i>Le ms. B 6 ajoute</i>: le conte -de Fors, le conte de Boulongne. F<sup>o</sup> 199.</p> - -<p>P. <a href="#Page_139">139</a>, l. 2: doi frre.—<i>Mss. A 11 14</i>: les deux frres -de Quintin, monseigneur Geffroy de Maallechat, monseigneur Robert -de Guiche, monseigneur Jehan de Quoyquem et pluseurs aultres. -F<sup>o</sup> 85 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_139">139</a>, l. 2: Quirich.—<i>Mss. A 1 6</i>: Chirich. F<sup>o</sup> 88 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. -A 20 22</i>: Tirich. F<sup>o</sup> 133 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_139">139</a>, l. 11: dire.—<i>Mss. A 11 14</i>: qu'il avoit adonc -pourchaci sa prinse et fait trahir par les bourgois. F<sup>o</sup> 85 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 163.</b> P. <a href="#Page_139">139</a>, l. 16: Messires Charles.—<i>Ms. d'Amiens</i>: -Messires Carles de Blois et li seigneur de Franche tinrent le sige -asss longement devant le cit de Rennes, et y fissent grans dammaigez -et mains fors assaux par les Espagnos et par les Geneuois, -dont il avoient grant fuison en leur ost. Et chil de d'ens se deffendirent -bien et vassaument, par le consseil dou bon chevalier monseigneur -de Quadudal, si sagement que cil de dehors y perdirent -plus souvent qu'il n'y gaegnoient. Si avoient fait li signeur de -<span class="pagenum"><a id="Page_350"> 350</a></span> -France drechier grans enghiens devant la cit, qui y gettoient -grosses pierres et qui trop durement le travilloient.</p> - -<p>Endementrues que chils siges estoit si grans et si fors devant -Rennes, la comtesse de Montfort, qui se tenoit en Hainbon o -grant fuison de chiaux de son acord, eult consseil que elle envoieroit -au secours deviers le roy d'Engleterre, de qui ses sires -li comtez de Montfort avoit relevet la duch de Bretaingne: si -l'en devoit aidier deffendre et gharandir contre tous -hommez. La damme de Montfort eut ce consseil et le vollent de -l envoiier; ms trop grant dur trouva elle qui y volsist aller, -car nulz ne le volloit laissier ou parti o elle estoit, pour sen onneur. -Toutesvoies, tant pria elle les ungs et les autres et leur -remoustra tant de bellez et doucez parolles, que messires Amauris -de Clichon s'acorda ad ce que il feroit le messaige. Si entra -en ung vaissiel et prist bon maronnier, et se mist en mer en le -vollent de Dieu et dou vent, en singlant devers Engleterre, et -arriva dedens cinq jours ou havene de Hantonne. Si demanda o -li roys estoit; on li dist: Londres. Adonc monta il ceval et -toutte se routte; et chevauchirent tant qu'il vinrent Londres.</p> - -<p>Quant li roys seut la venue monsigneur Amauri de Clichon, si -en eut grant joie, car il penssoit bien avoir nouvellez de Bretaingne. -Se le fist tantost venir avant et le rechupt liement, et li demanda -que sa cousinne la contesse de Montfort faisoit: En -nom Dieu, monseigneur, si se recoummande vous comme celle -qui a grant mestier de vostre comffort, car messires Carlez de -Blois et grant fuison de bonne chevalerie de Franche li font trs -forte guerre; et seoient devant le cit de Rennes, quant je me -parti. Si vous prie madamme que vous le voeillis secourir et -envoiier par del ung de vos petis marescaux qui li aye son hiretaige -et de son fil deffendre.—Par me foy, dist li roys, -je le feray vollentiers. Adonc regarda li rois sus monseigneur -Gautier de Mauni et li dist: Gautier, vous m'avs servi en -pluiseurs bellez besongnes. Encorres vous prie jou que vous me -servs en ceste, et je vous deliveray gens, or et argent asss pour -furnir vostre voiaige.—Sire, respondi messires Ghautiers, -Dieu me gart que j je refusse cose que vous coummands faire. -Or ordonns dou sourplus, car je sui tous prs dou mouvoir -quant il vous plaira. Che dist li rois: Grant merchy, messire -Gautier.</p> - -<p>Asss tost apris, messires Gautiers de Mauny s'appareilla et -<span class="pagenum"><a id="Page_351"> 351</a></span> -ordonna; et fu ses mendemens fais et assis, et se carge, en le -ville de Hantonne. Si se parti dou roy qui le fist souverain et cappittainne -de ceste arme, et vint Hantonne, et messires Amauris -de Clichon o lui; et l sejournrent il douze jours, en attendant -leurs gens et en faisant leurs pourveanches, et ossi le vent qui -leur estoit contraire. Au tresimme jour entrrent il en mer. Si -estoient trois cens hommez d'armes et douze cens archiers d'eslite. -Avoecq monseigneur Gautier de Mauny estoient des chevaliers -messires Frankes de Halle, messires Gerars de Baudresen, -li doy frre de Loynendale, messires Loeys et messires Jehans, li -Haze de Braibant, messires Hubers de Frenay, messires Alains -de Sirehonde, li sires Despenssiers, li sires de Ferirez, messires -Thomas Kok, messires Hues de Hastinges, messires Alixandres -Anssel, messires Jehans li Boutilliers et pluiseur aultre. Si nagirent -par mer et tournrent leurs singlez par deviers Bretaingne. -Che premier jour eurent il asss bon vent, le second les prist une -fortune si grande que il quidirent y estre tout peri; et les rebouta -li vens bien parfont en Cornuaille. Si furent sur mer plus -de soixante jours par les vens contrairez et par les fortunnez qui -leur avinrent. Et toudis les atendoit de jour en jour la contesse -de Montfort en grant mescief de coer; car bien savoit que chil -de Rennes avoient moult souffrir, et moult vollentiers les ewist -confort, s'elle pewist. F<sup>o</sup> 66.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Qant ce vint sus le printemps, et que la douce -saison fu retourne, messires Carles de Blois envoia ses messages -en France, et par especial le seigneur de Biaumanoir deviers le -roi son oncle, pour priier que il li vosist envoiier gens qui li -aidassent reconquerir le demorant dou pais de Bretagne. Li rois -s'enclina celle priire et manda au conte Raoul d'Eu, son connestable, -et au conte de Ghines, son fil, que il fesist son mandement -de gens d'armes et d'arbalestriers, et s'en alast en Bretagne. -Li dus de Bourbon, messires Jaquemes de Bourbon, li contes -de Blois, li contes de Vendome, mesires Loeis d'Espagne, li sires -de Chastellon, li sires de Couchi, li sires de Montmorensi, li sires -de Saint Venant et grant fuisson de la baronie et chevalerie de -France se ordonnrent et se missent au cemin. Et esploitirent -tant que il vinrent en la chit de Nantes, et se trouvrent, sus -quinse jours, bien six mille honmes d'armes et douse mille honmes - lances et as pavais, parmi les arbalestriers geneuois, des -quels mesire Oste Dorie estoit chapitainne, et avoecques li messires -<span class="pagenum"><a id="Page_352"> 352</a></span> -Carles Grimaus. Et se departirent un jour de Nantes en -grant arroi et poissance, et prissent le cemin de Rennes, et fissent -tant que il i parvinrent, et bastirent l lor sige tout l'environ. -Pour ces jours avoit grans fourbours Rennes, mais li chapitainne -de Rennes et li saudoiier qui dedens estoient, qant il -sentirent que on les venoit assegier, les ardirent, et avoient fortefiiet -grandement lor ville de toutes pars. Par devant Rennes -ot grant sige et lonch, et qui moult avant dura en l'est, et fait -tamainte escarmuce et maint assaut. Et moult bien s'i portrent -chil de dedens, voires li gentilhonme, messires Guillaume de Quadudal -et li aultre; et avoient tous jours regart sus les bourgois -de Rennes que il ne fesissent auqun vilain treti ceuls de l'oost.</p> - -<p>La contesse de Montfort, qui se tenoit Vennes, n'estoit pas -forte asss pour lever le sige, et dist son consel: Il me fault -envoiier au secours en Engleterre. Je poroie bien trop atendre. -Son consel fu d'acort tout ce faire, et priis de par li messires -Amauris de Clion que il i vosist aler. Li chevaliers ne l'euist -jamais escondit et s'ordonna partir. Et qant il ot ses lettres -adreans au roi d'Engleterre et mesire Robert d'Artois et -auquns barons et chevaliers d'Engleterre, il entra en un vassiel -ou havene de Vennes meismes, et se departi et singla tant par -mer, l'aide de Dieu et dou vent, que il vint Pleumude. Et l -s'arestrent et ancrrent li maronnier, puis issi li dis messires -Amauris de son vassiel et sa famille; et se rafresqirent dedens la -ville et pourveirent des chevaus. Et qant il furent tout apparilliet, -il montrent et chevaucrent viers Londres, et tant fissent -que il i parvinrent. Pour ces jours, li rois et la roine et mesires -Robers d'Artois estoient en la marce de Bristo: si lor fu painne. -Toutes fois il ceminrent celle part, et trouvrent le roi et la -roine qui festioient le conte de Saslebrin et le conte de Sufforch, -qui nouvellement estoient issu hors de la prison de France, et -s'estoient ranonn li doi conte vint mille nobles.</p> - -<p>Qant mesires Amauris de Clion fu venus deviers le roi, on li -fist voie. Il se mist en genouls; il bailla ses lettres. Li rois les -prist et les lissi; et portoient creance. Adonc fu trais part dou -roi mesires Amauris de Clion, et encores en ce consel li rois -apella mesire Robert d'Artois. Et l parla li dis chevaliers et compta -tout l'estat de Bretagne, et conment on s'i portoit, et de la chit -de Rennes conment elle estoit assegie. Et prioit li chevaliers au -roi, de par la contesse, que il i vosist entendre, pour aidier -<span class="pagenum"><a id="Page_353"> 353</a></span> -deffendre et garder le pais, car sans son aide la poissance de la -dame estoit moult petite, car si ennemi tenoient les camps. Li -rois respondi et dist: Mesire Amauri, vous nous estes li bien -venus; et dedens quinse jours, nous serons en la marce de Londres, -et auerons une partie de nostre consel, et l sers vous -expediis de toutes coses; mais nous sonmes pour le present sus -nostres deduis. Si ne poons pas entendre tels coses, ne faire -response telle que li chas demande; car nous avons trieuves, -ensi que vous savs, nostre adversaire Phelippe de Valois. Si -nous couvient bien avoir consel conment nous nos ordenerons de -la gerre de Bretagne. Messires Amauris de Clion se contenta -asss de ceste response, et se departi (du roi) et de mesire Robert -d'Artois, et s'en retourna Londres.</p> - -<p>Qant ce vint au jour que li rois deubt estre Londres, il i fu -et j avoit il escript et mand son consel, celi que il voloit avoir. -Et tout furent Wesmoutier, et l vint messires Amauris de -Clion. Si fu appells en la cambre dou consel, et l, en la presence -dou roi et dou consel, il remoustra ce pour quoi il estoit -venus, et prioit que il fust briefment respondus, et la contesse de -Montfort, sa dame, secourue. On fist issir le chevalier de la cambre, -tant que li consauls dou roi euist parl ensamble.</p> - -<p>L ot en ce consel pluisseurs coses et paroles retournes, car -li rois d'Engleterre ne voloit nullement enfraindre ne brisier les -trieuves qui donnes estoient, jures et seeles tenir deus ans -entre li et Phelippe de Valois. Et ossi il couvenoit que la contesse -de Montfort fust aidie et conforte dou roi et des Englois, -puis que on avoit la duce de Bretagne relev de li, et que on -le tenoit et voloit tenir en foi et en honmage de la couronne -d'Engleterre. Or fu avis que on feroit une cose raisonnable, -sans ce que li rois s'en ensonniast en riens. Puis que la contesse -de Montfort mandoit secours, on l'en envoieroit pour ses deniers, -tant conme elle en vodroit avoir et poroit paiier, ce point ne li -pooit on oster; et qant les trieuves seroient fallies entre France -et Engleterre, li rois aueroit aultre consel. Donc fu apells messires -Amauris de Clion, et li fu dit conment pour celle fois il -couvenoit que il ouvrast. Qant il vei ce, il considera raison et se -delivra dou plus tos que il pot, et quist gens d'armes et archiers; -et li signeur d'Engleterre li aministrrent lesquels il prenderoit -pour bien faire sa besongne.</p> - -<p>Tout nouvellement estoit retourns dou roiaulme d'Escoce messire -<span class="pagenum"><a id="Page_354"> 354</a></span> -Gautiers de Mauni, un jones chevaliers de Hainnau, qui trop -vaillanment s'i estoit ports en tous les fais d'armes o on l'avoit -veu et trouv, et tant que il en avoit souverainnement la grace -et la renonme. Si fu retenus de mesire Amauri de Clion, et -pour estre saudoiiers la contesse de Montfort et chapitainne de -tous les aultres, et ot de sa carge trois cens lances et deus mille -archiers. Et fu tout de fait aviset si grande la carge d'archiers -pour raemplir les garnisons. Si ordonnrent lors pourveances et -lors navies Pleumude, et qant tout fu prest, et chil venu qui -devoient passer oultre en Bretagne, il entrrent en lor vassiaus. -Si se desancrrent dou port de Plemude et entrrent en mer. -Avoecques messire Gautier de Mauni, qui souverains fu de ceste -arme, estoient doi chevalier frre, Lois et Jehans de Leinendale, -mesires Hubiers de Frenai, le Hazle de Braibant, mesire -Gerart de Baudresen, mesires Alains de Sirehomde, mesires -Lois Clambo, mesires Edouwars de Lanton, messire Guillaumes -Touchet, mesires Hues de Ferrires, Guillaume Penniel, Thomas -Paule, Jehan et Guillaume Clinqueton et pluisseur aultre; et singlrent -par mer et tournrent viers Bretagne. Mais qant il furent -en mi cemin de la mer, il orent fortune moult grande et vent si -contraire que il furent sus le point de estre tout perdu; et les -boutrent chil vens et celle fortune en la mer d'Irlande. Et furent -plus de quinse jours avant que il peuissent retourner sus lor -cemin, et vinrent prendre terre lor retour de la mer d'Irlande -en l'ille de Breha, c'est des tenures de Bretagne; et l se rafresqirent -quatre jours. Et puis rentrrent en lors vassiaus, et prissent -la mer pour venir Hainbon l o la contesse de Montfort -les atendoit, laquelle nous retournerons un petit, et parlerons -dou sige de Rennes. F<sup>os</sup> 78 et 79.</p> - -<p>P. <a href="#Page_140">140</a>, l. 21 et 22: deus mille ou trois mille.—<i>Mss. B 3, -A 11 14, 18, 19, 23 33</i>: deux ou trois mille. F<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. -A 1 10, 15 17, 20 22</i>: trois ou quatre mille. F<sup>o</sup> 89.</p> - -<p>P. <a href="#Page_140">140</a>, l. 28: Neynendale.—<i>Mss. B 3, A 7 10, 15 17, -23 33</i>: Leynendale, Leynondale, Lynnodale, Leynoudale. -F<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 1 6, 18 22</i>: Leynodelle. F<sup>o</sup> 89.—<i>Mss. -A 11 14</i>: Leindechalle. F<sup>o</sup> 86.</p> - -<p>P. <a href="#Page_141">141</a>, l. 7: Rennes.—<i>Mss. A 15 17</i>: o vaillaument ilz -se tenoient. F<sup>o</sup> 90 v<sup>o</sup>.</p> - - -<p class="space"> <b> 164.</b> P. <a href="#Page_141">141</a>, l. 8: Or est.—<i>Ms. d'Amiens</i>: En che terme -<span class="pagenum"><a id="Page_355"> 355</a></span> -que la damme de Montfort avoit envoiiet au secours en Engleterre, -et les lons jours qu'il missent au venir, eut devant la chit -de Rennes tamaint grant assault et mainte forte escarmuche. Et -tant y sirent li Franchois que cil de dedens en estoient tout -anoieus. Et vollentiers se fuissent rendut monseigneur Carlon -de Blois, se messires Guillaummes de Quadudal l'ewist conssenti; -ms nullement il ne s'i volloit accorder. Et leur brisoit et tolloit -toudis leur proupos; et leur disoit que, se il plaisoit Dieu, il -ne feroient j lasquet leur bonne damme.</p> - -<p>Li bourgois de Rennes, qui durement estoient apresset de ce -sige, et qui veoient leurs biens gaster de tous costz, et sentoient -le comte de Montfort pris, et ne perchevoient nul secours de nul -costet, eurent entr'iaux advis et accord qu'il se renderoient; et -se messires Guillaummes de Quadudal ne s'i volloit assentir, il le -prenderoient et le meteroient en prison. Ensi qu'il proposrent, -il le fissent; et remoustrrent leur entente et le povret o il estoient -et pooient encorrez esceir plus grande, et de legier: pour -quoy il se volloient rendre et yssir de ce peril. Li chevaliers, -pour amorir, ne s'i fust jammais acord. Et quant li bourgois virent -che, il le prissent de force et l'emprisonnrent. Et puis envoiirent -tretier deviers monseigneur Carlon de Blois que il li -renderoient la cit de Rennes, par condition que il li volsissent -pardonner son mautalent et sauver les biens de le ville, et quitter -le chevalier qu'il tenoient en prison, et laissier aller, quel part -qu'il volsist, Monfortois ou autre, et tous chiaux ossi qui ceste -oppinion volloient tenir.</p> - -<p>Messires Carles de Blois, par le consseil qu'il eut des seigneurs -de France qui l estoient, s'i accorda et leur pardonna son mautalent; -et entra en le chit de Rennes grant pourcession et -grant joie, et prist l'ommaige et le feaut des bourgois de le cit -et leur tint tout leur convens. Si fu mis messires Guillaummes de -Quadudal hors de prison. Et li fu demandet de quel costet il se -volloit traire: il respondi que il avoit son sierment sa damme -et que celle part iroit il, se on le laissoit aller; et on li dist: -oil. Enssi s'en vint li chevaliers Hainbon deviers la comtesse -de Montfort, qui le rechupt joie, mais elle fu mout couroucie -quant elle seut que la cit de Rennes estoit rendue; et si -n'ooit nulle nouvelle de monseigneur Amauri de Clichon, ne de sa -compaignie. F<sup>o</sup> 66.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Messires Carles de Blois et li signeur de France -<span class="pagenum"><a id="Page_356"> 356</a></span> -desus nonmet tinrent le sige asss longement devant la chit de -Rennes, et i livrrent pluisseurs assaus, tant que li bourgois de -Rennes se tenoient moult cargiet dou dit sige, et euissent volentiers -entendu auquns trettis deviers messire Carle, se il -euissent os; mais il doubtoient lor chapitainne et les saudoiiers, -et disoient entre euls: Nous sonmes plus que fol, qui nous faisons -guerriier et destruire pour la contesse de Montfort, et tenons -son opinion bonne. Si en perdons nos biens as camps et nos -hiretages, et en sonmes tous les jours en aventure d'estre mort -par les assaus et escarmuces que chil de l'ost nous font. Et ne nous -est apparans nuls confors de nul cost, car celle contesse la -longe ne puet durer contre la poissance de France.</p> - -<p>Tant parlrent et murmurrent secretement entre euls chil de -Rennes que de un conmun acord une nuit il prissent lor chapitainne -messire Guillaume de Quadudal et l'emprisonnrent en une -tour, et des saudoiiers auquns, liquel estoient lor avis li plus -poissant, par quoi il fuissent mieuls au desus de lor emprise. Et -puis il tretiirent deviers mesire Carle de Blois et les Franois. -Et se rendirent par condition telle que ceuls que il avoient pris, -il les deliveroient quites et delivrs, et les lairoient aler euls et le -leur deviers la contesse de Montfort, se aler i voloient; et euls -aussi et le lour demoroient en segur estat, et il devenoient bons -Franois, et recongnissoient messire Carle de Blois lor signeur -et duc de Bretagne.</p> - -<p>On entendi volentiers lors trettis, et lor furent acord, jur -et tenu, tout ensi conme il le vodrent avoir. Et se partirent mesires -Guillaumes de Qadudal et tout li compagnon que la contesse -i avoit envoiiet, car jamais ne se fuissent tourn Franois, de la -chit de Rennes, et cargirent toutes lors coses, sans riens laissier -derrire, et s'en alrent Hainbon deviers la contesse, qui moult -fu courouchie de ces nouvelles et ot pluisseurs imaginations, pour -tant que elle n'ooit nulles nouvelles de mesire Amauri de Clion, -et faisoit doubte que il ne pooit esploitier, pour tant que son mari -estoit tenus des Franois, et ne savoit se il estoit mors ou vifs. -F<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 165.</b> P. <a href="#Page_142">142</a>, l. 3: Quant la.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Quant la -cit de Rennes se fu rendue, ensi comme vous avs oy, et li bourgois -eurent fait le feault monseigneur Carlon de Blois, et il -eut pris le saisinne et le possession de tout et regard as ordounnanches -<span class="pagenum"><a id="Page_357"> 357</a></span> -de le cit, et fait reparer che qui desparet estoit par son -assault, si ot consseil ses amis de Franche quelle part il poroit -traire tout son host, pour mieux avant esploitier de reconqure -le remannant. Li conssaux se tourna ou qu'il se traisist par -devant le fort castiel de Hainbon, l o li comtesse et ses filz estoient; -car puisque leurs sirez li comte de Montfort estoit emprissonns, -se il pooit prendre le ville, le castiel et le comtesse et son -fil ossi, il aroit tost sa guerre affinne. Enssi fu fait. Si se traisent -tuit vers Hainbon, et assegirent le ville et le chastiel tout -autour tant qu'il porent par terre. La comtesse estoit si bien -pourveue de bons chevaliers et d'autres souffissans gens d'armes -qu'il couvenoit pour deffendre le ville et le castiel; ms toudis -estoit en grant souppechon dou secours d'Engleterre que elle atendoit, -et si n'en ooit nullez nouvelles. Ains avoit doubtance que -grans meschis ne leur fust avenus, ou par fortune de mer, ou -par encontre d'ennemis. Avoecques lui estoit en Hainbon li evesques -de Lion en Bretaingne, dont messires Hervis de Lion estoit -onclez, qui estoit de l'autre partie. Et si y estoit messires Yewez -de Tiegueri, li sires de Landreniaus, li doy frre de Pennefort, li -castelains de Guigant et pluiseur autre bon chevalier et escuier de -Bretaingne. Quant la comtesse et cil chevalier qui en Hainbon se -tenoient, entendirent que chil seigneur de Franche venoient pour -yaux assegier et que il estoient asss pris de l, il fissent coummander -que il sonnaissent le blancloque, et que chacuns s'allast -armer et allast sa deffensce, enssi que il estoit ordonnet. Et -chacuns obei sans contredit.</p> - -<p>Quant messires Carlez de Blois et li seigneur franchois furent -aprochiet de le ville de Hainbon et il le virent forte et bien breteskie, -il fissent leur gens logier et amanagier, enssi qu'il appartient, -quant on voelt faire sige. Aucun jouene et legiers compaignons -geneuois, espaignol et franchois allrent jusques as baillez -pour paleter et escarmuchier; et aucuns de chiaux de dedens yssirent -contre yaux, enssi que on fait souvent en telx besoingnes. -L eult pluiseurs hustins, et pardirent plus li Geneuois et Espagnol -qu'il n'y gaignirent, enssi qu'il avient souvent par lui follement -abandounner. Quant li soirs aprocha, chacun se retrai se -loge. L'endemain, li seigneur eurent consseil qu'il feroient au -matin assaillir lez baillez fortement, pour veoir le contenanche -de chiaux de dedens, et pour veoir se il y poroient riens concquester. -Au tierc jour dou sige durant, il s'armrent en l'ost et -<span class="pagenum"><a id="Page_358"> 358</a></span> -vinrent devant les murs, environ heure de prime. Si coummenchirent -ung assault trs fort et trs fier de traire et de lanchier -et de faire touttes appertises d'armes, et chil de d'ens yaux deffendre -de grant couraige. Et dura chilz assaux continuelment -jusques heure de nonne, que Geneuois et Espagnols, qui moult -s'abandonnoient, furent durement lasset et travilliet, et pluiseur -mort et navret. Si se retraissent pour le foule, et pour remettre -point lez blechis. Quant li seigneur de Franche virent leurs gens -retraire et enssi que refroidiz, si en furent durement coreciet. -Si fissent touttez mannierrez de gens retrre avant et yaux encoragier -et enhardir, et plus fort assaillir que devant; et chil de -dedens si s'efforchirent ossi dou bien deffendre. L estoit la -comtesse de Montfort toutte arme, monte sus un courssier, et -chevauchoit de rue en rue par le ville et semonnoit ses gens de -bien deffendre. Et faisoit les femmes de le ville, dammes et autrez, -deffaire les chauchies et porter les pires as cretiaux pour -jetter as ennemis; et faisoit aporter bombardes et pos plains de -vive cauch, pour plus ensonniier chiaux de l'ost. F<sup>os</sup> 66 v<sup>o</sup> et 67.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Ensi eurent messires Carles de Blois et li Franois -la chit de Rennes, et entrrent dedens grant joie. Et rechurent -li bourgois le dit mesire Carle duch et signeur et le -menrent l'eglise, et l jura solempnelment sus Saintes Ewangilles -que il les tenroit as us et as coustumes brettes; et tout devinrent -si honme. Si se rafresqirent quatre jours en la chit des -biens qui lor vinrent de sus le pais, et que il i trouvrent. Et -orent l li signeur consel ensamble o il se trairoient, ou devant -Vennes, ou devant Hainbon l o la contesse de Montfort estoit. -Consilliet fu que il iroient devant Hainbon, et encloroient la contesse -l dedens; et, se il le pooient conquerir, lor guerre seroit -fine. Si se departirent un jour de Rennes en grant conroi, et -s'en vinrent Hainbon; et l'asegirent par terre et environnrent -si avant que il porent, car au ls deviers la mer il ne pooient -bastir nul sige.</p> - -<p>La contesse estoit bien pourveue de ses amis, de chevaliers et -d'esquiers et de bonnes gens d'armes, les quels elle tenoit ses -gages Hainbon, ville et chastiel. La contesse se tenoit ou -chastiel, et ses gens en la ville. Avoecques la contesse de Montfort, -qant li Franois vinrent l, estoient mesires Ives de Tigeri, -li sires de Landreniaus, li chastellains de Ghingant, li doi frre -de Quirich, messires Henris de Pennefort et messires Oliviers, son -<span class="pagenum"><a id="Page_359"> 359</a></span> -frre, et li evesques de Lion en Bretagne, dou quel messires -Hervis de Lion, qui se tenoit avoecques messire Carle de Blois, -estoit oncles. Entrues que li Franois se logoient, li Geneuois et -li Espagnols, des quels mesires Loys d'Espagne, marescal de -l'oost mesire Carle, estoit chapitainne, voires avoecques lui mesires -Othes Dorie, alrent escarmuchier as barrires. Et l vinrent -chil de la garnison, qui vaillanment s'i portrent; et dura li -escarmuce jusques au soir que tout se retraissent as lors logeis. -A l'endemain, de rechief on vint as bailles lancier et escarmuchier; -et en i ot biaucop de blecis de une part et d'aultre. Et -entrues que li escarmuce estoit, on assalloit as murs pris que de -toutes pars, et chil de la ville se deffendoient vaillanment. La -contesse de Montfort, qui avoit coer d'onme et de lion, estoit arme -et monte sus un coursier, et amonestoit ses honmes de bien -faire. Et cevauoit de rue en rue, et faisoit par les fenmes et les -enfans deffaire les cauchies, et porter la pire et les calliaus sus -les murs, et servir ceuls qui se deffendoient. F<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_142">142</a>, l. 22: li evesques de Lyon.—<i>Mss. A 20 22</i>: oncle - messire (Hervi) de Lyon. F<sup>o</sup> 135.—<i>Tous les autres mss. A -et tous les mss. B donnent la mauvaise leon</i>: dont messires Hervis -de Lyon estoit neveus.</p> - -<p>P. <a href="#Page_142">142</a>, l. 26: Quirich.—<i>Mss. A 11 14</i>: Quintin. F<sup>o</sup> 86 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"> <b> 166.</b> P. <a href="#Page_144">144</a>, l. 7: Encores.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Or pours -or une trs grant emprise et ung mervilleux et outrageux fait -d'armes que ceste comtesse fist. Elle qui oncques ne cessoit d'aller -de l'un l'autre pour rencoragier sez gens, et ossi le fois -elle montoit en une haute tour dou castiel pour mieux aviser le -contenance de chiaux de l'ost, si regarda une fois que elle estoit -l monte, que tout li seigneur de France et touttez mannierrez -d'autrez gens estoient l'assault et entendoient si fort et si ententivement - l'assaillir, que tout li logeis estoient ensi que wuit -et sans garde. Que fist elle pour adamager chiaux de l'ost? Elle -requeilli environ trois cens compaignons et les fist monter cheval, -et se parti de Hainbon par une fausse postierne qui ouvroit -sus le mer, auquel endroit il n'y avoit adonc point d'assault; et -prist son tour tout autour de le ville par voies couvertez. Bien -avoit qui mener le savoit, et s'en vint ens s tentez et ens s -logeis de France, et se feri dedens vassaument, et fist ses gens -espardre en pluisseurs lieux; car nulz n'y estoit, qui leur pewist -<span class="pagenum"><a id="Page_360"> 360</a></span> -contredire, fors aucuns garchons et valls chetilz. L turent il, -et boutrent le feu mout vent ens s tentes et ens s logeis lez -seigneurs de Franche. Tantost li feux s'esprist grans et villains, -car li une tente ardoit l'autre, tant que li punaisie et li fumire -en descendoit sour chiaux qui l'assaut estoient. Quant li seigneur -de France virent leurs loges ardoir, et orent le hu et le -cri qui de celle part venoit, il furent tout esbahy et coururent -vers leurs logeis, en criant: Trahi! Trahi! Et ne demoura -nuls l'assault.</p> - -<p>Quant la dessus dite comtesse vit l'ost estourmir et de touttes -pars gens acourir, elle requeilla et rassambla ses gens bellement et -sagement, et perchut bien que elle ne poroit rentrer en le ville -sans trop grant perte. Si s'en alla ung autre chemin droit par deviers -le castiel de Braait, qui siet quatre lieuwes pris de l. -Quant messires Loeys d'Espaingne, qui estoit connestablez adonc -de toutte l'ost et qui ceste aventure avoit pris en grant despit, -quant il parfu venus as loges et il lez vit ardoir et flammer, et -la comtesse et sa gent qui s'en alloient quanqu'il pooient, il se mist -en cace apris yaux pour yaux raconssuiwir en criant son cor, et -chacuns sieuwi sa bannierre. Si furent durement enchauchis la -comtesse et li sien; et en turent aucuns qui estoient mal monts. -Et dura li cace jusquez Braait, o la comtesse et li sien se sauvrent -et boutrent; et lez requeillirent chil de laiens grant -feste.</p> - -<p>Quant messires Loeys d'Espaingne seult par les prisonniers que -pris en cette cache avoit, que c'estoit la comtesse qui che destourbier -li avoit portet et toutte l'ost, si fu durement courouchiz -de ce que elle li estoit escappe ensi. Si s'en retourna deviers -leur ost et compta as seigneurs que ce avoit estet la comtesse -de Montfort qui ceste envaye leur avoit fait: si en furent durement -esmervilliet li ung par l'autre coumment elle avoit oset entreprendre -tel fait, et li mettre en si grant aventure et en tel parti -d'armes. Se li tinrent li aucun outraige et folie, et li autre -proce et vaillanche. Se chil de dehors en estoient esmervilliet, -chil de dedens, ses gens meymmez, l'estoient plus; et ne pooient -apenser coumment la comtesse avoit tout ce adviset, ne oset entreprendre. -Mais il furent, le parfait dou jour et toutte la nuit -enssuiwant, en grant frichon et esmay de ce que la damme ne -nulx de ses compaignons ne retournoit: si n'en savoient que -pensser, ne quoy adviser; et se doubtoient que elle ne fuist prise, -<span class="pagenum"><a id="Page_361"> 361</a></span> -et toutte la compaignie qui avoecq lui yssi, ossi morte ou prise -au mieux venir. F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Encores s'avisa celle contesse de une trs -grande emprise que on li doit bien tourner vaillance, car elle -fist environ deus cens honmes des siens monter as cevaus, et puis -fist ouvrir une porte o nuls n'asalloit. Et se partirent, elle et ses -gens, et s'en vinrent par derrire bouter et fraper ens s logeis -des Franois, qui n'estoient pour l'eure gard que de varls et -garons, car tout honme d'armes entendoient l'asaut ou il le -regardoient. Qant la contesse fu l venue, elle fist bouter le feu -en plus de trente lieus. Li feus et la fumire s'eslevrent; la noise -et li cris conmenchirent lever. Chil qui asalloient, laissirent -tout quoi ester les assaus, et s'esmervilloient que ce pooit estre. -Et perdirent li signeur, par celle emprise et ce feu, grant fuisson -de lors chevaus et de lors pourveances.</p> - -<p>Messires Lois d'Espagne, marescaus de l'oost, fu auques li uns -des premiers qui retournrent sus les logeis, et entendi que la -contesse de Montfort avoit fait celle emprise. Il ne fu pas si couroucis -dou damage que il fu resjois de ce que la contesse estoit -hors de la garnison, et cria en hault: Or, tos as chevaus! Celle -fenme et sa route soient poursievoit! Jamais ne renteront en -Hainbon, ne en forterce qui soit en Bretagne: il sont nostre. -Aultrement ne poons nous avoir fin de gerre. Lors veissis -toutes gens haster et monter sus chevaus, et euls asambler dals -le marescal qui faisoit sonner ses tronptes grant effort pour requellier -ses gens; et prendoient le pas de la ville pour enclore la -contesse au dehors, ensi que il fissent. La contesse perchut bien -que point ne poroient rentrer en Hainbon. Si prist les camps et -dist ces gens: Chevauons viers Brest. La garnison est pour -nous. L serons nous receu. Il fissent ensi que elle ordonna, et -prisent le cemin de Brest, et estoient j moult eslongiet avant que -on s'en peruist en l'oost; car messires Lois d'Espagne et li Franois -avoient clos les pas et les rentres en Hainbon, la fin que -il fuissent au desus de la contesse et de ses gens. On vint dire et -nonchier mesire Lois: Sire, vous arests ichi pour noient; -la contesse et ses gens s'en vont viers Brest.</p> - -<p>Qant messires Lois d'Espagne o ces nouvelles, si dist: Apris! -apris! Lors veissis toutes gens desrouter et ferir l'esporon -apris la contesse. Ce jour furent li Franois bien ensonniiet, car -li auqun entendoient au cachier, et li aultre estaindre le feu qui -<span class="pagenum"><a id="Page_362"> 362</a></span> -se mouteplioit ens s logeis, qui lor fist grant damage de lors -chevaus, de lors harnas et de lors pourveances. Meismement li -auqun Franois disoient l'un l'autre: Ves la vaillant contesse, -et qui bien scet guerriier et a fait aujourd'ui une grande emprise, -issu de la ville de Hainbon, ars nostres logeis, fait cesser -l'asaut de devant Hainbon; et encores s'en va elle Brest, et -tout acomplira ces emprises sans son damage. Il disoient verit, -car onques mesires Lois d'Espagne ne sa route ne le peurent rataindre; -mais s'en vint bouter ou chastiel de Brest. Il i eut bien -auquns de ses honmes mal monts qui furent raconsievi sus le -cemin, et chil l demorrent prisonnier et en la volent de lors -ennemis.</p> - -<p>Trop fu mesires Lois d'Espagne courouchis qant il vei que -la contesse de Montfort li estoit escape et entre ou chastiel de -Brest. Si s'en retourna tout le pas. Tant estoient lor ceval essoufl -que jusques la grose alainne. Et vinrent li Franois as logeis -et trouvrent que on estoit moult ensonniiet de remetre point -tentes et trefs, et de faire nouviaus logeis de fuellies, et de envoiier -as pourveances Rennes et sur le plat pais, car les lors -estoient moult adamagies. Messires Lois d'Espagne, qant il fu -descendus et desarms, il se traist devant la tente de mesire Carle -de Blois. Et l estoient li contes de Blois, li dus de Bourbon, li -contes de Pontieu, li contes d'Eu, connestables de France, et li -sires de Chastellon; et ne se pooient taire parler de ceste contesse -de Montfort, de la hardie et outrageuse emprise que elle -avoit fait. Et qant messires Lois d'Espagne fu venus, encores li -demandrent il de la cace et conment elle li estoit escape. Il -respondi bien: Elle s'est sauve, et ses gens aussi, et bout -dedens le chastiel de Brest.—Or bien, respondirent il, puisque -elle est l, elle s'i tenra; et de tant est la garnison de Hainbon -afoiblie de force et de consel, car elle en a men avoecques -li biaucop de bonnes gens. Ensi se apaisirent il en l'oost et -passrent la nuit. Et avoient est le jour lass et travilliet, tant -pour le assaut qui fu grans, que de la cace que il avoient fait -apris la contesse, que de ce que il avoient est trop destourb -des logeis auquns que on lor avoit ars; et ne se doubtoient de -nului, car il sentoient la contesse Brest, si ques sus la fiance -de ce il dormirent la nuit et la matine plus longement. F<sup>o</sup> 80.</p> - -<p>P. <a href="#Page_144">144</a>, l. 12: tout cil de l'ost.—<i>Ms. B 6</i>: except les -garons qui gardoient les chevaus. F<sup>o</sup> 201.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_363"> 363</a></span> -P. <a href="#Page_144">144</a>, l. 16: trois cens.—<i>Ms. B 6</i>: cent. F<sup>o</sup> 144.</p> - -<p>P. <a href="#Page_144">144</a>, l. 21: arses.—<i>Ms. B 6</i>: car bien le tiers de leur -trs et pavillons fust tout ars. F<sup>o</sup> 201.</p> - -<p>P. <a href="#Page_145">145</a>, l. 4: trois liewes pris de l.—<i>Mss. A 11 14</i>: - quatre lieues prs de l. F<sup>o</sup> 87.—<i>Mss. A 1 7, 18 33</i>: -qui siet assez prs de l. F<sup>o</sup> 90.</p> - -<p>P. <a href="#Page_145">145</a>, l. 24: quisenon.—<i>Mss. A 1 6, 15 19</i>: cuisanson, -cuisanon. F<sup>o</sup> 90 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 11 14, 20 33</i>: mesaise, -malaise. F<sup>o</sup> 87.</p> - -<p class="space"><b> 167.</b> P. <a href="#Page_145">145</a>, l. 28: A l'endemain.—<i>Ms. d'Amiens</i>: -Quant ce vint l'endemain, li seigneur de France, qui avoient -perdut lors tentez et lors pourveanchez, eurent consseil que il se -logeroient de arbres et de foeillies plus pris de le ville, et qu'il -se maintenroient plus sagement. Si se allrent logier grant -painne plus pris de le ville, et disoient en gabois chiaux de le -fortrche: Als, seigneurs, alls requerre vostre comtesse. -Certez, elle est perdue, vous ne le trouvers en piche. Quant -chil de Hainbon, gens d'armes et autrez, orent tels parollez, il -furent esbahit et eurent grant paour que grans encombriers ne -fust avenus la damme. Si ne savoient que croire, pour tant que -elle point ne revenoit, ne n'en ooient nulles nouvelles. Si demourrent -en tel paour et en tel esmay de leur damme par l'espasse -de cinq jours.