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-Project Gutenberg's Chroniques de J. Froissart, tome 2/13, by Jean Froissart
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and most
-other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
-whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of
-the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
-www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you'll have
-to check the laws of the country where you are located before using this ebook.
-
-Title: Chroniques de J. Froissart, tome 2/13
-
-Author: Jean Froissart
-
-Release Date: October 31, 2015 [EBook #50356]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: UTF-8
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CHRONIQUES DE J. FROISSART ***
-
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-
-Produced by Clarity, Hélène de Mink, and the Online
-Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This
-file was produced from images generously made available
-by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at
-http://gallica.bnf.fr)
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-Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le
-typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été
-conservée et n'a pas été harmonisée. Les numéros des pages blanches
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-courante: vo (verso), ro (recto), Fo (Folio) , fo (folio), Fos
-(Folios).
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-
- CHRONIQUES
-
- DE
-
- J. FROISSART
-
-
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-
- IMPRIMERIE GÉNÉRALE.--LAHURE
- Rue de Fleurus, 9, à Paris
-
-
-
-
- CHRONIQUES
-
- DE
-
- J. FROISSART
-
- PUBLIÉES POUR LA SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE FRANCE
-
- PAR SIMÉON LUCE
-
- TOME DEUXIÈME
-
- 1340-1342
-
- (DEPUIS LES PRÉLIMINAIRES DU SIÉGE DE TOURNAY JUSQU'AU VOYAGE
- DE LA COMTESSE DE MONTFORT EN ANGLETERRE)
-
- LOGO
-
- A PARIS
- CHEZ MME VE JULES RENOUARD
- LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE FRANCE
- RUE DE TOURNON, No 6
-
- M DCCC LXX
-
-
-
-
-EXTRAIT DU RÈGLEMENT.
-
-ART. 14. Le Conseil désigne les ouvrages à publier, et choisit les
-personnes les plus capables d'en préparer et d'en suivre la
-publication.
-
-Il nomme, pour chaque ouvrage à publier, un Commissaire responsable
-chargé d'en surveiller l'exécution.
-
-Le nom de l'Éditeur sera placé en tête de chaque volume.
-
-Aucun volume ne pourra paraître sous le nom de la Société sans
-l'autorisation du Conseil, et s'il n'est accompagné d'une déclaration
-du Commissaire responsable, portant que le travail lui a paru mériter
-d'être publié.
-
-
-_Le Commissaire responsable soussigné déclare que le tome II de
-l'Édition des_ CHRONIQUES DE J. FROISSART, _préparée par_ M. SIMÉON
-LUCE, _lui a paru digne d'être publié par la_ SOCIÉTÉ DE L'HISTOIRE DE
-FRANCE.
-
- _Fait à Paris, le_ 1er _mai_ 1870.
-
- _Signé_ L. DELISLE.
-
- _Certifié_,
-
- Le Secrétaire de la Société de l'Histoire de France,
-
- J. DESNOYERS.
-
-
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-
-SOMMAIRE.
-
-
-
-
-SOMMAIRE.
-
-
-
-
-CHAPITRE XXXIV.
-
- 1340. OUVERTURE DES HOSTILITÉS ENTRE LES ROIS DE FRANCE ET
- D'ANGLETERRE (§§ 99 à 101).
-
-
-Irrité de la destruction d'Aubenton et du ravage de la Thiérache,
-Philippe de Valois charge Jean son fils, duc de Normandie, d'envahir le
-Hainaut à la tête d'une puissante armée. P. 1, 185, 187.
-
-En Gascogne, le comte de l'Isle reçoit l'ordre d'envahir le Bordelais
-et en général toutes les terres et seigneuries des Anglais et de leurs
-adhérents.--Noms des principaux seigneurs qui prennent part à cette
-campagne.--Les Français ravagent les terres d'Albret[1] et de
-Pommiers[2], et en général les possessions des seigneurs de Lesparre,
-de _Cars_[3] et de Mussidan[4]. P. 1, 2, 187 et 188.
-
- [1] Labrit, Landes, arr. Mont-de-Marsan. La forme la plus
- ordinaire de ce nom dans les mss. des Chroniques de Froissart est
- _Labreth_. Albret est devenu le nom historique de l'illustre
- famille à qui appartenait cette seigneurie.
-
- [2] Pommiers, Gironde, comm. Saint-Félix de Foncaude, arr. la
- Réole, c. Sauveterre.
-
- [3] On peut lire dans le ms. d'Amiens _Tarse_ ou _Carse_. Après
- avoir adopté la leçon Tarse, nous donnons la préférence à Carse,
- parce qu'il s'agit peut-être de Cars, Gironde, arr. et c. Blaye.
-
- [4] Dordogne, arr. Ribérac.
-
-En même temps, le roi de France renforce la grosse flotte des écumeurs,
-commandée par Hue Quieret et Barbavara qui se tient en face des côtes
-de Flandre pour empêcher Édouard III de repasser sur le continent. P. 2
-et 188.
-
-Louis de Nevers, comte de Flandre, et la comtesse Marguerite sa femme,
-vivent à Paris à la charge du roi de France, car ils ne reçoivent rien
-des rentes et revenus de leur comté. Les collecteurs de ces revenus
-n'en rendent compte qu'à Jacques d'Arteveld et à certains bourgeois de
-Gand, de Bruges, d'Ypres et de Courtrai, à ce députés; on les met en
-réserve afin que le pays y puisse recourir en cas de besoin et aussi en
-prévision d'une réconciliation avec le comte de Flandre. Les dépenses
-de Jacques d'Arteveld sont imputées sur des tailles spéciales levées
-toutes les semaines. Louis de Flandre engage le roi de France à
-contraindre les Flamands à l'obéissance en les menaçant de les faire
-excommunier par le pape. P. 185.
-
-Philippe de Valois, qui voit les Flamands disposés à entrer dans la
-ligue formée contre lui par les Allemands, les Brabançons, les
-Hainuyers et les Anglais, essaye de les gagner par la persuasion avant
-d'en venir aux mesures de rigueur. Le comte Raoul d'Eu et de Guines,
-connétable de France, les seigneurs de Montmorency et de Saint-Venant,
-les évêques de Paris et de Chartres, sont envoyés à Tournay et
-reçoivent mission de s'aboucher et de traiter avec les députés des
-villes de Flandre. Ceux-ci déclarent qu'ils n'entendront à rien tant
-que le roi de France n'aura pas rendu Lille, Douai, Béthune et les
-dépendances de ces villes. Les commissaires de Philippe de Valois
-jugent qu'une entente est impossible dans ces conditions, et l'on se
-sépare sans avoir rien fait. P. 185 et 186.
-
-A l'instigation du roi de France, le pape (Benoit XII) lance une bulle
-d'excommunication contre les Flamands et l'envoie aux évêques de
-Cambrai, de Tournay et de Thérouanne. Il est défendu aux prêtres de
-chanter la messe sous peine d'encourir l'excommunication et de perdre
-leurs bénéfices. Informé de cette situation, Édouard III promet aux
-Flamands de leur amener, à son prochain retour sur le continent, des
-prêtres de son pays pour chanter la messe, que le pape le veuille on
-non, car comme roi d'Angleterre il a parfaitement le droit de le faire.
-Grand mécontentement des prêtres de Flandre privés de leur casuel par
-la défense du pape. P. 2, 3, 186 et 187.
-
-Philippe de Valois donne l'ordre aux gens d'armes de ses garnisons de
-Tournay, de Lille, de Douai et des châteaux voisins de faire la guerre
-aux Flamands et de porter le ravage dans leur pays. Chevauchée des
-Français jusqu'aux portes de Courtrai, incendie des faubourgs de cette
-ville et de tout le pays environnant, notamment de Dottignies[5];
-retour par la rivière du Lis et par Warnêton[6]; capture de plus de dix
-mille blanches bêtes, de trois mille porcs, de deux mille grosses
-bêtes, sans compter cinq cents personnes, hommes, femmes et enfants,
-emmenés pour être mis à rançon. P. 3 et 4, 188 et 189.
-
- [5] Belgique, Fl. occ., arr. et c. Courtrai.
-
- [6] Belgique, Fl. occ., arr. Ypres, c. Messines.
-
-Expédition de Jacques d'Arteveld contre Tournay à la tête d'une
-puissante armée de Flamands. Arrivé au Pont de Fer[7], entre Audenarde
-et Tournay, le chef des Flamands attend que les comtes de Salisbury et
-de Suffolk, qui se tiennent en garnison à Ypres, et le contingent du
-Franc de Bruges, viennent le rejoindre. P. 4, 5, 189.
-
- [7] Pont de Fer paraît être une forme francisée du flamand
- _Verbruk_. Verbruk est aujourd'hui un hameau d'Amougies, sur le
- Rhosne, Belgique, Fl. or., arr. Audenarde, c. Renaix. Cette
- localité est située à peu près à égale distance d'Audenarde et de
- Tournay (note communiquée par mon jeune et savant collègue M. A.
- Longnon).
-
-Les Flamands occupent Poperinghe, Messines[8], Bergues[9], Cassel[10],
-Bourbourg[11], Furnes, Nieuport[12], Dunkerque, Gravelines[13]. Les
-Français ont mis garnison à Saint-Omer, à Thérouanne, à Aire[14] et à
-Saint-Venant[15]. Le roi de France envoie deux cents lances de Savoie
-et de Bourgogne à Lille sous les ordres d'Amé de Genève[16], de [Hue]
-de Châlon[17], des seigneurs de Villars[18] et de Groslée[19]. P. 5 et
-191.
-
- [8] Poperinghe et Messines sont situés en Belgique, Fl. occ. arr.
- Ypres.
-
- [9] Nord, arr. Dunkerque.
-
- [10] Nord, arr. Hazebrouck.
-
- [11] Nord, arr. Dunkerque.
-
- [12] Belgique, Fl. occ., arr. Furnes, à 38 kil. de Bruges.
-
- [13] Nord, arr. Dunkerque.
-
- [14] Thérouanne et Aire sont situés dans le Pas-de-Calais, arr.
- Saint-Omer.
-
- [15] Pas-de-Calais, arr. Béthune, c. Lillers.
-
- [16] Amé, comte de Genève, figure sur les montres de l'host de
- Bouvines, dans la bataille du comte de Savoie: «Amé, comte de
- Genève, 6 chev. bann., 3 bach., 3 esc. bann. comptez comme bach.,
- 252 esc.» Bibl. imp., De Camps, portef. 83, fo 344 vo.
-
- [17] «Hue, vidame de Chalon, 4(bach.), 20 esc.» De Camps, portef.
- 83, fo 225.
-
- [18] «Humbert, seigneur de Villars, bann., 3 bann., 6 bach., 82
- esc.; venu de Montroyal en Montagne.» De Camps, portef. 83, fo
- 334 vo.
-
- [19] «Agot des Baus et Guy de Groullée, chev. bann., venus en la
- guerre du roy pour M. le dauphin de Vienne avec 7 autres bann., 4
- bach., 3 esc. bann., 179 esc.» De Camps, 83, fo 345.
-
-Pendant le trajet d'Ypres au Pont de Fer, les comtes de Salisbury et de
-Suffolk tombent, malgré les avis de Waflard de la Croix, dans une
-embuscade dressée contre eux près de Lille et sont faits prisonniers
-par les habitants de cette ville qui les livrent à Philippe de Valois.
-Jacques d'Arteveld, découragé, congédie ses gens d'armes et retourne à
-Gand. P. 5 à 8, 189 à 193.
-
-
-
-
-CHAPITRE XXXV.
-
- 1340. INCURSIONS DES FRANÇAIS EN HAINAUT, NOTAMMENT AUX ENVIRONS
- DE VALENCIENNES (§§ 102 à 107).
-
-
-Jean, duc de Normandie, réunit à Saint-Quentin une puissante armée pour
-envahir le Hainaut.--Noms des principaux seigneurs qui font partie de
-l'expédition.--De Saint-Quentin, l'armée du duc de Normandie se dirige
-en passant par Bohain[20] vers le Cateau-Cambrésis[21] et vient loger
-près de cette ville en un lieu appelé Montay[22], à l'entrée du
-Hainaut, sur la Selle[23]. P. 8 et 9, 193 à 195.
-
- [20] Aujourd'hui Bohain-en-Vermandois, Aisne, arr. Saint-Quentin.
-
- [21] Le Cateau, Nord, arr. Cambrai.
-
- [22] Nord, arr. Cambrai, c. le Cateau.
-
- [23] La Selle, affluent de la rive droite de l'Escaut, prend sa
- source au sud du Cateau dans une vallée appelée Fons-Selle, et se
- jette dans l'Escaut à Denain.
-
-Gérard de Verchin, sénéchal de Hainaut, se met à la tête de soixante
-lances, passe à Forest[24] sur la frontière du Hainaut, et va réveiller
-au milieu de la nuit les Français qui se tiennent à Montay, à une
-petite lieue de Forest. Deux puissants chevaliers de Normandie, les
-seigneurs de Bailleul et de Bréauté[25], sont assaillis les premiers:
-le seigneur de Bailleul est tué et les seigneurs de Bréauté et de
-Brimeux sont emmenés prisonniers à Valenciennes. P. 9 à 11, 195 à 197.
-
- [24] Nord, arr. Avesnes, c. Landrecies.
-
- [25] Les noms de ces deux chevaliers figurent précisément à la
- suite l'un de l'autre sur les montres de la bataille de Raoul,
- comte d'Eu, lieutenant ès frontières de Flandre, du 9 mars au 1er
- octobre 1340: «Pierre, seign. de Bailleul en Caux, bann., 2
- bach., 4 esc.--Guillaume de Briauté bach. et 3 esc.» De Camps,
- portef. 83, fo 317.
-
-Le lendemain matin, le duc de Normandie, furieux de cette attaque
-nocturne, donne l'ordre d'entrer en Hainaut et d'y porter partout
-l'incendie et le ravage. Les Français, divisés en plusieurs corps
-d'armée et courant dans toutes les directions, dévastent et
-brûlent Forest, Vertain[26], Vertigneul[27], Escarmain[28],
-Vendegies-au-Bois[29], Vendegies-sur-Écaillon[30], Bermerain[31],
-_Calaumes_[32], Salesches[33], Orsinval[34], Villers-en-Cauchie[35],
-Gommegnies[36], Maresches[37], Villers-Pol[38], Poix[39],
-Préseau[40], Amfroipret[41], Preux[42], Frasnoy[43], Obies[44],
-Wargnies-le-Grand[45], Wargnies-le-Petit[46], Saint-Vaast[47] en
-Bavaisis, Louvignies[48], Mecquignies[49]; ils brûlent les moulins et
-rompent les écluses du vivier de Quélipont[50]. Tous les villages
-compris entre les rivières de Selle et de Honneau[51] deviennent la
-proie des flammes[52]. Les habitants du pays se sont réfugiés,
-emportant ce qu'ils ont de plus précieux, à Bouchain[53], à
-Valenciennes, à Bavai, au Quesnoy, à Landrecies[54], à Maubeuge[55] et
-dans les autres forteresses des environs qui sont tenables. Les
-Français mettent le feu aux faubourgs du Quesnoy et de Bavai. Le
-sénéchal de Hainaut, craignant pour son château de Verchin[56], est
-allé s'y enfermer avec trente lances, laissant Valenciennes sous la
-garde du seigneur d'Antoing. La nuit d'après cette première journée
-d'invasion, le duc de Normandie vient camper dans les belles prairies
-de Haussy[57] et de Saulzoir[58], sur les bords de la rivière de Selle,
-depuis Haspres[59] jusqu'à Solesmes[60]. P. 11 et 12, 197 à 199.
-
- [26] Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes.
-
- [27] Aujourd'hui hameau de la comm. de Romeries, Nord, arr.
- Cambrai, c. Solesmes.
-
- [28] Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes.
-
- [29] Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.
-
- [30] Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes.
-
- [31] Ibid.
-
- [32] Calaumes désigne sans doute la Chapelle Callome, dépendance
- de Bermerain, qui figure encore sur la carte de Cassini.
-
- [33] Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.
-
- [34] Ibid.
-
- [35] Nord, arr. Cambrai, c. Carnières.
-
- [36] Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.
-
- [37] Ibid.
-
- [38] Ibid.
-
- [39] Ibid.
-
- [40] Nord, arr. et c. Valenciennes.
-
- [41] Nord, arr. Avesnes, c. Bavai.
-
- [42] Aujourd'hui Preux-au-Sart, Nord, arr. Avesnes, c. le
- Quesnoy.
-
- [43] Ibid.
-
- [44] Nord, arr. Avesnes, c. Bavai.
-
- [45] Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.
-
- [46] Ibid.
-
- [47] Aujourd'hui Saint-Vaast-la-Valleé, Nord, arr. Avesnes, c.
- Bavai.
-
- [48] Aujourd'hui Louvignies-lès-Bavai, sur un affluent du Honneau
- ou Hongneau.
-
- [49] Nord, arr. Avesnes, c. Bavai.
-
- [50] Aujourd'hui lieu-dit de la comm. du Preux-au-Sart.
-
- [51] Le Honneau ou Hongneau est un petit cours d'eau sorti de la
- forêt de Mormal, qui se jette dans la Haine, affluent de la rive
- droite de l'Escaut.
-
- [52] Froissart dit que cette incursion poussée jusque dans le
- Bavaisis fut faite par l'avant-garde de l'armée du duc de
- Normandie, et que l'un des chefs de cette avant-garde était
- Thibaud de Moreuil. Les montres conservées par De Camps
- confirment sur ce point le témoignage du chroniqueur; mais tandis
- que Froissart semble mettre la chevauchée dont il s'agit avant
- l'attaque contre Valenciennes, c'est-à-dire en juin 1340, les
- montres la placent après cette attaque, puisqu'elles la reportent
- au mois de juillet. «Gens d'armes qui servirent Thibaut de
- Moreuil en la chevauchée de Bavai en Hainaut _ou mois de juillet_
- 1340: Enguerran, sire de Coucy, bann., 1 bann., 11 bach., 59
- esc.; Raoul Flamenc, seigneur de Canny, chev. bann., 2 bach., 19
- esc.; Mathieu d'Espineuses bach. 3 esc.» De Camps, portef. 83, fo
- 346.
-
- [53] Nord, arr. Valenciennes, sur l'Escaut.
-
- [54] Nord, arr. Avesnes, sur la Sambre.
-
- [55] Ibid.
-
- [56] Nord, arr. et c. Valenciennes, sur l'Écaillon.
-
- [57] Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes, sur la Selle.
-
- [58] Ibid.
-
- [59] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain, dans une île formée
- par la Selle.
-
- [60] Nord, arr. Cambrai, sur la Selle.
-
-Valerand, seigneur de Fauquemont (Valkenburg), capitaine de Maubeuge,
-laisse cette ville sous la garde des seigneurs de Beaurieu et de
-Montegny, et après avoir chevauché tout un jour en longeant la forêt de
-Mormal[61], passe à gué la Selle et vient vers minuit réveiller le duc
-de Normandie et son armée. Du côté des Français, le seigneur de
-Picquigny[62] est tué, le vicomte des Quesnes[63] et le Borgne de
-Rivery[64] sont faits prisonniers dans cette alerte. Puis le seigneur
-de Fauquemont court se réfugier sous Thierry de Valcourt, maréchal de
-Hainaut, au Quesnoy[65], qui n'était point alors aussi bien fortifié
-qu'il fut soixante ans plus tard. P. 12, 13, 199, 200, 204.
-
- [61] Au quatorzième siècle, la forêt de Mormal, située sur la
- rive gauche de la Sambre, s'étendait depuis Landrecies au sud
- jusque près de Bavai au nord; elle avait pour limite à l'ouest la
- voie romaine, dite Chaussée Brunehaut, du Cateau à Bavai.
-
- [62] A l'host des frontières de Flandre, du 9 mars 1339 au 1er
- octobre 1340, dans la bataille des maréchaux de France figurent:
- «Robert de Pinquigny, chev. bann., 2 chev. bach. et 12 esc.; venu
- de Fluy lès Pinquigny (Fluy, Somme, arr. Amiens, c.
- Molliens-Vidame); Regnaut et Jean de Pinquigny et 8 esc.» De
- Camps, portef. 83. fo 320 vo.
-
- [63] Le personnage désigné ici par le titre de vicomte des
- Quesnes est Guillaume des Quesnes, vicomte de Poix, qui figure
- aussi avec son fils Renaud des Quesnes à l'host de Flandre de
- 1339 à 1340: «Guillaume des Quesnes, vicomte de Pois, chev.
- bann., 2 bach., 11 esc.; venu de Quesnes (auj. le Quesne, Somme,
- arr. Amiens, c. Hornoy). De Camps, 83, fo 337 vo.--«Regnaut des
- Quesnes, bach., 27 esc.» fo 323.
-
- [64] A l'host des frontières de Flandre de 1339 à 1340, parmi les
- écuyers de la bataille des maréchaux de France, figure: «le
- Borgne de Rivery, 1 esc.; venu de Rivery près d'Amiens.» De
- Camps, 83, fo 327.
-
- [65] «Pons Cornillon de la Balme fut fait chevalier _devant le
- Quesnoy le 7 juin_.» Ibid., fo 334.
-
-Les Français brûlent Felaines,[66] Famars[67], Sepmeries[68],
-Baudignies[69], Artres[70], _Artriel_[71], Saultain[72], Curgies[73],
-Estreux[74], Aulnoy[75], Jenlain[76], Beauvoir[77], Rombies[78] et
-viennent camper sur la rivière d'Uintiel[79] (la Rhonelle), aux
-alentours de Querenaing[80]. Quarante hommes d'armes hainuyers des
-garnisons de Condé[81], de Montroeul-sur-Haine[82], de Quiévrain[83] et
-de Quiévrechain[84] se mettent en embuscade dans les bois de
-Roisin[85], mais ils n'osent attaquer les coureurs français qui
-chevauchent au nombre de plus de quatre cents lances. P. 13, 14 et 201.
-
- [66] Aujourd'hui Pont-à-Felaines, lieu-dit de la commune de
- Famars.
-
- [67] Nord, arr. et c. Valenciennes.
-
- [68] Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.
-
- [69] Ibid.
-
- [70] Nord, arr. et c. Valenciennes.
-
- [71] _Artriel_ était sans doute une dépendance d'Artre, comme
- Angriel est une dépendance d'Angre et Sebourquiel une dépendance
- de Sebourg; mais ce hameau a disparu. Un terrain vague, situé
- près d'Artre, s'appelle encore aujourd'hui _le Triez_; peut-être
- conserve-t-il le souvenir de l'Artriel de Froissart (note
- communiquée par M. Caffiaux).
-
- [72] Nord, arr. et c. Valenciennes.
-
- [73] Ibid.
-
- [74] Ibid.
-
- [75] Ibid.
-
- [76] Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.
-
- [77] Aujourd'hui hameau de la commune de Havay, Belgique, prov.
- Hainaut, arr. Mons, c. Pâturages.
-
- [78] Rombies-et-Marchipont, Nord, arr. et c. Valenciennes.
-
- [79] Uintiel, Untiel, Ontiel, Ointiel est l'ancien nom de la
- rivière qui s'appelle maintenant la Rhonelle, affluent de la rive
- droite de l'Escaut, qui se jette dans ce fleuve à Valenciennes.
-
- [80] Nord. arr. et c. Valenciennes, entre la Rhonelle et
- l'Écaillon.
-
- [81] Nord, arr. Valenciennes, au confluent de l'Escaut et de la
- Hayne.
-
- [82] Belgique, prov. Hainaut, arr. Mons, c. Boussu.
-
- [83] Belgique, prov. Hainaut, arr. Mons, c. Dour.
-
- [84] Nord, arr. et c. Valenciennes, sur la petite Honnelle.
-
- [85] Belgique, prov. Hainaut, arr. Mons, c. Dour.
-
-Le lendemain, par une belle matinée du mois de mai[86], le duc de
-Normandie vient camper à Famars sur une colline appelée le Mont de
-Castres[87]. Quelques-uns de ses gens d'armes descendent du Mont de
-Castres, mettent le feu à Marly[88] et aux faubourgs de la porte de
-Cambrai. Grand émoi à Valenciennes; on sonne les cloches et le beffroi
-à toute volée. La rue de Cambrai se remplit de bourgeois en armes qui
-veulent marcher contre l'ennemi. Henri d'Antoing, qui garde les clefs
-de la porte de Cambrai, et Jean de Baissi, prévôt de la ville,
-s'efforcent de contenir les impatients. P. 202.
-
- [86] Les Français se mirent en marche pour attaquer Valenciennes
- dans les premiers jours de mai 1340. Par acte daté du 2 mai 1340,
- Raoul, comte d'Eu, connétable de France, mande aux bourgeois de
- Valenciennes qu'ils n'aient point à soutenir les Anglais ni leurs
- alliés contre le roi de France (Orig. parch., Archives du Nord).
- La principale attaque dirigée contre cette ville dut avoir lieu
- le 22 mai, jour où il y eut du côté des Français une promotion de
- chevaliers: «Loys de Tournon fait chevalier nouvel _devant
- Valenciennes_, le 22 mai.» De Camps, portef. 83, fo 334.
-
- [87] Le Mont de Castres (_mons castrorum_) est le nom de la
- colline sur laquelle est bâti Famars. Au quatrième siècle, après
- la ruine de Bavai, les Romains y avaient construit une enceinte
- fortifiée dont quelques débris subsistent encore.
-
- [88] Nord, arr. et c. Valenciennes.
-
-Une troupe de coureurs français livre un assaut infructueux à la tour
-carrée de Maing[89], qui était alors à Jean Bernier de Valenciennes et
-qui fut depuis à Jean de Neuville. Ces coureurs, n'ayant pu traverser
-l'Escaut à Trith[90] parce que le pont a été coupé par les habitants,
-passent le fleuve aux Planches à Prouvy[91], mettent le feu aux maisons
-et aux moulins de Prouvy et de Rouvignies[92], et, après avoir refait
-le pont[93] de Trith, brûlent _Wercinniel_, Bourlain[94] et Infier[95],
-d'où les flammèches volent jusqu'à Valenciennes. P. 15, 204 et 205.
-
- [89] Ibid.
-
- [90] Aujourd'hui Trith-Saint-Léger, Nord, arr. et c.
- Valenciennes.
-
- [91] Ibid.
-
- [92] Ibid.
-
- [93] Le pont jeté en cet endroit sur l'Escaut, pour relier Famars
- à la rive gauche du fleuve, avait donné son nom à un village
- aujourd'hui détruit; la tradition faisait remonter aux Romains la
- construction de ce pont.
-
- [94] On appelle encore _marais de Bourlain_ un lieu-dit de la
- banlieue de Valenciennes, près de l'Escaut, du côté de la porte
- de Cambrai.
-
- [95] Le _marais d'Infier_ figure aussi comme lieu-dit sur les
- relevés du cadastre; mais il est plus rapproché de Trith que
- Bourlain (Note de M. Caffiaux).
-
-D'autres coureurs, ayant à leur tête trois chevaliers poitevins,
-Boucicaut[96], Guillaume Blondel[97] et le seigneur de Surgères[98],
-passent l'Escaut assez près de Valenciennes, au pont qu'on dit à la
-Tourelle à Goguel, brûlent Heurtebise[99], et s'avancent vers
-Bellaing[100] et Hérin[101]. Un certain nombre de gens d'armes de
-Valenciennes[102] sortent de la ville par les deux portes d'Anzin[103],
-la grande et la petite, et marchent à la rencontre de ces pillards. Un
-combat s'engage au-dessus d'une église qu'on dit de Saint-Vaast[104].
-Déroute des Français. [Gui] de Surgères se sauve du côté du village de
-Hérin et court se jeter dans les bois d'Aubry[105], d'où, le soir venu,
-par le pont de Heurtebise et le pont de Trith, il regagne le camp du
-Mont de Castres. Boucicaut veut résister; il est fait prisonnier et
-amené à Valenciennes. P. 15, 16, 202 et 203, 205 et 206.
-
- [96] Boucicaut figure sur les montres de l'host de Bouvines dans
- la bataille du roi parmi les bacheliers: «Pour M. Boucicaut et 3
- escuiers; venu de Poitou.» De Camps, 83, fo 404 vo.
-
- [97] Au lieu de Guillaume Blondel, le ms. de Rome mentionne Gui
- Poteron.
-
- [98] Gui (et non Jacques) de Surgères figure à l'host de Bouvines
- dans la bataille du roi de Navarre: «Guy de Surgières, bann., 6
- bach., 37 esc.» De Camps, 83, fo 335 vo.
-
- [99] Heurtebise est indiqué sur la carte de Cassini comme un
- écart de Trith-Saint-Léger, près de la chaussée de Bouchain à
- Valenciennes.
-
- [100] Nord, arr. et c. Valenciennes.
-
- [101] Ibid.
-
- [102] D'après la première et la troisième rédaction, les
- Valenciennois vainqueurs à Saint-Vaast étaient commandés par
- Gérard de Verchin, sénéchal de Hainaut.
-
- [103] Anzin est à 2 kil. N. O. de Valenciennes, sur la route de
- cette ville à Lille.
-
- [104] Aujourd'hui Saint-Vaast-là-Haut, lieu-dit de la banlieue de
- Valenciennes. Saint-Vaast, Beaurepaire et la Tasnerie étaient
- trois seigneuries dépendantes de cette ville.
-
- [105] A la place du bois d'Aubry s'élève aujourd'hui le village
- appelé Petite-Forêt-de-Raismes, érigé en commune en 1801.
-
-Le duc de Normandie, voyant que les habitants de Valenciennes ne sont
-pas disposés à accepter la bataille et n'espérant pas prendre leur
-ville d'assaut, se décide à revenir vers Cambrai. Au retour, ses gens
-d'armes incendient Maing, l'abbaye de Fontenelle[106], Trith, Prouvy,
-Rouvignies, Douchy[107], Thiant[108], Monchaux[109], et en général tout
-le pays qui s'étend entre Valenciennes et Cambrai. P. 17, 18, 208 et
-209.
-
- [106] Abbaye de femmes de l'ordre de Cîteaux située sur le
- territoire de la paroisse de Maing, près de l'ancienne route de
- Valenciennes à Cambrai.
-
- [107] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain sur la Selle.
-
- [108] Nord, arr. et c. Valenciennes.
-
- [109] Ibid., sur l'Écaillon.
-
-Après le départ des Français, les Valenciennois viennent mettre le feu
-au camp du Mont de Castres; ils y trouvent quelques brigands et Génois
-qui, plongés dans un sommeil alourdi par l'ivresse, ne sont pas partis
-avec le gros de l'armée; ils les brûlent tout vivants. P. 19.
-
-Le duc de Normandie met le siége devant le château d'Escaudœuvres[110].
-Gérard de Sassegnies, capitaine de ce château pour le comte de Hainaut,
-le livre par trahison aux assiégeants. Les habitants de Cambrai
-abattent les remparts d'Escaudœuvres; ils emploient les matériaux
-provenant de cette démolition à fortifier la porte Robert qui regarde
-le Hainaut. Gérard de Sassegnies devait expier bientôt sa trahison en
-subissant à Mons la peine capitale[111]. P. 19, 20, 209 à 211.
-
- [110] Nord, arr. et c. Cambrai, sur l'Escaut, à 3 kil. N. E. de
- Cambrai.
-
- [111] Le château d'Escaudœuvres fut pris avant le 3 juin 1340.
- Par une charte datée du 3 juin 1340, le duc de Normandie mande,
- du château d'Escaudoeuvres, aux bourgeois de Valenciennes, de ne
- point servir le comte de Hainaut ni son oncle le seigneur de
- Beaumont, qui s'étaient joints aux Anglais pour nuire au royaume
- de France (Orig. parch., aux Archives du Nord).
-
-Les garnisons françaises de Douai et de Lille ravagent l'Ostrevant;
-elles pillent et brûlent Aniche[112], la moitié d'Abscon[113],
-Escaudain[114], Erre[115], Fenain[116], Denain[117], Montigny[118],
-Warlaing[119], Masny[120], Auberchicourt[121], Lourches[122],
-Saulx[123], Roeulx[124], Neuville[125], Lieu-Saint-Amand[126],
-Bugnicourt[127], Monchecourt[128]. En revanche, les gens d'armes
-hainuyers en garnison à Bouchain mettent le feu à la moitié d'Abscon
-qui se tient française et dévastent tous les villages et hameaux
-jusqu'aux portes de Douai, notamment les villages d'Esquerchin[129] et
-de Lambres[130].
-
- [112] Nord, arr. et c. Douai.
-
- [113] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain. Une moitié de ce
- village tenait, comme on le verra plus bas, pour les Hainuyers,
- l'autre moitié pour les Français.
-
- [114] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.
-
- [115] Nord, arr. Douai, c. Marchiennes.
-
- [116] Ibid.
-
- [117] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.
-
- [118] Nord, arr. et c. Douai.
-
- [119] Hameau de la commune d'Alnes, Nord, arr. Douai, c.
- Marchiennes.
-
- [120] Nord, arr. et c. Douai. Le nom de cette seigneurie
- s'écrivait autrefois Mauny; elle appartenait à l'illustre famille
- de ce nom.
-
- [121] Nord, arr. et c. Douai.
-
- [122] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.
-
- [123] Hameau de la commune de Lourches.
-
- [124] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.
-
- [125] Aujourd'hui Neuville-sur-l'Escaut, Nord, arr. Valenciennes,
- c. Bouchain.
-
- [126] Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.
-
- [127] Nord, arr. Douai, c. Arleux.
-
- [128] Ibid.
-
- [129] Nord, arr. et c. Douai.
-
- [130] Ibid.
-
-Escarmouche entre la garnison française de la Malmaison, composée
-d'Allemands dont Albrecht de Cologne est le chef pour l'évêque de
-Cambrai[131] et la garnison de Landrecies dont le seigneur de Potelles
-est capitaine pour le comte de Hainaut. Le seigneur de Potelles est tué
-par Albrecht de Cologne, mais les compagnons de celui-ci sont mis en
-déroute, tués ou faits prisonniers par les Hainuyers. P. 21 à 23, 211
-et 212.
-
- [131] La forteresse de la Malmaison située dans la commune d'Ors
- (Nord, arr. Cambrai, c. le Cateau), sur la rive gauche de la
- Sambre, appartenait en effet aux évêques de Cambrai; mais en 1340
- Sohier de Gand en était capitaine et il avait sous ses ordres 20
- écuyers pour le roi de France. (De Camps, 83, fo 458 vo.)
-
-Le seigneur de Floyon succède au seigneur de Potelles comme gardien de
-Landrecies et chevauche souvent contre les garnisons françaises de
-Bohain, de la Malmaison, du Cateau-Cambrésis[132], de Beauvois[133] et
-de Serain[134]. Pendant ce temps, le comte de Hainaut, de retour
-d'Angleterre, s'est rendu en Allemagne auprès de l'empereur Louis de
-Bavière; et Jean de Hainaut est allé en Brabant et en Flandre implorer
-le secours du duc de Brabant, de Jacques d'Arteveld et des Flamands. P.
-23, 24, 212, 213.
-
- [132] Au Cateau, Jean de Honnecourt était châtelain pour le roi
- de France. De Camps, 83, fo 458.
-
- [133] Nord, arr. Cambrai, c. Carnières.
-
- [134] Aisne, arr. Saint-Quentin, c. Bohain.
-
-
-
-
-CHAPITRE XXXVI.
-
- 1340. SIÉGE ET PRISE DE THUN-L'ÉVÊQUE PAR LES FRANÇAIS.--OFFRES
- DE COMBAT FAITES PAR LE COMTE DE HAINAUT; REFUS DU DUC DE
- NORMANDIE[135] (§§ 108 à 112).
-
- [135] Cf. Jean le Bel, chap. xxxv, t. I, p. 171 à 173.
-
-
-Le duc de Normandie vient, sur les instances des Cambrésiens, mettre le
-siége devant la forteresse de Thun-l'Évêque[136] dont les Hainuyers se
-sont emparés et d'où ils portent le ravage aux environs de la cité de
-Cambrai. La garnison a pour chefs un chevalier du parti anglais nommé
-Richard de Limozin et deux écuyers du Hainaut, frères de Gautier de
-Mauny, Jean et Thierry de Mauny. Craignant d'être empestés par les
-bêtes mortes et puantes que jettent les engins des assiégeants, les
-assiégés demandent et obtiennent une trêve de quinze jours; ils
-promettent de se rendre au duc de Normandie s'ils ne sont pas secourus
-par Jean de Hainaut dans cet intervalle. Catherine de Wargnies,
-chanoinesse de l'abbaye de Denain, qui s'est enfermée dans Thun par
-amour pour Jean de Mauny dont elle est la maîtresse, et que le fracas
-du siége incommode beaucoup à cause de son état de grossesse avancée,
-profite de la trêve pour se retirer à Bouchain. P. 24 à 26, 212 à 214.
-
- [136] La prise de Thun-l'Evêque eut lieu dans le courant du mois
- de juin 1340. Des lettres d'amortissement de 20 livres de rente
- sans justice et forteresse, délivrées pour la fondation d'une
- chapelle à «Gieffroy de Gienville», clerc et conseiller du roi,
- sont datées de _noz tentes, après la prise du chastel de Thun,
- l'an 1340 au mois de juing_. Arch. de l'Empire, sect. hist.,
- JJ73, fo 117, p. 137.
-
-Sur ces entrefaites, le comte de Hainaut revient dans son pays. Il
-réunit en toute hâte une puissante armée pour marcher au secours de la
-garnison de Thun-l'Évêque et vient camper à Naves et à Iwuy sur la rive
-droite de l'Escaut; il est bientôt rejoint par le comte de Namur, le
-duc de Brabant et les grands seigneurs des marches d'Allemagne alliés
-du roi d'Angleterre. P. 27 et 28, 215 et 216.
-
-L'armée du duc de Normandie est campée de l'autre côté de la rivière,
-sur la rive gauche de l'Escaut. A la nouvelle de l'arrivée du comte de
-Hainaut, Philippe de Valois, qui se tenait depuis six semaines à
-Péronne, accourt rejoindre Jean son fils à la tête de douze cents
-lances; mais comme le roi de France a fait serment de ne pas pénétrer à
-main armée sur le territoire de l'Empire, le duc de Normandie conserve
-le commandement nominal, tout en n'agissant que d'après le conseil de
-son père. P. 28, 216.
-
-Quatre jours après son arrivée devant Thun-l'Évêque, l'armée du comte
-de Hainaut se renforce d'une troupe de Valenciennois que commande Jean
-de Baissi, prévôt de la ville. Richard de Limozin et les autres gens
-d'armes de la garnison de Thun-l'Évêque profitent d'une escarmouche
-entre Français et Valenciennois pour se sauver dans une barque et aller
-rejoindre le comte de Hainaut qui les remercie et les félicite de leur
-belle défense. P. 29, 216 et 217.
-
-Les Français ravagent l'Ostrevant et les Hainuyers le Cambrésis. Le
-comte de Hainaut reçoit un renfort de soixante mille Flamands amenés
-par Jacques d'Arteveld; il offre la bataille au duc de Normandie qui la
-refuse. Le comte de Hainaut réunit alors les plus grands barons de
-l'armée pour leur communiquer la réponse du duc de Normandie et leur
-demander conseil; il veut faire un pont sur l'Escaut afin d'aller
-livrer bataille aux Français. Le duc de Brabant combat ce projet; il
-est d'avis qu'on se sépare sans avoir rien fait et qu'on attende
-l'arrivée prochaine du roi d'Angleterre qui doit se joindre à ses
-alliés pour mettre le siége devant Tournay. Malgré l'opposition du duc
-de Brabant dont les gens d'armes, surtout ceux de Bruxelles et de
-Louvain, sont impatients de retourner dans leurs foyers, le comte de
-Hainaut n'en persiste pas moins dans son projet de livrer bataille aux
-Français. P. 29 à 31, 217, 218.
-
-Le comte de Hainaut charge Jean de Hainaut, seigneur de Beaumont, son
-oncle, de demander trois jours de répit aux Français, le temps de
-construire un pont sur l'Escaut afin que les deux armées puissent se
-joindre et en venir aux mains. Au moment où Jean de Hainaut chevauche
-sur la rive droite de l'Escaut et se dispose à accomplir son message,
-il aperçoit sur la rive opposée un chevalier de Normandie de sa
-connaissance, le seigneur de Maubuisson[137]; il prie ce chevalier de
-transmettre au roi de France ou au duc de Normandie la proposition du
-comte de Hainaut. Le conseil du roi de France répond au seigneur de
-Maubuisson que l'on est résolu à ne pas changer de tactique vis-à-vis
-du comte de Hainaut, qu'on veut d'abord le ruiner en traînant la guerre
-en longueur, que cela fait, on envahira son pays pour y porter le
-ravage. Jean de Hainaut, à qui le seigneur de Maubuisson vient
-rapporter cette réponse, la transmet au comte de Hainaut, son neveu,
-qui la reçoit avec un profond déplaisir. P. 32 à 34, 218.
-
- [137] Jean de Maubuisson figure à l'host de Bouvines, parmi les
- _bacheliers sous les maréchaux_: «Jean de Maubuisson et 1 escuier
- venu de Montigny lez Gisors.» De Camps, portef. 83, fo 366.
-
-
-
-
-CHAPITRE XXXVII.
-
- 1340. DÉFAITE DE LA FLOTTE FRANÇAISE PAR LA FLOTTE ANGLAISE
- DEVANT L'ÉCLUSE; ARRIVÉE D'ÉDOUARD III ET DE SON ARMÉE EN
- FLANDRE[138] (§§ 113 à 117).
-
- [138] Cf. Jean le Bel, chap. XXXVI, t. I, p. 171 à 173.
-
-
-La veille de la fête de saint Jean-Baptiste (23 juin), Édouard III
-s'embarque sur la Tamise et cingle vers l'Écluse[139] (Sluis), en
-Flandre. La flotte anglaise, composée de plus de cent vaisseaux, porte
-quatre mille hommes d'armes et douze mille archers. La flotte française
-est encore supérieure en nombre à la flotte anglaise. Montée par des
-marins normands, picards et génois, sous les ordres du Normand
-[Nicolas] Behuchet, du Picard Hue Quieret et du Génois Barbavara, cette
-flotte stationne près de Blankenberghe[140], entre Kadzand[141] et
-l'Écluse, pour arrêter au passage le roi d'Angleterre. La bataille
-s'engage devant l'Écluse le 24 juin[142] entre les deux flottes
-ennemies et dure tout un jour. Les Anglais ont soin de prendre des
-dispositions plus habiles que leurs adversaires. Le grand vaisseau _le
-Christophe_, conquis peu de temps auparavant par les Normands et monté
-par les Génois, est repris dès le commencement de l'action, grâce aux
-archers à main d'Angleterre, auxquels un tir plus rapide assure
-l'avantage sur les arbalétriers génois. P. 34 à 37, 218 à 221.
-
- [139] L'Écluse, en flamand Sluis, ville et port de mer des
- Pays-Bas, dans la Flandre hollandaise, prov. Zeeland, arr.
- Middelburg.
-
- [140] Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. et c. Bruges.
-
- [141] L'île de Kadzand fait aujourd'hui partie des Pays-Bas,
- prov. Zeeland, arr. Middelburg, c. l'Écluse (Sluis).
-
- [142] Édouard III s'embarqua à Orwell le 23 juin, veille de la
- fête de la Nativité de Saint-Jean-Baptiste; et la bataille navale
- de l'Écluse se livra le jour même de la fête, le 24 juin:
- «....sub spe cœlestis auxilii, écrit Édouard III à l'archevêque
- de Canterbury, et justitiæ nostræ fiducia, dictum portum navigio
- venientes, invenimus dictam classem, et hostes nostros ibidem
- paratissimos ad prælium, in multitudine copiosa quibus _in festo
- Nativitatis Sancti Johannis Baptistæ proxime præterito_, ipse,
- spes nostra, Christus Deus, per conflictum fortem et validum, nos
- prævalere concessit, facta strage non modica dictorum hostium,
- capta etiam quodammodo tota classe, cum læsione gentis nostræ non
- modica respective.» Rymer, _Fœdera_, vol. II, p. 1129.
-
-Édouard III monte un grand vaisseau construit à Sandwich[143], sur
-lequel flotte une bannière mi-partie aux armes de France et
-d'Angleterre. Le roi anglais, alors en la fleur de sa jeunesse, fait
-des prodiges de valeur; les marins normands et picards déploient, de
-leur côté, un grand courage. Dans l'après-midi, un gros renfort de
-navires montés par des hommes frais et nouveaux, amené par les Flamands
-de l'Écluse, de Blankenberghe, d'Aardenburg[144], d'Oostburg[145], de
-Bruges, du Damme[146], de Nieuport[147] et des villes voisines, décide
-la victoire en faveur des Anglais. Cette affaire coûte la vie à Hue
-Quieret et à (Nicolas) Behuchet; Pietro Barbavara se sauve à grand
-peine[148]. P. 37 et 38, 221 à 225.
-
- [143] Sandwich, dans le comté de Kent, un des cinq ports.
-
- [144] Pays-Bas, prov. Zeeland, arr. Middelburg, c. l'Écluse
- (Sluis).
-
- [145] Pays-Bas, prov. Zeeland, arr. Middelburg, chef-lieu de
- canton.
-
- [146] Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. et c. Bruges.
-
- [147] Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. Furnes, chef-lieu
- de canton.
-
- [148] Hue Quieret, seigneur de Tours en Vimeu, mourut des
- blessures reçues dans le combat. Nicolas Behuchet fut, dit-on,
- pendu au mât de son vaisseau par l'ordre d'Édouard III. Philippe
- de Valois amortit en avril 1344 quinze livres tournois de rente à
- Gonfreville-l'Orcher, à la requête de frère Pierre le Marchant,
- du tiers ordre de Saint-François, «clerc de nostre amé et feal
- conseiller _Nicolas Beuchet_ JADIS _chevalier_, en recompense des
- bons et agreables services que nous fist le dit Pierre en noz
- guerres de la mer en la compaignie du dit chevalier.» Arch. de
- l'Empire, sect. hist., JJ74, p. 154, fo 93.
-
- La marine normande fut longtemps à se relever de ce désastre. En
- février 1342, Philippe de Valois amortit cent livres de terre pour
- la fondation d'un hôpital: «comme les bourgois et les habitanz de
- la ville de Leure en Normandie (Seine-Inférieure, comm. le Havre),
- _pour compassion de plusieurs du dit pais, qui onc de nostre armée
- de la mer avoient esté navrez et mehaigniez_ si griement qu'il ne
- povoient ne ne pourront jamais gaigner leurs vivres....» JJ74, p.
- 694, fo 418.
-
-Après la victoire de l'Écluse, le roi d'Angleterre fait un pèlerinage à
-Notre-Dame[149] d'Aardenburg, puis il se rend à Gand. A la nouvelle de
-l'arrivée et de la victoire d'Édouard III, les allies campés devant
-Thun-l'Évêque lèvent le siége de cette forteresse et viennent à Gand
-auprès du roi anglais; là ils prennent l'engagement de se réunir un
-certain jour en parlement à Vilvorde. P. 38 à 40, 225 à 229.
-
- [149] La belle église d'Aardenburg, dédiée sous l'invocation de
- Notre-Dame, était célèbre dans toute la Flandre au moyen âge
- comme but de pèlerinage.
-
-Le roi de France retourne à Arras et le duc de Normandie à Cambrai.
-Les Français prennent aisément leur parti de la déconfiture des
-Normands à l'Écluse et disent: «On n'a rien perdu en perdant ces
-écumeurs de mer. Ils étaient tous des brigands; ils ne laissaient point
-venir de poisson sur le continent, et ils étaient cause qu'on n'en
-pouvait avoir. Le roi de France d'ailleurs a gagné deux cent mille
-florins à leur mort, car on leur devait leurs gages de quatre mois.»
-Toutefois, Philippe de Valois et son fils donnent l'ordre de renforcer
-les garnisons de Tournay, de Lille[150], de Douai[151], de Mortagne, de
-Saint-Amand, de Saint-Omer, d'Aire[152] et de Saint-Venant[153].
-Informé qu'Édouard III et ses alliés doivent venir assiéger Tournay, le
-duc de Normandie envoie dans cette place Godemar du Fay[154]. Le
-seigneur de Beaujeu est mis dans Mortagne[155], et Pierre de
-Carcassonne est chargé de défendre Saint-Amand[156] en Puelle. P. 40 et
-41, 227.
-
- [150] Louis d'Espagne, comte de Talmont, fut capitaine souverain
- à Lille du 16 avril au 27 septembre 1340. De Camps, portef. 83,
- fo 310 vo.
-
- [151] Hue Quieret, chevalier et conseiller du roi, son amiral en
- la mer, fut capitaine de Douai du 28 octobre au 6 décembre 1339.
- De Camps, 83, fo 311. Nicole de Wasiers paraît avoir succédé à
- Hue Quieret comme capitaine de Douai sous le gouvernement de
- Godemar du Fay, du 28 octobre 1339 au 27 septembre 1340. De
- Camps, 83, fo 312.
-
- [152] Jean de Traynel, _chevalier le roi_, fut établi du 2
- février au 12 juillet 1340, capitaine à Aire et ès frontières
- d'Artois avec 2 bacheliers et 28 écuyers sous sa bannière, et
- sous ses ordres 25 chevaliers bacheliers. De Camps, 83, fos 315
- et 316.
-
- [153] Robert de Wavrin, sire de Saint-Venant, fut établi, du 30
- octobre 1339 au 27 septembre 1340, capitaine de Saint-Venant,
- avec 5 chevaliers et 40 écuyers sous sa bannière, et sous ses
- ordres 7 chevaliers bacheliers. De Camps, 83, fos 314 et 315.
-
- [154] Godemar du Fay, sire de Bouchon (Somme, arr. Amiens, c.
- Picquigny), gouverneur de Tournésis, fut capitaine général ès
- villes de Lille et de Tournay et sur les frontières de Flandre et
- de Hainaut, du 18 octobre 1339 au 1er octobre 1340. De Camps, 83,
- fo 308 vo.
-
- [155] Jean de Vienne, chevalier banneret, fut commis à la garde
- de Mortagne, du 29 octobre 1339 au 1er octobre 1340, avec 6
- chevaliers bacheliers et 44 écuyers. De Camps, 83, fo 313.
-
- [156] Jean, sire de Wastines, chevalier bachelier, fut préposé à
- la défense de Saint-Amand en 1339 et 1340 avec Jean de
- Verdebourc, Baudouin de Loc, Baudouin de Hasebrouck et 23
- écuyers. Ibid.
-
-Robert, roi de Sicile, très-versé dans l'astrologie, prédit les succès
-d'Édouard III: «Le sanglier de Windsor viendra, dit-il, enfoncer ses
-défenses jusque dans les portes de Paris.» Inspiré par son dévouement à
-la couronne de France, le roi Robert vient à Avignon prier le pape
-(Benoît XII)[157] d'user de son intervention pour faire la paix entre
-les rois de France et d'Angleterre. P. 41, 226.
-
- [157] Froissart se trompe en rapportant ce fait au pontificat de
- Clément VI qui ne succéda à Benoît XII qu'en 1342.
-
-
-
-
-CHAPITRE XXXVIII.
-
- 1340. ASSEMBLÉE DE VILVORDE SUIVIE DU SIÉGE DE TOURNAY PAR
- ÉDOUARD III ET SES ALLIÉS[158] (§§ 118 à 122).
-
- [158] Cf. Jean le Bel, chap. XXXVII, t. I, p. 175 à 177.
-
-
-Assemblée de Vilvorde. Les principaux personnages qui assistent à cette
-assemblée, sont Édouard III roi d'Angleterre, Jean III duc de Brabant,
-Guillaume II comte de Hainaut, Jean de Hainaut, oncle du comte, Renaud
-II duc de Gueldre, Guillaume V marquis de Juliers, Louis Ier de
-Bavière, marquis de Brandebourg, Frédéric II, marquis de Meissen et
-d'Osterland, Adolphe VIII, comte de Berg, Robert d'Artois, Thierry III,
-seigneur de Fauquemont (Valkenburg), Guillaume de Duvenvoorde,
-Guillaume Ier, marquis de Namur. A ces princes sont venus se joindre
-Jacques d'Arteveld et les députés de Flandre, de Brabant et de Hainaut,
-au nombre de trois ou quatre pour chaque bonne ville. Une alliance
-offensive et défensive est conclue entre Flandre, Hainaut et Brabant;
-en cas de différend, c'est le roi d'Angleterre qui jouera le rôle
-d'arbitre entre ces trois pays. En signe de cette alliance, il sera
-frappé une monnaie dont les pièces s'appelleront _compagnons_ ou
-_alliés_. Les alliés conviennent d'aller mettre le siége devant Tournay
-aux environs de la Madeleine (22 juillet), puis ils se séparent et
-chacun retourne chez soi pour faire ses préparatifs. P. 41 à 43, 229 et
-230.
-
-Philippe de Valois envoie tenir garnison à Tournay l'élite de sa
-chevalerie, notamment Raoul, comte d'Eu, connétable de France[159], le
-jeune comte de Guines son fils[160], le comte de Foix[161] et ses
-frères, Aymeri VIII (vicomte) de Narbonne, Amé de Poitiers[162],
-Geoffroy de Charny[163], Girard de Montfaucon[164], Robert Bertran et
-Mathieu de Trie, maréchaux de France[165], Jean de Landas[166], le
-sénéchal de Poitou[167], les seigneurs de Cayeux[168], de
-Châtillon[169], de Renneval, de Mello[170], d'Offémont[171], de
-Saint-Venant[172] et de Creseques[173]. Les fortifications de la cité
-sont réparées, les engins, canons et espingalles sont mis en état, et
-l'on se pourvoit d'approvisionnements de toute sorte. P. 43, 44, 230.
-
- [159] «Gens d'armes qui furent _à Tournay sous le gouvernement de
- Raoul, comte d'Eu_, connestable de France, estably lieutenant du
- roy sur toutes les frontières de Flandres et de Hainaut, du 23
- octobre 1339 jusques au 2 décembre qu'il donna congé à ses dites
- gens d'armes.» De Camps, 83, fo 396 vo.
-
- [160] «Raoul, comte de Guines, chev. bann. et 14 esc.» De Camps,
- 83, fo 307.
-
- [161] Gaston de Foix n'est pas mentionné dans les montres comme
- ayant tenu garnison à Tournay, mais il commandait une des
- batailles de l'host de Bouvines: «La bataille Gaston, comte de
- Foix. Le dit comte de Foix, 32 chev. bann., 31 bach., 23 esc.
- bann., 671 esc., 7 sergens d'armes, 12 menestrels et 4 mareschaux
- pour chascun menestrel.» De Camps, 83, fos 343 vo et 344.
-
- [162] Host de Bouvines en 1340. Bataille du roi: «Amé de
- Poitiers, banneret, 3 bach., 62 esc.» De Camps, 83, fo 346.
-
- [163] A l'host des frontières de Flandre, du 9 mars 1339 au 1er
- octobre 1340, dans la bataille de Raoul, comte d'Eu, figure:
- «Gieffroy de Charny, bach. et 6 esc.; venu de Pierrepont sous
- Vezelay.» De Camps, 83, fo 317.
-
- [164] Parmi les gens d'armes qui ont servi à Douai sous Godemar
- du Fay, du 18 octobre 1339 au 1er octobre 1340, figure: «Girart
- de Montfaucon, chev. bach., avec 9 esc.» De Camps, 83, fo 309 vo.
-
- [165] Mathieu de Trie et Robert Bertran avaient à l'host de
- Flandre du 2 mars 1339 le commandement d'une bataille dite
- _bataille des maréchaux de France_: «Mathieu de Trie, mareschal
- de France, bann., 17 chev. bach. et 180 esc.; Robert Bertran,
- sire de Briquebec, mareschal de France, bann. et 16 esc.» De
- Camps, 83, fo 320 vo.
-
- [166] Du 27 octobre 1339 au 27 septembre 1340 «jusques au
- departement de l'ost de Bovines, Jean de Mortaigne, seigneur de
- Landas, chev. bach., fut establi capitaine de Marchaines
- (Marchiennes) avec 12 esc.» De Camps, 83, fo 346.
-
- [167] A l'host de Bouvines, dans la bataille du comte d'Alençon,
- figure «Jourdain de Loubert, seneschal de Poitou, chev. bann., 14
- bach., 65 esc.» De Camps, 83, fo 337 vo.
-
- [168] Jean de Cayeu, chev. bann., 12 esc.; venu de Senarpont
- (Somme, arr. Amiens, c. Oisemont). Ibid., fos 307 et 317.
-
- [169] A l'host de Bouvines, dans la bataille du duc de Normandie,
- figure «Jean, sire de Chastillon, chev. bann., 9 bach. et 56
- esc.; venu de Marigny lès Chasteau Thierry.» Ibid., fo 396.
-
- [170] Parmi les gens d'armes qui servirent à Tournay sous Raoul,
- comte d'Eu, du 28 octobre au 2 décembre 1339, figure «Guillaume
- de Mello et 8 esc.» Ibid., fo 306 vo.
-
- [171] A l'host de Bouvines, dans la bataille du comte d'Alençon,
- figure «Jean de Neelle, seigneur d'Auffemont, chev. bann., 5
- bach., 32 esc.» Ibid., fo 338.
-
- [172] Robert de Wavrin, sire de Saint-Venant.
-
- [173] On lit _Breseques_ dans le ms. B 6; mais il s'agit sans
- doute ici d'Eustache, seigneur de Creseques, chevalier banneret
- d'Artois, qui servit à l'host de Bouvines, dans la bataille
- d'Eude, duc de Bourgogne et comte d'Artois. De Camps, 83, fo 330 vo.
-
-Siége de Tournay par Édouard III et ses alliés. Le roi d'Angleterre
-prend position à la porte dite de Saint-Martin[174] sur le chemin de
-Lille et de Douai, le duc entre le Pont-à-Rieux[175], le long de
-l'Escaut, le Pire[176] et la porte de Valenciennes[177], le comte de
-Hainaut entre le roi d'Angleterre et le duc de Brabant[178]. Jacques
-d'Arteveld, à la tête de soixante mille Flamands, vient se loger à la
-porte de Sainte-Fontaine[179], sur les deux rives de l'Escaut. Les
-princes allemands, campés près des Marvis[180] du côté du Hainaut, ont
-fait un pont sur l'Escaut en amont de Tournay pour aller et venir d'une
-rive à l'autre. La cité de Tournay est ainsi investie de tous les côtés
-à la fois, et les habitants, pour mieux assurer la défense, ont enterré
-sept de leurs portes. P. 44 et 45, 230 à 232.
-
- [174] La porte de Saint-Martin était au midi de Tournay, non loin
- du chemin de Lille et de Douai, situé un peu plus à l'ouest.
-
- [175] Le Pont-à-Rieux est aujourd'hui un hameau de la commune de
- Saint-Maur, Belgique, prov. Hainaut, arr. Tournay, c. Antoing, à
- 5 kil. de Tournay.
-
- [176] Le Pire est aujourd'hui un hameau de Montroeul-au-Bois,
- Belgique, prov. Hainaut, arr. Tournay, c. Leuze, à 12 kil. de
- Tournay.
-
- [177] La porte de Valenciennes était située à l'est de Tournay,
- sur la rive gauche de l'Escaut, à l'endroit où ce fleuve entre
- dans la ville.
-
- [178] Entre Édouard III au midi et le duc de Brabant à l'est, le
- comte de Hainaut était campé par conséquent au sud-est.
-
- [179] La porte de Sainte-Fontaine était à l'ouest de Tournay, du
- côté de Courtrai, sur la rive gauche de l'Escaut.
-
- [180] La porte des Marvis était située au nord-est de Tournay,
- sur la rive droite de l'Escaut.
-
-Le siége durant devant Tournay, le comte de Hainaut ravage et brûle
-Orchies[181] et plus de quarante villages ou hameaux des environs,
-Landas[182], Lecelles[183], Haubourdin[184], Seclin[185], Ronchin[186],
-la ville et l'abbaye de Cysoing[187], Bachy[188], Marchiennes[189],
-les bords de la rivière de Scarp jusqu'au château de Rieulay[190], en
-Hainaut; il pousse ses incursions jusqu'au Pont-à-Raches[191] à une
-lieue de Douai et jusqu'aux faubourgs de Lens[192] en Artois. P. 46,
-232 et 233.
-
- [181] Nord, arr. Douai.
-
- [182] Nord, arr. Douai, c. Orchies.
-
- [183] Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux.
-
- [184] Nord, arr. Lille.
-
- [185] Nord, arr. Lille. Par acte daté du Moncel lez
- Pont-Sainte-Maxence en octobre 1340, Philippe de Valois donne aux
- religieux, frères et sœurs de l'hôpital de Notre-Dame _emprès
- Seclin «tant pour leurs maisons qui ont esté arses et leurs biens
- gastez par noz anemis_, comme pour certaines autres causes, trois
- muis de blé, deux muis d'aveine et douze solz parisis ou environ
- de rente annuelle, en quoy le dit hospital estoit tenuz à nous
- par an.» Arch. de l'Empire, sect. hist., JJ73, p. 39, fo 32 vo.
-
- [186] Nord, arr. et c. Lille.
-
- [187] Nord, arr. de Lille, sur la Marcq. Abbaye d'hommes de
- l'ordre de Saint-Augustin, au diocèse de Tournay.
-
- [188] Nord, arr. Lille, c. Cysoing.
-
- [189] Nord, arr. Douai.
-
- [190] Nord, arr. Douai, c. Marchiennes.
-
- [191] Raches ou Pont-à-Raches, Nord, arr. et c. Douai.
-
- [192] Pas-de-Calais, arr. Béthune.
-
-Combat sur l'Escaut entre les Flamands et les Français montés les uns
-et les autres sur des barques; les Flamands sont repoussés par les
-assiégés. P. 46, 47, 233, 234.
-
-Durant ce même siége de Tournay, les Français de la garnison de
-Saint-Amand pillent et brûlent le village et l'abbaye d'Hasnon[193];
-ils traversent les bois de Raismes, mettent le feu à l'hôtel du
-Pourcelet et attaquent l'abbaye de Vicoigne[194], dont l'abbé nommé
-Godefroi[195] parvient à repousser les agresseurs. Pour remercier les
-arbalétriers de Valenciennes qui sont accourus à son secours sous les
-ordres de Jean de Baissi, prévôt de la ville, l'abbé de Vicoigne leur
-fait boire un tonneau de vin; et dans la crainte d'une nouvelle
-surprise, il fait couper les bois qui entourent son abbaye et creuser
-de profonds et larges fossés. P. 47, 48, 234, 235.
-
- [193] Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand. Abbaye de
- Bénédictins au diocèse d'Arras.
-
- [194] Vicoigne, aujourd'hui hameau de la commune de Raismes,
- Nord, arr. Valenciennes. Abbaye de l'ordre de Prémontré au
- diocèse d'Arras.
-
- [195] L'abbé Godefroi, dont il est ici question, est Godefroi II
- de Bavai, né à Cambrai, promu abbé en 1312, mort en 1344. Une
- épitaphe rapportée dans le _Gallia christiana_ célèbre le courage
- de l'abbé Godefroi.
-
-«Pendant le siége de Tournay, dit Froissart, il survint plusieurs
-grands faits d'armes, non-seulement en France, mais encore en Gascogne
-et en Écosse, qui ne doivent pas être mis en oubli, car selon la
-promesse que j'ai faite à mon seigneur et maître en commençant cet
-ouvrage, je consignerai toutes les belles actions qui viendront à ma
-connaissance, quoique Jean le Bel ne les ait pas mentionnées dans ses
-Chroniques. Mais un homme ne peut tout savoir, et ces guerres étaient
-si grandes, si dures et si enracinées de tous côtés, qu'il est facile
-d'en oublier quelque chose si l'on n'y prend bien garde.» P. 235, 236.
-
-Le comte de l'Isle[196] est en Gascogne comme un petit roi de France et
-fait une guerre acharnée aux Gascons du parti anglais. Les principaux
-chevaliers du parti français sont avec le comte de l'Isle, les comtes
-de Comminges[197] et de Périgord[198], les vicomtes de Villemur[199],
-de Tallard[200], de Bruniquel, de Caraman[201] et de _Murendon_[202];
-l'effectif de leurs forces s'élève à six mille chevaux et dix
-mille fantassins. Les Français prennent Bergerac, Condom,
-Sainte-Bazeille[203], Penne[204], Langon[205], _Prudaire_, Civrac[206];
-ils assiégent la Réole. Après une belle défense, Jean le Bouteiller,
-capitaine de la ville pour le roi d'Angleterre, rend la Réole[207] au
-comte de l'Isle qui confie la garde de cette place à un chevalier
-gascon nommé _Raymond Segui_. Une fois maîtres de la Réole, les
-Français mettent le siége devant Auberoche[208], dont la garnison a
-pour chef Hélie de Pommiers. P. 48, 236 et 237.
-
- [196] Bernard Jourdain, sire de Lille (auj.
- l'Isle-en-Jourdain-Gers, Gers, arr. Lombez.)
-
- [197] Pierre Raymond Ier, comte de Comminges.
-
- [198] Roger Bernard, comte de Périgord.
-
- [199] Arnaud de la Vie, sire de Villemur.
-
- [200] Jean de la Baume, vicomte de Tallard.
-
- [201] Arnaud d'Euze, vicomte de Caraman.
-
- [202] Peut-être Amauri, vicomte de Lautrec, seigneur de
- Montredon.
-
- [203] Lot-et-Garonne, arr. et c. Marmande.
-
- [204] Lot-et-Garonne, arr. Villeneuve-sur-Lot.
-
- [205] Gironde, arr. Bazas.
-
- [206] Civrac-de-Dordogne, Gironde, arr. Libourne, c. Pujols.
-
- [207] La Réole était au pouvoir du roi de France dès 1339. Le 6
- janvier de cette année, Jean, roi de Bohême, lieutenant du roi en
- langue d'oc, accorde aux consuls et habitants de la Réole,
- contrairement à la coutume de Bazas, en récompense de leur
- fidélité, le privilége de pouvoir disposer par testament de leurs
- biens immeubles. Arch. de l'Empire, sect. hist., JJ73, p. 227, fo
- 179.--En 1341, Thibaud de Barbazan, écuyer banneret, était
- capitaine, et Guillaume de la Baume, chevalier banneret,
- châtelain de la Réole avec 10 écuyers. De Camps, 83, fo 288 vo.
-
- [208] Aujourd'hui hameau de la commune du Change, Dordogne, arr.
- Périgueux, c. Savignac-les-Églises.
-
-
-
-
-CHAPITRE XXXIX.
-
-1340. GUERRE EN ÉCOSSE (§ 123).
-
-
-Les Écossais prennent les armes sous les ordres de Guillaume de
-Douglas, des comtes de Murray, Patrick et de Sutherland, de Robert de
-Vescy, de Simon Fraser et d'Alexandre de Ramsay.--Pendant que le roi
-d'Angleterre assiége Tournay, et à l'instigation du roi de France, les
-Écossais portent le ravage dans le Northumberland et l'évêché de
-Durham; ils reconquièrent toutes les forteresses occupées par les
-Anglais, à l'exception de Bervick, de Stirling, de Roxburgh et
-d'Édimbourg. P. 49, 50, 237 à 239.
-
-Guillaume de Douglas s'empare du château d'Edimbourg par surprise. P.
-51 à 54.
-
-Reddition aux Écossais de Dalkeith, de Dumbar, de Dundee, de
-Dumfermline; siége de Stirling. P. 54, 239 à 241.
-
-
-
-
-CHAPITRE XL.
-
-1340. ARRIVÉE DU ROI DE FRANCE ET DE SON ARMÉE AU PONT DE BOUVINES
-CONTRE ÉDOUARD III ET SES ALLIÉS[209] (§§ 124 à 126).
-
- [209] Cf. Jean le Bel, chap. XXXVIII, t. I, p. 181 à 186.
-
-
-Le roi d'Angleterre assiége toujours Tournay avec une armée de plus de
-cent mille hommes, y compris les Flamands. Les assiégés, menacés de
-famine, font sortir les plus pauvres habitants de la ville, hommes et
-femmes. P. 54 et 241.
-
-Philippe de Valois convoque à Arras une grande armée pour marcher au
-secours des habitants de Tournay.--Noms des principaux princes et
-seigneurs, tant français qu'étrangers[210], qui se rendent à l'appel du
-roi de France. P. 55, 241 et 242.
-
- [210] Voici, d'après les montres, la liste des batailles dont se
- composa l'host de Bouvines du 9 mars au 1er octobre 1340:
- bataille de Raoul, comte d'Eu, connétable de France;--bataille de
- Robert Bertran et de Mathieu de Trie, maréchaux de
- France;--bataille de Louis, comte de Flandre, de Nevers et de
- Réthel;--bataille d'Eude, duc de Bourgogne, comte d'Artois et
- comte palatin de Bourgogne, sire de Salins;--bataille du duc de
- Normandie, lieutenant du roi de France;--bataille du roi de
- Navarre;--bataille du comte d'Alençon;--bataille de Jean, comte
- d'Armagnac;--bataille de Gaston, comte de Foix;--bataille d'Amé,
- comte de Savoie;--bataille d'Adolphe, évêque de Liége;--bataille
- du roi de France. De Camps, portef. 83, fos 316 à 406.
-
-Arrivée du roi de France[211] et de son armée sur les bords d'une
-petite rivière (la Marcq)[212], située à peu de distance de Tournay,
-entre les ponts de Bouvines[213] et de Tressin[214]. P. 56 et 242.
-
- [211] Philippe de Valois convoqua ses gens d'armes à Arras en
- juillet 1340 (De Camps, 83, fo 296), et les congédia le 27
- septembre de la même année (Ibid., fo 346); il était près du
- prieuré de Saint-André (auj. Saint-André, Nord, arr. et c. Lille)
- le 30 juillet, date de sa réponse à une provocation qui lui avait
- été adressée le 26 juillet par Édouard III de Chin-lez-Tournay
- (auj. hameau de Romegnies-Chin, Belgique, à 6 kil. de Tournay).
- Voyez Rymer, _Fœdera_, t. II, pars ii, p. 1131 et 1132. Le roi de
- France paraît avoir passé partie du mois d'août à Douai (Actum et
- datum _in exercitu nostro prope Duacum_ anno Domini 1340, mense
- _augusti_. JJ73, p. 48, fo 40). Plusieurs chartes datées du Pont
- de Bouvines sont du mois de septembre (Actum et datum _in
- tentoriis nostris prope pontem de Bovinis_, anno Domini 1340,
- mense _septembris_. JJ73, p. 247, fo 193 vo.)
-
- [212] La Marcq, issue des bois de Phalempin à 15 kil. de Lille,
- traverse des marais auxquels elle sert de décharge, et, après un
- cours d'environ 5 myriamètres, se jette dans la Deule à
- Marquette.
-
- [213] Nord, arr. Lille, c. Cysoing.
-
- [214] Nord, arr. Lille, c. Lannoy.
-
-Rencontre près de Notre-Dame-aux-Bois[215] entre des gens d'armes de la
-garnison de Bouchain, commandés par trois chevaliers allemands au
-service du comte de Hainaut et un détachement de la garnison française
-de Mortagne, qui a pour chef un chevalier bourguignon de la suite du
-seigneur de Beaujeu, nommé Jean de Frolois[216]. Les Français sont mis
-en déroute, et Jean de Frolois est fait prisonnier. P. 56 à 58, 242 à
-244.
-
- [215] Nord, arr. Valenciennes, c. Bruille-Saint-Amand. _Le
- Crousage_ du texte est peut-être la Croisette, hameau de
- Saint-Amand-les-Eaux.
-
- [216] A l'host de Bouvines, dans la bataille d'Eude, duc de
- Bourgogne figure: «Jean de Froulois, bann., 2 bach., 11 esc.» De
- Camps, portef. 83, fo 330.
-
-Un jour, un détachement de Hainuyers, dont Guillaume de Baileu est le
-chef, passe le Pont-à-Tressin[217], et va, sous la conduite de Waflard
-de la Croix, réveiller les Français. Ce même jour, une troupe de
-Liégeois venus avec leur évêque servir le roi de France, sous les
-ordres de Robert de Baileu[218], frère de Guillaume, passe aussi en
-sens inverse le Pont-à-Tressin, pour aller fourrager dans les belles
-plaines qui s'étendent entre Tressin et Baisieux[219]. Les Hainuyers de
-Guillaume de Baileu sont repoussés et mis en fuite. Au moment où ils
-repassent le pont, ils vont se jeter dans les rangs des Liégeois de
-Robert de Baileu, qui reviennent de leur excursion, et dont ils
-prennent la bannière, portée par Jacques de Forvie[220], pour la leur
-propre, à cause de la ressemblance extrême des armes de Robert et de
-Guillaume de Baileu. La plupart des Hainuyers sont tués ou faits
-prisonniers. Guillaume de Baileu se sauve à grand peine. Waflard de la
-Croix, pris dans cette rencontre et livré au roi de France, fut donné
-bientôt après, en échange du comte de Salisbury, aux habitants de
-Lille, qui le firent mettre à mort. P. 58 à 62, 244 à 246.
-
- [217] Pont-à-Tressin est encore aujourd'hui le nom d'un hameau de
- la commune de Tressin.
-
- [218] «Host de Bouvines en 1340. La bataille Adolf evesque du
- Liége: le dit evesque, 7 chev. bann., 73 bach., 420 esc.» De
- Camps, portef. 83, fo 344 vo. Il faut prendre garde de confondre
- les seigneurs de Baileu (les mss. de Froissart écrivent Bailleul)
- avec les seigneurs de Baillœul en Hainaut ou de Bailleul en
- Normandie. La seigneurie de Baileu est aujourd'hui un hameau de
- la commune de Walcourt, Belgique, prov. Namur, arr.
- Philippeville. Morialmé, dont Robert de Baileu était seigneur,
- fait aussi partie du canton de Walcourt.
-
- [219] Nord, arr. Lille, c. Lannoy.
-
- [220] Jacques de Forvie, écuyer, était le second fils de Stockar
- de Forvie le Vieux; il se maria à Isabeau, fille de Pierre de
- Surice, bourgeois de Namur. Hemricourt, _Miroir des Nobles_, éd.
- de Jalheau, p. 143.
-
-
-
-
-CHAPITRE XLI.
-
- 1340. SIÉGE DE MORTAGNE ET PRISE DE SAINT-AMAND ET DE MARCHIENNES
- PAR LE COMTE DE HAINAUT.--DÉFAITE D'UNE TROUPE DE FRANÇAIS ET DU
- SEIGNEUR DE MONTMORENCY AU PONT-A-TRESSIN (§§ 127 à 132).
-
-
-Le comte de Hainaut, pour se venger de la mésaventure de Guillaume de
-Baileu et de ses gens d'armes, quitte le siége de Tournay et vient avec
-six ou sept cents lances assiéger Mortagne par la rive droite de
-l'Escaut. En même temps, les habitants de Valenciennes ayant reçu
-l'ordre d'assaillir cette place en s'avançant entre la Scarpe et
-l'Escaut, douze cents hommes, commandés par Jean de Baissi, prévôt de
-la ville, et Gille le Ramonnier, passent les deux rivières de Haine et
-d'Escaut à Condé, et arrivent sous les murs de Mortagne. P. 62, 246 et
-247.
-
-Édouard de Beaujeu, capitaine de Mortagne[221], en prévision d'un
-siége, a fait enfoncer dans le lit de l'Escaut une quantité innombrable
-de pieux pour rendre la navigation impossible. Ce que voyant les
-arbalétriers de Valenciennes, qui ne peuvent approcher assez près des
-barrières à cause de la largeur des fossés, prennent le parti de passer
-la Scarpe au-dessous de Château-l'Abbaye[222] afin d'attaquer Mortagne
-du côté de Saint-Amand[223] et de donner l'assaut à la porte devers
-Maulde[224]. Cette porte, qui donne sur la Scarpe, est défendue par
-Édouard de Beaujeu en personne, tandis que le seigneur de
-Saint-Georges[225], son cousin, se tient à la porte d'Escaut par où
-l'on va à Antoing[226], faisant face au comte de Hainaut, campé le long
-de l'Escaut du côté de Briffœuil[227]. Le seigneur de Beaujeu est armé
-d'une longue lance, et, au moyen d'un croc de fer attaché à l'extrémité
-de cette lance qui s'enfonce dans les plates et le hauberjon, il
-parvient à harponner une douzaine d'assaillants, les attirant à lui ou
-les précipitant au fond des fossés pleins d'eau. P. 63 et 247.
-
- [221] D'après les montres conservées par De Camps, Jean de
- Vienne, et non Édouard de Beaujeu, fut capitaine de Mortagne, du
- 29 octobre 1339 au 1er octobre 1340, avec 6 chevaliers bacheliers
- et 44 écuyers. De Camps, portef. 83, fo 313.
-
- Le château de Mortagne, bâti au confluent de l'Escaut et de la
- Scarpe, résidence habituelle des châtelains de Tournay, fut cédé
- en 1313 avec la châtellenie de Tournay à Philippe le Bel.
-
- [222] Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux.
-
- [223] Aujourd'hui Saint-Amand-les-Eaux, sur la rive gauche de la
- Scarpe, affluent de la rive gauche de l'Escaut.
-
- [224] Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux, sur la
- rive gauche de la Scarpe.
-
- [225] Il s'agit ici sans doute du seigneur de
- Saint-Georges-de-Reneins, Rhône, arr. Villefranche-sur-Saône, c.
- Belleville-sur-Saône.
-
- [226] Belgique, prov. Hainaut, arr. Tournay, à 7 kil. de Tournay.
-
- [227] Aujourd'hui hameau de Wasmes-Audemez, Belgique, prov.
- Hainaut, arr. Tournay, c. Péruwelz.
-
-Les assiégeants donnent l'ordre d'installer sur un bateau un appareil
-destiné à arracher les pieux qui barrent le passage de l'Escaut. Quant
-on vient à essayer cet appareil, il fonctionne si mal qu'on doit
-renoncer à s'en servir. Les Valenciennois ont pendant ce temps dressé
-une très-belle machine qui lance des pierres énormes contre le château
-et la ville de Mortagne; mais un maître ingénieur de la garnison
-construit une machine plus petite et l'ajuste si bien qu'à la troisième
-pierre qu'elle lance, elle brise par le milieu le pierrier des
-assiégeants. Après deux nuits et trois jours d'assaut, le comte de
-Hainaut et Jean de Hainaut, son oncle, se décident à retourner au siége
-de Tournay, et les Valenciennois reprennent le chemin de leur ville
-après avoir ravagé l'abbaye du Château. P. 64, 65, 248.
-
-Informé que la garnison française de Saint-Amand a brûlé l'abbaye
-d'Hasnon et essayé de brûler celle de Vicoigne, le comte de Hainaut
-part de Tournay et vient avec trois mille combattants assiéger
-Saint-Amand, qui n'était alors entouré que d'une enceinte de
-palissades. Le capitaine de la garnison[228] est un bon chevalier de la
-langue d'oc, nommé le sénéchal de Carcassonne[229]; prévoyant l'attaque
-du comte de Hainaut et sachant que la place n'est pas tenable, il a
-fait transporter les plus riches joyaux de l'abbaye à Mortagne, P. 65,
-66, 248.
-
- [228] Comme nous l'avons dit plus haut, Jean, sire de Wastines,
- fut établi gardien de Saint-Amand, du 23 octobre 1339 au 1er
- octobre 1340.
-
- [229] Le sénéchal de Carcassonne, dont il est ici question,
- s'appelait Jean de la Roche; il figure sur les montres de l'host
- de Bouvines en 1340 avec cette mention: «Jean de la Roche,
- chevalier, seneschal de Carcassonne, banneret, 2 chevaliers
- bacheliers, 102 escuiers.» De Camps, portef. 83, fo 352. Jean de
- la Roche, seigneur de Castanet (Haute-Garonne), était marié à
- Guillemine de Roussillon.
-
-Douze mille Valenciennois attaquent Saint-Amand par le pont jeté sur la
-Scarpe. Les bidauds et les Génois de la garnison, pour se moquer des
-arbalétriers de Valenciennes, essuient avec leurs chaperons sur les
-murs la place des traits et crient aux assiégeants: «Allez boire votre
-goudale, allez!» Découragés et ne recevant aucunes nouvelles du comte
-leur seigneur, les Valenciennois regagnent leur ville le soir même. P.
-66, 67, 248, 249.
-
-Le lendemain, le comte de Hainaut arrive devant Saint-Amand et donne
-l'assaut à la porte du côté de Mortagne. Une brèche est ouverte dans le
-mur de l'abbaye que l'on enfonce au moyen d'énormes pieux en chêne; le
-comte s'élance par cette brèche et pénètre sur la place du marché
-devant l'église. Il y trouve le sénéchal de Carcassonne qui l'attend de
-pied ferme avec une poignée de compagnons de son pays serrés autour de
-sa bannière. Un moine nommé Froissart défend l'entrée de l'abbaye et
-tue plus de dix-huit assaillants. Le comte fait passer la garnison au
-fil de l'épée et mettre le feu à la ville, à l'église et aux bâtiments
-de l'abbaye. Le sénéchal de Carcassonne est tué sous sa bannière. P. 67
-à 69, 249.
-
-Après la destruction de Saint-Amand, le comte de Hainaut incendie
-Orchies, Landas, Lecelles, passe la Scarpe au-dessous d'Hasnon et,
-entrant en France, s'empare de la grosse et riche abbaye de
-Marchiennes[230] défendue par Amé de Warnant[231]. Incendie et pillage
-de la ville et de l'abbaye. P. 69, 70, 249, 250.
-
- [230] Nord, arr. Douai, sur la rive gauche de la Scarpe et de la
- Rache et sur la route de Bouchain à Orchies. Abbaye de
- Bénédictins au diocèse d'Arras. Depuis la dispersion de l'host de
- Buironfosse, le 28 octobre 1339 jusqu'à la dispersion de l'host
- de Bouvines, le 27 septembre 1340, «Jean de Mortagne, seigneur de
- Landas, chevalier bachelier, fut establi capitaine de Marchiennes
- avec 12 escuiers.» De Camps, 83, fo 346 vo.
-
- [231] A l'host de Bouvines en 1340, parmi les bacheliers sous les
- maréchaux de France, figure: «Amé de Warnans, chev. bach. et 25
- esc.; venu de Warnans entre Aix et le Liége.» Aujourd'hui
- Warnant-Dreye, Belgique, prov. Liége.
-
-Le roi d'Angleterre se tient toujours devant Tournay qu'il espère
-réduire bientôt par la famine; mais le duc de Brabant laisse plus d'une
-fois passer à travers son armée des vivres destinés aux assiégés, et
-les gens d'armes de ses bonnes villes de Bruxelles, de Louvain, de
-Malines, d'Anvers, de Nivelles, de Jodoigne[232], de Lierre[233],
-commencent à s'impatienter de la longueur du siége. P. 70, 71, 250,
-251.
-
- [232] Belgique, prov. Brabant, arr. Nivelles.
-
- [233] Belgique, prov. Anvers, arr. Malines.
-
-Un certain nombre de gens d'armes allemands des duchés de Gueldre et de
-Juliers s'entendent avec plusieurs chevaliers du Hainaut pour prendre
-une revanche de la victoire remportée à Pont-à-Tressin par Robert de
-Baileu et les Liégeois sur les Hainuyers: ils se divisent en deux
-détachements, dont l'un reste à Pont-à-Tressin pour garder le passage,
-tandis que l'autre court réveiller les Français. Deux grands barons de
-France, les seigneurs de Montmorency[234] et de Saint-Sauflieu[235],
-qui font le guet la nuit où se passe cette escarmouche, repoussent ces
-agresseurs et se mettent à leur poursuite jusqu'à Pont-à-Tressin.
-Voyant que les ennemis sont là en force pour défendre le passage, le
-seigneur de Saint-Sauflieu prend le parti de se retirer avec les siens.
-Le seigneur de Montmorency, qui veut continuer la lutte, est fait
-prisonnier ainsi que toute son escorte par Renaud de Sconnevort; et les
-Allemands ou Hainuyers restent maîtres du pont. P. 71 à 76, 251 à 253.
-
- [234] A l'host de Bouvines en 1340, dans la bataille de Raoul,
- comte d'Eu, figure «Charles, seigneur de Montmorency, banneret, 1
- bachelier, 11 escuiers.» De Camps, 83, fo 335.
-
- [235] Somme, arr. Amiens, c. Sains. Aucun chevalier banneret,
- seigneur de Saint-Sauflieu, n'est mentionné sur les montres de
- l'host de Bouvines en 1340; on n'y voit figurer que Gaucher de
- Saint-Sauflieu, écuyer, et Raoul, dit Herpin, de Saint-Sauflieu,
- aussi écuyer, fait chevalier le 23 mai. Comme Gaucher et Raoul
- dit Herpin de Saint-Sauflieu servaient sous la bannière de Rogue,
- sire de Hangest, ce dernier est sans doute «le grand baron» dont
- parle Froissart; et il n'est pas étonnant qu'on le trouve à côté
- de Charles, seigneur de Montmorency, dont il était l'oncle par
- son mariage avec Isabeau de Montmorency, fille de Mathieu IV.
- «Rogue, sire de Hangest, chev. bann., 4 bach. et 29 esc.; venu de
- Maigneville en la comté de Bar. De sa compagnie.... Gaucher de
- Saint-Sauflieu.... Harpin de Saint-Sauflieu et Martel du Hamel
- faits chevaliers nouvels le 23 jour de may.» De Camps, 83, fo 396
- vo.
-
-
-
-
-CHAPITRE XLII.
-
- 1340. DÉFAITE PRÈS DE SAINT-OMER, PANIQUE ET RETRAITE DES
- FLAMANDS DANS LEUR PAYS.--LEVÉE DU SIÉGE DE TOURNAY; TRÊVE ENTRE
- LA FRANCE ET L'ANGLETERRE[236] (§§ 133 à 137).
-
- [236] Cf. Jean le Bel, chap. xxxix, t. I, p. 187 à 194.
-
-
-Après l'arrivée du roi de France et de son armée à Bouvines, le bruit
-se répand que les garnisons françaises de Saint-Omer, d'Aire et de
-Thérouanne doivent pénétrer dans la vallée de Cassel et ravager le
-pays, notamment les villes de Bergues[237], Bourbourg[238],
-Messines[239], Wervicq[240], Poperinghe[241]. Pour conjurer ce danger,
-Robert d'Artois et Henri de Flandre vont se poster avec vingt mille
-Flamands à l'entrée de la vallée de Cassel. P. 76, 77, 253.
-
- [237] Nord, arr. Dunkerque.
-
- [238] Ibid.
-
- [239] Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. Ypres.
-
- [240] Ibid.
-
- [241] Ibid.
-
-Environ trois mille de ces Flamands quittent un jour leur campement
-pour aller ravager et piller, à l'insu de leurs chefs, le pays situé
-entre Aire, Thérouanne et Saint-Omer, ils mettent le feu aux faubourgs
-et abattent les moulins de Saint-Omer; à une demi-lieue de cette ville,
-ils pillent et brûlent aussi le gros village d'Arques[242] où ils font
-un riche butin; mais au moment où ils se reposent dans un village
-appelé _la Cauchie_[243], un certain nombre de gens d'armes français
-des garnisons de Saint-Omer et de Thérouanne viennent, sous les ordres
-de (Jean), comte dauphin d'Auvergne[244], fondre à l'improviste sur ces
-pillards, en tuent dix-huit cents et en font quatre cents
-prisonniers[245]. P. 76 à 78, 253 à 255.
-
- [242] Pas-de-Calais, arr. et c. Saint-Omer.
-
- [243] Aujourd'hui Cauchy, hameau de la commune d'Ecques,
- Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer, c. Aire-sur-la-Lys.
-
- [244] C'est par erreur que Froissart appelle _Béraud_ le comte
- dauphin d'Auvergne, qui prit part à l'expédition de Bouvines;
- Béraud Ier ne succéda à Jean, dit Dauphinet, son père, qu'en
- 1351. «Jean, comte de Clermont, dalphin d'Auvergne, pour li
- escuier banneret, 7 bach., 1 esc. bann., 56 esc.--Pour
- l'accroissement des gages du dit comte qui le 11 jour de juillet
- fut fait chevalier, de Beraut de Marqueil (Mercœur), esc. bann.
- fait chevalier le 27 d'aoust.» De Camps, 83, fo 351.
-
- [245] 6 écuyers bannerets de langue d'oc furent faits chevaliers,
- 32 écuyers aussi de langue d'oc furent faits chevaliers nouveaux
- «devant Saint-Omer _le 25 juillet_.» De Camps, 83, fo 343. Nous
- aurions ainsi une date précise si nous étions certains que
- l'engagement devant Saint-Omer qui donna lieu à cette promotion
- de chevaliers est le même que celui dont parle Froissart.
-
- Au milieu de la nuit qui suit ce désastre, tous les Flamands
- campés dans la vallée de Cassel se réveillent comme pris de
- panique, se lèvent en toute hâte et après avoir plié bagages,
- reprennent le chemin de leur pays, malgré les représentations de
- Henri de Flandre et de Robert d'Artois, qui vont rejoindre Édouard
- III et l'armée anglo-allemande devant Tournay. P. 78, 79, 255,
- 256.
-
- Dans une dépêche d'Édouard III datée de Bruges le 9 juillet et
- adressée au prochain Parlement qui doit se réunir à Westminster,
- le roi d'Angleterre annonce qu'il se dispose à aller bientôt (aux
- environs de la Madeleine, le 22 juillet) assiéger Tournay avec la
- plus grande partie de ses forces «où il y auera cent mill homes de
- Flaundres armez; _et mounseur Robert d'Artoys vers Seint Omer od
- cynquante mill_, outre touz nos alliez et lour poair.» Dès le 26
- juillet, Édouard III était campé «à Chyn (auj. hameau de
- Ramegnies-Chin, Belgique, à 6 kil. de Tournay), sur les champs de
- lez Tournay.» Rymer, _Fœdera_, vol. II, p. 1130 et 1131. Les
- Flamands de Robert d'Artois durent arriver à peu près en même
- temps devant Saint-Omer; la date de leur défaite le 25 juillet est
- donc très-probable.
-
-Une trêve d'un an est conclue à Esplechin[246] entre les rois de France
-et d'Angleterre par l'entremise de Jeanne de Valois, soœur de Philippe
-de Valois, mère du comte Guillaume de Hainaut, aidée de Louis
-d'Agimont[247]. P. 79 à 82, 256 à 262.
-
- [246] Belgique, prov. Hainaut, arr. et c. Tournay, à 7 kil. de
- cette ville.
-
- [247] Parmi les chevaliers bacheliers qui servirent ès parties de
- Thiérache sous Gautier duc d'Athènes en vertu de lettres du 6
- septembre 1339 figure: «Loys d'Aigimont, 1 bachelier, 8
- escuiers.» De Camps, 83, fo 305 vo.
-
- La trêve fut en effet signée dans l'église d'Esplechin le lundi 25
- septembre 1340. Les négociateurs furent de la part du roi de
- France: Jean roi de Bohême et comte de Luxembourg, Adolphe évêque
- de Liége, Raoul duc de Lorraine, Amé comte de Savoie, Jean comte
- d'Armagnac;--de la part du roi d'Angleterre: le duc de Brabant, le
- duc de Gueldre, le marquis de Juliers, le comte de Hainaut et Jean
- de Hainaut sire de Beaumont. Rymer, _Fœdera_, vol. II, p. 1135.
-
-Édouard III lève le siége de Tournay, qui dure depuis onze semaines
-trois jours moins, et retourne en Angleterre; Philippe de Valois, de
-son côté, licencie son armée campée à Bouvines[248].--Les conférences
-tenues à Arras entre les envoyés des deux rois en vue de la conclusion
-d'un traité de paix, restent sans résultat. P. 82 à 86, 262 à 265.
-
- [248] Le 27 septembre 1340, congé général fut donné aux gens
- d'armes de l'host de Bouvines «excepté à aucuns qui en garnison
- demeurèrent à Tournay, le siége des ennemis estant devant la
- ville, lesquels ont pris gages jusques au 1er octobre 1340 par
- grace du roi.» De Camps, 83, fo 350.
-
- Le 13 octobre 1340, Philippe de Valois était à l'abbaye de Moncel
- (auj. hameau de Pont-Point, Oise, arr. Senlis, c.
- Pont-Sainte-Maxence), ainsi que l'atteste une charte où il accorde
- aux religieuses, abbesse et couvent du dit lieu «le droit de
- prendre annuellement vint milliers de fagos en la vente ou ès
- ventes d'aucun ou d'aucuns marcheans de la forest de Halate.»
- Arch. de l'Empire, Sect. hist., JJ73, p. 157, fo 129 vo.
-
-
-
-
-CHAPITRE XLIII.
-
- 1341. GUERRE DE LA SUCCESSION DE BRETAGNE: SUCCÈS DU COMTE DE
- MONTFORT[249] (§§ 138 à 143).
-
- [249] Cf. Jean le Bel, chap. XLVI, t. I, p. 225 à 236.
-
-
-«Plusieurs jongleurs et chanteurs sur les places, dit Froissart, en
-prenant les guerres de Bretagne pour sujet de chansons de geste
-fabuleuses et de poëmes mensongers, ont altéré la vérité historique au
-grand déplaisir de Jean le Bel, qui a raconté le premier ces guerres
-dans ses Chroniques et à mon grand déplaisir aussi à moi Froissart qui
-ai loyalement, impartialement continué et complété l'œuvre de mon
-prédécesseur. Ces poëmes et ces chansons ne donnent nullement les faits
-réels: ces faits, on ne les trouvera qu'ici, grâce au soin extrême que
-nous y avons mis, car on n'a rien sans frais et sans peine. Moi, Jean
-Froissart, venu le dernier depuis Jean le Bel pour traiter ce sujet,
-j'ai visité et parcouru la plus grande partie de la Bretagne, j'ai fait
-une enquête auprès des seigneurs et des hérauts sur les guerres, les
-prises, les assauts, les incursions, les batailles, les rescousses et
-tous les beaux faits d'armes arrivés depuis 1340 jusqu'à la fin de ce
-livre; je me suis imposé cette tâche tant à la requête de mon seigneur
-et maître et à ses frais que pour me satisfaire moi-même, pour donner
-de l'authenticité et des bases solides à mon travail: en quoi mes
-efforts ont été grandement récompensés.» P. 265 et 266.
-
-Mort de Jean III, dit le Bon, duc de Bretagne (30 avril 1341). Jean,
-comte de Montfort, frère de père de Jean III, est reçu comme duc à
-Nantes au mépris des prétentions de Jeanne, nièce du roi de France par
-son mariage avec Charles de Blois et dont le père Gui, comte de
-Penthièvre, était frère de Jean III de père et de mère. P. 86 à 88, 265
-à 269.
-
-Jean de Montfort, après s'être emparé de Limoges et des trésors de Jean
-III, revient à Nantes où il convoque à une grande fête les nobles et
-prélats de Bretagne. Les bourgeois et conseillers des bonnes villes se
-rendent à cet appel, mais non les grands barons qui, sauf Hervé de
-Léon[250], sont à peu près tous partisans de Charles de Blois. Jean de
-Montfort distribue à ses fidèles le trésor trouvé à Limoges. P. 89 et
-90, 269 à 271.
-
- [250] Les chefs du parti de Montfort étaient, outre Hervé de
- Léon, le seigneur de Pont-l'Abbé (Finistère, arr. Quimper),
- Geffroi de Malestroit (Morbihan, arr. Ploërmel), Tanneguy du
- Châtel (la terre et seigneurie du Châtel était située dans
- l'ancien diocèse de Saint-Pol-de-Léon), Henri de Kaër (fief situé
- sur le territoire de Vannes), Yvon de Trésiguidy (Finistère, arr.
- Châteaulin, hameau de la commune de Pleuben), Hervé seigneur de
- Névez (Finistère, arr. Quimperlé, c. Pont-Aven), Alain de
- Kerlévénan (Morbihan, arr. Vannes, hameau de la commune de
- Sarzeau); on voit que les principaux partisans de Montfort
- appartenaient à la Bretagne bretonnante.
-
-Prise du fort château de Brest par Jean de Montfort après une héroïque
-défense de (Gautier[251]) de Clisson. P. 90 à 93, 271 à 275.
-
- [251] Jean le Bel et Froissart donnent à ce chevalier le prénom
- de _Garnier_; les historiens de Bretagne l'appellent Gautier.
-
-Siége de Rennes par Jean de Montfort. Henri de Spinefort[252],
-capitaine de la ville, est fait prisonnier dans une sortie. Le comte de
-Montfort menace de faire pendre ce chevalier si Rennes ne lui ouvre ses
-portes. Lutte entre les grands bourgeois qui sont d'avis de résister et
-les gens du commun qui veulent faire leur soumission. La ville finit
-par se rendre, et Henri de Spinefort se range parmi les partisans de
-Jean de Montfort. P. 93 à 96, 275 à 280.
-
- [252] La maison de Spinefort était une «noble et ancienne maison
- de Bretagne, au diocèse de Vannes, en la paroisse de Languidic
- (Morbihan, arr. Lorient, c. Hennebont), à peu de distance de
- Hennebont.» Voy. _Les vies des saints de la Bretagne_, par Albert
- le Grand, éd. de M. Miorcec de Kerdannet, p. 38 et 39.
-
-Prise d'Hennebont[253], fort château et bon port de mer, due à une
-surprise faite à Olivier de Spinefort, capitaine de cette place, par
-son frère Henri de Spinefort.--Reddition de Vannes.--Levée du siége mis
-pendant dix jours devant la Roche-Piriou[254].--Reddition de
-Suscinio[255].--Reddition du château d'Auray[256] par Geffroi de
-Malestroit et Yvon de Trésiguidy qui prêtent serment de fidélité au
-comte de Montfort.--Reddition de la Forest[257] dont le capitaine est
-un ancien compagnon d'armes d'Hervé de Léon en Grenade et en
-Prusse.--Reddition de Carhaix[258] où s'était enfermé un évêque qui en
-était seigneur[259]. Cet évêque, oncle d'Hervé de Léon, se décide, sur
-les instances de son neveu, à faire sa soumission au comte de Montfort.
-P. 97 à 100, 280 à 285.
-
- [253] Morbihan, arr. Lorient.
-
- [254] Aujourd'hui hameau de la commune de Priziac, Morbihan, arr.
- Napoléonville, c. le Faouët.
-
- [255] Aujourd'hui hameau de la commune de Sarzeau, Morbihan, arr.
- Vannes.
-
- [256] Morbihan, arr. Lorient.
-
- [257] Jean le Bel, dont Froissart reproduit ici le texte à peu
- près mot à mot, appelle cette localité _la Forest_ (t. I, p.
- 236). Ogée et Albert le Grand identifient le _la Forest_ de Jean
- le Bel et le _Goy-la-Forêt_ de Froissart avec la Forest,
- Finistère, arr. Brest, c. Landerneau. «Le château de la Forêt,
- dit Ogée, fut assiégé en 1341 par le comte de Montfort. C'était
- une place forte qui appartenait au vicomte de Rohan, partisan de
- Charles de Blois.» _Dictionnaire historique et géographique de la
- Bretagne_, t. II, p. 305, au mot _La Forêt_. Le nom breton est
- _Gouëlet-Forest_; il figure dans le passage suivant d'une vie de
- saint Ténenan:
-
- Poulzet ouënt gant eun avel gré,
- Ractal, é rivier Landerné,
- Quen e errusont, gant o lestr,
- Dindan Castel-_Gouëlet-Forest_.
-
- V. Albert le Grand, éd. de M. Miorcec de Kerdannet, p. 403, en
- note. Du breton _Gouëlet-Forest_ Froissart a fait Goy-la-Forêt.
-
- [258] Finistère, arr. Châteaulin.
-
- [259] Gui de Léon.
-
-Siége de Jugon[260] par le comte de Montfort. Amauri de Clisson,
-capitaine de la garnison, et plus de cent vingt bourgeois de la ville,
-sont faits prisonniers dans une sortie par Olivier et Henri de
-Spinefort accourus au secours d'Yvon de Trésiguidy. La ville de
-Jugon, contre laquelle le comte de Montfort a fait dresser quatre
-engins amenés de Rennes, est obligée de se rendre; Amauri de Clisson
-prête serment de fidélité au comte de Montfort, qui assigne à ce
-chevalier cinq cents livres de terre et le retient de son conseil.
-Le vainqueur laisse comme châtelain à Jugon Garnier de Trésiguidy,
-cousin d'Yvon.--Reddition de Dinan.--Siége infructueux de
-Josselin[261].--Reddition du château de Ploërmel.--Reddition sous
-condition de Mauron[262] après douze jours de siége. P. 285 à 291.
-
- [260] Côtes-du-Nord, arr. Dinan.
-
- [261] Morbihan, arr. Ploërmel.
-
- [262] Morbihan, arr. Ploërmel.
-
-
-
-
-CHAPITRE XLIV.
-
- 1341. VOYAGES DU COMTE DE MONTFORT EN ANGLETERRE, PUIS A
- PARIS[263] (§§ 144 à 146).
-
- [263] Cf. Jean le Bel, chap. XLVI et XLVII, t. I, p. 236 à 242.
-
-
-Le comte de Montfort se fait partout reconnaître comme duc de Bretagne.
-Cependant les seigneurs de Clisson[264], de Tournemine, de
-Quintin[265], de Beaumanoir[266], de Laval, de _Gargoule_, de
-Lohéac[267], d'Ancenis, de Retz, de Rieux[268], d'Avaugour[269],
-refusent d'obéir au nouveau duc; quelques-uns de ces seigneurs
-quittent la Bretagne, soit pour guerroyer à Grenade et en Prusse, soit
-pour entreprendre le pèlerinage d'outre-mer. P. 291.
-
- [264] Loire-Inférieure, arr. Nantes.
-
- [265] Côtes-du-Nord, arr. Saint-Brieuc.
-
- [266] Aujourd'hui hameau de la commune d'Evran, Côtes-du-Nord,
- arr. Dinan.
-
- [267] Ille-et-Vilaine, arr. Redon, c. Pipriac.
-
- [268] Morbihan, arr. Vannes, c. Allaire.
-
- [269] Jeanne, femme de Charles de Blois, avait pour mère Jeanne
- d'Avaugour, mariée à Gui, comte de Penthièvre, fille et héritière
- de Henri seigneur d'Avaugour. Un petit hameau de la commune de
- Saint-Péver, Côtes-du-Nord, arr. Guingamp, c. Plouagat, porte
- encore aujourd'hui le nom illustré par cette famille qui
- descendait d'Eude comte de Bretagne.
-
-Jean de Montfort comprend la nécessité de se faire un allié puissant
-qu'il puisse opposer au roi de France, oncle et allié naturel de
-Charles de Blois. C'est pourquoi il s'embarque à _Gredo_[270] (Redon)
-en basse Bretagne pour l'Angleterre, arrive en Cornouaille et débarque
-au port de _Cepsée_; de là, il se rend à Windsor auprès d'Édouard III.
-Le comte de Montfort fait hommage lige pour le duché de Bretagne au roi
-d'Angleterre qui promet en retour d'aider et de défendre son vassal
-contre tous, spécialement contre le roi de France; puis il retourne à
-Nantes, comblé des présents et des faveurs d'Édouard III[271]. P. 100 à
-102, 291 à 298.
-
- [270] Dom Morice conjecture (_Hist. de Bretagne_, t. I, p. 248)
- que Froissart a voulu désigner ici Roscoff; mais, comme l'a fait
- remarquer Dacier, il y a bien peu d'analogie entre _Gredo_ et
- _Roscoff_. Dacier propose de lire _Coredou_, village sur le bord
- d'une petite anse à l'ouest de Saint-Pol-de-Léon, et
- l'identification de _Gredo_ avec _Coredou_ a été adoptée par
- Buchon (t. I, éd. du Panthéon, p. LIV). Il nous a été impossible
- de retrouver exactement, soit dans les dictionnaires, soit sur
- les cartes, le _Coredou_ de Dacier. Le nom de ce port est écrit
- _Grendo_ dans Jean le Bel (v. t. I, p. 236). D'après la deuxième
- rédaction ou ms. d'Amiens (v. p. 291) Jean de Montfort se serait
- embarqué à Guérande, et d'après la troisième rédaction ou ms. de
- Rome (v. p. 295) à Vannes. En proposant d'identifier _Gredo_ avec
- _Redon_, nous nous fondons principalement sur le passage suivant
- de la troisième rédaction ou ms. de Rome: «....et vinrent ariver
- à _Grède, au plus proçain port de Vennes et de Rennes_.» P. 391.
- D'ailleurs, même en ce qui concerne la première rédaction, 10
- mss. sur 33, les mss. 23 à 33 donnent la variante _Redon_ pour
- _Gredo_ (voy. p. 397). L'addition d'un g parasite dans _Gredo_
- s'est faite comme dans _grenouille_, de _ranuncula_. Redon a un
- port sur la Vilaine accessible aux navires de médiocre grandeur.
-
- [271] Par acte daté de Westminster le 24 septembre 1341, Édouard
- III donne le comté de Richmond avec toutes ses dépendances à son
- très-cher cousin Jean duc de Bretagne et comte de Montfort, en
- témoignage de l'alliance conclue entre lui et le dit Jean et
- aussi en dédommagement du comté de Montfort confisqué par
- Philippe de Valois (Rymer, _Foedera_, vol. II, p. 1176). On ne
- trouve du reste aucune trace dans les pièces publiées par Rymer
- de l'hommage du duché de Bretagne qui aurait été fait dans cette
- circonstance par Jean de Montfort à Édouard III.
-
-Le vicomte de Rohan, les seigneurs de Clisson, d'Avaugour et de
-Beaumanoir se rendent en France et informent Charles de Blois des
-succès de Jean de Montfort. Charles de Blois implore contre son
-compétiteur l'appui du roi de France son oncle. Philippe de Valois, de
-l'avis des pairs et grands barons de son royaume, prend le parti de
-mander à Paris l'adversaire de son neveu; les seigneurs de Mathefelon,
-de Gaussan et Grimouton de Chambly[272], vont à Nantes notifier au
-comte de Montfort la volonté du roi de France. Jeanne de Montfort
-conseille à son mari de ne pas répondre à l'appel de Philippe de
-Valois. Cependant, le comte de Montfort, après avoir hésité quelque
-temps, vient à Paris où il fait son entrée en somptueux équipage et
-avec une suite de plus de trois cents chevaux. P. 102, 103, 298 à 300,
-302, 303.
-
- [272] D'après le ms. de Rome (v. p. 302), les messagers furent
- les seigneurs de Montmorency et de Saint-Venant.
-
-L'entrevue du comte avec le roi de France a lieu dans une grande
-chambre du palais décorée de magnifiques tapisseries. Aux côtés du roi
-siégent le comte d'Alençon son frère, le duc de Normandie son fils,
-Eude, duc de Bourgogne et Philippe de Bourgogne, fils du duc, le duc de
-Bourbon, Jacques de Bourbon alors comte de Ponthieu, les comtes de
-Blois, de Forez, de Vendôme et de Guines, les seigneurs de Coucy, de
-Sully, de Craon, de Roye, de Saint-Venant, de Renneval et de Fiennes.
-Philippe de Valois reproche à Jean de Montfort d'avoir fait hommage du
-duché de Bretagne à Édouard III. Le comte répond que ce reproche n'est
-nullement fondé, mais en même temps il maintient la légitimité de ses
-prétentions à l'héritage de Bretagne. Le roi enjoint à Jean de Montfort
-de ne pas quitter Paris avant quinze jours et d'attendre que les pairs,
-chargés d'examiner la question pendante entre lui et Charles de Blois,
-aient décidé de quel côté est le bon droit. Découragé par un accueil
-aussi défavorable, le comte de Montfort estime prudent de ne pas
-attendre le jugement des pairs. Un soir, il prend l'habit d'un de ses
-ménestrels, monte à cheval sans autre suite qu'un valet de ménestrel,
-et à la faveur de ce déguisement, s'échappe à la dérobée de Paris dont
-on ne fermait point alors les portes; pendant que ses chambellants font
-courir le bruit que leur maître est couché malade dans son lit, il
-regagne en toute hâte la Bretagne et va rejoindre à Nantes la comtesse
-sa femme. P. 103 à 105, 300 à 302, 303 à 306.
-
-Le roi de France et Charles de Blois sont furieux quand ils apprennent
-que le comte de Montfort vient de s'échapper de leurs mains. Les pairs
-et grands barons, réunis en conseil pour statuer sur les prétentions
-respectives de Charles de Blois et de Jean de Montfort à l'héritage de
-Bretagne, se prononcent tout d'une voix en faveur de Charles de Blois;
-ils fondent leur jugement sur deux considérants principaux. 1º Jeanne,
-femme de Charles de Blois, à titre de fille unique de Gui, comte de
-Penthièvre, frère de père et de mère de Jean III, duc de Bretagne,
-dernièrement mort, a plus de parenté avec le dit duc que Jean de
-Montfort, qui est seulement frère de père de Jean III[273]; 2º
-d'ailleurs le comte de Montfort, même en supposant qu'il y ait quelque
-chose de fondé dans ses prétentions, est atteint de forfaiture, d'abord
-pour avoir relevé le duché d'un seigneur autre que le roi de France de
-qui on le doit tenir en fief, ensuite pour avoir transgressé les ordres
-et cassé l'arrêt de son suzerain en quittant Paris sans congé[274]. P.
-105 et 106.
-
- [273] Nous avons corrigé ici Froissart qui dit, sans doute par
- inadvertance, que Jean de Montfort n'était pas issu du même père
- que le feu duc de Bretagne et son frère le comte de Penthièvre.
- La vérité est, comme l'indique notre chroniqueur dans un des
- chapitres précédents, que Jean III, duc de Bretagne, et Gui comte
- de Penthièvre étaient sortis d'un premier mariage d'Arthur II duc
- de Bretagne avec Marie vicomtesse de Limoges, tandis que Jean de
- Montfort devait le jour à un second mariage d'Arthur II avec
- Iolande de Dreux.
-
- [274] L'arrêt rendu en faveur de Charles de Blois «in curia
- nostra, in magno consilio nostro Parium Franciæ, prælatorum,
- baronum aliorumque...» est daté de Conflans le 7 septembre 1341.
- V. _Mémoires pour servir de preuves à l'histoire de Bretagne_,
- par dom Morice, t. I, col. 1421 à 1424. Froissart se trompe sur
- les considérants de cet arrêt. Il n'y est fait mention que des
- raisons et des exemples allégués par Charles de Blois, d'une
- part, pour prouver qu'en Bretagne les représentants du frère
- aîné, lorsqu'il s'agissait d'une succession noble, la
- recueillaient au préjudice du frère cadet; et par le comte de
- Montfort, d'autre part, pour établir le contraire.
-
-Charles de Blois, confiant en son droit après le jugement prononcé en
-sa faveur, assuré en outre de l'appui du roi de France, entreprend de
-reconquérir à main armée son duché de Bretagne. Le duc de Normandie est
-adjoint à son cousin comme chef de l'expédition projetée. Les
-principaux barons qui s'engagent à faire partie de cette expédition,
-sont le comte d'Alençon, oncle de Charles de Blois, le duc de
-Bourgogne, le comte de Blois, frère de Charles, le duc de Bourbon,
-Louis d'Espagne, Jacques de Bourbon, le comte d'Eu, connétable de
-France et le comte de Guines, son fils, le vicomte de Rohan, les comtes
-de Forez, de Vendôme et de Dammartin, les seigneurs de Coucy, de Craon,
-de Beaujeu, de Sully et de Châtillon. On fixe à Angers le rassemblement
-général. P. 106 et 107, 306 et 307.
-
-
-
-
-CHAPITRE XLV.
-
- 1341. EXPÉDITION DU DUC DE NORMANDIE ET DE CHARLES DE BLOIS EN
- BRETAGNE[275] (§§ 147 à 150).
-
- [275] Cf. Jean le Bel, chap. XLVII, t. I, p. 243 à 249.
-
-
-Le duc de Normandie, le comte d'Alençon, les ducs de Bourgogne, de
-Bourbon et les autres barons et chevaliers dont Charles de Blois s'est
-assuré le concours, se rendent à Angers, où rendez-vous général a été
-donné à tous les gens d'armes qui doivent faire partie de l'expédition
-de Bretagne. Toutes ces forces réunies s'élèvent à cinq mille armures
-de fer, sans compter trois mille Génois sous les ordres d'Ayton Doria
-et de Charles Grimaldi. Le Galois de la Baume commande aussi une
-nombreuse troupe de bidaus et d'arbalétriers. Cette armée chevauche en
-trois batailles. La première, composée de cinq cents lances, marche
-sous les bannières de Louis d'Espagne, du vicomte de Rohan, des
-seigneurs d'Avaugour, de Clisson et de Beaumanoir. La plus forte
-bataille est celle du duc de Normandie[276], où se trouvent les plus
-puissants seigneurs de l'armée, notamment les comtes d'Alençon et de
-Blois, Charles de Blois lui-même qui prend le titre et les armes de duc
-de Bretagne, et a fait hommage et féauté pour ce duché au roi de
-France. Raoul, comte d'Eu, connétable de France, est à la tête de la
-troisième bataille ou arrière-garde avec le comte de Guines[277], son
-fils, les seigneurs de Coucy, de Montmorency, de Quintin et de
-Tournemine. P. 107, 108, 307, 308.
-
- [276] «Le voyage de Bretagne et l'ost devant Nantes fait par le
- duc de Normandie et les establies après ensuivant le dit voyage,
- commençant 26 septembre 1341, finant 6 mai 1342: Eude duc de
- Bourgoigne, Gaucher duc d'Athènes, le comte de Joigny, Jean de
- Chalon, André de Chauvigny, Gile sire de Soocourt, Bernart sire
- de Morueil, Rogue sire de Hangest, Jean de Chastillon, Charles
- sire de Montmorency.... Arnaut de la Vie sire de Villemur, Hue de
- Bouville, G. de Craon, Hue sire de Faignoles, Robert Bertran
- mareschal de France, Payen de Mailly, Jean de Vienne, Regnaut
- sire de Honcourt, Godefroy de Nast, etc....» V. De Camps, portef.
- 83, fos 452 à 453 vo.
-
- [277] «La retenue des gens d'armes de l'hostel de nous Raoul,
- comte de Eu, connestable de France, qui avecques nous ont esté en
- Bretaingne en la compaignie mgr le duc de Normandie _ès mois
- d'octobre et de novembre_ 1341. Nous connestable, 1 bann., 4 chv.
- bach. et 53 esc.; venus du comté d'Eu _à Angers_.. Pour nostre
- bannière, Tassart de Basinguehan--Raoul comte de Guisnes nostre
- fil, chev. bann.; pour sa bannière, Bertaut d'Outreleaue.» De
- Camps, 83, fo 416.
-
- Les principaux chevaliers de la bataille du comte d'Eu sont: Jean,
- seigneur de Walencourt, chev. bann., 2 chev. bach. et 15 esc.,
- venus de Wallaincourt en Cambraisis;--Drieu de Mello, chev., 3
- esc., venus de Saint Brice en Aucerrois;--Guillaume de Merlo,
- chev., 3 esc., venus de Poisse en Aussay;--Gieffroy de Charny,
- chev., 3 esc., venus de Pierrepertuis sous Vezelay;--Ferry de
- Chardoingne, chev., 6 esc., venus d'Oupie en l'évesché de
- Verdun;--Loys de Corbon, chev., 8 esc., venus de Guion en
- Barrois;--Jean Mauvoisin, chev., 2 esc., venus d'auprès Vernon en
- Normandie;--Philippe de Pont, chev., 3 esc., venus d'Aencourt prez
- d'Arche en Normandie;--Guillaume de Villers, 2 esc., venus de
- Villers en Vimeu;--Philippe de Buissy, chev., 2 esc., venus de
- Savoye;--Jean de Landas, Baudoin de Bavelinguen, Jean de Dargny,
- Jean Maquerel, Gieffroy du Forestel;--Robert le Thyoys, chev., 3
- esc., venus de Gisors.» De Camps, 83, fos 416 à 419.
-
-Les Français passent par Ancenis et viennent mettre le siége devant
-Champtoceaux, qui est de ce côté la clef et l'entrée de Bretagne. Cette
-forteresse, assise sur un monticule au pied duquel coule une grosse
-rivière (la Loire), a pour capitaines et gardiens deux chevaliers de
-Lorraine, nommés Mile et Valerand[278]. Le duc de Normandie fait
-combler les fossés par les paysans des environs, tandis qu'on construit
-un château de bois monté sur douze roues qui peut bien contenir deux
-cents hommes d'armes et cent arbalétriers. Ce château de bois, tout
-pourvu d'assaillants, est amené à force de bras jusque contre les
-remparts de Champtoceaux. L'énorme machine se compose de trois étages:
-à l'étage le plus élevé se tiennent les gens d'armes, au second les
-arbalétriers, et tout en bas les sapeurs qui démolissent les murs par
-la base. Les assiégeants livrent, avec l'aide de cet engin, un assaut
-terrible qui coûte beaucoup de monde aux assiégés et leur fait dépenser
-toute leur artillerie. Les gens d'armes de la garnison, découragés,
-rendent Champtoceaux, sauve leur vie et leurs biens[279]. P. 108, 100,
-309 à 310.
-
- [278] Champtoceaux, Maine-et-Loire, arr. Cholet, sur la rive
- gauche de la Loire. Les ruines du château de Champtoceaux
- couvrent encore aujourd'hui les flancs d'un monticule situé à
- moins de cent mètres du lit de la Loire.
-
- [279] Le siége de Champtoceaux dura au moins depuis le 10 octobre
- jusqu'au 26 du même mois: «Robert de Marigny esc. fait chev.
- nouviaus _à Chantociaus le 10 octobre_, 5 esc., venus de
- Triestrieux lez Beauvais.» De Camps, 83, fo 419--«Jean de
- Honnecourt escuier fait chevalier nouveau _à Cantociaus le 26
- octobre_.» _Ibid._, fo 417.
-
-Le duc de Normandie, chef suprême de l'expédition, livre Champtoceaux à
-Charles de Blois, son cousin, qui laisse dans cette forteresse comme
-châtelain un chevalier nommé Rasse de Guingamp. Puis les Français
-prennent le chemin de Nantes, où le comte de Montfort s'est enfermé.
-Sur la route, ils s'emparent de Carquefou[280], place située près de
-Nantes, entourée de fossés et de palissades, mais dont la garnison, qui
-ne se compose que de vilains, ne peut tenir tête aux arbalétriers
-génois; la ville est prise et pillée; beaucoup des gens qu'on y trouve
-sont passés au fil de l'épée; on met le feu aux maisons, dont la moitié
-est la proie des flammes. P. 110, 310, 311, 313.
-
- [280] Loire-Inférieure, arr. Nantes. Carquefou n'est qu'à 10
- kilomètres de Nantes.
-
-L'armée du duc de Normandie vient camper devant Nantes et investit
-cette grande cité que traverse la Loire, très large en cet endroit.
-Jean de Montfort a laissé à Rennes la comtesse sa femme et s'est
-enfermé dans Nantes avec Hervé de Léon, Henri et Olivier de Spinefort,
-Yvon de Trésiguidy et plusieurs autres chevaliers et écuyers qui l'ont
-reconnu comme duc de Bretagne. La cité est forte, bien fermée,
-abondamment pourvue de vivres et d'artillerie; en outre, le comte est
-très-aimé des bourgeois de Nantes. Pleinement rassuré sur l'issue d'un
-siége soutenu dans ces conditions, Jean de Montfort invite les
-habitants à se tenir sur la défensive: la saison est trop avancée pour
-que le siége puisse durer longtemps. Malgré cette injonction, Hervé de
-Léon, à la tête d'une troupe de deux cents armures de fer, la plupart
-jeunes bourgeois de Nantes, fait un jour, de grand matin, une sortie
-par la poterne de Richebourg[281], pour surprendre un convoi de vivres
-destiné aux assiégeants; il s'empare d'environ trente sommiers, mulets
-et roncins, et de quinze charrettes remplies de vin et de farine. Une
-troupe de cinq cents gens d'armes français commandés par Louis
-d'Espagne accourt pour reprendre ce butin; et Hervé de Léon ne parvient
-à garder sa proie qu'en fermant précipitamment les portes en dehors
-desquelles il laisse deux cents de ses compagnons qui sont tués ou
-faits prisonniers. Les parents de ces malheureux sont transportés de
-fureur, et Hervé de Léon encourt pour ce fait la disgrâce du comte de
-Montfort. P. 110 à 112, 311 à 315.
-
- [281] La poterne de Richebourg, qui donnait accès dans le
- faubourg de ce nom, était située au nord-est de Nantes, sur la
- rive droite de la Loire, entre l'Erdre et ce fleuve.
-
-Un certain nombre de bourgeois de Nantes, parents et amis des gens
-d'armes faits prisonniers par Louis d'Espagne, entrent en pourparlers
-avec les assiégeants à l'insu de Jean de Montfort, et conviennent de
-laisser la poterne de Sauve[282] ouverte aux Français qui pénètrent
-ainsi dans la ville un matin sans coup férir. Ils vont droit au château
-de Nantes où ils trouvent le comte de Montfort encore endormi et le
-font prisonnier. Henri et Olivier de Spinefort, Yvon de Trésiguidy
-parviennent à s'échapper. La rumeur publique voit dans la trahison dont
-le comte de Montfort est victime en cette circonstance la main de Hervé
-de Léon qui se serait vengé ainsi du blâme sévère que le comte lui
-avait infligé quelques jours auparavant. Ce qui est certain, c'est que
-Hervé est épargné lui et les siens par Charles de Blois, auquel il fait
-féauté et hommage comme à son seigneur, et qu'il reconnut depuis lors
-comme duc de Bretagne. P. 112, 113, 315 à 319.
-
- [282] La poterne de Sauve, anciennement appelée de Sauve Tour,
- qui donnait accès dans le Bourgneuf, était située sur la rive
- droite de la Loire comme la poterne de Richebourg, un peu à
- l'ouest de cette dernière, près de la rivière d'Erdre. Une
- indication de détail sur la topographie de Nantes aussi précise
- que celle des deux poternes de Richebourg et de Sauve semble due
- à des souvenirs personnels. Quoi qu'il en soit, il est à
- remarquer que cette indication ne se trouve que dans la troisième
- et dernière rédaction du premier livre des _Chroniques_
- représentée par le ms. de Rome.
-
-Les Français se rendent ainsi maîtres de Nantes aux environs de la
-Toussaint[283] l'an 1341. A l'occasion de cette solennité, le duc de
-Normandie et Charles de Blois tiennent cour plénière au château de
-Nantes, où ils donnent des fêtes qui durent quatre jours. Là, le
-vicomte de Rohan, les seigneurs de Clisson, d'Ancenis, de Beaumanoir,
-de Malestroit, d'Avaugour, de _Gargoule_, de Quintin, de Léon, de
-Dinan, de Retz, de Rieux et bien quarante chevaliers bretons des
-environs de Nantes font féauté et hommage au mari de Jeanne de
-Penthièvre et le reconnaissent comme leur duc. Charles de Blois reste à
-Nantes pour y passer l'hiver avec plusieurs vaillants chevaliers de son
-lignage. Le reste de l'armée se disperse après avoir promis au nouveau
-duc de revenir en Bretagne l'été prochain, si besoin est. Le duc de
-Normandie retourne à Paris, emmenant avec lui[284] le comte de Montfort
-qu'il remet entre les mains du roi de France. Philippe de Valois fait
-enfermer son prisonnier au château du Louvre; on dit même qu'il
-l'aurait fait mourir, si Louis de Nevers, comte de Flandre, n'avait
-intercédé pour son beau-frère. P. 114, 318, 320 à 322.
-
- [283] Froissart a varié dans ses diverses rédactions sur la date
- de la reddition de Nantes: dans la première rédaction (v. p.
- 113), cette date est fixée aux environs de la Toussaint, dans la
- troisième (v. p. 319) à la nuit de la Toussaint, dans la deuxième
- (v. p. 318) au 20 octobre. Ce qui est certain, c'est que les
- Français occupaient Nantes dès le 21 novembre. En vertu d'une
- charte datée du 21 novembre 1341, une imposition de 4 deniers
- pour livre sur l'achat et la vente des denrées fut établie à
- Nantes par Robert Bertran, sire de Bricquebec, maréchal de
- France, capitaine pour le roi ès parties de Bretagne, et par
- Olivier, évêque de Nantes. _Mémoires pour servir de preuves à
- l'histoire de Bretagne_, par Morice, t. I, col. 1429.
-
- [284] D'après la deuxième rédaction (v. p. 317), l'arrivée du
- comte de Montfort à Paris aurait précédé le retour du duc de
- Normandie. D'après les première (v. p. 114) et troisième (v. p.
- 321) rédactions, au contraire, c'est le duc de Normandie lui-même
- qui, au retour de son expédition en Bretagne, aurait amené à
- Paris le compétiteur de Charles de Blois et l'aurait livré au roi
- de France. Cette dernière version est d'autant plus vraisemblable
- que, selon Froissart, le duc de Normandie et les seigneurs
- français quittèrent Nantes pour retourner dans leurs foyers _peu
- après la Toussaint_; or il est certain que le comte de Montfort
- était encore à Nantes le 18 décembre, date d'une lettre qu'il
- écrivit à «ses petits bacheliers» Tanneguy du Châtel, Geffroi de
- Malestroit et Henri de Kaër. _Preuves de l'hist. de Bretagne_,
- par Morice, t. I, col. 1428.
-
-Charles de Blois écrit aux habitants de Rennes, de Vannes, de
-Quimperlé, de Quimper-Corentin, d'Hennebont, de Lamballe[285], de
-Guingamp, de Dinan, de Dol[286], de Saint-Mathieu[287], de Saint-Malo,
-de venir à Nantes lui prêter serment de fidélité comme à leur duc; mais
-la plupart de ces villes prennent parti pour la comtesse de Montfort
-qui apprend à Rennes[288] que son mari est tombé aux mains de ses
-ennemis. A cette nouvelle, la comtesse, femme au cœur d'homme et de
-lion, rassemble ses partisans, leur présente son jeune fils Jean âgé
-de sept ans, et se met à chevaucher de forteresse en forteresse à la
-tête de cinq cents lances, renforçant partout les garnisons, payant
-très-largement les gages de ses gens d'armes et réchauffant par tous
-les moyens le zèle des Bretons restés fidèles à sa cause. Elle renforce
-surtout la garnison de Rennes, car elle prévoit que ce sera la première
-ville que viendra assiéger Charles de Blois; et elle met dans cette
-place comme capitaine un vaillant chevalier et de bon conseil,
-très-attaché à elle et à son mari, nommé Guillaume de Cadoudal, Breton
-bretonnant. Puis elle va, en compagnie de son fidèle Amauri de Clisson,
-qui ne la quitte pas, s'enfermer dans Hennebont, fort château et bon
-port de mer, afin d'assurer en cas de besoin ses communications avec
-l'Angleterre. P. 114, 115, 320 à 324.
-
- [285] Côtes-du-Nord, arr. Saint-Brieuc.
-
- [286] Ille-et-Vilaine, arr. Saint-Malo.
-
- [287] Aujourd'hui hameau de la commune de Plougonvelin,
- Finistère, arr. Brest, c. Saint-Renan.
-
- [288] D'après le ms. de Rome (v. p. 320), c'est à Vannes, au
- château de La Motte, non à Rennes, que la comtesse de Montfort
- aurait appris que son mari était tombé aux mains des Français.
-
-
-
-
-CHAPITRE XLVI.
-
-1341 et 1342. GUERRE EN ÉCOSSE[289] (§§ 151 à 161).
-
- [289] Cf. Jean le Bel, chap. XLVIII à LI, t. I, p. 251 à 275.
-
-1341. Continuation des hostilités entre l'Angleterre et l'Écosse: prise
-de Stirling par les Écossais.--Trêve entre l'Angleterre et
-l'Écosse.--Retour de David Bruce dans son royaume[290]. P. 116 à 120,
-324 à 329.
-
- [290] David II, accompagné de Jeanne d'Angleterre sa femme,
- débarqua à Inverbervic dans le comté de Kincardine, le 4 mai
- 1341.
-
-Incursions de David Bruce et des Écossais dans le Northumberland et
-l'évêché de Durham: siége de Newcastle.--Prise de Durham. P. 120 à 124,
-329 à 335.
-
-Édouard III fait ses préparatifs[291] pour marcher contre les Écossais
-qui, tout en effectuant leur retraite le long de la Tyne dans la
-direction de Carlisle, mettent le siége devant un château où la
-comtesse de Salisbury se tient enfermée[292].--Les Écossais livrent un
-assaut infructueux, mais la garnison du château est bientôt réduite à
-la dernière extrémité.--Le capitaine de cette garnison, Guillaume de
-Montagu, réussit à traverser pendant la nuit les lignes ennemies pour
-aller à York demander du secours à Édouard III.--Aussitôt qu'ils
-apprennent que le roi d'Angleterre marche contre eux à la tête d'une
-puissante armée, les Écossais lèvent le siége du château de la comtesse
-de Salisbury et se retirent dans les forêts de Jedburgh. P. 124 à 131,
-335 à 338.
-
- [291] Le mandement du roi d'Angleterre pour faire assembler à
- Newcastle-upon-Tyne le 24 janvier 1342 les troupes qui doivent
- marcher contre les Ecossais, est daté de Newcastle-upon-Tyne le 4
- décembre 1341. V. Rymer, _Fœdera_, vol II, p. 1183 et 1184.
-
- [292] Froissart veut sans doute désigner ici le château de Wark,
- situé entre Newcastle et Carlisle, sur la rive gauche de la Tyne,
- qui appartenait au comte de Salisbury.
-
-1342. Édouard III au château de la comtesse de Salisbury.--Passion du
-roi d'Angleterre pour la belle comtesse. P. 131 à 135, 339 à 340.
-
-Récit d'une partie d'échecs entre le roi et la comtesse. P. 340 à 342.
-
-Édouard III poursuit les Écossais jusque au delà de Berwick.--Nouvelle
-trêve entre les Anglais et les Écossais[293].--Le roi d'Angleterre
-renvoie le comte de Murray son prisonnier au roi d'Écosse en échange du
-comte de Salisbury mis en liberté par le roi de France[294]. P. 135 à
-137, 342 à 347.
-
- [293] Les pouvoirs donnés par Édouard III pour traiter avec les
- ambassadeurs de David Bruce, soit de la paix, soit seulement
- d'une trêve, sont datés des 20 mars et 3 avril 1342. V. Rymer,
- _Fœdera_, vol. II, p. 1189, 1190 et 1191. Édouard III était de
- retour à Londres le 20 février 1342 (Rymer, _ibid._, p. 1187),
- après avoir demeuré sur les frontières de l'Ecosse depuis le
- commencement de novembre 1341.
-
- [294] Philippe de Valois ne consentit à remettre en liberté le
- comte de Salisbury qu'à la condition qu'il jurerait de ne porter
- jamais les armes contre la France. Le comte sollicita la
- permission de faire ce serment, et Édouard la lui accorda par
- lettres datées du 20 mai 1342. Par conséquent, le comte de
- Salisbury ne put être de retour en Angleterre que vers le
- commencement du mois de juin au plus tôt. V. Rymer, _Fœdera_,
- vol. II, p. 1195.
-
-
-
-
-CHAPITRE XLVII.
-
- 1342. SIÉGE ET PRISE DE RENNES PAR CHARLES DE BLOIS.--SIÉGE
- D'HENNEBONT: DÉFENSE HÉROÏQUE DE JEANNE DE MONTFORT; LEVÉE DU
- SIÉGE PAR LES FRANÇAIS A LA SUITE DE L'ARRIVÉE DE GAUTIER DE
- MAUNY ET DES ANGLAIS[295] (§§ 162 à 169).
-
- [295] Cf. Jean le Bel, chap. LII à LVII, t. I, p. 277 à 295.
-
-
-Au printemps de 1342, les seigneurs français qui ont fait partie de
-l'expédition de Bretagne l'année précédente, reviennent à Nantes où
-Charles de Blois a passé l'hiver. La lutte est plus vive que jamais
-entre les deux partis qui se disputent la Bretagne. La comtesse de
-Montfort tient, comme on l'a dit plus haut, garnison dans Hennebont,
-mais elle a eu soin d'établir Guillaume de Cadoudal comme capitaine à
-Rennes et de pourvoir cette place d'artillerie et d'approvisionnements
-de toute sorte. L'armée de Charles de Blois, forte de six mille hommes
-d'armes et de douze mille soudoyers à lances et à pavois, met le siége
-devant Rennes. Ayton Doria et Charles Grimaldi commandent les
-arbalétriers génois. Rennes avait alors de grands faubourgs auxquels le
-capitaine de la ville est obligé de faire mettre le feu pour pourvoir
-aux nécessités de la défense. Les efforts des assiégeants, surtout des
-Génois et des Espagnols, très-nombreux dans l'armée de Charles de
-Blois, réduisent bientôt la garnison de Rennes à la situation la plus
-critique. P. 137 à 139, 347 à 349, 351, 352.
-
-La comtesse de Montfort, qui se tient enfermée dans Hennebont, envoie
-son fidèle Amauri de Clisson[296] demander du secours à Édouard III. Le
-roi anglais fait bon accueil au messager de Jeanne de Montfort et
-charge Gautier de Mauny de se rendre en Bretagne à la tête de trois
-cents lances et de deux mille archers d'élite pour porter secours à la
-comtesse. Amauri de Clisson, Gautier de Mauny et le corps d'auxiliaires
-anglais se mettent en mer et cinglent vers Hennebont; mais la flotte
-qui les porte, assaillie par les vents contraires, erre au gré des
-vents pendant plus de soixante jours avant de pouvoir aborder en
-Bretagne, et ce retard plonge Jeanne de Montfort dans une angoisse
-mortelle. P. 139 à 141, 350 à 354.
-
- [296] Le voyage d'Amauri de Clisson en Angleterre doit être peu
- antérieur au 10 mars 1342. Le 10 mars 1342, Édouard III ordonne
- une levée de cent hommes d'armes et de neuf cents _hobbiliers_
- (hommes d'armes de cavalerie légère, de _hobby_) en Irlande et
- charge Gautier de Mauny de prendre possession en son nom de
- toutes les forteresses de Bretagne qu'Amauri de Clisson, tuteur
- de l'héritier du duché, s'est engagé à lui remettre. Le roi
- d'Angleterre reconnaît par deux autres actes, datés aussi du 10
- mars 1342, que Gautier de Mauny a reçu d'Amauri de Clisson un
- subside de mille livres sterling et envoie en Bretagne, comme il
- a été convenu avec les messagers bretons, _de assensu nunciorum
- Britaniæ, ad nos in Angliam destinatorum_, des monnayeurs chargés
- de convertir la monnaie anglaise en monnaie bretonne. V. Rymer,
- _Fœdera_, vol. II, p. 1188 et 1189.
-
-Les bourgeois de Rennes, réduits au dernier degré de dénûment,
-manifestent l'intention de traiter avec les assiégeants; et comme
-Guillaume de Cadoudal, capitaine de la garnison, ne veut entendre
-parler d'aucun arrangement, ils le font mettre en prison. Ils traitent
-ensuite avec Charles de Blois et conviennent de lui rendre la ville à
-la condition que les partisans de Montfort auront la vie sauve et
-pourront aller où ils voudront. Cette reddition de Rennes a lieu au
-commencement de mai 1342. Guillaume de Cadoudal, à peine mis en
-liberté, accourt à Hennebont auprès de la comtesse de Montfort. P. 141,
-142, 355, 356.
-
-Une fois maître de Rennes, Charles de Blois assiége Hennebont[297] où
-Jeanne de Montfort s'est enfermée avec ses principaux partisans, Gui,
-évêque de Léon, oncle de Hervé de Léon, Yvon de Trésiguidy, le seigneur
-de Landerneau, le châtelain de Guingamp, Henri et Olivier de Spinefort.
-Jeanne de Montfort, armée de pied en cap, chevauche de rue en rue et
-exhorte ses gens à se bien défendre; à la voix de la comtesse, les
-dames de la ville elles-mêmes travaillent à défaire les chaussées et du
-haut des créneaux font pleuvoir des pierres ou versent des pots pleins
-de chaux vive sur les assiégeants. P. 142 à 144, 356 à 359.
-
- [297] Morbihan, arr. Lorient, sur le Blavet navigable en aval
- d'Hennebont pour les navires de moyenne grandeur. _Le 13 juin
- 1342_, «en noz tentes devant la ville de _Hambont_» Charles de
- Blois donne à Ayton Doire (Doria), damoiseau, en récompense de
- ses services dans la guerre de Bretagne, les châteaux de
- Châteaulin et de Brélidy et toute la terre confisquée sur Yvon de
- Trésiguidy pour crime de forfaiture. Arch. de l'Empire, JJ. 74,
- p. 685.
-
-Pendant un assaut, Jeanne de Montfort, qui observe l'action du haut
-d'une tour, s'aperçoit que l'ennemi est sorti en masse de ses
-campements et que presque tous les Français sont occupés à attaquer la
-ville. Aussitôt elle monte à cheval, se met à la tête de trois cents
-cavaliers, sort d'Hennebont par une fausse poterne et court mettre le
-feu aux tentes et logis des Français. Ceux-ci, à la vue de leur camp en
-flammes, quittent précipitamment l'assaut et tombent sur Jeanne de
-Montfort après avoir eu soin de lui couper la retraite. Se voyant
-poursuivie par Louis d'Espagne et ne pouvant rentrer dans Hennebont, la
-comtesse va se jeter à trois ou quatre lieues de là dans le château de
-Brech[298], mais les plus mal montés de ses hommes sont faits
-prisonniers par les Français. Cinq jours après cette affaire, Jeanne
-de Montfort part vers minuit de Brech avec cinq cents compagnons et
-rentre au lever du soleil dans sa bonne ville d'Hennebont, dont les
-habitants l'accueillent à son de trompe et avec des transports de joie.
-Les assiégeants livrent alors un nouvel assaut qui n'est pas plus
-heureux que les précédents. Ce que voyant, les Français prennent le
-parti de se diviser en deux corps d'armée. Charles de Blois, le comte
-Louis de Blois, son frère, le duc de Bourbon, Jacques de Bourbon,
-Robert Bertran, maréchal de France, les comtes d'Eu, de Guines et
-d'Auxerre, Charles de Montmorency, Gui de Chantemerle, Hervé de Léon,
-le seigneur d'Avaugour et partie des Génois et des Espagnols vont
-assiéger le château d'Auray, tandis que Louis d'Espagne, Ayton Doria,
-Charles Grimaldi et le restant des Espagnols et des Génois, le vicomte
-de Rohan, le comte de Joigny, les seigneurs d'Ancenis, de Tournemine,
-de Retz, de Rieux, de _Gargoule_ et le Galois de la Baume maintiennent
-le siége devant Hennebont avec l'aide de douze grands engins que l'on
-fait venir de Rennes. P. 144 à 147, 359 à 365.
-
- [298] Jean le Bel, dont Froissart reproduit ici le texte, appelle
- ce château _Brayt_ qu'on peut lire _Brayc_ à cause de la
- ressemblance du t et du c dans l'écriture du XIVe siècle: «elle
- s'en rala par une aultre voye droit au chastel de _Brayc qui
- estoit_ A QUATRE LIEUES _de là_.» (_Chronique de Jean le Bel_,
- éd. Polain, t. I, p. 284). Jean le Bel ajoute quelques lignes
- plus bas et Froissart répète que Jeanne de Montfort, partie à
- minuit de Brayc, rentra au point du jour à Hennebont. Aucune de
- ces circonstances ne convient à Brest qu'une distance de plus de
- trente lieues sépare d'Hennebont. Les anciens compagnons d'armes
- de Charles de Blois, de Jeanne de Montfort, de qui Jean le Bel et
- Froissart tenaient le récit de cette affaire, ont sans doute
- voulu désigner BRECH (Morbihan, arr. Lorient, c. Pluvigner),
- situé en effet à environ quatre lieues anciennes d'Hennebont, sur
- la voie romaine d'Hennebont à Vannes. Il appartient aux érudits
- qui ont fait une étude spéciale de la géographie féodale de la
- Bretagne, de nous dire, pour confirmer notre conjecture, s'il y
- avait à Brech un château fort au XIVe siècle.
-
-La garnison du château d'Auray[299] compte deux cents hommes en état de
-porter les armes sous les ordres de Henri et d'Olivier de Spinefort. A
-quatre lieues d'Auray, Vannes, qui tient aussi pour la comtesse de
-Montfort, a pour capitaine Geffroi de Malestroit. Dinan, situé d'un
-autre côté et fermé seulement de fossés et de palissades, en l'absence
-du châtelain de Guingamp, enfermé dans Hennebont avec Jeanne de
-Montfort, est confié à la garde de son fils Renaud de Guingamp. Le
-château de la Roche-Piriou[300] entre Vannes et Dinan est au comte de
-Blois, et la garnison qui se compose de Bourguignons a pour chefs
-Gérard de Mâlain[301] et Pierre Portebœuf. Cette garnison ravage et
-pille tout le pays des environs et fait des incursions tantôt du côté
-de Vannes, tantôt du côté de Dinan. Un jour que Gérard de Mâlain et
-vingt-cinq de ses compagnons ont fait main basse sur quatorze ou quinze
-marchands et se sont emparés de leurs marchandises, ils tombent à leur
-tour entre les mains de Renaud de Guingamp qui les fait prisonniers et
-les amène à Dinan. Cependant Louis d'Espagne redouble ses efforts pour
-emporter d'assaut Hennebont, et la détresse des assiégés, qui attendent
-en vain le retour d'Amauri de Clisson et l'arrivée des Anglais, est à
-son comble. A l'instigation de Gui, évêque de Léon, les défenseurs
-d'Hennebont consentent à traiter de la reddition de cette place
-moyennant certaines conditions stipulées entre l'évêque Gui[302] de
-Léon et son neveu Hervé de Léon rallié à Charles de Blois. Au moment
-où Hervé de Léon s'approche de la ville pour entrer en pourparlers avec
-les assiégés, la comtesse de Montfort regarde du côté de la mer par une
-petite lucarne du château; tout à coup elle voit flamboyer des voiles à
-l'horizon. Elle s'écrie alors à deux reprises avec des transports de
-joie: «Voici venir, Beau Dieu! le secours que j'ai tant désiré!» A ce
-cri, chacun se précipite aux fenêtres et aux créneaux; toute une flotte
-apparaît qui cingle à pleines voiles vers Hennebont: c'est Amauri de
-Clisson qui arrive enfin avec Gautier de Mauny et les Anglais au
-secours de la ville assiégée. P. 147 à 150, 365 à 372.
-
- [299] Morbihan, arr. Lorient.
-
- [300] Aujourd'hui hameau de la commune de Priziac, Morbihan, arr.
- Napoléonville, c. le Faouët. On lit dans le _Dictionnaire
- topographique du Morbihan_, par M. Rosenzweig, p. 236:
- «ROCHE-PIRIOU, vill. et moulin à eau sur le Pont-Rouge, comm. de
- Priziac; pont sur l'Ellée, reliant Priziac et
- Meslan.--Seigneurie.» L'identification du Rocheperiot de
- Froissart avec Roche-Piriou peut être faite avec certitude
- puisque le chroniqueur dit lui-même un peu plus loin (v. p. 164)
- que Rocheperiot ou Roceperiot est situé à moins d'une lieue du
- Faouët. Roche-Piriou était le chef-lieu d'une châtellenie qui
- dépendait de la grande seigneurie de Guémené, érigée en
- principauté en 1570. Le dernier jour de mai 1377, le vicomte de
- Rohan acquit de Jean de Longueval «les châteaux, châtellainies et
- terroers de Guemenetguinguant et de _la Rocheperriou_.» D.
- Morice, _Preuves de l'histoire de Bretagne_, t. II, p. 178. Un
- acte d'hommage de 1575 rendu par Louis de Rohan mentionne encore
- «l'aplacement de l'ancienne forteresse de son chasteau de la
- Roche-Periou.» (_Archives de Nantes_; note communiquée à M.
- Kervyn par M. Arthur de La Borderie.)
-
- [301] Mâlain, Côte-d'Or, arr. Dijon, c. Sombernon.
-
- [302] Entre Guillaume III, évêque en 1335 et Guillaume IV, évêque
- en 1349, l'éditeur du XIVe volume du _Gallia Christiana_ place
- Yvon III de Trésiguidy auquel il consacre l'article suivant: «Yvo
- sæculari militiæ primo nomen dederat et sub Joannis
- Montifortensis vexillis contra Carolum Blesensem pugnaverat.
- Dein, deposito gladio, sacris initiatus est creatusque Leonensis
- episcopus. Carolo Blesensi, susceptis infulis, amicus fuit anno
- 1342 apud Suaresium.» _Gallia Christiana_, t. XIV, ed. Hauréau,
- col. 978. Admis par M. Hauréau d'après Suarez, Yvon III de
- Trésiguidy est rejeté par Ogée qui ne propose d'ailleurs personne
- à sa place: «Quelques-uns donnent pour successeur à Pierre
- Bernard un Yves de Trésiguidy qui ne paraît pas admissible.»
- _Dict. hist. de Bretagne_, par Ogée, t. IV, p. 371. Enfin,
- d'après M. Kervyn (t. IV de son édition des Chroniques de
- Froissart, p. 436, en note), Gui de Léon aurait succédé comme
- évêque de Léon à Pierre de Guémené.
-
-Rassurés par ce renfort, les défenseurs d'Hennebont s'empressent de
-désavouer les démarches faites par Gui de Léon. Cet évêque, qui se sent
-compromis vis-à-vis de la comtesse, quitte la ville pour se rendre au
-camp de Louis d'Espagne et se rallier comme son neveu Hervé au parti de
-Charles de Blois. Le jour même de son arrivée à Hennebont, Gautier de
-Mauny fait une sortie contre les Français et parvient à détruire une
-machine qui faisait beaucoup de mal aux assiégés. Louis d'Espagne,
-voyant la ville d'Hennebont ainsi secourue et ravitaillée par les
-Anglais, désespère de prendre cette place et va rejoindre Charles de
-Blois devant Auray. P. 150 à 154, 372 à 378.
-
-
-
-
-CHAPITRE XLVIII.
-
- 1342. SIÉGE ET PRISE DE CONQUEST, DE DINAN, DE GUÉRANDE PAR LOUIS
- D'ESPAGNE, D'AURAY ET DE VANNES PAR CHARLES DE BLOIS[303] (§§ 170
- et 171).
-
- [303] Cf. Jean le Bel, chap. LVII, t. I, p. 295 à 299.
-
-
-Après la levée du siége d'Hennebont, Charles de Blois envoie Louis
-d'Espagne et ses gens assiéger la bonne ville de Dinan[304] qui
-n'avait alors pour enceinte que de l'eau et des palissades. Sur la
-route, Louis d'Espagne met le siége devant un petit et vieux château
-nommé _Conquest_[305] qui tient pour la comtesse de Montfort. Le
-capitaine est un chevalier de Lombardie[306] et la garnison se compose
-de Lombards et de Génois. Le château est emporté d'assaut et la
-garnison est massacrée excepté le capitaine qui est pris à rançon.
-Louis d'Espagne laisse _Conquest_ sous la garde d'un châtelain et de
-soixante hommes d'armes et continue sa route vers Dinan. P. 154, 155,
-378 à 381.
-
- [304] Cette mention d'un Dinan, voisin du Conquet, entouré
- seulement d'eau et de palissades, rapprochée d'un passage
- précédent où Froissart dit que la Roche-Piriou est à moitié
- chemin de Vannes et de Dinan, cette mention, dis-je, nous avait
- fait penser au premier abord que le Dinan dont il s'agit ici
- pouvait être identifié avec le petit port de Dinan situé sur
- l'anse du même nom au sud de la grande rade de Brest (aujourd'hui
- hameau de la commune de Crozon, Finistère, arr. Châteaulin). Mais
- à moins qu'on ne prouve que le Dinan du Finistère avait une
- certaine importance au XIVe siècle, il est plus naturel de
- supposer que Jean le Bel et Froissart ignoraient la véritable
- position du Dinan des Côtes-du-Nord.
-
- [305] Les circonstances du récit de Froissart ne permettent guère
- d'identifier _Conquest_ avec _le Conquet_, Finistère, arr. Brest,
- c. Saint-Renan. D'un autre côté, tous les historiens de la
- Bretagne racontent que le Conquet fut pris par les Français en
- 1341 et repris au commencement de 1342 par Gautier de Mauny. V.
- notamment le _Dictionnaire historique de Bretagne_, par Ogée, au
- mot _Conquet_. «Il n'est guère possible, dit Dacier à propos de
- ce passage, que Louis d'Espagne ait rencontré sur sa route, en
- allant d'Auray à Dinan qui est à l'orient, à une assez grande
- distance, le château du Conquet situé à la pointe occidentale de
- la Bretagne. Il n'est guère plus possible que Gautier de Mauny se
- soit transporté avec une troupe nombreuse en une matinée de
- Hennebont au Conquet près de Brest, c'est-à-dire, à plus de
- trente lieues, comme Froissart va le raconter. L'historien
- ignorait donc la position des lieux dont il a parlé, à moins
- qu'on ne suppose, ce qui n'est pas très-vraisemblable, qu'il
- existe un autre château du Conquet que celui que nous
- connaissons.» _Chroniques de Froissart_, éd. Dacier, p. 198. M.
- Kervyn de Lettenhove (t. IV, p. 438 de son édition) identifie
- _Conquest_ avec _Concoret_, Morbihan, arr. Ploërmel, c. Mauron.
- «Froissart, dit l'éditeur belge, a pu faire de Conquest
- Concoret.» Au point de vue phonétique, cette identification nous
- semble inadmissible.
-
- [306] Jean le Bel, d'après la lecture de M. Polain, appelle ce
- chevalier _Martin_ (v. t. I, p. 296); Froissart, dans ses
- rédactions 1re (v. p. 155) et 3e (v. p. 381) le nomme _Mansion_,
- et dans la 2e (v. p. 379) _Garsion_.
-
-Informée que Louis d'Espagne s'est arrêté devant _Conquest_, la
-comtesse de Montfort charge Gautier de Mauny de délivrer ce château et
-d'en faire lever le siége aux Français. Partis d'Hennebont le matin,
-Gautier de Mauny et les siens arrivent vers le soir[307] devant
-_Conquest_; ils reprennent le château pris la veille par les Français,
-le laissent vide et sans garde, car il n'est pas tenable, et retournent
-à Hennebont. P. 155, 156, 379 à 383.
-
- [307] Jean le Bel auquel Froissart a emprunté ce récit dit que
- Gautier de Mauny et ses compagnons arrivèrent au château de
- _Conquest_ «entre midi et nonne» _Chronique de Jean le Bel_, éd.
- Polain, t. I, p. 296.
-
-Louis d'Espagne investit Dinan et fait faire bateaux et nacelles pour
-assaillir cette place de toutes parts, par terre et par eau. Les
-bourgeois de Dinan prennent peur, car la place n'est pas forte et n'est
-fermée que de palissades; leur capitaine, Renaud de Guingamp, fils du
-châtelain de Guingamp, s'efforce en vain de les rassurer. Après quatre
-jours de siége, les assiégés se rendent aux Français et mettent à mort
-sur la place du marché Renaud de Guingamp qui s'oppose à cette
-reddition; Louis d'Espagne leur donne pour capitaines Gérard de Mâlain
-et Pierre Portebœuf trouvés prisonniers à Dinan. P. 156 et 157, 383 et
-384, 386 et 387.
-
-Louis d'Espagne, une fois maître de Dinan, se dirige vers une
-très-grosse ville située sur le flux de la mer qu'on appelle
-Guérande[308] et l'assiége par terre. Il trouve assez près de là, dans
-un havre[309] qui est un des plus fréquentés de Bretagne, un certain
-nombre de navires chargés de vins que des marchands de Poitou, de
-Saintonge et de la Rochelle, ont amenés pour les vendre. Louis
-d'Espagne fait main basse sur les cargaisons; il embarque sur les
-navires ses gens d'armes et partie des Espagnols et des Génois.
-Assaillie par terre et par mer, la ville de Guérande est emportée
-d'assaut, les habitants sont passés au fil de l'épée; cinq églises sont
-brûlées, mais Louis d'Espagne fait pendre vingt-quatre de ceux qui y
-ont mis le feu. Tout est livré au pillage, et l'on recueille un butin
-considérable, car Guérande est une ville grande, riche et marchande. P.
-156 et 157, 384, 387 et 388.
-
- [308] Guérande est à 5 kilomètres de l'Océan, mais cette ville
- n'étant séparée de la mer que par d'immenses marais salants, Jean
- le Bel et Froissart ont pu dire qu'elle est «sur mer» ou «sur le
- flun de le mer.»
-
- [309] Froissart veut sans doute désigner le golfe ou havre au sud
- duquel se trouve l'excellent port du Croisic.
-
-Tandis que Louis d'Espagne et Ayton Doria s'embarquent avec les
-Espagnols et les Génois sur les navires pris à Guérande, le vicomte de
-Rohan, l'évêque de Léon, Hervé de Léon son neveu vont rejoindre Charles
-de Blois devant Auray. A la nouvelle de l'arrivée de Gautier de Mauny
-et des Anglais, le roi de France a envoyé une foule de seigneurs
-grossir les rangs de l'armée de Bretagne, notamment Louis de Poitiers,
-comte de Valentinois, les comtes d'Auxerre, de Joigny, de Porcien, de
-Boulogne, les seigneurs de Beaujeu, de Châteauvillain, de Noyers,
-d'Anglure, de Catillon, d'Offémont, de Roye, d'Aubigny et Moreau de
-Fiennes. Malgré ce renfort, le château d'Auray n'est pas encore pris,
-mais ceux de dedans souffrent tellement de la famine, qu'à défaut
-d'autre nourriture, ils mangent en huit jours tous leurs chevaux. La
-plupart des gens d'armes de la garnison sont tués une nuit qu'ils
-tentent de se sauver à la dérobée en traversant les lignes des
-assiégeants. Toutefois, Henri et Olivier de Spinefort parviennent à
-s'échapper et vont droit à Hennebont. C'est ainsi que le château
-d'Auray est pris après dix semaines de siége. P. 158, 385, 388.
-
-Charles de Blois va assiéger la cité de Vannes dont Geffroi de
-Malestroit est capitaine pour la comtesse de Montfort. Le second jour
-du siége, des Bretons et autres soudoyers du parti de Montfort qui
-tiennent garnison au fort de Ploërmel viennent réveiller les Français.
-Deux chevaliers de Picardie qui font le guet cette nuit là, les
-seigneurs de Catillon et d'Aubigny, donnent l'éveil; les agresseurs
-sont enveloppés et tués ou mis en fuite. Ce même jour, les assiégeants
-s'emparent du bourg[310] situé au pied de la cité et du fort jusqu'aux
-barrières. Les bourgeois de Vannes prennent le parti de se rendre
-malgré les efforts de Geffroi de Malestroit qui s'enfuit Hennebont sous
-un déguisement. Charles de Blois passe cinq jours à Vannes, y laisse
-comme capitaines Hervé de Léon, Olivier de Clisson, et va assiéger
-Carhaix. P. 159, 160, 385 et 386.
-
- [310] Ce bourg situé au pied de la cité est ce qu'on appelle à
- Vannes la _ville basse_; la cité est la _ville haute_. Les
- lecteurs de Froissart remarqueront que dans la langue de ce
- chroniqueur le terme de _cité_ ne s'applique guère qu'aux villes
- _épiscopales_.
-
-
-
-
-CHAPITRE XLIX.
-
- 1342. DÉFAITE DE LOUIS D'ESPAGNE PRÈS DE QUIMPERLÉ; SIÉGE DE LA
- ROCHE-PIRIOU, DU FAOUËT, ET PRISE DE LA FOREST PAR GAUTIER DE
- MAUNY[311] (§§ 172 à 174).
-
- [311] Cf. Jean le Bel, chap. LVIII, t. I, p. 301 à 307.
-
-Louis d'Espagne et Ayton Doria s'embarquent avec un certain nombre de
-gens d'armes sur les navires pris à Guérande et vont ravager la
-Bretagne bretonnante, notamment les environs de Quimperlé, de
-Quimper-Corentin et de Saint-Mathieu[312]; ils font des descentes sur
-les côtes et courent tout ce pays dont ils entassent les dépouilles sur
-leurs navires. A cette nouvelle, Gautier de Mauny, qui se tient à
-Hennebont auprès de la comtesse de Montfort, prend la mer avec une
-flotte montée par cinq cents hommes d'armes et deux mille archers.
-Cette flotte parvient à joindre celle de Louis d'Espagne et d'Ayton
-Doria dans le havre de Quimperlé. Gautier de Mauny saisit l'instant où
-les Français sont descendus à terre pour piller le littoral, il fond à
-l'improviste sur leurs navires sans défense et les capture; puis il
-laisse sa flotte sous la garde de cent hommes d'armes et de trois cents
-archers, met pied à terre et marche à la rencontre de Louis d'Espagne.
-P. 160, 161, 392, 393, 388, 389.
-
- [312] Aujourd'hui hameau de la commune de Plougonvelin,
- Finistère, arr. Brest, c. Saint-Renan. La pointe de Saint-Mathieu
- où l'on voit les ruines de l'abbaye du même nom est l'un des
- trois promontoires les plus occidentaux de France: d'où le
- département où se trouvent ces promontoires a reçu le nom de
- Finistère. Saint-Mathieu-de-_Fine-Poterne_ est sans doute une
- corruption bizarre de l'ancien nom du hameau dont il s'agit:
- Saint-Mathieu-_Fin-de-Terre_.
-
-Gautier de Mauny et Louis d'Espagne se livrant un combat acharné aux
-environs de Quimperlé[313]. Gautier de Mauny a réparti ses gens en
-trois batailles. Louis d'Espagne met en déroute la première bataille
-dans un engagement où il fait chevalier son neveu Alphonse d'Espagne,
-mais il ne peut tenir tête malgré son courage aux deux autres batailles
-accourues au secours de la première et auxquelles les paysans des
-environs viennent prêter main forte; il est forcé de prendre la fuite
-après avoir perdu presque tous les siens, entre autres Alphonse son
-cher neveu: il se jette dans une grosse barque et se sauve à force de
-voiles avec quelques-uns de ses compagnons. Gautier de Mauny fait
-appareiller sa flotte en toute hâte et se met à la poursuite des
-fugitifs. Louis d'Espagne aborde à Redon au moment où ses ennemis sont
-sur le point de le ratteindre; il réussit à leur échapper en montant
-sur de petits chevaux qu'il emprunte et à l'aide desquels il gagne
-précipitamment la cité de Rennes voisine de Redon. Gautier de Mauny et
-les siens font voile de Redon pour revenir par mer à Hennebont, mais
-les vents contraires les forcent à prendre terre à trois lieues de
-Dinan[314] d'où ils vont assiéger la Roche-Piriou. Gérard de Mâlain,
-autrefois capitaine de ce château, est revenu depuis six jours y tenir
-garnison par l'ordre de Charles de Blois. Gautier de Mauny commande
-l'assaut, mais ceux de dedans repoussent les assaillants par le jet de
-pierres et de poutres, par le tir de leurs canons et de leurs arcs à
-tour. Deux chevaliers, Jean le Bouteiller et Hubert de Frenay, sont
-blessés en montant à l'assaut; on les porte dans un pré situé au pied
-du château et où sont déjà gisants un certain nombre d'autres blessés.
-P. 161 à 164, 393 à 396, 389 à 391.
-
- [313] La 2e rédaction dit: «en l'_ille de Camperli_.» Il n'y a
- pas, que nous sachions, d'île de Quimperlé. Froissart désigne
- peut-être ainsi la presqu'île formée par le confluent de l'Ellé
- et de l'Isole.
-
- [314] Ce passage emprunté par le chroniqueur de Valenciennes dans
- ses deux premières rédactions à Jean le Bel, fournit une nouvelle
- preuve que le chanoine de Liége ignorait complétement la
- véritable position de Dinan. Froissart a pris soin de faire
- disparaître cette erreur grossière dans sa troisième rédaction.
- D'après cette rédaction, Gautier de Mauny ne se mit point à la
- poursuite de Louis d'Espagne et revint tout droit à Hennebont
- d'où il alla assiéger la Roche-Piriou (v. p. 391 et 396), tandis
- que Louis d'Espagne, après une nuit de navigation, venait aborder
- «à _Grède_, au plus proçain port de Vennes et de Rennes.» Nous
- avons eu l'occasion de faire ressortir plus haut (p. XXXVI, note
- 1) l'importance de ces dernières lignes qui semblent indiquer que
- Froissart identifie _Grède_ ou _Gredo_ avec _Redon_.
-
-Renier de Mâlain, frère de Gérard, châtelain d'un autre petit fort
-appelé le Faouët[315] situé à moins d'une lieue de la Roche-Piriou,
-accourt avec quarante de ses compagnons pour porter secours à son
-frère; il trouve au pied du château assiégé Jean le Bouteiller, Hubert
-de Frenay et les autres hommes d'armes blessés du côté des assaillants
-étendus au milieu d'un pré; il n'a pas de peine à les faire prisonniers
-et revient les mettre sous bonne garde dans sa forteresse du Faouët.
-Indignés d'une si lâche surprise, Gautier de Mauny et Amauri de Clisson
-abandonnent la Roche-Piriou et viennent assiéger le Faouët pour
-délivrer leurs compagnons. Gérard de Mâlain veut alors rendre à son
-frère Renier service pour service; il monte à cheval, part une nuit de
-la Roche-Piriou et arrive un peu devant le jour à Dinan[316] où il
-implore le secours de Pierre Portebœuf, son bon compagnon, en faveur
-de son frère Renier. Il réussit à faire accueillir favorablement sa
-demande et ne tarde pas à revenir vers le Faouët avec un corps de six
-mille auxiliaires fournis par les bourgeois de Dinan. Gautier de Mauny,
-craignant de se trouver pris entre les gens d'armes amenés par Gérard
-de Mâlain, d'une part, et l'armée de Charles de Blois, de l'autre, lève
-le siége du Faouët. P. 164 à 166, 397 à 399, 401.
-
- [315] Morbihan, arr. Napoléonville, sur l'Ellé.
-
- [316] La distance entre la Roche-Piriou, à l'est du Morbihan, et
- Dinan, à l'ouest des Côtes-du-Nord, est beaucoup trop
- considérable pour que, même à cheval, on puisse faire le trajet
- en une nuit; mais, nous le répétons, Jean le Bel auquel ces
- détails sont empruntés, ne se faisait pas la moindre idée de la
- position exacte de Dinan.
-
-Avant de rentrer dans Hennebont, Gautier de Mauny met le siége devant
-le château de _Ghoy le Forest_[317]. Charles de Blois, à qui ce château
-s'est rendu quinze jours auparavant, y a maintenu comme capitaine Gui
-de _Ghoy_, auquel il a adjoint Hervé de Léon; mais ces deux chevaliers
-sont absents au moment où Gautier de Mauny se présente devant la
-forteresse confiée à leur garde: ils sont allés se joindre au gros de
-l'armée française qui assiége Carhaix. Gautier de Mauny profite de leur
-absence pour emporter d'assaut _Ghoy le Forest_, qui est un château
-merveilleusement fort; il passe la garnison au fil de l'épée, et
-revient après ce beau fait d'armes à Hennebont. P. 167, 168, 400 à 402.
-
- [317] On lit _Glay la Forest_ dans Jean le Bel (v. t. I, p. 306,
- éd. Polain). Ici encore Froissart a corrigé dans sa troisième
- rédaction une erreur géographique commise d'après Jean le Bel
- dans les deux rédactions précédentes. Dans celles-ci, en effet,
- notre chroniqueur disait que Gautier de Mauny avait trouvé Ghoy
- le Forest sur son chemin en revenant du Faouët à Hennebont, comme
- si Ghoy le Forest était placé entre ces deux localités (v. p.
- 166, 167 et 400). Froissart mieux informé a soin de faire
- remarquer dans la troisième rédaction que Gautier de Mauny se
- détourna du chemin d'Hennebont pour mettre le siége devant Ghoy
- le Forest: «Quant mesires Gautiers de Mauni et sa route se furent
- departi de Fauet, _il n'alèrent pas le droit cemin pour retourner
- à Hainbon, mais s'adrechièrent vers Goi le Forest_.» P. 401. Il
- est vrai que le chroniqueur retombe dans une autre erreur
- lorsqu'il ajoute que Gautier de Mauny, après avoir pris Goy la
- Forest, rentra ce jour même à Hennebont, à moins que _Goy_ ne
- soit une corruption du breton _Coët_ qu'on aura joint, par une
- sorte de tautologie assez fréquente dans les noms de lieu, à sa
- traduction française _la Forest_. Dans cette hypothèse,
- Goy-la-Forest pourrait désigner le château de Coët situé à 10
- kilomètres nord-est d'Hennebont dans la commune de Languidic,
- qui, d'après M. de La Borderie, si versé dans la géographie
- féodale de la Bretagne, était au moyen âge le chef-lieu d'une
- seigneurie investie du droit de haute justice.
-
-
-
-
-CHAPITRE L.
-
- 1342. SIÉGE ET OCCUPATION DE CARHAIX PAR CHARLES DE
- BLOIS.--SECOND SIÉGE D'HENNEBONT PAR LES FRANÇAIS, SIGNALÉ PAR UN
- MERVEILLEUX EXPLOIT DE GAUTIER DE MAUNY ET LEVÉE DE CE
- SIÉGE.--REDDITION DE JUGON A CHARLES DE BLOIS.--TRÊVE ENTRE LES
- BELLIGÉRANTS SUIVIE DU DÉPART DE JEANNE DE MONTFORT POUR
- L'ANGLETERRE[318] (§§ 175 à 180).
-
- [318] Cf. Jean le Bel, chap. LVIII à LX, t. I, p. 307 à 317.
-
-La comtesse de Montfort donne un grand dîner pour fêter le retour de
-Gautier de Mauny et de ses compagnons; elle prend plaisir à leur faire
-conter leurs exploits et leurs aventures.--Gérard de Mâlain, informé
-que les Anglais ont pris _Ghoy le Forest_ et l'ont laissé sans garde,
-fait réparer ce château par les paysans des environs, a soin de le
-pourvoir de vivres ainsi que d'artillerie et y met bonne garnison. P.
-168, 169, 402.
-
-Pendant ce temps, Charles de Blois maintient toujours le siége devant
-Carhaix[319]. Les assiégés appellent en vain à deux ou trois reprises
-Jeanne de Montfort à leur aide. Désespérée de son impuissance, la
-comtesse envoie des messagers en Angleterre et les charge d'informer
-Édouard III, son allié, de la détresse où elle se trouve réduite après
-la prise de Rennes, de Vannes et de plusieurs autres places par Charles
-de Blois; elle conjure le roi d'Angleterre d'expédier en Bretagne de
-nouveaux secours, sans quoi elle ne répond pas de l'avenir.--Sur ces
-entrefaites, les habitants de Carhaix, pressés par la famine et se
-voyant abandonnés à leurs seules forces par la comtesse de Montfort,
-prennent le parti de se rendre et font leur soumission à Charles de
-Blois. P. 169, 170, 402, 403.
-
- [319] Finistère, arr. Châteaulin.
-
-Après la reddition de Carhaix, Charles de Blois va mettre une seconde
-fois le siége devant Hennebont, il investit la ville et le château
-défendu par l'élite de la chevalerie bretonne et anglaise. Le quatrième
-jour du siége, Louis d'Espagne vient se joindre aux assiégeants après
-être resté six semaines à Rennes pour la guérison de ses blessures. Du
-reste, ce n'est pas le seul renfort que reçoit Charles de Blois. Tous
-les jours il voit arriver à son camp des chevaliers de France qui,
-revenant de guerroyer avec le roi Alphonse d'Espagne contre les
-Sarrasins de Grenade et apprenant à leur passage en Poitou qu'il y a
-guerre en Bretagne, accourent y prendre part. Charles de Blois fait
-dresser seize grandes machines qui lancent d'énormes pierres contre les
-murailles d'Hennebont et dans l'intérieur de la ville. Les assiégés
-n'en ont cure; du haut des remparts ils essuient par bravade la face
-extérieure des créneaux avec leurs chaperons. «Allez donc, crient-ils
-aux assiégeants, allez donc chercher vos compagnons qui se reposent au
-camp de Quimperlé!» P. 170, 171, 403, 404.
-
-Louis d'Espagne, qui veut tirer vengeance de la mort de son neveu
-Alphonse tué à Quimperlé, se fait délivrer par Charles de Blois, Jean
-le Bouteiller et Hubert de Frenay, deux des compagnons de Gautier de
-Mauny, qui au retour de l'expédition de Quimperlé ont été faits
-prisonniers devant la Roche-Piriou par Renier de Mâlain et enfermés au
-Faouët; puis, malgré les instances de Charles et des autres seigneurs
-français, il déclare, une fois que les deux prisonniers sont entre ses
-mains, qu'il les va mettre à mort. Gautier de Mauny, informé par ses
-espions du sort cruel réservé à ses deux compagnons d'armes, entreprend
-de les arracher au péril qui les menace. Tandis qu'Amauri de Clisson,
-en s'avançant vers l'heure du dîner jusque sur le bord des fossés avec
-trois cents armures de fer et mille archers, fait sortir les
-assiégeants en masse de leurs campements et les occupe à des
-escarmouches, Gautier de Mauny sort d'Hennebont par une poterne avec
-cent ou deux cents compagnons d'élite et cinq cents archers à cheval,
-gagne par un chemin détourné le camp français où il n'est resté que des
-valets, se fait conduire par ses espions droit à la tente où l'on garde
-les deux prisonniers, les délivre et rentre avec eux dans Hennebont. En
-revanche, deux chevaliers de la garnison, le seigneur de Landerneau et
-le châtelain de Guingamp sont pris dans une sortie par les assiégeants
-et se soumettent le soir même à Charles de Blois. P. 171 à 177, 404 à
-409, 411.
-
-Cependant le siége d'Hennebont ne fait aucun progrès. Le château est
-très-fort, et la garnison, aussi nombreuse qu'aguerrie, peut se
-ravitailler tous les jours par mer. D'un autre côté, l'hiver approche:
-on est entre la Saint-Remy (1er octobre) et la Toussaint (1er
-novembre); et le pays des environs a été tellement ravagé que les
-assiégeants ne savent plus où trouver vivres ni fourrages. Toutes ces
-raisons déterminent Charles de Blois à donner congé au gros de son
-armée, et le siége d'Hennebont est levé vers la Saint-Luc (18 octobre).
-La plupart des seigneurs de France retournent chez eux, et Charles de
-Blois avec les gens d'armes qui lui restent prend ses quartiers[320]
-d'hiver à Carhaix. P. 176 à 178, 409 à 412.
-
- [320] Froissart, en supposant ici l'année 1342 près de finir,
- semble placer en 1343 les faits dont le récit va suivre, par
- exemple, l'arrivée de Robert d'Artois, puis celle d'Édouard III
- en Bretagne, tandis qu'en réalité ces événements appartiennent à
- l'année 1342.
-
-Sur ces entrefaites, un riche bourgeois et un grand marchand de
-Jugon[321], qui fait tous les approvisionnements de la comtesse de
-Montfort, tombe entre les mains de Robert de Beaumanoir, maréchal de
-l'armée de Charles de Blois. Ce bourgeois, pour sauver sa vie et
-recouvrer sa liberté, s'engage à livrer Jugon aux Français. Charles de
-Blois laisse une partie de ses gens à Carhaix sous les ordres de Louis
-d'Espagne, et vient en personne avec cinq cents lances à Jugon, dont le
-bourgeois qui est de sa connivence lui ouvre à minuit les portes. La
-ville une fois prise, le château lui-même finit, après quelque
-résistance, par se rendre au vainqueur. Gérard de Rochefort est
-maintenu comme capitaine de la garnison par Charles de Blois qui
-retourne à Carhaix. Bientôt, par les soins d'Yvon de Trésiguidy, au nom
-de la comtesse de Montfort, et de Robert de Beaumanoir, au nom de
-Charles de Blois, une trêve est conclue entre les belligérants qui doit
-durer jusqu'à la mi-mai[322] 1343. Aussitôt après la conclusion de
-cette trêve, la comtesse de Montfort s'embarque à Hennebont et se rend
-en Angleterre auprès d'Édouard III, tandis que Charles de Blois vient à
-Paris faire visite au roi Philippe de Valois, son oncle. P. 178 à 181,
-412 à 417.
-
- [321] Côtes-du-Nord, arr. Dinan. Il ne reste rien aujourd'hui de
- la redoutable forteresse qui avait donné lieu au proverbe:
-
- Qui a Bretagne sans Jugon
- A chape sans chaperon.
-
- [322] On ne trouve ni dans le recueil de Rymer ni ailleurs aucune
- mention d'une trêve qui aurait été conclue à cette date entre
- Charles de Blois et la comtesse de Montfort. Froissart veut
- peut-être parler, ainsi que Dacier l'a supposé, de l'armistice
- arrêté entre les deux parties au commencement de cette année 1342
- pour durer jusqu'au retour de la belle saison. V. _Hist. de
- Bretagne_, par dom Morice, t. I, p. 254.
-
-
-
-
-CHRONIQUES
-
-DE J. FROISSART.
-
-
-
-
-LIVRE PREMIER
-
- § 99. Quant li rois de France eut oy recorder comment
- li Haynuier avoient ars ens ou pays de Tierasse,
- pris et occis ses chevaliers, et destruit le bonne ville
- de Aubenton, saciés que il ne prist mies ceste cose
- en gré, mais commanda à son fil le duch de Normendie 5
- que il mesist une grosse chevaucie sus, et
- s'en venist en Haynau, et sans deport atournast tel
- le pays que jamais ne fust recouvret. Et li dus respondi
- qu'il le feroit volentiers. Encores ordonna li
- rois de France le conte de [Lille[323]], gascon qui se tenoit 10
- adonc à Paris dalés lui et que moult amoit, que il
- mesist sus une grosse chevaucie de gens d'armes, et
- s'en alast en Gascongne et y chevauçast, comme lieutenans
- dou roy de France, et guerriast durement et
- radement Bourdiaus et Bourdelois et toutes les forterèces
- qui là se tenoient pour le roi d'Engleterre. Li
- contes dessus dis obey au commandement dou roy
- et se parti de Paris, et fist son mandement à Thoulouse
- à estre à closes Paskes, li quelz mandemens fu 5
- tenus, ensi que vous orés chà en apriès, quant tamps
- et lieus sera. Encores renforça grandement li rois de
- France l'armée qu'il tenoit sus mer et le grosse armée
- des escumeurs. Et manda à monsigneur Hue
- Kieret et à Barbevaires, et as aultres chapitainnes, 10
- qu'il fuissent songneus de yaus tenir sus les mètes
- de Flandres, et que nullement il ne laiassent le roy
- d'Engleterre rapasser ne prendre port en Flandres;
- et se par leur coupe en demoroit, il les feroit morir
- de male mort. 15
-
- [323] Ms. A8, fo 49.--Mss. B1, 3, 4, fo 71 vo: «Laille».
-
- Avoech tout ce, vous avés bien oy recorder comment
- de nouviel li Flamench s'estoient alloiiet, par
- saiellet, avoecques le roi d'Engleterre, et li avoient
- juret à lui aidier à poursievir sa guerre, et li avoient
- fait encargier les armes de France, et li avoient fait 20
- hommage de tout ce dont tenu estoient au roy de
- France, et li fisent encores prendre title et nom de
- roy de France; et cils rois les avoit absols et quittés
- de une grande somme de florins dont obligiet il estoient
- de jadis et loiiet au roy de France. Dont il 25
- avint que, quant li rois Phelippes oy ces nouvelles,
- se ne li pleurent mies bien, tant pour ce qu'il avoient
- fait hommage à son adversaire, que pour ce que li
- rois englès, comme rois de France, les avoit quittés
- de le somme et de l'obligation, ce que nullement il 30
- ne pooit faire. De quoi encores, pour yaus retraire,
- il leur manda par un prelat, sus l'ombre dou pape,
- qu'il tenissent ferme et estable leur sierement; autrement,
- il jetteroit une sentense entre yaus; non obstant
- ce et le petite et foible information qu'il avoient
- eu, se il se voloient recognoistre et retourner à lui et à
- le couronne de France, et relenquir le roi d'Engleterre 5
- qui enchanté les avoit, il leur pardonroit son
- mautalent et leur quitteroit la ditte somme, et leur
- donroit et saieleroit pluiseurs belles francises en son
- royaume. Li Flamench n'eurent mies adonc conseil
- ne acord de ce faire, et respondirent qu'il se tenoient 10
- bien pour absols et pour quittes de tout ce où obligiet
- estoient, tant c'au roi de France. Et quant li rois
- de France vei qu'il n'en aroit aultre cose, si s'en
- complaindi au pape Clement VIe qui regnoit pour le
- temps, li quelz papes jetta une sentense et un escumeniement 15
- en Flandres si horrible et si grant que il
- n'estoit nulz prestres qui y volsist celebrer ne faire
- le divin offisce. De quoi li Flamench furent moult
- courouchiet; et en envoiièrent complaintes grandes
- et grosses au roi englès, li quelz, pour yaus apaisier, 20
- leur manda que de ce il ne fuissent noient effraet.
- Car, la première fois qu'il rapasseroit, il lor menroit
- des prestres de son pays qui chanteroient messe en
- Flandres, volsist li papes ou non, car il est bien privilegiiés
- de ce faire. Parmi tant s'apaisièrent li Flamench. 25
-
-
- § 100. Quant li rois de France vei que, par nulle
- voie ne pourkas qu'il [sceust[324]] faire ne moustrer, il
- ne poroit ratraire les Flamens ne oster de leur oppinion,
- si commanda à chiaus qu'il tenoit en garnison,
- de Tournay, de Lille, de Douay et des chastiaus voisins,
- que il fesissent guerre as Flamens, et courussent
- en leur pays et sans deport. Dont il avint que
- messires Mahieus de Roie, qui pour le temps se tenoit 5
- dedens Tournay, et messires Mahieus de Trie,
- mareschaus de France, avoech monsigneur Godemar
- dou Fay et pluiseur aultre, misent une chevaucie sus
- de mille armeures de fier, tous bien montés, et trois
- cens arbalestriers, tant de Tournay, de Lille que de 10
- Douay, et se partirent de le cité de Tournay un soir
- apriès souper, et chevaucièrent tant que sus le point
- dou jour il vinrent devant Courtrai, et accueillièrent,
- devant soleil levant, toute le proie de là environ.
- Et coururent li coureur jusques as portes, et occirent 15
- et mehagnièrent aucuns hommes qu'il trouvèrent
- ens ès fourbours, et puis s'en retournèrent arrière
- sans damage. Et prisent ces gens d'armes leur tour
- deviers le rivière dou Lis et devers le Warneston, en
- accueillant et en menant devant yaus toute le proie 20
- qu'il trouvèrent et encontrèrent; et ramenèrent ce
- jour en le cité de Tournay plus de dix mille blanches
- bestes, et bien otant que pors, que bues, que
- vaches, dont il eurent grant pourfit et grant butin.
- Et en fu la ditte cités bien pourveue et rafreschie un 25
- grant temps et largement avitaillie.
-
- [324] Mss. B3, 4, fo 47.--Ms. B1, fo 72 vo: «sceuissent.»
-
- Ces nouvelles, qui ne furent mies trop plaisans
- pour les Flamens, s'espandirent parmi Flandres. Si
- en fu durement li pays esmeus et tourblés. Et en 30
- vinrent les complaintes à Jakemon d'Artevelle qui se
- tenoit à Gand. Pour quoi li dis d'Artevelles fu durement
- courouciés, et dist et jura que ceste fourfaiture
- seroit amendée ou pays de Tournesis. Si fist son
- mandement par tout, et commanda parmi les bonnes
- villes de Flandres que tout vuidassent et fuissent,
- à un certain jour qu'il y assigna, avoecques lui, devant
- le cité de Tournay; et escrisi au conte de Sallebrin 5
- et au conte de Sufforch, qui se tenoient en
- garnison en le ville de Ippre, qu'il se traissent de
- celle part. Et encores pour mieus moustrer que la
- besongne estoit sienne et qu'elle li touchoit, il se
- parti de Gand moult estoffeement, et s'en vint entre 10
- le ville d'Audenarde et de Tournay, sus un certain
- pas que on dist au Pont de Fier; et se loga là, attendans
- les dessus dis contes d'Engleterre et ossi
- chiaus dou Franch de Bruges.
-
-
- § 101. Quant li doi conte d'Engleterre dessus 15
- nommet entendirent ces nouvelles, si ne veurent
- mies pour leur honneur delaiier; ains renvoiièrent
- tantost devers d'Artevelle, en disant que il seroient
- là au jour qui assignés y estoit. Sur ce il se partirent
- assés briefment de le ville d'Ippre, environ cinquante 20
- lances et quarante arbalestriers, et se misent au chemin
- pour venir là où d'Artevelles les attendoit. Ensi
- qu'il chevauçoient et qu'il leur couvenoit passer au
- dehors de le ville de Lille, leur venue fu seue en la
- ditte ville. Dont s'armèrent secretement cil de le ville 25
- de Lille, et se partirent de lor ville bien quinze cens,
- à piet, à cheval, et se misent et establirent en trois
- agais, afin que cil ne les peuissent mies escaper. Et
- vinrent li pluiseur et li plus certain sus un pas, entre
- haies et buissons, et là s'embuschièrent. 30
-
- Or chevauçoient adonc cil doi conte englès et
- leur route, sus le guiement monsigneur Wafflart de
- le Crois, qui un grant temps avoit guerriiet chiaus
- de Lille, et encores guerrioit, quant il pooit; et s'estoit
- tenus celle saison à Ippre, pour yaulz mieus
- guerriier, et se faisoit fors que d'yaus mener sans peril, 5
- car il savoit toutes les adrèces et les torses voies.
- Et encores en fust il bien venus à chief, se cil de
- Lille n'euissent fait au dehors de leur ville un grant
- trencheis nouvellement, qui n'estoit mies acoustumés
- d'estre. Et quant cilz messires Wafflars les eut 10
- amenés jusques à là, et il vei que on leur avoit
- copet le voie, si fu tous esbahis et dist as contes
- d'Engleterre: «Mi signeur, nous ne poons nullement
- passer le chemin que nous alons, sans nous
- mettre en grant dangier et ou peril de chiaus de Lille. 15
- Pour quoi, je conseille que nous retournons et prendons
- ailleurs nostre chemin.» Adonc respondirent
- li baron d'Engleterre: «Messire Wafflart, jà n'avenra
- que nous issons de nostre chemin pour chiaus
- de Lille. Chevauciés toutdis avant, car nous avons 20
- acertefiiet d'Artevelle que nous serons ce jour, à
- quèle heure que soit, là où il est.» Lors chevaucièrent
- li Englès sans nul esmay. Et quant messires Wafflars
- vei que c'estoit acertes, et que il ne pooit estre creus
- ne oys, si fist son marchiet tout avant et dist: «Biau 25
- signeur, voirs est que pour gide et conduiseur en ce
- voiage vous m'avés pris, et que tout cel yvier je me
- sui tenus avoecques vous en Ippre, et me loe de
- vostre compagnie et de vous grandement. Mais toutes
- fois, se il avient que cil de Lille sallent ne issent 30
- hors contre nous ne sur nous, n'aiiés nulle fiance
- que je les doie attendre, mès me sauverai au plus
- tost que je porai. Car se j'estoie pris ne arrestés par
- aucun kas de fortune, ce seroit sus ma tieste que j'ai
- plus chier que vostre compagnie.»
-
- Adonc commenchièrent li chevalier à rire, et disent
- à monsigneur Wafflart qu'il le tenoient bien 5
- pour escuset. Tout ensi qu'il l'imagina en avint, car
- il ne se donnèrent de garde; si se boutèrent en l'embusce,
- qui estoit grande et forte, et bien pourveue
- de gens d'armes et d'arbalestriers, qui les escriièrent
- tantost: «Avant, avant, par chi ne poés vous passer 10
- sans no congiet.» Lors commencièrent il à traire
- et à lancier sus les Englès et leur route. Et si tretost
- que messires Waufflars en vei la manière, il n'eut
- cure de chevaucier plus avant, mès retourna au plus
- tost qu'il peut, et se bouta hors de le presse et se 15
- sauva, et ne fu mies pris à celle fois. Et li doi signeur
- d'Engleterre, messires Guillaumes de Montagut,
- contes de Sallebrin, et li contes de Sufforch escheirent
- en le main de leurs ennemis, et furent
- mieulz pris c'à le roit, car il furent embuschiet en 20
- un chemin estroit, entre haies et espines et fossés à
- tous lés, si fort et par tel manière qu'il ne se pooient
- ravoir ne retourner, ne monter, ne prendre les camps.
- Toutes fois, quant il veirent le mesaventure, il descendirent
- tout à piet et se deffendirent ce qu'il peurent, 25
- et en navrèrent et mehagnièrent assés de chiaus
- de le ville. Mais finablement leur deffense ne vali
- noient, car gens d'armes frès et nouviaus croissoient
- toutdis sus yaus. Là furent il pris et rançonné de
- force, et uns escuiers jones, de Limozin, neveus dou 30
- pape Clement, qui s'appelloit Raymons; mais depuis
- qu'il fu creantés prisons, fu il occis pour le couvoitise
- de ses belles armeures, dont moult de bonnes
- gens en furent courouciet.
-
- Ensi furent pris et retenu li doi conte d'Engleterre
- et mis en la halle de Lille en prison, et depuis
- envoiiet en France par devers le roy Phelippe, qui 5
- en eut grant joie et en seut grant gret à chiaus de
- Lille. Et dist adonc li dis rois et prommist à chiaus
- de le ville de Lille qu'il leur seroit guerredonné
- grandement, car il li avoient fait un biau service. Et
- quant Jakemars d'Artevelle, qui se tenoit au Pont de 10
- Fier, en seut nouvelles, si en fu durement courouciés,
- et brisa pour ceste avenue son pourpos et sen
- emprise, et donna ses Flamens congiet, et s'en retourna
- en le ville de Gand.
-
-
- § 102. Nous retourrons, car la matère le requiert, 15
- as guerres de Haynau et à le contrevengance que li
- rois de France y fist prendre par le duch Jehan
- de Normendie, son ainsnet fil. Li dus, au commandement
- et ordenance dou roy son père, fist son especial
- mandement à estre à Saint Quentin et là environ, 20
- et se parti de Paris environ Paskes, l'an mil
- trois cens et quarante, et vint à Saint Quentin. Là
- estoient avoech lui li dus d'Athènes, li contes de
- Flandres, li contes d'Auçoirre, li contes de Sansoirre,
- li contes Raoulz d'Eu connestables de France, 25
- li contes de Porsiien, li contes de Roussi, li contes
- de Brainne, li contes de Grantpret, li sires de Couci
- et grant fuison de noble chevalerie de Normendie et
- des basses marces. Quant il furent tout assamblé à
- Saint Quentin ou là environ, si fu regardé par le 30
- connestable, le conte de Ghines et les mareschaus
- de France, monsigneur Robert Bertran et monsigneur
- Mahieu de Trie, quel nombre de gens d'armes
- il pooient estre; si trouvèrent qu'i(l) estoient bien
- six mille armeures de fier, chevaliers et escuiers, et
- bien huit mille, que brigans, que bidaus, que aultres 5
- gens poursievant l'ost. C'estoit assés, si com il
- disoient entre yaus, pour combatre le conte de Haynau
- et toute se poissance. Si se misent as camps par
- l'ordenance des mareschaus, et se partirent tout de
- Saint Quentin, et s'arroutèrent devers le Chastiel en 10
- Chambresis, et passèrent dehors Bohain, et chevaucièrent
- tant qu'il passèrent le Chastiel en Chambresis.
- Et s'en vinrent logier li dus de Normendie et
- toute son host en le ville de Montais sus le rivière
- de Selles. Or vous dirai une grant apertise d'armes 15
- que messires Gerars de Werchin, seneschaus de Haynau
- pour le temps, fist et entreprist, laquèle doit
- bien estre recordée et tenue à grant proèce.
-
-
- § 103. Li seneschaus de Haynau dessus nommés
- sceut bien par ses espies que li dus de Normendie 20
- estoit logiés à Saint Quentin, et que ses gens manechoient
- durement le pays de Haynau. Avoech tout
- ce, il sceut l'eure et le venue dou dit duch, qui estoit
- arrestés à Montais, dehors le forterèce dou Chastiel
- en Chambresis. Si s'avisa en soi meismes, comme 25
- preus chevaliers et entreprendans, qu'il iroit le duch
- escarmuchier et resvillier. Si pria aucuns chevaliers
- et escuiers, ce qu'il en peut trouver dalés lui, que il
- volsissent aler où il les menroit, et il li eurent en
- couvent. Si se parti de son chastiel de Wercin, environ 30
- soixante lances en se compagnie tant seulement.
- Et chevaucièrent depuis soleil esconsant, et fisent
- tant que il vinrent à Forès, à l'issue de Haynau,
- et à une petite liewe de Montais; et pooit estre environ
- jour falli. Si tretost qu'il eurent chevauciet
- oultre le ville de Forès, il fist toutes ses gens arrester 5
- en mi uns camps, et leur fist restraindre leurs armeures
- et recengler leurs chevaus, et puis leur dist
- se pensée et che qu'il voloit faire. Et il en furent
- tout joiant, et li disent qu'il s'enventuroient volentiers
- avoecques lui, et ne le faurroient jusques au 10
- morir, et il leur dist grant mercis. Avoecques lui estoient:
- des chevaliers, messires Jakemes dou Sart,
- messires Henris de Husphalize, messires Oliphars de
- Ghistelles, messires Jehan dou Chastelet, li sires de
- Vertain, li sires de Fontenoit et li sires de Wargni; 15
- et des escuiers, Gilles et Thieris de Sommaing, Bauduins
- de Biaufort, Colebiers de Braille, Moriaus de
- Lestines, Sandrars d'Esquarmain, Jehans de Robersart,
- Bridoulz de Thians et pluiseur aultre. Puis chevaucièrent
- tout quoiement, et vinrent à Montais et 20
- se boutèrent en le ville. Et ne faisoient li François
- point de gait.
-
- Et descendirent premierement li seneschaus et tout
- li compagnon devant un grant hostel où il cuidoient
- certainnement que li dus de Normendie fust, mais il 25
- estoit un aultre hostel avant. Et laiens estoient logiet
- doi grant signeur de Normendie, li sires de Bailluel
- et li sires de [Briauté[325]]. Si furent assalli vistement,
- et li porte de leur hostel boutée oultre. Quant li doi
- chevalier se veirent ensi souspris et oïrent crier: 30
- «Haynau au senescal!», si furent moult esbahi.
- Nompourquant il se misent à deffense, ce qu'il peurent;
- mès li sires de Bailluel fu là occis, dont ce fu
- damages, et li sires de [Briauté] fianciés prisons dou
- dit seneschal, et eut couvent sus se loyauté de venir 5
- dedens trois jours tenir prison en Valenchiènes. Dont
- se commenchièrent François à estourmir et à widier
- leurs hostels, et à alumer grans feus et tortis, et à
- resvillier l'un l'autre. Meismement on resvilla le dit
- duch de Normendie, et le fist on armer en grant 10
- haste, et aporter sa banière devant son hostel et desveloper.
- Là se traioient toutes gens d'armes de leur
- costé. Quant li Haynuier perchurent les François ensi
- estourmis, si ne veurent plus demorer, mais se retrairent
- bellement et sagement devers leurs chevaus; 15
- et montèrent sus et se partirent, quant il se furent
- remis ensamble; et en menèrent jusques à dix ou
- douze bons prisonniers; et retournèrent sans damage,
- car point ne furent poursievi, pour tant qu'il faisoit
- brun et tart; et vinrent, environ l'aube crevant, 20
- au Kesnoi. Là se reposèrent il et rafreschirent, et
- puis vinrent à Valenchiennes.
-
- [325] Ms. B4, fo 50.--Ms. B1, fo 74 vo: «Brianté.»
-
- Or parlerons dou duch de Normendie, qui moult
- courouchiés estoit dou despit que li Haynuier li
- avoient fait. Si commanda au matin à deslogier et à 25
- entrer en Haynau, pour tout ardoir sans deport.
- Dont s'arroutèrent li charoi, et chevaucièrent li signeur,
- li coureur premiers qui estoient bien deux
- cens lances. Et en estoient chapitainne messires Thiebaus
- de Moruel, li Gallois de le Baume, li sires de
- Mirepois, li sires de Rainneval, li sires de Saint Pi,
- messires Jehans de Landas, li sires d'Astices, li sires 30
- de Hangès et li sires de Cramelles. Apriès chevauçoient
- li doi mareschal de France en grant route,
- messires Robers Bertrans et messires Mahieus de
- Trie; et estoient bien cinq cens lances; et puis li
- dus de Normendie avoech grant fuison de contes, de 5
- barons et de tous aultres chevaliers. Si entrèrent li
- dit coureur en Haynau et ardirent Forest, Vertain,
- Vertigneul, Esquarmain, Vendegies ou Bos, Vendegies
- sus Escallon, Bermerain, Calaumes, Senlèces et
- les fourbours dou Kesnoi, et se logièrent sus le rivière 10
- d'Uintiel. A l'endemain, il passèrent oultre et
- ardirent Oursineval, Villers en le Cauchie, Gommegnies,
- Marech, Pois, Presiel, Anfroipret, Preus, Le
- Frasnoit, Obies et le bonne ville de Bavai et tout le
- pays jusques à le rivière de Honniel. Et eut ce second 15
- jour grant assaut et escarmuce au chastiel de
- Werchin de le bataille des mareschaus, mès noient n'i
- fisent, car il fu bien gardés et bien deffendus. Et s'en
- vint li dus de Normendie logier sus le rivière de
- Selles entre Haussi et Sausoir. Or vous parlerons dou 20
- signeur de Faukemont, qui fu uns moult rades chevaliers,
- d'une grant apertise d'armes qu'il fist.
-
-
- § 104. Messires Walerans, sires de Fauquemont,
- estoit chapitainne et gardiiens de le ville de Maubuege,
- et bien cent lances d'Alemans et de Haynuiers 25
- avoecques lui. Quant il sceut que li François chevauçoient,
- qui ardoient le pays, et ooit les povres
- gens criier et plorer et plaindre le leur, si en eut
- grant pité, si s'arma et fist ses gens armer, et recommanda
- le ville de Maubuege au signeur de Biaurieu 30
- et au signeur de Montegni, et dist à ses gens qu'il
- avoit très grant desir de trouver les François. Si chevauça
- ce jour, toutdis costiant les bois et le forest de
- Mourmail. Quant ce vint sus le soir, il aprist et entendi
- que li dus de Normendie et toute sen host estoient
- logiet sus le rivière de Selles, assés priès de 5
- Haussi. De che fu il tous joians et dist briefment qu'il
- les iroit resvillier. Si chevauça ceste vesprée tout sagement,
- et environ mienuit il passa le ditte rivière à
- gués, et toute se route. Quant il furent oultre, ilz rechenglèrent
- leurs chevaus et se remisent à point, et 10
- puis chevaucièrent tout souef jusques adonc qu'il
- vinrent au logeis dou duch. Quant il deurent approcier,
- ilz ferirent chevaus des esporons tout d'un randon,
- et se plantèrent en l'ost le duch en escriant:
- «Faukemont! Faukemont!», et commencièrent à 15
- coper cordes, et à ruer jus et à abatre tentes et pavillons
- par terre, et à occire et à decoper gens, et
- d'yaus mettre en grant meschief. Li hos se commença
- à estourmir, et toutes gens à armer et à traire
- celle part là où la noise et li hustins estoit. Quant li 20
- sires de Faukemont vei que poins fu, il se retray arrière.
- Et en retraiant ses gens tout sagement fu mors,
- de(s) François, li sires de Pikegni pikart, et fianciés
- prisons li viscontes de Kesnes et li Borgnes de Rouvroi,
- et durement blechiés messires Antones de 25
- Kodun. Quant li sires de Faukemont eut fait sen emprise,
- et il vei que temps fu, et que li hos s'estourmissoit,
- il se parti et toutes ses gens; et rapassèrent
- le rivière de Selles sans damage, car point ne furent
- poursievi. Et chevaucièrent depuis tout bellement, 30
- et vinrent d'environ soleil levant au Kesnoi où li
- mareschaus de Haynau se tenoit, messires Thieris de
- Walecourt, qui leur ouvri le porte et les rechut liement.
-
- Et li dus de Normendie fu moult courouciés de
- ses gens que on avoit occis et blechiés et fianchiés
- prisons et dist: «Agar comment cil Haynuier nous 5
- resveillent!» A l'endemain, au point dou jour, fist
- on sonner les trompètes en l'ost le duc de Normendie.
- Si se armèrent et ordonnèrent toutes manières
- de gens, et misent à cheval, et arroutèrent le charoi,
- et passèrent le ditte rivière de Selles, et entrèrent de 10
- rechief en Haynau, car li dus voloit venir vers Valenchiènes
- et aviser comment il le poroit assegier.
- Chil qui chevauçoient devant, li mareschaus de Mirepois,
- li sires de Noiiers, li Gallois de le Baume et
- messires Thiebaus de Moruel, à bien quatre cens lances 15
- sans les bidaus, s'en vinrent devant le Kesnoy
- et approchièrent le ville jusques as barrières, et fisent
- samblant qu'il le vorroient assallir; mès elle estoit
- si bien pourveue de bonnes gens d'armes et de
- grant artillerie qu'il y euissent perdu leur painne. 20
- Nompourquant il escarmucièrent un petit devant les
- bailles, mais on les fist tantost retraire, car cil dou
- Kesnoi descliquièrent canons et bombardes qui jettoient
- grans quariaus. Si se doubtoient li François de
- leurs chevaus, et se retraisent par devers Wargni et 25
- ardirent Wargni le Grant et Wargni le Petit, Fielainnes,
- Faumars, Semeries, Artre, Artriel, Sautain, Curgies,
- Estruen, Ausnoy et Villers monsigneur Polle.
- Et en voloient les flamesces et li fascon en le ville
- de Valenchiènes. Et vinrent cil coureur courir par 30
- devant Valenchiènes. Et entrues ordonnoient li François
- leurs batailles sus le mont de Chastres priès de
- Valenchiènes, et se tenoient là en grant estoffe et
- moult richement. Dont il avint que environ deux
- cens lances des leurs, dont li sires de Craon et li sires
- de Maulevrier et li sires de Matefelon et li sires
- d'Avoir estoient conduiseur, s'avalèrent devers Maing, 5
- et vinrent assallir une forte tour quarée, qui pour le
- temps estoit Jehan Bernir de Valenchiènes. Depuis
- fu elle à Jehan de Nuefville. Là eut grant assaut, dur
- et fort, et dura priès que tout le jour, ne on n'en
- pooit les François partir; si en y eut il mors ne sai 10
- cinq ou six. Et si bien se tinrent et deffendirent cil
- qui le gardoient qu'il n'i prisent point de damage.
- Si s'en vinrent li plus de ces François à Trit, et cuidièrent
- de premières venues là passer l'Escaut; mais
- cil de le ville avoient deffait le pont et deffendoient 15
- le passage roidement et fierement. Et jamais à cel
- endroit ne l'euissent li François conquis, mais il en
- y eut entre yaus de chiaus qui cognissoient le passage
- et le rivière et le pays; si en menèrent bien
- deux cens de piet passer as plankes à Prouvi. Quant 20
- cil furent oultre, il vinrent tantos baudement sus
- chiaus de Trit qui n'estoient c'un petit ens ou regard
- d'yaus, et ne peurent durer; si tournèrent en fuite.
- Si en y eut des mors et des navrés et des noiiés pluiseur.
- 25
- Ce meismes jour, estoit partis de Valenchiènes li
- seneschaus de Haynau à cent armeures de fier, et issus
- de le ville par le porte d'Anzaing; et pensoit bien
- que cil de Trit aroient à faire; si les voloit secourir.
- Dont il avint que, deseure Saint Vaast, il trouva de 30
- rencontre environ vint cinq coureurs françois que
- troi chevalier de Poito menoient, messires Bouchicaus
- li uns, li sires de Surgières li aultres, et messires
- Guillaumes Blondiaus li tiers; et avoient passet
- l'Escaut assés priès de Valenchiènes, au pont c'on
- dist à le Tourielle; et avoient courut par droite bachelerie
- deseure Saint Vaast. Si tretost que li senescaus 5
- de Haynau les perchut, si fu moult liés, car
- bien perchut et vit que c'estoient si ennemit, et feri
- apriès yaus et toute se route ossi. Là eut bonne
- jouste des uns as aultres. Et me samble que li seneschaus
- de Haynau porta jus de cop de lance monsigneur 10
- Bouchicau, qui estoit adonc moult apers chevaliers,
- et fu plus encores depuis et marescaus de
- France, si com vous orés avant en l'ystore; et le fist
- fiancier prison et l'envoia en Valenchiènes; mais je
- ne sçai comment ce poet estre, car li sires de Surgières 15
- escapa et se sauva, et ne fu point pris. Mès il fu
- pris messires Guillaumes Blondiel et fiança prison à
- monsigneur Henri de Husphalise, et furent priès tout
- li aultre mort et pris. Cilz rencontres detria grandement
- le senescal de Haynau qu'il ne peut venir à 20
- temps au pont à Trit; mais l'avoient jà conquis li
- François, quant il y vint; et mettoient grant painne
- à abatre les moulins et un petit chastelet qui là estoit.
- Mès si tretost que li senescaus vint en le ville,
- il n'eurent point de loisir, car il furent reboutet et 25
- reculet villainnement, occis, decopé et mis en cache.
- Et les fist on sallir en le rivière d'Escaut, dont il en
- y eut aucuns noiiés, et en fu li ville de Trit adonc
- toute delivrée. Et vint li senescaus de Haynau passer
- l'Escaut à Denaing, et puis chevauça et toute se route 30
- vers son chastiel de Werchin, et se bouta dedens
- pour le garder et deffendre, se mestier faisoit. Et encores
- se tenoit li dus de Normendie et ses batailles
- sus le mont de Castres, et se tint en bonne ordenance
- le plus grant partie dou jour, car il cuidoit
- que cil de Valenciènes deuissent widier et lui venir
- combatre. Ossi fuissent il très volentiers. Mès messires 5
- Henris d'Antoing, qui avoit la ville en garde, leur
- deveoit et deffendoit, et estoit à le porte [cambresienne]
- moult ensonniiés et en grant painne de yaus
- destourner de non vuidier, et li prevos de le ville
- pour le temps, (avoecques lui,) Jehans de Baissi, qui 10
- les affrenoit ce qu'il pooit, et leur moustra adonc
- tant de belles raisons qu'il s'en souffrirent.
-
-
- § 105. Quant li dus de Normendie et ses batailles,
- qui très belles estoient à regarder, ensi que ci dessus
- est deviset, se furent tenu un grant temps sus le 15
- mont de Castres, et il veirent que nulz ne venroit
- ne isteroit hors de Valenchiènes pour yaus combatre,
- adonc furent envoiiet li dus d'Athènes et li sires de
- Chastellon, et bien trois cens lances de fortes gens
- et bien montés, pour courir jusques à Valenciènes. 20
- Chil chevaucièrent en très bonne ordenance, et vinrent
- au lés devers le Tourielle à Goguel, et chevaucièrent
- moult arreement jusques as bailles de le ville;
- mais il n'i demorèrent point plenté, car il ressongnièrent
- le tret pour leurs chevaus. Et toutes fois li 25
- sires de Chastillon chevauça si avant que ses coursiers
- fu trais et chei desous lui, et le couvint monter
- sus un aultre. Ceste chevaucie prist son tour devers
- les Marlis et les ardirent, et abatirent tous les moulins
- qui là estoient sus le rivière de Wintiel, et puis 30
- prisent leur tour par derrière les Chartrois et revinrent
- à leur bataille. Or vous di qu'il estoient demoret
- aucun compagnon françois derrière en le ville
- des Marlis, pour mieus fourer à leur aise. Dont il
- avint que cil qui gardoient une tour, qui là est as
- hoirs de Haynau, et fu jadis à monsigneur Robert de 5
- Namur de par ma dame Yzabiel de Haynau sa femme,
- perchurent ces François qui là estoient, et si veirent
- bien que li grosse chevaucie estoit retraite: si issirent
- baudement hors, et les assallirent de grant corage:
- et les menèrent telz qu'il en tuèrent bien la 10
- moitiet, et leur tollirent tout leur pillage, et puis retournèrent
- en leur tour.
-
- Encores se tenoient les batailles sus le mont de
- Castres, et tinrent tout le jour jusques apriès nonne,
- que li coureur revinrent de tous costés. Dont eurent 15
- conseil là entre yaus moult grant et disoient li signeur
- que, tout consideret, il n'estoient mies gens
- assés pour assegier une si grande ville que Valenchiènes
- est. Si eurent finablement conseil de departir
- d'illuech, et de yaus retraire deviers Cambray. Si 20
- s'en vinrent ce soir logier à Maing et à Fontenielles,
- et furent là toute la nuit, et fisent bon gait et grant.
- A l'endemain, il s'en partirent, mais il ardirent Maing
- et Fontenielles et toute l'abbeye, qui estoit à ma
- dame Jehane de Valois, ante dou dit duch et soer 25
- germainne au roy son père. De quoi li dus fu moult
- courouciés, et fist pendre chiaus qui le feu y avoient
- mis et bouté. A ce departement, fu pararse li ville de
- Trit, et li chastiaus et li moulin abatu, et Prouvi,
- Rouvegni, Thians, Monciaus, et tous li plas pays 30
- entre Cambrai et Valenciènes.
-
- Ce jour, au matin, issirent de Valenchiènes aucun
- compagnon legier, quant il seurent le departement
- des François, et s'en vinrent sus les camps, entour
- le mont de Castres, ù li François avoient esté logiet,
- et y trouvèrent encores des vivres et des pourveances
- que li François y avoient laissies, et pluiseur logeis 5
- où il avoit encores aucuns brigans et Geneuois
- qui tant avoient beu dou soir qu'il s'estoient enivré
- et dormoient encores. Si boutèrent cil dit compagnon
- de Valenciènes le feu en ces logis, et ardirent
- là dedens le(s) dis brigans. Car quant il sentoient le 10
- feu, il s'esvilloient et cuidoient sallir hors; mais il estoient
- decaciet ens de leurs ennemis à plançons et à
- goudendars. Toutes fois, il en y eut un qui salli hors,
- mais il fu pris par piés et par gambes et par bras,
- et jettés en un grant feu qui estoit fais devant le dit 15
- logis, et là fu tous ars. Si est grans meschiés de ce
- que chrestiien destruisent ensi li uns l'autre sans
- pité.
-
- Che jour chevauça tant li dus de Normendie qu'il
- vint devant Escauduevre, un bon chastiel et fort dou 20
- conte de Haynau, seant sus le rivière d'Escaut, et
- qui moult grevoit chiaus de Cambrai, avoecques
- chiaus de le garnison de Thun l'Evesque. Dou chastiel
- d'Escauduevre estoit chapitainne et souverains
- messires Gerars de Sassegnies, qui devant ce n'avoit 25
- eu nulle reproce de diffame. Or ne sçai je que ce fu
- ne qui l'enchanta, mès li dus n'ot pas sis devant le
- forterèce six jours quant elle li fu rendue sainne et
- entière, dont tous li pays fu esmerveilliés. Et en furent
- souspeçonnet de trahison messires Gerars de 30
- Sassegnies, et uns siens escuiers, qui s'appelloit Robers
- Mariniaus. Chil doi en furent pris et encoupet,
- et en morurent villainnement à Mons en Haynau. Et
- chil de Cambrai abatirent le chastiel d'Escauduevre,
- et en portèrent le pière à Cambray, et en fisent remparer
- et refortefiier leur ville.
-
-
- § 106. Apriès le prise et le destruction d'Escauduevre, 5
- se retray li dus Jehans de Normendie en le
- cité de Cambray, et donna une grant partie de ses
- gens d'armes congiet, et les aultres envoia ens ès
- garnisons de Lille et de Douay et des forterèces voisines.
- Et avint en celle meismes sepmainne que Escauduevre 10
- fu pris, que li François qui en Douay estoient
- issirent hors, et chil de Lille avoech yaus, et
- pooient estre environ trois cens lances. Et les conduisoient
- messires Loeis de Savoie et messires Aymars
- de Poitiers, li contes de Genève, li sires de Villars, 15
- et li Gallois de le Bausme avoecques le signeur de
- Wavrain et le signeur de Wasiers, et vinrent en celle
- chevaucie ardoir en Haynau ce biau plain pays d'Ostrevan.
- Et ne demora riens dehors (les fortrèches[326]),
- dont cil de Bouçain furent moult courouciet, car il 20
- veoient les feus et les fumières au tour d'yaus, et se
- n'i pooient mettre remède. Si envoiièrent il en Valenchiènes
- en disant que, (se) de nuit il (vouloient[327]) issir
- hors environ cinq cens ou six cens armeures de fier, il
- porteroient grant damage as François qui estoient 25
- encores tout quoi et logiet ou plain pays; mais cil de
- Valenciènes n'en eurent point conseil de partir, ne de
- vuidier leur ville. Par ensi n'eurent li François point
- d'encontre; si ardirent il Anich et le moitiet d'Ascons,
- Escaudain, Here, Fenain, Denain, Montegni, Warlain,
- Mauni, Aubrecicourt, l'Ourch, Sauch, Ruet, (Nuefville[328]),
- le Lieu Saint Amant et tous les villages qui en ce
- pays estoient, et en remenèrent grant pillage et grant 5
- proie en leurs garnisons. Et quant cil de Douay furent
- retrait, li saudoiier de Bouçain issirent hors et
- chevaucièrent et ardirent l'autre partie de le ville 10
- d'Ascons, qui se tenoit françoise, et tous les villiaus
- françois jusques ens ès portes de Douay, et le ville
- d'Eskierchin.
-
- [326] Mss. B4, 3, fo 52.--Ms. B1, fo 78 (lacune).
-
- [327] Mss. B3, 4.--Ms. B1: «voloit.»
-
- [328] Mss. B4, 3, fo 52.--Ms. B1, fo 78 (lacune).
-
- Ensi que je vous ay dit, les garnisons sus les frontières
- estoient pourveues et garnies de gens d'armes,
- et souvent y avoit des chevaucies et des rencontres
- et des fais d'armes des uns as aultres, ensi que en 15
- telz besongnes appertient. Si avint, en celle meisme
- saison, que saudoiier alemant se tenoient[329] de par
- l'evesque de Cambray en le Malemaison, à deux
- liewes dou Chastiel Cambrisien, et marchissant d'autre
- part plus priès de Landrecies, dont li sires de Potelles, 20
- uns appers chevaliers haynuiers, estoit chapitainne
- et gardiiens, car li contes Loeis de Blois, quoi
- qu'il en fust sires, avoit rendu son hommage au
- conte de Haynau, pour tant qu'il estoit françois, et
- li contes le tenoit en se main et le faisoit garder pour 25
- les François. Si avoient souvent le hustin cil de le
- Malemaison et cil de Landrecies ensamble. Dont un
- jour sallirent hors de le Malemaison li dessus dit
- Alemant bien armé et bien monté, et vinrent courir
- devant le ville de Landrechies, et acueillièrent le
- proie, et l'en menoient devant yaus, quant la nouvelle
- et li haros en vint en Landrechies entre les Haynuiers
- qui là se tenoient. Donc s'arma li sires de
- Potielles et fist armer les compagnons, et montèrent 5
- à cheval et se partirent pour rescourre as Alemans
- le proie qu'il en menoient. Si estoit adonc li sires de
- Potielles tout devant, et le sievoient ses gens, cescuns
- qui mieus mieus. Ils, qui estoit de grant volenté
- et plains de hardement, abaissa son glave et escria as 10
- François qu'il retournaissent, car c'estoit hontes de
- fuir.
-
- [329] Dans le ms. B1, fo 78, comme dans tous les mss. de
- Froissart, _se tenoient_ est précédé de _qui_, que nous avons
- supprimé.
-
- Là avoit un escuier alemant que on appelloit Albrest
- de Coulongne, apert homme d'armes durement,
- qui fu tous honteus quant il vey que on le cachoit 15
- ensi; si retourna franchement et abaissa son glave,
- et feri cheval des esporons, et s'adreça sus le signeur
- de Potielles, et li chevaliers sur lui, telement qu'il le
- feri sus sa targe un si grant horion que la glave vola
- en tronchons. Et li Alemans le consievi par tel manière, 20
- de son glave roide et enfumée, que onques ne
- brisa ne ne ploia, mès percha la targe, les plates et
- l'auqueton, et li entra dedens le corps, et le poindi
- droit au coer, et l'abati jus dou cheval navré à mort.
- Donc vinrent li compagnon haynuier, li sires de 25
- Bousies, Gerars de Mastain et Jehans de Mastain et
- li aultre qui de priès le sievoient, qui s'arrestèrent
- sur lui, quant en ce parti le veirent, et le regretèrent
- durement; et puis requisent les François fierement
- et asprement, en contrevengant le signeur de Potielles 30
- qui là gisoit navrés à mort. Et combatirent et
- assalirent si dur Albrest et se route qu'il furent desconfi,
- mort et pris. Peu en escapèrent, et la proie
- (fu) rescousse et ramenée, et li prisonnier ossi en
- Landrecies, et li sires de Potièles mors, dont tout
- li compagnon furent cou(rou)ciet[330].
-
- [330] Mss. B3, 4, fo 52.--Ms. B1, fos 78 vo et 79: «couciet.»
-
-
- § 107. Apriès le signeur de Potielles, li sires de 5
- Floion fu un grant temps gardiiens de le ville et dou
- chastiel de Landrechies, et couroit souvent sus chiaus
- de Bohain, de le Malemaison et dou Chastiel en Cambresis
- et des forterèces voisines, qui ennemies leur
- estoient. Ensi couroient un jour li Haynuier et l'autre 10
- li François. Si y avoit souvent des rencontres et
- des escarmuces et des rués jus des uns et des aultres,
- car au voir dire telz besongnes le requièrent. Si estoit
- li pays de Haynau en grant tribulacion et en grant
- esmay, car une partie de leur pays estoit ars et essilliés; 15
- et si sentoient encores le duch de Normendie
- sus les frontières, et ne savoient qu'il avoit empenset,
- et si n'ooient nulles (nouvelles[331]) de leur signeur
- le conte. Bien est voirs qu'il avoit estet en Engleterre
- où li rois et li baron dou pays l'avoient grandement 20
- honnouré et festiiet; et avoit fait et juret
- grans alliances au roy englès, et s'en estoit partis et
- alés en Alemaigne devers l'empereour Loeis de Baivière:
- c'estoit la cause pour quoi il sejournoit tant.
- D'autre part, messires Jehans de Haynau, ses oncles, 25
- estoit alés en Braibant et en Flandres, et avoit remoustré
- au dit duch de Braibant et à Jakemon d'Arteveille
- le desolation dou pays de Haynau, et comment
- li Haynuier leur prioient qu'il y volsissent entendre
- et pourveir de conseil. Li dessus dit l'en
- avoient respondut que li contes ne pooit longement
- demorer; et, lui revenu, il estoient tout appareilliet
- d'aler à tout leur pooir là où il les vorroit mener. 5
- Or revenrons nous au duch de Normendie, et recorderons
- comment il assega chiaus de Thun l'Evesque.
-
- [331] Mss. B3, 4, fo 52.--Ms. B1, fo 79 (lacune).
-
-
- § 108. Entrues que li dus de Normendie se tenoit
- en le cité de Cambray, li dis evesques et li bourgois
- dou lieu li remoustroient comment li Haynuier 10
- avoient pris et emblet le fort chastiel de Thun, et
- que, par amours et pour se honneur et le pourfit del
- commun pays, il vosist mettre conseil et entente au
- ravoir, car chil de le garnison constraindoient durement
- le pays de là environ. Li dis dus y entendi 15
- volentiers, et fist de recief semonre ses hos, et mist
- ensamble grant fuison de signeurs et de gens d'armes,
- qui se tenoient en Artois et en Vermendois, les
- quelz il avoit eus en se première chevaucie; et se
- parti de Cambray et s'en vint à toutes ses gens logier 20
- devant Thun, sus le rivière d'Escaut, en ces biaus
- plains au lés deviers Ostrevant. Et fist li dus là amener
- et achariier six grans engiens de Cambray et de
- Douay, et les fist drecier et asseoir fortement devant
- le forterèce. Chil engien y gettoient nuit et jour pières 25
- et mangonniaus à grant fuison, qui effondroient
- et abatoient les combles et les tois des tours, des
- cambres et des salles, et constraindirent par ce dit
- assaut durement chiaus dou chastiel. Et n'osoient li
- compagnon qui le gardoient demorer en cambre ne 30
- en salle qu'il euissent, fors en caves et en celiers.
- Onques gens d'armes ne souffrirent, pour lor honneur,
- en forterèce, tant de painne ne de meschief
- que cil fisent. Des quelz estoit souverains et chapitains
- uns chevaliers englès qui s'appelloit messires
- Richars de Limozin, et ossi doi escuier de Haynau, 5
- frères au signeur de Mauni, Jehans et Thieris. Chil
- troi dessus tous les aultres en avoient toute le carge,
- le painne et le fais, et tenoient les aultres compagnons
- en vertu et en force, et leur disoient: «Biau
- signeur, nos sires li gentilz contes de Haynau venra 10
- un de ces jours à si grant ost contre les François,
- qu'il nous delivera à toute honneur de ce peril, et
- nous sara grant gré de ce que si francement nous
- serons tenu.»
-
- Ensi reconfortoient li troi dessus dit les compagnons 15
- qui n'estoient mies à leur aise, car pour yaus
- plus grever et plus tost amener à merci, cil de l'host
- leur jettoient et envoioient par leurs engiens chevaus
- mors et bestes mortes et puans, pour yaulz empunaisier,
- dont il estoient là dedens en grant destrèce. 20
- Car li airs estoit fors et chaus ensi qu'en plain esté,
- et furent plus adit et constraint par cel estat que par
- aultre cose. Finablement, il regardèrent et considerèrent
- entre yaus que celle mesaise il ne pooient longement
- souffrir ne porter, tant leur estoit la punaisie 25
- abhominable. Si eurent conseil et avis de trettier
- unes triewes à durer quinze jours, et là en dedens
- segnefiier leur povreté à monsigneur Jehan de Haynau,
- qui est regars et gardiiens de tout le pays, à fin
- qu'il en fuissent conforté; et se il ne l'estoient, il 30
- renderoient le forterèce au dit duch de Normendie.
- Chilz trettiés fu entamés et mis avant. Li dus leur
- acorda et mist en souffrance tous assaus et leur donna
- triewes quinze jours, qui fisent moult de biens as
- compagnons dou dit fort, car aultrement il euissent
- esté tout mort et empunaisiet sans merci, tant leur
- envoioit (on[332]) de charongnes pouries et d'aultres ordures 5
- par les engiens. Si fisent tantost partir Ostelart
- de Sommaing par le trettiet devisant, qui s'en vint
- à Mons en Haynau, et trouva là le signeur de Byaumont
- qui avoit oy nouvelles de son neveu le conte
- de Haynau qui revenoit en son pays, et avoit estet 10
- devers l'Empereur et fait grans alliances à lui et as
- signeurs de l'Empire, le duch de Gerles, le conte de
- Jullers, le markis de Blankebourch et tous les aultres.
- Si en enfourma li sires de Byaumont le dit escuier
- Ostelart de Sommaing, et li dist bien que chil 15
- de Thun l'Evesque seroient temprement conforté,
- mès que ses cousins fust revenus ou pays.
-
- [332] Mss. B3, 4, fo 53.--Ms. B1, fo 80 (lacune).
-
-
- § 109. Le triewe durant, qui fu prise entre le duch
- de Normendie et les saudoiiers de Thun, si com vous
- avés oy, revint li contes de Haynau en son pays, 20
- dont toutes manières de gens furent resjoy, car moult
- l'avoient desiret. Se li recorda li sires de Byaumont,
- ses oncles, comment les coses avoient alet depuis
- son departement, et à quel poissance li dus de Normendie
- avoit entré ne sejourné en son pays, et ars 25
- et destruit tout par delà Valenciènes, excepté les forterèces.
- S'en respondi li contes qu'il seroit bien amendet,
- et que li royaumes de France estoit grans assés
- pour avoir ent satisfation de toutes ces fourfaitures;
- mès briefment il voloit aler devant Thun l'Evesque
- et conforter ses bonnes gens qui gisoient là si honnourablement,
- et qui si loyaument s'i estoient tenu
- et deffendu. Si fist li contes ses mandemens et ses
- priières en Braibant, en Guerles, en Jullers et en Alemaigne 5
- et ossi en Flandres devers son bon ami d'Artevelle.
- Et s'en vint li dis contes à Valenciènes, à
- grant fuison de gens d'armes, chevaliers et escuiers
- de son pays et des pays dessus nommés, et toutdis
- li croissoient gens. Et se parti de Valenciènes en 10
- grant arroy de gens d'armes, de charoi, de tentes,
- de trés, de pavillons et de toutes aultres pourveances,
- et s'en vint logier à Nave sur ces biaus plains et
- ces grans prés, tout contreval le rivière d'Eschaut.
-
- Là estoient des signeurs de Haynau avoec le dit 15
- conte et en bon arroy: premierement messires Jehans
- de Haynau, ses oncles, li sires d'Enghien, li sires
- de Wercin, seneschaus de Haynau, li sires d'Antoing,
- li sires de Ligne, li sires de Barbençon, li
- sires de Lens, messires Guillaumes de Bailluel, li sires 20
- de Haverech, chastellains de Mons, li sires de Montegni,
- li sires de Marbais, messires Thieris de Wallecourt,
- mareschaus de Haynau, li sires de le Hamède,
- li sires de Gommegnies, li sires de Roisin, li sires de
- Trasegnies, li sires de Briffuel, li sires de Lalain, li 25
- sires de Mastain, li sires de Sars, li sires de Wargni,
- li sires de Biauriu et pluiseur aultre chevalier et escuier,
- qui tout se logoient dalés leur signeur. Assés
- tost apriès, y revint li jones contes Guillaumes de
- Namur moult estoffeement à deux cens lances, et se 30
- loga ossi sus le rivière d'Escaut en l'ost le conte.
- Apriès revinrent li dus de Braibant à bien sis cens
- lances, li dus de Guerles, li contes de Jullers, li markis
- de Misse et d'Eurient, li markis de Blankebourch,
- li contes des Mons, li sires de Faukemont, messires
- Ernoulz de Bakehen, et grant fuison d'autres signeurs
- et gens d'armes d'Alemagne et de Witephale. Si se 5
- logièrent tout li un apriès l'autre, sus le rivière d'Escaut,
- à l'encontre de l'ost françoise; et estoient plentiveusement
- (pourveu[333]) de tous vivres, qui leur venoient
- tous les jours de Valenchiènes et dou pays de
- Haynau voisin à yaus. 10
-
- [333] Mss. B3, 4, fo 53 vo.--Ms. B1, fo 80 vo: «et pourveuement.»
-
-
- § 110. Quant cil signeur se furent logiet, ensi que
- vous avés entendu, sus le rivière d'Escaut, et mis
- entre Nave et Yvuis, li dus Jehans de Normendie,
- qui estoit d'autre part le rivière avoecques lui moult
- belle gent, vey que li hos son cousin le conte de 15
- Haynau croissoit durement; si segnefia tout l'estat au
- roy de France, son père, qui se tenoit à Peronne en
- Vermendois, et estoit tenus plus de six sepmainnes
- à grant gent. Lors fist li rois de recief une semonse
- très especial, et envoia jusques à douze cens lances de 20
- bonnes gens d'armes en l'ost son fil. Et assés tos
- apriès, il y vint comme saudoiiers au duch son fil,
- car il ne pooit nullement venir à main armée sus
- l'Empire, se il voloit tenir son sierement, ensi qu'il
- fist. Et fu tout dis li dis dus chiés et souverains de 25
- ceste armée, mais il s'ordonnoit par le conseil dou
- roy son père.
-
- Quant cil de Thun l'Evesque veirent lor signeur
- le conte de Haynau venu si poissamment, si en furent
- moult joiant, che fu bien raisons, car moult
- l'avoient desiret, et bien en pensoient à estre delivret.
- Le quatrime jour apriès qu'il furent là venu et
- (hostilliet[334]) à host, vinrent cil de Valenciènes en grant
- arroy, des quelz Jehans de Baissi, qui prevos estoit 5
- pour le temps, se faisoit mestres et gouvrenères. Si
- tretost que cil de Valenciènes furent venu, on les
- envoia escarmucier as François sus le rivage de l'Escaut,
- pour ensonniier chiaus de l'host, et pour faire
- chiaus de le garnison de Thun l'Evesque voie. Là 10
- eut grant escarmuce des uns as aultres, et pluiseur
- quariel tret et lanciet, et tamaint homme navret et
- bleciet. Entrues qu'il entendoient au paleter, li compagnon
- de Thun l'Evesque, messires Richars de Limozin
- et li aultre se partirent dou chastiel et se misent 15
- en l'Escaut. On leur ot appareilliet batiaus et
- nacelles, en quoi on les ala querir d'autre part le
- rivage; si furent amenet en l'ost et devers le conte
- de Haynau, qui liement et doucement les rechut et
- les honnoura moult dou bon service qu'il li avoient 20
- fait, quant si longement et à tel meschief il s'estoient
- tenu en Thun l'Evesque.
-
- [334] Ms. B4, fo 54.--Ms. B1: «exilliet.» Mauvaise leçon.
-
-
- § 111. En dementrues que ces deux hos estoient
- ensi assamblées pour le fait de Thun l'Evesque et logies
- sus le rivière d'Escaut, li François devers France 25
- et li Haynuier sus leur pays, couroient li fourier fourer
- là où par tout trouver il le pooient de l'un lés et
- de l'autre, mès point ne se trouvoient ne encontroient,
- car la rivière d'Escaut estoit entre deus. Mais
- li François parardirent et coururent tout le pays
- d'Ostrevant, che qui demoret y estoit, et li Haynuier
- tout le pays de Cambresis. Et là vint en l'ayde dou
- conte de Haynau et à se priière, Jakemes d'Artevelle
- à plus de soixante mille Flamens tous bien armés, et 5
- se logièrent poissamment à l'encontre des François.
- Quant il furent venu, moult en fu li contes de Haynau
- liés, car son host en fu grandement renforcie; si
- manda par ses hiraus au duch de Normendie, son
- cousin, que bataille se peust faire entre yaus, et que 10
- ce seroit blasmes pour toutes les parties, se si grant
- gent d'armes qui là estoient se departoient sans bataille.
- Li dus de Normendie respondi, à ceste fois,
- qu'il en aroit avis. Chil avis et consaulz fu si lons
- que li hiraut s'en partirent adonc sans avoir certainnes 15
- responses. Dont il avint que, le tierch jour
- apriès, li contes de rechief y renvoia, pour mieus
- savoir l'intension dou dit duch et des François. Li
- dus en respondi qu'il n'estoit mies encores bien consilliés
- de combatre ne de mettre y journée, et dist encores 20
- ensi que li contes de Haynau estoit trop hastieus.
-
- Quant li contes oy ces parolles, se li sambla uns
- detriemens; si manda tous les plus grans barons de
- l'host et premierement le duch de Braibant, son
- grant signeur, et tous les aultres ensiewant, et puis 25
- leur remoustra sen intention et le response dou duc
- de Normendie; si en demanda à avoir conseil. Adonc
- regardèrent il cescuns l'un l'autre, et ne veult nulz
- respondre premiers. Toutes fois li dus de Braibant
- parla, pour tant que c'estoit li plus grans de toute 30
- l'ost et tenus li plus sages; si dist que de faire un
- pont ne de combatre as François il n'estoit mies d'acort,
- car il savoient de certain que li rois englès devoit
- proçainnement passer le mer et venir assegier le
- cité de Tournay: «Se li avons, ce dist li dus, prommis
- et juret foy, amour et ayde de nous et des nostres;
- dont se nous nos combatons maintenant, et li 5
- fortune fust contre nous, il perderoit son voiage, ne
- nul confort il n'aroit de nous. Et se li journée estoit
- pour nous, il ne nous en saroit gré, car c'est se intention
- que jà sans lui, qui chiés est de ceste guerre,
- nous ne nos combatons au pooir de France. Mais 10
- quant nous serons devant Tournay, il avoecques
- nous et nous avoecques lui, et li rois de France sera
- d'autre part, à envis se departiroient si grans gens
- sans bataille. Si vous conseille, biaus filz, que vous
- vos partés de chi, car vous y sejournés à grant frait, 15
- et donnés congiet toutes manières de gens d'armes;
- si s'en revoist cescuns en son lieu, car dedens dix
- jours vous orés nouvelles dou roy d'Engleterre.» A
- ce conseil se tinrent li plus grant partie des signeurs
- qui là estoient; mais il ne pleut mies encores trop 20
- bien au conte de Haynau, et pria as signeurs et as
- barons tous en general qui là estoient qu'il ne se
- volsissent mies encores partir, car ce seroit trop grandement,
- ce li sambloit, contre se honneur, se li
- François n'estoient combatu; et il li eurent tout en 25
- couvent. A ces parolles issirent il hors de parlement,
- et se retrest cescuns à son logeis. Trop volentiers se
- fuissent departi chil de Brousselles et de Louvaing,
- car il estoient si tané que plus ne pooient. Et en parlèrent
- pluiseurs fois au duch, leur signeur, et li remoustrèrent 30
- qu'il gisoient là à grant frait, et riens
- n'i faisoient.
-
-
- § 112. Quant li contes de Haynau vey son conseil
- variier, et qu'il n'estoient mies bien d'acort de passer
- le rivière d'Escaut, et de combatre les François,
- si en fu durement courouciés. Si appella un jour son
- oncle, monsigneur Jehan de Haynau, et li dist: 5
- «Biaus oncles, montés à cheval, et chevaucherés selonch
- ceste rivière, et appellerés qui que soit homme
- d'onneur en l'ost françoise, et dirés de par moy que
- je leur liverai pont pour passer, mès que nous aions
- trois jours de respit ensamble tant seulement pour le 10
- faire, et que je les voel combatre, comment que soit.»
- Li sires de Byaumont, qui veoit son neveut en grant
- desir de combatre ses ennemis, li acorda volentiers,
- et dist qu'il iroit et feroit le message. Si vint à son
- logeis et s'apparilla bien et frichement, lui troisime 15
- de chevaliers tant seulement, li sires de Fagnuelles
- et messires Florens de Biaurieu, et son pennon devant
- lui, montés sus bons coursiers, et chevaucièrent
- ensi sus le rivage d'Escaut.
-
- Et avint que, de l'autre part, li sires de Byaumont 20
- aperçut un chevalier de Normendie, le quel il recogneut
- par ses parures; si l'appella et dist: «Sire de
- Maubuisson, sire de Maubuisson, parlés à moy!» Li
- chevaliers qui se oy nommer, et qui ossi recogneut
- monsigneur Jehan de Haynau, par le pennon de ses 25
- armes qui estoit devant lui, s'arresta et dist: «Sire,
- que plaist vous?»--«Je vous pri, dist li sires de
- Byaumont, que vous voelliés aler devers le roy de
- France et son conseil, et leur dittes que li contes de
- Haynau m'envoie chi pour prendre une triewe tant 30
- seulement qu'uns pons soit fais sus ceste rivière, par
- quoi vos gens ou li nostre le puissent passer. Et ce
- que li rois ou li dus de Normendie en responderont,
- si le me venés dire, car je vous attenderai tant que
- vous serés revenus.»--«Par ma foy, dist li chevaliers,
- monsigneur, volentiers.»
-
- Atant se depa(r)ti li sires de Maubuisson, et feri 5
- cheval des esporons, et vint jusques en la tente dou
- roy de France, où li dus de Normendie estoit adonc
- personelment, et grant fuison d'autres signeurs. Li
- sires de Maubuisson salua le roy, le duch et tous les
- signeurs, et relata son message bien et deuement, 10
- ensi qu'il apertenoit, et que cargiés en estoit. Quant
- il fu oys et entendus, on l'en respondi moult briefment
- et li dist on: «Sire de Maubuisson, vous dirés
- de par nous à celui qui chi vous envoie, que en
- tel estat où nous avons tenu le conte de Haynau 15
- jusques à ores, nous le tenrons en avant, et li ferons
- despendre et engagier sa terre: ensi sera il guerriiés
- de deux costés. Et quant bon nous samblera, nous
- enterons en sa terre si à point que nous li pararderons
- tout son pays.» 20
-
- Ces parolles ne plus ne mains raporta li sires de
- Maubuisson à monsigneur Jehan de Haynau, qui là
- l'attendoit sus le rivage. Et quant la relation l'en fu
- faite, si dist au chevalier: «Grant mercis!» Lors s'en
- parti et s'en revint arrière à leur logeis, et trouva le 25
- conte de Haynau, son (neveu), qui jeuoit as eschés
- au conte de Namur. Li contes se leva si tost qu'il
- vey son oncle, et li demanda nouvelles. «Sire, dist
- messires Jehans de Haynau, à ce que je puis veoir et
- considerer, li rois de France et ses consaulz prendent 30
- grant plaisance en ce que vous sejournés chi à grant
- frait, et dient ensi qu'il vous feront despendre et engagier
- toute vo terre. Et quant bon leur samblera, il
- vous combateront, non à vostre volenté ne aise,
- mais à le leur.» De ces responses fu li contes de Haynau
- tous grigneus, et dist qu'il n'iroit mies ensi.
-
-
- § 113. Nous nos tairons un petit à parler dou 5
- duch de Normendie et dou conte de Haynau, et parlerons
- dou roy Edouwart d'Engleterre, qui estoit
- mis sus mer pour venir et arriver, selonch se intention,
- en Flandres, et puis venir en Haynau aidier à
- guerriier le conte, son serourge, contre les François. 10
- Ce fu le jour devant le vegille Saint Jehan Baptiste,
- l'an mil trois cens et quarante, qu'il nagoit par mer
- à belle carge de naves et de vaissiaus. Et estoit toute
- sa navie partie dou havene de Tamise, et s'en venoit
- droitement pour arriver à l'Escluse. 15
-
- Et adonc se tenoient entre Blankeberghe et l'Escluse
- et sus le mer messires Hues Kierés, messires
- Pières Bahucés et Barbevaire, à plus de sept vint
- gros vaissiaus sans les hokebos. Et estoient bien Normans,
- Bidaus, Geneuois et Pikars quarante mille. Et 20
- estoient là ancré et arresté, au commandement dou
- roy de France, pour attendre le revenue dou roy
- d'Engleterre, car bien savoient qu'il devoit rapasser;
- se li voloient veer et deffendre le passage, ensi qu'il
- fisent bien et hardiement, tant qu'il peurent, si com 25
- vous orés recorder. Li rois d'Engleterre et li sien,
- qui s'en venoient tout singlant, regardent et voient
- devers l'Escluse si grant quantité de vaissiaus que des
- mas ce sambloient droitement uns bos; si en fu forment
- esmervilliés, et demanda au patron de se navie 30
- quelz gens ce pooient estre. Il respondi qu'il cuidoit
- bien que ce fust li armée des Normans que li rois de
- France tenoit sus mer, et qui pluiseurs fois li avoient
- fait grant damage, et tant que ars et robet le bonne
- ville de Hantonne, et conquis _Christofle_, son grant
- vaissiel, et occis chiaus qui le gardoient et conduisoient. 5
- Dont respondi li rois englès: «J'ay de lonch
- temps desiré que je les peuisse combatre; si les combaterons,
- s'il plaist à Dieu et à saint Jorge, car voirement
- m'ont il fais tant de contraires que j'en voel
- prendre le vengance, se g'i puis avenir.» 10
-
- Lors fist li rois ordonner tous ses vaissiaus et mettre
- les plus fors devant, et fist frontière à tous costés
- de ses archiers; et entre deux nefs d'arciers, en y
- avoit une de gens d'armes. Et encores fist il une bataille
- sus costière, toute purainne d'arciers, pour reconforter, 15
- se mestier faisoit, les plus lassés. Là y
- avoit grant fuison de dames d'Engleterre, contesses,
- baronnesses, chevalereuses et bourgoises de Londres,
- qui venoient veoir le royne d'Engleterre à Gand, que
- veue n'avoient un grant temps. Et ces dames fist li 20
- rois englès bien garder et songneusement de trois cens
- armeures de fier et de cinq cens arciers. Et puis pria
- li rois à tous que il volsissent penser dou bien faire
- et garder sen honneur; et cescuns li eut en couvent.
-
-
- § 114. Quant li rois d'Engleterre et si mareschal 25
- eurent ordené leurs batailles et leurs navies bellement
- et sagement, il fisent tendre et traire les voiles
- contremont, et vinrent au vent, de quartier, sus destre,
- pour avoir l'avantage dou soleil, qui en venant
- lor estoit ou visage. Si s'avisèrent et regardèrent que 30
- ce les pooit trop nuire, et detriièrent un petit, et
- tourniièrent tant qu'i(l) l'eurent à leur volenté. Li
- Normant, qui les veoient tourniier, s'esmervilloient
- trop pour quoi il le faisoient et disoient: «Il ressongnent
- et reculent, car il ne sont pas gens pour
- combatre à nous.» Bien veoient entre yaus li Normant, 5
- par les banières, que li rois d'Engleterre y estoit
- personelment; si en estoient moult joiant, car
- trop le desiroient à combatre. Si misent leurs vaissiaus
- en bon estat, car il estoient sage de mer et bon
- combatant. Et ordonnèrent _Christofle_, le grant vaissiel 10
- que conquis avoient sus les Englès en celle meisme
- anée, tout devant, et grant fuison d'arbalestriers
- geneuois dedens, pour le garder et traire et escarmucier
- as Englès. Et puis s'arroutèrent, à grant fuison
- de trompes et de trompètes et de pluiseurs aultres 15
- instrumens, et s'en vinrent requerre leurs ennemis.
-
- Là se commença bataille dure et forte, de tous
- costés. Et arcier et arbalestrier commencièrent à
- traire l'un contre l'autre diversement et roidement,
- et gens d'armes à approcier et à combatre main à 20
- main asprement et hardiement. Et par quoi il peuissent
- mieus avenir li un à l'autre, il avoient grans cros
- et havés de fier tenans à chainnes; si les jettoient
- ens ès nefs li un de l'autre, et les atachoient ensamble,
- à fin qu'il se peuissent mieulz aherdre et plus 25
- fierement combatre. Là eut une très dure et forte
- bataille, et mainte apertise d'armes faite, mainte
- luite, mainte prise et mainte rescousse. Là fu _Christofles_,
- cilz grans vaissiaus, auques de commencement
- reconquis des Englès, et tout chil mort et peri 30
- qui le gardoient et deffendoient. Et adonc y eut grant
- huée et grant noise; et approcièrent durement li Englès
- et pourveirent incontinent _Christofle_, ce biel et
- grant vaissiel, de purs arciers qu'il fisent passer tout
- devant et combatre as Geneuois.
-
-
- § 115. Ceste bataille dont je vous parolle fu moult
- felenesse et très horrible, car batailles et assaus sus 5
- mer sont plus dur et plus fort que sus terre; car là
- ne poet on reculer ne fuir, mais se fault vendre et
- combatre, et attendre l'aventure, et cescun endroit
- de lui moustrer son hardement et se proèce. Bien
- est verités que messires Hues Kierés estoit bons chevaliers 10
- et hardis, et ossi messires Pières Bahucés et
- Barbevaires, qui dou temps passet avoient fait maint
- meschief sus mer, et mis à fin tamaint Englès. Si
- dura la bataille et la pestilense, de l'eure de prime
- jusques à haute nonne. Si poés bien croire que, ce 15
- terme durant, il y eut mainte apertise d'armes faite.
- Et couvint là les Englès souffrir et endurer grant
- painne, car leur ennemit estoient quatre contre un,
- et toute gent de fait et de mer. De quoi li Englès,
- pour tant qu'il besongnoit, se prendoient moult 20
- priès de bien faire.
-
- Là fu li rois d'Engleterre, de sa main très bons
- chevaliers, car il estoit adonc en le fleur de se jonèce.
- Et ossi furent li contes Derbi, li contes de Pennebruch,
- li contes de Herfort, li contes de Hostidonne, 25
- (ly contes de Kent, ly contes de Norhantonne[335])
- et de Clocestre, messires Renaulz de Gobehen, messires
- Richars de Stanfort, li sires de Persi, messires
- Gautiers de Mauni, messires Henris de Flandres,
- messires Jehans de Biaucamp, li sires de Felleton, li
- sires de Brasseton, messires Jehans Chandos, li sires
- de le Ware, li sires de Muleton et messires Robers
- d'Artois, qui s'appelloit contes de Ricemont, et estoit
- dalés le roy en grant arroi et en bonne estoffe, et 5
- pluiseur aultre baron et chevalier, plain d'onneur et
- de proèce, des quelz je ne puis mie de tous parler,
- ne leurs bien fais ramentevoir. Mais il s'i esprouvèrent
- si bien et si vassaument, par mi un secours de
- Bruges et dou pays voisin qui leur vint, qu'il obtinrent 10
- le place et l'yawe. Et furent li Normant et tout
- cil qui là estoient encontre yaus mort et desconfi, peri
- et noiiet, ne onques piés n'en escapa que tout ne
- fuissent mis à (mort[336]). Ceste avenue fu moult tost
- sceue par mi Flandres et puis en Haynau. Et en vinrent 15
- les certainnes nouvelles ens ès deux hos, à
- heure de mienuit, devant Thun l'Evesque. Si en furent
- Haynuier, Flamench, Alemant et Braibençon
- moult resjoy, et li François très courouciet. Or vous
- conterons dou roy englès comment il persevera 20
- apriès la bataille faite.
-
- [335] Mss. B4, 3, fo 56.--Ms. B1, fo 84 (lacune).
-
- [336] Ms. B3, fo 56.--Mss. B1, 4, fo 84: «bort.» Mauvaise leçon.
-
-
- § 116. Quant ceste victore, ensi que dessus est
- dit, fu avenue au roy englès, il demora toute celle
- nuit, qui fu la vigile Saint Jehan Baptiste, sus mer
- en ses naves devant l'Escluse, en grant bruit et en 25
- grant noise de trompes et de nakaires et de toutes
- manières de menestraudies. Et là le vinrent veoir
- chil de Flandres, qui estoient enfourmé de se venue.
- Si demanda li dis rois nouvelles as bourgois de Bruges,
- de Jakemon d'Artevelle; et cil respondirent qu'il
- estoit à une semonse dou conte de Haynau contre le
- duch de Normendie, à plus de soixante mille Flamens.
- Ces parolles furent assés plaisans au roy englès.
- Quant ce vint à l'endemain, le jour Saint Jehan, 5
- li rois et toutes ses gens prisent port et terre. Et se
- mist li rois tout à piet, et grant fuison de se chevalerie;
- et s'en vinrent en cel estat en pelerinage à
- Nostre Dame d'Ardenbourch. Là oy messe li rois et
- disna, et puis monta; et vint celi jour, sus le soir, à 10
- Gand, où ma dame la royne sa femme estoit, qui le
- rechut à grant joie. Et toutes les gens le roy et tous
- leurs harnois vinrent celle part depuis petit à petit.
-
- Li rois d'Engleterre avoit escript et segnefiiet sa
- venue as signeurs qui encores estoient à Thun l'Evesque, 15
- devant les François: si ques, si tretost qu'il
- sceurent qu'il estoit arrivés, et qu'il avoit desconfis
- les Normans, il se deslogièrent. Et donna li dis contes
- de Haynau, à quel priière et mandement il estoient
- là venu, toutes manières de gens congiet, exceptet 20
- les corps des grans signeurs. Mais chiaus là
- amena il en Valenchiènes, et les festia et honnoura
- grandement, par especial le duch de Braibant et Jakemon
- d'Artevelle. Et là preeça li dis d'Artevelle, en
- mi le marchiet, present tous les signeurs et chiaus 25
- qui le peurent oïr. Et remoustra quelz drois li rois
- d'Engleterre avoit à le calenge de France, et ossi quel
- poissance li troi pays avoient, Flandres, Haynau et
- Braibant, quant il estoient d'un accord et d'une alliance
- ensamble. Et fist tant adonc, par ses paroles 30
- et par son grant sens, que toutes manières de gens
- qui l'oïrent et entendirent, disent qu'il avoit durement
- bien parlet et par grant experiense, et en fu de
- tous moult loés et prisiés; et disent qu'il estoit bien
- dignes de gouvrener et excerser le conté de Flandres.
-
- Apriès ces coses faites et devisées, li signeur se
- partirent li un de l'autre, et prisent un brief jour de 5
- estre ensamble à Gand dalés le roy d'Engleterre. Si
- y furent le sizime jour apriès, et vinrent veoir le roy,
- qui les rechut à grant chière, et les conjoy et festia
- moult liement. Et ossi fist la royne d'Engleterre,
- Phelippe de Haynau, qui assés nouvellement estoit 10
- relevée d'un fil qui s'appelloit Jehans, et fu depuis
- dus de Lancastre de par ma dame, sa femme, fille
- au duch Henri de Lancastre, si com vous orés recorder
- avant en l'ystore. Adonc fu pris et assignés
- uns certains jours de parlement, à estre à Villevort 15
- tous les signeurs et leurs consaulz, et li consaulz des
- bonnes villes de leurs pays. Si se partirent dou roy
- d'Engleterre, et s'en rala cescuns en son lieu, attendans
- que li termes devoit venir pour estre à Vilvort,
- si com dessus est dit. Or vous compterons un petit 20
- dou roy de France, et de aucunes de ses ordenances,
- (qu'il fist depuis[337]) qu'il sceut que li rois englès fu
- arivés en Flandres.
-
- [337] Mss. B3, 4, fo 56 vo.--Ms. B1, fo 84 vo (lacune).
-
-
- § 117. Quant li rois Phelippes de France sceut le
- verité de sen armée sus mer, comment il avoient 25
- esté desconfi, et que li rois englès, ses adversaires,
- estoit arrivés paisievlement en Flandres, si en fu durement
- courouciés, mès amender ne le peut; si se
- desloga et se retray viers Arras, et donna une partie
- de ses gens d'armes congiet, jusques à tant qu'il oroit 30
- aultres nouvelles. Mais il envoia monsigneur Godemar
- dou Fay en Tournay, pour là aviser des besongnes,
- et penser que la cité fust bien pourveue, car il
- se doubtoit plus des Flamens que d'autrui. Et mist
- le signeur de Biaugeu en Mortagne, pour faire frontière 5
- contre les Haynuiers; et envoia grant fuison de
- gens d'armes à Saint Omer, à Aire et à Saint Venant;
- et pourvei souffissamment tout le pays, sus les frontières
- de Flandres.
-
- En ce temps, regnoit uns rois en Sesille, qui s'appelloit 10
- Robers, qui avoit le fame et le renommée de
- estre très grans astro(no)miens, et deffendoit, ce qu'il
- pooit, au roy de France et à son conseil que point
- ne se combatesist au roy englès, car li dis rois englès
- devoit estre trop fortunés en toutes ses besongnes. 15
- Et euist volentiers veu li dis rois Robers que on euist
- les dessus dis rois mis à acord et à fin de leur guerre,
- car il amoit tant la couronne de France que à envis
- veist se desolation. Si estoit li dessus dis rois en ce
- temps venus en Avignon devers le pape Clement et 20
- le Collège, et leur avoit remoustré les perilz qui
- pooient estre en France, par le fait des guerres des
- deux rois, et encores avoech ce priiet et requis qu'il
- se volsissent ensonniier d'yaus apaisenter, pour tant
- qu'il les veoit si esmeus en grant guerre où nulz 25
- n'aloit au devant. De quoi li papes Clemens VIe et
- li cardinal l'en avoient respondu tout à point et dit
- qu'il y entenderoient volentiers, mès que li doi roy
- en volsissent oïr.
-
-
- § 118[338]. Or retourrons nous au parlement qui fu à 30
- Vilvort, si com dessus est dit. A ce parlement qui
- fu à Vilvort, furent tout cil signeur après denommet:
- premierement li rois d'Engleterre, li dus Jehans de
- Braibant, li contes de Haynau, messires Jehans de
- Haynau, ses oncles, li dus de Guerles, li contes de 5
- Jullers, li markis de Blankebourch, li markis de Misse
- et d'Eurient, li contes des Mons, messires Robers
- d'Artois, li sires de Faukemont, messires Guillaumes
- de Duvort, li contes de Namur, Jakemes d'Artevelle,
- et grant fuison d'aultres signeurs; et de toutes les 10
- bonnes villes de Flandres, de Braibant et de Haynau,
- deux ou quatre hommes, par manière de conseil. Là
- furent parlementé et consilliet pluiseur avis et estatut
- entre les signeurs et leurs pays. Et acordèrent et
- seelèrent li troy pays, loist assavoir Flandres, Haynau 15
- et Braibant, qu'il seroient, de ce jour en avant,
- aidant et confortant l'un l'autre, en tous cas et en
- tous afaires. Et se alloiièrent par certainnes couvenences
- que, se li uns des trois pays avoit à faire contre
- qui que ce fust, li doi autre le devoient aidier. Et 20
- se il avenoit qu'il fuissent en discort dou temps à venir
- li doi ensamble, li tiers y devoit mettre bon acord.
- Et se il n'estoit fors pour ce faire, il s'en devoit traire
- au roy d'Engleterre, en qui main ces couvenences et
- alliances estoient dittes et jurées à tenir fermes et 25
- estables, qui comme ressors les devoit apaisenter.
-
- [338] Dans le ms. B1, fo 85, il n'y a aucune coupure après ces
- mots: «volsissent oïr»; nous avons suivi quelques bons mss.,
- notamment celui de Besançon, fo 61, qui commencent ici un
- paragraphe distinct.
-
- Et furent pluiseur estatut là juret, escript et seelet,
- qui depuis se tinrent trop mal. Mais toutes fois,
- par confirmation d'amour et d'unité, il ordonnèrent
- à faire forgier une monnoie coursable ens ès trois 30
- pays, que on appelleroit _compagnons_ ou _alloiiés_. Sus
- le fin des parlemens, il fu dit et arresté et regardé
- pour le milleur que, environ le Magdelainne, li rois
- englès s'esmouveroit et venroit efforciement mettre
- le siège devant le bonne cité de Tournay. Et là y 5
- devoient estre avoecques lui tout li signeur dessus
- nommet, avoech leur mandement de chevaliers et
- d'escuiers, et li pooirs des bonnes villes. Si se partirent
- sus tel estat que pour yaus retraire en leurs
- pays, et appareillier souffisanment, cescun selonch 10
- che qu'il apertenoit, pour estre mieus pourveu, quant
- li jours et li termes venroit qu'il devoi(en)t estre devant
- le cité de Tournay, et cescuns selonch son estat.
-
-
- § 119. Or sceut li rois Phelippes, assés tost apriès
- le departement de ces signeurs qui à Vilvort avoient 15
- esté, le plus grant partie de l'ordenance de ce parlement
- et tout l'estat, et comment li rois englès devoit
- venir assegier le cité de Tournay; si s'avisa qu'il le
- conforteroit telement et y envoieroit si bonne chevalerie,
- que la cité seroit toute seure et bien consillie. 20
- Si y envoia droitement fleur de chevalerie, le conte
- Raoul d'Eu, connestable de France, et le jone conte
- de Ghines, son fil, le conte de Fois et ses frères, le
- conte Aimeri de Nerbonne, monsigneur Aymart de
- Poitiers, monsigneur Joffroi de Chargni, monsigneur 25
- Gerart de Montfaucon, ses deux mareschaus monsigneur
- Robert Bertran et monsigneur Mahieu de Trie,
- le signeur de Kaieus, le senescal de Poito, le signeur
- de Chastillon et monsigneur Jehan de Landas. Chil
- avoient avoech yaus chevaliers et escuiers, preus as 30
- armes, et très bonnes gens. Si leur pria li dis rois
- chierement qu'il vosissent si bien penser et songnier
- de Tournay que nulz damages ne s'en presist; et il
- li eurent en couvent. Adonc se partirent il d'Arras,
- et chevaucièrent tant par leurs journées qu'il vinrent
- à Tournay. Si y trouvèrent monsigneur Godemar 5
- dou Fay, qui en devant y avoit esté envoiiés, qui
- les rechut liement; et ossi fisent tout li homme de le
- ville. Assés tost apriès che qu'il furent venu, il regardèrent
- et fisent regarder as pourveances de le
- cité, tant en vivres comme en artillerie, et ordonnèrent 10
- bien et à point, selonch che qu'il besongnoit;
- et y fisent amener et achariier, dou pays voisin,
- grant fuison de blés et d'avainnes et de toutes aultres
- pourveances, tant que la chité fu en bon point,
- pour lui tenir un grant temps. 15
-
-
- § 120[339]. Or retourrons au roy d'Engleterre, qui se
- tenoit à Gand, dalés la royne sa femme, et entendoit
- à ordener ses besongnes. Quant li termes deubt
- approcier que li signeur dessus nommet se devoient
- trouver devant Tournay, et que li bled commençoient 20
- à meurir, li rois englès se parti de Gand à
- moult belle gent d'armes de son pays, sept contes,
- deux prelas, vingt huit banerès et bien deux cens
- chevaliers. Et estoient Englès quatre mille hommes
- d'armes et neuf mille archiers, sans le pietaille. Si 30
- s'en vint et passa et toute sen host parmi le ville de
- Audenarde; et puis passa le rivière d'Escaut, et s'en
- vint logier devant Tournay, à le porte c'on dist
- Saint Martin, ou chemin de Lille et de Douay. Assés
- tost après, vint ses cousins li dus de Braibant, à plus
- de vingt mille hommes, chevaliers et escuiers, et les
- communautés de ses bonnes villes. Et se loga li dis
- dus devant Tournay; et comprendoit sen host grant
- quantité de terre. Et estoient Braibençon logiet au 5
- Pont à Riès, contreval l'Escaut, mouvant de l'abbeye
- Saint Nicolay, revenans vers le Pire et le porte Vale(n)cenoise.
- Apriès estoit li contes Guillaumes de
- Haynau avoech belle bachelerie de son pays; et avoit
- grant fuison de Hollandois et de Zellandois, qui le 10
- gardoient de priès, et le servoient ensi que leur signeur.
- Et estoit li contes de Haynau logiés entre le
- duch de Braibant et le roi d'Engleterre. Apriès estoit
- Jakemes d'Artevelle à plus (de) soixante mil Flamens
- sans chiaus de Ippre, de Popringhe et de Cassiel et 15
- de le chastelerie de Berghes, qui estoient envoiiet
- d'autre part, ensi que vous orés chi après. Et estoit
- Jakemes d'Artevelle logiés à le porte Sainte Fontainne,
- d'une part de l'Escaut et d'aultre. Et avoient
- li Flamench fait un pont de nefs sus l'Escaut, pour 20
- aler et venir à lor aise. Li dus de Guerles, li contes
- de Jullers, li markis de Blankebourch, li markis de
- Misse et d'Eurient, li contes des Mons, li contes de
- Saumes, li sires de Faukemont, li sires de Bakehen
- et tout li Alemant estoient logiet d'autre part devers 25
- Haynau, et avoient fait ossi un pont sus l'Escaut, au
- dessus de Tournay, et pooient aler et chevaucier de
- l'une host en l'autre. Ensi estoit la cité de Tournay
- assise et environnée de tous lés et de tous costés, ne
- nulz n'en pooit partir, entrer ne aler, que ce ne fust
- par congiet, et qu'il ne fust veus et aperceus de 30
- chiaus de l'ost, sus le quel costet que che fust.
-
- [339] Ms. A8, fo 59, et ms. A1, fo 61 vo. Il n'y a pas ici de
- coupure dans les mss. B1, 3 et 4.
-
-
- § 121. Chilz sièges fais et arrestés devant le cité de
- Tournay, si com vous avés oy, dura longement. Et
- estoit li hos de chiaus de dehors bien pourveue et
- avitaillie de tous vivres, et à bon marchiet, car il
- lor venoit de tous lés, par terre et par yawe. Si 5
- y eut, le siège durant, là environ pluiseurs belles
- apertises d'armes faites et pluiseurs chevaucies, des
- quèles nous ferons en sievant mention. Car li
- jones contes de Haynau, qui estoit hardis et entreprendans,
- avoit si pris en coer ceste guerre, comment 10
- que de premiers il en fu moult frois, que c'estoit
- cilz par qui toutes se mettoient sus les envaies
- et les chevaucies. Et se parti de l'host à une matinée,
- à bien cinq cens lances, et s'en vint passer desous
- Lille, et ardi le bonne ville de Seclin et grant fuison 15
- de villiaus là environ. Et coururent si coureur jusques
- ens ès fourbours de Lens en Artois. Tout ce fu
- recordé au roy Phelippe, son oncle, qui se tenoit en
- Arras; si en fu moult courouciés, mès amender ne
- le peut tant c'à ceste fois. Encores apriès ceste chevaucie, 20
- en remist li contes une sus, et chevauça
- adonc devers le bonne ville d'Orcies; si fu prise et
- arse, car elle n'estoit point fremée, et Landas et li
- Celle, et pluiseur bon village qui sont là en ce contour.
- Et coururent tout le pays où il eurent très grant 25
- pillage, et puis s'en revinrent au siège de Tournay.
-
- D'autre part, li Flamench assalloient souvent chiaus
- de Tournay, et avoient fait en nefs sus l'Escaut bierfrois
- et atournemens d'assaus; et venoient hurter et
- escarmucier, priés que tous les jours, à chiaus de 30
- Tournay. S'en y avoit souvent des navrés, des uns
- et des aultres. Et se mettoient en grant painne li
- Flamench de conquerre et de damagier Tournay,
- tant avoient pris le guerre en coer. Et on dist et
- voirs est qu'il n'est si felle guerre que de voisins et
- d'amis. Et entre les assaus que li Flamench fisent, il en
- y eut un qui dura un jour tout entier. Là eut tamainte 5
- grant apertise d'armes faite, car tout li signeur et li
- chevalier qui en Tournay estoient furent à cel assaut.
- Et estoit li dis assaus fais en nefs et en vaissiaus, à
- ce appareilliés de lonch temps, pour ouvrir et pour
- rompre les barrières à le posterne de l'arce; mais 10
- elles furent si bien deffendues que li Flamench n'i
- conquisent riens; ançois perdirent une nef toute cargie
- de gens, dont il en y eut plus de six vingt noiiés;
- et retournèrent au soir tout lasset et tout travilliet.
-
-
- § 122. Le siège durant et tenant devant Tournay, 15
- issirent hors une matinée li saudoiier de Saint Amand,
- dont il en y avoit grant fuison, et vinrent à Hanon
- qui se tient de Haynau, et ardirent le ville et violèrent
- l'abbeye et destruisirent le moustier; et en menèrent
- et en portèrent devant yaus tout che que mener 20
- et emporter en peurent, et puis retournèrent en
- Saint Amand. Assés tost après, se partirent li saudoiier
- dessus dit, et passèrent le bos de Saint Amand,
- et vinrent jusques à l'abbeye de Vicogne, pour le
- ardoir et essillier; et en fuissent venu à leur entente, 25
- car il avoient fait un grant feu contre le porte, pour
- le ardoir et abatre à force; mais uns gentilz abbes,
- qui laiens estoit pour le temps, y pourvei de grant
- remède. Car, quant il eut consideré le peril, il monta
- à cheval et parti par derrière, et chevauça tous les 30
- bos, à le couverte, et fist tant que moult quoiteusement
- il vint à Valenchiènes. Si requist au prevost de
- le ville et as jurés que on li volsist prester les arbalestriers
- de le ville, pour aidier à deffendre sa maison;
- et cil li acordèrent volentiers. Si les en mena
- dans abbes avoech lui; et passèrent derrière Raimes, 5
- et les mist en ce bois, qui regarde vers le Pourcelet,
- et sus le caucie. Là commencièrent il à traire et à
- berser sur ces bidaus et Geneuois, qui estoient devant
- le porte de Vicongne. Si tretost qu'il sentirent
- ces saiettes qui leur venoient de dedens le bos, si furent 10
- tout effraé, et se misent au retour, cescuns qui
- mieulz mieulz. Ensi fu li abbeye de Vicongne sauvée.
-
- En ce temps, estoit li contes de (Lille), en Gascongne,
- de par le roy de France, qui y faisoit la guerre,
- et avoit priès repris et conquis tout le pays d'Acquitainne; 15
- et y tenoit les champs, à plus de six mille
- chevaus; et avoit assis Bourdiaus, par terre et par
- aigue. Si estoient avoecques le dit conte toute li fleur
- de chevalerie des marches de Gascongne, li contes
- de Pieregorth, li contes de Commignes, (ly vicontes 20
- de Carmaing[340]), li viscontes de Villemur, li viscontes
- de Brunikiel, li sires de la Barde et pluiseur aultre
- baron et chevalier. Et n'estoit nulz, de par le roy
- englès, qui leur veast leurs chevaucies, fors tant que
- les forterèces englesces se tenoient et gardoient à leur 25
- pooir. Et là en ce pays avinrent moult de biaus fais
- d'armes, des quelz nous vous parlerons chà en apriès,
- quant temps et lieus sera. Mès nous retourrons encores
- un petit as besongnes qui avinrent en Escoce,
- le siège durant et tenant devant le cité de Tournay. 30
-
- [340] Mss. B4, 3, fo 58.--Ms. B1 (lacune).
-
-
- § 123. Vous devés savoir que messires Guillaumes
- de Douglas, filz dou frère à monsigneur Guillaume
- de Douglas qui demora en Espagne, si com chi dessus
- est contenu, li jones contes de Mouret, li contes
- Patris, li contes de Surlant, messires Robers de Versi, 5
- messires Symons Fresel, Alixandres de Ramesay estoient
- demoret chapitainne del remanant d'Escoce,
- et se tenoient et tinrent longement en celle forest de
- Gedours, par yvier temps et par esté, par l'espasse
- de sept ans et plus, comme très vaillans gens; et guerrioient 10
- toutdis les villes et les forterèces, là où li rois
- Edowars avoit mis ses gens et ses garnisons; et souvent
- leur avenoit des belles aventures et perilleuses,
- des quèles il se partoient à grant honneur, par quoi
- on les doit conter entre les preus, ossi fait on. 15
-
- Si avint ens ou temps que li rois englès estoit par
- deçà, et guerrioit le royaume de France, et seoit
- devant Tournay, que li rois Phelippes envoia en Escoce
- gens, qui arrivèrent en le ville de Saint Jehan.
- Et prioit adonc li rois de France à ces dessus nommés 20
- signeurs d'Escoce qu'il volsissent esmouvoir et
- faire si grant guerre sus le royaume d'Engleterre,
- qu'il couvenist que li rois englès s'en ralast oultre,
- et deffesist son siège de devant Tournay, et leur promist
- à aidier et conforter de poissance, de gens et 25
- d'avoir: si ques, en ce temps que li sièges fu devant
- Tournay, cil signeur d'Escoce se pourveirent, à
- le requeste dou roy de France, pour faire une grande
- chevaucie sus les Englès. Quant ilz furent bien pourveu
- de grans gens, ensi qu'il leur besongnoit, il se 30
- partirent de le forest de Gedours, et alèrent par toute
- Escoce reconquerre des forterèces celles qu'il peurent
- ravoir; et passèrent oultre le bonne cité de Bervich
- et le rivière de Thin, et entrèrent ens ou pays de
- Northombreland, qui jadis fu royaumes. Là trouvèrent
- ilz bestes grasses à grant fuison. Si gastèrent
- tout le pays et ardirent jusques à le cité de Duremme 5
- et assés oultre; puis s'en retournèrent arrière par
- un aultre chemin, gastant et ardant le pays, si qu'il
- destruisirent bien en celle chevaucie trois journées
- long del pays le roy englès; et puis rentrèrent ens
- ou pays d'Escoce, et reconquisent toutes les forterèces 10
- que li Englès tenoient, hors mis le bonne cité de
- Bervich, et trois aultres fors chastiaus qui leur faisoient
- trop grant anoy et souvent, pour le(s) vaillans
- gens qui les gardoient, et le pays d'entours ossi. Et
- estoient et sont encores chil troi chastiel si fort que 15
- à painnes poroit on trouver si fors en nul pays. Si
- appell' on l'un Struvelin, l'autre Rosebourch, et le
- tierch et le souverain de tout le royaume d'Escoce
- Haindebourch. Li chastians de Haindebourch siet
- sus une haute roce, par quoi on voit tout le pays 20
- d'environ. Et est la montagne si roste et si malaisie
- que à grant painne y poet uns homs monter, sans
- reposer deux fois ou trois, et ensi uns chevaus à demie
- charge. Et estoit cilz adonc qui faisoit plus de
- contraires à ces signeurs d'Escoce et à leurs gens. Et 25
- en estoit chastellains et gardiiens, pour le temps de
- lors, uns vaillans chevaliers englès, qui s'appelloit
- messires Gautiers de Limoges, frères germains à monsigneur
- Richart de Limosin, qui si vaillamment se
- tint et deffendi à Thun l'Evesque contre les François. 30
-
- Or avint, en ce temps que li sièges se tenoit devant
- Tournay, et que cil signeur d'Escoce, si com
- dessus est dit, chevauçoient parmi le pays d'Escoce,
- reconquerant les forterèces à leur loyal pooir, messires
- Guillaumes Douglas s'avisa d'un grant fait et
- perilleus et d'une grant subtileté, et le descouvri à
- aucuns de ses compagnons, au conte Patris, à monsigneur 5
- Symon Fresiel, qui avoit estet mestres et
- gardiiens dou roy David d'Escoce, et à Alixandre de
- Ramesai, qui tout s'i accordèrent et se misent en
- celle perilleuse aventure avoecques le bon chevalier
- dessus dit; et prisent bien jusques à deux cens compagnons 10
- de ces (Escos[341]) sauvages, pour faire une
- embusche, ensi com vous orés. Chil quatre signeur
- et gouvreneur de tous les Escos, qui savoient le pensée
- li uns de l'autre, entrèrent en mer à toute leur
- compagnie, et fisent pourveance d'avainne, de blanche 15
- farine, et de carbon de fèvres; puis arrivèrent
- paisievlement à un port qui estoit à trois liewes
- priès de ce fort chastiel de Haindebourch, qui lor
- destraindoit plus que tout li aultre. Quant il furent
- arrivet, il issirent hors par nuit, et prisent dix ou 20
- douze des compagnons ens ès quelz ilz se confioient
- le plus, et se vestirent de povres cotes deschirées et
- de povres capiaus, à guise de povres marcheans, et
- chargièrent douze petis chevalés de douze sas, les uns
- emplis d'avainne, les aultres de farine, et le(s) aultres 25
- de charbon de fèvres. Et envoiièrent les aultres compagnons
- embuschier en une deschirée abbeye et gastée
- là où nulz ne demoroit; et estoit assés priès dou
- piet de le montagne sour quoi li chastiaus seoit.
- Quant jours fu, cil marchant, qui estoient couvertement 30
- armet, s'esmurent et se misent au chemin viers
- le chastiel à tout les chevaus chargiés, ensi que vous
- avés oy. Quant il vinrent au piet de le montagne,
- qui estoit si roste et si malaisie à monter, il menèrent
- les chevalés chargiés amont, ensi qu'il peurent.
- Quant il vinrent en le moiiené de le montagne, li 5
- dis messires Guillaumes Douglas et messires Symons
- Fresiel alèrent devant (et firent les autres venir[342]
- tout bellement), et fisent tant qu'il vinrent au
- portier, et li disent qu'il avoient amenet, en grant
- paour, bled, farine et avainne; s'il leur besongnoit, 10
- il leur venderoient volentiers, et à bon marchié. Li
- portiers respondi que voirement besongneroient il bien
- en le forterèce, mais il estoit si matin qu'il n'oseroit
- esvillier le signeur de le forterèce ne le mestre d'ostel;
- mais il fesissent venir avant le pourveance, et il 15
- leur ouveroit le première porte des bailles. Cil le
- oïrent volentiers, et fisent passer avant tout bellement
- les aultres avoech leur charge, et entrèrent tout
- en le porte des bailles, qui leur fu ouverte. Messires
- Guillaumes Douglas avoit bien veu que li portiers 20
- avoit toutes les clés de le grant porte dou chastiel,
- et avoit couvertement demandet au portier le quèle
- deffremoit le porte, et la quèle le guicet. Quant la
- porte des bailles fu ouverte, si com vous avés oy, il
- misent ens les chevalés, et en deschargièrent deux, 25
- qui portoient les sas plains de charbon, droitement
- sus le suel de le porte, à fin que on ne le peuist reclore;
- puis prisent le portier et le tuèrent si paisievlement
- que onques ne dist mot; et prisent les clés,
- et deffremèrent le porte dou chastiel. Puis corna li 30
- dis messires Guillaumes Douglas un cor, et jettèrent
- il et si treize compagnon les cotes deschirées tantost
- jus, et reversèrent les aultres sas plains de charbon
- au travers de le porte, par quoi on ne le peuist clore.
-
- [341] Mss. B3, fo 59.--Ms. B1, fo 88 (lacune).
-
- [342] Mss. B4, 3, fo 59.--Ms B1, fo 88 (lacune).
-
- Quant li aultre compagnon, qui estoient embuschiet
- assés priès dou chastiel, ensi que vous avés oy, 5
- oïrent le cor sonner, il sallirent hors de l'embuschement
- et coururent contremont le voie del chastiel,
- tant qu'il peurent. Li gaitte, qui dormoit adonc, se
- esvilla au son del cor, et vey gens monter hasteement
- contremont le chastiel, tous armés. Si commença 10
- à corner et à criier tant qu'il peut: «Trahi!
- Trahi!» Adonc se esvilla li chastelains, et tout chil
- de laiens ossi s'armèrent, si tost qu'il peurent, et
- vinrent tout acourant à le porte, qui plus tost peurent,
- pour le refremer, mais on leur devea, car messires 15
- Guillaumes et si douze compagnon leur deffendirent.
- Adonc monteplia grans hustins entre yaus,
- car chil dou chastiel ewissent volentiers le porte refremée
- pour leurs vies sauver, car il perchevoient
- bien qu'il estoient trahi. Et cil qui bien avoient 20
- acompli leur emprise et leur desirier se penoient
- tant qu'il pooient del detenir; et tant fisent par leur
- proèce qu'il detinrent l'entrée, tant que cil de l'embuschement
- furent parvenu à yaus. Lors se commencièrent
- à esbahir cil dou chastiel, car il veirent 25
- bien qu'il estoient souspris. Si s'efforcièrent de deffendre
- le chastiel, et de leurs ennemis remettre hors,
- se ilz peuissent, et fisent tant d'armes que merveilles
- estoit à regarder, et par especial messires Gautiers
- de Limozin, car il besongnoit. Mais darrain lor deffense 30
- ne les peut sauver, comment qu'il en tuèrent
- et navrèrent aucuns de chiaus dehors, que li dis
- messires Guillaumes Douglas et si compagnon ne gaegnassent
- le fort chastiel par force, et occirent le plus
- grant partie de chiaus qui le gardoient, excepté le
- chastellain et six escuiers qu'il prisent à merci. Si
- demorèrent laiens tout le jour; puis y establirent 5
- chastellain (ung[343]) gentilhomme dou pays, un escuier
- qui s'appelloit Symons de Weseby, et avoech lui grant
- fuison de bons compagnons et hommes de fief d'Escoce.
- Ensi fu repris li fors chastiaus de Haindebourch
- en Escoce. Et en vinrent les certainnes nouvelles au 10
- roy englès, entrues qu'il seoit devant Tournay, au
- quel siège nous retourrons à parler, car il est heure.
-
- [343] Ms. B3, fo 59 vo.--Mss. B1, 4, fo 89:«d'un.»
-
-
- § 124. Vous avés bien chi dessus oy recorder comment
- li rois englès avoit assegiet le bonne cité de
- Tournay, et moult le constraindoit, car il avoit en 15
- son host plus de six vingt mille hommes as armes,
- parmi les Flamens, li quel s'acquittoient bien de l'assallir.
- Et l'avoient li assegeur telement environné de
- tous costés, que riens ne leur pooit venir, entrer
- ne issir, qu'il ne fust tantost hapés et perceus. Et 20
- pour tant que les pourveances de le cité commencièrent
- à amenrir, li signeur de France, qui là estoient,
- fisent widier toutes manières de povres gens, qui
- pourveu n'estoient pour attendre l'aventure, et les
- misent hors à plain jour, hommes et femmes; et 25
- passèrent parmi l'ost dou duch de Braibant qui leur
- fist grasce, car il les fist conduire sauvement tout
- oultre l'ost. Li rois englès entendi bien par chiaus et
- par aultres que la cité estoit durement astrainte; si en
- fu plus joieus, et pensa que bien il le conquerroit,
- com longement ne quel fret que il y mesist.
-
- D'autre part, li rois de France, qui se tenoit à Arras,
- et estoit tenus toute le saison, entendi que cil de
- Tournay estoient moult constraint, et qu'il avoient 5
- grant mestier d'estre conforté. Si s'ordena à ce qu'il
- les conforteroit, à quel mescief que ce fust, car il
- ne voloit mies perdre une tèle cité que Tournay estoit.
- Si fist un très grant mandement par tout son
- royaume, et ossi une grant priière en l'Empire, tant 10
- qu'il eut le roy Charlon de Behagne, le duch de
- Loeraingne, le conte de Bar, (l'evesque de Liège, l'evesque
- de Miés[344]), l'evesque de Vredun, le conte de
- Montbliar, messire Jehan de Chalon, le conte de Genève,
- et ossi le conte de Savoie et monsigneur Loeis 15
- de Savoie son frère. Tout cil signeur vinrent servir
- le roy de France, à ce qu'il peurent avoir de gens.
- D'autre part, revinrent li dus de Bretagne, li dus de
- Bourgongne, li dus de Bourbon, li contes d'Alençon,
- li contes de Forès, li contes d'Ermignach, li contes 20
- de Flandres, li contes de Blois, messires Charles de
- Blois, li contes de Harcourt, li contes de Dammartin,
- li sires de Couci, et si grant fuison de barons et
- de signeurs, que le nommer par nom et par sournom
- seroit uns grans detriemens. Après revint li rois de 25
- Navare, à tout grant fuison de gens d'armes de Navare
- et de le terre qu'il tenoit en France, dont il
- estoit homs au roy. Et si y estoit li rois David d'Escoce,
- à le delivrance dou roy de France, à belle
- route de gens d'armes. 30
-
- [344] Mss. B4, 3, fo 59 vo.--Ms. B1, fo 89 (lacune).
-
-
- § 125. Quant tout cil signeur dessus nommet et
- plus encores furent venus à Arras devers le roy, il
- eut conseil de chevaucier et de traire par devers ses
- ennemis; si s'esmeut, et cescuns le sievi, ensi que
- ordonné estoit. Et fisent tant par leurs petites journées 5
- qu'il vinrent jusques à une petite rivière, qui
- est à trois liewes priès de Tournay, la quèle est moult
- parfonde et environnée de si grans c(r)olières et marès,
- que nulz ne le pooit passer fors parmi un petit
- pont si estroit que uns seulz homs à cheval seroit 10
- assés ensonniiés dou passer oultre; doi homme ne s'i
- poroient combiner. Et loga trestous li hos sus les
- camps sans passer le rivière, car il ne peuissent.
- L'endemain, li hos demora tous quois. Li signeur,
- qui estoient dalés le roy, eurent conseil comment il 15
- peuissent faire pons, pour passer le rivière dessus
- ditte et les crolières plus aise et plus seurement. Si
- furent envoiiet aucun chevalier et ouvrier, pour regarder
- le passage; mais quant il eurent tout consideré
- et avisé, il regardèrent qu'il perdoient le temps; 20
- si raportèrent au roy qu'il n'i avoit point de passage,
- fors par le pont à Tressin tant seulement. Si demora
- la cose en cel estat, et se logièrent li signeur, cescuns
- sires par lui et entre ses gens. Les nouvelles
- s'espardirent par tout que li rois de France estoit 25
- logiés au pont à Tressin, et entre le pont de Bouvines,
- en entente de combatre ses ennemis: si ques
- toutes manières de gens d'onneur, qui desiroient à
- acquerre grasce par fait d'armes, se traioient celle
- part, tant d'un lés comme de l'autre. 30
-
- Or avint que troi chevalier alemant, qui se tenoient
- en le garnison de Bouchain, furent informet que li
- doi roy s'approçoient durement, et que on supposoit
- bien qu'il se combateroient. De quoi, li doi
- priièrent tant à leur compagnon qu'il s'acorda à ce
- qu'il demorroit, et li aultre iroient devant Tournay
- querre les aventures; et garderoit le forterèce bien et 5
- songneusement jusques à leur retour. Si se partirent
- li doi chevalier, dont on clamoit l'un monsigneur
- Conrart de Leusennich, et l'autre monsigneur Conrart
- d'Asko; et chevaucièrent tant qu'il vinrent vers
- Escaupons, deseure Valenciènes, car il voloient passer 10
- l'Escaut à Condet. Si oïrent, entre Frasne et Escaupons,
- grant effroi de gens, et en veirent pluiseurs
- fuians. Dont brocièrent il celle part et leur route, et
- pooient estre environ vingt cinq lances; si encontrèrent
- les premiers qui fuioient, et leur demandèrent 15
- qu'il leur falloit ne estoit avenu. «En non Dieu, signeur,
- ce respondirent li fuiant, li saudoiier de Mortagne
- sont issu et ont accueilliet grant proie chi entours,
- et l'enmainnent et cacent devers leur forterèce,
- et avoech çou pluiseurs prisonniers de che pays.» 20
- Donc respondirent li chevalier alemant: «Et nous
- sariés vous mener celle part où il vont?»--«En
- nom Dieu, signeur, oil.» Adonc se sont li Alemant
- mis en cace apriès les François de Mortagne, et ont
- sievis les bonhommes dou pays qui les avoiièrent 25
- parmi le bois; et adevancièrent les dessus dis assés
- priès de Nostre Dame ou Bois et dou Crousage.
- Et estoient bien li François six vingt saudoiiers;
- et enmenoient devant yaus bien deux cens grosses
- bestes et aucuns prisonniers paysans dou pays. Et 30
- estoit adonc leur chapitainne, de par le signeur de
- Biaugeu, uns chevaliers de Bourgongne qui s'appelloit
- messires Jehans de Frelais. Sitost que li Alemant
- les veirent, il les escriièrent fierement et se boutèrent
- de grant randon en yaus. Et là eut bon hustin et
- dur, car li chevaliers bourghignons se mist à deffense
- bien et hardiement, et li aucun de se route, et 5
- non pas tout, car il y eut pluiseurs bidaus qui fuirent;
- mais il furent de si priès encauciet des Alemans
- et des villains dou pays, qui les sievoient, as plançons
- et as bourlés, que petit en escapèrent qu'il ne
- fuissent mort et atieret. Et y fu messires Jehans de 10
- Frelais pris, et toute la proie (rescousse[345]) et rendue
- as hommes dou pays, qui grant gret en sceurent as
- Alemans. Depuis ceste avenue, s'en vinrent li chevalier
- devant Tournay, où il furent li bien venu.
-
- [345] Mss. B3, 4, fo 60 vo.--Ms. B1, fo 90 (lacune).
-
-
- § 126. Assés tost apriès chou que li rois de France 15
- s'en fu venus logier à host au pont à Tressin, se mist
- une compagnie de Haynuiers sus, par l'enhort monsigneur
- Wauflart de le Crois, qui leur dist qu'il cognissoit
- tout le pays, et qu'il les menroit bien en tel
- lieu sus l'ost de France où il gaegneroient. Si se partirent 20
- à son enhort, et pour faire aucun biau fait
- d'armes, une ajournée, environ six vingt compagnons,
- chevaliers et escuiers, tout pour l'amour li
- uns de l'autre, et chevaucièrent devers le pont à
- Tressin, et fisent de monsigneur Guillaume de Bailluel 25
- leur chief, et à se banière se devoient tout ralloiier.
- Ceste meisme matinée, chevauçoient li Liegois,
- dont messires Robers de Bailluel, frères germains au
- dessus dit monsigneur Guillaume, estoit chiés, de
- par les Liegois; car adonc il estoit, et faire le devoit,
- avoecques l'evesque de Liège. Si avoient li Liegois
- passet le pont à Tressin, et estoient espars en ces
- biaus plains, entre Tressin et Baisieu, et estoient en
- fourage pour leurs chevaus, et ossi pour veoir se il 5
- trouveroient nulle aventure où il peuissent pourfiter.
- Li Haynuier chevaucièrent celle matinée, qui d'encontre
- nul n'en trouvèrent, car il faisoit si grant
- bruine que on ne pooit veoir un demi bonnier de
- terre loing; et passèrent le pont baudement et sans 10
- encontre, et messires Wauflars de le Crois (devant[346])
- qui les menoit. Quant il furent tout oultre, il ordonnèrent
- que messires Guillaumes de Bailluel et se
- banière demorroient au pont, et messires Wauflars
- de le Crois, et messires Rasses de Monciaus, et messires 15
- Jehans de Sorres, et messires Jehans de Wargni
- courroient devant.
-
- [346] Ms. B4, fo 60 vo.--Ms. B1, fo 90 (lacune).
-
- Si se departirent li coureur et chevaucièrent si
- avant que il s'embatirent en l'ost le roy de Behagne
- et de l'evesque de Liège, qui assés priès dou pont 20
- estoient logiet. Et avoit la nuit fait le gait en l'ost le
- roy de Behagne li sires de Rodemach; et jà estoit
- sus son departement, quant li coureur haynuier vinrent;
- si leur sallirent au devant hardiement, quant il
- les veirent venir. Et ossi Liegois s'estourmirent; si 25
- reboutèrent ces coureurs moult asprement. Et y eut
- là adonc moult bon puigneis, car Haynuier vassaument
- s'i esprouvèrent. Toutes fois, pour revenir à
- leur banière, il se misent devers le pont. E vous Liegois
- et Lussemboursins apriès venus au pont à leur 30
- banière. Là y eut grant bataille. Et fu consilliet à monsigneur
- Guillaume de Bailluel qu'il rapassast le pont,
- et se banière, car il avoient encores de leurs compagnons
- oultre. Si rapassèrent Haynuier au mieus qu'il
- peurent. Et y eut au passer mainte belle apertise d'armes 5
- faite, mainte prise et mainte rescousse. Et avint
- que messires Waufflars de le Crois fu si quoitiés que
- il ne peut rapasser le pont; si doubta le peril et qu'il
- ne fust pris; si s'avisa qu'il se sauveroit. Si issi hors
- de le presse, au mieulz qu'il peut, et prist un chemin 10
- qu'il cognissoit assés, et se vint bouter en uns marès,
- entre rosiaus et crolières, et se tint là un grant temps.
- Et li aultre toutdis se combatoient. Les quelz Liegois
- et Lussemboursins avoient jà rués jus et abatu le
- banière monsigneur Guillaume de Bailluel. 15
-
- A ces cops vinrent cil de le route monsigneur Robert
- de Bailluel, qui venoient de courir, et entendirent
- le hustin; si chevaucièrent celle part. Et fist passer
- messires Robers de Bailluel sa banière devant,
- que uns siens escuiers portoit, qui s'appelloit Jakemes 20
- de Forsvie, en escriant: «Moriaumés!» Li Haynuier,
- qui jà estoient tout escauffé, perchurent le
- banière de Moriaumés qui estoit toute droite; si cuidièrent
- que ce fust li leurs où il se devoient radrecier;
- car moult petit de differense y avoit de l'un à 25
- l'autre, car les armes de Moriaumés sont vairiet contre
- vairiet, à deux kievirons de geules; et sus le kieviron
- messires Robers portoit une petite croisète d'or:
- si ne l'avisèrent mies bien, pour tant en furent il
- deceu; et se vinrent de fait bouter desous le banière 30
- monsigneur Robert. Là y eut dur hustin. Et furent
- li Haynuier fierement rebouté et tout desconfi. Et y
- furent mort troy bon chevalier de leur costé, messires
- Jehans de Wargni, messires Gontiers de Pontelarce,
- messires Guillaumes de Pipempois, et pluiseur
- aultre bon escuier et homme d'armes, dont ce fu
- damages, et pris messires Jehans de Sorre, messires 5
- Daniaus Bleze, messires Rasses de Monchiaus, messires
- Loeis de Jupeleu et pluiseur aultre. Et retourna
- au mieus qu'il peut messires Guillaumes de Bailluel,
- qui se sauva, quoi qu'il y perdesist assés des siens.
-
- D'autre part, messires Wauflars de le Crois, qui 10
- s'estoit boutés et repus entre marès et rosiaus, et se
- cuidoit là tenir jusques à le nuit, fu perceus d'aucuns
- compagnons qui chevauçoient sus ces marès et
- voloient de leurs oisiaus, et estoient au signeur de
- Saint Venant; si fisent si grant noise et si grant bruit 15
- que messires Wauflars issi hors, tous desconfis, et se
- vint rendre à yaus. Il le prisent et le ramenèrent en
- l'ost, et le delivrèrent à leur mestre, qui le tint un
- jour tout entier en son logeis, et l'euist volentiers
- sauvé, se il peuist, par cause de pité, car bien sçavoit 20
- qu'il estoit pris sus le teste. Mès il fu accusés,
- car les nouvelles vinrent au roy de France de le besongne,
- comment elle avoit alé, et de monsigneur
- Robert de Bailluel, qui avoit ruet jus son frère et les
- Haynuiers, et ossi de monsigneur Waufflart de le 25
- Crois, qui avoit esté pris, où et comment. Pour quoi
- li rois en volt avoir le cognissance. Se li fu rendus
- li dis messires Wauflars, qui eut moult mal finet;
- car li dis rois, (pour complaire à ceulx de Lille[347]),
- pour tant qu'il li avoient delivret le conte de Sallebrin 30
- et le conte de Sufforch, leur rendi monsigneur
- Waufflart, qui grant temps les avoit guerriiés. Dont
- cil de Lille furent moult joiant, pour tant qu'il leur
- avoit esté grans ennemis; et le fisent depuis morir en
- leur ville; onques n'en veurent prendre nulle raençon. 5
-
- [347] Mss. B4, 3, fo 61.--Ms. B1, fo 90 (lacune).
-
-
- § 127. De l'avenue monsigneur Robert de Bailluel
- et des Liegois qui avoient ruet jus les Haynuiers,
- fu li rois Phelippes tous joians, et en loa grandement
- tous chiaus qui y avoient estet. D'autre part, li contes
- de Haynau et chil qui leurs amis avoient perdus, 10
- en furent tout courouciet, et ce fu bien raisons. Or
- avint, assés tost apriès que ceste chevaucie dessus
- ditte fu avenue, li contes de Haynau, messires Jehans
- de Haynau, ses oncles, messires Gerars de Wercin,
- seneschaus de Haynau, et bien six cens lances de 15
- Haynuiers et d'Alemans se departirent dou siège de
- Tournay, et s'en vinrent devant Mortagne. Et manda
- li dis contes à chiaus de Valenchiènes qu'il venissent
- d'aultre part, et se mesissent entre le Scarp et l'Escaut,
- pour assallir le ville; li quel y vinrent en grant 20
- estoffe, et fisent achariier et amener grans engiens,
- pour jetter à le ville.
-
- Or vous di que li sires de Biauge(u), qui estoit dedens
- et chapitainne de Mortagne, et uns moult sages
- guerroiières, s'estoit bien doubtés de ces assaus, pour 25
- tant que Mortagne siet si priès de l'Escaut et de Haynau,
- et de tous costés. Et avoit fait piloter le ditte
- rivière d'Escaut, à fin que on n'i peuist naviier; et y
- pooit avoir, par droit compte, plus de douze cens
- pilos. Pour ce ne demora mies que li contes de Haynau 30
- et li Haynuier n'i venissent de l'un des costés,
- et cil de Valenciènes de l'autre. Si se ordonnèrent
- et appareillièrent et sans delay pour assallir. Et fisent
- li Valenciennois tous leurs arbalestriers traire avant
- et approcier les barrières; mais il y avoit si grant
- trenceis de fossés qu'il n'i pooient avenir. Lors s'avisèrent 5
- li aucun qu'il passeroient oultre le Scarp,
- comment qu'il fust, au desous de Chastiaus l'Abbeye,
- et venroient au lés devers Saint Amand, et feroient
- assaut à le porte qui oevre devers Maude. Si
- passèrent aucun compagnon volentrieu et armerés, et 10
- fisent tant qu'il furent oultre le rivière, ensi que proposet
- avoient; et furent bien quatre cens tout able
- et legier et en grant volenté de bien faire le besongne.
-
- Ensi fu Mortagne environnée, à trois portes, des
- Haynuiers, et tous prês de l'assallir. Mais au plus 15
- foible des costés, c'estoit devers Maude, si y faisoit
- il fort assés. Toutes fois, li sires de Biaugeu vint celle
- part, trop bien pourveus dou deffendre, car bien savoit
- que d'autre part il n'avoit que faire; et tenoit
- un glave roit et fort à un lonch fer bien aceret, et 20
- desous ce fier avoit un havet agut et prendant: si
- ques, quant il avoit lanciet et il pooit sachier, en fichant
- le havet en plates ou en haubregon dont on
- estoit armet, il couvenoit c'on en venist ou c'on fust
- reversé en l'aigue. Par ceste manière, en atrapa il et 25
- noia ce jour plus de une dousainne. Et fu à celle
- porte li assaus plus grans que nulle part. Et riens
- n'en savoit li contes de Haynau, qui estoit au lés devers
- Brifuel, tout rengiet sus le rivage de l'Escaut.
-
- Et avisèrent là li signeur entre yaus voie et engien 30
- comment on poroit tous les pilos, dont on avoit piloté
- l'Escaut, oster et traire hors par force ou par
- soubtilité, par quoi on peuist nagier jusques as murs.
- Si avisèrent et ordonnèrent à faire en une grosse nef
- un engien, qui tous les attrairoit hors l'un apriès
- l'autre. Dont furent carpentier mandet et mis en oeuvre,
- et li dis engiens fais en une nef. Ossi ce meisme 5
- jour, levèrent cil de Valenciènes à leur costet un
- très biel engien et bien gettant, qui portoit grosses
- pières jusques dedens le ville et au chastiel, et travilloit
- durement chiaus de Mortagne. Ensi passèrent
- ce premier jour et le nuit ensiewant, en assallant, 10
- avisant et devisant comment il poroient grever Mortagne;
- et l'endemain se traisent à l'assaut de tous
- costés. Encores n'estoit point le second jour fais li
- engiens qui devoit traire les pillos hors. Mais li engiens
- de chiaus de Valenciènes jettoit (uniement[348]) à 15
- chiaus de Mortagne.
-
- [348] Ms. B3, fo 62.--Ms. B1, fo 92 vo: «onniement.»
-
-
- § 128. Le tierch jour apriès, fu la nef toute ordonnée
- et abillie, et li engiens dedens assis et apparilliés,
- pour traire hors les pillos. Lors commencièrent
- à aler cil qui s'en ensonnioient au dessus dou 20
- pilotis, et emprisent à ouvrer, si com commandé leur
- fu. Si s'afficièrent à oster et à traire hors les pilos,
- dont il y avoit semés en l'Escaut grant fuison; mais
- tant de painne et de labeur eurent, anchois qu'il en
- peuissent avoir un, que merveilles fu à penser. Si 25
- regardèrent et considerèrent li signeur que jamais il
- n'aroient fait; si commandèrent à cesser cest ouvrage.
-
- D'autre part, il y avoit dedens Mortagne un mestre
- engigneour qui avisa et considera l'engien de chiaus
- de Valenchiennes, et comment il grevoit leur forterèce. 30
- Si en leva un ou chastiel, qui n'estoit mies trop
- grans, et l'attempra bien et à point, et ne le fist jetter
- que trois fois, dont la première (pierre[349]) chei à
- douze apas priès de l'engien de Valenciennes, la seconde
- au piet de le huge, et la tierce pière fu si bien 5
- apointie que elle feri l'engien parmi le flèche et le
- rompi en deux moitiés. Adonc fu grande li huée des
- saudoiiers de Mortagne. Et chil de Valenchiènes furent
- tout esbahi de leur engien qui estoit rompus
- ou moilon, et le alèrent regarder à grant merveilles. 10
-
- [349] Mss. B4, 3, fo 62.--Ms. B1, fo 89 (lacune).
-
-
- § 129. Ensi furent li Haynuier devant Mortagne
- deux nuis et trois jours que riens n'i conquisent. Si
- eut li dis contes de Haynau et messires Jehans ses
- oncles avis et volenté de retraire au siège de Tournay;
- et donnèrent congiet à chiaus de Valenchiennes 15
- de retourner en leur ville. Ensi se departi ceste
- assamblée. Li Valencienois se retraisent arrière en
- Valenciènes, et li contes et li chevalier s'en revinrent
- en l'ost devant Tournay, et se tinrent là environ
- trois jours. Et puis fist li contes une priière as compagnons 20
- pour amener devant Saint Amand, car les
- plaintes estoient venues à lui que li saudoiier de
- Saint Amand avoient arse l'abbeye de Hanon, et s'estoient
- mis en painne d'ardoir Vicongne, et avoient
- fait pluiseurs despis as frontières de Haynau, pour 25
- quoi li dis contes voloit contrevengier ces fourfaitures.
- Si se parti dou dit siège de Tournay à bien trois
- mille combatans, et s'en vint à Saint Amand, qui
- adonc n'estoit fremée que de palis. Bien avoient li
- saudoiier, qui estoient dedens, entendu que li contes 30
- de Haynau les venroit veoir, mès il s'estoient si
- glorefiiet en leur orguel qu'il n'en faisoient nul
- conte. A ce donc estoit gardiiens et chapitainne de
- Saint Amand uns bons chevaliers de le langue d'och,
- nommés li seneschaus de Carcassonne, li quelz avoit 5
- bien imaginet et consideret le force de le ville. Si en
- avoit dit son avis as monnes, et à chiaus qui estoient
- demoret pour garder l'abbeye et le ville. Et disoit
- bien que ce n'estoit pas une forterèce tenable contre
- une host, non qu'il s'en volsist partir, mès demorer 10
- et garder à son loyal pooir; mais il le disoit par manière
- de conseil. Li parole dou chevalier ne fu mies
- oye ne creue bien à point, dont il leur mesvint, si
- com vous orés chi après. Toutes fois, par son enhort,
- il avoit fait de lonch temps les plus riches jeuiaus de 15
- l'abbeye et de le ville widier et porter à Mortagne à
- sauveté, et là aler l'abbet et tous les monnes, qui
- n'estoient tailliet de yaus deffendre.
-
- Cil de Valenchiènes, qui avoient estet mandé dou
- conte leur signeur qu'il fuissent à un certain jour 20
- devant le ville de Saint Amand, et il seroit à l'autre
- lés, vinrent, ensi que commandé leur fu, en très bon
- couvenant, et estoient bien douze mille combatans.
- Sitost qu'il furent venu devant Saint Amant, il s'i
- logièrent et misent en bonne ordenance, et puis eurent 25
- conseil d'aler assallir. Si fisent armer tous leurs
- arbalestriers, et puis traire vers le pont de Scarp. Là
- commença li assaus durs et fiers et perilleus durement,
- et en y eut pluiseurs bleciés et navrés, d'un
- lés et d'aultre. Et dura cilz assaulz tout le jour, que 30
- onques cil de Valenciennes n'i peurent riens fourfaire;
- mais en y eut des mors et des navrés grant
- fuison des leurs. Et leur disoient li saudoiier et li
- bidau qui laiens estoient, par manière de reproce:
- «Alés boire vostre goudale, alés!» Quant ce vint au
- soir, cil de Valenciènes se retraisent tout lasset, et
- furent moult esmervilliet de ce qu'il n'avoient oy 5
- nulle nouvelle dou conte leur signeur; si eurent avis
- qu'i(l) se deslogeroient et retourroient viers Valenciennes;
- si fisent tout tourser, et se retraiirent, che
- meisme soir, en leur ville.
-
- A l'endemain au matin que cil de Valenciènes se 10
- furent retret, li contes de Haynau se parti dou siège
- de Tournay, si com dessus est dit, à grant compagnie
- de gens d'armes, de banières et de pennons, et
- s'en vint devant Saint Amand, au lés par devers Mortagne.
- Si tost qu'il furent venu, il se traisent à l'assaut, 15
- et là eut moult fort assaut et moult dur. Et gaegnièrent
- li Haynuier, de venue, les premières bailles,
- et vinrent jusques à le porte qui oevre devers Mortagne.
- Là estoient tout premier et devant à l'assaut
- li contes de Haynau et li sires de Byaumont ses oncles, 20
- et assalloient de grant corage et sans yaus espargnier;
- de quoi il leur en fu priès mesavenu, car
- il furent tout doi si dur rencontré de deux pières
- jettées d'amont qu'il en eurent leurs bachinés effondrés
- et les tiestes toutes estonnées. 25
-
- Adonc fu là qui dist: «Sire, sire, à cel endroit chi
- ne les arions nous jamès, car la porte est forte et la
- voie estroite; si cousteroit trop des vostres au conquerre.
- Mais faites aporter des grans mairiens, ouvrés
- à manière de pillos, et hurter as murs de 30
- l'abbeye; nous vous certefions que de force on le
- pertuisera en pluiseurs lieus. Et se nous sommes en
- l'abbeye, la ville est nostre, car il n'i a nul entredeus
- entre (la ville[350]) et l'abbeye.» Dont commanda li dis
- contes que on fesist ensi que pour le mieulz on li
- consilloit, et pour le plus tost prendre. Si quist on
- grans baus de chesnes, et puis furent tantost ouvré 5
- et aguisié devant; et si s'acompagnoient à un pillot
- yaus vint ou yaus trente, et s'escueilloient et puis
- boutoient de grant randon contre le mur; et tant boutèrent
- et si vertueusement qu'il pertuisièrent le mur
- de l'abbeye et rompirent en pluiseurs lieus, et entrèrent 10
- ens abandonneement, et passèrent une petite
- rivière qui là est, et s'en vinrent sans contredit jusques
- à une place, qui est devant le moustier, où li
- marchiés est de pluiseurs coses.