</p> - -<p>Or vous diray de la comtesse de Montfort quelle cose elle fist. -Se elle avoit fait une felle emprise, encorres, ce me samble, fist -elle ossi perilleuse. Et sachiz que l o elle estoit ens ou castiel -de Braait, elle n'estoit point se aise, pour tant que elle penssoit -bien que ses gens de Hainbon ne savoient point que elle estoit -devenue. Si s'avisa que elle metteroit tout pour tout et que, se -elle estoit yssue d'un peril, encorres ysteroit elle dou second. Si -se pourcacha tant que elle ot bien cinq cens compaignons arms -et bien monts; puis se parti de Braait entour le mienuit, et s'en -vint droit au point que li sollaux se live, chevauchant, l'un -de(s) cost(s) de l'ost. Et envoya devant Hainbon et fist ouvrir -le porte, et entra ens grant joie et grant son de trompes et -de naquairez et de cornemuses: de quoy li hos des Franchois fu -durement estourmis. Si se fissent tout armer et coururent par -deviers le ville pour assaillir, et chil de dedens as fenestres pour -le deffendre. L commencha grans assaux et fors, qui dura jusques -<span class="pagenum"><a id="Page_364"> 364</a></span> - haulte nonne; ms toudis y mettoient plus chil de dehors -que cil de dedens.</p> - -<p>Environ l'eure de nonne, li seigneur fissent cesser d'assaillir, -car leurs gens se faisoient tuer et navrer sans raison; si se retraisent - lors logez. Et eurent, quant tout furent retret, li seigneur -consseil que messires Carlez de Blois, li dus de Bourbon, messires -Jaquemes de Bourbon, li comtez Loeis de Blois, li comtez -d'Auoire, li comtes Raoulz d'Eu, li comtes de Ghines, sez filz, li -marescaus de France, messires Robers Bertrans, messires Carlez -de Montmorensi, messires Ghuis de Cantemarle, li sires d'Avaugor -et grant fuison d'autres seigneurs et leurs gens yroient devant -(le) chastiel d'Auroy, que li roys Artus fist fonder. Et messires Loeis -d'Espaingne, li viscomtez de Rohem, li sires d'Ansenis, li sires de -Tournemine, li comtes de Joni, li sires de Rais, li sires de Rieus, -li sires de Gargoule, messires li Ghalois de le Baume, messires -Othes Doriie, messires Carlez Grimaus et tous li remannans dez -Geneuois et d'Espagnols demorroient devant Hainbon; et manderoient -douze grans enghiens qu'il avoient laissiet Rennez, pour -jetter le ville et au castiel de Hainbon; car il veoient bien qu'il -ne le poroient gaegnier, ne pourfiter l'assaillir. Si ques il fissent -deux hos: s'en en demora li une devant Hainbon, et li autre -en alla assegier le castiel d'Auroy qui est moult fors; et bien -pourveus estoit adonc de gens d'armes et de touttez pourveanchez. -Et l'avoit la sepmainne (devant) la comtesse de Montfort -rafreschi de gens d'armez et envoiiet deux vaillans chevaliers, en -qui mout se fioit, pour gardiien et cappittainne dou dit fort: c'estoit -messires Henris de Pennefort et messires Oliviers, ses frrez. -F<sup>o</sup> 67.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Se la contesse de Montfort avoit fait, ce jour -que elle issi hors de Hainbon, une hardie emprise, et que elle -vint en Brest, encores fist elle parellement une aultre moult aventureuse. -Et li signeur de France ne furent pas bien conselli qant -il sentoient que elle estoit hors, et il ne missent enbusques sur li, -dont depuis il s'en repentirent. Je vous dirai cause pourquoi. Qant -la contesse fu venue en Brest, elle et ses gens mengirent et -burent moult legierement, et dormirent environ trois heures. Et -qant il se furent rafresqi euls et lors chevaus, la contesse les fist -resvillier et apparillier et armer, et prist encores jusques cent -compagnons de ceuls de Brest, et fist l laissier tous les foibles -cevaus et renouveller d'aultres. Et partirent de Brest, la contesse -<span class="pagenum"><a id="Page_365"> 365</a></span> -tout devant, sus le point de mienuit; et chevauchirent les bons -galos le cemin de Hainbon. Et disoit ensi la contesse en cevauchant: -Ma bonne gent de Hainbon sont, je le sai bien, -grant malaise de moi. Il fault que je les reconforte et que nous -rentrons en la ville, et je vous aprenderai conment. Quant nous -deverons aprochier la ville et l'oost, li une part des nostres iront -estourmir et resvillier l'oost, et li aultre s'adrecera droit Hainbon -et fera ouvrir les bailles, avaler le pont et ouvrir la porte. -Et sitos que li hoos se conmencera estourmir, il se retrairont -tout bellement, et nous les atenderons devant les barrires; et -ensi petit petit il renteront, et nous aussi, dedens Hainbon.</p> - -<p>Ensi que la contesse de Montfort ordonna, il fu fait. Qant il -orent cevauchiet depuis que il se furent departi de Brest, il vinrent -droit sus le point dou jour asss pris de l'oost et de Hainbon. -Il ordonnrent messire Guillaume de Qadudal et mesire Ivon -de Tigri, deus cens honmes, aler escarmuchier et resvillier -l'oost; et la contesse et le demorant venroient, entrues que on -ensonnieroit les Franois, as bailles, et les feroient ouvrir. Lors -s'en vinrent li doi chevalier et lor route sus l'oost; et entrues la -contesse et li aultre prissent un vis chemin herbu, qui s'adreoit -droit sus les fosss. Ces deus coses furent faites tout une fois. -Li hoos resvillie l'un des corons, et entrues que li estourmie se -conmena eslever, chil de d'ens orent congnisance que lor dame -estoit la porte, car celle nuit tout chil de Hainbon velloient et -estoient trop esbahi et desconfort de lor dame la contesse. Qant -il entendirent que elle estoit si pris de euls, si furent resjoi grandement, -et avalrent le pont et ouvrirent la porte et puis les barrires. -Tout descendirent et missent lors chevaus dedens la ville, -et puis s'ordonnrent en atendant lors gens qui revenoient et qui -avoient estourmi l'oost; et ne furent adonc de nului poursievi, -et rentrrent tout dedens la ville et le chastiel de Hainbon. Qant -ce vint au matin, li Franois orent bien congnissance que la contesse -de Montfort estoit retourne; si tinrent son fait et son emprise - trs grant vaillance. Et dissent li signeur entre euls que -li diables portoient celle contesse. F<sup>o</sup> 80 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_146">146</a>, l. 14: se parti.—<i>Ms. B 6</i>: au tierch jour. F<sup>o</sup> 202.</p> - -<p>P. <a href="#Page_146">146</a>, l. 17: entra.—<i>Ms. B 6</i>: plainne nonne. F<sup>o</sup> 202.</p> - -<p>P. <a href="#Page_147">147</a>, l. 11: ala.—<i>Ms. B 6</i>: Sy se departirent tout deux -mille homes cheval et quatre mille piet, geneuois et autres; -et s'en vinrent devant le chastiel d'Auroy et le assegrent. F<sup>o</sup> 202.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_366"> 366</a></span></p> - -<p class="space"><b> 168.</b> P. <a href="#Page_147">147</a>, l. 15: le chastiel d'Auroy.—<i>Ms. d'Amiens</i>: -Quant messires Carlez de Blois parfu venus toutte se host, il -le assiega (le chastiel d'Auroy) tout environ, et fist envoiier dire - chiaux de dedens que il se voisissent rendre, et il leur pardonroit -son mautalent; et feroit chiaux de Pennefort otel pourfit, -tous les ans, qu'il avoient de par la comtesse, ou plus grant, et -lez retenroit de son consseil. Il n'eurent mies accord ne volent -dou faire; et respondirent qu'il estoient trop fort loiiet et acouvenenchiet - leur seigneur que on tenoit en prison, ossi leur -damme, et que il se travilloient en vain, qui de nul traitiet leur -parloi(en)t. Dont dist messires Carlez de Blois que jammais de l -ne partiroit si lez aroit sa vollent, et fist le castiel fortement -assaillir par pluiseurs fois. Ms peu y gaegnirent li assallant, car -cil dou castiel estoient bien trois cens compaignons tous arms, -et si avoient bonne cappittainne dont il valloient le mieux; et -quoyque cil d'Auroy se deffendesissent si bien, si estoient il souvent -assaillit et escarmuchiet.</p> - -<p>A quattre lieuwes pris d'Auroy, siet la bonne cit de Vennez -qui se tenoit fortement le comtesse; et en estoit messires -Joffroy de Malatrait cappittainne, gentil homme et vaillant durement. -D'autre part siet la bonne ville de Dinant en Bretaingne, -qui n'estoit freme fors de fosss et de palis. Si en estoit cappitainne -de par le comtesse de Montfort uns durement vaillant -homs, que on clammoit le castelain de Ghinghant; ms il estoit -assis adonc dedens Hainbon avoecq la dessus ditte comtesse. Si -avoit laissiet Dinant, son hostel, medamme sa femme et ses fillez, -et avoit laissiet cappittainne en lieu de lui monseigneur Renault, -son fil, vaillant baceler et hardi homme durement.</p> - -<p>Entre ces deux bonnes villez de Vennes et (de) Dinant, seoit -uns trs fors castiaux qui se tenoit monseigneur Carle de Blois. -Et nomme hom le dit castiau le Rocheperiot, trs fort lieu durement; -ne oncques li comtez de Montfort ne le peut prendre par -assault, ne par traitiet. Et l'avoit li dis messires Carlez (de -Blois) fait bien garnir de gens d'armes et de saudoiiers, qui tout -estoient bourghignon. Si en estoit souverains d'iaux ungs vaillans -escuiers et asss jonez, que on clammoit Gerart de Malain; et -avoit avoecq lui ung hardi et bon chevalier, que on clammoit messire -Pire Portebuef. Chil doi cappittainne de Rocheperiot avoecq -leurs compaignons honnissoient et gastoient tout le pays de l entours; -et destraindoient si ouniement la chit de Vennes et la -<span class="pagenum"><a id="Page_367"> 367</a></span> -bonne ville de Dynant, que nulle pourveance ne marchandise ne -pooit entrer ne venir, fors que en grant peril sus grant aventure. -Car il chevauchoient ung jour par deviers Vennes, l'autre -jour par deviers Dinant; et estoient si cremut et si redoubtet ou -pays, que l environ on ne parloit d'autre garnison fors que de -Rocheperiot. Tant allrent et tant chevaucirent de l'un l'autre, -que li jones bachelers messire Renaux de Ghinghant fist ung soir -embusche sur yaux. Et par une matine, enssi que il avoient chevauchiet -deviers Dinant, et avoient rus jus bien vingt quatre -marcheans et les enmenoient prisonniers en leur fortrce, messires -Renaulz leur vint sus elle toutte sen enbusche et se feri en -yaux vassaument; et se porta si bien et chil qui avoecq lui estoient - ce donc, que il desconfissent messire Pire Portebuef et -Gerart de Malain et tous les Bourghignons qui avoecq lui estoient, -et rescouissent lez marcheans et enmenrent les deus cappittainnes -prisonniers et bien vingt cinq des leurs en le ville de Dinant en -Bretaingne, o il furent recheu grant feste. Ceste nouvelle resjoy -moult chiaux de Vennez et dou pais environ, et en fu li dammoisiaux -messires Renaus durement prisiz. Or lairay parler de -ciaus de Dinant, de Vennez et de Rocheperiot. Si parleray dou -sige de Hainbon et de monseigneur Loeis d'Espaingne, ossi de la -comtesse de Montfort.</p> - -<p>Vous devs savoir que messires Loeys d'Espaingne, qui souverains -estoit de l'host qui se tenoit devant le ville et le castiel de -Hainbon, mettoit grant advis et parfaite entente conqure la -garnison dessus ditte; et de soy meysmes il estoit bons chevaliers, -hardis, seurs et entreprendans; et pour ce l'avoit monseigneur -Carle de Blois fait connestable de toutte sen host, et y ajoustoit -grant foy, et y tenoit bon linage. Si avoit li dis messires Loeys -d'Espaigne fait amener et acariier douze grans enghiens de le cit -de Rennez et fais drechier devant Hainbon, liquel jettoient si ouniement -as murs de le ville que tous lez debrisoient et deffroissoient -et moult empiroient la fremmet: si que cil de dedens s'en -coummenchoient esbahir et doubter le peril o il sejournoient. -Si avoient vollent de faire acord, car il ne veoient nul secours -venir, ne de monseigneur Amauri de Clichon n'entendoient nullez -nouvellez. Dont il avint que li evesquez messires Guis de Lion, -qui estoit onclez monseigneur Hervi de Lion, parla ung jour au -dit monseigneur Hervy, son nepveult, par asseuration; et moult -longement parlementrent enssamble d'une raison et d'autrez. Et -<span class="pagenum"><a id="Page_368"> 368</a></span> -se porta leurs parlemens que li dis evesquez devoit pourcachier -ses compaignons que le ville de Hainbon seroit rendue par accord - monseigneur Loeis d'Espaingne el nom de monseigneur Carlon -de Blois; et li dis messires Hervis devoit pourcachier, d'autre -part, que tout chil de dedens seroient appaisis quittez et lieges -au dit monseigneur Carlon, et ne perderoient riens de leur avoir. -Enssi se parti chilz parlemens. Depuis, li evesques Guis de Lion -rentra en le ville de Hainbon pour parler as autres chevaliers et -compaignons.</p> - -<p>La comtesse se doubta tantost de mauvais pourcach; si pria -ces seigneurs de Bretaingne que pour Dieu il ne fesissent nulle -deffaulte, car elle avoit esperance en Nostre Seigneur que elle -aroit grans secours dedens troix jours. Li chevalier, qui l estoient, -avoient pit de la damme. A envis le falloient, et dur ossi -leur estoit de perdre cors et avoir. Nonpourquant il disent adonc -ensi la comtesse pour elle reconforter, que elle ne se doubtast -de riens, car j ne feroient nul tretiet que elle ne sewist bien; et -se au fort il se rendoient, se le metteroient il hors et son fil, en -quelle fortrche de Bretaigne que elle vorroit, qui pour lui se tenoit, -ou il l'acorderoient de tous poins monseigneur Carlon de -Blois. Enssi se rappaisa ung peu la comtesse. Ms depuis li evesques, -en le absence de lui, parla as compaignons et as seigneurs, -et leur moustra tant de raisons que il lez mist en grant effroy -celle nuit. A l'endemain encorrez recoummencha il son sermon -as chevaliers de Bretaingne; et les avoit j telz mens que il estoient -auques priz de son accord. Et regardoient coumment entre -yaux et par honneur il se pooient acquitter de la comtesse, -qui il avoient juret feault; car se elle n'ewist l estet adonc -avoecq yaus, sans faulte il ewissent rendut le ville.</p> - -<p>Entroex, comme il estoient en ce traitiet et en ce pourcach, et -j estoit messires Hervis de Lion, sus asseuranche que il avoient -li ung l'autre, venus asss pris de le ville pour parlementer -yaux, la comtesse, qui estoit en grant soussi de coer, estoit monte -ou plus hault d'une tour dou castiel et regardoit en le mer -par une petite fenestre. Si commena criier et faire grant -joie, et disoit tant qu'elle pooit: Je voy venir secours, biaux -Dieux! que j'ay tant desiret. Par deus fois le dist elle enssi. La -vois de la damme fu entendue: si courut chacuns dou castiel as -fenestres, qui mieux pot, savoir que c'estoit, et chil de le ville as -creniaux des murs, pour veoir de quel part ces nouvellez venoient; -<span class="pagenum"><a id="Page_369"> 369</a></span> -et virent tout clerement grant fuison de naves, petitez -et grandez, bien batilliez, venir par deviers Hainbon, dont -chacuns fu durement reconfortz. Car bien tenoient que c'estoit -messires Amauris de Clichon qui amenoit che secours d'Engleterre, -dont vous avs chy dessus oy parler, qui par soixante -jours avoit eu vent contraire et fortune trs perilleuse. F<sup>os</sup> 67 v<sup>o</sup> -et 68.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Qant messires Carles de Blois vei que riens il -ne conqueroient asallir Hainbon, si en fu tous merancolieus. Et -furent li signeur ensamble en consel conment il se maintenroient. -Consilliet fu que il departiroient lor hoost en deus parties: li une -des pars demor(r)oit devant Hainbon; et li aultre, en la compagnie -de mesire Carle, iroient metre le sige devant Auroi. Si se departirent -en la route et compagnie de mesire Carle tout chil qui -nonmet i furent, et vinrent devant Auroi et l'asegirent. Mais li -chastiaus est fors, et ne fait pas prendre par assaut; et pour -lors il estoit bien pourveus de chapitainne et de bons compagnons -que la contesse i avoit envoiis, liquel n'avoient nulle volent de -rendre par tretti ne aultrement.</p> - -<p>A quatre lieues de l sciet la chit de Vennes, qui est forte -asss, et toute en l'obeissance de la contesse. Et en estoit pour -lors chapitainne, messires Jeffrois de Malatrait; et li sires de -Malatrait, ses cousins, estoit en la route de mesire Carle de -Blois.</p> - -<p>D'autre part sciet la vile de Dignant en Bretagne, qui pour -lors n'estoit freme que de fosss et de palis; et en estoit chapitainne -li chastelains de Ghinghant, mais pour lors il n'i estoit -point. Avant se tenoit en la garnison de Hainbon avoecques la -contesse de Montfort, mais il avoit sa fenme et ses filles en son -hostel laissiet en la ville de Dignant; et avoit un fil chevalier -que on nonmoit mesire Renault, et estoit de sa jonce moult -vaillans homs. Entre ces deus villes de Vennes et de Dignant a -un fort chastiel, lequel on nonme Roceperiot; et se tenoit pour -lors mesire Carles de Blois, liquels l'avoit pourveu de bons -compagnons bourgignons. Et en estoit chapitains uns esquiers de -Bourgongne que on clamoit Gerart de Malain, et avoit avoecques -lui un chevalier que on nonmoit messire Pire Portebuef. Chils -Gerars de Malain et li chevaliers avoecques lors compagnons -honnisoient tous le pais, et chevauoient priesque tous les jours -une heure destre, l'autre senestre. Et ne pooient pour euls -<span class="pagenum"><a id="Page_370"> 370</a></span> -pourveances nulles entrer ne venir Vennes ne Dignant, que -chil qui les menoient ne fuissent rus jus, et les pourveances -conquises. Dont moult en anoioit au jone chevalier mesire Renault -de Ghingant; et li tournoit, ce li estoit vis, grant blame, -pour tant que il avoit la carge de la garde de la ville de Dignant. -Et tant pensa sus que il i pourvei et prist un jour, par une enbusque -que il pourjeta sus les camps, le dit Gerart de Malain et -vingt cincq Bourghignons, et les enmena prisonniers en la ville -de Dignant, et rescoui quinze marceans que li Bourgignon enmenoient -prisonniers en la Roceperiot. Et de ce fait fu li dis messire -Renauls moult los et moult prisis.</p> - -<p>Je me tairai un petit de ces Bourgignons et de mesire Carle -de Blois qui avoit assegiet le chastiel d'Auroi, et parlerai de mesire -Lois d'Espagne et de ses gens, liquel avoient assis, ensi que -vous savs, la contesse de Montfort dedens Hainbon. Et avoient -li Franois fait carpenter et ouvrer grans enghiens, et fait venir -aultres enghiens de Rennes et de Nantes et drechiet devant la -ville de Hainbon, liquel continuelment jettoient contre les murs, -les tours et les portes, pires de faix, et travilloient durement -ceuls de Hainbon. De quoi chil qui dedens estoient, li auqun se -conmenchirent esmaiier, car seqours ne lor aparoit de nul -cost. Dont la contesse de Montfort estoit en grande angousse de -coer, et menoit ses gens de douces paroles, et lor prioit pour -Dieu que il ne fesissent nul tretti senestre, car disoit la contesse: -Bonnes gens et mi bon ami, li corages me dist que nous auerons -proainnement bonnes nouvelles d'Engleterre; et retourne -messires Amauris de Clion, qui amainne le secours que nous desirons -tant avoir et veoir.</p> - -<p>Nonobstant toutes ces douces paroles et amiables que la contesse -lor disoit et remoustroit, li evesques de Lion en Bretagne, -qui se nonmoit messires Guis, et qui estoit oncles mesire Hervi -de Lion liquels estoit au sige l devant Hainbon, parla un jour -sus asegurances son neveu. Et se portrent lors tretis que ils -et auquns chevaliers et esquiers qui l dedens estoient enclos, se -departiroient de la contesse, et se venroient rendre mesire Lois -d'Espagne qui representoit pour lors le corps mesire Carle de -Blois.</p> - -<p>La contesse, qui vivoit en grant angousse de coer et double -anoi, qant elle senti que ses gens qui loiaument l'avoient servi -jusques chi, voloient faire auquns mauvais trettis ses ennemis<a id="FNanchor_407" href="#Footnote_407" class="fnanchor"> [407]</a>.... -<span class="pagenum"><a id="Page_371"> 371</a></span> -et issi hors de son chastiel, et vint en la ville parler -euls, et lor pria en plorant que il ne vosissent avoir nul pactis as -Franois. Li auqun en orent pit et dissent: Dame, ce que nous -l'avons, c'est pour ce que nous faisons doubte que vous n'aiis -nul seqours d'Engleterre, ou que il ne soit mesceu mesire -Amauri de Clion, par quoi il n'a point fait vostre mesage, car il -sourviennent sus la mer trop de perils et de fortunes. Et quel -traitti que nous faisons ne ferons, nous vous jurons que vous sers -garde de vostre corps, et demorrs chi en ce chastiel ou ailleurs -en plus forte place, l o il vous plaira, et au sourplus -nous vous donnons pourveance chienq jours. L en dedens pueent -avenir moult de coses.—Vous dites verit, respondi la contesse, -et grant merchis. Donc retourna elle amont ens ou chastiel, -moult angousouse de coer, et bien i avoit raison.</p> - -<p>Avint que, au tierch jour apris que ces paroles orent est, la -contesse estoit leve moult matin. Si regarda en la mer un petit -apris solel levant, et vei flamboiier grant fuisson de voilles en -nefs, et c'estoit la navie d'Engleterre qui venoit. Et plus atendoit -la contese, et plus aprooient ces nefs et ces balenghiers; et -qant elle vei ce et ces banires et ces estramires flamboiier et -venteler, de joie elle se laissa ceoir. Ses gens qui estoient dals -li, le relevrent. Et qant elle parla, elle dist: Or tos descends -en la ville; nonchis ces nouvelles ces chevaliers. Vechi le -secours d'Engleterre qui nous vient. Tantos on fist le conmandement -de la contesse. F<sup>os</sup> 79 v<sup>o</sup> 81.</p> - -<p>P. <a href="#Page_147">147</a>, l. 30 et 31: D'autre part.—<i>Mss. A 30 33</i>: -D'autre part siet la bonne ville de Guignant en Bretaigne, dont le -chastelain de Dignant estoit gardien. F<sup>o</sup> 153 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 23 -29</i>: D'aultre part siet la bonne ville de Dignant en Bretaigne, -dont le sire de Dignant estoit chastelain et gardien. F<sup>o</sup> 106.</p> - -<p>P. <a href="#Page_148">148</a>, l. 9 et 10: chastiaus.—<i>Ms. B 6</i>: que on apelle la -Rochepierot. F<sup>o</sup> 203.</p> - -<p>P. <a href="#Page_148">148</a>, l. 14: de Malain.—<i>Ms. B 6</i>: et avoit en sa compaignie -soixante compaignons. F<sup>o</sup> 203.</p> - -<p>P. <a href="#Page_148">148</a>, l. 15: chevalier.—<i>Ms. B. 6</i>: de Prouvenche. -F<sup>o</sup> 203.</p> - -<p>P. <a href="#Page_148">148</a>, l. 18: Vennes.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 20 22</i>: -Rennes. F<sup>o</sup> 91.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_372"> 372</a></span> -P. <a href="#Page_148">148</a>, l. 25: Renaulz de Gingant.—<i>Mss. A 1 6, 11 -14, 18 22</i>: les prist un embuschement et les conquist tous -par son sens et par sa prouesse, lui vingt cinquime de coureurs -compaignons, et rescouy quinze marchans tout leur avoir qu'ilz -avoient pris et les emmenoient tous Dignant et par devers leurs -garnisons qui se tenoient Rocheperion. F<sup>o</sup> 91.</p> - -<p>P. <a href="#Page_149">149</a>, l. 2: grant joie.—<i>Ms. B. 6</i>: Sy demoura messire -Pierre Portebuef castelain de Rocheperoit. F<sup>o</sup> 204.</p> - -<p>P. <a href="#Page_150">150</a>, l. 12: secours.—<i>Ms. B 6</i>: Le roy (d'Engleterre) -qui ne veult pas oublier la contesse (de Montfort), y envoia mesire -Gautier tout trois cens lanches et six cens archis. Mais il -eurent sur mer trop grant fortune, par quoy il y furent plus de -quarante jours. Cils secours vint trop grandement point la -contesse, car ses gens estoient en vollent de eulx rendre aux -Franchois, et en avoit port le traitiet messire Hervy de Lion, et -se fussent rendus dedens trois jours. Ensy estoit yl acords quant -mesire Gautie(r) de Maury vint et en sa compaignie mille combatans, -entrer plaine voille ou havre de Hainbon. F<sup>o</sup> 204.</p> - -<p class="space"><b> 169.</b> P. <a href="#Page_150">150</a>, l. 23: Quant li chastellains.—<i>Ms. d'Amiens</i>: -Quant li castelains de Ghinghant, messire Yves de Tigueri, messires -Gallerans de Landreniaux, li doy frre de Quirich et li -autre chevalier et compaignon perchurent che secours venir, il -disent l'evesque qu'il pooit bien contremander son parlement; -car point n'estoient conssilliet de faire chou qu'il leur enhortoit. -Li evesques de ceste responsce fu durement courouchis -et dist: Seigneur, dont se partira nostre compaignie, car vous -demours dech par deviers madamme; et je m'en yrai par del -deviers celui qui plus grant droit i a, ce me samble, qu'elle n'ait. -Adonc se parti li evesques Guis, de Hainbon, et deffia le damme -et tous ses aidans; et s'en alla renonchier au dit monseigneur -Hervi et dist la besoingne, enssi comme elle alloit. Li dis messires -Hervis fu durement courouchiz de ce qu'il avoit fallit son -propos. Si fist tantost drechier le plus grant enghien qu'il avoit, -au plus pris dou castiel qu'il pot; et coummanda que on ne cessast -de getter par jour, ne par nuit, puis se parti de l. Si enmena -son oncle le dit evesque de Lion par deviers monseigneur -Loeis d'Espaigne, qui le rechupt bon gret et liement. Ossi fist -messires Carlez de Blois, quant il fu l venus.</p> - -<p>La comtesse de Montfort fist lie chire appareillier salles, cambres -<span class="pagenum"><a id="Page_373"> 373</a></span> -et hostelz pour herbregier aisiement ces seigneurs d'Engleterre -qui l venoient, et envoya contre yaux moult noblement. -Quant il furent venut et descendut, elle meysmez vint contre -yaux grant reverence. Et se elle lez festia et requeilla liement -et grandement, ce ne fait point demander, car leur venue li -estoit moult belle, pour tant que li chevalier de Bretaingne, qui -avoecq lui se tenoient, se fuissent tournet d'autre part. Et ossi -ewist fait la ville: il estoit j tout ordonnet, si ques je di que ce fu -pour elle une belle aventure, et qui li vint bien point. La comtesse -de Montfort, pour mieux festiier et plus aisiement les chevaliers -d'Engleterre qui l estoient venut, monseigneur Ghautier -de Mauni et les aultrez, les enmena ou castiel et leur delivra -cambres et officines, tant que leur hostel en le ville furent tout -bien ordounnet, et leur donna disner grandement et bellement.</p> - -<p>Or avint que moult tost apris disner, messires Gautier de -Mauny dist que il avoit grant vollent d'aller veoir ce grant enghien, -qui si pris estoit assis dou castiel; et demanda as chevaliers -bretons qui l estoient aucuns couvenans de chiaux de l'ost, -et il en respondirent ce qu'il en savoient. Adonc leur demanda -messires Gautiers de Mauni se il le sieuroient, car il le volloit -aller abattre; et il li dissent: Oil, vollentiers, et que on ne -le devoit mies fallir ceste premierre envaie. Si s'armrent li -chevalier et li escuier sans point d'arrest, messires Gautiers de -Mauni, messire Franck de Halle, messires Gerars de Baudresen, -li doy frre de Lindehalle, li Haze de Braibant, li sires Despensiers, -messires Jehans li Boutilliers, messires Hues de Hastinghes, -messires Jehans de Lille, li sirez de Ferrirez, messires Olivier -de Cliffort, messire Thummas Kok, messires Pirez de Baucestre, -messires Alains de Sirehonde et li chevalier et li escuier d'Engleterre. -Et ossi fissent li chevalier de Bretaingne, messires Amauris -de Clichon, messires Yeves de Tigueri, li castellains de Ginghant, -li sirez de Landreniaus et tout li autre. Nuls ne demoura derire, -fors que pour le ville garder et yaux attendre. Et fissent tant -seullement aller avoecq yaux trois cens archers, puis yssirent -hors ordonneement par le porte, et fissent passer devant les archers -tout en trayant. Tant trayrent li archer qu'i(l) missent en -voiez chiaux qui l'enghien gardoient. Et les gens d'armes qui venoient -apris ces archers en ocissent aucuns, et vinrent jusquez -che grant enghien, et copprent la flce et l'abatirent par terre, -<span class="pagenum"><a id="Page_374"> 374</a></span> -et puis le detaillirent tout par piches; puis coururent de randon -jusquez as tentes et loges, et boutrent le feu dedens. Si y fissent -ung grant escart, et turent pluiseurs de leurs ennemis, ainschois -que li hos fuist estourmis; et puis se retraissent bellement arrire. -Et leur sambla qu'il en avoient asss fait pour ce jour: si -s'en revinrent deviers le ville.</p> - -<p>Quant li hos fu estourmis et chacuns armz et montz cheval, -messires Loeys d'Espaigne, li viscomtez de Rohem, messires -Hervis de Lion, li sirez de Biaumanoir, li sirez de Tournemine, li -sirez d'Ansenis, li sirez de Rays, li sires de Rieus, li Gallois de -le Baume (vinrent accourant) et chacuns qui mieux mieux apprs -et en criant: Enssi n'en irs vous mie. Quant messires Gautiers -de Mauni se vit si fort poursuiwis et encachis de ses ennemis, -si en ot grant virgoingne et dist tout en hault: Jammais -ne soie jou salluz de ma chire amie, se jammais rentre en forterche -jusqu' donc que j'aray l'un de ces venans versset -terre, ou j'y seray verssz. Adonc se retourna li chevaliers, le -glaive ou poing, par deviers les ennemis. Ossi fissent li doy frre -de Linedale, messires Francq de Halle, li Haze de Braibant, messires -Yves de Tigueri, li sires de Landreniaus et pluiseurs autres, -qui ne vorent mies fallir leur cappitainne. L eult ung trs dur -encontre, car chacun de ces chevaliers franchois et englz de -leurs glaivez assisent li ungs sur l'autre. Si en y eut des pluisseurs -reverset par terre, de l'un costet et de l'autre. Apris les -glaives falliez, il sachirent les espes et se combatirent vaillamment -et radement, et en y eut pluisseurs mors et navrz. Touttez -foix, chil de l'host estoient plus grant fuisson que chil de d'ens ne -fuissent. Si retournrent li Englz sagement deviers le fortrche. -Devant lez baillez y eut bonne escarmuche, mainte belle appertise -d'armes faite, mainte prise et mainte rescousse. Si rentrrent -chil de d'ens en leur fort petit de dammaige. Et li Franchois -retournrent leurs logeis, tout courouchiet de leur enghien qui -estoit abatus, et si ne le pooient amender. Ensi se porta ceste -premierre besoingne. F<sup>o</sup> 68.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Qant li chevalier furent enfourm de ces nouvelles, -il montrent amont et veirent tout clerement que c'estoit -verit, et que bien avoit siis vint voilles en la compagnie. La -gette dou chastiel d'amont conmena de la trompte mener -noise et grant solas, et tant que chil de l'oost s'en perchurent. Li -chevalier et li esquier, qui en treti estoient deviers les Franois, -<span class="pagenum"><a id="Page_375"> 375</a></span> -dissent l'evesque Gui de Lion: Sire, vous avs men les -trettis et les paroles ceuls qui nous ont asegis. Confors nous -vient d'Engleterre, et nous avons nos fois et nos sieremens enviers -madame; se li tenrons. Regards quel cose vous vols faire, car -il est heure que vous i renonchis, ou que vous i faites renoncier. -Li evesques s'estoit si fort loiis par les paroles de son -cousin, mesire Hervi de Lion, enviers les Franois que il ne -pooit requler, ne ne voloit aussi; si dist: Signeur, je ne irai -point parler euls sans vous, car ce que j'en ai fait, vous estes -tous participant; et de vous viennent otant bien li tretti que il -font de moi.—Mesire Gui, respondirent li chevalier, vous -dites verit. Mais quoi que fait en a est, encores i poons nous -bien renonchier. Et de chi endroit nous i renonons, et nous -volons tenir dals madame qui tant de biens nous a fais et fera -encores. Et sa querelle est grandement embellie, puis que li seqours -d'Engleterre li sera venus.</p> - -<p>Qant li evesques de Lion les vei en celle volent, il ne dist pas -tout ce que il pensoit, quoi que ce fust li plus grans de euls tous -et li mieuls enlinagis; car il se doubtoit, puis que li secours -d'Engleterre venoit la dame, que de fait elle ne le fesist detenir -et metre en prison. Si parla au plus courtoisement conme il pot, -tant que il fu hors de la ville. Et qant il fu venus as logeis des -Franois et il ot parl mesire Lois d'Espagne et son cousin, -et il se fu rendus, et il ot dit que il voloit estre de lor opinion, et -que trop longement avoit est rebelles et maconsillis, et que plus -ne le voloit estre, il prist un hiraut et l'endica et enfourma; et -l'envoia dedens Hainbon parler la contesse de Montfort, et li -renvoia son honmage, et le deffia de ce jour en avant. A l'eure -que li hiraus vint, la contesse estoit avalle jus dou chastiel en la -ville, pour ordonner les logeis de ces signeurs chevaliers d'Engleterre, -qui j estoient entr ou havene de Hainbon. Si estoit si -resjoie que elle ne fist compte des deffiances messire Gui, et dist -que elle avoit gens asss sans li. Or retourna li hiraus en l'oost, -qant il ot fait son mesage. Et la contesse et si chevalier demorrent, -et furent tant sus le havene que les nefs prisent terre. Et -issi hors tout premierement messires Amauris de Clion. La dame -qui le connisoit, le ala enbrachier et baisier moult doucement, et -li dist: Ha! Amauri, que vous avs tout demoret, et que je -vous ai tout desir!—Madame, respondi li chevaliers, je ne -l'ai peut amender. 'a est en partie par les fortunes de la mer, -<span class="pagenum"><a id="Page_376"> 376</a></span> -car nous deuissions chi avoir est, passet sont trois sepmainnes. -Li rois d'Engleterre vous salue et vous envoie ce premier trois -cens honmes d'armes et deus mille archiers.—Donc, dist la -dame, il soient li bien venu, et nous en avons grant joie. Donc -issirent li chevalier, messires Gautiers de Mauni tous premiers, -qui pooit estre en l'eage de trente sis ans, biaus chevaliers et -vremauls et douls et plaisans regarder, de tous menbres bien -faonns. Messire Amauris de Clion li dist: Dame, vechi le -capitainne, et est nonms ensi, et uns chevaliers o li rois d'Engleterre -et li signeur de son consel ont grant fiance. Adonc se -traist la dame mesire Gautier et l'enbraa moult doucement et -le baisa, et puis apris tous les aultres. Et qant elle ot al tout -autour et fait celle requelloite, elle les enmena amont ou chastiel, -pour euls aisier et rafresqir, tant que lors gens fuissent tout issu -et apparilliet lors besongnes; et fist casqun chevalier logier asss -aisiement et restraindre ses honmes. Et dignrent tout li chevalier -avoecques la dame.</p> - -<p>Messires Lois d'Espagne et li viscontes de Rohem et messires -Hervis de Lion sceurent tantos que secours d'Engleterre estoit -venus la contesse, car li evesques de Lion lor dist; et aussi fissent -aultres honmes bretons, qui estoient al sus le havene et -veu la navie entrer. Si en furent tout pensieu; nequedent il ne -vorent pas brisier lor sige pour cela, mais fissent les enghiens -cargier qui avoient sejourn trois jours, et jetter pires de faix en -la ville, tant que li Englois, qui point n'avoient encores apris -tels coses, en furent ensi que tout effre. Messires Gautiers de -Mauni, qant ce vint apris disner, et ils et si compagnon furent -rafresqi, il traist part mesire Ivon de Tigri et mesire Guillaume -de Qadudal et le chastellain de Ghinghant; et lor demanda de -l'estat de la ville et de la poissance de ceuls de l'oost, et se mesires -Carles de Blois estoit en personne au sige. A toutes ces -coses respondirent li chevalier, et dissent que messires Carles de -Blois n'estoit point presens, mais tenoit son sige devant Auroi. -Tant que de l'estat de la ville, estans l le sige qui moult les -avoit constrains, elle estoit bien pourveue, car li vivre qui lor -venoient par mer les confortoi(en)t grandement; et estoient l -dedens bien cinq cens combatans. Donc, dist messires Gautiers de -Mauni, je voel, j sus l'eure dou souper, aler veoir ce grant enghien. -Faites apparillier vos gens, et je auerai tous prs les nostres, -et nous meterons en painne de l'abatre et dou decoper, car -<span class="pagenum"><a id="Page_377"> 377</a></span> -il ne nous laisseroit dormir. Il demainne trop grant hustin, et se -nous est trop proains. Li chevalier breton respondirent et dissent: -Sire, vostre ordenance il sera fait. Sus cel estat, il -s'ordonnrent et reposrent; et se rafresqirent les Englois un -petit, car il avoient est travilliet de la mer.</p> - -<p>Qant ce vint sus l'eure de vespres, Breton et Englois s'armrent -et furent environ cinq cens, et otant ou plus d'archiers. Et -fissent ouvrir la porte qui estoit la plus proainne de cel grant -enghien et avaler le pont; et puis issirent tout souef desous le -pennon messire Gautier de Mauni, et fissent passer tous lors -archiers devant. Et s'en vinrent tous le pas jusques l'enghien; -et l avoit environ cent armeures de fier et cent arbalestriers -geneuois qui le gardoient.</p> - -<p>Qant il veirent ces gens d'armes et ces archiers venir, tous -ordonns et apparillis pour combatre, il furent tout esbahi, et -tournrent en fuies deviers l'oost. Droit la flce de ce grant -enghien s'arestrent les Englois et les Bretons; et avoient amen -ouvriers et carpentiers, qui tantos entendirent decoper cel enghien, -et le missent tout par pices terre. Les nouvelles vinrent -en l'oost par les fuians qui n'avoient os demorer dals lor enghien, -car il n'estoient pas fort asss pour resister as gens la -contesse, que li grans enghiens estoit conquis, abatus et deffaonns. -Donc fissent li signeur sonner les tronptes, et armer -toutes gens et traire sus les camps, et casqun desous la banire -de son signeur. Se ne fu pas sitos fait, mais fu tantos tart. Et -entrues que il s'ordonnoient en l'oost et mettoient ensamble, messires -Gautiers de Mauni et ses gens passrent encores plus avant -autour de la ville, et abatirent deus enghiens, et missent tous en -pices li carpentier qui l estoient. La contesse de Montfort estoit -en son chastiel et veoit tout cel esbatement; si en avoit grant -joie. Adonc se missent au retour les Englois et les Bretons et les -archiers sus costire. Et les Franois, qui estoient ordonn en -une belle bataille o plus avoit de deus mille honmes sans les -Geneuois, les poursievirent jusques as barrires; mais point n'i -eut d'escarmuce, car la vespre vint. Si rentrrent en Hainbon li -Englois et li Breton, sans nul damage. La contesse de Montfort -lor vint au devant et les remerchia grandement de lor emprise, -et de ce que il l'avoient apaisie de ces enghiens. F<sup>os</sup> 81 v<sup>o</sup> et 82.