-
- [350] Mss. B3, 4, fo 63.--Ms. B1, fo 93 vo (lacune).
-
- Et là estoit li dis seneschaus de Carcassonne en 15
- bon couvenant, sa banière devant lui, qui estoit de
- geules à un chief d'argent, à deux demi kievirons ou
- chief, et estoit à une bordure d'asur endentée. Là
- dalés lui s'estoient recueilliet pluiseur compagnon de
- son pays, qui assés hardiement rechurent les Haynuiers, 20
- et se combatirent vaillamment, tant qu'il peurent.
- Mès leur deffense ne leur valli noient, car Haynuier
- y sourvinrent à trop grant fuison. Et vous di
- encores, pour tout ramentevoir, à entrer de premiers
- dedens l'abbeye, il y avoit un monne que on appelloit 25
- dan Froissart. Chilz y fist merveilles, et en occist
- que mehagna, au devant d'un pertuis où il se tenoit,
- plus de dix huit; et n'osoit nulz entrer par le lieu qu'il
- gardoit. Mais finablement il le couvint partir, que
- Haynuier entroient en l'abbeye, et avoient pertuisiet 30
- le mur en pluiseurs lieus. Si se sauva li dis monnes,
- au mieus qu'il peut, et fist tant qu'il vint à Mortagne.
-
-
- § 130. Quant li contes de Haynau et messires Jehans
- de Haynau, ses oncles, et li chevalerie de Haynau
- furent entré en l'abbeye, ensi que vous avés oy, si 5
- commanda li dis contes que on mesist tout à l'espée,
- sans nullui prendre à merci, tant estoit il courouciés
- sus chiaus de Saint Amand, pour les despis qu'il
- avoient fais à son pays. Si fu la ditte ville moult tost
- emplie de gens d'armes; et bidau(s) et Geneuois, qui 10
- là estoient, encauciet et quis de rue en rue, et d'ostel
- en hostel. Peu en escapèrent qu'il ne fuissent
- mort et occis, car nuls n'estoit pris à merci. Meismes,
- li senescaus de Carcassonne y fu occis desous
- sa banière, et plus de deux cens hommes, environ 15
- lui que assés priès. Ensi fu Saint Amand destruite.
- Et retourna li contes, ce propre soir, devant Tournay.
- Et l'endemain, les gens d'armes de Valenciènes
- et la communautés vinrent à Saint Amand, et parardirent
- le ville et toute l'abbeye et le grant moustier, 20
- et brisièrent toutes les cloches, dont ce fu damages,
- car il en y avoit moult de bonnes et de melodieuses,
- et si ne lor vint à nul profit qui à compter face.
-
- Apriès le destruction de Saint Amand, li contes de
- Haynau, qui trop durement avoit pris ceste guerre 25
- à coer, et qui estoit plus aigres que nulz des aultres,
- se departi dou siège de Tournay, en se route environ
- six cens armeures de fier, et s'en vint ardoir Orchies
- et Landas et le Celle, et grant fuison de villages là
- environ; et puis passa et toute se route la rivière de 30
- Scarp au desous de Hanon, et entrèrent en France, et
- vinrent à Marchiennes, une grosse et riche abbeye,
- dont messires Amés de Warnans estoit chapitainne,
- et avoit avoecques lui une partie des arbalestriers
- de Douay. Là eut grant assaut, car li dis chevaliers
- avoit durement fortefiiet le (première[351]) porte de l'abbeye, 5
- qui estoit toute enclose et environnée de fossés
- grans et parfons. Et se deffendirent li François et li
- monne qui dedens estoient moult vassaument; mais
- finablement il ne peurent durer contre tant de gent
- d'armes, car il quisent et fissent tant qu'il eurent des 10
- batiaus et les misent en l'aigue, et entrèrent par celle
- manière en l'abbeye. Mais il y eut mort et noiiet un
- chevalier alemant, compagnon au signeur de Faukemont,
- qui s'appelloit messires Bacho de le Wière,
- dont li sires de Faukemont fu moult courouciés, 15
- mais amender ne le peut. A l'assaut de le porte où
- messires Amés de Warnans se tenoit, furent moult
- bon chevalier li contes de Haynau et messires de
- Byaumont, ses oncles, et li seneschaus de Haynau;
- et fisent tant finable(ment) que la porte fu conquise, 20
- et li chevaliers qui le gardoit pris, et mort et occis
- li plus grant partie des aultres. Et furent pris ossi
- pluiseur des monnes, qui laiens furent trouvet, et
- toute la ditte abbeye robée et pillie, et puis arse et
- destruite, et la ville ossi. Et quant il eurent fait leur 25
- emprise, li contes et toutes ces gens d'armes, qui furent
- à le destruction de Marciènes et en ceste chevaucie,
- s'en retournèrent au siège devant Tournay.
-
- [351] Mss. B4, 3, fo 63.--Ms. B1, fo 94 (lacune).
-
-
- § 131. Li sièges qui fu devant Tournay fu grans et
- lons et bien tenus; et moult y eut li rois englès grant 30
- fuison de bonnes gens d'armes. Et se s'i tenoit li dis
- rois volentiers, car bien le pensoit à conquerre, pour
- tant qu'il savoit bien qu'il y avoit dedens grant fuison
- de gens d'armes et assés escarcement de vivres;
- si les supposoit bien à afamer et avoir par force de 5
- famine. Mais li aucun dient et maintiènent qu'il
- trouvèrent moult de courtoisies en chiaus de Braibant,
- et qu'il souffrirent par pluiseurs fois à laissier
- passer parmi leur host vivre assés largement pour
- mener dedens Tournay, dont il furent bien conforté. 10
- Avoech tout ce, cil de Brousselles et cil de Louvaing,
- qui estoient tout tanet de là tant seoir et demorer,
- fisent une requeste au mareschal de l'host que il se
- peuissent partir et retraire en Braibant, car trop
- avoient là demoret à peu de fait. Li mareschaus qui 15
- vey bien que la requeste n'estoit point honnourable
- ne raisonnable, leur respondi que c'estoit bien ses
- grés, mais il leur couvenoit mettre jus leurs armeures.
- Li dessus dit furent tout honteus; si se souffrirent
- atant et n'en parlèrent onques depuis. 20
-
- Or vous recorderons d'une chevaucie des Alemans,
- qui fu faite devant Tournay, à ce meisme pont de
- Tressin où messires Robers de Bailluel et li Liegois
- avoient desconfit les Haynuiers. Li sires de Randerodène
- et messires Ernoulz de Randerodène, ses filz, 25
- adonc escuiers, et messires Jehans de Hodebourch
- ossi adonc escuiers et mestres dou fil au signeur de
- Randerodène, messires Ernoulz de Bakehen, messires
- Renauls de Sconnevort, messires Conrars de Leusennich,
- messires Conrars d'Asko, messires Bastiiens de 30
- Barsies et Caudreliers ses frères et messires Stramen
- de Venoue et pluiseur aultre de le ducé de Jullers et
- de Guerles avoient pris en grant virgongne che que
- li Haynuier avoient esté ensi rencontret; si parlementèrent
- dou soir et s'acordèrent à chevaucier le
- matin au pont à Tressin. Si se armèrent et ordonnèrent
- de le nuit bien et faiticement, et se partirent 5
- sus l'ajournée. Et ossi se misent avoech yaus en leur
- chevaucie aucun baceler de Haynau, qui point n'avoient
- esté à l'autre dessus ditte, telz que messires
- Florens de Biaurieu, messires Baras de le Haie, marescal
- de l'host, monsigneur Jehan de Haynau, messires 10
- Oulphars de Gistelles, messires Robers de Glennes
- de le conté de Los, adonc escuier et au corps
- monsigneur Jehan de Haynau, et pluiseur aultre. Si
- chevaucièrent chil chevalier et chil compagnon dessus
- nommé bellement et sagement; et estoient bien 15
- trois cens ou plus, toutes bonnes armeures de fier;
- et vinrent droit au pont à Tressin, droit au point
- dou jour, et le passèrent oultre sans damage. Et
- quant il furent par de delà, ilz se avisèrent et consillièrent
- ensamble comment il s'ordonneroient, pour 20
- le mieulz, et à leur honneur, resvillier et escarmucier
- l'ost de France. Là furent ordonné li sires de Randerodène
- et Ernouls ses filz et messires Henris de Keukeren,
- uns chevaliers miesenaires, et messires Thielemans
- de Sansi, messires Oulphars de Ghistelles, et 25
- messires li Alemans, bastars de Haynau, et messires
- Robers de Glennes, adonc escuier, et Jakelos de
- Thians, à estre coureur et chevauceur jusques as tentes
- et logeis des François. Et tout li aultre chevalier
- et escuier, qui bien estoient trois cens, devoient demorer 30
- au pont et garder le passage, pour le deffendre
- as aventures des sourvenans. Ensi et sus cel estat,
- se partirent li coureur, qui pooient estre quarante
- lances, très bien monté sus fleurs de roncins et de
- gros coursiers, et chevaucièrent de premiers tout bellement
- tant qu'il vinrent en l'ost le roy de France.
- Dont se boutèrent il ens de plains eslais, et commenchièrent 5
- à decoper cordes et paissons, et à abatre
- et reverser tentes et trés, et à faire un très grant
- desroy, et François à yaus estourmir.
-
- Celle nuit avoient fait le gait doi grant baron de
- France, li sires de Montmorensi et li sires de Saint 10
- Saufliu; et estoient, à ceste heure que li Alemant
- vinrent, encores à leur garde. Quant il oïrent le noise
- et entendirent l'effroi, si tournèrent celle part leurs
- banières et leurs gens, et chevaucièrent fort et roit
- sus les coureurs qui leur host avoient estourmi. Et 15
- quant li sires de Randerodène les vei venir, il tourna
- sus frain tout sagement, et fist chevaucier son pennon
- et ses compagnons, pour revenir au pont à leur
- grosse route, et li François apriès. En celle cace là
- eut bon coureis, car li Alemant se hastoient pour revenir 20
- au dit pont, et li François ossi pour yaus retenir.
- En celle cace fu pris et retenus des François
- messires Oulphars de Ghistelles, qui ne se sceut ne
- peut garder à point, car li chevaliers avoit court vue;
- si fu enclos de ses ennemis, par trop demorer derrière, 25
- et fianciés prisons; et ossi doi escuier, dont on
- nommoit l'un Jehan de Mondorp, et l'autre Jakelot
- de Thians. Li François et leur route chevauçoient
- d'un lés, et li coureur alemant d'autre; et estoient
- environ demi bonnier priès li un de l'autre, et tant 30
- qu'il se pooient bien recognoistre et entendre de
- leurs langages. Et disoient li François as Alemans:
- «Ha! ha! signeur, vous n'en irés pas ensi!» Si se
- hastoient pour prendre le pont, et pas ne savoient
- de le grosse embusce qui estoit au pont, de monsigneur
- Renault de Sconnevort et des aultres: si ques
- il fu dit au signeur de Randerodène: «Sire, sire, 5
- avisés vous, car il nous samble que chil François
- nous torront le pont.» Donc respondi li sires de
- Randerodène et dist: «Se il scèvent un chemin, j'en
- sçai un aultre.» Adonc se retourna sus destre et se
- route, et prisent un chemin assés froiiet qui les mena 10
- droit à celle petite rivière dessus ditte, qui est si
- noire et si parfonde et si environnée de grans marès.
- Et quant il furent là venu, se ne peurent il passer,
- mès les couvint retourner devers le pont. Et
- toutdis chevauçoient li François le(s) grans galos devers 15
- le pont, qui cuidoient ces coureurs alemans enclore
- et prendre, ensi qu'il avoient jà pris de leurs
- compagnons. Et par especial moult y metoit li sires
- de Montmorensi grant entente.
-
-
- § 132. Quant li François eurent tant chevauciet 20
- qu'il furent priès au pont, et il veirent le grosse embusche,
- qui là estoit au devant dou pont, toute armée
- et ordonnée, et qui les attendoit en très bon
- couvenant, si furent tout esmervilliet. Et disent entre
- yaus li aucun qui regardèrent le manière: «Nous 25
- caçons trop folement; de legier porons plus perdre
- que gaegnier.» Dont retournèrent li pluiseur et par
- especial li banière le signeur de Saint Saufliu et li
- sires ossi. Et messires Charles de Montmorensi et se
- banière chevauça toutdis avant et ne volt onques reculer, 30
- mès s'en vint de grant corage assambler as Alemans,
- et li Alemant à lui et à ses gens. Là y eut, de
- premières venues, durs encontres et fortes joustes,
- et tamaint homme reversé d'un lés et d'autre. Ensi
- qu'il assambloient, li coureur dessus nommet, qui
- costiiet les avoient, s'en vinrent ferir sus èle, et se 5
- boutèrent ens de plains eslais et de grant volenté. Et
- ossi li François les rechurent moult bien.
-
- Or vous dirai de une grant apertise d'armes et
- d'un grant avis, dont messires Renaulz de Sconnevort
- usa à l'assambler, et c'on doit bien tenir et recommender 10
- à sage fait d'armes. Ilz qui estoit adonc
- en le fleur de se jonèce, fors chevaliers et rades durement,
- bien armés et bien montés pour le journée,
- s'en vint assambler à le banière le signeur de Montmorensi
- qu'il recogneut assés bien; et s'avisa qu'il 15
- s'en venroit esprouver à celui qui estoit li plus proçains
- de le banière, car il pensoit bien que c'estoit
- li sires. Ensi qu'il jetta son avis il le fist, et feri son
- coursier des esporons, et passa par force le route, et
- s'en vint au signeur de Montmorensi, qui estoit desous 20
- sa banière, bien montés sus bon coursier; et le
- trouva en bon couvenant, l'espée ou poing, et combatant
- à tous lés, car il estoit ossi fors chevaliers et
- grans durement. Et li vint li sires de Sconnevort sus
- destre, et bouta son brach senestre ou fraîn de son 25
- coursier, et puis feri le sien des esporons, en lui tirant
- hors de le bataille, comme vistes et fors chevaliers.
- Li sires de Montmorensi, qui bien se donna à
- garde de ce tour, se prist à deffendre vassaument, comme
- fors et hardis chevaliers, pour lui delivrer de ce 30
- peril et des mains le signeur de Sconnevort; et feroit
- à main tas de sen espée sus le bacinet et sus le dos
- le signeur de Sconnevort. Mais li sires de Sconnevort,
- qui bien estoit (armés[352]) et montés, brisoit à le
- fois les cops, à le fois et le(s) recevoit moult vassaument;
- et tant fist par son effort, vosist ou non li sires
- de Montmorensi, que il le creanta à prisonnier, 5
- et demora ses prisons.
-
- [352] Mss. B3, 4, fo 64 vo.--Ms. B1, fo 96 vo (lacune).
-
- Et li aultre se combatoient de toutes pars. Et là
- furent bon chevalier messires Ernoulz de Randerodène,
- messires de Keukeren, messires Thielemans
- de Sansi, messires Bastiiens de Barsies et Caudreliers 10
- ses frères, messires Robers de Glennes, et prist un
- homme d'armes en bon couvenant, qui s'armoit de
- geules à trois fauls d'or. Et fisent adonc tant li Alemant
- et leur route que il obtinrent le place, et prisent
- bien quatre vingt prisonniers, tous gentilz 15
- hommes, desous le banière monsigneur Charle de
- Montmorensi; et rapassèrent le pont sans damage, et
- vinrent en l'ost devant Tournay; et rala cescuns devers
- se partie; et se desarmèrent et puis alèrent veoir
- les signeurs, dont il furent bien conjoy, le conte de 20
- Haynau et monsigneur son oncle.
-
-
- § 133. De le prise monsigneur Charle de Montmorensi
- furent li François moult courouciet, mès amender
- ne le peurent. Tant comme adonc, ceste cose
- passa, li sièges se tint; li prisonnier se ranchonnèrent 25
- et se delivrèrent au plus tost qu'il peurent. Or
- vous conterons de une aventure qu'il avint as Flamens
- que messires Robers d'Artois et messires Henris
- de Flandres gouvrenoient, dont il en y avoit plus
- de soixante mille de le ville d'Ippre, de Popringhe, 30
- de Messines, de Cassiel et de le chastelerie de Berghes.
- Et se tenoient tout cil Flamench, dont li dessus
- dit estoient chief, ou val de Cassiel, logiés as tentes
- et as trés, et à grant arroi, pour contrester contre les
- garnisons françoises que li rois Phelippes avoit envoiies 5
- à Saint Omer, à Aire, à Saint Venant, et ens
- ès villes et forterèces voisines. Et se tenoient dedens
- Saint Omer, de par le roy de France, li contes, daufins
- d'Auvergne, li sires de Merquel, li sires de Calençon,
- li sires de Montagut, li sires de Rocefort, li 10
- viscontes de Touwars, et pluiseur aultre chevalier
- d'Auvergne et de Limozin. Et dedens Aire et dedens
- Saint Venant en y avoit ossi grant fuison. Et issoient
- souvent hors et venoient escarmucier as Flamens; si
- gaegnoient à le fois, et à le fois y perdoient. 15
-
- Or avint un jour à ces Flamens que il s'en vinrent
- environ troi mille, tout legier et able compagnon, et
- s'avalèrent et issirent hors de leurs logeis pour venir
- hustiner devant Saint Omer, et se boutèrent ens ès
- fourbours et brisièrent pluiseurs maisons, et entendirent 20
- telement au pillage qu'il desrobèrent tout ce
- qu'il trouvèrent. La noise et li effrois monta en le
- ville de Saint Omer. Dont s'armèrent moult vistement
- li signeur qui laiens estoient. Et ossi fisent
- toutes leurs gens, et se partirent par une aultre porte 25
- que par celle devant qui li Flamench estoient. Et
- pooient estre entours six banières et deux cens bacinès,
- et environ cinq cens bidaus tout à piet. Et chevaucièrent
- tout au tour de le ville de Saint Omer,
- ensi qu'il avoient guides qui bien les savoient mener. 30
- Et vinrent tout à temps à ces Flamens qui s'ensonnioient
- de pillier et de rober tout ce qu'il trouvèrent
- en le ville de Arkes, qui est assés priès de le ville de
- Saint Omer; et estoient laiens espars sans chapitainne
- et sans arroi. E vous les François soudainnement
- venus sus yaus, lances abaissies, banières desploiies,
- et en bon couvenant de bataille, et en criant: 5
- «Clermont au dauffin d'Auvergne!» Lors entrèrent
- en ces Flamens qui furent tout esbahi, quant si priès
- d'yaus il les veirent, et ne tinrent ordenance ne conroy
- nul; mais fuirent cescuns qui mieus mieus, et
- jettèrent tout jus ce que pilliet et cargiet avoient, et 10
- prisent les camps; et François apriès yaus, tuant et
- abatant par monciaus et par tropiaus. Et dura ceste
- cace bien deux liewes. Et en y eut bien mors des
- trois mille dix huit cens, et retenu quatre cens qui
- furent amenet en Saint Omer en prison. 15
-
-
- § 134. Quant li demorant qui escaper peurent,
- furent revenu devers leurs compagnons, si contèrent
- leur aventure as uns et as aultres. Et vinrent les nouvelles
- à leurs chapitainnes monsigneur Robert d'Artois
- et monsigneur Henri de Flandres, qui petit les 20
- en plaindirent, mais disent que c'estoit bien emploiiet,
- car sans conseil et sans commandement il
- y estoient alet.
-
- Or avint celle meisme nuit à toute leur host generalment
- une mervilleuse aventure; on n'oy onques, 25
- je croy, à parler ne recorder de si sauvage. Car, environ
- heure de mienuit que cil Flamench gisoient en
- leurs tentes et dormoient, uns si grans effrois et telz
- paours et hideurs les prist generalment en dormant,
- que tout se levèrent en si grant haste et en tel 30
- painne qu'il ne cuidièrent jamais à temps estre deslogiet;
- et abatirent tantost tentes, trés et pavillons,
- et toursèrent tout sus leurs chars, en si grant haste
- que li uns n'attendoit point l'autre, et s'en fuioient
- tout, sans voie tenir et sans conroy. Et fu ensi dit à
- monsigneur Robert d'Artois et à monsigneur Henri 5
- de Flandres, qui dormoient en leurs logeis: «Chier
- signeur, levés vous sus bien tos et vous appareilliés, car
- vos gens s'en fuient et nulz ne les cace; et ne scèvent
- à dire quel cose leur fault, ne qui les muet à fuir.»
-
- Adonc se levèrent li doi signeur en grant haste, et 10
- fisent alumer feus et grant plenté de tortis, et montèrent
- sus leurs chevaus, et s'en vinrent au devant
- d'yaus, et leur disent: «Biau signeur, dittes nous
- quel cose il vous fault, qui ensi fuiiés? N'estes vous
- mies bien asseguret? Retournés, retournés, ou nom 15
- de Dieu! Vous avés grant tort, quant ensi fuiiés, et
- nulz ne vous cace.» Mès quoi que ensi fuissent
- priiet ne requis d'arrester et de retourner, il n'en fisent
- compte, mais toutdis fuirent; et prist çascuns le
- chemin vers sa maison, au plus droit qu'il peut. Et 20
- quant messires Robers d'Artois et messires Henris de
- Flandres veirent qu'il n'en aroient aultre cose, si
- fisent tourser tout leur harnois et mettre à voiture, et
- s'en vinrent au siège devant Tournay, et recordèrent
- as signeurs l'aventure des Flamens, dont on fu durement 25
- esmervilliet. Et disent li pluiseur qu'il avoient
- estet enfantosmet.
-
-
- § 135. Chilz sièges devant le cité de Tournay dura
- assés longement, onze sepmainnes trois jours mains.
- Si poés bien croire et savoir qu'il y eut fais pluiseurs 30
- escarmuces et paletis, tant à assallir le cité, comme
- des chevaucies des compagnons bacelereus l'un sus
- l'autre. Mais dedens le cité de Tournay avoit très
- bonne et sage chevalerie (envoiée en[353]) garnison de
- par le roy de France, si com dessus est dit, qui telement
- en songnièrent et en pensèrent que nulz damages 5
- ne s'i prist.
-
- [353] Ms. B3, fo 65 vo.--Ms. B1, fo 98 ro: «envoiiet».
-
- Or n'est riens, si com on dist, qui ne prende fin.
- On doit savoir que, ce siège pendant, ma dame
- Jehane de Valois, serour au roy de France et mère
- au conte Guillaume de Haynau, travilloit durement 10
- de l'une host en l'autre, à fin que pais ou respis fust
- entre ces parties, par quoi on se departesist sans bataille,
- car la bonne dame veoit là de deux costés
- toute le fleur et l'onneur de le chevalerie dou monde;
- se veist trop à envis, pour les grans perilz qui en 15
- pooient avenir, que nulle bataille fust adrecie entre
- yaus. Et par pluiseurs fois la bonne dame en estoit
- cheue as piés le roy de France son frère, et li priiet
- que respis ou trettiés d'acort fust pris entre lui et
- le roy englès. Et quant la ditte dame avoit travilliet 20
- entre les signeurs de France, elle s'en revenoit
- à chiaus de l'Empire, especialment au duch de Braibant,
- au duc de Jullers, son fil, qui avoit sa fille, à
- monsigneur Jehan de Haynau; et leur prioit que,
- pour Dieu et par pité, il volsissent entendre à aucun 25
- trettiet d'acort, et avoiier le roy d'Engleterre à çou
- qu'il y volsist descendre.
-
- Tant ala et tant procura la bonne dame entre ces
- signeurs, avoech l'ayde et le conseil d'un gentil et sage
- chevalier, qui estoit moult bien de toutes les parties, 30
- messires Loeis d'Augimont, que une journée de traittement
- fu acordée à l'endemain, là où çascune des
- parties devoit envoiier quatre personnes souffissans,
- pour trettier toutes bonnes voies pour acorder les dittes
- parties, se il plaisoit à Dieu, et souffrance de trois 5
- jours que li uns ne pooit ne devoit fourfaire sour
- l'autre. Et si se devoient assambler cil trettieur à une
- capelle, et la dessus ditte bonne dame avoecques.
- De le partie dou roy de France, y fu envoiiés Charles
- li roys de Behagne, Charles li contes d'Alençon, frères 10
- au dit roy, li evesques de Liège, li contes de
- Flandres et li contes d'Ermignach. De le partie le roy
- d'Engleterre, y furent envoiiet li dus de Braibant, li
- evesques de Lincolle, li dus de Guerles, li dus de
- Julers et messires Jehans de Haynau. 15
-
- Quant il furent tout venu à la ditte capelle, il se
- saluèrent moult amiablement et festiièrent grandement,
- et apriès il entrèrent en leur trettiement. Toute
- celle première journée, cil trettieur trettièrent sour
- pluiseurs voies d'acort. Et toutdis estoit la bonne 20
- dame ma dame Jehane de Valois en mi yaus, qui
- moult humlement et de grant coer leur prioit que
- çascune partie se volsist priès prendre de l'acorder.
- Toutes voies celle journée passa sans nul certain
- acord; cescuns en rala en son lieu, sour couvent de 25
- revenir. L'endemain, il revinrent tout à le capelle
- en tel point, et commencièrent à trettier com en devant,
- et cheirent sus aucunes voies assés acordables;
- mès ce fu si tart que on ne les peut escrire de jour.
- Si se parti li parlemens adonc, et creanta cescuns de 30
- revenir là endroit à l'endemain, pour parfaire et
- acorder le remanant. Au tierch jour, cil signeur revinrent
- à plus grant conseil. Là fu acordée une
- triewe à durer une anée entierement, et devoit entrer
- tantost entre ces signeurs et ces gens qui là estoient
- d'une part et d'autre; et entre chiaus qui guerrioient
- en Escoce, en Gascogne, en Poito et en Saintonge, 5
- elle ne devoit entrer jusques à quarante jours.
- Dedens lesquelz quarante jours, cescune des parties
- le devoit faire savoir as siens, sans mal engien: s'il
- les voloient tenir, se les tenissent; et se tenir ne les
- voloient, si guerriaissent li uns l'autre. Mais France, 10
- Pikardie, Bourgongne, Bretagne et Normendie le
- tenoient sans nulle exception. Et devoient li doi
- roy dessus dit, cescuns pour lui et en bon couvenant,
- envoiier quatre ou cinq nobles personnes,
- et li papes deux cardinaulz en legation en le cité 15
- d'Arras. Et ce que ces parties ordonneroient, li doi
- roi le tenroient et confremeroient sans nul moiien.
- Et fu encores celle triewe presente acordée sus tèle
- condition que cescuns devoit tenir paisieuvlement ce
- dont il estoit saisis. 20
-
- Quant celle triewe fu acordée et saielée d'une part
- et d'aultre, cescuns s'en retourna en son host. Si le
- fisent tantost criier par tout l'ost d'une part et d'autre,
- dont li Braibençon eurent grant joie, car il eurent
- là logiet et esté un grant temps moult à envis. 25
- Qui l'endemain, si tost que jours fu, peuist veoir
- tentes abatre, chars chargier, gens fourhaster, emblaver
- et toueillier, bien peuist dire: «Je voi un
- nouvel siècle.»
-
-
- § 136. Ensi com vous avés oy, se departirent ces 30
- deux grans hos, par le traveil et le pourcach de celle
- bonne dame, qui Diex face pardon, qui y rendi grant
- painne. Et demora la bonne cité de Tournay francement
- et entière, qui avoit esté en très grant peril,
- car toutes leurs pourveances falloient, et n'en avoient
- mies pour trois jours ou pour quatre à vivre. Li 5
- Braibençon se prisent au raler hasteement, car grant
- desir en avoient. Li rois englès s'en departi moult à
- envis, s'il peuist et à se volenté en fust; mais il li
- couvenoit sievir partie de le volenté les aultres signeurs
- et croire leur conseil. Li jones contes de Haynau 10
- et messires Jehans de Haynau, ses oncles, se
- fuissent ossi bien à envis acordés à celle departie,
- s'il seuissent ossi bien le couvenant de chiaus qui
- estoient dedens Tournay que li rois de France faisoit,
- et se ne fust ce que li dus de Braibant leur 15
- avoit dit en secret qu'il detenoit à grant mesaise ses
- Braibençons, et comment que fust, il ne les pooit
- tenir qu'il ne se deuissent partir le jour ou l'endemain,
- se acors ne se faisoit.
-
- Li rois de France et tous ses hos se departirent 20
- assés liement, car il ne pooient bonnement plus demorer
- là endroit, pour le puasine des biestes que on
- tuoit si priès de leurs logeis, et pour le chaut qu'il
- faisoit; et si pensoient en leur part à avoir l'onneur
- de celle partie, si com il disoient, pour le raison de 25
- ce que il avoient rescousse et gardée d'estre perdue le
- bonne cité de Tournay, et avoient fait departir celle
- grande assamblée qui assegiet l'avoit, et nient n'i
- avoient fait, comment qu'il y euissent grans frais mis
- et despendus. Li aultre signeur et cil de leur partie 30
- pensoient ossi bien à avoir l'onneur de celle partie,
- pour le raison de ce qu'il avoient si longement demoret
- ens ou royaume et assegié une des bonnes cités
- que li rois ewist, et ars et gasté son pays cescun
- jour, lui saçant et voiant; et point ne l'avoit secouru
- de temps ne d'eure, ensi qu'il deuist; et au daarrain
- il avoit acordé une triewe, ses ennemis seans devant 5
- se cité et ardant et gastant son pays.
-
- Ensi en voloit cescune des parties avoir à soy et
- attribuer l'onneur. Si en poés determiner entre vous,
- qui oy les fais avés et qui les sentés, ce qu'il vous
- en samble, car de moy je n'en pense à nullui donner 10
- l'onneur plus l'un que l'autre, ne faire ent partie,
- car je ne me cognois mie en si grans afaires
- qu'en fais et en maniemens d'armes.
-
-
- § 137. Or se departirent cil signeur dou siège de
- Tournay, et en rala cescuns en son lieu. Li rois englès 15
- s'en revint à Gand dalés ma dame sa femme, et
- assés tost apriès il rapassa le mer et toutes ses gens,
- excepté chiaus qu'il laissa pour estre au parlement à
- Arras. Li contes de Haynau s'en revint en son pays;
- et eut adonc une moult noble feste à Mons en Haynau 20
- et jouste de chevaliers, à la quèle messires Gerars
- de Wercin, seneschaus de Haynau, fu et jousta;
- et y fu telement bleciés qu'il en morut, dont ce fu
- damages. Se demora de li uns biaus filz, qui fu appellés
- Jehans, et puissedi bons chevaliers et hardis; 25
- mais petit dura et regna en santé, dont ce fu damages.
- Li rois de France donna à toutes ses gens congiet,
- et puis s'en vint jewer et rafreschir en le ville
- de Lille. Et là le vinrent veoir cil de Tournay, les
- quelz li rois reçut liement et vei très volentiers, et 30
- leur fist grasce, pour tant que si bellement et si vallamment
- il s'estoient tenu et deffendu contre leurs
- ennemis, et que riens on n'avoit pris ne conquesté
- sus yaus. Le grasce qu'il leur fist elle fu tèle qu'il
- leur rendi leur loy que perdu avoient de grant temps,
- dont il furent moult joiant, car messires Godemars 5
- don Fay et aultre pluiseur chevalier estragne, devant
- lui, en avoient esté gouvreneur; si refisent entre
- yaus prevos et jurés, selonch leurs usages anciiens.
- Quant li rois eut ordonné à son plaisir une partie
- de ses besongnes, il se departi de Lille et se mist au 10
- chemin devers France, pour revenir à Paris.
-
- Or vint li saisons que li parlement ordonnet et
- insinuet en le cité d'Arras approcièrent. Si y envoia
- li papes Clemens VIe en legation deux cardinaulz,
- cesti de Naples et cesti de Clermont, qui de premiers 15
- vinrent à Paris, où il furent moult honnouré dou
- roy et des François; et puis s'avalèrent devers Artois
- et jusques en le cité d'Arras. A ce parlement, de par
- le roy de France, furent li contes d'Alençon, li dus
- de Bourbon, li contes de Flandres et li contes de 20
- Blois, et des prelas li archevesques de Sens, li evesques
- de Biauvais et li evesques d'Auçoirre; de par le
- roy d'Engleterre, li evesques de Lincolle, li evesques
- de Duremmes, li contes de Warvich, messires Robers
- d'Artois, messires Jehans de Haynau et messires 25
- Henris de Flandres. Au quel parlement, il y eut pluiseurs
- trettiés et langages mis avant, et parlementèrent
- plus de quinze jours. Mais riens n'i fu acordé
- ne afiné, car li Englès demandoient et li François
- ne voloient riens donner, fors tant seulement rendre 30
- le conté de Pontieu, qui fu donnée à le royne Ysabiel
- en mariage avoech le roy d'Engleterre. Ceste
- cose ne veurent point li Englès accepter. Si se departirent
- cil signeur et cil parlement sans riens faire,
- fors tant seulement que la triewe fu ralongie deux
- ans; che fu tout ce que li cardinal y peurent impetrer.
- Apriès ce, cescuns s'en rala en son lieu. Et revinrent 5
- adonc li doi cardinal parmi Haynau, à le
- priière dou conte, qui grandement le(s) festia en le
- ville de Valenciènes.
-
- Or nous deporterons nous à parler des deux rois,
- tant que les triewes durront, qui furent assés bien 10
- tenues, excepté les marces lontainnes; et enterons
- en le grant matère et hystore de Bretagne, qui grandement
- renlumine ce livre, pour les biaus fais d'armes
- et grandes aventures qui y sont avenues, si com
- vous porés ensiewant oïr. Et pour ce que vous saciés 15
- veritablement le commencement et le racine de ceste
- guerre et dont elle se meut, je le vous declarrai de
- point en point. Si en dirés vostre entente, et quel
- cause et droit messires Charles de Blois eut au grant
- hiretage de Bretagne, et d'autre part li contes de 20
- Montfort qui en fist fait et partie contre lui, dont
- tant de rencontres, de batailles et d'autres grans fais
- d'armes sont avenu en la ditte ducé de Bretagne et
- ens ès marces voisines.
-
-
- § 138. A savoir est que, quant les triewes furent 25
- acordées et seellées devant le cité de Tournay, tout
- li signeur et toutes manières de gens se deslogièrent
- de une part et d'autre. Si s'en rala cescuns en sa
- contrée. Li dus de Bretagne, qui avoit esté à host
- droit là devant Tournay avoec le roy de France plus 30
- grossement et plus estoffeement que nulz des autres
- princes, s'en retourna vers son pays en l'entente
- d'y revenir, mais il ne peut, car une maladie le prist
- sus le chemin, dont il le couvint aliter et morir.
- Dont ce fu damages, car grans guerres et grans
- destructions de villes et de chastiaus en avinrent 5
- entre les gens nobles et non nobles de son pays.
- Et pour cescun mieulz infourmer pour quoi tout
- cil grant mal avinrent, jou en conterai aucune partie
- ensi que je le sçai et que jou en ay enquis ou
- pays meismement, où j'ay esté et conversé, pour 10
- mieulz savoir ent le verité, et à chiaus ossi qui ont
- là esté où je n'ai mies (este[354]) et qui en ont veu et
- sceu ce que je n'ai mies tout pout veoir et concevoir.
-
- [354] Mss. B 4, 3, fo 66, vo.--Ms. B 1, fo 100 (lacune).
-
- Cilz dus de Bretagne, quant il trespassa de ce siècle,
- n'avoit nul enfant ne n'eut onques de la duçoise sa 15
- femme ne n'avoit eu nulle esperance de l'avoir. Si
- avoit un frère, de par se mère qui avoit estet remariée,
- que on appelloit le conte de Montfort, qui vivoit
- adonc, et avoit chilz à femme le sereur le conte Loeis
- de Flandres. Cilz dus de Bretagne avoit eut un aultre 20
- frère germain de père et de mère, qui trespassés estoit;
- s'en estoit demorée une jone fillète, la quèle li
- dis dus ses oncles avoit mariée à monsigneur Charle
- de Blois (mains net fil au conte Guy de Blois[355]) de le
- sereur le roy Phelippe de France qui adonc regnoit; 25
- et li avoit prommis en mariage la ducé de Bretagne
- apriès son dechiès, pour tant qu'il se doubtoit que
- li contes de Montfort n'i vosist clamer droit par
- proismeté apriès son dechiès, comment qu'il ne fust
- mies ses frères germains. Et il sambloit au dit duch 30
- que li fille de sen frère germain devoit estre par raison
- plus proçaine de avoir le ducée apriès son deciès,
- que li contes de Montfort, ses frères, qui n'estoit point
- estrais de l'estok de Bretagne. Et par tant qu'il avoit
- toutdis doubtet que ses frères li coens de Montfort 5
- n'enforçast, apriès son deciès, le droit de sa jone nièce,
- par se poissance, le maria il au dit monsigneur Carle
- de Blois, à celle entente que li rois Phelippes, qui
- estoit ses oncles, li aidast mieus et plus volentiers à
- garder son droit encontre le dit conte de Montfort, 10
- s'il le vosist entreprendre.
-
- [355] Mss. B 4, 3, fo 66, vo.--Ms. B 1, fo 100 vo (lacune).
-
- Si avint tout ce que li dis dus avoit toutdis doubtet.
- Car, sitost que li contes de Montfort peut savoir
- que li dis dus ses frères fu trespassés sus le
- chemin de Bretagne, il se traist tantost à Nantes, 15
- qui est li chiés et li souverainne cités de Bretagne;
- et fist tant as bourgois et à chiaus dou pays entour,
- qu'il fu receus à signeur comme li plus proisme del
- duch son frère qui trespassés estoit; et li fisent tout
- feaulté et hommage comme au duch de Bretagne et 20
- au signeur. Quant il eut pris le feauté des bourgois
- de Nantes et dou pays d'entour Nantes, ils et la
- contesse sa femme, qui bien avoit coer d'omme
- et de lyon, eurent conseil ensamble qu'il tenroient
- une grant court et feste solennèle à Nantes, et manderoient 25
- tous les barons et les nobles del pays de
- Bretagne et les consaulz des bonnes villes et de
- toutes les cités, qu'il volsissent estre et venir à celle
- court, pour faire feaulté à lui comme à leur droit
- signeur. Quant cilz consaulz fu acordés, il envoiièrent
- grans messages par tous les signeurs, les cités et 30
- les bonnes villes del pays.
-
-
- § 139. Chou pendant et le feste attendant, il se
- parti de Nantes à grant fuison de gens d'armes et s'en
- ala vers la bonne cité de Limoges, car il sçavoit et
- estoit infourmés que li grans tresors, que li dus ses
- frères avoit amasset de lonch temps, estoit là enfremés. 5
- Quant il vint là, il entra en le cité à grant beubant
- et fu noblement recheus des bourgois et de
- tout le clergié et le communauté de le cité; (si ly
- firent tous feaulté, comme à leur droit seigneur. Et
- ly fu tous cils grans tresors delivrés, par le grant acord 10
- qu'il acquist as bourgois de le cité[356]), par grans dons
- et prommesses qu'il leur fist. Et quant il eut là tant
- festiiet et sejourné qu'il li pleut, il s'en parti à tout
- le grant tresor et s'en revint droit à Nantes, là où
- madame sa femme estoit, qui eut grant joie del grant 15
- tresor que ses sires avoit trouvet. Si demorèrent à
- Nantes tout quoi, grant feste demenant, jusques au
- jour que la feste devoit estre, et li grans cours tenue;
- et faisoient très grans pourveances pour celle grant
- feste parfurnir. 20
-
- [356] Mss. B 4, 3, fo 67.--Ms. B 1, fo 101 (lacune).
-
- Quant li jours de celle feste fu venus, et nulz
- n'i venoit pour mandement qui fais leur fust, fors
- uns seulz chevaliers que on clamoit monsigneur
- Hervi de Lyon, noble homme et poissant, li dis
- contes de Montfort et la contesse sa femme en furent 25
- durement courouciet et abaubit. Il fisent leur
- feste par trois jours des bourgois de Nantes et des
- bonnes gens de là au tour, au mieus qu'il peurent;
- si eurent grant despit des aultres qui n'avoient dagniet
- venir à leur mandement. Et eurent conseil 30
- entre yaus de retenir saudoiiers à cheval et à piet,
- tous ceulz qui venir vorroient, et de departir ce grant
- tresor que trouvet avoient, pour mieus venir le dit
- conte à son pourpos de la ditte ducé de Bretagne, et
- pour constraindre tous rebelles de venir à merchi. 5
- A ce conseil se tinrent tout cil qui là furent, chevalier,
- clerch et bourgois. Et furent retenu saudoiier
- venans de tous costés, et larghement paiiés, tant qu'il
- en eurent grant plenté, à cheval et à piet, nobles et
- non nobles, de pluiseurs pays. 10
-
-
- § 140. Quant li contes de Montfort perchut qu'il
- avoit gens à plentet, il eut conseil de aler conquerre,
- par force ou par amours, tout le pays, et de destruire
- tous rebelles à son pooir. Puis, issi hors de le cité
- de Nantes à grant host; si se trest par devers un 15
- moult fort chastiel qui siet d'un costet sus mer, que
- on appelle (Brait. Et en estoit gardiiens et chastellains
- uns gentilz chevaliers qu'on appelloit[357]) monsigneur
- Garnier de Cliçon, cousins au duch qui
- mors estoit, et cousins à monsigneur Olivier de 20
- Cliçon, un noble chevalier et un des plus haus barons
- de Bretagne. Ançois que li dis coens de Montfort
- parvenist à Brait, il avoit si constraint tous
- chiaus del commun pays, fors de forterèces, que cescuns
- le sievoit à cheval ou à piet, car nulz ne l'osoit 25
- laissier, si qu'il avoit si grant host que merveilles
- estoit. Quant il fu parvenus devant le chastiel de
- Brait à tout son host, il fist appeller le chevalier deseure
- dit monsigneur Garnier (de Clichon par monsigneur
- Hervy de Lyon qui là estoit venus avoech lui,
- et requist au dit monsigneur Garnier[358]) qu'il vosist
- obeir à lui et rendre le ville et le chastiel comme au
- duch de Bretagne et à signeur. Li chevaliers respondi
- qu'il n'estoit point consilliés de çou faire, ne riens 5
- n'en feroit, ne ne le tenroit à signeur, s'il n'en avoit
- mandement et ensengnes dou signeur à qui il devoit
- estre par droit. Adonc retray li dis coens arrière et
- deffia le chevalier et chiaus dou chastiel et de le
- ville. A l'endemain, quant il eut oy messe, il commanda 10
- que tout fuissent armet et fist le chastiel assallir,
- qui moult fors estoit et bien pourveus et appareilliés
- pour le deffendre. Et li chevaliers messires
- Garniers de Cliçon, qui preus estoit, sages et hardis,
- fist ossi toutes ses gens armer, qui bien estoient trois 15
- cens arme(u)res et combatans, et fist çascun aler à
- se deffense là où il les avoit ordonnés et establis, et
- en prist environ quarante des plus hardis: si s'en
- vint hors dou chastiel jusques as bailles pour deffendre,
- se il peuist, quant il vei les assallans venir tous 20
- batilliés.
-
- [357] Mss. B 4, 3, fo 67, vo.--Ms. B 1, fo 101 vo (lacune).
-
- [358] Mss. B4, 3 fo 67 vo.--Ms. B1 (lacune).
-
- A ce premierain assaut, eut grant hustin et très
- durement trait et lanciet, et fuison de mors et de
- navrés de chiaus de dehors. Et y fist li dis chevaliers
- tant de biaus fais d'armes et souffri tant de cops 25
- durs et perilleus que on le devoit bien tenir pour
- preu. Mès au daarrain il y sourvint si grant fuisson
- des assallans, et se les semonnoit li contes si asprement,
- que cescuns s'esprouvoit, efforçoit et penoit
- de l'assallir et se mettoit en aventure: si ques, au 30
- daarrain, les bailles furent gaegnies, et convint les
- daarrains retraire vers le forterèce à grant meschief,
- car li assallant se ferirent entre yaus et en tuèrent
- aucuns. Et li chevaliers, qui y faisoit merveilles d'armes,
- les rescouoit et les metoit ce qu'il pooit à sauveté 5
- dedens la mestre porte. Quant cil qui estoient
- sus le port(e) veirent le grant meschief, il eurent paour
- de perdre le chastiel; si laissièrent avaler le grant
- restiel et encloirent le chevalier dehors et aucuns de
- leurs compagnons qui se combatoient fortement à 10
- chiaus de dehors. Là fu li bons chevaliers à grant
- meschief et durement navrés en pluiseurs lius, et si
- compagnon, qui hors estoient fourclos, priès que tout
- mort; ne onques ne se volt rendre prisons pour requeste
- que on li fesist. Quant cil del chastiel veirent 15
- le grant meschief là où li chevaliers estoit et comment
- il se deffendoit, il s'efforcièrent de traire et de
- getter grosses pières à fais, tant qu'il fisent les assallans
- traire arrière, et ressachièrent sus un petit les
- restiaus; par quoi li chevaliers entra en le porte durement 20
- bleciés et navrés en pluiseurs heus, et aucuns
- de ses compagnons, qui demoret li estoient, tout navret
- ossi. Et li assallant retraiirent arrière à leurs logeis,
- durement travilliés, et li aucun blechiés et navrés,
- et li coens de Montfort durement courouciés de çou 25
- que li chevaliers li estoit escapés. A l'endemain, il fist
- faire et apparillier instrumens et engiens pour plus
- fortement assallir le chastiel, et bien dist qu'il ne s'en
- partiroit, pour bien ne pour mal, si l'aroit à se volenté.
-
- Au tierc jour apriès, il entendi par une espie 30
- que li bons chevaliers messires Garniers de Cliçon
- estoit trespassés des plaies et des bleceures qu'il
- avoit receutes en lui deffendant, si comme voirs
- estoit, dont ce fu pités et damages. Si commanda
- tantost que cescuns se alast armer pour recommencier
- l'assaut moult vighereusement. Et adonc fist li
- coens traire avant aucuns estrumens qui fais estoient, 5
- et grans mairiens pour getter oultre les fossés pour
- venir as murs dou chastiel. Chil de dedens se deffendirent
- longement, de traire et de getter pières et feu
- et pos plains de cauch, jusques environ le heure de
- miedi. Adonc les fist requerre li contes qu'il se volsissent 10
- rendre et lui tenir à signeur, et il lor pardonroit
- son mautalent. Il eurent conseil entre yaus longement,
- tant que li contes fist cesser l'assaut. Au
- daarrains, quant il se furent longuement consilliet,
- il se rendirent de plain acord au dit conte, salve 15
- leurs corps, leurs membres et leur avoir. Si entra
- adonc li dis contes ens ou chastiel de Brait à peu de
- gens, et rechut le feauté de tous les hommes de le
- chastelerie, et y establi un chevalier pour chastelain en
- qui moult se fioit, puis revint à ses tentes tous joians. 20
-
-
- § 141. Quant li contes de Montfort fu revenus
- entre ses gens, et il eut establi ses gardes ens ou chastiel
- de Brait, il eut conseil qu'il se trairoit par devers
- le cité de Rennes qui estoit assés priès de là. Si fist
- deslogier ses gens et traire le chemin devers Rennes. 25
- Et par tout là où il venoit, il faisoit toutes manières
- de gens rendre et faire feaulté à lui comme à leur
- droit signeur. Et enmenoit tous chiaus qui se pooient
- aidier, avoecques lui, pour efforcier son host; et il ne
- l'osoient refuser ne laiier, pour doubtance de leurs 30
- corps. Et en ala tant ensi qu'il vint devant le cité de
- Rennes; si fist tendre ses tentes et ses gens logier entours
- (le ville et entours[359]) les fourbours. Quant cil
- de le cité de Rennes veirent ceste host logie entours
- leur ville et entours les fourbours, il fisent grant
- samblant d'yaus deffendre. Et avoient avoecques yaus 5
- un gentil homme, chevalier preu et hardi durement,
- qui manoit assés priès de là, et l'amoient entre yaus
- trop durement pour le loyauté de lui. Si l'avoient
- esleu et pris pour leur gouvrenement et chapitainne,
- et avoit nom messires Henris de Pennefort. 10
-
- [359] Mss. B4, 3, fo 68.--Ms. B1, fo 102 (lacune).
-
- Si avint un jour que cilz eut volenté qu'il destourberoit
- les gens de l'host, s'il avoit compagnie.
- Si pourcaça tant qu'il eut compagnie de deus cens
- hommes de bonne volenté, et issi hors de le cité
- paisievlement à l'aube dou jour, et se feri à l'un 15
- des costés de l'host à toute se compagnie. Si abati
- tentes et logeis et en tua aucuns, par quoi li cris
- et li hahais mon(ta) tantost en l'ost, et cria cescuns
- as armes, et se commencièrent à deffendre. Droit
- à ce point se repairoit uns chevaliers, qui avoit fait 20
- le gait celle nuit, par devers l'ost, à toute se compagnie.
- Si oy le cri et le hahay et se trest celle part,
- au ferir des esporons, et encontra le chevalier et toute
- se compagnie qui s'en repairoit vers le cité. Si lor
- coururent sus vighereusement, et eurent bon puigneis 25
- et fort. Apriès yaus venoient courant cil de
- l'host qui estoient armet. Quant cil de le cité veirent
- le fais qui leur croissoit, il se desconfirent et s'en
- fuirent vers le cité ce qu'il peurent, mais il en domora
- grant fuison de mors et de pris. Et si y fu pris li chevaliers 30
- que tant amoient, messires Henris de Pennefort
- (et amenés devant le conte[360]) qui volentiers le vey.
-
- [360] Mss. B 4, 3, fo 68.--Ms. B 1, fo 102 vo (lacune).
-
- Quant tout furent repairiet à leur host, li contes
- eut conseil qu'il envoieroit le chevalier prison par
- devant le cité, et feroit requerre les bourgois qu'il 5
- li volsissent rendre le cité et faire feaulté à lui comme
- à leur signeur, ou il feroit pendre le chevalier devant
- le porte, par tant qu'il avoit entendu que li
- chevaliers estoit très durement amés de toute le communauté
- de Rennes. Ensi fu fait que consilliet fu. 10
- Quant cil de le cité oïrent celle requeste et veirent
- le chevalier qu'il amoient tant à tel meschief, il en
- eurent grant pité. Si se traisent en le cité pour yaus
- consillier sour celle requeste que on leur avoit faite.
- Si se consillièrent moult longuement, car grans dissentions 15
- estoit entre yaus, car li communs avoit
- grant pitié dou chevalier qu'il amoient durement,
- et si avoient petit de pourveances pour le siège longement
- soustenir. Si se acordèrent finablement tuit
- à le pais. Et li grant bourgois, qui estoient bien 20
- pourveu, ne s'i voloient acorder.
-
- Si monteplia li dissentions si durement que li
- grant bourgois, qui estoient tout d'un linage, se traisent
- d'une part et disent tout hault que tout cil qui
- estoient de leur accord se traisissent d'une part et devers 25
- yaus. Il s'en traii tant de chiaus qui estoient de
- leur linage, qu'il furent bien doi mille, tout d'un
- acord. Quant li aultre commun veirent che, il se
- commencièrent à esmouvoir et à criier durement sus
- les grans bourgois, disant sur yaus laides parolles et 30
- villainnes. Et au daarrain il les coururent sus, et en
- tuèrent grant fuison. Quant li bourgois se veirent à
- tel dangier, (il) priièrent merci, et disent qu'il s'acorderoient
- à le volenté dou commun et dou pays.
- Adonc cessa li hustins, et coururent tous li communs
- ouvrir les portes, et rendirent le ditte cité au conte 5
- de Montfort; et li fisent feaulté et hommage, grans
- et petis, et le cogneurent à signeur. Ossi fist li chevaliers,
- messires Henris de Pennefort, et fu retenus
- de son conseil. 10
-
-
- § 142. Adonc entra li contes de Montfort en le
- cité de Rennes à grant feste, et fist son host tout quoi
- logier as camps. Et fist le pais et l'acord entre les
- grans bourgois et les communs; puis establi baillieu,
- prevost, eskievins, sergans et tous aultres officiiers. 15
- Et sejourna en le cité trois jours, pour li reposer et
- son host ossi, et pour avoir avis comment il feroit de
- donc en avant. Au quart jour, il fist son hoost deslogier,
- et eut conseil de traire devers uns des plus fors
- chastiaus et forte ville sans comparison de toute Bretagne, 20
- que on claime Haimbon, et siet droitement sus
- un bon port de mer, et en va li fluns tout au tour
- par grans fossés. Quant messires Henris de Pennefort,
- qui estoit rendus (au conte[361]) et avoit juret son conseil,
- vei que li contes se trairoit par devers Haimbon, 25
- dont Oliviers de Pennefort ses frères avoit estet
- gouvrenères un grant temps et encores estoit, il eut
- paour qu'il ne mescheist à son frère par aucune
- aventure; si traist le conte d'une part à conseil et li
- dist: «Sire, je sui de vostre conseil, si vous doi
- feauté. Je voi que vous volés traire par devers Haimbon.
- Sachiés que li chastiaus et la ville sont si fort
- qu'il ne font mies à gaegnier, ensi que vous poriiés
- penser. Vous y poriés seoir et perdre le temps d'un 5
- an, ançois que vous le peuissiés avoir par force. Mais
- je vous dirai, se croire me volés, comment vous le
- porés avoir. Il fait boin ouvrer par engien, quant on
- ne poet avant aler par force. Vous me deliverés, se
- il vous plaist, jusques à six cens hommes à faire me 10
- volenté, et je les menrai devant vostre host par l'espasse
- de quatre liewes de terre, et porterai le banière
- de Bretagne devant mi. Jou ay dedens Haimbon un
- frère qui est gouvrenères dou chastiel et de le ville.
- Tantost qu'il vera le banière de Bretagne et il me cognistera, 15
- il me fera ouvrir le porte, et je enterai dedens
- à toutes gens, et me saisirai de le ville et des
- portes, et prenderai mon frère, et le vous renderai
- pris et à vostre volenté, se tantost il n'obeist à moy,
- mès que vous me prommetés que dou corps nul mal 20
- ne li ferés.»--«Par mon chief, dist li contes, nennil.
- Et vous estes bien avisés, et vous amerai mieus
- que devant à tous jours mès, se par ensi faites que je
- soie sires de Haimbon, de le ville et dou chastiel.»
-
- [361] Mss. B 3, 4, fo 70.--Ms. B 1, fo 103 vo (lacune).
-
-
- § 143. Adonc se parti messires Henris de Pennefort 25
- de le route dou conte, en se compagnie bien six
- cens armeures de fier, et chevauça le jour tout entier,
- et sus le soir il vint en Haimbon. Quant Oliviers de
- Pennefort ses frères sceut que messires Henris venoit
- là, si en eut grant joie et cuida tout certainnement 30
- que ce fust pour lui aidier à garder le ville; si le
- laissa ens et ses gens d'armes, et vint contre lui sus
- le rue. Si tost que messires Henris le vei, il s'approça
- de lui et le prist et li dist: «Olivier, vous estes mon
- prisonnier.»--«Comment ce, respondi Oliviers!
- Je me sui confiiés en vous et cuidoie que vous venissiés 5
- chi pour moy aidier à garder et à deffendre
- ceste ville et ce chastiel.»--«Biaus frères, dist
- messires Henris, il ne va point ensi. Je m'en mach
- en possession et saisine de par le conte de Montfort,
- qui presentement est dus de Bretagne, et à qui j'ay 10
- fait feauté et hommage, et tous li plus grant partie
- dou pays ossi. Si y obeirés ossi. Et encores vault
- mieulz que ce soit par amours que par force, et vous
- en sara messires grignour gré.» Tant fu Oliviers de
- Pennefort preeciés et amonnestés de monsigneur 15
- Henri son frère, qu'il s'acorda à lui et au conte de
- Montfort ossi, qui entra dedens Haimbon à grant joie;
- et fu plus liés de le prise et saisine de Haimbon que
- de telz quarante castiaus (qui[362]) sont en Bretagne, car
- il y a bonne ville et grosse et bon port de mer. Si se 20
- saisi tantost dou fort chastiel et de le ville, et y mist
- dedens ses gens et ses garnisons.
-
- [362] Ms. B 3, fo 70.--Mss. B 1, 4, fo 104 (lacune.)
-
- Et puis si se traist à toute son host par devant le
- cité de Vennes; et fist tant parler et trettier as bourgois
- et à chiaus de Vennes, qu'il se rendirent à lui 25
- et li fisent feaulté et hommage comme à leur signeur.
- Il establi en le cité toutes manières d'officiiers et y
- sejourna deus jours.
-
- Au tierc jour, il s'en parti et ala assegier un trop
- fort chastiel, seant sus un hault tertre qui s'estent 30
- droit sus le mer, que on claime le Roceperiot. Si en
- estoit chastellains uns vaillans chevaliers et moult
- gentils homs que on clamoit monsigneur Olivier de
- Cliçon, cousins germains au signeur de Cliçon. Et
- sejourna par devant, à siège fait, plus de dix jours que 5
- onques ne peut trouver voie par quoi il peuist le
- chastiel gaagnier, si fors estoit il. Et si ne pooit
- trouver accord au gentil chevalier, par quoi il peuist
- obeir à lui, par promesses ne par manaces qu'il li
- peuist faire. 10
-
- Si s'en parti atant et laissa le siège jusques à tant
- que plus grans pooirs li venroit, et ala assegier un
- aultre chastiel, à dix liewes priès de là, que on clamoit
- chastiel d'Auroy. Et en estoit chastellains uns
- gentilz chevaliers que on clamoit monsigneur Joffroi 15
- de Malatrait, et avoit à compagnon monsigneur Yvon
- de Tigri. Li dis coens fist assallir deus fois à celui
- castiel, mais il vey bien qu'il y poroit plus perdre
- que gaegnier. Si s'acorda à une triewe et à jour de
- parlement, par le pourcach monsigneur Hervi de 20
- Lyon, qui adonc estoit avoech lui. Li parlemens se
- porta si bien que au pardaarrain il furent bon ami.
- Et fisent li doi chevalier feaulté au dit conte, et demorèrent
- gardiien dou dit chastiel et de celui pays,
- de par le dit conte. 25
-
- Atant se parti li contes de là et mena son host par
- devant un aultre fort chastiel, assés priès de là, que
- on claime Goy le Foriest. Chils qui chastelains en
- estoit veoit que li contes avoit grant host et que
- tous li pays se rendoit à lui: si ques, par l'enhort et 30
- le conseil monsigneur Hervi de Lyon, avoech qui il
- avoit estet grans compains en Grenate, en Prusce et
- en aultres estragnes contrées, il s'acorda au dit conte
- et li fist feaulté, et demora gardiiens del dit chastiel
- de par le conte.
-
- Tantost apriès, li contes se parti de là et s'en ala
- par devers Craais, bonne ville et fort chastiel, et 5
- avoit dedens un evesque qui sires en estoit. Chilz
- evesques estoit oncles au dit monsigneur Hervi de
- Lyon: si ques, par le conseil et l'amour del dit
- monsigneur Hervi de Lyon, il s'acorda au dit conte
- et le recogneut à signeur jusques adonc que venroit 10
- avant, qui plus grant droit mousteroit pour avoir la
- ducée de Bretagne.
-
-
- § 144. Pourquoi vous feroi je lonc compte? En
- tel manière conquist li dis contes de Montfort tout
- cel pays que vous avés oy, et fist par tout obeir à lui 15
- et appeller duc de Bretagne. Puis s'en ala à un port
- de mer que on claime Gredo, et departi toutes ses
- gens. Si les envoia par ses cités et forterèces, pour
- elles aidier à garder, puis se mist en mer à tout
- vingt chevaliers et naga tant qu'il vint en Cornuaille 20
- et arriva à un port c'on dist Cepsée. Si enquist dou
- roy englès où il le trouveroit. Il li fu dit que le plus
- dou tamps il se tenoit à Windesore. Dont chevauça
- celle part et toute se route; et fist tant par ses journées
- qu'il vint à Windesore, où il fu receus à grant 25
- joie dou roy, de ma dame le royne et de tous les
- barons qui là estoient. Et fu grandement festiiés et
- honnourés, quant on sceut pour coi il estoit là venus.
- Premierement (il[363]) remoustra ses besongnes au roy
- englès, à monsigneur Robert d'Artois et à tout le conseil
- le roy, et dist comment il s'estoit mis en saisine
- et en possession de la ducée de Bretagne, qui escheue
- li estoit par le succession dou duc son frère daarrainnement
- trespassé de ce siècle. Or faisoit il 5
- doubte que messires Charles de Blois ne li empeeçast,
- et li rois de France ses oncles ne li volsist oster par
- poissance; pour quoi il s'estoit là trais pour relever
- la ditte ducée et tenir en foy et en hommage dou
- roy d'Engleterre à tous jours, mès qu'il l'en fesist 10
- seur contre le roy de France et contre tous aultres
- qui empeecier li vorroient.
-
- [363] Ms. B 4, 3, fo 69 vo.--Ms. B1, fo 104 vo (lacune).
-
- Quant li rois englès eut oy ces parolles, il y entendi
- volentiers, car il regarda et ymagina que se
- guerre au roy de France en seroit grandement embellie, 15
- et qu'il ne pooit avoir plus belle entrée ou
- royaume ne plus pourfitable que par Bretagne, et
- que, de tant qu'il avoit guerriiet par les Alemans et
- les Braibençons, il n'avoit riens fait, fors que frettiiet
- et despendut grandement et grossement. Et 20
- l'avoient mené et demené li signeur de l'Empire,
- qui avoient pris son or et son argent, ensi qu'il
- avoient volu, et riens fait. Si descendi à le requeste
- dou conte de Montfort liement et legierement, et
- prist le hommage de la ditte ducé de Bretagne, par 25
- la main dou conte de Montfort, qui se tenoit et appelloit
- dus de Bretagne. Et là li eut li rois englès en
- couvent, present les barons et les chevaliers qui
- d'Engleterre estoient et qu'il avoit là amenés de Bretagne,
- qu'il l'aideroit et deffenderoit et garderoit 30
- comme son homme contre tous hommes, fust rois de
- France ou aultres, selonch son loyal pooir. De ces parolles
- et de ces hommages furent escriptes et (leues[364])
- lettres et seelées, dont cescune des parties eut les
- copies. Avoec tout ce, li rois et ma dame la royne
- donnèrent au conte de Montfort et à ses gens grans
- dons et biaus jeuiaus, car bien le savoient faire; et 5
- tant qu'il en furent tout content et qu'il disent que
- c'estoit uns nobles rois et vaillans et une noble
- royne, et qu'il estoient bien tailliet de regner encores
- en grant prosperité.
-
- [364] Ms B4, fo 70.--Ms. B1, fo 105: «levées.»
-
- Apriès toutes ces coses faites et acomplies, li contes 10
- de Montfort prist congiet et se parti d'yaus, et
- passa Engleterre. Et rentra en mer à ce meisme port
- où il estoit arivés, et naga tant qu'il arriva à Gredo
- en le Basse Bretagne. Et puis s'en vint en le cité de
- Nantes, où il trouva la contesse sa femme, à qui il 15
- recorda comment il avoit esploitiet. De ce fu elle
- toute joians, et li dist qu'il avoit très bien ouvré et
- par bon conseil. Si me tairai un petit d'yaus et
- parlerai de monsigneur Charlon de Blois, qui devoit
- avoir la ducée de Bretagne de par sa femme, ensi 20
- que vous avés oy determiner par devant.
-
-
- § 145. Quant messires Charles de Blois, qui tenoit
- à avoir à femme le droit hoir de Bretagne, entendi
- que li contes de Montfort conqueroit ensi par force
- le pays et les forterèces, qui estre devoient siennes 25
- par droit, il s'en vint à Paris complaindre au roy
- Phelippe son oncle. Li rois Phelippes ot conseil à
- ses douze pers quel cose il en feroit. Si douze per li
- consillièrent qu'il apertenoit bien que li dis coens
- de Montfort fust mandés et ajournés par souffissans
- messages à estre à un certain jour à Paris, pour oïr
- ce qu'il en vorroit respondre. Ensi fu fait. Li dis
- contes fu mandés et ajournés souffissamment; et fu
- trouvés en le cité de Nantes, grant feste demenant. Il 5
- fist grant chière et grant feste as messages, mais il
- eut pluiseurs diverses pensées ançois qu'il otriast le
- voie de l'aler au mandement dou roy à Paris. Toutes
- voies au darrain, il leur respondi qu'il voloit estre
- obeyssans au roy et qu'il iroit volentiers à son mandement. 10
- Si s'ordonna et apparilla moult richement
- et grandement, et se departi de Nantes en grant arroi
- et bien acompagniés de chevaliers et d'escuiers, et
- fist tant par ses journées qu'il entra en Paris à plus
- de trois cens chevaus, et se trest as hostelz moult ordeneement,15
- et fu là tout le jour et le nuit ossi.
-
- A l'endemain, à heure de tierce, il monta à cheval,
- et chevalier et escuier grant fuison avoecques lui, et
- chevauça vers le palais et fist tant qu'il y vint. Là
- l'attendoit li rois Phelippes, et tout li douze per et 20
- grant plenté des barons de France avoecques monsigneur
- Charlon de Blois. Quant li contes de Montfort
- sceut quel part il trouveroit le roy et les barons,
- il s'est trais viers yaus en une cambre où il estoient
- tout assamblé. Si fu moult durement regardés et salués 25
- de tous les barons, puis s'en vint encliner le
- roy moult humlement et li dist: «Sire, je sui chi
- venus à vostre mandement et à vostre plaisir.» Li
- rois li respondi et li dist: «Contes de Montfort, de
- ce vous sai je bon gré. Mais je m'esmerveille durement 30
- pour quoi ne comment vous avés osé entreprendre,
- de vostre volenté, le duchée de Bretagne où
- vous n'avés nul droit, car il y a plus proisme de
- vous, cui vous volés deshireter. Et pour vous mieus
- efforcier, vous estes alés à mon adversaire le roy
- d'Engleterre, et le avés de lui relevet et à lui fait
- feaulté et hommage, ensi que on le m'a compté.» Li 5
- contes respondi et dist: «Ha! sire, ne le creés pas,
- car vraiement vous estes de chou mal infourmés, je
- le feroie moult à envis. Mais de la proismeté dont
- vous me parlés m'est avis, sire, sauve vostre grasce,
- que vous en mesprendés, car je ne sçai nul si proçain 10
- del duch de Bretagne, mon frère daarrainnement
- mort, que moy. Et se jugiet et declaret estoit
- par droit que aultres y fust plus proismes de moy,
- je ne seroie point honteus ne rebelles del deporter.»
- Quant li roys entendi chou, il respondi et dist: 15
- «Sire coens, vous en dites assés, mès je vous commande,
- sur quanques vous tenés de moy et que
- tenir en devés, que vous ne vous partés de le cité
- de Paris jusques à quinze jours que li baron et li per
- jugeront de celle proismeté. Si sarés adonc quel 20
- droit vous y avés; et se vous le faites autrement, saciés
- que vous me couroucerés.» Li coens respondi
- et dist: «Sire, à vostre volenté.»
-
- Si se parti atant dou roy et vint à son hostel:
- venus, il entra en sa cambre et se commença à aviser 25
- et penser que, s'il attendoit le jugement des barons
- et des pers de France, que li jugemens poroit
- bien tourner contre lui, car bien li sambloit que
- li rois feroit plus volentiers partie pour monsigneur
- Charlon de Blois son neveu que pour lui. 30
- Et veoit bien que, se il avoit jugement contre
- lui, que li rois le feroit arrester jusques à tant
- qu'il aroit tout rendu, cités, villes et chastiaus
- dont il tenoit ores le saisine et le possession, et
- avoech chou tout le grant tresor qu'il avoit trouvet
- et despendut. Se li fu avis pour le mains
- mauvais qu'il li valoit mieulz qu'il courouchast le 5
- roy et s'en ralast paisievlement par devers Bretagne,
- que il demorast en Paris en ce dangier et en si perilleuse
- aventure. Ensi qu'il pensa, ensi fut fait. Si
- monta si paisievlement et si couvertement, et se parti
- à si peu de compagnie qu'il fu ançois en Bretagne 10
- revenus que li rois ne aultres, fors cil de son conseil,
- sceuissent riens de son departement; ains pensoit
- cescuns qu'il fust dehetiés à son hostel. Quant il fu
- revenus dalés le contesse sa femme qui estoit à
- Nantes, il li compta toute sen aventure, puis ala par 15
- le conseil de sa femme, qui avoit bien coer d'omme
- et de lyon, par toutes les cités, les chastiaus et les
- bonnes villes qui estoient à lui rendues, et establi
- par tout bons capitainnes et si grant plenté de saudoiiers
- à piet et à cheval qu'il y couvenoit, et grans 20
- pourveances de vivres à l'avenant. Et paia si bien
- tous saudoiiers à piet et à cheval que cescuns le servoit
- volentiers. Quant il eut (tout) ordonné ensi qu'il
- appertenoit, il s'en revint à Nantes dalés ma dame sa
- femme et dalés les bourgois de le cité, qui durement 25
- l'amoient par samblant, pour les grans courtoisies
- qu'il leur faisoit. Or me tairai un petit de lui et retourneray
- au roy de France et à son neveu monsigneur
- Charlon de Blois.
-
-
- § 146. Cescuns doit sçavoir que li rois de France 30
- fu durement courouciés, ossi fu messires Charles de
- Blois, quant il sceurent que li contes de Montfort
- leur fu ensi escapés et en estoit alés, ensi que vous
- avés oy. Toutes voies, il attendirent jusques à le quinsainne
- que li per et li dit baron de France devoient
- rendre leur jugement de la ducé de Bretagne. Si le 5
- jugièrent del tout à monsigneur Charlon de Blois et
- en ostèrent le conte de Montfort, par deus raisons:
- l'une, par tant que la dame, la femme monsigneur
- Charlon de Blois, qui estoit fille dou frère germain le
- duch qui mors estoit, de par le père dont la ducée 10
- lor venoit, estoit plus proçaine que li contes de
- Montfort, qui estoit d'un aultre père qui onques n'avoit
- estet dus de Bretagne. L'autre raisons si estoit
- que, s'il fust ensi que li contes de Montfort y ewist
- aucun droit, si l'avoit il fourfait par deus raisons: 15
- l'une, par tant qu'il l'avoit relevet d'aultre signeur
- que dou roy de France, de cui on le devoit tenir en
- fief; l'autre raison, pour tant qu'il avoit fourpasset
- le commandement son signeur le roy et brisiet son
- arrest et se prison, et s'en estoit partis sans congiet. 20
-
- Quant cilz jugemens fu rendus par plainne sieute de
- tous les barons, li rois en appella monsigneur Charlon
- de Blois et li dist: «Biaus niés, vous avés jugement
- pour vous de bel hiretage et grant. Or vous
- hastés et vous penés del reconquerre sour celi qui le 25
- tient à tort, et priiés tous vos amis qu'il vous voellent
- aidier à cest besoing, et je ne vous y faurrai mies; ains
- vous presterai or et argent assés. Et dirai à mon fil
- le duch de Normendie qu'il (se[365]) face chief avoecques
- vous. Et vous pri et commande que vous vos hastés. 30
-
- [365] Ms. B3, fo 72, vo.--Mss. B1, 4, fo 105 vo (lacune).
-
- Car, se li rois englès nos adversaires, de cui li contes
- de Montfort a relevet le ducée, venoit en Bretagne, il
- nous poroit trop durement porter grant damage, et
- ne poroit avoir plus belle entrée pour venir par deçà,
- meismement quant il aroit le pays et les forterèces 5
- de Bretagne de son acord.» Adonc messires Charles
- de Blois enclina son oncle, en merciant durement
- de ce qu'il li disoit et prommetoit. Si pria tantost là
- endroit le duch de Normendie son cousin, le conte
- d'Alençon son oncle, le duch de Bourgongne, le 10
- conte de Blois son frère, le duch de Bourbon, messire
- Loeis d'Espagne, monsigneur Jakeme de Bourbon,
- le conte d'Eu connestable de France et le conte
- de Ghines son fil, le visconte de Roem, et en apriès
- tous les contes, les princes et les barons qui là estoient, 15
- qui tout li eurent en couvent que il iroient
- volentiers avoech lui et avoecques leur signeur le
- duch de Normendie, cescuns à tout tant de gens et
- de compagnie qu'il poroit avoir. Puis se departirent
- tout li prince et li baron deçà et delà. Si envoiièrent 20
- leurs messages par tout pour yaus appareillier et pour
- faire pourveances, ensi qu'il leur besongnoit pour
- aler en si lontain voiage et si diverses marces et
- pays. Et bien pensoient qu'il ne poroient avenir à
- lor entente sans avoir grant contraire. 25
-
-
- § 147. Quant tout cil signeur, li dus de Normendie,
- li contes d'Alençon, li dus de Bourgongne, li
- dus de Bourbon et li aultre signeur, baron et chevalier
- qui devoient aler avoech monsigneur Charlon
- de Blois, pour lui aidier à reconquerre la ducée de 30
- Bretagne, ensi que vous avés oy, furent prest et leurs
- gens apparilliet, il se partirent de Paris li aucun, et
- li aultre de leur lieu. Si en alèrent li uns après les
- aultres, et se assamblèrent en le cité de Angiers;
- puis s'en alèrent jusques à Ancheni, qui est li fins del
- royaume à cestui costé delà, et sejournèrent là endroit 5
- trois jours, pour mieus ordonner leur conroy et
- leur charoi. Quant il eurent chou fait, il issirent hors
- pour entrer ens ou pays de Bretagne. Quant il furent
- as camps, il considerèrent leur pooir et estimèrent
- leur host à cinq mille armeures de fer, sans les Geneuois 10
- qui estoient là trois mille, si com jou ay oy
- depuis recorder. Et les conduisoient doi chevalier
- de (Gennes[366]): si avoit nom li uns messires Othes
- Doriie, et li aultres messires Charles Grimaus. Et si
- y avoit grant plenté (de bidaus[367] et) d'arbalestriers 15
- que conduisoit messires li Galois de le Baume.
-
- [366] Mss. B 1, 3, 4, fo 107: «Genueves.»
-
- [367] Mss. B 4, 3, fo 71.--Ms. B 1 (lacune).
-
- Quant toutes ces gens furent issu de Ancheni, il se
- traisent par devant un très fort chastiel seant hault
- sus une montagne par dessus une rivière: si l'appelle
- on Chastouseal, et est li clés et li entrée de Bretagne. 20
- Et estoit bien garnis et bien furnis de gens d'armes où
- que il y avoit deus moult vaillans chevaliers, qui en estoient
- chapitain, dont li uns avoit nom messire Milles
- et li aultres messire Walerans, et estoient de Loeraingne.
- Quant li dus de Normendie et li aultre signeur 25
- que vous avés oy nommer veirent le chastiel si fort,
- il eurent conseil qu'il les assegeroient. Car, s'il passoient
- avant et laissoient une tèle garnison derrière
- yaus, ce leur poroit tourner à grant damage et à anoy.
- Si le assegièrent tout au tour et y fisent pluiseurs
- assaus, meismement li Geneuois qui s'abandonnoient
- durement et follement, pour yaus mieus moustrer à
- cest commencement, si qu'il y perdirent de leurs
- compagnons par pluiseurs fois, car cil dou chastiel 5
- se deffendirent durement et sagement: si ques li signeur
- demorèrent grant pièce devant, ançois qu'il le
- peuissent (avoir[368]). Mais au daarrain il fisent si grant
- attrait de mairiens et de velourdes, et les fisent mener
- par force de gens jusques as fossés dou chastiel, 10
- et puis fisent assallir très fortement: si ques, tout en
- assallant, il fisent emplir ces fossés de ces mairiens
- et velourdes, tant que qui estoit couvers il pooit bien
- aler jusques as murs, combien que cil dou chastiel
- se deffendesissent si bien et si vassaument que on ne 15
- poroit mieus deviser, tant que de traire, de getter
- pières, cauch et feu ardant à grant fuison. Et cil de
- dehors avoient fait chas et instrumens, par quoi on
- pikoit les murs, tous couvers. Que vous feroi je lonch
- compte? Cil del chastiel veirent bien qu'il ne se poroient 20
- longuement tenir, puis que on pertruisoit les
- murs. Et si savoient bien qu'il n'aroient point de secours
- ne point de merci, se il estoient pris par force.
- Si eurent conseil entre yaus qu'il se renderoient,
- sauves leurs vies et leurs membres, si qu'il fisent. Et 25
- les prisent li signeur à merci. Ensi fu gaagniés par
- ces signeurs de France cilz premiers chastiaus que on
- claime Chastouseaulz, dont il orent moult grant joie,
- car il lor sambla que ce fust bons commencemens
- de leur emprise. 30
-
- [368] Mss. B 4, 3, fo 71.--Ms. B 1, fo 107 vo (lacune).
-
-
- § 148. Quant li dus de Normendie et li aultre signeur
- eurent conquis Chastouseaulz, si com vous
- avés oy, li dus de Normendie, qui estoit souverains
- de tous, le livra tantost à monsigneur Charlon de
- Blois comme sien, et il mist dedens bon chastelain 5
- et grant fuison de gens d'armes, pour garder l'entrée
- dou pays, et pour conduire chiaus qui venroient
- apriès yaus. Puis se deslogièrent li signeur et se traisent
- par devers Nantes, là où il tenoient que li contes
- de Montfort leurs ennemis estoit. Si lor avint que li 10
- mareschal de l'host et li coureur trouvèrent entre
- voies une bonne ville et grosse, bien fremée de fossés
- et de palis; si l'assallirent fortement. Ichil dedens
- estoient peu de gens et petitement armé; si ne se
- peurent deffendre contre les assallans, meismement 15
- contre les arbalestriers des Geneuois. Si fu la ville
- tantost gaagnie, toute robée, et bien li moitiés arse,
- et toutes gens mis à l'espée, dont ce fu pités. Et appelle
- on le ville Quarquefoure, et siet à quatre liewes
- ou à cinq priès de Nantes. Li signeur logièrent celle 20
- nuit là entour.
-
- L'endemain, il se deslogièrent et se traisent par
- devers le cité de Nantes; si le assegièrent tout au tour.
- Et fisent tendre tentes et pavillons si bellement et si
- ordonneement que vous savés que François scèvent 25
- bien faire. Et cil qui estoient dedens le cité pour le
- garder, dont il y avoit grant fuison de gens d'armes
- avoecques les bourgois, se alèrent tout armer et se
- maintinrent celui jour moult bellement, cescuns à sa
- deffense, ensi qu'il estoit ordonnés. Celui jour entendirent 30
- cil de l'host à yaus logier et aler fourer. Et aucun
- bidau et Geneuois alèrent priès des bailles pour
- escarmucier et paleter. Et aucun des saudoiers et des
- jones bourgois issirent hors encontre yaus: si qu'il
- y ot trait et lanciet, et des mors et des navrés d'un
- costet et d'autre, si com il a souvent en si faites besongnes.
- Ensi y eut là des escarmuces par deus ou 5
- par trois fois, tant que li hos demora là.
-
- Au pardarrain, il y avint une aventure assés sauvage,
- ensi que jou oy recorder ceulz qui y furent.
- Car aucun des saudoiiers de le cité et des bourgois
- issirent hors une matinée à l'aventure, et trouvèrent 10
- jusques à quinze chars chargiés de vivres et de
- pourveances qui en aloient vers l'ost, et gens qui
- les conduisoient jusques à soissante, et cil de le
- cité estoient bien deus cens. Si les coururent sus et
- les desconfirent, et en tuèrent les aucuns, et fisent les 15
- chars chariier par devers le cité. Li cris et li hus en
- vint jusques en l'ost. Si s'ala cescuns armer au plus
- tost qu'il peut, et courut cescuns apriès les chars
- pour rescourre le proie; et les raconsievirent assés
- priès des bailles de le cité. Là monteplia très durement 20
- li hustins, car cil de l'host y vinrent à si grant
- fuison que li saudoiier en orent trop grant fais. Toutes
- voies, il fisent desteler les chevaus et les cachièrent
- dedens le porte, à fin que, s'il avenoit que cil
- de l'host obtenissent le place, que il ne peuissent 25
- remener les chars ne les pourveances si legierement.
- Quant li aultre saudoiier de le cité veirent le hustin,
- et que leur compagnon avoient trop grant fais, aucun
- issirent hors pour yaus aidier. Ossi fisent des aultres
- bourgois, pour aidier leurs parens. Ensi monteplia 30
- très durement li hustins, et y eut tout plain de mors
- et de navrés d'un costet et d'aultre, et grant fuison
- de bien deffendans et d'assallans. Et dura cils hustins
- moult longement, car toutdis croissoit li force de
- chiaus de l'host. Et sourvenoient toutdis nouvelles
- gens reposés.
-
- Tant avint que, au pardarrain, messires Hervis de 5
- Lyon, qui estoit li uns des mestres consillières le
- conte de Montfort et ossi de toute le cité, et qui
- moult bien s'estoit maintenus et moult vassaument
- à ce hustin, et moult avoit reconforté ses gens, quant
- il vei qu'il estoit poins de retraire et qu'il pooient 10
- plus perdre au demorer que gaegnier, il fist ses gens
- retraire au mieulz qu'il peut, et les deffendoit en retraiant
- et garandissoit au mieulz qu'il pooit. Si leur
- avint qu'il furent si priès sievi au retraire qu'il y eut
- grant fuison de mors, et pris bien deus cens et plus 15
- des bourgois de le cité, dont leur père, leur frère et
- leur ami furent durement dolent et courouciet. Ossi
- fu li contes de Montfort qui en blasma durement
- monsigneur Hervi de Lyon, par courouch de chou
- qu'il les avoit si tost fait retraire. Et li sambloit que 20
- par le retraite ses gens estoient perdu. De quoi messires
- Hervis fu durement merancolieus. Et ne volt
- onques, puissedi, venir au conseil le conte, se petit
- non. Si s'en esmervilloient durement les gens pour
- quoi il le faisoit. 25
-
-
- § 149. Or avint, ensi que jou ay oy recorder, que
- aucun des bourgois de le cité, qui veoient leurs biens
- destruire dedens le cité et dehors, et avoient leurs
- amis et leurs hoirs et enfans en prison et doubtoient
- encores pis à venir, se avisèrent et parlèrent ensamble 30
- tant qu'il eurent entre yaus acord de trettier à
- ces signeurs de France couvertement, par quoi il
- peuissent venir à pais et ravoir leurs enfans et amis
- quittes qui estoient en prison. Si trettièrent tant paisievlement
- et couvertement que acordé fu que il raroient
- les prisons tous quittes; et il devoient livrer 5
- l'une des portes ouvertes pour les signeurs entrer en
- le cité et pour aler prendre le conte de Montfort
- dedens le chastiel, sans riens fourfaire ailleurs en le
- cité, ne à corps, ne à biens. Ensi que acordé (et
- traictié[369] fu) fu fait. Et entrèrent li signeur et ceulz 10
- qu'il veurent avoir avoech yaus, en une matinée, en
- le cité de Nantes, par l'acord des bourgois, et alèrent
- droit au chastiel ou au palais. Si brisièrent les huis
- et prisent le conte de Montfort et l'en menèrent hors
- de le cité, à leurs tentes, si paisievlement qu'il ne 15
- fourfisent riens ne as corps ne as biens de le cité. Et
- vorrent bien aucunes gens dire que ce fu fait assés de
- l'accord et pourcach ou consentement monsigneur
- Hervi de Lyon, pour tant que li coens l'avoit rampronnet,
- si com vous avés oy. Or ne sçai je pas, quoi 20
- qu'il en fust d'aucunes gens soupeçonnés, se ce fu
- voirs ou non, car bien ap(pa)rut en ce que, apriès
- che fait, il fu toutdis de l'accord et conseil del dit
- monsigneur Charle. Ensi que vous avés oy, et que
- jou ay oy recorder, fu pris li contes de Montfort en 25
- le cité de Nantes, l'an de grasce mil trois cens et quarante
- un, entour le feste de le Toussains.
-
- [369] Mss. B 4, 3, fo 72.--Ms. B 1, fo 109 (lacune).
-
- Tantost apriès chou que li contes de Montfort fu
- pris et menés as tentes, li signeur de France entrèrent
- en le cité, tout desarmet, à moult grant feste. 30
- Et fisent li bourgois et tout cil del pays au tour
- feaulté et hommage à monsigneur Charle de Blois,
- comme à leur droit signeur. Si demorèrent li signeur
- en le cité par l'espasse de trois jours, à grant feste,
- pour yaus aaisier et pour avoir conseil entre yaus 5
- qu'il poroient faire de donc en avant. Si se acordèrent
- à çou, pour le milleur, qu'il s'en retourneroient
- par devers France et par devers le roy et li liveroient
- le conte de Montfort pour prison, car il avoient
- moult grandement bien esploitiet, ce lor sambloit, 10
- et par tant ossi qu'il ne pooient bonnement plus
- avant hostoiier ne guerriier, pour l'ivier temps qui
- entrés estoit, fors par garnisons et forterèces, ce leur
- sambloit. Si consillièrent à monsigneur Charle de
- Blois qu'il se tenist en le cité de Nantes et là entour 15
- jusques au nouviel temps d'esté, et fesist ce qu'il
- peuist par ses saudoiiers et par ses forterèces qu'il
- avoit reconquises. Puis se partirent tout li signeur
- sour ce pourpos, et fisent tant par leurs journées
- qu'il revinrent à Paris là où li rois estoit; se li livrèrent 20
- le conte de Montfort pour son prison. Li rois le
- rechut à grant joie, et le fist emprisonner en le tour
- dou Louvre dalés Paris, là où il demora longement.
- Au pardarrain, y morut il, ensi que jou ay oy recorder,
- et qu'il fu verités. 25
-
-
- § 150. Or voel jou retourner à le contesse de
- Montfort, qui bien avoit corage d'omme et coer de
- lyon. Elle estoit en le cité de Rennes, quant elle entendi
- que ses sires estoit pris, en le manière que vous
- avés oy. Se elle en fu dolente et couroucie, ce puet 30
- cescuns et doit penser et savoir, car elle pensa mieus
- que on deuist mettre son signeur à mort qu'en prison.
- Et comment que elle ewist grant doel au coer,
- si ne fist elle mies comme femme desconfortée,
- mès comme (homs[370]) fiers et hardis, en reconfortant
- vaillamment tous ses amis et ses saudoiiers. Et leur 5
- moustroit un petit fil que elle avoit, que on appelloit
- Jehan ensi que le père, et disoit: «Ha! signeur,
- ne vous desconfortés mies ne esbahissiés pour monsigneur
- que nous avons perdu: ce n'estoit que uns
- seulz homs. Veés ci mon petit enfant qui sera, s'il 10
- plaist à Dieu, ses restoriers, et qui vous fera des
- biens assés. Et vous pourcacerai tèle chapitainne et
- tel mainbour par cui vous serés tous reconfortés.»
-
- [370] Mss. B 4, 3, fo 72 vo.--Ms. B 1, fo 109 vo (lacune).
-
- Quant la dessus ditte dame et contesse eut ensi
- reconforté ses amis et ses saudoiiers qui estoient à 15
- Rennes, elle ala par toutes ses bonnes villes et ses
- forterèces, et menoit son jone fil avoecques lui; et les
- sermonnoit et reconfortoit en tèle manière que elle
- avoit fait chiaus de Rennes, et renforçoit les garnisons
- de gens et de quanques fallir leur pooit. Et 20
- paia largement par tout, et donna assés d'abondance
- là où elle pensoit que bien emploiiet estoit. Puis
- s'en vint en Hembon sus la mer, qui est forte ville
- et grosse et fors chastiaus. Là se tint elle et son fil
- avoecques lui, tout cel ivier. Souvent envoioit viseter 25
- ses garnisons et reconfortoit ses gens, et paioit moult
- largement leurs gages. Si me tairai atant de ceste
- matère et retournerai au roy Edouwart d'Engleterre,
- et conterai quelz coses li avinrent apriès le departement
- dou siège de Tournay. 30
-
-
- § 151. Vous avés bien chi dessus oy recorder
- comment, le siège durant devant Tournay, li signeur
- d'Escoce avoient repris pluiseurs villes et forterèces
- sus les Englès qu'il tenoient ou royaume d'Escoce,
- et par especial Haindebourch, qui plus les avoit 5
- heriiés et cuvriiés que nulz des aultres, par l'avis et
- le soutilleté de monsigneur Guillaume de Douglas.
- Et encores estoient Struvelin, qui sciet à vint liewes
- d'Aindebourch, la cités de Bervich et Rosebourc,
- englès; et plus n'en y avoit demoret que tout ne 10
- fuissent reconquis. Et seoient li dit Escot à siège fait,
- et aucun signeur de France avoech yaus, que li rois
- Phelippes y avoit envoiiet pour parfaire leur guerre,
- devant le chastiel de Struvelin. Et l'avoient telement
- astraint et constraint et travilliet que li Englès, qui 15
- dedens (estoient[371]) et qui le gardoient, ne le pooient
- longuement tenir.
-
- [371] Mss. B 4, 3, fo 73.--Ms. B 1, fo 110 (lacune).
-
- Dont il avint que, quant li Englès se furent parti
- de Tournay et retourné en leur pays, li rois Edowars
- leur sires fu enfourmés des Escos comment il avoient 20
- chevauciet et reconquis les villes et les chastiaus
- d'Escoce, qui de jadis li avoient tant cousté au prendre,
- et seoient encores li dit Escot devant Struvelin. Si
- eut li rois englès conseil et (volenté[372] de) chevaucier vers
- Escoce, si com il fist, et se mist au chemin entre le 25
- Saint Mikiel et le Toussains; et fist un très grant mandement
- et très fort que toutes gens d'armes et arciers
- le sievissent et venissent à lui vers Evruich, car là
- s'en aloit il et y faisoit sen assemblée. Dont s'esmurent
- toutes manières de gens parmi Engleterre, et s'en vinrent
- celle part là où il estoient semons et mandé. Et
- meismement li rois tout devant s'en vint à Evruich et
- là s'arresta, en sourattendant ses gens qui venoient à
- grant effort li uns apriès l'autre. Li signeur d'Escoce, 5
- qui furent enfourmé de le venue dou roy englès qui
- venoit sus yaus, et qui le dit chastiel de Struvelin
- avoient assegiet, se hastèrent telement et si constraindirent
- chiaus de le ditte garnison, par assaus
- d'engiens et de kanons, que par force il les couvint 10
- rendre as Escos. Et leur delivrèrent le forterèce par
- tel manière qu'il s'en partoient, salve leurs corps et
- leurs membres, mais riens dou leur n'en portoient.
- Ensi recouvrèrent li dit Escot le chastiel de Struvelin.
- 15
- [372] Mss. B4, 3, fo 73.--Ms. B1 (lacune).
-
- Ces nouvelles vinrent au roy englès qui encores
- se tenoit en Evruich: se ne li furent mies trop plaisans.
- Et se parti de le ditte cité et se trest par devers
- Duremme et passa oultre, et puis vint au Noef
- Chastiel sur Thin. Et se logièrent ses gens en le ditte 20
- ville ou ens ès villages d'environ. Et là sejournèrent
- plus d'un mois, en attendant leurs pourveances
- que on avoit mis sus mer et qui leur devoient venir,
- mais petit leur en vinrent. Car leurs vassiaus eurent
- si grant fortune sus mer, entre le Toussains et le 25
- Saint Andrieu, que pluiseurs de leurs nefs furent peries;
- et s'en alèrent arriver par vent contraire, volsissent
- ou non, en Hollandes et en Frise. Dont li Englès,
- qui se tenoient au Noef Chastiel et là entour,
- eurent moult de disètes et de chier temps. Et ne 30
- pooient aler avant, car se il fuissent passet, il ne
- sceuissent où fourer ne recouvrer de vivres, car li
- yviers estoit entrés, et si avoient li Escoçois tous
- leurs biens, bleds et avainnes, mis et bouté en leurs
- forterèces. Et si avoit li rois englès grant gent avoecques
- lui, bien six mille hommes à chevaus et quarante
- mille hommes de piet; si leur falloit fuison 5
- de pourveances.
-
- Li signeur d'Escoce, qui s'estoient retrait devers
- le forest de Gedours apriès le prise de Struvelin,
- entendirent bien que li rois d'Engleterre sejournoit
- au Noef Chastiel sur Thin à grant gent, encoragiés 10
- durement d'ardoir et exillier leur pays,
- ensi qu'il avoit fait aultre fois. Si eurent conseil
- entre yaus et avis, par grant deliberation, quel cose
- il poroient faire et comment il s'en maintenroient,
- car il estoient peu de gens, et avoient longement 15
- guerriiet par l'espasse de sept ans et plus sans signeur,
- et jut as camps et ès foriès à grant mesaise.
- Et encores n'avoient il point (le[373]) roy leur
- signeur; si en estoient tout anoieus et naisis. Si
- se acordèrent à ce que il envoieroient devers le 20
- roy englès un evesque et un abbé, pour requerre
- aucune triewe. Li quel message se partirent des
- Escos, et chevaucièrent tant qu'il vinrent en le ville
- dou Noef Chastiel sur Thin, et trouvèrent là le roy
- englès et grant fuison de baronnie dalés lui. Cil 25
- doi prelat d'Escoce, qui là avoient esté envoiiet sus
- saufconduit, se traisent devers le roy englès et son
- conseil et remoustrèrent leur besongne si bellement
- et si sagement que une triewe fu acordée à durer
- quatre mois tant seulement, par tèle condition que 30
- cil d'Escoce devoient envoiier en France après le roy
- David messages souffissans; et li segnefieroient que,
- s'il ne venoit dedens le jour de may ensiewant si
- poissamment que pour resister as Englès et deffendre
- son pays, il se renderoient au roy englès, ne jamais 5
- ne le tenroient à signeur. Ensi furent les triewes
- acordées et affremées, et retournèrent li message deviers
- leurs gens en Escoce, et recordèrent comment
- il avoient exploitié. Che pleut moult bien as Escos; et
- ordonnèrent tantost gens pour envoiier en France, 10
- monsigneur Robert de Versi et monsigneur Symon
- Fresiel et deus aultres chevaliers, qui s'en devoient
- aler en France par devers le roy leur signeur et
- conter ces nouvelles. Et li dis rois englès, qui au
- Noef Chastiel sejournoit à grant mesaise et ossi toutes 15
- ses gens par deffaute de pourveances et de vivres,
- et pour ce s'estoit il plus priès pris d'acorder à le
- triewe, se parti de là et s'en revint arrière en Engleterre
- et donna toutes ses gens congiet; si s'en rala
- cescuns en son lieu. 20
-
- [373] Mss. B4, 3, fo 73 vo.--Ms. B1, fo 110 vo: «dou.»
-
- Or avint ensi que, quant ces triewes furent acordées
- et li message d'Escoce qui furent envoiiet en
- France apriès le roy David, il passèrent à Douvres
- le mer. Et li rois David, qui par le terme de sept
- ans et plus avoit demoret en France et savoit que 25
- ses pays estoit si foulés et si gastés que vous avés
- oy et savoit ses gens en grant meschief pour les
- Englès, eut conseil qu'il prenderoit congiet au roy
- Phelippe de France et s'en revenroit en son royaume,
- pour ses gens viseter et reconforter. Si le fist et se 30
- mist à voie entre lui et ma dame sa femme, anchois
- que li message d'Escoce, qui à lui avoient estet envoiiet,
- parvenissent à lui. Et s'estoit mis en mer à
- un aultre port, en le gouvrenance d'un maronnier
- que on clamoit monsigneur Richart le Flamench, si
- qu'il ariva au port de Morois en Escoce, ançois que
- cil signeur d'Escoce qui remandé l'avoient le sceuissent. 5
- Et quant il le sceurent, il en eurent grant joie.
- Si s'esmurent tuit et vinrent à grant solennité et à
- grant feste là où il estoit. Et le amenèrent très noblement
- et solennelment à un(e) cité que on claime
- Saint Jehan (en[374]) Escoce, où on prent le bon saumon 10
- et grant fuison.
-
- [374] Mss. B4, 3, fo 73 vo.--Ms. B1, fo 111 (lacune).
-
- § 152. Quant li jones rois David d'Escoce et ma
- dame la royne Ysabiel sa femme furent venu en
- le cité dessus ditte, on le sceut tantost parmi le pays.
- Si vinrent là gens de toutes pars pour lui veoir et 15
- festiier, car on ne l'avoit veu, grant temps avoit;
- cescuns doit savoir que on li fist grant feste. Quant
- toutes ces festes et ces bien venues furent passées,
- cescuns li ala remoustrer et complaindre ses damages
- et ses mescheances, au mieulz qu'il peut, et toute 20
- le destruction que li rois Edowars et li Englès avoient
- fais en son pays. Li jones rois David eut grant doel
- et grant pitié quant il vei ensi son pays destruit et
- ses gens ossi complaindre, ossi ma dame la royne sa
- femme qui en plora assés. Quant li rois eut oy toutes 25
- les complaintes des uns et des aultres, il les reconforta
- au mieuls qu'il peut, et dist qu'il s'en vengeroit, ou il
- perderoit le remanant, ou il morroit en le painne.
- Puis eut conseil tel qu'il envoia grans messages par
- tout ses amis lonc et priès, en priant et requerant
- humlement que cescuns fust appareilliés pour lui aidier
- à cest besoing. A celui mandement vint li contes
- d'Orkenay, uns grans princes et poissans, et avoit à
- femme (la seur[375]) le signeur le roy. Chilz y vint à grant 5
- poissance de gens d'armes, et pluiseur aultre grant
- baron et chevalier de Souède, de Norvèghe et de
- Danemarce, li un par amour et li autre par saudées.
- Tant en y vint d'un costé et d'aultre qu'il furent bien,
- quant tout furent venu entour le cité de Saint Jehan 10
- en Escoce, au jour que li dis rois les avoit mandés,
- soixante mille hommes à piet et sour hagenées, et
- bien trois mille armeures de fier, chevaliers et escuiers,
- parmi les signeurs et chiaus dou pays d'Escoce.
- 15
- [375] Mss. B4, 3, fo 74.--Ms. B 1, fo 111 vo (lacune).
-
- Quant tout furent assamblet et appareilliet, il s'esmurent
- pour aler exillier chou qu'il poroient dou
- royaume, car la triewe estoit (espirée[376]) et li quatre
- mois acompli et plus où il disoient ensi qu'il se combateroient
- au roy, qui tant d'anois leur avoit fais et 20
- de damages. Si se partirent de le ville de Saint Jehan
- en Scoce moult ordeneement et vinrent ce premier
- jour jesir à Donfremelin, et puis passèrent à l'endemain
- un brac de mer entre Donfremelin et Struvelin.
- Quant il furent tout oultre, il cheminèrent à 25
- grant esploit et passèrent desous Haindebourch, et
- puis toute l'Escoce, et par dalés le fort chastiel de Rosebourch
- qui se tenoit englès, mais point n'i assallirent,
- car il ne voloient mies faire blecier leurs gens et
- aleuer leur artillerie, car il ne savoient quel besoing
- il en aroient, pour tant qu'il esperoient à faire un
- grant fait ains leur retour. Apriès passèrent il assés
- priès de le cité de Bervich dont messires Edouwars
- de Bailluel estoit chapitainne et souverains, et puis 5
- cheminèrent oultre sans point assallir, et entrèrent
- ou royaume de Northombrelant et vinrent sus le rivière
- de Thin, ardant et destruisant tout le pays; et
- fisent tant par leurs journées qu'il vinrent par devant
- le Noef Chastiel qui siet sus le rivière de Thin. Là se 10
- loga li rois David et toutes ses hos celle nuit, pour savoir
- et veoir se il y poroit de riens esploitier. Quant
- ce vint à le matinée ensi que droit au point dou jour,
- aucun compagnon gentil homme de là environ, qui
- estoient dedens le ville, se partirent par une porte 15
- paisievlement pour esmouvoir l'ost. Et estoient bien
- deus cens et plus, hardis et entreprendans. Puis se
- ferirent à l'un des costés de l'host droitement as logeis
- le conte de Moret, qui s'armoit d'argent à trois
- orilliers de geules. Si le trouvèrent en son lit; si le 20
- prisent, et tuèrent grant (plenté[377]) de ses gens, ançois
- que li host fust esvilliés ne estourmis, et gaegnièrent
- grant plenté d'avoir. Puis s'en retournèrent en le
- ville baudement et à grant joie, et livrèrent le conte
- de Mouret au chastelain monsigneur Jehan de Noefville 25
- qui en fist grant feste. Quant cil de l'host furent
- estourmi et armé et il sceurent l'aventure, il coururent
- comme tout foursené jusques as bailles de le
- ville, et fisent un grant assaut qui dura moult longement;
- mais petit lor valu, ains perdirent assés de 30
- leurs gens. Car en le ville avoit grant fuison de
- bonnes gens d'armes qui bien et sagement le deffendirent;
- par quoi il couvint les assallans retraire à
- leur grant perte.
-
- [376] Mss. B4, 3, fo 74.--Ms. B 1, fo 111 vo: «inspirée.»
-
- [377] Mss. B4, 3, fo 74.--Ms. B 1, fo 112 (lacune).
-
-
- § 153. Quant li rois David et si consilleur veirent 5
- bien que li demorers là endroit ne leur pooit porter
- pourfit ne honneur, il se partirent de là et entrèrent
- ens ou pays de l'evesquiet de Durem. Si l'ardirent et
- gastèrent tout, puis se traisent par devant le cité de
- Duremmes. Et le assegièrent et y fisent pluiseurs grans 10
- assaus comme gens foursenés, pour tant qu'il avoient
- perdu le conte de Mouret. Et il savoient bien qu'il
- avoit en le cité très grant avoir assamblet, car tous
- li pays d'entours y estoit afuiois; si se penoient d'assallir
- cescun jour plus aigrement. Et faisoit li dis 15
- rois d'Escoce faire estrumens et engiens, pour venir
- à segur jusques as murs. Quant il se furent departi
- de devant le Noef Chastiel, messires Jehans de Nuefville,
- chastelains pour le temps et souverains dou Noef
- Chastiel, se parti de nuit, montés sus fleur de coursier, 20
- et eslonga les Escos, car il savoit toutes les
- adrèces et les refuites dou pays, pour tant que il en
- estoit; et fist tant que, dedens cinq jours, il vint à
- Chartesée où li rois englès estoit adonc. Et li conta
- et remoustra comment li rois d'Escoce, à grant poissance, 25
- estoit entrés en son pays et ardoit et exilloit
- tout devant lui, et l'avoit laissiet devant le cité de
- Durem.
-
- De ces nouvelles fu li rois englès moult irés et
- courouciés. Si mist tantost messagiers en oevre et 30
- les envoia par tout et manda à toutes manières de
- gens, chevaliers et escuiers, et autres gens dont on
- se pooit aidier, deseure l'eage de quinze ans et desous
- soixante ans, que nulz ne s'escusast, mès venissent,
- ses lettres veues et ses mandemens oys, tantost
- devers lui sus les marces dou north, pour aidier à 5
- deffendre son royaume que li Escot destruisoient.
- Adonc s'avancièrent conte, baron, chevalier et escuier
- et communautés des bonnes villes, et se hastèrent
- durement pour obeir au mandement dou roy
- leur signeur, et se misent tout à voie et de grant volenté 10
- par devers Evruich. Et meismement li rois se
- parti tout premierement et n'attendi nullui, tant
- avoit grant haste; mais tout dis li croissoient et venoient
- gens de tous costés.
-
- Endementrues que cilz rois se traioit par devers le 15
- cité d'Evruich, et que cescuns le sievoit qui mieus
- pooit, li roys d'Escoce fist si fortement assallir à le
- cité de Duremme par estrumens et engiens qu'il avoit
- fais, que cil de le cité ne le peurent garandir ne deffendre
- que elle ne fust prise par force et toute robée 20
- et arse, et toutes gens mis à mort sans merci. Femmes
- et hommes, prestres, monnes, chanonnes et petis
- enfans, qui estoient fuis à le grande eglise, furent tout
- ars et peri dedens l'eglise, car li feus y fu boutés, de
- quoi ce fu horrible pités. Car en le cité de Durem ne 25
- demora adonc homs ne femme, ne petis enfans, ne
- maison ne eglise, que tout ne fuissent mis à destruction.
- Dont ce fu grans pités et cruèle foursenerie et
- est, quant on destruit ensi sainte chrestieneté et les
- eglises où Diex est servis et honnerés. 30
-
-
- § 154. Quant chou fu avenu, li rois David eut
- conseil qu'il se retrairoit arrière selonch le rivière
- de Thin, et se trairoit par devers le ville de Cardueil,
- qui est à l'entrée de Galles. Ensi qu'il aloit celle part,
- il se loga une nuit et toute sen host assés priès dou
- fort chastiel de Salebrin, qui estoit au conte de Salebrin, 5
- qui fu pris avoec le conte de Sufforch en le
- marce de Pikardie par devant Lille en Flandres et estoit
- encores en prison par dedens Chastelet à Paris.
- En ce fort chastiel sejournoit adonc la noble dame la
- contesse de Sallebrin, qui on tenoit pour la plus belle 10
- dame et le plus noble d'Engleterre. Et estoit cilz fors
- chastiaus bien garnis de gens d'armes. Si en estoit
- gardiiens et souverains uns gentilz bachelers preus et
- hardis, filz de le sereur le conte de Sallebrin. Et avoit
- cilz nom messires Guillaumes de Montagut apriès son 15
- oncle qui ensi eut nom, car li rois le maria et li donna
- le conté de Sallebrin pour se proèce et pour le bon
- service qu'il avoit toutdis en lui trouvet. Quant celle
- nuit fu passée, li hos le roy d'Escoce se desloga pour
- traire avant par devers Carduel, ensi que proposé 20
- estoit. Et passèrent li Escot par routes assés priès de
- ce fort chastiel, durement chargiet d'avoir qu'il avoient
- gaegniet à Duremmes et ou pays environ Durem.
-
- Quant li bacelers messires Guillaumes de Montagut
- vey del chastiel qu'il estoient tout passet, et qu'il ne 25
- arresteroient point pour assallir au chastiel, il issi hors,
- tous armés, à tout quarante compagnons d'armes, et
- sievi apertement après le daarrain trahin qui avoient
- chevaus si chargiés d'avoir que à grant mesaise pooient
- il aler avant. Si les raconsievirent à l'entrée d'un bois 30
- et leur coururent seure. Et en tuèrent et en blechièrent
- il et si compagnon plus de deus cens; et prisent
- bien sis vingt chevaus chargiés de jeuiaulz et d'avoir,
- et les amenèrent par devers le chastiel. Li cris et li
- hus et li fuiant s'en vinrent jusques à monsigneur
- Guillaume de Douglas qui faisoit l'arrieregarde et
- avoit jà passet le bois; et apriès en vinrent les nouvelles 5
- en l'ost. Qui donc (veist[378]) les Eskos retourner à
- cours de chevaus parmi les camps, par montagnes et
- par vallées, et monsigneur Guillaume Douglas tout devant,
- il en peuist avoir grant hide. Tant coururent
- qui mieus mieus, qu'il vinrent au piet dou chastiel 10
- et montèrent le montagne en grant haste. Mès ançois
- qu'il parvenissent as bailles, chil de dedens les avoient
- refremées, et le proie et l'avoir mis laiens à sauveté:
- de quoi li Escot eurent grant doel. Si commencièrent
- à assallir moult fortement, et cil de dedens à deffendre 15
- de lanchier et d'estechier, de traire et de jetter tant
- que on pooit, d'une part et d'aultre. Là s'efforçoient
- durement li doy Guillaume de grever li uns l'autre.
-
- [378] Mss. B4, 3, fo 75.--Ms. B 1, fo 113 (lacune).
-
- Et tant dura cilz assaulz que tous li hos des Escos y
- fu venus et li rois meismes. Quant li rois et ses consaulz 20
- eurent veu les gens mors gisans sus les camps,
- et veirent les assallans blecier et navrer à cel assaut
- sans riens conquester, il en furent durement courouciet.
- Si commanda li rois que on laissast l'assallir et
- que cescuns se alast logier, car il ne trairoit plus avant, 25
- et ne se partiroit de là si aroit veu comment il poroit
- ses gens vengier. Qui adonc veist gens fremir et appeller
- li uns l'autre et querre pièce de terre pour
- mieulz logier les assallans, retraire les navrés, raporter
- ou rapoiier, les mors ratrainer et rassambler, veoir y 30
- peuist grant triboulement. Celle nuit fu li hos des dis
- Escos logie par desous le chastel. Et la frice dame,
- contesse de Sallebrin, festia très durement et conforta
- tous les compagnons de laiens, tant que elle pot aler,
- à lie cière. 5
-
-
- § 155. A l'endemain, li rois d'Escoce, qui durement
- courouciés estoit, commanda que cescuns se
- apparillast pour assallir, car il feroit ses engiens
- et estrumens traire à mont, pour savoir se il poroient
- de riens entamer le fort chastiel. Cescuns 10
- s'apparilla; et montèrent contremont pour assallir,
- et cil de dedens pour yaus deffendre. Là eut un fort
- assaut et perilleus, et moult de bien faisans d'un lés
- et d'aultre. Là estoit la contesse de Sallebrin qui
- très durement les reconfortoit; et par le regard de 15
- une tèle dame et son douch amonnestement, uns
- homs doit bien valoir deus au besoing. Cilz assaus
- dura moult longement. Et y perdirent li Escot grant
- fuison de leurs gens, car ilz s'abandonnoient durement
- et portoient arbres et mairiens à grant fuison 20
- pour emplir les fossés et pour amener les estrumens
- jusques as murs, se il peuissent. Mais cil del chastiel
- se deffendoient si vassaument que li assallant y perdirent
- grant fuison de leurs gens; si les couvint retraire
- arrière. Li rois commanda que li estrument 25
- fuissent bien gardé pour renforcier l'assaut à l'endemain.
- Ensi se departi li assaus, et s'en rala cescuns
- en se loge, horsmis chiaus qui devoient ces estrumens
- garder. Li un plorèrent les mors, et li aultre
- confortèrent les navrés. 30
-
- Chil del chastiel qui durement estoient travilliet,
- et si y avoit grant fuison de bleciés, veirent bien que
- li fais leur estoit grans; et se li rois David maintenoit
- son pourpos, il aroient fort temps. Si eurent
- entre yaus conseil qu'il envoieroient certain message
- par devers le roy Edouwart qui estoit à Evruich 5
- là venus, ce savoient il de verité par les prisonniers
- d'Escoce qu'il avoient pris. Si regardèrent entre
- yaus qui feroit ceste besongne, mais il ne (peurent[379])
- trouver qui volsist laissier le chastiel à deffendre, ne
- la belle dame ossi pour porter cel message. Si en 10
- ot entre yaus grant estrit. Quant li gentilz bacelers
- messires Guillaumes de Montagut vei le bonne volenté
- de ses compagnons et vei d'autre part le meschief
- qui leur poroit avenir, se il n'estoient secouru,
- si lor dist: «Signeur, je voy bien vostre loyauté et 15
- vostre bonne volenté: si ques, pour l'amour de ma
- dame et de vous, je metterai mon corps en aventure
- pour faire cesti message, car jou ay tel fiance en
- vous, selonch chou que j'ai veu, que vous detenrés
- bien le chastiel jusques à me revenue. Et ay d'autre 20
- part si grant esperance el noble roy nostre signeur,
- que je vous amenrai temprement si grant secours
- que vous en arés joie, et vous seront bien meri li
- bien fait que fait arés.» De ceste parolle furent ma
- dame li contesse et li compagnon tout joiant. 25
-
- [379] Mss. B4, 3, fo 75 vo.--Ms. B1: «poroit.» Mauvaise leçon.
-
- Quant la nuis fu venue, li dis messires Guillaumes
- se apparilla dou mieulz qu'il peut, pour plus paisivlement
- issir de laiens qu'il ne fust perceus de chiaus
- de l'host. Se li avint si bien qu'il pleut toute la nuit
- si fort que nulz des Escos n'osoit issir de se loge. 30
- Si passa à mienuit tout parmi l'ost, que onques ne fu
- perceus. Quant il fu passés, il fu grans jours; si
- chevauça avant tant qu'il encontra deus hommes
- d'Escoce, à demi liewe priès de l'host, qui amenoient
- deus bues et une vache par devers l'ost. Messires 5
- Guillaumes cogneut qu'il estoient Escot; si les navra
- tous deus durement et tua leurs bestes, par quoi li
- Escot ne cil de l'host n'en euissent aise, puis dist as
- deus navrés: «Alés, dittes à vostre roy que Guillaumes
- de Montagut vous a mis en tel point en son 10
- despit. Et li dittes que je vois querre le gentil roy
- Edowart qui li fera temprement vuidier ceste place
- maugré lui.» Cil li prommisent qu'il feroient volentiers
- ce message, mais qu'il les laissast atant à
- pais. Lors se parti li dis messires Guillaumes d'yaus, 15
- et s'en ala tant qu'il peut par devers le roy son signeur
- qui estoit à Evruich à tout grant fuison de gens
- d'armes, et en attendoit encores plus. Si fist li dis
- messires Guillaumes son salu au roy de par ma dame
- sen ante, contesse de Salebrin, et li conta le meschief 20
- où elle et ses gens estoient. Li rois respondi
- apertement et liement qu'il ne laisseroit nullement
- qu'il ne secourust la dame et ses gens; et se plus
- tost euist sceu là où li Escot estoient, et le meschief
- del chastiel et de la dame, plus tost fust alés celle 25
- part. Si commanda tantost li dis rois que cescuns
- fust appareilliés à mouvoir l'endemain, et que on
- fesist toutdis les venans traire avant apriès son host
- qu'il avoit grant.
-
-
- § 156. Li rois englès se parti à l'endemain de le 30
- cité de Evruich moult liement, pour les nouvelles
- que messires Guillaumes li avoit aportées. Et avoit
- avoech lui sis mille armeures de fier, dis mille arciers
- et bien quatre vingt mille hommes de piet, qui tout
- le sievoient, et toutdis li venoient gens. Quant li
- baron d'Escoce et li mestre del conseil le roy sceurent 5
- que li dis messires Guillaumes de Montagut
- avoit ensi passet parmi leur host, et qu'il s'en aloit
- querre secours au roy englès, et savoient bien que li
- rois Edouwars estoit à Evruich à grant gent, et le tenoient
- de si grant corage et si gentil, que il ne lairoit 10
- nullement que il ne venist tantost sus yaus pour secourre
- la dame et chiaus del chastiel, il parlèrent
- ensamble, endementrues que li rois faisoit souvent et
- ardamment assallir. Et veirent bien que li rois faisoit
- ses gens navrer et martiriier sans raison. Et veoient 15
- bien que li rois englès venroit bien ançois combatre
- à yaus que leurs rois peuist avoir conquis che chastiel,
- ensi qu'il cuidoit. Si parlèrent tout ensamble au
- roy David d'un accord, et li disent que li demorers
- là n'estoit point ses pourfis ne sen honneur, car il 20
- leur estoit moult honnourablement avenu de leur
- emprise. Et avoient fait grant despit as Englès, quant
- il avoient jeut en leur pays par douze jours, et ars et
- exilliet tout au tour. Après il avoient pris par force
- le cité de Duremmes et mis toute à grant destruction: 25
- si ques, tout consideret, c'estoit bon qu'il se
- partesist et se retraisist vers son royaume; et y menassent
- à sauveté ce que conquis avoient, et que
- une aultre fois il retourroit en Engleterre quant il li
- plairoit. Li rois, qui ne volt mies issir dou conseil de 30
- ses hommes, s'i acorda, quoi que il le fesist moult à
- envis, car volentiers ewist attendu à bataille le roy
- d'Engleterre, se on ne li ewist desconsillié. Toutes
- fois il se desloga au matin et toute se host ossi. Et
- s'en alèrent li dit Escot droit par devers le grant
- forest de Gedours, où li sauvage Escot se tiennent
- tout bellement et à leur aise, car il voloient savoir 5
- que li rois englès feroit en avant, ou se il retrairoit
- arrière ou se il iroit avant et trairoit en leur pays.
-
-
- § 157. Ce jour meismes que li rois David et li
- Escot se departirent au matin de devant le chastiel
- de Salebrin, vint li rois Edouwars à toute son host, 10
- à heure de miedi, en le place là où li rois des Escos
- avoit logiet. Si fu moult courouciés quant il ne le
- trouva, car volentiers se fust combatus à lui. Il
- estoit venus en si grant haste que ses gens et ses
- chevaus estoient durement travilliet. Si commanda 15
- que cescuns se logast là endroit, car il voloit aler
- veoir le chastiel et la gentilz dame qui laiens estoit,
- car il ne l'avoit veu puis les noces dont elle fu mariée.
- Ensi fu fait que commandé fu. Cescuns s'ala
- logier, ensi qu'il peut, et reposer qui volt. Sitos que 20
- li rois Edowars fu desarmés, il prist jusques à dix
- ou douze chevaliers, et s'en ala vers le chastiel pour
- saluer la contesse de Salebrin, et pour veoir le manière
- des assaus que li Escot avoient fais, et des deffenses
- que cil dou chastiel avoient faites à l'encontre. 25
-
- Sitos que la dame de Salebrin sceut le roy venant,
- elle fist ouvrir toutes les portes, et vint hors si richement
- vestie et atournée que cescuns s'en esmervilloit.
- Et ne se pooit on cesser de li regarder et de remirer
- le grant noblèce de le dame, avoech le grant biauté 30
- et le gracieus maintien que elle avoit. Quant elle fu
- venue jusques au roy, elle s'enclina jusques à terre
- encontre lui, en regratiant de le grace et del secours
- que fait li avoit, et l'en mena ens ou chastiel pour
- lui festiier et honnourer, comme celle qui très bien
- le savoit faire. Cescuns le regardoit à merveilles, et 5
- li rois meismes ne se pooit tenir de lui regarder. Et
- bien lui estoit avis que onques n'avoit veu si noble,
- si friche, ne nulle si belle de li. Se li feri tantost une
- estincelle de fine amour ens el coer qui li dura par
- lonch temps, car bien li sambloit que ou monde n'i 10
- avoit dame qui tant fesist à amer comme celle. Si
- entrèrent ens ou chastiel main à main. Et le mena
- la dame premiers en le sale, et puis en sa cambre, qui
- estoit si noblement parée qu'il affreoit à tel dame.
- Et toutdis regardoit li rois le gentilz dame si ardamment 15
- que elle en devenoit toute honteuse et abaubie.
- Quant il l'ot grant pièce assés regardé(e), il ala à une
- fenestre pour apoiier, et commença fortement à penser.
- La dame, qui à ce point ne pensoit, ala les aultres
- signeurs et chevaliers festiier et saluer moult grandement 20
- et à point, ensi que elle savoit bien faire,
- cescun selonch son estat. Et puis commanda à appareillier
- le disner, et quant temps seroit, à mettre les
- tables et le sale parer.
-
-
- § 158. Quant la dame eut tout deviset et commandet 25
- à ses gens chou que bon li sambloit, elle
- s'en revint à chière lie par devers le roy, qui encores
- pensoit et musoit fortement, et li dist: «Chiers sires,
- pour quoi pensés vous si fort? Tant pensers n'affiert
- pas à vous, ce m'est avis, sauve vostre grace. Ains 30
- deuissiés faire feste et joie à bonne cière, quant vous
- avés encaciet vos ennemis qui ne vous ont osé attendre;
- et deuissiés les aultres laissier penser del remanant.»
- Li rois respondi et dist: «Ha! ma chière
- dame, sachiés que puis que jou entrai ceens, m'est
- une songne sourvenue, de quoi je ne me prendoie 5
- garde: se m'i couvient penser. Et se ne sçai que
- avenir en pora, mais je n'en puis mon coer oster.»--«Ha!
- chiers sires, dist la dame, vous deuissiés
- tous jours faire bonne cière, pour vos gens mieulz
- conforter, et laissier (le)[380] penser et le muser. Diex vous 10
- a si bien aidiet jusques à ores en toutes vos besongnes
- et donnet si grant grasce, que vous estes li plus
- doubtés et honnourés princes des Chrestiens. Et se
- li rois d'Escoce vous a fait despit et damage, vous
- le porés bien amender, quant vous vorrés, ensi que 15
- aultre fois avés fait. Si laissiés le muser et venés en
- le sale, se il vous plaist, dalés vos chevaliers: tantost
- sera appareilliet pour disner.»--«Ha! ma
- chière dame, dist li rois, aultre cose me touche et
- gist en mon coer que vous ne pensés. Car certainnement 20
- li doulz maintiens, li parfais sens, la grant
- noblèce et la fine biauté que jou ay veu et trouvet
- en vous m'ont si souspris et entrepris qu'il covient
- que je soie vos amans. Si vous pri que ce soit vos
- grés, et que je soie de vous amés, car nulz escondis 25
- ne m'en poroit oster.» La gentilz dame fu adonc
- durement esbahie et dist: «Très chiers sires, ne me
- voelliés mokier, ne assaiier, ne tempter. Je ne poroie
- cuidier ne penser que ce fust acertes que vous dittes,
- ne que si nobles ne si gentils princes que vous estes 30
- deuist querre tour ne penser pour deshonnerer moy
- et mon marit, qui est si vaillans chevaliers, et qui
- tant vous a servi que vous savés, et encores gist pour
- vous emprisonnés. Certes, vous seriés del cas petit
- prisiés et amendés. Certes, onques tel pensée ne me 5
- vint en coer ne jà ne venra, se Dieu plaist, pour
- homme qui soit nés; (et se je le faisoie, vous m'en
- devriez[381]), non pas blasmer seulement, mais mon corps
- justicier et desmembrer.»
-
- [380] Mss. B 4, 3, fo 76 vo.--Ms. B1, fo 115 vo: «et.»
-
- [381] Mss. B 4, 3, fo 76 vo.--Ms. B1, fo 116 (lacune).
-
-
- § 159. Atant se parti la vaillans dame, et laissa le 10
- roy durement esbahi; et s'en revint en le sale pour
- faire haster le disner. Et puis s'en retourna au roy
- et en mena de ses chevaliers, et li dist: «Sire,
- venés en la sale. Li chevalier vous attendent pour
- laver, car il ont trop junet, ossi avés vous.» Li 15
- rois se parti de la cambre et s'en ala en la sale, à ce
- mot, et lava, et puis s'assist entre ses chevaliers au
- disner, et la dame ossi. Mais li roys y disna petit,
- car aultre cose li touçoit que boire et mengier; et
- ne fist onques à ce disner fors que penser. Et à le 20
- fois, quant il osoit la dame et son maintien regarder,
- il gettoit ses yex celle part. De quoi toutes ses
- gens avoient grant merveille, car il n'en estoient
- point acoustumés, ne onques en tel point ne l'avoient
- veu. Ains cuidoient li aucun que ce fust pour les Escos 25
- qui li estoient escapés. Mais aultre cose li touchoit,
- et li estoit si fermement entrée ou coer, que
- onques n'en peut issir en grant temps, pour escondire
- (que la dame[382]) en seuist ne peuist faire. Mais
- il en fu toutdis depuis plus liés, plus gais et plus
- jolis; et en fist pluiseurs belles festes et joustes, et
- grans assamblées de signeurs, de dames et de damoiselles,
- tout pour l'amour de la ditte contesse de
- Salbrin, si com vous orés chi après. 5
-
- [382] Mss. B 4, 3, fo 77.--Ms. B1, fo 116 (lacune).
-
-
- § 160. Toutes voies, li rois englès demora tout celi
- jour ens ou chastiel, en grans pensées et à grant mesaise
- de coer, car il ne savoit que faire. Aucune fois
- il se ravisoit, car honneurs et loyautés le reprendoit
- de mettre son coer en tèle fausseté, pour deshonnerer 10
- si vaillant dame, et si loyal chevalier comme ses
- maris estoit, qui si loyaument l'avoit toutdis servi.
- D'autre part, amours le constraindoit si fort que elle
- vaincoit et sourmontoit honneur et loyauté. Ensi se
- debatoit li rois en lui, tout le jour et toute le nuit. 15
- Au matin, il se leva et fist toute son host deslogier
- et traire apriès les Eskos, et pour yaus sievir et cachier
- hors de son royaume; puis prist congiet à la
- dame, en disant: «Ma chière dame, à Dieu vous
- commant jusques au revenir. Si vous pri que vous 20
- vos voelliés aviser, et aultrement estre consillie que
- vous ne m'aiiés dit.»--«Chiers sires, respondi la
- dame, li Pères glorieus vous voelle conduire et oster
- de villainne pensée et de deshonnourable, car je sui
- et serai toutdis consillie et apparillie de vous servir 25
- à vostre honneur et à le miène.»
-
- Atant se parti li rois trestous confus et abaubis. Si
- s'en ala à tout son host apriès les Escos, et les sievi
- jusques oultre le bonne cité de Bervich, et se loga
- à quatre liewes priès de le forest de Gedours, là où 30
- li rois David et toutes ses gens estoient entrés, pour
- les grans forterèces qu'il y a. Là endroit demora li
- dis rois englès par l'espasse de trois jours, pour
- savoir se li Escot vorroient hors issir pour combatre
- à lui. Et saciés que tous les trois jours y avoit tant
- d'escarmuces et de paletis entre les deus hos, que 5
- cescuns estoit anoieus del regarder; et y avoit souvent
- des mors et des pris, d'une part et d'aultre. Et
- sur tous les aultres y estoit souvent veus en bon
- couvenant messires Guillaumes Douglas, qui s'arme
- d'azur à comble (d'argent[383]), et dedens le comble 10
- trois estoilles de geules. Et estoit cilz qui y faisoit
- plus de biaus fais, de belles rescousses et de hautes
- emprises; et fist en l'ost des Englès moult de destourbiers.
-
- [383] Mss. B 4, 3, fo 77.--Ms. B1 (lacune).
-
-
- § 161. Tous ces trois jours, parlementèrent aucun 15
- preudomme de triewes et d'acort entre ces deus
- rois. Et tant trettièrent que une triewe fu acordée à
- durer deus ans, voires se li rois Phelippes de France
- s'i assentoit, car li rois d'Escoce estoit si fort alloiiés
- à lui qu'il ne pooit donner triewes ne faire pais sans 20
- lui. Et se li rois Phelippes ne s'i voloit acorder, si
- devoient les triewes durer entre Engleterre et Escoce
- jusques au premier jour d'aoust. Et devoit estre
- quittes li contes de Mouret de se prison, se li rois
- d'Escoce pooit tant pourcacier au roy de France que 25
- li contes de Salebrin fust quittes ossi de se prison.
- La quèle cose devoit estre pourcacie au roy de
- France dedens le Saint Jehan Baptiste. Li rois d'Engleterre
- se acorda plus legierement à celle triewe,
- pour tant que cilz fait grant sens, qui a trois guerres
- ou quatre, s'il en poet atriewer ou apaisier les deus
- ou les trois qu'il le face. Et cilz rois avoit bien à
- penser sur telz coses, car il avoit guerre en France,
- en Gascongne, en Poito, en Saintonge et en Bretagne, 5
- et par tout ses gens et ses saudoiiers.
-
- Celle triewe as Escos fu ensi affremée et acordée
- que vous avés oy. Si departi li rois d'Escoce ses gens,
- et s'en rala cescuns en se contrée; puis envoia grans
- messages au roy Phelippe de France, pour acorder 10
- chou que trettiet estoit, se il li plaisoit. Il pleut assés
- bien au roy de France pour mieus complaire au roy
- d'Escoce; (et) ne desdist de riens au trettiet, mais
- renvoia le conte de Salbrin en Engleterre. Dont, si
- tost qu'il y fu revenus, li rois englès renvoia arrière 15
- le conte de Mouret d'Escoce, ossi devers le roy David
- qui en eut grant joie. Ensi fu fais cilz escanges de
- ces deus signeurs, si com vous avés oy. Et se departirent
- ces deus grosses chevaucies, sans plus riens
- faire, et se retrest cescuns en son lieu. Or retournerons 20
- nous à parler des aventures et des guerres de
- Bretagne.
-
-
- § 162. Vous devés savoir que, quant li dus de
- Normendie, li dus de Bourgongne, li contes d'Alençon,
- li dus de Bourbon, li contes de Blois, li connestables 25
- de France, li contes de Ghines ses filz, messires
- Jakemes de Bourbon, messires Loeis d'Espagne
- et li conte et li baron de France se furent parti de
- Bretagne, qu'il eurent conquis le fort chastiel de
- Chastouseaus, et puis apriès le cité de Nantes, et pris 30
- le conte de Montfort, et livret au roy Phelippe, et il
- l'eut fait mettre en prison ou Louvre dalés Paris,
- si com vous avés oy; et comment messires Charles
- de Blois estoit demorés tous quois en le cité de
- Nantes et ou pays d'entour qui obeissoit à lui, pour
- attendre le saison d'esté en la quèle il fait milleur 5
- hostoiier qu'il ne fait en le saison d'ivier, et celle
- douce saison fu revenue, tout cil signeur de France
- dessus nommet et grant fuison d'aultres gens avoech
- yaus s'en ralèrent devers Bretagne à grant poissance,
- pour aidier monsigneur Charle à reconquerre le remanant 10
- de le ducé de Bretagne, dont il avinrent des
- grans et mervilleus fais d'armes, ensi com vous porés
- oïr. Quant il furent venu à Nantes, là où il trouvèrent
- monsigneur Charle de Blois, il eurent conseil
- qu'il assegeroient le cité de Rennes. Si issirent de 15
- Nantes et alèrent assegier Rennes tout au tour. La
- contesse de Monfort en devant l'avoit si bien garni(e)
- et pourveue de gens d'armes et de tout ce qu'il affreoit,
- que riens n'i falloit. Et y avoit establi un
- vaillant chevalier et hardi pour chapitainne, que on 20
- clamoit monsigneur Guillaume de Quadudal, gentil
- homme durement dou pays de Bretagne.
-
- Aussi avoit la ditte contesse mis grans garnisons
- par toutes les aultres cités, chastiaus et bonnes villes
- qui à lui obeissoient; et par tout bonnes chapitainnes, 25
- des gentilz hommes dou pays qui à lui obeissoient
- et se tenoient, les quels elle avoit acquis par
- biau parler, par prommettre et par donner, car elle
- n'i voloit point espargnier: des quelz li evesques de
- Lyon, messires Amauris de Cliçon, messires Yewains 30
- de Tigri, li sires de Landreniaus, li chastelains de
- Ghingant, messires Henris et messires Oliviers de
- Pennefort, messires Joffrois de Malatrait, messires
- Guillaumes de Quadudal, li doi frère de Quirich y
- estoient, et pluiseur aultre noble chevalier et escuier
- que je ne sai mies nommer. Ossi en y avoit de l'accord
- monsigneur Charle de Blois grant fuison, qui à 5
- lui se tenoient, avoecques monsigneur Hervi de Lyon,
- qui fu de premiers de l'accord le conte de Montfort
- et mestres de son conseil, jusques à tant que la cités
- de Nantes fu rendue, et li contes de Montfort fu rendus
- pris, ensi que vous avés oy. De quoi li dis messires 10
- (Hervis[384]) fu durement blasmés, car on voloit dire
- que il l'avoit pourcaciet et les bourgois enhortés.
- Chou apparoit en ce que, puis ce fait, ce fu cilz qui
- plus se penoit de grever la contesse de Montfort et
- ses aidans. 15
-
- [384] Ms. A7, fo 84.--Mss. B 1, 3, 4, fo 117, vo; «Henris.»
- Mauvaise leçon.
-
-
- § 163. Messires Charles de Blois et li signeur dessus
- nommet sisent assés longement devant le cité de
- Rennes, et y fisent grans damages et pluiseurs grans
- assaus et fors par les Espagnolz et par les Geneuois;
- et cil de dedens se deffendirent ossi fortement et vassaument, 20
- par le conseil le signeur de Quadudal, et
- si sagement que cil de dehors y perdirent plus souvent
- qu'il n'i gaegnièrent.
-
- En celui temps, si tost que la dessus ditte contesse
- sceut que cil signeur de France estoient venu en Bretagne, 25
- à si grant poissance, elle envoia monsigneur
- Amauri de Cliçon en Engleterre parler au roy Edowart,
- et pour priier et requerre secours et ayde, par tèle
- condition que li jones enfes, filz au conte de Montfort
- et de la ditte contesse, prenderoit à femme l'une
- des jones filles au roy d'Engleterre, et s'appelleroit
- duçoise de Bretagne. Li rois Edowars estoit adonc à
- Londres, et festioit tant qu'il pooit le conte de Salbrin, 5
- qui tantost estoit revenus de se prison. Si fist
- moult grant feste et honneur à monsigneur Amauri
- de Cliçon, quant il fu à lui venus, car il estoit moult
- gentilz homs; et li ottria toute sa requeste assés briefment,
- car il y veoit son avantage en deus manières. 10
- Car il li fu avis que c'estoit grant cose et noble de
- la ducé de Bretagne, se il le pooit conquerre; et si
- estoit la plus belle entrée qu'il pooit avoir pour conquerre
- le royaume de France, à quoi il tendoit. Si
- commanda à monsigneur Gautier de Mauni qu'il 15
- amoit moult, car moult l'avoit bien servi et loyaument
- en pluiseurs besongnes perilleuses, qu'il presist
- tant de gens d'armes que li dis messires Amauris li
- deviseroit et qu'il li souffiroit, et se apparillast au
- plus tost qu'il poroit pour aler aidier la contesse de 20
- Montfort, et presist avoecques lui jusques à deus
- mille ou trois mille arciers des milleurs d'Engleterre.
-
- Li dis messires Gautiers fist moult volentiers le
- commandement son signeur; si se apparilla au plus
- tost qu'il peut, et se mist en mer avoecques le dit 25
- monsigneur Amauri, à tèle compagnie de gens d'armes
- et d'arciers qu'il souffi au dit monsigneur Amauri.
- Avoec lui en alèrent li doy frère de Neynendale, messires
- Loeis et messires Jehans, li Haze de Braibant,
- messires Hubiers de Frenay, messires Alains de Sirehonde, 30
- et pluiseur aultre que je ne puis ne sai tous
- nommer, et avoech yaus sis mille arciers. Mais uns
- grans tourmens les prist sour mer et vens contraires,
- par quoi il les couvint demorer sour le mer par le
- terme de soissante jours, ançois qu'il peuissent parvenir
- à Hembon, là où li contesse de Montfort les
- attendoit de jour en jour, à grant mesaise de coer, 5
- pour le grant meschief que elle sentoit que ses gens
- soustenoient, qui estoient dedens le cité de Rennes.
-
-
- § 164. Or est à savoir que messires Charles de
- Blois et cil signeur de France sisent longuement devant
- le cité de Rennes, et tant qu'il y fisent très grant 10
- damage, par quoi li bourgois en furent durement
- anoiiés; et volentiers se fuissent souvent acordé à
- rendre le cité, se il osassent, mais messires Guillaumes
- de Quadudal ne s'i voloit acorder nullement.
- Quant li bourgois et li commun de le cité eurent assés 15
- souffert, et qu'il ne veoient nul secours de nulle part
- venir, il se vorrent rendre; mais li dis messires Guillaumes
- ne s'i volt accorder. Au daarrain, il prisent le
- dit monsigneur Guillaume et le misent en prison; et
- eurent en couvent à monsigneur Charlon de Blois 20
- qu'il se renderoient à l'endemain par tèle condition
- que tout cil de le partie le contesse de Monfort s'en
- pooient aler sauvement, quel part qu'il voloient. Li
- dis messires Charles de Blois leur acorda. Ensi fu li
- cités de Rennes rendue à monsigneur Charle de Blois, 25
- l'an de grasce mil trois cens quarante et deus, à l'entrée
- de may. Et messires Guillaumes de Quadudal
- ne volt point demorer de l'acord monsigneur Charle
- de Blois, ains s'en ala tantost par devers Hembon, là
- où la contesse de Monfort estoit, qui fu moult dolente 30
- quant elle seut que la cité de Rennes estoit rendue;
- et si n'ooit nulles nouvelles de monsigneur Amauri de
- Cliçon ne de se compagnie.
-
-
- § 165. Quant la cité de Rennes se fu rendue, ensi
- que vous avés oy, et li bourgois eurent fait feauté
- à monsigneur Charles de Blois, messires Charle eut 5
- conseil quèle part il se poroit traire à toute son host,
- pour mieulz avant esploitier de reconquerre le remanant.
- Li consaulz se tourna à çou que il se traisist
- par devers Hembon, là où la contesse de Montfort
- estoit; car, puis que li sires estoit en prison, s'il pooit 10
- prendre le ville, le chastiel et le contesse, il aroit tost
- sa guerre afinée. Ensi fu fait. Si se traisent tuit vers
- Hembon et assegièrent le ville et le chastiel tout au
- tour, tant qu'il peurent, par terre. La contesse estoit
- si bien pourveue de bons chevaliers et d'autres souffissans 15
- gens d'armes qu'il couvenait pour deffendre le
- ville et le chastiel, et tout dis estoit en grant soupeçon
- del secours d'Engleterre que elle attendoit, et se n'en
- ooit nulles nouvelles. Ains avoit doubtance que grans
- meschiés ne leur fust avenus, ou par fortune de le mer, 20
- ou par rencontre d'ennemis. Avoecques li estoit en
- Hembon li evesques de Lyon en Bretagne, dont messires
- Hervis de Lyon estoit (neveus[385]), qui estoit de le
- partie monsigneur Charles. Et si y estoient messires
- Yves de Tigri, li sires de Landreniaus, li chastelains 25
- de Ginghant, li doi frère de Quirich, messires Henris
- et messires Oliviers de Pennefort et pluiseur aultre.
- Quant la contesse et cil chevalier entendirent que cil
- signeur de France venoient pour yaus assegier, et qu'il
- estoient assés priès de là, il fisent commander que on
- sonnast le ban cloche, et que çascuns s'alast armer et
- alast à sa deffense, ensi qu'il estoit ordonnés. Ensi
- fu fait sans contredit.
-
- [385] Mss. B1, 3, 4: «oncles.» Mauvaise leçon.
-
- Quant messires Charles de Blois et li signeur françois 5
- furent approciet de le ville de Hembon et il
- le veirent forte, il fisent leurs gens logier, ensi que
- pour faire siège. Aucun jone compagnon geneuois,
- espagnol et françois alèrent jusques as bailles pour
- paleter et escarmucier; et aucun de chiaus de dedens 10
- issirent encontre yaus, ensi que on fait souvent
- en telz besongnes. Là eut pluiseurs hustins.
- Et perdirent plus li Geneuois qu'il n'i gaegnassent,
- ensi qu'il avient souvent par trop folement abandonner.
- Quant li vespres approça, cescuns se retraii 15
- à se loge. L'endemain, li signeur eurent conseil
- qu'il feroient à l'endemain assallir les bailles
- fortement, pour veoir le contenance de chiaus
- de dedens, et pour veoir se il y poroient riens
- conquester, ensi qu'il fisent. Car au tierc jour il 20
- assallirent au matin, entours heure de prime, as
- bailles très fortement. Et chil de dedens issirent hors
- li aucun des plus souffissans, et se deffendirent si vassaument
- qu'il fisent l'assaut durer jusques à heure de
- nonne que li assallant se retraisent un petit arrière. 25
- Et y laissièrent fuison de mors, et en remenèrent
- plenté de bleciés. Quant li signeur veirent leurs gens
- retraire, il en furent durement courouciés. Si fisent
- recommencier l'assaut plus fort que devant. Et cil de
- Hembon s'efforcièrent ossi d'yaus très bien deffendre. 30
- Et la contesse, qui estoit armée de corps et estoit
- montée sus un bon coursier, chevauçoit de rue en
- rue par le ville, et semonnoit ses gens de bien deffendre.
- Et faisoit les femmes de le ville, dames et
- aultres, deffaire les caucies et porter les pières as
- crestiaus pour getter as ennemis. Et faisoit aporter
- bombardes et pos plains de cauch vive, pour getter 5
- sus les assallans.
-
-
- § 166. Encores fist ceste ditte contesse de Montfort
- une très hardie emprise qui ne fait mies (à[386]) oubliier,
- et c'on doit bien recorder à hardit et outrageus fait
- d'armes. La contesse montoit en une tour, pour 10
- mieulz veoir comment ses gens se maintenoient. Si
- regarda et vei que tout cil de l'host, signeur et aultre,
- avoient laissiet leurs logeis, et estoient priès que tout
- alé veoir l'assaut. Elle s'avisa d'un grant fait et remonta
- sus son coursier, ensi armée comme elle estoit. 15
- Et fist monter environ trois cens hommes à cheval
- avoecques lui, qui gardoient une aultre porte là où on
- n'assalloit point. Si issi de celle porte o toute se compagnie,
- et se feri très vassaument en ces tentes et en ces
- logeis des signeurs de France, qui tantos furent toutes 20
- arses, tentes et toutes loges, qui n'estoient gardées fors
- de garçons et de varlès qui s'en fuirent, si tos comme
- il y veirent le feu bouter et la contesse et ses gens entrer.
- Quant li signeur de France veirent leurs logeis
- ardoir et oïrent le hu et le cri qui en venoit, il furent 25
- tout esbahi et coururent tout vers lor logeis,
- criant: «Trahi! Trahi!», et ne demora adonc nulz
- à l'assaut.
-
- [386] Mss. B 4, 3, fo 79.--Ms. B 1, fo 119 (lacune).
-
- Quant la contesse vei l'ost estourmir et de toutes
- pars acourir, elle rassambla ses gens et vei bien que
- elle ne poroit rentrer en le ville sans trop grant perte;
- si s'en ala le droit chemin par devers le chastiel de
- Brait qui siet à trois liewes priès de là. Quant messires
- Loeis d'Espagne, qui estoit mareschaus de toute 5
- l'ost, fu venus as logeis qui ardoient, et vei la contesse
- et ses gens qui s'en aloient tant qu'il pooient, il se
- mist à aler après pour raconsievir se il peuist, et grant
- fuison de gens d'armes avoecques lui. Si les encauça
- et caça tant qu'il en tua et mehagna aucuns qui estoient 10
- mal montet, et qui ne pooient sievir les bien
- montés. Toutes fois, la ditte contesse chevauça tant
- et si bien que elle et li plus grant partie de ses gens
- vinrent assés à point au bon chastiel de Brait, là où
- elle fu receute et festiie à grant joie de chiaus de le 15
- ville et dou chastiel. Quant messires Loeis d'Espagne
- sceut, par les prisons que pris avoit, que c'estoit la
- contesse qui tel fait avoit fait et qui escapée li estoit,
- il s'en retourna en l'ost et conta sen aventure as signeurs
- et as aultres qui grant merveille en eurent. 20
- Ossi eurent cil qui estoient dedens Haimbon, et ne
- pooient apenser ne trop imaginer comment leur dame
- avoit che aviset ne oset entreprendre. Mais il furent
- toute le nuit en grant quisençon de çou que la
- dame ne nulz de ses compagnons ne revenoit; si n'en 25
- savoient que penser ne que aviser, et ce n'estoit point
- trop grant merveille.
-
-
- § 167. A l'endemain, li signeur de France, qui
- avoient perdu leurs tentes et leurs pourveances,
- orent conseil qu'il se logeroient d'arbres et de foellies 30
- plus priès de le ville, et qu'il se maintenroient plus
- sagement. Si se alèrent logier à grant painne plus
- priès de le ville, et disoient souvent ensi à chiaus de
- le ville: «Alés, signeur, alés requerre vostre contesse.
- Certes elle est perdue, vous ne le trouverés en
- pièce.» Quant cil de le ville, gens d'armes et aultres, 5
- oïrent telz parolles, il furent esbahi et eurent grant
- paour que grans meschiés ne fust avenus à leur dame.
- Si n'en savoient que croire, par tant que elle point
- ne revenoit, ne n'en ooient nulles nouvelles. Si demorèrent
- en tel paour par l'espasse de cinq jours. 10
- Et la contesse, qui bien pensoit que ses gens estoient
- à grant mesaise pour lui et en grant doubtance, se
- pourcaça tant que elle eut bien cinq cens compagnons
- (armés[387]) et bien montés. Puis se parti de Brait
- entour le mienuit et se vint, droit au point que li solaus 15
- se liève, à chevauçant à l'un des costés de l'host, et
- fist ouvrir le porte et entra ens à grant joie et à grant
- son de trompes et de nakaires: de quoi li hos des
- François fu durement estourmie. Si se fissent tout
- armer et coururent par devers le ville pour assallir, 20
- et cil de dedens as fenestres pour le deffendre. Là
- commença grans assaus et fors, qui dura jusques à
- haute nonne. Et plus y perdirent li assallant que li
- deffendant.
-
- [387] Mss. B4, 3, fo 79 vo.--Ms. B1, fo 119 vo (lacune).
-
- Environ heure de nonne, fisent li signeur cesser 25
- d'assallir, car leurs gens se faisoient tuer et navrer
- sans raison, et retraisent à leurs logeis. Si eurent
- conseil et acord que messires Charles de Blois iroit
- assegier (le) chastiel d'Auroy que li rois Artus fist
- faire et fremer. Et iroient avoecques lui li dus de 30
- Bourbon, li contes de Blois ses frères, et li mareschaus
- de France messires Robers Bertrans, et messires
- Hervis de Lyon et partie des Geneuois. Et messires
- Loeis d'Espagne, li viscontes de Rohen et tous
- li remanans des Geneuois et Espagnolz demorroient 5
- devant Hembon. Et mandèrent douze grans engiens
- qu'il avoient laissiés à Rennes, pour getter à le ville
- et au chastiel de Hembon, car il veoient bien qu'il
- ne le pooient gaegnier ne riens pourfiter à l'assallir;
- si qu'il fisent deus hos: s'en demora li uns devant 10
- Hembon, et li aultres en ala assegier chastiel d'Auroy
- qui estoit assés priès de là; des quels nous parlerons
- et nous soufferons un petit des aultres.
-
-
- § 168. Messires Charles de Blois se trest par devant
- le chastiel d'Auroy, qui estoit assés priès de là, à tout 15
- se compagnie, et se loga et toute son host environ.
- Et y fist assallir et escarmucier, car chil del chastiel
- estoient bien pourveu et bien garni de bonnes gens
- d'armes, pour tel siège soustenir. Si ne se vorrent rendre,
- ne laissier le service de la contesse, qui grans 20
- biens leur avoit fais, pour obeir au dit monsigneur
- Charle, pour ses prommesses. Dedens le forterèce avoit
- deus cens compagnons aidables, uns et aultres, des
- quelz estoient mestres et chapitainnes doi chevalier
- dou pays, vaillant homme et hardi durement, messires 25
- Henris de Pennefort et Oliviers de Pennefort
- ses frères. A quatre liewes priès de ce chastiel siet la
- bonne cité de Vennes, qui fermement se tenoit à le
- contesse. Et en estoit messires Joffrois de Malatrait
- chapitainne, gentilz homs et vaillans durement. D'autre 30
- part sciet la bonne ville de Dignant en Bretagne,
- qui adonc n'estoit fremée, fors de fossés et de palis.
- Si en estoit chapitains de par le contesse uns durement
- vaillans homs que on clamoit le chastellain de
- Gingant, mais il estoit adonc assis dedens Hembon
- avoech la contesse. Mais il avoit laissiet à Dignant 5
- son hostel, ma dame sa femme et ses filles, et avoit
- laissiet à chapitainne, en lieu de li, monsigneur Renault
- son fil, vaillant baceler et hardi durement.
-
- Entre ces deus bonnes villes siet uns très fors chastiaus
- qui se tenoit adonc à monsigneur Charle de 10
- Blois, et l'avoit fait garnir de gens d'armes et de saudoiiers,
- qui tout estoient Bourgignon. Si en estoit
- souverains et mestres uns bons escuiers assés jones
- que on clamoit Gerart de Malain; et avoit avoecques
- lui un hardi chevalier que on clamoit monsigneur 15
- Pière Portebuef. Cil doi avoecques leurs compagnons
- honnissoient et gastoient tout le pays de là entour,
- et destraindoient si ouniement le cité de Vennes et
- le bonne ville de Dinant, que nulles pourveances ne
- marchandises ne pooient entrer ne venir, fors en 20
- grant peril et sous grant aventure, car il chevauçoient
- l'un jour par devers Vennes, et l'autre jour
- par devers Dinant. Tant chevaucièrent ensi li dessus
- dit Bourgegnon et leurs routes, que li jones bacelers
- messires Renaulz de Gingant prist, par un embuscement 25
- qu'il avoit establi, le dit Gerart de Malain à
- toute se compagnie, qui estoient yaus vingt et cinq
- compagnon, et rescoui jusques à quinze marcheans à
- tout leur avoir qu'il avoient pris, et les emmenoient
- par devers leur garnison que on claime Rocheperiot.
- Mais li jones bacelers messires Renaulz de Gingant les 30
- conquist tous, par son sens et par sa proèce, et les
- en mena tous (en Dynant[388]) en prison, dont tous li
- pays d'entour eut grant joie. Et en fu durement li
- dis messires Renaulz loés et prisiés.
-
- [388] Mss. B4, 3, fo 80.--Ms. B1, fo 120 vo (lacune).
-
- Si me tairai un petit à parler de ces gens de Vennes,
- de Dinant et de Roceperiot, et revenrai à la 5
- contesse de Montfort, qui estoit assise dedens Haimbon,
- et à monsigneur Loeis d'Espagne qui tenoit
- le siège par devant et avoit si debrisié et defroissié
- le ville et le fremeté, par les engiens, que cil de
- dedens se commencièrent à esmaiier et avoir volenté 10
- de faire acord, car il ne veoient nul secours venir,
- ne n'en entendoient nouvelles. Dont il avint que
- li evesques messires Guis de Lyon, qui estoit (oncles[389])
- monsigneur Hervi de Lyon, par qui pourcach et conseil
- li contes de Montfort avoit estet pris, si com 15
- on disoit, dedens le cité de Nantes, parla un jour au
- dit monsigneur Hervi son (neveu,) sus assegurance, et
- par lonch temps ensamble, d'unes coses et d'aultres;
- et tant que li dis evesques devoit pourcacier acord à
- ses compagnons, par quoi li ville de Hembon seroit 20
- rendue à monsigneur Charle de Blois. Et li dis messires
- Hervis, d'autre part, devoit pourcacier que cil
- de dedens seroient apaisiés envers monsigneur Charle,
- quittes et lieges, et ne perderoient riens dou
- leur. Ensi se departi cilz parlemens. Li dis evesques 25
- rentra en le ville pour parler as aultres signeurs. La
- contesse se doubta tantost de mauvais pourcach; si
- pria à ces signeurs de Bretagne, pour l'amour de
- Dieu, qu'il ne fesissent nulle defaute, car elle avoit
- esperance en Nostre Signeur que elle aroit grant secours
- dedens trois jours. Mais li dis evesques parla
- tant et moustra tant de raisons à ces signeurs de
- Bretagne qu'i(l) les mist en grant effroi celle nuit. A
- l'endemain, il recommença et dist tant de raisons, 5
- d'unes et d'autres, qu'il estoient tout de son acord
- ou assés priès. Et jà estoit li dis messires Hervis venus
- assés priès de le ville pour (la) prendre et par
- leur acord, quant la contesse qui regardoit aval le mer,
- par une fenestre del chastiel, commença à criier et à 10
- faire grant joie; et disoit tant comme elle pooit: «Je
- voi venir le secours que j'ai tant desiré!» deus fois
- le dist. Cescuns de le ville courut tantost, qui mieulz
- pot, as fenestres et as crestiaus des murs pour veoir
- que c'estoit. Et veirent clerement grant fuison de 15
- naves, petites et grandes, bien batillies, venir par
- devers Hembon. Dont cescuns fu durement reconfortés,
- car bien tenoient que c'estoit messires Amauris
- de Cliçon qui amenoit ce secours d'Engleterre,
- dont vous avés par chà devant oy parler, qui par 20
- soixante jours avoient eu vent contraire sur le
- mer.
-
- [389] Mss. B4, 3, fo 80.--Ms. B1: «niés.» Mauvaise leçon.
-
-
- § 169. Quant li chastellains de Gingant messires
- Yves de Tigueri, messires Gallerans de Landreniaulz
- et li aultre chevalier veirent ce secours venir, 25
- il disent à l'evesque qu'il pooit bien contremender
- son parlement, car point consilliet n'estoient de
- faire ce qu'il leur exhortoit. Li dis evesques messires
- Guis de Lyon en fu durement courouciés et
- dist: «Signeur, dont se departira nostre compagnie, 30
- car vous demorrés deça par devers ma dame, et je
- m'en irai par delà par devers celui qui plus grant
- droit y a, ce me samble.» Lors se parti li dis evesques
- de Hembon, et deffia la dame et tous ses aidans,
- et s'en ala renoncier au dit monsigneur Hervi et dist
- la besongne ensi comme elle se portoit. Li dis messires 5
- Hervis fu durement courouciés. Si fist tantost
- drecier les plus grans engiens qu'il avoient, au plus
- priès del chastiel que on peut, et commanda que
- on ne cessast de getter par jours ne par nuis;
- puis se parti de là. Si en mena son (oncle[390]) le dit 10
- evesque à monsigneur Loeis d'Espagne qui le rechut
- à bon gré et liement. Ossi fist messires Charles de
- Blois, quant il fu à lui venus. La comtesse fist à lie
- chière apparillier salles, cambres et hostelz, pour herbergier
- aisiement ces signeurs d'Engleterre qui là venoient, 15
- et envoia encontre yaus moult noblement.
- Quant il furent venus et descendus, elle meismes
- vint contre yaus à grant reverense. Et se elle les
- festia et regratia grandement, che ne fait point à
- esmervillier, car elle avoit bien mestier de leur 20
- venue, si com vous avés oy. Si en fist adonc et de
- puis ossi tout quanque elle en peut faire. Et les en
- mena tous, chevaliers et escuiers, ens ou chastiel
- herbergier, jusques adonc qu'il seroient herbegiet en
- le ville à leur aise; et leur donna l'endemain à disner 25
- moult grandement. Toute la nuit ne cessèrent li
- engien de getter, ne l'endemain ossi.
-
- [390] Mss. B4, 3, fo 80 vo.--Ms. B1: «neveu.»
-
- Quant ce vint après disner que la dame eut festiiet
- ces signeurs, messires Gautiers de Mauni, qui estoit
- mestres et souverains des Englès venus avoec lui, appella 30
- d'une part monsigneur Yvon de Tigueri et li
- demanda de l'estat de chiaus de le ville et de leurs
- couvenans et de chiaus de l'host ossi. Puis regarda
- et dist qu'il avoit grant volenté d'aler abatre ce grant
- engien, qui si priès leur estoit assis et qui si grant anoi 5
- leur faisoit, mès que on le volsist sievir. Messires Yves
- de Tigueri dist que il ne l'en faurroit mies à ce(ste)
- première envaye. Ensi dist li sires de Landreniaus.
- Adonc s'ala tantost armer li gentilz sires de Mauni.
- Ossi fisent tout si compagnon quant il le sceurent, et 10
- ossi tout li chevalier breton et li escuier qui laiens
- estoient. Puis issirent hors paisievlement par le porte,
- et fisent aler avoech yaus trois cens archiers. Tant
- alèrent traiant li arcier qu'il fisent fuir en voies ceulz
- qui gardoient ce grant engien. Et les gens d'armes qui 15
- venoient après ces arciers en occisent aucuns, et abatirent
- ce grant engien, et le detaillièrent tout par
- pièces. Puis coururent de randon jusques as tentes
- et as logeis, et boutèrent le feu dedens. Si tuèrent et
- navrèrent pluiseurs de leurs ennemis, ançois que li 20
- host fust estourmis; et puis se retraisent bellement
- arrière. Quant li hos fu estourmis et armés, il vinrent
- acourant apriès yaus, comme gens tous foursenés.
- Et quant messires Gautiers de Mauni vey ces
- gens acourir et estourmir en demenant grans hus et 25
- grant cris, il dist tout haut: «Jamais ne soie jou
- salués de ma chière amie, se je rentre en chastiel ne
- en forterèce, jusques adonc que jou arai l'un de ces
- venans versé à terre, ou jou y serai versés!» Lors se
- retourna il, le glave ou poing, par devers les ennemis. 30
- Ossi fisent li doi frère de Leindehale, li Haze de
- Braibant, messires Yves de Tigueri, messires Galerans
- de Landreniaus et pluiseur aultre compagnon,
- et brocièrent à premiers venans. Si en fisent pluiseurs
- verser, les gambes contremont. Ossi en y eut
- des leurs versés.
-
- Là commença uns très fors hustins, car tout dis 5
- venoient avant cil de l'host. Si monteplioit leurs
- effors, par quoi il convenoit les Englès et les Bretons
- retraire tout bellement par devers leur forterèce.
- Là peuist on veoir d'une part et d'autre belles
- envayes, belles rescousses, biaus fais d'armes et des 10
- belles proèces grant fuison. Sour tous les aultres
- le faisoit bien et en avoit le los et le huée li gentilz
- chevaliers, messires Gautiers de Mauni. Et ossi
- moult vassaument s'i maintinrent tout si compagnon,
- et s'i combatirent très bien. Quant il veirent 15
- que tamps fu de retraire, si se retraisent bellement et
- sagement jusques à leurs fossés, et là rendirent il estal
- jusques à tant que leurs gens furent entret à sauveté.
- Mais saciés que li aultre arcier, qui point n'avoient
- esté à abatre les engiens, estoient issu de le ville et 20
- rengiés sus les fossés, et traioient si fortement qu'il
- fisent tous chiaus de l'host reculer, qui eurent grant
- fuison d'ommes et de chevaus mors et navrés. Quant
- cil de l'host veirent que leurs gens estoient au bersail
- et qu'il perdoient sans riens conquester, il fisent 25
- leur gens retraire à leurs logeis. Et quant il furent tout
- retrait, cil de le ville se retraisent ossi, cescuns à son
- hostel. Qui adonc veist la contesse descendre dou
- chastiel à grant chière, et baisier monsigneur Gautier
- de Mauni et ses compagnons, les uns apriès les aultres, 30
- deus fois ou trois, bien peuist dire que c'estoit
- une vaillans dame.
-
-
- § 170. A l'endemain, messires Loeis d'Espagne appella
- le visconte de Rohem, l'evesque de Lyon, monsigneur
- Hervi de Lyon et le mestre des Geneuois, pour
- avoir avis et conseil qu'il feroient et comment il se
- maintenroient, car il veoient le ville de Hembon si 5
- forte et le secours qui venus y estoit, meismement
- les arciés qui tous les desconfisoient. Par quoi, il
- perdoient le tamps pour noient, et aleuoient à
- demorer là, et ne veoient tour ne voie par quoi il
- y peuissent riens conquester. Si se accordèrent tout à 10
- çou que il se deslogeroient à l'endemain et se trairoient
- par devers le chastiel d'Auroy, là où messires
- Charles de Blois estoit à siège fait, et li aultre signeur
- de France. L'endemain, bien matin, il deffisent leurs
- logeis et se traisent celle part, si com ordonné l'avoient. 15
- Chil de le ville fisent grans hus apriès yaus,
- quant il les veirent deslogiet. Et aucun issirent après
- yaus pour aventurer, mais il furent racaciet arrière,
- et perdirent de leurs compagnons, ançois qu'il peuissent
- estre retrait à le ville. 20
-
- Quant messires Loeis d'Espagne et toute sa carge
- de gens d'armes furent venu en l'ost monsigneur
- Charles de Blois, il li conta le raison pour quoi il
- avoit laissiet le siège de devant Hembon. Adonc ordonnèrent
- il entre yaus, par grant deliberation, que 25
- li dis messires Loeis et cil qui estoient venu avoech
- li iroient assegier le bonne ville de Dinant qui n'estoit
- fremée fors que d'yawe et de palis. Ensi demora
- la ville de Hembon en pais une grant pièce,
- et fu reforcie et rafrescie moult durement. Li dis 30
- messires Loeis s'en ala adonc à tout son host assegier
- Dinant. Ensi qu'il s'en aloit, il passa assés
- priès d'un viés chastiel que on clamoit Conquest. Et
- en estoit chastellains, de par le contesse, uns chevaliers
- de Lombardie, bons guerriières et hardis, qui
- s'appeloit messires Mansion, et avoit pluiseurs saudoiiers
- avoech li. Quant li dis messires Loeis entendi 5
- que li chastiaus estoit de l'accord le contesse, il fist
- traire son host celle part et assallir le chastiel fortement.
- Chil dedens se deffendirent si bien que li assaus
- dura jusques à le nuit, et se loga li hos là endroit.
- L'endemain, il fist l'assaut recommencier. Li assallant 10
- approcièrent si priès des murs qu'il y fissent un
- grant trau, car li fosset n'estoient mies moult parfont.
- Si entrèrent ens par force et misent à mort tous
- chiaus dou chastiel, exceptet le chevalier qu'il prisent
- à prisonnier; et y establirent un aultre chastelain 15
- bon et seur et soixante compagnons avoec li, pour
- garder le chastiel. Puis s'en parti li dis messires Loeis
- et s'en ala assegier le bonne ville de Dinant.
-
- La contesse de Monfort et messires Gautiers de
- Mauni entendirent ces nouvelles que messires Loeis 20
- d'Espagne et toute son host estoit arrestés par devant
- le chastiel de Conquest. Si appella messires
- Gautiers tous les compagnons saudoiiers, et leur dist
- que ce seroit trop noble aventure pour yaus tous,
- se il pooient deslogier le dit chastiel et desconfire le 25
- dit monsigneur Loeis et toute son host, et que onques
- si grant honneur n'avint à gens d'armes qu'il
- leur avenroient. Tout li compagnon s'i acordèrent et
- se partirent l'endemain au matin de Haimbon, et s'en
- alèrent celle part de si grant volenté que petit en demora 30
- en le ville. Tant chevaucièrent qu'il vinrent environ
- nonne au chastiel de Conquest, et trouvèrent
- qu'il avoit esté conquis par force le jour devant, et
- cil de dedens tout occis, excepté le chevalier monsigneur
- Mansion qui le gardoit. Et l'avoient li François
- repourveu et rafresci de nouvelle gent. Quant messires
- Gautiers entendi çou, et que messires Loeis estoit 5
- alés assegier le ville de Dinant, il en eut grant
- doel, pour tant qu'il ne se pooit combatre à lui. Si
- dist à ses compagnons qu'il ne se partiroit de là, si
- saroit quelz gens il avoit ou chastiel, et comment il
- avoit estet perdus. Si se apparillièrent il et si compagnon, 10
- pour assallir le chastiel, et montèrent tout
- targiet contremont. Quant li Espagnol qui dedens estoient
- les veirent en tel manière venir, il se deffendirent
- tant qu'il peurent. Et cil de dehors les assallirent
- si fortement et les tinrent si priès de traire qu'il 15
- approcièrent les murs, maugré chiaus dou chastiel,
- et trouvèrent le trau del mur, par quoi il avoient le
- jour devant gaegniet le chastiel. Si entrèrent ens par
- ce trau meismes, et tuèrent tous les Espagnolz, excepté
- dix que aucun chevalier prisent à merci. Puis 20
- se retraisent li Englès et li Breton par devers Hembon,
- car il ne l'osoient durement eslongier; et laissièrent le
- chastiel de Conquest tout seul et sans garde, car il
- veirent bien que il ne faisoit mies à tenir.
-
-
- § 171. Or revenrai à monsigneur Loeis d'Espagne 25
- qui fist logier son host tout au tour de la ville de
- Dinant en Bretagne, et fist tantost faire petits batiaus
- et nacelles, pour assallir le ville de toutes pars, par
- terre et par yawe. Quant li bourgois de le ville veirent
- chou, et bien savoient que lor ville n'estoit fremée 30
- fors que de palis, il eurent paour, grans et petis,
- de perdre corps et avoir. Si se accordèrent communement
- qu'il se renderoient, salves leurs corps et leur
- avoir, si qu'il fisent au quart jour que li hos fu venus
- là, maugré leur chapitainne monsigneur Renault de
- Ginghant et le tuèrent (tout en my le marchiet[391]), pour 5
- tant qu'il ne s'i voloit acorder. Quant messires Loeis
- d'Espagne eut esté en le ville de Dignant par deux
- jours, et ot pris le feaulté des bourgois, il leur donna
- pour chapitainne celui Gerard de Malain, escuier, que
- il trouva laiens prisonnier, et monsigneur Pière Portebuef 10
- avoech lui. Puis s'en ala à tout son host par devers
- une grosse ville seans sus le flun de le mer, que
- on claime Garlande, et le assega par terre. Et trouva
- assés priès grant fuison de naves et de vaissiaus plainnes
- de vins que marcheant avoient là amenet de 15
- Poito et de Le Rocelle pour vendre. Si euren tantost
- vendut li marchant leurs vins, et furent mal paiiet.
- Et puis fist li dis messires Loeis prendre toutes ces
- naves, et ens monter gens d'armes et partie des Espagnols
- et des Geneuois. Puis fist l'endemain assallir le 20
- ville par terre et par mer, qui ne se pot longement
- deffendre; ains fu assés tost gaegnie par force, et
- tantost toute robée, et tout mis à l'espée, femmes et
- hommes et enfans, et cinq eglises arses et violées:
- dont messires Loeis fu durement courouciés. Si fist 25
- tantost pour chou pendre vingt et quatre de chiaus
- qui chou avoient fait. Là eut gaegniet très grant tresor,
- si ques cescuns en eut tant qu'il en peut porter, car
- la ville estoit durement grande et rice et marceande.
-
- [391] Mss. B4, 3, fo 82.--Ms. B 1, fo 123 vo (lacune).
-
- Quant celle grosse ville, qui Garlande estoit appellée, 30
- fu ensi gaegnie et robée et essillie, il ne sceurent
- où aler plus avant pour gaegnier. Si se mist li dis
- messires Loeis en ces vaissiaus qu'il avait trouvés, sus
- mer, en le compagnie de monsigneur Othon Doriie
- et de Toudou et de aucuns Geneuois et Espagnolz, 5
- pour aler aucune part, pour aventurer sus le marine.
- Et li viscontes de Roem, li evesques de Lyon, messires
- Hervis, ses niés, et tout li aultre s'en revinrent
- en l'ost monsigneur Charle de Blois, qui encores seoit
- devant le chastiel d'Auroy. Et trouvèrent grant fuison 10
- de signeurs et de chevaliers de France, qui nouvellement
- estoient là venus, telz que monsigneur Loeis
- de Poitiers conte de Valence, le conte d'Auçoirre,
- le conte de Portiien, le conte de Joni, le conte de
- Boulongne et pluiseurs aultres, dont li rois Phelippes 15
- les y avoit envoiiés pour reconforter son neveu; et
- aucun y estoient venu de leur volenté, pour venir
- veoir et servir monsigneur Charle de Blois. Et encores
- n'estoit li fors chastiaus d'Auroy gaegniés. Mais
- chil de dedens estoient si près menet et apresset de 20
- famine qu'il avoient mengiet par huit jours tous
- leurs chevaus; et ne les voloit on prendre à merci,
- s'il ne se rendoient simplement. Quant il veirent
- que morir les couvenoit, il issirent hors couvertement
- par nuit, et se misent en le volenté de Dieu, 25
- et passèrent tout parmi l'ost, à l'un des costés. Aucun
- en furent perceu et tuet. Mais messires Henris de
- Pennefort et messires Oliviers ses frères et pluiseur
- aultre se sauvèrent par un bosket qui là estoit, et en
- alèrent droit à Hembon devers le contesse et les 30
- compagnons, chevaliers englès et bretons, qui les
- rechurent liement.
-
- Ensi reconquist messires Charles de Blois le fort
- chastiel d'Auroi, et par affamer ceulx qui le gardoient,
- là où il avoit sis par l'espasse de dix sepmainnes
- et plus. Si le fist reffaire et rappareillier
- et bien garnir de gens d'armes et de toutes pourveances; 5
- et puis s'en ala à tout son ost assegier
- le cité de Vennes, dont messires Joffrois de Malatrait
- estoit chapitains, et se loga tout au tour. A
- l'endemain, aucun compagnon breton et saudoiier,
- qui gisoient en une ville que on claime Plaremiel, 10
- issirent hors et se misent en aventure de gaegnier.
- Si vinrent estourmir l'ost monsigneur Charle, et se
- ferirent à l'un des corons secretement; mais il furent
- enclos quant li hos fu estourmis, et perdirent de
- leurs gens grossement. Li aultre s'en fuirent et furent 15
- sievi jusques assés priès de Plaremiel, qui estoit
- assés priès de Vennes. Quant cil de l'host qui estoient
- armet furent revenu de le cace, il alèrent de ce
- retour meismes assallir le ville de Vennes fortement
- et radement, et gaegnièrent par force les bailles jusques 20
- à le porte de le cité. Là eut très fort assaut, et
- pluiseurs mors et navrés d'une part et d'autre, et
- dura jusques à le nuit. Adonc fu acordé uns respis
- qui devoit durer l'endemain tout le jour, pour les
- bourgois consillier, s'il se vorroient rendre ou non. 25
- A lendemain, il furent si consilliet qu'il se rendirent,
- maugret monsigneur Joffroi de Malatret leur chapitainne.
- Et quant il vei chou, il se mist hors de le
- cité desconnuement, endementrues que on parlementoit,
- et s'en ala par devers Hembon. Et li parlemens 30
- se fist ensi, que messires Charles de Blois et
- tout li signeur entrèrent en le cité, et prisent le
- feaulté des bourgois, et se reposèrent en le cité par
- cinq jours. Puis s'en partirent et alèrent assegier une
- aultre forterèce et bonne cité que on claime Craais.
- Or lairai à parler un petit d'yaus, et retourrai à
- monsigneur Loeis d'Espagne qui s'estoit mis en mer, 5
- ensi que vous avés oy ci dessus.
-
-
- § 172. Saciés que, quant messires Loeis d'Espagne
- fu montés, au port de Garlande, sus mer, il et se
- compagnie alèrent tant nagant par mer qu'il arrivèrent
- en le Bretagne bretonnant, au port de Camperli 10
- et assés priès de Camper Corentin et de Saint Mahieu
- de Fine Poterne; et issirent des naves, et alèrent ardoir
- et rober tout le pays. Et trouvèrent si grant
- avoir que merveilles seroit dou raconter; si le raportoient
- tout en leurs naves, et puis aloient d'autre 15
- part rober, et ne trouvoient qui leur deffendesist.
-
- Quant messires Gautiers de Mauni et messires Amauris
- de Cliçon sceurent les nouvelles de monsigneur
- Loeis d'Espagne et de ses compagnons, il eurent conseil
- qu'il iroient celle part. Puis le descouvrirent à 20
- monsigneur Yvon de Trigri, au chastelain de Gingant,
- au signeur de Landreniaus, à monsigneur Guillaume
- de Quadudal, as deus frères de Pennefort, et à tous
- les chevaliers qui là estoient dedens Hembon, qui
- tout s'i acordèrent de bonne volenté. Lors se misent 25
- tout en leurs vaissiaus, et prisent trois mille arciers
- avoecques yaus, et ne cessèrent de nagier jusques à
- tant qu'il vinrent droit au port, là où les naves monsigneur
- Loeis estoient ancrées. Si entrèrent dedans,
- et tuèrent tous chiaus qui les naves gardoient. Et 30
- trouvèrent ens si grant avoir qu'il s'en esmervillièrent
- durement, que li Geneuois et li Espagnol avoient
- là dedens aportet. Puis se misent à terre, et veirent
- en pluiseurs lieus villes et maisons ardoir. Si se partirent
- en trois batailles, par grant sens, pour plus tost
- trouver leurs ennemis, et laissièrent trois cens arciers 5
- pour garder leur navie et l'avoir qu'il avoient gaegniet;
- puis se misent à le voie par devers les fumières
- par pluiseurs chemins.
-
- Ces nouvelles vinrent à monsigneur Loeis d'Espagne
- que li Englès estoient arrivet efforciement et le queroient. 10
- Si rassambla toutes ses gens, et se mist au retour
- par devers ses naves, pour entrer dedens. Ensi
- qu'il s'en revenoit, tout cil dou pays le poursievoient,
- hommes et femmes qui avoient perdu lor avoir; et il
- se hastoit tant qu'il pooit. Si encontra l'une des trois 15
- batailles, et vey bien que combatre le couvenoit. Se
- se mist tantost en bon couvenant, car il estoit hardis
- chevaliers et confortés durement. Et fist là aucuns
- chevaliers nouviaus, et especialment un sien neveut
- que on appelloit Aufons. Si se ferirent li dis messires 20
- Loeis d'Espagne et ses gens en ceste première bataille
- si radement qu'il en ruèrent tamaint par terre;
- et euist esté tantost toute nettement desconfite et
- sans remède, se n'euissent esté les aultres deus batailles
- qui y sourvinrent, par le cri et le hu qu'il 25
- avoient oy des gens dou pays. Lors commença li
- hustins à renforcer, et li arcier si fort à traire que
- Geneuois et Espagnol furent desconfit et priès que
- tout mort et tuet à grant meschief, car cil dou
- pays qui les sievoient à bourlès et à pikes y sourvinrent, 30
- qui les partuèrent tous, et rescouoient ce qu'il
- pooient de leur perte: si ques à grant meschief li
- dis messires Loeis se parti de le bataille, durement
- navrés en pluiseurs lius, et s'en afui par devers ses
- naves, tous desconfis. Et ne ramena de bien sis mille
- hommes qu'il avoit avoech lui plus hault de trois
- cens; et y laissa mort son neveu que moult amoit, 5
- monsigneur Aufons d'Espagne, dont il estoit en coer
- et fu puissedi moult destrois, mais amender ne le peut.
-
- Quant il fu venus à ses naves, il cuida ens entrer,
- mais il les trouva si bien gardées qu'il ne
- peut ens entrer. Si se mist en un vaissiel que on 10
- claime lique, à grant meschief et à grant haste, à tout
- ce de gens qu'il avoit d'escapés, et se mist à nagier
- fortement en voies. Quant cil chevalier d'Engleterre
- et de Bretagne dessus nommet eurent desconfis leurs
- ennemis, et il perçurent que li dis messires Loeis 15
- s'en estoit partis et alés par devers les vaissiaus, il se
- misent tout à aler après lui tant qu'il purent, et
- laissièrent les gens del pays couvenir del remanant
- et yaus vengier, et reprendre partie de chou que on
- leur avoit robet. Quant il furent venu à leurs vaissiaus, 20
- il trouvèrent que li dis messires Loeis estoit
- entrés en une lique qu'il avoit trouvet, et s'en aloit
- fuiant tant qu'il pooit. Il entrèrent tantost ens ès
- plus appareilliés vaissiaus qu'il trouvèrent là, et nagièrent
- tant qu'il purent apriès le dit monsigneur 25
- Loeis, car il leur estoit avis qu'il n'avoient riens fait,
- se li dis messires Loeis leur escapoit. Il eurent bon
- vent si com à souhet, et le veoient toutdis nagier
- devant yaus si fortement qu'il ne le pooient raconsievir.
- Tant nagièrent à force de bras li maronnier 30
- monsigneur Loys qu'il parvinrent à un port que on
- claime le port de Gredo. Là descendi li dis messires
- Loeis et cil qui escapet estoient avoecques lui, et entrèrent
- en le ville de Gredo. Il ne furent mies gramment
- arresté en le ditte ville, quant il oïrent dire que li
- Englès estoient arrivé, et qu'il descendoient pour yaus
- combatre. Adonc se hasta li dis messires Loeis, qui 5
- ne se vei meis à pareçon contre yaus; et monta sour
- petis chevaus qu'il emprunta en le ville, et s'en ala
- droit par devers le cité de Rennes qui estoit assés
- priès de là. Et montèrent ossi ses gens, qui peurent
- recouvrer de chevaus; et qui ne peurent, il se partirent 10
- tout à pied, sievans leurs mestres. Si en y eut
- pluiseurs des lassés et des mal montés ratains et raconsievis,
- qui eurent mal finet quant il cheirent ens
- ès mains de leurs ennemis. Toutes fois, li dis messires
- Loeis d'Espagne se sauva, et ne le peurent li 15
- Englès raconsievir, et s'en vint à petite compagnie
- en le cité de Rennes.
-
- Et li Englès et li Breton s'en retournèrent et vinrent
- à Gredo, et là se reposèrent celle nuit. L'endemain,
- il se remisent en chemin par mer, pour revenir 20
- à Hembon par devers le contesse leur dame,
- mais il eurent vent contraire. Si leur couvint prendre
- terre à trois liewes priès de le ville de Dinant;
- puis se misent au chemin par terre, ensi qu'il peurent,
- et gastèrent le pays entours Dinant. Et prendoient 25
- chevaus telz que cescuns pooit trouver, li
- uns à selle, li aultres sans selle, et alèrent tant
- qu'il vinrent une nuit assés priès de Roceperiot.
- Quant il furent là venu, messires Gautiers de Mauni
- dist certainement à ses compagnons: «Signeur, jou 30
- iroie volentiers assallir à ce fort chastiel, se jou
- avoie compagnie, com travilliés que je soie, pour
- assaiier se nous y porions riens conquester.» Li
- aultre chevalier respondirent tuit: «Sire, alés y
- hardiement, nous vous sievrons jusques à le mort.»
- Adonc se misent tout à monter contremont le montagne,
- tous apparilliés d'assallir. A ce point estoit laiens 5
- ycilz escuiers que on clamoit Gerard de Malain, com
- chastelains, qui avoit esté prisonniers à Dignant, si
- com vous avés oy, li quelz fist armer apertement toutes
- ses gens et traire as garites et as deffenses; et ne se
- mist point derrière, mais vint o toutes ses gens pour 10
- deffendre le chastiel. Là ot un fort assaut, dur et perilleus,
- et y eut pluiseurs chevaliers et escuiers navrés,
- entre les quelz messires Jehans li Boutilliers et
- messires Mahieus de Frenai furent durement bleciet;
- et tant qu'il les couvint raporter aval et mettre 15
- gesir en un pré avoecques les autres navrés.
-
-
- § 173. Cilz Gerars de Malain avoit un frère, hardi
- escuier et conforté durement, que on clamoit Renier
- de Malain, et estoit chastelains d'un aultre petit fort
- que on appelloit Fauet, qui siet à mains d'une liewe 20
- priès de Roceperiot. Quant cilz Reniers entendi que
- Breton et Englès assalloient son frère, il fist armer
- de ses compagnons jusques à quarante. Si issi hors
- et chevauça devers Roceperiot, pour aventurer et
- pour veoir se il poroit en aucune manière son frère 25
- valoir ne aidier. Se li avint si bien qu'il sourvint
- sour ces chevaliers et escuiers navrés et sour leur
- mesnie, qui gisoient desous le chastiel en un pré. Si
- leur courut seure et prist les deux chevaliers et les
- escuiers navrés, et les en fist porter et emmener par 30
- devers Fauet sa garnison en prison, ensi bleciet qu'il
- estoient. Aucun de leur mesnie s'en afuirent à monsigneur
- Gautier de Mauni, à monsigneur Amauri de
- Cliçon et as autres chevaliers qui estoient durement
- ententieu d'assallir, et leur disent l'aventure comment
- on emmenoit ces chevaliers et escuiers par devers 5
- Fauet en prison, et comment il avoient estet pris.
-
- Quant li chevalier entendirent ces nouvelles, il furent
- trop durement courouciet, et fisent cesser l'assaut,
- et se misent à l'aler, tant qu'il peurent, qui
- mieulz mieulz, par devers Fauet, pour raconsievir, se 10
- ilz peuissent, chiaus qui emmenoient ces prisons. Mais
- il ne se peurent tant haster que li dis Reniers de Malain
- ne fust ançois rentrés en son chastiel à tout ses
- prisons, qu'il peuissent venir là. Quant il furent là
- venu, li uns devant, li aultres après, il commencièrent 15
- à assallir, si travilliet qu'il estoient; mais petit y fisent
- adonc, car li dis Reniers et si compagnon se deffendoient
- vassaument. Et jà estoit tart, et tuit estoient
- travilliet durement. Si eurent conseil qu'il se logeroient
- et se reposeroient celle nuit, pour mieus assallir 20
- à l'endemain.
-
-
- § 174. Gerars de Malain sceut, tantost que cil signeur
- se furent parti de là, le biau fet d'armes que
- ses frères Reniers avoit fait pour lui secourre; si en
- eut grant joie. Et sceut que cil signeur estoient pour 25
- çou trais par devant Fauet et le conquerroient, s'il
- pooient. Si se apensa que il feroit ossi biel service à
- son frère, se il pooit, que ses frères li avoit fait. Si
- monta tout par nuit sour son cheval et vint, un petit
- devant le jour, à Dinant, et fist tant qu'il parla tantost 30
- à monsigneur Pière Portebuef, son bon compagnon,
- qui estoit chapitainne et souverains de Dinant avoech
- lui, si com vous avés oy, et li conta l'aventure et
- pour quoi il estoit là venus. Si eurent conseil que,
- sitos que jours seroit, il assambleroit tous les bourgois
- de le ville, et leur demoustreroit le besongne, et 5
- les feroit armer, s'il pooit, pour aler dessegier le
- chastiel de Fauet. Quant grans jours fu, et tout li
- bourgois furent assamblé en le halle de le ville, Gerars
- de Malain leur remoustra le besongne si bellement
- que li bourgois et li saudoiier furent d'acord 10
- d'yaus armer, et de partir tantost, et d'aler là où on
- les vorroit mener; et fisent sonner la bancloke, et
- s'armèrent toutes gens. Puis issirent hors et se misent
- à le voie, tant qu'il peurent, par devers Fauet,
- et estoient bien sis mille hommes, uns et autres. 15
- Messires Gautiers de Mauni et li aultre signeur le
- sceurent tantos par une espie. Si eurent conseil ensamble
- pour regarder et aviser quel cose leur seroit
- bon à faire: si ques, tout consideret le bien et le
- mal, il se acordèrent à che que il se partiroient de 20
- là et s'en retrairoient, ensi qu'il poroient, par devers
- Hembon, car grans meschiés leur poroit avenir, s'il
- demoroient longement là. Car, se cil de Dinant leur
- venoient d'une part, et li hos monsigneur Charle et
- des signeurs de France d'autre, il seroient enclos. Si 25
- seroient tout pris ou mors, à le volenté de leurs ennemis.
- Si se acordèrent à che que leurs milleurs poins
- estoit de laissier leurs compagnons en prison, que
- tout perdre, jusques adonc qu'il le poroient amender.
- Lors se partirent de là, et se misent à le voie pour 30
- revenir à Hembon.
-
- Ensi qu'il revenoient vers Hembon, il vinrent passant
- par devant un chastiel que on claime Ghoy le
- Forest, qui quinze jours devant estoit rendus à monsigneur
- Charle de Blois. Et l'avoit li dis monsigneur
- Charle livret pour garder à monsigneur Hervi
- de Lyon et à monsigneur Gui de Ghoy, qui en devant 5
- le tenoit. Li quel doy chevalier n'estoient point
- laiens, quant cil signeur englès et breton vinrent
- là passant; ains estoient en l'ost monsigneur Charle,
- avoecques les signeurs de France, par devant le
- ville de Craais qu'il avoient assegiet. Quant messires 10
- Gautiers de Mauni vei le chastiel de Ghoy le
- Forest qui estoit merveilleusement fors, il dist à ces
- signeurs et chevaliers de Bretagne, qui estoient avoecques
- lui, qu'il n'iroit plus avant ne se partiroit de là,
- com travilliés qu'il fust, se aroit assallit à ce fort 15
- chastiel, et aroit veu le couvenant de chiaus qui estoient
- dedens. Si commanda tantost as arciers que
- cescuns le sievist, et à ses compagnons ossi. Puis
- prist se targe à son col et monta contremont jusques
- as bailles et as fossés dou chastiel, et tout li aultre 20
- Breton et Englès le sievirent. Lors commencièrent
- fortement à assallir, et cil de dedens fortement à
- yaus deffendre, comment qu'il n'euissent point leur
- chapitainne. Là eut très fort assaut et grant fuison
- de bien faisans dedens et dehors, et dura longement 25
- jusques à basses vespres. Et cilz bons chevaliers messires
- Gautiers de Mauni semonnoit fortement les assallans,
- et se mettoit toutdis au devant des aultres
- ou plus grant peril. Et li arcier traioient si (ouniement[392])
- que cil dou chastiel ne s'osoient moustrer se 30
- petit non. Si fisent li dis messires Gautiers et si compagnon,
- que li fosset furent rempli, à l'un des costés,
- d'estrain et de bois, par quoi il parvinrent jusques
- as murs, et pikièrent tant de grans maulz de fer, de
- pik et de martiaus, que li murs fu trawés une toise 5
- de large. Si entrèrent li dit Englès et Breton dedens
- che chastiel par force, et tuèrent tous chiaus qu'il y
- trouvèrent, et se logièrent là endroit. L'endemain, il
- se misent au chemin, et alèrent tant en tel manière
- qu'il vinrent à Hembon. Et d'autre part Gerars de 10
- Malain, qui estoit à Dinant venus querre le secours,
- et qui l'en menoit par devers Fauet, esploita tant
- avoecques chiaus qu'il en menoit, qu'il parvinrent à
- Fauet, et trouvèrent que li Englès et li Breton s'en
- estoient parti. Si issi Reniers de Malain contre yaus 15
- et les rechut liement; et se logièrent là ens ès prés
- tant qu'il eurent disnet, et puis s'en retournèrent à
- Dinant.
-
- [392] Mss. B4, 3, fo 84.--Ms. B1, fo 127: «onniement.»
-
- § 175. Quant la contesse de Montfort sceut nouvelles
- de le revenue des dessus dis Englès et Bretons, 20
- si en fu grandement resjoie. Si ala contre yaus et les
- festia liement, et baisa et acola cescun de grant coer.
- Et avoit fait apparillier ens ou chastiel pour yaus
- mieulz festiier, et donna à disner moult noblement à
- tous les chevaliers et escuiers de renom; et leur demanda 25
- moult ententievement de leurs aventures,
- comment que elle en seuist jà grant partie. Cescuns
- compta che qu'il en savoit, et des bienfaisans che
- que cescuns en avoit veu. Là endroit furent ramenteues
- maintes proèces, pluiseurs travaus, maint grant
- fait d'armes et perilleus, et maintes hardies emprises 30
- faites par chiaus qui là furent; (ce pèvent et doivent
- savoir ceulx qui ont[393]) esté souvent en armes, et les
- doit on tenir et reputer pour preus. Mais sus tous
- en portoit le huée et le chapelet messires Gautiers
- de Mauni. 5
-
- [393] Ms. B3, fo 86 vo.--Mss. B1, 4, fo 127 vo: «poent et
- doient.»
-
- A ce point que cil signeur englès et breton furent
- revenu à Hembon y messires Charles de Blois avoit
- reconquis le bonne cité de Vennes, et avoit assegiet
- le bonne (ville[394]) que on claime Craais. Et
- l'avoit durement astrainte, par quoi elle ne se pooit 10
- longement tenir sans avoir secours. Par coi la contesse
- de Montfort et messires Gautiers de Mauni envoiièrent
- tantost au roy Edowart pour segnefiier à
- lui comment messires Charles de Blois et li aultre
- signeur de France et leurs aidans avoient reconquis 15
- les cités, Rennes, Vennes et les aultres bonnes villes
- et chastiaus de Bretagne, et qu'il conquerroient tout
- le remanant, s'il ne les venoit secourir temprement.
- Chil message se departirent de Hembon, et s'en alèrent
- en Engleterre, tant qu'il peurent. Et arivèrent en 20
- Cornuaille, et enquisent et demandèrent là dou roy
- où il le trouveroient. Il leur fu dit qu'il estoit à Windesore.
- Si chevaucièrent celle part à grant esploit.
-
- [394] Mss. B4, 3, fo 84 vo.--Ms. B1 (lacune).
-
- Or nous soufferons nous un petit à parler de ces
- messagiers, et retournerons à monsigneur Charle de 25
- Blois et à chiaus de son costé qui avoient assegiet le
- ville de Craais; et tant le constraindirent, par assaus
- et par engiens, qu'il ne se peurent plus tenir et se
- rendirent à monsigneur Charle, salve leurs biens et
- leur avoir, li quelz dis messires Charles les prist à
- merci. Et cil de Craais li jurèrent feaulté et hommage,
- et le recogneurent à signeur. Si y mist li dis
- messires Charles nouviaus officiers qui li jurèrent
- loyaulté à tenir, et leur delivra un bon chevalier à 5
- chapitainne en qui moult il se confioit. Et sejournèrent
- là li dit signeur pour yaus et leurs gens rafreschir,
- bien quinze jours. Là en dedens eurent il
- conseil et avis qu'il se trairoient par devant le ville
- de Hembon. 10
-
-
- § 176. Adonc se departirent li dessus dit signeur,
- baron et chevalier de France, de Craais, et se traisent
- moult arreement devant le forte ville de Hembon,
- qui durement estoit renforcie et bien ravitaillie et
- pourveue de toute artillerie. Et si le assegièrent tout 15
- au tour, si avant comme assegier le peurent.
-
- Le quatrime jour apriès que cil signeur s'i furent
- mis et trait à siège, y vint messires Loeis d'Espagne qui
- s'estoit tenus en le cité de Rennes bien six sepmainnes,
- et là fait curer et medeciner de ses plaies. Si le 20
- veirent tout li signeur moult volentiers et le reçurent
- à grant joie, car il estoit moult honnerés et amés
- entre yaus, et tenus pour très bon homme d'armes
- et vaillant chevalier. Et telz estoit il vraiement. Et
- ossi il y avoit bien cause qu'il le festiaissent, car il 25
- ne l'avoient veu puis la bataille dessus ditte. La
- compagnie des signeurs de France estoit grandement
- montepliie, et acroissoit tous les jours. Car grant
- fuison de signeurs de France et de chevaliers revenoient
- de jour en jour dou roy d'Espagne, qui guerrioit 30
- adonc au roy de Grenate et as Sarrasins: si
- ques, quant il passoient par Poito et il ooient nouvelles
- des guerres qui estoient en Bretagne, il s'en
- aloient celle part.
-
- Li dis messires Charles avoit fait drecier quinze
- ou seize grans engiens qui gettoient grandes pières 5
- as murs de Hembon et à le ville. Mais cil de dedens
- n'i acontoient nient gramment, car il estoient fort
- paveschiet et garitet à l'encontre. Et venoient à chiés
- de fois as murs et as crestiaus, et les frotoient et
- passoient de leurs caperons par despit. Et puis 10
- crioient, quanqu'il pooient, en disant: «Alés, alés
- requerre et raporter vos compagnons qui se reposent
- au camp de Camperli!» De quoi, pour ces
- parolles, messires Loeis d'Espagne et li Geneuois
- avoient grant ireur et grant despit. 15
-
-
- § 177. Un jour vint li dis messires Loeis d'Espagne
- en l'entente monsigneur Charle de Blois et li
- demanda un don, present fuison de grans signeurs
- de France qui là estoient, en guerredon de tous les
- services que fais li avoit. Li dis messires Charles ne 20
- savoit mies quel don il voloit demander, car, se il
- le seuist, jamais ne li euist acordé; se li ottria legierement,
- pour tant que il se sentoit moult tenus à
- lui. Quant li dons fu ottriiés, messires Loeis dist:
- «Monsigneur, grant mercis. Je vous pri donc et requier 25
- que vous faites ci venir tantost les deus chevaliers
- qui sont en vostre prison en Fauet, monsigneur
- Jehan le Boutillier et monsigneur Mahieu de Frenai,
- et le(s) me donnés pour faire me volentet: c'est li
- dons que je vous demande. Il m'ont cachiet, desconfit 30
- et navret et ont tuet monsigneur Aufons, mon
- neveut, que je tant amoie. Si ne m'en sçai aultrement
- vengier que je leur ferai les testes coper, par devant
- leurs compagnons qui laiens sont enfremet.» Li dis
- messires Charles fu tous esbahis, quant il oy monsigneur
- Loeis ensi parler. Si li dist courtoisement: 5
- «Certes, sire, les prisons vous deliverai je moult volentiers,
- puisque demandés les avés. Mais ce seroit
- cruautés et peu d'onneur pour vous et grans blasmes
- pour nous tous, se vous faisiés de deus si vaillans
- hommes que cil sont, che que dit avés, et nous seroit 10
- à tous jours reprouvet. Et aroient nostre ennemi
- bien cause des nostres faire ensi, quant tenir les poront,
- et nous ne savons que à venir nous est de jour
- en jour. Pour quoi, chiers sires et biaus cousins, si
- vous voelliés mieulz aviser.» Messires Loeis d'Espagne 15
- respondi et dist briefment qu'il n'en feroit
- aultrement, se tout li signeur del monde en prioient:
- «Et se vous ne me tenés couvent, saciés que je me
- partirai de ci, et ne vous servirai ne amerai tant que
- je vive.» 20
-
- Messires Charles vei bien et perçut que c'estoit
- acertes: si n'osa couroucier plus avant le dit monsigneur
- Loeis; ains envoia tantos certains messages
- au chastellain de Fauet, pour les dessus dis
- chevaliers amener en son host. Ensi que commandé 25
- fu, ensi fu fait. Li doi chevalier furent amenet un
- jour assés matin en le tente monsigneur Charle de
- Blois. Quant messires Loeis d'Espagne les sceut
- venus, il les ala tantost ve(o)ir. Ossi fisent pluiseur des
- signeurs et des chevaliers qui les seurent venus. 30
- Quant li dis messires Loeis les vit, il leur dist:
- «Ha! signeur chevalier, vous m'avés bleciet del
- corps et ostet de vie mon chier neveu que je tant
- amoie. Si convient que vostre vie vous soit ossi
- (ostée[395]). De chou ne vous poet nuls garandir. Si
- vous poés confesser, s'il vous plest, et priier merci à
- Nostre Signeur, car vos daarrains jours est venus.» Li 5
- doi chevalier furent durement abaubit de ces parolles,
- ce fu bien raisons, et disent qu'il ne pooient
- croire que vaillans hommes ne gens d'armes deuissent
- faire ne consentir tèle cruaulté que de mettre à
- mort chevaliers (pris[396]) en fais d'armes, pour guerres 10
- de signeurs; et se fait estoit par oultrage, aultre gent
- pluiseur, chevalier et escuier, le poront bien comparer
- en semblable cas. Li aultre signeur, qui là estoient
- et ooient ces parolles, en avoient grant pité.
- Mais, pour priière ne pour pluiseurs bonnes raisons 15
- que il peuissent faire ne moustrer au dit monsigneur
- Loeis, il ne le peurent oster de son pourpos qu'il ne
- convenist que li doi dessus dit chevalier ne fuissent
- decolet apriès disner, tant estoit li dis messires Loeis
- courouciés et aïrés sur yaus. 20
-
- [395] Mss. B4, 3, fo 85 vo.--Ms. B1, fo 129 (lacune).
-
- [396] Mss. B4, 3, fo 85, vo.--Ms. B1 (lacune).
-
-
- § 178. Toutes les parolles, demandes et responses,
- qui premiers furent dittes entre monsigneur Charle
- et le dit monsigneur Loeis à l'ocquison de ces deus
- chevaliers, furent tantost sceues à monsigneur Gautier
- de Mauni et à monsigneur Amauri de Cliçon, par 25
- espies qui toutdis aloient couvertement de l'une
- host en l'autre. Ossi furent toutes ces parolles daarrainnement
- dittes, quant li doi chevalier furent amenet
- en le tente monsigneur Charle. Et quant messires
- Gautiers de Mauni et messires Amauris de
- Cliçon oïrent ces nouvelles et entendirent que c'estoit
- acertes, il en eurent grant pité. Si appellèrent
- aucuns de leurs compagnons et leur remoustrèrent 5
- le meschief des deux chevaliers leurs compagnons,
- pour avoir conseil qu'il en poroient faire. Puis commencièrent
- à penser, li uns (chà[397]) et li aultres là, et n'en
- savoient qu'aviser. Au daarrain, commença à parler li
- preus chevaliers messires Gautiers de Mauni et dist: 10
- «Signeur compagnon, ce seroit grans honneurs pour
- nous, se nous poyons ces deus chevaliers sauver.
- Et, se nous nos metons en aventure dou faire, et se
- falissiens, si nous en saroit li rois Edowars, nos sires,
- grant gré. Ossi feroient tout preudomme qui en 15
- oroient parler, quant nous en arions fait nostre
- pooir. Si vous en dirai mon avis, se vous avés talent
- de l'entreprendre. Car il me samble que on doit
- bien le corps aventurer, pour les vies de deus vaillans
- chevaliers sauver. Jou ay visé, se il vous plaist, 20
- que nous nos irons armer, et nous partirons en deus
- pars, dont li une des pars istera maintenant, ensi
- que on disnera, par ceste porte; et si en iront li
- compagnon rengier et moustrer sus ces fossés, pour
- estourmir l'ost et pour escarmucier. Bien croi que 25
- tout cil de l'host acourront tantost celle part. Vous,
- messires Amauris, en serés chapitainne, s'il vous
- plest, et arés avoecques vous mille bons arciers,
- pour les sourvenans detriier et faire reculer. Et je
- prenderai cent de nos campagnons et cinq cens arciers, 30
- et isterons par celle posterne d'autre part couvertement,
- et venrons par derrière ferir en lors logeis
- que nous trouverons vuides. Jou ay moult bien
- avoecques mi tèle gent, qui scèvent bien le voie as
- tentes monsigneur Charle, là où li doi chevalier sont. 5
- Si me trairai celle part, et je vous creanch que jou
- et mi compagnon ferons nostre pooir dou delivrer,
- et les ramenrons à sauveté, s'il plest à Dieu.»
-
- [397] Mss. B4, 3 fo 85 vo.--Ms. B1 (lacune).
-
-Cilz consaulz et avis plaisi à tous; et se alèrent armer et apparillier
-incontinent. Et se parti droit sus 10 l'eure dou disner messires
-Amauris de Cliçon à trois cens armeures de fier et mille arciers, (et
-fist ouvrir[398]) le souverainne porte de le ville de Hembon, dont li
-chemins aloit droit en l'ost. Si coururent li Englès et li Breton, qui
-à cheval estoient, jusques en l'ost, 15 en demenant grans cris et grans
-hus. Et commencièrent à reverser et à abatre tentes et trés, et à tuer
-et decoper gens où il les trouvoient. Li hos qui fu toute effraée se
-commença à estourmir. Et se armèrent toutes manières de gens au plus
-tost qu'il peurent, 20 et se traisent devers les Englès et Bretons qui
-les recueilloient vistement. Là eut dure escarmuce et forte, et maint
-homme reversé d'un lés et d'autre. Quant messires Amauris de Cliçon vei
-que li hos s'estourmissoit, et que priès estoient tout armé et 25 trait
-sus les camps, il retraist ses gens tout bellement, et tout en
-combatant, jusques devant les bailles de le ville. Adonc s'arrestèrent
-il là tout quoi. Et li arcier estoient tout rengié sus le chemin, d'un
-lés et d'autre, qui traioient saiettes à pooir; et Geneuois retraioient
-30 ossi efforciement contre yaus. Là commença li hustins grans et
-fors; et y acoururent cil de l'host que onques nulz n'i demora, fors li
-varlet.
-
- [398] Mss. B4, 3, fo 86.--Ms. B1, fo 129 vo (lacune).
-
- Endementrues, messires Gautiers de Mauni et se
- route issirent par une posterne couvertement, et vinrent 5
- par derrière l'ost ens ès tentez et ens ès logeis des
- signeurs de France. Onques ne trouvèrent homme qui
- leur veast, car tout estoient à l'escarmuce devant les
- fossés. Et s'en vint li dis messires Gautiers de Mauni
- tout droit, car bien avoit qui le menoit en le tente 10
- monsigneur Charle de Blois. Et trouva les deus chevaliers,
- monsigneur Hubert de Frenai et monsigneur
- Jehan le Boutillier, qui n'estoient mies à leur aise;
- mais il le furent si tost qu'il veirent monsigneur
- Gautier et se route, ce fu bien raisons. Si furent 15
- tantost montés sus bons coursiers que on leur avoit
- amenés. Si se partirent et furent ensi rescous, et
- rentrèrent dedens Hembon par le posterne meismes
- par où il estoient issu. Et vint la contesse de Montfort
- contre yaus, qui les rechut à grant joie. 20
-
-
- § 179. Encores se combatoient li Englès et li Breton
- qui estoient devant les barrières et ensonnioient,
- de fait avisé, chiaus de l'host tant que li doy chevalier
- fuissent rescous, qui jà l'estoient. Et en vinrent
- les nouvelles as signeurs de France qui se tenoient à 25
- l'escarmuce. Et leur fu dit: «Signeur, signeur, vous
- gardés mal vos prisonniers; jà les ont rescous cil de
- Hembon et remis dedens leur forterèce.» Quant
- messires Loeis d'Espagne, qui là estoit à l'assaut, entendi
- chou, si fu durement courouciés, et se tint 30
- ensi que pour tous deceus. Et demanda quel part li
- Englès et li Breton estoient, qui rescous les avoient.
- On li respondi qu'il estoient jà ou priès retrait en
- leur garnison. Dont se retrest messires Loeis d'Espagne
- vers les logeis tous mautalentis, et laissa la
- bataille, si com par anoy. Ossi se commencièrent 5
- à retraire toutes aultres manières de gens. En che
- retret furent pris doi chevalier breton de le partie le
- contesse, qui trop s'avancièrent: che furent li sires
- de Landreniaus et li chastellains de Ginghant, dont
- messires Charles de Blois eut grant joie. Depuis que 10
- cil de Hembon furent retrait, et cil de l'host ossi,
- menèrent li Englès grant joie et grant reviel de leurs
- deux chevaliers qu'il ravoient, et en loèrent grandement
- monseigneur Gautier de Mauni; et disent bien
- que par son sens et se hardie entrepresure il avoient 20
- été rescous. Ensi se portèrent il d'une part et d'autre.
- Celle meisme nuit, furent en le tente monsigneur
- Charle de Blois tant preeciet et si bien li chevalier
- breton dessus nommet, qu'il se tournèrent de le partie
- monsigneur Charle, et li fisent feaulté et hommage,
- et relenquirent la contesse qui maint bien lor
- avoit fait et pluiseurs dons donnés. De quoi on parla
- moult et murmura sus leur afaire dedens le ville de
- Hembon.
-
- Trois jours apriès ceste avenue, tout cil signeur de 25
- France, qui là estoient au siège par devant Hembon,
- se assemblèrent en le tente monsigneur Charle de
- Blois, pour avoir conseil qu'il feroient, et comment il
- se maintenroient de ce jour en avant. Et bien lor
- besongnoit d'avoir bon conseil, car il veoient bien que 30
- li ville et li chastiaus de Hembon estoient si fort
- qu'il n'estoient mies pour gaegnier, tant avoit dedens
- de bonnes gens d'armes qui moult petit les doubtoient,
- ensi qu'il estoit apparut; et leur venoient tous
- les jours pourveances et vitailles par le mer. D'autre
- part, li pays d'entour estoient si gastet qu'il ne savoient
- mies où aler fourer. Et si leur estoit li yvier 5
- proçains, par quoi il ne pooient là longement demorer:
- si ques, tous ces poins considerés, il s'acordèrent
- tout communalment qu'il se partiroient de là.
- Et consillièrent en bonne foy à monseigneur Charle
- de Blois qu'il mesist par toutes les cités, les bonnes 10
- villes et les forterèces qu'il avoit conquises, bonnes
- garnisons et fortes, et si vaillans chapitains qu'il se
- peuist affiier en leur garde; par quoi li ennemi ne les
- peuissent reconquerre; et se ossi aucuns vaillans homs
- se voloit entremettre de prendre et de donner une 15
- triewe jusques à la Pentecouste, il s'i acordast legierement.
-
-
- § 180. A ce conseil se tinrent tout cil qui là estoient,
- car c'estoit entre le Saint Remi et le Toussains,
- l'an de grasce mil trois cens quarante deux, que li 20
- yviers approçoit. Si se partirent tout cil de l'host,
- signeur et aultre; si s'en rala cescuns en se contrée.
- Et li dis messires Charle de Blois s'en ala droit par
- devers le ville de Craais à tout ces barons et nobles
- signeurs de Bretagne, qu'il avoit là endroit de se 25
- partie; si retint avoech li pluiseurs signeurs et chevaliers
- de France pour lui aidier à consillier. Quant
- il fu venus à Craais, entrues qu'il entendoit à ordener
- de ses besongnes et de ses garnisons, il avint que
- uns riches bourgois et grans marcheans, qui estoit 30
- de le ville que on claime Jugon, fu encontrés de son
- mareschal monseigneur Robert de Biaumanoir, et fu
- pris et amenés à Craais par devant monsigneur
- Charle de Blois. Chilz bourgois faisoit toutes les
- pourveances madame la contesse de Montfort à Jugon
- et aultre part, et estoit moult amés et creus en le 5
- ville de Jugon qui est moult fortement fremée et sciet
- très noblement. Ossi fait li chastiaus, qui est biaus et
- fors, et de le partie le contesse dessus ditte. Et en
- estoit chastelains adonc, de par la dame, uns chevaliers
- moult gentilz homs que on clamoit monseigneur 10
- Gerard de Rocefort.
-
- Chilz bourgois, qui ensi fut pris, eult moult grant
- paour de morir; si pria que on le laissast passer par
- raençon. Messires Charles, briefment à parler, le fist
- tant examiner et enquerre de unes causes et d'autres, 15
- qu'il encouvenença de rendre et trahir le forte ville
- de Jugon. Et se fist fors de livrer l'une des portes par
- nuit à certainne heure, car il estoit tant creus en le
- ville qu'il en gardoit les clés; et pour chou mieulz
- assegurer, il en mist son fil en hostage. Et li dis messires 20
- Charles l'en devoit et avoit prommis à donner
- cinq cens livrées de terre hiretablement. Cilz jours
- vint; les portes furent ouvertes à mienuit. Messires
- Charles et ses gens entrèrent en le ville de Jugon à
- celle heure, à grant poissance. Li gette dou chastiel 25
- s'en perchut; si commença à criier: «As armes, (as)
- armes! Trahi! Trahi!» Li bourgois, qui de ce ne se
- donnoient garde, se commencièrent à estourmir. Et
- quant il veirent leur ville perdue, il se mirent au
- fuir par devers le chastiel par tropiaus. Et li bourgois, 30
- qui trahis les avoit, se mist à fui(r), par couvreture,
- avoecques yaus. Quant li jours fu venus, messires
- Charles et ses gens entrèrent ens ès maisons des
- bourgois pour herbergier, et prisent ce qu'il trouvèrent.
- Et quant messires Charles de Blois vei le chastiel
- si fort et si emplit de bourgois, il dist qu'il ne s'en
- partiroit de là jusques adonc qu'il aroit le chastiel à 5
- se volenté. Li chastelains et li bourgois de le ville
- perçurent bien tantost que cilz bourgois les avoit
- trahis; si le prisent et le pendirent tantost as crestiaus
- et as murs dou chastiel.
-
- Et pour ce ne s'en partirent mies messires Charles 10
- et ses gens, mais s'ordonnèrent et appareillièrent pour
- assallir fortement et durement. Quant cil qui dedens
- le chastiel se tenoient, veirent que messires Charles
- ne se partiroit point ensi jusques adonc qu'il aroit le
- chastiel, ensi qu'il avoit dit, et sentoient qu'il n'avoient 15
- mies pourveances assés pour yaus tenir plus
- hault de dix jours, il s'acordèrent à ce qu'il se renderoient.
- Si en commencièrent à trettier; et se porta
- trettiés entre yaus et monsigneur Charle qu'il se rendirent
- quittement et purement, salve leurs corps et 20
- leurs biens qui demoret leur estoient. Et fisent feauté
- et hommage à monsigneur Charle de Blois, et le recogneurent
- à signeur, et devinrent tout si homme.
- Ensi eut messires Charles le bonne ville et le fort
- chastiel de Jugon, et en fist une bonne garnison, et 25
- y laissa monsigneur Gerard de Rocefort à chapitainne,
- et le rafreschi d'autres gens d'armes et de
- pourveances. De ces nouvelles furent la contesse de
- Montfort et cil de sa partie tout courouciet, mais
- amender ne le porent; se leur couvint porter leur 30
- anoi.
-
- Endementrues que ces coses avinrent, s'ensonniièrent
- aucun preudomme de Bretagne de parlementer
- une triewe entre le dit monsigneur Charle et
- la contesse, la quèle s'i acorda legierement. Et ossi
- fisent tout si aidant, car li rois d'Engleterre leur
- avoit ensi mandet par les messages que la ditte contesse 5
- et messires Gautiers de Mauni y avoient envoiiés.
- Et tantost que ces triewes furent affremées, la
- contesse se mist en mer en instance de ce que pour
- arriver en Engleterre, ensi que elle fist, et pour parler
- au roy englès et li remoustrer toutes ses besongnes. 10
- Or me tairai atant de le contesse de Montfort,
- si parleray dou roy Edowart.
-
-
-FIN DU SECOND VOLUME.
-
-
-
-
-VARIANTES.
-
-
-
-
-VARIANTES.
-
-
-=§ 99.= P. 1, l. 1: Quant li rois.--_Ms. de Rome_: Vous devés sçavoir
-que li rois Phelippes de France fu enfourmés moult dur et très
-fellement et estragnement de son cousin le conte de Hainnau et des
-Hainnuiers de la cavauchie que il fissent à Aubenton et en la Tierasse.
-Et l'en fu repris assés plus que il n'en avoit esté, et tant que li
-rois dist que il i pourveroit, et s'enfellonnia trez grandement et bien
-à certes sus son cousin le conte de Hainnau.
-
-Li contes Loeis de Flandres et la contesse Margerite sa fenme se
-tenoient pour lors à Paris dalés le roi; et couvenoit de pure necessité
-que li rois les aidast à soustenir lor estat, car des rentes et
-revenues de Flandres il n'avoient nulles. Toutes estoient tournées à la
-volenté Jaquemon d'Artevelle, poursievoites et recheues par recheveurs
-qui en rendoient compte au dit d'Artevelle et as aultres honmes deputés
-à ce oïr et ordonner, bourgois de Gant, de Bruges, d'Ippre et de
-Courtrai. Et toutes ces revenues recheutes estoient misses et tournées
-en seqestre, afin, se li pais avoit à faire, que on trouvast cel argent
-apparilliet, ou que li contes lors sires vosist retourner avoecques
-euls, et estre bons et loiaus Flamens sans nulle dissimulation, car ce
-que Jaques d'Artevelle aleuoit et despendoit et tenoit son estat,
-estoit pris par asignation sus certainnes tailles, les quelles estoient
-faites et ordonnées à paiier toutes les sepmainnes. Li contes de
-Flandres poursievoit le roi de France et son consel trop fort que il
-vosist rendre painne à ce que li Flamenc fuissent obeisant à lui; et là
-où il ne le vodroient estre, que la painne où il s'estoient obligiet
-par sentense de pape, fust donnée sus euls.
-
-Li rois de France, qui consideroit toutes ces coses, et qui veoit que
-li Flamenc estoient trop fort rebelle à lui, et qui queroient aliances
-estragnes as Alemans, as Braibençons, as Hainnuiers et as Englois, et
-tout estoit en euls fortefiant et à l'encontre de li, les euist
-volentiers ratrais par douces et amiables paroles, se ils peuist, non
-par rigeur ne par manaces. Si envoia son connestable le conte Raoul
-d'Eu et de Ghines, le signeur de Montmorensi et le signeur de Saint
-Venant, et de prelas l'evesque de Paris et l'evesque de Chartres, en la
-chité de Tournai pour tretiier as Flamens. Et fissent tant chil
-signeur, conmissaire de par le roi de France, que les consauls des
-bonnes villes de Flandres vinrent parler à euls à Tournai. Là ot grans
-tretiés et lons et pluisseurs paroles proposées et remoustrées; mais li
-Flamenc, qui à Tournai estoient, avoient lor carge tèle que d'Artevelle
-lor avoit bailliet, et metoient en termes que, qant li rois Phelippes
-lor renderoit Lille, Douai et Bietune et les apendances, et li pais de
-Flandres en seroit remis en posession, il entenderoient à ses tretiés
-et non aultrement. Chil conmissaire n'avoient pas lor carge si avant
-que de respondre au ferme de ceste matère. Et pour ce fallirent li
-tretié, et retournèrent li signeur en France.
-
-Qant li rois vei que il n'en aueroit aultre cose, il envoia deviers le
-pape Clement VIme, qui pour ce temps resgnoit, unes lettres moult
-fortes ens ès quelles tous li pais de Flandres estoit loiiés et
-obligiés et sus sentens de pape; et prioit li rois que il vosist
-proceder sus. Li papes Clemens vei que li rois de France le requeroit
-de raison. Si jeta sentense generale et publ(iqu)e sus les Flamens et
-sus toute Flandres, et envoia ses bulles d'esqumenication as
-diocesains, tels que l'evesque de Cambrai, l'evesque de Tournai et
-l'evesque de Tieruane. Et n'osa uns lonch temps nuls prestres par tout
-le pais de Flandres chanter messe, sus privation de benefice et estre
-encourus en sentense de esqumenication. Qant Jaquemes d'Artevelle et li
-pais de Flandres veirent ce, il escrisirent deviers le roi d'Engleterre
-le dangier où tous li pais de Flandres estoit; et li priièrent que,
-qant il retourneroit deçà la mer, que il vosist amener en sa compagnie
-des prestres d'Engleterre, par quoi Diex fust servis en Flandres,
-maugré le pape d'Avignon et le roi Phelippe. Li rois d'Engleterre
-entendi à ceste priière trop volentiers, pour complaire as Flamens; et
-ne vosist point que les coses se portaissent aultrement en Flandres; et
-lor remanda, par ceuls meismes qui ces lettres avoient aporté, que il
-ne fuissent en nul soussi, il lor en menroit assés. Ensi s'apaisièrent
-li Flamenc; et se passèrent au mieuls que il porent d'aler au moustier,
-tant que li rois d'Engleterre fu retournés en Flandres. Et estoient li
-prestre moult courouchiet en Flandres de ce que point ne chantoient,
-car il perdoient les offrandes. Fo 55.
-
-P. 1, l. 5 et 6: Normendie.--_Ms. B 6_: «Jehan beau filz, prendés de
-mes gens tant que vous vorés avoir, et cheminés devers Haynau et
-contrevengiés sur mon nepveu les despis que il nous a fait. Et ne
-deportés ville ne hamel; mettés tout en feu et en flame. Et se nulle
-assamblée se fait contre vous de gens d'armes, sy m'en escripsiés: je y
-envoyeray tantost tant de gens que pour combatre tous venans.» A ches
-parolles obey le duc de Normendie moult vollentiers, car ossy il
-desiroit grandement à venir en Haynau et visseter le pais, car point
-n'amoit son cousin le conte de Haynau. Fos 135 et 136.
-
-P. 1, l. 10: le conte.--_Ms. d'Amiens_: Or vous parlerons dou comte de
-Laille qui estoit partis de Paris comme liutenant dou roy de Franche
-ens ès marches de Gascoingne, et fist tant par ses journées qu'il vint
-à Thoulouse où il avoit fait son mandement. Quant li gentil homme dou
-pays seurent se venue, si en furent tout joyant, car au voir dire il
-estoit moult vaillans chevaliers et preudoms et améz de touttes gens
-d'armes. Si se hastèrent encorres plus que devant et s'en vinrent tout
-deviers lui, car c'estoit sen entente que de faire une forte gherre en
-Bourdelois et en le terre qui se tenoit dou roy englès. Et se parti de
-Toulouse et vint à Montalban[399] à plus de trois mille lances et dix
-mille[400] bidaus et Thoulousains à gavrelos et à pavais. Et avoit li
-comtes de Laille adonc de se delivranche et de se carge mout de bonne
-gens, telz que le comte de Villemur, le comte de Commignes, le comte de
-Pierregort, le visconte de Bruniqiel, le visconte de Talar, le visconte
-de Murendon, le visconte de Quarmaing et le visconte de Lautrec et
-pluisseurs bons chevaliers et hardis. Et se partirent de Montalben et
-entrèrent en le ducé d'Aquitainne et coummenchièrent à gueriier le pays
-et à assegier fortrèches et à prendre prisonniers et à faire mout de
-desrois en le terre de Labreth et de Pummier et sus le terre le
-seigneur de Lespar et le seigneur de Tarse et le seigneur de Muchident,
-liquel n'estoient mies adonc fort pour resister contre yaus.
-Nonpourquant il fisent ossi tamainte chevauchie sur yaus. Une heure
-perdoient, l'autre gaegnoient, ensi que fait de guerre se poursuioit;
-mès touttes fois li comtes de Laille et ses routtes tenoient les camps.
-Fo 40.
-
- [399] _Ms. de Valenciennes_: au mont Saint Albain, Fo 91 vo.
-
- [400] _Ms. de Valenciennes_: trois mille sergans à lances et à
- pavais. Fo 91 vo.
-
-P. 1, l. 10: de (Lille).--_Mss. A 8 à 10, 15 à 17_: de Lille. Fo
-49.--_Mss. A 7, 23 à 33_: de Laille. Fo 49.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18
-à 22, 34 à 36_: de Laigle. Fo 53 vo[401].
-
- [401] A partir du présent volume, toutes les fois qu'une variante
- est fournie par les mss. _A 1 à 6_, le fo indiqué à la fin de la
- variante sera toujours le fo du ms. _A 2_ (2649 de notre
- Bibliothèque impériale).
-
-P. 2, l. 10: Kieret.--_Ms. d'Amiens_: A monsigneur Pière Bahucet. Fo
-39.
-
-P. 2, l. 10: Barbevaires.--_Mss. A 1 à 6, 8 à 17, 20 à 22_: Barbenoire.
-Fo 54.--_Mss. A 7, 18, 19, 34 à 37_: Barbenaire. Fo 49.
-
-P. 3, l. 14: Clement VI.--_Ms. d'Amiens_: qui nouvellement estoit
-creés. Fo 39 vo.
-
-P. 3, l. 16: en Flandres.--_Ms. d'Amiens_: car il estoit pappes en son
-pays et en touttes les terres qui de lui se tiennent, et de ce est il
-bien previlegiiés. Fo 39 vo.
-
-
-=§ 100.= P. 4, l. 2: de Douay.--_Les mss. A 11 à 14 ajoutent_: de
-Bethume. Fo 52 vo.
-
-P. 4, l. 8: dou Fay.--_Le ms. de Rome ajoute_: li sires de Chastellon,
-mesires Lois de Chalon. Fo 55.
-
-P. 4, l. 9 et 10: trois cens.--_Ms. d'Amiens_: deux cens. Fo 39
-vo.--_Mss. A 1 à 6_: quatre cens. Fo 54.--_Ms. de Rome_: et furent bien
-cinq cens lances, parmi le signeur de Wauvrin, capitaine de Douai, et
-le chapitainne de Lille, et quatre cens arbalestriers et bien siis
-mille honmes de piet. Fo 55 vo.
-
-P. 4, l. 14: devant soleil levant.--_Ms. d'Amiens_: environ heure de
-prime. Fo 39 vo.--_Ms. de Rome_: et se quatirent tant que les bonnes
-gens de la ville orent mis hors lor bestail, vaces, pors, buefs et
-brebis. Fo 55 vo.
-
-P. 4, l. 15: as portes.--_Ms. d'Amiens_: Mès jà avoient il estet de
-venue jusquez as portes de Courtrai et ochis hommes et femmes, et ars
-tous les fourbours au lez deviers Tournay, et pluisseurs maisons et
-cours environ Courtray. Fo 39 vo.--_Ms. de Rome_: et fuissent bien
-entré dedens la porte qui sciet ou cemin de Tournai, se il vosissent.
-Fo 55 vo.
-
-P. 4, l. 19: le Warneston.--_Ms. d'Amiens_: aqueillans et menans tout
-devant yaux jusquez au Warneston. Fo 39 vo.--_Ms. de Rome_: et prissent
-honmes, fenmes et enfans, et cachièrent tout devant euls, et fissent
-par lors varlès bouter le feu ens ès fourbours; et furent tout ars et
-la proie aquellie. Et se missent li François tout souef au retour, et
-tout caçoient devant euls, et vinrent à Dotegnies, et fu la ville toute
-arse. Fo 55 vo.
-
-P. 4, l. 21 et 22: ce jour.--_Ms. de Rome_: au soir. Fo 55 vo.
-
-P. 4, l. 22: dix mille.--_Mss. A 11 à 14_: douze mille. Fo 52 vo.
-
-P. 4, l. 23: que pors.--_Ms. d'Amiens_: trois mille pors et deus mille
-grosses bestes. Fo 39 vo.--_Ms. de Rome_: et bien cinq cens honmes, que
-fenmes, que enfans, qui depuis furent rançonné; et auquns on laissa
-aler pour l'amour de Dieu. Fo 55 vo.
-
-P. 4, l. 27: Ces nouvelles.--_Ms. d'Amiens_: ces nouvelles et les
-complaintes de chiaux de Tournay et dou pays environ. Fo 39 vo.
-
-P. 4, l. 30: d'Artevelle.--_Ms. B 6_: En che temps s'en vint Jaques de
-Hartevelle et se party de Gand à tout grant foyson de Flamens, et avoit
-intension de venir mettre le siège devant Tournay. Sy senefia son
-emprise au conte de Sallebrin, qui pour le tamps se tenoit en garnison
-en la ville d'Ypre, et que il i vaulsist estre. Fos 142 et 143.
-
-P. 4, l. 31: à Gand.--_Ms. d'Amiens_: et li fu remonstré quel dammaige
-et quel despit chil de Tournay et (li) chevalier franchois avoient fet
-ou pays de Flandres. Fo 39 vo.
-
-P. 5, l. 1: de Tournesis.--_Ms. d'Amiens_: et que briefment il venroit
-asiegier Tournay et tout le communalté de Flandres, et que jà n'y
-atenderoit ne roy d'Engleterre ne autre, et fist se semonsce et son
-mandement très grant et très especial, et mist adonc enssamble plus de
-soissante[402] mille Flamens. Fo 39 vo.
-
- [402] _Ms. de Valenciennes_: cinquante mille. Fo 91.
-
-
-=§ 101.= P. 5, l. 15: Quant li doi conte--_Ms. B 6_: Le conte de
-Sallebrin ne volt mie desobeyr, mais s'apresta du plus tost que il
-peult; et cueilla tout ses compaignons où il povoit avoir soixante
-lanches et se mist au chemin et en mena les arbalestriés de la ville
-d'Ypre avec luy; et chevauchèrent devers Warneston. Or les convenoit il
-passer asés près de la ville de Lille qui estoit françoise. Se(u) fu
-leur aller par espies en la ville de Lille. Adonc se mirent en esbuque
-cheux de Lille et firent trois agais; et en cescune (route) avoit cinq
-cens compaignons. De che ne se doubtoient les Flamens et chevauchoient
-sur la conduite de monsseigneur Vafflart de le Crois, qui moult
-longement avoit guerriiet ceulx de Lille et porté pluiseurs domaiges.
-Et sy savoit toutes les torses et les chemins de antour de Lille: sy
-avoit empris de mener les Englès et Flamens sauvement et sans peril au
-dehors de Lille; mais il faly à son pourpost. Car quant il vint à che
-pas où il cuidoit passer, il retourna, car il y trouva tel empechement
-et tel tranquis que c'estoit chose impousible de y passer. Sy fu tous
-esbahis et dist ensy au conte de Sallebrin: «Monseigneur, on nous a
-deffendu le voie par chy depuis que je n'y passay, et se n'y a pas
-quinze jours. Je vous consaille, puisque par chy passer ne povons, que
-nous retournons arière et prendons ung autre chemin où je vous menray:
-(il) sera plus loing de chestuy environ trois lieues, mais nous y
-serons sauvement et sans dangier de cheulx de Lille.» Adonc s'avisa et
-aresta le conte de Salbrin et dist: «Il nous fault au vespre estre au
-Pont de Fier, où Jacques de Hartevelle nous atent, car ensy je luy ay
-mandé. Allons au bout de che fos(s)et, nous trouverons voie: cheus de
-Lille ne nous quer(r)oient jamais chy.»
-
-Quelle chose que messire Wafflars desist ne quelle cose que il leur
-remonstrast, oncques le conte de Sallebrin ne le volt croire que il ne
-alast au debout du fosset; et puis les entra en ung vert chemin qui
-tout droit les mena là où cheulx de Lille avoient fait leur embusque.
-Et ne s'en donnèrent garde; sy furent droit sur eulx et ne peurent
-reculler. Messire Wafflart de le Croix, qui toudis se doutoit, alla
-derière: sy que osy trestost que il perchut cheux de Lille, il retourna
-son coursier et se fery parmi ung grans marès et se bouta en ung vivier
-et entre rossiauls et glaivons; là fu tout le jour jusques au vespre
-qu'il ysy hors à la nuit au mieulx qu'il pot et se sauva bien. Et le
-virent cheux de Lille partir, mais point ne le poursieuwirent, car il
-ne savoient pas que che fust messires Wafflars. Et entendirent à envayr
-et assalir le conte de Sallebrin et sa route, qui furent tantost
-avyronnet de plus de mille; lors virent bien que deffense ne leur
-valloit riens: sy se rendirent sauves leur vies.
-
-Ensy les perirent cheux de Lille et les menèrent dedens la ville à
-grant joie. Et là avoit ung jone escuiier, nepveu au pape Benedit qui
-lors regnoit pour le temps, qui s'apelloit Raimmons, qui là estoit
-venus pour son corps avanchier. Sy estoit chis très richement armés. Sy
-s'esmeut entre les commun(s) qui pris l'avoient dissencion pour sa
-prise: sy que, par envie et mauvaiseté il fut ochis, coyque le conte de
-Sallebrin et les riches hommez de la ville en furent durement
-courouchiés, mais amender ne le peurent.
-
-Ensy de cheulx de Lille fu pris messires Gillame de Montagut conte de
-Sallebrin, et depuis fu menés en prison à Paris devers le roy Phelippe,
-qui le veult avoir et veoir, et qui de surprise sceult trop grant gret
-à cheulx de Lille. Ches nouvelles seut Jaques de Hartevelle, quy se
-tenoit au Pont de Fier entre Audenarde et Tournay; sy en fu sy
-courouchiés, quant il le sceut, qu'il en rompy son voiage et son
-emprise et se retrait à Gand et donna congiet à tous les Flammens pour
-celle fois. Fos 143 à 146.
-
-P. 5, l. 20: cinquante.--_Mss. A 1 à 6, 15 à 17, 20 à 22_: quarante. Fo
-54 vo.
-
-P. 5, l. 21: arbalestriers.--_Ms. d'Amiens_: et s'en venoient deviers
-le Pont de Fier qui siet en Tournesis, où Jaqueme d'Artevelle estoit jà
-venus à plus de soissante mille Flammens, et atendoit les deux comtes
-dessus dis pour venir devant Tournay. Fo 39 vo--_Ms. de Rome_: car il
-avoient envoiiet de lors gens à Popringhe, à Miessines, à Berghes, à
-Cassiel, à Bourbourc, à Vorne, au Noef Port, à Dunqerque et à
-Gravelines, pour faire frontière contre les François qui se tenoient à
-Saint Omer, à Tieruane, à Aire, à Saint Venant. Et tout faisoient
-frontière et euissent fait des grands damages et contraires au dit pais
-de Flandres, se il ne sentesissent les Englois ens ès garnisons desus
-nonmées. Fo 56.
-
-P. 5, l. 22: pour venir.--_Ms. de Rome_: viers Audenarde. Fo 56.
-
-P. 5, l. 24: de Lille.--_Ms. de Rome_: en laquelle il i avoit de par le
-roi de France bien deus cens lances, Savoiiens et Bourgignons. Et là
-estoient mesire Amé de Genève, mesire Huge de Chalon, li Galois de la
-Baume, li sires de Villars et li sires de Groulé. Fo 56.
-
-P. 5, l. 25: s'armèrent.--_Ms. de Rome_: et montèrent à chevaus et
-fissent armer tous les arbalestriers de Lille et bien mille honmes
-avoecques euls. Et qant il furent tout issu, chil chevalier françois
-demandèrent se li Englois pooient faire plus d'un cemin. Chil qui
-congnissoient le pais, respondirent: «Oil, il i a deus voies: li une
-trait à la bonne main, et li autre à la senestre.» Qant il oïrent ces
-paroles, il partirent lors gens en deus, et fissent deus enbusques. Fo
-56.
-
-P. 5, l. 26: quinze cens.--_Mss. A 8, 9, 15 à 17_: cinq cens.--Fo
-50.--_Mss. A 11 à 14_: quatorze cens. Fo 53.--_Mss. A 20 à 22_: seize
-cens. Fo 83 vo.
-
-P. 6, l. 2: de le Crois.--_Ms. de Rome_: uns chevaliers françois et
-hainnuiers. Fo 56.
-
-P. 6, l. 11: jusques à là.--_Ms. d'Amiens_: et nous convient passer si
-aupriès de leur ville que à le tretie de deux ars. Fo 39 vo.--_Ms. de
-Rome_: si priès de euls (de Lille) que à une lieue ou là environ. Fo
-56.
-
-P. 6, l. 20: avant.--_Ms. de Rome_: Retournés à Ippre, se vous vos
-doubtés. Fo 56.
-
-P. 7, l. 1: se j'estoie pris.--_Ms. d'Amiens_: tous li avoirs de Bruges
-ne me respiteroit point que je ne fuisse mors à honte. Et je le vous
-remonstre, pour tant que hui que demain on ne me puist reprochier de
-men honneur. Fo 40.--_Ms. de Rome_: ma raençon est paiie: c'est sus la
-vie que je chevauce; mais vous, vous seriés mis à courtoise finance,
-vous n'aueriés nul mal de vostre corps. Fo 56.
-
-P. 7, l. 3: compagnie.--_Les mss. A 11 à 14 ajoutent_: car qui n'a
-point de teste, il ne lui fault point de bacinet ne de chaperon. Fo 53.
-
-P. 7, l. 4 et 5: et disent.--_Ms. d'Amiens_: Alons, alons, Waflart;
-nous n'avons garde, che ne sont que villain en Lille. Il n'oseront
-jammès yssir hors de leurs portes. Fo 40.
-
-P. 7, l. 7: se boutèrent.--_Ms. de Rome_: au tournant de une longe
-haie. Fo 56.
-
-P. 7, l. 7 et 8: l'embusce.--_Ms. d'Amiens_: de cinq cens compaignons
-qui se tenoient entre hayes et buissons au traviers dou chemin, et
-arbalestriers avoecq yaux qui leurs ars avoient tout tendus. Si
-coummenchièrent à escriier d'une vois: «Tous morés entre vous, Englès!»
-Fo 40.
-
-P. 7, l. 11: commencièrent il.--_Ms. de Rome_: li Savoiien et li
-Bourgignon. Fo 56.
-
-P. 7, l. 14: plus avant.--_Ms. de Rome_: et fist son cheval sallir
-oultre un fossé de douze piés de large. Fo 56.
-
-P. 7, l. 30: neveus.--_Ms. d'Amiens_: cousins. Fo 40.
-
-P. 7, l. 32: pour.--_Ms. de Rome_: envie ou pour ses belles armeures.
-Fo 56.
-
-P. 8, l. 2: courouciet.--_Ms. de Rome_: et euist paiiet quarante mille
-florins de raençon, se on le peuist avoir tenu en vie. Fo 56.
-
-P. 8, l. 3: pris et retenu.--_Ms. d'Amiens_: car on en volloit faire
-ung present au roy de Franche, enssi qu'il fissent dedens troix jours
-apriès. Et lez amenèrent à Paris douze bourgois de Lille et cent
-armures de fier à grant joie. Quant li rois de Franche seut ces
-nouvelles et comment li bourgois de Lille avoient esploité, si en fu
-mout joyans et les conjoi de grant coer et dist que c'estoient bonne
-gent et de hardie emprise, et que ce qu'il avoient fait leur seroit
-remuneret. Enssi se porta ceste besoingne. Li doi comte furent
-emprisonnet en Castelet, où il furent depuis ung grant temps, ensi que
-vous orez. Fo 40.
-
-_Ms. de Rome_: Si furent li contes de Sasleberi et li contes de Sufforc
-pris et amenés en la ville de Lille et bien gardé, tant que la
-connissance en vint au roi Phelippe. Qant il le sceut, il fu grandement
-resjois de lor prise, et les desira à veoir et les manda. On li envoia.
-Si furent amené à Paris et recreu sus lors fois: il n'orent nulle
-vilainne prison. Fo 56 vo.
-
-P. 8, l. 10 et 11: Pont de Fier.--_Ms. d'Amiens_: à bien soixante mille
-Flammens, pour venir assegier le chité de Tournay et ardoir tout le
-Tournesis. Fo 40.--_Ms. de Rome_: sus la rivière dou Lis. Fo 56 vo.
-
-
-=§ 102.= P. 8, l. 16: contrevengance.--_Ms. de Rome_: Li François ne
-pooient oubliier la cevauchie que li contes de Hainnau et mesires
-Jehans de Hainnau son oncle avoient fait en la Tierasse, pris et ars la
-ville d'Aubenton, Maubert Fontainnes, Vimi et bien quarante villes là
-ens ou pais. Et disoient li François que ce ne faisoit point à souffrir
-ne à consentir que il ne fust amendé. Tant fu parlé et remoustré au roi
-et à son consel que ordonné fu que li dus de Normendie, li ainnés fils
-dou roi Phelippe, à une qantité de gens d'armes, s'avaleroit et venroit
-en la conté de Hainnau, pour ardoir et bruir tout le pais et
-contrevengier les arsins que li contes de Hainnau et ses oncles et li
-Hainnuier avoient fait en la Tierasse et en Cambresis. Si tretos que li
-dus de Normendie fu esleus à estre chiés de ceste cevaucie, tout
-chevalier et esquier de Vermendois, d'Artois et de Piqardie en furent
-resjoi, car euls se desiroient à armer, et à porter contraire et damage
-les Hainnuiers. Fo 56 vo.
-
-P. 8, l. 21: environ Paskes.--_Ms. d'Amiens_: à le close Pasques. Fo
-40.
-
-P. 8, l. 22 et 23: Là estoient.--_Le ms. d'Amiens ajoute_: Si doi
-cousin de Blois, Loeys et Carles, car li comtes de Blois avoit renvoiet
-son hoummage au comte de Haynnau de tout ce qu'il tenoit de par lui,...
-li ducs de Bourbon,... messires Loeis de Savoie, messires Loeys de
-Chalon,... li sires de Grantsi, li sires de Montmorensi, li sires de
-Saint Venant, li sires de Saint Digier, li sires de Roye, messires
-Ustasses de Ribeumont, messires Jehans de Landas, li sires de Cran, li
-sires de Montsault, li sires de Cramelles, li sires de Fiennes, li
-sires d'Estourmelles, li sires de Bleville, messires Bouchiguaus. Fo 40
-vo.
-
-_Le ms. de Rome ajoute_: le duch Pière de Bourbon, mesire Jaqueme de
-Bourbon, son frère,... le conte de Videmont et de Genville,... le conte
-de Dreus,... le signeur de Castellon, le signeur de Conflans, marescal
-de Campagne, le conte de Harcourt, le conte d'Aumale, le signeur
-d'Estouteville, le signeur de Graville. Fo 56 vo.
-
-P. 8, l. 26: de Porsiien.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18, 19, 20 à 22, 34
-à 36_: de Pontieu. Fo 55 vo.
-
-P. 8, l. 27: de Couci.--_Les mss. A et B 3, 4 ajoutent_: le sire de
-Craon. Fo 53 vo.
-
-P. 9, l. 4: six mille.--_Mss. A 11 à 14_: dix mille. Fo 53 vo.--_Mss. A
-15 à 17_: huit mille. Fo 55 vo.--_Ms. d'Amiens_: Et estoient bien six
-mille hommes d'armes et six mille bidaus et Geneuois sans l'autre
-ribaudaille. Et avoit empris li dis ducs de Normendie que de venir
-assegier Vallenchiennes. Fo 40 vo.--_Ms. de Rome_: et tant que il
-estoient bien quatre mille esporons dorés et douse mille armeures de
-fier, sans les Geneuois arbalestriers. Et ne fissent pas celle asamblée
-si grande pour la cause des Hainnuiers que pour ce qu'il savoient bien
-que li Alemant, li Braibençon et li Hollandois, Zellandois et li
-Flamenc estoient tout aloiiet avoecques les Hainnuiers, et de rechief
-que li contes de Hainnau estoit alés en Engleterre au secours. Se
-voloient li François moustrer poissance à l'encontre de tous ceuls qui
-poroient venir. Fo 56 vo.
-
-P. 9, l. 9: se partirent.--_Ms. B 6_: Il partirent de Saint Quentin; il
-s'en vièrent devers Boucain pour venir vers le Chastel en Cambresy,
-car par ce costé voloient il entrer en Haynau. Et estoient bien dix
-mille combatans; sy vinrent si avant qu'il passèrent le Chastel en
-Cambresis et se logèrent à Montais, à l'entrée de Haynau. Fo 136.
-
-P. 9, l. 10: Saint Quentin.--_Ms. de Rome_: Et cevauchièrent devant li
-connestables et li marescal de France, et puis li dus de Normendie et
-sa route, et derrière li avant garde; et s'en vinrent logier sus la
-rivière de Selles autour dou Chastiel en Cambresis. Fo 56 vo.
-
-P. 9, l. 14: toute son host.--_Ms. de Rome_: et son hostel. Fo 56 vo.
-
-P. 9, l. 14: Montais.--_Ms. d'Amiens_: dallez le Castiel en Cambresis,
-à l'entrée de Haynnau. Fo 40 vo.--_Ms. de Rome_: dehors le chastiel. Fo
-56 vo.
-
-P. 9, l. 15: d'armes.--_Ms. d'Amiens_: de quoy il (li François) furent
-resvilliet celle première nuit. Fo 40 vo.
-
-
-=§ 103.= P. 9, l. 24: Montais.--_Mss. A 11 à 14_: Mortais. Fo 54.
-
-P. 9, l. 30: se parti.--_Ms. de Rome_: et s'en vint au Kesnoi et quella
-sus heure ce que il pot avoir de chevaliers et esquiers.... Sus le
-tart, il se departi dou Kesnoi.... Dou Kesnoi à Montais a quatre
-petites lieues; si furent tantos là. Fos 56 et 57 vo.
-
-P. 9, l. 30: de Wercin.--_Ms. B 6_: du Quennoy, à tout cent hommes
-d'armes. Fo 137.
-
-P. 9, l. 31: soixante.--_Ms. d'Amiens_: cinquante. Fo 40 vo.--_Ms. de
-Rome_: siis vins. Fo 57.
-
-P. 10, l. 4: jour falli.--_Ms. B 6_: Et pour che que en ce temps il
-faisoit brun et qu'il peuissent mieulx congnoistre l'un l'autre,
-vestirent chacun sur leur harnast ung blanc vestement. Fo 137.
-
-P. 10, l. 7: leurs chevaus.--_Ms. d'Amiens_: et eurent ordonnance, pour
-ce qu'il faisoit mout brun, que chacun ewist une chemise dessus ses
-armures; et qui n'avoit chemises, si y mesist quoy que fuist de blancq
-pour recongnoistre l'un l'autre. Fo 40 vo.
-
-P. 10, l. 7: leur dist.--_Ms. de Rome_: Li dus de Normendie est logiés
-en celle ville des Montais, et je vous ai amené jusques à chi pour
-faire auqune emprise d'armes. Si soiies tous avisés. Et quant nous
-enterons en la ville, criiés: Hainnau au senescal et Werchin à la
-retraite! Et ne vous faindés pas de euls porter contraire et damage, se
-vous poés, car qant il enteront en nostre pais, il ne nous espargneront
-point. Fo 57.
-
-P. 10, l. 12: des chevaliers.--_Le ms. d'Amiens ajoute_: le signeur de
-Gommegnies,... le seigneur de Boussi, le seigneur d'Espinoit, Jehan de
-Gommegnies, Ostelart de Soumaing. Fo 40 vo.--_Le ms. de Rome ajoute_:
-Gerars de Vendegies, li sires de Montchiaus. Fo 57.
-
-P. 10, l. 13: messires Henris.--_Ms. de Rome_: mestres Henris. Fo 57.
-
-P. 10, l. 14: dou Chastelet.--_Mss. A 8 à 10_: de Chasteler. Fo
-51.--_Mss. A 15 à 17_: du Chastelier. Fo 55 vo.
-
-P. 10, l. 14 et 15: li sires de Vertain.--_Ms. d'Amiens_: messires
-Ustasse de Vertaing. Fo 40 vo.--_Mss. A 23 à 29_: de Werchain. Fo 64.
-
-P. 10, l. 15: de Fontenoit.--_Ce chevalier n'est mentionné que dans le
-ms. B 1._
-
-P. 10, l. 16: des escuiers.--_Ms. de Rome_: Là fu li pennons au
-senescal desvolepés, et le porta uns esquiers qui se nonmoit Robers de
-Wargni. Fo 57.
-
-P. 10, l. 21: se boutèrent.--_Ms. d'Amiens_: et estoit environ mie
-nuit. Fo 40 vo.
-
-P. 10, l. 26: avant.--_Ms. de Rome_: dont bien l'en chei. En cel ostel
-estoit logiés li sires de Brimeu, et des compagnons françois biau cop
-avoecques lui. Fo 57.
-
-P. 10, l. 28: (Briauté).--_Mss. A 1 à 7, 9 à 17, 20 à 22_: Briauté. Fo
-56.--_Mss. A 30 à 36_: Breauté, Breaulté. Fo 129.--_Mss. A 18, 19, 23 à
-29_: Brience, Briance. Fo 56 vo.--_Ms. A 8_: Briancon. Fo 51.
-
-P. 10, l. 29 et 30: Quant li doi chevalier.--_Ms. de Rome_: Celle nuit
-faisoit le gait uns chevaliers de Normendie qui se nonmoit Guillaumes,
-sires de Gauville, et avoecques li mesires Pières de Praiaus. Et
-estoient establi en lor ordenance environ cent armeures de fier. Et
-trop bien chei à point au duch de Normendie et as signeurs qui là
-estoient logiés; car, se li gais ne fust tantos trait avant, li
-Hainnuier euissent porté grant damage as François. Mais li chevalier
-dou gait se traissent tantos avant, et vinrent devant l'ostel le duch
-de Normendie, et se missent en bonne ordenance. Fo 57.
-
-P. 11, l. 8: tortis--_Ms. B 6_: torses. Fo 137.
-
-P. 11, l. 14: estourmis.--_Ms. de Rome_: voires chil qui estoient
-logiés à Montais, car partout tant que avoecques le duch n'avoit que
-huit banerès et lors gens, vint et siis chevaliers en tout. Donc se
-requellièrent li Hainnuier moult sagement et criièrent: «Werchin à le
-retraite!» Chil qui entrèrent dedens l'ostel le signeur de Brimeu, en
-furent mestre et l'esforchièrent; et fu pris et fianciés prisons li
-sires de Brimeu et auquns de ses honmes. Fo 57.
-
-P. 11, l. 17 et 18: dix ou douze.--_Ms. B 6_: jusques à huit. Fo 138.
-
-P. 11, l. 21: au Kesnoi.--_Ms. d'Amiens_: Et li senescaux de Haynnau
-s'en vint au point du jour au Kesnoy. Si trouva monseigneur Thiery,
-seigneur de Fauquemont, à qui il recorda sen aventure, liquelx fu trop
-fort courouchiés de ce qu'il n'y avoit estet. De là en droit vint li
-senescaux à Vallenchiennes et enfourma chiaux de le ville de le venue
-des Franchoix; et leur dist que il avoit entendu, par prisonniers
-franchoix qu'il avoit pris, que c'estoit li entente dou duch que de
-assegier Vallenchiennes. Adonc chil de Vallenchiennes fissent
-songneusement prendre garde à toutte leur artillerie, as enghiens, as
-espringalles, as ars à tour et à touttes autres coses appertenans as
-deffensces. Et fissent le rivière d'Escault floer entour le ville, et
-renforchièrent leurs gais as portes, as tours et as garittes, tant de
-jour comme de nuit. Fo 40 vo.
-
-P. 11, l. 24: courouchiés.--_Ms. de Rome_: Li dus de Normendie ne sceut
-riens de ceste avenue jusques au matin. Si fu moult courouchiés qant on
-li ot dit, et que li sires de Brimeu et li sires de Bailluel en
-Normendie et li sires de Briauté estoient pris. Donc dist li dus: «On
-ne le puet amender. Li Hainnuier ont volé et pris, et puis se sont
-retrait quant il ont fait lor emprise. Aussi nous fault il voler et
-prendre: si sera prise contre prise.» Fo 57.
-
-P. 11, l. 28 et 29: deux cens.--_Ms. d'Amiens_: trois cens. Fo 40
-vo.--_Mss. A 15 à 17_: trois cens. Fo 56.
-
-P. 11, l. 30 et 31: li sires de Mirepois.--_Ms. d'Amiens_: li marescaus
-de Mirepois. Fo 41.--_Les mss. A 11 à 14 ne nomment que les trois
-premiers chevaliers et ajoutent_: le sire de Hambuye. Fo 54 vo.--_Le
-ms. de Rome ajoute_: li sires de Noiiers,... messires Anthones de
-Qodun, li sires de Loques, messires Tristrans de Magnelers. Fo 57 vo.
-
-P. 11, l. 32: li sires d'Astices.--_Ce chevalier n'est mentionné que
-dans le ms. B 1._
-
-P. 12, l. 1: li sires de Cramelles.--_Mss. A 15 à 17_: Raoul de
-Cramelles. Fo 56.
-
-P. 12, l, 1 et 2: chevauçoient.--_Ms. de Rome_: Et cevauchoient chil
-tout devant, et avoient lors honmes qui les sievoient et qui boutoient
-le feu. Fo 57 vo.
-
-P. 12, l. 2: mareschal.--_Ms. de Rome_: Apriès cevauçoit li avant
-garde, où li connestables de France et li marescal estoient. Fo 57 vo.
-
-P. 12, l. 4: cinq cens lances.--_Ms. de Rome_: deus mille armeures de
-fier. Fo 57 vo.
-
-P. 12, l. 5: de Normendie.--_Ms. de Rome_: li dus d'Athènes et la grose
-route des gens d'armes. Apriès venoit li arrière garde, que li sires de
-Couchi, li sires de Castellon, li sires de Montmorensi, li sires
-d'Estouteville et pluisseur aultre menoient, où bien avoit deus mille
-armeures de fier. Au voir dire, il estoient gens assés pour combatre
-tous cheuls de Hainnau, grans et petis. Et ensi que chil coureur
-chevauçoient devant, il ardoient le pais, sans ce que les batailles dou
-duch s'en ensonniassent ne desroiassent en riens. Fo 57 vo.
-
-P. 12, l. 11: d'Uintiel.--_Ms. B 6_: Che fu environ l'Ascension l'an
-mil trois cens quarante. Fo 140.
-
-P. 12, l. 11: oultre.--_Ms. d'Amiens_: Et ardirent che premier jour li
-Franchois Bavay, une bonne ville qui adonc estoit sans fremure; puis se
-retrairent et ne veurent adonc chevauchier plus avant pour lez bos et
-l'aventure des encontres. Si ardirent à leur retour Louvegni,
-Anfroipret, Saint Vast en Bavesis, Goummegnies, Preus, Fresnoit, Wargni
-le Grant et Wargni le Petit, Obies, Orsinneval; et abatirent les
-moullins de Quellinpont, et rompirent lez escluzes dou vivier, et
-donnèrent le pisson congiet d'aller jeuuer où il peult; et passèrent à
-Orsinneval et desoubz le Kesnoy, et ardirent Villers monsigneur Polle
-et Calames. Fo 41.
-
-_Ms. de Rome_: Et vinrent ardoir Bavai, Mieqegnies, Obies, Goumegries,
-Frasnoit, Wargni, Villers, et vinrent courir devant le Quesnoi, mais
-point n'i arestèrent. Et fust volentiers li seneschaus de Hainnau issus
-hors, se il euist eu gens assés. Et s'en vinrent ces coureurs à
-Bermerain et l'ardirent, et Vertain et Vertegnuel et tous les villages
-de là environ. Et en avoloient les flamesches jusques dedens la ville
-de Valenchiennes. Fo 57 vo.
-
-P. 12, l. 12: Oursineval.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: Esmenal.
-Fo 56 vo.
-
-P. 12, l. 19: de Normendie.--_Ms. d'Amiens_: ceste première nuit et
-toutte sen host sus le rivierre de Selles, entre Sollemmes et Haussi.
-Tout li plas pays fuioit devant yaux à sauveté; et se boutoient ens ès
-forterèches et amenoient, aportoient et acharioient le leur au Kesnoy,
-à Landrechies, à Bouchain et à Valenchiennes et as autres fors environ
-qui estoient tenable. Li senescaux de Haynau se doubta de son castel de
-Werchin. Si se parti de Valenchiennes tout de nuit, avoecq lui environ
-trente lanches, et fist tant que sans peril il s'i bouta. Et dist au
-seigneur d'Anthoing, qui estoit en Vallenchiennes, qu'il fuist songneus
-de le ville et dez hommes, affin que il n'y ewissent dammaige, ne il
-point de blasme. Fo 41.
-
-_Ms. de Rome_: ce second jour logier à Haussi, à Sausoit, à Solèmes et
-tout au lonc de la rivière de Selles jusques à Haspre; et menoient
-moult grant charoi. Honmes et fenmes et enfans avoient esté de lonc
-temps avisé de la venue des François; si ques il s'estoient tout
-pourveu à l'encontre de ce; et avoient amenet et achariiet lors
-millours meubles à Valenchiennes, à Maubuege, au Quesnoi et à Bouchain.
-Li François trouvoient fourages assés pour lors cevaus et nulles
-aultres pourveances. Fo 57 vo.
-
-
-=§ 104.= P. 12, l. 23: Fauquemont.--_Ms. d'Amiens_: qui estoit en
-garnison au Kesnoy. Fo 41.
-
-P. 12, l. 29 et 30: et recommanda.--_Ms. d'Amiens_: Adonc fist il
-commander estroitement que nuls ne wuidaist hors des portes du Kesnoy,
-homs ne femme, et sus le teste. Fo 41.
-
-P. 12, l. 30: Maubuege.--_Ms. de Rome_: et issi de Maubuege et vint à
-Pons sus Sambre. Et trouva les hommes moult esfraés, car li François
-avoient esté à Miequegnies et là priès, et avoient ars tout le pais de
-là environ. Encores en veoit on les fumières. Fo 57 vo.
-
-P. 12, l. 30: Biaurieu.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22, 34 à 36_:
-Beaugeu. Fo 56 vo.
-
-P. 12, l. 31: de Montegni.--_Ms. d'Amiens_: et establi à demourer, pour
-garder le ville, le seigneur de Roysin, le seigneur de Wargny. Fo 41.
-
-P. 13, l. 1 et 2: chevauça.--_Ms. de Rome_: et passa à Robertsart, et
-n'atendoit aultre cose que le logeis des François dou vespre. Fo 57 vo.
-
-P. 13, l. 3: Mourmail.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22, 34 à 36_:
-Moruel, Morueil. Fo 56 vo. _Mauvaise leçon._
-
-P. 13, l. 5 et 6: de Haussi.--_Ms. d'Amiens_: à Sollemmes, vers Haussi
-et Sausoit, en ces biaux prés. Fo 41.--_Ms. de Rome_: à Haussi et à
-Sausoit, et tout jusqu'à Haspre. Fo 57 vo.
-
-P. 13, l. 18: meschief.--_Ms. B 6_: Che soir faisoit le gait le sire de
-Craon à cinq cens hommes. Fo 138.
-
-P. 13, l. 23: Pikegni.--_Ms. d'Amiens_: et doi de ses escuiers, et
-navrez li sires de Cramelles mout durement et li sires de Sains. Fo
-41.--_Ms. de Rome_: Celle nuit faisoient le gait li contes d'Auçoirre,
-li sires de Noiiers et li sires d'Auchi, artissiens, et avoient bien
-trois cens combatans sus lor gait. Li Hainnuier et li Alemant
-n'entrèrent point de ce lés où li gais estoit, mais bien en sus, et
-cheirent sus le logeis le signeur de Piquegni, liquels salli tantos sus
-que il oy la friente, et s'arma et se mist à desfense moult
-vaillanment; mais il ot si grante qoite de li armer que point il
-n'estoit armés de plate fors de une cote de fier, laquelle fu perchie
-tout oultre de une roide espée et li corps dou chevalier, et morut de
-celle plaie.... Li sires de Piquegni, liquels estoit navrés tout parmi
-le corps, fu mis en une litière et portés à Cambrai pour saner et
-mediciner; mès onques de la navreure ils ne pot avoir garison et morut.
-Si retourna la terre de Piquegni à un sien fil, jone enfant, que on
-nonmoit Jehan, et qui depuis fist moult de mauls en France, voires à
-Amiens et là environ, ensi que vous orés recorder avant en l'istore.
-Fos 57 vo et 58.
-
-P. 13, l. 30: poursievi.--_Ms. de Rome_: Et là fist li sires de
-Fauquemont bonne compagnie as deus chevaliers françois, lesquels il
-enmenoit prisonniers, le visconte de Qesnes et le Borgne de Rouveroi,
-car il les recrut sus lors fois à venir à Mons en Hainnau tenir lors
-corps prisons, qant il en seroient requis, quinse jours apriès la
-semonse. Si retournèrent li chevalier en l'ost et comptèrent lor
-aventure. Fo 58.
-
-P. 13, l. 31: au Kesnoi.--_Ms. de Rome_: Si entrèrent dedens la ville
-et s'i rafresqirent, euls et lors cevaus, et puis retournèrent sus le
-soir à Maubuege. Fo 58.
-
-P. 14, l. 3: Et li dus.--_Ms. de Rome_: Ensi fu, la seconde nuit que li
-dus de Normendie se loga en Hainnau, li hoos des François resvillie
-des Hainnuiers, liquel avoient tout ce fait, sans porter point de
-damage à euls et à lor compagnie. De quoi li dus de Normendie en dist
-au matin, qant il en fu enfourmés: «Ces Hainnuiers sont de grant corage
-et de bonne emprise. Nous n'avons que deux nuis dormi en Hainnau; mès
-tout dis nous ont il resvillié: chi apriès, il seront resvilliet
-aussi.» Fo 58.
-
-P. 14, l. 15: quatre cens.--_Mss. A 15 à 17_: trois cens. Fo 57.
-
-P. 14, l. 16: bidaus.--_Mss. A 15 à 17_: sanz les bidaus, tuffes et
-petaux. Fo 57.
-
-P. 14, l. 16: s'en vinrent.--_Ms. d'Amiens_: à Verchin, où li senescaux
-estoit dedens le castel. Et regardèrent li Franchois le mannière dou
-fort et de le deffensce. Si moustrèrent de premiers que de trop grant
-couraige il le assaudroient, et fissent traire et lanchier leurs bidaus
-et Geneuois; mès riens n'y fisent, car li castiaux estoit bien pourveu
-d'artillerie, de kanons et d'ars à tour et de tous instrumens pour le
-deffendre. Si y pooient plus perdre que gaegnier, et il ne volloient
-pas trop travillier leurs gens, car il ne savoient quel besoing il en
-aroient. Si se partirent d'illuecques, mès il ardirent toutte le ville
-et abatirent une partie des murs dou gart de Werchin. Et passa toute li
-os là et environ. Et montèrent au lés deviers Fanmars, pour mieux veoir
-et adviser Vallenchiennes dou tierne. Et toudis aloient li coureur
-devant à destre et à senestre, ardans et exillans che biau plain pays
-de Haynnau. Si ardirent Presel, Marech, Biauvoir, Curgies, Sautain,
-Rombies et tout le plain pays jusquez à le rivierre de Honniel. Et se
-loga li dus ce jour sus le rivière d'Uintiel au lés deviers Kierenaing,
-et toute sen ost ossi, et se fist le nuit gettier bien et grossement à
-plus de cinq cens lanches et de deux mille bidaus et Geneuois, car il
-ne volloit mies que li Haynuier le resvillaissent ainssi qu'il avoient
-fait. Bien est voir que de Condet et dou castiel de Moustroel sus
-Haynne et dou castiel de Kievraing et de Kievrechin estoient assamblet
-et acompaigniet environ quarante lanches, et s'estoient boutet ès bois
-de Roisin; et volentiers ewissent fait quelque fait d'armes, se il
-ewissent veu leur plus bel. Li sires de Gommignies et li sires de
-Wargni ossi lez costiièrent tout le jour, mès point ne virent de jeu
-parti pour yaux aventurer, car li coureur franchois se tenoient tout
-enssamble, et estoient bien monté et plus de quatre cens lanches: se
-n'y faisoit nul pour les Haynuiers.
-
-Ce jour au matin qu'il fist moult bel et moult joli, car c'estoit ou
-mois de may, se deslogièrent li Franchois et se misent en arroy, et
-ordonnèrent le charoy et le fissent passer tout devant. Et puis
-chevauchièrent bannierres et seigneurs et vinrent, environ heure de
-primme, deseure Fanmars, sus ung terne que on appelle le mont de
-Castres; et là s'ordonnèrent il bien et faitichement en troix bonnes
-batailles. Le première avoit li dus de Bourbon, la seconde li comtes de
-Flandres, et la tierce li dus de Normendie. Là veoit on bannierres et
-pignons et armoirie en très grant parement. Là estoient muses,
-calemelles, naquaires, trompes et trompettes, qui menoient grant bruit
-et grant tintin. Et bien les veoient et ooient chil de Valenchiennes
-des tours et des clochiers, car il estoient à demy lieuwe d'iaux. Là
-sonnoit on les cloches ou biefroy de Vallenchiennes à volée, et
-estoient armet touttes mannierres de gens, et li rue Cambrisienne
-toutte plainne. Et volloient à force yssir et yaux aventurer; mès
-messires Henris d'Antoing, qui gardoit les clefs de celle porte, leur
-deveoit et leur disoit qu'il se voloient aller tout perdre. Nientmains
-il volloient yssir, coumment qu'il fuist, et y eut là pluiseurs grosses
-parolles entre le chevalier et yaux. Finablement il leur dist que
-messires de Biaumont, qui baux estoit dou pays et à qui on avoit juret
-et proummis de obeir, li avoit deffendu et coummandet sus sen onneur
-que nullement il ne les lessast wuidier. Et coummanda au prouvost qui
-là estoit, Jehan de Baisi, de par monseigneur Jehan de Haynnau, que il
-lez fesist retourner et aler à leur gès, as tours et as garittes, pour
-deffendre et garder le ville, s'il besongnoit. Et li prouvos vot obeir;
-si leur commanda à retraire, et il le fissent.
-
-A che donc estoient dedens Vallenchiennes aucun chevalier d'Engleterre,
-et par especial li comtes de Warvich, que li roys d'Engleterre avoit
-laissiet en Flandres. Et avoit estet chilz en le chevauchie de
-Aubenton, et demorés en Vallenchiennes, à le priière dou comte. Et
-estoient avoecques lui messires Hues de Hastinges, messires Rogiers de
-Biaucamp, messires Jehans Cambdos, messires Jehans de Graail, messires
-Oliviers de Baucestre, messires Rogiers de Cliffort. Si requisent chil
-chevalier à monseigneur Henry d'Antoing que on lez lessaist wuidier le
-ville sus leur peril et chevaucier deviers le rivierre d'Escault, pour
-veoir se il poroient nient trouver à faire aucune bacelerie, ne biau
-fait d'armes sus lez Franchois. Tant priièrent et parlèrent que il en
-eurent congiet, et estoient environ trente lanches et quarante
-archiers, et tout à ceval. Si wuidièrent par le porte d'Anzain, et
-cevaucièrent deseure Saint Vast. A ce donc couroit environ le Tourielle
-sus l'Escault ungs bons chevaliers franchois poitevins, messires
-Bouchichaus, et estoit avallés des batailles qui se tenoient au mont de
-Castres. Et estoient environ douze lanches; si avoient passet l'Escaut
-au pont de le Tourielle et estoient montet hault deviers Saint Vast
-pour descouvrir à cesti lés; mès il furent trouvet et rencontret des
-Englès dessus noummés. Et ne daigna oncques messires Bouchichaus fuir,
-et jousta franchement à messire Hue de Hastinges, et le porta par
-terre. Depuis fu il jus portéz par terre par deux chevaliers et tenus
-si cours qu'il le couvint rendre. Et fu fianchiés prisons et amenés à
-Vallenchiennes, et doy escuier de son pays avoecq lui. Et li autre se
-sauvèrent au mieux qu'il porent et retournèrent à leurs batailles, et
-recordèrent le prise de monseigneur Bouchicaus, dont li dus de
-Normendie fu mout courouchiéz. Fo 41 vo.
-
-_Ms. de Rome_: Qant ce vint au matin, on se desloga, et sonnèrent les
-tronpètes parmi l'oost. Tout s'armèrent et montèrent à chevaus, et se
-traissent sus les camps. Ce jour fist il moult biel, moult cler et
-moult joli, ensi que il fait ou mois de mai, et fu la nuit de une
-Asention. Li dus de Normendie ordonna à traire viers Valenchiennes.
-Donc cevauchièrent les batailles moult ordonneement, et n'aloient que
-le pas et costiièrent Werchin, mais point n'asallirent au chastiel,
-mais la vile fu arse. Et s'en vinrent tout li François arester et faire
-lor moustre sus le mont de Castres; et veoient Valenchiennes tout au
-plain devant euls, et là ordonnèrent trois batailles, tout armé au
-cler. Ce estoit une grande biauté que de euls veoir, les armes, hiaumes
-de quoi on s'armoit adonc, banières et pennons resplendir au solel. Et
-se tenoient li signeur tout quoi, atendans que on les venist combatre.
-
-Li jone chevalier de France et li esqier, qui desiroient les armes, ne
-se pooient tenir que il ne cevauçassent. Et s'en vinrent li marescaus
-de Mirepois, li sires de Noiiers, li Galois de la Baume, messires
-Tiebaus de Moruel, li viscontes d'Aunai, li sires d'Englure, li sires
-de Trainiel, messires Tristrans de Magnelers, li sires d'Aubegni, li
-sires de Fransures, li chastelains de Biauvais et pluisseur aultre,
-tout de grant volenté. Et estoient quatre cens d'emprise et de fait et
-bien montés, et vinrent courir devant le Kesnoi; et s'arestèrent sus
-les camps, et moustroient que on les venist combatre. Li marescaus de
-Hainnau et bien cinquante lances de bons Hainnuiers estoient là dedens.
-Pour ces jours li Qesnois n'estoit point si bien fremée conme elle
-estoit soisante ans apriès, et tous les jours elle amendoit en fremeté.
-
-Li compagnon consideroient trop bien l'ordenance des François conment
-il freteloient sus lors cevaus et faisoient courner lors menestrels, et
-moustroient que on les alast veoir et escarmuchier, mais il n'estoient
-pas gens assés. Si se tinrent tout quoi et pourveu de euls deffendre,
-se on les euist assallis. Qant il veirent ce que nuls ne saudroit, il
-s'en departirent et cevauchièrent viers Villers. Et menoient ces gens
-d'armes, boutefeus, avoecques euls, qui couroient de ville en ville, et
-boutoient le feu dedens et ne s'en departoient; si estoit la ville
-toute embrasée. Si ardirent de celle empainte Genlain, Curgies,
-Sautain, Presiel, Marec, Aunoit, Biauvoir, Fielainnes, Escaillon et
-Faumars. Et voloient les flamesques et les fascons en la ville de
-Valenchiennes, et li rai dou soleil en estoient tout encombré. Et
-s'avalèrent auqun François dou mont de Castres et vinrent ardoir les
-Marlis, et boutèrent le feu ens ès fourbours de la porte Cambrisienne.
-
-Pour ces jours estoit chapitainne et gardiiens de la ville de
-Valenchiennes institués et ordonnés de par mesire Jehan de Hainnau,
-mesires Henris d'Antoing, quoi que li senescaus de Hainnau et aultres
-chevaliers fuissent en la ville; mais il en avoit la souverainne
-aministration et se tenoit à la porte Cambrisienne, et là estoit trop
-fort heriiés et pressés d'auquns fos, outrageus et outrequidiés, qui
-voloient issir et euls aler perdre. Et bien leur disoit et remoustroit
-li chevaliers que point n'estoit heure de issir: «Souffrés vous, bonnes
-gens: la poissance des François est trop grande maintenant. Atendés que
-vous aiiés vostre signeur dalés vous; si en serés plus fort et mieuls
-consilliés. Il m'est deffendu que nuls ne isse, car se vous receviés
-blame ne damage, je n'en poroie estre escusés.» Ensi à grant mescief
-les amoderoit et refroidoit de lors folies li sires d'Antoing.
-
-Encores, en ce meisme jour, par le consentement dou connestable de
-France et des marescaus, se departirent dou mont de Castres auqun jone
-chevalier et esquier françois et cevauchièrent as aventures. Et tout
-estoit fait pour atraire les Valenchiennois hors de lor ville, et
-furent de une sorte environ deux cens lances. Et les menoient li sires
-de Craan, li sires de Maulevrier, li sires de Partenai, li sires de
-Tors et li sires de Matefelon, et s'avalèrent dou mont de Castres à
-Fontenelles, et vinrent à Main. Et là avoit une tour belle et bonne et
-encores a, laquelle pour ce temps estoit à un bourgois de Valenchiennes
-qui s'apelloit Jehan Bernier, et puis fu elle transmuée à autres hoirs.
-Chil chevalier de France et lor route vinrent là et l'environnèrent et
-le fissent asallir. La tour estoit forte assés, environnée de fossés et
-pourveue d'artellerie; car on i avoit envoiiet des arbalestriers de
-Valenchiennes, pour le deffendre et garder. Là ot grant asaut, mais li
-François n'i peurent riens faire. Avant en i ot des blechiés dou tret.
-Si passèrent oultre et vinrent à Trit. Li honme de la ville avoient le
-pont deffait. Si ne peurent (passer) oultre par ce pas là, mais il
-trouvèrent (un) des hommes dou pais meismes qui les mena autour as
-plances à Povri. Si passèrent là l'Eschaut et retournèrent à Trit. Et
-fu la ville toute arse et li moulin abatu, et ensi à Povri et à
-Rouvegni. Et refissent li François le pont à Trit, et ardirent
-Wercinniel, Bourlain et Infier, et tant que les fascons en avoloient à
-grant volées à Valenchiennes. Et retournèrent chil François et s'en
-ralèrent en lor hoost, c'est à entendre sus le mont de Castres,
-avoecques les aultres.
-
-Ce jour s'estoient aussi parti de lors arrois, troi jone chevalier de
-Poito: li uns fu nonmés messires Bouchicaus, li autres messires Jaques
-de Surgières, et li tiers messires Guis Poteron; et avoient passet
-l'Escaut au pont à Trit, car il estoit refais des plances meismes que
-chil de Trit en avoient osté. Et les avoient les François rasisses,
-pour passer et rapaser à lor volenté. Chil troi chevalier et lor route
-pooient estre jusques à vint cinq lances, et passèrent le pont à Trit,
-et vinrent courir viers Hurtebisse; et fissent bouter le feu dedens,
-tant que on le veoit tout clerement de Valenchiennes, car il n'i a que
-une petite lieue. Li seneschaus de Hainnau, qui se tenoit adonc à
-Valenchiennes, entendi que auquns François estoient avalé et passé
-oultre l'Eschaut au pont à Trit, et couroient sus ces biaus plains
-desus un moustier que on nonme Saint Vast, et ne lor aloit nuls au
-devant. Si parla au signeur de Berlainmont, à messire Henri d'Uffalise,
-à messire Oulefart de Ghistelle, au signeur de Biellain et à auquns
-chevaliers qui en Valenchiennes estoient enclos avoecques lui: «Je vous
-pri que nous montons sus nos chevaus et alons veoir viers Saint Vast
-quel sont chil qui i chevaucent. Espoir, poront estre tel que il
-paieront nostre escot.» Tout s'acordèrent à la volenté dou senescal, et
-montèrent environ cent compagnons tout bien armés, et prist casquns son
-glave; et fissent ouvrir les deus portes d'Anzain, la grande et la
-petite. Et se missent sur les camps et si à point que, droit au desus
-d'un moustier que on dist de Saint Vast, il vont trouver ces chevaliers
-poitevins qui avoient pris lor tour viers Bellain et Ierin et avoient
-fait bouter le feu dedens, et s'en retournoient pour passer à Trit, et
-avoient gides propement dou pais qui les menoient. Qant li seneschaus
-de Hainnau les vei et sa route aussi, qui estoient monté sus bons
-coursiers et bien alans, si lor vinrent au devant et escriièrent:
-«Hainnau!» et abaissièrent les glaves. Li seneschaus de Hainnau fu li
-premiers qui asambla à messire Bouchicau, qui estoit pour lor jones
-chevaliers, et fu depuis un moult vaillans homs. Il le feri à plainne
-targe un si grant cop, avoecques ce que il estoit fors chevaliers et
-bien montés, que il le bouta jus et passa oultre. Li sires de
-Berlainmont consievi parellement mesire Gui Poteron et le reversa jus à
-terre. Chil Hainnuier se frapèrent en ces François et en abatirent
-jusques à sept. Entrues que il entendirent à euls fianchier et faire
-rendre, mesires Jaquemes de Surgières et bien douse des leurs
-retournèrent sus frain, et prissent le cemin viers un village que on
-appelle Ierin; mais avant que il i parvenissent, pour euls sauver, il
-se boutèrent ens ès bois d'Aubri, et ne savoient où il aloient, car
-point ne connisoient le pais. Qant li seneschaus de Hainnau vei que
-chil François prendoient le cemin dou bois, si fist doubte que li
-François n'euissent là jetté une enbusqe, et que chil qui pris estoient
-et qui fuioient, n'euissent esté là envoiiet tout de fait pour
-descouvrir et pour faire sallir hors de Valenchiennes auquns gentils
-honmes qui s'i tenoient. Si fist cesser ses gens de non aler plus avant
-et non cachier. Et se retraissent tout le pas viers Valenchiennes, et
-enmenèrent les deus chevaliers prisonniers, messire Bouchicau et mesire
-Gui Poteron, poitevins, et jusques à diis de lors compagnons. Dont li
-senescaus acquist grant grasce des Valenchiennois. Et messires Jaquemes
-de Surgières et li autre, qui se boutèrent ens ès bos d'Aubri, se
-tinrent là et quatirent tout bellement jusques à tant que li viespres
-fu venus, et puis issirent hors et vinrent tout droit à Hurtebise, et
-de là au pont à Trit, et rapassèrent l'Escaut. Et qant ilz furent venu
-en l'oost, il comptèrent lor aventure, et conment messire Bouchicau et
-mesire Gui Poteron estoient demoré et pris dou senescal de Hainnau. Fos
-58 et 59.
-
-P. 14, l. 28: Villers.--_Les mss. A et B 3, 4, omettent_: Villers _et
-mentionnent deux fois_: Fanmars.
-
-P. 14, l. 32 et p. 15, l. 1: pries de Valenchiènes.--_Ms. B 6_: à demy
-lieue de Valenchiènes. Fo 140.
-
-P. 15, l. 28: d'Anzaing.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: du Rain. Fo 57.
-_Mauvaise leçon._
-
-P. 15, l. 32: Poito.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: Pontieu. _Mauvaise
-leçon._
-
-P. 17, l. 3: dou jour.--_Ms. B 6_: car on luy dit que cheulx de
-Vallenchiènes le venroient combatre, car tant orguilleus et
-presumptueux estoient. Fo 140.
-
-
-=§ 105.= P. 17, l. 15: un grant temps.--_Ms. de Rome_: tout ce jour de
-l'Asention. Fo 59.--_Ms. B 6_: l'espace de cinq heures. Fo 141.
-
-P. 17, l. 16: de Castres.--_Ms. de Rome_: à demi lieue de
-Valenchiennes. F. 59.
-
-P. 17, l. 18: li dus d'Athènes.--_Ms. d'Amiens_: et li doy marescal de
-France, li contes d'Auchoire. Fo 41 vo.
-
-P. 17, l. 19: trois cens.--_Mss. A 11 à 17_: quatre cens. Fo 56.--_Ms.
-B 6_: cinq cens. Fo 141.
-
-P. 17, l. 22: le tourielle à Goguel.--_Ms. d'Amiens_: le Tourielle et
-Goirel. Fo 41 vo.
-
-P. 17, l. 23: de le ville.--_Ms. B 6_: A che jour estoient en la ville
-de Vallenchiène le conte de Warvich et le conte de Kenfort que le roy
-d'Engleterre avoit laissiet à Gand delés madamme sa femme. Si estoient
-venu à Vallenchiènes pour la cause de ce que on avoit entendu que le
-duc de Normendie se venoit tenir celle part. Ches deux chevaliers
-avecque la communaleté de la ville euyssent trop vollentiers veu que
-(on) fust vidiet contre eulx et que on euist recueilliet cheux qui
-estoient venut jusques a(s) bailles. Mais messire Henri d'Anthoing, qui
-pour le temps estoit gardiens de Valenchiène de par monseigneur Jehan
-de Haynau, ne le veult oncques consentir, et dist et jura que jà
-personne n'en ysceroit; et fist faire le ban, de par le prouvost de la
-ville, que sur la teste nulz ne vidast hors de la ville sans
-commandement. Sy gardèrent le porte Cambrisiène, où celle estourmye
-estoit, le sire de Mastaing et le sire de Floyon. Fo 141.
-
-P. 17, l. 29: les ardirent.--_Ms. B 6_: et puis la ville d'Asnoy. Fo
-142.
-
-P. 17, l. 30: de Wintiel.--_Ms. d'Amiens_: et puis chevauchièrent
-toutte le rivierre contre mont vers Aunoit pour revenir à leur grosse
-bataille; mès en leur chemin il ardirent Aunoit, Felainne, Artre,
-Astriel, Kierenaing, Biaudegnies, et Pois et pluisseurs autres villes.
-Fo 41 vo.
-
-P. 17, l. 31: par derrière les Chartrois.--_Mss. A 1 à 6_: par devers
-les charroys. Fo 58.--_Mss. A 20 à 22_: par derrière les chariots. Fo
-88.--_Mss. A 11 à 14, 18, 19_: par devers les chartois. Fo 56.
-
-P. 18, l. 10 et 11: bien la moitiet.--_Ms. d'Amiens_: que il en tuèrent
-dix et fissent saillir en le rivière, et en y eut ossi des noiiéz, et
-furent chil euwireux qui escapper peurent. Fo 42.
-
-P. 18, l. 21: ce soir.--_Ms. de Rome_: Qant ce vint sus la remontière,
-et que li signeur estoient tout hodé et lassé de tant estre sus lors
-cevaus, car ce jour il avoient bien petit beu et mengié fors sus lors
-cevaus. Fo 59.
-
-P. 18, l. 21: à Maing et à Fontenielles.--_Le ms. d'Amiens ajoute_: et
-à Trit. Fo 42.--_Ms. de Rome_: à Fontenelles et à Main, en ces biaus
-prés. Fo 59.
-
-P. 18, l. 23: Maing.--_Ms. B 6_: A son departement de la ville de Maing
-où il estoit logiés, ardirent les Franchois Denaing et l'abeie de
-Fontenelles où madamme sa tante estoit logie, mais elle se tenoit à
-Valenchiènes. Fo 142.
-
-P. 18, l. 25: de Valois.--_Ms. d'Amiens_: où medamme Jehanne de
-Vallois, ante dou dit duc, se tenoit par devotion; mès elle n'y estoit
-mies adonc, ainchois se tenoit en Vallenchiennes. Fo 42.--_Ms. de
-Rome_: Madame de Valois, ante dou duch de Normendie, n'estoit point
-pour ces jours à Fontenelles, mais se tenoit à l'ostel de Hollandes à
-Valenchiennes, et toutes les dames dou dit monastère; et là avoient
-amené toutes lors coses, car en gerre et en hainne n'a nulle segurté.
-Fo 59.
-
-P. 18, l. 28: A ce departement.--_Ms. d'Amiens_: Le jour que li dus de
-Normendie se parti de Fontenelles et de Maing, i eut une grant
-escarmuche au pont à Trith sus l'Escaut; car là estoient requeilliet li
-Haynuyer, hommes des villages de là entours, et deffendirent le pont
-mout vassaument contre lez Franchois che qu'il peurent; et l'ewissent
-bien tenu et deffendu, mès li aucun Franchois allèrent autour passer
-l'Escault as planches à Prouvi, et vinrent à Trit, et trouvèrent chiaux
-qui se combatoient as Franchois. Lors y eut grant fouleis, et couvint
-les Haynuier partir et leissier le pont et le deffensce. Et passèrent
-touttes mannières de gens qui passer veurent, et abatirent ung petit
-castelet qui là estoit et les moullins, et ardirent toutte le ville et
-Wercinnel ossi; mès depuis furent il reboutet et reculet dou comte de
-Warwich et de se routte, et en y eut bien mors que noiiés soissante. Fo
-42.
-
---_Ms. de Rome_: A lor departement, la ville de Maing fu toute arse, et
-la mention de l'abeie de Fontenielles aussi. Chil qui cevauçoient
-devant et sus les costés, ardoient villes et hamiaus, et ardirent en
-lor venant Monchiaus, Thians, Douci. Et partout il abatirent les
-moulins, car ces villes sont seans sus rivière. Et cevauchièrent tant
-ce jour li François que il aprochièrent Nave et Iwis. Et vint li dus de
-Normendie mettre son siège devant le chastiel d'Escauduevre, seant sus
-la rivière d'Escaut. Fo 59.
-
-P. 18, l. 30: Thians.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22, 34 à 36_:
-Thiois. Fo 58.
-
-P. 18, l. 32 et p. 19, l. 1 à 18: Ce jour .... sans pité.--_Cet alinéa
-manque dans tous les mss. A sans exception._
-
-P. 19, l. 20: Escauduevre.--_Ms. de Rome_: Chil de la garnison
-d'Escauduevre avoient, tout l'ivier et le temps, cuvriiet et herriiet
-ceuls de Cambrai. Fo 59.
-
-P. 19, l. 20: et fort.--_Ms. d'Amiens_: à une lieuwe de Cambray. Fo 42.
-
-P. 19, l. 25: de Sassegnies.--_Ms. de Rome_: uns chevaliers de Hainnau.
-Fo 59.
-
---_Ms. B 6_: En che temps estoit cappitaine du chastel d'Escauduevre
-sur l'Escault, à une bonne lieue de Cambray, messire Gerart de
-Saingnies par l'ordonnance de monseigneur Jehan de Haynau qui avoit le
-gouvernement de la conté de Haynau, entreulx que sen nepvreu le conte
-estoit en Engleterre, sy comme chy dessus est dit. Je ne say comment il
-avint ne par quelle procuration che fu fait, mais il vendy le dit
-chastel et le livra as Franchois. Et fu pris le dit chevalier de ceux
-de Thun, à l'issir hors de Cambray, où il avoit l'argent avoecq luy. Se
-fu amenés à Mons en Haynau et là fut justichiés, et ung sien escuier
-avoecq luy, qui avoit consenti le mal à faire. De le prise du chastel
-d'Escauduevre furent les Haynuierz moult courouchiés, car cheulx de
-Cambray l'abatirent rés à rés de terre, et en menèrent le pière à leur
-ville, et en firent faire deux de leur portes, le porte Robert et une
-aultre. Fos 146 et 147.
-
-P. 19, l. 27: mès li dus.--_Ms. d'Amiens_: en traita et parla à yaux
-tant et si bellement messires Godemars (dou[403] Fay), qui jadis les
-connissoit, que.... Fo 42.
-
- [403] Le nom est laissé en blanc dans le ms. d'Amiens.
-
-P. 19, l. 28: six jours.--_Ms. de Rome_: sept jours, Fo 59 vo.
-
-P. 19, l. 32: Mariniaus.--_Ms. de Rome_: Et qant il furent venu en
-Hainnau, li saudoiier meismes, qui en Escauduevre s'estoient tenu
-avoecques euls, les prisent au conmandement messire Jehan de Hainnau
-qui se tenoit en la ville de Mons, et furent amené devant lui et acusé
-de traison. Onques il ne s'en porent escuser de la mise ne delivrer. Fo
-59 vo.
-
-P. 19, l. 32: pris.--_Ms. d'Amiens_: Vous avés bien chy dessus oy
-recorder le prise d'Escaudoeuvre et coumment messires Gerars de
-Sassegnies et Robers Mariniaux le rendirent. Si n'en furent il mies
-mescreus de premiers, fors tant que li saudoiier de dedens furent trop
-esmervilliet de ceste aventure. Et vinrent au jour qu'il fu rendus ou
-castiel de Thun l'Evesque, qui siet assés priès, et recordèrent as deux
-frères de Mauni, Jehan et Thieri, ceste mesavenue, et coumment Gerars
-de Sassegnies lez avoit preechiéz que il ne se pooient tenir longement
-contre si grant ost que li dus de Normendie. Nient moins et sus cez
-parolles li Franchois y estoient l'endemain entret. Lors demandèrent li
-enfant de Mauni qu'il pooit y estre devenus, et il disent qu'il ne
-savoient, mès bien cuidoient qu'il fuist en Cambray. Sus ceste parolle
-chil doy frère de Mauny envoièrent espies à Cambray, qui raportèrent
-que messires Gerars et chilz Robiers y estoient. Si furent si bien
-poursieuwi des deux enfans de Mauny qui misent enbuces et agaix sus
-yaux, que ung jour qu'il estoient parti de Cambray, il furent pris de
-Jehan et de Thieri de Mauni et amenet à Bouchain et là mis en prison.
-Tantost apriès, Jehan de Ma(u)ni s'en vint à Mons en Haynnau parler à
-monseigneur de Biaumont, et li recorda tout le fait et coumment il lez
-avoit pris. Si lez renvoya querre messires Jehans de Haynnau et ramener
-en Mons en Haynnau. Depuis n'en fist il nient trop longe garde, car il
-lez fist morir honteusement et trayner comme trayteurs contre leur
-seigneur. Che paiement eurent il de leur fourfaiture. Et encorres
-estoit li comtes Guillaummes de Haynnau hors de ses pays, dont trop
-desplaisoit à monseigneur de Biaumont son oncle. Fo 42 vo.
-
-P. 20, l. 2: de Cambrai.--_Ms. d'Amiens_: machon et carpentier. Fo 42.
-
-P. 20, l. 4: leur ville.--_Ms. d'Amiens_: et en fu faite li porte
-Robert, qui siet sus Haynnau. Fo 42.
-
-
-=§ 106.= P. 20, l. 9 et 10: voisines.--_Ms. d'Amiens_: .... de
-Mortaigne et de Tournay. Fo 42.
-
-P. 20, l. 13: trois cens.--_Mss. A 11 à 14_: quatre cens. Fo 56 vo.
-
-P. 20, l. 15: Villars.--_Mss. A 1 à 7, 23 à 33_: Villars. Fo 58
-vo.--_Mss. A 8 à 10, 18, 19_: Villers. Fo 53 vo.--_Mss. A 11 à 17, 20 à
-22, 34 à 36_: Villiers. Fo 56 vo.
-
-P. 20, l. 16: avoecques.--_Ms. d'Amiens_: messires Gerars de Monfaucon,
-messire Thiebaux de Maruel. Fo 42.
-
-P. 20, l. 17: Wavrain.--_Mss. A 11 à 14_: Wertain. Fo 56 vo.
-
-P. 20, l. 19: riens dehors.--_Ms. de Rome_: reservé le chastiel de
-Bouchain, qui ne fust tout ars et mis à seqution, ne nuls ne lor ala au
-devant. Les bonnes gens du pais d'Ostrevant estoient retrait en
-Valenchiennes, et là avoient amené une partie de lors biens, et les
-bestes cachies ens ès bois, ou fait venir ens ès praieries de
-Valenchiennes et de Condet, et là les tenoient pour eslongier lors
-ennemis. Fo 59 vo.
-
-P. 20, l. 20: Bouçain.--_Mss. A 8 à 17, 34 à 36_: Bouhaing. Fo 53 vo.
-
-P. 20, l. 24: cinq cens ou six cens.--_Ms. d'Amiens_: trois cens ou
-quatre cens. Fo 42.
-
-P. 21, l. 2: Here.--_Mss. A 8 à 10, 15 à 17_: Hette. Fo 58 vo.
-
-P. 21, l. 2: Fenain.--_Mss. A 1 à 7, 11 à 14, 18 à 36_: Sonnain,
-Sonnent, Senaing, Senain. Fo 58 vo.--_Mss. A 8 à 10, 15 à 17_: Fenain,
-Fenaing. Fo 53 vo.
-
-P. 21, l. 3: Mauni.--_Mss. A_: Wargni.
-
-P. 21, l. 3: Aubrecicourt.--_Ms. d'Amiens_: .... Buignicourt,
-Maucicourt,... Rouvegny,... Noefville. Fo 42.
-
-P. 21, l. 7: Bouçain.--_Mss. A 8 à 17, 34 à 36_: Bouhaing. Fo 53 vo.
-
-P. 21, l. 20: plus priès.--_Ms. de Rome_: une lieue en sus de là. Fo 59
-vo.
-
-P. 21, l. 23: sires.--_Ms. de Rome_: quoique la ville (de Landrecies)
-et Avesnes fuissent au conte de Blois. Fo 59 vo.
-
-P. 22, l. 14: Coulongne.--_Ms. de Rome_: et en estoit capitainne uns
-esquiers qui se nonmoit Albrest Qose, de Coulongne. Fo 59 vo.
-
-P. 22, l. 25 et 26: li sires de Bousies, Gerars de Mastain et Jehans de
-Mastain.--_Ces Chevaliers ne sont dénommés que dans les mss. B et A 7 à
-10, 15 à 17._
-
-P. 22, l. 32: si dur.--_Ms. de Rome_: que la proie fu rescouse, et
-Albrest pris et auquns des aultres, et chil qui se sauvèrent furent
-cachiet jusques ens ès portes de la Malemaison. Si raportèrent li
-compagnon le signeur de Potelles tout mort à Landrechies. Depuis fu il
-envoiiés à Valenchiennes sus un char et en un linsiel, et ensepvelis en
-l'eglise des Cordeliers de Valenchiennes. Ensi se portent les aventures
-d'armes. Tels se lieuve au matin, qui ne scet qu'i(l) li avenra. Fo 59
-vo.
-
-
-=§ 107.= P. 23, l. 8: Bohain.--_Mss. A 23 à 29_: Bouchain. Fo 68.
-
-P. 23, l. 8 et 9: Chastiel en Cambresis.--_Ms. d'Amiens_: de Biauvoir
-et de Sierain, et tint bien et francement le fortrèche contre lez
-Franchois. Or parlerons dou duc de Normendie coument il vint asegier
-Thun l'Evesque seant sus Escaut. Fo 42 vo.
-
-P. 23, l. 10: li Haynuier.--_Ms. de Rome_: Et cevauçoient moult souvent
-li Hainnuier sus ceuls de Bohain et de la Malemaison; une fois
-gaegnoient et l'aultre perdoient: ensi estoit tous li pais entouelliés.
-Fo 59 vo.
-
-
-=§ 108.= P. 24, l. 10: remoustroient.--_Ms. B 6_: que le conte de
-Haynau et ses gens avoient fait plus de damaige au pais de Cambresis et
-à le cité de Cambray que ne fist le roy d'Engleterre. Fo 147 et 148.
-
-P. 24, l. 13 et 14: au ravoir.--_Ms. d'Amiens_: et il aroit fait ung
-biau voiaige, car il avoit villainnement ars et escaudet le contet de
-Haynnau. Fo 42 vo.
-
-P. 24, l. 18: Vermendois.--_Ms. de Rome_: en Amiennois, en Bar et en
-Lorrainne. Fo 60.
-
-P. 25, l. 3: des quelz.--_Ms. d'Amiens_: Jehans de Mastaing, Bridouls
-de Thians, Thieris et Hostelars de Soumaing, Gilles Moriaux de
-Lestinnes, Hues d'Aunoit, Sandrais d'Esquarmaing. Fo 43.
-
-P. 25, l. 6: et Thieris.--_Ms. de Rome_: Jehans de Mauni et Tieris son
-frère, qui chapitainne en estoient, se reconfortoient en ce que il
-estoient bien pourveu, et aussi que lors sires li contes de Hainnau
-queroit aide et aliances partout, et que de poissance li sièges seroit
-levés. Si ne se esbahirent point li Hainnuiers, quoi que li enghien
-jetaissent continuelment, qui lor rompirent tous les tois dou dit
-manage.
-
-Ce siège estant devant Thun l'Evesque, chil de la garnison de Bouchain
-issirent une fois hors, et vinrent au matin cevauchier jusques à
-Esqerchin, et trouvèrent les honmes en lors lis, et prissent desquels
-que il vodrent. Et puis se missent au retour et boutèrent le feu en
-Esqerchin et ardirent Lambres et les fourbours de Douai et tout ce qui
-de France se tenoit, et rentrèrent dedens la garnison de Bouchain, sans
-prendre nul damage. Ensi couroient les garnisons, l'un sus l'autre, et
-faisoient les armes.
-
-Chil de la conté de Hainnau s'esmervilloient trop fort que lors sires
-estoit devenus, car il n'en ooient nulles nouvelles. Et en parloient li
-chevalier et li esquier et li consaus des bonnes villes à messire Jehan
-de Hainnau, et li disoient: «Sire, c'est trop mal fait que vous
-n'envoiiés plus especiaulment deviers nostre signeur le conte, par quoi
-il soit bien acertes segnefiiés de l'estat de son pais. Il i a jà plus
-de siis sepmainnes qu'il se parti, et si n'en ot on nulles nouvelles.
-Se vous les avés, si n'en avons nous nulle congnissance.» Mesires
-Jehans de Hainnau respondoit à ces paroles et disoit: «Il n'a pas tenu
-en ma negligense que je ne m'en soie bien acquités. Monsigneur de
-Hainnau a esté en Engleterre, et li a li rois d'Engleterre fait très
-bonne chière et li a proumis, selonch che que il m'a escript et
-segnefiiet par ses lettres, que il sera dedens le jour Saint Jehan, à
-poissance de gens d'armes et d'archiers, en la ville de l'Escluse. Et
-sur ce monsigneur mon cousin est departis d'Engleterre, et monta en mer
-à Orvelle là où il ariva qant il vint ou pais, et a pris terre à
-Dourdresc en Hollandes. Et tous enfourmés de l'estat de son pais, et
-pour resister à l'encontre de la poissance dou duch de Normendie et des
-François, il est alés deviers le roi d'Alemagne au seqours, et semonre
-tous les aloiiés. Et temprement vous le verés revenu en ce pais, et
-gens d'armes à pooir avoecques li.» Fo 60.
-
-P. 25, l. 30: ne l'estoient.--_Ms. d'Amiens_: il devoient rendre le
-fortrèche et yaux partir simplement sans riens porter dou leur. Et de
-ce livrèrent il deus escuiers gentil hommes hostages, pour mieux le
-duch acouvenenchier. Fo 43.
-
-P. 26, l. 1: acorda.--_Ms. de Rome_: Li auqun, qui consideroient le
-dangier où li Hainnuier estoient, opposoient au tretié et disoient:
-«Pourquoi lor donroit on jour? Il ne se pueent plus tenir. Le chastiel
-est nostre, se monsigneur le voelt avoir et nous aussi.» Nequedent
-toutes ces paroles remoustrées, li dus de Normendie s'inclina à
-douçour, non à rigeur, et entendi à lor trettié. Et i furent recheu, et
-livrèrent plèges Gillion de Soumain et Tieri de Soumain son frère,
-Robert de Villers et Hueon d'Aunoit. Et cessèrent li enghien, et se
-rafresqirent li compagnon, pour lors deniers, de vivres et de vins, et
-vinrent en l'oost veoir le duch qui les vei volentiers, et lor fist
-donner de son vin bien et largement. Et là avoit dedens la forterèce
-une damoiselle gentil fenme, qui enclose s'i estoit pour l'amour de son
-ami Jehan de Mauni, et se nonmoit Kateline de Wargni, et estoit des
-damoiselles de l'abeie de Denain. Et estoit si enchainte que sus ses
-jours, et moult avoit esté destourbée et travillie dou ject des pières
-des enghiens, tant que tout li compagnon en avoient eu grant pité. Si
-fu menée à sauveté à Bouchain, et en fu grant nouvelle en l'oost des
-François, car par lor dangier et congiet, le couvint passer et aler en
-la garnison de Bouçain. Fo 60.
-
-P. 26, l. 7: par le trettiet devisant.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à
-22_: pour le traittiet devisier. Fo 59 vo.
-
-P. 26, l. 9: son neveu.--_Ms. d'Amiens_: qui moult s'esmervilla dou
-conte son nepveult qui tant demouroit. Et l'avoit jà remandet par
-pluiseurs messaiges, et li avoit escript et contenut veritablement
-l'arsin et le doummaige que ses pays avoit recheus, dont li comtes
-n'estoit mies plus liéz, et metoit paynne à son retour à revenir
-hasteement, et aqueroit amis de tous costéz. Fo 43.
-
-
-=§ 109.= P. 26, l. 22: de Byaumont.--_Ms. de Rome_: et de Chimai. Fo 60
-vo.
-
-P. 26, l. 27 et 28: amendet.--_Ms. de Rome_: et avoit esploitié et
-avanchié ses besongnes que toutes gens d'armes d'Alemagne, liqel
-estoient aloiiet et ahers en la gerre avoecques le roi d'Engleterre, le
-sievoient et par l'ordenance et conmandement de Lois le Baivier, roi
-d'Alemagne et empereour de Ronme. Fo 60 vo.
-
-P. 27, l. 11: arroy.--_Ms. d'Amiens_: à touttes ses os de Haynnau, de
-Hollande, de Zellande. Fo 43.--_Ms. B 6_: Sy avoit en l'ost du dit
-conte plus de cent milles testes armées. Fo 149.
-
-P. 27, l. 13: à Nave.--_Ms. de Rome_: et s'en vint passer à Haspre, et
-vint à Nave et à Iwis. Fo 60 vo.
-
-P. 27, l. 19: Ligne.--_Mss. A 15 à 17_: Ligny. Fo 60.
-
-P. 27, l. 19: Barbençon.--_Mss. A 15 à 17_: Barbentoing. Fo 60.
-
-P. 27, l. 20: Lens.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: Leul, Lueul,
-Lueil. Fo 60.
-
-P. 27, l. 20: Bailleul.--_Ms. et Amiens_: li sires de Moriaumés. Fo 43.
-
-P. 27, l. 21: de Mons.--_Ms. d'Amiens_: li sires de Faignuelles,... li
-sires de Jeumont, li sires de Solre, li sires de Boussut,... li sires
-de Vendegies,... li sires d'Aubrecicourt, li sires de Berlaimont,... li
-sires de Pottes,... li sires de Ranpemont, li sires de Buillemont, li
-sires de Ville. Fo 43.
-
-P. 27, l. 21 et 22: li sires de Montegni.--_Ms. d'Amiens_: li sires de
-Montegni en Ostrevant,... li sires de Montegny Saint Chrestofle. Fo 43.
-
-P. 27, l. 22: Marbais.--_Mss. A 1 à 7, 11 à 14, 18 à 33_: Barbais. Fo
-60.
-
-P. 27, l. 27: Biauriu.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14_: Beaugeu. Fo 60.
-
-P. 27, l. 29 et 30: Guillaumes de Namur.--_Ms. de Rome_: Jehans de
-Namur. Fo 60 vo.
-
-P. 27, l. 32: de Braibant.--_Ms. de Rome_: Li dus de Braibant fu li
-darrain venans et amena bien siis cens lances. Fo 60 vo.
-
-P. 27, l. 32: six cens.--_Mss. A 11 à 14_: sept cens. Fo 58.
-
-P. 28, l. 1: Guerles.--_Ms. d'Amiens_: à quatre cens lanches. Fo
-43.--_Ms. de Rome_: à bien trois cens lances de Guerlois. Fo 60 vo.
-
-P. 28, l. 1: de Jullers.--_Ms. d'Amiens_: à trois cens lanches. Fo
-43.--_Ms. de Rome_: et li contes des Mons à bien cinq cens lances. Fo
-60 vo.--_Les marquis de Julliers, de Meissen et de Brandebourg ne sont
-dénommés que dans les mss. B._
-
-P. 28, l. 2: et d'Eurient.--_Ms. de Rome_: à deus cens lances. Fo 60
-vo.
-
-P. 28, l. 2: de Blankebourch.--_Ms. d'Amiens_: à deus cens lanches. Fo
-43.
-
-P. 28, l. 3: des Mons.--_Ms. d'Amiens_: li comtes des Mons et li comtes
-de Clèves à cent lanches. Fo 43.--_Ms. de Rome_: li contes de Jullers
-et li contes des Mons à bien cinq cens lances. Fo 60 vo.
-
-P. 28, l. 3: de Faukemont.--_Ms. d'Amiens_: à cinquante lanches. Fo
-43.--_Ms. de Rome_: à bien cent lances. Fo 60 vo.
-
-P. 28, l. 4: de Bakehen.--_Ms. de Rome_: à bien cent lances. Fo 60 vo.
-
-P. 28, l. 6 et 7: d'Escaut.--_Ms. de Rome_: entre Cambrai et Nave. Fo
-60 vo.
-
-
-=§ 110.= P. 28, l. 13: Nave et Yvuis.--_Ms. de Rome_: deus villages les
-plus proçains de Thun l'Evesque. Fo 61.
-
-P. 28, l. 20: douze.--_Ms. d'Amiens_: trois mille. Fo 43.