</p> - -<p>P. <a href="#Page_151">151</a>, l. 24: herbergier.—<i>Mss. A 1 6, 11 33</i>: et en -la ville leur aise. F<sup>o</sup> 92.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_378"> 378</a></span> -P. <a href="#Page_152">152</a>, l. 10: compagnon.—<i>Ms. B 6</i>: et estoient bien cinq -cens cheval. F<sup>o</sup> 206.</p> - -<p>P. <a href="#Page_152">152</a>, l. 13: trois cens.—<i>Ms. B 6</i>: cinq cens. F<sup>o</sup> 206.</p> - -<p>P. <a href="#Page_152">152</a>, l. 14 et 15: ceulz qui gardoient.—<i>Ms. B 6</i>: -soixante compaignons qui le gardoient. F<sup>o</sup> 206.</p> - -<p>P. <a href="#Page_153">153</a>, l. 17: estal.—<i>Mss. A 20 22</i>: Et l rendirent -estal les chevaliers tous venans jusques tant, etc. F<sup>o</sup> 138 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 170.</b> P. <a href="#Page_154">154</a>, l. 1: A l'endemain.—<i>Ms. d'Amiens</i>: A -l'endemain, messires Loeys d'Espaigne apella le viscomte de -Rohem, l'evesque de Lion, monseigneur Hervi de Lion, le seigneur -de Tournemine, le seigneur de Biaumanoir, le seigneur de -Loriach, le seigneur de Rais, monseigneur le Gallois de le Baume, -le mestre dez Geneuois et tous lez seigneurs de son host pour -avoir consseil qu'il feroient, car il veoient la ville de Hainbon si -forte et maintenant pourveue et rafrescie de bon secours qui venus -leur estoit, et que il perdoient l leur tamps; car il ne veoient -tour, mannierre, ne enghien par quoy il y pewissent pourfiter, -ne le ville prendre. Si orent consseil et accord tout li ung par -l'autre qu'il se deslogeroient l'endemain, et se retrairoient par -deviers lez autrez qui seoient devant castiel d'Auroy. Tout enssi -qu'il ordonnrent, il fissent et se deslogirent l'endemain au -point dou jour, et tourssrent tentez et trz et touttez mannirez -de harnois; et s'en revinrent deviers castiel d'Auroy, l o -messires Charlez de Blois, li dus de Bourbon et moult grant fuison -des seigneurs de Franche se tenoient. Si leur compta messires -Loeis pourquoy il estoit partis et quelz confors estoit creus la -comtesse, et coumment Hainbon n'estoit mies une forterche -prendre si de legier encorres, quant elle estoit pourveue et garnie -de telx gens d'armes. Li seigneur de Franche li dissent bien -qu'il disoit voir: Ms pour le temps emploiier, messires Loeys, -nous vous disons que vous voeilliz aller devant Dinant, qui n'est -pas si forte que Hainbon, et y mens toutte vostre host, et nous -nos tenronz droit chy nostre sige. Che respondi messire -Loeys: Vollentiers. Enssi demoura li fors de Hainbon en pais -une grant pice, et messires Loeys d'Espaigne fist aroutter son -host au ls deviers le ville de Dinant en Bretaingne.</p> - -<p>Entre castiel d'Auroy et le ville de Dinant, siet ungs petits -castiaux que on appelle Concquest; et se tenoit adonc de par la -comtesse de Montfort. Et en estoit cappittainne uns trs bons chevaliers -<span class="pagenum"><a id="Page_379"> 379</a></span> -de Lombardie, que on clammoit messire Garsion; et avoit -avoecq lui grant fuison de Lombars et de Geneuois. Quant messires -Loeys eut veu et conssideret le forterce, si dist que il se -volloit assaiier au prendre. Si fist touttez ses gens arouter par -devant et approchier et fortement assaillir, et chil de dedens -yaux deffendre. Et dura chilz assaux jusques le nuit. Si se loga -li os l endroit; et dist bien messires Loeis qu'il ne s'en partiroit -mies ensi. Quant ce vint l'endemain, il le fist de rechief assaillir -durement et asprement, et avoecq lui Geneuois et Espagnolx qui -trop bien s'i esprouvoient. Si approchirent li assallant si pris -dou mur, que, par force d'assault et par ouniement traire et lanchier - chiaux d'amont, il y fissent ung grant trau, car li fosss -n'estoient mies moult parfont. Si entrrent ens par force et ocirent -tous chiaux dou castiel, except monsigneur Garsion qu'i(l) -prist merchis, et cinq ou six gentils hommez. Apris che, messires -Loeys fist restouper le trau dou mur, et y mist ung bon -castelain et soixante hommes d'armes pour garder le castiel, et le -fist remparer de tous poins, puis s'en parti, et toutte sen host, et -s'arouta vers Dinant.</p> - -<p>Les nouvellez estoient j venues en Hainbon le comtesse de -Montfort et monseigneur Ghautier de Mauny, que messires Loeys -d'Espaigne estoit arestz devant Concquest et l'avoit assegiet. Si -dist la comtesse as chevaliers et as compaignons que ce seroit -grans honneurs de lever che sige et de l combattre lez Franchois, -et leur seroit record grant proce. Messires Gautiers de -Mauny, qui moult envis sejournoit tant que il se sewist o emploiier, -fist armer tous chevaliers et escuiers et archers ossi, et se -parti de Hainbon et se mist au chemin deviers Concquest; et vinrent -l environ heure de nonne, et trouvrent qu'il avoit estet -concquis par force le jour devant, et chiaux de dedens tous mis - mort. Si furent durement courouchiet de ceste aventure, pour -tant qu'il n'avoient trouvet monsigneur Loeys et se routte. Se -dist messires Gautiers qu'il ne se partiroit de l, si aroit le castiel -reconcquis. Si se appareillirent li compaignon pour assaillir -le castiel; et entrrent ens s fosss o il n'avoit point d'aighe, -et montrent tout targiet contremont. Quant li Espagnol qui dedens -estoient, lez virent venir en tel mannierre, il se misent de -grant volent au deffendre; ms li archer engls traioient si ouniement, -que nus n'osoit aprochier as murs pour jetter pires. -Et trouvrent chil de dehors le trau par o li dis castiaux avoit -<span class="pagenum"><a id="Page_380"> 380</a></span> -estet pris, qui asss foiblement avoit estet rempars. Si boutrent -oultre pires et terre qui l estoit, et entrrent en le fortrche par -ce lieu meysmes. Et furent tout li saudoiier qui dedens estoient, -ochis, horsmis le cappitainne, et ne say dix ou douze, que li -chevalier prissent merchy; puis s'en partirent et laissirent le -castiel tout vuit, car il n'estoit mies tenables, et retournrent -arrire en Hainbon et n'eurent mies consseil adonc de chevauchier -plus avant. F<sup>os</sup> 68 v<sup>o</sup> et 69.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Qant ce vint l'endemain, messires Lois d'Espagne -appella le visconte de Rohan, l'evesque de Lion, mesire -Hervi de Lion et le mestre des Geneuois, pour avoir consel et -avis conment il se deduiroient, car il veoient la ville de Hainbon -trs forte et rafresquie de bonnes gens d'armes et d'archiers, par -lesquels de nuit il pooient estre fort travilliet, et recevoir plus -de blame et de damage que de pourfit. Tout consideret, consilliet -fu que il se deslogeroient et se retrairoient deviers mesire Carle -de Blois et les aultres barons de France, et metteroient les deux -hoos en une. Si se deslogirent et requellirent tentes et trefs, et -misent tout voiture, et boutrent le feu en lors fuellies.</p> - -<p>Qant chil de la garnison de Hainbon veirent ce couvenant, si -dissent entre euls: Nostre ennemi s'en vont; il se deslogent. -L i ot auquns compagnons aventureus qui sallirent dehors pour -gaegnier, mais il furent rebout et remis en la forterce lor -damage. Et en i ot des mors et des pris, car au deslogement il -s'ordonnrent tout et missent en une belle bataille, et onques ne -se desroutrent; et atendirent tout l'un l'autre et lor charroi et -lors pourveances, et vinrent ensi, bannires desploiies, devant -Auroi.</p> - -<p>Qant messires Carles de Blois et les signeurs les veirent venus, -si s'esmervillirent pourquoi il avoient brisi lor sige. Messire -Lois d'Espagne lor recorda conment grans secours estoit venus -la contesse d'Engleterre: et ont chapitainne un chevalier de -Hainnau moult vaillant honme, ce que il moustre, et a j conmenchi, -car le jour meismes que il ariva Hainbon, ils et une -partie des siens issirent hors de la forterce, entrues que nous -estions au souper, et vinrent abatre et decoper nos enghiens. Je -tieng ce fait grant apertise d'armes, et est li chevalier nonms -messires Gautiers de Mauni.—En non Dieu, respondi messires -Carles de Blois, c'est uns vaillans homs; j'en ai bien o parler. -Ensi se renforce nostre gerre. Adonc laissirent ils parler -<span class="pagenum"><a id="Page_381"> 381</a></span> -de ce et parlrent de l'evesque Gui de Lion, liquels avoit laissiet -la contesse de Montfort, et estoit venus servir mesire Carle et soi -rendre lui. Messires Carles de Blois fu tous resjois de sa venue -et rechut l'evesque honme, et demora depuis tous jours dals -messire Carle de Blois.</p> - -<p>Or fu ordonn, en ce jour meismes que mesires Lois d'Espagne -fu l venus, que ils et tous ceuls que amen il avoit, en -iroient met(t)re le sige devant la ville de Dignant, et se meteroient -en painne de le prendre. Si ne reposrent en l'oost que une nuit. -A l'endemain, il se missent tout sus les camps, reserv l'evesque -Gui de Lion, qui demora avoecques messire Carle de Blois. Et -estoient bien deus mill cinq cens armeures de fier et trois cens -arbalestriers geneuois. Ensi que li dis messire Lois d'Espagne et -ses gens ceminoient deviers Dignant, il trouvrent sus lor cemin -un chastiel qui se tenoit de la contesse, que on nonmoit Conquest. -Et en estoit gardiiens et chastellains uns chevaliers de Lombardie -que on nonmoit messire Mansion, et avoit pluisseurs saudoiiers -avoecques lui. Si se traissent messires Lois et toutes ces gens devant -ledit chastiel, et le assallirent fortement, et i livrrent li arbalestrier -geneuois trs grant assaut. Li compagnon qui dedens -estoient se deffendirent moult bien, et tant que ce premier jour -li Franois i conquestrent moult petit, et se logirent l pour -celle nuit.</p> - -<p>A l'endemain, il retournrent tout l'asaut et quissent voie et -enghien par quoi il l'adamagirent; car l'endroit o li arbalestrier -traioient et ensonnioient ceuls dou fort, il rompirent le mur -et i fissent un grant petruis, et entrrent dedens force, car il -estoient grant gent. Qant li compagnon se veirent en ce parti, il -se vodrent rendre, salve lors vies, mais nuls n'i volt entendre. -Avant furent il pris par force et tout mort sans merchi, reserv -le chevalier. A cesti on sauva la vie, et demora prisonniers. Qant -il orent ensi conquis le chastiel de Conquest, il s'avisrent que il -le tenroient, et i establirent un autre chastellain bon et segur, et -soissante compagnons avoecques lui, liquel prissent le chastiel en -garde sus lor peril et le remparrent, pour ce que il avoit est -desempars l'asallir. Et puis passrent oultre, et s'en vinrent -mettre le sige devant la ville de Dignant, de laquelle messires -Renauls, fils au chastellain de Ghinghant, estoit chapitainne. Nouvelles -vinrent ens ou chastiel de Hainbon que messires Lois d'Espagne -estoit arests devant le chastiel de Conquest. Si ot (messire -<span class="pagenum"><a id="Page_382"> 382</a></span> -Gautiers de Mauni) trs grant desir de traire celle part, et le -dist messire Ivon de Tigri et as aultres: Il nous fault cevauchier -deviers Conquest, et conforter ceuls qui sont dedens. Se -nous poions ruer jus messire Lois d'Espagne, nous ferions un -bon esploit. A ceste parole s'acordrent tout li compagnon, et -furent tantos apparilliet, et lors chevaus refiers ceuls as quels -il besongnoit. Chils jours passa. Qant ce vint l'endemain, les -tronptes des chevaliers sonnrent. Lors s'armrent li compagnon -et montrent as chevaus. Et se departirent de Hainbon environ -cinq cens armeures de fier et cinq cens archiers, et chevauchirent -viers le chastiel de Conquest, et ne savoient pas que il fust ens -ou parti o il estoit; mais furent moult courouchi qant il trouvrent -que li Franois l'avoient conquis et rafresqi de nouvelles -gens. Toutes fois, il l'avisrent et dissent entre euls que il estoit -bien prendables. Si s'arestrent l tout autour et envoiirent -Hainbon apris lors pourveances. Si furent misses voiture pour -amener devant Conquest. Trois jours furent li Engls et li Breton -devant le castiel de Conquest, et tous les jours i livrrent il assaut -grant et fier et mervilleus. Il i avoit dedens Espagnols qui -trop vassaument se deffendoient et faisoient grans apertisses d'armes, -et tant que il en blechirent pluisseurs des assallans. Au -daarain assaut qui fais i fu, il se pourveirent de cloies renforchies -que li archier faisoient porter devant euls pour get des -pires qui venoient d'amont. Et qant il furent cargiet, il aprochirent -dou plus pris les murs qu'il peurent, et puis s'efforchirent -au traire de celle ordenance contre mont que nuls ne -s'osoit moustrer as deffenses, se il ne voloit estre enfills de -une flce tout parmi la teste ou le brac ou le corps. Et entrues -que les archiers ensonniirent ensi ceuls d'amont, il i avoit Bretons -qui entendoient petruissier le mur, et trouvrent le petruis -refait par o les Franois avoient entr dedens. Si le repetruissirent -et le desemparrent force de pils et de hauiauls, et par -l meismes entrrent il ou chastiel. Et fu ensi pris et conquis, et -tout li Espagnols qui dedens estoient, mort, reservet le chapitainne, -liquels se nonmoit Pires Ferrans de Tudesque, et auquns -gentils honmes de son pais et de sa delivrance, pour lesquels il -demora, se raenon les couvenoit paiier. Et desemparrent les -Engls le chastiel de Conquest, et dissent que point il ne faisoit -tenir ne garder, et s'en retournrent arrire Hainbon, et enmenrent -lors prisonniers. F<sup>os</sup> 82 v<sup>o</sup> et 83.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_383"> 383</a></span> -P. <a href="#Page_154">154</a>, l. 26: messires Loeis.—<i>Ms. B 6</i>: messire Gui de -Lion, messire Hervy de Lion, le vis conte de Rohem, le sire de -Clichon, le sire de Malatrait et pluiseurs barons de l'ost. F<sup>o</sup> 208.</p> - -<p>P. <a href="#Page_155">155</a>, l. 3: Lombardie.—<i>Mss. A 22 33</i>: Normandie. -F<sup>o</sup> 108 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 171.</b> P. <a href="#Page_156">156</a>, l. 25: Or revenrai.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Or -vous parlerons de monseigneur Loeys d'Espaigne qui fist logier -son host tout autour de le ville de Dinant, et fist tantost faire -petis batiaux et nacellez pour assaillir le ville de touttes pars, -par yauwe et par terre. Si estoit dedens comme souverains et -cappitainne messires Renaux de Ghinghant, filz au castellain de -Ginghant, trs bon chevalier de son eage, qui reconfortoit et -consilloit chiaux de dedens le ville, qui durement estoient effraet -de chou qu'il veoient faire chiaux de l'ost si grant appareil; -car leur ville n'estoit mies forte, ne fremme fors que de palis. -Et eurent consseil entr'iaux que il se renderoient ainschois que -plus grant meschief leur avenist; ms, ceste fois, messires Renaulx -brisa leur vollent, et ne se rendirent mies si trs tost. -Messires Loeis d'Espaigne ymagina bien le fortrce de le ville, et -vit bien que elle estoit prendable. Si se loga environ bien et -souffisamment, et dist qu'il ne s'en partiroit si l'aroit sa vollent; -et fist appertement appareillier instrummens pour assaillir, -et fu assaillie durement et fierement. Et chil de dedens se deffendirent -vassaumment, car messire Renaux de Gingant y rendoit -grant painne. En tel estat se tinrent quatre jours point de dammaige. -Au quatrime jour, messires Loeys et li sien assaillirent le -ville si vighereusement par nacelles et par batiaux qu'il avoient -fait armer et breteskier, qu'il aprochoient les palis; et j en avoient -romput ung grant pan, dont chil de le ville estoient moult effraet, -et se doutrent de tout perdre, corps et chevanche. Si traitirent - monseigneur Loeis ung respit tant seullement que il pewissent -avoir parlet enssamble. A che respit donner, s'acorda li dessus -dis moult envis; car il veoit chiaux de Dinant en ung dur et -perilleus parti. Touttesfois il leur acorda parmy tant que, le parlement -estant, il ne se devoient noient fortefiier, et il li eurent -en couvent. Dont se retraissent touttes mannires de gens sus le -marchiet, et sonnrent leur cloce et parlementrent l longement -enssamble. Et estoit li communs acors que de yaux rendre messire -Loeis d'Espaigne, salve lors corps et lors biens, ou nom de -<span class="pagenum"><a id="Page_384"> 384</a></span> -monseigneur Charlon de Blois; ms cest accord ne s'asentoit -nullement messires Renaux, leur cappittainne, et disoit que il -garderoit et deffenderoit bien ce pas perilleus contre tous venans -jusques au soir, et de nuit il le fortefieroit tellement que depuis -il ne feroit point prendre. Ses parolles ne peurent y estre oyes -ne creuwes, et ne voloient nullement atendre ce peril et sa deffensce. -Et tant parlrent enssamble que ars sourmonta chiaux de -le ville, et dissent que il valloit mis que li chevaliers fust ocis, -qui contraires estoit yaux, que tant de bonnes gens fuissent -mort ne peri. Si fu l en le place, par le fait de le communaut, -ocis li bons chevaliers messires Renaus de Ghinghant, filz au castellain -de Ghingant; et fu rendue la ville de Dinant par le tretiet -dessus noummet, sauve lors corps et lors biens. Ensi y entra -messires Loeys d'Espaigne, et prist la feault des bourgois et le -sierement, et s'i tint par deux jours pour remparer le ville de -tout ce qu'il besongnoit. Et quant il s'en parti, il y laissa chappitainne -monseigneur Pire Portebuef et Gerart de Malain, escuier, -lesque(l)s il avoit trouvs layens prisonnierz, car il avoient -estet pris dou dit messire Renaut de Ghinghant par embusce faite, -enssi comme vous avs oy chi dessus.</p> - -<p>Quant messires Loeis d'Espaingne se fu partis de le ville de -Dinant, il se traist avoecq se routte par deviers une mout grosse -ville seans sour le flun de le mer, que on claimme Garlande; et -l'assega par terre et trouva asss pris grant fuison de vaissiaus -et naves plainnes de vins, que marchans avoient l amens de -Poitau pour vendre. Si eurent tant li marchans vendu lors vins, -et furent mal paiiet, che puet on bien croire. Et fist li dis messires -Loeis prendre toutes ces naves et ces vaissiaux, et fist ens -monter gens d'armes et partie des Espaignols et des Geneuois. -Puis fist l'endemain assaillir le ville par terre et par mer, qui ne -se pot longement deffendre; ains fu asss tost gaegnie par force -et tantost toutte robe, et tout mis l'espe sans point de merchy, -hommez et femmes et enfans, et cinq eglises arsez et violles, -dont messires Loeys fu durement courouchis. Si fist tantost -pendre vingt quatre de chiaux qui ce avoient fait. L eut -gaegniet trs grant tresor, si que chacuns en eult tant qu'il en -vot ou pot porter, car la ville estoit durement grande, riche et -marchande.</p> - -<p>Quant ceste grosse ville qui Garlande estoit appelle, fu enssi -gaegnie, robe et essillie, il ne seurent o aller plus avant pour -<span class="pagenum"><a id="Page_385"> 385</a></span> -gaegnier. Si se mist li dis messires Loeys en ces vaissiaux qu'il -avoit trouvs en mer, en le compaignie de monseigneur Othon -Doriie et de Toudous, et de aucuns des Geneuois et Espagnolz, -pour aller aucune part et pour aventurer seloncq le marine. Et -li viscoens de Rohem, li evesques de Lion, messires Hervis, ses -nis, et pluiseurs autres chevaliers et escuiers retournrent en -l'ost monseigneur Carlon de Blois, qui encorres seoit devant -castiel d'Auroy. Et trouvrent grant fuison de signeurs et de -chevaliers de Franche qui nouvellement estoient l venus, telz -que messires Loeys de Poitiers, comtez de Vallenche, li comtez -d'Auchoire, li comtez de Joni, li comtez de Porsiien, li sires de -Biaugeu, li sirez de Castelvillain, li sirez de Noiiers, li sirez -d'Englure, li sirez de Castellon, li sirez d'Aufemont, messires Moriaux -de Fiennes, li sirez de Roye, li sirez d'Aubegni, et pluisseurs -autres que li roys de Franche y avoit envoiiz pour remforchier -l'ost et l'arme de monsigneur Charlon de Blois, sen -nepveult, car bien avoit oy dire que messires Gautiers de Mauni - tout grant carge de gens d'armes estoit arivet en Bretaingne. -Et encorrez n'estoit point li dis castiaux gaegnis, ms chil de -dedens estoient si pris menet et si constraint, qu'il avoient mengiet -par huit jours tous leurs cevaus; et ne lez voloit on prendre - merchy, s'il ne se rendoient simplement. Quant il veirent que -morir lez couvenoit, il yssirent hors couvertement par nuit; et -se missent en le vollent de Dieu, et passrent tout parmy l'ost - l'un des costz. Aucun en furent perchus et tus. Et messires -Henris de Pennefort et Oliviers, ses frrez, et aucun autre se -sauvrent et escapprent par un bosket qui l estoit, et s'en allrent -droit Hainbon o il furent bien recheuv.</p> - -<p>Enssi reconquist messires Carlez de Blois le fort castiel que on -claimme chastiel d'Auroy, o il avoit sis le tierme de dix sepmainnes. -Si le fist refaire et rapareillier et bien garnir de gens -d'armes et de touttez pourveances; et puis se parti et s'en alla -tout son host asigier la chit de Vennes, dont messire Joffroy -de Malatrait estoit cappittainne, et se loga tout autour en bon -aroy et grant couvenant. Le second jour apris che que messires -Carles de Blois eult assegiet le ville et le cit de Vennes, partirent -aucun Braiton et aultre compaignon saudoiier qui gisoient -ou fort de Plaremiel de par le comtesse de Montfort, et vinrent -sus ung ajournement resvillier l'ost. Ceste nuit avoient fait le gait -doi chevalier de Pikardie, li sirez de Castellon et li sirez d'Aubegny, -<span class="pagenum"><a id="Page_386"> 386</a></span> -et estoient encorrez leur garde; si saillirent moult tost -avant, qu'il sentirent l'ost estourmir. Et furent chil de Plaremiel -enclos et villainnement reboutet et mis cache. Et s'estourmy -tellement li hos que tout s'armrent communaument; et apris ce -qu'il eurent cachi les compaignons de Plaremiel et lez pluisseurs -ochis et remis en leur fort, il revinrent de grant couraige, pour -paremploiier le jour et leurs armeurez, assaillir Vennes; et l eut -assaut grant et fier et mervilleux. Et y souffrirent chil de Montfort -grant paine et grant traveil, car chil de le partie monseigneur -Carle de Blois estoient grant fuisson et toutte bonne gent. Si se -portrent si bien que il conquisent le bourcq desous le cit et le -fort jusques as baillez; et y eut pluisseurs bourjois et riches hommes -de le ville pris, mors et navrs au rentrer dedens. Et l fu -messire Joffrois de Malatrait trs bons chevaliers et y fist maintes -belles appertises d'armes; ms finaublement li Franchois assailloient -de si grant vollent et de si bon couvenant, que chil de -Vennes se doubtrent dou tout perdre. Si requissent monseigneur -Carlon de Blois un respit ce jour seullement, l en dedens -(aroient) avis et consseil pour yaux rendre. Messires Carlez leur -accorda asss envis, ms li aucun baron de France li fissent -faire par ensi que il valloit mieux que il ewist la cit sienne par -amours que par haynne. Ensi parlementrent tout le jour chil de -Vennes li ung l'autre et puis chiaux de hors pour yaux rendre, -salve leurs corps et leurs biens. Et quant messire Joffroi de Malatrait -vit que il ne leur porroit brisier ne oster le oppinion, il se -parti desconneus de Vennes, et s'embla et demucha, et s'en revint -vers Hainbon. Et recorda la contesse et chiaux qui l -estoient, coumment la besoingne alloit, liquel furent moult liet de -la venue au chevalier et moult courouchiet de la prise de Vennez; -ms amender ne le peurent tant c' present. Or lairons ung -petit parler de cheux et de monseigneur Carlon de Blois qui estoit -j partis de Vennez, car la cit s'estoit rendue lui, et l'en -avoient fait li bourgois feault et sierement. Et y avoit laiiet -cappittainnez monsigneur Hervi de Lion et monsigneur Olivier de -Clichon, et s'estoit trais toutte sen host devant la cit de Craais, -et l'avoit assigie de tous costz. Si parlerons de monseigneur -Loeis d'Espaigne et de se compagnie. F<sup>os</sup> 69 v<sup>o</sup> et 70.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Or voel je parler de messire Lois d'Espagne, -qui fist logier son hoost tout autour de la ville de Dignant en Bretagne, -et fist tantos pourveir petis batiaus et nacelles, pour assallir -<span class="pagenum"><a id="Page_387"> 387</a></span> -la ville de toutes pars par terre et par iaue. Qant li bourgois -de la ville veirent ce, si se doubtrent; et j amoient il plus -asss les Franois et la partie mesire Carle de Blois que la contesse -de Montfort. Si tretiirent deviers messire Lois d'Espagne -euls rendre, salve lors biens et lors corps. Messires Lois entendi -volentiers ces tretis. Messires Renauls de Ghinghant, lor chapitainne, -entendi que il tretioient pour euls rendre. Si en fu durement -courouchis et manea les plus grans mestres de la ville - faire coper les testes, et les appella fauls, mauvais et traittes, -dont il furent moult courouchiet, et se doubtrent de lui que de -fait il ne vosist essequter, ensi que il le disoit. Paroles se moutepliirent -entre messire Renault et euls, et tant que de fait et en -mesle il l'ocirent; et puis mandrent mesire Lois d'Espagne -que il venist, on li ouveroit les portes. Messires Lois fu moult resjois -de ces nouvelles, et entra dedens Dignant grant compagnie. -Et ce jour i estoient la fenme et les enfans, deus filles et deus -jones fils, au chastellain de Ghinghant. Auqun Breton et Franois -li disoient que il les retenist prisonniers, mais il n'en volt riens -faire. Avant lor fist grasce, et les delivra euls et le leur, et les -fist mettre hors de la ville et convoiier jusques Hainbon, dont -on tint che fait grant courtoisie. Messires Lois d'Espagne prist -la posession de Dignant de par mesire Carle de Blois, et i ordonna -chapitainne et gens d'armes pour le deffendre et garder, -et s'i tint quatre jours. Et fu delivrs Gerars de Malain et tout li -compagnon, les quels messires Renauls de Ghinghant avoit pris, -ensi comme il est ichi desus dit; et fist meismes chapitainne de -Dignant Gerart de Malain et mesire Pire Portebuef avoecques lui.</p> - -<p>Puis s'en ala li dis messires Lois d'Espagne toute son hoost -deviers une grose ville seant sus la mer, que on clainme Garlande, -et le assega par terre; et n'estoit pas adonc trop fort freme, -et est uns havenes de mer, uns des bien hants de toute -Bretagne, et ville durement. Si trouvrent li Franois ou havene -de Garlande auquns vassiaus, ens s quels il i avoit des vins de -Poito et de Saintongle et de la Rocelle, et gisoient l l'ancre -pour estre vendu; mais il furent pris et lev, et en traist on -hors des vassiaus biaucop. Et furent cargiet sus chars et envoiiet -en l'oost devant Auroi, et en retinrent une partie pour euls pour -lors pourveances.</p> - -<p>La ville de la Garlande fu assallie et conquise par force, car -il n'i avoit que les honmes de la ville, et si est une ville de grant -<span class="pagenum"><a id="Page_388"> 388</a></span> -garde; si fu viole et courue et toute robe, et i trouvrent grant -avoir. Et i ot cinq eglises arses, dont Lois d'Espagne, qui estoit -conduisires de l'oost, fu durement courouchis, et fist pendre -ceuls qui le feu i avoient bout. L orent li Franois grant conquest, -car la ville estoit durement riches, et pris des bons marceans -pour euls ranonner.</p> - -<p>L ordonna mesires Lois d'Espagne retourner en l'oost le -visconte de Rohem et grant fuisson des aultres, et ne retint non -plus que de deus cens compagnons geneuois et espagnols; et dist -que il se meteroit sus la marine, ensi que ses corages li aporta: -dont il fist une grant folie, et l'en deubt estre pris malvenu, ensi -que je vous racorderai asss briefment.</p> - -<p>Qant li viscontes de Rohem et li autre chevalier de France et -de Bretagne furent retourn devant Auroi, il recordrent messire -Carle de Blois tout le voiage que il avoient fait, la prise de -Dignant et de la ville de Garlande o il avoient bien trouvet -pillier, et conment messires Lois d'Espagne en estoit alls sus la -marine en la compagnie de Othon Doriie et de Toudal, grans esqumeurs -de mer, et n'enmenoient fors que Geneuois et Espagnols. -De toutes ces coses se contenta grandement messires Carles -de Blois. A l'eure que li viscontes de Rohen fu l venus -devant Auroi, vinrent aussi grans gens de France que li rois Phelippes -i envoioit, car il estoit enfourms que grans confors de gens -d'armes et d'archiers estoit venus la contesse desus dite et issu -hors d'Engleterre. Se ne voloit pas que ses cousins fust si despourveus -que il ne peuist tenir les camps l'encontre de ses ennemis, -puis que il li avoit couvenanc de aidier.</p> - -<p>Qant messires Lois d'Espagne fu monts en la navie Garlande, -en la compagnie de Toudou et de mesire Othe Doriie, mestre -des Geneuois, et pooient estre quatre cens hommes en tout, -il sievirent la bende de la mer, et prissent terre asss pris de -Camperl. Si fissent par lors sievans ardoir tout le plat pais; et -tout ce que il trouvoient de bon, il estoit port en la navie. Si -conquissent moult grant avoir sus ce voiage, voires se il lor fu -demor, mais nennil. Car nouvelles vinrent mesire Gautier de -Mauni et as chevaliers, qui dedens Hainbon se tenoient, que messires -Lois d'Espagne estoit als en Garlande, et l'avoit ars et tout -le pais de l environ, et avoit renvoiiet une partie de ses gens, -et ne pooient estre en sa compagnie non plus de quatre cens honmes. -Evous ces chevaliers et gens d'armes de Hainbon resvillis; -<span class="pagenum"><a id="Page_389"> 389</a></span> -si s'armrent et apparillirent tantos, et entrrent dedens nefs et -barges et balengiers environ quatre cens honmes d'armes et mille -archiers. Et se departirent dou havene et singlrent en mer, costians -les terres pour venir Garlande, et avoient le vent et la -mare pour euls, et vinrent Garlande. Si trouvrent encores -que les maisons et les eglises fumoient dou feu que li Franois i -avoient fait, et les povres gens dou pais qui lor vinrent au devant -en criant et en braiant et en disant: Ha! chier signeur, li -larron nous ont ars et pris et desrob le nostre, et s'en vont selonch -la marine.</p> - -<p>Qant messires Gautiers de Mauni et ses gens entendirent ces -nouvelles, sans point issir de lors vassiaus, il se missent au chemin -et en la route pour euls trouver; et veoient, de lors nefs et -balengiers o il ceminoient sus la marine, les fumires que il faisoient -sus le plat pais. Et tant alrent que il arivrent asss pris -de Camperl, ou havene meismes o la navie estoit toute cargie -de ce que li Franois avoient trouv sus le pais, et par especial -en Garlande o il orent trop grant avoir. Sitos que il furent -venu ou havene de Camperl, ces nefs furent conquises, et tout -mort ou jet bort cheuls qui les gardoient; et entendirent par -les gens dou pais qui estoient tout effra, que li Franois couroient, -et avoient li pluisseur trouv des chevaus et roboient le -pais.</p> - -<p>Adonc messires Gautiers de Mauni et tout chil qui en sa route -estoient, gens d'armes et archiers, se missent tout terre et se -ordonnrent en trois batailles, et fissent les deus reponre et muchier -en un bosqet qui l estoit, afin que mesires Lois d'Espagne -et ses gens, leur retour, ne se tenissent trop cargiet, car -bien savoient que par l il les couvenoit retourner. Tout ce fait -et ordonn, casquns burent et mengirent un petit, et puis s'asissent -sus l'erbe et sus le sabelon, attendans le retour des Franois -qui faisoient bien lor besongnes sus le pais, car nuls ne lor -aloit au devant. Qant les gens mesire Lois d'Espagne orent cargiet -chars et chartes de tous meubles et pourfis que il ramenoient - lor navie, et tenoient avoir fait lor voiage, pour euls -mettre au retour viers lor navie, ainsi que il venoient et aprooient -la mer, il voient une bataille d'archiers sus une elle, et un -petit en sus gens d'armes et les pennonchiaus venteler.</p> - -<p>Donc s'arestrent li Franois tout quoi, et s'esmervillirent, -quels gens ce pooient estre, qui l se tenoient; et quidirent de -<span class="pagenum"><a id="Page_390"> 390</a></span> -conmencement que ce fuissent chil de Camperl qui les venissent -combatre, et qui se fuissent l requelliet. Si fissent monter deus -honmes d'armes, tout doi de Piqardie. Li uns avoit nom Tassart -de Ghines, et li aultres Hues de Villers, et tout doi estoient esquier -d'onnour mesire Carle de Blois; mais pour lor avancement il -estoient accompagniet avoecques mesire Lois d'Espagne. Et chil -doi esquier avoient tant fait que il estoient asss bien mont. Si -lor dist: Mesires Lois Tassart et vous, Hues, chevauchis avant -et aprochis ces gens de plus pris, par quoi nous aions la connissance, -assavoir quels gens ce sont. Il respondirent: Volentiers. -Il cevauchirent devant, car il avoient deus bons ronchins, -et vinrent si pris des Englois et des Bretons que li archier -euissent bien tret jusques euls, se il vosissent.</p> - -<p>Chil doi esquier desus nonm congneurent plainnement que -c'estoient lor ennemi. Si retournrent et dissent: Sire, ce sont -Englois et Breton, car nous avons veu et congneu le pennon -mesire Gautier de Mauni: il est de gueulles trois noirs qievirons, -et ce sont archier d'Englerre que vous ves l. Regards -que vous vols dire et faire. Respondi messires Lois: Il nous -fault combatre. Nous ne poons fuir: il sont signeur de nostre -navie. Nous avons trop demor sus terre. Alons avant ou nom de -Dieu et de saint Gorge: il nous fault prendre l'aventure. Adonc -fit il sa banire passer avant, et le portoit uns esquiers qui se nonmoit -Robers de Santi. L fist li dis mesire Lois un sien neveu -chevalier, qui se nonmoit Aufons d'Espagne. Il ordonnrent les -Geneuois et les Espagnols, et les missent tout devant, et conmenchirent -la bataille dou tret, et puis aprochirent les gens -d'armes et se boutrent l'un dedens l'autre. Et se portrent li -Franois ce conmencement si bien que, se il n'euissent eu aultre -faix, il se fuissent bien delivr de ces premiers, et les requlrent -sus la marine.</p> - -<p>Adonc vinrent les aultres deus batailles, qui estoient en enbusqe, -et encloirent les Franois. L ot dur hustin, et vaillanment -s'i portrent les gens mesire Lois, mais les Englois et les -Bretons estoient trop grant fuisson. Et (fu) abatue la banire -mesire Lois, et chils mors, qui le portoit, et mesire Aufons d'Espagne, -mort. A grant painne, se sauvrent mesire Lois d'Espagne -et Toudou et mesire Othon Doriie. Mais qant il veirent que -li faix estoit trop pesans pour euls, il entendirent recouvrer lors -cevaus que lors varls tenoient sus les les de la bataille; car se -<span class="pagenum"><a id="Page_391"> 391</a></span> -ils n'euissent eu lors cevaus tous prs, jams ne s'en fuissent -parti, sans estre mort ou pris. Il prissent, sus la desconfiture, le -cemin de la mer, et pooient estre environ soissante. Nuls ne les -poursievi, car Englois et Breton n'avoient nuls cevaus, et aussi -il entendirent au garder ce que il avoient conquis.</p> - -<p>Messires Lois d'Espagne et chil qui escaprent de le bataille -trouvrent en un regot de mer une grose barge de Camperl, que -li maronnier avoient l bout et repus, et n'estoient os aler avant -pour la doubtance des Franois. Qant il le veirent l arester -l'ancre, il se traissent de celle part et trouvrent trois Bretons -qui le gardoient. Il furent mestre de euls et de la barge et entrrent -dedens non tous, car il ne peuissent, pour tant que il enmenoient -en la barge lors cevaus avoecques euls, Tassars de Ghines -et Hues de Villers et auquns Bretons qui connissoient le pais, -cevauchirent tant de jour et de nuit que il vinrent Rennes; -et l s'arestrent pour or nouvelles de mesire Lois d'Espagne et -de lors compagnons qui nagirent toute la nuit et vinrent ariver - Grde, au plus proain port de Vennes et de Rennes.</p> - -<p>Et li Englois et li Breton cargirent lors vassiaus des meubles -et pourfis que li Franois amenoient, et puis rentrrent en lor -navie tout ce conquest; et retournrent Hainbon, et recordrent - la contesse et lors compagnons conment il avoient esploiti. -Si en furent tout resjoi, ce fu raison, car il en estoient -departi lor honnour et pourfit. Ensi vont les aventures d'armes -et les fortunes: le fois on quide avoir tout gaegni, et on a -tout perdu. F<sup>os</sup> 83 et 84.</p> - -<p>P. <a href="#Page_157">157</a>, l. 12: sus le flun de le mer.—<i>Mss. B 3 et A 7 10</i>: -sur la mer. F<sup>o</sup> 83 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 1 6, 15 33</i>: sur le fleuve -de la mer. F<sup>o</sup> 93 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 11 14</i>: sur la rive de la mer. -F<sup>o</sup> 90.</p> - -<p>P. <a href="#Page_157">157</a>, l. 13: Garlande.—<i>Mss. A 15 17</i>: Gairande. F<sup>o</sup> 95.—<i>Mss. -A 23 33</i>: Guerrande, Gerrande. F<sup>o</sup> 109.—<i>Mss. B 3 -et A 1 14, 18 22</i>: Garlande. F<sup>o</sup> 83 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_158">158</a>, l. 5: Toudou.—<i>Ms. B 3</i>: Toudouz. F<sup>o</sup> 84.—<i>Mss. -A 23 29</i>: Tondons. F<sup>o</sup> 109 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 1 22</i>: Condons. -F. 93 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_158">158</a>, l. 14: Joni.—<i>Mss. B 3, A 1 6, 11 33</i>: Joingny, -Joigny. F<sup>o</sup> 84.—<i>Mss. A 7 10</i>: Jony. F<sup>o</sup> 86.</p> - -<p>P. <a href="#Page_159">159</a>, l. 10: Plaremiel.—<i>Ms. B 3</i>: Plerenmiel. F<sup>o</sup> 84.—<i>Mss. -A 1 6, 11 14, 18 22</i>: Plearmel. F<sup>o</sup> 94.—<i>Mss. A</i> -<span class="pagenum"><a id="Page_392"> 392</a></span> -<i>15 17, 23 29</i>: Pleremel, Plermel. F<sup>o</sup> 95 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 30 - 33</i>: Ployeremel. F<sup>o</sup> 156.</p> - -<p>P. <a href="#Page_159">159</a>, l. 30: Hembon.—<i>Ms. B 6</i>: devers la contesse et -monseigneur Gautier de Mauny qui on conta ces nouvelles. -Messire Gautier s'arma et fist armer tous les compaignons de -Hambon, engls et bretons, et estoient bien six cens lanches et -neuf cens archis. Et se partirent en istance que pour venir -Vennes brisier ces trives et traitis et rafreschir la chit. Mais -quant il furent une lieue prs, il entendirent que la cit estoit -rendue, et messire Charles de Blois estoit dedens. Sy en furent -moult courouchis. Nonpourquant messire Gautier dist que, puisqu'il -estoient sur les camps, que point ne retourneroient se aroient -trouv aventure. Et entendy que mesire Lois d'Espaigne chevauchoit -et avoit prins la ville de Garlande et estoit sur mer pour -aller en l'isle de Camparl envers la cit de Grde, et prist tantost -le chemin. Et mesire Charles de Blois prist le serment et -homaige de ceulx de Vennes et y laissa dedens capitaines mesire -Hervy de Lion et le sire de Clichon. F<sup>os</sup> 210 et 211.</p> - -<p class="space"><b> 172.</b> P. <a href="#Page_160">160</a>, l. 7: Sacis que.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Sachis -que, quant messires Loeys d'Espaigne fu monts, au port de Garlande, -sour mer, il et se compaignie allrent tant nagant par -mer, qu'il arivrent en le Bretaingne bretonnant par mer au port -de Camperli et asss pris de Camper Correntin et de Saint Mahieu -de Fine Posterne; et yssirent des naves, et allrent ardoir -et rober tout le pays. Et trouvrent si grant avoir que grant -merveillez seroit de le raconter; si le raportrent tout en leur -naves, et puis allrent autre part rober et courir tout le pays sus -le marine, qui se tenoit ne rendoit de le comtesse de Montfort. -Et y conquissent si grant avoir, que il en estoient si cargiet que -il n'en savoient que faire.</p> - -<p>Ces nouvelles parvinrent Hainbon le comtesse de Monfort -et as chevaliers qui l estoient, tant d'Engleterre que de Bretaingne, -coumment messires Loeys d'Espaigne couroit tout le pais. -Si s'avisa messires Gautiers de Mauny d'une grant proce, et en -parla as compaignons et leur dist que il perdoient leurs tamps -l sejourner, ou kas que il sentoient leurs ennemis si pris d'iaux. -Dont respondirent tuit communaument que il estoient appareilliet - faire tout ce que il vorroit. Et li sirez de Mauni leur dist: -Grant merchis. Lors appareillirent il tout leur harnas et -<span class="pagenum"><a id="Page_393"> 393</a></span> -cargirent les vaissiaux sus le havene, et y missent leurs cevaux -et puis entrrent ens. Bien estoient cinq cens hommes d'armez et -deus mille archers, et telz chevaliers que messires Amauris de -Clichon, messires Yves de Tigueri, li castellains de Ghingant, li -sires de Landreniaux, messires Guillaummes de Quadudal, messires -Joffroy de Malatrait, messires Henris de Penefort, li doy -frre de Leynendale, messires Guis de Nulli, li sirez Despenssiers, -messires Jehans le Boutillier, messires Hubert de Frenay, messires -Alains de Sirehonde, mestre des archiers, et pluisseurs autrez -chevaliers et escuyers. Si eurent bons maronniers et saiges, et ne -cessrent de nagier si furent venut droit au port de Camperli, l -o les naves et les vaissiaux monseigneur Loeys d'Espaingne estoient -et gisoient, et tous li granz avoirs que il avoient concquis -ou pays d'environ. Si entrrent ens Engls et Breton, et ochissent -tous ceux qui les gardoient, et y trouvrent tant de ricoisse -que tout en furent esmervilliet. Et entendirent par les prisonniers -que messires Loeis chevauoit. Lors eurent consseil et advis que -il se partiroient en trois bataillez et sieuroient lez fummierrez, -et ne cesseroient si aroient trouvet le dit monseigneur Loeys et -se routte, et yaux combatu. Si se missent as camps ainssi comme -ordonn fu, et pourveirent et garnirent leur navie et le navie que -trouvet avoient sus le port de Camperli, de trois cens archers et -de cent hommez d'armes; et puis chevauchirent l'endroit des -fummierrez et dez chemins l o il esperoient monseigneur Loeys -d'Espaigne trouver le plus tost et toutte se routte pour le combattre.</p> - -<p>Ces nouvellez vinrent au dessus dit monseigneur Loeys que li -Engls chevauchoient et le queroient, et estoient sans comparison -plus fors qu'il ne fust. Si se doubta de leur encontre, et requella -tout bellement ses gens et remist enssamble; puis chevaucha -vers l'ille de Camperli pour revenir sa navie. Mais enssi -qu'il cevauchoit sus le marine, il encontra messire Guillaume de -Quadudal, messire Henry de Pennefort et monseigneur Joffroy -de Malatrait et leur routte; et quant il lez perchupt, si congnut -asss que combattre lez couvenoit. Si mist sez gens enssamble et -lez recomforta et escria son cri, et fist chevauchier se bannierre -et appella ung sien nepveult que on claimmoit Aufour; et le fist -l chevalier et pour l'amour de lui six autrez, et leur pria que il -penssaissent dou bien faire, et chacuns li eut en couvent. Adonc -s'asamblrent il li Franchois et li Breton, et y eult, de premires -<span class="pagenum"><a id="Page_394"> 394</a></span> -venues, fortez joustez et radez, et pluisseurs compaignons port - terre de l'un lz et de l'autre; et apris les lanches fallies, il -sachirent lez espes et les espois et lez hachez qui as archons -des siellez leur pendoient, et s'en donnrent grans horions et -durs, et l en y eult moult de navrs et de blechis. Et vous ay -en couvent que messire Loeys d'Espaigne et messires li Auffours, -sez niz, y fissent tamainte belle appertise d'armes. Et s'i portrent -si bien des premiers chil de son costet, que finaublement il -ewissent desconfit lez Bretons et mis en cache, quant messire -Gautiers de Mauni et une grant routte d'Englz, gens d'armes et -archiers, y sourvinrent frz et nouviaux. Adonc se recoummencha -la bataille dure et felenesse; et couvint l souffrir et endurer -monseigneur Loeys d'Espaigne et monseigneur l'Aufour son nepveult -et le chevalerie de leur costet, grant painne.</p> - -<p>Vous devs savoir que ceste bataille, qui fu en l'ille de Camperli -asss priz de Camper Correntin, fu moult fellenesse et bien -combatue. Et trop bien s'i porta messires Loeis d'Espaigne, et -ossi fissent tout chil de son costet; ms trop leur fu li fais durs et -pesans, quant messires Gautiers de Mauni y sourvint, car il -amena toutte fresce gent et bien combatant qui trouvrent lez -Franchois j lasss davantaige. Nonpourquant encorrez se deffendirent -il et combattirent vassaument, ms enfin il ne peurent tenir -place. Et furent desconfit et mors et messires li Aufors d'Espaigne, -et li bannire de monseigneur Loeis, son oncle, porte par -terre, et uns bons escuier qui le portoit, mors et abatus, que on -claimmoit Huez de Lontin. Et se retraissent messires Loeys et ses -gens deviers leur navie, et Engls et Bretons apris yaulx en cache, -et touttez mannires de gens paisans dou pays qui poursieuwi -les avoient as bastons, as bourls et as pikez, pour rescour -ce que dou leur avoient perdu. Enssi grant meschief li dis messires -Loeis se parti de le bataille, durement navrs en pluiseurs -lieux, et ne ramena de bien trois mille hommez qu'il avoit avoecq -lui, non plus trois cens et y laissa son nepveult mort, dont trop -durement fu courouchiz.</p> - -<p>Avoecq tout ce, quant li dis messires Loeys fu venus sa navie, -il le trouva prise et garnie de sez ennemis. Si fu durement esbahis, -et tant couri sus le sabelon que il vint jusquez ung ligne, -ung vaissiel qui siens estoit. Si entra dedens en grant qoite et aucuns -des siens especiaulx qui mettre s'i peurent. Puis sachirent -li maronnier le single amont et eurent bon vent, et furent tantost -<span class="pagenum"><a id="Page_395"> 395</a></span> -esloingiet, car chils lings si est uns vaissiaux plus appers que nulx -autrez, et va de tous vens et contre touttes mares. Quant chil -chevalier d'Engleterre et de Bretaingne eurent desconfis leurs ennemis -et il perchurent que li dis messires Loeys s'en estoit partis -et allz par deviers les vaissiaux, il se missent tout aller apris -lui tant qu'il peurent, et lessirent les gens dou pays couvenir del -remannant et yaux vengier et reprendre partie de ce que on leur -avoit robet. Quant il furent venus as vaissiaux, il trouvrent que -li dis messires (Loeys<a id="FNanchor_408" href="#Footnote_408" class="fnanchor"> [408]</a>) estoit entrs en ung ligne et s'en alloit -nagant quanqu'il pooit. Si entrrent tantost ens s plus appareilliz -vaissiaux qu'il trouvrent l sus le marinne, et drechirent -lors voillez et nagirent tant qu'il peurent apris le dit monsigneur -Loeis (d'Espaigne); car il leur estoit avis que il n'avoient riens -fait, se il leur escappoit. Il eurent bon vent si comme souhet, -et le veoient toudis nagier devant yaux si fortement qu'il ne le -peurent raconssuiwir. Et tant naga li dis messires Loeys (d'Espaigne) - l'esploit dou vent et des maronniers, qu'il ariva ung -port que on claimme le port de Gredo. L descendi li dis messires -Loeys d'Espaigne, et chil qui escappet estoient avoecq lui, et -entrrent en le ville de Gredo. Il n'eurent miez plent sejourn -en le ditte ville, quant il orent dire que li Engls estoient arivet -et qu'il descendoient pour yaux combattre. Et quant messires -Loeys et se routte oyrent ces nouvellez, si n'eurent pas vollent -de l plus sejourner, mais quisent, prissent et empruntrent cevaus -en le ville et montrent sus esploit. L en y eut de mal -montz, et se missent as camps deviers le chit de Rennes, messires -Loeys tout devant, enssi comme homs desconfis, et ses gens -apris, cescuns qui mieux mieux; et qui cheval ne pot avoir, si -se repust et mucha au mieux qu'il peult.</p> - -<p>Quant li Engls et li Breton furent arivet Gredo, et il sceurent -que messires Loeis et li sien estoient parti et s'en aloient -deviers Rennez, si fissent tantost traire lors cevaux hors de leurs -vaissiaux, chilz qui ceval avoient, et se missent en cache encorrez -apris yaulx; ms il estoient j si eslongiet que nulx n'en -trouvrent. Si retournrent Gredo, et s'i logirent et reposrent -le nuit.</p> - -<p>L'endemain, il rentrrent en leurs vaissiaux et singlrent pour -revenir vers Hainbon, ms il eurent vent contraire et waucrrent -<span class="pagenum"><a id="Page_396"> 396</a></span> -par deus jours; et les couvint de force ariver trois liewez de le -ville de Dinant. Puis se missent au cemin par terre enssi qu'il -peurent, et gastrent le pays entour Dinant et prendoient cevaux -telx que chacuns pooit trouver, li uns selle, et li autre sans -selle; et allrent tant qu'il vinrent ung soir asss pris de le Roceperiot. -Quant il furent l venu, messires Gautiers de Mauni -dist: Certainnement jou iroie vollentiers au matin assaillir che -fort castiel de le Roceperiot, se jou avoie compaignie, com travilliz -que je soie. Et tout li chevalier et li compaignon liement li -accordrent. Ceste nuit se reposrent et aisirent de ce qu'il eurent. -A l'endemain au matin, il vinrent devant le dessus dit castiel; -si le advisrent et ymaginrent coumment il estoit hault assis -et sus une roche. Et dist messires Gautiers de Mauni, quant il y -parfurent venu: Il le nous couvient assaillir et savoir se nous -y porions riens concquerre. Or devs savoir que dedens le castel -estoit venus, environ six jours devant, chilz bons escuiers Gerars -de Malain, par l'ordounnanche de monseigneur Charlon de -Blois, car autrefois en avoit il estet cappittainne. Dont, quant il -vit Engls et Bretons devant lui et yaux appareillier pour assaillir, -il se mist ossi en arroy pour bien deffendre. Lors commena -ungs assaulx grans, fiers et mervilleux, car Engls et Breton montoient -le roche et le montaigne amont, et trayoient et assalloient -de grant vollent. Et chil dou fort leur envoiioient d'amont pirez -et baux et autres coses pour yaux grever, et avoient kanons et -ars tour, dont trop bien se deffendoient. Chil qui assalloient -montoient perilleusement; et bien apparut, car il y eut dez leurs -pluisseurs blechis et navrs: entre lesquelx messires Jehans li -Boutilliers et messires Hubert de Frenay furent si durement blechis, -qu'il les couvint raporter aval de la Roce et mettre jesir -en ung pret avoecquez les autrez navrs. F<sup>os</sup> 70 et 71.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Asss tos apris avint que messires Gautiers -de Mauni et auqun Englois qui desiroient les armes se departirent -de Hainbon et cevauchirent as aventures viers Roceperiot. -Qant il furent venu jusques l, messires Gautiers de Mauni -dist: Avant que nous chevauons plus avant, je voel que nous -alons assallir ce chastiel, et veoir se nous i porions riens conquester. -Tout respondirent: A la bonne heure! Il missent tantos -piet terre et aprochirent le chastiel, et conmenchirent monter -la roce et livrer grant asaut. Pour ces jours i estoit Gerars -de Malain, li esquiers de Bourgongne, qui avoit est pris et rescous -<span class="pagenum"><a id="Page_397"> 397</a></span> - Dignant, et avoit avoecques lui des bons compagnons qui -tout se missent deffense. Li dis Gerars de Malain n'espargnoit -point, mais se deffendoit de grant volent et par bonne ordenance. -Englois sont chaut et boullant, et est vis as auquns que -tantos il doient avoir conquest, soit bataille ou asaut, qant il i -sont venu, et l ot des lours qui s'avancirent follement. Auquns -(furent) blecis, et par especial deus bons chevaliers, dont li uns -fu nonms messires Jehans li Boutelliers et li aultres messires Hubiers -de Frenai. Et furent tellement taps sus lors bachins dou -jet de deus pierres que il rendoient sanch par la bouce et par les -orelles; et les couvint porter hors et en sus de l'asaut en une -pre et desarmer, et furent si estonnet que on quidoit bien que il -deuissent morir. F<sup>o</sup> 84 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_160">160</a>, l. 18: de Clion.—<i>Le ms. B 6 ajoute</i>: messire Joffroy -de Malatrait. F<sup>o</sup> 211.</p> - -<p>P. <a href="#Page_161">161</a>, l. 16: batailles.—<i>Ms. B 6</i>: et estoit mesire Gautier -de Mauny. F<sup>o</sup> 212.</p> - -<p>P. <a href="#Page_161">161</a>, l. 20: Aufons.—<i>Mss. B 3, et A 1 22</i>: Aufour, -Auffour. F<sup>o</sup> 84 v<sup>o</sup>.—<i>Mss. A 23 33</i>: Alphons. F<sup>o</sup> 110 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_162">162</a>, l. 3: sis mille.—<i>Mss. A 1 22</i>: sept mille. F<sup>o</sup> 95.—<i>Mss. -A 23 33</i>: six mille. F<sup>o</sup> 105 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_162">162</a>, l. 23: qu'il pooit.—<i>Ms. B 6</i>: et fist tant qu'il vint -en Garlande et monta l cheval et se sauva au mieulx qu'il pot, -mais de toute(s) ses (gens) il n'en demoura que douze. Et vinrent -en l'ost devant Crais, o messire Charles de Blois estoit. -F<sup>o</sup> 213.</p> - -<p>P. <a href="#Page_162">162</a>, l. 33: Gredo.—<i>Mss. A 1 22</i>: Gredo. F<sup>o</sup> 95.—<i>Mss. -A 23 33</i>: Redon. F<sup>o</sup> 106.</p> - -<p>P. <a href="#Page_163">163</a>, l. 8: Rennes.—<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22</i>: -Vennes. F<sup>o</sup> 95.—<i>Mss. A 7 10, 15 17, 23 33</i>: Rennes. -F<sup>o</sup> 87 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_164">164</a>, l. 14: Mahieus de Frenai.—<i>Ms. B 6</i>: Jehan de -Frenay. F<sup>o</sup> 214.</p> - -<p class="space"><b> 173.</b>—P. <a href="#Page_164">164</a>, l. 17: Cilz Gerars.—<i>Ms. de Rome</i>: -Chils Gerars de Malain avoit un frre, hardit honme et confort -durement, que on nommoit Renier de Malain; et estoit -chapitainne et chastellains de un aultre petit fort, seans asss -pris de la Roceperiot, et le fort on clainme Fauet. Qant cils -Reniers entendi que Englois et Breton livroient assaut la Roceperiot, -<span class="pagenum"><a id="Page_398"> 398</a></span> -de laquelle garnison ses frres Gerars estoit chastellains -et gardiiens, il fist armer de ses compagnons jusques quarante, -et issi hors de Fauet, et cevaua viers la Roceperiot, en instance -de ce que pour conforter son frre, en auqune manire se il -pooit; et sourvint l'aventure sus ces deus chevaliers englois -blecis, liquel estoient en une pre en sus dou hustin, car la noise -lor faisoit mal, et ne trouvrent dals euls que varls qui les -gardoient. Il veirent tantos que il estoient de lors ennemis, et -que on les avoit l amens pour euls rafresqir. Il environnrent -ces varls et ces prisonniers et les prissent tous, et fissent les -chevaliers monter sus lors chevaus et les varls venir et sievir -piet, tant que il furent eslongiet une grose demi lieue en sus de -la Roceperiot, et puis lor donnrent congiet. Chil varlet de piet -se tinrent pour tous resjois qant il se sentirent delivret, et vinrent - fuiant devant la Roceperiot, et se traissent deviers messire -Gautier de Mauni et les aultres, et lor dissent: Signeur, -rescous mesire Jehan le Boutellier et messire Hubert de Frenai, -que chil de la garnison de Fauet enmainnent.</p> - -<p>Sus ces paroles, tout laissirent l'assaut, et montrent as cevaus -et ferirent l'esporon, asquns que mieuls mieuls, pour -raconsievir ceuls de la garnison de Fauet; mais il estoient j -entr dedens, et tout mis sauvet, prisonniers et euls, et relevet -le pont et trait les barrires avant, et avoient encores eu -loisir de boire un cop et de euls rafresqir. Evous venu messire -Gautier de Mauni et les Englois et les Bretons l'esporon, et -missent tantos piet terre, et approchirent le chastiel et conmencirent - asallir, con lass que il fuissent, et continurent -l'asaut jusques la nuit; car tantos fu tart. Il regardrent quel -cose il feroient; car il n'avoient tentes ne trefs, ne nulles pourveances, -fors bien petit. Mesires Gautiers de Mauni dist: Nennil, -il nous fault ravoir nos compagnons: aultrement nous receverions -trop grant blame, et se sera tantos jours. Une nuit est -tantos passe; il fait biel et chaut. Nostres chevaus se passeront -bien meshui de ce que nostres varls trouveront. Chils consauls -fu creus. Et se logirent ces Englois et ces Bretons l'environ -de Fauet; et lor varlet alrent fouragier, et se passrent la -nuit de ce que il trouvrent. F<sup>os</sup> 84 v<sup>o</sup> et 85.</p> - -<p class="space"><b> 174.</b>—P. <a href="#Page_164">164</a>, l. 23: quarante.—<i>Ms. d'Amiens</i>: jusquez - quarante. F<sup>o</sup> 71.—<i>Ms. B 6</i>: quarante lances. F<sup>o</sup> 214.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_399"> 399</a></span> -P. <a href="#Page_165">165</a>, l. 8 et 9: l'assaut.—<i>Ms. B 6</i>: Dont cheulx de -Rochepierot furent bien eureus, car on dist que, se l'aventure ne -fust venue, les Engls les eussent conquis. F<sup>o</sup> 214.</p> - -<p>P. <a href="#Page_165">165</a>, l. 22: Gerars de Malain.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Gerars -de Malain sceut, tantost que cil signeur se furent parti de Rocheperiot, -le biel fet d'armez que Reniers ses frrez avoit fait -pour lui secourir, si en eut grant joie, et sceut que chil seigneur -engls et breton estoient pour chou tret par deviers Fauet et le -concquerroient se il pooient. Si se appenssa que il feroit ossi biel -service son frre qu'il li avoit fet. Si monta en l'eure et tout de -nuit sus son cheval et chevaucha tant que ung petit devant le -jour il vint Dinant. On li ouvri le porte, car bien y estoit conneus. -Si parla monseigneur Pire Portebuef, son compaignon -et cappittainne de Dinant, et li remoustra quel besoing l'amenoit -l. Messires Pire (Portebuef) fist tantost sommer la cloce dou -consseil de la ville. Et s'asamblrent tout li bourgois ou marchiet; -et quant il furent tuit venu, li dessus dit les priirent et enortrent -si bellement que tout s'acordrent ad ce qu'il s'armeroient -et yroient deviers Fauet pour secourir Renier de Malain, leur bon -voisin. Dont s'armrent ysnielment touttez mannires de gens en -le ville de Dinant, et se rassamblrent en le plache, et furent bien -six mille, qu' piet qu' ceval, et se partirent grant effort et -prissent le chemin de Fauet, messires Pires Porteboef et Gerars -de Mallain devant, qui les conduisoient. Ces nouvelles vinrent -messire Ghautier de Mauni et as chevaliers engls et bretons -coumment chil de Dinant et dou pays d'environ venoient pour -yaux combattre. Si eurent consseil entr'iaux que bon leur en seroit -affaire, si ques, tout consideret, le bien et le mal, il s'acordrent - ce qu'il se partiroient de l et s'en retourneroient tout -bellement par deviers Hainbon, car grans meschiefz leur poroit -avenir, se il demoroient longement l; car, se cil de Dinant leur -venoient d'une part et li hos messire Carle de Blois et li signeur -de Franche d'autre part, il seroient enclos, si seroient tous -(pris<a id="FNanchor_409" href="#Footnote_409" class="fnanchor"> [409]</a>) et mors le vollent de leurs ennemis. Si se acordrent - ce que li milleurs poins estoit de laissier leurs compaignons en -prisson que de tout perdre, jusquez adonc que il le poroient -amender. Lors se partirent de Fauet et s'en retournrent vers -<span class="pagenum"><a id="Page_400"> 400</a></span> -Hainbon. Or lairons ung petit parler d'iaux et parlerons de -monseigneur Loeys d'Espaigne....</p> - -<p>Quant messires Gautiers de Mauni se fu partis de Fauet et il -eurent pris le chemin de Hainbon, il vinrent passant par devant -le fort castiel que on claimme Gohy le Forest, qui, quinze jours -devant, estoit rendus monseigneur Carlon de Blois. Et l'avoit li -dis messires Carlez livret pour garder monseigneur Gui de -Ghoy, qui en devant le tenoit, liquelx n'estoit point adonc l, -ms estoit en l'ost avoecq les seigneurs de France par devant la -ville de Craais. Quant messires Gautiers de Mauni vi le castiel de -Ghoy le Foriest, qui durement estoit fors, il dist ces chevaliers -de Bretaingne qui estoient avoecq lui, que il n'yroit plus avant, -ne de l ne se partiroit, com travillis qu'il fuist, si aroit assailli -che fort castiel et aroit veu le couvenant de ciaux qui estoient -dedens. Si coummanda tantost as archiers que chacuns le sieuwist, -et ses compaignons ossi, puis prist sa targe son col et -monta amont jusques as baillez et as fosss dou castiel, et tout li -autre Breton et Engls le sieuvirent. Lors coummenchirent fortement - assaillir, et chil de dedens fortement yaux deffendre, -coumment qu'il n'ewissent point de leur cappitaine. L eult trop -fort assault et grant fuison de bien faisans dedens et dehors, et -dura longement jusques basses viespres. L estoit messire Gautier -de Mauny tout devant, qui mies ne s'espargnoit, ms se mettoit -ou plus grant peril pour rencoragier les siens. Et li archier -traioient si ouniement que chil de dedens ne s'osoient apparoir -as cretiaus, se petit non. Si fissent tant li assallant que li fosss -furent rempli l'un des ls d'estrain et de bois et de terre gette -par dessus, par quoy il pooient bien parvenir jusques as murs. -Adonc assaillirent il plus fort que devant. Et avoient pik dont il -petruisirent le mur, et y fissent ung si grant trau que par ce il -reversrent ung pan dou mur; et entrrent ens de force et -ochirent tous ceux qui dedens estoient, except quatre qu'il enmenrent -prisonnier. Et laissirent le castiel en cel estat et s'en -partirent l'endemain; et s'en revinrent Hainbon, o il furent -recheuv grant joie de le comtesse de Montfort et de tous lors -compaignons.</p> - -<p>Or avons nous entroubliiet parler dou secours de Dinant qui -venoit devant Fauet. Voirs est qu'il y vinrent; et quant il trouvrent -les Englz partis, messire Pire Porteboef ramena chiaux -de Dinant. F<sup>o</sup> 71.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_401"> 401</a></span> -<i>Ms. de Rome</i>: Gerars de Malain, qui se tenoit en Roceperiot -entendi que li Englois et li Breton estoient devant Fauet. Si s'apensa -que il conforteroit son frre et li remunerroit le service -que fait li avoit; si se departi de Roceperiot et vint Dignant. -D'aventure estoient l venu li sires de Chastellon, li viscontes de -Rohem, li sires d'Amboise et autres chevaliers de France, les -quels mesires Carles de Blois i avoit envoiis pour conforter la -ville, pour tant que il avoit entendu que li Englois cevauoient; -et estoient bien trois cens lances et deus cens Geneuois. Li esquiers -bourgignons lor recorda le fait pour quoi il estoit l -venus, et de son frre qui estoit assegiet ou chastiel de Fauet, et -couvenoit que il fust secourus, ou il seroit pris, et li doi chevalier -que il tenoit prisonniers, rescous. Ces gens d'armes ne furent -onques si resjoi, ce que il moustrrent, qu'il furent; et s'ordonnrent -toute la nuit au partir au point dou jour, et s'armrent -et fissent armer tous les honmes aidables de Dignant. Et -furent ou gouvrenement de messire Pierre Portebuef; et puis, -l'aube dou jour, il se departirent de Dignant, et ne pooient tos -aler pour la cause de ceuls de piet qui les sievoient. Messires -Gautiers de Mauni et chil qui estoient devant Fauet, furent segnefiiet -que Franois venoient efforciement. Si n'orent pas consel -de l'atendre, et s'en departirent et retournrent viers Hainbon; -si ques, qant li Franois furent jusques l venu, il ne trouvrent - qui parler. Ensi demora pour ces jours Fauet en paix. Et -confortrent li doi frre l'un l'autre et li doi chevalier prisonnier: -dont moult en anoia mesire Gautier de Mauni, mais amender ne -le pot pour l'eure.</p> - -<p>Qant mesires Gautiers de Mauni et sa route se furent departi -de Fauet, ensi que vous avs o, il n'alrent pas le droit cemin -pour retourner Hainbon, mais s'adrechirent viers Goi le Forest, -un chastiel asss fort, qui se tenoit mesire Carle de Blois. Messires -Gautiers de Mauni, qui estoit encores tous merancolieus des -deus chevaliers, messire Hubert de Frenai et messire Jehan le -Boutillier, qui estoient demoret derrire et prisonnier ou chastiel -de Fauet, qant il fu venus devant le chastiel de Goy la Forest, il -dist ses compagnons: Il nous fault assaiier ce chastiel, se -jamais nous le porions prendre. Tout furent de son acord et -missent tantos piet terre, et alrent asallir de si grant volent, -que li chastiaus fu pris, et tout chil mort, qui dedens estoient. -Et puis passrent oultre, et vinrent ce jour Hainbon o la contesse -<span class="pagenum"><a id="Page_402"> 402</a></span> -estoit, qui lor fist bonne chire, mais messires Gautiers ne -pooit oubliier la prise des deus chevaliers et doutoit messire Lois -d'Espagne que il ne les fesist morir, en contrevengant la mort -de son neveu, messire Aufons d'Espagne, liquels avoit est ocis -en l'ille de Camperl. F<sup>o</sup> 85.</p> - -<p>P. <a href="#Page_166">166</a>, l. 15: sis mille.—<i>Ms. B 6</i>: quatre mille. F<sup>o</sup> 215.</p> - -<p class="space"><b> 175.</b> P. <a href="#Page_168">168</a>, l. 19: Quant.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Et Gerars -de Malain retourna en le Roceperiot: si entendi que li Engls -avoient pris Ghoi le Forest et ochis ceux de dedens et l'avoient -laissiet. Si vint ung jour celle part et y amena grant fuison de -bonhommes dou pays, et le fist remparer et fortefiier de rechief -et pourveir d'artillerie, de pourveanches et de bons compaignons -pour le garder; car mies ne volloit que li Engls y amasesissent -pour gueriier chiaux d'environ.</p> - -<p>Et toudis se tenoit li siges devant Craais. Tant fist messires -Carlez de Blois o son effort et les seigneurs de France que li -roys Phelippes, ses biaux oncles, li avoit envoiis, devant la -bonne et forte ville de Craais, et tant le fist assaillir par pluisseurs -fois, que chil de dedens furent durement constraint en -pluisseurs mannires. Et se tinrent et deffendirent comme bonne -gent et senefiirent leur necessit par deux ou par troix foix leur -damme la comtesse de Montfort, qui moult estoit couroucie que -elle n'estoit forte asss pour lever le sige; ms messires Carles de -Blois avoit adonc grant host et belle gent, et tous les jours li -fuisonnoient. Si ne se trouvoit mies en point pour yaux combattre.</p> - -<p>Or eut la comtesse consseil par l'avis de monseigneur Ghautier -de Mauny que elle escriproit une grande part de ses besoingnes -au roy d'Engleterre, et li renouvelleroit les couvenenches -qu'il avoient enssamble et li prieroit d'avoir secours: autrement, -ce que elle tenoit de pays en Bretaingne estoit en grant aventure. -Si escripsi la comtesse au roy engls lettrez moult affectueuses, -ensi que bien le seult faire, et messires Gautiers de -Mauny ossi pour mieux aprouver et encoulourer les besoingnes -de le damme. Les lettres escriptez et saelles, li messagiers parti -et entra ens une nef ou havene de Hainbon, et singla vers Engleterre. -Endementroes qu'il ala et vint et fist son messaige, -pluiseurs coses avinrent en Bretaingne, desquelles je vous feray -des aucunnes mention, ms premiers je vous compteray dou sige -de Craais coumment il fu perseverz.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_403"> 403</a></span> -Ensi comme dessus est dit, tant fist messires Carles de Blois -devant la ville de Craais, que durement l'appressa et constraindi -de famine. Et quant cil de Craais veirent que il ne seroient autrement -comfort ne secourut de par la comtesse, il se doubtrent -de plus perdre; car il veoient monseigneur Carlon de -Blois fort durement. Si traitiirent deviers lui par amiable composition -que il leur volsist pardonner son mautallent, et il le receveroient - signeur et li feroient feault et hoummaige pour tous -jours. Ms chilz tretis fu si sagement demenz que li dessus dis -messires Carles les rechupt par l'ordounnanche dessus ditte et -entra dedens la ville, et y fu rechus grant joie et y reposa et -toutte sen host, voirs chil qui reposer y veurent, par six jours, -et leur fist on l dedens moult de courtoisiez. F<sup>os</sup> 71 v<sup>o</sup> et 72.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Si ordonna li dis messires Carles (de Blois) -chapitainne Vennes et bonnes gens d'armes pour le garder. Et -puis se traissent (li Franois) devant la ville de Craais, qui aussi -sus quatre jours entra en trettiet et se rendi. Et de l il vinrent -devant Hainbon, et se requellierent toutes les gens d'armes et les -capitains franois de tout le pais, qui pour lors se tenoient -mesire Carle de Blois, et vinrent tout au sige de Hainbon. -F<sup>o</sup> 85 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 176.</b> P. <a href="#Page_170">170</a>, l. 11: Adonc.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Endementroes -eurent li seigneur consseil quel part il se trairoient, ou devant -Jugon, ou devant Hainbon. Finaublement consseil se porta qu'il -se retrairoient devant Hainbon et l'assiegeroient de tous costz, -car leur ennemic se tenoient par dedens, et n'en partiroient, c'estoit -leur entente, si l'aroient leur vollent. Dont se partirent au -septime jour et aroutrent tout leur charoy et missent les pourveanches - voiture, et s'en vinrent li seigneur et touttes mannires -de gens devant Hainbon et le assiegirent.</p> - -<p>Or ont de rechief li Franchois assegiet le ville et le castiel de -Hainbon, et dedens la comtesse de Montfort et le seigneur de -Mauni et moult de bonne chevalerie et escuierie d'Engleterre et -de Bretaingne, qui souffissamment et vassaument s'i portent et -deffendent le dessus ditte fortrce. La compaignie de ces signeurs -de France estoit durement moutepliie et acroissoit tous les jours; -car grant fuison des seigneurs de France, chevaliers et bonne -gent d'armes, revenoient de jour en jour del roy Alphons d'Espaingne, -qui adonc guerioit au roy de Grenade et as Sarrasins: -<span class="pagenum"><a id="Page_404"> 404</a></span> -si ques quant il passoient par Poitou et il ooient nouvellez dez -ghuerres qui estoient en Bretaigne, il s'en alloient celle part, et -il estoient li bien venu. Li dis messires Carles avoit fait drechier -jusques seize grans enghiens qui jettoient grandez pierres -ouniement as murs de Hainbon et en le ville. Ms chil de dedens -n'y acomptoient mies gramment; ains venoient tantost as murs -et as cretiaux et lez passoient de leurs capperons par despit. Et -puis crioient quanqu'il pooient, et disoient: Allz, alls requerre -vos compaignons et raporter, qui se reposent ou camp de Camperli: -desquelz parollez et trufferiez messires Loeis d'Espaigne -et li Geneuois avoient grant yreur et grant despit. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Chil de la garnison de Hainbon estoient durement -fortefiiet. Et bien lor besongnoit, car toute la flour de la -chevalerie estoit pardevant l venue et areste de France; ne on -ne savoit adonc o querre les armes, fors en Bretagne. F<sup>o</sup> 85 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>P. <a href="#Page_170">170</a>, l. 26: l'avoient veu.—<i>Mss. A 20 22</i>: puis qu'il -fut envoi devant Dignant. F<sup>o</sup> 145.</p> - -<p>P. <a href="#Page_170">170</a>, l. 28: montepliie.—<i>Ms. B. 6</i>: car le roy Phelippe -y envoia mille combatans, pour che qu'il savoit bien que messire -Gautier et les Engls estoient yssus d'Engleterre et retrait dedens -la ville de Hambon. F<sup>o</sup> 217.</p> - -<p class="space"><b> 177.</b> P. <a href="#Page_171">171</a>, l. 16: Un jour.—<i>Ms. de Rome</i>: Un jour -vint messires Lois d'Espagne en la tente mesire Carle de Blois, -et li demanda un don, present fuisson de grans signeur de France -qui l estoient; et fu li dons demands en remunerant les services -que fais li avoit. Messires Carles ne savoit pas quel don il li voloit -demander, car se ils le seuist, jamais ne li euist acord, et li otria -sa demande legierement, car il se sentoit moult tenus lui.</p> - -<p>Qant li dons fu otroiis, mesires Lois dist: Monsigneur, -grant merchis! Je vous demande les deux chevaliers englois, qui -sont prisonnier ens ou chastiel de Fauet, et que Reniers de Malain -garde.—Volentiers, respondi mesire Carle; je les vous -donne. Et pensoit que il les vosist avoir pour ses prisonniers, -et pour ranonner finance, pour tant que il avoit moult perdu -en l'ille de Camperl. Il furent envoiiet querre, et amen par -l'esquier meismes qui pris les avoit. Qant mesires Carles les vei, -il dist Renier de Malain: Renier, chil doi chevalier sont -vostre. Je les vous demande, et qant il venra point, il vous vaudront -bien aussi grant don.—Monsigneur, dist Reniers, je les -<span class="pagenum"><a id="Page_405"> 405</a></span> -vous donne.—Grant merchis, dist messires Carles, et -je les vous donne, dist il mesire Lois, qui demand me les -avs. Quel cose en vols vous faire?—Sire, dist il, vous les -me-s-avs donns, et ce sont mien. C'est li intension de moi, car -je ai par euls pris et recheu si trs grant damage que mes gens -mors et ocis, et par especial Aufons, mon neveu, que je amoie -otant que moi meismes, que il morront aussi. Donc regarda -messires Carles sus messires Lois, et se repenti trop fort de ce -que il li avoit donn et acord les deus chevaliers, et li dist: -Cousins, se vous faissis ce que vous dittes, vous en seris trop -grandement blams, et si seroit trop grant cruaults. Se li chevalier -servent le roi d'Engleterre et il soient pris par bataille, -son service faisant, ils n'ont pas pour ce deservi mort, mais -tens les et si les ranonns courtoisement, ensi que gentilhonme -font l'un l'autre, car sus celle entente et pour ensi faire, les vous -ai je donns.—Sire, respondi li dis messires Lois, li chevalier -sont mien; si en ferai ma volent; et se vous les me-s-osts, -jamais jour ne vous servirai. Li dis mesire Carle de Blois -vei son cousin courechiet et enflamet en ar et ne le voloit pas -perdre, car de tous ceuls de l'oost il estoit chils qui plus loiaument -se acquitoit en ses armes et cevaucies; se li dist: Cousins, -nous nos disnerons, et apris disner vous auers avis quel -cose vous fers. Li intension de messire Carle de Blois estoit -telle que il feroit priier tant de signeurs messire Lois d'Espagne, -pour sauver les deus chevaliers, que point ne morroient. -Et fist couvrir les tables en sa tente, et manda son frre le conte -de Blois et ses cousins de Bourbon, le signeur de Chastellon et -aultres, et lor donna ce jour disner, et retint messire Lois -d'Espagne dals li et les deus chevaliers d'Engleterre qui avoient -oy toutes ces paroles et ces manaces. Si n'estoient pas bien asegur, -mais grandement il se contentoient de monsigneur Carle -de Blois, et veoient bien que en li avoient un bon moiien. F<sup>os</sup> 85 -v<sup>o</sup> et 86.</p> - -<p>P. <a href="#Page_171">171</a>, l. 17: en l'entente.—<i>Ms. d'Amiens</i>: ens s tentez. -F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_171">171</a>, l. 28: Mahieu de Frenai.