-
-P. 28, l. 29: si poissamment.--_Ms. de Rome_: En l'oost le conte de
-Hainnau avoit vingt chinq cens hiaumes. Et vinrent les communautés de
-Brousselles, de Louvain et de Malignes. Et vint Jaquemes d'Artevelle et
-amena de Flandres bien soissante mille honmes, et passèrent par
-Audenarde et par Renais et par Leuse et par Condet et par
-Valenchiennes. Et tout se logièrent devant l'oost le duc de Normendie.
-Et estoient en l'oost le conte de Hainnau plus de cent mille honmes. Fo
-61.
-
-P. 29, l. 2 et 3: delivret.--_Ms. d'Amiens_: Et encorres duroient lez
-trieuwes entre yaux et chiaux de l'ost de Franche. Si envoiièrent un
-hirault deviers le duc de Normendie, en lui priant que leurs hostaiges
-il pewissent ravoir, Jehan de Nordvich, un englès et Gillion de
-Biaurieu. Li dus, qui fu bien consilliéz, les renvoya, car il n'avoit
-nul cause dou tenir. Fo 43.
-
---_Ms. de Rome_: Or i ot manière à ravoir les quatre esquiers ostagiers
-que chil de Thun l'Evesque avoient delivré au duch de Normendie. Li
-contes de Hainnau, qui chiés estoit de toute cel hoost, qant il fu bien
-consilliés, envoia un hiraut deviers le duc de Normendie, qui li
-remoustra conment chil dou chastiel de Thun avoient bien tenu leur
-couvenance, et que dedens les quinse jours que mis i avoient, secours
-lor estoit venus, pour quoi ils voloient ravoir lors ostages. Et en
-oultre mandoit li contes de Hainnau, se li dus de Normendie et li
-François voloient avoir la bataille, il estoient tout apparilliet que
-pour le livrer et le faire. Li consauls dou duch de Normendie respondi
-à ce et dist que, des ostages renvoiier, il estoient consilliet que il
-les renvoieroient volentiers, car voirement il n'avoient nulle cause
-dou retenir; mais tant que d'acorder la bataille, il n'avoit pas mis
-encore son consel ensamble, et que il en aueroit avis de respondre. Li
-hiraus retourna sus ce et fist sa response. Li ostage furent renvoiiet,
-et demora li chastiaus de Thun l'Evesque ensi tous deschirés. Li
-Hainnuier n'en fissent compte, mais il tinrent à grant vaillance ce que
-Richars de Limosin et li enfant de Mauni l'avoient si bien tenu contre
-les François. Fo 61.
-
-P. 29, l. 3: le quatrime jour.--_Mss. A 11 à 14_: le sixième jour. Fo
-58 vo.
-
-P. 29, l. 15: dou chastiel.--_Ms. d'Amiens_: et au partir il boutèrent
-le feu en le tour dou castiel de Thun où si longhement il s'estoient
-tenut. Si vinrent messires Richiers de Limozin et li enfant de Mauny et
-li autre compaignon en le tente dou comte de Haynnau. Fo 43.
-
-
-=§ 111.= P. 30, l. 20: combatre.--_Ms. de Rome_: Et le faisoient li
-François tout volentiers pour faire le conte de Hainnau aleuer son
-argent, et li bouter en une grande debte encontre les Alemans qui ne
-sont pas trop legier à rapaisier. Fo 61.
-
-P. 30, l. 21: hastieux.--_Ms. d'Amiens_: mès s'il passoit l'Escault, il
-fust tous seurs qu'il seroit combatus. Fo 43 vo.
-
-P. 30, l. 31: sages.--_Ms. d'Amiens_: et si avoit li comtes sa fille.
-Fo 43 vo.
-
-P. 31, l. 32: faisoient.--_Ms. d'Amiens_: Et tout enssi comme en l'ost
-haynuier, on se demenoit par conssaux sus l'entente de combattre ou de
-non, ossi en l'ost de France on se consilloit et avisoit coumment et
-par honneur on se maintenroit. Bien disoient li pluiseur grant signeur
-de Franche que li dus gisoit là à se honneur, car il avoit chevauchiet
-en Haynnau, ars et essilliet le pays et courut devant lez fortrèches,
-et demouret ung jour tout entier devant le milleur ville de Haynnau et
-courut et ars jusquez as bailles, et puis assegiéz deux castiaux
-propisses à Haynnau et trop ennemis au royaume et à Cambresis, et ces
-deux castiaux pris et abatus. «Et encorres sont il devant leurs
-ennemis, qui pas ne leur veeroient à faire ung pont, se faire le
-volloient, fors tant que li Haynuier et li aloiiet sont maintenant trop
-plus fort et plus grant nombre de gens que li Franchoix. Si lez fet bon
-tenir en cel estat, car li comtes de Haynnau gist là à grant fret, et
-tellement s'endebtera deviers ces Allemans que jammès ne s'en vera
-quittes ne delivrés, à quoy qu'il mande ne qu'il se demainne. Se ne li
-acordéz nulle journée.» Enssi ou auques priès estoient li parlement de
-France, si comme j'oy recorder depuis deux grans barons de Franche qui
-y furent, monseigneur de Montmorensi et monseigneur de Saint Venant. Fo
-43 vo.
-
-
-=§ 112.= P. 32, l. 1: Haynau.--_Ms. d'Amiens_: liquelx li looit bien à
-combattre et venir passer l'Escault à Bouchain et une autre petitte
-rivierre qui descent d'amont, que on ne poet passer à gué, qui vient de
-Oizi en Cambresis et de Alues en Pailluel. Là falloit leur pourpos, car
-se il avoient passet l'Escaut à Bouchain, se leur couvenroit faire un
-pont sus ceste autre rivière. Fo 43 vo.
-
-P. 32, l. 10: trois jours.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14_: jour de respit. Fo
-61.
-
-P. 32, l. 15: troisime.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 17_: quatrième. Fo 61 vo.
-
-P. 32, l. 16: chevaliers.--_Ms. d'Amiens_: et fist armer deux
-chevaliers avoecq lui et trois escuiers. Et montèrent li chevalier sus
-courssiers, et li escuier sus bons ronchins. Fo 44.
-
-P. 32, l. 17 et 18: devant.--_Mss. A 11 à 14_: et un aultre chevalier
-qui portoit son pennon devant lui, montez sur bons coursiers. Fo 59.
-
-P. 32, l. 25: Haynau.--_Ms. d'Amiens_: par son tourniquiel et ung
-pignon qu'il faisoit porter de ses armes devant lui. Fo 44.
-
-
-=§ 113.= P. 34, l. 7: Edouwart.--_Ms. de Rome_: Li rois Edouwars
-d'Engleterre avoit, tout l'ivier et le temps, entendu à ses besongnes
-et priiet chevaliers et esquiers en son pais et quelliet, par priière
-et par ordenance de don que son peuple li avoit fait bon une aide moult
-grose, grant argent, car il esperoit que sus l'esté il feroit un grant
-fait; et sus cel estat, il estoit departis des Alemans. Et avoit li dis
-rois d'Engleterre fait ses pourveances moult grandes et moult groses
-sus la rivière de la Tamise en la chité de Londres; et là avoit fait
-son mandement et assamblé grant fuisson de nobles, chevaliers et
-esquiers et archiers.
-
-Qant tout fu prest, et la navie cargie, li rois d'Engleterre entra en
-son vassiel. Toutes ses gens entrèrent et montèrent, ensi que ordonné
-estoit, et se desancrèrent dou qai de Londres, et singlèrent aval la
-Tamise et vinrent de celle marée devant Gravesaindes; de la seconde
-marée, devant Mergate, et puis entrèrent en mer; et pooient estre
-environ siis vingt vassiaus, nefs, balengiers et passagiers, quatre
-mille honmes d'armes, chevaliers et esquiers et douse mille archiers.
-Et avoient li rois et ses gens la mer et le vent pour euls, et
-nagièrent à pooir viers la ville de l'Escluse en Flandres. Et ne
-savoient riens les Englois des Normans qui se tenoient devant l'Escluse
-bien quarante mille, et atendoient le retour et venue dou roi
-d'Engleterre. Bien sçavoient les Englois que les Normans esqumeurs
-estoient sus la mer, mès il ne les quidoient pas trouver à l'Escluse.
-Et tout che lor faisoit faire li rois de France qui lor voloit brisier
-lor voiage.
-
-Et estoient li Normant, parmi les Geneuois et Piqars, bien quarante
-mille honmes, desquels mesires Hues Qierès d'Amiennois, Barbevaire et
-Bahucès estoient chiés. Et avoient bien deux cens vassiaus parmi ceuls
-des pourveances, et avoient ensi que assis la ville de l'Escluse; et
-n'i pooit nuls entrer ne issir, fors par lor congiet. Or avint que, la
-vegille de la Saint Jehan Baptiste que on compta pour lors en l'an de
-grasce Nostre Signeur mille trois cens et quarante, li rois
-d'Engleterre et sa navie vinrent devant l'Escluse, c'est à entendre
-pour prendre port et terre priès de Blanqueberghe, à deus lieues de
-l'Escluse, et trouvèrent la navie des Normans. Des mas qui drecoient
-contre mont, ce sambloit uns grans bois. Qant li rois d'Engleterre et
-les Englois orent congnissance que li Normant estoient devant
-l'Escluse, et ne pooient prendre terre fors par lor dangier, si
-jettèrent lors ancres, et se tinrent tout quoi pour entendre à lors
-besongnes et ordonner lors batailles. Lors fist li rois d'Engleterre
-pluisseurs chevaliers nouviaus, car bien veirent generaument que
-combatre les couvenoit. Qant la mer fu revenue, il desancrèrent et
-ordonnèrent tous lors vassiaus; et missent les plus fors devant, et les
-armèrent et pourveirent d'archiers. Entre deus nefs d'archiers avoit
-une nef de gens d'armes. Fo 61.
-
-P. 34, l. 12: par mer.--_Ms. d'Amiens_: à bien quatre mille hommes
-d'armes et douze mille archiers. Fo 44.
-
-P. 34, l. 13: vaissiaus.--_Ms. B 6_: à tout quatre mille hommes d'armes
-et huit mille archiés. Fo 151.
-
-P. 34, l. 16: se tenoient.--_Ms. B 6_: devant l'Escluse, entre
-Blancqueberge et Quaisant. Fo 151.
-
-P. 34, l. 18: sept vingt.--_Ms. d'Amiens_: cent. Fo 44.--_Mss. A 1 à
-6_: six vingt. Fo 59.
-
-P. 34, l. 20: quarante mille.--_Ms. B 6_: Et estoient plus de quarante
-mille hommes, Gheneuois, Normans et Picars, tout escumeurs de mer. Fo
-151.
-
-P. 35, l. 5: vassiel.--_Ms. d'Amiens_: qui tant li avoit coustet au
-faire. Fo 44.
-
-P. 35, l. 20: temps.--_Ms. d'Amiens_: jà par le tierme de deus ans et
-plus. Fo 44.
-
-P. 35, l. 21: trois cens.--_Mss. A 11 à 14_: à quatre cens hommes
-d'armes et à huit cens archiers. Fo 60.
-
-
-=§ 114.= P. 35, l. 25: Quant.--_Ms. de Rome_: Qant tout furent ordonné,
-li vassiel le roi d'Engleterre aprochièrent. Che estoit biautés et
-grant plaisance au veoir ces banières et ces estramières armoiies des
-armes des signeurs. Et à ce que li Normant moustrèrent, il desiroient
-avoir la bataille as Englois. Car, si tretos que il les veirent
-aprochier, il avoient croisiet tous lors vassiaus, il traisent les
-ancres à mont, et laissièrent les voilles aler, et s'en vinrent tout de
-grant volenté sus la navie des Englois. Et ordonnèrent à aler tout
-devant _Cristofle_, le grant vassiel, lequel en celle meisme anée il
-avoient conquis sus les Englois. Qant Englois et Normans
-s'encontrèrent, il i ot grant hustin; et à l'entrer l'un dedens
-l'autre, il abaisièrent tous lors voilles.
-
-Ou grant vassiel de _Cristofle_ qui se remoustroit desus tous les
-aultres, avoit bien quatre cens geneuois arbalestriers, liquel
-conmenchièrent à traire moult roit et moult dur à l'aprocier. Li
-Englois recongneurent bien que c'estoit _Cristofle_, le vassiel qui
-avoit esté conquis sus euls. Si furent plus desirant dou reconquerre,
-et l'environnèrent de tous lés. Et conmenchièrent archier à traire de
-grant randon, et à aprochier ce vassiel _Cristofle_ et les Geneuois qui
-dedens estoient. Vous savés que archier de l'arc à main sont trop plus
-isniel que ne soient arbalestrier. Chil archier d'Engleterre, par
-ouniement traire fort et roit, ensonniièrent tellement ces Geneuois que
-il furent mestre et signeur de euls, et entrèrent dedens _Cristofle_ et
-le conquissent, et missent à mort et à bort tous les Geneuois que il i
-trouvèrent. En ce vassiel pooient bien mille honmes. Tantos il fu
-pourveus d'archiers et de gens d'armes, liquel portèrent grant
-contraire as aultres.
-
-Li rois d'Engleterre, li contes de Pennebruq, li contes de Houstidonne
-et leur bataille bien ordonnée et acompagnie de gens d'armes et
-d'archiers, avoient asamblé là où mesires Hues Quierès et Bahucès
-estoient, bien acompagniés aussi de Normans et de Geneuois. Et là fu la
-bataille très grande et très perilleuse; car chil Normant et chil
-Geneuois estoient tout esqumeur et coustumier de la mer, et trop bien
-en pooient la painne, car en tout lor vivant il n'avoient fait aultre
-cose que poursievir les aventures d'armes sus la mer. Aussi au voir
-dire, Englois sont bonnes gens de mer, car il en sont fait et nourri,
-et trop bien en pueent la painne. C'est trop dure bataille sus mer, et
-trop perilleuse, car il fault atendre l'aventure, ne on ne poet fuir.
-
-Ceste bataille dont je vous parole, fu durement bien combatue et
-longement dura; et conmença la nuit de la Saint Jehan Baptiste au
-matin, ensi que à huit heures; mais elle dura jusques à cinq heures
-apriès nonne, et que la mer fu ralée et revenue. Considerés se là, en
-ce terme et espasce, il n'i peurent pas avenir des grans fais d'armes:
-oil, car il estoient tout resvillié et ordonné à ce faire, tant li
-Englois conme li Normant. Fo 61 vo.
-
-P. 36, l. 12: devant.--_Ms. d'Amiens_: bien pourveu d'artillerie et
-d'arbalestriers. Fo 44 vo.
-
-P. 36, l. 13: dedens.--_Ms. d'Amiens_: ou plus parfont pour mieux
-combattre. Fo 44 vo.
-
-P. 36, l. 16: ennemis.--_Ms. d'Amiens_: mout fierement et moult
-asprement là traioient li arbalestrier normant et jeneuois très roit et
-très vigereusement, et li archier d'Engleterre ossi mout songneusement.
-Fo 44 vo.
-
-P. 36, l. 21: hardiement.--_Ms. d'Amiens_: et bien le couvenoit, car li
-Normant avoecques leurs ayewes estoient bien cinq contre ung, et tout
-dur et gent de mer. Fo 44 vo.
-
-P. 36, l. 26: combatre.--_Ms. d'Amiens_: Et entroient d'un vaissiel en
-aultre li plus legier et vigereux, et li plus batillèrent là. Se
-combatoient li aucun, main à main, as espies et as haches, as espois et
-as daghes, et luttoient et fesoient merveilles de belles appertises
-d'armes. Là crioient li Englès: «Saint Jorge! Giane!» et trop bien
-assalloient et deffendoient. Et li Normant crioient: «Franche!» et ossi
-trop bien se combatoient. Fo 44 vo.
-
-
-=§ 115.= P. 37, l. 5: horrible.--_Ms. de Rome_: Et ce qui donna très
-grant avantage as Englois, ce fu que ens ou conmencement de la
-bataille, il conquisent _Cristofle_ le grant vassiel; et qant il
-l'orent conquis, il le pourveirent d'archiers, et i en i entra plus de
-mille. Et chil archier avoient très grant avantage de traire au lonc
-et de ensonniier Normans, liquel n'estoient pas de si grant valleur as
-armes, ne de deffense conme estoient les gens d'armes d'Engleterre.
-
-Pour lors li rois d'Engleterre estoit en la flour de sa jonèce, et
-point ne s'espargnoit, mais s'aventuroit en la bataile aussi
-aventureusement conme nuls de ses chevaliers, et moustroit bien en
-faisant armes que la besongne estoit sienne. Li rois estoit en un
-vassiel moult fort et moult biel qui avoit esté fais, ouvrés et
-carpentés à Zandvich, et estoit armés et parés de banières et
-d'estramières très rices, ouvrées et armoiies des armes de France et
-d'Engleterre esquartelées; et sus le mast amont avoit une grande
-couronne d'argent dorée d'or, qui resplendisoit et flambioit contre le
-solel. D'encoste le roi estoient li contes Henri Derbi, son cousin
-germain, li contes de Norhantonne et li contes de Herfort, et avoit
-quatre chevaliers ses cambrelens, mesires Jehans Candos, mesire Richars
-La Vace, messire Richars de Pennebruge et mesire Richars Sturi, tout
-quatre honmes de grant vaillance. Les nefs estoient acroqies et
-atachies les unes as aultres, et ne se pooient departir. Et là avoit
-dure bataille, et dedens les nefs fait tamainte apertise d'armes.
-Finablement li Englois obtinrent la mer et la place. Et furent chil
-esqumeur normant, piqart, geneuois, bidau et prouvenciel desconfi; et
-trop petit s'en sauvèrent, car à la desconfiture il ne porent. Cause
-pourquoi, je le vous dirai.
-
-Les Englois en venant les avoient enclos entre euls et l'Escluse. Se ne
-pooient requler, fors sus lors ennemis, ne aler avant, ne rompre la
-navie d'Engleterre qui avoient propris tout le pasage de la mer. Chil
-et auqun, qui se quidièrent sauver pour venir à l'Escluse, furent mort
-davantage; car li Flamenc, qui avoient grant haine à euls, pour tant
-que toute la saison il avoient cuvriiet et heriiet le pasage à
-l'Escluse, et robé et pilliet sus la mer, et n'avoient eu cure à qui,
-les tuoient otant bien sus la terre que en la mer, et n'en avoient
-nulle pité. Et vinrent là, que de Bruges, que de Ardenbourc, que de
-Otebourch, de Blanqueberghe et dou Dam, à l'Escluse, plus de huit mille
-honmes qui rafresqirent grandement les Englois et parfissent la
-desconfiture des Normans. Barbevaire fu mors et jetés de son vassiel en
-la mer. Aussi mesires Hues Qirès ot la teste copée sus le bort de une
-nef et (fu) reversés en la mer. Bahucès fu pris en vie; et pour tant
-que il avoit esté tous jours fors lerres et robères sus la mer, li
-amirauls de la mer d'Engleterre le fist sachier amont à une polie et
-pendre à un mas et estrangler.
-
-P. 37, l. 15: nonne.--_Ms. d'Amiens_: Et dura la bataille de l'heure de
-primme jusquez à relevée. Et adonc vinrent grant gent de Flandres, car
-très le matin li bailliux de l'Escluze l'avoit fet segnefiier à Bruges
-et ès villes voisinnes. Si estoient les villes touttes esmutes et
-acourutes à piet et à cheval et par le Roe, cheminans qui mieux mieux
-pour aidier les Englès. Et s'asamblèrent à l'Escluse grant cantité de
-Flammens, et entrèrent en nefs et en barges et en grans vaissiaux
-espagnols, et s'en vinrent jusquez à le bataille tout fresk et tout
-nouviel, et grandement reconfortèrent les Englès. Fo 44 vo.
-
-P. 37, l. 24: Derbi.--_Ms. d'Amiens_: .... li evesques de Lincolle,...
-li comtes de Norhantonne,... li sires de le Ware, messires Loeys de
-Biaucamp, messires Guillaume Filz Warine, li sires de Basset,... li
-sires de Luzi, messires Guillaume de Windesore, messires Thummas de
-Hollandes, messires Richars de Pennebruge,... li sires de Ponchardon,
-messires Niel Lornich, messires Olivier de Clifort, messires Henris de
-Biaumont, messires Francques de le Halle, li sires de Ferières, li
-sires Despenssier.... Fo 44 vo.
-
-P. 38, l. 2: Brasseton.--_Mss. A 8 à 10_: Buisseton. Fo 58.--_Mss. A 23
-à 29_: Barsseton. Fo 72 vo.
-
-P. 38, l. 9: vassaument.--_Ms. d'Amiens_: avoecq l'ayde de leurs
-archiers. Fo 44 vo.
-
-P. 38, l. 9: secours.--_Ms. B 6_: A ceste desconfiture parfaire vinrent
-les Flamens du Francq de Bruges, de Noefport et du pays environ, qui
-grandement aydèrent le roy d'Engleterre et le rafresqirent en sa
-bataille: laquelle bataille fu l'an de grace Nostre Seigneur mil trois
-cens et quarante, le nuit Saint Jehan Baptiste. Fo 149.
-
-P. 38, l. 11: Et furent.--_Ms. B 6_: Et furent tout ces Normans et leur
-sexte desconfis, mors ou noiiés, et messires Hues Kierès et Bahucès
-leur patron mors et mis à bort. Sy se sauva Barbenaire, Marans et
-Mestriel; et entrèrent en une barge quant il virent le desconfiture.
-Che fu une moult belle journée pour le roy d'Engleterre, car il mist là
-à fin plus de quarante mille hommes qui tant avoient fait de mal sur la
-mer que sans nombre; ne il n'estoit nul marchans qui devant ceste
-bataille osast aler sur mer. Fo 149.
-
-P. 38, l. 13: noiiet.--_Ms. d'Amiens_: excepté Barbevaire et Maraut qui
-se sauvèrent. Car, quant il virent le desconfiture, il entrèrent en une
-barge et fissent tant par rivier qu'il yssirent de le bataille et
-eslongièrent les perilx qui moult grant y estoient entre leurs gens,
-car on n'en prendoit nul à merchit, mès les mettoit on tous à bort. Là
-furent mort messires Hues Kierès et messires Pierres Bahucès et bien
-quarante mille saudoiiers, normans, pikars, geneuois, bretons, bidaus
-et gens de touttes queilloites. Ceste bataille fu en l'an de grace
-Nostre Seigneur mil trois cens quarante, le jour devant le vegille
-Saint Jehan Baptiste. Fo 44 vo.
-
-P. 38, l. 14: mis à (mort).--_Mss. A 7 à 10, 15 à 17, 23 à 33_: mis à
-bort. Fo 58.--_Mss. A 1 à 6, 18 à 22_: perilz et noyés. Fo 63.--_Mss. A
-11 à 14_: mors et noyez et mis au bort. Fo 60 vo.
-
-P. 38, l. 19: resjoy.--_Ms. d'Amiens_: Adonc dist li dus de Braibant
-que ses pourpos estoit averis et que une autre foix il fuist mieux
-creux et que ses cousins li rois englès, puisqu'il estoit dechà le mer,
-lez ensonnieroit temprement, et que bon seroit de l'aller vers lui,
-ensi que on li avoit juret et proummis. Là eurent li seigneur qui
-avoecq le comte de Haynnau estoient, conseil et advis que d'iaux
-deslogier le matin et de donner touttes mannierres de gens congiet
-jusques adonc qu'il seroient semons et mandet de par yaux ou nom dou
-roy englès, et que tout li cief des grans seigneurs qui là estoient, se
-retraissent deviers le roy d'Engleterre qui s'en venoit à Gand. Donc fu
-criiet et nonchiet en l'ost que chacuns devant soleil levant se
-deslogast. Ossi fu il enssi en l'ost le roy de France, car environ
-mienuit li roys oy lez nouvelles que sen armée sour mer estoit toutte
-perdue et desconfite, et que nuls de vaille n'en estoit escappés, et
-estoit li roys englès à grant effort venus par dechà le mer. De ces
-nouvelles fu li roys de Franche moult courouchiés, car il avoit eu
-grant fianche en ces Geneuois et Normans que par yaus fuist li rois
-englès desconfis sus mer et ses voiaiges rompus. De quoy pour le
-mautalent il ordonna le matin à deslogier et à retraire vers Arras et
-illoecq environ. Enssi furent departies ces deux os que vous m'oés
-recorder, de devant Thun, et requeillèrent tentes et pavillons et
-misent à charoy. Et revint li comtes de Haynnau à Vallenchiennes et là
-amena le duc de Braibant, le duc de Gerlles, le comte de Jullers, son
-serourge, le comte de Namur, le marquis de Blancquebourch, monseigneur
-Jehan de Haynnau son oncle, le marquis de Misse, le seigneur de
-Fauquemont, Jaquemon d'Artevelle, et lez festia et honnoura au mieux
-qu'il peult. Et cil dessus dit fissent leurs gens tout bellement
-retraire et raller en leurs lieux. Et ossi li roys de Franche se
-desloga ceste meysme matinée et s'en vint à Arras, et ducs et comtes
-avoecq lui, et ne donna nullui congiet, car il penssoit bien qu'il en
-aroit temprement affaire. Or revenrons au roy d'Engleterre et coumment
-il se ordonna apriès le bataille qu'il eult entre Blancqueberghe et
-l'Escluze. Fos 44 vo et 45.
-
-
-=§ 116.= P. 38, l. 26: nakaires.--_Mss. A 11 à 14_: tabours, cornez et
-de toutes manières d'instrumens, telement que on n'i ouist pas Dieu
-tonnant. Fo 61.
-
-P. 38, l. 27: menestrandies.--_Ms. de Rome_: Et amenoit li rois
-d'Engleterre en sa compagnie bien trois cens prestres, les quels il
-avoit mis hors d'Engleterre, pour celebrer et faire l'office de Dieu en
-Flandres. Car papes Clemens V[I], resgnans pour ce temps, à la requeste
-et ordenance dou roi de France, avoit jetté une sentense
-d'esqumenication par toutes les parties de Flandres. Et n'estoit nuls
-prestres flamens, sus estre encourus en sentense esqumenicative, qui
-osast canter ne faire le divin office, ou estre privés de son
-benefisce, se il le tenoit. Et pour che, à la requeste et priière dou
-pais, avoit li rois d'Engleterre amené tant de prestres, et pour faire
-canter en Flandres. Fo 62.
-
-P. 39, l. 5: à l'endemain.--_Ms. B 6_: Au tierch jour. Fo 150.
-
-P. 39, l. 10: sus le soir.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: la nuit.
-Fo 63.
-
-P. 39, l. 13: part.--_Ms. d'Amiens_: et lez dammes ossi qui estoient
-venues veoir et apassées le mer pour l'amour de le roynne d'Engleterre
-qui estoit moult enchainte, et assés tost apriès ajut d'un biau fil,
-qui eut à nom Jehans contre le duc Jehan de Braibant qui le tint as
-fons. Et fu puis duc de Lancastre de par sa femme ma damme Blanche,
-fille au duch Henri de Lancastre. Fo 45.
-
-P. 40, l. 4: li signeur.--_Ms. d'Amiens_: li dus de Braibant, li comtes
-de Haynnau, li dus de Guerlles, li comtes de Jullers, Jaquemes
-d'Artevelle, qui estoit tous sires et souverains des Flammens. Fo 45.
-
-P. 40, l. 7: le sizime jour.--_Mss. A 1 à 7_: le huitième jour. Fo 63.
-
-P. 40, l. 18: lieu.--_Ms. d'Amiens_: Et li comtes de Haynnau et
-messires de Biaumont, ses oncles, demeurèrent dalés le roy et le roynne
-à Gand. Fo 45.
-
-
-=§ 117.= P. 40, l. 24: Quant.--_Ms. de Rome_: Le jour Saint Jehan au
-matin, furent ces nouvelles sceues et publiies devant Thun l'Evesque,
-tant en l'oost dou conte de Hainnau conme dou duch de Normendie. Par
-aparant li François ne fissent point trop grant compte de ces Normans,
-et dissent li auqun: «On n'a riens perdu, se chil esqumeur de mer sont
-mort et peri. Il n'estoient que larron: il ne laisoient point de
-poisson venir par de deçà, nous n'en poions point avoir pour euls. Li
-rois de France a à lor mort gaegniet deux cens mille florins. On lor
-devoit lors gages de quatre mois, et si en est la mer delivrée.» Ensi,
-ne aultrement ne les plaindoient moult d'onmes en l'oost le roi de
-France et le duch de Normendie. Et li auqun disoient: «Puisque li rois
-d'Engleterre a eu celle première aventure de desconfire les Normans et
-les Geneuois, et que les victores le conmencent à agratiier, il en
-auera encores des aultres.» Et bien le dist li rois Robers de Cecille,
-de Naples et de Jherusalem, que li senglers de Windesore ficeroit
-encores ses dens moult parfont ens ès portes de Paris; et chils
-Edouwars est li senglers de Windesore, ensi que dient les prophesies de
-Merlin selonch le livre de Bructus.
-
-Le jour Saint Jehan Baptiste, en l'an de grasce desus dit, et sus le
-point de neuf heures, issi li rois d'Engleterre de la navie qui estoit
-à l'ancre devant l'Escluse, et li signeur d'Engleterre aussi; et
-vinrent en la ville de l'Escluse, et là furent recheu à grant joie. Et
-but et manga li rois un petit, et puis tout de piet il vint à
-Ardenbourc veoir le ymage de Nostre Dame, en cause de devotion, et là
-fu tout le jour. Et là le vinrent veoir li bourgois de Bruges qui lui
-recordèrent des besongnes de Flandres, et conment Jaquemes d'Artevelle,
-ses grans amis, estoit avoecques le conte de Hainnau et le duch de
-Braibant et les Alemans, à bien soisante mille Flamens, à l'encontre
-dou duch de Normendie logiés, et couroit renonmée que il i aueroit
-bataille. Ces paroles entendi li rois d'Engleterre volentiers, pour
-tant que d'Artevelle estoit si bien en la grasce des Flamens que il les
-menoit où il voloit. Si mist tantos li dis rois clers en oeuvre et
-messagiers, et escripsi au conte de Hainnau et à ces signeurs le duch
-de Braibant, le duch de Guerles, le conte de Jullers et tous les
-aultres, son estat et la manière de l'estat et victore que il avoit eu
-sus mer à l'encontre des Normans. Et qant il ot fait ce pour quoi il
-estoit venus à Nostre Dame d'Ardenbourch, ils et auquns signeurs
-montèrent sus chevaus que on lor amena de Bruges, et cevauchièrent et
-vinrent à Gant, et trouvèrent madame la roine Phelippe, qui
-nouvellement estoit relevée d'un biau fil, liquels avait à non Jehans,
-contre le duch Jehan de Braibant, et puis fu dus de Lancastre.
-
-Li rois et la roine qui estoit logie l'abeie de Saint Pière se
-conjoirent, ce fu raisons, ensi que gens qui s'entramoient grandement.
-Si se tint là li rois et s'i rafresqi. Et aussi fissent li signeur
-d'Engleterre et lors gens, et s'espardirent petit à petit parmi le pais
-de Flandres, ens ès bonnes villes et aillours, et estoient par tout
-conjoi et requelliet liement, car il paioient bien tout ce que il
-prendoient.
-
-Qant li signeur d'Alemagne, qui gisoient devant Thun l'Evesque, furent
-segnefiiet dou roi d'Engleterre que il estoit à Gant, et que là les
-atendoit, si en furent grandement resjoy, et orent là consel l'un par
-l'autre que il se deslogeroient et iroient veoir le roi à Gant. Si se
-deslogièrent et se departirent premierement tantos les communautés de
-Flandres, de Hainnau et de Braibant, et retournèrent en lors villes.
-Ensi se desrompi ceste grande assamblée. Et li dus de Normendie se
-retraist en Cambrai, et donna grant fuisson de ses gens d'armes
-congiet, et les envoia par garnisons, et par especial en Lille, en
-Douai et en Tournai, sus les frontières de Flandres. Et pour ce que
-renonmée couroit que li rois d'Engleterre et li aloiiet venroient
-mettre le siège devant la chité de Tournai, on i envoia le conte de
-Fois et le conte de Conminges, le visconte de Bruninqiel, le visconte
-de Talar, le visconte de Villemur et le visconte de Nerbonne, à bien
-cinq cens armeures de fier, de Bidaus et de Foisois. Et encores furent
-envoiiet en Mortagne, seans sus l'Escaut, li sires de Biaujeu à tout
-grant fuisson de Bourgignons et de Biaujolois. En la ville de Saint
-Amant en Peule furent envoiiet biaucop de Bidaus à dardes et à pavais,
-des quels mesires Pières de Carchasonne, uns moult jentils cevaliers,
-estoit capitaine. Toutes les garnisons françoises de là environ furent
-pourveues de ce que il lor besongnoit, pour atendre l'aventure et
-passer la saison. Et se tint li dus de Normandie à Cambrai un lonch
-temps, et li rois de France se tenoit à Pieronne en Vermendois, et
-donnoient saudées à tous geneuois et prouvenchiaus arbalestriers; et
-qant il estoient paiiet pour trois mois, on les envoioit oultre sus les
-pas(s)ages et frontières, là où on supposoit que il besongnoient.
-
-Qant li contes de Hainnau et li baron d'Alemagne et li dus de Braibant
-se departirent de l'oost de devant Thun l'Evesque, il se traissent à ce
-retour à Valenchiennes, et tout dis Jaquemart d'Artevelle en lor
-compagnie, ne on ne faisoit riens sans lui, pour tant que toute
-Flandres estoit en son obeissance, et tenoit un estat aussi estofé
-conme li dus de Gerles, et plus grant. Et par especial li contes de
-Hainnau et li dus de Braibant le tenoient grandement à amour, pour tant
-que lor pais marcissent à Flandres: si en pooient estre aidié dou jour
-à l'endemain. Li contes de Hainnau et la contesse sa fenme requelli ces
-signeurs en Valenchiennes moult grandement, et lor fist des biaus
-disners et soupers, cinq jours que il i furent. Et là preeca li dis
-d'Artevelle enmi le marchiet, et estoit montés en la hale des signeurs,
-là où ou anonce les bans, et fu volentiers oïs, car il avoit grant sens
-et bielle parleure. Et remoustra quel droit li rois d'Engleterre avoit
-au calenge de la couronne de France, et ausi quèle poissance li troi
-pais avoient, Flandres, Hainnaus et Braibant, qant il estoient conjoint
-ensamble et d'un acord et aliance. Chils Jaquemes d'Artevelle parla si
-proprement à la plaisance dou peuple, qui là estoit asamblés pour oïr
-ce que il voloit dire, que, qant il conclut son sermon, une vois
-generaus et murmurations se eslevèrent en disant: «d'Artevelle a bien
-parlé et par grande experiense, et est dignes de gouvrener et excerser
-le pais de Flandres.»
-
-Apriès toutes ces coses faites et dittes, li signeur, liquel estoient à
-Valenchiennes, prissent congiet l'un à l'aultre, et eurent ordenance de
-estre dedens siis jours apriès à Gant deviers le roi d'Engleterre, et i
-furent. Et les rechut li rois d'Engleterre et la roine liement et
-doucement, et là parlementèrent ensamble. Et fu là acordé que li rois
-d'Engleterre venroit à Villevort, où autrefois avoit esté, et là
-seroient li signeur tout chil qui presentement estoient à Gant, et
-pluisseur aultre qui point n'estoient là. Donc se departirent dou roi
-d'Engleterre et s'en retournèrent li dus de Braibant en son pais, et li
-contes de Hainnau à Valenchiennes où la contesse sa fenme se tenoit.
-Mais li signeur d'Alemagne demorèrent à Brouselles et à Malignes et à
-Louvaing, pour estre plus apparilliet au jour de ce parlement; et li
-dis Renauls de Gerles, serouges au roi d'Engleterre, demora à Gant, et
-vint à Villevort avoecques le dit roi. Fos 62 vo et 63.
-
-P. 41, l. 3: car.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 20 à 22_: il s'en doubtoit
-plus que d'autres (_Mss. A 11 à 14_: d'autre ville qu'il eust) pour
-cause des Flamens. Fo 63 vo.
-
-P. 41, l. 5: Biaugeu.--_Mss. A 11 à 14_: le sires de la Baume. Fo 61
-vo.--_Mss. A 2 à 6_: le sire de Wauvrins. Fo 63 vo.--_Mss. A 1, 18 à
-23_: Beaurieu.
-
-P. 41, l. 17: guerre.--_Mss. A 11 à 14_: pour obvier à l'effusion de
-sang et à la grant destruction du peuple et de l'Eglise qui s'en
-povoient ensuir. Fo 61 vo.
-
-
-=§ 118.= P. 42, l. 5: oncles.--_Ms. d'Amiens_: et leurs conssaux, li
-ducs.... Fo 45.
-
-P. 42, l. 7: des Mons.--_Mss. A 11 à 14_: de Vaudemont. Fo 62.
-
-P. 42, l. 8: Faukemont.--_Ms. d Amiens_: .... li comtes de Los. Fo 45.
-
-P. 42, l. 9: d'Artevelle.--_Ms. de Rome_: conme souverains de Flandres.
-Fo 63 vo.
-
-P. 42, l. 12: deus ou quatre.--_Mss. A 8 à 10_: trois ou quatre. Fo 58
-vo.--_Mss. A 11 à 14_: deus ou trois vaillans bourgois. Fo 62.
-
-P. 42, l. 27: seelet.--_Ms. de Rome_: sus painne de encourir en
-contredit de Ronme et sentense d'Empereur. Fo 63 vo.
-
-P. 42, l. 30: monnoie.--_Ms. d'Amiens_: une monnoie sannable d'un
-quind, d'un poix et d'une forge. Fo 45.
-
-P. 43, l. 5: Tournay.--_Ms. d'Amiens_: car s'il avoient Tournai à leur
-volloir, il iroient par toutte Franche jusquez à Compiègne et jusques à
-Coisi à leur vollenté. Et li Flammencq assiegeroient legierement Lille
-et Douay et prenderoient toudis leurs pourveanches à Tournay, que nulz
-ne leur poroit destourner. Fo 45.
-
-P. 43, l. 13: estat.--_Ms. de Rome_: Et li rois d'Engleterre et
-Jaquemes d'Artevelle retournèrent à Gant. Trois jours apriès la revenue
-dou roi d'Engleterre à Gant, s'acouça la fenme de ce d'Artevelle d'un
-fil, et ot nom Phelippes contre la (roine) d'Engleterre, et le tinrent
-à fons li rois d'Engleterre et la roine. Chils enfes, nonmés
-Phelippes, fu depuis moult sages et bacelereus, et obtint tout le pais
-de Flandres à l'encontre dou conte et des signeurs et dou roi de
-France, ensi que vous orés recorder avant en l'istore. Fo 63 vo.
-
-
-=§ 119.= P. 43, l. 14: Phelippes.--_Ms. de Rome_: qui se tenoit à
-Pieronne en Vermendois et estoit tenus ou là environ, depuis que son
-fil le duc de Normendie avoit fait sa cevauchie ens ou pais de Hainnau.
-Fo 63 vo.
-
-P. 43, l. 25: de Poitiers.--_Mss. A 11 à 14_: Aimemon de Pommiers. Fo
-62 vo.
-
-P. 43, l. 28: de Kaieus.--_Ms. d'Amiens_: .... monseigneur Godemar dou
-Fay, le seigneur de Rainneval,... le seigneur de Merlo, monseigneur
-d'Aufemont, monseigneur de Saint Venant, tout grant baron. Fo 45
-vo.--_Le ms. B 6 ajoute_: le seigneur de Bresekes. Fo 154.
-
-P. 43, l. 28: senescal.--_Mss. A 11 à 14_: mareschal. Fo 62 vo.
-
-P. 43, l. 28: Poito.--_Ms. A 1_: Pontieu. Fo 61 vo.
-
-P. 44, l. 9: regardèrent.--_Ms. B 6_: .... as portes, as murs, as
-barbakennes, as bailles et à tout che que necessité leur estoit en la
-ville. Fo 154.
-
-P. 44, l. 10: artillerie.--_Ms. d'Amiens_: et as enghiens, as kanons et
-as espringalles, et les missent bien à point. Et regardèrent as
-pourveanches de le ville, comment elle estoit avitaillie. Si fissent
-wuidier grant fuisson de menues gens qui n'estoient mies bien pourveu,
-et y fissent venir vins, bléz, avoines et grant fuisson de char, tant
-que la chité fu en point et en estat pour li tenir ung grant temps. Fo
-45 vo.
-
-P. 44, l. 11: besongnoit.--_Ms. B 6_: Et cheux qui bien n'estoient
-pourveu pour atendre le siège, il les firent partir. Fo 155.
-
-
-=§ 120.= P. 44, l. 18: li termes.--_Ms. B 6_: Quant le jour de la
-Madelaine fut venus et que les blés estoient par les camps assés bons
-pour les chevaulx et les avainnes. Fo 155.
-
-P. 44, l. 21: meurir.--_Ms. de Rome_: Li bleds et les avainnes as camps
-commençoient à meurer, et li fain estoient fené et les auquns à fener,
-et c'est li temps que les gens d'armes demandent pour euls et pour lors
-cevaus. Fo 63 vo.
-
-P. 44, l. 21: englès.--_Ms. de Rome_: volt moustrer meute pour
-esmouvoir tous les aultres, et avoit requelliet tous les Englois qui
-espars estoient en Flandres, en Hainnau et en Braibant, et se departi
-de Gant. Fo 63 vo.
-
-P. 44, l. 22: sept.--_Ms. de Rome_: huit. Fo 63 vo.
-
-P. 44, l. 23: deus.--_Édit. de Verard et de D. Sauvage_: huit. _Edit.
-de Lyon_, 1559, p. 69.
-
-P. 44, l. 23: deus cens.--_Ms. de Rome_: quatre cens. Fo 63 vo.
-
-P. 44, l. 24: chevaliers.--_Ms. de Rome_: En ces quatre cens chevaliers
-estoient vint et wit banerès, tous grans signeurs, et les contes
-doubles banerès, et menoient casquns de ces signeurs grant arroi. Et
-estoit mesires Robers d'Artois ou nombre de ces contes, car on le
-nonmoit le conte de Ricemont; et pooit celle terre de Ricemont valoir
-en revenue par an environ siis mille florins. Et li avoit li rois
-donnée pour tenir son estat, car conment que messires Robers d'Artois
-fust banis et escachiés de France, ensi que ichi desus est dit, il
-estoit li uns des plus nobles de sanc et des gentils honmes des
-Crestiiens, et issus de la droite generation dou roi saint Lois. Fo 63
-vo.
-
-P. 44, l. 24: quatre mille.--_Ms. B 6_: six mille. Fo 155.
-
-P. 44, l. 25: neuf mille.--_Ms. de Rome_: douse mille. Fo 63 vo.--_Ms.
-B 6_: dix mille archiés et otant de Galois. Fo 155.
-
-P. 44, l. 25: pietaille.--_Mss. A 11 à 14_: sanz les petaulx, tuffes et
-guieliers. Fo 62 vo.
-
-P. 45, l. 2: vingt mille.--_Ms. A 3_: dix mille.--_Ms. de Rome_: sans
-chevaliers et esquiers, dont il ot plus de quatre cens. Fo 63 vo--_Ms.
-B 6_: à tout quatre mille hommes, que chevaliers, que escuiiers, et
-trente mille communiers. Fo 156.
-
-P. 45, l. 5: terre.--_Ms. d'Amiens_: car là estoient de son pays tout
-li gentils hommes et chil dez bonnes villes de Brouxelles, de Louvaing,
-de Malines, d'Anwiers et de touttes les aultres. Fo 45 vo.
-
-P. 45, l. 6: pont à Ries.--_Mss. A 11 à 14_: pont de mer. Fo 62 vo.
-
-P. 45, l. 7: le Pire.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14_: les prés de la porte
-Valenciennoise. Fos 64 vo et 65.--_Mss. A 7, 18 à 33_: les prés et la
-porte Valenciennoise. Fo 59 vo.--_Mss. A 8 à 10, 15 à 17, B 3_:
-l'Empire et la porte Valenciennoise. Fo 59.
-
-P. 45, l. 9: Haynau.--_Ms. B 6_: En après vint le conte de Haynau, le
-conte de Namur en sa compaignie, monseigneur Jehan de Haynau son
-oncle, le seigneur d'Engien, le seigneur de Havrech, le seigneur de
-Lingne, de Lens, le seigneur de Brabenchon, le senescal de Haynau, le
-seigneur d'Antoing. Et avoit bien le dit conte deux mil lanches, tant
-de Haynau comme de Hollande, et vingt mil Hollandois. Sy se loga le dit
-conte au lés devers Explechin. Fo 155.
-
-P. 45, l. 11 et 12: signeur.--_Ms. d'Amiens_: Et li roys d'Engleterre
-et toutte sa gent estoient deviers le porte Saint Martin, sus le chemin
-de Lille. Fo 45 vo.
-
-P. 45, l. 14: soissante mille.--_Edit. de D. Sauvage_: quarante mille.
-Lyon, 1559, p. 69.
-
-P. 45, l. 21: aise.--_Ms. de Rome_: et chariier sans peril; et aussi li
-Braibençon, liquel estoient logiet sus le Piré, ensi que li Escaus
-entre en la chité de Tournai, avoient parellement fait un tel pont. Fo
-64.
-
-P. 45, l. 23: des Mons.--_Mss. A 11 à 14_: de Vaudemont. Fo 63.
-
-P. 45, l. 24: Bakehen.--_Mss. d'Amiens et de Rome_: ... messires
-Guillaumes de Duvort. Fo 45 vo.
-
-P. 45, l. 25: devers.--_Ms. de Rome_: les Marvis, au lés deviers
-Hainnau; et comprendoient lors logeis jusques à la porte de Sainte
-Fontainne. Fo 64.
-
-P. 45, l. 28: Tournay.--_Ms. de Rome_: qui est de grant cirquité. Fo
-64.
-
-P. 45, l. 30: fust.--_Ms. de Rome_: Li contes de Namur s'estoit esqusés
-deviers le conte de Hainnau, de qui il relieuve sa terre et l'en doit
-service, pour tant que il n'estoit pas chiés de la besongne, mais li
-rois d'Engleterre; et ne se voloit pas armer li dis contes contre le
-roiaulme de France. Fo 64.
-
-P. 45, l. 32: fust.--_Ms. B 6_: Et les nombra on, et estoient bien deux
-cens milles hommes. Et estoient logiet par telle manière que nul n'en
-povoit entrer ne yssir en la ville qu'il ne fust veus. Et avoient ceulx
-de Tournay, pour eulx mieulx forteffier, enterret sept de leur portes.
-Fo 156.
-
-
-=§ 121.= P. 46, l. 5: yawe.--_Ms. d'Amiens_: par le rivierre d'Escault.
-Fo 45 vo.--_Ms. de Rome_: car il lor venoient de Flandres, de Hainnau
-et de Braibant. Fo 64.
-
-P. 46, l. 8: mention.--_Ms. de Rome_: Et plus en fissent li Hainnuiier
-que nuls des aultres. Fo 64.
-
-P. 46, l. 9: Haynau.--_Ms. B 6_: Le conte de Haynau.... ardy en poudre
-la ville d'Orchies et plus de quarante villaiges ens ou pais. Et assaly
-Saint Amant et de forche le prist; et furent tous mors cheulx qui
-dedens estoient, et le senescal de Carcasone ossy qui cappitaine en
-estoit, et ly abeie ars(e) et destruite. Et depuis revint le dit conte
-devant le castiel de Mortaigne et le fist assaillir de deux costés par
-trois jours. Mais le sire de Beaugeu, qui dedens estoit avoecques
-foison de bonne gens d'armes, le garda et deffendy sy bien que point de
-damaige il n'y eult ne cheulx de le fortrèche. Fo 157.
-
-P. 46, l. 9 et 10: entreprendans.--_Ms. de Rome_: et messires Jehans de
-Hainnau, son oncle, avoient si fort encargiet ceste guerre, et pris en
-si grant desplaisance et despit la cevauchie que li dus de Normendie
-avoit fait en Hainnau, que il ne le pooient ne voloient oubliier. Fo
-64.
-
-P. 46, l. 13: se parti.--_Ms. de Rome_: li dis contes et ses oncles. Fo
-64.
-
-P. 46, l. 15: Lille.--_Ms. de Rome_: et vinrent ardoir Habourdins et
-Seclin, Ronchins et tous les villages de là environ, et la ville et
-abbeie de Chisoing et Baissi et tous le pais jusques au pont à Raisse à
-une lieue de Douai, et puis s'en retournèrent viers Landas et viers
-Orchies et les ardirent. Fo 64.
-
-P. 46, l. 24 et 25: contour.--_Ms. d'Amiens_: en le Peule, et le ville
-de Marchiennes ossi et tout le pays costiant le rivière de Scarp
-jusquez au castiau de Rieulay qui se tient de Haynnau. Et coururent si
-coureur bien priès de Douay. Fo 45 vo.
-
-P. 46, l. 27: Flamench.--_Ms. de Rome_: qui estoient logiet à la porte
-Sainte Fontainne. Fo 64.
-
-P. 47, l. 7: chevalier.--_Ms. d'Amiens_: Et vous di que li bon
-chevalier que li roys de Franche y avoit envoiiéz, leur fisent grant
-confort, et tint Tournay en honneur. Et fissent li Flammencq, entre les
-autres assaux, un assaut très fort et très mervilleus et par especial
-sour le rivierre d'Escault, et avoient nefs armées et grant fuisson de
-bonnes gens dedens. Et aprochièrent ces nefs jusques à le barbakanne de
-le porte couleiche de l'arche sus l'Escault, et volloient par là entrer
-en le ville et hantoient Flamencq de haces, de pils et d'autres
-instrummens ordonnés et aprestés pour rompre. Là estoient as gharittes
-d'amont li comtes de Foix et si frère, messires Robiers Bertrans,
-marescaux de France, messires Joffroys de Carni, li sires de Kaieus, et
-servoient chiaux d'aval tellement qu'il n'y avoit si hardit qui ne
-resongnaist. Encorres estoient dez barons de Franche en nefs sur
-l'Eskault par dedens le ville, li senescaux de Poitau, messires Gerars
-de Montfaucon, messires Mahieux de Trie, messires Godemars dou Fay, et
-estoient à l'encontre des assallans et se deffendoient vaillamment. Fo
-46.
-
-P. 47, l. 9: appareilliés.--_Ms. de Rome_: et avoient en ces nefs
-arbalestriers qui traioient à ceuls de dedens, les quels il convenoit
-estre bien pavesciés, ou il euissent trop grandement perdu. Fo 64.
-
-P. 47, l. 13: six vingt.--_Mss. A 11 à 14_: huit vingt. Fo 63 vo.
-
-
-=§ 122.= P. 47, l. 15: Le siège.--_Ms. de Rome_: Le siège estant devant
-Tournai, issirent hors de Saint Amant li saudoiier qui là estoient, et
-vinrent à Hanon à une petite lieue de là, et passèrent les bos. Si
-ardirent la ville et violèrent l'abeie, et le destruisirent et le
-moustier aussi, et enportèrent et menèrent tout ce que de bon il i
-trouvèrent; mais en devant ce, li abbes de Hanon et li monne avoient
-amené lor fiètre et lors jeuiauls et les reliques à sauveté en la ville
-de Valenchiennes.
-
-Qant li saudoiier de Saint Amant orent ce fait, il s'avalèrent parmi
-les bois que on dist de Rainmes, et vinrent à l'abeie de Vicongue, et
-ardirent l'ostel dou Pourcelet, et abatirent le conduit de une
-fontainne qui là estoit, et vinrent à la porte de l'abeie de Vicongne,
-et le conmenchièrent à asallir. Pour ces jours, il i avoit un abbet,
-mout vaillant honme, qui se nonmoit Godefroi. Qant il considera le
-peril de ces bidaus, il fist monter un varlet à ceval, et se parti de
-l'abeie par derrière, et vint au ferir des esporons à Valenchiennes et
-au sequours.
-
-Pour ces jours, estoit prevos de Valenchiennes uns moult vaillans homs
-qui se nonmoit Jehans de Baisci, qui entendi as requestes que dans
-abbes de Vicongne faisoit, car moult l'amoit et l'abeie aussi. Si
-ordonna tantos arbalestriers et honmes bien cinq cens à partir et à
-aler à Vicongne, pour aidier à l'abeie. Chil qui furent esleu se
-departirent tantos, et prissent le cemin de Rainmes. Et bien lor
-besongna que il se delivrassent dou venir au seqours pour l'abeie, car
-li saudoiier de Saint Amant avoient fait un gran feu devant la porte de
-l'abeie, pour le ardoir et entrer dedens; mais li abbes desus nonmés,
-qui bien se doubtoit de tout ce, avoit fait armer et vestir la porte
-de quirs de vaces à tout le poil, par quoi li feus ne se peuist
-legierement prendre, ne atachier à la porte.
-
-De ces bidaus qui là estoient venu, en i avoit auquns qui en estoient
-alé et parti de lor compagnons pour pillier à Rainmes. Chil de la ville
-de Rainmes avoient relevé les fossés à deus costés deviers le bois, et
-fait à deffense unes grandes bailles; et là ot grande escarmuce, et
-tant que li arbalestrier de Valenchiennes aprocièrent. Chil bidau les
-veirent venir sus la caucie et lor banière tout devant; et avoec ce il
-oïrent dire ces gens de Rainmes qui là se deffendoient et
-escarmuçoient: «Veci seqours qui nous vient; vechi les Valenciennois.»
-Ces paroles oïes et les arbalestriers veus, chil bidau se missent
-tantos au retour, et entrèrent ens ès bos de Saint Amant, et se
-sauvèrent, et retournèrent en la ville.
-
-Et li Valenchiennois vinrent jusques à Vicongne, et estindirent le feu
-qui estoit devant la porte. Li abbes Godefrois les remercia grandement
-de ce seqours, et fist tourner un tonniel de vin sus le fons et lor
-fist boire, et puis retournèrent à Vallenchiennes. Et li abbes de
-Vicongne fist tantos coper les bos tout autour de son abbeie et devant
-aussi, par quoi on ne peuist chevauchier ne venir aisiement jusques à
-là. Fo 64.
-
-P. 48, l. 5: lui.--_Ms. d'Amiens_: environ quarante arbalestriers et
-otant d'archiers à main. Fo 46.
-
-P. 48, l. 5: Raimes.--_Ms. d'Amiens_: en ce petit bos qui regarde sus
-le voie de le cauchie dou Pourcelet, liquelle chauchée estoit adonc
-toutte semée de Franchois qui Vicongne volloient destruire. Fo 46.
-
-P. 48, l. 10: bos.--_Ms. d'Amiens_: et à chiaux qui les traioient ne
-pooient avenir, car il y avoit grandes rouillies et fort bos entr'iaux.
-Fo 46.
-
-P. 48, l. 11: retour.--_Ms. d'Amiens_: car il se doubtèrent qu'il n'y
-ewist plus de gens qu'il n'y avoit. Fo 46.
-
-P. 48, l. 12: mieulz.--_Ms. d'Amiens_: Et li arbalestriers de
-Vallenchiennes, tout costiant lez bos, les reboutèrent si avant qu'il
-en delivrèrent le chauchie. Et fu li abbeie deffendue, et li feulx
-estains, qui devant le porte estoit. Et fist chils abbes copper grant
-fuisson de bos par derierre, affin que on ne les pewist approchier; et
-par devant, où point de bos n'avoit, il fist faire grans fossés et
-parfons et larges. Fo 46.
-
-P. 48, l. 13 et 14: Gascongne.--_Ms. d'Amiens_: Si comme je vous
-recorde, che siège durant devant Tournay, avinrent pluisseurs avenues
-et grans fès d'armes, tant en France comme en Gascoingne et en Escoche,
-qui ne font mies à oubliier, car ainssi l'ai je proummis à messires et
-mestres ou coummenchement de mon livre, que tous les biaux fès d'armes
-dont j'ay le memore et le juste infourmation, je les remeteray avant,
-jà soit ce que messires Jehans li Biaux en ses cronikes n'en fait mies
-de tous mention. Mès ungs homs ne puet mies tout savoir, car ces
-guerres estoient si grandes et si dures et si enrachinées de tous
-costés que on y a tantost oubliiet quelque cose, qui n'y prent
-songneusement garde.
-
-Et pour ce voeil revenir ung petit au comte de Laille qui, comme roys
-de Franche, se tenoit en Gascoingne, et faisoit de celle saison grant
-guerre contre les Gascons qui pour le roy d'Engleterre se tenoient. Et
-estoit avoecq lui li comtes de Comminges, li comtes de Pieregorth, li
-viscomtes de Villemur, le viscontes de Talar, li comtes de Bruniqiel,
-li viscontes de Carmaing, li viscontes de Murendon, et pluisseur autre
-baron et chevalier. Et estoient bien six mille à cheval et dix mil à
-piet, et avoient jà reconcquis pluisseurs bonnes villes et castiaux,
-tant que Bregerach, Condon, Sainte Basille, Penne, Lango, Prudaire,
-Zebillach. Et avoient partout mis gens et garnisons pour deffendre et
-tenir ces castiaux, et seoient devant le Riole, une bonne ville et fort
-castiel. Si en estoit adonc capitaine ungs chevaliers englès qui
-s'appielloit messires Jehans li Boutilliers, qui longement et
-vassaument le tint contre les François. Mès finablement il fu si menés
-et si appressés par assaulx d'enghiens et d'autres besoingnes, et si
-veoit ossi que nuls comfors ne li appairoit, car il n'avoit homme en
-Gascoingne adonc, seigneur de Labreth ne autre, qui se meuist ne
-resistast as Franchois de riens, mès gardoient chacuns leurs fortrèches
-au mieux qu'il pooient. Si traita li cappittainne de le Riole, par le
-consseil et acord de chiaux de le ville, à le rendre au comte de Laille
-parmy tant qu'il s'en devoit partir, et chil qui partir s'en volloient,
-sans dammaige; mès il, ne chil qui avoecq lui se partiroient, ne se
-pooient armer toutte l'année contre yaus ens ès marches et frontierres
-de Gascoingne. Chilz marchiés fu tenus, et li ville et li castiaux de
-le Riolle rendus. Et y entrèrent li Franchois baudement, et prisent le
-feaulté et le serment de chiaux de le ville, et y misent ung chevalier
-gascon que on appelloit messire Raimmon Segni.
-
-Apriès le prise de le Riole et le chevalier dessus noummet ens
-laissiet, et le ville pourvue et rafreschie de touttes coses qui
-appertenans y estoient, li comtes de Laille eut consseil qu'il yroit
-devant Auberoche et l'asegeroit et ne s'en partiroit jusques à tant
-qu'il l'aroit. Si se parti appertement de le Riolle et fist arouter
-tout son charoy et ses pourveances, et esploita tant qu'il vint devant
-le bonne ville de Auberoche et le assiega de tous poins environneement,
-et y fist faire et livrer pluisseurs assaux grans et mervilleux, mès
-chil de dedens se deffendoient bien et vaillamment. Et en estoit adonc
-souverains et gardiiens de par le roy d'Engleterre messires Helies de
-Pummiers, frères au seigneur de Pummiers, liquelx avoit avoecq lui
-bonne bachelerie et apperte, qui moult songneux estoient de garder le
-ville et de enhorter les bourgois de le ville qu'il fuissent loyal et
-preudomme enviers leur seigneur le roy Edouwart d'Engleterre. Enssi se
-portoit li affaire; on gerrioit de tous lés. Li roys englès seoit
-devant Tournai et ardoit et exilloit le pays d'environ. Et li comtes de
-Laille et li autre comte et baron li ardoient et assegoient son pays en
-Gascoingne. Ossi li Escot li faisoient une très forte gerre par de delà
-au costet deviers Escoche, si comme vous orés chy apriès. Fo 46 vo.
-
-P. 48, l. 16: six mille.--_Mss. A 11 à 14_: huit mille. Fo 63 vo.
-
-P. 48, l. 22: la Barde.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: la Bourde,
-la Borde. Fo 65 vo.
-
-
-=§ 123.= P. 49, l. 1: Vous devés.--_Ms. d'Amiens_: Endementroes que li
-sièges estoit devant Tournay, qui y fu grans et lons, et bien dura par
-l'espasse de onze sepmainnes, li ennemic au roy d'Engleterre se
-pourveoient de tous lés à lui porter contraire et damage au
-coummandement et à l'ordonnanche dou roy de Franche, et par especial li
-baron et chevalier du royaumme d'Escoce. Vous avés bien oy chy devant
-recorder coumment li rois englès chevaucha en Escoche et conquist
-Bervic, Rossebourch, Haindebourch, Struvelin, Dalquest et pluisseurs
-fortrèces, et ardi et essilla toutte le plainne Escoche jusques en
-Abredane et jusquez à le ville Saint Jehan. Et tout ce fist ainschoix
-qu'il entrepresist le gherre au roy Phelippe de Franche, par tant que
-li roys David d'Escoce ne volloit point relever le royaume d'Escoce dou
-roy englès, car ses gens ne li souffroient. Et dient et maintiennent
-que li Englèz n'ont nul droit à ce demander, et li Englèz moustrent le
-contraire. Par enssi y est la gherre et a estet longement et sera
-encorres ainchois que la cose soit declairie, car li Escot aimment
-otant le gherre que le pès as Englès, especialement li bachelerie
-d'Escoce; ne de feus, ne de arssins que li Englès fachent en leur pays,
-il ne font nul compte, car il ne edefient pas maisson de grant
-coustaige: il en ont une faite et parfaite, pour demourer à leur usaige
-assés aisiement, en mains de cinq jours. Et quant il sentent que li
-Englès doient venir en leur pays, il requeillent leurs bestes et le
-leur, dont il ne sont gaires ensonniiet, car il ne font compte de grant
-meuble, et se mètent ens ès foriès, boutent le feu en leurs maisons,
-affin que li Englès n'en aient point d'aise. Et quant li Englès sont
-retret en leurs pays, il se requeillent et cevauchent hardiement sour
-yaux, et entrent en le contrée de Northonbrelant, qui fu jadis
-royaummes dou tamps le roy Artus, et en l'evesquet de Durem, et se
-contrevengent bien de leur dammaige. Ensi courent une fois li Escot sus
-lez Englès et puis li Englès sus les Escos, et maintiennent toudis le
-gherre que leur predicesseur ont maintenu.
-
-Or seurent li seigneur d'Escoce, qui le pays adonc gouvernoient de par
-le roy David leur seigneur, qui estoit en Franche, ensi com vous avés
-oy, que li roys englès seoit devant Tournay et en avoit menet toutte le
-fleur de se chevalerie, et que li royaummes d'Engleterre estoit ensi
-que tous wis, et que li comtes de Sallebrin, messires Guillaumes de
-Montagut, qui tant de dammaiges leur avoit fès et portés, estoit pris
-dez Franchoix et emprisonnés en Castelet en Paris, et li comtes de
-Sufforch avoecq lui, ossi messires Gautier de Mauni estoit avoecq le
-roy devant Tournay. Si s'avisèrent li ung par l'autre, c'est assavoir
-messires Guillaumes de Douglas, neveus à monseigneur Guillaumme de
-Douglas qui demoura en Espaigne, ensi comme vous avés oy, li comtes de
-Moret, filz au comte de Moret qui demoura avoecq le dessus dit,
-messires Robers de Versi, messires Simons Fresiel, Alixandres de
-Ramesay, qui en Dubretan se tenoient, que il metteroient une chevauchie
-sus et enteroient en Engleterre, ardant et exillant le pays et par
-especial le comté de Sallebrin, pour ce que li comtes leur avoit fès
-pluisseurs dammaiges. Si se queillièrent secretement et rassamblèrent
-de plusieurs lieux, et misent et ordonnèrent ung certain jour qu'il
-seroient en le forest de Gedours au jour qu'il noummèrent et
-devisèrent. Chil qui mandet y furent, vinrent sans defallir.
-
-Quant chil seigneur d'Escoce se virent tout enssamble, si eurent
-consseil et consideration là où il se trairoient premierement pour
-porter plus grant dammaige as Englès: si i eut là pluiseurs parolles
-retournées et devisées entre yaux. Li aucun volloient que leur
-chevaucie fuist emploiiée en Engleterre, et li autre disoient qu'il
-vauroit trop mieux, et plus honnerable et pourfitable leur seroit que
-il mesissent painne et dilligence à raquerre les castiaux et les
-fortrèces que pardus avoient, que de cevauchier plus avant; car espoir
-chil qui les castiaux tenoient en Escoce, leur poroient parardoir et
-destruire tout le remannant de leur pays, quant parti s'en seroient.
-Chilz conssaux et advis fu tenus. Et s'avisa messires Guillaummes de
-Douglas d'une grande et haulte emprise et le dist au comte de Moret,
-sen cousin, à messire Simon Fresel et à Alixandre de Ramesai, tant
-seullement, liquel s'accordèrent moult bien à lui et disent qu'il li
-aideroient à parfurnir, à quel coron que venir en deuissent. Or vous
-diray de l'emprise dou dessus dist chevalier, quelle elle fu, car elle
-ne fet mies à oubliier, tant fu perilleuse et hautainne. Fos 46 vo et
-47.
-
-P. 51, l. 10: deus cens.--_Ms. d'Amiens_: trois cens. Fo 47.
-
-P. 51, l. 20 et 21: dis ou douze.--_Ms. d'Amiens_: jusques à douze. Fo
-47.
-
-P. 51, l. 23: capiaus.--_Ms. d'Amiens_: de rude fautre. Fo 47.
-
-P. 52, l. 10: paour.--_Ms. d'Amiens_: de le cité de Bervic. Fo 47.
-
-P. 53, l. 1: si treize.--_Ms. d'Amiens_: si douze. Fo 47.
-
-P. 54, l. 5: jour.--_Ms. d'Amiens_: et segnefiièrent leur aventure à
-chiaux de leur pays qui à Dubretan les atendoient, qui de cez nouvelles
-furent moult joyant. Fo 47 vo.
-
-P. 54, l. 8 et 9: d'Escoce.--_Mss. A 11 à 14_: tous hommes de fief du
-roy d'Escoce. Fo 65.
-
-P. 54, l. 9: Ensi.--_Ms. d'Amiens_: Quant messires Robers de Versi et
-li autre chevalier d'Escoce sceurent que Haindebourch estoit repris par
-le subtilité et hardement de monseigneur Guillaumme de Douglas, si se
-partirent de Dubretan: à ce de gens estoient bien deux mille hommes
-d'armes et quatre mille à piet; et esploitièrent tant qu'il vinrent à
-Haindebourch. Et là s'asamblèrent et dissent entr'iaux, puis qu'il
-avoient ung si bon commencement que repris le plus fort castiel que li
-Englès leur avoient tollut, il se metteroient en paine de reconcquerre
-tous lez autres, et puis après chevaucheroient sus Engleterre. Si se
-partirent de Haindebourch, quant il l'eurent bien pourveu de tout ce
-qui y besongnoit et mis dedens cappittainne et compaignons pour le
-garder, et s'en vinrent devant Dalquest à cinq lieuwes de Haindebourch,
-ung très bel fort de l'hiretaige le comte de Douglas, et l'avoient li
-Englès concquis. Quant messires Guillaummes de Douglas et tout sen ost
-fu là venus, il fist environner le castiel et drechier enghiens par
-devant le mestre tour qui est grosse et quarrie, et le fist assaillir
-mout fierement. Chil dedens se deffendirent comme bonne gent, et
-estoient assés bien pourveus d'artillerie. Si traioient à chiaux dehors
-et se fuissent bien tenut ung grant temps, se il esperaissent confort
-ne secours de nul costet; mès il sentoient le roy englès oultre le mer,
-le comte de Sallebrin en prison, le castiel de Haindebourch repris. Si
-en estoient en plus grant esmay, car messires Guillaumme de Douglas
-leur avoit bien baptisiet que, se par forche il estoient pris, de leurs
-vies ne seroit riens; et se partir bellement s'en volloient, il les
-lairoit aller sans peril jusques à Bervich. Dont finablement, tout
-consideret, li Englèz qui en Dalquest estoient, rendirent le chastiel,
-sauve leur vies et leurs armures, et s'en partirent sans dammaige. Par
-enssi reut messires Guillaume de Douglas son castiel, dont il eut grant
-joie, et lequel oncques depuis il ne perdi.
-
-Apriès le reconcquès dou castiel de Dalquest, et que li Escot l'eurent
-bien pourveu et messire Guillaume de Douglas mis ens cappitainne et
-compaignons à son plaisir, il chevauchièrent et vinrent à Dombare seant
-sur le mer, et là avoit une grosse tour et saudoiiers englès qui
-durement herioient le pays. Li Escot l'environnèrent et le fissent
-assaillir d'enghiens et le prissent de forche le cinquième jour qu'il y
-furent venut, et ochirent tous chiaux qui dedens estoient, et
-abandonnèrent le tour à abattre as villains dou pays, laquelle fu
-tantost abatue rés à réz de terre. Et quant il eurent ce fait, il
-eurent avis qu'il s'en yroient devant Dondieu. Donc se deslogièrent il
-de Dombare et esploitièrent tant qu'il vinrent à Dondieu et
-l'asegièrent de tous costés. Dedens estoit ungs chevaliers englès,
-cousins au comte de Sallebrin, et l'apielloit on messires Thummas
-Brike, bon bacheler et sceur as armes, et dist que le castiel il ne
-renderoit pour morir. Chil de le ville tinrent un grant temps sen
-opinion, maugret yaulx, car il estoient Escos: si se fuissent
-vollentiers retourné plus tempre qu'il ne fesissent. Touttes fois
-messires Guillaumme de Douglas et li Escot sirent tant devant que cil
-de le ville se rendirent, et prissent de force messire Thumas et le
-livrèrent as barons d'Escoce qui le retinrent pour prisonnier et
-l'envoiièrent en Haindebourch prisonnier, puis se partirent de Dondieu
-et s'en vinrent à Donfremelin, une bonne ville et bien fremée: si
-l'asegièrent et n'y furent que trois jours quant il se rendirent.
-
-Que vous feroie je loncq compte? En ceste meysme saison, entroes que li
-roys englès estoit par dechà le mer, messires Guillaume de Douglas, li
-comtes de Mouret, li contes Patris, messires Robers de Versi, messires
-Simons Fresel, Alixandres de Ramesay et pluiseurs autres chevaliers
-d'Escoce avoecq les bachelers et les escuyers reconquisent moult dou
-pays d'Escoce perdu, et s'en vinrent finalment devant Struvelin, ung
-très fort castel et très bel, seant sus ung bras de mer à l'un dez léz
-et d'autre part sus une roche, et l'asegièrent communaument de grant
-vollenté. Et leur sanbloit que, se il ravoient ce castiel, il seroient
-ensi que tout au dessus de leur pays où li Englèz avoient jà demouret
-plus de troix ans; pour ce y mettoient il grant painne et grant cure à
-le ravoir. Or lairons à parler des Escos. Quant tamps et lieux sera,
-nous y retourons. Si parlerons dou siège de Tournay et coumment il fu
-perseverés. Fo 47 vo.
-
-
-=§ 124=, P. 54, l. 16: six vingt mille.--_Ms. d'Amiens_: plus de cent
-mille. Fo 48.
-
-P. 55, l. 10: royaume.--_Ms. d'Amiens_: que tout fuissent assamblet à
-Arras, à Lille et à Douay, au jour qui ordonnés y estoit. Fo 48.
-
-P. 55, l. 12: Bar.--_Ms. d'Amiens_: ... l'evesque de Liège, l'evesque
-de Miès.... Fo 48.
-
-P. 55, l. 17: gens.--_Ms. d'Amiens_: qui le vinrent servir à bien
-quinze cens lanches. Fo 48.
-
-P. 55, l. 18: revinrent.--_Ms. d'Amiens_: li dus de Normendie, aisnés
-fils au roy de Franche. Fo 48.
-
-P. 55, l. 18: Bretagne.--_Ms. d'Amiens_: à plus de mil lanches,
-chevaliers et escuiers, de son pays. Fo 48.
-
-P. 55, l. 19: Bourgongne.--_Ms. d'Amiens_: ses filz. Fo 48.
-
-P. 55, l. 19: d'Alençon.--_Ms. d'Amiens_: frères au roy de Franche. Fo
-48.
-
-P. 55, 21: Blois.--_Ms. d'Amiens_: messires Charles de Blois,... li
-comtes d'Auçoire, li comtes de Ventadour, li comtes de Bouloingne, li
-comtes de Sansoire, li comtes de Tancarville, li comtes de Saint Pol,
-li comtes d'Aumale,... li sires de Sulli, li sires de Pons, messires
-Goffrois de Harcourt, li viscomtes de Rohan, li sires de Partenay, li
-sires de Montmorensi. Fo 48.
-
-P. 55, l. 25: detriemens.--_Ms. d'Amiens_: Et s'asamblèrent à Arras et
-là environ, à Lille, à Douay, à Bietunne, à Lens et là environ. Fo 48.
-
-
-=§ 125.= P. 56, l. 2: venus.--_Ms. d'Amiens_: li aucun par priière, li
-aultre par feaulté et par hommage. Fo 48.
-
-P. 56, l. 7: Tournay.--_Ms. d'Amiens_: et s'en vinrent logier au Pont à
-Bouvines et jusques au Pont à Tresin, et point ne passèrent non par
-mannierre de logeis. Fo 48.
-
-P. 56, l. 10: estroit.--_Ms. d'Amiens_: car trois hommes de front à
-grant mesaise le pewissent cevauchier. Fo 48.
-
-P. 56, l. 12: combiner.--_Ms. d'Amiens_: Et se logièrent li roys de
-Behaingne et li evesques Aoulz de Liège et touttes leurs gens assés
-priès de ce pont. Quant toutte li os fu amanagie et logie, il fu
-ordonnet de par le roy de Franche que li comtes de Flandre, li dus
-d'Athènes, li viscoens de Touars, li comtes de Sallesebruges, li sires
-de Cram regardaissent et advisaissent sus celle rivière. Fo 48.
-
-P. 56, l. 26: au pont à Tressin.--_Mss. A 1 à 6_: au pont à Crecy et
-entre le pont et Bovines. Fo 68.--_Mss. A 7 à 10, 15 à 17_: au pont à
-Tressin et entre le pont de Bouvines. Fo 62.--_Mss. A 11 à 14_: à
-Crecy, entre le pont et Bovines. Fo 66.--_Mss. A 18, 19, 30 à 33_: au
-pont de Tressin et entre le pont de Bouvines. Fo 68.--_Mss. A 20 à 22_:
-entre le pont à Tressin et le pont à Bouvines. Fo 102.--_Mss. A 23 à
-29_: au pont de Tressin et emprès le pont de Bouvines. Fo 78.
-
-P. 56, l. 27: ennemis.--_Ms. d'Amiens_: pour comforter chiaux de
-Tournay qui vaillamment et bellement se tiennent contre les Englès,
-car, pour escarmuche ne pour assaut que on y face, en riens ne
-s'effréent ne se desroient ossi. Il y a dedens bonne chevalerie, sage
-et avisée, qui sèvent de guerre assés pour yaux tenir et deffendre. Fo
-48.
-
-P. 56, l. 31: alemant.--_Ms. d'Amiens_: preux et hardis et qui tout
-troi avoient à nom Conrart, par lesquelx ens ou pays de Ostrevant
-avoient estet fait pluiseurs biaux fès d'armes sus les frontières de
-Douay, de Marchiennes, de Alues en Pailloel, de Cambresis et d'Artois.
-Fo 48 vo.
-
-P. 56, l. 32: Bouchain.--_Mss. A 1 à 7, 18 à 33_: Bouchain.--_Mss. A 8
-à 17_: Bohaing, Bouhaing.
-
-P. 57, l. 8: Leusennich.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 23 à 33_: Lansemich,
-Lensemiich.--_Mss. A 18, 19_: Lansennich.
-
-P. 57, l. 11: l'Escaut.--_Ms. d'Amiens_: et le Haynne. Fo 48 vo.
-
-P. 57, l. 11: Condet.--_Ms. de Rome_: Ensi que il cevauçoient, euls
-vintime tant seulement, et estoient entre Frane et Escaupons, deus
-villages qui sont entre Valenchiennes et Condet, il regardèrent sur les
-camps et veirent gens fuians, et moustroient que il estoient en grant
-effroi. Si cevauchièrent au devant et leur demandèrent pourquoi il
-fuioient. Il respondirent: «Nous fuions à sauveté, car chi en ce
-village sont entré auqun compagnon françois, et creons bien que il sont
-issu de Mortagne, et requellent la proie et l'asamblent, et avoecques
-tout ce il ont jà pris honmes et fenmes que il en voellent mener.» Qant
-chil chevalier entendirent ces paroles: «Retournés, bonnes gens, nous
-irons veoir que c'est. Et sont il grant fuisson?»--«En non Dieu,
-signeur, respondirent il, i(l) sont plus de cent.» Donc demandèrent li
-chevalier: «Et conment appelle on celle ville à ce grant clochier?» Il
-respondirent: «Frane.»--«Or alés celle part, dissent li chevalier, et
-esmouvés les honmes de Frane, et faites recoper les cloces, par quoi
-tout s'esmuevent fenmes et honmes de la ville, et les faites tous issir
-hors, car nous les poursieverons et meterons en enbusque au lonc de
-celle haie, et verons quels gens ils sont, et lors calengerons lor
-proie.» Il le fissent tout ensi et vinrent à Frane, et trouvèrent les
-honmes de la ville qui gardoient lor moustier. Se lor dissent ces
-nouvelles.
-
-En celle prope heure vint là li sires de Frane qui venoit de
-Valenchiennes, et estoit là establis pour aidier à garder la ville, et
-jà savoit que il i avoit pillars venus à Bruel et à Escaupons, et
-avoient aquelliet la proie des praieries. Si voloit, selonc sa
-poissance, deffendre et garder ses gens et sa ville, et estoient diis
-lances et vint arbalestriers. Qant il oï ces nouvelles de ceuls de la
-garnison de Bouçain, si en fu tous resjois, car il les sentoit moult
-vaillans honmes, et requella tous les honmes aidables de sa ville, et
-fist ensi que li premier li avoient dit. Ces saudoiiers de Mortagne,
-qant il orent fait lor quelloite, il missent ensamble bien deus cens
-bestes, et prissent lor retour, et les fissent cachier devant euls. Et
-tout ce veirent chil qui estoient en enbusque, et les laisièrent passer
-et aler tout oultre, et jà estoient ou bois, qant chil de Frane
-vinrent. Qant il furent tout ensamble, il se missent au cemin le bon
-pas, et poursievirent ceuls qui enmenoient la proie et biaucop de
-prisonniers, et ne pooient tos aler pour la cause dou bestail.
-
-Ensi que assés priès de Nostre Dame ou Bos il raconsievirent ces
-pillars, voires li honme de ceval premierement, et conmenchièrent à
-escriier «Hainnau!» et abaisièrent les glaves, et se boutèrent entre
-euls, et en ruèrent jus de lors cevaus de premières venues sept. Li
-aultre se missent à deffense, car il i avoit des gentilshonmes qui là
-estoient venu pour gaegnier, ensi que auqun baceler s'avancent. Là ot
-bon hustin et dur, et moustrèrent li François deffense; mais chil
-Alemant estoient droite gens d'armes, et bien usé et coustumé de tels
-besongnes. Et avint que avoecques le confort des gens de piet,
-arbalestriers et aultres qui les sievoient, la proie fu rescouse, et
-tout chil et celles qui pris estoient, delivret; et en i ot des
-François mors jusques à quinze et pris plus de vint cinq, et li autre
-se boutèrent en bos et se sauvèrent.
-
-Ce service fissent li doi chevalier alemant qui issu estoient de
-Bouçain, à ceuls de Bruel et d'Escaupons; et furent li prisonnier menet
-à Valenchiennes, à Condet et à Mons en Hainnau. Si furent li varlet
-pendu et noiiet, et li gentilhonme rançonnet. Et li doi chevalier
-alemant et li sires de Frane en lor compagnie vinrent au siège devant
-Tournai, et trouvèrent le conte de Hainnau qui lor fist bonne chière.
-Fos 65 vo et 66.
-
-
-=§ 126.= P. 58, l. 24 et 25: au pont à Tressin.--_Ms. d'Amiens_: au
-pont à Bouvines. Fo 48 vo.--_Ms. de Rome_: viers le pont à Tresin, ou
-cemin de Lille et de Tournai, et moult i a biaus pais et plain. Et
-passèrent Froiane et Basieu, et cevauçoient as aventures, ensi que
-compagnon font qui se desirent à avanchier et avoir bonne renonmée. Fo
-66.
-
-P. 59, l. 2: l'evesque.--_Ms. de Rome_: Aoul de Liège, qui là estoit
-avoecques le roi de France. Fo 66.
-
-P. 59, l. 2: de Liège.--_Ms. B 6_: qui estoit ses sires. Fo 159.
-
-P. 59, l. 2: Liegois.--_Ms. de Rome_: et li Hasbegnon, qui s'estoient
-levet bien matin. Fo 66.
-
-P. 59, l. 4: plains.--_Ms. de Rome_: en ce plain pais de Tournesis. Fo
-66.
-
-P. 59, l. 10: pont.--_Ms. de Rome_: pour aler viers Lille. Fo 66.
-
-P. 59, l. 12 et 13: ordonnèrent.--_Ms. de Rome_: messire Wauflars de le
-Crois ordonna. Fo 66.
-
-P. 59, l. 16: Sorres.--_Mss. A 8 à 10_: Sorce. Fo 62 vo.--_Mss. A 15 à
-17_: Sorée. Fo 68 vo.--_Le nom de ce chevalier manque dans les autres
-mss. A._
-
-P. 59, l. 19: avant.--_Ms. de Rome_: car il estoient bien monté et
-furent decheu par la bruine, car il ne veoient point lonch ne autour de
-euls, et ne se donnèrent de garde. Fo 66.
-
-P. 59, l. 22: li sires.--_Ms. B 6_: de Montmorensy. Fo 160.
-
-P. 59, l. 22: Rodemach.--_Ms. d'Amiens_: de le ducé de Luxembourcq. Fo
-48 vo.
-
-P. 59, l. 28: esprouvèrent.--_Ms. de Rome_: mais la force des
-Lucembrins et des Liegois les sourmonta. Fo 66 vo.
-
-P. 60, l. 11: bouter.--_Ms. B 6_: en ung vert chemin entre sauchois et
-marès, et se bouta entre rosiauls et fontaines et autres petis
-buissons, et dist que là il se tenroit jusques à la nuit. Fo 160.
-
-P. 60, l. 12: temps.--_Ms. d'Amiens_: Et s'avisa qu'il s'i tenroit bien
-jusques à le nuit que il cevauceroit plus avant, ou il rapasseroit le
-pont. Mès il n'en vint pas à sen entente, car il y fu ce meysme jour
-trouvés et pris et rendus au roy de Franche, dont il eult grant joie,
-car il li avoit fait pluisseurs contraires. Fos 48 vo et 49.--_Ms. de
-Rome_: et jà avoit il laissiet aler son ceval. Il ne voloit sauver que
-son corps, car trop resongnoit à estre pris pour les haines que chil de
-Lille avoient sur lui. Fo 66 vo.
-
-P. 60, l. 15: banière.--_Ms. de Rome_: Et fu la banière à mesire
-Guillaume de Bailluel conquise. Donc fu consilliés li dis messires
-Guillaumes que il rapas(s)ast le pont: si ques, tout en combatant et
-faisant armes, il le rapas(s)a et ses gens aussi, et avoient biau cop
-de painne. Qant il fu oultre le pont, il fu qui li dist: «Sire, sauvés
-vous, car la journée est contre nous.» Il tint ce consel et se ala et
-pas(s)a tant de l'un à l'autre que il s'embla et feri ceval des
-esporons, et deus de ses honmes tant seullement: chil se sauvèrent. Fo
-66 vo.
-
-P. 60, l. 16: A ces cops.--_Ms. de Rome_: tantos apriès ce que messires
-Guillaumes de Bailluel fu departis. Fo 66 vo.
-
-P. 60, l. 17: Bailluel.--_Ms. d'Amiens_: frères mainnéz à monseigneur
-Guillaumme de Bailloel. Fo 49.
-
-P. 60, l. 26: armes.--_Ms. de Rome_: car la brisure des deus frères
-estoit moult petite, et crioient tout doi: «Moriaumés!» Fo 66 vo.
-
-P. 60, l. 26 et 27: vairiet contre vairiet.--_Mss. A 8 à 10, 20 à 22_:
-barrées contre barrées, à deux chevrons de gueules. Fo 63.
-
-P. 61, l. 2: Gontiers.--_Mss. A 11 à 14, 20 à 33_: Gaultier, Gautier.
-Fo 69.
-
-P. 61, l. 2 et 3: Pontelarce.--_Mss. A 15 à 33_: Pont de l'Arche. Fo 68
-vo.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14_: Poncharche, Pontarche, Poucharche. Fo 69.
-
-P. 61, l. 6: Daniaus.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14_: Damas. Fo 69.
-
-P. 61, l. 7: aultre.--_Ms. de Rome_: Des siis vint qui parti au matin
-estoient de l'oost le conte de Hainnau, il n'en retournèrent que douse,
-que tout ne fuissent mort ou pris. Fo 66 vo.
-
-P. 61, l. 8: Bailluel.--_Ms. d'Amiens_: Et messires Robers ses frères
-obtint le place, et eurent li Liegois le journée pour yaux, de quoy li
-roys de Franche leur sceut grant gret. Fo 49.
-
-P. 61, l. 12: nuit.--_Ms. de Rome_: mais il ne peut, car li sires de
-Saint Venant et ses gens le trouvèrent en la rosière où il reclamoient
-un faucon que il avoient perdu. Fo 66 vo.
-
-P. 61, l. 15: Saint Venant.--_Mss. A 11 à 14_: Montmorency. Fo 67.
-
-P. 62, l. 4: ennemis.--_Ms. de Rome_: il l'enmenèrent en lor ville, et
-le tinrent en prison tant que il vesqi. Fo 67.
-
-P. 62, l. 4: morir.--_Ms. B 6_: de moult cruelle mort et à grant
-martire. Fo 162.
-
-P. 62, l. 5: raençon.--_Mss. A 15 à 17_: Ainsi fina honteusement
-monseigneur Wafflart de la Croix. Fo 69.
-
-
-=§ 127.= P. 62, l. 10: Haynau.--_Ms. de Rome_: Nouvelles vinrent en
-l'oost devant Tournai au conte de Hainnau, que li saudoiier de Saint
-Amant estoient issu et avoient ars la ville de Hanon et l'abeie. Et
-encores avoecques tout ce il estoient retourné par Vicongne et avoient
-ars la maison dou Pourcelet et abatu le moulin et la fontainne, et
-s'estoient mis en grant painne de destruire et ardoir la belle abbeie
-de Vicongne; mais li Valenchiennois l'en avoient sauvé et respité par
-le secours de cinq cens compagnons que il i avoient envoiet. Donc crola
-li contes de Hainnau la teste et dist: «Chil de Saint Amant sont trop
-reveleus: il les nous fault aler veoir, et ceuls de Mortagne aussi,
-mais ce sera plus proçainnement que il ne quident.» Fo 64 vo.
-
-P. 62, l. 15: sis cens.--_Ms. de Rome_: sept cens. Fo 64 vo.
-
-P. 62, l. 23: Biaugeu.--_Ms. de Rome_: liquels se nonmoit Edouwars,...
-et avoit avoecques lui des Bourgignons et des Savoiiens biaucop et
-toute flour de gens d'armes. Fo 64 vo.
-
-P. 62, l. 29: douse cens.--_Mss. A 11 à 14_: quatorze cens. Fo 67.
-
-P. 62, l. 30: pilos.--_Ms. d'Amiens_: Et duroit chilz pilotis tout au
-loncq de le rivierre. Fo 49.
-
-P. 62, l. 31: costés.--_Ms. de Rome_: avoecques ses Hainnuiers et
-Hollandois. Fo 65.
-
-P. 63, l. 1: l'autre.--_Ms. de Rome_: Et se departirent de
-Valenchiennes bien douse mille honmes. Et les conduisoient li doi
-prevost de la ville, Jehans de Baisi et mesire Gilles li Ramonniers. Et
-vinrent passer à Condet les deus rivières de Hainne et l'Eschaut, et
-ceminèrent à piet et à ceval tant que il furent devant Mortagne. Fo 64
-vo.
-
-P. 63, l. 6: le Scarp.--_Mss. A 1 à 7, 11 à 14, 23 à 29_: l'Escaut. Fo
-69 vo.
-
-P. 63, l. 9: Mande.--_Mss. A 1 à 6, 18 à 33_: Mante. Fo 69 vo.--_Mss. A
-7 à 10_: Mande. Fo 64 vo.--_Mss. A 11 à 14_: Manre. Fo 67 vo.--_Mss. A
-15 à 17_: Saint Mande. Fo 69 vo.--_Ms. d'Amiens_: et Saint Amand. Fo
-49.
-
-P. 63, l. 12: quatre cens.--_Ms. d'Amiens_: trois cens. Fo 49.
-
-P. 63, l. 18: part.--_Ms. de Rome_: au lés deviers Mande, à la porte
-qui oeuvre sus le Scarp; et ses cousins li sires de Saint Gorge estoit
-à la porte d'Escaut, par où on va à Antoing et en Hainnau. Fo 65.
-
-P. 63, l. 25: en l'aigue.--_Ms. d'Amiens_: à terre et en le rivière de
-Scarpe qui noiiet fuissent, se il n'ewissent evut bon secours. Fo 49.
-
-P. 64, l. 3: engien.--_Ms. de Rome_: et deus espringalles: li enghiens
-jettoit pières de fais dedens la ville; et les espringalles, groses
-plonmées. Là estoient li arbalestrier de Valenchiennes arouté, et
-traioient à pooir sus les deffendans, dou quel trait il en blechièrent
-pluisseurs. Fo 65.
-
-
-=§ 128.= P. 64, l. 23: l'Escaut.--_Ms. d'Amiens_: plus de douze cens.
-Fo 49.
-
-P. 64, l. 27: fait.--_Ms. d'Amiens_: que tout au mieux venir, on n'en
-aroit meut hors de l'aighe une douzaine le jour. Fo 49.
-
-P. 65, l. 9: esbahi.--_Ms. d'Amiens_: dou sens de l'enghigneour de
-Mortaigne, et dissent bien que uns telx mestres estoit dignes de vivre.
-Fo 49 vo.
-
-
-=§ 129.= P. 65, l. 12: deus nuis et trois jours.--_Mss. A 11 à 14 et A
-1_: deux jours et trois nuiz. Fo 67 vo.
-
-P. 65, l. 12: conquisent.--_Ms. de Rome_: Avant i ot plus de lors gens
-navrés et bleciés que des François, car, à parler par raison et à
-considerer toutes coses, Mortagne dalés Tournai est trop forte place;
-et pour ces jours elle estoit pourveue de bonnes gens d'armes, sage et
-conforté, et ne fust à garder plus perilleuse forterèce assés de
-deffense que ceste ne soit. Fo 65.
-
-P. 65, l. 16: ville.--_Ms. d'Amiens_: et dedens trois jours apriès
-fuissent devant Saint Amand, car il y seroit ossi. Ces nouvelles oïes
-en l'ost de Vallenchiennes, il se partirent et deslogièrent et
-tourssèrent tout et missent à voie; mès au partir il violèrent et
-desrompirent trop diviersement l'abbeie de Castiaux, dont ce fu pitéz.
-Fo 49 vo.
-
-P. 65, l. 27 et 28: trois mille.--_Mss. A 15 à 17_: quatre mille. Fo
-70.
-
-P. 66, l. 1: veoir.--_Ms. d'Amiens_: car moult les hayoit pour le cause
-de l'abbeie de Hanon qu'il avoient ars. Fo 49 vo.
-
-P. 66, l. 4: d'och.--_Ms. d'Amiens_: cousins à l'evesque de Cambrai,
-Guillaumme d'Ausoire. Et estoit chils de chiaux de Mirepois et
-senescaus de Carkasonne, et là envoiiéz en garnison de par le roy de
-France. Fo 49 vo.--_Ms. de Rome_: mesire Pière de Charcasonne. Fo 65.
-
-P. 66, l. 16: l'abbeye.--_Ms. d'Amiens_: reliques et aournemens de
-moustier, Fo 49 vo.
-
-P. 67, l. 2: bidau.--_Ms. d'Amiens_: bidau et Geneuois ne s'en
-faisoient que truffer, et torquoient de leurs capperons lez murs de le
-ville, quant li arbalestrier avoient trait. Fo 49 vo.--_Ms. de Rome_:
-et ne faisoient compte des Hainnuiers et par especial des
-Valenchiennois. Fo 65.
-
-P. 67, l. 13: d'armes.--_Ms. d'Amiens_: à plus de douze cens lances. Fo
-50.
-
-P. 67, l. 14: au lés.--_Ms. d'Amiens_: derière l'abbeie. Fo 50.
-
-P. 68, l. 23: fuison.--_Ms. de Rome_: car chil qui entré estoient,
-entrues que li premier se conbatoient, alèrent ouvrir les portes de la
-ville. Si entrèrent ens li Valenchiennois, et tout chil qui entrer i
-vodrent, par le pont de Scarp, et li aultre par la porte de Tournai. Fo
-95 vo.
-
-
-=§ 130.= P. 69, l. 13: occis.--_Ms. de Rome_: dont il en desplaisi
-grandement au conte de Hainnau, et euist volentiers veu que on l'euist
-pris sus et retenu en vie. Fo 65 vo.
-
-P. 69, l. 16: destruite.--_Ms. de Rome_: et se s'en sauvèrent
-pluisseurs qui se boutèrent par derrière en le Scarp en nefs et en
-batiaus, et lors fenmes et lors enfans, et s'en vinrent à sauveté à
-Mortagne. Fo 65 vo.
-
-P. 69, l. 19 et 20: parardirent.--_Ms. de Rome_: fustèrent toute la
-ville et le parardirent, et abatirent et destruisirent biaucop des
-offecines et mancions de l'abeie, et descouvrirent le moustier qui tout
-estoit couvers de plonc, et rompirent le clochier et abatirent et
-brisièrent les cloces qui estoient excellentement bonnes, et tout
-cargièrent sus chars et sus charètes. Fo 65 vo.
-
-P. 69, l. 28: sis cens.--_Ms. de Rome_: cinq cens. Fo 67.
-
-P. 69, l. 31: Scarp au dessous de Hanon.--_Mss. A 7 à 10, 23 à 33_:
-Scarp au dessus de Hannon. Fo 66.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_:
-l'Escaut au dessus de Hanon. Fo 71 vo.
-
-P. 70, l. 7: parfons.--_Ms. de Rome_: liquel estoient impossible à
-passer sans batiaus. Fo 67.
-
-P. 70, l. 11: l'aigue.--_Ms. de Rome_: Si entrèrent dedens et avoient
-amené des arbalestriers et des hollandois piquenaires, liquel sont et
-vaillent moult à un assaut. Chil qui estoient ens ès batiaus sus l'aige
-qui venoit de la rivière de Scarp, qui vient de Douai et qui là qourt,
-se missent sus la cauchie qui va de la porte à l'abeie; et petit à
-petit tant passèrent que il furent plus de cent parmi les
-arbalestriers. Fo 67.
-
-P. 70, l. 14: Bacho de le Wière.--_Mss. A 11 à 14_: Bachon de la
-Bruière. Fo 69.
-
-P. 70, l. 21: pris.--_Ms. de Rome_: Et se rendi messires Amés de
-Warwaus prisonniers au dit conte, et auqun gentilhomme qui là estoient,
-et li monne aussi; mais le demorant il furent ochis ou jetté en la
-rivière. Fo 67.
-
-P. 70, l. 22: ossi.--_Ms. de Rome_: Dont ce fu damages; mais en gerre
-il n'i a nulle pité ne merchi; et li varlet qui poursievent les gens
-d'armes, font plus à la fois, qant il se voient au desus de lor
-emprise, que on ne lor conmande. Fo 67.
-
-
-=§ 131.= P. 71, l. 6: famine.--_Mss. A 11 à 14_: pour quoy il les
-pensoit plus tost avoir par affamer que par assaulx. Fo 69.
-
-P. 71, l. 11: Avoech.--_Ms. d Amiens_: .... il y avoit un grant
-parlement entre le duc de Braibant, le duc de Guerlles, le comte de
-Jullers, le marquis de Blancquebourch et aucuns seigneurs d'Engleterre,
-sus l'estat que je vous diray. Li communauté des bonnes villes de
-Braibant, especialement Brouxelles, Louvain, Malinnes, Anwers, Nivelle,
-Jourdongne et Liere, se volloient partir comment qu'il fust, et
-estoient enssi que tout tannet. Et s'estoient complaint au duc leur
-seigneur en disant que ce n'estoit mies vie d'estre si longement à ost
-devant une ville sans autre cose faire, et que là il sejournoient à
-trop grant fret, et que briefment il s'en partiroient par congiet ou
-sans congiet. De quoy li dus, qui fu moult sages homs, leur avoit
-respondu que vollentiers il en parleroit as autres seigneurs et au
-consseil le roy d'Engleterre, pour qui il estoient là assamblet. Si
-leur avoit remoustré, ensi que dessus est dit, li dus, quant li comtes
-de Haynnau entra ou parlement. Si sambla as seigneurs, especialement au
-consseil le roy englèz, que li Braibenchon ne se volloient mies
-acquitter trop souffissamment, qui jà parloient dou retour. Et fu chilx
-conssaux jettéz sus le comte de Haynnau et priiés que il en volsist
-dire sen entente. Et il en respondi tout pourveeuement «que on leur
-donne ce congiet de partir, se partir voellent, mès on leur face
-commandement que nuls n'enporte ses armures, mès les mettent jus et les
-raportent deviers lez marescaus.» Chils parlers fu tenus, et leur fist
-li dus de Braibant ceste responsce de par le roy d'Engleterre et tous
-les plus grans seigneurs de l'ost. Et quant il oïrent che, si se turent
-et furent tous virgongneus, et leur sambla que on se truffoit d'iaux.
-Si n'en parlèrent oncques puisedi si descouvertement. Fo 49 vo.
-
-P. 71, l. 26: Hodebourch.--_Mss. A 1 à 7, 18 à 29_: Rodebourch,
-Radebourch, Rodebourg. Fo 72.--_Mss. A 8 à 10_: Rendebourch. Fo 65
-vo.--_Mss. A 11 à 14_: Rodembourch. Fo 69 vo.--_Mss. A 15 à 17, 30 à
-33_: Randebourch. Fo 71 vo.
-
-P. 71, l. 28: Ernoul.--_Mss. A 23 à 29_: Noel. Fo 83.
-
-P. 71, l. 28: Bakehen.--_Mss. A 11 à 17_: Kakehan. Fo 69 vo.--_Ms. de
-Rome_: et Jehans ses frères. Fo 67.
-
-P. 71, l. 29: Renauls.--_Ms. B 3_: Arnault. Fo 63 vo.
-
-P. 71, l. 29: Conrars.--_Ms. B 3_: Colas.
-
-P. 71, l. 30: d'Asko.--_Ms. de Rome_: Ce furent li doi chevalier qui
-estoient parti de Bouçain, ensi que chi desus est dit, et qui ruèrent
-jus entre Frane et Nostre Dame ou Bos, les saudoiiers de Mortagne. Fo
-67.
-
-P. 71, l. 30: Bastiens.--_Mss. A 11 à 14_: Jahan. Fo 69 vo.
-
-P. 71, l. 31: Barsies.--_Mss. A 1 à 6, 18 à 22_: Warsie. Fo 72.--_Mss.
-A 11 à 14_: Warwasie.--_Mss. A 23 à 33_: Bastres. Fo 83.
-
-P. 71, l. 31 et 32: Stramen de Venoue.--_Ms. B 3_: Stranjen de
-Veemone.--_Mss. A 23 à 29_: Stranjen de Beurne. Fo 83.
-
-P. 72, l. 7: de Haynau.--_Ms. de Rome_: Et là furent li sires de
-Goumegnies, li sires de Mastain, li sires de Vertain, messires Henris
-de Huffalise, et Gilles et Tieris et Ostelars de Soumain. Fo 67.--_Ms.
-B 6_: Des Haynuiers y estoient messires Florens de Biaurieu, messires
-Olyfars de Ghistelle, le sire de Gommegnies, le sire de Semeries, le
-sire de Floyon, le sire de Sars et pluisseurs aultres. Fo 160.
-
-P. 72, l. 9: Biaurieu.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: Beaugeu. Fo
-72.
-
-P. 72, l. 9: Baras.--_Mss. A 11 à 14_: Bertran. Fo 69 vo.
-
-P. 72, l. 16: trois cens.--_Mss. A 11 à 14_: Si estoient environ quatre
-cens hommes d'armes, tous bien montez et armez. Fo 69 vo.
-
-P. 72, l. 24 et 25: Keukeren.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14_: Kakeren,
-Kakeranth.--_Mss. A 20 à 22_: Baquehem. Fo 108.--_Ms. B 3_: Kerqueren.
-Fo 64.
-
-P. 72, l. 24 et 25: Thielemans.--_Ms. de Rome_:... messire Henri
-d'Uffalise. Fo 67.
-
-P. 72, l. 25: Sansi.--_Mss. A 1 à 10, 15 à 33_: Saussi. Saussy, Sausy,
-Saucy.--_Mss. A 11 à 14_: Thiebault du Saussoy.
-
-P. 73, l. 1: se partirent.--_Ms. B 6_: sans che que le conte de Haynau
-ne messire Jehan de Haynau ses oncles en sceust riens. Fo 160.
-
-P. 73, l. 10: Montmorensi.--_Ms. de Rome_: mesires Carles. Fo 67
-vo.--_Mss. A 11 à 14_: monseigneur Mahieu de Montmorancy et monseigneur
-Jehan de Saint Saulieu; mais en ces entrefaittes qu'ilz se departoient
-de leur guait, un pou devant soleil levant, vindrent ces Allemans en
-leurs gardes. Fo 69 vo.
-
-P. 73, l. 24: car.--_Ms. de Rome_: ses chevaus li falli. Fo 67 vo.
-
-P. 73, l. 27 et 28: Jakelot de Thians.--_Mss. A 1 à 6_: Jaquelés de
-Chans. Fo 72 vo.--_Mss. A 11 à 14_: Jaquemes des Champs. Fo 70.--_Mss.
-A 20 à 22_: Jacques de Thibaux. Fo 108 vo.
-
-
-=§ 132.= P. 74, l. 29: ossi.--_Ms. de Rome_: dont il fu depuis moult
-blamés, quant il laissa son compagnon, messire Carle de Montmorensi. Fo
-67 vo.
-
-P. 75, l. 4: coureur.--_Ms. d'Amiens_: li sires de Randerodene et
-messires Ernoulz ses filz et messires Henris de Kenkeren ung
-missenairez et messires Thielemant de Sanssi, messires Oliffars de
-Gistelles et messires li Allemans, bastars de Haynnau et messires
-Robers Glummes adonc escuier. Fo 50.
-
-P. 76, l. 6: prisons.--_Ms. de Rome_: De celle aventure furent li
-François si esbahi que il perdirent lor arroi, et n'avoient pas gens
-parellement as Alemans et Hainnuiers, car la grignour partie sievirent
-la banière le signeur de Saint Sauflieu. Et furent les gens le signeur
-de Montmorensi tout espars; petit en i ot de mors. Fo 67 vo.
-
-P. 76, l. 9: Kenkeren.--_Ms. d'Amiens_: Henris de Kenkeren. Fo 50.
-
-P. 76, l. 10: Sausi.--_Ms. d'Amiens_: ... messires Ernaux de
-Bakehen,... messires Florens de Biaurieu, messires Baras de le Haye. Fo
-50.
-
-P. 76, l. 12: homme d'armes.--_Ms. d'Amiens_: escuier. Fo 50 vo.
-
-P. 76, l. 15: prisonniers.--_Ms. de Rome_: Et furent rescous messires
-Oulfars de Ghistelle et li doi esquier qui pris estoient; et
-retournèrent en l'oost devant la chité de Tournai. Fo 67 vo.
-
-
-=§ 133.= P. 76, l. 26 et 27: Or vous.--_Ms. de Rome_: Ensi se portoient
-les cevauchies et les enbusqes et rencontres entre ces deus hoos, le
-siège estant devant Tournai. Et pour ce que Jaques d'Artevelle, à
-poissance de Flamens, se tenoit devant Tournai avoecques les aultres
-signeurs, nouvelles vinrent en l'ost, qant li rois de Franche fu venus
-à Bouvines, que les gens d'armes qui estoient establi ens ès garnisons
-de Saint Orner, d'Aire, de Tieruane et des forterèces françoises
-marcissans sus les frontières de Flandres, enteroient en la vallée de
-Cassiel, et destruiroient le pais, Berghes, Bourbourc, Miessines,
-Werevi, Popringhe et tout le plat pais de là environ, se il n'estoit
-que on lor fust au devant. Pour ce furent ordonné messires Robers
-d'Artois et mesires Henris de Flandres à partir de l'oost, et à prendre
-vint mille Flamens, et aler ou val de Cassiel, et requellier encores
-tous honmes portans armes dou tieroit dou Franc et de Flandres, car
-tout n'estoient pas au siège de Tournai. Si en seroit li pais plus fors
-et plus doubtés.
-
-Sus cel estat, li dis mesires Robers d'Artois et mesires Henris de
-Flandres s'en vinrent en la valée de Cassiel, et là se logièrent; et
-fissent un arrière mandement qui s'estendi par tout le pais de
-Flandres, et pour garder les entrées de Flandres. Si vinrent de tous
-lés là Flamens et se logièrent, et se trouvèrent bien quarante mille et
-plus. Avint ensi que compagnon, en une hoost qui sejourne, sont de
-grant volenté; il se quellièrent et missent ensamble bien trois mille
-Flamens, et sus l'entente que pour gaegnier et aler fuster le pais
-environ Aire, Tieruane et Saint Omer; et se departirent de l'oost et
-des aultres une vesprée, sans point parler à lors chapitainnes, et
-vinrent sus un ajournement ens ès fourbours de Saint Omer et les
-ardirent, et abatirent les moulins qui estoient au dehors. Chil qui
-estoient dedens Saint Omer s'estourmirent, et là se tenoient bonne
-chevalerie d'Auvergne et de Limosin, premierement li conte Beraut
-daufin d'Auvergne, et (li) conte de Clermont son frère, le signeur de
-Merquel, le signeur de la Tour, le signeur de Montgascon, le signeur
-d'Achier, le signeur d'Açon, le signeur d'Alaigre, le signeur de Saint
-Aupisse, le signeur de Pière Bufière, et se trouvoient bien trois cens
-lances, chevaliers et esquiers. Si s'avisèrent que il se meteroient sus
-les camps et poursieveroient ces Flamens, et manderoient ceuls qui
-estoient en garnison en Tieruane que il leur venissent au devant, entre
-Aire et Arques, et ausi à ceuls de la garnison d'Aire et de Saint
-Venant que il isissent et se mesissent sus le camps, et qant il
-seroient tout ensamble, il courroient sus à lor avantage ces Flamens.
-
-Tout ensi conme il le proposèrent, il le fissent, et s'asanblèrent
-dedens Saint Omer, et s'armèrent et montèrent as cevaus, et enmenèrent
-les arbalestriers et bien mille aultres honmes avoecques euls, et
-issirent hors de Saint Omer, et prissent à la couverte le cemin dou
-mont de Herfaut. Qant li chevalier et li esquier qui en Tieruane se
-tenoient furent segnefiiet de ceuls de Saint Omer, li sires de Brimeu,
-li sires de Boubert, li sires de Saint Pi, li sires de Reli, li sires
-de Sanci et pluisseur aultre qui là se tenoient, il s'armèrent et
-montèrent as chevaus, et issirent de Tieruane, et se missent sus les
-camps. Li Flamenc, qui ne voloient aultre cose que pillier le pais, et
-puis retourner et estre au soir en l'oost de lors gens, vinrent à
-Arques, une grose ville à demi lieue de Saint Omer, et le pillièrent et
-robèrent toute, et se cargièrent de ce que il i trouvèrent de dras et
-de jeuiaus; et puis à lor departement, il boutèrent le feu dedens, et
-en ardirent plus de la moitié, et abatirent les moulins. Et tout ce
-veoient li François qui estoient sus les camps, et avoient jà trouvé
-l'un l'autre chil de Saint Omer et chil de Tieruane, et se trouvoient
-quatre cens lances et douse cens honmes de piet. Chil Flamenc, qui
-avoient ceminet toute la nuit et à l'endemain jusques à haute tierce,
-estoient tout lasset, et vinrent sus un village que on appelle la
-Cauchie et là s'arestèrent; et dissent que il mengeroient et se
-reposeroient, et puis il se retrairoient viers Cassiel, car il ne se
-sentoient de nului poursievi. Qant il furent là venu ou dit village, li
-pluisseur se desarmèrent et se traissent par ostels, et se boutèrent en
-gragnes, en maisons et en jardins, et n'estoient en doubte de nului.
-Evous venus ces François en deus batailles, et avoient vint banières,
-et ordonnèrent lors arbalestriers tout devant, et s'en vinrent en cel
-vilage que on dist la Cauchie à frapant à l'esporon, et trouvèrent ces
-Flamens, les auquns sus la rue, les aultres tous desarmés, et les
-pluisseurs qui buvoient et mengoient.
-
-Qant chil chevalier et esquier furent là venu, et casquns escria son
-cri, chil Flamenc furent si esbahi que onques il ne tinrent conroi ne
-ordenance, mais tournèrent tous les dos, et se sauvèrent qui sauver se
-peurent; et en i ot bien ocis ou village que en cace sus les camps dix
-huit cens, et li demorans retournèrent à grant mescief tout desbareté.
-Fo 68.
-
-P. 77, l. 3: Cassiel.--_Ms. d'Amiens_: de le castelerie de Cassiel. Fo
-51.
-
-P. 77, l. 6: à Saint Omer.--_Ms. d'Amiens_: de Saint Omer. Fo 51.
-
-P. 77, l. 10: Montagut.--_Ms. d'Amiens_: d'Auviergne. Fo 51.
-
-P. 77, l. 10: Rocefort.--_Ms. d'Amiens_: .... li sires d'Achier et tout
-grant baron d'Auvergne. Fo 51.
-
-P. 77, l. 12: Aire.--_Ms. d'Amiens_: se tenoient Artisien, li sires
-d'Aubegny, li sires de Sanci, li sires d'Avelui, li sires de Creki, li
-sires de Kikenpoi, li sires d'Avesquierke, li sires d'Ennekins, li
-sires de Reli et li sires de Bassentin. Fo 51.
-
-P. 77, l. 14: Flamens.--_Ms. d'Amiens_: et li Flammencq ossi sus yaux.
-Fo 51.
-
-P. 77, l. 17: trois mille.--_Mss. A 1 à 10, 18 à 33_: quatre mille. Fo
-73 vo.
-
-P. 77, l. 27: six.--_Mss. A 11 à 14_: sept. Fo 71.
-
-P. 77, l. 27: deus cens.--_Mss. A 11 à 14_: trois cens. Fo 71.
-
-P. 77, l. 27 et 28: bacinés.--_Ms. d'Amiens_: lanches. Fo 51.
-
-P. 77, l. 28: cinq cens.--_Ms. d'Amiens_: sis cens. Fo 51.--_Mss. A 11
-à 14_: et environ huit cens bidaux, taffes et petaulx. Fo 71.
-
-P. 78, l. 1: Arkes.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: Ardres. Fo 73 vo.
-
-P. 78, l. 14: dis huit cens.--_Ms. d'Amiens_: de trois mille à dis huit
-cens. Fo 51.
-
-
-=§ 134.= P. 79, l. 19: compte.--_Ms. d'Amiens_: Et ne furent à nul
-seur, ne pour parolle ne pour priière que messires Robers d'Artois ne
-messires Henry de Flandres leur pewissent dire ne faire, jusquez à tant
-qu'il se trouvèrent à Ippre, à Popringe et ens leur pays bien avant. Fo
-51.--_Ms. de Rome_: Nient mains, tous jours il tenoient leur rieule sus
-la fourme que dit vous ai; et n'i demora, avant que il fust jours,
-ville ne hamiel à deslogier. Et se trouvèrent li doi chevalier, un
-petit apriès solel levant, ensi que tout seuls, sus les camps. Fo 68
-vo.
-
-P. 79, l. 24: recordèrent.--_Ms. de Rome_: au roi d'Engleterre, au duch
-de Braibant, au duch de Gerlles, au conte de Hainnau et as signeurs. Fo
-68 vo.
-
-P. 79, l. 26: esmervilliet.--_Ms. d'Amiens_: Et quant chil de Saint
-Omer, d'Aire et de Saint Venant entendirent le deslogement des
-Flammens, et coumment en grant haste il s'en aloient, si se partirent
-des villes voisinnes et vinrent en ceste meisme plache, et trouvèrent
-encorres grans remannans de tentes, de très, de pavillons, de harnois
-et de carois. Si prisent et toursèrent tout et en menèrent en leurs
-villes, et y eurent grant prouffit. Fo 51 vo.
-
-
-=§ 135.= P. 79, l. 28: Chils sièges.--_Ms. de Rome_: Li sièges devant
-la chité de Tournai dura assés longement onse sepmainnes, trois jours
-mains, et tous les jours i avoit fais d'armes ou escarmuce, auquel lés
-que ce fust. Par dedens avoit avoecques messire Godemar dou Fai, qui un
-lonch temps en avoit eu le gouvrenement, bonne chevalerie et sage, tels
-que le conte de Fois, le conte de Conmingnes, le conte d'Ermignach, le
-seigneur de Labret, le conte de Qarmain, le signeur de Copane, le
-signeur de Qorasse, le signeur de Qoo, le signeur de Barrage, le
-signeur de Taride, le signeur de Pincornet et maint aultre, Gascons,
-Foisois, Bernès et Labrisiens. Et chil signeur avoient la souverainne
-ordenance de la chité; et n'en songnoient les prevos et les jurés et
-les honmes de la ville ensi que noient, car la amministration de toutes
-coses estoit reservée à ceuls desus dis.
-
-Li rois d'Engleterre, à grant poissance et grant coustage, tenoit là
-son siège, car li Alemant n'en faisoient riens, fors que pour l'argent,
-et voloient estre paiiet de quinzainne en quinzainne; et estoient là
-contournées et enbutes toutes les rentes et revenues d'Engleterre, tant
-en l'estat dou roi tenir, que en paiant les Alemans. Li contes de
-Hainnau, li dus de Braibant et li dus de Gerles servoient le roi
-d'Engleterre à leurs coustages, et messires Jehans de Hainnau aussi;
-mais tout li aultre, reservé les Flamens, voloient bien sçavoir
-pourquoi et conment il estoient là venu. Et couvint le roi
-d'Engleterre, ensi que je fui enfourmés, enprunter à Jaquemon
-d'Artevelle, son compère, et à tout le pais de Flandres chienqante
-mille mars, monnoie d'Engleterre, avaluée au paiement de Flandres et
-d'Engleterre: ce furent deus cens mille florins; et tout fu contourné
-en son estat et au paiier ses saudoyers. Et de l'enprunt que li rois
-d'Engleterre fist et dou prest aussi, il bailla lettres autentiques,
-seelées dou seel le roi et de pluisseurs barons d'Engleterre qui là
-estoient, en tesmongnant et en aprouvant les lettres à veritables; mais
-Jaquemes d'Artevelle, qui avoit toute la poissance de Flandres en sa
-main, i estoit tous pour le roi d'Engleterre; et ne li prioit en secré
-et en especialité d'aultre cose que il se vosist tenir tous quois, sans
-partir, en Flandres, et vivre des rentes et revenues dou pais et des
-aides que on li feroit, et espargnier les revenues d'Engleterre pour
-poursievir sa gerre. Et qant li rois d'Engleterre remoustroit ces
-proumesses à son consel que Jaques d'Artevelle et li pais de Flandres
-de bonne volenté li offroient, li plus de son consel s'enclinoient à ce
-que il le presist, et que sa gerre en seroit plus forte et plus belle.
-Et qant, sus cel estat, li rois d'Engleterre en parloit au duch de
-Gerlles, son serourge, au duch de Braibant, son cousin germain, et au
-conte de Hainnau, son frère, il li consilloient tout le contraire et li
-remoustroient par pluisseurs raisons que il se meteroit en grant
-aventure et peril; car qant il quideroit estre le mieuls d'euls, uns
-rumours et uns debas s'esmouveroit à Bruges ou à Gant ou à Ippre de ses
-gens as Flamens, selonc ce que Flamenc sont chaut et merancolieus: «il
-ociroient tout soudainnement et vous aussi, et puis remanderoient lor
-signeur. Il vous soufisse à avoir ce que vous en avés. Tenés les à
-amour et ce Jaque d'Artevelle, entrues que il est en sa poissance. Vous
-les auerés millours à estre en sus de vous que si proçains, et si serés
-hors dou peril, car nuls sires ne se doit trop comfiier en commun
-estragne. De trop petit on piert lor grasce et lor amour. Encores vit
-lors sires et a un fil. Par ce fil, mais que li rois de France lor
-voelle renvoiier, se poront il un de ces jours retourner et ocire ce
-d'Artevelle, et trop de soutilleté il a en France. Mais qui poroit
-faire une cose, vous avés une fille, Isabiel: se li Flamenc pooient
-tant faire par sens et par pratique que il reuissent lor fil; et puis
-uns mariages se fist de vostre fille à ce fil, les aliances dou mariage
-poroient estre bonnes et moult vous deveroient valoir ou temps à
-venir.» Li rois d'Engleterre s'inclina à ce consel et ne prist nul
-autre.
-
-Or vous voel je nonmer les contes et les barons qui furent au siège de
-Tournai avoecques le roi d'Engleterre, et liquel passèrent la mer
-avoecques li: premierement les prelas, l'evesque de Lincole et
-l'evesque de Durem; le conte Derbi, le conte d'Arondiel, le conte de
-Norhantonne, le conte de Herfort, le conte de Warvich, le conte de
-Douvesière, le conte d'Ormont et le conte de Wincestre; barons: le
-signeur de Persi, le signeur de Lusi, le signeur de Noefville, le
-signeur de Helinton, le signeur de Felleton, le signeur de Braseton, le
-signeur Espensier, mesire Renault de Gobehen, mesire Richart de
-Stanfort, mesire Thomas de Hollandes, le signeur de Basset, le signeur
-de Bercler, le signeur Fil Warin, le signeur Fil Watier, le signeur de
-Biaucamp, mesire Jehan de Biaucamp, mesire Rogier de Biaucamp, le
-signeur de Hastinges, le signeur de Ferrières, le signeur de Moutbrai,
-le signeur de Multon, le signeur de Ware, le signeur de Lanton, le
-signeur de Graa, messire Richart la Vace, le signeur de Courtenai, le
-signeur de Illecombe, cornillois, le signeur de Talebot, et tant que il
-estoient vint et huit barons et diis contes. Je n'ai pas nonmé le conte
-de Pennebruq et le conte de Heustidonne qui ausi i estoient. Encores
-avoecques tout ce, se la bataille euist esté devant Tournai des deus
-rois et de lors aliiés, ensi que on esperoit que elle deuist estre, il
-estoient issu hors d'Engleterre avoecques le roi pluissours chevaliers
-et signours qui euissent bouté lors banières hors, et avoient lor estat
-tout pourveu grant et estofé, et ne desiroient aultre cose. Aussi tout
-li signeur, qui là au dit roi d'Engleterre compagnie faisoient, au plus
-estofeement conme il pooient, il i estoient, tant de banières, de
-pennons, de monteures, de trefs, de tentes, de carroi et de toutes
-coses qui à une hoost apertient et est necessaire as gens d'armes.
-
-Encores sans comparison estoit trop plus grans li estas dou roi
-Phelippe de France, car là estoient quatre rois qui tout li faisoient
-compagnie et service: li rois de Boesme, li rois de Navare, li rois
-d'Escoce et li rois de Maiogres; et comprendoient les logeis des
-François trois lieues tout à l'environ. Et fu raporté par les
-hiraus(que) avoecques le duc de Normendie, le duch de Bretagne, le duc
-de Bourgogne et le duch de Lorrainne, il i avoit en son hoost dix sept
-contes, deus cens et soisante neuf banerès, et estoient bien tout honme
-de deffense cent et chienqante mille. Considerés le peuple qui là
-estoit assamblés, tant pour l'un roi que pour l'autre, car li rois
-d'Engleterre, parmi les Flamens, avoit plus de cent mille honmes. Grant
-ocision et grande mortalité de peuple i euist esté, se par bataille il
-fuissent venu ensamble. On en fu sus le point, mais li dus de Braibant,
-qui cousins germains estoit dou roi d'Engleterre, et qui là estoit
-moult poissanment venus, acompagniés de barons et de chevaliers de son
-pais et des conmunautés, des honmes de Brousselles, de Malignes et de
-Louvaing, brisoit et brisa tout dis couvertement la bataille, avoecques
-un grant moiien qui là estoit pour tretiier paix, trieuwes ou respit,
-madame Jehane de Valois qui contesse avoit esté de Hainnau, et qui
-serour germainne estoit dou roi Phelippe et dou conte Carle d'Alençon,
-et qui avoit là son fil le conte de Hainnau. Avoecques la bonne dame
-s'ensonnioit de traitiier et d'aler de l'un à l'autre uns moult sages
-chevaliers qui se nonmoit mesires Lois d'Augimont; et avoit si belle
-parleure et si aournée et de si grande prudense que il estoit très
-volentiers oïs entre toutes les parties, tant de France conme de
-l'Empire. Et quoi que pour le roi d'Engleterre tout chil signeur de son
-lés fuissent là asamblé, il n'en estoit pas en li dou dire et dou
-faire, mais couvenoit que le plus il s'ordonnast et gouvrenast par
-ceuls de l'Empire et especiaulment par le duc Jehan de Braibant, son
-cousin germain, car desus tous il avoit la grignour vois et audiense.
-Et moustra par couvreture que à la priière madame Jehane de Valois il
-s'inclinoit à ce que bon seroit que on entendesist à auquns trettiés de
-paix et de trieuves, car on devoit là moult faire pour faire pour la
-bonne dame qui là avoit ses frères et ses enfans. Et fu donné à
-entendre au roi d'Engleterre que li iviers aproçoit, et les longes nuis
-et froides, que toutes gens resongnent de jesir as camps, et que pour
-celle saison on en avoit assés fait.
-
-Li rois d'Engleterre, pour ce temps, estoit jones, et pas ne
-congnissoit encores le malisce et pratique dou monde et des grans
-signeurs de l'Empire qui despendoient son argent et vosissent que la
-gerre durast tout dis, car il estoient bien paiiet. Li contes de
-Hainnau et messires Jehans de Hainnau, ses oncles, avoient cler enghien
-assés pour considerer toutes ces coses, et veoient bien les
-dissimulations qui estoient entre ces signeurs de l'Empire et le plus
-deviers le duch de Braibant, mais il n'en osoient parler et se
-souffroient, et ne se vodrent onques ensonniier de nul trettié, mais en
-laissièrent couvenir le duch de Braibant, le duch de Gerles et le conte
-de Jullers, de la partie le roi d'Engleterre. Madame Jehane de Valois
-et messires Lois d'Augimont procurèrent tant deviers le roi de France
-que li rois de Boesme, li contes d'Alençon et li contes de Flandres
-furent esleu pour estre à ces parlemens et tretiés à l'encontre de ces
-signeurs desus nonmés. Et fu ordonné que chil signeur, qant on ot pris
-asegurances que il pooient aler et venir et lors gens sans nul peril
-et retourner casqun en son hoost, tenroient lors parlemens et lors
-trettiés en une chapelle que on dist à Esplecin, et est asisse enmi les
-camps, ensi que en un chemin. Et venoient là chil signeur tantos apriès
-messe et boire, et se metoient dedens la chapelle, et la desus ditte
-dame, madame Jehane de Valois, avoecques euls; et i furent trois ou
-quatre fois que riens n'i faisoient. Donc i revinrent dou costé le roi
-d'Engleterre li evesques de Lincolle et messires Jehans de Hainnau; et
-de la partie le roi de France, li evesques de Liège et li contes
-d'Ermignach. Par le moiien de ceuls qui adrechièrent as besongnes,
-avoecques les paroles et priières de celle bonne dame, madame Jehane de
-Valois, se ouvrirent et avancièrent li trettié. Et regardèrent li
-signeur, qui moult honnouroient l'un l'autre, qant il entroient dedens
-la capelle, que unes trieuwes seroient bonnes prises à durer tant
-seullement un an entre toutes les parties par mer et par terre, et
-dedens cel an li rois d'Engleterre envoieroit nobles honmes et prelas
-de par lui en la chité d'Arras en Piqardie, qui aueroient plainne
-poissance de faire paix et acord à l'entente des deus rois; et aussi li
-rois de France parellement renvoieroit de par li nobles honmes et
-prelas qui aueroient plainne poissance d'acorder tout ce que dit et
-parlementé seroit pour le millour. Avoecques tout che, li doi roi
-supplieroient benignement à nostre Saint Père le pape que il i vosist
-envoiier deus cardinauls en legation, pour aidier à adrecier à ces
-besongnes. Sus cel estat et ordenance se conclut li parlemens, et donna
-on à entendre au roi d'Engleterre que par ce parlement qui seroit
-asignés à Arras, il aueroit en pareçon grant part dou roiaulme de
-France; dou mains toute la ducée de Normendie, qui jadis avoit esté as
-rois d'Engleterre, li seroit rendue, et la conté de Pontieu et celle de
-Monstruel, et tous coustages et frès que fais avoit, li et ses gens,
-depuis que il passa la mer en la cause dou calenge. Ces proumesses ou
-là environ et encores plus grandes que li dus de Braibant remoustroit à
-son cousin le roi d'Engleterre, l'apaisoient grandement et li brisoient
-ses abusions, et aussi à ceuls d'Engleterre, et s'acorda assés
-doucement à la trieuve. Si furent lettres escriptes, seelées et
-données, et en prist cascuns des rois ou de lors honmes à ce conmis dou
-recevoir, les copies. Et estoient données les trieuwes, et ensi furent
-elles causées et conditionnées et publiies ens ès deus hoos et dedens
-la chité de Tournai, pour resjoïr la conmunauté de la ville, à durer
-jusques au premier jour dou mois de marc, lequel on atendoit, que on
-compteroit l'an mil trois cens quarante et un, jusques au marc
-ensievant l'an mil trois cens quarante et deux. Et avoient li pluisseur
-là en dedens esperance de paix. A toutes ces coses rendi especiaulment
-grant painne madame de Valois. Fos 68 vo à 70.
-
-P. 79, l. 29: trois jours mains.--_Mss. A 11 à 14_: et quatre jours. Fo
-71 vo.
-
-P. 80, l. 4: France.--_Ms. d'Amiens_: premierement le comte de Foix et
-sen frère le comte Raoul d'Eu, connestable de Franche, le comte de
-Ghines son fil, le conte Aimery de Nerbonne, messire Aymars de
-Poitiers, messire Joffroy de Cargny, messire Gerart de Montfaucon,
-messire Godemar dou Fay et le seigneur de Kayeux, et ossi le marescal
-de Franche, monseigneur Robert Bertran. Chil seigneur estoient vaillant
-homme, et de grant affaire et de bon sens. Si penssèrent si bellement
-et si sagement de le ditte ville que leur honneur y fu bien et
-grandement gardée et la chité ossi. Car oncques pour assault ne pour
-hustin, ne pour escarmuce qui y fuist, chil seigneur ne s'en partirent;
-mès songneusement de nuit et de jour le pourveirent de deffense et de
-consseil. Fo 51 vo.
-
-P. 80, l. 24: Haynau.--_Ms. d'Amiens_: car son fil le comte Haynnau
-trouvoit elle si dur et si rebelle à sen entention, que elle ne l'en
-volloit plus parler. Fo 51 vo.
-
-P. 81, l. 8: capelle.--_Ms. B. 6_: vers Esplechin. Fo 165.
-
-P. 81, l. 9: De le partie.--_Ms. B 6_: De la partie de Franche fu pris
-pour faire le traitiet le roy de Behaigne, l'evesque de Liège, le duc
-de Bourbon et le comte d'Alenchon; et de la partie du roy d'Engleterre,
-le duc de Brabant, le conte Derbi, le conte de Norhantonne et
-l'evesques de Londres. Fo 165.
-
-P. 81, l. 12: d'Ermignach.--_Ms. d'Amiens_: et li comtes de Blois. Fo
-51 vo.
-
-P. 81, l. 14 et 15: li dus de Julers.--_Ms. d'Amiens_: li comtes de
-Jullers. Fo 51 vo.
-
-P. 81, l. 15: Haynau.--_Ms. d'Amiens_: et li comtes de Warvich. Fo 51
-vo.
-
-P. 81, l. 16: capelle.--_Ms. d'Amiens_: Ceste journée au matin que li
-seigneur durent venir enssamble, il oïrent au point dou jour messe. Et
-assés tost apriès le messe, il burent ung cop, et puis cevauchièrent
-chacuns li ungs deviers l'autre, li Franchois enssamble et li Englèz
-enssi, et entrèrent environ à l'eure de tierche en le ditte capèle. Fo
-51 vo.
-
-P. 82, l. 2: entrer.--_Ms. d'Amiens_: avoecques le somme de l'année. Fo
-51 vo.
-
-P. 82, l. 8: engien.--_Ms. d'Amiens_: Et avoient cilz des lontainnes
-marches, les quarante jours, advis de tenir le trieuwe, s'il volloient,
-ou de renonchier et guerriier, s'il leur plaisoit. Fo 52.
-
-P. 82, l. 25: à envis.--_Ms. d'Amiens_: especialment chil de
-Brouxelles. Fo 52.
-
-
-=§ 136.= P. 82, l. 30: Ensi.--_Ms. d'Amiens_: Enssi se departirent ces
-deus grans os, et donna ly rois d'Engleterre congiet à touttes
-mannierres de gens et de seigneurs, et les remerchia grandement et
-chacun par lui, dou service que fait li avoient. Si s'en revint li roys
-à Gand, dallés le roynne se femme, et ne demoura mies puis loingtans
-qu'il s'en partirent et retournèrent en Engleterre. Fo 52.
-
-P. 83, l. 9 et 10: signeurs.--_Ms. de Rome_: De rechief, il se
-offrirent à lui et se representèrent pour aler partout où il les
-manderoit, car il les avoit bien paiiés. Fo 70.
-
-
-=§ 137.= P. 84, l. 14: Or se.--_Ms. de Rome_: Ensi se departirent tout
-chil signeur d'Allemagne et tournèrent casquns en lors lieus. Li dus de
-Braibant retourna dedens son pais, li contes de Hainnau et messires
-Jehans de Hainnau fissent compagnie au roi d'Engleterre jusques en la
-ville de Gant, et là prissent il congiet à lui et à la roine, et puis
-retournèrent en Hainnau par Brousselles, car là ot une grande feste de
-joustes que li dus de Braibant et li chevalier de Braibant fissent à
-lor retour. Et là joustèrent li contes de Hainnau et ses oncles, et en
-ot le pris de ceuls de dehors li contes de Hainnau, et de ceuls de
-dedens li sires de Destre; et des esquiers de dehors, Willaumes de
-Mastain, et de ceuls de dedens Pières de Pietresen. Et là furent à ces
-joustes de Brousselles noncies et criies unes joustes de trente
-chevaliers et de trente esquiers à estre à Mons en Hainnau. Et se tint
-la feste grande et belle, et enporta le pris des chevaliers de dehors
-li contes de Namur, et de ceuls de dedens mesires Gerars de Werchin,
-senescal de Hainnau, mais il i fu si travilliés que depuis il ne vesqi
-point longement, et morut jones, dont ce fu damages, et des esquiers
-de dehors, Thieris de Brederode, et de ceuls de dedens Ansiaus de Sars.
-Et se continuèrent ces festes en bien, en joie et en reviel.
-
-Et les povres gens dou pais de Hainnau, liquel avoient perdu le lor à
-ce conmencement par la gerre et ars lors hostels et lors maisons,
-s'aherdirent au labourer et au gaegnier dou nouviel. Aussi fissent chil
-de France des marces et frontières de Tournesis, de Lille et de Douai.
-
-Et li rois d'Engleterre et la roine sa fenme ordonnèrent lors
-besongnes, et prissent congiet à lor compère Jaquemon d'Artevelle, mais
-il les amena et aconvoia jusques à Bruges et de là à Dunquerque. Et là
-estoient lor vassiel tout prest, et entrèrent dedens, et traversèrent
-la mer et vinrent à Zandvich; et jà estoient departi grant fuisson de
-lors gens par l'Escluse et par Anwiers et retourné en Engleterre.
-
-Et li rois Phelippes aussi avoit donné congiet à toutes gens d'armes et
-remerciiet les lontains, et estoit venus jeuer et esbatre en la ville
-de Lille, et là le vinrent veoir les bonnes gens de Tournai; il les vei
-volentiers. Et les representèrent mesires Godemars dou Fai et li
-signeur qui dedens avoient esté le siège durant, et se loèrent
-grandement de euls. Li rois oy volentiers ces loenges, et rendi à ceuls
-de Tournai lor loi, laquelle il avoient perdu un grant temps; et
-estoient menet, jugiet et ordonné par un gouvreneur.
-
-Apriès toutes ces coses faites et acomplies, li rois s'en retourna en
-France, et ot une très grande feste à Compiengne; et fu uns tournois,
-liquels fu criiés et publiiés en moult de pais, et en fu chiés li bons
-rois de Boesme, et ot à ce tournoi plus de sept cens hiaumes. Fo 70.
-
-P. 84, l. 21: jouste.--_Ms. B 6_: de quarante chevaliers et escuiers
-contre tous venans. Et y eut moult belle jouste. Et y fu le roy
-d'Engleterre, le duc de Brabant, Jaques de Hartevelle et grant foison
-d'autres seigneurs. Et furent les joustes moult belles; et après la
-feste faite, chacun se party et alla là où il leur plaisoit. Fo 166.
-
-P. 84, l. 29: Lille.--_Ms. d'Amiens_: et s'i tint environ quinze jours.
-Fo 52.
-
-P. 84, l. 29: cil de Tournay.--_Ms. d'Amiens_: li plus grant bourgois
-de Tournay. Fo 52.
-
-P. 85, l. 8: anciiens.--_Ms. d'Amiens_: Ossi li bourgeois de Lille
-requisent au roy que il leur volsist donner messire Wafflart de le
-Croix, qu'il tenoit en prison, liquelx les avoit gueriiés ung moult
-loing tamps et fès plusieurs despis. Li rois leur donna, car bien y
-estoit tenus pour le cause d'un biau service que cil de Lille li
-avoient fet, que pris le comte de Sallebrin et le comte de Sufforch et
-rendus à lui pour ses prisonniers. Et quant chil de Lille eurent le dit
-monseigneur Wafflart en leur vollenté, il ne le gardèrent pas trop
-longement, mès le fisent morir à honte. Apriès touttes ces coses, li
-roys de Franche se parti de Lille et s'en revint à petites journées en
-grans esbas à Paris, et là ou au bos de Vincènes se tint ung grant
-temps. Fo 52.
-
-P. 85, l. 18: A ce parlement.--_Ms. B 6_: Et s'en revint le roy
-d'Engleterre à Gand où madame sa femme estoit. Sy ordonna toutes ses
-besoignes et s'en rala en son pais, et laissa par dechà le conte Derbi
-son cousin et le conte de Norhantonne et l'evesque de Linchelle pour
-estre à che parlement et traitiet qui se devoit faire en la ville de
-Aras, mais riens de pais ne s'y pot trouver ne esploitier. Sy y furent
-deus cardinaulx, le cardinal de Naples et le cardinal de Panestres,
-envoiiet en legation de par le pappe Benedick. Et osy de par le roy de
-France y fut le conte de Flandres, le conte de Bar, le sire de Saint
-Venant, l'evesque de Ausoire. Ches traitteurs et ces cardinaulx se
-tinrent là emsamble plus de trois mois, maiz il n'y peurent trouver
-nulle fin de pais. Fos 166 et 167.
-
-P. 85, l. 20: Bourbon.--_Ms. d'Amiens_: .... li comtes de Salebruges,
-li comtes de Saint Pol et li sires de Couchy. Fo 52.
-
-P. 85, l. 25: d'Artois.--_Ms. de Rome_: contes de Ricemont. Fo 70 vo.
-
-P. 85, l. 26: Flandres.--_Ms. de Rome_: Et en furent priiet li contes
-de Hainnau et messires Jehans de Hainnau et messires Henris de
-Flandres. Li contes de Hainnau s'escusa, mais son oncle et messire
-Henris i furent. Fo 70 vo.
-
-P. 86, l. 3 et 4: deux ans.--_Ms. de Rome_: par mer et par terre. Fo 70
-vo.
-
-P. 86, l. 5 et 6: revinrent.--_Ms. d'Amiens_: li cardinal en Avignon,
-li Franchois en Franche et li Englès en Engleterre. Et se pourveirent
-li doy roy sus ceste entente pour gueriier, le trieuwe acomplie, plus
-fort et plus radement qu'en devant n'avoient fait. Fo 52.--_Ms. de
-Rome_: Mais li contes de Hainnau avoit fait priier par son oncle le
-cardinal de Naples, son cousin, que il vosist venir et descendre en son
-pais en Hainnau. Li cardinauls, à la priière dou conte et de son oncle,
-obei et descendi et vint en Hainnau, et entra en Valenchiennes par la
-porte d'Anzain. Et ala li contes sus les camps à l'encontre de li à
-plus de cinq cens chevaus, et l'amena moult honnourablement en
-Valenchiennes, et de là en son hostel que on nonme la Salle, et fu
-trois jours à Valenchiennes et deus jours au Kesnoi. Et puis retourna
-li dis cardinaus à Cambrai, et de là à Amiens, où il trouva le cardinal
-de Clermont qui là l'atendoit; et puis s'en alèrent tout doi ensamble à
-Paris deviers le roi et les signeurs. Fo 70 vo.
-
-P. 86, l. 11: lontainnes.--_Ms. d'Amiens_: de Saintongle, de Gascoingne
-et de Thoulousain, car toudis gueriièrent il et heriièrent l'un l'autre
-les garnisons englesses et franchoises. Et tenoient li Gascon franchois
-à ce donc les camps en le lange d'ok, et concquisent pluiseurs villes
-et fortrèches sus les Englèz. Ossi li Escot dis(o)ient bien que jà,
-tant que il pewissent gueriier, il ne tenroient trieuwes ne respit as
-Englès, car pas n'y estoient tenu, mès de porter tous les dammaiges
-qu'il poroient, ensi qu'il fissent et si comme vous orés chy
-enssiewant. Fo 52.
-
-P. 86, l. 14: avenues.--_Ms. d'Amiens_: plus qu'en nul autre pays. Fo
-52.
-
-
-=§ 138.= P. 86, l. 25: A savoir.--_Ms. d'Amiens_: Pluiseur gongleour et
-enchanteour en place ont chanté et rimet lez guerres de Bretagne et
-corromput, par leurs chançons et rimes controuvées, le juste et vraie
-histoire, dont trop en desplaist à monseigneur Jehan le Biel, qui le
-coummencha à mettre en prose et en cronique, et à moy, sire Jehan
-Froissart, qui loyaument et justement l'ay poursuiwi à mon pooir; car
-leurs rimmez et leurs canchons controuvées n'ataindent en riens le
-vraie matère, mès velle ci si comme nous l'avons faite et achievée par
-le grande dilligensce que nous y avons rendut, car on n'a riens sans
-fret et sans penne. Jou, sire Jehans Froissars, darrains venus depuis
-monseigneur Jehan le Bel en cel ouvraige, ai ge allé et cherchiet le
-plus grant partie de Bretaigne, et enquis et demandé as seigneurs et as
-hiraux les gerrez, les prises, les assaux, les envaïes, les bataillez,
-les rescousses et tous les biaux fès d'armes qui y sont avenut mouvant
-sus l'an de grasce mil trois cens quarante, poursieuwans jusquez à le
-darrainne datte de ce livre, tant à le requeste de mes diz seigneurs et
-à ses fraix que pour me plaisance acomplir et moy fonder sus title de
-verité, et dont j'ay estet grandement recompenssé. Et pour chou que
-vous sachiés le coumencement et le rachinne de ceste guerre et dont
-elle se moet, je le vous declarray de point en point. Si en diréz
-vostre entente, et quel cause et droit messires Carles de Blois eut à
-l'hiretaige de Bretaingne, et d'autre part, li comtez de Monfort, qui
-en fist fet et partie contre lui. Pluisseurs gens en ont parlet ou
-parolent, qui ne sèvent mies ou n'ont sceu par quel affaire li
-oppinions de le challenge des seigneurs dessus diz est venus, ne
-premierement esmeus; mès chy s'enssuilt. Si l'oréz, s'il vous plest, et
-je le vous declarray.
-
-Apriès le departement dou siège dou Tournai, si comme vous avés chy
-dessus oy, et que li roys de Franche donna congiet à tous sez os et
-remerchia lez ducs, lez comtez et lez barons de ce que si bien et si
-honnerablement cescun seloncq son pooir l'avoient servi, ly seigneur
-prisent congiet dou roy li ung après l'autre, et se retrairent chacun
-vers sen lieu. En ce departement, li dus de Bretaingne, qui servi avoit
-le roy à bien dix mil lanches devant Tournai, tous de chevaliers et
-d'escuiers de son pays, donna à toutez ses gens congiet de raller
-chacun sus son lieu, et ne retint fors chiaux de son hostel, et chemina
-à petittez journées et à grans frais. Bien le pooit faire, car il
-tenoit grant estat et noble, car il estoit sires d'un grant pays et
-rendable. En son chemin, chilx dus s'acouça au lit d'une maladie, de
-laquelle il morut. Chils dus n'avoit eu nul enfant de la ducoise sa
-femme. Si avoit il une sienne nièce, fille de son frère germain de père
-et de mère, laquelle jone fille il avoit mariée à monseigneur Charle de
-Blois, frère maisnet à monseigneur Loeys, comte de Blois. Chils dus de
-Bretagne si avoit ung frère de par se mère qui avoit estet remariée, et
-appelloit on cesti le comte de Montfort. Et estoit chilx comtez de
-Monfort mariés à le sereur le comte Loeys de Flandrez, et avoit de
-ceste damme fil et fille. Chils dus de Bretaigne, qui de son vivant
-avoit mariée se nièche, fille de son frère germain, mort devant lui, se
-doubtoit bien que li comtes de Montfort, ses frères de remariaige, ne
-volsist de forche, apriès sa mort, entrer en la possession de
-Bretaingne et deshireter sa nièche, qui drois hoirs en estoit. Et pour
-mieux tenir et garder ses drois et deffendre sen hiretaige, il l'avoit
-dounnet, enssi que j'ay jà dit, à monseigneur Charlon de Blois,
-nepveut au roy de Franche, et qui le mieux et le plus grandement estoit
-enlinagiéz en Franche, et qui le plus y avoit de prochains de tous
-costéz et de bons amis. Et à celle entente avoit li dus fet le mariaige
-de sa nièche et de monseigneur Charlon de Blois, que li roys Phelipez,
-qui estoit ses oncles, li aidast mieux et plus volentiers à garder son
-droit encontre le dit comte de Monfort, s'il le volsist entreprendre,
-liquelx ne venoit mies dou droit estock de Bretaingne. Fo 52 vo.
-
-_Ms. de Rome_: Vous sçavés, si com ichi desus est dit, que li rois
-Phelippes de France, qant il vint au Pont à Bouvines à l'encontre dou
-roi d'Engleterre, liquels avoit assis et environné la chité de Tournai,
-et i fist son mandement parmi le roiaulme de France, il n'oublia pas à
-mander le duch de Bretagne, liquels le vint servir plus poissanment que
-nuls des aultres prinches de France; car il ot en sa compagnie et
-delivrance trente trois banerès dou pais de Bretagne, et bien sept cens
-chevaliers et esquiers, tous gentilshonmes.
-
-Qant tout li signeur se departirent dou roi et l'un de l'aultre, et que
-casquns s'en retourna viers son pais, et il orent donné tous lors
-honmes congiet, car en grant temps ils n'en pensoient à avoir à faire
-pour tel cas, chils dus de Bretagne, qui pooit estre de l'eage de
-soissante ans ou environ, s'en retournoit viers son pais à tout son
-estat tant seullement. Maladie le prist et aherdi sus son cemin, de
-laquelle il s'acouça au lit en la chité de Chartres, et en morut. Ce
-duch mort, de li ne demora fils ne fille, car nul enfant il n'ot onques
-eu de sa fenme. Chils dus avoit eu un frère germain de père et de mère,
-lequel on avoit nonmé mesire Jehan de Bretagne. De ce frère au duc
-estoit demorée une belle jone fille, nonmée Jehane, et contesse de
-Pentèvre de par sa dame de mère. Chil doi duc, c'est à entendre le duc
-qui fu devant Tournai, et mesires Jehans de Bretagne, son frère et
-conte de Pentèvre, avoient un frère de par lor dame de mère, non de par
-lor père, car lor mère estoit remariée au conte de Montfort. Chils
-contes avoit eu ce fil, qui se nonmoit contes de Montfort, de la dame
-qui duçoise avoit esté de Bretagne, vivant le duch de Bretagne son mari
-tant seullement. Li dus de Bretagne qui fu devant Tournai et ses frères
-avoient tenu ce conte de Montfort à frère, pour tant que il estoit fils
-de lor mère et non de lor père, ensi que vous le devés entendre. Chils
-contes de Montfort avoit à fenme la soer au conte Lois de Flandres. Li
-dus de Bretagne qui fu devant Tournai, avoit la fille de son frère
-germain mariet à messire Carle de Blois, fil au conte Gui de Blois et
-frère au conte Lois de Blois et neveut dou roi Phelippe de France, fil
-de sa serour; car vous savés, ensi que il est dit et escript ichi
-desus, que li contes de Hainnau, li contes Guis de Blois et mesires
-Robers d'Artois eurent les trois serours dou roi Phelippe. Chils dus de
-Bretagne qui fu devant Tournai, avoit tous jours fait doubte que li
-contes de Montfort, son frère de remariage, ne vosist, apriès son
-dechiès, efforchier sa cousine la droite hiretière de Bretagne, et
-bouter hors de son hiretage; et pour ce l'avoit il mariet et donnet à
-mesire Carle de Blois, (affin) que li rois Phelippes de France et li
-contes d'Alençon, si oncle, et li dus de Normendie, ses cousins
-germains, li aidaissent à soustenir et deffendre son hiretage de
-Bretagne, se li contes de Montfort, qui riens n'estoit issus de
-Bretagne, le voloit efforchier et oster son droit, par queconques
-cautelle(s) que ce fust.
-
-Et ce en avint que li dus de Bretagne pensa et imagina en son temps.
-Car sitos que li contes de Montfort peut sçavoir que li dus de
-Bretagne, ses frères, fu mors, il s'en vint à Nantes, qui est la
-souverainne chité de Bretagne. Et fist tant as bourgois et à ceuls dou
-pais entours que il le rechurent à signeur et li fissent feaulté et
-honmage, et toutes les solempnités autèles conme elles apertiennent à
-faire as dus de Bretagne, sans nulles excepsions ne reservations; et
-tantos ala à Rennes, qui est la grignour chité apriès. Chil de Rennes
-le rechurent parellement. Aussi fissent chil de Vennes, de Camperlé, de
-Camper Correntin, de Dol, de Saint Bru de Vaus, de Hainbon, de Lanbale
-et de toutes les chités et villes de Bretagne, reservé Braist et auquns
-fors chastiaus et les signeurs qui ne vodrent pas sitos obeir; car il
-sentoient que mesires Carles de Blois avoit à fenme la droite hiretière
-de Bretagne, et s'enmervilloient conment les bonnes villes et les
-chités de Bretagne estoient sitos rendues à lui; mais mesires Hervis de
-Lion, un grant baron de Bretagne, i avoit fort aidié. Et là par tout où
-li contes de Montfort aloit et cevauçoit, et à toutes ces receptions il
-menoit la contesse sa fenme, laquelle avoit coer d'onme et le lion. Et
-s'avisèrent li contes et sa fenme, qant il orent chevauciet par toutes
-les chités et bonnes villes de Bretagne, que il ordonneroient une feste
-à tenir très grande en la chité de Nantes. Si fu la feste prononchie
-et publiie par tout, et li jours asignés que la feste se tenroit. Si
-furent les pourveances faites très grandes et groses de toutes coses
-que à la feste pooit ou devoit apartenir. Fo 71.
-
-P. 86, l. 29: à host.--_Ms. B 6_: à plus de quinze cens lanches. Fo
-167.
-
-P. 87, l. 3: morir.--_Ms. B 6_: à Roen. Fo 167.
-
-P. 87, l. 17: se mère.--_Mss. A 1 à 7, 11 à 22, 30 à 33_: son
-père.--_Mss. A 8, 9, 23 à 29_: sa mère. Fo 69 vo.
-
-P. 88, l. 23: sa femme.--_Ms. B 6_: que seur germaine estoit du conte
-Loys de Flandres. Fo 169.