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Hubert -de Frenay. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_171">171</a>, l. 31: Aufons, mon neveut.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Aufour, -mon chier nepveut. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 1: neveut.—<i>Ms. B 6</i>: fil. F<sup>o</sup> 217.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_406"> 406</a></span> -P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 3: laiens sont.—<i>Ms. d'Amiens</i>: et qui m'en gallent -encorres tous les jours. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 23: Loeis.—<i>Ms. d'Amiens</i>: car voirement li -avoit il fait pluiseurs biaux servicez et estoit encorres bien tailliz -de li faire de jour en jour, car il estoit li ungs des bons chevaliers -de toutte sen host. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 24: chastellain de Fauet.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Renier -de Malain. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 25: chevaliers.—<i>Ms. d'Amiens</i>: engls. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 25: host.—<i>Ms. d'Amiens</i>: liquelx castelains li -envoya parmi les bonnes enseignes qu'il eult dou dessus dit -monsseigneur Carle de Blois. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 29: pluiseur.—<i>Ms. d'Amiens</i>: baron et chevalier -de France qui oncques ms ne les avoient veus. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 31: dist.—<i>Ms. d'Amiens</i>: par grant yrour. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_173">173</a>, l. 13: semblable cas.—<i>Ms. d'Amiens</i>: cas sannable. -F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p>P. <a href="#Page_173">173</a>, l. 13: li aultre signeur.—<i>Ms. d'Amiens</i>: li signeur -de Franche. F<sup>o</sup> 72.</p> - -<p class="space"><b> 178.</b> P. <a href="#Page_173">173</a>, l. 21: Toutes les parolles.—<i>Ms. d'Amiens</i>: -Touttes les parolles, demandez et responsses qui premiers furent -dittez entre monseigneur Carle et le dit monseigneur Loeys -l'oquison de ces deux chevaliers, furent tantost sceuwes monseigneur -Gautier de Mauni et monseigneur Amauri de Clichon, -par espies qui toudis alloient couvertement de l'un host en -l'autre. Ossi furent touttez ces parolles darrainnement dittez, -quant li doy chevalier furent amenet en le tente monseigneur -Carle. Et quant li doy chevalier messires Ghautiers et messires -Amauris orent ces nouvellez et entendirent que c'estoit certez, -il en eulrent grant piti. Si appellrent aucuns de leurs compaignons -et leur remoustrrent le mescief des deux chevaliers, lors -amis et compaignons, pour avoir consseil qu'il en poroient faire; -puis coummenchirent pensser li uns ch et li autrez l, et n'en -savoient c'aviser. Au dairains, coummencha parler li preux -chevaliers messires Gautiers de Mauny, et dist: Seigneur compaignon, -che seroit grant honneur pour nous, se nous poions ces -deux bons chevaliers sauver; et se nous nos en mettons en aventure -et fallissions, si nous en seroit li roys d'Engleterre bon gr; -et ossi feroient tout preudomme qui en oroient parler, quant -<span class="pagenum"><a id="Page_407"> 407</a></span> -nous en arions fait nostre pooir. Si vous en diray mon avis, se -vous avs talent de l'entreprendre; car il me samble que on doit -bien le corps aventurer pour sauver le vie de deux vaillans chevaliers. -J'ay aviset que nous nos yrons armer et nous partirons -en deux pars. Li une des pars ystera maintenant, ensi que on disnera, -par ceste porte, et se iront ly compaignon rengier sus cez -fosss pour estourmir l'ost et pour escarmuchier. Bien croy que -tout chil de l'host acouront ceste part, et vous, messires Amauris, -en sers cappittainne, et ars avoecq vous mil bons archiers -pour lez sourvenans detriier et faire reculler. Et je prenderay -deus cens de mes compaignons bien monts et cinq cens archiers, -et ysterons par ceste posterne d'autre part couvertement, et venrons -ferir par derire en leur loges que nous trouverons wuidez; -et se il plaist Dieu, nous ferons tant que nous les hosterons de -ce peril. Chilz conssaux et advis pleut tous, si qu'il fu fais et -ordounns tantost en l'eure, et s'armrent tout chil de Hainbon -secretement.</p> - -<p>Droitement sus l'eure dou disner yssi messires Amauris de -Clichon cinq cens hommes d'armes et mil archiers par le -porte qui le plus proainne estoit de l'ost, et se rengirent et -ordonnrent sus les fosss; et quant cil de l'host lez virent, si -criirent partout: As armes! et s'armrent vistement et partirent -de leurs logeis et vinrent escarmuchier yaux; et li archier -coummenchirent traire et ensonniier les Franchois. Endementroes -messires Gautiers de Mauny, messires Frankes de Halle, -messires Henris de Pennefort, messires Guillaummes de Cadudal, -messires Joffrois de Malatrait et bien deux cens compaignons -et tous d'eslite et cinq cens archiers monts cheval, se -partirent de Hainbon par une posterne qui oeuvre sus le mer, et -chevaucirent en sus de le ville et entours l'ost, et s'en vinrent -ferir ens s logeis par derire et n'y trouvrent adonc que varls -et gharons, car tout li seigneur estoient l'escarmuche. Et -avoient li Englz espiez et meneurs qui menrent tantost et de fet -monseigneur Ghautier et se routte droitement en le tente l o -li doy chevalier prisonnier estoient en grant soussi, liquel furent -errant delivret de chiaux qui lez gardoient, dont li plus furent -mort et navret et mis en cache, et furent tantost montez sour -deux coursiers et rammenet en le ville de Hainbon par force -d'armes. Che service leur fist messires Ghautiers de Mauny, dont -il acquist grant grasce. Et moult en fu messires Loeys d'Espaingne -<span class="pagenum"><a id="Page_408"> 408</a></span> -courouchiz, ms oubliier li couvint: si en fu il depuis moult -merancolieux, par tant qu'il avoit en tel mannire perdu les deux -chevaliers, dont il volloit faire se venganche. F<sup>o</sup> 72 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Toutes ces paroles furent sceues en la garnison -de Hainbon et dittes et comptes messire Gautier de Mauni, -qui tantos sus heure fu consillis et dist ses compagnons: -Biau signeur, il nous fault rescourre les deus chevaliers.—Et -conment ferons ce? respondirent li aultre. Je le vous -dirai, dist messires Gautiers, nous ferons armer tous ceuls de -ceste garnison, et une partie demorer pour garder la porte et le -pont. Et vous, messire Ive de Tigri, messire Guillaume de Qadudal, -li sires de Landreniaus, li chastellains de Ghinghant, li doi -frre de Pennefort, prenders deus cens compagnons et cinq cens -archiers, et saudrs hors sus le point dou disner, et irs escarmuchier -et estourmir l'oost. Et je et mes compagnons, lesquels -je ai mis hors d'Engleterre, cinq cens archiers, saudrons hors -par la posterne et cevaucerons tout droit l o li doi chevalier -prisonnier sont, et ferons nostre pooir dou conquerre et dou ramener. -Li coers me dist que nous les rauerons, et ce seroit grant -defaute pour nous, qant nous les savons en tel parti, (si) nous ne -faisions nostre diligense de euls delivrer. Tout furent de son -acort et s'armrent et apparillirent, et montrent as cevaus ceuls -qui monter i devoient. Et fu ouverte la porte et li pons avals, -et sallirent hors les deus cens armeures de fier, tous Bretons, et -les cinq cens archiers, et s'en vinrent escarmuchier et estourmir -l'oost. Et fu sus le point dou disner, dont oissis tronptes et claronciaus -retentir et bondir et criier alarme, et toutes gens sallir -sus et euls armer. Meismement messire Carles de Blois et tout li -signeur qui en sa tente estoient, sallirent sus et boutrent les -tables jus et s'armrent et ordonnrent, et ne vodrent pas estre -souspris leur disner, et se departirent et se traissent casquns -viers l'escarmuce. Et mesires Lois d'Espagne meismement, et ot -si grant quoite de li armer et d'aler l'escarmuce, que il ne li -souvint de ses deus chevaliers englois prisonniers, et les laissa -en la tente mesire Carle de Blois, en la garde des varls d'offisce -qui l estoient.</p> - -<p>Qant la cose fu bien estourmie, evous messire Gautier de -Mauni venu et issu hors de Hainbon par une posterne qui regardoit -sus la mer, ferant l'esporon tout autour des logeis et ses -compagnons. Et estoient bien deus cens armeures de fier et cinq -<span class="pagenum"><a id="Page_409"> 409</a></span> -cens archiers, et bien avoient qui les menoit; et s'adrecirent droit -au logeis messire Carle de Blois, et n'entendirent aultre cose -faire que de venir en la tente dou dit messire Carle. Et ne trouvrent -que varls qui l estoient, qui tantos s'enfuirent, li uns -ch, et li aultres l, et laissirent les deus chevaliers qui furent -moult resjoi qant il veirent messire Gautier et lor route. Tantos -il furent mont sus deus chevaus, et se missent au retour messire -Gautiers et ses gens par le cemin meismes o il estoient venu, et -n'eurent encontre ne destourbier nul, et rentrrent en Hainbon. -F<sup>o</sup> 86.</p> - -<p>P. <a href="#Page_175">175</a>, l. 21 et 22: qui les recueilloient vistement.—<i>Mss. A -1 6, 11 14, 18 22</i>: qui se reculoient, en desfendant vistement. -F<sup>o</sup> 98 v<sup>o</sup>.</p> - -<p class="space"><b> 179.</b> P. <a href="#Page_176">176</a>, l. 21: Encores.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Trois -jours apris ceste avenue, tout chil seigneur de Franche qui l -estoient devant le ville de Heinbon, se assamblrent en le tente -monseigneur Carlon de Blois pour avoir consseil qu'il feroient, -car il veoient bien que li ville et li castiaux de Hainbon estoient -si fort qu'il n'estoient mies pour gaegnier, tant avoit dedens de -bonne gens d'armes qui trop bien et trop sagement et vassaument -le gardoient. Et si leur ve(n)oient<a id="FNanchor_410" href="#Footnote_410" class="fnanchor"> [410]</a> tous les jours pourveanches et -vitailles par mer, dont il estoient bien servi, et se ne leur pooit -on ce pas oster ne clore. D'autre part, li plas pays d'environ estoit -si gastz, qu'il ne savoient quel part aller fourer. Et si leur -estoit li yviers prochains, par quoy il ne pooient par raison l -longement demorer; si ques, tous ces poins considerz, il s'acordrent -tout communaument que il se partiroient de l, et conssillirent -en bonne foy monseigneur Carlon de Blois que il mesist -par touttez lez citz, les bonnez villez et les fortrches qu'il -avoit conquises, bonnes garnisons et fortes, et si vaillans cappitaines -qu'il s'i peuist affier, par quoy li annemy ne les pewissent -reconcquerre. Et se aucuns vaillans homz se volloit entremettre -de pourcachier une trieuwe, il s'i accordast vollentiers, ms que -elle ne durast fors jusques le Pentecouste, que li saisons est -revenue pour hostoiier.</p> - -<p>A che consseil se tinrent tout chil qui l estoient, car c'estoit -entre le Saint Remy et le Toussains l'an de grace mil trois cens -<span class="pagenum"><a id="Page_410"> 410</a></span> -et quarante deux, que li yviers et li froide saison aprochoient. -Si se partirent tout chil de l'host, seigneur et aultre. Si en ralla -chacuns en sa contre. Et messires Carles de Blois s'en ralla droit -par deviers le ville de Craais tout les barons et noblez seigneurs -de Bretaingne, et dounna congiet touttez mannires de gens -estragniers, ms encorres retint il aucuns des barons de Franche -pour lui aidier consseillier. F<sup>os</sup> 72 v<sup>o</sup> et 73.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: Encores se combatoient et escarmuoient les -Franois et les Englois et les Bretons sus les fosss, et lanoient -et traioient li un l'autre, et faisoient des grandes escarmuces -d'armes; et pluisseurs belles apertisses i ot l faites. Nouvelles -vinrent as signeurs de France qui l estoient l'escarmuce, que -les Englois en ramenoient les deus chevaliers prisonniers. Evous -sonner tronptes et claronchiaus de retrte, pour retourner en -l'oost. Car qant il orent dire: Les Englois sont venus et entr -ens s tentes, il quidirent rechevoir plus grant damage que il -n'eurent, et que les Englois deuissent bouter le feu ens s logeis -et ardoir, ensi que il avoient fait aultre fois, mais non fissent: il -n'entendirent aultre cose que de ravoir lors prisonniers et de -euls mettre sauvet.</p> - -<p>Ensi se cessa li escarmuce, car chil qui estoient sus les fosss -ne sievirent point, mais se retraissent tout bellement en la forterce. -Et ot en Hainbon grant joie, qant il sentirent les deus chevaliers -resqous et delivr de dangier. Messires Lois d'Espagne fu -trop durement courouchis de ce que, tantos que li chevalier li -furent donn et delivr, que il ne les avoit fait decoler, et moult -de aultres signeurs de l'oost tout resjois de ce que on les avoit -rescous. Et en disoient li un l'autre: Il est bien emploiiet, -car messires Lois d'Espagne estoit trs mal aviss et consillis de -euls faire voloir morir. Et furent moult loes et reconmendes -dedens et dehors les appertisses et vaillances messire Gautier -de Mauni, car par li et par ses emprises avoit est tout fait.</p> - -<p>Trois jours apris ceste avenue, tout chil signeur de France se -traissent en la tente de messire Carle de Blois. Et qant il furent -tout assambl, ils parlementrent ensamble pour savoir conment -il s'ordonneroient, car il veoient et sentoient que li iviers aprooit, -et que dedens Hainbon il estoient pourveu et rafresqui de -bonnes gens d'armes et d'archiers, et estoit la ville et li chastiaus -trs fort, et lor pooient venir tous les jours pourveances par mer, -lequel pas on ne lor pooit clore, se force de navie ne le faisoit -<span class="pagenum"><a id="Page_411"> 411</a></span> -sus la mer. Avoecques tout ce, li fourageus franois ne savoient -o fouragier, car li plas pais estoit tous gasts, et n'avoient vivres -fors grant dangier. Si fu dit et conselliet messire Carle de -Blois que il departesist ses gens, et pourveist forterces et garnisons -de gens d'armes, et mesist et establesist partout bons capitainnes, -vaillans honmes segurs et sages, et les laiast couvenir -cel ivier et guerriier par garnisons, se guerriier voloient; ou, se -bonnes gens moienant ceste gerre se voloient ensonniier de tretier -unes trieuves jusques la Saint Jehan Baptiste que li pais -se peuist un petit rencrassier et repourveir, on consilloit messire -Carle de Blois que ils s'i acordast legierement, par quoi, -l'est qui retournoit, li cheval trouvaissent fouragier sus les -camps. Chils consauls fu creus et tenus: on se desloga. Au deslogement -que li signeur de France fissent, il missent une grose -enbusque sus, par quoi chil dou chastiel et de la ville de Hainbon -ne lor peuissent porter damage. Et avint que, qant les Englois -et les Bretons qui en Hainbon se tenoient, veirent li deslogement, -li auqun, par convoitise de gaegnier, sallirent hors et se boutrent -sus les deslogans, mais il alrent trop avant, car li enbusque, -laquelle messire Lois d'Espagne gouvrenoit, salli avant, et l furent -rebout chil de Hainbon moult durement. A trs grant meschief -peurent il rentrer la ville, et demorrent dehors deus chevaliers -par lor vaillance, qui deffendoient les rentrans. Ce furent -li sires de Landreniaus et li chastellains de Ghinghant, et furent -pris et environ dix honmes d'armes et menet en voies. Ensi ala -de celle escarmuce. Trois jours apris ceste avenue, vinrent nouvelles -ens ou chastiel de Hainbon la contesse de Montfort, et -as chevaliers d'Engleterre et de Bretagne, que li doi chevalier -dessus nonmet, mesires Carles de Blois et les signeurs sejournans - Rennes, estoient tournet Franois et devenu honme mesire -Carle de Blois et fait feault et honmage: dont on fu moult esmervilliet, -car la contesse lor avoit fait moult de biens, et lor -couvint passer, ne avoir n'en porent aultre cose.</p> - -<p>Ensi se deffist li siges de Hainbon en celle saison, environ le -Saint Luch, l'an de grasce mil trois cens quarante deux que li -iviers et les longes nuis aprooient. Et pourvei et rafresqi mesires -Carles de Blois toutes les chits, les villes et les chastiaus que -il tenoit en Bretagne, de nouvelles gens d'armes et de pourveances. -Et remercia les signeurs qui l'estoient venu servir; et leur -sambla que moult bien il avoient esploitiet pour une saison, et se -<span class="pagenum"><a id="Page_412"> 412</a></span> -departirent de Bretagne et retournrent en lors contres. Et messires -Carles s'en vint Nantes dals sa fenme et l se tint. F<sup>os</sup> 86 -v<sup>o</sup> et 87.</p> - -<p class="space"><b> 180.</b> P. <a href="#Page_178">178</a>, l. 18: A ce conseil.—<i>Ms. d'Amiens</i>: Entroes -que il (messires Carles de Blois) sejournoit Craais et que -il entendoit pourveir et ordounner ses garnisons et rafrescir -de gens, de vivres et d'artillerie, et chevauchoit ses marescaus -de l'un l'autre, avint que ungs rices bourgois et grans -marcheanz de le bonne ville que on claimme Jugon, fu une heure -encontrs de son marescal, monseigneur Robert de Biaumanoir, -et fu pris et amens Craais par devant monseigneur Charle. -Chilz bourgois de Jugon faisoit touttes lez pourveanchez le comtesse -de Montfort, et estoit Jugon moult creus et moult ams. -A che donc estoit cappittainne et souverains, de par le comtesse, -de la ville de Jugon, ungs gentils chevaliers que on claimmoit -monseigneur Gerart de Rochefort. Chils bourgois de Jugon, qui -enssi fu pris, eu grant paour de morir: si pria que on le lessaist -passer pour raenchon; on ne li volt mies acorder, mais fu mis -en prison, et depuis tant enquis et examins d'unes coses et d'autres -qu'il eult en couvent de rendre le forte ville de Jugon, et -dist que il estoit bien en se puissanche de livrer l'une dez portez -et de mettre ens gens d'armes pour saisir le ville.</p> - -<p>A ces parolles entendirent li seigneur de France vollentiers, et -li disent que, se il estoit trouvs en verit, messire Charles de -Blois li pardonroit son mautalent et li donroit deux cens livres de -revenue bien asignes sus le castellerie de Jugon, et il respondy: -Oyl. Et pour ce mieux asegurer, il en mist son fil en hostaige -et fist entendant chiaux de Jugon qu'il estoit ranchounns -mille florins, et que ses filx (en estoit garans<a id="FNanchor_411" href="#Footnote_411" class="fnanchor"> [411]</a>) et plges. De tout -ce qu'il dist, il fu trs bien creus, ne nuls n'y penssa le contraire. -Chilx jours fu venus; les portes de Jugon heure de mienuit furent -ouvertez. Si entra messires Charles de Blois celle heure en -le ville grant puissanche. La ghaite du castiel s'en perchut; si -coummencha criier: As armez! Trahi! trahi! Li bourgois, -qui de ce ne se donnoient garde, se commenchirent estourmir; -et quant il virent leur ville perdue, il se missent au fuir par -deviers le castiel par troppiaux. Et li bourgois qui trahi les avoit -<span class="pagenum"><a id="Page_413"> 413</a></span> -se mist fuir avoec yaux par couvreture, et entra ens ou castiel -osi bien que li autre. Quant li jours fu venus, messires Carles et -ses gens entrrent ens s maisons dez bourgois pour herbregier, -et prissent ce qu'il trouvrent. Et quant li dis messires Carlez vit -le castiel si fort et si emplit des bourgois, il dist qu'il ne se partiroit -de l jusques adonc qu'il aroit le castiel sa vollent. Li castelains -messires Gerars de Rocefort et li bourgois de le ville perchurent -bien et congnurent tantost que chilx bourgois les avoit -trahis. Si le prissent et pendirent tantost as cretiaux et as murs -du castiel. Ensi eult il son paiement de son pechiet. Lez mallez -oevrez amainnent les gens povre fin.</p> - -<p>Quant messires Gerars de Rochefort, cappitaine et souverain -de Jugon, vit que messires Carlez de Blois ne se partiroit point -de l et s'amanagoit droitement en le ville pour yaux tenir -sige, et sentoit que li castiaux sans le ville ne se pooit longement -tenir (ossi il estoit durement remplis de gens petit de pourveanchez, -car il y estoient entr soudainnement et sans advis); si se -consseilla aucuns bourgois qui l estoient, quel cose en estoit -bon affaire. Chil qui veoient j le leur perdu davantaige et leurs -maissons remplies de leurs ennemis, et ne veoient nul comfort de -leur damme et sentoient que tous li pays se rendoit et tournoit -monseigneur Carlon de Blois, se conssillirent que il se renderoient - lui parmy tant que, se il en y avoit aucuns qui plus aimassent -le comtesse de Montfort que monseigneur Carle de Blois, -il se pooient partir sauvement, mais riens n'en devoient porter dou -leur. Cilz traitis fu mis avant et acords de monsigneur Carlon -de Blois. Et se parti messires Gerars de Rocefort et li sien, ms -riens n'enportrent ne menrent dou leur, fors que seullement -leurs ronchins qu'il chevauchoient; et s'en vinrent Hainbon et -recordrent coumment li affaire avoit allet. Si en fu durement -courouchie la comtesse de Montfort, et ossi furent chil qui avoecq -lui estoient, tant d'Engleterre que de Bretaingne, car il avoient -perdu une ville qui durement leur estoit ammie et leur avoit fs -pluisseurs biaux servicez. Se leur couvint il passer et yaux recomforter -au mieux qu'il peurent.</p> - -<p>Quant messires Carles de Blois se fu saisis de le ville et dou -castiel de Jugon, il y sejourna quinze jours pour entendre et regarder -as besoingnes et as deffensces de le ville. Et le fist bien -reparer et fortefiier, et pourveyr d'artillerie et de touttez autres -pourveanches; et quant il s'en parti, il y laissa monseigneur le -<span class="pagenum"><a id="Page_414"> 414</a></span> -Ghalois de le Baume, ung chevalier savoiien, cappittainne et -souverain, et avoecq lui deus cens Geneuois parmy les hommes -d'armes. Puis se retraist Rennes, o madamme sa femme estoit; -et envoya monseigneur Loeys d'Espaigne sejourner Craais, -pour l garder le frontire.</p> - -<p>Environ le Saint Martin, fu tretis uns respit entre messire -Carle de Blois et le dessus ditte comtesse de Montfort; et en porta -les parollez sus bon saufconduit messires Yves de Tigueri, dou -lz le comtesse, et messires Robiers de Biaumannoir, dou costet -monseigneur Carle. Liquels respis fu acords et acouvenenchis, -d'un ls et de l'autre, durer jusques an my may l'an mil trois -cens quarante trois. Tantost ce respit juret et saielet, la comtesse -de Montfort se party de Hainbon et enmena avoecquez lui aucuns -chevaliers de Bretaingne; et monta en mer en entention pour ariver -en Engleterre, et pour parler au roy et li remoustrer ses besoingnes. -Ossi ce Noel enssuiwant vint messires Carlez de Blois - Paris deviers le roy Phelippe de Franche, son oncle, qui le -rechupt grant joie. Et l estoient dalls lui li comtes Loeis de -Blois, ses frres, et li dus de Bourbon, et pluiseur autre grant -seigneur de leur linage, pour quoy la feste fu mout remforchie; -et y dounna grans dons et grans jeuiaux as seigneurs et as chevaliers -estraingiers, car bien le savoit faire. Or nous tairons nous -ung petit parler dou roy de France, de monseigneur Carle de -Blois et de chiaux de Bretaingne. Si parlerons dou roy engls, -car la matre le requiert. F<sup>o</sup> 73.</p> - -<p><i>Ms. de Rome</i>: En cel ivier se tourna la ville de Craais la -contesse de Montfort, je ne sai par quel trettiet. Qant les nouvelles -en furent venues mesire Carle de Blois qui se tenoit -Nantes, il en fu durement courouchis, et dist et jura que jamais -n'entenderoit aultre cose si aueroit est devant Craais, et l'asegeroit -et point n'en partiroit, se trop grant poissance contre li ne -l'en levoit. Ce fu entre le Noel et la Candelor, et manda tous -ceuls qui de li tenoient en Bretagne. Et vint asseoir Craais par -bastides, car il faisoit trop froit et trop lait pour tendre tentes, -trefs et pavillons; et voloit ceuls de Craais constraindre tollir -lors pourveances, et puis, tantos le prin temps venu, aprochier -dou plus pris conme on poroit.</p> - -<p>En ce termine avint que uns bourgois et rices marceans de la -ville de Jugon, qui se tenoit pour la contesse de Montfort et faisoit -en partie toutes ses pourveances, fu encontrs et trouvs sus -<span class="pagenum"><a id="Page_415"> 415</a></span> -les camps de messire Robert de Biaumanoir, marescal de l'oost -messire Carle. Si fu pris et amens devant Craais ou logeis dou -dit messire Carle. Chils bourgois estoit moult ams et creus en la -ville de Jugon, qui est moult fortement freme et sciet trs noblement. -Aussi fait li chastiaus, qui est biaus et fors, et se tenoit -de la partie la contesse desus ditte. Et en estoit chastellains, de -par la contesse, uns chevaliers qui se nonmoit messires Gerars -de Rocefort. Chils bourgois de Jugon, qui ensi fu pris et amens - mesire Carle de Blois, eut grant paour de morir. Et, pour tant -que il estoit si proains de la contesse de Montfort, fu examins -et enquis des uns et des aultres si avant que il s'acorda ce et se -fist fors de livrer et rendre la ville de Jugon mesire Carle de -Blois ou ses conmis dedens un jour qui ne fu pas trop lontains -apris sa delivrance. Et, pour acomplir celle couvenance, il en -bailla un sien fil en plges, et sus cel estat on le laissa aler et retourner - Jugon; et donnoit entendre que il estoit ranonns -cinq cens florins, et bien en estoit creus. On n'avoit nulle soupeon -de lui, et gardoit les clefs de l'une des portes de Jugon.</p> - -<p>Au jour qui mis et ordonns i estoit, mesires Carles de Blois en -prop(r)e personne i vint tout cinq cens lances, et lais(s)a messire -Lois d'Espagne devant Craais tout le demorant de son hoost. -Ensi que li bourgois de Jugon avoit en couvenant, il fist, et deffrema -la porte de laquelle il gardoit les clefs. Sus un ajournement, -messires Carles et ses gens entrrent poissance dedens la -ville. La gette dou chastiel se perchut que gens d'armes entroient -en la ville. Si s'effora de corner: Trahi! trahi! Dont se -resvillirent li chevaliers et li saudoiier qui dedens le chastiel estoient, -et coururent as armes et as garites d'autour dou chastiel, -et requellierent les bonnes gens qui fuioient dedens le chastiel. Li -bourgois meismes, qui la trahison avoit faite, fui dedens avoecques -euls par couvreture. Messires Carles et ses gens se saisirent -de la ville, et trouvrent les maisons drues et raemplies, car chil -dou plat pais s'i estoient retrait sus la fiance dou fort lieu, et i -avoient amen lors biens. Mesires Carles et ses gens laissirent -toutes gens aler pasieuvlement viers le chastiel et raemplir, car -bien savoient, plus en i aueroit, plus se tenroient chil dou chastiel - cargiet, et plus tos se renderoient. Messires Gerars de Rocefort, -qui chastellains en estoit, fist enqueste par o ne conment -la ville estoit prise. On li dist: par la porte dont tels homs -gardoit les clefs. Li uns fu pris tantos, car il s'estoit l dedens -<span class="pagenum"><a id="Page_416"> 416</a></span> -enclos avoecques euls. Il fu questionns et si bien examins que -il congneut toute la trahison. Adonc li compagnon de l dedens -le prisent par le conmandement dou chastellain et le pendirent -as crestiaus dou chastel, veant tous ceuls qui veoir le pooient. Ce -fu le paiement que il en ot.</p> - -<p>Pour ce ne se departirent pas mesires Carles de Blois et ses -gens de la ville, mais s'i tinrent, et environnrent le chastiel, et -n'i vodrent onques livrer assaut; car bien savoient que longement -il ne se pooit tenir selonch le peuple qui estoit dedens, et furent -en cel estat quatre jours.</p> - -<p>Li chastelains ot pit des honmes et des fenmes et des enfans de -la ville qui l dedens s'estoient bout nulles pourveances, et -que ce ne se pooit longement soustenir, et veoit bien par les apparans -des Franois que point de l ne se departiroient, si aueroient -tout, et il en estoient asss au desus, puis que il avoient -la ville, et ne lor apparoit confors de nul cost; si eurent consel -de trettiier deviers messire Carle. Et tretiirent par celle manire -que la ville et li chastiaus se renderoient lui, parmi tant que -les hostels et maisons qui fustes estoient, seroient restablies au -plus pris conme on poroit, et raueroit casquns et casqunes ses -coses. A ce tretti entendi messires Carles de Blois volentiers, et -lor tint si avant conme il pot, et fist faire un ban et un conmandement, -quiconques avoit riens pris ne lev en la ville de Jugon, -tout fust restitu et mis arrire sus une painne que on i asist. -Chils bans ne fu pas bien tenus, et par especial de ceuls qui -avoient l'argent trouv et lev: jamais ne l'euissent remis arrire.</p> - -<p>Ensi ot en celle saison mesires Carles de Blois la ville et le -chastiel de Jugon, et en fist une bonne garnison, et n'i mist autre -chapitainne que mesire Gerart de Rocefort, depuis que il se fu -rendus lui, et que il li ot fait feault et honmage, et prist aussi -la feaut et honmage des bourgois, et puis s'en parti et retourna -devant Craais.</p> - -<p>De l'avenue de Jugon furent la contesse de Montfort et tout -chil de sa partie courouchi, mais souffrir lor couvint tant que -pour celle fois, car amender ne le porent. Asss tos apris se ensonniirent -bonnes gens entre messire Carle de Blois et la contesse -de Montfort, pour donner unes trieuves en Bretagne tant -seullement. Si furent donnes et jures entre toutes parties, -durer jusques la Saint Jehan Baptiste prochain venant, et tenoit -<span class="pagenum"><a id="Page_417"> 417</a></span> -casquns et casqune ce que il devoit tenir sans mal enghien. Ensi -se deffist li siges de Craais. Et retourna mesires Carles de Blois - Nantes, et se departirent toutes gens d'armes, et se retraist casquns -en sa garnison.</p> - -<p>En ce terme que les trieuves durrent, fu la contesse de Montfort -consillie de par les Bretons et les Englois, que elle se presist -pris d'aler en Engleterre veoir le roi et les barons et euls remoustrer -ses necessits: elle ne pooit faire milleur esploit. Si se -acorda ce et prist son estat au plus courtois que elle pot, et -monta en mer en Hainbon meismes, et enmena avoecques lui messire -Amauri de Clion, pour tant que j il i avoit est et congnissoit -le roi d'Engleterre et les barons, et aussi il le congnissoient. -Encores enmena la contesse de Montfort en Engleterre -deus enfans que elle avoit, fil et fille.</p> - -<p>Nous laisserons un petit parler de la ditte contesse de Montfort -et de son arroi, et parlerons dou roi d'Engleterre et des besongnes -qui avinrent en ce termine. F<sup>os</sup> 87 v<sup>o</sup> et 88.</p> - -<p class="end">FIN DES VARIANTES DU TOME DEUXIME.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_418"> 418</a></span></p> - - -<div class="chapter"></div> -<div class="footnotes"> -<h2 class="normal">NOTES:</h2> -<div class="footnote"> - -<p><a id="Footnote_1" href="#FNanchor_1" class="label">[1]</a> Labrit, Landes, arr. Mont-de-Marsan. La forme la plus ordinaire -de ce nom dans les mss. des Chroniques de Froissart est <i>Labreth</i>. -Albret est devenu le nom historique de l'illustre famille qui appartenait -cette seigneurie.</p> - -<p><a id="Footnote_2" href="#FNanchor_2" class="label">[2]</a> Pommiers, Gironde, comm. Saint-Flix de Foncaude, arr. la -Role, c. Sauveterre.</p> - -<p><a id="Footnote_3" href="#FNanchor_3" class="label">[3]</a> On peut lire dans le ms. d'Amiens <i>Tarse</i> ou <i>Carse</i>. Aprs avoir -adopt la leon Tarse, nous donnons la prfrence Carse, parce qu'il -s'agit peut-tre de Cars, Gironde, arr. et c. Blaye.</p> - -<p><a id="Footnote_4" href="#FNanchor_4" class="label">[4]</a> Dordogne, arr. Ribrac$1</p>/p> - -<p><a id="Footnote_5" href="#FNanchor_5" class="label">[5]</a> Belgique, Fl. occ., arr. et c. Courtrai.</p> - -<p><a id="Footnote_6" href="#FNanchor_6" class="label">[6]</a> Belgique, Fl. occ., arr. Ypres, c. Messines.</p> - -<p><a id="Footnote_7" href="#FNanchor_7" class="label">[7]</a> Pont de Fer parat tre une forme francise du flamand <i>Verbruk</i>. -Verbruk est aujourd'hui un hameau d'Amougies, sur le Rhosne, Belgique, -Fl. or., arr. Audenarde, c. Renaix. Cette localit est situe -peu prs gale distance d'Audenarde et de Tournay (note communique -par mon jeune et savant collgue M. A. Longnon).</p> - -<p><a id="Footnote_8" href="#FNanchor_8" class="label">[8]</a> Poperinghe et Messines sont situs en Belgique, Fl. occ. arr. -Ypres.</p> -</div> -<div class="footnote"> -<p><a id="Footnote_9" href="#FNanchor_9" class="label">[9]</a> Nord, arr. Dunkerque.</p> - -<p><a id="Footnote_10" href="#FNanchor_10" class="label">[10]</a> Nord, arr. Hazebrouck.</p> - -<p><a id="Footnote_11" href="#FNanchor_11" class="label">[11]</a> Nord, arr. Dunkerque.</p> - -<p><a id="Footnote_12" href="#FNanchor_12" class="label">[12]</a> Belgique, Fl. occ., arr. Furnes, 38 kil. de Bruges.</p> - -<p><a id="Footnote_13" href="#FNanchor_13" class="label">[13]</a> Nord, arr. Dunkerque.</p> - -<p><a id="Footnote_14" href="#FNanchor_14" class="label">[14]</a> Throuanne et Aire sont situs dans le Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer.</p> - -<p><a id="Footnote_15" href="#FNanchor_15" class="label">[15]</a> Pas-de-Calais, arr. Bthune, c. Lillers.</p> - -<p><a id="Footnote_16" href="#FNanchor_16" class="label">[16]</a> Am, comte de Genve, figure sur les montres de l'host de Bouvines, -dans la bataille du comte de Savoie: Am, comte de Genve, -6 chev. bann., 3 bach., 3 esc. bann. comptez comme bach., 252 esc. -Bibl. imp., De Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 344 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_17" href="#FNanchor_17" class="label">[17]</a> Hue, vidame de Chalon, 4(bach.), 20 esc. De Camps, -portef. 83, f<sup>o</sup> 225.</p> - -<p><a id="Footnote_18" href="#FNanchor_18" class="label">[18]</a> Humbert, seigneur de Villars, bann., 3 bann., 6 bach., 82 esc.; -venu de Montroyal en Montagne. De Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 334 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_19" href="#FNanchor_19" class="label">[19]</a> Agot des Baus et Guy de Groulle, chev. bann., venus en la -guerre du roy pour M. le dauphin de Vienne avec 7 autres bann., -4 bach., 3 esc. bann., 179 esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 345.</p> - -<p><a id="Footnote_20" href="#FNanchor_20" class="label">[20]</a> Aujourd'hui Bohain-en-Vermandois, Aisne, arr. Saint-Quentin.</p> - -<p><a id="Footnote_21" href="#FNanchor_21" class="label">[21]</a> Le Cateau, Nord, arr. Cambrai.</p> - -<p><a id="Footnote_22" href="#FNanchor_22" class="label">[22]</a> Nord, arr. Cambrai, c. le Cateau.</p> - -<p><a id="Footnote_23" href="#FNanchor_23" class="label">[23]</a> La Selle, affluent de la rive droite de l'Escaut, prend sa source -au sud du Cateau dans une valle appele Fons-Selle, et se jette dans -l'Escaut Denain.</p> - -<p><a id="Footnote_24" href="#FNanchor_24" class="label">[24]</a> Nord, arr. Avesnes, c. Landrecies.</p> - -<p><a id="Footnote_25" href="#FNanchor_25" class="label">[25]</a> Les noms de ces deux chevaliers figurent prcisment la suite -l'un de l'autre sur les montres de la bataille de Raoul, comte d'Eu, -lieutenant s frontires de Flandre, du 9 mars au 1<sup>er</sup> octobre 1340: -Pierre, seign. de Bailleul en Caux, bann., 2 bach., 4 esc.—Guillaume -de Briaut bach. et 3 esc. De Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 317.</p> - -<p><a id="Footnote_26" href="#FNanchor_26" class="label">[26]</a> Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes.</p> - -<p><a id="Footnote_27" href="#FNanchor_27" class="label">[27]</a> Aujourd'hui hameau de la comm. de Romeries, Nord, arr. Cambrai, -c. Solesmes.</p> - -<p><a id="Footnote_28" href="#FNanchor_28" class="label">[28]</a> Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes.</p> - -<p><a id="Footnote_29" href="#FNanchor_29" class="label">[29]</a> Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.</p> - -<p><a id="Footnote_30" href="#FNanchor_30" class="label">[30]</a> Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes.</p> - -<p><a id="Footnote_31" href="#FNanchor_31" class="label">[31]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_32" href="#FNanchor_32" class="label">[32]</a> Calaumes dsigne sans doute la Chapelle Callome, dpendance -de Bermerain, qui figure encore sur la carte de Cassini.</p> - -<p><a id="Footnote_33" href="#FNanchor_33" class="label">[33]</a> Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.</p> - -<p><a id="Footnote_34" href="#FNanchor_34" class="label">[34]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_35" href="#FNanchor_35" class="label">[35]</a> Nord, arr. Cambrai, c. Carnires.</p> - -<p><a id="Footnote_36" href="#FNanchor_36" class="label">[36]</a> Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.</p> - -<p><a id="Footnote_37" href="#FNanchor_37" class="label">[37]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_38" href="#FNanchor_38" class="label">[38]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_39" href="#FNanchor_39" class="label">[39]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_40" href="#FNanchor_40" class="label">[40]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p> - -<p><a id="Footnote_41" href="#FNanchor_41" class="label">[41]</a> Nord, arr. Avesnes, c. Bavai.</p> - -<p><a id="Footnote_42" href="#FNanchor_42" class="label">[42]</a> Aujourd'hui Preux-au-Sart, Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.</p> - -<p><a id="Footnote_43" href="#FNanchor_43" class="label">[43]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_44" href="#FNanchor_44" class="label">[44]</a> Nord, arr. Avesnes, c. Bavai.</p> - -<p><a id="Footnote_45" href="#FNanchor_45" class="label">[45]</a> Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.</p> - -<p><a id="Footnote_46" href="#FNanchor_46" class="label">[46]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_47" href="#FNanchor_47" class="label">[47]</a> Aujourd'hui Saint-Vaast-la-Valle, Nord, arr. Avesnes, c. Bavai.</p> - -<p><a id="Footnote_48" href="#FNanchor_48" class="label">[48]</a> Aujourd'hui Louvignies-ls-Bavai, sur un affluent du Honneau ou -Hongneau.</p> - -<p><a id="Footnote_49" href="#FNanchor_49" class="label">[49]</a> Nord, arr. Avesnes, c. Bavai.</p> - -<p><a id="Footnote_50" href="#FNanchor_50" class="label">[50]</a> Aujourd'hui lieu-dit de la comm. du Preux-au-Sart.</p> - -<p><a id="Footnote_51" href="#FNanchor_51" class="label">[51]</a> Le Honneau ou Hongneau est un petit cours d'eau sorti de la -fort de Mormal, qui se jette dans la Haine, affluent de la rive droite -de l'Escaut.</p> - -<p><a id="Footnote_52" href="#FNanchor_52" class="label">[52]</a> Froissart dit que cette incursion pousse jusque dans le Bavaisis -fut faite par l'avant-garde de l'arme du duc de Normandie, et que -l'un des chefs de cette avant-garde tait Thibaud de Moreuil. Les montres -conserves par De Camps confirment sur ce point le tmoignage -du chroniqueur; mais tandis que Froissart semble mettre la chevauche -dont il s'agit avant l'attaque contre Valenciennes, c'est--dire en juin -1340, les montres la placent aprs cette attaque, puisqu'elles la reportent -au mois de juillet. Gens d'armes qui servirent Thibaut de Moreuil -en la chevauche de Bavai en Hainaut <i>ou mois de juillet</i> 1340: -Enguerran, sire de Coucy, bann., 1 bann., 11 bach., 59 esc.; Raoul -Flamenc, seigneur de Canny, chev. bann., 2 bach., 19 esc.; Mathieu -d'Espineuses bach. 3 esc. De Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 346.</p> - -<p><a id="Footnote_53" href="#FNanchor_53" class="label">[53]</a> Nord, arr. Valenciennes, sur l'Escaut.</p> - -<p><a id="Footnote_54" href="#FNanchor_54" class="label">[54]</a> Nord, arr. Avesnes, sur la Sambre.</p> - -<p><a id="Footnote_55" href="#FNanchor_55" class="label">[55]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_56" href="#FNanchor_56" class="label">[56]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes, sur l'caillon.</p> - -<p><a id="Footnote_57" href="#FNanchor_57" class="label">[57]</a> Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes, sur la Selle.</p> - -<p><a id="Footnote_58" href="#FNanchor_58" class="label">[58]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_59" href="#FNanchor_59" class="label">[59]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain, dans une le forme par la -Selle.</p> - -<p><a id="Footnote_60" href="#FNanchor_60" class="label">[60]</a> Nord, arr. Cambrai, sur la Selle.</p> - -<p><a id="Footnote_61" href="#FNanchor_61" class="label">[61]</a> Au quatorzime sicle, la fort de Mormal, situe sur la rive -gauche de la Sambre, s'tendait depuis Landrecies au sud jusque prs -de Bavai au nord; elle avait pour limite l'ouest la voie romaine, dite -Chausse Brunehaut, du Cateau Bavai.</p> - -<p><a id="Footnote_62" href="#FNanchor_62" class="label">[62]</a> A l'host des frontires de Flandre, du 9 mars 1339 au 1<sup>er</sup> octobre -1340, dans la bataille des marchaux de France figurent: Robert de -Pinquigny, chev. bann., 2 chev. bach. et 12 esc.; venu de Fluy ls -Pinquigny (Fluy, Somme, arr. Amiens, c. Molliens-Vidame); Regnaut -et Jean de Pinquigny et 8 esc. De Camps, portef. 83. f<sup>o</sup> 320 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_63" href="#FNanchor_63" class="label">[63]</a> Le personnage dsign ici par le titre de vicomte des Quesnes est -Guillaume des Quesnes, vicomte de Poix, qui figure aussi avec son fils -Renaud des Quesnes l'host de Flandre de 1339 1340: Guillaume -des Quesnes, vicomte de Pois, chev. bann., 2 bach., 11 esc.; venu de -Quesnes (auj. le Quesne, Somme, arr. Amiens, c. Hornoy). De Camps, -83, f<sup>o</sup> 337 v<sup>o</sup>.—Regnaut des Quesnes, bach., 27 esc. f<sup>o</sup> 323.</p> - -<p><a id="Footnote_64" href="#FNanchor_64" class="label">[64]</a> A l'host des frontires de Flandre de 1339 1340, parmi les -cuyers de la bataille des marchaux de France, figure: le Borgne -de Rivery, 1 esc.; venu de Rivery prs d'Amiens. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 327.</p> - -<p><a id="Footnote_65" href="#FNanchor_65" class="label">[65]</a> Pons Cornillon de la Balme fut fait chevalier <i>devant le Quesnoy -le 7 juin</i>. Ibid., f<sup>o</sup> 334.</p> - -<p><a id="Footnote_66" href="#FNanchor_66" class="label">[66]</a> Aujourd'hui Pont--Felaines, lieu-dit de la commune de Famars.</p> - -<p><a id="Footnote_67" href="#FNanchor_67" class="label">[67]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p> - -<p><a id="Footnote_68" href="#FNanchor_68" class="label">[68]</a> Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.</p> - -<p><a id="Footnote_69" href="#FNanchor_69" class="label">[69]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_70" href="#FNanchor_70" class="label">[70]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p> - -<p><a id="Footnote_71" href="#FNanchor_71" class="label">[71]</a> <i>Artriel</i> tait sans doute une dpendance d'Artre, comme Angriel -est une dpendance d'Angre et Sebourquiel une dpendance de Sebourg; -mais ce hameau a disparu. Un terrain vague, situ prs d'Artre, -s'appelle encore aujourd'hui <i>le Triez</i>; peut-tre conserve-t-il le souvenir -de l'Artriel de Froissart (note communique par M. Caffiaux).</p> - -<p><a id="Footnote_72" href="#FNanchor_72" class="label">[72]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p> - -<p><a id="Footnote_73" href="#FNanchor_73" class="label">[73]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_74" href="#FNanchor_74" class="label">[74]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_75" href="#FNanchor_75" class="label">[75]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_76" href="#FNanchor_76" class="label">[76]</a> Nord, arr. Avesnes, c. le -Quesnoy.</p> - -<p><a id="Footnote_77" href="#FNanchor_77" class="label">[77]</a> Aujourd'hui hameau de la commune de Havay, Belgique, prov. -Hainaut, arr. Mons, c. Pturages.</p> - -<p><a id="Footnote_78" href="#FNanchor_78" class="label">[78]</a> Rombies-et-Marchipont, Nord, arr. et c. Valenciennes.</p> - -<p><a id="Footnote_79" href="#FNanchor_79" class="label">[79]</a> Uintiel, Untiel, Ontiel, Ointiel est l'ancien nom de la rivire qui -s'appelle maintenant la Rhonelle, affluent de la rive droite de l'Escaut, -qui se jette dans ce fleuve Valenciennes.</p> - -<p><a id="Footnote_80" href="#FNanchor_80" class="label">[80]</a> Nord. arr. et c. Valenciennes, entre la Rhonelle et l'caillon.</p> - -<p><a id="Footnote_81" href="#FNanchor_81" class="label">[81]</a> Nord, arr. Valenciennes, au confluent de l'Escaut et de la Hayne.</p> - -<p><a id="Footnote_82" href="#FNanchor_82" class="label">[82]</a> Belgique, prov. Hainaut, arr. Mons, c. Boussu.</p> - -<p><a id="Footnote_83" href="#FNanchor_83" class="label">[83]</a> Belgique, prov. Hainaut, arr. Mons, c. Dour.</p> - -<p><a id="Footnote_84" href="#FNanchor_84" class="label">[84]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes, sur la petite Honnelle.</p> - -<p><a id="Footnote_85" href="#FNanchor_85" class="label">[85]</a> Belgique, prov. Hainaut, arr. Mons, c. Dour.</p> - -<p><a id="Footnote_86" href="#FNanchor_86" class="label">[86]</a> Les Franais se mirent en marche pour attaquer Valenciennes -dans les premiers jours de mai 1340. Par acte dat du 2 mai 1340, -Raoul, comte d'Eu, conntable de France, mande aux bourgeois de -Valenciennes qu'ils n'aient point soutenir les Anglais ni leurs allis -contre le roi de France (Orig. parch., Archives du Nord). La principale -attaque dirige contre cette ville dut avoir lieu le 22 mai, jour o -il y eut du ct des Franais une promotion de chevaliers: Loys de -Tournon fait chevalier nouvel <i>devant Valenciennes</i>, le 22 mai. De -Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 334.</p> - -<p><a id="Footnote_87" href="#FNanchor_87" class="label">[87]</a> Le Mont de Castres (<i>mons castrorum</i>) est le nom de la colline sur -laquelle est bti Famars. Au quatrime sicle, aprs la ruine de Bavai, -les Romains y avaient construit une enceinte fortifie dont quelques -dbris subsistent encore.</p> - -<p><a id="Footnote_88" href="#FNanchor_88" class="label">[88]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p> - -<p><a id="Footnote_89" href="#FNanchor_89" class="label">[89]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_90" href="#FNanchor_90" class="label">[90]</a> Aujourd'hui Trith-Saint-Lger, Nord, arr. et c. Valenciennes.</p> - -<p><a id="Footnote_91" href="#FNanchor_91" class="label">[91]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_92" href="#FNanchor_92" class="label">[92]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_93" href="#FNanchor_93" class="label">[93]</a> Le pont jet en cet endroit sur l'Escaut, pour relier Famars la -rive gauche du fleuve, avait donn son nom un village aujourd'hui -dtruit; la tradition faisait remonter aux Romains la construction de ce -pont.</p> - -<p><a id="Footnote_94" href="#FNanchor_94" class="label">[94]</a> On appelle encore <i>marais de Bourlain</i> un lieu-dit de la banlieue de -Valenciennes, prs de l'Escaut, du ct de la porte de Cambrai.</p> - -<p><a id="Footnote_95" href="#FNanchor_95" class="label">[95]</a> Le <i>marais d'Infier</i> figure aussi comme lieu-dit sur les relevs du -cadastre; mais il est plus rapproch de Trith que Bourlain (Note de -M. Caffiaux).</p> - -<p><a id="Footnote_96" href="#FNanchor_96" class="label">[96]</a> Boucicaut figure sur les montres de l'host de Bouvines dans la -bataille du roi parmi les bacheliers: Pour M. Boucicaut et 3 escuiers; -venu de Poitou. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 404 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_97" href="#FNanchor_97" class="label">[97]</a> Au lieu de Guillaume Blondel, le ms. de Rome mentionne Gui -Poteron.</p> - -<p><a id="Footnote_98" href="#FNanchor_98" class="label">[98]</a> Gui (et non Jacques) de Surgres figure l'host de Bouvines -dans la bataille du roi de Navarre: Guy de Surgires, bann., 6 bach., -37 esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 335 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_99" href="#FNanchor_99" class="label">[99]</a> Heurtebise est indiqu sur la carte de Cassini comme un cart de -Trith-Saint-Lger, prs de la chausse de Bouchain Valenciennes.</p> - -<p><a id="Footnote_100" href="#FNanchor_100" class="label">[100]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p> - -<p><a id="Footnote_101" href="#FNanchor_101" class="label">[101]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_102" href="#FNanchor_102" class="label">[102]</a> D'aprs la premire et la troisime rdaction, les Valenciennois -vainqueurs Saint-Vaast taient commands par Grard de Verchin, -snchal de Hainaut.</p> - -<p><a id="Footnote_103" href="#FNanchor_103" class="label">[103]</a> Anzin est 2 kil. N. O. de Valenciennes, sur la route de cette -ville Lille.</p> - -<p><a id="Footnote_104" href="#FNanchor_104" class="label">[104]</a> Aujourd'hui Saint-Vaast-l-Haut, lieu-dit de la banlieue de Valenciennes. -Saint-Vaast, Beaurepaire et la Tasnerie taient trois seigneuries -dpendantes de cette ville.</p> - -<p><a id="Footnote_105" href="#FNanchor_105" class="label">[105]</a> A la place du bois d'Aubry s'lve aujourd'hui le village appel -Petite-Fort-de-Raismes, rig en commune en 1801.</p> - -<p><a id="Footnote_106" href="#FNanchor_106" class="label">[106]</a> Abbaye de femmes de l'ordre de Cteaux situe sur le territoire de -la paroisse de Maing, prs de l'ancienne route de Valenciennes -Cambrai.</p> - -<p><a id="Footnote_107" href="#FNanchor_107" class="label">[107]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain sur la Selle.</p> - -<p><a id="Footnote_108" href="#FNanchor_108" class="label">[108]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p> - -<p><a id="Footnote_109" href="#FNanchor_109" class="label">[109]</a> Ibid., sur l'caillon.</p> - -<p><a id="Footnote_110" href="#FNanchor_110" class="label">[110]</a> Nord, arr. et c. Cambrai, sur l'Escaut, 3 kil. N. E. de Cambrai.</p> - -<p><a id="Footnote_111" href="#FNanchor_111" class="label">[111]</a> Le chteau d'Escaudœuvres fut pris avant le 3 juin 1340. Par -une charte date du 3 juin 1340, le duc de Normandie mande, du -chteau d'Escaudœuvres, aux bourgeois de Valenciennes, de ne point -servir le comte de Hainaut ni son oncle le seigneur de Beaumont, qui -s'taient joints aux Anglais pour nuire au royaume de France (Orig. -parch., aux Archives du Nord).</p> - -<p><a id="Footnote_112" href="#FNanchor_112" class="label">[112]</a> Nord, arr. et c. Douai.</p> - -<p><a id="Footnote_113" href="#FNanchor_113" class="label">[113]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain. Une moiti de ce village -tenait, comme on le verra plus bas, pour les Hainuyers, l'autre moiti -pour les Franais.</p> - -<p><a id="Footnote_114" href="#FNanchor_114" class="label">[114]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.</p> - -<p><a id="Footnote_115" href="#FNanchor_115" class="label">[115]</a> Nord, arr. Douai, c. Marchiennes.</p> - -<p><a id="Footnote_116" href="#FNanchor_116" class="label">[116]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_117" href="#FNanchor_117" class="label">[117]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.</p> - -<p><a id="Footnote_118" href="#FNanchor_118" class="label">[118]</a> Nord, arr. et c. Douai.</p> - -<p><a id="Footnote_119" href="#FNanchor_119" class="label">[119]</a> Hameau de la commune d'Alnes, Nord, arr. Douai, c. Marchiennes.</p> - -<p><a id="Footnote_120" href="#FNanchor_120" class="label">[120]</a> Nord, arr. et c. Douai. Le nom de cette seigneurie s'crivait autrefois -Mauny; elle appartenait l'illustre famille de ce nom.</p> - -<p><a id="Footnote_121" href="#FNanchor_121" class="label">[121]</a> Nord, arr. et c. Douai.</p> - -<p><a id="Footnote_122" href="#FNanchor_122" class="label">[122]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.</p> - -<p><a id="Footnote_123" href="#FNanchor_123" class="label">[123]</a> Hameau de la commune de Lourches.</p> - -<p><a id="Footnote_124" href="#FNanchor_124" class="label">[124]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.</p> - -<p><a id="Footnote_125" href="#FNanchor_125" class="label">[125]</a> Aujourd'hui Neuville-sur-l'Escaut, Nord, arr. Valenciennes, -c. Bouchain.</p> - -<p><a id="Footnote_126" href="#FNanchor_126" class="label">[126]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.</p> - -<p><a id="Footnote_127" href="#FNanchor_127" class="label">[127]</a> Nord, arr. Douai, c. Arleux.</p> - -<p><a id="Footnote_128" href="#FNanchor_128" class="label">[128]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_129" href="#FNanchor_129" class="label">[129]</a> Nord, arr. et c. Douai.</p> - -<p><a id="Footnote_130" href="#FNanchor_130" class="label">[130]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_131" href="#FNanchor_131" class="label">[131]</a> La forteresse de la Malmaison situe dans la commune d'Ors -(Nord, arr. Cambrai, c. le Cateau), sur la rive gauche de la Sambre, -appartenait en effet aux vques de Cambrai; mais en 1340 Sohier de -Gand en tait capitaine et il avait sous ses ordres 20 cuyers pour le -roi de France. (De Camps, 83, f<sup>o</sup> 458 v<sup>o</sup>.)</p> - -<p><a id="Footnote_132" href="#FNanchor_132" class="label">[132]</a> Au Cateau, Jean de Honnecourt tait chtelain pour le roi de -France. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 458.</p> - -<p><a id="Footnote_133" href="#FNanchor_133" class="label">[133]</a> Nord, arr. Cambrai, c. Carnires.</p> - -<p><a id="Footnote_134" href="#FNanchor_134" class="label">[134]</a> Aisne, arr. Saint-Quentin, c. Bohain.</p> - -<p><a id="Footnote_135" href="#FNanchor_135" class="label">[135]</a> Cf. Jean le Bel, chap. xxxv, t. I, p. 171 173.</p> - -<p><a id="Footnote_136" href="#FNanchor_136" class="label">[136]</a> La prise de Thun-l'Evque eut lieu dans le courant du mois de -juin 1340. Des lettres d'amortissement de 20 livres de rente sans justice -et forteresse, dlivres pour la fondation d'une chapelle Gieffroy -de Gienville, clerc et conseiller du roi, sont dates de <i>noz tentes, -aprs la prise du chastel de Thun, l'an 1340 au mois de juing</i>. Arch. de -l'Empire, sect. hist., JJ73, f<sup>o</sup> 117, p. 137.</p> - -<p><a id="Footnote_137" href="#FNanchor_137" class="label">[137]</a> Jean de Maubuisson figure l'host de Bouvines, parmi les <i>bacheliers -sous les marchaux</i>: Jean de Maubuisson et 1 escuier venu de -Montigny lez Gisors. De Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 366.</p> - -<p><a id="Footnote_138" href="#FNanchor_138" class="label">[138]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XXXVI</span>, t. I, p. 171 173.</p> - -<p><a id="Footnote_139" href="#FNanchor_139" class="label">[139]</a> L'cluse, en flamand Sluis, ville et port de mer des Pays-Bas, -dans la Flandre hollandaise, prov. Zeeland, arr. Middelburg.</p> - -<p><a id="Footnote_140" href="#FNanchor_140" class="label">[140]</a> Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. et c. Bruges.</p> - -<p><a id="Footnote_141" href="#FNanchor_141" class="label">[141]</a> L'le de Kadzand fait aujourd'hui partie des Pays-Bas, prov. -Zeeland, arr. Middelburg, c. l'cluse (Sluis).</p> - -<p><a id="Footnote_142" href="#FNanchor_142" class="label">[142]</a> douard III s'embarqua Orwell le 23 juin, veille de la fte de -la Nativit de Saint-Jean-Baptiste; et la bataille navale de l'cluse se -livra le jour mme de la fte, le 24 juin: ....sub spe cœlestis auxilii, -crit douard III l'archevque de Canterbury, et justiti nostr fiducia, -dictum portum navigio venientes, invenimus dictam classem, et -hostes nostros ibidem paratissimos ad prlium, in multitudine copiosa -quibus <i>in festo Nativitatis Sancti Johannis Baptist proxime prterito</i>, -ipse, spes nostra, Christus Deus, per conflictum fortem et validum, -nos prvalere concessit, facta strage non modica dictorum hostium, -capta etiam quodammodo tota classe, cum lsione gentis nostr non -modica respective. Rymer, <i>Fœdera</i>, vol. II, p. 1129.</p> - -<p><a id="Footnote_143" href="#FNanchor_143" class="label">[143]</a> Sandwich, dans le comt de Kent, un des cinq ports.</p> - -<p><a id="Footnote_144" href="#FNanchor_144" class="label">[144]</a> Pays-Bas, prov. Zeeland, arr. Middelburg, c. l'cluse (Sluis).</p> - -<p><a id="Footnote_145" href="#FNanchor_145" class="label">[145]</a> Pays-Bas, prov. Zeeland, arr. Middelburg, chef-lieu de canton.</p> - -<p><a id="Footnote_146" href="#FNanchor_146" class="label">[146]</a> Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. et c. Bruges.</p> - -<p><a id="Footnote_147" href="#FNanchor_147" class="label">[147]</a> Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. Furnes, chef-lieu de -canton.</p> - -<p><a id="Footnote_148" href="#FNanchor_148" class="label">[148]</a> Hue Quieret, seigneur de Tours en Vimeu, mourut des blessures -reues dans le combat. Nicolas Behuchet fut, dit-on, pendu au mt -de son vaisseau par l'ordre d'douard III. Philippe de Valois amortit -en avril 1344 quinze livres tournois de rente Gonfreville-l'Orcher, -la requte de frre Pierre le Marchant, du tiers ordre de Saint-Franois, -clerc de nostre am et feal conseiller <i>Nicolas Beuchet</i> <span class="smcap">JADIS</span> <i>chevalier</i>, -en recompense des bons et agreables services que nous fist le dit Pierre -en noz guerres de la mer en la compaignie du dit chevalier. Arch. -de l'Empire, sect. hist., JJ74, p. 154, f<sup>o</sup> 93.</p> - -<p>La marine normande fut longtemps se relever de ce dsastre. En -fvrier 1342, Philippe de Valois amortit cent livres de terre pour la -fondation d'un hpital: comme les bourgois et les habitanz de la ville -de Leure en Normandie (Seine-Infrieure, comm. le Havre), <i>pour compassion -de plusieurs du dit pais, qui onc de nostre arme de la mer avoient -est navrez et mehaigniez</i> si griement qu'il ne povoient ne ne pourront -jamais gaigner leurs vivres.... JJ74, p. 694, f<sup>o</sup> 418.</p> - -<p><a id="Footnote_149" href="#FNanchor_149" class="label">[149]</a> La belle glise d'Aardenburg, ddie sous l'invocation de Notre-Dame, -tait clbre dans toute la Flandre au moyen ge comme but de -plerinage.</p> - -<p><a id="Footnote_150" href="#FNanchor_150" class="label">[150]</a> Louis d'Espagne, comte de Talmont, fut capitaine souverain -Lille du 16 avril au 27 septembre 1340. De Camps, portef. 83, -f<sup>o</sup> 310 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_151" href="#FNanchor_151" class="label">[151]</a> Hue Quieret, chevalier et conseiller du roi, son amiral en la mer, -fut capitaine de Douai du 28 octobre au 6 dcembre 1339. De Camps, -83, f<sup>o</sup> 311. Nicole de Wasiers parat avoir succd Hue Quieret -comme capitaine de Douai sous le gouvernement de Godemar du Fay, -du 28 octobre 1339 au 27 septembre 1340. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 312.</p> - -<p><a id="Footnote_152" href="#FNanchor_152" class="label">[152]</a> Jean de Traynel, <i>chevalier le roi</i>, fut tabli du 2 fvrier au 12 juillet -1340, capitaine Aire et s frontires d'Artois avec 2 bacheliers et -28 cuyers sous sa bannire, et sous ses ordres 25 chevaliers bacheliers. -De Camps, 83, f<sup>os</sup> 315 et 316.</p> - -<p><a id="Footnote_153" href="#FNanchor_153" class="label">[153]</a> Robert de Wavrin, sire de Saint-Venant, fut tabli, du 30 octobre -1339 au 27 septembre 1340, capitaine de Saint-Venant, avec 5 chevaliers -et 40 cuyers sous sa bannire, et sous ses ordres 7 chevaliers -bacheliers. De Camps, 83, f<sup>os</sup> 314 et 315.</p> - -<p><a id="Footnote_154" href="#FNanchor_154" class="label">[154]</a> Godemar du Fay, sire de Bouchon (Somme, arr. Amiens, c. Picquigny), -gouverneur de Tournsis, fut capitaine gnral s villes de -Lille et de Tournay et sur les frontires de Flandre et de Hainaut, du -18 octobre 1339 au 1<sup>er</sup> octobre 1340. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 308 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_155" href="#FNanchor_155" class="label">[155]</a> Jean de Vienne, chevalier banneret, fut commis la garde de -Mortagne, du 29 octobre 1339 au 1<sup>er</sup> octobre 1340, avec 6 chevaliers -bacheliers et 44 cuyers. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 313.</p> - -<p><a id="Footnote_156" href="#FNanchor_156" class="label">[156]</a> Jean, sire de Wastines, chevalier bachelier, fut prpos la dfense -de Saint-Amand en 1339 et 1340 avec Jean de Verdebourc, -Baudouin de Loc, Baudouin de Hasebrouck et 23 cuyers. Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_157" href="#FNanchor_157" class="label">[157]</a> Froissart se trompe en rapportant ce fait au pontificat de Clment -VI qui ne succda Benot XII qu'en 1342.</p> - -<p><a id="Footnote_158" href="#FNanchor_158" class="label">[158]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XXXVII</span>, t. I, p. 175 177.</p> - -<p><a id="Footnote_159" href="#FNanchor_159" class="label">[159]</a> Gens d'armes qui furent <i> Tournay sous le gouvernement de Raoul, -comte d'Eu</i>, connestable de France, estably lieutenant du roy sur toutes -les frontires de Flandres et de Hainaut, du 23 octobre 1339 jusques -au 2 dcembre qu'il donna cong ses dites gens d'armes. De Camps, -83, f<sup>o</sup> 396 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_160" href="#FNanchor_160" class="label">[160]</a> Raoul, comte de Guines, chev. bann. et 14 esc. De Camps, -83, f<sup>o</sup> 307.</p> - -<p><a id="Footnote_161" href="#FNanchor_161" class="label">[161]</a> Gaston de Foix n'est pas mentionn dans les montres comme -ayant tenu garnison Tournay, mais il commandait une des batailles -de l'host de Bouvines: La bataille Gaston, comte de Foix. Le dit -comte de Foix, 32 chev. bann., 31 bach., 23 esc. bann., 671 esc., -7 sergens d'armes, 12 menestrels et 4 mareschaux pour chascun menestrel. -De Camps, 83, f<sup>os</sup> 343 v<sup>o</sup> et 344.</p> - -<p><a id="Footnote_162" href="#FNanchor_162" class="label">[162]</a> Host de Bouvines en 1340. Bataille du roi: Am de Poitiers, -banneret, 3 bach., 62 esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 346.</p> - -<p><a id="Footnote_163" href="#FNanchor_163" class="label">[163]</a> A l'host des frontires de Flandre, du 9 mars 1339 au 1<sup>er</sup> octobre -1340, dans la bataille de Raoul, comte d'Eu, figure: Gieffroy de -Charny, bach. et 6 esc.; venu de Pierrepont sous Vezelay. De Camps, -83, f<sup>o</sup> 317.</p> - -<p><a id="Footnote_164" href="#FNanchor_164" class="label">[164]</a> Parmi les gens d'armes qui ont servi Douai sous Godemar du -Fay, du 18 octobre 1339 au 1<sup>er</sup> octobre 1340, figure: Girart de -Montfaucon, chev. bach., avec 9 esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 309 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_165" href="#FNanchor_165" class="label">[165]</a> Mathieu de Trie et Robert Bertran avaient l'host de Flandre du -2 mars 1339 le commandement d'une bataille dite <i>bataille des marchaux -de France</i>: Mathieu de Trie, mareschal de France, bann., -17 chev. bach. et 180 esc.; Robert Bertran, sire de Briquebec, mareschal -de France, bann. et 16 esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 320 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_166" href="#FNanchor_166" class="label">[166]</a> Du 27 octobre 1339 au 27 septembre 1340 jusques au departement -de l'ost de Bovines, Jean de Mortaigne, seigneur de Landas, -chev. bach., fut establi capitaine de Marchaines (Marchiennes) avec 12 -esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 346.</p> - -<p><a id="Footnote_167" href="#FNanchor_167" class="label">[167]</a> A l'host de Bouvines, dans la bataille du comte d'Alenon, figure -Jourdain de Loubert, seneschal de Poitou, chev. bann., 14 bach., -65 esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 337 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_168" href="#FNanchor_168" class="label">[168]</a> Jean de Cayeu, chev. bann., 12 esc.; venu de Senarpont (Somme, -arr. Amiens, c. Oisemont). Ibid., f<sup>os</sup> 307 et 317.</p> - -<p><a id="Footnote_169" href="#FNanchor_169" class="label">[169]</a> A l'host de Bouvines, dans la bataille du duc de Normandie, -figure Jean, sire de Chastillon, chev. bann., 9 bach. et 56 esc.; venu -de Marigny ls Chasteau Thierry. Ibid., f<sup>o</sup> 396.</p> - -<p><a id="Footnote_170" href="#FNanchor_170" class="label">[170]</a> Parmi les gens d'armes qui servirent Tournay sous Raoul, -comte d'Eu, du 28 octobre au 2 dcembre 1339, figure Guillaume de -Mello et 8 esc. Ibid., f<sup>o</sup> 306 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_171" href="#FNanchor_171" class="label">[171]</a> A l'host de Bouvines, dans la bataille du comte d'Alenon, figure -Jean de Neelle, seigneur d'Auffemont, chev. bann., 5 bach., 32 esc. -Ibid., f<sup>o</sup> 338.</p> - -<p><a id="Footnote_172" href="#FNanchor_172" class="label">[172]</a> Robert de Wavrin, sire de Saint-Venant.</p> - -<p><a id="Footnote_173" href="#FNanchor_173" class="label">[173]</a> On lit <i>Breseques</i> dans le ms. B 6; mais il s'agit sans doute ici -d'Eustache, seigneur de Creseques, chevalier banneret d'Artois, qui -servit l'host de Bouvines, dans la bataille d'Eude, duc de Bourgogne -et comte d'Artois. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 330 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_174" href="#FNanchor_174" class="label">[174]</a> La porte de Saint-Martin tait au midi de Tournay, non loin du -chemin de Lille et de Douai, situ un peu plus l'ouest.</p> - -<p><a id="Footnote_175" href="#FNanchor_175" class="label">[175]</a> Le Pont--Rieux est aujourd'hui un hameau de la commune de -Saint-Maur, Belgique, prov. Hainaut, arr. Tournay, c. Antoing, -5 kil. de Tournay.</p> - -<p><a id="Footnote_176" href="#FNanchor_176" class="label">[176]</a> Le Pire est aujourd'hui un hameau de Montroeul-au-Bois, Belgique, -prov. Hainaut, arr. Tournay, c. Leuze, 12 kil. de Tournay.</p> - -<p><a id="Footnote_177" href="#FNanchor_177" class="label">[177]</a> La porte de Valenciennes tait situe l'est de Tournay, sur la -rive gauche de l'Escaut, l'endroit o ce fleuve entre dans la ville.</p> - -<p><a id="Footnote_178" href="#FNanchor_178" class="label">[178]</a> Entre douard III au midi et le duc de Brabant l'est, le comte -de Hainaut tait camp par consquent au sud-est.</p> - -<p><a id="Footnote_179" href="#FNanchor_179" class="label">[179]</a> La porte de Sainte-Fontaine tait l'ouest de Tournay, du ct -de Courtrai, sur la rive gauche de l'Escaut.</p> - -<p><a id="Footnote_180" href="#FNanchor_180" class="label">[180]</a> La porte des Marvis tait situe au nord-est de Tournay, sur la -rive droite de l'Escaut.</p> - -<p><a id="Footnote_181" href="#FNanchor_181" class="label">[181]</a> Nord, arr. Douai.</p> - -<p><a id="Footnote_182" href="#FNanchor_182" class="label">[182]</a> Nord, arr. Douai, c. Orchies.</p> - -<p><a id="Footnote_183" href="#FNanchor_183" class="label">[183]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux.</p> - -<p><a id="Footnote_184" href="#FNanchor_184" class="label">[184]</a> Nord, arr. Lille.</p> - -<p><a id="Footnote_185" href="#FNanchor_185" class="label">[185]</a> Nord, arr. Lille. Par acte dat du Moncel lez Pont-Sainte-Maxence -en octobre 1340, Philippe de Valois donne aux religieux, -frres et sœurs de l'hpital de Notre-Dame <i>emprs Seclin tant pour -leurs maisons qui ont est arses et leurs biens gastez par noz anemis</i>, comme -pour certaines autres causes, trois muis de bl, deux muis d'aveine et -douze solz parisis ou environ de rente annuelle, en quoy le dit hospital -estoit tenuz nous par an. Arch. de l'Empire, sect. hist., JJ73, p. 39, -f<sup>o</sup> 32 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_186" href="#FNanchor_186" class="label">[186]</a> Nord, arr. et c. Lille.</p> - -<p><a id="Footnote_187" href="#FNanchor_187" class="label">[187]</a> Nord, arr. de Lille, sur la Marcq. Abbaye d'hommes de l'ordre -de Saint-Augustin, au diocse de Tournay.</p> - -<p><a id="Footnote_188" href="#FNanchor_188" class="label">[188]</a> Nord, arr. Lille, c. Cysoing.</p> - -<p><a id="Footnote_189" href="#FNanchor_189" class="label">[189]</a> Nord, arr. Douai.</p> - -<p><a id="Footnote_190" href="#FNanchor_190" class="label">[190]</a> Nord, arr. Douai, c. Marchiennes.</p> - -<p><a id="Footnote_191" href="#FNanchor_191" class="label">[191]</a> Raches ou Pont--Raches, Nord, arr. et c. Douai.</p> - -<p><a id="Footnote_192" href="#FNanchor_192" class="label">[192]</a> Pas-de-Calais, arr. Bthune.</p> - -<p><a id="Footnote_193" href="#FNanchor_193" class="label">[193]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand. Abbaye de Bndictins -au diocse d'Arras.</p> - -<p><a id="Footnote_194" href="#FNanchor_194" class="label">[194]</a> Vicoigne, aujourd'hui hameau de la commune de Raismes, -Nord, arr. Valenciennes. Abbaye de l'ordre de Prmontr au diocse -d'Arras.</p> - -<p><a id="Footnote_195" href="#FNanchor_195" class="label">[195]</a> L'abb Godefroi, dont il est ici question, est Godefroi II de -Bavai, n Cambrai, promu abb en 1312, mort en 1344. Une pitaphe -rapporte dans le <i>Gallia christiana</i> clbre le courage de l'abb -Godefroi.</p> - -<p><a id="Footnote_196" href="#FNanchor_196" class="label">[196]</a> Bernard Jourdain, sire de Lille (auj. l'Isle-en-Jourdain-Gers, -Gers, arr. Lombez.)</p> - -<p><a id="Footnote_197" href="#FNanchor_197" class="label">[197]</a> Pierre Raymond I<sup>er</sup>, comte de Comminges.</p> - -<p><a id="Footnote_198" href="#FNanchor_198" class="label">[198]</a> Roger Bernard, comte de Prigord.</p> - -<p><a id="Footnote_199" href="#FNanchor_199" class="label">[199]</a> Arnaud de la Vie, sire de Villemur.</p> - -<p><a id="Footnote_200" href="#FNanchor_200" class="label">[200]</a> Jean de la Baume, vicomte de Tallard.</p> - -<p><a id="Footnote_201" href="#FNanchor_201" class="label">[201]</a> Arnaud d'Euze, vicomte de Caraman.</p> - -<p><a id="Footnote_202" href="#FNanchor_202" class="label">[202]</a> Peut-tre Amauri, vicomte de Lautrec, seigneur de Montredon.</p> - -<p><a id="Footnote_203" href="#FNanchor_203" class="label">[203]</a> Lot-et-Garonne, arr. et c. Marmande.</p> - -<p><a id="Footnote_204" href="#FNanchor_204" class="label">[204]</a> Lot-et-Garonne, arr. Villeneuve-sur-Lot.</p> - -<p><a id="Footnote_205" href="#FNanchor_205" class="label">[205]</a> Gironde, arr. Bazas.</p> - -<p><a id="Footnote_206" href="#FNanchor_206" class="label">[206]</a> Civrac-de-Dordogne, Gironde, arr. Libourne, c. Pujols.</p> - -<p><a id="Footnote_207" href="#FNanchor_207" class="label">[207]</a> La Role tait au pouvoir du roi de France ds 1339. Le 6 janvier -de cette anne, Jean, roi de Bohme, lieutenant du roi en langue -d'oc, accorde aux consuls et habitants de la Role, contrairement la -coutume de Bazas, en rcompense de leur fidlit, le privilge de pouvoir -disposer par testament de leurs biens immeubles. Arch. de l'Empire, -sect. hist., JJ73, p. 227, f<sup>o</sup> 179.—En 1341, Thibaud de Barbazan, -cuyer banneret, tait capitaine, et Guillaume de la Baume, -chevalier banneret, chtelain de la Role avec 10 cuyers. De Camps, -83, f<sup>o</sup> 288 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_208" href="#FNanchor_208" class="label">[208]</a> Aujourd'hui hameau de la commune du Change, Dordogne, -arr. Prigueux, c. Savignac-les-glises.</p> - -<p><a id="Footnote_209" href="#FNanchor_209" class="label">[209]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XXXVIII</span>, t. I, p. 181 186.</p> - -<p><a id="Footnote_210" href="#FNanchor_210" class="label">[210]</a> Voici, d'aprs les montres, la liste des batailles dont se composa -l'host de Bouvines du 9 mars au 1<sup>er</sup> octobre 1340: bataille de -Raoul, comte d'Eu, conntable de France;—bataille de Robert Bertran -et de Mathieu de Trie, marchaux de France;—bataille de -Louis, comte de Flandre, de Nevers et de Rthel;—bataille d'Eude, -duc de Bourgogne, comte d'Artois et comte palatin de Bourgogne, sire -de Salins;—bataille du duc de Normandie, lieutenant du roi de -France;—bataille du roi de Navarre;—bataille du comte d'Alenon;—bataille -de Jean, comte d'Armagnac;—bataille de Gaston, comte -de Foix;—bataille d'Am, comte de Savoie;—bataille d'Adolphe, -vque de Lige;—bataille du roi de France. De Camps, portef. 83, -f<sup>os</sup> 316 406.</p> - -<p><a id="Footnote_211" href="#FNanchor_211" class="label">[211]</a> Philippe de Valois convoqua ses gens d'armes Arras en juillet -1340 (De Camps, 83, f<sup>o</sup> 296), et les congdia le 27 septembre de la -mme anne (Ibid., f<sup>o</sup> 346); il tait prs du prieur de Saint-Andr -(auj. Saint-Andr, Nord, arr. et c. Lille) le 30 juillet, date de sa rponse - une provocation qui lui avait t adresse le 26 juillet par -douard III de Chin-lez-Tournay (auj. hameau de Romegnies-Chin, -Belgique, 6 kil. de Tournay). Voyez Rymer, <i>Fœdera</i>, t. II, pars ii, -p. 1131 et 1132. Le roi de France parat avoir pass partie du mois -d'aot Douai (Actum et datum <i>in exercitu nostro prope Duacum</i> anno -Domini 1340, mense <i>augusti</i>. JJ73, p. 48, f<sup>o</sup> 40). Plusieurs chartes dates -du Pont de Bouvines sont du mois de septembre (Actum et datum -<i>in tentoriis nostris prope pontem de Bovinis</i>, anno Domini 1340, mense -<i>septembris</i>. JJ73, p. 247, f<sup>o</sup> 193 v<sup>o</sup>.)</p> - -<p><a id="Footnote_212" href="#FNanchor_212" class="label">[212]</a> La Marcq, issue des bois de Phalempin 15 kil. de Lille, traverse -des marais auxquels elle sert de dcharge, et, aprs un cours -d'environ 5 myriamtres, se jette dans la Deule Marquette.</p> - -<p><a id="Footnote_213" href="#FNanchor_213" class="label">[213]</a> Nord, arr. Lille, c. Cysoing.</p> - -<p><a id="Footnote_214" href="#FNanchor_214" class="label">[214]</a> Nord, arr. Lille, c. Lannoy.</p> - -<p><a id="Footnote_215" href="#FNanchor_215" class="label">[215]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bruille-Saint-Amand. <i>Le Crousage</i> -du texte est peut-tre la Croisette, hameau de Saint-Amand-les-Eaux.</p> - -<p><a id="Footnote_216" href="#FNanchor_216" class="label">[216]</a> A l'host de Bouvines, dans la bataille d'Eude, duc de Bourgogne -figure: Jean de Froulois, bann., 2 bach., 11 esc. De Camps, -portef. 83, f<sup>o</sup> 330.</p> - -<p><a id="Footnote_217" href="#FNanchor_217" class="label">[217]</a> Pont--Tressin est encore aujourd'hui le nom d'un hameau de la -commune de Tressin.</p> - -<p><a id="Footnote_218" href="#FNanchor_218" class="label">[218]</a> Host de Bouvines en 1340. La bataille Adolf evesque du Lige: -le dit evesque, 7 chev. bann., 73 bach., 420 esc. De Camps, -portef. 83, f<sup>o</sup> 344 v<sup>o</sup>. Il faut prendre garde de confondre les seigneurs -de Baileu (les mss. de Froissart crivent Bailleul) avec les seigneurs de -Baillœul en Hainaut ou de Bailleul en Normandie. La seigneurie de -Baileu est aujourd'hui un hameau de la commune de Walcourt, Belgique, -prov. Namur, arr. Philippeville. Morialm, dont Robert de -Baileu tait seigneur, fait aussi partie du canton de Walcourt.