-
-
-=§ 139.= P. 89, l. 1: Chou pendant.--_Ms. de Rome_: Li contes de
-Montfort, qui soubtieus et imaginatis estoit, se departi de Nantes et
-laissa là la contesse sa fenme, pour ordonner de celle feste, et
-cevauça à poissance de gens d'armes viers la chité de Limoges, dont li
-dus, son frère, avoit esté sires et contes; et bien savoit que son
-grant tresor estoit là, et de lonch temps l'avoit assamblé. Qant il fu
-venus jusques à Limoges, on ne mist nul contredit à lui recevoir, car
-renonmée couroit jà, et bien le remoustroit, que chil de Nantes, de
-Rennes et de Vennes et des chités et bonnes villes de Bretagne
-l'avoient receu à duch et à signeur, et ce coulouroit grandement son
-fait. Et li fissent toutes les solempnités les eglises et les bourgois
-de Limoges que on doit faire à son signeur; et prist et saisi le grant
-tresor: en or et argent avoit grans sonme que li dus son frère avoit
-assamblé, car ce fu uns sires de bon gouvrenement et de grant espargne.
-Chils contes de Montfort prist tout ce tresor et le carga et toursa et
-en ordonna ensi conme sien, et s'apensa que il li venroit bien à point
-pour renforcier son estat, acquerre des bons amis et destruire ses
-ennemis.
-
-Qant il ot pris la possession de Limoges et de Limosin de ce que à son
-hiretage apertenoit, il ordonna partout gens et officiiers de par lui
-et se mist au retour, et vint à Nantes. Et trouva que les pourveances
-pour la feste que il voloit tenir, estoient toutes prestes, dont il fu
-moult resjois, car il atendoit les nobles et les prelas de son pais,
-c'est à entendre selonch le droit que il se disoit à avoir. A cele
-feste qui fu tenue à Nantes, vinrent des chités et des bonnes villes de
-Bretagne les consauls et les honmes que il avoit creés et pourveus en
-office; mais des barons nuls n'i vinrent, fors mesires Hervis de Lion,
-dont il fu moult pensieus et esmervilliés. Bien est verité que auquns
-chevaliers et esquiers, le plus Bretons bretonnans, i vinrent, liquel
-n'estoient pas encores bien enfourmé de la matère. Et à tous ceuls qui
-furent à sa feste, il donna et departi de ses biens si largement que
-tout s'en contentèrent, et acquist la grasce et l'amour d'euls, car il
-n'est riens que dons ne qassent.
-
-Qant li contes de Montfort vei que pluisseur baron et chevalier de
-Bretagne refusoient à ses mandemens, et que point n'estoient venu à sa
-feste, si en fu tous merancolieus. Et pour ce ne laissa il pas à fester
-et à faire bonne chière à tous ceuls qui venu estoient. Et avant que la
-feste fust esparse, il demanda comment il se ceviroit de ceuls qui le
-voloient adoser. Il fu consilliés que il semonsist tous ses hommes, et
-priast ses amis et presist saudoiiers de toutes pars, car il avoit bien
-de quoi faire, et cevauçast à poissance de gens d'armes en Bretagne, et
-conquesist de fait les rebelles et fesist venir à obeissance, et tout
-premierement il alast devant Brait et fesist tant que il en fust sires,
-car pas n'est dus de Bretagne qui n'est sires de Brait. Li contes de
-Montfort crei ce consel et semonst tous ceuls qui feaulté li avoient
-fait, et desquels il pensoit à estre aidiés, et retint saudoiiers à
-tous lés, et les paia bien et largement, tant que casquns le vint
-volentiers servir. Fo 71 vo.
-
-P. 89, l. 9: seigneur.--_Ms. d'Amiens_: car il n'avoient encorrez oy
-parler de nului qui li debatesist ne mesist callenge. Fo 52 vo.
-
-P. 89, l. 20: parfurnir.--_Ms. d'Amiens_: Si avoit li dus escript
-especialement et envoiiés certains messaiges deviers le visconte de
-Rohem, monseigneur Charle de Dignant, monseigneur Hervy de Lion,
-monseigneur l'evesque, son frère, ossi à l'evesque de Rennes et à
-l'evesque de Vanes, au seigneur de Cliçon, au seigneur de Biaumanoir,
-au seigneur de Kintin, au seigneur de d'Avaugore, au seigneur de
-Lohiach, au castelain de Ghinghant, au seigneur de Rais, au seigneur de
-Rieus, au seigneur de Malatrait, au seigneur de Garghoule, au seigneur
-de Tournemine, au seigneur d'Ansenis, et generaulement à tous lez
-barons, chevaliers et prelas de Bretaingne, et engoint en especialité
-que tout venissent à se feste en le cité de Nantez. Fo 53.
-
-P. 89, l. 24: Hervi.--_Mss. A 8, 9, 11 à 17, 20 à 22_: Henri. Fo 70.
-_Mauvaise leçon._
-
-P. 90, l. 1: entre yaus.--_Ms. d'Amiens_: par le enort de monseigneur
-Hervy de Lion et de aucuns bourgois de Nantez. Fo 53.
-
-
-=§ 140.= P. 90, l. 17: Brait.--_Mss. A 8, 9, B 3_: Braist. Fo
-70.--_Mss. A 1 à 7, 11 à 33_: Brest. Fo 76 vo.
-
-P. 90, l. 20: et cousins.--_Ms. B 6_: à le femme monseigneur Charle de
-Blois. Fo 170.
-
-P. 91, l. 4: à signeur.--_Ms. d'Amiens_: .... car il y avoit plus
-prochain à l'hiretaige qu'il ne fust. De ceste responsce eult li comtes
-de Monfort grant matalant et se retrai arrierre; et deffia le chevalier
-et dist qu'il li remousteroit, ainschois que de là se departesist,
-quèle proimeté il avoit à le duché de Bretaingne. Si coumanda à logier
-touttez mannierrez de gens et à environner le ville de Brait, au costet
-deviers le terre. Fo 53.
-
-P. 91, l. 6: à signeur.--_Ms. B 6_: .... mais garderoit la ville et le
-chastel pour l'iretière, le femme de monseigneur Charle de Blois. Fo
-170.
-
-P. 91, l. 7: à qui.--_Mss. A 11 à 14_: auquel la duchié appartenoit par
-droit. Fo 74.
-
-P. 91, l. 9: deffia.--_Ms. B 6_: Sy furent là ly barons et les
-sauldoiers du conte huit jours que riens n'i firent. Fos 170 et 171.
-
-P. 91, l. 11 et 12: assallir.--_Ms. B 6_: à toute son host où bien
-avoit douze mille hommes, que uns que aultres. Fo 170.
-
-P. 91, l. 21: assaut.--_Ms. d Amiens_: A cel assault eult grant hustin
-et très durement fort combatut, car messires Garniers de Clichon estoit
-très bon chevalier et plains de grant emprise, si se combatoit de grant
-couraige, car il li sambloit que il le faissoit sus son droit: s'en
-estoit de tant plus vigereux et tenoit ung glaive en ses mains à ung
-fer bien aceret, et en faisoit merveillez d'armez. Et ne pooit nulx
-venir jusqu'à lui, que il ne ruast par terre. Ossi li sien le faisoient
-bien et bel, si comme bonnes gens d'armes le doient faire. Si dura
-chilx assaulx du matin jusques à nonne ou environ, toudis assallant et
-deffendant, et tant que chil de d'ens furent durement lasset. Ce
-n'estoit mies de merveillez, car d'estre armés et de combattre ung tel
-terme, je ne say coumment on le poelt souffrir ne endurer; mais il le
-faisoient tout de grant vollenté et pour ce que il veoient si bien
-combattre leur cappittainne. Et ossi il le besongnoit, car leurs
-ennemis croissoient toudis, et venoient là à grant force, fresk et
-nouviel, et se contourna tous li plus durs et grans assaux à cel
-endroit. Finablement messires Garniers de Clichon et li sien furent si
-efforciet et si apresset, que les gens le comte de Monfort gaignièrent,
-par fort continuer leur assault, les bailles, et se boutèrent en le
-ville entre les gens monseigneur Garnier et le fortrèce. Là en y eut
-pluiseurs des mors et des navrés, et fète tamaintez bellez appertisez
-d'armez et mainte belle rescousse. Et tout combatant et deffendant,
-chil de dedens se retrayrent vers le fort, mès il n'y peurent tout
-parvenir, que il n'en y ewist grant plentet de mors et de pris. Et là
-estoit li dis messires Garniers, l'espée ou poing, derière ses gens,
-devant sez ennemis, qui merveillez y faisoit d'armez, et qui tamaint
-compaignon dez siens rescouvi de mort et de prison, et fist voie pour
-entrer en le fortrèce. Fo 53 vo.
-
-P. 92, l. 8 et 9: le grant restiel.--_Ms. B 6_: le traille. Fo 171.
-
-P. 92, l. 21: navrés.--_Ms. B 6_: et eult plus de quatorze plaies.
-
-P. 92, l. 30: au tierc jour.--_Ms. B 6_: au septième jour. Fo 172.
-
-P. 93, l. 20: joians.--_Ms. de Rome_: Qant li contes de Montfort vei
-que il avoit gens assés pour cevauchier avant en Bretagne, et pour
-aprendre à congnoistre liquel et lesquels vodroient faire partie à
-l'encontre de li, et dire que il ne fust de son droit dus et hiretiers
-de Bretagne, li intension de li et de son consel estoit telle que il
-les radreceroit, vosissent ou non, à raison. Si se departi de Nantes en
-grant arroi, et se mist au chemin pour venir et aler devant Brest. Vous
-devés sçavoir, avant que il venist à Brest, il avoit jà le plat pais de
-Bretagne et moult de grosses villes si constrains à lui et mis en son
-obeisance que toutes gens le sievoient à cheval et à piet, les uns par
-renonmée que on disoit: «Vechi nostre signeur le duch,» les aultres par
-cremeur, que il n'en osoient faire le contraire. Et tant esploitièrent
-li contes de Montfort et toutes ses routes, que il vinrent devant
-Brest. Dou chastiel de Brest, pour ces jours, estoit gardiiens et
-chapitainne uns vaillans et sages chevaliers, qui se nonmoit messires
-Garniers de Cliçon, cousins germains au signeur de Cliçon. Li contes de
-Montfort le manda que il venist parler à lui sus asegurances; il vint.
-Qant il fu venus, il li demanda pourquoi il clooit les forterèces de
-Bretagne à l'encontre de li, qant bien il savoit que il en estoit dus
-et sires, et que les chités et bonnes villes de Bretagne l'avoient
-recheu à signeur. Il respondi à ce et dist: «Sire, je tieng clos et
-tenrai le chastiel de Brest, tant que il me sera aparant que il i auera
-un duch en Bretagne, qui recheus i sera de tous les barons et les
-fievés, ensi conme il apertient à estre recheus, et que chils dus auera
-fait son devoir deviers son naturel et souverain signeur, le roi de
-France, et que li rois l'auera recheu à honme liege, de foi et de
-bouce. Et qant ce me sera apparant clerement, je obeirai: ce sera
-raisons.» Donc dist li contes de Montfort: «Garnier, vous veés mesire
-Hervi de Lion qui est uns des grans barons de Bretagne, qui est venus à
-obeisance à moi, et aussi sont pluisseur noble prelat et gentilhonme,
-et toutes les chités et bonnes villes de Bretagne. Si ne me devés pas
-estre rebelles, ne aleghier dou contraire, que je ne soie dus de
-Bretagne, car la succesion m'en vient de par monsigneur mon frère, le
-daarain mort.»--«Sire, respondi li chevaliers, je ai esté moult de
-jours et de nuis dalés monsigneur vostre frère, de qui vous parlés, et
-se li ai oy dire et affremer que à la ducée de Bretagne vous n'avés nul
-droit, mais l'a mesires Carles de Blois en l'oqison de madame sa fenme
-qui fille fu à mesire Jehan de Bretagne, conte de Pentèvre, et frère
-germain au bon duc darrainnement mort. Et qant les raisons seront
-esclarcies et determinées, là ou lieu où elles le doient estre, c'est à
-Paris devant le roi de France et les douse pers, puis que vous en volés
-faire question, je ouverai le chastiel de Brest, et jusques adonc,
-non.»--«Garnier, Garnier, respondi li contes de Montfort, nous ne
-volons pas tant atendre. Or vous en retournés, vous avés assés parlé,
-et sachiés que nous i enterons qant nous porons.» Atant rentra mesires
-Garniers de Cliçon ens ou chastiel, et li contes de Montfort fist
-ordonner et apparillier enghiens et bricoles pour assallir, et dist:
-«Brest est la clef de Bretagne, mais par celle clef je voel entrer en
-Bretagne.»
-
-Li contes de Montfort prist en grant desplaisance ce que messires
-Garniers de Cliçon li avoit dit et respondu, et dist que jamès il
-n'entenderoit à aultre cose, si aueroit pris le chastiel de Brest. Le
-second jour apriès, il fu consilliés de faire ce que je vous dirai, de
-mettre une enbusqe sus au plus priès dou chastiel conme il poroit par
-raison et puis deslogier de là mal ordonneement, ensi que gens font qui
-ne sèvent que c'est de gerre, pour traire hors dou chastiel messire
-Garnier et les siens; et qant il seroient hors, li enbusqe saudroit
-avant et les encloroit entre le chastiel et l'oost. Aultrement ne les
-pooit on avoir. Ensi conme il fu consilliet, il fu fait, et li enbusqe
-asisse et mise couvertement desous le chastiel. Qant ce vint au matin,
-chil de l'oost se conmencièrent à deslogier, et à euls departir par
-fouqiaus, et à tourser tentes et trefs et à metre sus chars et à
-voiture. Messires Garniers de Cliçon et li compagnon qui ens ou
-chastiel de Brest estoient, perchurent ce convenant; si dissent:
-«Sallons hors et nous frapons en la qeue de ces alans. Nous lor
-porterons damage et ramenrons des prisonniers.» Il le fissent, et
-issirent hors et n'eslongièrent point de trop lonch le castiel, car les
-gens de Montfort estoient logiet moult priès ens ès courtils, devant
-les fossés. Qant il furent issu, les lances ens ès poins, et tous
-apparilliés pour faire armes et ferir en la qeue des Montfortois, et jà
-il escarmuçoient, evous l'enbusque venant tout le pas autour dou
-chastiel, et trouvèrent ceuls qui gardoient la porte. Qant il
-perchurent lors ennemis, il furent tout esbahi, et toutes fois il se
-missent à la deffense moult vaillanment. Mesires Garniers et li sien
-oïrent le hustin. Si laissièrent lor emprise et retournèrent viers le
-chastiel, et envaïrent moult vaillanment lors ennemis. A grant mescief
-porent il rompre la presse des assalans, car li pons estoit avalés, et
-la porte ouverte; si se efforçoient de entrer dedens. Là ot fort hustin
-et dur, et moult d'armes et d'apertises i fissent chil dou chastiel, et
-par especial messires Garniers de Cliçon, car il se tenoit derrière
-tous les siens et les remetoit par apertisses d'armes dedens la porte.
-Chil qui estoient amont traoient et jettoient as assallans et les
-faisoient requler. Et toutes fois li pons et la porte euissent esté
-efforchié, con grande vaillance que il i euist ou chevalier et en ses
-gens, se chil qui estoient amont ne se fuissent delivré de lever le
-pont et d'abatre la porte couleice.
-
-Qant il orent ce fait, il laissièrent une petite plance aler, sus
-laquelle lors gens montoient un à un et rentroient ens ou chastiel. Là
-estoit mesires Garniers de Cliçon tout devant, et faisoit voie à ses
-gens et les remetoit dedens à son pooir, et fist ce jour d'armes ce que
-uns vaillans homs doit faire; mais il fu navrés moult durement, et à
-grant painne fu il remis dedens la garnison. Et là ot ce jour à celle
-escarmuce grant fuisson de bleciés des uns et des aultres. Li contes de
-Montfort et ses gens se retournèrent tous en lors logeis conme en
-devant. Et qant chil dou chastiel de Brest veirent ceste ordenance, il
-perchurent bien que il estoient decheu, et encores furent il plus
-courouchié, car mesires Garniers de Cliçon ne pot avoir dedens la
-forterèce ce que il li besongnoit, pour entendre as plaies que il avoit
-ou chief et ou corps, et morut dedens trois jours, dont furent tout li
-compagnon desbareté et esbahi, qant il veirent mort lor chapitainne. De
-la mort mesire Garnier fu enfourmés li contes de Montfort. Si en fu
-tous resjois, car bien veoit que point n'aueroit la forterèce, tant que
-messires Garniers fust en vie. Il fist trettiier par mesire Hervi de
-Lion as compagnons de Brest, et leur fist dire que il lor pardonroit
-tous mautalens, se il li voloient rendre la forterèce. Chil qui dedens
-estoient, qui veoient mort lor chapitainne, et ne lor apparoit seqours
-de nul costé, se doubtèrent de lors corps et de lors biens à perdre; si
-rendirent Brest au conte de Montfort, salve lors corps et lors biens.
-Ensi eut li contes de Montfort le chastiel de Brest, et le rafresci de
-nouvelles gens et de pourveances, et le bailla en garde et sus son
-honnour à un gentilhonme des siens, auquel il avoit bonne fiance. Fos
-72 et 73.
-
-
-=§ 141.= P. 93, l. 24: Rennes.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: Vennes. Fo 77
-vo.
-
-P. 93, l. 30: doubtance.--_Ms. d'Amiens_: Si y aloient li pluiseur plus
-par force que par amours, car qui en fuist rebellez, li comtez le
-fesist decoller sans merchy. Fo 53 vo.
-
-P. 94, l. 2: fourbours.--_Ms. d'Amiens_: qui adonc estoient moult
-grans. Fo 53 vo.
-
-P. 94, l. 3: Et avoient.--_Ms. d'Amiens_: Et avoient avoecq yaux à
-cappittaine de par le duc dairain mort, ung gentil homme, chevalier
-preu et hardi à merveillez, et avoit son mannoir et son hiretaige assés
-priès de là; et le amoient communement trèz durement. Et avoit chilx à
-nom messires Henris de Penefort, et disoit bien que jà ne relenquiroit
-sa droite damme la femme à monseigneur Charlon de Blois, et le tenoit
-et avoit tenu toudis à hiretierre de Bretaingne. Ossi tout chil de la
-chité de Rennez estoient de son accord.
-
-Enssi fu assigie la chité et la ville de Rennes dou comte de Monfort et
-de tous ses comfortans. Peu y fist traire ne lanchier, car il ne
-volloit mies grever ne blechier ses gens. Or avint que il prist
-vollenté à monseigneur Henry de Pennefort de faire une yssue sour ses
-ennemis et de resvillier ciaux de l'ost. Si s'en descouvri à aucuns
-jouennes bourgois et compaignons de le ville de Rennes, liquel s'i
-accordèrent et priièrent tout l'un l'autre. Et se queillirent et
-armèrent une ajournée, et yssirent de le chité; et pooient y estre
-environ cinq cens, tous arméz et bien montéz. Et s'en vinrent
-couvertement par voies non sceuez, et se boutèrent en l'ost le comte de
-Monfort à l'un des corons; et abatirent tentez et tréz et pauvillons,
-et coummenchièrent à gens navrer et ocire et mehaignier, et à faire un
-mout grant desroy. Li hos s'estourmy, et coururent vistement as armez;
-et messires Henris de Pennefort, quant il vit que point fu, il se
-retraist tout bellement vers le cité de Rennes.
-
-En celle propre nuit avoit fet le get li sirez de Gadugal et bien sept
-cens armurez de fer, sans les brigans à targes et à pavais. Si
-entendirent coumment chil de le chité estoient yssus hors et avoient
-porté moult grant dammaige à leur ost. Adonc s'en vint li sirez de
-Gadugal, à qoite d'esperons, entre le chité et messire Henry de
-Pennefort, et lez encloi avoecq se routte, parmy tant que chil de
-l'ost, qui estourmit estoient, leur revinrent par derière. La eut grant
-bataile et fort combatue d'une part et d'autre. Et y fissent chil de
-Rennes grant plentet d'armez, et fortement se combatirent; mès gens
-croissoient toudis à chiaux de l'ost. Se ne les peurent à le longhe
-souffrir ne porter, et fu(i)rent comme desconfit chil de Rennez deviers
-leur ville. Et en i demoura grant fuisson des leurs, car li enchauce et
-li poursuioite dura jusquez as barrières. Et remest messires Henris de
-Pennefort en bon convenant sus le place, et trop bien se combati
-desoubz son pignon, mès finablement il ne peut durer. Rendre le
-couvint, et fu prisonnier à ung escuier de l'hostel le comte de
-Montfort, que on apelle Joffroy dou Bruel, liquelx le rendi au dit
-comte qui en eut grant joie, pour tant qu'il li estoit contraire et
-avoit estet moult grans ennemis.
-
-Quant chil de Rennez se virent ensi desconfit et pris leur bonne
-cappittainne, si furent tout ce jour durement esbahy; et durement leur
-anoya, et ce fu bien raisons. Nonpourquant il se recomfortèrent entre
-yaus; et disent li plus saige que, se il avoient perdu celle fois, un
-autre fois il se recouvreroient. Si passèrent ensi leur anoy et
-entendirent as deffenscez de leurs chitéz. Or vous diray de quoy li
-comtez de Montfort s'avisa affin que pour mieux constraindre et atraire
-lez bourgois de Rennes à sa volenté, car bien savoit que toute la
-coumunalté de le ville amoient durement monseigneur Henry de
-Pennefort, et que jammais il ne li lairoient prendre quel meschief dou
-cors, là où bonnement il le pewissent amender. Pour ce, fist il amener
-le chevalier et li dist: «Messires Henris, messires Henris, vous m'avés
-estet grandement contraires et rebelles en touttes mes besoingnes, et
-advés enhortet et amenés les bourgois et le communauté de Rennes à che
-qu'il se sont clos contre moy, qui sui leurs drois sirez naturelz; et
-estez venus avoecq eulx à main armée sour my, et m'avés porté grant
-dammaige de mes hommes: pour quoy il faut que vous morés, car briefment
-je vous feray pendre, voiant tous chiaux de le chité, par quoy il y
-prenderont exemple.» Et quant li chevaliers entendi le comte de
-Montfort ensi parler, s'il fu esbahis, ce ne fu pas merveillez.
-Nonpourquant il respondi et dist: «Chiers sirez, vous povés faire de
-moy vostre bon plaisir, car vous me tenés en votre prison. Mès, s'il
-plest à Dieu, vous arés bon advis, car ce seroit grant cruaulté, se
-moy, qui sui pris en fès d'armes, moroie villainnement et sans deserte,
-et à trop grant blamme vous seroit reprochiet. Et se j'ay tenu ceste
-opinion contre vous, je ne sui pas seus, car il y a encorres mil
-chevaliers et escuiers en le ducé de Bretaingne, ou si grans ou plus
-grans que je ne sui, qui le tiennent et tenront, che dient. Car ensi
-l'avons nous juret fealment à monseigneur le duc vostre frère, dairain
-trespasset; et proummis à tenir sa nièce, femme à monsigneur Charlon de
-Blois, à damme et hiretière. Si me poés tenir en prison, s'il vous
-plest, et quant la declaration sera faitte de vous et d'elle, faittes
-de moy vostre bonne vollenté et che que vos conssaux et bonne
-conscienche aporteront qu'il en appertenra adonc à faire.»
-
-Quoyque messires Henris de Pennefort parlast assés raisonnablement au
-comte de Monfort, seloncq l'avis de pluiseurs, li comtez ne se refroida
-mies de tenir sen oppinion, et dist: «Messire Henri, vostre arguement
-ne vallent noient, ne de vostre dame, femme à messire Charle de Blois,
-car il est tout cler que je sui dus de Bretaingne, et demoray dus à
-tousjours; et, comme dus, je vous juge et condamne à mort par le cause
-de vostre rebellion. Si vous povés confesser, se vous voulléz, car
-jammais ne buveray ne mengeray, si vous aray fet pendre, ou vous me
-feréz rendre le chité de Rennes en foy et en hoummaige, et vous ossi me
-juréz feaulté, ensi qu'à vo droit seigneur.» Et quant li chevaliers
-entendi le comte ensi parler et si acertez, si fu touz esbahis; car de
-relenquir sa droite damme, che li estoit moult dur. Si dist tous
-confortéz: «Sire, vous povés faire de moy vostre bon plaisir, mès pour
-morir, je ne le relenquiray jà mon droit seigneur, ne le serment que
-j'ay fet, et Dieux ait l'ame de moy! S'il li plest que je muire, je le
-receveray en gré, car il n'est nulle mort honteuse, puis que on le
-prent pour bien faire et sus title de loyaulté maintenir.»
-
-Adonc fu coummandé de par le comte de Monfort que li chevaliers fust
-amenés vers Rennes, et que on levast unes fourques mout tost près de le
-cité. Tout chou fu fait qu'il coummanda, les fourques levées, et
-messires Henris de Penefort par le marescal de l'ost amenés jusques à
-Rennes, et bien gardés de plus de deux mille bachinès, affin que chil
-de le ville ne le rescouvissent. Et quant li coummunaulté de le chité
-de Rennes entendi que li gibet que on carpentoit et levoit si priès
-d'iaux, estoit ordonnés pour faire morir monseigneur Henry, leur bonne
-cappitainne, si eut en le ville grant cririe et grant plorie. Et en
-avoient touttez mannierres de gens grant pitet, et fissent assavoir au
-comte de Montfort se pour raenchon on le poroit ravoir; et il leur
-respondi que nenil, fors pour avoir le chité de Rennes en se
-obbeyssance. Dont respondirent il qu'il aroient consseil et advis de
-chela faire, et que on le volsist detriier tant que on fust
-conssilliet; et li comtes leur acorda vollentiers.
-
-Endementires que chil de le chité de Rennes se conssilloient entre yaux
-dou rendre ou dou laiier, il y avoit là aucuns chevaliers de l'amisté
-monseigneur Henry de Pennefort, qui li enhortoient et conssilloient que
-il se volsissent retraire au comte de Monfort, et que il faisoit trop
-grant follie de tenir l'oppinion que il tenoit: «car pour quoy?
-disoient il. Monseigneur Henry, otant bien avions nous nostre loyauté
-et honneur que vous faittez la vostre; mès nous ne veonz nul apparant
-de monseigneur Charlon de Blois, ne de sa femme, qu'il se retraient
-avant à l'hiretaige. Et prendés enssi que messires Carlez reviegne à le
-ducé de Bretaingne et que ce soit ses drois, se couvenra il que li
-comtez de Montfort en ait aucune parchon. Dont espoir vous escherés en
-ceste, ou autrement vous avés orez belle escusation, car par
-constrainte vous serés devenus homs au comte de Monfort. Jà pour ce,
-messires Carlez de Blois ne vous en vaura pis.»
-
-Ensi et de pluiseurs parollez fu tant menés et enforméz li chevaliers
-que il se laissa à dire, car au destroit chacuns fuit le mort
-vollentiers; mès encorres disoit il que, se il quidast estre venus à
-tel coron, il ne se fust jà rendus prisonniers, mès fès occire sus lez
-camps, et que messire Garniers de Clichon avoit estet loyaux et
-vaillans chevaliers, quant en se loyaulté il estoit mors. Ensi se
-debatoient de parollez li chevalier et li escuier de Bretaingne, qui
-adonc avoec le comte de Montfort estoient, à monseigneur Henry de
-Pennefort; car trop envis le ewissent veut pendre, ne recepvoir nul
-dammaige dou corps. Et chil de Rennes parlementoient, li petis contre
-les grans, et estoient en grant estri ens le place où il estoient tout
-assamblet. Car la coumunauté volloit que la cité fust rendue et
-messires Henris de Pennefort delivréz; et li rice homme et grant
-bourgois y estoient tout contraire, et disoient que jà n'avenroit que
-il fesissent fraude, ne se desloyautaissent enviers leur droite damme
-naturelle, pour ung chevalier, et que à trop grant meschief leur poroit
-retourner. Nient mains touttez raisons remoustréez des grans as petis,
-il n'y vorent point entendre, mès sonnèrent la cloche et se coururent
-armer. Et s'esleva grans tumultes et dissentions entre les coummuns et
-lez plus gros de le ville qui contraire estoient à leur vollenté; et
-les coururent sus, et il se deffendirent. Là en y eult pluiseurs mors
-et blechiéz, mès finablement li communauté obtinrent le place et furent
-mestre et souverain à ce donc des grans. Et envoiièrent deviers le
-comte de Montfort, en disant que il venist sceurement en le cité de
-Rennes, on li recepveroit à signeur, mès que il reuissent monseigneur
-Henry de Pennefort. Li comtez dist: «oil,» et fu de ces nouvelles mout
-joiant, et vint en le cité de Rennes, et y entra en grant reverense de
-trompez et de trompettez et de touttez mannierres de menestrandie. Et
-vinrent li clergiet à grant pourcession contre lui et le amenèrent à
-cel solempnité à le cathredal eglise; et là li jurèrent tout feaulté et
-li fisent hoummaige comme à leur droit seigneur. Et ossi fist messires
-Henris de Pennefort, qui devint ses homs et ses chevaliers: dont li
-comtez eut grant joie, car il le sentoit preudomme et vaillant; et
-puisqu'il en avoit le foy, il ne le frauderoit à nul jour. Se le retint
-li comtez de son consseil, et li donna tantost cinq cens livrez de
-revenue, et li assigna bien où il lez devoit prendre.
-
-Ensi comme je vous recorde eut li comtez de Montfort la bonne cité de
-Rennes, le foy et le feaulté des bourgois de la ville; et s'i tint par
-cinq jours, pour lui rafreschir et reposer, et pour mieux entendre à
-le fortrèce de le ville et atraire touttez mannierrez de gens à sen
-amour. Et de tant comme il y fu, il y tint toudis court ouverte et
-donna grans dons as bourgois et à touttez mannierres de gens dont il
-entendoit le mieux à valloir; et tant fist qu'il y acquist grant grace.
-Quant il s'en dubt partir, il y laissa ung chevalier de par lui à
-cappitainne, breton bretonnant, en qui il avoit grant fianche; et
-appielloit on cesti monseigneur Guillaumme de Quadudal, gentil homme et
-preudomme durement. Au sixime jour, il s'en parti et coummanda à
-deslogier touttez mannierres de gens et prendre le chemin deviers le
-castiel et le forte ville de Hainbon; et emmena avoec lui monseigneur
-Henry de Pennefort, car il en penssoit bien à avoir mestier en son
-voiaige. Fo 54 vo.
-
-P. 94, l. 13: deus cens.--_Ms. B 6_: trois cens. Fo 172.
-
-P. 94, l. 21: le gait.--_Ms. B 6_: Sy fu au retour entre l'ost et le
-chité enclos de mesire Hervi de Lion qui avoit fait le gait. Fo 172.
-
-P. 95, l. 8: le porte.--_Ms. B 6_: et fist lever unes fourques droit
-devant les fossés. Fo 173.
-
-
-=§ 142.= P. 96, l. 11: Adonc.--_Ms. d'Amiens_: Li comtez Jehans de
-Montfort se departi de Rennez et fist arouter ses os et son charoy pour
-venir à Hainbon, ung très fort chastiel seans sus mer. Bien avoit oy
-recorder que messires Oliviers de Pennefort, frèrez au dit monsseigneur
-Henry, l'avoit en garde et en estoit castellains, et ossi que li
-castiaux avoecq la ville estoient si fort que il ne faisoit mie à
-prendre ne à gaagnier, sans trop loing siège. Et pour ce, en cheminant
-celle part, il moustroit tous les signes d'amours qu'il pooit, à
-monseigneur Henry de Pennefort, et li disoit: «Henri, Henri, vous estez
-devenus mes homs et mes chevaliers. Si me devés toutte obeissanche et
-tout service, et m'avés juret feaulté et à aidier à concquerre mon
-hiretaige de Bretaingne et à destruire tous rebellez.»--«Sire, che li
-dist messires Henris, il est verités. Et pourquoy le dittes vous? S'il
-plest à Dieu, vous n'y veurés jà le contraire, puisque à ce me sui
-adounnés et assentis.»--«Je le vous diray, ce dist li contes, nous
-chevauchons deviers Hainbon, dont Oliviers, vos frères, est gardiiens
-et cappittainne. Si ne voroie pas, pour l'amour de vous, qu'il ewist
-nul dammaige dou corps; et se vous volliéz bien, adcertez nous
-l'arions à nostre acord, et plus l'a(r)oie à avoir bellement que
-fellement.»--«Sire, che respont messires Henris, or me monstréz voie,
-s'il vous plest, comment ce se pourroit faire.»--«En nom Dieu, dist li
-comtez, je le vous diray. Quant nous deverons demain aprocier le ville
-de Hainbon à quatre ou à cinq lieuwes, vous prenderés quatre cens ou
-cinq cens armures de fer des nostrez, et chevaucerés devant à tout les
-bannières de Bretaingne, et li feréz assavoir que vous venés vers lui.
-Je croy assés bien que il vous ouvera les portes, et quant vous seréz
-ens et enssi que saisis de la ville, vous li mousterés sus quel estat
-vous serés là entrés, et que c'est bon qu'il me reçoive comme son droit
-seigneur.»--«Sire, che respont messires Henris, puisque à ce vous
-m'esmouvés, et que de vostre ordonnanche vient, je le feray, mès je
-deceveray mon frère.»--«Henri, Henri, ce dist li comtez, en fès d'armes
-convient ung seigneur qui voet venir à ses ententes, soutillier
-pluiseurs voies d'avantaige pour lui. Autrement il n'a que faire de
-gueriier, et ceste est la plus proçainne que g'y puis ymaginer pour mon
-prouffit, car Hainbon n'est mies ungs castiaux à concquerre par siège
-ne par assault, sans grant coustage.» Fo 55.
-
-P. 96, l. 11: li contes.--_Mss. A 11 à 14_: et la contesse. Fo 75.
-
-P. 97, l. 10: six cens.--_Mss. A 11 à 14_: cinq cens. Fo 75 vo.
-
-
-=§ 143.= P. 97, l. 25: Adonc.--_Ms. d'Amiens_: Sus les parolles dou
-comte de Montfort s'ordonna messires Henris de Pennefort. L'endemain,
-chevaucha li hos deviers Hanbon. Et si comme il pooient y estre à cinq
-lieuwez priès, li dis messires Henris se parti dou comte et enmena
-avoecq lui jusquez à cinq cens armures de fer, et chemina tous les
-grans ghalos deviers le ditte fortrèche. Et quant il fu ensi que à une
-petitte lieuwe priès, il envoya ung hiraut devant mander à son frère
-qu'il venoit, et que il li vosist ouvrir les portes. Li hiraux fist
-tout ce dont il fu chargiés. De la veuue monseigneur Henry de Pennefort
-eut messires Oliviers, sez frèrez, si grant joie, qu'il ne demanda
-oncquez s'il estoit amis ou ennemis, mès dist au hiraut: «Aléz contre
-lui, et li dittez qu'il est li bien venus.» Ensi le raporta li hiraux à
-monseigneur Henry, liquelz entra en le ville à touttes ses gens, et se
-saisi de son frère et dou castiel. Et recorda à son frère comment li
-affairez alloit en Bretaingne, et que li comtes de Monfort avoit jà à
-lui et en son accord le plus grant partie dou pays, et bien estoit
-tailliéz d'avoir le remanant, car nuls ne li alloit au devant. Et li
-avoient grant plentet des seigneurs fet feaulté, et especialment cil de
-Nantez et de Rennes, qui sont les souveraines chitéz dou pays et sour
-qui tous li demorans se doit aviser.
-
-Quant messires Oliviers de Pennefort eut oy son frère, et il se vit
-pris et au desoubz de sa fortrèce, si fu durement courouchiéz, mès
-amender ne le pot. Et dist bien que se il ewist senti ne seu que ses
-frèrez dewist là venir en tel mannière, il n'y fuist mies entréz, car
-vilainement l'avoit dechupt: «Certes, biau frère, ce respont messires
-Henris, il est veritéz. Mès li comtez de Montfort, qui s'apelle et
-escript dus de Bretaingne, en est cause, et li ai fet feaulté et
-hoummaige, et vous li feréz ossi et devenrés ses homs: je le vous
-consseille.» Respont messires Oliviers: «Voeille ou non, il convient
-que je le soie, mès jou ewisse plus cher autrement, s'il pewist y
-estre.» Que vous feroie je loing compte? Tant parla et precha messires
-Henris de Pennefort que amiablement il le fist monter à privée mesnie
-et sans armure, et chevauchier contre le comte de Montfort, qui le
-rechupt liement et à grant joie, et li dist que de ce jour en avant il
-seroit de son hostel et de son plus privet consseil; et li donna
-tantost cinq cens livrez de revenues et li assigna bien où il les
-prenderoit. Si entra li dis comtes en le forte ville de Hainbon, qui
-est ungs grans et bons pors sus mer, et prist le foiauté et hoummaige
-de tous lez hommez de le ville et dou chevalier ossi monseigneur
-Olivier de Penefort, et y demoura trois jours et toutte se ost ossi; se
-s'i rafreschirent. Et y ordonna li comtez castelain et gouvreneur pour
-le garder et deffendre contre tous venans, s'il besongnoit, ung très
-bon chevalier et de grant affaire, que on clamoit monseigneur Yvon de
-Tigri, en qui li dis comtez se confioit moult, et trois cens
-saudoiiers, touttes bonnes armurez de fer, et paiiés de leurs gaiges
-pour ung an.
-
-Quant li comtez de Montfort se fu mis en saisinne et en possession de
-le forte ville et dou biau castiel de Hainbon, et ordonné garnison
-telle qu'il li pleut, il eult consseil et advis qu'il se trairoit
-deviers le cité de Vennes. Si fist arouter son ost, cargier son caroy
-et cheminer celle part. Ainchois qu'il y parvenist, il fist traitier à
-chiaux de Vennes que il le volsissent recepvoir à signeur, et il leur
-seroit très bons sirez; et lez tenroit as us et as coustummes que li
-dus de Bretaigne, ses frèrez, dairains trespasséz, les avoit tenus, ou
-à milleurs. Quant cez nouvellez vinrent en le chité de Vennes, il
-sonnèrent leur cloche et s'asamblèrent. Et quant il furent tout
-assamblet, les offres, les ordonnanchez, les proummesses et lez
-requestez, que li comtes de Montfort leur faisoit, furent là
-remoustrées et recordées. Li aucun s'acordoient à lui recepvoir à
-seigneur, et li aucun, non. Toutteffois, une souffranche fu prise à
-durer troix jours, et là en dedens estre devoient tout conssilliet dou
-faire ou dou laiier. Ceste souffranche durant, li comtez ne laissa miez
-pour ce que il ne se logast bien et puissamment devant Vennes et ne le
-asegast de tous poins, mès nul contraire ne fist à le chité; ainsçois
-leur offroit toutte amour et grans bienfès, là où il le volroient
-recepvoir à seigneur. Cil de Vennes se consseillièrent li ung par
-l'autre, et regardèrent que il estoient sus l'un des corons de
-Bretaingne, et que Nantes, Rennes, Hainbon et pluiseur autre castiel
-estoient tournet à l'acord le comte de Montfort, et que nulz ne li
-contrestoit. Si se doubtèrent que grans maux ne leur en venist, car
-leur cité n'estoit mies forte pour yaux tenir contre ung host, ne le
-pais; et si n'ooient nullez nouvellez de monseigneur Charlon de Blois:
-si ques, tout consideret, le bien contre le mal, et le fort contre le
-foible, il s'acordèrent au comte de Montfort et le rechuprent à
-seigneur, et li fissent hoummaige et li jurèrent feaulté et l'amenèrent
-à grant procession au castiel. Et là tint il sa feste, par deux jours,
-dez chevaliers qui avoecq lui estoient et des bourgois de le ville; et
-deffist tous offisciers et remist nouviaux offisciiers en le ville et
-en le baillie de Vennes.
-
-Au tierch jour, il (li contes) s'en parti (de Vennes) et alla assegier
-ung très fort castiel seant sus ung hault terne sus la mer, que on
-claimme Rocheperiot. Si en estoit castelains uns vaillans chevaliers et
-mout gentils homs, que on clammoit monseigneur Olivier de Clichon,
-cousins germains à celui monseigneur Olivier de Clichon qui fu depuis
-decolléz à Paris, ensi comme vous orés recorder chy apriès. Et sejourna
-li dis comtez devant Rocheperiot bien, à siège fet, huit jours entirs.
-Oncquez ne peult trouver voie par quoy il pewist le castiel gaegnier,
-si fors estoit il et en lieu si inhabitable; et si ne peut trouver
-accord au gentil cevallier, par quoy il volsist obeir à lui par
-proumesses, ne par manachez, qu'il li pewist faire. Si s'en parti atant
-et laissa le siège et le castiel ester jusques à tant que plus grant
-prouffit li venroit d'aucuns aultrez tretiéz, et puissance li
-croisseroit. Si s'en vint devant ung autre castiel que on appelle au
-Suseniot, où par usaige li duc de Bretaigne se tiennent pour le cause
-des biaux esbas qui sont là environ, tant des bois comme dez rivièrez.
-Li castelains le rendi à lui; et li laissa li contes, quant il en eut
-pris le possession. Depuis chevauça et s'en vint devant castiel
-d'Auroy, qui est une belle fortrèche et de grant nom; et le fist li
-roys Artus jadis faire et fonder, quant il concquist Bretaigne. Si en
-estoit castelains ungs moult gentilz chevaliers, que on clammoit
-monseigneur Joffroy de Malatrait, qui moustra bonne chière et grant
-couraige de lui deffendre. Adonc fist li comtez de Monfort logier ses
-gens environ le castiel, et dist qu'il ne s'en partiroit si l'aroit à
-sa vollenté.
-
-Quant messires Joffroy de Malatrait se vit assegiet dou comte de
-Montfort et oy lez manachez qu'il li faisoit, si demanda une trieuwe de
-deus jours tant seullement, et là en dedens il se conssillieroit. Li
-comtez li accorda liement et envoya parler à lui monseigneur Yvon de
-Tigri, grandement compaignon et amic au dit monseigneur Joffroy,
-liquelz esploita si bien deviers lui, et tant li dist d'une cose et
-d'autre, que messires Joffroy de Malatrait rechupt le comte de Monfort
-à seigneur, et le mist en le possession dou castiel et de le castelerie
-d'Auroy, qui est moult belle et moult grande. Et li comtez li rendi et
-li laissa par le consseil qu'il eult, et avoecq lui monseigneur Ivon de
-Tigri; et les fist gardiiens de tous le pays là environ, et prist de
-tous les gentils hommes le foy et hoummaige.
-
-Puis s'en parti li dis comtez et mena son ost par devant ung autre fort
-castiel asséz priès de là, que on claime Gou le Forest. Chils qui
-castelains en estoit, veoit que li coens de Monfort avoit grant ost, et
-que tous li pays se rendoit à lui, si que par le enort et consseil
-monseigneur Hervy de Lion, que mout amoit et congnissoit, car il
-avoient estet grant amy et compaignon enssemble en Grenate et ailleurs
-en estraingez contrées, il s'acorda au dit comte et li fist feauté, et
-demoura gardien dou dit castiel de par le comte.
-
-Tantost apriès, li dis coens de Montfort se parti de là, et s'en alla
-deviers Craais, bonne ville et bon castiel et fort durement. Dedens
-Craais avoit ung evesque qui sirez en estoit, onclez à monseigneur
-Hervi de Lion, si ques, par le consseil et tretiet monseigneur Hervi,
-chilx evesquez s'acorda au dit comte et le recongnut à seigneur jusques
-adonc que venroit avant qui plus grant droit mousteroit pour avoir la
-duché de Bretaingne. Et sus cel estat en prist li comtes de Montfort le
-feaulté.
-
-Apriès ce que la ville et li castiaux de Craais se furent rendut au
-comte de Monfort par le pourcach de monseigneur Hervi de Lion, cui
-oncles estoit (li[404] dis) evesque, li comtez fist ses gens deslogier
-et arouter vers Ju(g)on, qui est très bonne ville et forte, et y apent
-ungs biaux castiaux. Dedens le ville de Ju(g)on se tenoit messires
-Amauris de Clichon, frèrez mainnéz au droit seigneur de Clichon. Et
-l'avoient cil de le ville pris à cappittainne pour yaux conssillier et
-conforter en tous cas; et ainssi leur avoit il juret, car grandement il
-estoit amés et creus, et tenoit son hiretaige assés priès de là. Se se
-cloy li dis messires Ama(u)ris au devant dou comte, et dist que, se il
-plaisoit à Dieu, il n'aroit jà le ville de Ju(g)on si legierement qu'il
-cuidoit. Li comtez de Monfort vint par devant, et fist toutte son ost
-là traire et logier; et avoit bien à ce donc parmy le communauté dou
-pays quarante mille hommes, tous aidablez. Si fist ses arbalestriers
-aller traire et escamucier à le ville, et d'autre part Espagnos et
-Bidaus, dont il avoit grant fuison à saudées, traire, paleter et
-assaillir as murés; mès peu y gaegnièrent, ainchois en y eult des
-blechiéz grant foison. Quant li comtez de Monfort vit que par assault
-il ne poroit avoir le ville de Jugon, il envoya querir en le chité de
-Rennes quatre moult biaux enghiens qui là estoient, pour faire drechier
-devant le fortrèche et chiaux de d'ens assaillir par cel estat. Che
-pendant que on les estoit alés querre, messires Amauris de Clichon
-parla as jones compaignons de le ville et as aucuns escuiers dou pays
-de là environ, qui s'i estoient retret, tant pour l'amour de
-monseigneur Amauri que pour yaux garder; et les amena à ce que, une
-ajournée, il wuidièrent et se ferirent en l'ost, et y fisent mout grant
-damage. Et esceirent sus le logeis monseigneur Ivon de Tigri, qui ce
-meysme soir estoit là venus dou castiel d'Auroi, où li comtez de
-Montfort l'avoit laissiet, et avoit amenet en l'ost bien cent lanches
-de bonne gent. Si estoit logiés à l'un dez corons assés priès de le
-ville de Jugon, et fu durement resvilliés, car il fu pris et navrés, et
-moult en y eut des siens mehaigniés. Celle nuit avoient fet le get li
-doy frère de Pennefort, messires Henris et messires Oliviers, et
-entendirent le huée et le cri, et que chil de le ville estoient yssus.
-Adonc ferirent il chevaux des esperons et ne prisent mies le voie pour
-venir droit sur yaux, mès le chemin de le ville, et se boutèrent entre
-le ville de Jugon et l'ost. Dont, ensi que messires Amauris de Clichon
-et li sien s'en retournèrent vers leur ville et en menoient monseigneur
-Yvon de Tigri et pluiseurs autrez prisonniers, et moult se hastoient,
-car li os estoit jà durement estourmie, li doy frère de Pennefort,
-messires Henris et monseigneur Olivier, bien montés et bien ordonnés et
-adonc acompaigniés bien à deus cens lanches frèz et nouviaus, leur
-vinrent d'encontre; et là eut grant pugneis, et de chiaux de Jugon
-moult rués par terre. Quant il se virent enssi enclos entre le ville et
-l'ost, et que nulle remède n'y avoit pour yaux sauver, si furent mout
-esbahy et ne tinrent point de conroy, mès entendirent chacun à yaux
-sauver; et laissa chacun aller son prisonnier, qui prisonnier avoit, ou
-il se rendoit prison à lui pour sauver sa vie. Par celle mannière fu
-delivrés messires Ives, et pris messires Amauris de Clichon, et tout
-chil qui avoecq lui estoient, mort ou pris, que oncques homs ne rentra
-en le ville de Jugon, dont li bourgois de le ville furent moult
-desconforté.
-
- [404] On lit dans le ms. d'Amiens: «au dit,» qui doit être une
- mauvaise leçon.
-
-Quant li comtez de Montfort seut comment messires Amauris de Clichon
-estoit pris et plus de six vingt jones bourgois de la ville avoecq lui,
-et messires Yves de Tigri rescous et tout li aultre, si en fu durement
-liéz, et ce ne fu pas merveille. Et en loa et recoummanda grandement
-les deux frèrez de Pennefort; et dist que il avoient fet une belle
-bachelerie et à lui ung grant service, et que encor lor seroit il
-remuneret. Si fist li dis comtez tous lez prisonniers mettre d'un léz,
-et lez navrés appareillier et songneusement garder, et puis monta sus
-ung cheval, acompaigniés d'aucuns des siens, et s'en vint devant Jugon,
-et fist signe que il volloit parler à chiaux de dedens. Li bourgois
-vinrent à lui à le barrière et l'enclinèrent, car il leur fu dit que
-c'estoit li comtez de Montfort, et li fissent reverence, tant qu'en
-contenanche, comme chil qui doubtoient perdre leurs amis, leurs frèrez
-et leurs enffans. Là parla li comtez de Montfort et leur dist: «Entre
-vous, homme de le ville, vous estez grandement fourfait enviers moy,
-quant vous savés que je sui vos drois sirez naturelz par le sucession
-de monseigneur le duc, mon frère, dairain trespasset. Et jà m'ont
-rechut à seigneur et fet hoummaige chil de Nantez, de Rennes, de
-Vennes, de Hainbon, de Craais, d'Auroi, de Gou la Forest, dou Suseniot
-et des autrez forterèchez; et vous, vous estez clos contre mi et mis en
-paynne de moy porter dammaige. Or est enssi avenu que chilz dammaigez
-est retournéz sus vous et sus vos proismez, car je tieng vostre
-cappitainne en prison et bien sis vingt dez vostrez et de le nation de
-ceste ville. Si devéz savoir que je lez feray tous pendre, voyant vos
-yeux, sans nul prendre à merchy, se vous ne me rendéz le ville et le
-castiel de Jugon et ne me jurés feauté et hommaige. Si me respondéz
-moult tost lequel vous voulléz faire des deux, ou veoir vos proismez
-morir honteusement, ou moy recevoir à seigneur.» Et quant li bourgois
-et li communalté de Jugon entendirent cez nouvelles, si furent tout
-esbahit, ce ne fu pas merveillez. Si requisent à avoir souffrance et
-consseil tout ce jour, et l'endemain, à heure de prime, il venist ou il
-envoiast vers yaux, et il en responderoient ce qu'il en volroient fère.
-Li comtez leur acorda, par samblant aszéz à envis, et retourna en ses
-tentez. Jà estoient venut li enghiens que on avoit akariiet de Rennez,
-dont li comtez eut grant joie, car il lez fist mener devant le ville et
-drechier tous quatre, affin que chil de le ville de Jugon les veissent
-et que il en fuissent plus effraet.
-
-Sitost comme li comtez de Montfort se fu partis des bourgois de la
-ville de Jugon, ensi que vous avés oy, il sonnèrent leur cloce et
-s'asamblèrent en le place, et là parlementèrent enssamble ung grant
-temps. Et remoustrèrent li plus sages et li mieux enlangagiés et chil à
-qui il en touchoit le plus, le peril et l'aventure où il estoient. Ad
-ce donc il ne furent nient bien d'accord; si s'ajournèrent à relevée et
-alèrent chacuns disner en leurs maisons. Dedens nonne furent li quatre
-enghien levet environ la ville, si que touttez mannierrez de gens
-dedens et dehors les pooient veoir, qui veoir les volloient, et che
-esmaya durement chiaux de la ville. Quant ce vint à relevée, il
-sonnèrent de requief leur cloche et se assamblèrent, enssi que il
-devoient faire. Là y eult pluiseurs parollez retournées, mès
-finablement il s'acordèrent à che que, se messires Amauris de Clichons,
-qui prisonniers estoit, volloit faire feauté au comte de Montfort, il
-li feroient, ne jà sans lui riens n'en ordonneroient, car ensi li
-avoient il juret solempnement et sus quarante mille escus de painne; si
-n'en pooient riens fère sans son accord, se il ne se volloient
-desloiauter et escheir en le mise. Ensi, sus cel estat, de leur
-consseil il se partirent. L'endemain à l'eure qui ordonnée y estoit, li
-comtez de Montfort y envoya deviers yaux le signeur de L(an)dreniaus,
-son marescal de l'host. Si parlementa à yaux et il à lui, et li
-cargièrent tout che que vous avés oy. Chil retourna arrière deviers le
-dit comte, et li recorda le responsce et l'entention de chiaux de
-Jugon. Li comtez assés s'en contenta et fist venir devant lui
-monseigneur Amaury de Clichon et li dist: «Amauri, Amauri, vous avés
-tort, quant contre vostre seigneur que je sui, et de ce n'est il nulle
-question, volléz estriver: très grans maux vous en poroit bien prendre,
-et jà estes pris, car je vous tieng en ma prison, et puis faire de vous
-ma vollenté.»--«Sire, che respont li chevaliers, il est verités. Si
-arés, se il vous plest, si bon avis que vous ferés de moy tout et à
-point.» Che li dist li dis contes: «J'en sui tous avisés, et vous le
-soiiés ossi. Ou vous me renderéz le ville de Jugon, car à vous en
-tient, si comme j'en sui enformés, ou je vous feray morir à honte
-avoecq tous lez autres prisonniers.» Dont se trairent avant aucun
-chevalier, qui là estoient et de son linage, et li disent: «Monseigneur
-Amauri, otant bien nous vorions acquitter de nostre loyaulté que vous
-feriés, mès nous veons tout le pays qui se retrait deviers monseigneur
-qui chy est; et sus celle entente li avons nous fait hommage, car nous
-ne veons ne n'avons veut dou contraire jusqu'à orez, ne que messires
-Carle de Blois y ait mis point de contredit. Si vous prions que vous
-voeilliés estre des nostrez et obeir à monseigneur qui chy est; et là
-où vous le ferés enssi, messires vous en sera gret, et vous pardonra
-tous sez mautalens et à tous les prisonniers ossi qu'il tient, pour
-l'amour de vous.» Adonc eult messires Amauris de Clichons pluiseurs
-ymaginations, car il se tournoit à envis, et se li couvenoit faire ou
-pis finer, ensi que li comtez li proummetoit. Tant fu enhortéz et
-priiéz que il devint homs au comte de Montfort, et li fist hoummaige et
-feauté. Depuis monta il à cheval, et en mena le marescal de l'host à le
-ville de Jugon, et parla as bourgois, et les fist rendre et delivrer le
-ville et le castiel au dit marescal, qui en prist le possession et le
-saisinne ou nom dou comte. Et parmy tant, tout li prisonnier furent
-quitte et delivre.
-
-Ensi eut li comtes de Montfort le bonne ville de Jugon et le feauté de
-monsigneur Amaurit de Clichon, qui depuis le servi toudis loyaument. Et
-le retint li comtes de son conseil et li donna cinq cens livres de
-terre bien assignées.
-
-Apriès ce que li comtes de Monfort eult estet en le ville de Jugon
-trois jours et y eult mis ung castelain en qui il avoit grant fianche,
-ung bon escuier que on apelloit Garnier de Tigri, cousins au seigneur
-de Tigri, il se parti et toute se host, et chevaucièrent viers le bonne
-ville de Dinant, liquel se rendirent à mout petit parlement, car leur
-vile n'estoit adonc fremée que de palis. Se ne s'osèrent clore ne tenir
-contre le dit comte, que plus grans meschief ne leur en venist. Quant
-li comtes en eut pris le possession et le feaulté des hommes de le
-ville et dou seigneur de Dinant meysmez, ung très grant baron, il s'en
-parti et chevaucha deviers Castiau Josselin, mès il estoit si fors
-qu'il ne le peult prendre, et s'en passa oultre et vint à Plaremiel. Si
-se rendi li castiaux, et le renouvella li comtez de garnison. Apriès il
-vint devant Mauron et y sist douze jours. Au tresime il y entra par
-tretiet que, se ungs autrez appairoit en Bretaingne qui y moustrast
-plus grant droit de lui, il estoient quite de leur hoummaige. Fos 55 et
-56.
-
-_Ms. de Rome_: Et puis (le comte de Montfort) se desloga de là (de
-Brest) et s'en ala devant Auroi, lequel chastiel Julles Cesars fist
-fonder. Li contes esploita si bien que li chastiaus li fu rendus, car
-c'est dou demainne des dus de Bretagne. Et puis cemina oultre et vint
-devant Goy le Forest; il i fu requelliés, et puis au Suseniot, à trois
-lieues de Vennes, qui est uns biaus chastiaus et cambre des dus de
-Bretagne. On le rechut dedens tout debonnairement, et fu là ne sçai
-qans jours, et puis ala à Vennes et là se tint, et tousjours mesires
-Hervis de Lion dalés lui et grant fuisson d'aultres chevaliers et
-esquiers de Bretagne. Et les tenoit, par les dons que il lor donnoit,
-en amour, et les bonnes villes aussi, et tenoit grant estat et estofet.
-Et faisoit partout paiier bien et largement sans riens acroire, tant
-que toutes gens se contentoient de li et des siens et disoient: «Nous
-avons bon signeur à ce que il moustre: il ne voelt que tout bien, mais
-que Dieus consente que il nous demeure pasieuvlement.» Fo 73.
-
-P. 97, l. 26 et 27: six cens.--_Ms. B 6_: à trois cens lanches. Fo 174.
-
-P. 98, l. 3: le prist.--_Ms. B 6_: par le main, tout en riant. Fo 174.
-
-P. 98, l. 12: ossi.--_Ms. B 6_: car c'est ung gentil chevalier; et, sy
-se rent tout le pais à lui, nous ne povons mie seul faire partie pour
-monseigneur Charle qui point n'apert en che pais. Fo 175.
-
-P. 99, l. 1: le Roceperiot.--_Mss. A 8 à 10, 15 à 17_: la Roche Periot.
-Fo 72.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: la Roche Perion, la Roche Pierron. Fo
-78 vo.--_Mss. A 7, 18, 19, 23 à 33_: la Roche Periou. Fo 74.
-
-P. 99, l. 5: dix.--_Mss. A 15 à 17, 23 à 29_ et _B 6_: quinze. Fo 79.
-
-P. 99, l. 14: d'Auroy.--_Ms. B 6_: que le roy Artus fist jadis fonder
-et faire. Fo 175.
-
-P. 99, l. 16: Malatrait.--_Mss. A 11 à 17, 23 à 29_: Maletroit,
-Malestroit. Fo 76.--_Mss. A 1 à 10, 18 à 22, 30 à 33_: Malastrait,
-Malatrait, Malestret. Fo 78 vo.
-
-P. 99, l. 17: Tigri.--_Ms. B 3_: Trangrilidis. Fo 70 vo.--_Mss. A 1 à
-10, 23 à 33_: Triviguidi, Treviguidi. Fo 78 vo.--_Mss. A 11 à 14, 18,
-19_: Treseguidi, Trezeguindi. Fo 76.--_Mss. A 20 à 22_: Tornigidy. Fo
-118 vo.--_Mss. A 15 à 17_: Tigri. Fo 79.
-
-P. 99, l. 17: deus fois.--_Ms. B 6_: de cinq ou six assaulx. Fo 176.
-
-P. 99, l. 20: Hervi.--_Mss. A 8 à 29_: Henry. Fo 72.
-
-P. 100, l. 5: Craais.--_Mss. A 8, 9_: Craais. Fo 72.--_Mss. A 11 à 17_:
-Carahais. Fo 76.--_Mss. A 1 à 7, 18, 19, 23 à 33_: Carahès. Fo
-79.--_Mss. A 20 à 22_: Charlès. Fo 119.
-
-P. 100, l. 12: Bretagne.--_Mss. A 11 à 14_: car tousjours le dit
-evesque faisoit protestacion que toute la manière du traittié et de
-l'accort fait entre lui et monseigneur Henrri de Lion son nepveu
-seroient nulz ou cas qu'il venrroit aulcun hoir plus prouchain du conte
-de Montfort et qui pourroit monstrer avoir meilleur droit en la duchié
-de Bretaingne, et que à cestui ci il feroit feaulté et hommaige et se
-rendroit à lui avecques toutes ses forteresces et tout son pais. Et
-toutes ces choses fist il envix; ne jamais ne s'i feust acordé
-bonnement, se n'eust esté par l'admonnestement et sermon du dit
-monseigneur Henrri de Lion son nepveu, qui sur ce lui monstra tant de
-belles raisons que au derrenier il s'accorda au dit monseigneur le
-conte de Montfort et lui fist feaulté et hommaige, ainsi que vous avez
-ci devant oui recorder.
-
-Après ces choses ainsi acordées et faictes, le dit evesque de Carahais
-fist tantost ouvrir les portes de la bonne ville et du chastel de
-Carahais avecques qui siet sur la mer. Et puis entra dedens le conte de
-Montfort, monseigneur Henrri de Leon, monseigneur Henrri de Pennefort
-et plusieurs aultres bons chevaliers et escuiers. Et tout l'ost demoura
-entour la ville, et se logea chascun au mieulx qu'il pot. Et
-fourragièrent sur le plat pais; ne riens ne demouroit devant eulx, se
-il n'estoit trop chault ou trop pesant. Le conte et ses plus privez,
-monseigneur Henrri de Leon et les aultres seigneurs estoient en la
-ville où ilz furent moult grandement festoiez du dit evesque, car bien
-y avoit de quoi. Et l'endemain s'en partit le dit conte et tout son
-host. Fo 76.
-
-
-=§ 144.= P. 100, l. 13: Pourquoi.--_Ms. d'Amiens_: Que vous feroi je
-plus loing compte? En telle mannière concquist et acquist li comtez de
-Montfort tout ce pays que vous avés oy, et se fist partout obeir et
-appieller dus de Bretaingne, et encarga les p(l)ainnez armes de
-Bretaingne. Si y avoit il aucuns barons qui pas ne voloient obeir à
-lui, et se faindoient de son hommage, telz que le droit seigneur de
-Clichon, le seigneur de Tournemine, le seigneur de Kintin, le signeur
-de Biaumanoir, le seigneur de Laval, le seigneur de Gargoule, le
-seigneur de Loriach, le seigneur d'Ansenis, le seigneur de Rais, le
-seigneur de Rieus, le seigneur d'Avaugor et pluiseurs autres. Et se
-partirent li plus de ces seigneurs adonc de Bretaingne, et fissent bien
-garnir leurs castiaux. Et s'en allèrent li aucun en Grenate, li autre
-oultre mer ou en Prusse, et prisent excusance de partir de Bretaingne,
-tant que les coses seroient en autre estat.
-
-Quant li comtes de Montfort se vit ensi que au dessus de la ducé de
-Bretaingne, et par especial touttes les bonnes villez li avoient fait
-feaulté et hoummaige, il demanda consseil à ses plus especials amis
-coumment il poroit perseverer et tenir le pays contre tous; car bien
-penssoit que messires Carles de Blois, qui avoit sa nièche, y volroit
-contredire, et que li roys de Franche, oncles au dit monseigneur
-Carlon, l'en aideroit. Se li fu dit et conssilliet que il s'en allast
-en Engleterre deviers le roy englès, et relevast la duchié de
-Bretaingne de lui et l'en fesist hommaige, parmy tant que li rois
-englès li jurast et proummesist à tousjours mès resort et comfort de
-lui et des siens contre tous hommes qui gueriier ou empeschier li
-vorroient. Li comtes de Montfort crut ce consseil, et s'appareilla
-moult tost et s'en vint à Garlande. Et monta là en mer, et enmena
-avoecq lui jusqu'à vingt chevaliers, tous de Bretaigne; et naga tant
-par mer qu'il ariva en Cornuaille, et enquist dou roy englès où il
-estoit, et on li dist qu'il se tenoit à Windesore. Lors envoya li
-comtes de Montfort ses messaiges devant comme dus de Bretaingne, car
-ensi s'apelloit il, segnefiier au dit roy qu'il venoit.
-
-Li roys englès de le venue au dit conte fu mout resjoys, et envoiia
-tantost contre lui de ses chevaliers jusqu'à siis, dont messires
-Gautiers de Mauni fu li uns, messires Guillaume Filz Warine, li sirez
-de Biaucamp, li sires de Ferièrez, messires Francq de Halle et li sirez
-de Baudresen, de Braibant, qui adonc estoit dalléz lui. Chil chevalier
-amenèrent le comte de Montfort deviers le roy d'Engleterre ou castiel
-de Windesore, qui le rechupt liement comme duc de Bretaigne. Et ossi
-fisent tout li seigneur qui adonc estoient dallés le roy, messires
-Robiers d'Artois et li autre. Et seurent, assés tost apriès,
-l'intention du dit comte de Montfort, et sus quel estat il estoit venus
-en Engleterre. Si furent tout joiant, et li roys especialment, quant il
-congnurent qu'il volloit relever et tenir le duchet de Bretaingne en
-foy et hoummaige dou dit roy englèz.
-
-Environ quinze jours fu li comtez de Montfort en Engleterre avoecq le
-roy Edouwart, qui li fist toutte le feste, l'amour et compaignie que
-faire li pot, et ossi à ses chevaliers qui avoecq lui estoient allet en
-ce voiaige. Car li rois englès regardoit et consideroit que ceste
-aliance et la terre de Bretaingne en son accord li pooit plus valloir
-de comfort, de resort et de toutte pourveance pour gheriier le royaumme
-de Franche que nulle aultre terre; car sus trois jours ou quatre il
-pooit y estre en Bretaingne ou envoiier de par lui gens d'armes pour
-gheriier ses ennemis. Pour ce rechupt il liement le ducé de Bretaigne
-en foy et en hoummaige dou comte de Monfort. Et eut là adonc entre lui
-et le dit comte pluiseurs devises, ordonnanches et aliances escriptes,
-grossées et saiellées, dont chascuns eult les parties deviers soy. Et
-ne devoit li comtes de Montfort, qui s'apelloit dus de Bretaingne,
-relever, tenir, ne recongnoistre jamais la ducé de Bretaingne d'autre
-seigneur que dou roy englès, sans son congiet ou consseil. Ossi li dis
-roys englès le devoit garder, aydier, deffendre et maintenir contre
-tous hommes qui contredire ou gueriier le voroient. Et ensi le
-proumissent et jurèrent solempnelment enssemble.
-
-Apriès touttes ces coses faittez et acomplies, li comtes de Montfort et
-si chevalier se partirent dou roy, qui leur donna grans dons et biaux
-jeuuiaux à grant plentet, et ossi fist la roine. Si revint li comtes de
-Montfort en Bretaigne demourer le plus à Nantes, et sa femme avoecq
-lui, par quel consseil il usoit le plus, car elle estoit damme de grant
-emprise et de grant coraige, et avoit droit coer d'omme et de lion,
-enssi comme vous orés recorder avant en l'istoire. Si se faisoit li
-comtes escripre et appeller dus de Bretaingne, et elle duçoise, et
-guerioient toudis les rebellez à yaux; et estoient à che coummenchement
-si fort ou pais, que qui ne volloit y estre de leur accord, il n'y
-avoit que faire de demorer. Et estoient pluiseur grant seigneur parti
-et venut en France, ou pris autres voiaiges de Prusse, de Jherusalem ou
-de Grenate, tant qu'il ewissent veut comment ceste besoingne
-s'achieveroit; car bien savoient li pluiseur que li roys Phelippes ne
-lairoit point son nepveult, monseigneur Carlon de Blois, enssi que
-planer, ne bouter hors de son hiretaige; mès moult s'esmervilloient li
-aucun pourquoy il ne se traioit, ne estoit trais plus tost avant. Fo
-57.
-
-_Ms. de Rome_: On se puet esmervillier, selonch le intitulure et le
-introduction de ceste matère qui represente les fais de Bretagne, à
-quoi mesires Carles de Blois pensoit, qui tenoit à avoir à fenme et à
-espouse la droite hiretière de Bretagne, et qui estoit si grans de
-linage en France que neveus au roi Phelippe et au conte d'Alençon et
-frères au conte de Blois, que il ne se traioit avant, mais laisoit
-couvenir le conte de Montfort et prendre les chités et bonnes villes et
-les chastiaus de Bretagne, et point ils n'aloit au devant, ne n'i
-envoioit. Et (li contes de Montfort) prendoit partout la sasine et
-posession, et i ordonnoit et establissoit honmes favourables et
-agreables à lui, et acqueroit l'amour des cevaliers et esquiers de
-Bretagne, car bien avoit de quoi faire grans largèces, car il avoit
-saisi deviers li le grant tresor qui avoit esté à son frère et lequel
-il avoit trouvé en le chité de Limoges, ensi que chi desus est dit.
-Aussi s'en esmervelloient moult pluisseurs chevaliers et esquiers de
-Bretagne qui savoient bien que c'estoit son droit à estre dus de
-Bretagne en l'oqison de sa fenme; mais puis que il le souffroit et
-voloit, ensi que il disoient l'un à l'aultre qant il s'en devisoient,
-il ne pooient pas, de lor poissance singulère, faire fait ne partie
-pour lui. Et tant demora à venir en Bretagne et à demander son droit
-que trop, car li contes de Montfort se fortefia tant en toutes manières
-et acquist tant d'amis que trop forte cose euist esté à bouter hors de
-sa posession, car trop vault la condition dou premier posessant.
-
-Il ne puet estre que messires Carles de Blois, qui se tenoit à Paris,
-ne fust enfourmés de toutes ces accedenses, et que ils n'en parlast à
-ses oncles le roi de France et le conte d'Alençon et à son cousin
-germain le duch de Normendie qui moult l'amoit; mais il estoit servis
-et respondus de douces paroles et de belles, en disant: «Biaus cousins,
-ne vous sousiiés de riens: laissiés ce conte de Montfort aler et venir
-et espardre cel argent que il a trouvé dou duch son frère. Il couvient,
-quoi qu'il face ne ait fait jusques à chi, que il viengne deviers nous
-pour relever la ducée de Bretagne; et les barons et chevaliers et
-fievés de Bretagne ne sont pas si fol ne si ignorant que il le doient
-recevoir à signeur, sans nostre sceu. Il seroient très mal consilliet
-et le compareroient chierement; pour quoi, biaus cousins, ne vous
-sousiiés de riens. Il fault que tout retourne par deviers nous. Vous
-estes dus de Bretagne, et jà l'avés vous relevé de nous, et vous en
-tenons à duch et à hirestier, et qui vodra dire dou contraire, nous le
-verons, et le vous aiderons à deffendre et à garder contre tout honme;
-car nous i sonmes tenu, et le mousterons de fait.»
-
-Ensi estoit mesires Carles de Blois rapaisiés de paroles, et se
-confioit sur ce que on li disoit et proumetoit; et entendoit à
-augmenter son estat, et avoit mis jus l'armoierie de Chastellon et pris
-et encargié celle de Bretagne. Et estoient ouvrier trop grandement
-ensonniiet parmi Paris de faire banières, pennons, cambres, courdines
-et toutes coses qui apertiennent d'armoierie, en l'ordenance d'un
-signeur et de une dame, et jà se escripsoit: «Carles de Chastellon, dus
-de Bretagne et sires de Guise.» Et li contes de Montfort entendoit
-d'aultre part à acquerre amis de toutes pars, tant que en Bretagne et
-ens ès marces voisines, dont il pensoit le mieuls à valoir, et avoit
-encargiet plainnement le nom et les armes de Bretagne et s'escripsoit:
-«Jehans, dus de Bretagne, contes de Montfort et de Limoges.» Ensi et
-par tèle incidense se conmencièrent à entouellier li different en
-Bretagne, qui i furent si grant et si orible que les gerres et les
-malefisces qui s'en eslevèrent et engendrèrent, i furent si grant que à
-painnes i peut on onques trouver moiien ne conclusion pour les
-apaisier.
-
-Li contes de Montfort, qui se veoit en posession dou tout ou en partie
-de la ducée de Bretagne et n'i sentoit nuls rebelles ne contraires dont
-il fesist trop grant compte, car petit à petit tout venoient à
-obeisance, entendi et senti de costé, par ses amis les quels il avoit
-en France, et par especial le conte de Flandres, son serouge, que
-mesires Carles de Blois se nonmoit et escripsoit dus de Bretagne, et
-en avoit avoecques le title encargiet l'armoierie, et l'avoit relevé en
-foi et en honmage dou roi de France auquel li reliés en doit apertenir,
-et s'ordonnoit li dis mesires Carles pour venir en Bretagne et
-calengier l'iretage conme sien et de son droit, et li rois de France
-conme son signeur naturel souverain l'en devoit aidier, et que sus ce
-il euist bon avis et bon consel, (il) pensa et imagina sus, et vei et
-congneut bien que point n'en joiroit pasieuvlement; si se consilla à
-ceuls où il avoit la grigneur fiance. Consilliet et dit li fu: «Sire,
-de vostre singulère poissance, vous ne poés contrester contre la
-poissance dou roi de France, car elle est trop grande. Et si auera
-vostres adversaires Carles de Blois trop d'amis et de confort, car li
-rois de France et li contes d'Alençon sont si oncle. Mais vous ferés
-une cose: vous vos ordonnerés à l'encontre de ce et conforterés
-grandement, se vous alés en Engleterre et relevés la ducée de Bretagne
-en foi et en honmage dou roi d'Engleterre et en devenés son honme, par
-condition telle que contre tout honme, soit roi de France ou aultre, il
-le vous aidera à deffendre et à tenir. Et ce marchiet il fera trop
-volentiers, car d'Engleterre, il auera trop belle entrée de venir en
-Bretagne et de Bretagne en France, et pora laisier ses honmes en
-garnison en Bretagne et rafresqir; et tous jours, conment que la
-querelle se porte, i auerés vous des bons amis. Et se vostre cousine la
-fenme à Carle de Blois moroit, ensi que les aventures aviennent, vous
-demorriés pasieuvlement dus de Bretagne, ne nuls ne nulle ne le vous
-debateroit jamais.»
-
-Li contes de Montfort ouvri ses orelles à ce consel et s'en resjoi
-grandement, car il li sambla bons et pourfitables. Et ordonna ses
-besongnes à ce que pour aler en Engleterre, et monta en mer à Vennes,
-assés bien acompagniés de chevaliers et d'esquiers. Et enporta
-avoecques lui grant fuisson de biaus jeuiauls qui tous venoient dou
-tresor de Limoges (de) son frère le duc de Bretagne, pour donner et
-departir là où il les veroit bien à emploiier et pour acquerre amis; et
-prist terre en Engleterre à Plumude, et avoient cargiet des chevaus.
-Qant il furent trait hors des nefs, il montèrent sus li contes et ses
-gens et chevauchièrent viers Londres, et tant fissent que il parvinrent
-et demandèrent dou roi. On lor dist que il estoit à Windesore, et que
-là conmunement il s'i tenoit plus que ailleurs, et la roine ausi. Qant
-li contes de Montfort, qui se nonmoit dus de Bretagne, se fu rafresqis
-un jour à Londres, ils et ses gens montèrent et chevauchièrent viers
-Windesore, et vinrent disner à Bramforde, et puis vinrent à Windesore
-et trouvèrent le roi et la roine qui jà estoient enfourmé de lor venue.
-Si furent requelliet des chevaliers dou roi moult grandement, et puis
-mené deviers le roi. Tant que des aquintances dou roi et dou conte, je
-n'ai que faire de plenté parler, fors que de venir au fait pour quoi li
-contes de Montfort estoit là venus. Il remoustra ses besongnes bien et
-sagement, et li rois les oy et i entendi volentiers, et li respondi par
-le consel que il ot de monsigneur Robert d'Artois, qui tous jours se
-tenoit avoecques le roi, et li dist: «Biaus cousins, vous vos retrairés
-deviers Londres; et dedens quatre jours, je serai là et auerai de mon
-consel, tant que vous serés respondus de tout ce que de vostres
-requestes je vodrai faire.» Li contes de Montfort se contenta de ceste
-response. Et qant il ot là esté le jour et la nuit à Windesore, et
-soupé avoecques le roi et la roine, à l'endemain il s'en departi et
-vint à Londres; et se tint là avoecques ses gens tant que il fu mandés,
-de par le roi et son consel, ens ou palais de Wesmoutier et là dedens
-la cambre dou consel. Qant li prelat et li baron qui là estoient,
-l'orent honnouré et fait seoir jus, il fu moult sagement examinés pour
-quoi il estoit là venus, et requis que il le vosist dire, quoi que tout
-en savoient jà assés, car li rois et messires Robers d'Artois qui
-enfourmé estoient de la matère, avoient prononciet le fait. Il parla et
-dist que, conme drois hoirs et dus de Bretagne par la mort et
-succession de la mort dou duch de Bretagne darrainnement mort, il
-s'estoit trais à l'iretaige de Bretagne et mis en posession, et nuls ne
-li avoit encores debatu; mais il faisoit doubte que on ne li deuist
-debatre, car Carles de Blois avoit à fenme et à espouse une sienne
-nièce, fille dou conte de Pentèvre, qui disoit à avoir droit de par sa
-fenme à l'iretage de Bretagne, et jà l'avoit il relevé de Phelippe de
-Valois qui se disoit rois de France: «Et pour ce que le roi mon
-signeur, qui chi est, calenge la couronne de France et s'en escript et
-nonme rois, et pour ce aussi que j'en soie soustenus, portés et
-deffendus en toutes actions, je m'adrèce à lui et voel devenir son
-honme de foi et de bouce, et relever et tenir la ducée de Bretagne de
-li; et qant ce je auerois fait et il m'auera recheu à honme, je
-parlerai encores avant.»
-
-Sus ceste parole, li signeur, prelas et barons qui là estoient,
-regardèrent tout l'un l'autre, sans riens respondre. Adonc parla
-mesires Robers d'Artois et dist: «Biaus cousins, vous iscerés un petit
-hors de la cambre, et tantos serés rapellés.» Il le fist. Li contes de
-Montfort issi hors, et li signeur demorèrent avoecques le roi qui lor
-requist que, sus ces paroles dites et offertes, il le vosissent
-consillier. Li consauls ne fu pas lons, la matère estoit toute clère à
-savoir que li rois en feroit; ce n'estoit pas cose ne requeste à
-refuser. Car ensi que jà il avoient imaginé et consideré l'estat et
-l'afaire dou roi et l'ordenance de sa guerre, et conment li dus de
-Braibant, ses cousins germains, li dus de Gerlles, son serourge, et les
-Alemans l'avoient mené et pourmené jà par deus saisons, et fait
-despendre son argent si grandement que encores il s'en trouvoit
-derrière et veroit un lonch temps; et si n'avoit riens fait fors que
-travilliet son corps et ses gens, et courut une petite estrée dou
-roiaume de France, et tenu sièges devant Cambrai et Tournai; et que par
-ensi faire et croire les Alemans, qui sont convoiteus, il ne venroit à
-son entente, mais par le pais de Bretagne qui li estoit une belle
-entrée et requelloite pour cevauchier en France, i pooit il bien venir,
-et si en seroit gerre plus forte et plus belle avoecques aultres
-accedens qui legierement poroient avenir.
-
-Adonc fu li contes de Montfort appellés; il vint. Li venu en la cambre,
-il li fu dit que li rois estoit consilliés à ce que il le receveroit
-conme son honme liege as mains et à la bouce, et il li jurroit à estre
-son honme liege à tous jours mais, et à tenir la ducée de Bretagne dou
-roi presens et des rois d'Engleterre qui apriès li descenderoient. Li
-contes de Montfort mist ses mains entre les mains le roi d'Engleterre,
-et puis fu introduis de l'evesque de Londres à parler, et parla mot à
-mot tout ce que li evesques li faisoit dire, et fist honmage de foi, de
-mains et de bouce. Et furent toutes les paroles, que il dist là et
-rechita, mis (es) en l'entente des prelas et signours d'Engleterre, qui
-là estoient; et en furent lettres levées et instrumens publiques
-escrips et grossés. Et aussi li contes de Montfort, qui se nonmoit dus
-de Bretagne, qant il ot fait honmage au roi, et il fu recheus à toutes
-les solempnités qui i apertenoient à estre et à faire, et il se fu en
-ce loiiés et obligiés, il requist au roi conme à son signeur liege que,
-se li rois Phelippes qui se disoit rois de France ou aultres voloient
-entrer à poissance en Bretagne et calengier l'iretage ou nom de mesire
-Carle de Blois et sa fenme, qui s'en disoit hiretière, et que il i
-venissent si fort que de poissance singulère il ne peuist resister à
-l'encontre, que il fust aidiés et secourus en la fourme et manière que
-uns sires doit aidier son honme. Li rois li ot en couvenant; et de tout
-ce fissent les lettres et instrument mention. Et furent les lettres
-apertenans au conte de Montfort, les quelles il enporta avoecques li,
-seelées dou seel dou roi d'Engleterre et des seauls des barons
-d'Engleterre qui à toutes ces paroles, devises et ordenances furent
-presens.
-
-Tout ce fait et accompli et dou plus hasteement c'om pot, car li contes
-voloit sus brief terme retourner en Bretagne dont il se nonmoit dus, il
-prist congiet au roi et as signeurs et fist partout compter et paiier.
-Et se departi de Londres et chevauça viers Plumude où sa navie estoit
-qui l'atendoit, et le trouva toute preste et vent bon assés pour
-retourner en Bretagne. Si entrèrent li contes et ses gens en lors
-vassiaus, et singlèrent tant que il retournèrent à Vennes dont il
-estoient parti et là ancrèrent; et si se rafresqirent en la chité, car
-elle et tous li plas pais estoit pour li. Et puis au second jour
-montèrent as chevaus et vinrent à Nantes, et là trouvèrent la contesse
-qui se nonmoit duçoise, qui requelli son mari et toute la compagnie
-moult liement, et li demanda des nouvelles. Et li contes l'en dist
-assés et toute l'ordenance des trettiés conment il se portoient, et se
-looit dou roi d'Engleterre et des prelas et barons d'Engleterre, les
-quels il avoit veus. Fos 73 à 75.
-
-P. 100, l. 20: vingt chevaliers.--_Les mss. A 11 à 14 ajoutent_: et
-soixante escuiers. Fo 76 vo.
-
-P. 100, l. 21: Cepsée.--_Mss. A 18, 19_: Capsée. Fo 79.
-
-
-=§ 145.= P. 102, l. 22: Quant.--_Ms. d'Amiens_: Or avint que li
-viscomtez de Rohem, li sirez de Clichon, li sirez d'Avaugor et li sirez
-de Biaumanoir s'en vinrent en France deviers monseigneur Carlon de
-Blois, qui adonc se tenoit dallés le roy, son oncle; et bien avoit oy
-recorder et ooit encorres tous les jours comment li comtez de Montfort
-s'estoit mis et enclos en le saisinne et possession de Bretaingne; mès
-chil seigneur l'en enfourmèrent plus plainnement et li disent:
-«Monseigneur, vous avés bien mestier d'avoir grant ayeuwe à venir en
-Bretaigne, car il n'y a bonne ville en toutte la duché, qui n'obeisse à
-lui, et ossi grant fuison dez signeurs, chevaliers et escuiers, et
-tient grant plentet de gens d'armes as saus et as gaiges. Car il a eult
-deviers lui tout le grant tresor qui estoit à Limoges, que nos sires
-li ducs, dairains trespassés, et messirez ses frères, pèrez à madamme
-vostre femme, avoient là assamblet de loing tamps, dont il fait tous
-les jours et a fait ses dons et sez larguèces si grandes, que il samble
-que ors ne argens ne li couste riens; et retient touttes mannières de
-saudoiiers qui viennent deviers lui. Avoecq tout chou, il a estet en
-Engleterre et a relevet la duché de Bretaingne en foy et en hoummaige
-dou roy englèz et ont certainnez convenenchez enssamble, lesquelles
-nous ne savons mies tout clerement, car nous n'y avons mies estet, fors
-tant que on dist, et bien fait à croire pour le cause de ceste
-hoummaige, que li roys englès le doit aidier contre tous hommes qui de
-forche le voroient bouter hors de Bretaingne.»
-
-Quant messires Carles de Blois eut oy les dessus dis seigneurs enssi
-parler et recorder l'affaire et l'estat dou comte de Montfort et de la
-duché de Bretaingne, dont il se tenoit hoirs de par sa femme, si fu
-tous penssieux; et quant il eut une espasse pensset, si regarda les
-chevaliers et dist: «Biau seigneur, grant mercis de ce que vous estes
-venus devers moy et m'avés comptet de ceste besoingne, dont je desiroie
-à savoir le verité. Nous yrons deviers le roy mon seigneur; si l'en
-enfourmerons plainnement, et sour ce il en aura bon avis.» Lors les
-mena messires Charles de Blois tous quatre deviers le roy sen oncle, et
-parlèrent à lui à grant loisir. Et quant li roys seut comment la
-besoingne se portoit, si dist que il y meroit remède telle et si bonne,
-que ses biaus niés, que il tenoit hiretier de Bretaingne, s'en
-parceveroit. Adonc eut li roys advis de mander les douze pers de
-Franche, pour avoir consseil de plus grant deliberation. Si vinrent à
-Paris dedens le jour qui mis y fu. Là fu proposé et parlementé li
-affairez de Bretaigne, et aviset comment pour le mieux on s'en poroit
-chevir. Se disent li douze pers de France qu'il appertenoit bien que li
-comtez de Montfort fust mandés par souffissans mesages, afin que il
-venist à Paris, par quoy on veist et sewist comment il voroit aleghier
-contre cez oppinions. Chilz conssaux fu tenus, et message priiet et
-regardet qui yroient. Che furent li sirez de Matefelon, li sirez de
-Gousant et messires Grimoutons de Cambli. Et se partirent chil messaige
-et chevaucièrent tant par leurs petittez journées qu'il vinrent en le
-cité de Nantez. Là trouvèrent le comte de Montfort et la comtesse, sa
-femme, grant joie demenant. Si fissent li seigneur dessus dit leur
-messaige, ensi que chargiet leur estoit; et quant li contes les eut
-oys, quoiqu'il leur feist bonne chière et lie, il eut pluisseurs
-ymaginations de l'acorder che voiaige. Touttesfois finablement il
-respondi as dis messaiges que il volloit y estre obeissans au roy et
-yroit vollentiers à son mandement. Ceste responsce pleut bien as
-messaiges, et le raportèrent ainssi au roy Phelippe, que li comtez de
-Montfort seroit à Paris au jour qui mis y estoit. Dont fist li roys
-demourer daléz lui tous les douze pers, et manda encorrez pluiseurs
-grans barons et saiges de son royaumme, pour avoir milleur consseil
-quant li dis comtes de Montfort seroit venus.
-
-Li comtez de Montfort se parti de Nantez en grant arroy, et estoient
-bien de se compaignie trente chevaliers, tous noblez et gentilz hommez,
-et estoient bien de se routte et à se delivranche en ce voiaige trois
-cens chevaux sans lez sommiers, et chevaucièrent tant par leurs
-journées qu'il vinrent en le chité de Paris. Adonc se tenoit li rois au
-palais. Quant li per, li comte et li baron de Franche sceurent la venue
-au dit comte de Montfort, si se trayrent au palais deviers le roy, car
-bien savoient que li comtez de Montfort y venroit, enssi qu'il fist.
-L'endemain dou jour qu'il fu venus et descendus à sen hostel, il vint à
-heure de tierche mout noblement et bien acompaigniés de sez chevaliers
-au palais. Si fu moult durement regardés de tous lez barons, et des
-aucuns salués, et puis amenés deviers le roy. Le roy, qui estoit tous
-pourveus et adviséz de savoir coumment il le devoit recepvoir, se
-tenoit en sez cambres de parement. Et estoient adonc dalléz lui li
-comtez d'Alençon, ses frèrez, li dus de Normendie, ses filz, li dus
-Oedes de Bourgoingne et messires Phelippez de Bourgoingne, ses filz, li
-dus de Bourbon, messires Jaquemes de Bourbon, adonc comtez de Pontieu,
-li comtez Loeis de Blois, li comtez de Foriès, li comtes de Vendomme et
-li comtez de Ghinez, et pluiseurs aultrez barons telx que le seigneur
-de Couchi, le seigneur de Sulli, le seigneur de Craon, le seigneur de
-Roie, le seigneur de Saint Venant, le seigneur de Rainneval et le
-seigneur de Fiènes. Quant li comtez de Montfort fu parvenus jusqu'au
-roy, si l'enclina mout humblement et li dist: «Monseigneur, je sui chy
-venus à vostre mandement et à vostre plaisir.» Li dis rois respondi:
-«Comtez de Montfort, de ce vous sai jou bon gret, mès je me esmerveille
-durement pourquoi ne comment vous avés oset emprendre de vostre
-vollenté la duché de Bretaingne, où vous n'avés nul droit; car il y a
-plus prochain de vous, cui vous voulléz deshireter. Et pour vous mieux
-efforchier, vous estez alléz à mon adversaire le roy d'Engleterre, et
-advés la duché de Bretaingne de lui relevet et à lui fet feauté et
-hoummaige, ensi que on le m'a comptet.» Li comtez respondi et dist:
-«Ha! sire, ne le creés pas, car vraiement vous estes de chou mal
-enfourmés. Je le feroie moult à envis. Mès de le proimetet dont vous me
-parlastez, m'est advis, sire, sauve vostre grace, que vous en
-mesprendés, car je ne say nul si prochain del duc de Bretaigne, qui
-dairainement morut, que moy, qui sui ses frèrez. Et se jugiet et
-declaret estoit par droit que aultre en fuist plus proisme de moy, je
-ne seroie point hontous ne rebellez del deporter.»
-
-Quant li roys entendi le comte ensi parler, si respondi et dist:
-«Comtez, comtez de Montfort, vous (en dittez[405]) ores asséz. Mès je
-vous coummande, sur tout quanque vous tenés de moy et que tenir en
-devés, que vous ne vous partéz de le chité de Paris jusques à quinze
-jours, que li baron et li per jugeront et ordonneront de celle
-proismetet, et si sarés adonc quel droit vous y aréz ou avés. Et se
-vous le faittez autrement, sachiéz que vous me couroucherés.» Li comtes
-respondi et dist: «Monseigneur, à vostre vollenté.» Adonc se departi li
-dis comtes dou roy, et s'en revint à son hostel pour disner. Quant il
-fu à son hostel venus, il entra en sa canbre et le fist clore et
-refremmer apriès lui, et coummanda à ses cambriés que, se nuls le
-demandoit, que on desist qu'il fuist dehetiés. Lors se coummença à
-aviser et pensser que, se il atendoit le jugement dez barons et dez
-pers de Franche, que li jugement poroit bien tourner contre lui; car
-bien li sambloit que li roys feroit plus vollentiers partie pour
-monseigneur Carlon de Blois sen nepveut que pour lui; et veoit bien que
-se il avoit jugement contre lui, que li roys le feroit arester jusques
-à tant qu'il aroit tout rendut, cités, villez et castiaus, dont à
-present il tenoit le saisinne et le possession, que il avoit concquis,
-et avoecq ce, tout le grant tresor qu'il avoit trouvet à Limogez et
-ossi ailleurs, et tout aleuet et despendut. Se li fu advis que le
-mieudre pour lui et le mains mauvais estoit qu'il se partesist sans
-congiet, que il atendesist l'aventure et s'en ralast secretement et
-paisivlement en Bretaingne, et se renforchast encorrez contre tous
-venans, qui contraire li volroient porter.
-
- [405] On lit dans le ms. d'Amiens: «entendittez.»
-
-Si tint li dis comtez ceste ymagination, et fist apeler deux de ses
-chevaliers où le plus se confioit, et leur descouvri sen entente, et
-chil furent bien de son acord. Quant ce vint sus le soir, lui troisime,
-tous desconneus, il parti de son hostel et wuida Paris, qui adonc
-n'estoit point fremmée. Et chevaucha tant de jour et de nuit qu'il fu
-en Bretaingne revenus, ainschois que li roys en sewist riens; mès
-penssoit chacuns qu'il fuist dehetiéz à son hostel. Et tous lez jours
-le sieuwoient ses gens petit à petit. Quant il fu revenus daléz le
-comtesse sa femme, qui estoit à Nantez, il li compta toute sen
-aventure, puis alla, par le consseil de la comtesse qui bien avoit coer
-d'omme et de lion, par touttez les cités, les castiaux et les fortrèces
-qui estoient à lui rendues, et establi partout bonnes cappittainnez et
-si grant plentet de saudoiiers à piet et à cheval qu'il y couvenoit,
-grans pourveances de vivres à l'avenant, et paiia si bien tous
-saudoiiers, que chacuns le servoit vollentiers. Quant il ot tout
-ordonné ensi qu'il appertenoit, il s'en revint à Nantez dallés la
-comtesse sa femme, et dalléz lez bourgois de le chité, qui durement
-l'amoient par samblant pour les grans courtoisies qu'il leur faisoit.
-Or me teray ung petit de lui, et me retrairay au roy de Franche et à
-monseigneur Carlon de Blois et as barons et douze pers dou royaumme
-dessus dit. Fos 57 vo et 58.
-
-_Ms. de Rome_: A painnes est riens fait qui ne soit sceu: nouvelles
-vinrent à Paris deviers messire Carle de Blois et les signeurs que li
-conte de Montfort avoit priès conquis, tant par force que par tretiés,
-toute la ducée de Bretagne, et avoit esté en Engleterre et relevé la
-ducée de Bretagne dou roi d'Engleterre, et en estoit devenus son honme.
-Tantos ces nouvelles vinrent au roi. Qant li rois les oï, se ne li
-furent pas plaisans, et manda les douse pers de France, ceuls que pour
-lors il pot avoir. Qant il les vei en sa presence, si lor demanda quel
-cose estoit bonne à faire de tel cose. On li dist et consilla que chils
-contes de Montfort fust mandés, et que trop on avoit atendu. Si furent
-ordonné pour le aler querre li sires de Montmorensi et li sires de
-Saint Venant. Chil doi baron se departirent de Paris à plus de
-soissante chevaus, et chevaucièrent tant que il vinrent à Nantes, et
-trouvèrent le conte de Montfort et la contesse qui faisoient une grande
-feste des chevaliers et esquiers, des dames et damoiselles dou pais de
-Bretagne. Il requella grandement et liement ces signeurs, car il se
-tenoit de lor linage. Chil doi baron, qui sage et pourveu estoient, se
-couvrirent moult bien deviers li de dire. Pluisseurs paroles disoit on
-de li en France et à Paris, mais s'en dissimulèrent, et li priièrent
-que il vosist descendre celle première fois à la plaisance dou roi, et
-venir à Paris. Il dist que il s'en conselleroit. Il s'en consella à
-auquns de son consel et à la contesse, sa fenme, laquelle li
-desconsilloit que point n'i vosist aler, et que il n'i avoit que faire;
-et li aultre li consilloient et disoient que si avoit, et que nullement
-il ne se pooit esquser, ne passer que il n'alast en Franche, et que il
-ne relevast la ducée de Bretagne dou roi. Lors respondi il à ces
-paroles et dist: «Je l'ai relevé dou roi d'Engleterre: il doit
-souffire. Je ne doi ne puis faire que un seul honmage.» Lors li fu dit:
-«Et se vous trouvés le roi de France si amiable que il reçoive vostre
-honmage, vous venrés legierement jus deviers le roi d'Engleterre. Il a
-assés à faire à entendre aillours. Il ne vous boutera pas hors de
-Bretagne, et espoir es(t) çou pour aultre cose que li rois vous mande.»
-Finablement li contes de Montfort fu à ce consilliés et enortés que il
-ordonna ses besongnes, et se departi de Nantes en la compagnie des deus
-barons desus nonmés, et ossi des chevaliers de Bretagne; et fist tant
-que il vint à Paris et se loga, et toutes ses gens ossi. Qant on sceut
-que il fu venus et mis à hostel, on fu tous resjois de sa venue. Li
-contes de Flandres, son serourge, le vint veoir, et li fist bonne
-chière, et li contes de Montfort li, liquels se tint le jour que il
-vint et la nuit ensievant tous quois à son hostel. Et à l'endemain, à
-heure de tierce, il se departi de son hostel à plus de cent chevaus en
-sa compagnie, et chevaucièrent viers le palais et descendirent là, car
-li rois de France i estoit, et à painnes tout li noble prelas et barons
-du roiaulme de France. Li contes de Montfort monta les degrés dou
-palais et ala tant devant li que il trouva le roi et les signeurs en
-une grande cambre, toute parée et couverte de tapiserie moult belle et
-moult rice, et là estoit atendus li contes de Montfort.
-
-Qant il entra en la cambre, il fu moult fort regardés de ceuls qui
-onques ne l'avoient veu, et par especial li rois de France jetta trop
-fort ses ieuls sur li. Li contes de Montfort se mist en genouls devant
-le roi et dist moult humlement: «Monsigneur, vous m'avés mandé, et je
-suis venus à vostre mandement.» Li rois respondi et dist: «Contes de
-Montfort, de che vous sai je bon gré, mais je m'esmervelle grandement
-pourquoi ne conment vous avés osé entreprendre de vostre volenté la
-ducée de Bretagne, où vous n'avés nul droit, car il i a plus proisme de
-vous que vous volés deshireter; et pour vous mieuls efforchier, vous
-estes alés à nostre adversaire le roi d'Engleterre et l'avés de lui
-relevet, et fait feaulté et honmage, ensi que on nous a dit.» Li contes
-respondi à che et dist: «Ha! monsigneur, ne le creés pas, car vraiement
-vous estes de ce mal enfourmés, je le feroie moult à envis; mais de la
-proismeté dont vous me parlés, m'est avis, monsigneur, salve soit
-vostre grace, que vous mesprendés, car je ne sçai nul si prochain dou
-duch de Bretagne, mon frère darrainnement mort, que moi; et se jugiet
-et declaret estoit par droit que aultres i fust plus proismes de moi,
-je ne seroie pas honteus ne virgongneus de moi en deporter.» A ceste
-parole respondi li rois et dist: «Contes, vous en dittes assés, mais je
-vous conmande sur qanq que vous tenés de nous, ne que tenir en poés ne
-devés, que vous ne vos departés de la chité de Paris jusques à quinse
-jours, que li baron et li per jugeront de celle proismeté. Si sauerés
-adonc quel droit vous i avés; et se vous le faites aultrement, vous
-nous couroucerés.» Li contes respondi et dist: «Monsigneur, à vostre
-volenté.» Donc se leva il et prist congiet au roi et as prelas et hauls
-barons qui là estoient, et les enclina tous autour, et euls li. Et issi
-hors de la cambre, et conmença moult fort à busiier et merancoliier, et
-à imaginer son afaire et son estat. A painnes pot il disner, tant fu
-pensieus, et ne volt que nuls entrast en sa cambre, fors si varlet.
-
-A ce que li contes de Montfort pensoit, je le vous dirai: il se
-repentoit trop fort de ce que il estoit venus à Paris et mis ens ès
-dangiers dou roi et de ses contraires, et disoit ensi en soi meismes:
-«Se je atens le jugement des douse pers, il n'est riens si certain, on
-me retenra, et serai mis en prison. Et tout au mieuls venir, se je voel
-avoir ma delivrance, il faudra que je remette arrière tout ce dont je
-sui en saisine, et que je rende compte dou tresor le duch mon frère que
-je pris et levai à Limoges, douquel je me sui aidiés. Avoecques tout
-ce, on trouvera en verité que j'ai esté en Engleterre, et que je ai
-relevé la ducée de Bretagne dou roi d'Engleterre, dont je me sui trop
-forfais, et ne sai que li douse per de France de la correction en
-vodront dire. Briefment, tout consideré, je ne puis veoir que li
-demorer chi et atendre la quinsainne me soit pourfitable.» Tout
-consideré et bien examiné ses besongnes, il dist que il se departiroit
-de Paris et retourneroit en Bretagne; et se on le voloit là venir
-querre, on le venist, car on le trouveroit pourveu, et le pais tout
-clos à l'encontre des venans; et se manderoit le roi d'Engleterre, qui
-li avoit juré toute loiauté, et li aidier fust contre le roi de France
-ou autrui.
-
-Ce pourpos et ceste imagination conclut li contes de Montfort en soi
-meismes, et se ordonna à partir. Je vous dirai conment: il prist l'abit
-à l'un de ses menestrels, et dou soir il monta à ceval, et le varlet
-dou menestrel avoecques lui, et isi de Paris. Et quidoient ses gens
-voires, fors chil qui le devoient sçavoir, que il fust encores en ses
-cambres, car si cambrelent disoient que il estoit malades et gissans au
-lit, qant il estoit en Bretagne. Et vint à Nantes de nuit et ala
-deviers sa fenme la contesse qui point de premiers ne le recongnissoit
-en cel estat; et qant elle l'ot ravisé, si pensa tantos que la besongne
-aloit mal. Li contes li compta tout l'estat et l'ordenance de son
-voiage, et pourquoi il estoit ensi revenus. «Monsigneur, dist la
-contesse, je n'en pensoie point mains, vous n'i aviés que faire. Selonc
-ce que vous avés conmenchié et entrepris, vous auerés la gerre: il
-n'est riens si vray. Si vous pourvées et ordonnés selonc che, et tenés
-en amour les bonnes villes de Bretagne et les signeurs qui sont de
-vostre partie.» Li contes respondi et dist que aussi feroit il. Fos 74
-vo et 75.
-
-P. 102, l. 22: qui tenoit.--_Mss. A 1 à 6, 18 à 33_: qui se tenoit à
-cause de sa femme estre droit hoir de Bretaigne. Fo 79 vo.
-
-P. 102, l. 28: feroit.--_Ms. B 6_: Or advint autres nouvelles au roy et
-à monseigneur Charle de Blois qui plus luy donnèrent à penser, car il
-leur fut dit que le conte de Monfort avoit esté en Engleterre devers le
-roy et relever la ducé de Bretaigne et les appertenances du roy
-d'Engleterre: que faire ne povoit ne devoit, dont trop grandement
-s'estoit meffais. Fo 178.
-
-P. 103, l. 12: de Nantes.--_Ms. B 6_: mais sachiés que che fut tout
-outre le consail de madamme sa femme. Fo 179.
-
-P. 103, l. 15: as hostelz.--_Mss. A 1 à 6, 18 à 22_: en son hostel. Fo
-79 vo.
-
-P. 103, l. 20: li douze per.--_Ms. B 6_: le duc de Bourgogne, le duc de
-Normendie et grant plenté de seigneurs. Fo 179.
-
-P. 104, l. 24: à son hostel.--_Ms. B 6_: durement pensis. Fo 180.
-
-P. 104, l. 25 et 26: à aviser.--_Ms. B 6_: à buchier. Fo 180.
-
-P. 105, l. 8 et 9: Si monta.--_Ms. B 6_: Sy fist le malade toute celle
-journée; et quant che vint à la nuit, il monta à cheval et se party de
-Paris lui troisième, que point les portes n'estoient adonc frumées. Fo
-181.
-
-
-=§ 146.= P. 106, l. 2: alés.--_Ms. de Rome_: Et en fu li contes de
-Flandres soupeçonnés que il ne li euist consilliet à faire, pour tant
-que il avoit sa serour à fenme; mais li contes se osta de la soupeçon
-et s'en escusa grandement et tant que on le tint bien pour escusé. Fo
-75 vo.
-
-P. 106, l. 7: deus.--_Mss. A 1 à 7, 18 à 22_: trois. Fo 80 vo.
-
-P. 106, l. 22: barons.--_Ms. d'Amiens_: et douze pers. Fo 58.
-
-P. 107, l. 10: d'Alençon.--_Ms. d'Amiens_: monseigneur Carle comte
-d'Alenchon son oncle, le ducq de Bourgoingne son cousin, le comte de
-Blois son frère, le duc de Bourbon, monseigneur Jakemon de Bourbon
-comte de Pontieu, monseigneur le connestable de Franche, le comte de
-Ghines son fil, le comte de Foriès, le seigneur de Couchy, le seigneur
-de Craan, le seigneur de Biaugeu, le seigneur de Suilli, et en apriès
-tous les barons et chevaliers à qui il avoit amour et linage qui là
-estoient. Et chacuns li acorda liement que il yroit avoecques lui en
-Bretaingne pour aidier à reconcquerre, à tant de gent et de compaignons
-qu'il poroient avoir. Si fissent leurs mandemens chacuns endroit de
-lui, li uns en Biausse, li autre en Berri, puis en Ango et ou Mainne.
-Et tous se devoient rassambler en le cité d'Angiers et là environ. Fo
-58 vo.
-
-_Ms. de Rome_: Mesires Carles de Blois et li contes de Blois son frère,
-liquel estoient en genouls devant le roi, le remerciièrent humlement de
-toutes ces paroles. Lors se levèrent ils en piés et alèrent autour
-priier lors amis, premierement lor oncle le conte d'Alençon, et puis
-lor cousin germain le duch de Normendie, le duch Oede de Bourgongne et
-mesire Phelippe de Bourgongne son fil, le duch Pière de Bourbon et
-messire Jaqueme de Bourbon conte de Pontieu son frère, le conte d'Eu et
-de Ghines connestable de France, le conte de Vendome, le conte de
-Danmartin, le signeur de Chastellon et grant fuisson de barons de lor
-linage. Et tout de bonne volenté se offrirent à faire service et
-plaisance à mesire Carle de Blois, et aler à lors coustages avoecques
-li en Bretagne. Si se ordonnèrent et apparillièrent dou plus briefment
-que il peurent; et fissent lor mandement à estre à Chartres, et
-atendre l'un l'autre en la chité del Mans ou d'Angiers. Fos 75 vo et
-76.
-
-P. 107, l. 14: le visconte de Roem.--_Mss. A 11 à 14_: le viconte de
-Rohan breton. Fo 78.
-
-
-=§ 147.= P. 107, l. 26: Quant tout.--_Ms. d'Amiens_: Quant tout chil
-seigneur qui priiet estoient, eurent ordonnet leur besoingnes et
-chacuns fait son mandement au plus especialment qu'il peult, il se
-partirent, de Paris li aucun, et li aucuns de leurs lieux. Si s'en
-allèrent li uns apriès les autres et se assamblèrent en le cité
-d'Angiers, puis ordonnèrent leur charoy et leurs pourveanches. Et se
-misent au chemin et passèrent Ango, et vinrent logier ung soir à une
-très belle fortrèce que on appelle Chantosé, qui se tient dou seigneur
-de Craan. Et mist li dus de Normendie gens pour aidier à conduire leurs
-pourveanchez et chiaux ossi qui lez sieuwoient. Puis cheminèrent
-deviers Ansenis, qui est li fins dou royaumme et li entrée de
-Bretaingne à che lés là. Li sirez est ungs grans banerès bretons, et se
-tenoit de le partie monseigneur Charlon de Blois, et li fist là
-hoummaige et feaulté comme au duc de Bretaingne, presens tous lez
-signeurs, et li mist se fortrèche en son coummandement. Si sejournèrent
-li seigneur là endroit trois jours, pour mieux ordonner leur conroy et
-leur charoy. Quant il eurent ce fait, il yssirent hors pour entrer ou
-pays de Bretaingne.
-
-Quant il furent as camps, il considerèrent leur pooir et estimèrent
-leur host à cinq mille armurez de fier, sans les Geneuois qui estoient
-bien troi mille, si comme jou ay oy recorder. Et lez conduisoient doi
-chevalier de Genneues; si avoient nom, li uns messires Othes Doriie, et
-li autres messires Carles Grimaus. Et si i avoit grant plantet de
-bidaus et d'arbalestriers que conduisoit messires Galois de le Baume.
-Quant touttes ces gens se furent aroutet, moult y avoit bel host; et
-chevauçoient en troix bataillez: de quoy messires Loeys d'Espaingne,
-ungs très bons chevaliers, et li viscontez de Rohem, li sires
-d'Avaugor, li sirez de Clichon et li sirez de Biaumanoir, banièrez
-desploiies, menoient les premiers; et estoient bien cinq cens lanches.
-Puis chevauchoient en le grosse routte li dus de Normendie, li comtez
-d'Allenchon, ses onclez, li comtez de Blois, messires Charles de Blois,
-qui s'appelloit et escripsoit dus de Bretaingne et en avoit fait
-feaulté et hoummage au roy de Franche, et en portoit lez plainnes
-armez sans differensce. En celle routte estoient tout li plus grant
-seigneur de l'ost. En le tierche bataile estoit li connestablez de
-Franche, li comtes Raous d'Eu et li comtez de Ghines, ses fils, li
-sires de Couci, li sires de Montmorensi, li sires de Quitin, breton, et
-li sirez de Tournemine; et faisoient l'arrieregarde bien à cinq cens
-lanchez, sans les Geneuois et les arbalestriers, dont li Gallois de le
-Baume estoit conduisièrez.
-
-Environ heure de primme, li premier cevauceour vinrent devant ung très
-fort castiel, seans à l'entrée de Bretaingne sus une montaigne et ou
-piet desous une grosse rivière. Si appelle on le dit castiel
-Chastonseal, et est li clef et li entrée de Bretaingne. Si l'avoit
-garny et pourveu très bien li contes de Montfort de bonnes gens
-d'armes, de pourveanches et de artillerie. Et en estoient cappittainne
-de par le dit comte doi bon chevalier de Bretaingne, dont li ungs avoit
-à nom messires Milles, et li autrez messires Waleranz. Fo 58 vo.
-
-_Ms. de Rome_: Qant tout chil signeur, liquel s'en devoient aler
-avocques monsigneur Carle de Blois ens ou pais de Bretagne pour li
-aidier à recouvrer son hiretage, furent prest et lors gens venus, il se
-departirent de Paris li auqun, et li aultres de lors lieus. Et en
-alèrent les uns apriès les aultres, et si se asamblèrent la grignour
-partie en la chité du Mans et là environ; puis s'avalèrent jusques en
-Anghiers, et là trouvèrent le duch de Normendie qui chiés se faisoit de
-ceste cevauchie. Et vinrent toutes ces gens d'armes en Ancheni sus la
-frontière et entrée de Bretagne, et là sejournèrent trois jours, en
-attendant encores l'un l'autre, et pour ordonner lor charoi et lors
-conrois. Qant il orent ensi fait, il se missent par ordenanche au cemin
-et chevaucièrent pour entrer en Bretagne, et considerèrent lor pooir et
-estimèrent lor hoost à cinq mille armeures de fier, sans les Geneuois
-qui estoient environ troi mille. Et les conduisoient doi chevalier de
-Genneues; si avoit nom li uns mesire Othe Doriie, et li aultres mesires
-Carles Grimauls. Et se i avoit grant fuisson de bidaus et
-d'arbalestriers que li Galois de la Baume conduisoit, uns chevaliers
-savoiiens.
-
-Qant toutes ces gens d'armes et aultres arbalestriers et bidaus as
-lances et à pavais se trouvèrent sus les camps, ils se departirent
-d'Ancheni, et prissent le cemin par deviers un très fort chastiel,
-seant sus une montagne, et desous court une rivière. Et le chastiel on
-l'apelle Chastonseal, et est la clef et li entrée de Bretagne à ce lés
-là, et estoit pourveus et garnis de bonnes gens d'armes. Et en
-estoient chapitainne et gardiien doi chevalier de Lorrainne, dont li
-uns avoit nom mesires Milles et li aultres messires Wallerans. Qant li
-dus de Normendie, qui estoit chiés de ceste cevauchie, et li aultre
-signeur de France veirent le chastiel si fort, il orent consel que il
-le assegeroient, car se il passoient oultre et il le laisoient
-derrière, il le poroit porter damage à euls ou à lors gens et as lors
-pourveances. Si le assegièrent dou plus priès que il porent, et i
-fissent pluisseurs assaus. Meismement li Geneuois, qui sont bons
-arbalestriers, s'i abandonoient à le fois assés follement et tant que i
-perdirent de lors compagnons à lors assaus, car chil dou chastiel se
-deffendoient vaillanment. Adonc imaginèrent chil signeur de France que
-il couvenoit emplir les fossés pour aprochier de plus priès. Si furent
-envoiiet querre et amené tout li honme paisant dou plat pais, et lor
-fist on coper baus et mairiens, à porter, à trainer et à chariier et
-jeter en ces fossés. Et tant fissent, par la grant diligense que il i
-rendirent, que il furent raempli là en cel endroit où il avoient mieuls
-l'avantage de l'asallir. Et entrues que on entendi à raemplir ces
-fossés, li signeur de France fissent faire et carpenter un chastiel de
-bois sus douse roes et tout couvert et garité, ouquel pooient bien deus
-cens hommes d'armes et cent arbalestriers. Si fu à force d'onmes chils
-chastiaus, pourveus de gens d'armes et d'arbalestriers, amenés assés
-priès dou mur; et avoit ou dit chastiel trois estages: ou premier hault
-estoient les gens d'armes, ou second les arbalestriers, et ou tierc
-estage tout bas, piqetour pour piqueter au mur et tout destruire et
-abatre.
-
-Le jour que li enghiens et li chastiaus fu boutés avant, ot à
-Chasto(n)seal trop orible asaut, et moult de honmes mors et bleciés de
-ceuls dedens et de ceuls de dehors. Et aleuèrent chil dedens toute lor
-artelerie au traire; et par trois fois furent rafresqi chil qui ou
-chastiel estoient. Qant messires Milles et messires Walerans veirent
-que si continuelment on les assalloit, et que moult de lors honmes
-estoient blechiet, et se ne lor apparoit confors de nul costé, il se
-doubtèrent que de force il ne fuissent pris; si entrèrent en trettiés
-deviers le duch de Normendie à qui on parloit de toutes coses. Trettiés
-se porta que il rendirent le chastiel, salve lors vies et lors biens.
-Ensi orent li François le chastiel de Chastonseals; si le remparèrent
-et rafresquirent de toutes coses. Et fu rendus li dis chastiaus dou
-duch de Normendie à mesire Carle de Blois conme hiretiers et dus de
-Bretagne. Et puis passèrent oultre et ceminèrent viers Nantes, où li
-contes de Montfort se tenoit, qui bien estoit enfourmés de la venue de
-ces signeurs de France. Si se pourveoit selonch ce, et avoit envoiiet
-sa fenme et un sien jone fil à Vennes, et moustroit bonne ordenance de
-li deffendre et garder. Fo 76.
-
-P. 108, l. 3: Angiers.--_Ms. B 6_: Et depuis ne demoura gaires de temps
-que mesire Charles se party de Paris et prist le chemin d'Angiers. Et
-vint là après le conte d'Allenchon, le duc de Normendie, le duc de
-Bourgogne, le duc de Bourbon, le conte de Tancarville, le connestable
-de France, le sire de Coucy, le sire de Carhain, le sire de Suilly et
-grant foison de barons de France. Et estoient bien, quant tous furent
-venus et asamblé, six mille hommes d'armes et vingt mille d'autres gens
-parmy les Geneuois qui estoient desoubz messire Charle Grimaulx et
-messire Oste Deoire. Et fut marescaulx de tout l'ost ung très bon et
-hardy chevalier qui s'appelloit messire Loys d'Espaigne. Fo 183.
-
-P. 108, l. 6: trois.--_Mss. A 11 à 14_: quatre. Fo 78.
-
-P. 108, l. 10: cinq mille.--_Mss. A 15 à 17_: six mille. Fo 81 vo.
-
-P. 108, l. 11: trois mille.--_Mss. A 1 à 6_: quatre mille. Fo 81.
-
-P. 108, l. 20: Chastouseal.--_Mss. B 3_: Castouseul. Fo 71 vo.--_Mss. A
-1 à 10, 20 à 33_: Chastonseaulx, Chastonseal, Chastonseaul,
-Chastonseau. Fo 81.--_Mss. A 11 à 17_: Chantouceaulx, Chantoceaux. Fo
-78 vo.--_Mss. A 18, 19_: Chastouseaulx. Fo 81.
-
-
-=§ 148.= P. 110, l. 1: Quant li dus.--_Ms. d'Amiens_: Quant li dus de
-Normendie, messires Carlez de Blois et li autre seigneur eurent conquis
-le castiel de Castonseaux, si comme vous avés oy, li dus de Normendie,
-qui estoit li souverains droit là de tous, le livra tantost à
-monseigneur Carlon de Blois, son cousin, comme sien et son hiretaige.
-Et y mist li dis messire Carles dedens bon castellain, en qui mout
-s'afioit, ung chevalier que on appelloit monseigneur Rasse de
-Quinnecamp, et avoecq lui grant fuison de bons compaignons; et là
-rafresci de tous poins, de touttez necessités pour mieux garder
-l'entrée dou pays, et pour conduire chiaux qui venroient apriès yaux.
-Puis se deslogièrent li seigneur et se traissent par deviers Nantes, là
-où il tenoient que li comtes de Montfort, lors ennemis, estoit. Si leur
-avint que li marescaus de l'ost et leur coureur trouvèrent enmy voie
-une bonne ville et grosse, bien fremée de fossés et de palis; et
-appell' on ceste ville Quarquafoure, et siet à quatre lieuwes priès de
-Nantes. Li marescaux et se routte l'asalirent fierement et durement de
-tous costés; et chil de le ville se deffendirent, mès il n'y avoit que
-villains. Si furent assés tost desconfi, la ville prise et robée, et
-moult de gens dedens mors et ochis, dont che fu pités; et boutèrent le
-feu ens, et en fu bien la moitiet arse. Et se logièrent li signeur
-ceste nuit là environ, et l'endemain il se deslogièrent et aprochièrent
-Nantez; et envoiièrent leurs coureurs devant pour aqueillir le proie,
-mès point n'en trouvèrent. Dont vinrent li seigneur li uns apriès
-l'autre, par ordonnanches et par connestabliez, devant le chité de
-Nantes; et le assiegièrent tout autour, et y tendirent tentez, très et
-pavillons et touttes autres mannières de logeis qui en telz oeuvres
-appertiennent.
-
-Or sont logiet à ost, par devant la bonne chité de Nantez, li seigneur
-de Franche. Et dedens se tient li comtez de Montfort, messires Hervieus
-de Lion, messires Henris de Pennefort, messires Oliviers de Pennefort
-et pluiseur chevalier et escuier de Bretaingne qui ont fait feauté ou
-dit comte; et la contesse sa femme est à Rennes. Quant li comtes de
-Montfort se vit assegiés, il n'en fist mies trop grant compte, car il
-se sentoit en bonne chité, forte, bien fremmée et bien pourveuwe de
-touttez pourveanches et d'artillerie, et bien amés des bourgois de le
-ville. Si ordounna et pria à tous que chacuns se volsist bellement
-deduire et acquitter enviers lui, garder le chité et leur honneur,
-aller à leur deffenscez as garrittez, enssi que ordonnet estoient, et
-point yssir sur chiaux de l'host, car il pooient bien perdre et point
-gaegnier. Et disoit ensi li comtes, pour chiaux de Nantes reconforter,
-que cilx sièges ne se pooit longement tenir, car il estoit coummenchiéz
-trop sus l'ivier.
-
-Or avint que chils de le ville ne tinrent mies trop bien ses
-coummandemens, si comme vous oréz; car il prist vollenté à aucuns
-bourgois de Nantez, jones compaignons et armerèz, que de yssir et faire
-aucune envaie sur chiaux de l'ost. Et en parlèrent enssamble et se
-queillièrent, et furent bien quatre cens d'eslite, et priièrent à
-monseigneur Hervi de Lion que il volsist y estre leur cappittainne et
-yaux mener; et se Dieux plaisoit, il feroient emprise où il aroient
-toutte honneur et prouffit. Messires Hervis, comme bons chevaliers et
-qui amoit et queroit lez armes, s'i accorda assés legierement. Et
-prissent ariest à issir une ajournée, enssi qu'il fissent, et s'en
-vinrent par voies couvertes, car bien connissoient le pays autour de
-l'ost. Dont d'aventure il trouvèrent environ trente sommiers, mulés et
-ronchins, cargiés de pourveances, qui s'en venoient en l'ost. Si se
-ferirent en chiaux qui les menoient, et en tuèrent et navrèrent les
-aucuns, et li demorans s'enfui. Si misent ces sommiers à voie pour
-amener à sauveté dedens le ville, et leur sambla que trop bien avoient
-esploitiet. Li noise et li cris s'esleva en l'ost, et criièrent: «As
-armes!» Les trompettez sonnèrent, touttes mannières de gens s'armèrent
-et montèrent as cevaux.
-
-Ceste meysme nuit, avoit fet le gait messires Loeys d'Espaingne à plus
-de cinq cens compaignons, et n'estoit point encorres retrait ne partis
-de se garde. Quant il entendi le huée, il s'en vint celle part à quoite
-d'esperons, bannière desploiiée; et tout li sien le suirent, et
-raconssuirent chiaux de Nantez assés priès de le ville. Là y eut bon
-puigneis. Quant messires Hervis de Lions et chilz de Nantes veirent
-qu'il estoient si poursui, il se misent entre les sommiers et leurs
-ennemis, et les fissent de forche cachier ens ès portes pour sauver, et
-aucuns cars ossi, qu'il en menoient cargiés de vins et de farinez,
-desteller; et les cevaux cachier en le ville, et tout adiès se
-combatoient. Là ot ung dur rencontre et très forte meslée, car chil de
-l'ost mouteplioient toudis, qui estoient fresch et nouviel. Là couvint
-monseigneur Hervi de Lion faire maintez appertises d'armez, car
-vollentiers il ewist sauvés tous les siens, s'il pewist; mès si grant
-force leur sourvint que à grant meschief rentra il en le ville et se
-sauva; et pour le doubte que cil de l'ost ne efforçaissent le porte et
-entraissent en le cité, il fist le restiel avaller. Si en y eut bien le
-moitiet et plus de leurs gens enclos par dehors, qui y souffrirent
-grant meschief, car il furent tout pris ou tout mort, et menés as
-logeis comme prisonniers devers le duch de Normendie et monsigneur
-Carlon de Blois, qui en eurent grant joie. Et chil dedens se retrairent
-au mieux qu'il peurent, qui trop plus avoient perdut que gaegniet, et
-regretoient leurs frèrez et leurs amis mors et pris.
-
-Li comtez de Montfort, qui estoit ens ou castiel de Nantes, s'arma et
-fist armer sez gens seloncq ce que on li avoit recordé que dehors le
-porte il y avoit grant hustin. Si y venoit en ceste entente que pour
-yaulx aidier, s'il pewist; mès quant il parvint là, la besoingne
-estoit jà toutte passée. Et encontra monseigneur Hervi de Lion, si ques
-tous courouciés et voiant le peuple, il l'aqueilli au tenchier et li
-dist: «Messire Hervy, messire Hervy, vous estes trop bons chevaliers de
-le moitiet. Je me fuisse bien maintenant passés à mains de vo proèce;
-et encorrez sus vo folle emprisse, se vous ne vous fuissiés si tost
-retrès, chil qui sont demouret là hors, ewissent estet bien venus à
-sauveté.» De ces parolles fu messires Hervis tous honteux et
-virgongneus, et passa oultre et parla mout peu, et ce qu'il respondi,
-il dist: «Sire, plus sages et plus preux chevalierz que je ne soie, a
-bien mespris en plus grant affaire. Dieux nous gard de plus grant
-dammaige!» Ensi se retrai chacun en son hostel, car li comtez vit bien
-que li issir ne li pooit porter nul prouffit, mès damage. Depuis ceste
-avenue, priès que tous les jours, chil de l'ost, Geneuois et
-saudoiiers, venoient escarmuchier as portez et as barrièrez, et
-faisoient sur chiaux de d'ens mainte appertise d'armes. Et lanchoient
-et traioient li ung à l'autre; et en y avoit souvent des navrés de
-chiaux de d'ens et de chiaux de hors. Fo 59.
-
-_Ms. de Rome_: Sus le cemin de Nantes trouvèrent li François une bonne
-ville et grose fremée de fossés et de palis tant seullement, et est
-nonmée Quarquefoure. Li marescal de l'oost et chil de l'avant garde,
-qant il furent venu devant, l'asallirent fortement. Ichil de dedens
-estoient gens de petite deffense et foiblement armés; si ne porent
-durer contre ces arbalestriers geneuois et ces gens d'armes. Si fu la
-ville conquise et toute robée, et plus de la moitié arse, et toutes
-gens que on pot ataindre, mis à l'espée, dont ce fu pités.
-
-Li signeur logièrent celle nuit là environ; et à l'endemain il
-s'ordonnèrent pour venir devant la chité de Nantes, car il n'i a de
-Quarquefoure que quatre lieues. Et envoiièrent premierement l'avant
-garde courir devant Nantes et ordonner où li signeur se logeroient. Si
-se logièrent chil de l'avant garde. Et puis vinrent li dus de Normendie
-et tout li signeur et le charoi. Et se logièrent tout en bonne
-ordenance, et fissent tendre tentes, trefs et pavillons.
-
-La chité de Nantes est grande, et la rivière de Loire qui court parmi,
-moult large. Se ne le porent pas li signeur de France toute environner,
-car trop i faudroit de peuple qui vodroit ce faire. Et se chil de
-dedens se fuissent tenu tous jours enclos en lor ville sans point
-issir, et entendu as escarmuces tant seullement, et à deffendre lors
-barrières, il ne lor couvenoit aultre cose; et euissent là tenu les
-signeurs de France tout le temps. Car il avoient la rivière pour euls,
-laquelle on ne lor pooit oster, et si estoient bien pourveu de toutes
-coses que il lor besongnoit; mais orgoels et outrequidance les dechut,
-ensi que je vous dirai.
-
-Messires Hervis de Lion, qui fu assés chevalereus et estoit tous li
-consauls dou conte, chevauça une matinée et issi hors de Nantes à tout
-deus cens armeures de fier, car dou soir il avoient en lor ville
-requelliet une espie qui lor avoit dit que quinse sonmiers cargiés de
-pourveances venoient en l'oost, et lor avoit ensengniet le cemin que il
-tenoient, et n'estoient conduit que de euls soissante lances. Pour quoi
-messires Hervis de Lion, pour porter à ceuls de l'oost contraire et
-damage, esmeut les compagnons saudoiiers et auquns jones honmes
-bourgois de Nantes. Et sallirent hors à une ajournée par la posterne de
-Ricebourc et se missent sus les camps, et cevauchièrent à la couverte,
-ensi que li varlès les avoit ensengniet. Et trouvèrent sus un viés
-chemin et encontrèrent ce charoi et ces sonmiers et ceuls qui les
-conduisoient, qui estoient tout pesant et sonmilleus, car il avoient la
-nuit moult petit dormit. Chil deus cens de la route et compagnie
-messire Hervi de Lion furent tantos au desus de ce charoi et de ces
-sonmiers et de ceuls qui les conduisoient. Et en i ot que mors que
-bleciés plus de la moitié; et li demorrans fui en voies deviers l'ost
-en faisant grant noise. Encores estoient chil dou gait de la nuit sur
-les camps; si s'adrechièrent celle part où la noise estoit et li debas,
-et aussi li hoos se conmença fort à estourmir.
-
-Qant mesires Hervis de Lion et ses gens veirent venir l'effort, si se
-retraissent fort viers la chité et deviers la porte, et cachièrent lor
-proie dedens. Et fuissent bien rentré dedens et à petit de damage, se
-il vosissent; mais orgoels et outrequidance les amonesta de demorer et
-faire armes. Et tant se moutepliièrent li hustin que chil de l'oost les
-sourmontèrent, et en abatirent et mehagnièrent biaucop et prissent au
-voloir rentrer en la ville. Et fu la porte sus le point de estre
-gaegnie des François, et couvint priès estre armé tous ceuls de la
-ville pour euls bouter hors. Et là fu très bons chevaliers messire
-Hervi de Lion, et moult i fist de grandes et de belles apertises
-d'armes. Toutes fois, par bien combatre et par l'effort qui i sourvint
-de la chité, li François furent requlé, et la porte reclose, et li pons
-levés, et la grignour partie de la proie conquise. Mès trop lor cousta
-et par especial des bourgois de la ville, car il en i ot grant fuisson
-de mors et de pris et de bleciés: dont li père et li frère et li
-linages de ceuls en furent durement courouchiet. Et disoient li auqun
-en derrière que ce avoit esté une issue sans raison et hors de
-ordenance, car il n'avoient en Nantes aultre cose à faire que de garder
-lor vile.
-
-Li contes de Montfort, qui estoit en son hostel, ne sçavoit au matin,
-qant il fu levés, encores riens de ceste avenue. Et qant il en fu
-enfourmés, et il oy les complaintes de ses honmes et des bourgois de la
-ville, conment il avoient perdu lors fils, lors frères et lors amis et
-par celle escarmuce, laquelle à la vois de ceuls de Nantes avoit esté
-faite sans raison, si en fu durement courouchiés. Et qant messires
-Hervis de Lion vint en sa presence, il l'en blama et reprist aigrement
-de crueuses paroles, et tant que messires Hervis s'en merancolia et
-prist les paroles en grant virgongne et desplaisance. Et pour ce que li
-contes li dist si generaulement devant tous ceuls qui le porent oïr, se
-retraist li dis mesire Hervi de Lion en son hostel en la ville, et
-laissa le conte en son chastiel, sans plus aler viers lui. Fos 76 vo et
-77.
-
-P. 110, l. 19: Quarquefoure.--_Mss. B 3, A 7 à 10, 15 à 17, 23 à 29_:
-Quarquefore, Quarquefoure, Carquefoure. Fo 72.--_Mss. A 1 à 6, 18 à
-22_: Quanquefore, Quaquefore. Fo 81 vo.--_Mss. A 11 à 14_: Carrefours.
-Fo 79.--_Mss. A 23 à 29_: Carquefo. Fo 147.
-
-P. 111, l. 9: aucun des saudoiiers.--_Ms. B 6_: Or advint que mesire
-(Hervy[406] de Lion), qui moult desiroit les armes, yssy hors une
-matinée à tout deux cens compaignons des plus soufisans. Fo 184.
-
- [406] On lit dans le ms. B 6 «Henry.» Mauvaise leçon.
-
-P. 111, l. 11: quinze.--_Mss. A 11 à 14_: dix huit. Fo 79.
-
-P. 112, l. 15: deux cens.--_Ms. B 6_: six vingt par une autre embusque
-que messire Loys d'Espaingne leur fist. Fo 185.
-
-P. 112, l. 18: blasma.--_Ms. B 6_: et luy dist que il s'en peuist bien
-estre passés d'avoir fait celle yssue, et qu'il estoit trop bon
-chevalier de par le diable. Fo 185.
-
-
-=§ 149.= P. 112, l. 26: Or avint.--_Ms. d'Amiens_: Che siège durant
-devant Nantez, qui grans et plentiveus estoit pour ciaux de hors et
-cremeteus pour ciaux de d'ens, car il n'estoient tout mies bien
-d'acord, mès à grant soussi et anoy, aucuns bourgois de le cité veoient
-leurs biens destruire et amenrir dedens et dehors, et avoient lors
-enfans et lors amis emprisonnés et doubtoient encorrez que pis ne leur
-avenist: si s'avisèrent et parlèrent enssamble tout quoiement et
-secretement. Et eurent d'accord entr'iaux ly plus sainne partie de
-traitier à ces signeurs de Franche couvertement, par quoy il peuissent
-avoir pès et ravoir leur enfans et amis quittes, qui estoient
-emprisonnés. Touttes fois il achievèrent leurs tretiés et acordèrent et
-proummisent que, sus ung jour qui ordonnéz estoit, il lairoient une
-porte ouverte qui nommée y fu; et poroient chil de l'ost paisivlement
-entrer en le cité et aller au castiel et prendre le comte de Montfort,
-affin que nulx ne nulle de le dite cité n'y devoient mettre corps, ne
-vie, ne membre, ne riens dou leur, et devoient sains et sauf et tous
-quittez ravoir leurs amis.
-
-Enssi fu il acordé et confremmé de chiaux de l'host, et à le droite
-heure ordonnée, li porte ouverte. Et entrèrent li signeur et chil qui
-veurent avoec yaux, dedens Nantes, et allèrent droit au castiel là où
-li comtez de Montfort se tenoit et dormoit encorrez, car il estoit bien
-matin; et brisièrent lez huis, et le prissent et aucuns de ses
-chevaliers. Et fu messires Hervis de Lion pris ossi; mès messires
-Henris de Pennefort et messires Oliviers, ses frèrez, et messires Ives
-de Tigri se sauvèrent, car il dormoient dedens le chité: si leur fu
-nonchiet, et montèrent tantost à cheval et se sauvèrent. Et li comtez
-de Montfort fu pris, si comme vous avés oy; et l'amenèrent li signeur
-hors de la chité en leur tentez, et en eurent grant joie. De se prisse
-fu adonc durement retés messires Hervis de Lion, et dou tretiet des
-bourgois de le ville, car il prist les parollez que li comtez li avoit
-dittes, en si grant despit que oncquez puis il ne veult y estre à nul
-consseil que li contes ewist affaire. Si ne sai je pas se ce fu à cause
-ou sans raison. Je n'en voroie mies parler trop avant, mès touttesvoies
-li famme fu adonc telx entre pluisseurs gens, si comme je vous ay
-recordet chy devant. Et che y parfist le souppechon, car toudis depuis
-il fu de l'accord monseigneur Carlon de Blois, et li fist feaulté et
-hoummaige si comme à son signeur, et le recongnut à ducq et à droit
-hiretier de Bretaingne de par madamme sa femme.
-
-Quant li dus de Normendie vit le comte de Montfort devant lui, si en ot
-grant joie; et ossi eut messires Carlez de Bloix, car vis leur fu que
-la guerre en estoit pour yaux plus belle. Si se conseillièrent
-entr'iaux comment il s'en maintenroient, et eurent advis que il
-l'envoieroient à Paris deviers le roy de France, qui vollentiers le
-verroit. Si en cargièrent monseigneur Loeis d'Espaingne et monseigneur
-de Montmorensi, le seigneur d'Estouteville, messire Grimouton de
-Camb(l)i. Et le prisent chil seigneur en leur conduit à bien deux cens
-lanches pour amener plus sceurement, et cevaucièrent tant par leurs
-journées qu'il vinrent à Paris. Si trouvèrent le roy Phelippe qui jà
-estoit enfourméz de toutte ceste aventure et de la prise dou dit comte.
-Si l'amenèrent li dessus dit chevalier au roy et li representèrent de
-par le duc de Normendie, son fil, et monseigneur Carlon de Blois, son
-nepveult. Li rois rechupt che present à joie, et dist en regardant sus
-le comte qui mout estoit honteux et abaubis: «Comtez, comtez de
-Montfort, viéz pechiéz fait nouvelle virgoingne. Et pour ce que à tort
-et à pechié vous estez entréz en le saisinne de Bretaingne, où point de
-droit vous n'avés, estez vous de droit encombréz; car, se nul droit
-vous y euissiéz, vous ewissiéz atendu le jugement des pers de Franche.
-Vous vos emblastez de my et sans congiet, et sus me deffensce vous
-partesistes, et par orgoeil contre my vous vos estez tenus et portés.
-Si en vauront vos besongnes le mains, car jammais de mes mains ne
-partirés, se pis ne recevés. Si ne vous ferai je nul tort, mès vous
-deduirai par le jugement et avis de mes hommes.» Adonc coummanda li
-roys que on le mesist au castiel du Louvre. Là fu li comtez de Montfort
-menés et emprisonnés, et très fort et songneusement gardés. Et sachiés
-que ly roys eut depuis sur lui mainte penssée pour lui faire morir; et
-l'ewist fait, si comme on dist, se n'ewist estet li comtez Loeys de
-Flandrez ses serourges, qui pluiseurs fois en pria le roy mout
-humblement, à laquelle priière li roys s'en souffri, et le tint
-emprisonné tant qu'il vesqui.
-
-Or revenrons as seigneurs de Franche qui ont bien coummenchiet à
-esploitier leur voiaige, car il ont pris le chief de leurs ennemis et
-le souverainne chité de Bretaingne, dont il se sont mis en possession.
-Et ont tout li bourgois de Nantes juret et fait feaulté et hoummaige à
-monseigneur Carlon de Blois, et l'ont recongnut à duc et à signeur; et
-entra de premiers dedens Nantez à grant pourcession, adestrés et
-acostéz de monseigneur d'Alençon, son oncle, et dou duc de Normendie,
-son cousin.
-
-Apriès ce que li dus de Normendie et li seigneur de Franche eurent
-pris le saisinne et la possession de Nantes et reconquis sus le comte
-de Montfort, en l'an de grace Nostre Seigneur mil trois cens quarante
-et un, le vingtième jour de octembre, il se tinrent en le ditte cité
-depuis une espace; et eurent avis et consseil comment il se
-parmaintenroient. Finablement il se consseillièrent li ung par l'autre,
-pour che que li yviers aprochoit et que il faisoit dur et crut et froit
-hostoiier, il se partiroient et donroient leurs gens congiet; et se
-retrairoient en France jusques à l'estet qu'il revenroient aidier à
-monseigneur Charlon de Blois à reconcquerre le remanant; et le
-lairoient cest yvier guerriier par ses fortrèches. Dont tantost apriès
-le feste de le Toussaint, il se partirent de le cité de Nantes et de
-monseigneur Carlon de Blois, sus l'estat que je vous ai dit; et s'en
-retournèrent en Franche et en leurs nations, et chacuns en son lieu. Et
-messires Carlez de Blois se tint en Nantes en grant reviel, o lui
-madamme sa femme. Si fist pourveir ses garnisons et appareillier
-enghiens et espringallez et touttes mannièrez d'estrumens, pour
-assaillir à l'estet villes et fortrèces rebellez à lui. Or me tairay de
-monseigneur Carlon de Blois et parleray de le comtesse de Montfort et
-de ses ordonnances, qui fu damme de grant emprise, et bien eut coer
-d'omme et de lion. Fos 59 vo et 60.
-
-_Ms. de Rome_: Or avint que, trois jours apriès ce que ceste avenue de
-la porte des bourgois et des saudoiiers de Nantes fust avenue, uns
-grans meschiés sourvint au conte de Montfort; et orent les honmes de la
-ville trettiés secrès et couvers au duch de Normendie et as signeurs de
-France, tels que je vous dirai. Il laissièrent une matinée la posterne
-que on dist de Sauve tout ouverte, et par là entrèrent grant fuisson de
-gens d'armes dedens la chité sans contredit; et ne fissent onques mal à
-honme ne à fenme de la ville, ne à mesire Hervi de Lion ne à sa
-famille. Et alèrent ces gens d'armes au chastiel dou conte, et
-rompirent les portes et entrèrent dedens; et trouvèrent le conte de
-Montfort en sa cambre qui se armoit. Il le prissent en cel estat. Et
-l'enmenèrent quatre chevalier de France en la tente dou duch de
-Normendie, liquels fu moult resjois (de) celle prise et li dist:
-«Contes de Montfort, vous nous avés fait painne. Il vous faudra,
-voelliés ou non, retourner à Paris, et oïr la sentense qui a esté
-rendue et donnée sur vous.»--«Monsigneur, respondi li contes, ce poise
-moi. Je me confioie en ma gent, et il m'ont trahi.» Là fu li contes
-pris et menés d'autre part, et livrés en bonnes gardes de vaillans
-honmes, chevaliers et esquiers, et moult proçains de linage à mesire
-Carle de Blois.
-
-Tout ce fait, li dus de Normendie et tout li signeur de France
-entrèrent dedens Nantes à grant solempnité et à grant fuisson de
-tronpes, de tronpètes et de claronchiaus et descendirent ensi au
-palais, et là tinrent li signeur lor estat. Et fu messires Hervis de
-Lion delivrés de prison et devint homs à mesire Carle de Blois, et li
-jura foi et loiauté à tenir de ce jour en avant; et on n'i vei onques
-depuis le contraire. Et furent delivré tout chil qui prisonnier
-estoient. Et par ces apparans doit on bien supposer que la chité de
-Nantes et li di(s) messires Hervi furent en trettié deviers le duch de
-Normendie et les signeurs de France. Ce fu la nuit de une Tousains que
-on compta l'an de grasce mille trois cens quarante et un. Et le jour de
-la Tousains tint li dus de Normendie court plenière de tous les
-signeurs ens ou chastiel de Nantes, et là rendi li dis dus à mesire
-Carle de Blois la chité de Nantes. Et le rechurent à duch et à signeur
-tout li bourgois de la ville et li fissent feaulté et honmage, et tout
-li baron et chevalier de là environ, mesires de Cliçon, li sires
-d'Ansenis, li sires de Biaumanoir, li sires de Malatrait et bien
-quarante cevaliers de Bretagne, qui tout furent à la feste ce jour de
-la Toussains. Et durèrent les festes en Nantes quatre jours. Et encores
-venoient tout dis chevaliers et esquiers fievés, dames et damoiselles
-fievées, qui relevoient lors hiretages à mesire Carle de Blois, et le
-tenoient à signeur et le nonmoient duch. Mais encores demoroient grant
-fuisson de chités, de villes et de chastiaus et de signouries qui
-tenoient le fait contraire, et le tinrent tout dis à l'encontre de
-messire Carle de Blois; car li dus de Normendie et la poissance de
-France se departirent trop tos de Nantes et dou pais. Car se il se
-fuissent là ivernet, et euissent laissiet lors gens couvenir, et
-cevauchiet sur le pais, il euissent petit à petit raquis le pais, et
-osté le coers et les opinions de ceuls et de celles qui tenoient à
-bonne la querelle au comte de Montfort. Et pour ce que riens n'en fu
-fait, s'eslevèrent les gerres en Bretagne par le confort et aide que li
-rois d'Engleterre fist à ceuls et à celles qui tenoient la partie dou
-conte de Montfort, et qui s'estoient aloiiet et acouvenenchiet à li, et
-se tenoient pour tout enfourmé et certefiiet que sa querelle estoit
-bonne, pour tant que li dis contes avoit esté frères dou duch de
-Bretagne.
-
-Qant li dus de Normendie et li signeur se furent tenu à Nantes jusques
-as octaves de la Saint Martin que li iviers venoit, si eurent consel
-que il retourneroient en France, car il n'estoit nul apparant que chil
-de Bretagne se vosissent mettre ensamble, ne faire gerre, mais se
-tenoient en lors garnisons. En ce sejour que li signeur fissent en
-Nantes, escripsi mesires Carles de Blois, conme dus de Bretagne, à
-ceuls de la chité de Rennes, de Vennes, de Camperlé, de Camper
-Correntin, de Hainbon, de Lambale, de Ghinghant, de Dignant, de Dol, de
-Saint Mahieu, de Saint Malo et de toutes les marces et limitations de
-Bretagne, que il se vosissent traire viers Nantes et venir à obeisance
-et faire ce que tenu estoient. Li auqun i venoient, et li aultre non,
-et disoient et rescripsoient à mesire Carle de Blois que point
-n'estoient consilliet de ce faire, car la comtesse de Montfort, qui
-bien avoit coer d'onme et de lion, aloit trop fort au devant et avoit
-un petit fil de l'eage de sept ans, que on nonmoit Jehan, moult biel
-enfant; et au jour que son mari fu pris par la condicion et manière que
-dit vous ai, elle estoit à Vennes et ou chastiel que on dist la Mote.
-Ceste contesse prist le frain à dens et ne fu noient esbahie, et manda
-tantos chevaliers et esquiers et ceuls dont elle pensoit à estre amée,
-aidie et servie. Et quant il furent venu, elle lor remoustra en plorant
-la fraude, la traison et mauvesté, ensi conme elle disoit, que on avoit
-fait à son mari, et puis reprendoit ses paroles sus tel fourme en
-disant: «Biau signeur et bonnes gens, je compte monsigneur pour mort,
-mais vechi son fil, son hiretier et vostre signeur, qui vous est
-demorés et qui vous fera encores biaucop de biens. Se li voelliés estre
-bon et loial, ensi que toutes bonnes gens doient estre à lor signeur,
-et je vous serai bonne dame et courtoise, et querrai à mon fil, vostre
-signeur, bon manbourc, pour aidier à soustenir, à deffendre et à garder
-nostre droit et son hiretage. Si vous pri cierement, conme une dame
-vève et orfène de mari, que vous aiiés pité de moi et de l'enfant, et
-li tenés foi et loiauté et à moi aussi, ensi que vous avés fait jusques
-à chi à son père et mon mari.»
-
-Là avoient toutes gens, barons, chevaliers et esquiers qui tenoient sa
-partie, grant pité de la dame et de l'enfant, et le reconfortoient et
-disoient: «Dame, ne vous esbahissiés en riens: nous demorrons dalés
-vous, puis que obligiet et acouvenenchiet i sonmes, tant que nous
-auerons les vies ou corps.» Et elle leur disoit: «Grans merchis.» Et
-ensi la contesse de Montfort, à plus de cinq cens lanches, chevauça de
-forterèce (en forterèce) sitos que les nouvelles li vinrent de la
-prise à son mari, et rafresqui chités, villes et chastiaus, et fist
-toutes ses besongnes bonnes.
-
-Qant chil signeur de France se deubrent departir de mesire Carle de
-Blois, il li consillièrent que il se tenist en la chité de Nantes, et
-fesist l'ivier tout bellement ses provisions, et laisast couvenir ses
-gens et guerriier des garnisons; et qant le temps d'esté retourneroit,
-se il li besongnoit, il retourneroient aussi. Et disoient que il estoit
-au desus de ses besongnes, puis que il estoit sires de Nantes et de la
-plus sainne partie de Bretagne, et que li contes de Montfort ne li
-porteroit jamès contraire. Messires Carles de Blois s'enclinoit assés à
-tout ce que il li disoient. Et demorèrent dalés lui auquns vaillans
-honmes de son linage pour li aidier à consillier. Et puis retournèrent
-li dus de Normendie et tout li signeur en France, et s'en ala casquns
-en son lieu. Mais qant li rois Phelippes vei le present que li dus de
-Normendie li fist dou conte de Montfort, il en fu trop grandement
-resjois. Et fu li contes moult fort ranprouvés de ce que il estoit
-partis de Paris sans congiet. Li contes qui se veoit pris, ne savoit
-que dire, mais s'umelioit dou plus que il pooit, et n'esperoit pas à
-jamais estre delivrés de ce dangier. Et son esperance fu veritable, car
-on l'envoia en prison ens ou chastiel dou Louvre. Et furent misses sus
-li bonnes gardes, liquel avoient gages et pension toutes les
-sepmainnes, pour lui garder de jour et de nuit, et en estoient bien
-paiiet. Ensi demora li contes de Montfort en ce dangier et en la prison
-dou Louvre, et tant i fu que il i morut. Fos 77 et 78.
-
-P. 113, l. 14: prisent.--_Ms. B 6_: en l'ostel où le conte de Montfort
-dormoit. Fo 185.
-
-P. 114, l. 20 et 21: livrèrent,--_Ms. B 6_: l'envoièrent (le comte de
-Montfort) à Paris à deux cens lances. Fo 186.
-
-P. 114, l. 22: emprisonner.--_Ms. B 6_: et n'en volsist pas avoir cent
-mille florins. Fo 186.
-
-
-=§ 150.= P. 114, l. 26: Or voel.--_Ms. B 6_: Quant messires Charles de
-Blois et les signeurs qui là estoient virent que le conte de Montfort
-estoit prins et qu'il estoit seigneur de Nantes, sy eurent consail de
-retourner en France, car il estoient là à grant frait. Sy dirent ensy
-le conte d'Alenchon et le duc de Normendie à mesire Charles de Blois:
-«Bieau cousin, vous demor(r)és en che pais, et vous lairons mesire
-Louis d'Espaigne et une autre partie de ches gens d'armes. Et nous
-retournerons en France, car nous creons assés, puisque nous tenons le
-conte de Montfort, que vostre guerre est finée. Il n'est nulz de par
-luy que il doient gherrier; et se guerre vous sourvient, fust
-d'Angleterre ou d'ailleurs, nous vous ve(n)rons secourir, car nous ne
-sommes pas loing.»
-
-De ches parolles se tint grandement content le dit mesire Charles et
-les en remerchia. Adonc prirent congié à lui et à madamme sa femme, qui
-s'apelloit ducesse de Bretaigne, et retournèrent tous en France en son
-pais. Ensy demoura le conte de Monfort en dangier. Et mesire Charles de
-Blois et sa femme se tinrent toute celle saison en la cité de Nantes.
-Sy vinrent pluiseurs chevaliers et barons de Bretaigne faire hommage au
-dit mesire Charles et le tingrent à seigneur de par madame sa femme,
-telz que le visconte de Rohem, le sire de Clichon, le sire de
-Biaumanoir, le sire d'Ansenis, le sire d'Avaugor, le sire de Malatrait,
-le sire de Gargolle, le sire de Cintin, le sire de Lion, mesire Charle
-(de) Dignant, le sire de Crais, le sire de Rieus et pluiseurs autres
-barons et chevaliers.
-
-Et aussi en demoura aulcuns du costé de la contesse de Monfort qui se
-tenoient à Hainbon: de laquelle damme je vous voel ung petit parler
-pour le grant confort dont elle fut plainne, car elle avoit cuer d'omme
-et de lion. Quant elle vey que ses sires estoit prins et en mains de
-ses ennemis, dont elle pensoit mieulx que on le feroit morir que autre
-chose, elle prinst ung jone valleton que elle avoit à fil, que on
-appelloit Jehan ensy que son père. Et chevauça de forteresse en
-forteresse en toutes celles qui se tenoient pour luy, en remoustrant as
-chevaliers et escuiers et as bourgois des chités et bonnes villes son
-jone fil. Et leur dist par très bieau langaige: «Mes amis, mes bonnes
-gens, veschy vostre droit hiretier et seigneur qui vous fera les grans
-dons. Se je ay perdu monseigneur par traison, veschy son restor, mon
-fil et le sien. Ne vous desconfortés ne esbahyssiés point pour ce, car
-encores ferons nous bonne gherre, car j'ay or et argent assés pour vous
-en tant donner que bien vous devera souffir. Et sy cueuray à mon fil
-ung tel mainbour pour vous aydier à garder contre tous vos anemis.»