</p> - -<p><a id="Footnote_219" href="#FNanchor_219" class="label">[219]</a> Nord, arr. Lille, c. Lannoy.</p> - -<p><a id="Footnote_220" href="#FNanchor_220" class="label">[220]</a> Jacques de Forvie, cuyer, tait le second fils de Stockar de Forvie -le Vieux; il se maria Isabeau, fille de Pierre de Surice, bourgeois -de Namur. Hemricourt, <i>Miroir des Nobles</i>, d. de Jalheau, p. 143.</p> - -<p><a id="Footnote_221" href="#FNanchor_221" class="label">[221]</a> D'aprs les montres conserves par De Camps, Jean de Vienne, -et non douard de Beaujeu, fut capitaine de Mortagne, du 29 octobre -1339 au 1<sup>er</sup> octobre 1340, avec 6 chevaliers bacheliers et 44 cuyers. -De Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 313.</p> - -<p>Le chteau de Mortagne, bti au confluent de l'Escaut et de la -Scarpe, rsidence habituelle des chtelains de Tournay, fut cd en 1313 -avec la chtellenie de Tournay Philippe le Bel.</p> - -<p><a id="Footnote_222" href="#FNanchor_222" class="label">[222]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux.</p> - -<p><a id="Footnote_223" href="#FNanchor_223" class="label">[223]</a> Aujourd'hui Saint-Amand-les-Eaux, sur la rive gauche de la -Scarpe, affluent de la rive gauche de l'Escaut.</p> - -<p><a id="Footnote_224" href="#FNanchor_224" class="label">[224]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux, sur la rive -gauche de la Scarpe.</p> - -<p><a id="Footnote_225" href="#FNanchor_225" class="label">[225]</a> Il s'agit ici sans doute du seigneur de Saint-Georges-de-Reneins, -Rhne, arr. Villefranche-sur-Sane, c. Belleville-sur-Sane.</p> - -<p><a id="Footnote_226" href="#FNanchor_226" class="label">[226]</a> Belgique, prov. Hainaut, arr. Tournay, 7 kil. de Tournay.</p> - -<p><a id="Footnote_227" href="#FNanchor_227" class="label">[227]</a> Aujourd'hui hameau de Wasmes-Audemez, Belgique, prov. Hainaut, -arr. Tournay, c. Pruwelz.</p> - -<p><a id="Footnote_228" href="#FNanchor_228" class="label">[228]</a> Comme nous l'avons dit plus haut, Jean, sire de Wastines, fut -tabli gardien de Saint-Amand, du 23 octobre 1339 au 1<sup>er</sup> octobre -1340.</p> - -<p><a id="Footnote_229" href="#FNanchor_229" class="label">[229]</a> Le snchal de Carcassonne, dont il est ici question, s'appelait -Jean de la Roche; il figure sur les montres de l'host de Bouvines -en 1340 avec cette mention: Jean de la Roche, chevalier, seneschal -de Carcassonne, banneret, 2 chevaliers bacheliers, 102 escuiers. De -Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 352. Jean de la Roche, seigneur de Castanet -(Haute-Garonne), tait mari Guillemine de Roussillon.</p> - -<p><a id="Footnote_230" href="#FNanchor_230" class="label">[230]</a> Nord, arr. Douai, sur la rive gauche de la Scarpe et de la Rache -et sur la route de Bouchain Orchies. Abbaye de Bndictins au diocse -d'Arras. Depuis la dispersion de l'host de Buironfosse, le 28 octobre -1339 jusqu' la dispersion de l'host de Bouvines, le 27 septembre -1340, Jean de Mortagne, seigneur de Landas, chevalier bachelier, -fut establi capitaine de Marchiennes avec 12 escuiers. De Camps, -83, f<sup>o</sup> 346 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_231" href="#FNanchor_231" class="label">[231]</a> A l'host de Bouvines en 1340, parmi les bacheliers sous les marchaux -de France, figure: Am de Warnans, chev. bach. et 25 esc.; -venu de Warnans entre Aix et le Lige. Aujourd'hui Warnant-Dreye, -Belgique, prov. Lige.</p> - -<p><a id="Footnote_232" href="#FNanchor_232" class="label">[232]</a> Belgique, prov. Brabant, arr. Nivelles.</p> - -<p><a id="Footnote_233" href="#FNanchor_233" class="label">[233]</a> Belgique, prov. Anvers, arr. Malines.</p> - -<p><a id="Footnote_234" href="#FNanchor_234" class="label">[234]</a> A l'host de Bouvines en 1340, dans la bataille de Raoul, comte -d'Eu, figure Charles, seigneur de Montmorency, banneret, 1 bachelier, -11 escuiers. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 335.</p> - -<p><a id="Footnote_235" href="#FNanchor_235" class="label">[235]</a> Somme, arr. Amiens, c. Sains. Aucun chevalier banneret, seigneur -de Saint-Sauflieu, n'est mentionn sur les montres de l'host de -Bouvines en 1340; on n'y voit figurer que Gaucher de Saint-Sauflieu, -cuyer, et Raoul, dit Herpin, de Saint-Sauflieu, aussi cuyer, fait chevalier -le 23 mai. Comme Gaucher et Raoul dit Herpin de Saint-Sauflieu -servaient sous la bannire de Rogue, sire de Hangest, ce dernier est -sans doute le grand baron dont parle Froissart; et il n'est pas tonnant -qu'on le trouve ct de Charles, seigneur de Montmorency, -dont il tait l'oncle par son mariage avec Isabeau de Montmorency, -fille de Mathieu IV. Rogue, sire de Hangest, chev. bann., 4 bach. -et 29 esc.; venu de Maigneville en la comt de Bar. De sa compagnie.... -Gaucher de Saint-Sauflieu.... Harpin de Saint-Sauflieu et Martel du -Hamel faits chevaliers nouvels le 23 jour de may. De Camps, 83, -f<sup>o</sup> 396 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_236" href="#FNanchor_236" class="label">[236]</a> Cf. Jean le Bel, chap. xxxix, t. I, p. 187 194.</p> - -<p><a id="Footnote_237" href="#FNanchor_237" class="label">[237]</a> Nord, arr. Dunkerque.</p> - -<p><a id="Footnote_238" href="#FNanchor_238" class="label">[238]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_239" href="#FNanchor_239" class="label">[239]</a> Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. Ypres.</p> - -<p><a id="Footnote_240" href="#FNanchor_240" class="label">[240]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_241" href="#FNanchor_241" class="label">[241]</a> Ibid.</p> - -<p><a id="Footnote_242" href="#FNanchor_242" class="label">[242]</a> Pas-de-Calais, arr. et c. Saint-Omer.</p> - -<p><a id="Footnote_243" href="#FNanchor_243" class="label">[243]</a> Aujourd'hui Cauchy, hameau de la commune d'Ecques, Pas-de-Calais, -arr. Saint-Omer, c. Aire-sur-la-Lys.</p> - -<p><a id="Footnote_244" href="#FNanchor_244" class="label">[244]</a> C'est par erreur que Froissart appelle <i>Braud</i> le comte dauphin -d'Auvergne, qui prit part l'expdition de Bouvines; Braud I<sup>er</sup> ne -succda Jean, dit Dauphinet, son pre, qu'en 1351. Jean, comte -de Clermont, dalphin d'Auvergne, pour li escuier banneret, 7 bach., -1 esc. bann., 56 esc.—Pour l'accroissement des gages du dit comte -qui le 11 jour de juillet fut fait chevalier, de Beraut de Marqueil -(Mercœur), esc. bann. fait chevalier le 27 d'aoust. De Camps, 83, -f<sup>o</sup> 351.</p> - -<p><a id="Footnote_245" href="#FNanchor_245" class="label">[245]</a> 6 cuyers bannerets de langue d'oc furent faits chevaliers, 32 -cuyers aussi de langue d'oc furent faits chevaliers nouveaux devant -Saint-Omer <i>le 25 juillet</i>. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 343. Nous aurions ainsi -une date prcise si nous tions certains que l'engagement devant Saint-Omer -qui donna lieu cette promotion de chevaliers est le mme que -celui dont parle Froissart.</p> - -<p>Au milieu de la nuit qui suit ce dsastre, tous les Flamands -camps dans la valle de Cassel se rveillent comme pris de panique, -se lvent en toute hte et aprs avoir pli bagages, reprennent -le chemin de leur pays, malgr les reprsentations de Henri -de Flandre et de Robert d'Artois, qui vont rejoindre douard III -et l'arme anglo-allemande devant Tournay. P. 78, 79, 255, 256.</p> - -<p>Dans une dpche d'douard III date de Bruges le 9 juillet et -adresse au prochain Parlement qui doit se runir Westminster, le -roi d'Angleterre annonce qu'il se dispose aller bientt (aux environs -de la Madeleine, le 22 juillet) assiger Tournay avec la plus grande -partie de ses forces o il y auera cent mill homes de Flaundres armez; -<i>et mounseur Robert d'Artoys vers Seint Omer od cynquante mill</i>, -outre touz nos alliez et lour poair. Ds le 26 juillet, douard III -tait camp Chyn (auj. hameau de Ramegnies-Chin, Belgique, -6 kil. de Tournay), sur les champs de lez Tournay. Rymer, <i>Fœdera</i>, -vol. II, p. 1130 et 1131. Les Flamands de Robert d'Artois durent -arriver peu prs en mme temps devant Saint-Omer; la date de -leur dfaite le 25 juillet est donc trs-probable.</p> - -<p><a id="Footnote_246" href="#FNanchor_246" class="label">[246]</a> Belgique, prov. Hainaut, arr. et c. Tournay, 7 kil. de cette -ville.</p> - -<p><a id="Footnote_247" href="#FNanchor_247" class="label">[247]</a> Parmi les chevaliers bacheliers qui servirent s parties de Thirache -sous Gautier duc d'Athnes en vertu de lettres du 6 septembre -1339 figure: Loys d'Aigimont, 1 bachelier, 8 escuiers. De Camps, -83, f<sup>o</sup> 305 v<sup>o</sup>.</p> - -<p>La trve fut en effet signe dans l'glise d'Esplechin le lundi 25 septembre -1340. Les ngociateurs furent de la part du roi de France: -Jean roi de Bohme et comte de Luxembourg, Adolphe vque de -Lige, Raoul duc de Lorraine, Am comte de Savoie, Jean comte d'Armagnac;—de -la part du roi d'Angleterre: le duc de Brabant, le duc -de Gueldre, le marquis de Juliers, le comte de Hainaut et Jean de -Hainaut sire de Beaumont. Rymer, <i>Fœdera</i>, vol. II, p. 1135.</p> - -<p><a id="Footnote_248" href="#FNanchor_248" class="label">[248]</a> Le 27 septembre 1340, cong gnral fut donn aux gens d'armes -de l'host de Bouvines except aucuns qui en garnison demeurrent - Tournay, le sige des ennemis estant devant la ville, lesquels ont -pris gages jusques au 1<sup>er</sup> octobre 1340 par grace du roi. De Camps, -83, f<sup>o</sup> 350.</p> - -<p>Le 13 octobre 1340, Philippe de Valois tait l'abbaye de Moncel -(auj. hameau de Pont-Point, Oise, arr. Senlis, c. Pont-Sainte-Maxence), -ainsi que l'atteste une charte o il accorde aux religieuses, abbesse et -couvent du dit lieu le droit de prendre annuellement vint milliers de -fagos en la vente ou s ventes d'aucun ou d'aucuns marcheans de la -forest de Halate. Arch. de l'Empire, Sect. hist., JJ73, p. 157, -f<sup>o</sup> 129 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_249" href="#FNanchor_249" class="label">[249]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XLVI</span>, t. I, p. 225 236.</p> - -<p><a id="Footnote_250" href="#FNanchor_250" class="label">[250]</a> Les chefs du parti de Montfort taient, outre Herv de Lon, le -seigneur de Pont-l'Abb (Finistre, arr. Quimper), Geffroi de Malestroit -(Morbihan, arr. Plormel), Tanneguy du Chtel (la terre et seigneurie -du Chtel tait situe dans l'ancien diocse de Saint-Pol-de-Lon), -Henri de Kar (fief situ sur le territoire de Vannes), Yvon de -Trsiguidy (Finistre, arr. Chteaulin, hameau de la commune de -Pleuben), Herv seigneur de Nvez (Finistre, arr. Quimperl, c. -Pont-Aven), Alain de Kerlvnan (Morbihan, arr. Vannes, hameau de -la commune de Sarzeau); on voit que les principaux partisans de Montfort -appartenaient la Bretagne bretonnante.</p> - -<p><a id="Footnote_251" href="#FNanchor_251" class="label">[251]</a> Jean le Bel et Froissart donnent ce chevalier le prnom de <i>Garnier</i>; -les historiens de Bretagne l'appellent Gautier.</p> - -<p><a id="Footnote_252" href="#FNanchor_252" class="label">[252]</a> La maison de Spinefort tait une noble et ancienne maison de -Bretagne, au diocse de Vannes, en la paroisse de Languidic (Morbihan, -arr. Lorient, c. Hennebont), peu de distance de Hennebont. -Voy. <i>Les vies des saints de la Bretagne</i>, par Albert le Grand, d. de -M. Miorcec de Kerdannet, p. 38 et 39.</p> - -<p><a id="Footnote_253" href="#FNanchor_253" class="label">[253]</a> Morbihan, arr. Lorient.</p> - -<p><a id="Footnote_254" href="#FNanchor_254" class="label">[254]</a> Aujourd'hui hameau de la commune de Priziac, Morbihan, arr. -Napolonville, c. le Faout.</p> - -<p><a id="Footnote_255" href="#FNanchor_255" class="label">[255]</a> Aujourd'hui hameau de la commune de Sarzeau, Morbihan, arr. -Vannes.</p> - -<p><a id="Footnote_256" href="#FNanchor_256" class="label">[256]</a> Morbihan, arr. Lorient.</p> - -<p><a id="Footnote_257" href="#FNanchor_257" class="label">[257]</a> Jean le Bel, dont Froissart reproduit ici le texte peu prs mot - mot, appelle cette localit <i>la Forest</i> (t. I, p. 236). Oge et Albert le -Grand identifient le <i>la Forest</i> de Jean le Bel et le <i>Goy-la-Fort</i> de Froissart -avec la Forest, Finistre, arr. Brest, c. Landerneau. Le chteau -de la Fort, dit Oge, fut assig en 1341 par le comte de Montfort. -C'tait une place forte qui appartenait au vicomte de Rohan, partisan -de Charles de Blois. <i>Dictionnaire historique et gographique de la Bretagne</i>, -t. II, p. 305, au mot <i>La Fort</i>. Le nom breton est <i>Goulet-Forest</i>; -il figure dans le passage suivant d'une vie de saint Tnenan:</p> - -<div class="poetry"><div class="stanza"> -<p>Poulzet ount gant eun avel gr,</p> -<p>Ractal, rivier Landern,</p> -<p>Quen e errusont, gant o lestr,</p> -<p>Dindan Castel-<i>Goulet-Forest</i>.</p> -</div></div> - -<p>V. Albert le Grand, d. de M. Miorcec de Kerdannet, p. 403, en note. -Du breton <i>Goulet-Forest</i> Froissart a fait Goy-la-Fort.</p> - -<p><a id="Footnote_258" href="#FNanchor_258" class="label">[258]</a> Finistre, arr. Chteaulin.</p> - -<p><a id="Footnote_259" href="#FNanchor_259" class="label">[259]</a> Gui de Lon.</p> - -<p><a id="Footnote_260" href="#FNanchor_260" class="label">[260]</a> Ctes-du-Nord, arr. Dinan.</p> - -<p><a id="Footnote_261" href="#FNanchor_261" class="label">[261]</a> Morbihan, arr. Plormel.</p> - -<p><a id="Footnote_262" href="#FNanchor_262" class="label">[262]</a> Morbihan, arr. Plormel.</p> - -<p><a id="Footnote_263" href="#FNanchor_263" class="label">[263]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XLVI</span> et <span class="smcap">XLVII</span>, t. I, p. 236 242.</p> - -<p><a id="Footnote_264" href="#FNanchor_264" class="label">[264]</a> Loire-Infrieure, arr. Nantes.</p> - -<p><a id="Footnote_265" href="#FNanchor_265" class="label">[265]</a> Ctes-du-Nord, arr. Saint-Brieuc.</p> - -<p><a id="Footnote_266" href="#FNanchor_266" class="label">[266]</a> Aujourd'hui hameau de la commune d'Evran, Ctes-du-Nord, -arr. Dinan.</p> - -<p><a id="Footnote_267" href="#FNanchor_267" class="label">[267]</a> Ille-et-Vilaine, arr. Redon, c. Pipriac.</p> - -<p><a id="Footnote_268" href="#FNanchor_268" class="label">[268]</a> Morbihan, arr. Vannes, c. Allaire.</p> - -<p><a id="Footnote_269" href="#FNanchor_269" class="label">[269]</a> Jeanne, femme de Charles de Blois, avait pour mre Jeanne d'Avaugour, -marie Gui, comte de Penthivre, fille et hritire de -Henri seigneur d'Avaugour. Un petit hameau de la commune de Saint-Pver, -Ctes-du-Nord, arr. Guingamp, c. Plouagat, porte encore aujourd'hui -le nom illustr par cette famille qui descendait d'Eude comte -de Bretagne.</p> - -<p><a id="Footnote_270" href="#FNanchor_270" class="label">[270]</a> Dom Morice conjecture (<i>Hist. de Bretagne</i>, t. I, p. 248) que -Froissart a voulu dsigner ici Roscoff; mais, comme l'a fait remarquer -Dacier, il y a bien peu d'analogie entre <i>Gredo</i> et <i>Roscoff</i>. Dacier propose -de lire <i>Coredou</i>, village sur le bord d'une petite anse l'ouest de -Saint-Pol-de-Lon, et l'identification de <i>Gredo</i> avec <i>Coredou</i> a t -adopte par Buchon (t. I, d. du Panthon, p. LIV). Il nous a t impossible -de retrouver exactement, soit dans les dictionnaires, soit sur -les cartes, le <i>Coredou</i> de Dacier. Le nom de ce port est crit <i>Grendo</i> -dans Jean le Bel (v. t. I, p. 236). D'aprs la deuxime rdaction ou -ms. d'Amiens (v. p. 291) Jean de Montfort se serait embarqu Gurande, -et d'aprs la troisime rdaction ou ms. de Rome (v. p. 295) -Vannes. En proposant d'identifier <i>Gredo</i> avec <i>Redon</i>, nous nous fondons -principalement sur le passage suivant de la troisime rdaction -ou ms. de Rome: ....et vinrent ariver <i>Grde, au plus proain port -de Vennes et de Rennes</i>. P. 391. D'ailleurs, mme en ce qui concerne -la premire rdaction, 10 mss. sur 33, les mss. 23 33 donnent la variante -<i>Redon</i> pour <i>Gredo</i> (voy. p. 397). L'addition d'un g parasite dans -<i>Gredo</i> s'est faite comme dans <i>grenouille</i>, de <i>ranuncula</i>. Redon a un port -sur la Vilaine accessible aux navires de mdiocre grandeur.</p> - -<p><a id="Footnote_271" href="#FNanchor_271" class="label">[271]</a> Par acte dat de Westminster le 24 septembre 1341, douard III -donne le comt de Richmond avec toutes ses dpendances son trs-cher -cousin Jean duc de Bretagne et comte de Montfort, en tmoignage -de l'alliance conclue entre lui et le dit Jean et aussi en ddommagement -du comt de Montfort confisqu par Philippe de Valois -(Rymer, <i>Foedera</i>, vol. II, p. 1176). On ne trouve du reste aucune -trace dans les pices publies par Rymer de l'hommage du duch -de Bretagne qui aurait t fait dans cette circonstance par Jean de -Montfort douard III.</p> - -<p><a id="Footnote_272" href="#FNanchor_272" class="label">[272]</a> D'aprs le ms. de Rome (v. p. 302), les messagers furent les -seigneurs de Montmorency et de Saint-Venant.</p> - -<p><a id="Footnote_273" href="#FNanchor_273" class="label">[273]</a> Nous avons corrig ici Froissart qui dit, sans doute par inadvertance, -que Jean de Montfort n'tait pas issu du mme pre que le feu -duc de Bretagne et son frre le comte de Penthivre. La vrit est, -comme l'indique notre chroniqueur dans un des chapitres prcdents, -que Jean III, duc de Bretagne, et Gui comte de Penthivre taient -sortis d'un premier mariage d'Arthur II duc de Bretagne avec Marie -vicomtesse de Limoges, tandis que Jean de Montfort devait le jour -un second mariage d'Arthur II avec Iolande de Dreux.</p> - -<p><a id="Footnote_274" href="#FNanchor_274" class="label">[274]</a> L'arrt rendu en faveur de Charles de Blois in curia nostra, in -magno consilio nostro Parium Franci, prlatorum, baronum aliorumque... -est dat de Conflans le 7 septembre 1341. V. <i>Mmoires -pour servir de preuves l'histoire de Bretagne</i>, par dom Morice, t. I, -col. 1421 1424. Froissart se trompe sur les considrants de cet arrt. -Il n'y est fait mention que des raisons et des exemples allgus par -Charles de Blois, d'une part, pour prouver qu'en Bretagne les reprsentants -du frre an, lorsqu'il s'agissait d'une succession noble, la -recueillaient au prjudice du frre cadet; et par le comte de Montfort, -d'autre part, pour tablir le contraire.</p> - -<p><a id="Footnote_275" href="#FNanchor_275" class="label">[275]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XLVII</span>, t. I, p. 243 249.</p> - -<p><a id="Footnote_276" href="#FNanchor_276" class="label">[276]</a> Le voyage de Bretagne et l'ost devant Nantes fait par le duc de -Normandie et les establies aprs ensuivant le dit voyage, commenant -26 septembre 1341, finant 6 mai 1342: Eude duc de Bourgoigne, Gaucher -duc d'Athnes, le comte de Joigny, Jean de Chalon, Andr de -Chauvigny, Gile sire de Soocourt, Bernart sire de Morueil, Rogue -sire de Hangest, Jean de Chastillon, Charles sire de Montmorency.... -Arnaut de la Vie sire de Villemur, Hue de Bouville, G. de Craon, Hue -sire de Faignoles, Robert Bertran mareschal de France, Payen de -Mailly, Jean de Vienne, Regnaut sire de Honcourt, Godefroy de -Nast, etc.... V. De Camps, portef. 83, f<sup>os</sup> 452 453 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_277" href="#FNanchor_277" class="label">[277]</a> La retenue des gens d'armes de l'hostel de nous Raoul, comte -de Eu, connestable de France, qui avecques nous ont est en Bretaingne -en la compaignie mgr le duc de Normandie <i>s mois d'octobre et de -novembre</i> 1341. Nous connestable, 1 bann., 4 chv. bach. et 53 esc.; -venus du comt d'Eu <i> Angers</i>.. Pour nostre bannire, Tassart de Basinguehan—Raoul -comte de Guisnes nostre fil, chev. bann.; pour sa -bannire, Bertaut d'Outreleaue. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 416.</p> - -<p>Les principaux chevaliers de la bataille du comte d'Eu sont: Jean, -seigneur de Walencourt, chev. bann., 2 chev. bach. et 15 esc., venus -de Wallaincourt en Cambraisis;—Drieu de Mello, chev., 3 esc., venus -de Saint Brice en Aucerrois;—Guillaume de Merlo, chev., 3 esc., -venus de Poisse en Aussay;—Gieffroy de Charny, chev., 3 esc., -venus de Pierrepertuis sous Vezelay;—Ferry de Chardoingne, chev., -6 esc., venus d'Oupie en l'vesch de Verdun;—Loys de Corbon, -chev., 8 esc., venus de Guion en Barrois;—Jean Mauvoisin, chev., -2 esc., venus d'auprs Vernon en Normandie;—Philippe de Pont, -chev., 3 esc., venus d'Aencourt prez d'Arche en Normandie;—Guillaume -de Villers, 2 esc., venus de Villers en Vimeu;—Philippe de -Buissy, chev., 2 esc., venus de Savoye;—Jean de Landas, Baudoin -de Bavelinguen, Jean de Dargny, Jean Maquerel, Gieffroy du Forestel;—Robert -le Thyoys, chev., 3 esc., venus de Gisors. De Camps, -83, f<sup>os</sup> 416 419.</p> - -<p><a id="Footnote_278" href="#FNanchor_278" class="label">[278]</a> Champtoceaux, Maine-et-Loire, arr. Cholet, sur la rive gauche de -la Loire. Les ruines du chteau de Champtoceaux couvrent encore aujourd'hui -les flancs d'un monticule situ moins de cent mtres du -lit de la Loire.</p> - -<p><a id="Footnote_279" href="#FNanchor_279" class="label">[279]</a> Le sige de Champtoceaux dura au moins depuis le 10 octobre -jusqu'au 26 du mme mois: Robert de Marigny esc. fait chev. nouviaus -<i> Chantociaus le 10 octobre</i>, 5 esc., venus de Triestrieux lez Beauvais. -De Camps, 83, f<sup>o</sup> 419—Jean de Honnecourt escuier fait chevalier -nouveau <i> Cantociaus le 26 octobre</i>. <i>Ibid.</i>, f<sup>o</sup> 417.</p> - -<p><a id="Footnote_280" href="#FNanchor_280" class="label">[280]</a> Loire-Infrieure, arr. Nantes. Carquefou n'est qu' 10 kilomtres -de Nantes.</p> - -<p><a id="Footnote_281" href="#FNanchor_281" class="label">[281]</a> La poterne de Richebourg, qui donnait accs dans le faubourg -de ce nom, tait situe au nord-est de Nantes, sur la rive droite de -la Loire, entre l'Erdre et ce fleuve.</p> - -<p><a id="Footnote_282" href="#FNanchor_282" class="label">[282]</a> La poterne de Sauve, anciennement appele de Sauve Tour, qui -donnait accs dans le Bourgneuf, tait situe sur la rive droite de la -Loire comme la poterne de Richebourg, un peu l'ouest de cette dernire, -prs de la rivire d'Erdre. Une indication de dtail sur la topographie -de Nantes aussi prcise que celle des deux poternes de Richebourg -et de Sauve semble due des souvenirs personnels. Quoi qu'il en -soit, il est remarquer que cette indication ne se trouve que dans la -troisime et dernire rdaction du premier livre des <i>Chroniques</i> reprsente -par le ms. de Rome.</p> - -<p><a id="Footnote_283" href="#FNanchor_283" class="label">[283]</a> Froissart a vari dans ses diverses rdactions sur la date de la -reddition de Nantes: dans la premire rdaction (v. p. 113), cette -date est fixe aux environs de la Toussaint, dans la troisime (v. p. 319) - la nuit de la Toussaint, dans la deuxime (v. p. 318) au 20 octobre. -Ce qui est certain, c'est que les Franais occupaient Nantes ds le 21 -novembre. En vertu d'une charte date du 21 novembre 1341, une -imposition de 4 deniers pour livre sur l'achat et la vente des denres -fut tablie Nantes par Robert Bertran, sire de Bricquebec, marchal -de France, capitaine pour le roi s parties de Bretagne, et par Olivier, -vque de Nantes. <i>Mmoires pour servir de preuves l'histoire de Bretagne</i>, -par Morice, t. I, col. 1429.</p> - -<p><a id="Footnote_284" href="#FNanchor_284" class="label">[284]</a> D'aprs la deuxime rdaction (v. p. 317), l'arrive du comte de -Montfort Paris aurait prcd le retour du duc de Normandie. D'aprs -les premire (v. p. 114) et troisime (v. p. 321) rdactions, au -contraire, c'est le duc de Normandie lui-mme qui, au retour de son -expdition en Bretagne, aurait amen Paris le comptiteur de Charles -de Blois et l'aurait livr au roi de France. Cette dernire version est -d'autant plus vraisemblable que, selon Froissart, le duc de Normandie -et les seigneurs franais quittrent Nantes pour retourner dans leurs -foyers <i>peu aprs la Toussaint</i>; or il est certain que le comte de Montfort -tait encore Nantes le 18 dcembre, date d'une lettre qu'il crivit - ses petits bacheliers Tanneguy du Chtel, Geffroi de Malestroit -et Henri de Kar. <i>Preuves de l'hist. de Bretagne</i>, par Morice, t. I, -col. 1428.</p> - -<p><a id="Footnote_285" href="#FNanchor_285" class="label">[285]</a> Ctes-du-Nord, arr. Saint-Brieuc.</p> - -<p><a id="Footnote_286" href="#FNanchor_286" class="label">[286]</a> Ille-et-Vilaine, arr. Saint-Malo.</p> - -<p><a id="Footnote_287" href="#FNanchor_287" class="label">[287]</a> Aujourd'hui hameau de la commune de Plougonvelin, Finistre, -arr. Brest, c. Saint-Renan.</p> - -<p><a id="Footnote_288" href="#FNanchor_288" class="label">[288]</a> D'aprs le ms. de Rome (v. p. 320), c'est Vannes, au chteau -de La Motte, non Rennes, que la comtesse de Montfort aurait appris -que son mari tait tomb aux mains des Franais.</p> - -<p><a id="Footnote_289" href="#FNanchor_289" class="label">[289]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XLVIII</span> <span class="smcap">LI</span>, t. I, p. 251 275.</p> - -<p><a id="Footnote_290" href="#FNanchor_290" class="label">[290]</a> David II, accompagn de Jeanne d'Angleterre sa femme, dbarqua - Inverbervic dans le comt de Kincardine, le 4 mai 1341.</p> - -<p><a id="Footnote_291" href="#FNanchor_291" class="label">[291]</a> Le mandement du roi d'Angleterre pour faire assembler Newcastle-upon-Tyne -le 24 janvier 1342 les troupes qui doivent marcher -contre les Ecossais, est dat de Newcastle-upon-Tyne le 4 dcembre -1341. V. Rymer, <i>Fœdera</i>, vol II, p. 1183 et 1184.</p> - -<p><a id="Footnote_292" href="#FNanchor_292" class="label">[292]</a> Froissart veut sans doute dsigner ici le chteau de Wark, situ -entre Newcastle et Carlisle, sur la rive gauche de la Tyne, qui appartenait -au comte de Salisbury.</p> - -<p><a id="Footnote_293" href="#FNanchor_293" class="label">[293]</a> Les pouvoirs donns par douard III pour traiter avec les ambassadeurs -de David Bruce, soit de la paix, soit seulement d'une trve, -sont dats des 20 mars et 3 avril 1342. V. Rymer, <i>Fœdera</i>, vol. II, -p. 1189, 1190 et 1191. douard III tait de retour Londres le 20 fvrier -1342 (Rymer, <i>ibid.</i>, p. 1187), aprs avoir demeur sur les frontires -de l'Ecosse depuis le commencement de novembre 1341.</p> - -<p><a id="Footnote_294" href="#FNanchor_294" class="label">[294]</a> Philippe de Valois ne consentit remettre en libert le comte de -Salisbury qu' la condition qu'il jurerait de ne porter jamais les armes -contre la France. Le comte sollicita la permission de faire ce serment, -et douard la lui accorda par lettres dates du 20 mai 1342. Par consquent, -le comte de Salisbury ne put tre de retour en Angleterre que -vers le commencement du mois de juin au plus tt. V. Rymer, <i>Fœdera</i>, -vol. II, p. 1195.</p> - -<p><a id="Footnote_295" href="#FNanchor_295" class="label">[295]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">LII</span> <span class="smcap">LVII</span>, t. I, p. 277 295.</p> - -<p><a id="Footnote_296" href="#FNanchor_296" class="label">[296]</a> Le voyage d'Amauri de Clisson en Angleterre doit tre peu antrieur -au 10 mars 1342. Le 10 mars 1342, douard III ordonne une -leve de cent hommes d'armes et de neuf cents <i>hobbiliers</i> (hommes -d'armes de cavalerie lgre, de <i>hobby</i>) en Irlande et charge Gautier de -Mauny de prendre possession en son nom de toutes les forteresses de -Bretagne qu'Amauri de Clisson, tuteur de l'hritier du duch, s'est engag - lui remettre. Le roi d'Angleterre reconnat par deux autres -actes, dats aussi du 10 mars 1342, que Gautier de Mauny a reu d'Amauri -de Clisson un subside de mille livres sterling et envoie en Bretagne, -comme il a t convenu avec les messagers bretons, <i>de assensu -nunciorum Britani, ad nos in Angliam destinatorum</i>, des monnayeurs -chargs de convertir la monnaie anglaise en monnaie bretonne. V. Rymer, -<i>Fœdera</i>, vol. II, p. 1188 et 1189.</p> - -<p><a id="Footnote_297" href="#FNanchor_297" class="label">[297]</a> Morbihan, arr. Lorient, sur le Blavet navigable en aval d'Hennebont -pour les navires de moyenne grandeur. <i>Le 13 juin 1342</i>, en -noz tentes devant la ville de <i>Hambont</i> Charles de Blois donne -Ayton Doire (Doria), damoiseau, en rcompense de ses services dans la -guerre de Bretagne, les chteaux de Chteaulin et de Brlidy et toute -la terre confisque sur Yvon de Trsiguidy pour crime de forfaiture. -Arch. de l'Empire, JJ. 74, p. 685.</p> - -<p><a id="Footnote_298" href="#FNanchor_298" class="label">[298]</a> Jean le Bel, dont Froissart reproduit ici le texte, appelle ce chteau -<i>Brayt</i> qu'on peut lire <i>Brayc</i> cause de la ressemblance du t et du c -dans l'criture du <span class="smcap">XIV</span><sup>e</sup> sicle: elle s'en rala par une aultre voye droit -au chastel de <i>Brayc qui estoit</i> <span class="smcap">A QUATRE LIEUES</span> <i>de l</i>. (<i>Chronique de -Jean le Bel</i>, d. Polain, t. I, p. 284). Jean le Bel ajoute quelques lignes -plus bas et Froissart rpte que Jeanne de Montfort, partie minuit -de Brayc, rentra au point du jour Hennebont. Aucune de ces circonstances -ne convient Brest qu'une distance de plus de trente lieues -spare d'Hennebont. Les anciens compagnons d'armes de Charles de -Blois, de Jeanne de Montfort, de qui Jean le Bel et Froissart tenaient -le rcit de cette affaire, ont sans doute voulu dsigner <span class="smcap">Brech</span> (Morbihan, -arr. Lorient, c. Pluvigner), situ en effet environ quatre lieues -anciennes d'Hennebont, sur la voie romaine d'Hennebont Vannes. -Il appartient aux rudits qui ont fait une tude spciale de la gographie -fodale de la Bretagne, de nous dire, pour confirmer notre conjecture, -s'il y avait Brech un chteau fort au <span class="smcap">XIV</span><sup>e</sup> sicle.</p> - -<p><a id="Footnote_299" href="#FNanchor_299" class="label">[299]</a> Morbihan, arr. Lorient.</p> - -<p><a id="Footnote_300" href="#FNanchor_300" class="label">[300]</a> Aujourd'hui hameau de la commune de Priziac, Morbihan, arr. -Napolonville, c. le Faout. On lit dans le <i>Dictionnaire topographique -du Morbihan</i>, par M. Rosenzweig, p. 236: <span class="smcap">Roche-Piriou</span>, vill. et -moulin eau sur le Pont-Rouge, comm. de Priziac; pont sur l'Elle, -reliant Priziac et Meslan.—Seigneurie. L'identification du Rocheperiot -de Froissart avec Roche-Piriou peut tre faite avec certitude -puisque le chroniqueur dit lui-mme un peu plus loin (v. p. 164) que -Rocheperiot ou Roceperiot est situ moins d'une lieue du Faout. -Roche-Piriou tait le chef-lieu d'une chtellenie qui dpendait de la -grande seigneurie de Gumen, rige en principaut en 1570. Le dernier -jour de mai 1377, le vicomte de Rohan acquit de Jean de Longueval -les chteaux, chtellainies et terroers de Guemenetguinguant -et de <i>la Rocheperriou</i>. D. Morice, <i>Preuves de l'histoire de Bretagne</i>, -t. II, p. 178. Un acte d'hommage de 1575 rendu par Louis de Rohan -mentionne encore l'aplacement de l'ancienne forteresse de son -chasteau de la Roche-Periou. (<i>Archives de Nantes</i>; note communique - M. Kervyn par M. Arthur de La Borderie.)</p> - -<p><a id="Footnote_301" href="#FNanchor_301" class="label">[301]</a> Mlain, Cte-d'Or, arr. Dijon, c. Sombernon.</p> - -<p><a id="Footnote_302" href="#FNanchor_302" class="label">[302]</a> Entre Guillaume III, vque en 1335 et Guillaume IV, vque -en 1349, l'diteur du XIV<sup>e</sup> volume du <i>Gallia Christiana</i> place Yvon III -de Trsiguidy auquel il consacre l'article suivant: Yvo sculari militi -primo nomen dederat et sub Joannis Montifortensis vexillis contra -Carolum Blesensem pugnaverat. Dein, deposito gladio, sacris initiatus -est creatusque Leonensis episcopus. Carolo Blesensi, susceptis -infulis, amicus fuit anno 1342 apud Suaresium. <i>Gallia Christiana</i>, -t. XIV, ed. Haurau, col. 978. Admis par M. Haurau d'aprs Suarez, -Yvon III de Trsiguidy est rejet par Oge qui ne propose d'ailleurs -personne sa place: Quelques-uns donnent pour successeur Pierre -Bernard un Yves de Trsiguidy qui ne parat pas admissible. <i>Dict. -hist. de Bretagne</i>, par Oge, t. IV, p. 371. Enfin, d'aprs M. Kervyn -(t. IV de son dition des Chroniques de Froissart, p. 436, en note), -Gui de Lon aurait succd comme vque de Lon Pierre de Gumen.</p> - -<p><a id="Footnote_303" href="#FNanchor_303" class="label">[303]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">LVII</span>, t. I, p. 295 299.</p> - -<p><a id="Footnote_304" href="#FNanchor_304" class="label">[304]</a> Cette mention d'un Dinan, voisin du Conquet, entour seulement -d'eau et de palissades, rapproche d'un passage prcdent -o Froissart dit que la Roche-Piriou est moiti chemin de Vannes -et de Dinan, cette mention, dis-je, nous avait fait penser au premier -abord que le Dinan dont il s'agit ici pouvait tre identifi -avec le petit port de Dinan situ sur l'anse du mme nom au sud de la -grande rade de Brest (aujourd'hui hameau de la commune de Crozon, -Finistre, arr. Chteaulin). Mais moins qu'on ne prouve que le Dinan -du Finistre avait une certaine importance au <span class="smcap">XIV</span><sup>e</sup> sicle, il est -plus naturel de supposer que Jean le Bel et Froissart ignoraient la vritable -position du Dinan des Ctes-du-Nord.</p> - -<p><a id="Footnote_305" href="#FNanchor_305" class="label">[305]</a> Les circonstances du rcit de Froissart ne permettent gure d'identifier -<i>Conquest</i> avec <i>le Conquet</i>, Finistre, arr. Brest, c. Saint-Renan. -D'un autre ct, tous les historiens de la Bretagne racontent que le -Conquet fut pris par les Franais en 1341 et repris au commencement -de 1342 par Gautier de Mauny. V. notamment le <i>Dictionnaire historique -de Bretagne</i>, par Oge, au mot <i>Conquet</i>. Il n'est gure possible, dit -Dacier propos de ce passage, que Louis d'Espagne ait rencontr sur -sa route, en allant d'Auray Dinan qui est l'orient, une assez -grande distance, le chteau du Conquet situ la pointe occidentale -de la Bretagne. Il n'est gure plus possible que Gautier de Mauny -se soit transport avec une troupe nombreuse en une matine de Hennebont -au Conquet prs de Brest, c'est--dire, plus de trente lieues, -comme Froissart va le raconter. L'historien ignorait donc la position -des lieux dont il a parl, moins qu'on ne suppose, ce qui n'est pas -trs-vraisemblable, qu'il existe un autre chteau du Conquet que celui -que nous connaissons. <i>Chroniques de Froissart</i>, d. Dacier, p. 198. -M. Kervyn de Lettenhove (t. IV, p. 438 de son dition) identifie <i>Conquest</i> -avec <i>Concoret</i>, Morbihan, arr. Plormel, c. Mauron. Froissart, -dit l'diteur belge, a pu faire de Conquest Concoret. Au point de vue -phontique, cette identification nous semble inadmissible.</p> - -<p><a id="Footnote_306" href="#FNanchor_306" class="label">[306]</a> Jean le Bel, d'aprs la lecture de M. Polain, appelle ce chevalier -<i>Martin</i> (v. t. I, p. 296); Froissart, dans ses rdactions 1<sup>re</sup> (v. -p. 155) et 3<sup>e</sup> (v. p. 381) le nomme <i>Mansion</i>, et dans la 2<sup>e</sup> (v. p. 379) -<i>Garsion</i>.</p> - -<p><a id="Footnote_307" href="#FNanchor_307" class="label">[307]</a> Jean le Bel auquel Froissart a emprunt ce rcit dit que Gautier -de Mauny et ses compagnons arrivrent au chteau de <i>Conquest</i> entre -midi et nonne <i>Chronique de Jean le Bel</i>, d. Polain, t. I, p. 296.</p> - -<p><a id="Footnote_308" href="#FNanchor_308" class="label">[308]</a> Gurande est 5 kilomtres de l'Ocan, mais cette ville n'tant -spare de la mer que par d'immenses marais salants, Jean le Bel et -Froissart ont pu dire qu'elle est sur mer ou sur le flun de le mer.</p> - -<p><a id="Footnote_309" href="#FNanchor_309" class="label">[309]</a> Froissart veut sans doute dsigner le golfe ou havre au sud duquel -se trouve l'excellent port du Croisic.</p> - -<p><a id="Footnote_310" href="#FNanchor_310" class="label">[310]</a> Ce bourg situ au pied de la cit est ce qu'on appelle Vannes -la <i>ville basse</i>; la cit est la <i>ville haute</i>. Les lecteurs de Froissart remarqueront -que dans la langue de ce chroniqueur le terme de <i>cit</i> ne s'applique -gure qu'aux villes <i>piscopales</i>.</p> - -<p><a id="Footnote_311" href="#FNanchor_311" class="label">[311]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">LVIII</span>, t. I, p. 301 307.</p> - -<p><a id="Footnote_312" href="#FNanchor_312" class="label">[312]</a> Aujourd'hui hameau de la commune de Plougonvelin, Finistre, -arr. Brest, c. Saint-Renan. La pointe de Saint-Mathieu o l'on voit les -ruines de l'abbaye du mme nom est l'un des trois promontoires les -plus occidentaux de France: d'o le dpartement o se trouvent ces -promontoires a reu le nom de Finistre. Saint-Mathieu-de-<i>Fine-Poterne</i> -est sans doute une corruption bizarre de l'ancien nom du hameau -dont il s'agit: Saint-Mathieu-<i>Fin-de-Terre</i>.</p> - -<p><a id="Footnote_313" href="#FNanchor_313" class="label">[313]</a> La 2<sup>e</sup> rdaction dit: en l'<i>ille de Camperli</i>. Il n'y a pas, que -nous sachions, d'le de Quimperl. Froissart dsigne peut-tre ainsi -la presqu'le forme par le confluent de l'Ell et de l'Isole.