-Ensy ala la dite contesse de plache en plache, et en renouvelant
-hommaige et priant à ses gens que ilz se volsissent bien acquiter en
-tous estas et tenir le serment que juret avoient, et elle leur seroit
-bonne damme. Et tous ly eurent en convent.
-
-Quant elle ot ensy fait, elle se party de Hainbon et monta en mer à
-privée maisnie et laissa son fil en la garde de monseigneur Henry de
-Pennefort et de Olivier son frère. Et fist tant que elle vint en
-Engleterre devers le roy, qui le rechut liement et qui le reconforta de
-toutes ses besoignes et qui luy dist et promist seurement que elle
-aroit temprement tel confort que pour resister à ses ennemis. Sur che
-retourna la contesse et vint en Hainbon et en fist sa souveraine
-garnison, car c'est une des forte(s) villes de Bretaigne.
-
-En che temps courut aultres nouvelles au roy d'Engleterre dont il ne se
-donnoit garde. Et pour quoy le confort de la dame fu grandement
-arrierés, et ne l'eut mie sy tost qu'elle cuida avoir: le cause pour
-coy, je le vous diray. Fos 186 vo à 189.
-
-P. 115, l. 1 et 2: prison.--_Ms. d'Amiens_: tant sentoit le roy de
-France hastieu. Fo 60.
-
-P. 115, l. 12: assés.--_Ms. d'Amiens_: Et jou ay, Dieu merchy, de
-l'avoir en partie: si vous en donray fuison et vollentiers, car, pour
-vous donner et departir l'avons nous, monseigneur et moy, dou tamps
-passet, mis arière. Fo 60.
-
-P. 115, l. 27: atant.--_Ms. d'Amiens_: Or me tairai atant de lui et des
-guerres de Bretaingne. Quant tamps et lieus venra, je m'y retrairai.
-Non pourquant il besongneroit bien que j'en parlaisse toudis, car les
-guerres y furent si fortes et si caudes que point de sejour ne
-prissent, enssi comme vous orés avant en l'istoire. Mès ossi il
-appertient bien que je fache mention dou roy englès et des Escos, dont
-je me sui ung grant temps teus, et comment il gueriièrent l'un l'autre
-en ceste meysme saison, dont j'ay chy dessus parlet et que li comtes de
-Montfort chevauça à main armée parmy Bretaingne et prist villes,
-chitéz, castiaux et autres fortrèches, si comme vous avés oy. Fo 60 vo.
-
-P. 115, l. 30: Tournay.--_Ms. de Rome_: Or vous voel je parler et
-recorder de la contesse de Montfort conment elle se ordonna et
-persevera. Elle qui ot tousjours corage de honme et de lion, ne
-s'esbahi noient, mais ordonna et entendi à ses besongnes mettre en bon
-point. Et pour ce que elle sentoit bien que le premier siège que ses
-adversaires messires Carles de Blois et li François feroient, il seroit
-devant Rennes, si fist entendre à pourveir la ditte chité de tous poins
-et à rafresqir, et i establi à chapitainne un vaillant chevalier et de
-bon consel et segur honme, et qui moult avoit amé son mari et li, que
-on nommoit messire Guillaume de Quadudal, breton bretonnant; et ensi
-pourvei toutes les aultres forterèces de gens d'armes et
-d'arbalestriers, et se consilla à mesire Amauri de Cliçon, que elle
-tenoit tousjours dalés lui, se elle envoieroit en Engleterre au
-seqours. Li chevaliers respondi à celle parole et dist que il n'estoit
-encores nulle besongne, et que elle n'avoit que faire de travillier le
-roi d'Engleterre ne les Englois, jusques à tant que elle seroit plus
-constrainte que elle n'estoit, et que tous les jours sus heure, on
-pooit aler de Bretagne en Engleterre, car encores avoit elle cel
-avantage que li pors et les havenes de Bretagne estoient pour lui. Si
-demora la cose en cel estat; et n'avinrent tout cel ivier nuls fais
-d'armes en Bretagne, qui à recorder facent. Fo 78.
-
-
-=§ 151.= P. 116, l. 1: Vous avés.--_Ms. d'Amiens_: Il vous est bien
-recordé chy devant comment li Escot, qui gardiien estoient dou roiame
-d'Escoche de par le roy David, leur seigneur, qui se tenoit en Franche
-dalléz le roy Phelipe, telz que messires Guillaumme de Douglas, neveuz
-au bon monseigneur Guillaumme de Douglas qui mourut en Espaigne, li
-jones comtez de Moret, messires Robers de Versi, messires Simons
-Fresel, Alixandres de Ramesay, le siège durant devant Tournay, fissent
-une queilloite de gens d'armes et reprissent le fort castiel de
-Haindebourch, le ville de Saint Jehan que li Englès tenoient,
-Donfremelin, Dalquest, Dondieu, le ville de Saint Andrieu, Dombare,
-Scotewest et touttes les fortrèches que li Englès avoient concquis en
-Escoce, excepté le bonne et forte chité de Bervich, le bon castel de
-Rosebourch et le fort castiel de Strumelin. Et encorrez avoient il
-chevauchiet bien avant en Norhombrelande et ars en Engleterre bien deux
-journées de pays; et à leur retour, il avoient assiegiet le fort
-castiel de Rosebourch et mout entendoient au concquester. Or avint que
-li roys englèz, apriès le siège de Tournay et les trieuwes acordées, si
-comme vous avés oy, rapassa le mer. Se li fu recordet comment li Escot
-avoient revelet en Escoche et reconcquis auques priès tout le pays sour
-yaux conquis, et se tenoient à siège devant Rosebourch et moult le
-constraindoient, et avoient ars en Norhombrelande bien deux journées de
-pays. Quant li roys englès oy ces nouvelles, se ne li pleurent mies
-trop, et eult consseil que sans tourner aultre chemin il se trairoit
-sus Escoche et yroit lever le siège de devant Rosebourch, et
-combateroit les Escos s'il l'atendoient, si ques, si trestos comme il
-fu arivés à Douvrez, il fist coummandement que touttes mannièrez de
-gens se trayssent deviers Yorch c'on dist Ewruich. Là fu ses especials
-mandemens: dont s'aroutèrent et ordonnèrent li Englès, et prisent le
-chemin qui commandé leur fu.
-
-Tant esploitièrent li Englès, comtez, barons et chevaliers et touttez
-mannierres d'autres gens, et li roys englès avoecq yaux, qu'il vinrent
-en le cité de Ewruich, et là se reposèrent et rafrescirent par trois
-jours. Au quatrime jour, li roys se parti, et tout le sieuwirent. Si
-ceminèrent deviers le Noef Castiel sour Tin et esploitièrent tant qu'il
-y parvinrent. Li roys englès se loga en le ville, et touttes ses gens
-environ, car il ne se pewissent tout dedens logier. Si ne fist li roys
-là point loing sejour, mès parti et prist le chemin deviers Escoche et
-le voie droit vers Urcol. Si est bonne ville et biaus castiaux de
-l'hiretiage le signeur de Perssi, seans à une journée priès de
-Rosebourch. Quant li seigneur d'Escoce, qui devant le castel de
-Rosebourch seoient, entendirent de verité que li roys englès venoit
-celle part et bien si fort que pour yaux lever dou siège, et que
-nullement il ne poroient resister contre li, si se conssillièrent et
-advisèrent li ung par l'autre que le milleur et le plus honnerable pour
-yaux estoit que de point attendre, tant qu'à ceste fois, la venue dou
-roy englès, et que il se retrairoient tout bellement deviers le forest
-de Gedours: se il estoient parvenut jusques à là, il seroient assés
-fortefiiet contre les Englès. Dont se deslogièrent il une matinée et
-toursèrent tout ce que mener en peurent; et puis boutèrent le feu en
-leurs logeis, afin que li Englès n'en ewissent aise. Si prisent le
-chemin deviers les forests, ensi que de jadis acoustummet avoient.
-
-Les nouvellez vinrent moult tost au roy englèz que li Escot estoient
-parti et avoient laissiet Rosebourch. Dont coummanda li roys as
-marescaux que on fesist chevauchier et haster les mieux montés, car il
-volloit sieuwir et rataindre ses ennemis. Si chevaucièrent tout devant
-en grant qoite, de gens d'eslite environ cinq cens lanches, et deux
-mille archiers, ables et appers compaignons. Toutte li grans os lez
-sieuwoit dou plus priès qu'il pooient. Tant cevaucièrent cil coureur,
-et si s'esploitièrent par esclos et par froyais qu'ilx vinrent sus une
-montagne en Escoche, que on appelle les mons de Getteles. Et li Escot
-estoient desoubs ou plain et logiet sus une belle rivierre qui nest des
-forests de Gedours et passe au piet de ceste montagne; et appelle on la
-ditte rivierre Orbe, et va ferir desoubz Dondieu en le mer. Quant li
-Englès virent les Escochois logiés ens ou plain, si n'eurent mies
-vollenté de partir de leur fort, mès se logièrent là sus le montaingne,
-et envoiièrent nonchier au roy englès toutte leur aventure. Et de ce
-eut li roys grant joie et manda à ses marescaux qu'il se tenissent là
-tant qu'il y seroit venus, ou qu'il aroient certainnes nouvelles de
-lui. Bien veirent li Escot les Englès là sus en le montaingne, mès il
-n'en fissent mies trop grant compte. Si escargaitièrent il celle nuit
-leur host, et l'endemain il montèrent tout à cheval et se partirent.
-Bien virent li Englès leur departement, mès il ne s'osoient bougier
-pour deux raisons: li une estoit pour ce que li rois leur avoit mandet
-que il l'atendesissent, et li autre estoit que il se doubtoient que li
-Escot ne se fuissent parti de leur place pour yaux jus atraire.
-
-Enssi demourèrent li Englès sus le ditte montaingne jusques à heure de
-tierce, que li roys vint et toutte li os; et montèrent au miex qu'il
-peurent, car il ne pooient bonnement passer par ailleurs, non se il se
-volloient trop fourvoiier. Et quant li roys fu tantost montés, il fist
-ses marescaux descendre et chiaux qui avoient pris en cache les Escos;
-et il disna là et toutte sen ost, horsmis lez premiers, et puis
-descendi apriès nonne et sieuwi ses gens, qui ce propre soir se
-logièrent assés priés des Escos. L'endemain li Escot chevaucièrent, et
-environ heure de nonne il vinrent sus les foriès de Gedours. Là
-s'arestèrent il seurement, car bien savoient que li Englèz ne se
-bouteroient jammais dedens pour les perilleuses aventures et encontrez
-qu'il y poroient recepvoir. Si chachièrent li Escot leurs chevaux et
-misent tout leur harnais dedens le forest; et puis s'aroutèrent et
-ordonnèrent bien et faiticement le bois au dos, et moustrèrent visaige
-à leurs ennemis. En cel estat les trouva li roys englès; si coummanda à
-logier touttez mannières de gens au devant d'iaux.
-
-Or devés savoir que entre le forest de Gedours, que li Escot avoient
-mis au dos et dont il s'estoient fortefiiet, et l'ost le roy
-d'Engleterre, n'y avoit pas deux lieuwes englèces, et estoient tout
-belle lande. Si furent li ung devant l'autre par l'espasce de cinq
-jours. Endementrues i eut mainte jouste et mainte apertise d'armes
-fait, mainte prise, mainte rescousse des uns as autres. Mès de le
-partie as Englès, sur tous emportoit le huée messires Gautiers de
-Mauni, messires Jehans Camdos, messires Guillaumme Filz Warine et
-messires Renaus de Gobehen; et de le partie as Escos, messires
-Guillaumme de Douglas, li comtez de Moret, messires Robers de Verssi,
-messires Simons Fresiel.
-
-Or avint que entre ces deux hos s'ensonniièrent aucunes bonnes
-personnes pour prendre unez trieuwes. Et les traitoient et
-pourparloient doy evesque: de par les Escos, li evesques de Albredane,
-et de par les Englès, li evesques de Licestre, quoyque li roy englès y
-descendesist envis, car c'estoit sen entention que toutte parardoir
-Escoce. Mais on li dist que pour cèle voie il en avoit assés fait que
-levet le siège de Rossebourch et rebouté ses ennemis jusquez enmy leur
-pays; et ossi il estoit sus l'entrée de l'ivier, que il faisoit mauvais
-hostoiier. Tant fu dit et pourparlet que unes trieuwez furent acordées,
-à tenir dou jour de le Toussains qui venoit, dont on estoit à neuf
-jours priès, jusquez à l'autre Toussains enssuivant, qui seroit l'an
-mil trois cens quarante et un. Et le devoient li Escot segnefiier au
-roy d'Escoce, leur seigneur, à savoir se il le tenroit ou non; et se il
-ne le volloit tenir, si estoit li trieuwe tenue entre les deux pays
-jusquez au premier jour de may, que on comteroit l'an mil trois cens
-quarante et un. Et si demoroit tousjours li castiaux de Strumelin hors
-de le trieuwe. Par enssi se departirent ces deux hos, et s'en rala
-chacun en son lieu. Li roys englès retourna en Engleterre et dounna
-touttes mannières de gens congiet; et li Escot se tinrent à pès tout
-cel ivier.
-
-Quant ce vint à l'entrée dou mois de march, que li estéz coummenchoit à
-aprochier, et que li Escot devoient souffissaument sommer les Englès de
-l'entente dou roy David, leur seigneur, assavoir se il volroit tenir le
-trieuwe ou non, si eurent consseil que il envoieroient deviers lui
-especialx messagez pour lui remoustrer l'ordennanche ensi que elle
-alloit. Si en priièrent monseigneur Robert de Verssi que il volsist
-venir en Franche, car mieux li compteroit il la besoingne que nulz
-autres. Si emprist li dis messires Robiers le voiaige; et pour ce
-qu'adonc il estoit maladieus et fievreus et qu'il resongnoit le mer, il
-se mist au chemin parmy Engleterre sus le respit qu'il avoient. Bien le
-pooit faire, car il ne trouva oncques homme qui mal li fesist ne
-desist; et chevaucha tant parmy Engleterre jusquez à Douvres, et là
-monta il en mer et vint ariver à Wisant. Depuis qu'il fu yssus hors dou
-vassiel, si homme, leur chevaux et tout leur harnas, il se partirent à
-l'endemain et vinrent à Bouloingne.
-
-Or avint enssi que, en ce meysme tamps que messires Robiers de Versi
-estoit sur son voiaige, li roys David d'Escoce, qui par le tierme de
-cinq ans et plus avoit demouret en Franche avoecq le roy Phelippe, eut
-vollenté que de retourner en son pays et de veoir son royaumme et ses
-gens, que en grant temps n'avoit veut. Li roys de France s'i acorda
-très bien et li dounna, au partir, grans dons et biaux jeuuiaux, et à
-la roynne d'Escoce, sa femme, jà fust elle serour au roy englèz, son
-ennemie; et li renouvella les couvenenches qu'il avoient entr'iaux
-deux. Ellez estoient tellez que li roys d'Escoce ne pooit faire nul(le)
-pès, ne nul acord au roy englès, sans le consentement dou roy de
-France; et li roys d'Escoce li respondi que il tenroit ceste aloyance
-et ordonnance à vraie et à bonne, et que ossi ne feroit il. Sur cel
-estat se parti li roys d'Escoce dou roy de Franche, qui li delivra gens
-d'armes et fist partout sez delivranches. Et chevauchièrent il et le
-roynne, sa femme, et leur routtez parmy France, et s'en vinrent à
-l'Escluse; et ordonnèrent vaissiaux pour yaux, et puis entrèrent ens,
-quant touttez leurs pourveances y furent mises; et nagièrent par mer au
-lés deviers Escoce en l'ordounnance de Dieu et dou vent et d'un
-chevalier maronnier mestre de sa navie, que on appelloit monseigneur
-Robert le Flammenc. Endementroes, vint messires Robiers de Verssi à
-Paris, qui y estoit envoiiés de par les seigneurs d'Escoce; et quant il
-ne trouva point le roy, si fu tous courouciéz: ce ne fu point de
-merveille. Nonpourquant il parla au roy de Franche, qui le rechupt
-assés liement; et puis assés tost apriès il se parti pour revenir
-arrière en Escoce. Et li roys David et se navie esploitièrent tant
-qu'il arrivèrent au port de Morois en Escoce. Fos 60 vo et 61.
-
-_Ms. de Rome_: En ce temps dont je parole que les trieuves duroient
-entre les deux rois, remandèrent li baron d'Escoce, le roi David lor
-signeur, qui un lonch termine s'estoit tenus en France; et li
-segnefiièrent ensi, par lettres et par deus chevaliers que il
-envoiièrent à Paris, que les besongnes d'Escoce estoient assés en bon
-point, et que tous li pais le desiroit à ravoir, et que la ville de
-Haindebourc et li chastiaus et aussi li chastiaus de Struvelin et
-pluisseur aultre estoient repris, et les Englois, qui les tenoient,
-bouté hors. Li rois d'Escoce entendi à ces nouvelles volentiers et
-prist congiet au roi de France, auquel il remoustra ses besongnes; et
-le regracia de ce que si doucement et si courtoisement il l'avoit
-recheu. Si ordonna li dis rois d'Escoce ses besongnes et vint à
-Boulongne, et la roine sa fenme en sa compagnie, et là trouva sa navie
-toute preste qui l'atendoit; si entrèrent dedens. Et avoecques le roi
-d'Escoce en alèrent en sa compagnie dou roiaulme de France li sires de
-Rambures, messire Guis Qierès, li viscontes des Qesnes, li sires de
-Chipoi, li sires de Saint Pi, li sires de Briauté et pluisseur aultre,
-plus de soissante chevaliers et esquiers. Si orent vent à volenté, et
-ne furent que trois jours sus mer, que il arivèrent ens ou havene de
-Haindebourc. Puis issirent hors, et vinrent en la ville, et de là ou
-chastiel à grant joie; et trouvèrent messire Guillaume Douglas, mesire
-Robert de Versi, messire Simon Fresiel, messire Alixandre de Ramesai et
-les barons et les chevaliers d'Escoce, qui tout les requellièrent à
-grant joie. Si viseta li rois d'Escoce son pais, et mena ces chevaliers
-et ces esquiers de France partout avoecques lui, pour euls moustrer le
-roiaulme d'Escoce. Si veoient un povre pais raempli de bois et de
-bruières; si s'en truffoient et rioient li un à l'autre, et disoient:
-«Il ne puet estre riches homs, qui est sires d'un tel pais.» Fo 88 vo.
-
-P. 116, 1. 9: Bervich.--_Mss. A 11 à 14_: Warvich. Fo 80. _Mauvaise
-leçon._
-
-P. 116, l. 26: le Saint Mikiel.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: la Saint
-Remy. Fo 83.
-
-P. 119, l. 24 et 23: sept ans.--_Ms. B 6_: plus de six ans. Fo 190.
-
-P. 120, l. 1: mis en mer.--_Ms. B 6_: Et monta en mer à Harfleur en
-Normendie; et nagèrent tant qu'ilz arivèrent à Saint Jehan en Escoche
-sur le rivière de Taye. Fo 191.
-
-
-=§ 152.= P. 120, l. 12: Quant li.--_Ms. d'Amiens_: Quant li baron et li
-seigneur d'Escoce seurent que li roys, leurs sirez, estoit venus et
-arivés de nouviel en leur pays, si en furent touttez mannierrez de gens
-mout joiant. Et allèrent contre lui, et le rechurent à grant
-pourcession, et la roynne leur damme ossi; et lez amenèrent en le ville
-de Saint Jehan, qui siet sour une belle rivière qui porte bons saumons
-et grosse navie. Là le vinrent veoir et viseter prelat, baron,
-chevalier et touttez mannières de gens, (qui li remonstrèrent ce) qu'il
-avoient perdut, et qui desolé estoient par le guerre as Englèz.
-
-Mout ot li roys d'Escoche grant compation de le desolation de ses gens
-et de le destruction de son pays, et leur dist bien que, se il plaisoit
-à Dieu, il i pourveroit temprement de remède. Assés tost apriès sa
-revenue, ungs grans parlemens se fist des prelas, evesques et abbés
-d'Escoce, de comtez, de barons et de chevaliers et des conssaux de sez
-bonnes villes, et dura par cinq jours. Si se porta ensi li parlemens
-que li roys d'Escoce renoncheroit à le trieuwe que ses gens avoient
-pris as Englèz, et que, depuis le jour de may venut, il n'en tenroit
-nulle. Si fu là ordonné qui yroit en Engleterre pour renunchier. Avoecq
-tout ce, li roys pria et coummanda à touttes gens à lui obeissans que
-chacuns se pourveist bien et souffisamment à ceval et à piet et de
-touttes armurez, et fuissent le huitime jour de may là en le ville de
-Saint Jehan et illoecq environ; car c'estoit sen intension que d'entrer
-en Engleterre et que de faire y une très grande chevauchie, et on ly
-eut enssi en couvent. Enssi se departi li parlemens sus cel estat, et
-en ralla chacun en son lieu, et se pourveirent seloncq leur puissance
-pour venir servir le roy, leur seigneur, au jour qui mis y estoit. Et
-li messaigez s'en vint en Engleterre deviers le roy englès et renoncha
-souffissamment as trieuwez qui devoient y estre prises des Escos et des
-Englès, et tant que li roys Edouwars s'en tint à bien contens, et se
-pourvey et advisa ossi seloncq che.
-
-Chependant que li saisons de may aprochoit, li roys d'Escoche viseta
-son pays, ses villes, ses citéz et ses fortrècez. Si eut grant doeil et
-grant pité quant il vit ensi son pays destruit et ses gens oyt
-complaindre. Ossi eut la roynne, sa femme, qui en ploura assés. Quant
-li roys eut partout estet et oyes les complaintez des ungs et des
-autrez il lez recomforta au mieux qu'il pot, et dist qu'il s'en
-vengeroit, ou il perderoit le remannant, ou il moroit en le painne.
-Quant ce vint sus l'entrée de may, seloncq l'ordonnance qui mise y
-estoit, li Escot s'avalèrent et assamblèrent de tous costéz à Saint
-Jehans Tonne et là environ. Encorrez envoya li roys grans messaigez en
-Norvège, en Sude et en Danemarche, pour priier ses amis et avoir grant
-fuisson de saudoiiers. A celui mandement vint li comtez d'Orkenay, ungs
-grans princes et puissans, et avoit à femme le sereur le roy. Chilx y
-vint à grant puissanche de gens d'armes, et pluiseur autre grant baron
-et chevalier de Sude, de Danemarche et de Norvège et des autrez pays
-marchissans, li ungs par amour et par priière, et li autre par saudées.
-Tant en vint d'un costet et d'autre qu'il furent bien, quant tout
-furent venut entours le chité de Saint Jehan en Escoce, au jour que li
-dis roys les avoit mandés, soixante mille hommes à piet et sus
-haghenées, et bien troi mille armures de fer, chevalier et escuier,
-parmy les seigneurs et chiaux de son pays d'Escoche. Quant tout furent
-assamblet et appareilliet, il s'esmurent pour aller destruire et
-essillier chou qu'il poroient dou royaumme d'Engleterre, ou il se
-combateroient au roy Edouwart, qui tant de maux et d'anoy leur avoit
-fais. Si passèrent premiers par devant le fort castiel de Rossebourcq,
-que li Englès avoient concquis, et le tenoient encorres et leur
-faissoient souvent grans assaux et grans destourbiers. Si fissent là li
-Escot ung grant assault; mès point n'y gaegnièrent, car li castels est
-trop fors. Et n'eut point li roys adonc consseil de l'assegier, mès de
-chevauchier avant et d'entrer ou droit royaumme d'Engleterre. Si fist
-son host passer oultre. Apriès il passèrent devant le cité de Bervich,
-mès point n'y arrestèrent et entrèrent ou royaumme de Norhombrelande.
-Si ardirent toutte le ville de Persi et livrèrent ung grant assault à
-le fortrèce, mès il ne le peurent avoir. Si passèrent oultre et vinrent
-à Urcol, et ardirent et pillièrent toutte le ville et le pays de là
-environ, et entrèrent si avant ens ou royaumme de Norhombrelande, qu'il
-vinrent sour le rivière de Tin, ardant et destruisant tout le pays, et
-fissent tant qu'il parvinrent devant le bonne ville de Noef Castiel sur
-Tin, et là se logièrent et l'environnèrent pour l'assaillir.
-
-Dedens la ville dou Noef Castiel sur Tin estoient doy grant baron de
-Norhombrelande, li sires de Luzi et li sires de Ros, et grant fuison de
-gens d'armes et d'archiers qui trop bellement et trop sagement le
-gardèrent et deffendirent à l'assaut qui fès y fu et qui dura ung jour
-tout jour sans cès, et y perdirent li Escochois de leur gens. Si se
-retrairent à leurs logeis qui grant estoient et estendut, car il y
-avoit bien soixante et dix mille hommes sans le ribaudaille. Si
-s'alèrent li Escot coucher et reposer, car moult estoient travilliet
-pour l'assault. Quant ce vint environ le mienuit, li sires de Luzi,
-ungs très bons chevaliers et qui cappitainne pour le temps estoit de le
-ville, et qui à ce donc mies ne dormoit, mès songneuzement entendoit as
-deffenscez et as gharittez de le ville, si entendi à celle heure par
-ses espiez que li Escot estoient tout endormy et ne faisoient de get:
-si quella tantost environ deux cens compaignons ablez et legiers, bien
-armés et bien montéz, et se parti sus l'ajournée dou Noef Castiel par
-une posterne, et s'en vint autour secretement et couvertement ferir en
-l'ost des Escos, et d'aventure eschei ens ès logeis le comte de Moret,
-ung grant seigneur d'Escoce. Si escriièrent li Englèz leur cri, et se
-boutèrent ens de plains eslais, et navrèrent et tuèrent pluiseurs
-Escos. Et fu li dis comtes de Mouret trouvés en son lit, et pris et
-montés sour ung ceval et amenés comme prisonniers dedens le ville, et
-encorrez se combatoient li autre, li sirez de Luzi et ses gens. Li hus
-et li cris monta; Escochois s'esvillièrent et s'armèrent et alumèrent
-grans feux, et vinrent ceste part, chacuns qui mieux mieux, où la noise
-estoit. Quant li Englès virent que poins fu, si se retrairent sagement
-et bellement deviers leur ville, et y rentrèrent sans dammaige.
-
-Moult fu li roys David d'Escoce courouciéz, et ossi furent tout li
-Escot, quant il seurent le comte de Mouret pris. Si se armèrent tout
-communaument au matin et sonnèrent leurs trompettez, et s'en vinrent
-comme gens forsenés devant le Noef Castiel et l'assaillirent très
-durement. Et dura chilz assaux tout le jour, et en y eut pluiseur
-navrés dedens et dehors. Touttes voiez, li assallant ne peurent riens
-concquerre sus les deffendans, mès des lors y eut pluiseurs blechiéz.
-Fos 61 vo et 62.
-
-P. 121, l. 2: que cescuns.--_Ms. B 6_: que tous fievés et arrières
-fievés fus(s)ent à ung certain jour en la ville de Hainbourcq. Fo 192.
-
-P. 121, l. 4: d'Orkenay.--_Mss. A 8, 9_: d'Okenay. Fo 77. _Mss. A 11 à
-14_: de Kesnay. Fo 81.
-
-P. 421, l. 4: uns grans princes.--_Ms. B 6_: ung sien serouge du
-royaume de Suède qui s'apelloit Robert, conte d'Orkenay. Là vint le
-conte de Mouret, le conte de Surllant, le conte de Mare, le conte de
-Bosquem, le conte de Saint Andrieu, l'evesque d'Abredane, le sire de
-Brasy et tous les barons et fievés d'Escoche. Et furent bien tous
-ensamble six mille hommes d'armes et quarante mille d'autres gens parmy
-ceulx de le Sauvaige Escoche que Jehan des Adtulles amena. Fo 192.
-
-P. 121, l. 16: appareilliet.--_Ms. B 6_: Et estoient toutes gens à
-cheval, et portoient par derière eulx de la ferinne tant seullement
-pour faire du pain, pour vivre à necessité pour dix huit ou vingt
-jours. Fo 192.
-
-P. 122, l. 10: le Noef Chastiel.--_Ms. B 6_: Et quant il eurent ainsy
-fait, il toursèrent tout l'avoir et se misrent au chemin et prirent
-leur retour devers Noef Chastel: et estoient sy fort chergiés que à
-paine povoient aller avant. Sy se logèrent devant le Noef Chastiel, et
-dirent que i(l) l'assairoient, se par assault il le pourroient
-conquerre. Sy l'asallirent ung jour tout entir par trois ou quatre
-fois, mais riens n'y firent, car il y avoit dedens bien trois cens
-armés de fer qui le ville aydèrent à garder, et ossy elle estoit forte.
-
-Quant che vint par nuit que les Escochois tous lassés et travilliet
-furent retrais à leur logis, le cappitaine de Noef Chastiel s'avisa que
-il resvilleroit les Escochois. Sy fist armer tous les compaignons de là
-dedens et monter à cheval; et estoient environ deus cens et otant quy
-gardèrent le porte. Sy chevauchèrent ces Englès coiement jusques à tant
-que il vinrent en l'ost, et trouvèrent les Escochois tous endormis sans
-faire gait. Sy se ferirent en l'ost et en criant leur cry, en abatant
-et ochiant les Escochois à forche. Et allèrent adonc sy avant que il
-vinrent au logis du conte de Mouret: là ot grant hustin. Et fut le dit
-conte prins, en sa tente, et pluseurs de ses gens mors. Et s'en
-retournèrent devers le Noef Chastel et rent(r)èrent dedens sans nulz
-dangiers, anchois que les Escochois furent estourmis.
-
-Quant les Escochois seurent le prise du conte de Mouret, sy furent
-comme tous foursenez, et passèrent celle nuit à grant malaise. Et quant
-che vint au matin, il s'armèrent et se mirent en ordonnanche pour
-assaillir, et assallirent le Noef Chastiel par pluiseurs assaulx. Et
-dura le dit assault par quatre jour(s), mais riens n'y firent. Fos 194
-et 195.
-
-P. 122, l. 17: deus cens.--_Mss. A 11 à 14_: quatre cens. Fo 81 vo.
-
-
-=§ 153.= P. 123, l. 5: Quant li rois David.--_Ms. d'Amiens_: Quant li
-roys d'Escosse et ses conssaulx virent que il se lassoient et
-travilloient en vain, il s'ordonnèrent au deslogier et se missent au
-chemin contremont ceste belle rivière de Thin, et passèrent à Bransepès
-ung très fort castiel au seigneur de Noefville. Si l'assaillirent et
-ardirent toutte le ville, mès le fortrèce ne peurent il avoir, et assés
-priès de là il passèrent le rivière de Thin et entrèrent en l'evesquiet
-de Durem. Si le ardirent moult et gastèrent de tous costéz, puis se
-traisent devant le chité de Durem et le assegièrent, et disent
-entr'iaux que elle estoit bien prendable et que de là ne se
-partiroient, si l'aroient. Or vous diray dou seigneur de Ros et dou
-seigneur de Luzi, qui se tenoient au Noef Castiel. Quant il eurent
-consideret le puissanche as Escos, ossi leur emprise et comment il
-ardoient et essilloient le pays et chevauchoient toudis avant, il
-eurent consseil qu'il le segnefieroient au roy englèz, leur seigneur,
-enssi qu'il fissent. Et se parti uns escuiers d'iaux, et cevauça tant
-par nuit et par jour que dedens quatre jours il vint à Windesore, où li
-roys englèz se tenoit. Adonc li bailla il lez lettrez de creanche des
-chevaliers dessus dis. Quant li roys les tint, si les fist lire et
-entendi par celles son dammaige et le confusion de ses gens et de son
-pays, dont il fu mout courouciéz; mès la prise dou conte de Mouret ung
-petit le resjoi. Si fist tantost li roys englès escripre lettres, et
-mist messagiers en oevre et envoya par tout son royaumme, que chacuns
-sour toutte amistéz et feaultéz se traissent deviers le chité de
-Ewruic, sans nul delay, à tout ce que de gens pooit avoir, et que
-chacuns s'efforçast, car li Escot estoient grant cantitet. Si rescripsi
-par le dit escuier qui les nouvelles avoit apportées, as deux banerèz
-dessus diz, qu'il fuissent songneus seloncq leur pooir de garder lez
-frontières, car il seroit temprement ou royaumme de Norhombrelande. Li
-escuiers parti et retourna arrière. Li roys se hasta pour plus tost
-mettre ses gens à voie, et prist le chemin pour venir à Iorch, où ses
-mandemens estoient assis et ordonnés.
-
-En che pendant que li roys venoit vers Ewruich et que il mandoit gens
-efforceement de touttes pars pour resister as Escos, li roys David
-d'Escoce, qui trop durement estoit courouchiés de la prise son cousin
-le comte de Moret, seoit à siège devant le chité de Durem, et durement
-le constraindoit d'assaut et d'escarmuches, et mout se pennoit de le
-prendre, car bien savoit que la cité estoit garnie et pourveuwe de
-grant avoir pour le pays d'environ, qui tous afuis y estoit.
-Finablement tant y furent li Escot et si continuellement l'asaillirent
-que de force il le prissent par force d'enghiens et d'estrumens qu'il
-eurent fès, dont il brisièrent et destruisirent tous les murs, et
-entrèrent ens à effort. Là eult grant ocision et grant pité, car il
-misent tout à l'espée et sans merchi, hommez et femmez, enffans, clers
-et prebtrez, et robèrent et pillièrent lez maisons où il trouvèrent
-avoir sans nombre. Depuis le chité prise, il s'en vinrent deviers
-l'eglise catedral qui siet haut sus ung terne; et l'avoient li chanonne
-fortefiiet, et estoient dedens retret à garant; mès li Escos, dont che
-fu grant pité et grant cruauté, boutèrent le feu ens et le ardirent et
-tous chiaux qui dedens estoient, sans nullui prendre à merchy. Ensi fu
-menée la bonne chité de Durem, des Escos, dont che fu dammaigez. Fo 62.
-
-P. 123, l. 10: Duremmes.--_Ms. B 6_: Sy entrèrent les Escochois en le
-conté de Northombrelant, et ardirent moult villainement la terre au
-signeur de Persy et du seigneur de Noefville. Fo 193.
-
-P. 123, l. 24: Chartesée.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 29_: Carthesée,
-Cartezée. Fo 85.--_Mss. A 18, 19_: Tarcheste. Fo 85.
-
-P. 124, l. 5: dou north.--_Mss. A 1 à 6_: de Northonbrelande. Fo
-85.--_Mss. A 7 à 33_: du north. Fo 78.
-
-P. 124, l. 30: honnerés.--_Mss. A 1, 3 à 6, 18 à 22_: nuit et
-jour.--_Ms. A 2_: chacun jour. Fo 85.
-
-
-=§ 154.= P. 124, l. 31 et p. 125, l. 1 à 3: Quant... Galles.--_Mss. A
-11 à 14_: Le roy anglois s'en partit le lendemain de la bonne cité de
-Ewruich moult liement pour les nouvelles que monseigneur Guillaume du
-Bailleul lui avoit apportées. Et avoit aveques lui environ sept mille
-armeures de fer, quatorze mille archiers et bien quatre vingt mille
-hommes de pié. Mais quand les Escos sceurent sa venue, ilz
-conseillièrent au roy David leur seigneur qu'il se retrairoit arrière
-selon la rivière de Thin et se trairoit par devers la bonne cité de
-Cardueil qui est à l'entrée de Galles. Fo 82.
-
-P. 125, l. 3: Galles.--_Ms. d'Amiens_: à cel lés là. Fo 62 vo.
-
-P. 125, l. 10: Sallebrin.--_Ms. d'Amiens_: en ce tamps li plus belle et
-li plus frisce damme d'Engleterre. Fo 62 vo.
-
-P. 125, l. 27: quarante.--_Ms. d'Amiens_: soixante. Fo 62 vo.
-
-
-=§ 155.= P. 127, l. 15: reconfortoit.--_Ms. d'Amiens_:... pour qui on
-se devoit enssi travillier, tant estoit belle et douche. Et dura chilx
-assaulx tout le jour. Et au soir il se retrayrent à leurs logeis; et à
-l'endemain recommenchièrent l'assault fort et fier, tant estoient
-courouchiet sour chiaux du castiel de Sallebrin. Ensi continuoient li
-Escochois de jour en jour, et appareilloient leurs enghiens pour
-drechier et pour plus adammagier chiaux dou fort; car bien veoient que
-autrement il ne les pooient avoir. En ces meysmes jours vint li roys
-d'Engleterre en le cité d'Ewruich, et y souratendoit ses gens qui
-venoient de tous costéz à grant effort. Car bien estoit li renoummée en
-Engleterre que li roys d'Escoce ne fu oncques de trop si fort sus les
-camps qu'il estoit adonc; et pour ce venoient deviers le roy au plus
-efforchiement qu'il pooient, et pour combattre les Escos, se il les
-trouvoient ou attendoient.
-
-Entroex que li roys englèz estoit à Ewruich, eurent chil dou castiel de
-Sallebrin pluisseurs assaux et furent moult apressé de leurs ennemis;
-et se li roys englès le sewist, il se fuist plus hastéz qu'il ne fist
-pour secourre le gentil contesse de Sallebrin. Or n'est qui l'en die
-lez nouvellez, mès il les sara temprement, si comme vous poréz oïr
-recorder, se il vous plaist.
-
-Chil dou castiel de Sallebrin estoient durement travilliet et appresset
-des Escochois. Et si en y avoit entr'iaux grant fuison de blechiés, et
-veirent bien que li fais leur estoit grans; et se li rois David
-maintenoit son pourpos, il aroient fort tamps. Si eurent consseil que
-il envoieroient certain message deviers le roy englèz, que il
-esperoient à Ewruich, car bien avoient oy parler dou mandement si
-especial qu'il avoit fait et dou jour qu'il y devoit estre, liquelx
-termes estoit venus et cinq jours oultre. Si regardèrent et ymaginèrent
-entr'iaux qui seroit tailliéz de faire ce messaige. Pluiseurz en y
-avoient, mès tout s'escusoient l'un par l'autre que jà pour leur
-honneur ne lairoient la damme ne le castiel, et en y eult entre yaux
-grant estrif. Quant messires Guillaume de Montagut vit le bonne
-vollenté de ses compaignons, et v(e)oit d'autre part le meschief et le
-peril où il pooient escheir se il n'estoient secourut, si leur dist:
-«Seigneur, je vois bien vostre loyaulté et vostre bonne vollenté: si
-ques, pour l'amour de madamme et de vous, je metteray mon corps en
-aventure pour faire cesti messaige, car jou ay tel fianche en vous,
-seloncq chou que j'ay veu, que vous detenrés bien le castiel jusquez à
-ma revenue. Et ay d'autre part si grant esperance el roy nostre
-seigneur, que je vous amenray temprement si grant secours, que vous en
-arés joie; et vous seront bien meri li bienfait que fait arés.»
-
-Quant la nuis fu venue, li dis messire Guillaumme se appareilla dou
-mieux qu'il pot, pour plus paisivlement yssir de layens qu'il ne fust
-percheus de chiaux de l'ost. Se li avint si bien qu'il pleut toute le
-nuit si fort que nulx des Escos n'osoit yssir hors de sa loge. Si passa
-environ mienuit tout parmy l'ost, que oncques ne fu apercheus. Quant il
-fu passés et eslongiés environ deux lieuwes l'ost, il fu grans jours:
-si chevaucha avant et encontra, ung peu après soleil levant, deux
-hommes d'Escoce entours à trois lieuwes priès de l'ost, qui amenoient
-deus buefs et une vache par deviers l'ost. Messires Guillaummes congnut
-qu'il estoient Escos: si les navra tous deux durement et tua leur
-bestez, pour tant qu'il ne volloit mies que chil de l'ost en ewissent
-nulle aise. Puis dist as deux navrés: «Alléz, si dittes à vostre roy
-que Guillaummes de Montagut vous a mis en ce point en son despit; et li
-dittes que je voi querre le gentil roy d'Engleterre, qui li fera
-temprement wuidier ceste place maugré lui.» Chil li proummisent qu'il
-feroient vollentiers cest messaige, mès qu'il lez laissast atant à pès.
-Lors se parti li dis messires Guillaummes des Escos, et chevaucha sus
-fleur de coursier et fist tant que il vint à Ewruich, où il trouva le
-roy englès et grant fuison de comtez, de barons et chevaliers dallés
-lui. Si li compta son messaige de par le damme de Sallebrin, au mieux
-et au plus biau qu'il peult. Li roys y entendi vollentiers et respondi
-que il ne laisseroit nullement que il ne souscourist la damme et ses
-gens; et se plus tost ewist sceut là où li Escot estoient et le mescief
-et peril dou castiel et de la damme, plus tost fust allés celle part.
-Si ordonna et coummanda tantost li roys par son connestable et ses
-marescaux, que chacuns fust apareilliés à mouvoir l'endemain, et que on
-fesist toudis les venant traire avant, et chevauchier apriès son host
-qu'il avait moult grant. Fos 62 vo et 63.
-
-P. 128, l. 11: bacelers.--_Mss. A 1 à 6, 20 à 22_: chevalier. Fo 86.
-
-P. 129, l. 4: à demi liewe.--_Mss. A 11 à 14_: à deux lieues. Fo 83.
-
-P. 129, l. 17: Evruich.--_Mss. A 8 à 10_: Bervich. Fo 77.--_Mss. A 1 à
-7, 11 à 19, 30 à 33_: Evruich. Fo 86.--_Mss. B 3 et A 20 à 22_:
-Vervich, Warvich. Fo 77.--_Mss. A 23 à 29_: Enervich, Everuich. Fo 100.
-
-P. 129, l. 19: au roy.--_Ms. B 6_: et trouva le roy d'Engleterre et
-plus de quarante mille hommes qui estoient tout esmervilliés que les
-Escochois estoient devenus. Fo 197.
-
-P. 129, l. 20: sen ante.--_Mss. A 1 à 7, 18 à 22_: sa tante. Fo 86.
-
-
-=§ 156.= P. 129, l. 30: Li rois.--_Ms. d'Amiens_: Li roys Edouwars se
-parti l'endemain de le cité d'Ewruich mout liement pour lez nouvelles
-que li dis messires Guillaummes de Montagut li avoit aportées. Et avoit
-bien avoecq lui cinq mille armurez de fier, dix mille archiers et
-soixante mille hommes de piet, qui tout le sieuwoient. Et toudis li
-venoient gens.
-
-Quant li baron d'Escoce et li maistre consillière le roy David seurent
-que li dis messires Guillaummes de Montagut avoit ensi passet parmy
-leur ost et que il s'en alloit querre secours au roy englès, et
-savoient bien que li roys Edouwars estoit à Ewruich à grant gent, et le
-tenoient de si grant couraige et si gentil qu'il ne lairoit nullement
-qu'il ne venist tantost sour yaux pour souscourre la damme et chiaux
-dou castiel, il parlèrent enssamble, endementroes que li roys David
-faisoit souvent et ardamment assaillir. Et veoient bien que li roys
-David faisoit ses gens navrer et martiriier sans raison. Et veoient
-bien que li rois englès venroit bien ainchois combattre à yaux que leur
-roys pewist avoir concquis ce castiel, ensi qu'il cuidoit. Si parlèrent
-ensamble au roy David d'un accord, et li dissent qui li demorer là
-n'estoit point ses pourfis, ne sen honneur; car il leur estoit moult
-honnerablement advenu de leur emprise. Et avoient fait grant despit as
-Englès, qui avoient jeut en leur pays vingt deux jours et ars et
-essilliet tout autour, et pris par force la cité de Durem et mise toute
-à grant destruction. Et li conssillièrent que il s'en volsist raller
-deviers son royaumme, par deviers le forest de Gedours; car il savoient
-de certain que li roys englès venoit viers yaus à si grant puissanche,
-qu'il n'aroient pooir de combattre à lui, ne de contrestrer à se
-puissance. Si leur en poroit grant meschief avenir. Li roys David fuist
-vollentiers demourés pour atendre lez Englès et le bataille et le
-aventure de Dieu, se par son consseil en allast. Mais ses gens li
-moustrèrent tant de raisons que trop loingues seroient à recorder, que
-tous li os des Escos se desloga au matin, et en rallèrent droit par
-deviers le grant forest de Gedours, le chemin que autres fois il
-avoient tenut pour estre au dessus de leur affaire, et pour veoir et
-attendre que li roys englès volroit faire de donc en avant, ou se il se
-retrairoit arrière, ou se il yroit avant et trairoit en leur pays. Fo
-63.
-
-P. 129, l. 31: Evruich.--_Mss. A 1 à 7, 11 à 19, 30 à 33_: Evruich. Fo
-86 vo.--_Mss. A 8 à 10_: Bervich. Fo 79.--_Mss. B 3 et A 20 à 22_:
-Vervich, Warvich. Fo 77.--_Mss. 23 à 29_: Enervich. Fo 100.
-
-P. 130, l. 10: quatre vingt mille.--_Mss. A 1 à 6, 8 à 10, 20 à 22_:
-quatre mille. Fo 86 vo.
-
-
-=§ 157.= P. 131, l. 21 et 22: dix ou douze.--_Ms. d'Amiens_: vingt ou
-vingt deux. Fo 63 vo.
-
-P. 131, l. 30: le grant noblèce.--_Ms. d'Amiens_: le frisce et gentil
-arroi. Fo 63 vo.
-
-P. 132, l. 7: n'avoit veu.--_Ms. d'Amiens_: si bien adrechie en touttes
-mannierres de biautés, de frisce et gai maintien, de noble arroy et de
-parfaitte et atrempée contenanche. Fo 63 vo.
-
-P. 132, l. 9: fine amour.--_Les mss. A 11 à 14 ajoutent_: que ma dame
-Venus lui envoya par Cupido, le Dieu d'amours. Fo 83 vo.
-
-P. 132, l. 10: lonch temps.--_Ms. d'Amiens_: car c'est uns feus qui
-fuissonne, qui est legiers à esprendre et malaisivlez à estaindre, et
-plus en ung coer qu'en l'autre. Et sembloit au roy, par l'estincelle
-qui jà s'esprendoit et alumoit, que ens ou monde n'avoit damme qui
-fesist à amer fors celle. Fo 63 vo.
-
-P. 132, l. 15 et 16: si ardamment.--_Ms. d'Amiens_: et ne s'en pooient
-li oeil soller, et de si ardent regart. Fo 63 vo.
-
-P. 132, l. 19: ne pensoit.--_Ms. d'Amiens_: qui au penssement dou roy
-ne penssoit noient. Fo 63 vo.
-
-P. 132, l. 23: quant temps seroit.--_Mss. A 1 à 6_: quant temps fut à
-mettre les tables, elle fist la salle parer et ordonner. Fo 87.--_Mss.
-A 11 à 14_: mettre les tables en la salle moult bien parée et ordonnée
-comme pour le roy. Fo 83 vo.--_Mss. A 15 à 17_: mettre les tables en la
-sale qui jà estoit moult noblement parée aussi comme pour un roy
-recepvoir. Fo 88.--_Mss. A 20 à 22_: quant temps fu de drescier les
-tables, elle fist la salle parer et ordonner bien richement. Fo 131.
-
-P. 132, l. 24: parer.--_Ms. d'Amiens_: Ensi comme il appertenoit pour
-le roy d'Engleterre. Fo 63 vo.
-
-
-=§ 158.= P. 133, l. 12: vous estes.--_Ms. d'Amiens_: li ungs dez
-princes del monde li plus doubtéz. Fo 63 vo.
-
-P. 133, l. 24: vos amans.--_Ms. d'Amiens_: vos vraiz amans.
-
-P. 134, l. 4: emprisonnés.--_Mss. A 11 à 14_: à Paris. Fo 84.
-
-P. 134, l. 9: desmembrer.--_Ms. d'Amiens_: qui mes drois, souverains,
-naturelz sirez estez. Fo 64.--_Mss. A 11 à 14_: pour donner exemple aux
-aultres d'estre loiales à leurs maris. Fo 84.
-
-
-=§ 159.= P. 134, l. 15: avés vous.--_Ms. d'Amiens_: A ces mos et à la
-parolle de la damme, li rois se parti de la fenestre où ung grant tens
-il s'estoit apoiiés, et s'en vint en la salle et lava. Et puis se asist
-entre ses chevaliers et la damme au disner; mès petit i sist, car autre
-cose li touchoit que boire ne que mengier. Et trop durement seant à
-table penssoit, dont li chevalier meismement s'esmervilloient, car il
-avoit eult en devant usaige de rire et jeuuer, et de vollentiers oïr
-aucunnez trufferiez pour le temps oubliier, mais là il n'en avoit cure
-ne talent. Ainchois, quant il pooit ung seul regart embler et envoiier
-sus la damme, il li faissoit trop grant bien. Et furent adonc regart et
-pensser le plus grant partie dou disner le roy. Fo 64.
-
-
-=§ 160.= P. 135, l. 6: Toutes voies.--_Ms. d'Amiens_: Apriès disner on
-leva lez tablez. Si envoya li roys monseigneur Renaut de Gobehen et
-monseigneur Richart de Stanfort à l'ost et as compaignons qui desoubz
-le castiel estoient logiet, savoir comment il le faisoient, et qu'il
-fuissent appareilliet, car il volloit cevaucier encorrez oultre et
-sieuwir les Escos, et que on fesist tout le charoy et tout le harnas
-esploitier devant, et que dou soir il seroit avoecq yaus. Et ordonna le
-comte de Pennebruch à faire l'arrierre garde à tout cinq cens lanches,
-et que chil l'atendesissent sus les camps tant qu'il venroit, et tout
-li demourant chevauçaissent avant. Li doy baron fissent tout ce qu'il
-coummanda.
-
-Et il demoura encorres ens ou castiel de Sallebrin dalléz la damme, et
-esperoit bien ainschois son departement que il aroit de la damme
-responsce plus agreable qu'il n'avoit eue. Si demanda les eschès, et la
-damme li fist aporter. Adonc pria li roys à la damme que elle volsist
-jeuer à lui; et la damme li acorda liement, qui li faisoit toutte le
-bonne chière que elle pooit. Et bien estoit tenue dou faire, car li
-roys li avoit fait ung biau serviche de lever le siège des Escos de
-devant son castel, dont elle estoit en grant peril; et se li devoit le
-damme faire, pour tant que li roys estoit ses drois naturés sires de
-foi et hoummaige. A l'entrée dou jeu des escès, li roys, qui volloit
-que aucunne cose demourast dou sien à la damme, l'asailli en riant:
-«Damme, que vous plaist il à mettre au jeu?» Et la damme li respondi:
-«Sire, et vous ossi?» Adonc mist li roys avant ung très bel aniel qu'il
-portoit en son doi, à ung gros rubi sus le tablier. Lors dist la damme:
-«Sire, sire, je n'ay nul aniel si riche comme li vostre est.»--«Damme,
-dist li rois, telz que vous l'avés, metés le avant. Je n'y preng pas de
-si priès garde.»
-
-Adonc la comtesse, pour acomplir la vollenté du roy, traist hors d'un
-doy ung anelet d'or, qui n'estoit pas de grant vaille. Si jewèrent as
-escèz enssamble, la damme à son avis au mieux que elle pooit, affin que
-li roys ne le tenist pour trop simple et ygnorans; et li roys se
-faindoit, car pas ne jewoit dou mieux qu'il savoit. Et à painnes y
-avoit nulle espasse dez très, que il ne regardast si fort la damme que
-elle en estoit toutte honteuse, et s'en fourfaisoit bien en traiant. Et
-quant li roys veoit que elle s'estoit fourfaite d'un rock, d'un
-chevalier ou de quoy que fuist, il se fourfaisoit ossi pour remettre la
-damme en son jeu.
-
-Tant jeuèrent que li roys le perdi, et fu mas d'un aufin. Adonc se leva
-la damme et demanda le vin et lez espisses, car li roys par samblant
-volloit partir. Et prist la damme son aniel et le mist en son doy, et
-volsist trop bien que li roys ewist repris le sien, et li ossi offri et
-dist: «Sire, il n'appertient pas qu'en mon hostel jou aie riens del
-vostre, ainchois en deveriés porter dou mien.»--«Dame, dist li roys, si
-fait, car li jeus l'a porté ensi; et se je l'ewisse gaegniet, tenés
-veritablement que j'en ewisse porté le vostre.» La damme ne vot adonc
-plus presser le roy; mès s'en vint à une sienne dammoiselle, et li
-bailla l'aniel, et li dist: «Quant vous verrez jà que li roys sera
-partis de ceens et qu'il ara pris congiet de moy et qu'il devera monter
-à cheval, si vous avanchiés et li rendéz tout bellement son aniel, et
-li dittes que nullement je ne le voeil detenir, car point n'apertient.»
-Et la dammoiselle li respondi que elle le feroit vollentiers. A ces mos
-vinrent espisses et vins. Et n'en vot oncques prendre li roys devant la
-damme, ne la damme ossi devant lui; et y eut là grant estrit tout en
-reviel. Finablement, il fu acordé que il prisent tout doy enssamble,
-ossi tost li ungs comme l'autre, par cause de briefté. Apriès ce fait
-et que li chevalier le roy eurent tout beu, li roys prist congiet à la
-damme et li dist tout haut, affin que nulx n'y penssast: «Damme, vous
-demourés en vostre hostel, et je m'en irai sieuwir mes ennemis.» La
-damme, à cez mos, s'enclina bien bas devant le roy. Et li roys mout
-apertement le prist par le main droite, et li estraindi ung petit, et
-ce li fist trop grant bien, en signe d'amour. Et regarda li roys que
-chevaliers et dammoiselles s'ensonnioient de prendre congiet l'un à
-l'autre; si s'avança encorrez de dire deux mos tant seullement: «Ma
-cière damme, que Dieu vous coummand jusques au revenir! Si vous pri que
-vous vos voeilliéz aviser et autrement y estre consseillie que vous ne
-me aiiés dit.»--«Chiers sires, respondi la damme, li Pèrez glorieux
-vous voeille conduire et oster de villainne penssée et deshonnerable,
-car je sui et seray toudis conssillie et appareillie de vous servir à
-vostre honneur et à le mienne.»
-
-Atant se parti li roys de le cambre, et la damme ossi, qui l'aconvoya
-jusqu'en la salle où sen pallefroi estoit. Se dist li roys que il ne
-monteroit point à cheval tant que la damme fust là: si que pour cause
-de briefté la comtesse prist congiet de tous poins pour ceste fois au
-roy et à ses chevaliers, et rentra en ses cambrez avoecq ses
-dammoiselles. Ensi que li roys devoit monter, la dammoiselle qui estoit
-enfourmée de sa damme, s'en vint au roy et s'engenouilla; et quant li
-roys le vit, il le leva moult tost et quida que elle volsist parler
-d'autre matère que elle ne fist. Se li dist: «Monseigneur, vechy vostre
-aniel que madamme vous renvoie et vous prie humblement que vous ne le
-voeilliés tenir à villonnie, que point ne voet qu'il demeurèce par
-deviers elle. Vous li avés fait tant en autres mannierrez que elle est
-tenue, ce dist, à tousjours d'estre vostre serve.» Li roys qui oy la
-dammoiselle et v(e)oit son aniel qu'elle tenoit, et ooit la vollenté et
-l'escuzanche de la comtesse, fu tous estonnés. Nonpourquant, comme tost
-conssilliet à son gré, et affin que li aniaux demorast laiens, ossi que
-en soy meysmes ordonné avoit, respondi briefment, car pas n'y affreoit
-longe parolle, et dist: «Dammoiselle, puisqu'il ne plaist à vostre
-damme li gaains petis que elle a fait à moy, il vous demeure.» Apriès
-che parlet, il monta tantost et se parti et yssi hors dou castiel, et
-se mist sour les camps avoecq ses chevaliers, et trouva le comte de
-Pennebrucq qui l'atendoit à bien cinq cens lanches. Adonc se partirent
-il tout enssamble et sieuwirent l'ost. Et la damoiselle dont vous avés
-oy, revint à sa damme et ly recorda la responsce dou roy, et li vot
-rendre l'anniel d'or que li roys avoit perdu as escèz. Mais la damme ne
-le volt prendre; ains dist que elle n'y clammoit riens et que li roys
-li avoit donnet: si en fesist son pourffit. Enssi demoura li aniaux dou
-roy à a damoiselle.
-
-Or lairons nous à parler de madamme Aelis la comtesse de Sallebrin; si
-revenrons au roy englès et as Escos. Depuis que il se fu partis dou
-castiel dessus dit, il chevaucha ceste remontière jusquez au soir, que
-il trouva son grant ost logiet sour ungs plains dou loncq d'une
-rivière. Si se remist entre les contes et les barons et fist asséz
-bonne chierre, et se couvri au mieux qu'il peult de moustrer comment il
-li estoit dedentrainnement; ne à nullui, tant fust ses especials amis,
-ne s'en fust descouvers. Pour ce ne sentoit il mies mains les maulx
-d'ainmer, car si fort en estoit espris, que en son requoy il n'y
-faisoit que pensser. Et li avint sour ce voiaige pluisseurs fois que,
-quant il estoit assis à table, il mengoit mout petit et n'y faisoit que
-pensser: de quoy ses gens s'esmervilloient dont tel penssement li
-pooient venir. Et quidoient que ce fuist pour les Escos qui jà, en
-ceste année, par deux fois l'avoient travilliet de chevauchier apriès
-yaux; et point n'en avoit eue se raison, car toudis s'en refuioient il
-vers le forest de Gedours, et encorres tenoient il che chemin; si l'en
-ostoient li baron dou plus qu'il pooient. Et bien souffroit li roys,
-pour lui couvrir, que de son pensser li Escot fuissent encouppé, et il
-escuzéz en aultre mannierre.
-
-Tant chevaucha li roys poursieuwans les Escos, que il les trouva logiés
-et retrès oultre le chité de Bervich, bien trois journées à l'entrée
-des bois de Gedours que il avoient mis au dos. Et estoient li dit Escot
-là arestet sour les camps moult faiticement, mès tous les soirs il
-rentroient dedens les bois où li Englès ne se fuissent jamès enbatu: de
-ce estoient il tout aseur. Li rois coummanda à logier touttes
-mannierres de gens devant les Escos, et missent tout leur charoy entre
-les Escos et eux; et furent là cinq jours, li uns devant l'autre, que
-tout les jours li Escot yssoient hors des bois et moustroient par
-samblanche que il se volsissent combattre. Et ordonnoient li Englès
-touttes leurs batailles et esperoient à avoir de jour en jour
-besoingne; mès point ne partoient de leur arroy, fors aucuns baceler
-aventureux qui, pour aquerre pris d'armes, chevauçoient avant et
-requeroient jouste as Escos. Si sachiés qu'il estoient recheu, ne
-oncques nulx ne se parti escondi, et li Escot enssi sour yaux. Ossi de
-archers et de compaignons de piet de l'un lés et de l'autre il i eut
-pluiseurs escarmurches et paletis, des mors et des navrés de l'un lés
-et de l'autre; mès point ne se desroutoient les batailles pour jouste,
-ne pour escarmuche qui y fuist. Et emportoient dou tout le huée, des
-Escos messires Guillaume Douglas et messires Simons Fresel, et ungs
-chevaliers de France qui autrefoix avoit estet en Escoce et qui
-presentement avoit rappasset le mer avoecq le roy d'Escoche pour querre
-les armes, que on clammoit messire Ernoul d'Audrehen. Chils y fist
-maintes belles appertises d'armes. Des Englès y avoit pluiseurs bons
-chevaliers, plus que il n'y ewist des Escos, car il estoient plus grant
-fuison. Et par especial messires Gautiers de Mauni, messires Loeys de
-Biaucamp, messires Jehans Cambdos et messires Guillaummes Filz Warine y
-fissent ossi tamainte belle proèche. Fo 64.
-
-P. 135, l. 28: apriès les Escos.--_Ms. B 6_: Et (li Escochois) se
-partirent de Sallebrin, et fut environ heure de tierche, et le roy
-d'Engleterre vint là à nonne. Sy fut durement courouchiés quant il
-sceut que les Escochois estoient partis. Nienmains il les sievy à route
-et se loga ce soir à trois lieues près d'eulx. Et l'endemain il fut
-nonne ains que ly ung vinrent. Mais les Escochois estoient à l'entrée
-de leur pais et avoient les grandes forests au dos où au besoing il se
-povoient retraire, ne jamais les Englès ne les euissent là cachiés.
-Ensy furent les Englès et les Escochois trois jours devant l'un l'autre
-en une marche entre Gallez et Escoche que on dist Cambray et les bos de
-Saint Amant. Fo 199.
-
-P. 135, l. 29: Bervich.--_Mss. A 7 à 10, 18 à 22, 30 à 33_: Bervich. Fo
-81.--_Mss. B 3, A 1 à 6, 23 à 29_: Vervich. Fo 78 vo.--_Mss. A 11 à
-17_: Wruich.--Fo 84 vo.
-
-P. 135, l. 30: forest de Gedours.--_Mss. A 11 à 14_: grant fourest de
-Gedours. Fo 84 vo.--_Mss. A 15 à 17_: grant et haulte fourest de
-Gedours. Fo 89.--_Mss. A 18, 19_: cité de Gedours. Fo 88.
-
-
-=§ 161.= P. 136, l. 15: Tous ces trois jours.--_Ms. d'Amiens_: Che
-terme durant, preudomme et saige chevalier de l'un ost et de l'autre,
-avoecquez deuz evesques, cesti de Wincestre, englès, et cesti de Saint
-Andrieu, escot, traitièrent ung respit entre ces deux roys à une
-delivranche dou comte de Moret, qui estoit pris deviers les Englès, et
-ossi dou comte de Sallebrin et dou comte de Sufforc, qui estoient
-prisonnier à Paris deviers le roy de Franche. Et enclinoient chil troy
-prison les coers de ces deux roys et des plus grans de leur ost à
-tretier un respit et yaux ravoir chacun le sien, car il avoient là des
-grans amis et dou linage qui vollentiers les veissent delivréz. Ossi il
-estoient pris en armes en servant loyaumment leur seigneur, pour quoy
-chil roy et chil qui dou tretiet s'ensonnioient, y entendirent plus
-volentiers. Finablement tant fu tretiet et parlementet, que unes
-trieuwes furent acordées à durer deux ans, se li roys Phelippes de
-Franche s'y assentoit, car li roys d'Escoce estoit si fort aloiiés à
-lui, que il ne pooit donner trieuwe ne respit, ne faire pais sans lui.
-Et se li roys Phelippes ne s'i volloit acorder, si devoient les
-trieuwes durer jusquez à le Saint Christophle, par telle condition que
-li rois englès ne devoit faire nul comfort ne aydde à ces Englès qui
-avoient pris et saisi ces deux fors castiaux, Rossebourch et Strumelin.
-Et devoit y estre quittez li comtes de Moret de se prison, se li roys
-d'Escoce pooit tant pourcachier au roy de Franche que li comtes de
-Sallebrin fust quittez ossi de se prison, et li comtes de Sufforc
-receut et mis à finnanche raisonnable, enssi que on doit mettre ung
-gentil homme sans lui trop presser. Et devoit tout ce y estre
-pourcachiet dedens le feste Saint Jaque et Saint Christofle, que
-proçainement on atendoit. Celle trieuwe fu enssi acordée et affremmée
-que vous avés oy. Si departi li roys d'Escoce ses gens et dounna à
-chacun congiet de raller en son lieu jusques à tant qu'il les
-manderoit; et envoya tantost souffissans messaigez en Franche deviers
-le roy Phelippe, telz que l'evesque de Saint Andrieu et Alixandre de
-Ramesay. Et li roys englès retourna arière à Bervich et donna touttes
-ses gens congiet; et s'en ralla chacun en son lieu.
-
-Environ huit jours se tint li roys englès en le chité de Bervich et
-departi touttez ses gens, si comme vous avés oy. Et demoura là à privée
-maisnée, chiaux de son hostel tant seullement, et regarda au castiel et
-à le forterèce de le ville. Et pria et enjoindi à monseigneur Edouwart
-de Bailloeil, qui gardiiens de par lui en estoit, que il en volsist y
-estre si songneus que nuls blammes ne dammaigez ne l'en presist; car il
-seroit trop courouchiéz se li Escot li embloient ne tolloient par
-ygnoranche ne deffaulte de bonne garde. Et li dis messires Edouwars li
-respondi: «Monseigneur, nenil, se Dieux plaist. J'en songnerai dou
-tamps à venir, si comme j'ay fait jusqu'à orez.» Et li rois li dist
-qu'il s'en atendoit bien à lui.
-
-Endementroes que li roys englès sejourna à Bervich, eult il tamainte
-imagination sus le comtesse de Sallebrin, car tant fort en estoit
-enamourés, que nullement il n'en pooit partir, ne li oster. Une heure
-disoit en soy meysmes que il s'en riroit par là en Engleterre, et puis
-tantost le contredisoit, et puis afremoit que si feroit, et que au
-congiet prendre, il ne trouva pas la damme si humble enviers lui qu'il
-volsist. Pour quoy il li couvenoit remettre ses parolles en milleur
-estat, et espoir à son retour elle seroit advisée: si le trouveroit
-plus debonnaire qu'il n'avoit fait. Ensi se debatoit li roys à par
-lui. Une heure estoit merancolieux, et l'autre joieux. Une heure,
-honneurs et loiauté le reprendoient de mettre et d'arester son coer en
-tel fausseté que volloir deshonnerer si bon chevalier que le comte de
-Sallebrin, qui si loyaumment l'avoit tousjours servi. Et puis amour le
-raherdoient et li enortoient, par grant ardeur dont il estoit plains,
-que d'estre enamouré de l'amour d'une si noble, si frice, si douce et
-si belle damme, pour ung roy et encorrez en son royaumme, il n'y avoit
-point de fraude ne de desloyauté; car telz que li chevaliers estoit, il
-l'avoit fait: si s'en pooit mieux fiier que d'un autre hors de son
-royaumme. Et ossi se il estoit amoureux, c'estoit tout bon pour lui,
-pour son pays et pour tous chevaliers et escuiers, car il en seroit
-plus liés, plus gais et plus armerès; et en ordonneroit plus de
-joustez, plus de behours, de festez et de reviaux qu'il n'avoit fait en
-devant; et s'en seroit plus ablez et plus vighereux en ses guerrez,
-plus amis et plus privés à ses gens et plus durs à ses ennemis. Ensi li
-rois se devise et avise. Une heure, dist qu'il fait follie, quant il y
-pense, et que la damme pour qui il a ces assaux, est moult lonch de se
-penssée, et que elle se lairoit ainçois ocire que elle fesist cose dont
-elle recevist blamme ne deshonneur. Puis dist li rois: «Or, soit que
-elle ne me voeille ne daingne amer, si i voeil je pensser et li
-parfaitement amer, car li penssée me fait grant bien.» Ensi est li roys
-entrés en celle luite qui pas ne le laira ung grant tems, enssi comme
-vous orés recorder en avant en l'istoire. Touttesvoiez, adonc avis le
-mestria, si que, pour doubte de meffaire et de parperdre che où il
-n'avoit encorres riens, il n'osa revenir par la damme de Sallebrin; mès
-se recoummanda à lui par monseigneur Guillaumme de Montagut, sen
-nepveut. Et li dist li roys: «Guillaumme, dittes à la contesse, vostre
-ante, que elle se resjoysse, car temprement rara son marit par deviers
-li.» Et li chevalier ly respondy: «Sire, vollentiers.»
-
-Or lairons à parler dou roy englèz, qui par le Noef Castiel sour Tin,
-par Ardenton et par Dancastre, non mies par le comté de Sallebrin,
-retourna arrière vers Londres. Si parlerons des messaigiers le roy
-David d'Escoce, qui s'en vont en France, et fissent tant par leurs
-journées qu'il vinrent à Paris, où il trouvèrent le roy Phelippe et
-pluiseurs de ses barons dalléz lui; si le saluèrent bellement. Et li
-roys les rechupt en cel mannierre pour le raison de chou qu'il estoient
-estraingnier et au roy David, son bon amie. Li dit message
-remoustrèrent au roy pourquoy il estoient là venus, et des armées et
-chevauchies que li Escos et li Englèz avoient fait, li uns sour
-l'autre, et comment li Escot avoient bien ars trois journées de pays en
-Engleterre, et par especial la cité de Durem qui estoit rice et grande,
-et comment li Englèz avoient à grant effort chevauchiet contre yaux et
-nient porté de dammaige, et comment il furent cinq jours tous entiers
-logiéz li ung devant l'autre, et tous les jours y avoit joustez,
-paletis et escarmuches: «Finablement, chiers sires, unes trieuwez sont
-prises à durer deux ans, se vous l'acordéz. Endementroes croistra nos
-rois en force et en puissanche, et se repeuplera nos pays, et aquerons
-amis de tous costéz, et puis ferons une bonne gherre, forte et desperte
-as Englès, car jammais n'y aura ferme pais qui s'i tiengne: trop les
-hayons à che costé.» Li roys entendi vollentiers à leurs parolles, et
-s'acorda, pour l'amour dou roy d'Escoce et dez barons d'Escoce, à tout
-chou que ordonné avoient, ne de riens il n'y contredist. Et delivra
-quitte et delivre le comte de Sallebrin, que tenut avoit en prison plus
-de deux ans; et mist à raençon convignable le comte de Sufforch et le
-recrut sur se foy à avoir paiiet dedens l'année vingt mille escus ou
-revenir en prison. Il lez paya, si fu quittez, et li comtez de Moret
-delivréz parmy le comte de Sallebrin. Ainssi se fissent chil doy
-escange, et se tinrent lez trieuwez entre Escoce et Engleterre. Je n'ai
-nient oy parler dou contraire que elle fust de riens enfrainte. Et
-toudis guerièrent li Escot le garnison de Strumelin, qui trop leur
-cousta ainschois que il le pewissent ravoir. Si siet Strumelin droit ou
-coer de leur pays. Fo 65.
-
-P. 136, l. 18: deus ans.--_Ms. B 6_: trois ans. Fo 199.
-
-
-=§ 162.= P. 137, l. 23: Vous devés.--_Ms. d'Amiens_: Or voeil je
-retourner à l'istore de Bretaingne et parler de monseigneur Carlon de
-Blois et de la comtesse de Montfort. Vous savés bien en quel point je
-laissai le matère, le comte de Montfort pris et emprisonnet ou castiel
-de Louvre à Paris, monseigneur Carle de Blois à Nantes, et les
-seigneurs de Franche qui aidiet à coummenchier sa guerre li avoient,
-repairiet pour le cause de l'yvier, et devoient tout retourner à
-l'estet, enssi qu'il fissent. Si me seroit il bien mestier à parler des
-gherrez de Gascoingne qui trop fortez y estoient, car li comtes de
-Laille, de par le roy de France, y tenoit les camps et avoit enssi que
-tout reconcquis la grant duchié d'Acquitaine et constraindoit mout
-chiaux de Bourdiaux; car il avoit assis la forte ville de Blaves par
-terre et par aige, et n'aloit nus au devant, tant fust de grant affaire
-en Gascoingne, ne amis au roy d'Engleterre. Et n'y avoit nulle ville en
-Gascoingne, qui se tenissent pour englècez, excepté Bourdiaux, Blaves,
-Aux en Gascoingne et la forte et bonne ville de Baione. Mais telle
-estoit li intention dou comte de Laille et des seigneurs qui avoecq lui
-estoient, que l'une apriès l'autre il les concquerroit. Or revenrons à
-le gerre de Bretaingne et lairons à parler de ceste de Gascoingne:
-quant temps et lieux sera, bien y retourons.
-
-Si parlerons coumment messires Carlez de Blois estoit tous quois
-demourés en le cité de Nantes, et ens ou pays d'entours qui obeissoit à
-lui, demoura tout l'ivier, si comme vous avés oy par devant, sus
-l'estat que li dus de Normendie, ses cousins et li comtes d'Alenchon,
-ses onclez, li avoient ordonnet, et atendoit le saison d'esté, en
-laquelle fait milleur hostoiier qu'il ne face en le saison de yvier. Et
-quant celle douce saison (d'esté) fu revenue, tout chil signeur de
-France deseure noummet et grant fuison de autres gens avoecq yaux, s'en
-rallèrent par deviers Bretaingne à grant puissance, pour aidier
-monseigneur Charlon de Blois à reconquère le remannant de le duchet de
-Bretaingne: dont il advinrent moult de grant merveilles et de biaus
-fais d'armes, ensi comme vous porés oïr.
-
-Quant tout li seigneur furent venu à Nantes, là où il trouvèrent
-monseigneur Charlon de Blois, il orent consseil qu'il assiegeroient le
-cité de Rennes. Si yssirent de Nantes en grant arroy, et s'en allèrent
-par deviers Rennes et le assegièrent tout environ. La contesse de
-Montfort, qui se tenoit à Hainbon, l'avoit, au partir et tout l'ivier,
-si bien pourveue et garnie de bonne artillerie, de touttez pourveanchez
-et de bonne gent d'armes, que elle en estoit plus forte à concquerre;
-et y avoit mis et establi ung vaillant chevalier et hardi pour
-cappittainne, que on clammoit monsigneur Guillaumme de Quadudal, gentil
-homme durement del pays de Bretaingne.
-
-Encorres avoit la dite comtesse de Montfort mis grans garnisons par
-tout lez autres cités, castiauls et bonnes villes qui à lui
-obeissoient, et partout bonnez cappitainnez des gentilz hommes dou pays
-qui à lui se tenoient, desquelx le plus elle avoit acquis par biau
-parler, par proumettre et par donner; car elle n'y volloit point
-espargnier or ne argent, dons ne promesses: desquelx estoient li
-evesquez de Lion, messires Amauris de Clichon, messires Yeuwains de
-Thigueri, li sires de Landreniaus, le castelain de Ghingant, messires
-Henris et messires Oliviers de Pennefort, messire Joffroi de Malatrait,
-messires Guillaummes de Quadudal, li doy frère de Quarich et pluiseurs
-aultrez bons chevaliers et escuier, tout de Bretaingne.
-
-Ossi messires Carles de Blois (en avoit) grant fuison qui à lui se
-tenoient, et plus que n'ewist li comtesse, desquelx estoient li drois
-sires de Clichon, messires Hervis de Lion qui estoit retournés, li
-viscontez de Rohem, li sires d'Avaugor, li sires de Quitin, li sires de
-Tournemine, li sires d'Ansenis, li sires de Biaumanoir, li sires de
-Rais, li sires de Rieus, li sires de Laval, li sires de Gargoule, li
-sires de Loriach et tout banerech, et pluisseur aultre chevalier et bon
-escuier, qui nullement ne volloient estre de le partie de Montfort. Et
-li autre tenoient le opinion si bonne et si juste, que, pour amorir, il
-ne fuissent tournés Bloisois. Ensi estoit la grande terre de Bretaingne
-entoueillie en guerre, li oncles contre le nepveult, li frèrez au
-frère, li pèrez au fil tels fois fu, li germains au cousin germain, li
-voisin à sen voisin. Et dura ceste guerre trop grant tamps, ensi comme
-vous orés recorder avant en l'istoire. Or parlerons nous dou siège de
-Rennez. Fos 65 vo et 66.
-
-P. 137, l. 25: de Bourbon.--_Le ms. B 6 ajoute_: le conte de Forès, le
-conte de Boulongne. Fo 199.
-
-P. 139, l. 2: doi frère.--_Mss. A 11 à 14_: les deux frères de Quintin,
-monseigneur Geffroy de Maallechat, monseigneur Robert de Guiche,
-monseigneur Jehan de Quoyquem et pluseurs aultres. Fo 85 vo.
-
-P. 139, l. 2: Quirich.--_Mss. A 1 à 6_: Chirich. Fo 88 vo.--_Mss. A 20
-à 22_: Tirich. Fo 133 vo.
-
-P. 139, l. 11: dire.--_Mss. A 11 à 14_: qu'il avoit adonc pourchacié sa
-prinse et fait trahir par les bourgois. Fo 85 vo.
-
-
-=§ 163.= P. 139, l. 16: Messires Charles.--_Ms. d'Amiens_: Messires
-Carles de Blois et li seigneur de Franche tinrent le siège assés
-longement devant le cité de Rennes, et y fissent grans dammaigez et
-mains fors assaux par les Espagnos et par les Geneuois, dont il avoient
-grant fuison en leur ost. Et chil de d'ens se deffendirent bien et
-vassaument, par le consseil dou bon chevalier monseigneur de Quadudal,
-si sagement que cil de dehors y perdirent plus souvent qu'il n'y
-gaegnoient. Si avoient fait li signeur de France drechier grans
-enghiens devant la cité, qui y gettoient grosses pierres et qui trop
-durement le travilloient.
-
-Endementrues que chils sièges estoit si grans et si fors devant Rennes,
-la comtesse de Montfort, qui se tenoit en Hainbon o grant fuison de
-chiaux de son acord, eult consseil que elle envoieroit au secours
-deviers le roy d'Engleterre, de qui ses sires li comtez de Montfort
-avoit relevet la duché de Bretaingne: si l'en devoit aidier à deffendre
-et à gharandir contre tous hommez. La damme de Montfort eut ce consseil
-et le vollenté de là envoiier; mès à trop grant dur trouva elle qui y
-volsist aller, car nulz ne le volloit laissier ou parti où elle estoit,
-pour sen onneur. Toutesvoies, tant pria elle les ungs et les autres et
-leur remoustra tant de bellez et doucez parolles, que messires Amauris
-de Clichon s'acorda ad ce que il feroit le messaige. Si entra en ung
-vaissiel et prist bon maronnier, et se mist en mer en le vollenté de
-Dieu et dou vent, en singlant devers Engleterre, et arriva dedens cinq
-jours ou havene de Hantonne. Si demanda où li roys estoit; on li dist:
-à Londres. Adonc monta il à ceval et toutte se routte; et
-chevauchièrent tant qu'il vinrent à Londres.
-
-Quant li roys seut la venue monsigneur Amauri de Clichon, si en eut
-grant joie, car il penssoit bien avoir nouvellez de Bretaingne. Se le
-fist tantost venir avant et le rechupt liement, et li demanda que sa
-cousinne la contesse de Montfort faisoit: «En nom Dieu, monseigneur, si
-se recoummande à vous comme celle qui a grant mestier de vostre
-comffort, car messires Carlez de Blois et grant fuison de bonne
-chevalerie de Franche li font très forte guerre; et seoient devant le
-cité de Rennes, quant je me parti. Si vous prie madamme que vous le
-voeilliés secourir et envoiier par delà ung de vos petis marescaux qui
-li aye son hiretaige et de son fil à deffendre.»--«Par me foy, dist li
-roys, je le feray vollentiers.» Adonc regarda li rois sus monseigneur
-Gautier de Mauni et li dist: «Gautier, vous m'avés servi en pluiseurs
-bellez besongnes. Encorres vous prie jou que vous me servés en ceste,
-et je vous deliveray gens, or et argent assés pour furnir vostre
-voiaige.»--«Sire, respondi messires Ghautiers, Dieu me gart que jà je
-refusse cose que vous coummandés à faire. Or ordonnés dou sourplus, car
-je sui tous prês dou mouvoir quant il vous plaira.» Che dist li rois:
-«Grant merchy, messire Gautier.»
-
-Assés tost apriès, messires Gautiers de Mauny s'appareilla et ordonna;
-et fu ses mendemens fais et assis, et se carge, en le ville de
-Hantonne. Si se parti dou roy qui le fist souverain et cappittainne de
-ceste armée, et vint à Hantonne, et messires Amauris de Clichon o lui;
-et là sejournèrent il douze jours, en attendant leurs gens et en
-faisant leurs pourveanches, et ossi le vent qui leur estoit contraire.
-Au tresimme jour entrèrent il en mer. Si estoient trois cens hommez
-d'armes et douze cens archiers d'eslite. Avoecq monseigneur Gautier de
-Mauny estoient des chevaliers messires Frankes de Halle, messires
-Gerars de Baudresen, li doy frère de Loynendale, messires Loeys et
-messires Jehans, li Haze de Braibant, messires Hubers de Frenay,
-messires Alains de Sirehonde, li sires Despenssiers, li sires de
-Ferièrez, messires Thomas Kok, messires Hues de Hastinges, messires
-Alixandres Anssel, messires Jehans li Boutilliers et pluiseur aultre.
-Si nagièrent par mer et tournèrent leurs singlez par deviers
-Bretaingne. Che premier jour eurent il assés bon vent, le second les
-prist une fortune si grande que il quidièrent y estre tout peri; et les
-rebouta li vens bien parfont en Cornuaille. Si furent sur mer plus de
-soixante jours par les vens contrairez et par les fortunnez qui leur
-avinrent. Et toudis les atendoit de jour en jour la contesse de
-Montfort en grant mescief de coer; car bien savoit que chil de Rennes
-avoient moult à souffrir, et moult vollentiers les ewist conforté,
-s'elle pewist. Fo 66.
-
-_Ms. de Rome_: Qant ce vint sus le printemps, et que la douce saison fu
-retournée, messires Carles de Blois envoia ses messages en France, et
-par especial le seigneur de Biaumanoir deviers le roi son oncle, pour
-priier que il li vosist envoiier gens qui li aidassent à reconquerir le
-demorant dou pais de Bretagne. Li rois s'enclina à celle priière et
-manda au conte Raoul d'Eu, son connestable, et au conte de Ghines, son
-fil, que il fesist son mandement de gens d'armes et d'arbalestriers, et
-s'en alast en Bretagne. Li dus de Bourbon, messires Jaquemes de
-Bourbon, li contes de Blois, li contes de Vendome, mesires Loeis
-d'Espagne, li sires de Chastellon, li sires de Couchi, li sires de
-Montmorensi, li sires de Saint Venant et grant fuisson de la baronie et
-chevalerie de France se ordonnèrent et se missent au cemin. Et
-esploitièrent tant que il vinrent en la chité de Nantes, et se
-trouvèrent, sus quinse jours, bien six mille honmes d'armes et douse
-mille honmes à lances et as pavais, parmi les arbalestriers geneuois,
-des quels mesire Oste Dorie estoit chapitainne, et avoecques li
-messires Carles Grimaus. Et se departirent un jour de Nantes en grant
-arroi et poissance, et prissent le cemin de Rennes, et fissent tant que
-il i parvinrent, et bastirent là lor siège tout à l'environ. Pour ces
-jours avoit grans fourbours à Rennes, mais li chapitainne de Rennes et
-li saudoiier qui dedens estoient, qant il sentirent que on les venoit
-assegier, les ardirent, et avoient fortefiiet grandement lor ville de
-toutes pars. Par devant Rennes ot grant siège et lonch, et qui moult
-avant dura en l'esté, et fait tamainte escarmuce et maint assaut. Et
-moult bien s'i portèrent chil de dedens, voires li gentilhonme,
-messires Guillaume de Quadudal et li aultre; et avoient tous jours
-regart sus les bourgois de Rennes que il ne fesissent auqun vilain
-tretié à ceuls de l'oost.
-
-La contesse de Montfort, qui se tenoit à Vennes, n'estoit pas forte
-assés pour lever le siège, et dist à son consel: «Il me fault envoiier
-au secours en Engleterre. Je poroie bien trop atendre.» Son consel fu
-d'acort à tout ce faire, et priiés de par li messires Amauris de Cliçon
-que il i vosist aler. Li chevaliers ne l'euist jamais escondit et
-s'ordonna à partir. Et qant il ot ses lettres adreçans au roi
-d'Engleterre et à mesire Robert d'Artois et à auquns barons et
-chevaliers d'Engleterre, il entra en un vassiel ou havene de Vennes
-meismes, et se departi et singla tant par mer, à l'aide de Dieu et dou
-vent, que il vint à Pleumude. Et là s'arestèrent et ancrèrent li
-maronnier, puis issi li dis messires Amauris de son vassiel et sa
-famille; et se rafresqirent dedens la ville et pourveirent des chevaus.
-Et qant il furent tout apparilliet, il montèrent et chevaucèrent viers
-Londres, et tant fissent que il i parvinrent. Pour ces jours, li rois
-et la roine et mesires Robers d'Artois estoient en la marce de Bristo:
-si lor fu painne. Toutes fois il ceminèrent celle part, et trouvèrent
-le roi et la roine qui festioient le conte de Saslebrin et le conte de
-Sufforch, qui nouvellement estoient issu hors de la prison de France,
-et s'estoient rançonné li doi conte à vint mille nobles.
-
-Qant mesires Amauris de Cliçon fu venus deviers le roi, on li fist
-voie. Il se mist en genouls; il bailla ses lettres. Li rois les prist
-et les lissi; et portoient creance. Adonc fu trais à part dou roi
-mesires Amauris de Cliçon, et encores en ce consel li rois apella
-mesire Robert d'Artois. Et là parla li dis chevaliers et compta tout
-l'estat de Bretagne, et conment on s'i portoit, et de la chité de
-Rennes conment elle estoit assegie. Et prioit li chevaliers au roi, de
-par la contesse, que il i vosist entendre, pour aidier à deffendre et
-garder le pais, car sans son aide la poissance de la dame estoit moult
-petite, car si ennemi tenoient les camps. Li rois respondi et dist:
-«Mesire Amauri, vous nous estes li bien venus; et dedens quinse jours,
-nous serons en la marce de Londres, et auerons une partie de nostre
-consel, et là serés vous expediiés de toutes coses; mais nous sonmes
-pour le present sus nostres deduis. Si ne poons pas entendre à tels
-coses, ne faire response telle que li chas demande; car nous avons
-trieuves, ensi que vous savés, à nostre adversaire Phelippe de Valois.
-Si nous couvient bien avoir consel conment nous nos ordenerons de la
-gerre de Bretagne.» Messires Amauris de Cliçon se contenta assés de
-ceste response, et se departi (du roi) et de mesire Robert d'Artois, et
-s'en retourna à Londres.
-
-Qant ce vint au jour que li rois deubt estre à Londres, il i fu et jà
-avoit il escript et mandé son consel, celi que il voloit avoir. Et tout
-furent à Wesmoutier, et là vint messires Amauris de Cliçon. Si fu
-appellés en la cambre dou consel, et là, en la presence dou roi et dou
-consel, il remoustra ce pour quoi il estoit venus, et prioit que il
-fust briefment respondus, et la contesse de Montfort, sa dame,
-secourue. On fist issir le chevalier de la cambre, tant que li consauls
-dou roi euist parlé ensamble.
-
-Là ot en ce consel pluisseurs coses et paroles retournées, car li rois
-d'Engleterre ne voloit nullement enfraindre ne brisier les trieuves qui
-données estoient, jurées et seelées à tenir deus ans entre li et
-Phelippe de Valois. Et ossi il couvenoit que la contesse de Montfort
-fust aidie et confortée dou roi et des Englois, puis que on avoit la
-ducée de Bretagne relevé de li, et que on le tenoit et voloit tenir en
-foi et en honmage de la couronne d'Engleterre. Or fu avisé que on
-feroit une cose raisonnable, sans ce que li rois s'en ensonniast en
-riens. Puis que la contesse de Montfort mandoit secours, on l'en
-envoieroit pour ses deniers, tant conme elle en vodroit avoir et poroit
-paiier, ce point ne li pooit on oster; et qant les trieuves seroient
-fallies entre France et Engleterre, li rois aueroit aultre consel. Donc
-fu apellés messires Amauris de Cliçon, et li fu dit conment pour celle
-fois il couvenoit que il ouvrast. Qant il vei ce, il considera raison
-et se delivra dou plus tos que il pot, et quist gens d'armes et
-archiers; et li signeur d'Engleterre li aministrèrent lesquels il
-prenderoit pour bien faire sa besongne.
-
-Tout nouvellement estoit retournés dou roiaulme d'Escoce messire
-Gautiers de Mauni, un jones chevaliers de Hainnau, qui trop
-vaillanment s'i estoit portés en tous les fais d'armes où on l'avoit
-veu et trouvé, et tant que il en avoit souverainnement la grace et la
-renonmée. Si fu retenus de mesire Amauri de Cliçon, et pour estre
-saudoiiers à la contesse de Montfort et chapitainne de tous les
-aultres, et ot de sa carge trois cens lances et deus mille archiers. Et
-fu tout de fait aviset si grande la carge d'archiers pour raemplir les
-garnisons. Si ordonnèrent lors pourveances et lors navies à Pleumude,
-et qant tout fu prest, et chil venu qui devoient passer oultre en
-Bretagne, il entrèrent en lor vassiaus. Si se desancrèrent dou port de
-Plemude et entrèrent en mer. Avoecques messire Gautier de Mauni, qui
-souverains fu de ceste armée, estoient doi chevalier frère, Lois et
-Jehans de Leinendale, mesires Hubiers de Frenai, le Hazle de Braibant,
-mesire Gerart de Baudresen, mesires Alains de Sirehomde, mesires Lois
-Clambo, mesires Edouwars de Lanton, messire Guillaumes Touchet, mesires
-Hues de Ferrières, Guillaume Penniel, Thomas Paule, Jehan et Guillaume
-Clinqueton et pluisseur aultre; et singlèrent par mer et tournèrent
-viers Bretagne. Mais qant il furent en mi cemin de la mer, il orent
-fortune moult grande et vent si contraire que il furent sus le point de
-estre tout perdu; et les boutèrent chil vens et celle fortune en la mer
-d'Irlande. Et furent plus de quinse jours avant que il peuissent
-retourner sus lor cemin, et vinrent prendre terre à lor retour de la
-mer d'Irlande en l'ille de Breha, c'est des tenures de Bretagne; et là
-se rafresqirent quatre jours. Et puis rentrèrent en lors vassiaus, et
-prissent la mer pour venir à Hainbon là où la contesse de Montfort les
-atendoit, à laquelle nous retournerons un petit, et parlerons dou siège
-de Rennes. Fos 78 et 79.
-
-P. 140, l. 21 et 22: deus mille ou trois mille.--_Mss. B 3, A 11 à 14,
-18, 19, 23 à 33_: deux ou trois mille. Fo 79 vo.--_Mss. A 1 à 10, 15 à
-17, 20 à 22_: trois ou quatre mille. Fo 89.
-
-P. 140, l. 28: Neynendale.--_Mss. B 3, A 7 à 10, 15 à 17, 23 à 33_:
-Leynendale, Leynondale, Lynnodale, Leynoudale. Fo 79 vo.--_Mss. A 1 à
-6, 18 à 22_: Leynodelle. Fo 89.--_Mss. A 11 à 14_: Leindechalle. Fo 86.
-
-P. 141, l. 7: Rennes.--_Mss. A 15 à 17_: où vaillaument ilz se
-tenoient. Fo 90 vo.
-
-
-=§ 164.= P. 141, l. 8: Or est.--_Ms. d'Amiens_: En che terme que la
-damme de Montfort avoit envoiiet au secours en Engleterre, et les lons
-jours qu'il missent au venir, eut devant la chité de Rennes tamaint
-grant assault et mainte forte escarmuche. Et tant y sirent li Franchois
-que cil de dedens en estoient tout anoieus. Et vollentiers se fuissent
-rendut à monseigneur Carlon de Blois, se messires Guillaummes de
-Quadudal l'ewist conssenti; mès nullement il ne s'i volloit accorder.
-Et leur brisoit et tolloit toudis leur proupos; et leur disoit que, se
-il plaisoit à Dieu, il ne feroient jà lasqueté à leur bonne damme.
-
-Li bourgois de Rennes, qui durement estoient apresset de ce siège, et
-qui veoient leurs biens gaster de tous costéz, et sentoient le comte de
-Montfort pris, et ne perchevoient nul secours de nul costet, eurent
-entr'iaux advis et accord qu'il se renderoient; et se messires
-Guillaummes de Quadudal ne s'i volloit assentir, il le prenderoient et
-le meteroient en prison. Ensi qu'il proposèrent, il le fissent; et
-remoustrèrent leur entente et le povreté où il estoient et pooient
-encorrez esceir plus grande, et de legier: pour quoy il se volloient
-rendre et yssir de ce peril. Li chevaliers, pour amorir, ne s'i fust
-jammais acordé. Et quant li bourgois virent che, il le prissent de
-force et l'emprisonnèrent. Et puis envoiièrent tretier deviers
-monseigneur Carlon de Blois que il li renderoient la cité de Rennes,
-par condition que il li volsissent pardonner son mautalent et sauver
-les biens de le ville, et quitter le chevalier qu'il tenoient en
-prison, et laissier aller, quel part qu'il volsist, Monfortois ou
-autre, et tous chiaux ossi qui ceste oppinion volloient tenir.
-
-Messires Carles de Blois, par le consseil qu'il eut des seigneurs de
-France qui là estoient, s'i accorda et leur pardonna son mautalent; et
-entra en le chité de Rennes à grant pourcession et à grant joie, et
-prist l'ommaige et le feauté des bourgois de le cité et leur tint tout
-leur convens. Si fu mis messires Guillaummes de Quadudal hors de
-prison. Et li fu demandet de quel costet il se volloit traire: il
-respondi que il avoit son sierment à sa damme et que celle part iroit
-il, se on le laissoit aller; et on li dist: «oil.» Enssi s'en vint li
-chevaliers à Hainbon deviers la comtesse de Montfort, qui le rechupt à
-joie, mais elle fu mout couroucie quant elle seut que la cité de Rennes
-estoit rendue; et si n'ooit nulle nouvelle de monseigneur Amauri de
-Clichon, ne de sa compaignie. Fo 66.
-
-_Ms. de Rome_: Messires Carles de Blois et li signeur de France desus
-nonmet tinrent le siège assés longement devant la chité de Rennes, et i
-livrèrent pluisseurs assaus, tant que li bourgois de Rennes se tenoient
-à moult cargiet dou dit siège, et euissent volentiers entendu à auquns
-trettiés deviers messire Carle, se il euissent osé; mais il doubtoient
-lor chapitainne et les saudoiiers, et disoient entre euls: «Nous sonmes
-plus que fol, qui nous faisons guerriier et destruire pour la contesse
-de Montfort, et tenons son opinion à bonne. Si en perdons nos biens as
-camps et nos hiretages, et en sonmes tous les jours en aventure d'estre
-mort par les assaus et escarmuces que chil de l'ost nous font. Et ne
-nous est apparans nuls confors de nul costé, car celle contesse à la
-longe ne puet durer contre la poissance de France.»
-
-Tant parlèrent et murmurèrent secretement entre euls chil de Rennes que
-de un conmun acord une nuit il prissent lor chapitainne messire
-Guillaume de Quadudal et l'emprisonnèrent en une tour, et des
-saudoiiers auquns, liquel estoient à lor avis li plus poissant, par
-quoi il fuissent mieuls au desus de lor emprise. Et puis il tretiièrent
-deviers mesire Carle de Blois et les François. Et se rendirent par
-condition telle que ceuls que il avoient pris, il les deliveroient
-quites et delivrés, et les lairoient aler euls et le leur deviers la
-contesse de Montfort, se aler i voloient; et euls aussi et le lour
-demoroient en segur estat, et il devenoient bons François, et
-recongnissoient messire Carle de Blois à lor signeur et à duc de
-Bretagne.
-
-On entendi volentiers à lors trettiés, et lor furent acordé, juré et
-tenu, tout ensi conme il le vodrent avoir. Et se partirent mesires
-Guillaumes de Qadudal et tout li compagnon que la contesse i avoit
-envoiiet, car jamais ne se fuissent tourné François, de la chité de
-Rennes, et cargièrent toutes lors coses, sans riens laissier derrière,
-et s'en alèrent à Hainbon deviers la contesse, qui moult fu courouchie
-de ces nouvelles et ot pluisseurs imaginations, pour tant que elle
-n'ooit nulles nouvelles de mesire Amauri de Cliçon, et faisoit doubte
-que il ne pooit esploitier, pour tant que son mari estoit tenus des
-François, et ne savoit se il estoit mors ou vifs. Fo 79 vo.
-
-
-=§ 165.= P. 142, l. 3: Quant la.--_Ms. d'Amiens_: Quant la cité de
-Rennes se fu rendue, ensi comme vous avés oy, et li bourgois eurent
-fait le feaulté à monseigneur Carlon de Blois, et il eut pris le
-saisinne et le possession de tout et regardé as ordounnanches de le
-cité, et fait reparer che qui desparet estoit par son assault, si ot
-consseil à ses amis de Franche quelle part il poroit traire à tout son
-host, pour mieux avant esploitier de reconquère le remannant. Li
-conssaux se tourna à çou qu'il se traisist par devant le fort castiel
-de Hainbon, là où li comtesse et ses filz estoient; car puisque leurs
-sirez li comte de Montfort estoit emprissonnés, se il pooit prendre le
-ville, le castiel et le comtesse et son fil ossi, il aroit tost sa
-guerre affinnée. Enssi fu fait. Si se traisent tuit vers Hainbon, et
-assegièrent le ville et le chastiel tout autour tant qu'il porent par
-terre. La comtesse estoit si bien pourveue de bons chevaliers et
-d'autres souffissans gens d'armes qu'il couvenoit pour deffendre le
-ville et le castiel; mès toudis estoit en grant souppechon dou secours
-d'Engleterre que elle atendoit, et si n'en ooit nullez nouvelles. Ains
-avoit doubtance que grans meschiés ne leur fust avenus, ou par fortune
-de mer, ou par encontre d'ennemis. Avoecques lui estoit en Hainbon li
-evesques de Lion en Bretaingne, dont messires Hervis de Lion estoit
-onclez, qui estoit de l'autre partie. Et si y estoit messires Yewez de
-Tiegueri, li sires de Landreniaus, li doy frère de Pennefort, li
-castelains de Guigant et pluiseur autre bon chevalier et escuier de
-Bretaingne. Quant la comtesse et cil chevalier qui en Hainbon se
-tenoient, entendirent que chil seigneur de Franche venoient pour yaux
-assegier et que il estoient assés priès de là, il fissent coummander
-que il sonnaissent le blancloque, et que chacuns s'allast armer et
-allast à sa deffensce, enssi que il estoit ordonnet. Et chacuns obei
-sans contredit.
-
-Quant messires Carlez de Blois et li seigneur franchois furent
-aprochiet de le ville de Hainbon et il le virent forte et bien
-breteskie, il fissent leur gens logier et amanagier, enssi qu'il
-appartient, quant on voelt faire siège. Aucun jouene et legiers
-compaignons geneuois, espaignol et franchois allèrent jusques as
-baillez pour paleter et escarmuchier; et aucuns de chiaux de dedens
-yssirent contre yaux, enssi que on fait souvent en telx besoingnes. Là
-eult pluiseurs hustins, et pardirent plus li Geneuois et Espagnol qu'il
-n'y gaignièrent, enssi qu'il avient souvent par lui follement
-abandounner. Quant li soirs aprocha, chacun se retrai à se loge.
-L'endemain, li seigneur eurent consseil qu'il feroient au matin
-assaillir lez baillez fortement, pour veoir le contenanche de chiaux de
-dedens, et pour veoir se il y poroient riens concquester. Au tierc jour
-dou siège durant, il s'armèrent en l'ost et vinrent devant les murs,
-environ heure de prime. Si coummenchièrent ung assault très fort et
-très fier de traire et de lanchier et de faire touttes appertises
-d'armes, et chil de d'ens à yaux deffendre de grant couraige. Et dura
-chilz assaux continuelment jusques à heure de nonne, que Geneuois et
-Espagnols, qui moult s'abandonnoient, furent durement lasset et
-travilliet, et pluiseur mort et navret. Si se retraissent pour le
-foule, et pour remettre à point lez blechiés. Quant li seigneur de
-Franche virent leurs gens retraire et enssi que refroidiéz, si en
-furent durement coreciet. Si fissent touttez mannierrez de gens retrère
-avant et yaux encoragier et enhardir, et plus fort assaillir que
-devant; et chil de dedens si s'efforchièrent ossi dou bien deffendre.
-Là estoit la comtesse de Montfort toutte armée, montée sus un
-courssier, et chevauchoit de rue en rue par le ville et semonnoit ses
-gens de bien deffendre. Et faisoit les femmes de le ville, dammes et
-autrez, deffaire les chauchies et porter les pières as cretiaux pour
-jetter as ennemis; et faisoit aporter bombardes et pos plains de vive
-cauch, pour plus ensonniier chiaux de l'ost. Fos 66 vo et 67.
-
-_Ms. de Rome_: Ensi eurent messires Carles de Blois et li François la
-chité de Rennes, et entrèrent dedens à grant joie. Et rechurent li
-bourgois le dit mesire Carle à duch et à signeur et le menèrent à
-l'eglise, et là jura solempnelment sus Saintes Ewangilles que il les
-tenroit as us et as coustumes brettes; et tout devinrent si honme. Si
-se rafresqirent quatre jours en la chité des biens qui lor vinrent de
-sus le pais, et que il i trouvèrent. Et orent là li signeur consel
-ensamble où il se trairoient, ou devant Vennes, ou devant Hainbon là où
-la contesse de Montfort estoit. Consilliet fu que il iroient devant
-Hainbon, et encloroient la contesse là dedens; et, se il le pooient
-conquerir, lor guerre seroit finée. Si se departirent un jour de Rennes
-en grant conroi, et s'en vinrent à Hainbon; et l'asegièrent par terre
-et environnèrent si avant que il porent, car au lés deviers la mer il
-ne pooient bastir nul siège.
-
-La contesse estoit bien pourveue de ses amis, de chevaliers et
-d'esquiers et de bonnes gens d'armes, les quels elle tenoit à ses gages
-à Hainbon, à ville et chastiel. La contesse se tenoit ou chastiel, et
-ses gens en la ville. Avoecques la contesse de Montfort, qant li
-François vinrent là, estoient mesires Ives de Tigeri, li sires de
-Landreniaus, li chastellains de Ghingant, li doi frère de Quirich,
-messires Henris de Pennefort et messires Oliviers, son frère, et li
-evesques de Lion en Bretagne, dou quel messires Hervis de Lion, qui se
-tenoit avoecques messire Carle de Blois, estoit oncles. Entrues que li
-François se logoient, li Geneuois et li Espagnols, des quels mesires
-Loys d'Espagne, marescal de l'oost mesire Carle, estoit chapitainne,
-voires avoecques lui mesires Othes Dorie, alèrent escarmuchier as
-barrières. Et là vinrent chil de la garnison, qui vaillanment s'i
-portèrent; et dura li escarmuce jusques au soir que tout se retraissent
-as lors logeis. A l'endemain, de rechief on vint as bailles lancier et
-escarmuchier; et en i ot biaucop de bleciés de une part et d'aultre. Et
-entrues que li escarmuce estoit, on assalloit as murs priès que de
-toutes pars, et chil de la ville se deffendoient vaillanment. La
-contesse de Montfort, qui avoit coer d'onme et de lion, estoit armée et
-montée sus un coursier, et amonestoit ses honmes de bien faire. Et
-cevauçoit de rue en rue, et faisoit par les fenmes et les enfans
-deffaire les cauchies, et porter la pière et les calliaus sus les murs,
-et servir ceuls qui se deffendoient. Fo 79 vo.
-
-P. 142, l. 22: li evesques de Lyon.--_Mss. A 20 à 22_: oncle à messire
-(Hervi) de Lyon. Fo 135.--_Tous les autres mss. A et tous les mss. B
-donnent la mauvaise leçon_: dont messires Hervis de Lyon estoit neveus.
-
-P. 142, l. 26: Quirich.--_Mss. A 11 à 14_: Quintin. Fo 86 vo.
-
-
-=§ 166.= P. 144, l. 7: Encores.--_Ms. d'Amiens_: Or pourés oïr une très
-grant emprise et ung mervilleux et outrageux fait d'armes que ceste
-comtesse fist. Elle qui oncques ne cessoit d'aller de l'un à l'autre
-pour rencoragier sez gens, et ossi à le fois elle montoit en une haute
-tour dou castiel pour mieux aviser le contenance de chiaux de l'ost, si
-regarda une fois que elle estoit là montée, que tout li seigneur de
-France et touttez mannierrez d'autrez gens estoient à l'assault et
-entendoient si fort et si ententivement à l'assaillir, que tout li
-logeis estoient ensi que wuit et sans garde. Que fist elle pour
-adamager chiaux de l'ost? Elle requeilli environ trois cens compaignons
-et les fist monter à cheval, et se parti de Hainbon par une fausse
-postierne qui ouvroit sus le mer, auquel endroit il n'y avoit adonc
-point d'assault; et prist son tour tout autour de le ville par voies
-couvertez. Bien avoit qui mener le savoit, et s'en vint ens ès tentez
-et ens ès logeis de France, et se feri dedens vassaument, et fist ses
-gens espardre en pluisseurs lieux; car nulz n'y estoit, qui leur pewist
-contredire, fors aucuns garchons et vallès chetilz. Là tuèrent il, et
-boutèrent le feu à mout vent ens ès tentes et ens ès logeis lez
-seigneurs de Franche. Tantost li feux s'esprist grans et villains, car
-li une tente ardoit l'autre, tant que li punaisie et li fumière en
-descendoit sour chiaux qui à l'assaut estoient. Quant li seigneur de
-France virent leurs loges ardoir, et oïrent le hu et le cri qui de
-celle part venoit, il furent tout esbahy et coururent vers leurs
-logeis, en criant: «Trahi! Trahi!» Et ne demoura nuls à l'assault.
-
-Quant la dessus dite comtesse vit l'ost estourmir et de touttes pars
-gens acourir, elle requeilla et rassambla ses gens bellement et
-sagement, et perchut bien que elle ne poroit rentrer en le ville sans
-trop grant perte. Si s'en alla ung autre chemin droit par deviers le
-castiel de Braait, qui siet à quatre lieuwes priès de là. Quant
-messires Loeys d'Espaingne, qui estoit connestablez adonc de toutte
-l'ost et qui ceste aventure avoit pris en grant despit, quant il parfu
-venus as loges et il lez vit ardoir et flammer, et la comtesse et sa
-gent qui s'en alloient quanqu'il pooient, il se mist en cace apriès
-yaux pour yaux raconssuiwir en criant son cor, et chacuns sieuwi sa
-bannierre. Si furent durement enchauchiés la comtesse et li sien; et en
-tuèrent aucuns qui estoient mal montés. Et dura li cace jusquez à
-Braait, où la comtesse et li sien se sauvèrent et boutèrent; et lez
-requeillirent chil de laiens à grant feste.
-
-Quant messires Loeys d'Espaingne seult par les prisonniers que pris en
-cette cache avoit, que c'estoit la comtesse qui che destourbier li
-avoit portet et à toutte l'ost, si fu durement courouchiéz de ce que
-elle li estoit escappée ensi. Si s'en retourna deviers leur ost et
-compta as seigneurs que ce avoit estet la comtesse de Montfort qui
-ceste envayée leur avoit fait: si en furent durement esmervilliet li
-ung par l'autre coumment elle avoit oset entreprendre tel fait, et li
-mettre en si grant aventure et en tel parti d'armes. Se li tinrent li
-aucun à outraige et à folie, et li autre à proèce et à vaillanche. Se
-chil de dehors en estoient esmervilliet, chil de dedens, ses gens
-meymmez, l'estoient plus; et ne pooient apenser coumment la comtesse
-avoit tout ce adviset, ne oset entreprendre. Mais il furent, le parfait
-dou jour et toutte la nuit enssuiwant, en grant frichon et esmay de ce
-que la damme ne nulx de ses compaignons ne retournoit: si n'en savoient
-que pensser, ne quoy adviser; et se doubtoient que elle ne fuist prise,
-et toutte la compaignie qui avoecq lui yssi, ossi morte ou prise au
-mieux venir. Fo 67.
-
-_Ms. de Rome_: Encores s'avisa celle contesse de une très grande
-emprise que on li doit bien tourner à vaillance, car elle fist environ
-deus cens honmes des siens monter as cevaus, et puis fist ouvrir une
-porte où nuls n'asalloit. Et se partirent, elle et ses gens, et s'en
-vinrent par derrière bouter et fraper ens ès logeis des François, qui
-n'estoient pour l'eure gardé que de varlès et garçons, car tout honme
-d'armes entendoient à l'asaut ou il le regardoient. Qant la contesse fu
-là venue, elle fist bouter le feu en plus de trente lieus. Li feus et
-la fumière s'eslevèrent; la noise et li cris conmenchièrent à lever.
-Chil qui asalloient, laissièrent tout quoi ester les assaus, et
-s'esmervilloient que ce pooit estre. Et perdirent li signeur, par celle
-emprise et ce feu, grant fuisson de lors chevaus et de lors
-pourveances.
-
-Messires Lois d'Espagne, marescaus de l'oost, fu auques li uns des
-premiers qui retournèrent sus les logeis, et entendi que la contesse de
-Montfort avoit fait celle emprise. Il ne fu pas si courouciés dou
-damage que il fu resjois de ce que la contesse estoit hors de la
-garnison, et cria en hault: «Or, tos as chevaus! Celle fenme et sa
-route soient poursievoit! Jamais ne renteront en Hainbon, ne en
-forterèce qui soit en Bretagne: il sont nostre. Aultrement ne poons
-nous avoir fin de gerre.» Lors veissiés toutes gens haster et monter
-sus chevaus, et euls asambler dalés le marescal qui faisoit sonner ses
-tronpètes à grant effort pour requellier ses gens; et prendoient le pas
-de la ville pour enclore la contesse au dehors, ensi que il fissent. La
-contesse perchut bien que point ne poroient rentrer en Hainbon. Si
-prist les camps et dist à ces gens: «Chevauçons viers Brest. La
-garnison est pour nous. Là serons nous receu.» Il fissent ensi que elle
-ordonna, et prisent le cemin de Brest, et estoient jà moult eslongiet
-avant que on s'en perçuist en l'oost; car messires Lois d'Espagne et li
-François avoient clos les pas et les rentrées en Hainbon, à la fin que
-il fuissent au desus de la contesse et de ses gens. On vint dire et
-nonchier à mesire Lois: «Sire, vous arestés ichi pour noient; la
-contesse et ses gens s'en vont viers Brest.»
-
-Qant messires Lois d'Espagne oï ces nouvelles, si dist: «Apriès!
-apriès!» Lors veissiés toutes gens desrouter et ferir à l'esporon
-apriès la contesse. Ce jour furent li François bien ensonniiet, car li
-auqun entendoient au cachier, et li aultre à estaindre le feu qui se
-mouteplioit ens ès logeis, qui lor fist grant damage de lors chevaus,
-de lors harnas et de lors pourveances. Meismement li auqun François
-disoient l'un à l'autre: «Veés la vaillant contesse, et qui bien scet
-guerriier et a fait aujourd'ui une grande emprise, issu de la ville de
-Hainbon, ars nostres logeis, fait cesser l'asaut de devant Hainbon; et
-encores s'en va elle à Brest, et tout acomplira ces emprises sans son
-damage.» Il disoient verité, car onques mesires Lois d'Espagne ne sa
-route ne le peurent rataindre; mais s'en vint bouter ou chastiel de
-Brest. Il i eut bien auquns de ses honmes mal montés qui furent
-raconsievi sus le cemin, et chil là demorèrent prisonnier et en la
-volenté de lors ennemis.
-
-Trop fu mesires Lois d'Espagne courouchiés qant il vei que la contesse
-de Montfort li estoit escapée et entrée ou chastiel de Brest. Si s'en
-retourna tout le pas. Tant estoient lor ceval essouflé que jusques à la
-grose alainne. Et vinrent li François as logeis et trouvèrent que on
-estoit moult ensonniiet de remetre à point tentes et trefs, et de faire
-nouviaus logeis de fuellies, et de envoiier as pourveances à Rennes et
-sur le plat pais, car les lors estoient moult adamagies. Messires Lois
-d'Espagne, qant il fu descendus et desarmés, il se traist devant la
-tente de mesire Carle de Blois. Et là estoient li contes de Blois, li
-dus de Bourbon, li contes de Pontieu, li contes d'Eu, connestables de
-France, et li sires de Chastellon; et ne se pooient taire à parler de
-ceste contesse de Montfort, de la hardie et outrageuse emprise que elle
-avoit fait. Et qant messires Lois d'Espagne fu venus, encores li
-demandèrent il de la cace et conment elle li estoit escapée. Il
-respondi bien: «Elle s'est sauvée, et ses gens aussi, et bouté dedens
-le chastiel de Brest.»--«Or bien, respondirent il, puisque elle est là,
-elle s'i tenra; et de tant est la garnison de Hainbon afoiblie de force
-et de consel, car elle en a mené avoecques li biaucop de bonnes gens.»
-Ensi se apaisièrent il en l'oost et passèrent la nuit. Et avoient esté
-le jour lassé et travilliet, tant pour le assaut qui fu grans, que de
-la cace que il avoient fait apriès la contesse, que de ce que il
-avoient esté trop destourbé des logeis auquns que on lor avoit ars; et
-ne se doubtoient de nului, car il sentoient la contesse à Brest, si
-ques sus la fiance de ce il dormirent la nuit et la matinée plus
-longement. Fo 80.
-
-P. 144, l. 12: tout cil de l'ost.--_Ms. B 6_: excepté les garçons qui
-gardoient les chevaus. Fo 201.
-
-P. 144, l. 16: trois cens.--_Ms. B 6_: cent. Fo 144.
-
-P. 144, l. 21: arses.--_Ms. B 6_: car bien le tiers de leur trés et
-pavillons fust tout ars. Fo 201.
-
-P. 145, l. 4: à trois liewes priès de là.--_Mss. A 11 à 14_: à quatre
-lieues près de là. Fo 87.--_Mss. A 1 à 7, 18 à 33_: qui siet assez près
-de là. Fo 90.
-
-P. 145, l. 24: quisençon.--_Mss. A 1 à 6, 15 à 19_: cuisanson,
-cuisançon. Fo 90 vo.--_Mss. A 11 à 14, 20 à 33_: mesaise, malaise. Fo
-87.
-
-
-=§ 167.= P. 145, l. 28: A l'endemain.--_Ms. d'Amiens_: Quant ce vint à
-l'endemain, li seigneur de France, qui avoient perdut lors tentez et
-lors pourveanchez, eurent consseil que il se logeroient de arbres et de
-foeillies plus priès de le ville, et qu'il se maintenroient plus
-sagement. Si se allèrent logier à grant painne plus priès de le ville,
-et disoient en gabois à chiaux de le fortrèche: «Alés, seigneurs, allés
-requerre vostre comtesse. Certez, elle est perdue, vous ne le trouverés
-en pièche.» Quant chil de Hainbon, gens d'armes et autrez, oïrent tels
-parollez, il furent esbahit et eurent grant paour que grans encombriers
-ne fust avenus à la damme. Si ne savoient que croire, pour tant que
-elle point ne revenoit, ne n'en ooient nulles nouvelles. Si demourèrent
-en tel paour et en tel esmay de leur damme par l'espasse de cinq jours.
-
-Or vous diray de la comtesse de Montfort quelle cose elle fist. Se elle
-avoit fait une felle emprise, encorres, ce me samble, fist elle ossi
-perilleuse. Et sachiéz que là où elle estoit ens ou castiel de Braait,
-elle n'estoit point à se aise, pour tant que elle penssoit bien que ses
-gens de Hainbon ne savoient point que elle estoit devenue. Si s'avisa
-que elle metteroit tout pour tout et que, se elle estoit yssue d'un
-peril, encorres ysteroit elle dou second. Si se pourcacha tant que elle
-ot bien cinq cens compaignons armés et bien montés; puis se parti de
-Braait entour le mienuit, et s'en vint droit au point que li sollaux se
-liève, à chevauchant, à l'un de(s) costé(s) de l'ost. Et envoya devant
-à Hainbon et fist ouvrir le porte, et entra ens à grant joie et à grant
-son de trompes et de naquairez et de cornemuses: de quoy li hos des
-Franchois fu durement estourmis. Si se fissent tout armer et coururent
-par deviers le ville pour assaillir, et chil de dedens as fenestres
-pour le deffendre. Là commencha grans assaux et fors, qui dura jusques
-à haulte nonne; mès toudis y mettoient plus chil de dehors que cil de
-dedens.
-
-Environ l'eure de nonne, li seigneur fissent cesser d'assaillir, car
-leurs gens se faisoient tuer et navrer sans raison; si se retraisent à
-lors logez. Et eurent, quant tout furent retret, li seigneur consseil
-que messires Carlez de Blois, li dus de Bourbon, messires Jaquemes de
-Bourbon, li comtez Loeis de Blois, li comtez d'Auçoire, li comtes
-Raoulz d'Eu, li comtes de Ghines, sez filz, li marescaus de France,
-messires Robers Bertrans, messires Carlez de Montmorensi, messires
-Ghuis de Cantemarle, li sires d'Avaugor et grant fuison d'autres
-seigneurs et leurs gens yroient devant (le) chastiel d'Auroy, que li
-roys Artus fist fonder. Et messires Loeis d'Espaingne, li viscomtez de
-Rohem, li sires d'Ansenis, li sires de Tournemine, li comtes de Joni,
-li sires de Rais, li sires de Rieus, li sires de Gargoule, messires li
-Ghalois de le Baume, messires Othes Doriie, messires Carlez Grimaus et
-tous li remannans dez Geneuois et d'Espagnols demorroient devant
-Hainbon; et manderoient douze grans enghiens qu'il avoient laissiet à
-Rennez, pour jetter à le ville et au castiel de Hainbon; car il veoient
-bien qu'il ne le poroient gaegnier, ne pourfiter à l'assaillir. Si ques
-il fissent deux hos: s'en en demora li une devant Hainbon, et li autre
-en alla assegier le castiel d'Auroy qui est moult fors; et bien
-pourveus estoit adonc de gens d'armes et de touttez pourveanchez. Et
-l'avoit la sepmainne (devant) la comtesse de Montfort rafreschi de gens
-d'armez et envoiiet deux vaillans chevaliers, en qui mout se fioit,
-pour gardiien et cappittainne dou dit fort: c'estoit messires Henris de
-Pennefort et messires Oliviers, ses frèrez. Fo 67.
-
-_Ms. de Rome_: Se la contesse de Montfort avoit fait, ce jour que elle
-issi hors de Hainbon, une hardie emprise, et que elle vint en Brest,
-encores fist elle parellement une aultre moult aventureuse. Et li
-signeur de France ne furent pas bien consellié qant il sentoient que
-elle estoit hors, et il ne missent enbusques sur li, dont depuis il
-s'en repentirent. Je vous dirai cause pourquoi. Qant la contesse fu
-venue en Brest, elle et ses gens mengièrent et burent moult
-legierement, et dormirent environ trois heures. Et qant il se furent
-rafresqi euls et lors chevaus, la contesse les fist resvillier et
-apparillier et armer, et prist encores jusques à cent compagnons de
-ceuls de Brest, et fist là laissier tous les foibles cevaus et
-renouveller d'aultres. Et partirent de Brest, la contesse tout devant,
-sus le point de mienuit; et chevauchièrent les bons galos le cemin de
-Hainbon. Et disoit ensi la contesse en cevauchant: «Ma bonne gent de
-Hainbon sont, je le sçai bien, à grant malaise de moi. Il fault que je
-les reconforte et que nous rentrons en la ville, et je vous aprenderai
-conment. Quant nous deverons aprochier la ville et l'oost, li une part
-des nostres iront estourmir et resvillier l'oost, et li aultre
-s'adrecera droit à Hainbon et fera ouvrir les bailles, avaler le pont
-et ouvrir la porte. Et sitos que li hoos se conmencera à estourmir, il
-se retrairont tout bellement, et nous les atenderons devant les
-barrières; et ensi petit à petit il renteront, et nous aussi, dedens
-Hainbon.»
-
-Ensi que la contesse de Montfort ordonna, il fu fait. Qant il orent
-cevauchiet depuis que il se furent departi de Brest, il vinrent droit
-sus le point dou jour assés priès de l'oost et de Hainbon. Il
-ordonnèrent messire Guillaume de Qadudal et mesire Ivon de Tigri, à
-deus cens honmes, aler escarmuchier et resvillier l'oost; et la
-contesse et le demorant venroient, entrues que on ensonnieroit les
-François, as bailles, et les feroient ouvrir. Lors s'en vinrent li doi
-chevalier et lor route sus l'oost; et entrues la contesse et li aultre
-prissent un viés chemin herbu, qui s'adreçoit droit sus les fossés. Ces
-deus coses furent faites tout à une fois. Li hoos resvillie à l'un des
-corons, et entrues que li estourmie se conmença à eslever, chil de
-d'ens orent congnisance que lor dame estoit à la porte, car celle nuit
-tout chil de Hainbon velloient et estoient trop esbahi et desconforté
-de lor dame la contesse. Qant il entendirent que elle estoit si priès
-de euls, si furent resjoi grandement, et avalèrent le pont et ouvrirent
-la porte et puis les barrières. Tout descendirent et missent lors
-chevaus dedens la ville, et puis s'ordonnèrent en atendant lors gens
-qui revenoient et qui avoient estourmi l'oost; et ne furent adonc de
-nului poursievi, et rentrèrent tout dedens la ville et le chastiel de
-Hainbon. Qant ce vint au matin, li François orent bien congnissance que
-la contesse de Montfort estoit retournée; si tinrent son fait et son
-emprise à très grant vaillance. Et dissent li signeur entre euls que li
-diables portoient celle contesse. Fo 80 vo.
-
-P. 146, l. 14: se parti.--_Ms. B 6_: au tierch jour. Fo 202.
-
-P. 146, l. 17: entra.--_Ms. B 6_: à plainne nonne. Fo 202.
-
-P. 147, l. 11: ala.--_Ms. B 6_: Sy se departirent à tout deux mille
-homes à cheval et quatre mille à piet, geneuois et autres; et s'en
-vinrent devant le chastiel d'Auroy et le assegèrent. Fo 202.
-
-
-=§ 168.= P. 147, l. 15: le chastiel d'Auroy.--_Ms. d'Amiens_: Quant
-messires Carlez de Blois parfu venus à toutte se host, il le assiega
-(le chastiel d'Auroy) tout environ, et fist envoiier dire à chiaux de
-dedens que il se voisissent rendre, et il leur pardonroit son
-mautalent; et feroit à chiaux de Pennefort otel pourfit, tous les ans,
-qu'il avoient de par la comtesse, ou plus grant, et lez retenroit de
-son consseil. Il n'eurent mies accord ne volenté dou faire; et
-respondirent qu'il estoient trop fort loiiet et acouvenenchiet à leur
-seigneur que on tenoit en prison, ossi à leur damme, et que il se
-travilloient en vain, qui de nul traitiet leur parloi(en)t. Dont dist
-messires Carlez de Blois que jammais de là ne partiroit si lez aroit à
-sa vollenté, et fist le castiel fortement assaillir par pluiseurs fois.
-Mès peu y gaegnièrent li assallant, car cil dou castiel estoient bien
-trois cens compaignons tous armés, et si avoient bonne cappittainne
-dont il valloient le mieux; et quoyque cil d'Auroy se deffendesissent
-si bien, si estoient il souvent assaillit et escarmuchiet.
-
-A quattre lieuwes priès d'Auroy, siet la bonne cité de Vennez qui se
-tenoit fortement à le comtesse; et en estoit messires Joffroy de
-Malatrait cappittainne, gentil homme et vaillant durement. D'autre part
-siet la bonne ville de Dinant en Bretaingne, qui n'estoit fremée fors
-de fossés et de palis. Si en estoit cappitainne de par le comtesse de
-Montfort uns durement vaillant homs, que on clammoit le castelain de
-Ghinghant; mès il estoit assis adonc dedens Hainbon avoecq la dessus
-ditte comtesse. Si avoit laissiet à Dinant, son hostel, medamme sa
-femme et ses fillez, et avoit laissiet cappittainne en lieu de lui
-monseigneur Renault, son fil, vaillant baceler et hardi homme durement.
-
-Entre ces deux bonnes villez de Vennes et (de) Dinant, seoit uns très
-fors castiaux qui se tenoit à monseigneur Carle de Blois. Et nomme hom
-le dit castiau le Rocheperiot, très fort lieu durement; ne oncques li
-comtez de Montfort ne le peut prendre par assault, ne par traitiet. Et
-l'avoit li dis messires Carlez (de Blois) fait bien garnir de gens
-d'armes et de saudoiiers, qui tout estoient bourghignon. Si en estoit
-souverains d'iaux ungs vaillans escuiers et assés jonez, que on
-clammoit Gerart de Malain; et avoit avoecq lui ung hardi et bon
-chevalier, que on clammoit messire Pière Portebuef. Chil doi
-cappittainne de Rocheperiot avoecq leurs compaignons honnissoient et
-gastoient tout le pays de là entours; et destraindoient si ouniement la
-chité de Vennes et la bonne ville de Dynant, que nulle pourveance ne
-marchandise ne pooit entrer ne venir, fors que en grant peril sus grant
-aventure. Car il chevauchoient ung jour par deviers Vennes, l'autre
-jour par deviers Dinant; et estoient si cremut et si redoubtet ou pays,
-que là environ on ne parloit d'autre garnison fors que de Rocheperiot.
-Tant allèrent et tant chevaucièrent de l'un à l'autre, que li jones
-bachelers messire Renaux de Ghinghant fist ung soir embusche sur yaux.
-Et par une matinée, enssi que il avoient chevauchiet deviers Dinant, et
-avoient rués jus bien vingt quatre marcheans et les enmenoient
-prisonniers en leur fortrèce, messires Renaulz leur vint sus elle à
-toutte sen enbusche et se feri en yaux vassaument; et se porta si bien
-et chil qui avoecq lui estoient à ce donc, que il desconfissent messire
-Pière Portebuef et Gerart de Malain et tous les Bourghignons qui avoecq
-lui estoient, et rescouissent lez marcheans et enmenèrent les deus
-cappittainnes prisonniers et bien vingt cinq des leurs en le ville de
-Dinant en Bretaingne, où il furent recheu à grant feste. Ceste nouvelle
-resjoy moult chiaux de Vennez et dou pais environ, et en fu li
-dammoisiaux messires Renaus durement prisiéz. Or lairay à parler de
-ciaus de Dinant, de Vennez et de Rocheperiot. Si parleray dou siège de
-Hainbon et de monseigneur Loeis d'Espaingne, ossi de la comtesse de
-Montfort.
-
-Vous devés savoir que messires Loeys d'Espaingne, qui souverains estoit
-de l'host qui se tenoit devant le ville et le castiel de Hainbon,
-mettoit grant advis et parfaite entente à conquère la garnison dessus
-ditte; et de soy meysmes il estoit bons chevaliers, hardis, seurs et
-entreprendans; et pour ce l'avoit monseigneur Carle de Blois fait
-connestable de toutte sen host, et y ajoustoit grant foy, et y tenoit
-bon linage. Si avoit li dis messires Loeys d'Espaigne fait amener et
-acariier douze grans enghiens de le cité de Rennez et fais drechier
-devant Hainbon, liquel jettoient si ouniement as murs de le ville que
-tous lez debrisoient et deffroissoient et moult empiroient la fremmeté:
-si que cil de dedens s'en coummenchoient à esbahir et à doubter le
-peril où il sejournoient. Si avoient vollenté de faire acord, car il ne
-veoient nul secours venir, ne de monseigneur Amauri de Clichon
-n'entendoient nullez nouvellez. Dont il avint que li evesquez messires
-Guis de Lion, qui estoit onclez à monseigneur Hervi de Lion, parla ung
-jour au dit monseigneur Hervy, son nepveult, par asseuration; et moult
-longement parlementèrent enssamble d'une raison et d'autrez. Et se
-porta leurs parlemens que li dis evesquez devoit pourcachier à ses
-compaignons que le ville de Hainbon seroit rendue par accord à
-monseigneur Loeis d'Espaingne el nom de monseigneur Carlon de Blois; et
-li dis messires Hervis devoit pourcachier, d'autre part, que tout chil
-de dedens seroient appaisiés quittez et lieges au dit monseigneur
-Carlon, et ne perderoient riens de leur avoir. Enssi se parti chilz
-parlemens. Depuis, li evesques Guis de Lion rentra en le ville de
-Hainbon pour parler as autres chevaliers et compaignons.
-
-La comtesse se doubta tantost de mauvais pourcach; si pria à ces
-seigneurs de Bretaingne que pour Dieu il ne fesissent nulle deffaulte,
-car elle avoit esperance en Nostre Seigneur que elle aroit grans
-secours dedens troix jours. Li chevalier, qui là estoient, avoient pité
-de la damme. A envis le falloient, et dur ossi leur estoit de perdre
-cors et avoir. Nonpourquant il disent adonc ensi à la comtesse pour
-elle reconforter, que elle ne se doubtast de riens, car jà ne feroient
-nul tretiet que elle ne sewist bien; et se au fort il se rendoient, se
-le metteroient il hors et son fil, en quelle fortrèche de Bretaigne que
-elle vorroit, qui pour lui se tenoit, ou il l'acorderoient de tous
-poins à monseigneur Carlon de Blois. Enssi se rappaisa ung peu la
-comtesse. Mès depuis li evesques, en le absence de lui, parla as
-compaignons et as seigneurs, et leur moustra tant de raisons que il lez
-mist en grant effroy celle nuit. A l'endemain encorrez recoummencha il
-son sermon as chevaliers de Bretaingne; et les avoit jà telz menés que
-il estoient auques prièz de son accord. Et regardoient coumment entre
-yaux et par honneur il se pooient acquitter de la comtesse, à qui il
-avoient juret feaulté; car se elle n'ewist là estet adonc avoecq yaus,
-sans faulte il ewissent rendut le ville.
-
-Entroex, comme il estoient en ce traitiet et en ce pourcach, et jà
-estoit messires Hervis de Lion, sus asseuranche que il avoient li ung à
-l'autre, venus assés priès de le ville pour parlementer à yaux, la
-comtesse, qui estoit en grant soussi de coer, estoit montée ou plus
-hault d'une tour dou castiel et regardoit en le mer par une petite
-fenestre. Si commença à criier et à faire grant joie, et disoit tant
-qu'elle pooit: «Je voy venir secours, biaux Dieux! que j'ay tant
-desiret.» Par deus fois le dist elle enssi. La vois de la damme fu
-entendue: si courut chacuns dou castiel as fenestres, qui mieux pot,
-savoir que c'estoit, et chil de le ville as creniaux des murs, pour
-veoir de quel part ces nouvellez venoient; et virent tout clerement
-grant fuison de naves, petitez et grandez, bien batilliez, venir par
-deviers Hainbon, dont chacuns fu durement reconfortéz. Car bien
-tenoient que c'estoit messires Amauris de Clichon qui amenoit che
-secours d'Engleterre, dont vous avés chy dessus oy parler, qui par
-soixante jours avoit eu vent contraire et fortune très perilleuse. Fos
-67 vo et 68.
-
-_Ms. de Rome_: Qant messires Carles de Blois vei que riens il ne
-conqueroient à asallir Hainbon, si en fu tous merancolieus. Et furent
-li signeur ensamble en consel conment il se maintenroient. Consilliet
-fu que il departiroient lor hoost en deus parties: li une des pars
-demor(r)oit devant Hainbon; et li aultre, en la compagnie de mesire
-Carle, iroient metre le siège devant Auroi. Si se departirent en la
-route et compagnie de mesire Carle tout chil qui nonmet i furent, et
-vinrent devant Auroi et l'asegièrent. Mais li chastiaus est fors, et ne
-fait pas à prendre par assaut; et pour lors il estoit bien pourveus de
-chapitainne et de bons compagnons que la contesse i avoit envoiiés,
-liquel n'avoient nulle volenté de rendre par trettié ne aultrement.
-
-A quatre lieues de là sciet la chité de Vennes, qui est forte assés, et
-toute en l'obeissance de la contesse. Et en estoit pour lors
-chapitainne, messires Jeffrois de Malatrait; et li sires de Malatrait,
-ses cousins, estoit en la route de mesire Carle de Blois.
-
-D'autre part sciet la vile de Dignant en Bretagne, qui pour lors
-n'estoit fremée que de fossés et de palis; et en estoit chapitainne li
-chastelains de Ghinghant, mais pour lors il n'i estoit point. Avant se
-tenoit en la garnison de Hainbon avoecques la contesse de Montfort,
-mais il avoit sa fenme et ses filles en son hostel laissiet en la ville
-de Dignant; et avoit un fil à chevalier que on nonmoit mesire Renault,
-et estoit de sa jonèce moult vaillans homs. Entre ces deus villes de
-Vennes et de Dignant a un fort chastiel, lequel on nonme Roceperiot; et
-se tenoit pour lors à mesire Carles de Blois, liquels l'avoit pourveu
-de bons compagnons bourgignons. Et en estoit chapitains uns esquiers de
-Bourgongne que on clamoit Gerart de Malain, et avoit avoecques lui un
-chevalier que on nonmoit messire Pière Portebuef. Chils Gerars de
-Malain et li chevaliers avoecques lors compagnons honnisoient tous le
-pais, et chevauçoient priesque tous les jours une heure à destre,
-l'autre à senestre. Et ne pooient pour euls pourveances nulles entrer
-ne venir à Vennes ne à Dignant, que chil qui les menoient ne fuissent
-rués jus, et les pourveances conquises. Dont moult en anoioit au jone
-chevalier mesire Renault de Ghingant; et li tournoit, ce li estoit vis,
-à grant blame, pour tant que il avoit la carge de la garde de la ville
-de Dignant. Et tant pensa sus que il i pourvei et prist un jour, par
-une enbusque que il pourjeta sus les camps, le dit Gerart de Malain et
-vingt cincq Bourghignons, et les enmena prisonniers en la ville de
-Dignant, et rescoui quinze marceans que li Bourgignon enmenoient
-prisonniers en la Roceperiot. Et de ce fait fu li dis messire Renauls
-moult loés et moult prisiés.
-
-Je me tairai un petit de ces Bourgignons et de mesire Carle de Blois
-qui avoit assegiet le chastiel d'Auroi, et parlerai de mesire Lois
-d'Espagne et de ses gens, liquel avoient assis, ensi que vous savés, la
-contesse de Montfort dedens Hainbon. Et avoient li François fait
-carpenter et ouvrer grans enghiens, et fait venir aultres enghiens de
-Rennes et de Nantes et drechiet devant la ville de Hainbon, liquel
-continuelment jettoient contre les murs, les tours et les portes,
-pières de faix, et travilloient durement ceuls de Hainbon. De quoi chil
-qui dedens estoient, li auqun se conmenchièrent à esmaiier, car seqours
-ne lor aparoit de nul costé. Dont la contesse de Montfort estoit en
-grande angousse de coer, et menoit ses gens de douces paroles, et lor
-prioit pour Dieu que il ne fesissent nul trettié senestre, car disoit
-la contesse: «Bonnes gens et mi bon ami, li corages me dist que nous
-auerons proçainnement bonnes nouvelles d'Engleterre; et retourne
-messires Amauris de Cliçon, qui amainne le secours que nous desirons
-tant à avoir et à veoir.»
-
-Nonobstant toutes ces douces paroles et amiables que la contesse lor
-disoit et remoustroit, li evesques de Lion en Bretagne, qui se nonmoit
-messires Guis, et qui estoit oncles à mesire Hervi de Lion liquels
-estoit au siège là devant Hainbon, parla un jour sus asegurances à son
-neveu. Et se portèrent lors tretiés que ils et auquns chevaliers et
-esquiers qui là dedens estoient enclos, se departiroient de la
-contesse, et se venroient rendre à mesire Lois d'Espagne qui
-representoit pour lors le corps à mesire Carle de Blois.
-
-La contesse, qui vivoit en grant angousse de coer et double anoi, qant
-elle senti que ses gens qui loiaument l'avoient servi jusques à chi,
-voloient faire auquns mauvais trettiés à ses ennemis[407].... et issi
-hors de son chastiel, et vint en la ville parler à euls, et lor pria en
-plorant que il ne vosissent avoir nul pactis as François. Li auqun en
-orent pité et dissent: «Dame, ce que nous l'avons, c'est pour ce que
-nous faisons doubte que vous n'aiiés nul seqours d'Engleterre, ou que
-il ne soit mesceu à mesire Amauri de Cliçon, par quoi il n'a point fait
-vostre mesage, car il sourviennent sus la mer trop de perils et de
-fortunes. Et quel traittié que nous faisons ne ferons, nous vous jurons
-que vous serés gardée de vostre corps, et demorrés chi en ce chastiel
-ou ailleurs en plus forte place, là où il vous plaira, et au sourplus
-nous vous donnons pourveance chienq jours. Là en dedens pueent avenir
-moult de coses.»--«Vous dites verité, respondi la contesse, et grant
-merchis.» Donc retourna elle amont ens ou chastiel, moult angousouse de
-coer, et bien i avoit raison.
-
- [407] Lacune.
-
-Avint que, au tierch jour apriès que ces paroles orent esté, la
-contesse estoit levée moult matin. Si regarda en la mer un petit apriès
-solel levant, et vei flamboiier grant fuisson de voilles en nefs, et
-c'estoit la navie d'Engleterre qui venoit. Et plus atendoit la contese,
-et plus aproçoient ces nefs et ces balenghiers; et qant elle vei ce et
-ces banières et ces estramières flamboiier et venteler, de joie elle se
-laissa ceoir. Ses gens qui estoient dalés li, le relevèrent. Et qant
-elle parla, elle dist: «Or tos descendés en la ville; nonchiés ces
-nouvelles à ces chevaliers. Vechi le secours d'Engleterre qui nous
-vient.» Tantos on fist le conmandement de la contesse. Fos 79 vo à 81.
-
-P. 147, l. 30 et 31: D'autre part.--_Mss. A 30 à 33_: D'autre part siet
-la bonne ville de Guignant en Bretaigne, dont le chastelain de Dignant
-estoit gardien. Fo 153 vo.--_Mss. A 23 à 29_: D'aultre part siet la
-bonne ville de Dignant en Bretaigne, dont le sire de Dignant estoit
-chastelain et gardien. Fo 106.
-
-P. 148, l. 9 et 10: chastiaus.--_Ms. B 6_: que on apelle la
-Rochepierot. Fo 203.
-
-P. 148, l. 14: de Malain.--_Ms. B 6_: et avoit en sa compaignie
-soixante compaignons. Fo 203.
-
-P. 148, l. 15: chevalier.--_Ms. B. 6_: de Prouvenche. Fo 203.
-
-P. 148, l. 18: Vennes.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 20 à 22_: Rennes. Fo
-91.
-
-P. 148, l. 25: Renaulz de Gingant.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_:
-les prist à un embuschement et les conquist tous par son sens et par sa
-prouesse, lui vingt cinquième de coureurs compaignons, et rescouy
-quinze marchans à tout leur avoir qu'ilz avoient pris et les emmenoient
-tous à Dignant et par devers leurs garnisons qui se tenoient à
-Rocheperion. Fo 91.
-
-P. 149, l. 2: grant joie.--_Ms. B. 6_: Sy demoura messire Pierre
-Portebuef castelain de Rocheperoit. Fo 204.
-
-P. 150, l. 12: secours.--_Ms. B 6_: Le roy (d'Engleterre) qui ne veult
-pas oublier la contesse (de Montfort), y envoia mesire Gautier à tout
-trois cens lanches et six cens archiés. Mais il eurent sur mer trop
-grant fortune, par quoy il y furent plus de quarante jours. Cils
-secours vint trop grandement à point à la contesse, car ses gens
-estoient en vollenté de eulx rendre aux Franchois, et en avoit porté le
-traitiet messire Hervy de Lion, et se fussent rendus dedens trois
-jours. Ensy estoit yl acordés quant mesire Gautie(r) de Maury vint et
-en sa compaignie mille combatans, entrer à plaine voille ou havre de
-Hainbon. Fo 204.
-
-
-=§ 169.= P. 150, l. 23: Quant li chastellains.--_Ms. d'Amiens_: Quant
-li castelains de Ghinghant, messire Yves de Tigueri, messires Gallerans
-de Landreniaux, li doy frère de Quirich et li autre chevalier et
-compaignon perchurent che secours venir, il disent à l'evesque qu'il
-pooit bien contremander son parlement; car point n'estoient conssilliet
-de faire chou qu'il leur enhortoit. Li evesques de ceste responsce fu
-durement courouchiés et dist: «Seigneur, dont se partira nostre
-compaignie, car vous demourés dechà par deviers madamme; et je m'en
-yrai par delà deviers celui qui plus grant droit i a, ce me samble,
-qu'elle n'ait.» Adonc se parti li evesques Guis, de Hainbon, et deffia
-le damme et tous ses aidans; et s'en alla renonchier au dit monseigneur
-Hervi et dist la besoingne, enssi comme elle alloit. Li dis messires
-Hervis fu durement courouchiéz de ce qu'il avoit fallit à son propos.
-Si fist tantost drechier le plus grant enghien qu'il avoit, au plus
-priès dou castiel qu'il pot; et coummanda que on ne cessast de getter
-par jour, ne par nuit, puis se parti de là. Si enmena son oncle le dit
-evesque de Lion par deviers monseigneur Loeis d'Espaigne, qui le
-rechupt à bon gret et liement. Ossi fist messires Carlez de Blois,
-quant il fu là venus.
-
-La comtesse de Montfort fist à lie chière appareillier salles, cambres
-et hostelz pour herbregier aisiement ces seigneurs d'Engleterre qui là
-venoient, et envoya contre yaux moult noblement. Quant il furent venut
-et descendut, elle meysmez vint contre yaux à grant reverence. Et se
-elle lez festia et requeilla liement et grandement, ce ne fait point à
-demander, car leur venue li estoit moult belle, pour tant que li
-chevalier de Bretaingne, qui avoecq lui se tenoient, se fuissent
-tournet d'autre part. Et ossi ewist fait la ville: il estoit jà tout
-ordonnet, si ques je di que ce fu pour elle une belle aventure, et qui
-li vint bien à point. La comtesse de Montfort, pour mieux festiier et
-plus aisiement les chevaliers d'Engleterre qui là estoient venut,
-monseigneur Ghautier de Mauni et les aultrez, les enmena ou castiel et
-leur delivra cambres et officines, tant que leur hostel en le ville
-furent tout bien ordounnet, et leur donna à disner grandement et
-bellement.
-
-Or avint que moult tost apriès disner, messires Gautier de Mauny dist
-que il avoit grant vollenté d'aller veoir ce grant enghien, qui si
-priès estoit assis dou castiel; et demanda as chevaliers bretons qui là
-estoient aucuns couvenans de chiaux de l'ost, et il en respondirent ce
-qu'il en savoient. Adonc leur demanda messires Gautiers de Mauni se il
-le sieuroient, car il le volloit aller abattre; et il li dissent: «Oil,
-vollentiers,» et que on ne le devoit mies fallir à ceste premierre
-envaie. Si s'armèrent li chevalier et li escuier sans point d'arrest,
-messires Gautiers de Mauni, messire Franck de Halle, messires Gerars de
-Baudresen, li doy frère de Lindehalle, li Haze de Braibant, li sires
-Despensiers, messires Jehans li Boutilliers, messires Hues de
-Hastinghes, messires Jehans de Lille, li sirez de Ferrièrez, messires
-Olivier de Cliffort, messire Thummas Kok, messires Pièrez de Baucestre,
-messires Alains de Sirehonde et li chevalier et li escuier
-d'Engleterre. Et ossi fissent li chevalier de Bretaingne, messires
-Amauris de Clichon, messires Yeves de Tigueri, li castellains de
-Ginghant, li sirez de Landreniaus et tout li autre. Nuls ne demoura
-derière, fors que pour le ville garder et yaux attendre. Et fissent
-tant seullement aller avoecq yaux trois cens archers, puis yssirent
-hors ordonneement par le porte, et fissent passer devant les archers
-tout en trayant. Tant trayèrent li archer qu'i(l) missent en voiez
-chiaux qui l'enghien gardoient. Et les gens d'armes qui venoient apriès
-ces archers en ocissent aucuns, et vinrent jusquez à che grant enghien,
-et coppèrent la flèce et l'abatirent par terre, et puis le
-detaillièrent tout par pièches; puis coururent de randon jusquez as
-tentes et loges, et boutèrent le feu dedens. Si y fissent ung grant
-escart, et tuèrent pluiseurs de leurs ennemis, ainschois que li hos
-fuist estourmis; et puis se retraissent bellement arrière. Et leur
-sambla qu'il en avoient assés fait pour ce jour: si s'en revinrent
-deviers le ville.
-
-Quant li hos fu estourmis et chacuns arméz et montéz à cheval, messires
-Loeys d'Espaigne, li viscomtez de Rohem, messires Hervis de Lion, li
-sirez de Biaumanoir, li sirez de Tournemine, li sirez d'Ansenis, li
-sirez de Rays, li sires de Rieus, li Gallois de le Baume (vinrent
-accourant) et chacuns qui mieux mieux apprès et en criant: «Enssi n'en
-irés vous mie.» Quant messires Gautiers de Mauni se vit si fort
-poursuiwis et encachiés de ses ennemis, si en ot grant virgoingne et
-dist tout en hault: «Jammais ne soie jou salluéz de ma chière amie, se
-jammais rentre en forterèche jusqu'à donc que j'aray l'un de ces venans
-versset à terre, ou j'y seray versséz.» Adonc se retourna li
-chevaliers, le glaive ou poing, par deviers les ennemis. Ossi fissent
-li doy frère de Linedale, messires Francq de Halle, li Haze de
-Braibant, messires Yves de Tigueri, li sires de Landreniaus et
-pluiseurs autres, qui ne vorent mies fallir leur cappitainne. Là eult
-ung très dur encontre, car chacun de ces chevaliers franchois et englèz
-de leurs glaivez assisent li ungs sur l'autre. Si en y eut des
-pluisseurs reverset par terre, de l'un costet et de l'autre. Apriès les
-glaives falliez, il sachièrent les espées et se combatirent vaillamment
-et radement, et en y eut pluisseurs mors et navréz. Touttez foix, chil
-de l'host estoient plus grant fuisson que chil de d'ens ne fuissent. Si
-retournèrent li Englèz sagement deviers le fortrèche. Devant lez
-baillez y eut bonne escarmuche, mainte belle appertise d'armes faite,
-mainte prise et mainte rescousse. Si rentrèrent chil de d'ens en leur
-fort à petit de dammaige. Et li Franchois retournèrent à leurs logeis,
-tout courouchiet de leur enghien qui estoit abatus, et si ne le pooient
-amender. Ensi se porta ceste premierre besoingne. Fo 68.
-
-_Ms. de Rome_: Qant li chevalier furent enfourmé de ces nouvelles, il
-montèrent amont et veirent tout clerement que c'estoit verité, et que
-bien avoit siis vint voilles en la compagnie. La gette dou chastiel
-d'amont conmença de la trompète à mener noise et grant solas, et tant
-que chil de l'oost s'en perchurent. Li chevalier et li esquier, qui en
-tretié estoient deviers les François, dissent à l'evesque Gui de Lion:
-«Sire, vous avés mené les trettiés et les paroles à ceuls qui nous ont
-asegiés. Confors nous vient d'Engleterre, et nous avons nos fois et nos
-sieremens enviers madame; se li tenrons. Regardés quel cose vous volés
-faire, car il est heure que vous i renonchiés, ou que vous i faites
-renoncier.» Li evesques s'estoit si fort loiiés par les paroles de son
-cousin, mesire Hervi de Lion, enviers les François que il ne pooit
-requler, ne ne voloit aussi; si dist: «Signeur, je ne irai point parler
-à euls sans vous, car ce que j'en ai fait, vous estes tous participant;
-et de vous viennent otant bien li trettié que il font de moi.»--«Mesire
-Gui, respondirent li chevalier, vous dites verité. Mais quoi que fait
-en a esté, encores i poons nous bien renonchier. Et de chi endroit nous
-i renonçons, et nous volons tenir dalés madame qui tant de biens nous a
-fais et fera encores. Et sa querelle est grandement embellie, puis que
-li seqours d'Engleterre li sera venus.»
-
-Qant li evesques de Lion les vei en celle volenté, il ne dist pas tout
-ce que il pensoit, quoi que ce fust li plus grans de euls tous et li
-mieuls enlinagiés; car il se doubtoit, puis que li secours d'Engleterre
-venoit à la dame, que de fait elle ne le fesist detenir et metre en
-prison. Si parla au plus courtoisement conme il pot, tant que il fu
-hors de la ville. Et qant il fu venus as logeis des François et il ot
-parlé à mesire Lois d'Espagne et à son cousin, et il se fu rendus, et
-il ot dit que il voloit estre de lor opinion, et que trop longement
-avoit esté rebelles et maconsilliés, et que plus ne le voloit estre, il
-prist un hiraut et l'endica et enfourma; et l'envoia dedens Hainbon
-parler à la contesse de Montfort, et li renvoia son honmage, et le
-deffia de ce jour en avant. A l'eure que li hiraus vint, la contesse
-estoit avallée jus dou chastiel en la ville, pour ordonner les logeis
-de ces signeurs chevaliers d'Engleterre, qui jà estoient entré ou
-havene de Hainbon. Si estoit si resjoie que elle ne fist compte des
-deffiances messire Gui, et dist que elle avoit gens assés sans li. Or
-retourna li hiraus en l'oost, qant il ot fait son mesage. Et la
-contesse et si chevalier demorèrent, et furent tant sus le havene que
-les nefs prisent terre. Et issi hors tout premierement messires Amauris
-de Cliçon. La dame qui le connisoit, le ala enbrachier et baisier moult
-doucement, et li dist: «Ha! Amauri, que vous avés tout demoret, et que
-je vous ai tout desiré!»--«Madame, respondi li chevaliers, je ne l'ai
-peut amender. Ç'a esté en partie par les fortunes de la mer, car nous
-deuissions chi avoir esté, passet sont trois sepmainnes. Li rois
-d'Engleterre vous salue et vous envoie à ce premier trois cens honmes
-d'armes et deus mille archiers.»--«Donc, dist la dame, il soient li
-bien venu, et nous en avons grant joie.» Donc issirent li chevalier,
-messires Gautiers de Mauni tous premiers, qui pooit estre en l'eage de
-trente sis ans, biaus chevaliers et vremauls et douls et plaisans à
-regarder, de tous menbres bien façonnés. Messire Amauris de Cliçon li
-dist: «Dame, vechi le capitainne, et est nonmés ensi, et uns chevaliers
-où li rois d'Engleterre et li signeur de son consel ont grant fiance.»