</p> - -<p><a id="Footnote_314" href="#FNanchor_314" class="label">[314]</a> Ce passage emprunt par le chroniqueur de Valenciennes dans -ses deux premires rdactions Jean le Bel, fournit une nouvelle -preuve que le chanoine de Lige ignorait compltement la vritable -position de Dinan. Froissart a pris soin de faire disparatre cette erreur -grossire dans sa troisime rdaction. D'aprs cette rdaction, -Gautier de Mauny ne se mit point la poursuite de Louis d'Espagne -et revint tout droit Hennebont d'o il alla assiger la Roche-Piriou -(v. p. 391 et 396), tandis que Louis d'Espagne, aprs une nuit de navigation, -venait aborder <i>Grde</i>, au plus proain port de Vennes -et de Rennes. Nous avons eu l'occasion de faire ressortir plus haut -(p. <span class="smcap">XXXVI</span>, note 1) l'importance de ces dernires lignes qui semblent -indiquer que Froissart identifie <i>Grde</i> ou <i>Gredo</i> avec <i>Redon</i>.</p> - -<p><a id="Footnote_315" href="#FNanchor_315" class="label">[315]</a> Morbihan, arr. Napolonville, sur l'Ell.</p> - -<p><a id="Footnote_316" href="#FNanchor_316" class="label">[316]</a> La distance entre la Roche-Piriou, l'est du Morbihan, et Dinan, - l'ouest des Ctes-du-Nord, est beaucoup trop considrable pour que, -mme cheval, on puisse faire le trajet en une nuit; mais, nous le rptons, -Jean le Bel auquel ces dtails sont emprunts, ne se faisait pas -la moindre ide de la position exacte de Dinan.</p> - -<p><a id="Footnote_317" href="#FNanchor_317" class="label">[317]</a> On lit <i>Glay la Forest</i> dans Jean le Bel (v. t. I, p. 306, d. Polain). -Ici encore Froissart a corrig dans sa troisime rdaction une erreur -gographique commise d'aprs Jean le Bel dans les deux rdactions -prcdentes. Dans celles-ci, en effet, notre chroniqueur disait que -Gautier de Mauny avait trouv Ghoy le Forest sur son chemin en revenant -du Faout Hennebont, comme si Ghoy le Forest tait plac -entre ces deux localits (v. p. 166, 167 et 400). Froissart mieux inform -a soin de faire remarquer dans la troisime rdaction que Gautier -de Mauny se dtourna du chemin d'Hennebont pour mettre le -sige devant Ghoy le Forest: Quant mesires Gautiers de Mauni et -sa route se furent departi de Fauet, <i>il n'alrent pas le droit cemin pour -retourner Hainbon, mais s'adrechirent vers Goi le Forest</i>. P. 401. Il -est vrai que le chroniqueur retombe dans une autre erreur lorsqu'il -ajoute que Gautier de Mauny, aprs avoir pris Goy la Forest, rentra -ce jour mme Hennebont, moins que <i>Goy</i> ne soit une corruption -du breton <i>Cot</i> qu'on aura joint, par une sorte de tautologie assez frquente -dans les noms de lieu, sa traduction franaise <i>la Forest</i>. Dans -cette hypothse, Goy-la-Forest pourrait dsigner le chteau de Cot -situ 10 kilomtres nord-est d'Hennebont dans la commune de Languidic, -qui, d'aprs M. de La Borderie, si vers dans la gographie fodale -de la Bretagne, tait au moyen ge le chef-lieu d'une seigneurie -investie du droit de haute justice.</p> - -<p><a id="Footnote_318" href="#FNanchor_318" class="label">[318]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">LVIII</span> <span class="smcap">LX</span>, t. I, p. 307 317.</p> - -<p><a id="Footnote_319" href="#FNanchor_319" class="label">[319]</a> Finistre, arr. Chteaulin.</p> - -<p><a id="Footnote_320" href="#FNanchor_320" class="label">[320]</a> Froissart, en supposant ici l'anne 1342 prs de finir, semble -placer en 1343 les faits dont le rcit va suivre, par exemple, l'arrive -de Robert d'Artois, puis celle d'douard III en Bretagne, tandis qu'en -ralit ces vnements appartiennent l'anne 1342.</p> - -<p><a id="Footnote_321" href="#FNanchor_321" class="label">[321]</a> Ctes-du-Nord, arr. Dinan. Il ne reste rien aujourd'hui de la -redoutable forteresse qui avait donn lieu au proverbe:</p> - -<p class="quote"> -Qui a Bretagne sans Jugon<br /> -A chape sans chaperon.</p> - -<p><a id="Footnote_322" href="#FNanchor_322" class="label">[322]</a> On ne trouve ni dans le recueil de Rymer ni ailleurs aucune mention -d'une trve qui aurait t conclue cette date entre Charles de -Blois et la comtesse de Montfort. Froissart veut peut-tre parler, ainsi -que Dacier l'a suppos, de l'armistice arrt entre les deux parties au -commencement de cette anne 1342 pour durer jusqu'au retour de la -belle saison. V. <i>Hist. de Bretagne</i>, par dom Morice, t. I, p. 254.</p> - -<p><a id="Footnote_323" href="#FNanchor_323" class="label">[323]</a> Ms. A8, f<sup>o</sup> 49.—Mss. B1, 3, 4, f<sup>o</sup> 71 v<sup>o</sup>: Laille.</p> - -<p><a id="Footnote_324" href="#FNanchor_324" class="label">[324]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 47.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 72 v<sup>o</sup>: sceuissent.</p> - -<p><a id="Footnote_325" href="#FNanchor_325" class="label">[325]</a> Ms. B4, f<sup>o</sup> 50.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 74 v<sup>o</sup>: Briant.</p> - -<p><a id="Footnote_326" href="#FNanchor_326" class="label">[326]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 52.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 78 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_327" href="#FNanchor_327" class="label">[327]</a> Mss. B3, 4.—Ms. B1: voloit.</p> - -<p><a id="Footnote_328" href="#FNanchor_328" class="label">[328]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 52.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 78 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_329" href="#FNanchor_329" class="label">[329]</a> Dans le ms. B1, f<sup>o</sup> 78, comme dans tous les mss. de Froissart, -<i>se tenoient</i> est prcd de <i>qui</i>, que nous avons supprim.</p> - -<p><a id="Footnote_330" href="#FNanchor_330" class="label">[330]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 52.—Ms. B1, f<sup>os</sup> 78 v<sup>o</sup> et 79: couciet.</p> - -<p><a id="Footnote_331" href="#FNanchor_331" class="label">[331]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 52.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 79 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_332" href="#FNanchor_332" class="label">[332]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 53.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 80 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_333" href="#FNanchor_333" class="label">[333]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 80 v<sup>o</sup>: et pourveuement.</p> - -<p><a id="Footnote_334" href="#FNanchor_334" class="label">[334]</a> Ms. B4, f<sup>o</sup> 54.—Ms. B1: exilliet. Mauvaise leon.</p> - -<p><a id="Footnote_335" href="#FNanchor_335" class="label">[335]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 56.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 84 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_336" href="#FNanchor_336" class="label">[336]</a> Ms. B3, f<sup>o</sup> 56.—Mss. B1, 4, f<sup>o</sup> 84: bort. Mauvaise leon.</p> - -<p><a id="Footnote_337" href="#FNanchor_337" class="label">[337]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 84 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_338" href="#FNanchor_338" class="label">[338]</a> Dans le ms. B1, f<sup>o</sup> 85, il n'y a aucune coupure aprs ces mots: -volsissent or; nous avons suivi quelques bons mss., notamment -celui de Besanon, f<sup>o</sup> 61, qui commencent ici un paragraphe distinct.</p> - -<p><a id="Footnote_339" href="#FNanchor_339" class="label">[339]</a> Ms. A8, f<sup>o</sup> 59, et ms. A1, f<sup>o</sup> 61 v<sup>o</sup>. Il n'y a pas ici de coupure -dans les mss. B1, 3 et 4.</p> - -<p><a id="Footnote_340" href="#FNanchor_340" class="label">[340]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 58.—Ms. B1 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_341" href="#FNanchor_341" class="label">[341]</a> Mss. B3, f<sup>o</sup> 59.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 88 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_342" href="#FNanchor_342" class="label">[342]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 59.—Ms B1, f<sup>o</sup> 88 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_343" href="#FNanchor_343" class="label">[343]</a> Ms. B3, f<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.—Mss. B1, 4, f<sup>o</sup> 89:d'un.</p> - -<p><a id="Footnote_344" href="#FNanchor_344" class="label">[344]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 89 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_345" href="#FNanchor_345" class="label">[345]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 90 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_346" href="#FNanchor_346" class="label">[346]</a> Ms. B4, f<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 90 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_347" href="#FNanchor_347" class="label">[347]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 61.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 90 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_348" href="#FNanchor_348" class="label">[348]</a> Ms. B3, f<sup>o</sup> 62.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 92 v<sup>o</sup>: onniement.</p> - -<p><a id="Footnote_349" href="#FNanchor_349" class="label">[349]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 62.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 89 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_350" href="#FNanchor_350" class="label">[350]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 63.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 93 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_351" href="#FNanchor_351" class="label">[351]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 63.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 94 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_352" href="#FNanchor_352" class="label">[352]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 64 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 96 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_353" href="#FNanchor_353" class="label">[353]</a> Ms. B3, f<sup>o</sup> 65 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 98 r<sup>o</sup>: envoiiet.</p> - -<p><a id="Footnote_354" href="#FNanchor_354" class="label">[354]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 66, v<sup>o</sup>.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 100 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_355" href="#FNanchor_355" class="label">[355]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 66, v<sup>o</sup>.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 100 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_356" href="#FNanchor_356" class="label">[356]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 67.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 101 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_357" href="#FNanchor_357" class="label">[357]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 67, v<sup>o</sup>.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 101 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_358" href="#FNanchor_358" class="label">[358]</a> Mss. B4, 3 f<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.—Ms. B1 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_359" href="#FNanchor_359" class="label">[359]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 68.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 102 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_360" href="#FNanchor_360" class="label">[360]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 68.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 102 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_361" href="#FNanchor_361" class="label">[361]</a> Mss. B 3, 4, f<sup>o</sup> 70.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 103 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_362" href="#FNanchor_362" class="label">[362]</a> Ms. B 3, f<sup>o</sup> 70.—Mss. B 1, 4, f<sup>o</sup> 104 (lacune.)</p> - -<p><a id="Footnote_363" href="#FNanchor_363" class="label">[363]</a> Ms. B 4, 3, f<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 104 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_364" href="#FNanchor_364" class="label">[364]</a> Ms B4, f<sup>o</sup> 70.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 105: leves.</p> - -<p><a id="Footnote_365" href="#FNanchor_365" class="label">[365]</a> Ms. B3, f<sup>o</sup> 72, v<sup>o</sup>.—Mss. B1, 4, f<sup>o</sup> 105 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_366" href="#FNanchor_366" class="label">[366]</a> Mss. B 1, 3, 4, f<sup>o</sup> 107: Genueves.</p> - -<p><a id="Footnote_367" href="#FNanchor_367" class="label">[367]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 71.—Ms. B 1 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_368" href="#FNanchor_368" class="label">[368]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 71.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 107 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_369" href="#FNanchor_369" class="label">[369]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 72.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 109 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_370" href="#FNanchor_370" class="label">[370]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 72 v<sup>o</sup>.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 109 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_371" href="#FNanchor_371" class="label">[371]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 73.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 110 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_372" href="#FNanchor_372" class="label">[372]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 73.—Ms. B1 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_373" href="#FNanchor_373" class="label">[373]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 73 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 110 v<sup>o</sup>: dou.</p> - -<p><a id="Footnote_374" href="#FNanchor_374" class="label">[374]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 73 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 111 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_375" href="#FNanchor_375" class="label">[375]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 74.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 111 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_376" href="#FNanchor_376" class="label">[376]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 74.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 111 v<sup>o</sup>: inspire.</p> - -<p><a id="Footnote_377" href="#FNanchor_377" class="label">[377]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 74.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 112 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_378" href="#FNanchor_378" class="label">[378]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 75.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 113 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_379" href="#FNanchor_379" class="label">[379]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 75 v<sup>o</sup>.—Ms. B1: poroit. Mauvaise leon.</p> - -<p><a id="Footnote_380" href="#FNanchor_380" class="label">[380]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 76 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 115 v<sup>o</sup>: et.</p> - -<p><a id="Footnote_381" href="#FNanchor_381" class="label">[381]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 76 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 116 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_382" href="#FNanchor_382" class="label">[382]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 77.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 116 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_383" href="#FNanchor_383" class="label">[383]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 77.—Ms. B1 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_384" href="#FNanchor_384" class="label">[384]</a> Ms. A7, f<sup>o</sup> 84.—Mss. B 1, 3, 4, f<sup>o</sup> 117, v<sup>o</sup>; Henris. Mauvaise -leon.</p> - -<p><a id="Footnote_385" href="#FNanchor_385" class="label">[385]</a> Mss. B1, 3, 4: oncles. Mauvaise leon.</p> - -<p><a id="Footnote_386" href="#FNanchor_386" class="label">[386]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 79.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 119 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_387" href="#FNanchor_387" class="label">[387]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 119 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_388" href="#FNanchor_388" class="label">[388]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 80.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 120 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_389" href="#FNanchor_389" class="label">[389]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 80.—Ms. B1: nis. Mauvaise leon.</p> - -<p><a id="Footnote_390" href="#FNanchor_390" class="label">[390]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 80 v<sup>o</sup>.—Ms. B1: neveu.</p> - -<p><a id="Footnote_391" href="#FNanchor_391" class="label">[391]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 82.—Ms. B 1, f<sup>o</sup> 123 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_392" href="#FNanchor_392" class="label">[392]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 84.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 127: onniement.</p> - -<p><a id="Footnote_393" href="#FNanchor_393" class="label">[393]</a> Ms. B3, f<sup>o</sup> 86 v<sup>o</sup>.—Mss. B1, 4, f<sup>o</sup> 127 v<sup>o</sup>: poent et doient.</p> - -<p><a id="Footnote_394" href="#FNanchor_394" class="label">[394]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 84 v<sup>o</sup>.—Ms. B1 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_395" href="#FNanchor_395" class="label">[395]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 85 v<sup>o</sup>.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 129 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_396" href="#FNanchor_396" class="label">[396]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 85, v<sup>o</sup>.—Ms. B1 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_397" href="#FNanchor_397" class="label">[397]</a> Mss. B4, 3 f<sup>o</sup> 85 v<sup>o</sup>.—Ms. B1 (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_398" href="#FNanchor_398" class="label">[398]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 86.—Ms. B1, f<sup>o</sup> 129 v<sup>o</sup> (lacune).</p> - -<p><a id="Footnote_399" href="#FNanchor_399" class="label">[399]</a> <i>Ms. de Valenciennes</i>: au mont Saint Albain, F<sup>o</sup> 91 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_400" href="#FNanchor_400" class="label">[400]</a> <i>Ms. de Valenciennes</i>: trois mille sergans lances et pavais. -F<sup>o</sup> 91 v<sup>o</sup>.</p> - -<p><a id="Footnote_401" href="#FNanchor_401" class="label">[401]</a> A partir du prsent volume, toutes les fois qu'une variante est -fournie par les mss. <i>A 1 6</i>, le f<sup>o</sup> indiqu la fin de la variante sera -toujours le f<sup>o</sup> du ms. <i>A 2</i> (2649 de notre Bibliothque impriale).</p> - -<p><a id="Footnote_402" href="#FNanchor_402" class="label">[402]</a> <i>Ms. de Valenciennes</i>: cinquante mille. F<sup>o</sup> 91.</p> - -<p><a id="Footnote_403" href="#FNanchor_403" class="label">[403]</a> Le nom est laiss en blanc dans le ms. d'Amiens.</p> - -<p><a id="Footnote_404" href="#FNanchor_404" class="label">[404]</a> On lit dans le ms. d'Amiens: au dit, qui doit tre une mauvaise -leon.</p> - -<p><a id="Footnote_405" href="#FNanchor_405" class="label">[405]</a> On lit dans le ms. d'Amiens: entendittez.</p> - -<p><a id="Footnote_406" href="#FNanchor_406" class="label">[406]</a> On lit dans le ms. B 6 Henry. Mauvaise leon.</p> - -<p><a id="Footnote_407" href="#FNanchor_407" class="label">[407]</a> Lacune.</p> - -<p><a id="Footnote_408" href="#FNanchor_408" class="label">[408]</a> On lit dans le ms.: Robers. Mauvaise leon.</p> - -<p><a id="Footnote_409" href="#FNanchor_409" class="label">[409]</a> On lit dans le ms.: perilz. Mauvaise leon.</p> - -<p><a id="Footnote_410" href="#FNanchor_410" class="label">[410]</a> On lit dans le ms.: veoient. Mauvaise leon.</p> - -<p><a id="Footnote_411" href="#FNanchor_411" class="label">[411]</a> On lit dans le ms.: en estrans. Mauvaise leon.</p> - -</div></div> - -<div class="chapter"> -<h3>ERRATA.</h3> -</div> - -<table id="errata" summary="contents"> -<tr> -<th class="tdl"><i>Au lieu de</i>:</th> -<th class="tdl"><i>Lisez</i>:</th> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">amonet, page <a href="#Page_29">29</a>, ligne 18,</td> -<td class="tdl">amenet.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">1342, p. 118 136, date courante en haut de la page,</td> -<td class="tdl">1341.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">envoyes, p. <a href="#Page_153">153</a>, l. 10,</td> -<td class="tdl">envayes.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">alenoient, p. <a href="#Page_154">154</a>, l. 8,</td> -<td class="tdl">aleuoient.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">es, p. <a href="#Page_171">171</a>, l. 26,</td> -<td class="tdl">les.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">veir, p. <a href="#Page_172">172</a>, l. 29,</td> -<td class="tdl">ve(o)ir.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">Mande, p. <a href="#Page_247">247</a>, l. 33,</td> -<td class="tdl">Maude.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">adont, p. <a href="#Page_300">300</a>, l. 24,</td> -<td class="tdl">adonc.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">dist, p. <a href="#Page_303">303</a>, l. 10,</td> -<td class="tdl">dit.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">alevrent. p. <a href="#Page_309">309</a>, l. 29,</td> -<td class="tdl">aleurent.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">st, p. <a href="#Page_340">340</a>, avant-dernire ligne,</td> -<td class="tdl">est.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">e, p. <a href="#Page_340">340</a>, dernire ligne,</td> -<td class="tdl">je.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">li, p. <a href="#Page_404">404</a>, l. 24,</td> -<td class="tdl">et li.</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl">et pont, p. <a href="#Page_408">408</a>, l. 10 et 11,</td> -<td class="tdl">et le pont.</td> -</tr> -</table> - -<div class="chapter"> -<p><span class="pagenum"><a id="Page_419"> 419</a></span></p> -<h2>TABLE DES MATIRES.</h2> -</div> - -<table id="ToC" summary="contents"> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XXXIV.</th> -</tr> -<tr> -<td>Ouverture des hostilits entre les rois de France et d'Angleterre.—<i>Sommaire</i>, -p. <span class="smcap">I</span> <span class="smcap">VI</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_1">1</a> <a href="#Page_8">8</a>.—<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_185">185</a> <a href="#Page_193">193</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XXXV.</th> -</tr> -<tr> -<td>Incursions des Franais en Hainaut, notamment aux environs de Valenciennes.—<i>Sommaire</i>, -p. <span class="smcap">VI</span> <span class="smcap">XIII</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_8">8</a> <a href="#Page_24">24</a>.—<i>Variantes</i>, -p. <a href="#Page_193">193</a> <a href="#Page_212">212</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XXXVI.</th> -</tr> -<tr> -<td>Sige et prise de Thun-l'vque par les Franais.—Offres de combat -faites par le comte de Hainaut; refus du duc de Normandie.—<i>Sommaire</i>, -p. <span class="smcap">XIII</span> <span class="smcap">XV</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_24">24</a> <a href="#Page_34">34</a>.—<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_212">212</a> <a href="#Page_218">218</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XXXVII.</th> -</tr> -<tr> -<td>Dfaite de la flotte franaise par la flotte anglaise prs de l'cluse; arrive -d'douard III et de son arme en Flandre.—<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">XV</span> - <span class="smcap">XIX</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_34">34</a> <a href="#Page_41">41</a>.—<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_218">218</a> <a href="#Page_229">229</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XXXVIII.</th> -</tr> -<tr> -<td>Assemble de Vilvorde suivie du sige de Tournay par douard III et -ses allis.—<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">XIX</span> <span class="smcap">XXIV</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_41">41</a> <a href="#Page_48">48</a>.—<i>Variantes</i>, -p. <a href="#Page_229">229</a> <a href="#Page_237">237</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XXXIX.</th> -</tr> -<tr> -<td>Guerre en cosse.—<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">XXIV</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_49">49</a> <a href="#Page_54">54</a>.—<i>Variantes</i>, -p. <a href="#Page_237">237</a> <a href="#Page_241">241</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XL.</th> -</tr> -<tr> -<td>Arrive du roi de France et de son arme au pont de Bouvines contre -douard III et ses allis.—<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">XXIV</span> <span class="smcap">XXVI</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_54">54</a> - <a href="#Page_62">62</a>.—<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_241">241</a> <a href="#Page_246">246</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XLI.</th> -</tr> -<tr> -<td>Sige de Mortagne et prise de Saint-Amand et de Marchiennes par le -comte de Hainaut.—Dfaite d'une troupe de Franais et du seigneur -de Montmorency au Pont--Tressin.—<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">XXVI</span> <span class="smcap">XXX</span>.—<i>Texte</i>, -p. <a href="#Page_62">62</a> <a href="#Page_74">74</a>.—<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_246">246</a> <a href="#Page_252">252</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XLII.</th> -</tr> -<tr> -<td>Dfaite prs de Saint-Omer, panique et retraite des Flamands dans leur -pays.—Leve du sige de Tournay; trve entre la France et -<span class="pagenum"><a id="Page_420"> 420</a></span> -l'Angleterre.—<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">XXX</span> <span class="smcap">XXXII</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_74">74</a> <a href="#Page_86">86</a>.—<i>Variantes</i>, -p. <a href="#Page_252">252</a> <a href="#Page_265">265</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XLIII.</th> -</tr> -<tr> -<td>Guerre de la succession de Bretagne: succs du comte de Montfort.—<i>Sommaire</i>, -p. <span class="smcap">XXXII</span> <span class="smcap">XXXV</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_86">86</a> <a href="#Page_100">100</a>.—<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_265">265</a> - <a href="#Page_291">291</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XLIV.</th> -</tr> -<tr> -<td>Voyages du comte de Montfort en Angleterre, puis Paris.—<i>Sommaire</i>, -p. <span class="smcap">XXXV</span> <span class="smcap">XXXIX</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_100">100</a> <a href="#Page_107">107</a>.—<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_291">291</a> - <a href="#Page_307">307</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XLV.</th> -</tr> -<tr> -<td>Expdition du duc de Normandie et de Charles de Blois en Bretagne.—<i>Sommaire</i>, -p. <span class="smcap">XXXIX</span> <span class="smcap">XLIV</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_107">107</a> <a href="#Page_115">115</a>.—<i>Variantes</i>, -p. <a href="#Page_307">307</a> <a href="#Page_324">324</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XLVI.</th> -</tr> -<tr> -<td>Guerre en cosse.—douard III et la comtesse de Salisbury.—<i>Sommaire</i>, -p. <span class="smcap">XLIV</span> <span class="smcap">XLV</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_116">116</a> <a href="#Page_137">137</a>.—<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_324">324</a> - <a href="#Page_347">347</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XLVII.</th> -</tr> -<tr> -<td>Sige et prise de Rennes par Charles de Blois.—Sige d'Hennebont: -dfense hroque de Jeanne de Montfort; leve du sige par les -Franais, la suite de l'arrive de Gautier de Mauny et des Anglais.—<i>Sommaire</i>, -p. <span class="smcap">XLV</span> <span class="smcap">L</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_137">137</a> <a href="#Page_154">154</a>.—<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_347">347</a> - <a href="#Page_378">378</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XLVIII.</th> -</tr> -<tr> -<td>Sige et prise de Conquest, de Dinan, de Gurande par Louis d'Espagne, -d'Auray et de Vannes par Charles de Blois.—<i>Sommaire</i>, -p. <span class="smcap">L</span> <span class="smcap">LIII</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_154">154</a> <a href="#Page_160">160</a>.—<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_378">378</a> <a href="#Page_392">392</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE XLIX.</th> -</tr> -<tr> -<td>Dfaite de Louis d'Espagne prs de Quimperl; sige de la Roche-Piriou, -du Faout, et prise de la Forest par Gautier de Mauny.—<i>Sommaire</i>, -p. <span class="smcap">LIII</span> <span class="smcap">LVI</span>.—<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_160">160</a> <a href="#Page_168">168</a>.—<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_392">392</a> - <a href="#Page_402">402</a>.</td> -</tr> -<tr> -<th class="tdc">CHAPITRE L.</th> -</tr> -<tr> -<td>Sige et occupation de Carhaix par Charles de Blois.—Second sige -d'Hennebont par les Franais, signal par un merveilleux exploit de -Gautier de Mauny et leve de ce sige.—Reddition de Jugon -Charles de Blois.—Trve entre les belligrants, suivie du dpart de -Jeanne de Montfort pour l'Angleterre.—<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">LVII</span> <span class="smcap">LIX</span>.—<i>Texte</i>, -p. <a href="#Page_168">168</a> <a href="#Page_181">181</a>.—<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_402">402</a> <a href="#Page_417">417</a>.</td> -</tr> -</table> - -<p class="end">FIN DE LA TABLE DU TOME DEUXIME.</p> - - -<p class="end">9924.—Imprimerie gnrale.—Lahure, rue de Fleurus, 9, Paris.</p> - - - - - - - -<pre> - - - - - -End of the Project Gutenberg EBook of Chroniques de J. Froissart, tome 2/13, by -Jean Froissart - -*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CHRONIQUES DE J. FROISSART *** - -***** This file should be named 50356-h.htm or 50356-h.zip ***** -This and all associated files of various formats will be found in: - http://www.gutenberg.org/5/0/3/5/50356/ - -Produced by Clarity, Hlne de Mink, and the Online -Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This -file was produced from images generously made available -by the Bibliothque nationale de France (BnF/Gallica) at -http://gallica.bnf.fr) - -Updated editions will replace the previous one--the old editions will -be renamed. - -Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright -law means that no one owns a United States copyright in these works, -so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United -States without permission and without paying copyright -royalties. 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INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the -trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone -providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in -accordance with this agreement, and any volunteers associated with the -production, promotion and distribution of Project Gutenberg-tm -electronic works, harmless from all liability, costs and expenses, -including legal fees, that arise directly or indirectly from any of -the following which you do or cause to occur: (a) distribution of this -or any Project Gutenberg-tm work, (b) alteration, modification, or -additions or deletions to any Project Gutenberg-tm work, and (c) any -Defect you cause. - -Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm - -Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of -electronic works in formats readable by the widest variety of -computers including obsolete, old, middle-aged and new computers. It -exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations -from people in all walks of life. - -Volunteers and financial support to provide volunteers with the -assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg-tm's -goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will -remain freely available for generations to come. In 2001, the Project -Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure -and permanent future for Project Gutenberg-tm and future -generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see -Sections 3 and 4 and the Foundation information page at -www.gutenberg.org - - - -Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation - -The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit -501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the -state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal -Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification -number is 64-6221541. Contributions to the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by -U.S. federal laws and your state's laws. - -The Foundation's principal office is in Fairbanks, Alaska, with the -mailing address: PO Box 750175, Fairbanks, AK 99775, but its -volunteers and employees are scattered throughout numerous -locations. Its business office is located at 809 North 1500 West, Salt -Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up to -date contact information can be found at the Foundation's web site and -official page at www.gutenberg.org/contact - -For additional contact information: - - Dr. Gregory B. Newby - Chief Executive and Director - gbnewby@pglaf.org - -Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg -Literary Archive Foundation - -Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide -spread public support and donations to carry out its mission of -increasing the number of public domain and licensed works that can be -freely distributed in machine readable form accessible by the widest -array of equipment including outdated equipment. Many small donations -($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt -status with the IRS. - -The Foundation is committed to complying with the laws regulating -charities and charitable donations in all 50 states of the United -States. Compliance requirements are not uniform and it takes a -considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up -with these requirements. We do not solicit donations in locations -where we have not received written confirmation of compliance. To SEND -DONATIONS or determine the status of compliance for any particular -state visit www.gutenberg.org/donate - -While we cannot and do not solicit contributions from states where we -have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition -against accepting unsolicited donations from donors in such states who -approach us with offers to donate. - -International donations are gratefully accepted, but we cannot make -any statements concerning tax treatment of donations received from -outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff. - -Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation -methods and addresses. Donations are accepted in a number of other -ways including checks, online payments and credit card donations. To -donate, please visit: www.gutenberg.org/donate - -Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic works. - -Professor Michael S. Hart was the originator of the Project -Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be -freely shared with anyone. For forty years, he produced and -distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of -volunteer support. - -Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed -editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in -the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not -necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper -edition. - -Most people start at our Web site which has the main PG search -facility: www.gutenberg.org - -This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, -including how to make donations to the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to -subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. - - - -</pre> - -</body> -</html> diff --git a/old/50356-h/images/cover.jpg b/old/50356-h/images/cover.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index a0d8310..0000000 --- a/old/50356-h/images/cover.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/50356-h/images/logo.jpg b/old/50356-h/images/logo.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 1cb85ce..0000000 --- a/old/50356-h/images/logo.jpg +++ /dev/null |