-Adonc se traist la dame à mesire Gautier et l'enbraça moult doucement
-et le baisa, et puis apriès tous les aultres. Et qant elle ot alé tout
-autour et fait celle requelloite, elle les enmena amont ou chastiel,
-pour euls aisier et rafresqir, tant que lors gens fuissent tout issu et
-apparilliet lors besongnes; et fist casqun chevalier logier assés
-aisiement et restraindre ses honmes. Et dignèrent tout li chevalier
-avoecques la dame.
-
-Messires Lois d'Espagne et li viscontes de Rohem et messires Hervis de
-Lion sceurent tantos que secours d'Engleterre estoit venus à la
-contesse, car li evesques de Lion lor dist; et aussi fissent aultres
-honmes bretons, qui estoient alé sus le havene et veu la navie entrer.
-Si en furent tout pensieu; nequedent il ne vorent pas brisier lor siège
-pour cela, mais fissent les enghiens cargier qui avoient sejourné trois
-jours, et jetter pières de faix en la ville, tant que li Englois, qui
-point n'avoient encores apris tels coses, en furent ensi que tout
-effreé. Messires Gautiers de Mauni, qant ce vint apriès disner, et ils
-et si compagnon furent rafresqi, il traist à part mesire Ivon de Tigri
-et mesire Guillaume de Qadudal et le chastellain de Ghinghant; et lor
-demanda de l'estat de la ville et de la poissance de ceuls de l'oost,
-et se mesires Carles de Blois estoit en personne au siège. A toutes ces
-coses respondirent li chevalier, et dissent que messires Carles de
-Blois n'estoit point presens, mais tenoit son siège devant Auroi. Tant
-que de l'estat de la ville, estans là le siège qui moult les avoit
-constrains, elle estoit bien pourveue, car li vivre qui lor venoient
-par mer les confortoi(en)t grandement; et estoient là dedens bien cinq
-cens combatans. «Donc, dist messires Gautiers de Mauni, je voel, jà sus
-l'eure dou souper, aler veoir ce grant enghien. Faites apparillier vos
-gens, et je auerai tous prês les nostres, et nous meterons en painne de
-l'abatre et dou decoper, car il ne nous laisseroit dormir. Il demainne
-trop grant hustin, et se nous est trop proçains.» Li chevalier breton
-respondirent et dissent: «Sire, à vostre ordenance il sera fait.» Sus
-cel estat, il s'ordonnèrent et reposèrent; et se rafresqirent les
-Englois un petit, car il avoient esté travilliet de la mer.
-
-Qant ce vint sus l'eure de vespres, Breton et Englois s'armèrent et
-furent environ cinq cens, et otant ou plus d'archiers. Et fissent
-ouvrir la porte qui estoit la plus proçainne de cel grant enghien et
-avaler le pont; et puis issirent tout souef desous le pennon à messire
-Gautier de Mauni, et fissent passer tous lors archiers devant. Et s'en
-vinrent tous le pas jusques à l'enghien; et là avoit environ cent
-armeures de fier et cent arbalestriers geneuois qui le gardoient.
-
-Qant il veirent ces gens d'armes et ces archiers venir, tous ordonnés
-et apparilliés pour combatre, il furent tout esbahi, et tournèrent en
-fuies deviers l'oost. Droit à la flèce de ce grant enghien s'arestèrent
-les Englois et les Bretons; et avoient amené ouvriers et carpentiers,
-qui tantos entendirent à decoper cel enghien, et le missent tout par
-pièces à terre. Les nouvelles vinrent en l'oost par les fuians qui
-n'avoient osé demorer dalés lor enghien, car il n'estoient pas fort
-assés pour resister as gens la contesse, que li grans enghiens estoit
-conquis, abatus et deffaçonnés. Donc fissent li signeur sonner les
-tronpètes, et armer toutes gens et traire sus les camps, et casqun
-desous la banière de son signeur. Se ne fu pas sitos fait, mais fu
-tantos tart. Et entrues que il s'ordonnoient en l'oost et mettoient
-ensamble, messires Gautiers de Mauni et ses gens passèrent encores plus
-avant autour de la ville, et abatirent deus enghiens, et missent tous
-en pièces li carpentier qui là estoient. La contesse de Montfort estoit
-en son chastiel et veoit tout cel esbatement; si en avoit grant joie.
-Adonc se missent au retour les Englois et les Bretons et les archiers
-sus costière. Et les François, qui estoient ordonné en une belle
-bataille où plus avoit de deus mille honmes sans les Geneuois, les
-poursievirent jusques as barrières; mais point n'i eut d'escarmuce, car
-la vesprée vint. Si rentrèrent en Hainbon li Englois et li Breton, sans
-nul damage. La contesse de Montfort lor vint au devant et les remerchia
-grandement de lor emprise, et de ce que il l'avoient apaisie de ces
-enghiens. Fos 81 vo et 82.
-
-P. 151, l. 24: herbergier.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 33_: et en la ville à
-leur aise. Fo 92.
-
-P. 152, l. 10: compagnon.--_Ms. B 6_: et estoient bien cinq cens à
-cheval. Fo 206.
-
-P. 152, l. 13: trois cens.--_Ms. B 6_: cinq cens. Fo 206.
-
-P. 152, l. 14 et 15: ceulz qui gardoient.--_Ms. B 6_: soixante
-compaignons qui le gardoient. Fo 206.
-
-P. 153, l. 17: estal.--_Mss. A 20 à 22_: Et là rendirent estal les
-chevaliers à tous venans jusques à tant, etc. Fo 138 vo.
-
-
-=§ 170.= P. 154, l. 1: A l'endemain.--_Ms. d'Amiens_: A l'endemain,
-messires Loeys d'Espaigne apella le viscomte de Rohem, l'evesque de
-Lion, monseigneur Hervi de Lion, le seigneur de Tournemine, le seigneur
-de Biaumanoir, le seigneur de Loriach, le seigneur de Rais, monseigneur
-le Gallois de le Baume, le mestre dez Geneuois et tous lez seigneurs de
-son host pour avoir consseil qu'il feroient, car il veoient la ville de
-Hainbon si forte et maintenant pourveue et rafrescie de bon secours qui
-venus leur estoit, et que il perdoient là leur tamps; car il ne veoient
-tour, mannierre, ne enghien par quoy il y pewissent pourfiter, ne le
-ville prendre. Si orent consseil et accord tout li ung par l'autre
-qu'il se deslogeroient à l'endemain, et se retrairoient par deviers lez
-autrez qui seoient devant castiel d'Auroy. Tout enssi qu'il
-ordonnèrent, il fissent et se deslogièrent à l'endemain au point dou
-jour, et tourssèrent tentez et trèz et touttez mannièrez de harnois; et
-s'en revinrent deviers castiel d'Auroy, là où messires Charlez de
-Blois, li dus de Bourbon et moult grant fuison des seigneurs de Franche
-se tenoient. Si leur compta messires Loeis pourquoy il estoit partis et
-quelz confors estoit creus à la comtesse, et coumment Hainbon n'estoit
-mies une forterèche à prendre si de legier encorres, quant elle estoit
-pourveue et garnie de telx gens d'armes. Li seigneur de Franche li
-dissent bien qu'il disoit voir: «Mès pour le temps emploiier, messires
-Loeys, nous vous disons que vous voeilliéz aller devant Dinant, qui
-n'est pas si forte que Hainbon, et y menés toutte vostre host, et nous
-nos tenronz droit chy à nostre siège.» Che respondi messire Loeys:
-«Vollentiers.» Enssi demoura li fors de Hainbon en pais une grant
-pièce, et messires Loeys d'Espaigne fist aroutter son host au lés
-deviers le ville de Dinant en Bretaingne.
-
-Entre castiel d'Auroy et le ville de Dinant, siet ungs petits castiaux
-que on appelle Concquest; et se tenoit adonc de par la comtesse de
-Montfort. Et en estoit cappittainne uns très bons chevaliers de
-Lombardie, que on clammoit messire Garsion; et avoit avoecq lui grant
-fuison de Lombars et de Geneuois. Quant messires Loeys eut veu et
-conssideret le forterèce, si dist que il se volloit assaiier au
-prendre. Si fist touttez ses gens arouter par devant et approchier et
-fortement assaillir, et chil de dedens à yaux deffendre. Et dura chilz
-assaux jusques à le nuit. Si se loga li os là endroit; et dist bien
-messires Loeis qu'il ne s'en partiroit mies ensi. Quant ce vint à
-l'endemain, il le fist de rechief assaillir durement et asprement, et
-avoecq lui Geneuois et Espagnolx qui trop bien s'i esprouvoient. Si
-approchièrent li assallant si priès dou mur, que, par force d'assault
-et par ouniement traire et lanchier à chiaux d'amont, il y fissent ung
-grant trau, car li fossés n'estoient mies moult parfont. Si entrèrent
-ens par force et ocirent tous chiaux dou castiel, excepté monsigneur
-Garsion qu'i(l) prist à merchis, et cinq ou six gentils hommez. Apriès
-che, messires Loeys fist restouper le trau dou mur, et y mist ung bon
-castelain et soixante hommes d'armes pour garder le castiel, et le fist
-remparer de tous poins, puis s'en parti, et toutte sen host, et
-s'arouta vers Dinant.
-
-Les nouvellez estoient jà venues en Hainbon à le comtesse de Montfort
-et à monseigneur Ghautier de Mauny, que messires Loeys d'Espaigne
-estoit arestéz devant Concquest et l'avoit assegiet. Si dist la
-comtesse as chevaliers et as compaignons que ce seroit grans honneurs
-de lever che siège et de là combattre lez Franchois, et leur seroit
-recordé à grant proèce. Messires Gautiers de Mauny, qui moult envis
-sejournoit tant que il se sewist où emploiier, fist armer tous
-chevaliers et escuiers et archers ossi, et se parti de Hainbon et se
-mist au chemin deviers Concquest; et vinrent là environ heure de nonne,
-et trouvèrent qu'il avoit estet concquis par force le jour devant, et
-chiaux de dedens tous mis à mort. Si furent durement courouchiet de
-ceste aventure, pour tant qu'il n'avoient trouvet monsigneur Loeys et
-se routte. Se dist messires Gautiers qu'il ne se partiroit de là, si
-aroit le castiel reconcquis. Si se appareillièrent li compaignon pour
-assaillir le castiel; et entrèrent ens ès fossés où il n'avoit point
-d'aighe, et montèrent tout targiet contremont. Quant li Espagnol qui
-dedens estoient, lez virent venir en tel mannierre, il se misent de
-grant volenté au deffendre; mès li archer englès traioient si
-ouniement, que nus n'osoit aprochier as murs pour jetter pières. Et
-trouvèrent chil de dehors le trau par où li dis castiaux avoit estet
-pris, qui assés foiblement avoit estet remparés. Si boutèrent oultre
-pières et terre qui là estoit, et entrèrent en le fortrèche par ce lieu
-meysmes. Et furent tout li saudoiier qui dedens estoient, ochis,
-horsmis le cappitainne, et ne say dix ou douze, que li chevalier
-prissent à merchy; puis s'en partirent et laissièrent le castiel tout
-vuit, car il n'estoit mies tenables, et retournèrent arrière en Hainbon
-et n'eurent mies consseil adonc de chevauchier plus avant. Fos 68 vo et
-69.
-
-_Ms. de Rome_: Qant ce vint à l'endemain, messires Lois d'Espagne
-appella le visconte de Rohan, l'evesque de Lion, mesire Hervi de Lion
-et le mestre des Geneuois, pour avoir consel et avis conment il se
-deduiroient, car il veoient la ville de Hainbon très forte et
-rafresquie de bonnes gens d'armes et d'archiers, par lesquels de nuit
-il pooient estre fort travilliet, et recevoir plus de blame et de
-damage que de pourfit. Tout consideret, consilliet fu que il se
-deslogeroient et se retrairoient deviers mesire Carle de Blois et les
-aultres barons de France, et metteroient les deux hoos en une. Si se
-deslogièrent et requellièrent tentes et trefs, et misent tout à
-voiture, et boutèrent le feu en lors fuellies.
-
-Qant chil de la garnison de Hainbon veirent ce couvenant, si dissent
-entre euls: «Nostre ennemi s'en vont; il se deslogent.» Là i ot auquns
-compagnons aventureus qui sallirent dehors pour gaegnier, mais il
-furent rebouté et remis en la forterèce à lor damage. Et en i ot des
-mors et des pris, car au deslogement il s'ordonnèrent tout et missent
-en une belle bataille, et onques ne se desroutèrent; et atendirent tout
-l'un l'autre et lor charroi et lors pourveances, et vinrent ensi,
-bannières desploiies, devant Auroi.
-
-Qant messires Carles de Blois et les signeurs les veirent venus, si
-s'esmervillièrent pourquoi il avoient brisié lor siège. Messire Lois
-d'Espagne lor recorda conment grans secours estoit venus à la contesse
-d'Engleterre: «et ont à chapitainne un chevalier de Hainnau moult
-vaillant honme, à ce que il moustre, et a jà conmenchié, car le jour
-meismes que il ariva à Hainbon, ils et une partie des siens issirent
-hors de la forterèce, entrues que nous estions au souper, et vinrent
-abatre et decoper nos enghiens. Je tieng ce fait à grant apertise
-d'armes, et est li chevalier nonmés messires Gautiers de Mauni.»--«En
-non Dieu, respondi messires Carles de Blois, c'est uns vaillans homs;
-j'en ai bien oï parler. Ensi se renforce nostre gerre.» Adonc
-laissièrent ils à parler de ce et parlèrent de l'evesque Gui de Lion,
-liquels avoit laissiet la contesse de Montfort, et estoit venus servir
-mesire Carle et soi rendre à lui. Messires Carles de Blois fu tous
-resjois de sa venue et rechut l'evesque à honme, et demora depuis tous
-jours dalés messire Carle de Blois.
-
-Or fu ordonné, en ce jour meismes que mesires Lois d'Espagne fu là
-venus, que ils et tous ceuls que amené il avoit, en iroient met(t)re le
-siège devant la ville de Dignant, et se meteroient en painne de le
-prendre. Si ne reposèrent en l'oost que une nuit. A l'endemain, il se
-missent tout sus les camps, reservé l'evesque Gui de Lion, qui demora
-avoecques messire Carle de Blois. Et estoient bien deus mill cinq cens
-armeures de fier et trois cens arbalestriers geneuois. Ensi que li dis
-messire Lois d'Espagne et ses gens ceminoient deviers Dignant, il
-trouvèrent sus lor cemin un chastiel qui se tenoit de la contesse, que
-on nonmoit Conquest. Et en estoit gardiiens et chastellains uns
-chevaliers de Lombardie que on nonmoit messire Mansion, et avoit
-pluisseurs saudoiiers avoecques lui. Si se traissent messires Lois et
-toutes ces gens devant ledit chastiel, et le assallirent fortement, et
-i livrèrent li arbalestrier geneuois très grant assaut. Li compagnon
-qui dedens estoient se deffendirent moult bien, et tant que ce premier
-jour li François i conquestèrent moult petit, et se logièrent là pour
-celle nuit.
-
-A l'endemain, il retournèrent tout à l'asaut et quissent voie et
-enghien par quoi il l'adamagièrent; car à l'endroit où li arbalestrier
-traioient et ensonnioient ceuls dou fort, il rompirent le mur et i
-fissent un grant petruis, et entrèrent dedens à force, car il estoient
-grant gent. Qant li compagnon se veirent en ce parti, il se vodrent
-rendre, salve lors vies, mais nuls n'i volt entendre. Avant furent il
-pris par force et tout mort sans merchi, reservé le chevalier. A cesti
-on sauva la vie, et demora prisonniers. Qant il orent ensi conquis le
-chastiel de Conquest, il s'avisèrent que il le tenroient, et i
-establirent un autre chastellain bon et segur, et soissante compagnons
-avoecques lui, liquel prissent le chastiel en garde sus lor peril et le
-remparèrent, pour ce que il avoit esté desemparés à l'asallir. Et puis
-passèrent oultre, et s'en vinrent mettre le siège devant la ville de
-Dignant, de laquelle messires Renauls, fils au chastellain de
-Ghinghant, estoit chapitainne. Nouvelles vinrent ens ou chastiel de
-Hainbon que messires Lois d'Espagne estoit arestés devant le chastiel
-de Conquest. Si ot (messire Gautiers de Mauni) très grant desir de
-traire celle part, et le dist à messire Ivon de Tigri et as aultres:
-«Il nous fault cevauchier deviers Conquest, et conforter ceuls qui sont
-dedens. Se nous poions ruer jus messire Lois d'Espagne, nous ferions un
-bon esploit.» A ceste parole s'acordèrent tout li compagnon, et furent
-tantos apparilliet, et lors chevaus refierés à ceuls as quels il
-besongnoit. Chils jours passa. Qant ce vint à l'endemain, les tronpètes
-des chevaliers sonnèrent. Lors s'armèrent li compagnon et montèrent as
-chevaus. Et se departirent de Hainbon environ cinq cens armeures de
-fier et cinq cens archiers, et chevauchièrent viers le chastiel de
-Conquest, et ne savoient pas que il fust ens ou parti où il estoit;
-mais furent moult courouchié qant il trouvèrent que li François
-l'avoient conquis et rafresqi de nouvelles gens. Toutes fois, il
-l'avisèrent et dissent entre euls que il estoit bien prendables. Si
-s'arestèrent là tout autour et envoiièrent à Hainbon apriès lors
-pourveances. Si furent misses à voiture pour amener devant Conquest.
-Trois jours furent li Englès et li Breton devant le castiel de
-Conquest, et tous les jours i livrèrent il assaut grant et fier et
-mervilleus. Il i avoit dedens Espagnols qui trop vassaument se
-deffendoient et faisoient grans apertisses d'armes, et tant que il en
-blechièrent pluisseurs des assallans. Au daarain assaut qui fais i fu,
-il se pourveirent de cloies renforchies que li archier faisoient porter
-devant euls pour get des pières qui venoient d'amont. Et qant il furent
-cargiet, il aprochièrent dou plus priès les murs qu'il peurent, et puis
-s'efforchièrent au traire de celle ordenance contre mont que nuls ne
-s'osoit à moustrer as deffenses, se il ne voloit estre enfillés de une
-flèce tout parmi la teste ou le brac ou le corps. Et entrues que les
-archiers ensonniièrent ensi ceuls d'amont, il i avoit Bretons qui
-entendoient à petruissier le mur, et trouvèrent le petruis refait par
-où les François avoient entré dedens. Si le repetruissièrent et le
-desemparèrent à force de pils et de hauiauls, et par là meismes
-entrèrent il ou chastiel. Et fu ensi pris et conquis, et tout li
-Espagnols qui dedens estoient, mort, reservet le chapitainne, liquels
-se nonmoit Pières Ferrans de Tudesque, et auquns gentils honmes de son
-pais et de sa delivrance, pour lesquels il demora, se raençon les
-couvenoit paiier. Et desemparèrent les Englès le chastiel de Conquest,
-et dissent que point il ne faisoit à tenir ne à garder, et s'en
-retournèrent arrière à Hainbon, et enmenèrent lors prisonniers. Fos 82
-vo et 83.
-
-P. 154, l. 26: messires Loeis.--_Ms. B 6_: messire Gui de Lion, messire
-Hervy de Lion, le viés conte de Rohem, le sire de Clichon, le sire de
-Malatrait et pluiseurs barons de l'ost. Fo 208.
-
-P. 155, l. 3: Lombardie.--_Mss. A 22 à 33_: Normandie. Fo 108 vo.
-
-
-=§ 171.= P. 156, l. 25: Or revenrai.--_Ms. d'Amiens_: Or vous parlerons
-de monseigneur Loeys d'Espaigne qui fist logier son host tout autour de
-le ville de Dinant, et fist tantost faire petis batiaux et nacellez
-pour assaillir le ville de touttes pars, par yauwe et par terre. Si
-estoit dedens comme souverains et cappitainne messires Renaux de
-Ghinghant, filz au castellain de Ginghant, très bon chevalier de son
-eage, qui reconfortoit et consilloit chiaux de dedens le ville, qui
-durement estoient effraet de chou qu'il veoient faire à chiaux de l'ost
-si grant appareil; car leur ville n'estoit mies forte, ne fremmée fors
-que de palis. Et eurent consseil entr'iaux que il se renderoient
-ainschois que plus grant meschief leur avenist; mès, à ceste fois,
-messires Renaulx brisa leur vollenté, et ne se rendirent mies si très
-tost. Messires Loeis d'Espaigne ymagina bien le fortrèce de le ville,
-et vit bien que elle estoit prendable. Si se loga environ bien et
-souffisamment, et dist qu'il ne s'en partiroit si l'aroit à sa
-vollenté; et fist appertement appareillier instrummens pour assaillir,
-et fu assaillie durement et fierement. Et chil de dedens se
-deffendirent vassaumment, car messire Renaux de Gingant y rendoit grant
-painne. En tel estat se tinrent quatre jours à point de dammaige. Au
-quatrime jour, messires Loeys et li sien assaillirent le ville si
-vighereusement par nacelles et par batiaux qu'il avoient fait armer et
-breteskier, qu'il aprochoient les palis; et jà en avoient romput ung
-grant pan, dont chil de le ville estoient moult effraet, et se
-doutèrent de tout perdre, corps et chevanche. Si traitièrent à
-monseigneur Loeis ung respit tant seullement que il pewissent avoir
-parlet enssamble. A che respit donner, s'acorda li dessus dis moult à
-envis; car il veoit chiaux de Dinant en ung dur et perilleus parti.
-Touttesfois il leur acorda parmy tant que, le parlement estant, il ne
-se devoient noient fortefiier, et il li eurent en couvent. Dont se
-retraissent touttes mannières de gens sus le marchiet, et sonnèrent
-leur cloce et parlementèrent là longement enssamble. Et estoit li
-communs acors que de yaux rendre à messire Loeis d'Espaigne, salve lors
-corps et lors biens, ou nom de monseigneur Charlon de Blois; mès à
-cest accord ne s'asentoit nullement messires Renaux, leur cappittainne,
-et disoit que il garderoit et deffenderoit bien ce pas perilleus contre
-tous venans jusques au soir, et de nuit il le fortefieroit tellement
-que depuis il ne feroit point à prendre. Ses parolles ne peurent y
-estre oyes ne creuwes, et ne voloient nullement atendre ce peril et sa
-deffensce. Et tant parlèrent enssamble que aïrs sourmonta chiaux de le
-ville, et dissent que il valloit miés que li chevaliers fust ocis, qui
-contraires estoit à yaux, que tant de bonnes gens fuissent mort ne
-peri. Si fu là en le place, par le fait de le communauté, ocis li bons
-chevaliers messires Renaus de Ghinghant, filz au castellain de
-Ghingant; et fu rendue la ville de Dinant par le tretiet dessus
-noummet, sauve lors corps et lors biens. Ensi y entra messires Loeys
-d'Espaigne, et prist la feaulté des bourgois et le sierement, et s'i
-tint par deux jours pour remparer le ville de tout ce qu'il besongnoit.
-Et quant il s'en parti, il y laissa à chappitainne monseigneur Pière
-Portebuef et Gerart de Malain, escuier, lesque(l)s il avoit trouvés
-layens prisonnierz, car il avoient estet pris dou dit messire Renaut de
-Ghinghant par embusce faite, enssi comme vous avés oy chi dessus.
-
-Quant messires Loeis d'Espaingne se fu partis de le ville de Dinant, il
-se traist avoecq se routte par deviers une mout grosse ville seans sour
-le flun de le mer, que on claimme Garlande; et l'assega par terre et
-trouva assés priès grant fuison de vaissiaus et naves plainnes de vins,
-que marchans avoient là amenés de Poitau pour vendre. Si eurent tant li
-marchans vendu lors vins, et furent mal paiiet, che puet on bien
-croire. Et fist li dis messires Loeis prendre toutes ces naves et ces
-vaissiaux, et fist ens monter gens d'armes et partie des Espaignols et
-des Geneuois. Puis fist l'endemain assaillir le ville par terre et par
-mer, qui ne se pot longement deffendre; ains fu assés tost gaegnie par
-force et tantost toutte robée, et tout mis à l'espée sans point de
-merchy, hommez et femmes et enfans, et cinq eglises arsez et viollées,
-dont messires Loeys fu durement courouchiés. Si fist tantost pendre
-vingt quatre de chiaux qui ce avoient fait. Là eut gaegniet très grant
-tresor, si que chacuns en eult tant qu'il en vot ou pot porter, car la
-ville estoit durement grande, riche et marchande.
-
-Quant ceste grosse ville qui Garlande estoit appellée, fu enssi
-gaegnie, robée et essillie, il ne seurent où aller plus avant pour
-gaegnier. Si se mist li dis messires Loeys en ces vaissiaux qu'il
-avoit trouvés en mer, en le compaignie de monseigneur Othon Doriie et
-de Toudous, et de aucuns des Geneuois et Espagnolz, pour aller aucune
-part et pour aventurer seloncq le marine. Et li viscoens de Rohem, li
-evesques de Lion, messires Hervis, ses niés, et pluiseurs autres
-chevaliers et escuiers retournèrent en l'ost monseigneur Carlon de
-Blois, qui encorres seoit devant castiel d'Auroy. Et trouvèrent grant
-fuison de signeurs et de chevaliers de Franche qui nouvellement
-estoient là venus, telz que messires Loeys de Poitiers, comtez de
-Vallenche, li comtez d'Auchoire, li comtez de Joni, li comtez de
-Porsiien, li sires de Biaugeu, li sirez de Castelvillain, li sirez de
-Noiiers, li sirez d'Englure, li sirez de Castellon, li sirez
-d'Aufemont, messires Moriaux de Fiennes, li sirez de Roye, li sirez
-d'Aubegni, et pluisseurs autres que li roys de Franche y avoit envoiiéz
-pour remforchier l'ost et l'armée de monsigneur Charlon de Blois, sen
-nepveult, car bien avoit oy dire que messires Gautiers de Mauni à tout
-grant carge de gens d'armes estoit arivet en Bretaingne. Et encorrez
-n'estoit point li dis castiaux gaegniés, mès chil de dedens estoient si
-priès menet et si constraint, qu'il avoient mengiet par huit jours tous
-leurs cevaus; et ne lez voloit on prendre à merchy, s'il ne se
-rendoient simplement. Quant il veirent que morir lez couvenoit, il
-yssirent hors couvertement par nuit; et se missent en le vollenté de
-Dieu, et passèrent tout parmy l'ost à l'un des costéz. Aucun en furent
-perchus et tués. Et messires Henris de Pennefort et Oliviers, ses
-frèrez, et aucun autre se sauvèrent et escappèrent par un bosket qui là
-estoit, et s'en allèrent droit à Hainbon où il furent bien recheuv.
-
-Enssi reconquist messires Carlez de Blois le fort castiel que on
-claimme chastiel d'Auroy, où il avoit sis le tierme de dix sepmainnes.
-Si le fist refaire et rapareillier et bien garnir de gens d'armes et de
-touttez pourveances; et puis se parti et s'en alla à tout son host
-asigier la chité de Vennes, dont messire Joffroy de Malatrait estoit
-cappittainne, et se loga tout autour en bon aroy et grant couvenant. Le
-second jour apriès che que messires Carles de Blois eult assegiet le
-ville et le cité de Vennes, partirent aucun Braiton et aultre
-compaignon saudoiier qui gisoient ou fort de Plaremiel de par le
-comtesse de Montfort, et vinrent sus ung ajournement resvillier l'ost.
-Ceste nuit avoient fait le gait doi chevalier de Pikardie, li sirez de
-Castellon et li sirez d'Aubegny, et estoient encorrez à leur garde; si
-saillirent moult tost avant, qu'il sentirent l'ost estourmir. Et furent
-chil de Plaremiel enclos et villainnement reboutet et mis à cache. Et
-s'estourmy tellement li hos que tout s'armèrent communaument; et apriès
-ce qu'il eurent cachié les compaignons de Plaremiel et lez pluisseurs
-ochis et remis en leur fort, il revinrent de grant couraige, pour
-paremploiier le jour et leurs armeurez, assaillir Vennes; et là eut
-assaut grant et fier et mervilleux. Et y souffrirent chil de Montfort
-grant paine et grant traveil, car chil de le partie monseigneur Carle
-de Blois estoient grant fuisson et toutte bonne gent. Si se portèrent
-si bien que il conquisent le bourcq desous le cité et le fort jusques
-as baillez; et y eut pluisseurs bourjois et riches hommes de le ville
-pris, mors et navrés au rentrer dedens. Et là fu messire Joffrois de
-Malatrait très bons chevaliers et y fist maintes belles appertises
-d'armes; mès finaublement li Franchois assailloient de si grant
-vollenté et de si bon couvenant, que chil de Vennes se doubtèrent dou
-tout perdre. Si requissent à monseigneur Carlon de Blois un respit ce
-jour seullement, là en dedens (aroient) avis et consseil pour yaux
-rendre. Messires Carlez leur accorda assés à envis, mès li aucun baron
-de France li fissent faire par ensi que il valloit mieux que il ewist
-la cité sienne par amours que par haynne. Ensi parlementèrent tout le
-jour chil de Vennes li ung à l'autre et puis à chiaux de hors pour yaux
-rendre, salve leurs corps et leurs biens. Et quant messire Joffroi de
-Malatrait vit que il ne leur porroit brisier ne oster le oppinion, il
-se parti desconneus de Vennes, et s'embla et demucha, et s'en revint
-vers Hainbon. Et recorda à la contesse et à chiaux qui là estoient,
-coumment la besoingne alloit, liquel furent moult liet de la venue au
-chevalier et moult courouchiet de la prise de Vennez; mès amender ne le
-peurent tant c'à present. Or lairons ung petit à parler de cheux et de
-monseigneur Carlon de Blois qui estoit jà partis de Vennez, car la cité
-s'estoit rendue à lui, et l'en avoient fait li bourgois feaulté et
-sierement. Et y avoit laiiet à cappittainnez monsigneur Hervi de Lion
-et monsigneur Olivier de Clichon, et s'estoit trais à toutte sen host
-devant la cité de Craais, et l'avoit assigie de tous costéz. Si
-parlerons de monseigneur Loeis d'Espaigne et de se compagnie. Fos 69 vo
-et 70.
-
-_Ms. de Rome_: Or voel je parler de messire Lois d'Espagne, qui fist
-logier son hoost tout autour de la ville de Dignant en Bretagne, et
-fist tantos pourveir petis batiaus et nacelles, pour assallir la ville
-de toutes pars par terre et par iaue. Qant li bourgois de la ville
-veirent ce, si se doubtèrent; et jà amoient il plus assés les François
-et la partie mesire Carle de Blois que la contesse de Montfort. Si
-tretiièrent deviers messire Lois d'Espagne à euls rendre, salve lors
-biens et lors corps. Messires Lois entendi volentiers à ces tretiés.
-Messires Renauls de Ghinghant, lor chapitainne, entendi que il
-tretioient pour euls rendre. Si en fu durement courouchiés et maneça
-les plus grans mestres de la ville à faire coper les testes, et les
-appella fauls, mauvais et traittes, dont il furent moult courouchiet,
-et se doubtèrent de lui que de fait il ne vosist essequter, ensi que il
-le disoit. Paroles se moutepliièrent entre messire Renault et euls, et
-tant que de fait et en meslée il l'ocirent; et puis mandèrent à mesire
-Lois d'Espagne que il venist, on li ouveroit les portes. Messires Lois
-fu moult resjois de ces nouvelles, et entra dedens Dignant à grant
-compagnie. Et à ce jour i estoient la fenme et les enfans, deus filles
-et deus jones fils, au chastellain de Ghinghant. Auqun Breton et
-François li disoient que il les retenist à prisonniers, mais il n'en
-volt riens faire. Avant lor fist grasce, et les delivra euls et le
-leur, et les fist mettre hors de la ville et convoiier jusques à
-Hainbon, dont on tint che fait à grant courtoisie. Messires Lois
-d'Espagne prist la posession de Dignant de par mesire Carle de Blois,
-et i ordonna chapitainne et gens d'armes pour le deffendre et garder,
-et s'i tint quatre jours. Et fu delivrés Gerars de Malain et tout li
-compagnon, les quels messires Renauls de Ghinghant avoit pris, ensi
-comme il est ichi desus dit; et fist meismes chapitainne de Dignant
-Gerart de Malain et mesire Pière Portebuef avoecques lui.
-
-Puis s'en ala li dis messires Lois d'Espagne à toute son hoost deviers
-une grose ville seant sus la mer, que on clainme Garlande, et le assega
-par terre; et n'estoit pas adonc trop fort fremée, et est uns havenes
-de mer, uns des bien hantés de toute Bretagne, et ville durement. Si
-trouvèrent li François ou havene de Garlande auquns vassiaus, ens ès
-quels il i avoit des vins de Poito et de Saintongle et de la Rocelle,
-et gisoient là à l'ancre pour estre vendu; mais il furent pris et levé,
-et en traist on hors des vassiaus biaucop. Et furent cargiet sus chars
-et envoiiet en l'oost devant Auroi, et en retinrent une partie pour
-euls pour lors pourveances.
-
-La ville de la Garlande fu assallie et conquise par force, car il n'i
-avoit que les honmes de la ville, et si est une ville de grant garde;
-si fu violée et courue et toute robée, et i trouvèrent grant avoir. Et
-i ot cinq eglises arses, dont Lois d'Espagne, qui estoit conduisières
-de l'oost, fu durement courouchiés, et fist pendre ceuls qui le feu i
-avoient bouté. Là orent li François grant conquest, car la ville estoit
-durement riches, et pris des bons marceans pour euls rançonner.
-
-Là ordonna mesires Lois d'Espagne à retourner en l'oost le visconte de
-Rohem et grant fuisson des aultres, et ne retint non plus que de deus
-cens compagnons geneuois et espagnols; et dist que il se meteroit sus
-la marine, ensi que ses corages li aporta: dont il fist une grant
-folie, et l'en deubt estre priès malvenu, ensi que je vous racorderai
-assés briefment.
-
-Qant li viscontes de Rohem et li autre chevalier de France et de
-Bretagne furent retourné devant Auroi, il recordèrent à messire Carle
-de Blois tout le voiage que il avoient fait, la prise de Dignant et de
-la ville de Garlande où il avoient bien trouvet à pillier, et conment
-messires Lois d'Espagne en estoit allés sus la marine en la compagnie
-de Othon Doriie et de Toudal, grans esqumeurs de mer, et n'enmenoient
-fors que Geneuois et Espagnols. De toutes ces coses se contenta
-grandement messires Carles de Blois. A l'eure que li viscontes de Rohen
-fu là venus devant Auroi, vinrent aussi grans gens de France que li
-rois Phelippes i envoioit, car il estoit enfourmés que grans confors de
-gens d'armes et d'archiers estoit venus à la contesse desus dite et
-issu hors d'Engleterre. Se ne voloit pas que ses cousins fust si
-despourveus que il ne peuist tenir les camps à l'encontre de ses
-ennemis, puis que il li avoit couvenancé de aidier.
-
-Qant messires Lois d'Espagne fu montés en la navie à Garlande, en la
-compagnie de Toudou et de mesire Othe Doriie, mestre des Geneuois, et
-pooient estre quatre cens hommes en tout, il sievirent la bende de la
-mer, et prissent terre assés priès de Camperlé. Si fissent par lors
-sievans ardoir tout le plat pais; et tout ce que il trouvoient de bon,
-il estoit porté en la navie. Si conquissent moult grant avoir sus ce
-voiage, voires se il lor fu demoré, mais nennil. Car nouvelles vinrent
-à mesire Gautier de Mauni et as chevaliers, qui dedens Hainbon se
-tenoient, que messires Lois d'Espagne estoit alés en Garlande, et
-l'avoit ars et tout le pais de là environ, et avoit renvoiiet une
-partie de ses gens, et ne pooient estre en sa compagnie non plus de
-quatre cens honmes. Evous ces chevaliers et gens d'armes de Hainbon
-resvilliés; si s'armèrent et apparillièrent tantos, et entrèrent
-dedens nefs et barges et balengiers environ quatre cens honmes d'armes
-et mille archiers. Et se departirent dou havene et singlèrent en mer,
-costians les terres pour venir à Garlande, et avoient le vent et la
-marée pour euls, et vinrent à Garlande. Si trouvèrent encores que les
-maisons et les eglises fumoient dou feu que li François i avoient fait,
-et les povres gens dou pais qui lor vinrent au devant en criant et en
-braiant et en disant: «Ha! chier signeur, li larron nous ont ars et
-pris et desrobé le nostre, et s'en vont selonch la marine.»
-
-Qant messires Gautiers de Mauni et ses gens entendirent ces nouvelles,
-sans point issir de lors vassiaus, il se missent au chemin et en la
-route pour euls trouver; et veoient, de lors nefs et balengiers où il
-ceminoient sus la marine, les fumières que il faisoient sus le plat
-pais. Et tant alèrent que il arivèrent assés priès de Camperlé, ou
-havene meismes où la navie estoit toute cargie de ce que li François
-avoient trouvé sus le pais, et par especial en Garlande où il orent
-trop grant avoir. Sitos que il furent venu ou havene de Camperlé, ces
-nefs furent conquises, et tout mort ou jeté à bort cheuls qui les
-gardoient; et entendirent par les gens dou pais qui estoient tout
-effraé, que li François couroient, et avoient li pluisseur trouvé des
-chevaus et roboient le pais.
-
-Adonc messires Gautiers de Mauni et tout chil qui en sa route estoient,
-gens d'armes et archiers, se missent tout à terre et se ordonnèrent en
-trois batailles, et fissent les deus reponre et muchier en un bosqet
-qui là estoit, afin que mesires Lois d'Espagne et ses gens, à leur
-retour, ne se tenissent à trop cargiet, car bien savoient que par là il
-les couvenoit retourner. Tout ce fait et ordonné, casquns burent et
-mengièrent un petit, et puis s'asissent sus l'erbe et sus le sabelon,
-attendans le retour des François qui faisoient bien lor besongnes sus
-le pais, car nuls ne lor aloit au devant. Qant les gens à mesire Lois
-d'Espagne orent cargiet chars et charètes de tous meubles et pourfis
-que il ramenoient à lor navie, et tenoient à avoir fait lor voiage,
-pour euls mettre au retour viers lor navie, ainsi que il venoient et
-aproçoient la mer, il voient une bataille d'archiers sus une elle, et
-un petit en sus gens d'armes et les pennonchiaus venteler.
-
-Donc s'arestèrent li François tout quoi, et s'esmervillièrent, quels
-gens ce pooient estre, qui là se tenoient; et quidièrent de
-conmencement que ce fuissent chil de Camperlé qui les venissent
-combatre, et qui se fuissent là requelliet. Si fissent monter deus
-honmes d'armes, tout doi de Piqardie. Li uns avoit nom Tassart de
-Ghines, et li aultres Hues de Villers, et tout doi estoient esquier
-d'onnour à mesire Carle de Blois; mais pour lor avancement il estoient
-accompagniet avoecques mesire Lois d'Espagne. Et chil doi esquier
-avoient tant fait que il estoient assés bien monté. Si lor dist:
-«Mesires Lois Tassart et vous, Hues, chevauchiés avant et aprochiés ces
-gens de plus priès, par quoi nous aions la connissance, assavoir quels
-gens ce sont.» Il respondirent: «Volentiers.» Il cevauchièrent devant,
-car il avoient deus bons ronchins, et vinrent si priès des Englois et
-des Bretons que li archier euissent bien tret jusques à euls, se il
-vosissent.
-
-Chil doi esquier desus nonmé congneurent plainnement que c'estoient lor
-ennemi. Si retournèrent et dissent: «Sire, ce sont Englois et Breton,
-car nous avons veu et congneu le pennon à mesire Gautier de Mauni: il
-est de gueulles à trois noirs qievirons, et ce sont archier d'Englerre
-que vous veés là. Regardés que vous volés dire et faire.» Respondi
-messires Lois: «Il nous fault combatre. Nous ne poons fuir: il sont
-signeur de nostre navie. Nous avons trop demoré sus terre. Alons avant
-ou nom de Dieu et de saint Gorge: il nous fault prendre l'aventure.»
-Adonc fit il sa banière passer avant, et le portoit uns esquiers qui se
-nonmoit Robers de Santi. Là fist li dis mesire Lois un sien neveu
-chevalier, qui se nonmoit Aufons d'Espagne. Il ordonnèrent les Geneuois
-et les Espagnols, et les missent tout devant, et conmenchièrent la
-bataille dou tret, et puis aprochièrent les gens d'armes et se
-boutèrent l'un dedens l'autre. Et se portèrent li François à ce
-conmencement si bien que, se il n'euissent eu aultre faix, il se
-fuissent bien delivré de ces premiers, et les requlèrent sus la marine.
-
-Adonc vinrent les aultres deus batailles, qui estoient en enbusqe, et
-encloirent les François. Là ot dur hustin, et vaillanment s'i portèrent
-les gens à mesire Lois, mais les Englois et les Bretons estoient trop
-grant fuisson. Et (fu) abatue la banière à mesire Lois, et chils mors,
-qui le portoit, et mesire Aufons d'Espagne, mort. A grant painne, se
-sauvèrent mesire Lois d'Espagne et Toudou et mesire Othon Doriie. Mais
-qant il veirent que li faix estoit trop pesans pour euls, il
-entendirent à recouvrer lors cevaus que lors varlès tenoient sus les
-èles de la bataille; car se ils n'euissent eu lors cevaus tous près,
-jamès ne s'en fuissent parti, sans estre mort ou pris. Il prissent, sus
-la desconfiture, le cemin de la mer, et pooient estre environ
-soissante. Nuls ne les poursievi, car Englois et Breton n'avoient nuls
-cevaus, et aussi il entendirent au garder ce que il avoient conquis.
-
-Messires Lois d'Espagne et chil qui escapèrent de le bataille
-trouvèrent en un regot de mer une grose barge de Camperlé, que li
-maronnier avoient là bouté et repus, et n'estoient osé aler avant pour
-la doubtance des François. Qant il le veirent là arester à l'ancre, il
-se traissent de celle part et trouvèrent trois Bretons qui le
-gardoient. Il furent mestre de euls et de la barge et entrèrent dedens
-non tous, car il ne peuissent, pour tant que il enmenoient en la barge
-lors cevaus avoecques euls, Tassars de Ghines et Hues de Villers et
-auquns Bretons qui connissoient le pais, cevauchièrent tant de jour et
-de nuit que il vinrent à Rennes; et là s'arestèrent pour oïr nouvelles
-de mesire Lois d'Espagne et de lors compagnons qui nagièrent toute la
-nuit et vinrent ariver à Grède, au plus proçain port de Vennes et de
-Rennes.
-
-Et li Englois et li Breton cargièrent lors vassiaus des meubles et
-pourfis que li François amenoient, et puis rentrèrent en lor navie à
-tout ce conquest; et retournèrent à Hainbon, et recordèrent à la
-contesse et à lors compagnons conment il avoient esploitié. Si en
-furent tout resjoi, ce fu raison, car il en estoient departi à lor
-honnour et pourfit. Ensi vont les aventures d'armes et les fortunes: à
-le fois on quide avoir tout gaegnié, et on a tout perdu. Fos 83 et 84.
-
-P. 157, l. 12: sus le flun de le mer.--_Mss. B 3 et A 7 à 10_: sur la
-mer. Fo 83 vo.--_Mss. A 1 à 6, 15 à 33_: sur le fleuve de la mer. Fo 93
-vo.--_Mss. A 11 à 14_: sur la rive de la mer. Fo 90.
-
-P. 157, l. 13: Garlande.--_Mss. A 15 à 17_: Gairande. Fo 95.--_Mss. A
-23 à 33_: Guerrande, Gerrande. Fo 109.--_Mss. B 3 et A 1 à 14, 18 à
-22_: Garlande. Fo 83 vo.
-
-P. 158, l. 5: Toudou.--_Ms. B 3_: Toudouz. Fo 84.--_Mss. A 23 à 29_:
-Tondons. Fo 109 vo.--_Mss. A 1 à 22_: Condons. F. 93 vo.
-
-P. 158, l. 14: Joni.--_Mss. B 3, A 1 à 6, 11 à 33_: Joingny, Joigny. Fo
-84.--_Mss. A 7 à 10_: Jony. Fo 86.
-
-P. 159, l. 10: Plaremiel.--_Ms. B 3_: Plerenmiel. Fo 84.--_Mss. A 1 à
-6, 11 à 14, 18 à 22_: Plearmel. Fo 94.--_Mss. A 15 à 17, 23 à 29_:
-Pleremel, Plermel. Fo 95 vo.--_Mss. A 30 à 33_: Ployeremel. Fo 156.
-
-P. 159, l. 30: Hembon.--_Ms. B 6_: devers la contesse et monseigneur
-Gautier de Mauny à qui on conta ces nouvelles. Messire Gautier s'arma
-et fist armer tous les compaignons de Hambon, englès et bretons, et
-estoient bien six cens lanches et neuf cens archiés. Et se partirent en
-istance que pour venir à Vennes brisier ces trièves et traitiés et
-rafreschir la chité. Mais quant il furent à une lieue près, il
-entendirent que la cité estoit rendue, et messire Charles de Blois
-estoit dedens. Sy en furent moult courouchiés. Nonpourquant messire
-Gautier dist que, puisqu'il estoient sur les camps, que point ne
-retourneroient se aroient trouvé aventure. Et entendy que mesire Lois
-d'Espaigne chevauchoit et avoit prins la ville de Garlande et estoit
-sur mer pour aller en l'isle de Camparlé envers la cité de Grède, et
-prist tantost le chemin. Et mesire Charles de Blois prist le serment et
-homaige de ceulx de Vennes et y laissa dedens capitaines mesire Hervy
-de Lion et le sire de Clichon. Fos 210 et 211.
-
-
-=§ 172.= P. 160, l. 7: Saciés que.--_Ms. d'Amiens_: Sachiés que, quant
-messires Loeys d'Espaigne fu montés, au port de Garlande, sour mer, il
-et se compaignie allèrent tant nagant par mer, qu'il arivèrent en le
-Bretaingne bretonnant par mer au port de Camperli et assés priès de
-Camper Correntin et de Saint Mahieu de Fine Posterne; et yssirent des
-naves, et allèrent ardoir et rober tout le pays. Et trouvèrent si grant
-avoir que grant merveillez seroit de le raconter; si le raportèrent
-tout en leur naves, et puis allèrent autre part rober et courir tout le
-pays sus le marine, qui se tenoit ne rendoit de le comtesse de
-Montfort. Et y conquissent si grant avoir, que il en estoient si
-cargiet que il n'en savoient que faire.
-
-Ces nouvelles parvinrent à Hainbon à le comtesse de Monfort et as
-chevaliers qui là estoient, tant d'Engleterre que de Bretaingne,
-coumment messires Loeys d'Espaigne couroit tout le pais. Si s'avisa
-messires Gautiers de Mauny d'une grant proèce, et en parla as
-compaignons et leur dist que il perdoient leurs tamps à là sejourner,
-ou kas que il sentoient leurs ennemis si priès d'iaux. Dont
-respondirent tuit communaument que il estoient appareilliet à faire
-tout ce que il vorroit. Et li sirez de Mauni leur dist: «Grant
-merchis.» Lors appareillièrent il tout leur harnas et cargièrent les
-vaissiaux sus le havene, et y missent leurs cevaux et puis entrèrent
-ens. Bien estoient cinq cens hommes d'armez et deus mille archers, et
-telz chevaliers que messires Amauris de Clichon, messires Yves de
-Tigueri, li castellains de Ghingant, li sires de Landreniaux, messires
-Guillaummes de Quadudal, messires Joffroy de Malatrait, messires Henris
-de Penefort, li doy frère de Leynendale, messires Guis de Nulli, li
-sirez Despenssiers, messires Jehans le Boutillier, messires Hubert de
-Frenay, messires Alains de Sirehonde, mestre des archiers, et
-pluisseurs autrez chevaliers et escuyers. Si eurent bons maronniers et
-saiges, et ne cessèrent de nagier si furent venut droit au port de
-Camperli, là où les naves et les vaissiaux monseigneur Loeys
-d'Espaingne estoient et gisoient, et tous li granz avoirs que il
-avoient concquis ou pays d'environ. Si entrèrent ens Englès et Breton,
-et ochissent tous ceux qui les gardoient, et y trouvèrent tant de
-ricoisse que tout en furent esmervilliet. Et entendirent par les
-prisonniers que messires Loeis chevauçoit. Lors eurent consseil et
-advis que il se partiroient en trois bataillez et sieuroient lez
-fummierrez, et ne cesseroient si aroient trouvet le dit monseigneur
-Loeys et se routte, et yaux combatu. Si se missent as camps ainssi
-comme ordonné fu, et pourveirent et garnirent leur navie et le navie
-que trouvet avoient sus le port de Camperli, de trois cens archers et
-de cent hommez d'armes; et puis chevauchièrent à l'endroit des
-fummierrez et dez chemins là où il esperoient monseigneur Loeys
-d'Espaigne à trouver le plus tost et toutte se routte pour le
-combattre.
-
-Ces nouvellez vinrent au dessus dit monseigneur Loeys que li Englès
-chevauchoient et le queroient, et estoient sans comparison plus fors
-qu'il ne fust. Si se doubta de leur encontre, et requella tout
-bellement ses gens et remist enssamble; puis chevaucha vers l'ille de
-Camperli pour revenir à sa navie. Mais enssi qu'il cevauchoit sus le
-marine, il encontra messire Guillaume de Quadudal, messire Henry de
-Pennefort et monseigneur Joffroy de Malatrait et leur routte; et quant
-il lez perchupt, si congnut assés que combattre lez couvenoit. Si mist
-sez gens enssamble et lez recomforta et escria son cri, et fist
-chevauchier se bannierre et appella ung sien nepveult que on claimmoit
-Aufour; et le fist là chevalier et pour l'amour de lui six autrez, et
-leur pria que il penssaissent dou bien faire, et chacuns li eut en
-couvent. Adonc s'asamblèrent il li Franchois et li Breton, et y eult,
-de premières venues, fortez joustez et radez, et pluisseurs
-compaignons porté à terre de l'un léz et de l'autre; et apriès les
-lanches fallies, il sachièrent lez espées et les espois et lez hachez
-qui as archons des siellez leur pendoient, et s'en donnèrent grans
-horions et durs, et là en y eult moult de navrés et de blechiés. Et
-vous ay en couvent que messire Loeys d'Espaigne et messires li
-Auffours, sez niéz, y fissent tamainte belle appertise d'armes. Et s'i
-portèrent si bien des premiers chil de son costet, que finaublement il
-ewissent desconfit lez Bretons et mis en cache, quant messire Gautiers
-de Mauni et une grant routte d'Englèz, gens d'armes et archiers, y
-sourvinrent frèz et nouviaux. Adonc se recoummencha la bataille dure et
-felenesse; et couvint là souffrir et endurer monseigneur Loeys
-d'Espaigne et monseigneur l'Aufour son nepveult et le chevalerie de
-leur costet, grant painne.
-
-Vous devés savoir que ceste bataille, qui fu en l'ille de Camperli
-assés prièz de Camper Correntin, fu moult fellenesse et bien combatue.
-Et trop bien s'i porta messires Loeis d'Espaigne, et ossi fissent tout
-chil de son costet; mès trop leur fu li fais durs et pesans, quant
-messires Gautiers de Mauni y sourvint, car il amena toutte fresce gent
-et bien combatant qui trouvèrent lez Franchois jà lassés davantaige.
-Nonpourquant encorrez se deffendirent il et combattirent vassaument,
-mès enfin il ne peurent tenir place. Et furent desconfit et mors et
-messires li Aufors d'Espaigne, et li bannière de monseigneur Loeis, son
-oncle, portée par terre, et uns bons escuier qui le portoit, mors et
-abatus, que on claimmoit Huez de Lontin. Et se retraissent messires
-Loeys et ses gens deviers leur navie, et Englès et Bretons apriès yaulx
-en cache, et touttez mannières de gens paisans dou pays qui poursieuwi
-les avoient as bastons, as bourlés et as pikez, pour rescour ce que dou
-leur avoient perdu. Enssi à grant meschief li dis messires Loeis se
-parti de le bataille, durement navrés en pluiseurs lieux, et ne ramena
-de bien trois mille hommez qu'il avoit avoecq lui, non plus trois cens
-et y laissa son nepveult mort, dont trop durement fu courouchiéz.
-
-Avoecq tout ce, quant li dis messires Loeys fu venus à sa navie, il le
-trouva prise et garnie de sez ennemis. Si fu durement esbahis, et tant
-couri sus le sabelon que il vint jusquez à ung ligne, ung vaissiel qui
-siens estoit. Si entra dedens en grant qoite et aucuns des siens
-especiaulx qui mettre s'i peurent. Puis sachièrent li maronnier le
-single amont et eurent bon vent, et furent tantost esloingiet, car
-chils lings si est uns vaissiaux plus appers que nulx autrez, et va de
-tous vens et contre touttes marées. Quant chil chevalier d'Engleterre
-et de Bretaingne eurent desconfis leurs ennemis et il perchurent que li
-dis messires Loeys s'en estoit partis et alléz par deviers les
-vaissiaux, il se missent tout à aller apriès lui tant qu'il peurent, et
-lessièrent les gens dou pays couvenir del remannant et yaux vengier et
-reprendre partie de ce que on leur avoit robet. Quant il furent venus
-as vaissiaux, il trouvèrent que li dis messires (Loeys[408]) estoit
-entrés en ung ligne et s'en alloit nagant quanqu'il pooit. Si entrèrent
-tantost ens ès plus appareilliéz vaissiaux qu'il trouvèrent là sus le
-marinne, et drechièrent lors voillez et nagièrent tant qu'il peurent
-apriès le dit monsigneur Loeis (d'Espaigne); car il leur estoit avis
-que il n'avoient riens fait, se il leur escappoit. Il eurent bon vent
-si comme à souhet, et le veoient toudis nagier devant yaux si fortement
-qu'il ne le peurent raconssuiwir. Et tant naga li dis messires Loeys
-(d'Espaigne) à l'esploit dou vent et des maronniers, qu'il ariva à ung
-port que on claimme le port de Gredo. Là descendi li dis messires Loeys
-d'Espaigne, et chil qui escappet estoient avoecq lui, et entrèrent en
-le ville de Gredo. Il n'eurent miez plenté sejourné en le ditte ville,
-quant il oïrent dire que li Englès estoient arivet et qu'il
-descendoient pour yaux combattre. Et quant messires Loeys et se routte
-oyrent ces nouvellez, si n'eurent pas vollenté de là plus sejourner,
-mais quisent, prissent et empruntèrent cevaus en le ville et montèrent
-sus à esploit. Là en y eut de mal montéz, et se missent as camps
-deviers le chité de Rennes, messires Loeys tout devant, enssi comme
-homs desconfis, et ses gens apriès, cescuns qui mieux mieux; et qui
-cheval ne pot avoir, si se repust et mucha au mieux qu'il peult.
-
- [408] On lit dans le ms.: «Robers.» Mauvaise leçon.
-
-Quant li Englès et li Breton furent arivet à Gredo, et il sceurent que
-messires Loeis et li sien estoient parti et s'en aloient deviers
-Rennez, si fissent tantost traire lors cevaux hors de leurs vaissiaux,
-chilz qui ceval avoient, et se missent en cache encorrez apriès yaulx;
-mès il estoient jà si eslongiet que nulx n'en trouvèrent. Si
-retournèrent à Gredo, et s'i logièrent et reposèrent le nuit.
-
-L'endemain, il rentrèrent en leurs vaissiaux et singlèrent pour revenir
-vers Hainbon, mès il eurent vent contraire et waucrèrent par deus
-jours; et les couvint de force ariver à trois liewez de le ville de
-Dinant. Puis se missent au cemin par terre enssi qu'il peurent, et
-gastèrent le pays entour Dinant et prendoient cevaux telx que chacuns
-pooit trouver, li uns à selle, et li autre sans selle; et allèrent tant
-qu'il vinrent ung soir assés priès de le Roceperiot. Quant il furent là
-venu, messires Gautiers de Mauni dist: «Certainnement jou iroie
-vollentiers au matin assaillir che fort castiel de le Roceperiot, se
-jou avoie compaignie, com travilliéz que je soie.» Et tout li chevalier
-et li compaignon liement li accordèrent. Ceste nuit se reposèrent et
-aisièrent de ce qu'il eurent. A l'endemain au matin, il vinrent devant
-le dessus dit castiel; si le advisèrent et ymaginèrent coumment il
-estoit hault assis et sus une roche. Et dist messires Gautiers de
-Mauni, quant il y parfurent venu: «Il le nous couvient assaillir et
-savoir se nous y porions riens concquerre.» Or devés savoir que dedens
-le castel estoit venus, environ six jours devant, chilz bons escuiers
-Gerars de Malain, par l'ordounnanche de monseigneur Charlon de Blois,
-car autrefois en avoit il estet cappittainne. Dont, quant il vit Englès
-et Bretons devant lui et yaux appareillier pour assaillir, il se mist
-ossi en arroy pour bien deffendre. Lors commença ungs assaulx grans,
-fiers et mervilleux, car Englès et Breton montoient le roche et le
-montaigne amont, et trayoient et assalloient de grant vollenté. Et chil
-dou fort leur envoiioient d'amont pièrez et baux et autres coses pour
-yaux grever, et avoient kanons et ars à tour, dont trop bien se
-deffendoient. Chil qui assalloient montoient perilleusement; et bien
-apparut, car il y eut dez leurs pluisseurs blechiés et navrés: entre
-lesquelx messires Jehans li Boutilliers et messires Hubert de Frenay
-furent si durement blechiés, qu'il les couvint raporter aval de la Roce
-et mettre jesir en ung pret avoecquez les autrez navrés. Fos 70 et 71.
-
-_Ms. de Rome_: Assés tos apriès avint que messires Gautiers de Mauni et
-auqun Englois qui desiroient les armes se departirent de Hainbon et
-cevauchièrent as aventures viers Roceperiot. Qant il furent venu
-jusques à là, messires Gautiers de Mauni dist: «Avant que nous
-chevauçons plus avant, je voel que nous alons assallir ce chastiel, et
-veoir se nous i porions riens conquester.» Tout respondirent: «A la
-bonne heure!» Il missent tantos piet à terre et aprochièrent le
-chastiel, et conmenchièrent à monter la roce et à livrer grant asaut.
-Pour ces jours i estoit Gerars de Malain, li esquiers de Bourgongne,
-qui avoit esté pris et rescous à Dignant, et avoit avoecques lui des
-bons compagnons qui tout se missent à deffense. Li dis Gerars de Malain
-n'espargnoit point, mais se deffendoit de grant volenté et par bonne
-ordenance. Englois sont chaut et boullant, et est vis as auquns que
-tantos il doient avoir conquesté, soit bataille ou asaut, qant il i
-sont venu, et là ot des lours qui s'avancièrent follement. Auquns
-(furent) bleciés, et par especial deus bons chevaliers, dont li uns fu
-nonmés messires Jehans li Boutelliers et li aultres messires Hubiers de
-Frenai. Et furent tellement tapés sus lors bachinés dou jet de deus
-pierres que il rendoient sanch par la bouce et par les orelles; et les
-couvint porter hors et en sus de l'asaut en une prée et desarmer, et
-furent si estonnet que on quidoit bien que il deuissent morir. Fo 84
-vo.
-
-P. 160, l. 18: de Cliçon.--_Le ms. B 6 ajoute_: messire Joffroy de
-Malatrait. Fo 211.
-
-P. 161, l. 16: batailles.--_Ms. B 6_: et estoit mesire Gautier de
-Mauny. Fo 212.
-
-P. 161, l. 20: Aufons.--_Mss. B 3, et A 1 à 22_: Aufour, Auffour. Fo
-84 vo.--_Mss. A 23 à 33_: Alphons. Fo 110 vo.
-
-P. 162, l. 3: sis mille.--_Mss. A 1 à 22_: sept mille. Fo 95.--_Mss. A
-23 à 33_: six mille. Fo 105 vo.
-
-P. 162, l. 23: qu'il pooit.--_Ms. B 6_: et fist tant qu'il vint en
-Garlande et monta là à cheval et se sauva au mieulx qu'il pot, mais de
-toute(s) ses (gens) il n'en demoura que douze. Et vinrent en l'ost
-devant Crais, où messire Charles de Blois estoit. Fo 213.
-
-P. 162, l. 33: Gredo.--_Mss. A 1 à 22_: Gredo. Fo 95.--_Mss. A 23 à
-33_: Redon. Fo 106.
-
-P. 163, l. 8: Rennes.--_Mss. A 1 à 6, 11 à 14, 18 à 22_: Vennes. Fo
-95.--_Mss. A 7 à 10, 15 à 17, 23 à 33_: Rennes. Fo 87 vo.
-
-P. 164, l. 14: Mahieus de Frenai.--_Ms. B 6_: Jehan de Frenay. Fo 214.
-
-
-=§ 173.=--P. 164, l. 17: Cilz Gerars.--_Ms. de Rome_: Chils Gerars de
-Malain avoit un frère, hardit honme et conforté durement, que on
-nommoit Renier de Malain; et estoit chapitainne et chastellains de un
-aultre petit fort, seans assés priès de la Roceperiot, et le fort on
-clainme Fauet. Qant cils Reniers entendi que Englois et Breton
-livroient assaut à la Roceperiot, de laquelle garnison ses frères
-Gerars estoit chastellains et gardiiens, il fist armer de ses
-compagnons jusques à quarante, et issi hors de Fauet, et cevauça viers
-la Roceperiot, en instance de ce que pour conforter son frère, en
-auqune manière se il pooit; et sourvint à l'aventure sus ces deus
-chevaliers englois bleciés, liquel estoient en une prée en sus dou
-hustin, car la noise lor faisoit mal, et ne trouvèrent dalés euls que
-varlès qui les gardoient. Il veirent tantos que il estoient de lors
-ennemis, et que on les avoit là amenés pour euls rafresqir. Il
-environnèrent ces varlès et ces prisonniers et les prissent tous, et
-fissent les chevaliers monter sus lors chevaus et les varlès venir et
-sievir à piet, tant que il furent eslongiet une grose demi lieue en sus
-de la Roceperiot, et puis lor donnèrent congiet. Chil varlet de piet se
-tinrent pour tous resjois qant il se sentirent delivret, et vinrent à
-fuiant devant la Roceperiot, et se traissent deviers messire Gautier de
-Mauni et les aultres, et lor dissent: «Signeur, rescoués mesire Jehan
-le Boutellier et messire Hubert de Frenai, que chil de la garnison de
-Fauet enmainnent.»
-
-Sus ces paroles, tout laissièrent l'assaut, et montèrent as cevaus et
-ferirent à l'esporon, çasquns que mieuls mieuls, pour raconsievir ceuls
-de la garnison de Fauet; mais il estoient jà entré dedens, et tout mis
-à sauveté, prisonniers et euls, et relevet le pont et trait les
-barrières avant, et avoient encores eu loisir de boire un cop et de
-euls rafresqir. Evous venu messire Gautier de Mauni et les Englois et
-les Bretons à l'esporon, et missent tantos piet à terre, et
-approchièrent le chastiel et conmencièrent à asallir, con lassé que il
-fuissent, et continuèrent l'asaut jusques à la nuit; car tantos fu
-tart. Il regardèrent quel cose il feroient; car il n'avoient tentes ne
-trefs, ne nulles pourveances, fors bien petit. Mesires Gautiers de
-Mauni dist: «Nennil, il nous fault ravoir nos compagnons: aultrement
-nous receverions trop grant blame, et se sera tantos jours. Une nuit
-est tantos passée; il fait biel et chaut. Nostres chevaus se passeront
-bien meshui de ce que nostres varlès trouveront.» Chils consauls fu
-creus. Et se logièrent ces Englois et ces Bretons à l'environ de Fauet;
-et lor varlet alèrent fouragier, et se passèrent la nuit de ce que il
-trouvèrent. Fos 84 vo et 85.
-
-
-=§ 174.=--P. 164, l. 23: quarante.--_Ms. d'Amiens_: jusquez à quarante.
-Fo 71.--_Ms. B 6_: quarante lances. Fo 214.
-
-P. 165, l. 8 et 9: l'assaut.--_Ms. B 6_: Dont cheulx de Rochepierot
-furent bien eureus, car on dist que, se l'aventure ne fust venue, les
-Englès les eussent conquis. Fo 214.
-
-P. 165, l. 22: Gerars de Malain.--_Ms. d'Amiens_: Gerars de Malain
-sceut, tantost que cil signeur se furent parti de Rocheperiot, le biel
-fet d'armez que Reniers ses frèrez avoit fait pour lui secourir, si en
-eut grant joie, et sceut que chil seigneur englès et breton estoient
-pour chou tret par deviers Fauet et le concquerroient se il pooient. Si
-se appenssa que il feroit ossi biel service à son frère qu'il li avoit
-fet. Si monta en l'eure et tout de nuit sus son cheval et chevaucha
-tant que ung petit devant le jour il vint à Dinant. On li ouvri le
-porte, car bien y estoit conneus. Si parla à monseigneur Pière
-Portebuef, son compaignon et cappittainne de Dinant, et li remoustra
-quel besoing l'amenoit là. Messires Pière (Portebuef) fist tantost
-sommer la cloce dou consseil de la ville. Et s'asamblèrent tout li
-bourgois ou marchiet; et quant il furent tuit venu, li dessus dit les
-priièrent et enortèrent si bellement que tout s'acordèrent ad ce qu'il
-s'armeroient et yroient deviers Fauet pour secourir Renier de Malain,
-leur bon voisin. Dont s'armèrent ysnielment touttez mannières de gens
-en le ville de Dinant, et se rassamblèrent en le plache, et furent bien
-six mille, qu'à piet qu'à ceval, et se partirent à grant effort et
-prissent le chemin de Fauet, messires Pières Porteboef et Gerars de
-Mallain devant, qui les conduisoient. Ces nouvelles vinrent à messire
-Ghautier de Mauni et as chevaliers englès et bretons coumment chil de
-Dinant et dou pays d'environ venoient pour yaux combattre. Si eurent
-consseil entr'iaux que bon leur en seroit affaire, si ques, tout
-consideret, le bien et le mal, il s'acordèrent à ce qu'il se
-partiroient de là et s'en retourneroient tout bellement par deviers
-Hainbon, car grans meschiefz leur poroit avenir, se il demoroient
-longement là; car, se cil de Dinant leur venoient d'une part et li hos
-messire Carle de Blois et li signeur de Franche d'autre part, il
-seroient enclos, si seroient tous (pris[409]) et mors à le vollenté de
-leurs ennemis. Si se acordèrent à ce que li milleurs poins estoit de
-laissier leurs compaignons en prisson que de tout perdre, jusquez adonc
-que il le poroient amender. Lors se partirent de Fauet et s'en
-retournèrent vers Hainbon. Or lairons ung petit à parler d'iaux et
-parlerons de monseigneur Loeys d'Espaigne....
-
- [409] On lit dans le ms.: «perilz.» Mauvaise leçon.
-
-Quant messires Gautiers de Mauni se fu partis de Fauet et il eurent
-pris le chemin de Hainbon, il vinrent passant par devant le fort
-castiel que on claimme Gohy le Forest, qui, quinze jours devant, estoit
-rendus à monseigneur Carlon de Blois. Et l'avoit li dis messires Carlez
-livret pour garder à monseigneur Gui de Ghoy, qui en devant le tenoit,
-liquelx n'estoit point adonc là, mès estoit en l'ost avoecq les
-seigneurs de France par devant la ville de Craais. Quant messires
-Gautiers de Mauni vi le castiel de Ghoy le Foriest, qui durement estoit
-fors, il dist à ces chevaliers de Bretaingne qui estoient avoecq lui,
-que il n'yroit plus avant, ne de là ne se partiroit, com travilliés
-qu'il fuist, si aroit assailli che fort castiel et aroit veu le
-couvenant de ciaux qui estoient dedens. Si coummanda tantost as
-archiers que chacuns le sieuwist, et à ses compaignons ossi, puis prist
-sa targe à son col et monta amont jusques as baillez et as fossés dou
-castiel, et tout li autre Breton et Englès le sieuvirent. Lors
-coummenchièrent fortement à assaillir, et chil de dedens fortement à
-yaux deffendre, coumment qu'il n'ewissent point de leur cappitaine. Là
-eult trop fort assault et grant fuison de bien faisans dedens et
-dehors, et dura longement jusques à basses viespres. Là estoit messire
-Gautier de Mauny tout devant, qui mies ne s'espargnoit, mès se mettoit
-ou plus grant peril pour rencoragier les siens. Et li archier traioient
-si ouniement que chil de dedens ne s'osoient apparoir as cretiaus, se
-petit non. Si fissent tant li assallant que li fossés furent rempli à
-l'un des lés d'estrain et de bois et de terre gettée par dessus, par
-quoy il pooient bien parvenir jusques as murs. Adonc assaillirent il
-plus fort que devant. Et avoient pik dont il petruisièrent le mur, et y
-fissent ung si grant trau que par ce il reversèrent ung pan dou mur; et
-entrèrent ens de force et ochirent tous ceux qui dedens estoient,
-excepté quatre qu'il enmenèrent prisonnier. Et laissièrent le castiel
-en cel estat et s'en partirent à l'endemain; et s'en revinrent à
-Hainbon, où il furent recheuv à grant joie de le comtesse de Montfort
-et de tous lors compaignons.
-
-Or avons nous entroubliiet à parler dou secours de Dinant qui venoit
-devant Fauet. Voirs est qu'il y vinrent; et quant il trouvèrent les
-Englèz partis, messire Pière Porteboef ramena chiaux de Dinant. Fo 71.
-
-
-_Ms. de Rome_: Gerars de Malain, qui se tenoit en Roceperiot entendi
-que li Englois et li Breton estoient devant Fauet. Si s'apensa que il
-conforteroit son frère et li remunerroit le service que fait li avoit;
-si se departi de Roceperiot et vint à Dignant. D'aventure estoient là
-venu li sires de Chastellon, li viscontes de Rohem, li sires d'Amboise
-et autres chevaliers de France, les quels mesires Carles de Blois i
-avoit envoiiés pour conforter la ville, pour tant que il avoit entendu
-que li Englois cevauçoient; et estoient bien trois cens lances et deus
-cens Geneuois. Li esquiers bourgignons lor recorda le fait pour quoi il
-estoit là venus, et de son frère qui estoit assegiet ou chastiel de
-Fauet, et couvenoit que il fust secourus, ou il seroit pris, et li doi
-chevalier que il tenoit prisonniers, rescous. Ces gens d'armes ne
-furent onques si resjoi, à ce que il moustrèrent, qu'il furent; et
-s'ordonnèrent toute la nuit au partir au point dou jour, et s'armèrent
-et fissent armer tous les honmes aidables de Dignant. Et furent ou
-gouvrenement de messire Pierre Portebuef; et puis, à l'aube dou jour,
-il se departirent de Dignant, et ne pooient tos aler pour la cause de
-ceuls de piet qui les sievoient. Messires Gautiers de Mauni et chil qui
-estoient devant Fauet, furent segnefiiet que François venoient
-efforciement. Si n'orent pas consel de l'atendre, et s'en departirent
-et retournèrent viers Hainbon; si ques, qant li François furent jusques
-à là venu, il ne trouvèrent à qui parler. Ensi demora pour ces jours
-Fauet en paix. Et confortèrent li doi frère l'un l'autre et li doi
-chevalier prisonnier: dont moult en anoia à mesire Gautier de Mauni,
-mais amender ne le pot pour l'eure.
-
-Qant mesires Gautiers de Mauni et sa route se furent departi de Fauet,
-ensi que vous avés oï, il n'alèrent pas le droit cemin pour retourner à
-Hainbon, mais s'adrechièrent viers Goi le Forest, un chastiel assés
-fort, qui se tenoit à mesire Carle de Blois. Messires Gautiers de
-Mauni, qui estoit encores tous merancolieus des deus chevaliers,
-messire Hubert de Frenai et messire Jehan le Boutillier, qui estoient
-demoret derrière et prisonnier ou chastiel de Fauet, qant il fu venus
-devant le chastiel de Goy la Forest, il dist à ses compagnons: «Il nous
-fault assaiier à ce chastiel, se jamais nous le porions prendre.» Tout
-furent de son acord et missent tantos piet à terre, et alèrent asallir
-de si grant volenté, que li chastiaus fu pris, et tout chil mort, qui
-dedens estoient. Et puis passèrent oultre, et vinrent ce jour à Hainbon
-où la contesse estoit, qui lor fist bonne chière, mais messires
-Gautiers ne pooit oubliier la prise des deus chevaliers et doutoit
-messire Lois d'Espagne que il ne les fesist morir, en contrevengant la
-mort de son neveu, messire Aufons d'Espagne, liquels avoit esté ocis en
-l'ille de Camperlé. Fo 85.
-
-P. 166, l. 15: sis mille.--_Ms. B 6_: quatre mille. Fo 215.
-
-
-=§ 175.= P. 168, l. 19: Quant.--_Ms. d'Amiens_: Et Gerars de Malain
-retourna en le Roceperiot: si entendi que li Englès avoient pris Ghoi
-le Forest et ochis ceux de dedens et l'avoient laissiet. Si vint ung
-jour celle part et y amena grant fuison de bonhommes dou pays, et le
-fist remparer et fortefiier de rechief et pourveir d'artillerie, de
-pourveanches et de bons compaignons pour le garder; car mies ne volloit
-que li Englès y amasesissent pour gueriier chiaux d'environ.
-
-Et toudis se tenoit li sièges devant Craais. Tant fist messires Carlez
-de Blois o son effort et les seigneurs de France que li roys Phelippes,
-ses biaux oncles, li avoit envoiiés, devant la bonne et forte ville de
-Craais, et tant le fist assaillir par pluisseurs fois, que chil de
-dedens furent durement constraint en pluisseurs mannières. Et se
-tinrent et deffendirent comme bonne gent et senefiièrent leur necessité
-par deux ou par troix foix à leur damme la comtesse de Montfort, qui
-moult estoit couroucie que elle n'estoit forte assés pour lever le
-siège; mès messires Carles de Blois avoit adonc grant host et belle
-gent, et tous les jours li fuisonnoient. Si ne se trouvoit mies en
-point pour yaux combattre.
-
-Or eut la comtesse consseil par l'avis de monseigneur Ghautier de Mauny
-que elle escriproit une grande part de ses besoingnes au roy
-d'Engleterre, et li renouvelleroit les couvenenches qu'il avoient
-enssamble et li prieroit d'avoir secours: autrement, ce que elle tenoit
-de pays en Bretaingne estoit en grant aventure. Si escripsi la comtesse
-au roy englès lettrez moult affectueuses, ensi que bien le seult faire,
-et messires Gautiers de Mauny ossi pour mieux aprouver et encoulourer
-les besoingnes de le damme. Les lettres escriptez et saellées, li
-messagiers parti et entra ens une nef ou havene de Hainbon, et singla
-vers Engleterre. Endementroes qu'il ala et vint et fist son messaige,
-pluiseurs coses avinrent en Bretaingne, desquelles je vous feray des
-aucunnes mention, mès premiers je vous compteray dou siège de Craais
-coumment il fu perseveréz.
-
-Ensi comme dessus est dit, tant fist messires Carles de Blois devant la
-ville de Craais, que durement l'appressa et constraindi de famine. Et
-quant cil de Craais veirent que il ne seroient autrement comforté ne
-secourut de par la comtesse, il se doubtèrent de plus à perdre; car il
-veoient monseigneur Carlon de Blois fort durement. Si traitiièrent
-deviers lui par amiable composition que il leur volsist pardonner son
-mautallent, et il le receveroient à signeur et li feroient feaulté et
-hoummaige pour tous jours. Mès chilz tretiés fu si sagement demenéz que
-li dessus dis messires Carles les rechupt par l'ordounnanche dessus
-ditte et entra dedens la ville, et y fu rechus à grant joie et y reposa
-et toutte sen host, voirs chil qui reposer y veurent, par six jours, et
-leur fist on là dedens moult de courtoisiez. Fos 71 vo et 72.
-
-_Ms. de Rome_: Si ordonna li dis messires Carles (de Blois) chapitainne
-à Vennes et bonnes gens d'armes pour le garder. Et puis se traissent
-(li François) devant la ville de Craais, qui aussi sus quatre jours
-entra en trettiet et se rendi. Et de là il vinrent devant Hainbon, et
-se requellierent toutes les gens d'armes et les capitains françois de
-tout le pais, qui pour lors se tenoient à mesire Carle de Blois, et
-vinrent tout au siège de Hainbon. Fo 85 vo.
-
-
-=§ 176.= P. 170, l. 11: Adonc.--_Ms. d'Amiens_: Endementroes eurent li
-seigneur consseil quel part il se trairoient, ou devant Jugon, ou
-devant Hainbon. Finaublement consseil se porta qu'il se retrairoient
-devant Hainbon et l'assiegeroient de tous costéz, car leur ennemic se
-tenoient par dedens, et n'en partiroient, c'estoit leur entente, si
-l'aroient à leur vollenté. Dont se partirent au septime jour et
-aroutèrent tout leur charoy et missent les pourveanches à voiture, et
-s'en vinrent li seigneur et touttes mannières de gens devant Hainbon et
-le assiegièrent.
-
-Or ont de rechief li Franchois assegiet le ville et le castiel de
-Hainbon, et dedens la comtesse de Montfort et le seigneur de Mauni et
-moult de bonne chevalerie et escuierie d'Engleterre et de Bretaingne,
-qui souffissamment et vassaument s'i portent et deffendent le dessus
-ditte fortrèce. La compaignie de ces signeurs de France estoit durement
-moutepliiée et acroissoit tous les jours; car grant fuison des
-seigneurs de France, chevaliers et bonne gent d'armes, revenoient de
-jour en jour del roy Alphons d'Espaingne, qui adonc guerioit au roy de
-Grenade et as Sarrasins: si ques quant il passoient par Poitou et il
-ooient nouvellez dez ghuerres qui estoient en Bretaigne, il s'en
-alloient celle part, et il estoient li bien venu. Li dis messires
-Carles avoit fait drechier jusques à seize grans enghiens qui jettoient
-grandez pierres ouniement as murs de Hainbon et en le ville. Mès chil
-de dedens n'y acomptoient mies gramment; ains venoient tantost as murs
-et as cretiaux et lez passoient de leurs capperons par despit. Et puis
-crioient quanqu'il pooient, et disoient: «Alléz, allés requerre vos
-compaignons et raporter, qui se reposent ou camp de Camperli:» desquelz
-parollez et trufferiez messires Loeis d'Espaigne et li Geneuois avoient
-grant yreur et grant despit. Fo 72.
-
-_Ms. de Rome_: Chil de la garnison de Hainbon estoient durement
-fortefiiet. Et bien lor besongnoit, car toute la flour de la chevalerie
-estoit pardevant là venue et arestée de France; ne on ne savoit adonc
-où querre les armes, fors en Bretagne. Fo 85 vo.
-
-P. 170, l. 26: l'avoient veu.--_Mss. A 20 à 22_: puis qu'il fut envoié
-devant Dignant. Fo 145.
-
-P. 170, l. 28: montepliie.--_Ms. B. 6_: car le roy Phelippe y envoia
-mille combatans, pour che qu'il savoit bien que messire Gautier et les
-Englès estoient yssus d'Engleterre et retrait dedens la ville de
-Hambon. Fo 217.
-
-
-=§ 177.= P. 171, l. 16: Un jour.--_Ms. de Rome_: Un jour vint messires
-Lois d'Espagne en la tente mesire Carle de Blois, et li demanda un don,
-present fuisson de grans signeur de France qui là estoient; et fu li
-dons demandés en remunerant les services que fais li avoit. Messires
-Carles ne savoit pas quel don il li voloit demander, car se ils le
-seuist, jamais ne li euist acordé, et li otria sa demande legierement,
-car il se sentoit moult tenus à lui.
-
-Qant li dons fu otroiiés, mesires Lois dist: «Monsigneur, grant
-merchis! Je vous demande les deux chevaliers englois, qui sont
-prisonnier ens ou chastiel de Fauet, et que Reniers de Malain
-garde.»--«Volentiers, respondi mesire Carle; je les vous donne.» Et
-pensoit que il les vosist avoir pour ses prisonniers, et pour rançonner
-à finance, pour tant que il avoit moult perdu en l'ille de Camperlé. Il
-furent envoiiet querre, et amené par l'esquier meismes qui pris les
-avoit. Qant mesires Carles les vei, il dist à Renier de Malain:
-«Renier, chil doi chevalier sont vostre. Je les vous demande, et qant
-il venra à point, il vous vaudront bien aussi grant don.»--«Monsigneur,
-dist Reniers, je les vous donne.»--«Grant merchis,» dist messires
-Carles, «et je les vous donne,» dist il à mesire Lois, «qui demandé me
-les avés. Quel cose en volés vous faire?»--«Sire, dist il, vous les
-me-s-avés donnés, et ce sont mien. C'est li intension de moi, car je ai
-par euls pris et recheu si très grant damage que mes gens mors et ocis,
-et par especial Aufons, mon neveu, que je amoie otant que moi meismes,
-que il morront aussi.» Donc regarda messires Carles sus messires Lois,
-et se repenti trop fort de ce que il li avoit donné et acordé les deus
-chevaliers, et li dist: «Cousins, se vous faissiés ce que vous dittes,
-vous en seriés trop grandement blamés, et si seroit trop grant
-cruaultés. Se li chevalier servent le roi d'Engleterre et il soient
-pris par bataille, son service faisant, ils n'ont pas pour ce deservi
-mort, mais tenés les et si les rançonnés courtoisement, ensi que
-gentilhonme font l'un l'autre, car sus celle entente et pour ensi à
-faire, les vous ai je donnés.»--«Sire, respondi li dis messires Lois,
-li chevalier sont mien; si en ferai ma volenté; et se vous les
-me-s-ostés, jamais jour ne vous servirai.» Li dis mesire Carle de Blois
-vei son cousin courechiet et enflamet en aïr et ne le voloit pas
-perdre, car de tous ceuls de l'oost il estoit chils qui plus loiaument
-se acquitoit en ses armées et cevaucies; se li dist: «Cousins, nous nos
-disnerons, et apriès disner vous auerés avis quel cose vous ferés.» Li
-intension de messire Carle de Blois estoit telle que il feroit priier
-tant de signeurs à messire Lois d'Espagne, pour sauver les deus
-chevaliers, que point ne morroient. Et fist couvrir les tables en sa
-tente, et manda son frère le conte de Blois et ses cousins de Bourbon,
-le signeur de Chastellon et aultres, et lor donna ce jour à disner, et
-retint messire Lois d'Espagne dalés li et les deus chevaliers
-d'Engleterre qui avoient oy toutes ces paroles et ces manaces. Si
-n'estoient pas bien aseguré, mais grandement il se contentoient de
-monsigneur Carle de Blois, et veoient bien que en li avoient un bon
-moiien. Fos 85 vo et 86.
-
-P. 171, l. 17: en l'entente.--_Ms. d'Amiens_: ens ès tentez. Fo 72.
-
-P. 171, l. 28: Mahieu de Frenai.--_Ms. d'Amiens_: Hubert de Frenay. Fo
-72.
-
-P. 171, l. 31: Aufons, mon neveut.--_Ms. d'Amiens_: Aufour, mon chier
-nepveut. Fo 72.
-
-P. 172, l. 1: neveut.--_Ms. B 6_: fil. Fo 217.
-
-P. 172, l. 3: laiens sont.--_Ms. d'Amiens_: et qui m'en gallent
-encorres tous les jours. Fo 72.
-
-P. 172, l. 23: Loeis.--_Ms. d'Amiens_: car voirement li avoit il fait
-pluiseurs biaux servicez et estoit encorres bien tailliéz de li faire
-de jour en jour, car il estoit li ungs des bons chevaliers de toutte
-sen host. Fo 72.
-
-P. 172, l. 24: chastellain de Fauet.--_Ms. d'Amiens_: Renier de Malain.
-Fo 72.
-
-P. 172, l. 25: chevaliers.--_Ms. d'Amiens_: englès. Fo 72.
-
-P. 172, l. 25: host.--_Ms. d'Amiens_: liquelx castelains li envoya
-parmi les bonnes enseignes qu'il eult dou dessus dit monsseigneur Carle
-de Blois. Fo 72.
-
-P. 172, l. 29: pluiseur.--_Ms. d'Amiens_: baron et chevalier de France
-qui oncques mès ne les avoient veus. Fo 72.
-
-P. 172, l. 31: dist.--_Ms. d'Amiens_: par grant yrour. Fo 72.
-
-P. 173, l. 13: semblable cas.--_Ms. d'Amiens_: cas sannable. Fo 72.
-
-P. 173, l. 13: li aultre signeur.--_Ms. d'Amiens_: li signeur de
-Franche. Fo 72.
-
-
-=§ 178.= P. 173, l. 21: Toutes les parolles.--_Ms. d'Amiens_: Touttes
-les parolles, demandez et responsses qui premiers furent dittez entre
-monseigneur Carle et le dit monseigneur Loeys à l'oquison de ces deux
-chevaliers, furent tantost sceuwes à monseigneur Gautier de Mauni et à
-monseigneur Amauri de Clichon, par espies qui toudis alloient
-couvertement de l'un host en l'autre. Ossi furent touttez ces parolles
-darrainnement dittez, quant li doy chevalier furent amenet en le tente
-monseigneur Carle. Et quant li doy chevalier messires Ghautiers et
-messires Amauris oïrent ces nouvellez et entendirent que c'estoit à
-certez, il en eulrent grant pitié. Si appellèrent aucuns de leurs
-compaignons et leur remoustrèrent le mescief des deux chevaliers, lors
-amis et compaignons, pour avoir consseil qu'il en poroient faire; puis
-coummenchièrent à pensser li uns chà et li autrez là, et n'en savoient
-c'aviser. Au dairains, coummencha à parler li preux chevaliers messires
-Gautiers de Mauny, et dist: «Seigneur compaignon, che seroit grant
-honneur pour nous, se nous poions ces deux bons chevaliers sauver; et
-se nous nos en mettons en aventure et fallissions, si nous en seroit li
-roys d'Engleterre bon gré; et ossi feroient tout preudomme qui en
-oroient parler, quant nous en arions fait nostre pooir. Si vous en
-diray mon avis, se vous avés talent de l'entreprendre; car il me samble
-que on doit bien le corps aventurer pour sauver le vie de deux vaillans
-chevaliers. J'ay aviset que nous nos yrons armer et nous partirons en
-deux pars. Li une des pars ystera maintenant, ensi que on disnera, par
-ceste porte, et se iront ly compaignon rengier sus cez fossés pour
-estourmir l'ost et pour escarmuchier. Bien croy que tout chil de l'host
-acouront ceste part, et vous, messires Amauris, en serés cappittainne,
-et arés avoecq vous mil bons archiers pour lez sourvenans detriier et
-faire reculler. Et je prenderay deus cens de mes compaignons bien
-montés et cinq cens archiers, et ysterons par ceste posterne d'autre
-part couvertement, et venrons ferir par derière en leur loges que nous
-trouverons wuidez; et se il plaist à Dieu, nous ferons tant que nous
-les hosterons de ce peril.» Chilz conssaux et advis pleut à tous, si
-qu'il fu fais et ordounnés tantost en l'eure, et s'armèrent tout chil
-de Hainbon secretement.
-
-Droitement sus l'eure dou disner yssi messires Amauris de Clichon à
-cinq cens hommes d'armes et à mil archiers par le porte qui le plus
-proçainne estoit de l'ost, et se rengièrent et ordonnèrent sus les
-fossés; et quant cil de l'host lez virent, si criièrent partout: «As
-armes!» et s'armèrent vistement et partirent de leurs logeis et vinrent
-escarmuchier à yaux; et li archier coummenchièrent à traire et à
-ensonniier les Franchois. Endementroes messires Gautiers de Mauny,
-messires Frankes de Halle, messires Henris de Pennefort, messires
-Guillaummes de Cadudal, messires Joffrois de Malatrait et bien deux
-cens compaignons et tous d'eslite et cinq cens archiers montés à
-cheval, se partirent de Hainbon par une posterne qui oeuvre sus le mer,
-et chevaucièrent en sus de le ville et entours l'ost, et s'en vinrent
-ferir ens ès logeis par derière et n'y trouvèrent adonc que varlès et
-gharçons, car tout li seigneur estoient à l'escarmuche. Et avoient li
-Englèz espiez et meneurs qui menèrent tantost et de fet monseigneur
-Ghautier et se routte droitement en le tente là où li doy chevalier
-prisonnier estoient en grant soussi, liquel furent errant delivret de
-chiaux qui lez gardoient, dont li plus furent mort et navret et mis en
-cache, et furent tantost montez sour deux coursiers et rammenet en le
-ville de Hainbon par force d'armes. Che service leur fist messires
-Ghautiers de Mauny, dont il acquist grant grasce. Et moult en fu
-messires Loeys d'Espaingne courouchiéz, mès oubliier li couvint: si en
-fu il depuis moult merancolieux, par tant qu'il avoit en tel mannière
-perdu les deux chevaliers, dont il volloit faire se venganche. Fo 72
-vo.
-
-_Ms. de Rome_: Toutes ces paroles furent sceues en la garnison de
-Hainbon et dittes et comptées à messire Gautier de Mauni, qui tantos
-sus heure fu consilliés et dist à ses compagnons: «Biau signeur, il
-nous fault rescourre les deus chevaliers.»--«Et conment ferons ce?»
-respondirent li aultre. «Je le vous dirai, dist messires Gautiers, nous
-ferons armer tous ceuls de ceste garnison, et une partie demorer pour
-garder la porte et le pont. Et vous, messire Ive de Tigri, messire
-Guillaume de Qadudal, li sires de Landreniaus, li chastellains de
-Ghinghant, li doi frère de Pennefort, prenderés deus cens compagnons et
-cinq cens archiers, et saudrés hors sus le point dou disner, et irés
-escarmuchier et estourmir l'oost. Et je et mes compagnons, lesquels je
-ai mis hors d'Engleterre, à cinq cens archiers, saudrons hors par la
-posterne et cevaucerons tout droit là où li doi chevalier prisonnier
-sont, et ferons nostre pooir dou conquerre et dou ramener. Li coers me
-dist que nous les rauerons, et ce seroit grant defaute pour nous, qant
-nous les savons en tel parti, (si) nous ne faisions nostre diligense de
-euls delivrer.» Tout furent de son acort et s'armèrent et
-apparillièrent, et montèrent as cevaus ceuls qui monter i devoient. Et
-fu ouverte la porte et li pons avalés, et sallirent hors les deus cens
-armeures de fier, tous Bretons, et les cinq cens archiers, et s'en
-vinrent escarmuchier et estourmir l'oost. Et fu sus le point dou
-disner, dont oissiés tronpètes et claronciaus retentir et bondir et
-criier alarme, et toutes gens sallir sus et euls armer. Meismement
-messire Carles de Blois et tout li signeur qui en sa tente estoient,
-sallirent sus et boutèrent les tables jus et s'armèrent et ordonnèrent,
-et ne vodrent pas estre souspris à leur disner, et se departirent et se
-traissent casquns viers l'escarmuce. Et mesires Lois d'Espagne
-meismement, et ot si grant quoite de li armer et d'aler à l'escarmuce,
-que il ne li souvint de ses deus chevaliers englois prisonniers, et les
-laissa en la tente à mesire Carle de Blois, en la garde des varlès
-d'offisce qui là estoient.
-
-Qant la cose fu bien estourmie, evous messire Gautier de Mauni venu et
-issu hors de Hainbon par une posterne qui regardoit sus la mer, ferant
-à l'esporon tout autour des logeis et ses compagnons. Et estoient bien
-deus cens armeures de fier et cinq cens archiers, et bien avoient qui
-les menoit; et s'adrecièrent droit au logeis à messire Carle de Blois,
-et n'entendirent à aultre cose faire que de venir en la tente dou dit
-messire Carle. Et ne trouvèrent que varlès qui là estoient, qui tantos
-s'enfuirent, li uns chà, et li aultres là, et laissièrent les deus
-chevaliers qui furent moult resjoi qant il veirent messire Gautier et
-lor route. Tantos il furent monté sus deus chevaus, et se missent au
-retour messire Gautiers et ses gens par le cemin meismes où il estoient
-venu, et n'eurent encontre ne destourbier nul, et rentrèrent en
-Hainbon. Fo 86.
-
-P. 175, l. 21 et 22: qui les recueilloient vistement.--_Mss. A 1 à 6,
-11 à 14, 18 à 22_: qui se reculoient, en desfendant vistement. Fo 98
-vo.
-
-
-=§ 179.= P. 176, l. 21: Encores.--_Ms. d'Amiens_: Trois jours apriès
-ceste avenue, tout chil seigneur de Franche qui là estoient devant le
-ville de Heinbon, se assamblèrent en le tente monseigneur Carlon de
-Blois pour avoir consseil qu'il feroient, car il veoient bien que li
-ville et li castiaux de Hainbon estoient si fort qu'il n'estoient mies
-pour gaegnier, tant avoit dedens de bonne gens d'armes qui trop bien et
-trop sagement et vassaument le gardoient. Et si leur ve(n)oient[410]
-tous les jours pourveanches et vitailles par mer, dont il estoient bien
-servi, et se ne leur pooit on ce pas oster ne clore. D'autre part, li
-plas pays d'environ estoit si gastéz, qu'il ne savoient quel part aller
-fourer. Et si leur estoit li yviers prochains, par quoy il ne pooient
-par raison là longement demorer; si ques, tous ces poins consideréz, il
-s'acordèrent tout communaument que il se partiroient de là, et
-conssillièrent en bonne foy à monseigneur Carlon de Blois que il mesist
-par touttez lez citéz, les bonnez villez et les fortrèches qu'il avoit
-conquises, bonnes garnisons et fortes, et si vaillans cappitaines qu'il
-s'i peuist affier, par quoy li annemy ne les pewissent reconcquerre. Et
-se aucuns vaillans homz se volloit entremettre de pourcachier une
-trieuwe, il s'i accordast vollentiers, mès que elle ne durast fors
-jusques à le Pentecouste, que li saisons est revenue pour hostoiier.
-
- [410] On lit dans le ms.: «veoient.» Mauvaise leçon.
-
-A che consseil se tinrent tout chil qui là estoient, car c'estoit entre
-le Saint Remy et le Toussains l'an de grace mil trois cens et quarante
-deux, que li yviers et li froide saison aprochoient. Si se partirent
-tout chil de l'host, seigneur et aultre. Si en ralla chacuns en sa
-contrée. Et messires Carles de Blois s'en ralla droit par deviers le
-ville de Craais à tout les barons et noblez seigneurs de Bretaingne, et
-dounna congiet à touttez mannières de gens estragniers, mès encorres
-retint il aucuns des barons de Franche pour lui aidier à consseillier.
-Fos 72 vo et 73.
-
-_Ms. de Rome_: Encores se combatoient et escarmuçoient les François et
-les Englois et les Bretons sus les fossés, et lançoient et traioient li
-un à l'autre, et faisoient des grandes escarmuces d'armes; et
-pluisseurs belles apertisses i ot là faites. Nouvelles vinrent as
-signeurs de France qui là estoient à l'escarmuce, que les Englois en
-ramenoient les deus chevaliers prisonniers. Evous sonner tronpètes et
-claronchiaus de retrète, pour retourner en l'oost. Car qant il oïrent
-dire: «Les Englois sont venus et entré ens ès tentes,» il quidièrent
-rechevoir plus grant damage que il n'eurent, et que les Englois
-deuissent bouter le feu ens ès logeis et ardoir, ensi que il avoient
-fait aultre fois, mais non fissent: il n'entendirent à aultre cose que
-de ravoir lors prisonniers et de euls mettre à sauveté.
-
-Ensi se cessa li escarmuce, car chil qui estoient sus les fossés ne
-sievirent point, mais se retraissent tout bellement en la forterèce. Et
-ot en Hainbon grant joie, qant il sentirent les deus chevaliers resqous
-et delivré de dangier. Messires Lois d'Espagne fu trop durement
-courouchiés de ce que, tantos que li chevalier li furent donné et
-delivré, que il ne les avoit fait decoler, et moult de aultres signeurs
-de l'oost tout resjois de ce que on les avoit rescous. Et en disoient
-li un à l'autre: «Il est bien emploiiet, car messires Lois d'Espagne
-estoit très mal avisés et consilliés de euls faire voloir morir.» Et
-furent moult loées et reconmendées dedens et dehors les appertisses et
-vaillances à messire Gautier de Mauni, car par li et par ses emprises
-avoit esté tout fait.
-
-Trois jours apriès ceste avenue, tout chil signeur de France se
-traissent en la tente de messire Carle de Blois. Et qant il furent tout
-assamblé, ils parlementèrent ensamble pour sçavoir conment il
-s'ordonneroient, car il veoient et sentoient que li iviers aproçoit, et
-que dedens Hainbon il estoient pourveu et rafresqui de bonnes gens
-d'armes et d'archiers, et estoit la ville et li chastiaus très fort, et
-lor pooient venir tous les jours pourveances par mer, lequel pas on ne
-lor pooit clore, se force de navie ne le faisoit sus la mer. Avoecques
-tout ce, li fourageus françois ne savoient où fouragier, car li plas
-pais estoit tous gastés, et n'avoient vivres fors à grant dangier. Si
-fu dit et conselliet à messire Carle de Blois que il departesist ses
-gens, et pourveist forterèces et garnisons de gens d'armes, et mesist
-et establesist partout bons capitainnes, vaillans honmes segurs et
-sages, et les laiast couvenir cel ivier et guerriier par garnisons, se
-guerriier voloient; ou, se bonnes gens moienant ceste gerre se voloient
-ensonniier de tretier unes trieuves jusques à la Saint Jehan Baptiste
-que li pais se peuist un petit rencrassier et repourveir, on consilloit
-à messire Carle de Blois que ils s'i acordast legierement, par quoi, à
-l'esté qui retournoit, li cheval trouvaissent à fouragier sus les
-camps. Chils consauls fu creus et tenus: on se desloga. Au deslogement
-que li signeur de France fissent, il missent une grose enbusque sus,
-par quoi chil dou chastiel et de la ville de Hainbon ne lor peuissent
-porter damage. Et avint que, qant les Englois et les Bretons qui en
-Hainbon se tenoient, veirent li deslogement, li auqun, par convoitise
-de gaegnier, sallirent hors et se boutèrent sus les deslogans, mais il
-alèrent trop avant, car li enbusque, laquelle messire Lois d'Espagne
-gouvrenoit, salli avant, et là furent rebouté chil de Hainbon moult
-durement. A très grant meschief peurent il rentrer à la ville, et
-demorèrent dehors deus chevaliers par lor vaillance, qui deffendoient
-les rentrans. Ce furent li sires de Landreniaus et li chastellains de
-Ghinghant, et furent pris et environ dix honmes d'armes et menet en
-voies. Ensi ala de celle escarmuce. Trois jours apriès ceste avenue,
-vinrent nouvelles ens ou chastiel de Hainbon à la contesse de Montfort,
-et as chevaliers d'Engleterre et de Bretagne, que li doi chevalier
-dessus nonmet, mesires Carles de Blois et les signeurs sejournans à
-Rennes, estoient tournet François et devenu honme à mesire Carle de
-Blois et fait feaulté et honmage: dont on fu moult esmervilliet, car la
-contesse lor avoit fait moult de biens, et lor couvint passer, ne avoir
-n'en porent aultre cose.
-
-Ensi se deffist li sièges de Hainbon en celle saison, environ le Saint
-Luch, l'an de grasce mil trois cens quarante deux que li iviers et les
-longes nuis aproçoient. Et pourvei et rafresqi mesires Carles de Blois
-toutes les chités, les villes et les chastiaus que il tenoit en
-Bretagne, de nouvelles gens d'armes et de pourveances. Et remercia les
-signeurs qui l'estoient venu servir; et leur sambla que moult bien il
-avoient esploitiet pour une saison, et se departirent de Bretagne et
-retournèrent en lors contrées. Et messires Carles s'en vint à Nantes
-dalés sa fenme et là se tint. Fos 86 vo et 87.
-
-
-=§ 180.= P. 178, l. 18: A ce conseil.--_Ms. d'Amiens_: Entroes que il
-(messires Carles de Blois) sejournoit à Craais et que il entendoit à
-pourveir et à ordounner ses garnisons et à rafrescir de gens, de vivres
-et d'artillerie, et chevauchoit ses marescaus de l'un à l'autre, avint
-que ungs rices bourgois et grans marcheanz de le bonne ville que on
-claimme Jugon, fu une heure encontrés de son marescal, monseigneur
-Robert de Biaumanoir, et fu pris et amenés à Craais par devant
-monseigneur Charle. Chilz bourgois de Jugon faisoit touttes lez
-pourveanchez le comtesse de Montfort, et estoit à Jugon moult creus et
-moult amés. A che donc estoit cappittainne et souverains, de par le
-comtesse, de la ville de Jugon, ungs gentils chevaliers que on
-claimmoit monseigneur Gerart de Rochefort. Chils bourgois de Jugon, qui
-enssi fu pris, eu grant paour de morir: si pria que on le lessaist
-passer pour raenchon; on ne li volt mies acorder, mais fu mis en
-prison, et depuis tant enquis et examinés d'unes coses et d'autres
-qu'il eult en couvent de rendre le forte ville de Jugon, et dist que il
-estoit bien en se puissanche de livrer l'une dez portez et de mettre
-ens gens d'armes pour saisir le ville.
-
-A ces parolles entendirent li seigneur de France vollentiers, et li
-disent que, se il estoit trouvés en verité, messire Charles de Blois li
-pardonroit son mautalent et li donroit deux cens livres de revenue bien
-asignées sus le castellerie de Jugon, et il respondy: «Oyl.» Et pour ce
-mieux asegurer, il en mist son fil en hostaige et fist entendant à
-chiaux de Jugon qu'il estoit ranchounnés à mille florins, et que ses
-filx (en estoit garans[411]) et plèges. De tout ce qu'il dist, il fu
-très bien creus, ne nuls n'y penssa le contraire. Chilx jours fu venus;
-les portes de Jugon à heure de mienuit furent ouvertez. Si entra
-messires Charles de Blois à celle heure en le ville à grant puissanche.
-La ghaite du castiel s'en perchut; si coummencha à criier: «As armez!
-Trahi! trahi!» Li bourgois, qui de ce ne se donnoient garde, se
-commenchièrent à estourmir; et quant il virent leur ville perdue, il se
-missent au fuir par deviers le castiel par troppiaux. Et li bourgois
-qui trahi les avoit se mist à fuir avoec yaux par couvreture, et entra
-ens ou castiel osi bien que li autre. Quant li jours fu venus, messires
-Carles et ses gens entrèrent ens ès maisons dez bourgois pour
-herbregier, et prissent ce qu'il trouvèrent. Et quant li dis messires
-Carlez vit le castiel si fort et si emplit des bourgois, il dist qu'il
-ne se partiroit de là jusques adonc qu'il aroit le castiel à sa
-vollenté. Li castelains messires Gerars de Rocefort et li bourgois de
-le ville perchurent bien et congnurent tantost que chilx bourgois les
-avoit trahis. Si le prissent et pendirent tantost as cretiaux et as
-murs du castiel. Ensi eult il son paiement de son pechiet. Lez mallez
-oevrez amainnent les gens à povre fin.
-
- [411] On lit dans le ms.: «en estrans.» Mauvaise leçon.
-
-Quant messires Gerars de Rochefort, cappitaine et souverain de Jugon,
-vit que messires Carlez de Blois ne se partiroit point de là et
-s'amanagoit droitement en le ville pour yaux tenir à siège, et sentoit
-que li castiaux sans le ville ne se pooit longement tenir (ossi il
-estoit durement remplis de gens à petit de pourveanchez, car il y
-estoient entré soudainnement et sans advis); si se consseilla à aucuns
-bourgois qui là estoient, quel cose en estoit bon affaire. Chil qui
-veoient jà le leur perdu davantaige et leurs maissons remplies de leurs
-ennemis, et ne veoient nul comfort de leur damme et sentoient que tous
-li pays se rendoit et tournoit à monseigneur Carlon de Blois, se
-conssillièrent que il se renderoient à lui parmy tant que, se il en y
-avoit aucuns qui plus aimassent le comtesse de Montfort que monseigneur
-Carle de Blois, il se pooient partir sauvement, mais riens n'en
-devoient porter dou leur. Cilz traitiés fu mis avant et acordés de
-monsigneur Carlon de Blois. Et se parti messires Gerars de Rocefort et
-li sien, mès riens n'enportèrent ne menèrent dou leur, fors que
-seullement leurs ronchins qu'il chevauchoient; et s'en vinrent à
-Hainbon et recordèrent coumment li affaire avoit allet. Si en fu
-durement courouchie la comtesse de Montfort, et ossi furent chil qui
-avoecq lui estoient, tant d'Engleterre que de Bretaingne, car il
-avoient perdu une ville qui durement leur estoit ammie et leur avoit
-fès pluisseurs biaux servicez. Se leur couvint il passer et yaux
-recomforter au mieux qu'il peurent.
-
-Quant messires Carles de Blois se fu saisis de le ville et dou castiel
-de Jugon, il y sejourna quinze jours pour entendre et regarder as
-besoingnes et as deffensces de le ville. Et le fist bien reparer et
-fortefiier, et pourveyr d'artillerie et de touttez autres pourveanches;
-et quant il s'en parti, il y laissa monseigneur le Ghalois de le
-Baume, ung chevalier savoiien, à cappittainne et à souverain, et avoecq
-lui deus cens Geneuois parmy les hommes d'armes. Puis se retraist à
-Rennes, où madamme sa femme estoit; et envoya monseigneur Loeys
-d'Espaigne sejourner à Craais, pour là garder le frontière.
-
-Environ le Saint Martin, fu tretiés uns respit entre messire Carle de
-Blois et le dessus ditte comtesse de Montfort; et en porta les parollez
-sus bon saufconduit messires Yves de Tigueri, dou léz le comtesse, et
-messires Robiers de Biaumannoir, dou costet monseigneur Carle. Liquels
-respis fu acordés et acouvenenchiés, d'un lés et de l'autre, à durer
-jusques an my may l'an mil trois cens quarante trois. Tantost ce respit
-juret et saielet, la comtesse de Montfort se party de Hainbon et enmena
-avoecquez lui aucuns chevaliers de Bretaingne; et monta en mer en
-entention pour ariver en Engleterre, et pour parler au roy et li
-remoustrer ses besoingnes. Ossi à ce Noel enssuiwant vint messires
-Carlez de Blois à Paris deviers le roy Phelippe de Franche, son oncle,
-qui le rechupt à grant joie. Et là estoient dallés lui li comtes Loeis
-de Blois, ses frères, et li dus de Bourbon, et pluiseur autre grant
-seigneur de leur linage, pour quoy la feste fu mout remforchie; et y
-dounna grans dons et grans jeuiaux as seigneurs et as chevaliers
-estraingiers, car bien le savoit faire. Or nous tairons nous ung petit
-à parler dou roy de France, de monseigneur Carle de Blois et de chiaux
-de Bretaingne. Si parlerons dou roy englès, car la matère le requiert.
-Fo 73.
-
-_Ms. de Rome_: En cel ivier se tourna la ville de Craais à la contesse
-de Montfort, je ne sçai par quel trettiet. Qant les nouvelles en furent
-venues à mesire Carle de Blois qui se tenoit à Nantes, il en fu
-durement courouchiés, et dist et jura que jamais n'entenderoit à aultre
-cose si aueroit esté devant Craais, et l'asegeroit et point n'en
-partiroit, se trop grant poissance contre li ne l'en levoit. Ce fu
-entre le Noel et la Candelor, et manda tous ceuls qui de li tenoient en
-Bretagne. Et vint asseoir Craais par bastides, car il faisoit trop
-froit et trop lait pour tendre tentes, trefs et pavillons; et voloit
-ceuls de Craais constraindre à tollir lors pourveances, et puis, tantos
-le prin temps venu, aprochier dou plus priès conme on poroit.
-
-En ce termine avint que uns bourgois et rices marceans de la ville de
-Jugon, qui se tenoit pour la contesse de Montfort et faisoit en partie
-toutes ses pourveances, fu encontrés et trouvés sus les camps de
-messire Robert de Biaumanoir, marescal de l'oost messire Carle. Si fu
-pris et amenés devant Craais ou logeis dou dit messire Carle. Chils
-bourgois estoit moult amés et creus en la ville de Jugon, qui est moult
-fortement fremée et sciet très noblement. Aussi fait li chastiaus, qui
-est biaus et fors, et se tenoit de la partie la contesse desus ditte.
-Et en estoit chastellains, de par la contesse, uns chevaliers qui se
-nonmoit messires Gerars de Rocefort. Chils bourgois de Jugon, qui ensi
-fu pris et amenés à mesire Carle de Blois, eut grant paour de morir.
-Et, pour tant que il estoit si proçains de la contesse de Montfort, fu
-examinés et enquis des uns et des aultres si avant que il s'acorda à ce
-et se fist fors de livrer et rendre la ville de Jugon à mesire Carle de
-Blois ou à ses conmis dedens un jour qui ne fu pas trop lontains apriès
-sa delivrance. Et, pour acomplir celle couvenance, il en bailla un sien
-fil en plèges, et sus cel estat on le laissa aler et retourner à Jugon;
-et donnoit à entendre que il estoit rançonnés à cinq cens florins, et
-bien en estoit creus. On n'avoit nulle soupeçon de lui, et gardoit les
-clefs de l'une des portes de Jugon.
-
-Au jour qui mis et ordonnés i estoit, mesires Carles de Blois en
-prop(r)e personne i vint à tout cinq cens lances, et lais(s)a messire
-Lois d'Espagne devant Craais à tout le demorant de son hoost. Ensi que
-li bourgois de Jugon avoit en couvenant, il fist, et deffrema la porte
-de laquelle il gardoit les clefs. Sus un ajournement, messires Carles
-et ses gens entrèrent à poissance dedens la ville. La gette dou
-chastiel se perchut que gens d'armes entroient en la ville. Si
-s'efforça de corner: «Trahi! trahi!» Dont se resvillièrent li
-chevaliers et li saudoiier qui dedens le chastiel estoient, et
-coururent as armes et as garites d'autour dou chastiel, et
-requellierent les bonnes gens qui fuioient dedens le chastiel. Li
-bourgois meismes, qui la trahison avoit faite, fui dedens avoecques
-euls par couvreture. Messires Carles et ses gens se saisirent de la
-ville, et trouvèrent les maisons drues et raemplies, car chil dou plat
-pais s'i estoient retrait sus la fiance dou fort lieu, et i avoient
-amené lors biens. Mesires Carles et ses gens laissièrent toutes gens
-aler pasieuvlement viers le chastiel et raemplir, car bien savoient,
-plus en i aueroit, plus se tenroient chil dou chastiel à cargiet, et
-plus tos se renderoient. Messires Gerars de Rocefort, qui chastellains
-en estoit, fist enqueste par où ne conment la ville estoit prise. On li
-dist: «par la porte dont tels homs gardoit les clefs.» Li uns fu pris
-tantos, car il s'estoit là dedens enclos avoecques euls. Il fu
-questionnés et si bien examinés que il congneut toute la trahison.
-Adonc li compagnon de là dedens le prisent par le conmandement dou
-chastellain et le pendirent as crestiaus dou chastel, veant tous ceuls
-qui veoir le pooient. Ce fu le paiement que il en ot.
-
-Pour ce ne se departirent pas mesires Carles de Blois et ses gens de la
-ville, mais s'i tinrent, et environnèrent le chastiel, et n'i vodrent
-onques livrer assaut; car bien savoient que longement il ne se pooit
-tenir selonch le peuple qui estoit dedens, et furent en cel estat
-quatre jours.
-
-Li chastelains ot pité des honmes et des fenmes et des enfans de la
-ville qui là dedens s'estoient bouté à nulles pourveances, et que ce ne
-se pooit longement soustenir, et veoit bien par les apparans des
-François que point de là ne se departiroient, si aueroient tout, et il
-en estoient assés au desus, puis que il avoient la ville, et ne lor
-apparoit confors de nul costé; si eurent consel de trettiier deviers
-messire Carle. Et tretiièrent par celle manière que la ville et li
-chastiaus se renderoient à lui, parmi tant que les hostels et maisons
-qui fustées estoient, seroient restablies au plus priès conme on
-poroit, et raueroit casquns et casqunes ses coses. A ce trettié entendi
-messires Carles de Blois volentiers, et lor tint si avant conme il pot,
-et fist faire un ban et un conmandement, quiconques avoit riens pris ne
-levé en la ville de Jugon, tout fust restitué et mis arrière sus une
-painne que on i asist. Chils bans ne fu pas bien tenus, et par especial
-de ceuls qui avoient l'argent trouvé et levé: jamais ne l'euissent
-remis arrière.
-
-Ensi ot en celle saison mesires Carles de Blois la ville et le chastiel
-de Jugon, et en fist une bonne garnison, et n'i mist autre chapitainne
-que mesire Gerart de Rocefort, depuis que il se fu rendus à lui, et que
-il li ot fait feaulté et honmage, et prist aussi la feauté et honmage
-des bourgois, et puis s'en parti et retourna devant Craais.
-
-De l'avenue de Jugon furent la contesse de Montfort et tout chil de sa
-partie courouchié, mais souffrir lor couvint tant que pour celle fois,
-car amender ne le porent. Assés tos apriès se ensonniièrent bonnes gens
-entre messire Carle de Blois et la contesse de Montfort, pour donner
-unes trieuves en Bretagne tant seullement. Si furent données et jurées
-entre toutes parties, à durer jusques à la Saint Jehan Baptiste
-prochain venant, et tenoit casquns et casqune ce que il devoit tenir
-sans mal enghien. Ensi se deffist li sièges de Craais. Et retourna
-mesires Carles de Blois à Nantes, et se departirent toutes gens
-d'armes, et se retraist casquns en sa garnison.
-
-En ce terme que les trieuves durèrent, fu la contesse de Montfort
-consillie de par les Bretons et les Englois, que elle se presist priès
-d'aler en Engleterre veoir le roi et les barons et euls remoustrer ses
-necessités: elle ne pooit faire milleur esploit. Si se acorda à ce et
-prist son estat au plus courtois que elle pot, et monta en mer en
-Hainbon meismes, et enmena avoecques lui messire Amauri de Cliçon, pour
-tant que jà il i avoit esté et congnissoit le roi d'Engleterre et les
-barons, et aussi il le congnissoient. Encores enmena la contesse de
-Montfort en Engleterre deus enfans que elle avoit, fil et fille.
-
-Nous laisserons un petit à parler de la ditte contesse de Montfort et
-de son arroi, et parlerons dou roi d'Engleterre et des besongnes qui
-avinrent en ce termine. Fos 87 vo et 88.
-
-
-FIN DES VARIANTES DU TOME DEUXIÈME.
-
-
-
-
-ERRATA.
-
-
- _Au lieu de_: _Lisez_:
-
- amonet, page 29, ligne 18, amenet.
-
- 1342, p. 118 à 136, date courante en haut de la page, 1341.
-
- envoyes, p. 153, l. 10, envayes.
-
- alenoient, p. 154, l. 8, aleuoient.
-
- es, p. 171, l. 26, les.
-
- veir, p. 172, l. 29, ve(o)ir.
-
- Mande, p. 247, l. 33, Maude.
-
- adont, p. 300, l. 24, adonc.
-
- dist, p. 303, l. 10, dit.
-
- alevèrent. p. 309, l. 29, aleuèrent.
-
- st, p. 340, avant-dernière ligne, est.
-
- e, p. 340, dernière ligne, je.
-
- li, p. 404, l. 24, et li.
-
- et pont, p. 408, l. 10 et 11, et le pont.
-
-
-
-
-TABLE.
-
-
- CHAPITRE XXXIV.
-
- Ouverture des hostilités entre les rois de France et
- d'Angleterre.--_Sommaire_ p. I à VI.--_Texte_, p. 1 à
- 8.--_Variantes_, p. 185 à 193.
-
- CHAPITRE XXXV.
-
- Incursions des Français en Hainaut, notamment aux environs de
- Valenciennes.--_Sommaire_, p. VI à XIII.--_Texte_, p. 8 à
- 24.--_Variantes_, p. 193 à 212.
-
- CHAPITRE XXXVI.
-
- Siége et prise de Thun-l'Évêque par les Français.--Offres de
- combat faites par le comte de Hainaut; refus du duc de
- Normandie.--_Sommaire_, p. XIII à XV.--_Texte_, p. 24 à
- 34.--_Variantes_, p. 212 à 218.
-
- CHAPITRE XXXVII.
-
- Défaite de la flotte française par la flotte anglaise près de
- l'Écluse; arrivée d'Édouard III et de son armée en
- Flandre.--_Sommaire_, p. XV à XIX.--_Texte_, p. 34 à
- 41.--_Variantes_, p. 218 à 229.
-
- CHAPITRE XXXVIII.
-
- Assemblée de Vilvorde suivie du siége de Tournay par Édouard III
- et ses alliés.--_Sommaire_, p. XIX à XXIV.--_Texte_, p. 41 à
- 48.--_Variantes_, p. 229 à 237.
-
- CHAPITRE XXXIX.
-
- Guerre en Écosse.--_Sommaire_, p. XXIV.--_Texte_, p. 49 à
- 54.--_Variantes_, p. 237 à 241.
-
- CHAPITRE XL.
-
- Arrivée du roi de France et de son armée au pont de Bouvines contre
- Édouard III et ses alliés.--_Sommaire_, p. XXIV à XXVI.--_Texte_,
- p. 54 à 62.--_Variantes_, p. 241 à 246.
-
- CHAPITRE XLI.
-
- Siége de Mortagne et prise de Saint-Amand et de Marchiennes par le
- comte de Hainaut.--Défaite d'une troupe de Français et du seigneur
- de Montmorency au Pont-à-Tressin.--_Sommaire_, p. XXVI à
- XXX.--_Texte_, p. 62 à 74.--_Variantes_, p. 246 à 252.
-
- CHAPITRE XLII.
-
- Défaite près de Saint-Omer, panique et retraite des Flamands dans
- leur pays.--Levée du siége de Tournay; trêve entre la France et
- l'Angleterre.--_Sommaire_, p. XXX à XXXII.--_Texte_, p. 74 à
- 86.--_Variantes_, p. 252 à 265.
-
- CHAPITRE XLIII.
-
- Guerre de la succession de Bretagne: succès du comte de
- Montfort.--_Sommaire_, p. XXXII à XXXV.--_Texte_, p. 86 à
- 100.--_Variantes_, p. 265 à 291.
-
- CHAPITRE XLIV.
-
- Voyages du comte de Montfort en Angleterre, puis à
- Paris.--_Sommaire_, p. XXXV à XXXIX.--_Texte_, p. 100 à
- 107.--_Variantes_, p. 291 à 307.
-
- CHAPITRE XLV.
-
- Expédition du duc de Normandie et de Charles de Blois en
- Bretagne.--_Sommaire_, p. XXXIX à XLIV.--_Texte_, p. 107 à
- 115.--_Variantes_, p. 307 à 324.
-
- CHAPITRE XLVI.
-
- Guerre en Écosse.--Édouard III et la comtesse de
- Salisbury.--_Sommaire_, p. XLIV à XLV.--_Texte_, p. 116 à
- 137.--_Variantes_, p. 324 à 347.
-
- CHAPITRE XLVII.
-
- Siége et prise de Rennes par Charles de Blois.--Siége d'Hennebont:
- défense héroïque de Jeanne de Montfort; levée du siége par les
- Français, à la suite de l'arrivée de Gautier de Mauny et des
- Anglais.--_Sommaire_, p. XLV à L.--_Texte_, p. 137 à
- 154.--_Variantes_, p. 347 à 378.
-
- CHAPITRE XLVIII.
-
- Siége et prise de Conquest, de Dinan, de Guérande par Louis d'Espagne,
- d'Auray et de Vannes par Charles de Blois.--_Sommaire_,
- p. L à LIII.--_Texte_, p. 154 à 160.--_Variantes_, p. 378 à 392.
-
- CHAPITRE XLIX.
-
- Défaite de Louis d'Espagne près de Quimperlé; siége de la Roche-Piriou,
- du Faouët, et prise de la Forest par Gautier de Mauny.--_Sommaire_,
- p. LIII à LVI.--_Texte_, p. 160 à 168.--_Variantes_, p. 392 à 402.
-
- CHAPITRE L.
-
- Siége et occupation de Carhaix par Charles de Blois.--Second siége
- d'Hennebont par les Français, signalé par un merveilleux exploit de
- Gautier de Mauny et levée de ce siége.--Reddition de Jugon à
- Charles de Blois.--Trêve entre les belligérants, suivie du départ de
- Jeanne de Montfort pour l'Angleterre.--_Sommaire_, p. LVII à
- LIX.--_Texte_, p. 168 à 181.--_Variantes_, p. 402 à 417.
-
-
-FIN DE LA TABLE DU TOME DEUXIÈME.
-
-
-9924.--Imprimerie générale.--Lahure, rue de Fleurus, 9, à Paris.
-
-
-
-
-
-End of the Project Gutenberg EBook of Chroniques de J. Froissart, tome 2/13, by
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- The Project Gutenberg's eBook of Chroniques de J. Froissart, Tome Deuxime, by Jean Froissart</title>
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- </head>
-<body>
-
-
-<pre>
-
-Project Gutenberg's Chroniques de J. Froissart, tome 2/13, by Jean Froissart
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and most
-other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
-whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of
-the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
-www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you'll have
-to check the laws of the country where you are located before using this ebook.
-
-Title: Chroniques de J. Froissart, tome 2/13
-
-Author: Jean Froissart
-
-Release Date: October 31, 2015 [EBook #50356]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: ISO-8859-1
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CHRONIQUES DE J. FROISSART ***
-
-
-
-
-Produced by Clarity, Hlne de Mink, and the Online
-Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This
-file was produced from images generously made available
-by the Bibliothque nationale de France (BnF/Gallica) at
-http://gallica.bnf.fr)
-
-
-
-
-
-
-</pre>
-
-
-<div class="tnote">
-<p>Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont t corriges.
-L'orthographe d'origine a t conserve et n'a pas t harmonise.
-Les numros des pages blanches n'ont pas t repris.</p>
-
-<p>Cette version intgre les corrections de l'errata.</p></div>
-
-<h1><span class="large">CHRONIQUES</span><br />
-<span class="medium">DE</span><br />
-J. FROISSART</h1>
-
-<div class="frontmatter">
-<hr class="deco" />
-<p>IMPRIMERIE GNRALE DE CH. LAHURE<br />
-<span class="small">Rue de Fleurus, 9, Paris</span></p>
-<hr class="deco" />
-</div>
-
-<div class="topspace titlepage">
-<p><span class="large">CHRONIQUES</span><br />
-<span class="medium">DE</span><br />
-<span class="xxlarge">J. FROISSART</span></p>
-
-<p><span class="medium">PUBLIES POUR LA SOCIT DE L'HISTOIRE DE FRANCE</span><br />
-<span class="large">PAR SIMON LUCE</span></p>
-
-<hr class="deco" />
-
-<p><span class="large">TOME DEUXIME</span><br />
-<span class="medium">1340-1342</span></p>
-
-<span class="small">(DEPUIS LES PRLIMINAIRES DU SIGE DE TOURNAY JUSQU'AU VOYAGE</span><br />
-<span class="small">DE LA COMTESSE DE MONTFORT EN ANGLETERRE)</span><br />
-
-<div class="figcenter">
-<img src="images/logo.jpg" width="100" height="110" alt="" />
-</div>
-
-<p class="space"><span class="xlarge">A PARIS</span><br />
-<span class="large">CHEZ M<sup>ME</sup> V<sup>E</sup> JULES RENOUARD</span><br />
-LIBRAIRE DE LA SOCIT DE L'HISTOIRE DE FRANCE<br />
-<span class="small">RUE DE TOURNON, N<sup>o</sup> 6</span></p>
-<hr class="deco" />
-<p><span class="small">M DCCC LXX</span></p>
-</div>
-
-<p class="center">EXTRAIT DU RGLEMENT.</p>
-
-<p><span class="smcap">Art.</span> 14. Le Conseil dsigne les ouvrages publier, et choisit
-les personnes les plus capables d'en prparer et d'en suivre la
-publication.</p>
-
-<p>Il nomme, pour chaque ouvrage publier, un Commissaire
-responsable charg d'en surveiller l'excution.</p>
-
-<p>Le nom de l'diteur sera plac en tte de chaque volume.</p>
-
-<p>Aucun volume ne pourra paratre sous le nom de la Socit
-sans l'autorisation du Conseil, et s'il n'est accompagn d'une dclaration
-du Commissaire responsable, portant que le travail lui
-a paru mriter d'tre publi.</p>
-
-<hr class="deco" />
-
-<p><i>Le Commissaire responsable soussign dclare que le
-tome II de l'dition des</i> <span class="smcap">Chroniques de J. Froissart</span>, <i>prpare
-par</i> <span class="smcap">M. Simon Luce</span>, <i>lui a paru digne d'tre publi
-par la</i> <span class="smcap">Socit de l'Histoire de France</span>.</p>
-
-<p class="left50"><i>Fait Paris, le</i> 1<sup>er</sup> <i>mai</i> 1870.<br />
-<span class="i2"><i>Sign</i> L. DELISLE.</span></p>
-
-<p class="left50"><span class="i4"><i>Certifi</i></span>,<br />
-Le Secrtaire de la Socit<br />
-<span class="i1">de l'Histoire de France,</span><br />
-<span class="i2">J. DESNOYERS.</span></p>
-
-<p><span class="pagenumh"><a id="Page_I"> I</a></span></p>
-
-<div class="chapter"></div>
-<p class="xlarge extra">SOMMAIRE.</p>
-
-<p><span class="pagenumh"><a id="Page_II"> II</a></span>
-<span class="pagenumh"><a id="Page_III"> III</a></span></p>
-
-<div class="chapter">
-<p class="space large center">SOMMAIRE.</p>
-<h2 class="normal">CHAPITRE XXXIV.<br />
-<span class="medium">1340. <span class="smcap">OUVERTURE DES HOSTILITS ENTRE LES ROIS DE FRANCE
-ET D'ANGLETERRE</span> ( 99 101).</span></h2></div>
-
-<p>Irrit de la destruction d'Aubenton et du ravage de la Thirache,
-Philippe de Valois charge Jean son fils, duc de Normandie,
-d'envahir le Hainaut la tte d'une puissante arme. <a href="#Page_1">1</a>, <a href="#Page_185">185</a>,
-<a href="#Page_187">187</a>.</p>
-
-<p>En Gascogne, le comte de l'Isle reoit l'ordre d'envahir le
-Bordelais et en gnral toutes les terres et seigneuries des Anglais
-et de leurs adhrents.&mdash;Noms des principaux seigneurs qui
-prennent part cette campagne.&mdash;Les Franais ravagent les
-terres d'Albret<a id="FNanchor_1" href="#Footnote_1" class="fnanchor">&nbsp;[1]</a> et de Pommiers<a id="FNanchor_2" href="#Footnote_2" class="fnanchor">&nbsp;[2]</a>, et en gnral les possessions
-des seigneurs de Lesparre, de <i>Cars</i><a id="FNanchor_3" href="#Footnote_3" class="fnanchor">&nbsp;[3]</a> et de Mussidan<a id="FNanchor_4" href="#Footnote_4" class="fnanchor">&nbsp;[4]</a>. P. <a href="#Page_1">1</a>, <a href="#Page_2">2</a>,
-<a href="#Page_187">187</a> et <a href="#Page_188">188</a>.</p>
-
-<p>En mme temps, le roi de France renforce la grosse flotte des
-cumeurs, commande par Hue Quieret et Barbavara qui se tient
-en face des ctes de Flandre pour empcher douard III de repasser
-sur le continent. P. <a href="#Page_2">2</a> et <a href="#Page_188">188</a>.</p>
-
-<p>Louis de Nevers, comte de Flandre, et la comtesse Marguerite
-<span class="pagenum"><a id="Page_IV"> IV</a></span>
-sa femme, vivent Paris la charge du roi de France, car ils
-ne reoivent rien des rentes et revenus de leur comt. Les collecteurs
-de ces revenus n'en rendent compte qu' Jacques d'Arteveld
-et certains bourgeois de Gand, de Bruges, d'Ypres et de
-Courtrai, ce dputs; on les met en rserve afin que le pays y
-puisse recourir en cas de besoin et aussi en prvision d'une rconciliation
-avec le comte de Flandre. Les dpenses de Jacques
-d'Arteveld sont imputes sur des tailles spciales leves toutes
-les semaines. Louis de Flandre engage le roi de France contraindre
-les Flamands l'obissance en les menaant de les faire
-excommunier par le pape. P. <a href="#Page_185">185</a>.</p>
-
-<p>Philippe de Valois, qui voit les Flamands disposs entrer
-dans la ligue forme contre lui par les Allemands, les Brabanons,
-les Hainuyers et les Anglais, essaye de les gagner par la
-persuasion avant d'en venir aux mesures de rigueur. Le comte
-Raoul d'Eu et de Guines, conntable de France, les seigneurs de
-Montmorency et de Saint-Venant, les vques de Paris et de
-Chartres, sont envoys Tournay et reoivent mission de s'aboucher
-et de traiter avec les dputs des villes de Flandre.
-Ceux-ci dclarent qu'ils n'entendront rien tant que le roi de
-France n'aura pas rendu Lille, Douai, Bthune et les dpendances
-de ces villes. Les commissaires de Philippe de Valois jugent
-qu'une entente est impossible dans ces conditions, et l'on se spare
-sans avoir rien fait. P. <a href="#Page_185">185</a> et <a href="#Page_186">186</a>.</p>
-
-<p>A l'instigation du roi de France, le pape (Benoit XII) lance
-une bulle d'excommunication contre les Flamands et l'envoie aux
-vques de Cambrai, de Tournay et de Throuanne. Il est dfendu
-aux prtres de chanter la messe sous peine d'encourir l'excommunication
-et de perdre leurs bnfices. Inform de cette
-situation, douard III promet aux Flamands de leur amener,
-son prochain retour sur le continent, des prtres de son pays
-pour chanter la messe, que le pape le veuille on non, car comme
-roi d'Angleterre il a parfaitement le droit de le faire. Grand
-mcontentement des prtres de Flandre privs de leur casuel par
-la dfense du pape. P. <a href="#Page_2">2</a>, <a href="#Page_3">3</a>, <a href="#Page_186">186</a> et <a href="#Page_187">187</a>.</p>
-
-<p>Philippe de Valois donne l'ordre aux gens d'armes de ses
-garnisons de Tournay, de Lille, de Douai et des chteaux voisins
-de faire la guerre aux Flamands et de porter le ravage dans
-leur pays. Chevauche des Franais jusqu'aux portes de Courtrai,
-incendie des faubourgs de cette ville et de tout le pays environnant,
-<span class="pagenum"><a id="Page_V"> V</a></span>
-notamment de Dottignies<a id="FNanchor_5" href="#Footnote_5" class="fnanchor">&nbsp;[5]</a>; retour par la rivire du Lis et
-par Warnton<a id="FNanchor_6" href="#Footnote_6" class="fnanchor">&nbsp;[6]</a>; capture de plus de dix mille blanches btes,
-de trois mille porcs, de deux mille grosses btes, sans compter
-cinq cents personnes, hommes, femmes et enfants, emmens pour
-tre mis ranon. P. <a href="#Page_3">3</a> et <a href="#Page_4">4</a>, <a href="#Page_188">188</a> et <a href="#Page_189">189</a>.</p>
-
-<p>Expdition de Jacques d'Arteveld contre Tournay la tte
-d'une puissante arme de Flamands. Arriv au Pont de Fer<a id="FNanchor_7" href="#Footnote_7" class="fnanchor">&nbsp;[7]</a>,
-entre Audenarde et Tournay, le chef des Flamands attend que
-les comtes de Salisbury et de Suffolk, qui se tiennent en garnison
- Ypres, et le contingent du Franc de Bruges, viennent le rejoindre.
-P. <a href="#Page_4">4</a>, <a href="#Page_5">5</a>, <a href="#Page_189">189</a>.</p>
-
-<p>Les Flamands occupent Poperinghe, Messines<a id="FNanchor_8" href="#Footnote_8" class="fnanchor">&nbsp;[8]</a>, Bergues<a id="FNanchor_9" href="#Footnote_9" class="fnanchor">&nbsp;[9]</a>,
-Cassel<a id="FNanchor_10" href="#Footnote_10" class="fnanchor">&nbsp;[10]</a>, Bourbourg<a id="FNanchor_11" href="#Footnote_11" class="fnanchor">&nbsp;[11]</a>, Furnes, Nieuport<a id="FNanchor_12" href="#Footnote_12" class="fnanchor">&nbsp;[12]</a>, Dunkerque, Gravelines<a id="FNanchor_13" href="#Footnote_13" class="fnanchor">&nbsp;[13]</a>.
-Les Franais ont mis garnison Saint-Omer, Throuanne,
-Aire<a id="FNanchor_14" href="#Footnote_14" class="fnanchor">&nbsp;[14]</a> et Saint-Venant<a id="FNanchor_15" href="#Footnote_15" class="fnanchor">&nbsp;[15]</a>. Le roi de France envoie deux cents
-lances de Savoie et de Bourgogne Lille sous les ordres
-d'Am de Genve<a id="FNanchor_16" href="#Footnote_16" class="fnanchor">&nbsp;[16]</a>, de [Hue] de Chlon<a id="FNanchor_17" href="#Footnote_17" class="fnanchor">&nbsp;[17]</a>, des seigneurs de Villars<a id="FNanchor_18" href="#Footnote_18" class="fnanchor">&nbsp;[18]</a>
-et de Grosle<a id="FNanchor_19" href="#Footnote_19" class="fnanchor">&nbsp;[19]</a>. P. <a href="#Page_5">5</a> et <a href="#Page_191">191</a>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_VI"> VI</a></span>
-Pendant le trajet d'Ypres au Pont de Fer, les comtes de Salisbury
-et de Suffolk tombent, malgr les avis de Waflard de la
-Croix, dans une embuscade dresse contre eux prs de Lille et
-sont faits prisonniers par les habitants de cette ville qui les livrent
- Philippe de Valois. Jacques d'Arteveld, dcourag, congdie
-ses gens d'armes et retourne Gand. P. <a href="#Page_5">5</a> <a href="#Page_8">8</a>, <a href="#Page_189">189</a> <a href="#Page_193">193</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">CHAPITRE XXXV.<br />
-<span class="medium">1340. <span class="smcap">INCURSIONS DES FRANAIS EN HAINAUT, NOTAMMENT AUX
-ENVIRONS DE VALENCIENNES</span> ( 102 107).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Jean, duc de Normandie, runit Saint-Quentin une puissante
-arme pour envahir le Hainaut.&mdash;Noms des principaux seigneurs
-qui font partie de l'expdition.&mdash;De Saint-Quentin, l'arme du
-duc de Normandie se dirige en passant par Bohain<a id="FNanchor_20" href="#Footnote_20" class="fnanchor">&nbsp;[20]</a> vers le
-Cateau-Cambrsis<a id="FNanchor_21" href="#Footnote_21" class="fnanchor">&nbsp;[21]</a> et vient loger prs de cette ville en un lieu
-appel Montay<a id="FNanchor_22" href="#Footnote_22" class="fnanchor">&nbsp;[22]</a>, l'entre du Hainaut, sur la Selle<a id="FNanchor_23" href="#Footnote_23" class="fnanchor">&nbsp;[23]</a>. P. <a href="#Page_8">8</a> et <a href="#Page_9">9</a>,
-<a href="#Page_193">193</a> <a href="#Page_195">195</a>.</p>
-
-<p>Grard de Verchin, snchal de Hainaut, se met la tte de
-soixante lances, passe Forest<a id="FNanchor_24" href="#Footnote_24" class="fnanchor">&nbsp;[24]</a> sur la frontire du Hainaut, et
-va rveiller au milieu de la nuit les Franais qui se tiennent
-Montay, une petite lieue de Forest. Deux puissants chevaliers
-de Normandie, les seigneurs de Bailleul et de Braut<a id="FNanchor_25" href="#Footnote_25" class="fnanchor">&nbsp;[25]</a>, sont
-assaillis les premiers: le seigneur de Bailleul est tu et les seigneurs
-de Braut et de Brimeux sont emmens prisonniers
-Valenciennes. P. <a href="#Page_9">9</a> <a href="#Page_11">11</a>, <a href="#Page_195">195</a> <a href="#Page_197">197</a>.</p>
-
-<p>Le lendemain matin, le duc de Normandie, furieux de cette
-<span class="pagenum"><a id="Page_VII"> VII</a></span>
-attaque nocturne, donne l'ordre d'entrer en Hainaut et d'y porter
-partout l'incendie et le ravage. Les Franais, diviss en plusieurs
-corps d'arme et courant dans toutes les directions, dvastent
-et brlent Forest, Vertain<a id="FNanchor_26" href="#Footnote_26" class="fnanchor">&nbsp;[26]</a>, Vertigneul<a id="FNanchor_27" href="#Footnote_27" class="fnanchor">&nbsp;[27]</a>, Escarmain<a id="FNanchor_28" href="#Footnote_28" class="fnanchor">&nbsp;[28]</a>,
-Vendegies-au-Bois<a id="FNanchor_29" href="#Footnote_29" class="fnanchor">&nbsp;[29]</a>, Vendegies-sur-caillon<a id="FNanchor_30" href="#Footnote_30" class="fnanchor">&nbsp;[30]</a>, Bermerain<a id="FNanchor_31" href="#Footnote_31" class="fnanchor">&nbsp;[31]</a>, <i>Calaumes</i><a id="FNanchor_32" href="#Footnote_32" class="fnanchor">&nbsp;[32]</a>,
-Salesches<a id="FNanchor_33" href="#Footnote_33" class="fnanchor">&nbsp;[33]</a>, Orsinval<a id="FNanchor_34" href="#Footnote_34" class="fnanchor">&nbsp;[34]</a>, Villers-en-Cauchie<a id="FNanchor_35" href="#Footnote_35" class="fnanchor">&nbsp;[35]</a>, Gommegnies<a id="FNanchor_36" href="#Footnote_36" class="fnanchor">&nbsp;[36]</a>,
-Maresches<a id="FNanchor_37" href="#Footnote_37" class="fnanchor">&nbsp;[37]</a>, Villers-Pol<a id="FNanchor_38" href="#Footnote_38" class="fnanchor">&nbsp;[38]</a>, Poix<a id="FNanchor_39" href="#Footnote_39" class="fnanchor">&nbsp;[39]</a>, Prseau<a id="FNanchor_40" href="#Footnote_40" class="fnanchor">&nbsp;[40]</a>, Amfroipret<a id="FNanchor_41" href="#Footnote_41" class="fnanchor">&nbsp;[41]</a>,
-Preux<a id="FNanchor_42" href="#Footnote_42" class="fnanchor">&nbsp;[42]</a>, Frasnoy<a id="FNanchor_43" href="#Footnote_43" class="fnanchor">&nbsp;[43]</a>, Obies<a id="FNanchor_44" href="#Footnote_44" class="fnanchor">&nbsp;[44]</a>, Wargnies-le-Grand<a id="FNanchor_45" href="#Footnote_45" class="fnanchor">&nbsp;[45]</a>,
-Wargnies-le-Petit<a id="FNanchor_46" href="#Footnote_46" class="fnanchor">&nbsp;[46]</a>, Saint-Vaast<a id="FNanchor_47" href="#Footnote_47" class="fnanchor">&nbsp;[47]</a> en Bavaisis, Louvignies<a id="FNanchor_48" href="#Footnote_48" class="fnanchor">&nbsp;[48]</a>,
-Mecquignies<a id="FNanchor_49" href="#Footnote_49" class="fnanchor">&nbsp;[49]</a>; ils brlent les moulins et rompent les cluses du
-vivier de Qulipont<a id="FNanchor_50" href="#Footnote_50" class="fnanchor">&nbsp;[50]</a>. Tous les villages compris entre les rivires
-de Selle et de Honneau<a id="FNanchor_51" href="#Footnote_51" class="fnanchor">&nbsp;[51]</a> deviennent la proie des flammes<a id="FNanchor_52" href="#Footnote_52" class="fnanchor">&nbsp;[52]</a>.
-Les habitants du pays se sont rfugis, emportant ce
-<span class="pagenum"><a id="Page_VIII"> VIII</a></span>
-qu'ils ont de plus prcieux, Bouchain<a id="FNanchor_53" href="#Footnote_53" class="fnanchor">&nbsp;[53]</a>, Valenciennes, Bavai,
-au Quesnoy, Landrecies<a id="FNanchor_54" href="#Footnote_54" class="fnanchor">&nbsp;[54]</a>, Maubeuge<a id="FNanchor_55" href="#Footnote_55" class="fnanchor">&nbsp;[55]</a> et dans les autres
-forteresses des environs qui sont tenables. Les Franais mettent
-le feu aux faubourgs du Quesnoy et de Bavai. Le snchal de
-Hainaut, craignant pour son chteau de Verchin<a id="FNanchor_56" href="#Footnote_56" class="fnanchor">&nbsp;[56]</a>, est all s'y
-enfermer avec trente lances, laissant Valenciennes sous la garde
-du seigneur d'Antoing. La nuit d'aprs cette premire journe
-d'invasion, le duc de Normandie vient camper dans les belles
-prairies de Haussy<a id="FNanchor_57" href="#Footnote_57" class="fnanchor">&nbsp;[57]</a> et de Saulzoir<a id="FNanchor_58" href="#Footnote_58" class="fnanchor">&nbsp;[58]</a>, sur les bords de la rivire de
-Selle, depuis Haspres<a id="FNanchor_59" href="#Footnote_59" class="fnanchor">&nbsp;[59]</a> jusqu' Solesmes<a id="FNanchor_60" href="#Footnote_60" class="fnanchor">&nbsp;[60]</a>. P. <a href="#Page_11">11</a> et <a href="#Page_12">12</a>, <a href="#Page_197">197</a> <a href="#Page_199">199</a>.
-Valerand, seigneur de Fauquemont (Valkenburg), capitaine de
-Maubeuge, laisse cette ville sous la garde des seigneurs de Beaurieu
-et de Montegny, et aprs avoir chevauch tout un jour en
-longeant la fort de Mormal<a id="FNanchor_61" href="#Footnote_61" class="fnanchor">&nbsp;[61]</a>, passe gu la Selle et vient vers
-minuit rveiller le duc de Normandie et son arme. Du ct des
-Franais, le seigneur de Picquigny<a id="FNanchor_62" href="#Footnote_62" class="fnanchor">&nbsp;[62]</a> est tu, le vicomte des
-Quesnes<a id="FNanchor_63" href="#Footnote_63" class="fnanchor">&nbsp;[63]</a> et le Borgne de Rivery<a id="FNanchor_64" href="#Footnote_64" class="fnanchor">&nbsp;[64]</a> sont faits prisonniers dans
-<span class="pagenum"><a id="Page_IX"> IX</a></span>
-cette alerte. Puis le seigneur de Fauquemont court se rfugier
-sous Thierry de Valcourt, marchal de Hainaut, au Quesnoy<a id="FNanchor_65" href="#Footnote_65" class="fnanchor">&nbsp;[65]</a>,
-qui n'tait point alors aussi bien fortifi qu'il fut soixante ans plus
-tard. P. <a href="#Page_12">12</a>, <a href="#Page_13">13</a>, <a href="#Page_199">199</a>, <a href="#Page_200">200</a>, <a href="#Page_204">204</a>.</p>
-
-<p>Les Franais brlent Felaines,<a id="FNanchor_66" href="#Footnote_66" class="fnanchor">&nbsp;[66]</a> Famars<a id="FNanchor_67" href="#Footnote_67" class="fnanchor">&nbsp;[67]</a>, Sepmeries<a id="FNanchor_68" href="#Footnote_68" class="fnanchor">&nbsp;[68]</a>, Baudignies<a id="FNanchor_69" href="#Footnote_69" class="fnanchor">&nbsp;[69]</a>,
-Artres<a id="FNanchor_70" href="#Footnote_70" class="fnanchor">&nbsp;[70]</a>, <i>Artriel</i><a id="FNanchor_71" href="#Footnote_71" class="fnanchor">&nbsp;[71]</a>, Saultain<a id="FNanchor_72" href="#Footnote_72" class="fnanchor">&nbsp;[72]</a>, Curgies<a id="FNanchor_73" href="#Footnote_73" class="fnanchor">&nbsp;[73]</a>, Estreux<a id="FNanchor_74" href="#Footnote_74" class="fnanchor">&nbsp;[74]</a>, Aulnoy<a id="FNanchor_75" href="#Footnote_75" class="fnanchor">&nbsp;[75]</a>,
-Jenlain<a id="FNanchor_76" href="#Footnote_76" class="fnanchor">&nbsp;[76]</a>, Beauvoir<a id="FNanchor_77" href="#Footnote_77" class="fnanchor">&nbsp;[77]</a>, Rombies<a id="FNanchor_78" href="#Footnote_78" class="fnanchor">&nbsp;[78]</a> et viennent camper sur
-la rivire d'Uintiel<a id="FNanchor_79" href="#Footnote_79" class="fnanchor">&nbsp;[79]</a> (la Rhonelle), aux alentours de Querenaing<a id="FNanchor_80" href="#Footnote_80" class="fnanchor">&nbsp;[80]</a>.
-Quarante hommes d'armes hainuyers des garnisons de Cond<a id="FNanchor_81" href="#Footnote_81" class="fnanchor">&nbsp;[81]</a>,
-de Montroeul-sur-Haine<a id="FNanchor_82" href="#Footnote_82" class="fnanchor">&nbsp;[82]</a>, de Quivrain<a id="FNanchor_83" href="#Footnote_83" class="fnanchor">&nbsp;[83]</a> et de Quivrechain<a id="FNanchor_84" href="#Footnote_84" class="fnanchor">&nbsp;[84]</a>
-se mettent en embuscade dans les bois de Roisin<a id="FNanchor_85" href="#Footnote_85" class="fnanchor">&nbsp;[85]</a>, mais ils n'osent
-attaquer les coureurs franais qui chevauchent au nombre de plus
-de quatre cents lances. <a href="#Page_13">13</a>, <a href="#Page_14">14</a> et <a href="#Page_201">201</a>.</p>
-
-<p>Le lendemain, par une belle matine du mois de mai<a id="FNanchor_86" href="#Footnote_86" class="fnanchor">&nbsp;[86]</a>, le duc
-<span class="pagenum"><a id="Page_X"> X</a></span>
-de Normandie vient camper Famars sur une colline appele le
-Mont de Castres<a id="FNanchor_87" href="#Footnote_87" class="fnanchor">&nbsp;[87]</a>. Quelques-uns de ses gens d'armes descendent
-du Mont de Castres, mettent le feu Marly<a id="FNanchor_88" href="#Footnote_88" class="fnanchor">&nbsp;[88]</a> et aux faubourgs
-de la porte de Cambrai. Grand moi Valenciennes; on sonne
-les cloches et le beffroi toute vole. La rue de Cambrai se remplit
-de bourgeois en armes qui veulent marcher contre l'ennemi.
-Henri d'Antoing, qui garde les clefs de la porte de Cambrai, et
-Jean de Baissi, prvt de la ville, s'efforcent de contenir les impatients.
-P. <a href="#Page_202">202</a>.</p>
-
-<p>Une troupe de coureurs franais livre un assaut infructueux
-la tour carre de Maing<a id="FNanchor_89" href="#Footnote_89" class="fnanchor">&nbsp;[89]</a>, qui tait alors Jean Bernier de
-Valenciennes et qui fut depuis Jean de Neuville. Ces coureurs,
-n'ayant pu traverser l'Escaut Trith<a id="FNanchor_90" href="#Footnote_90" class="fnanchor">&nbsp;[90]</a> parce que le pont a t
-coup par les habitants, passent le fleuve aux Planches Prouvy<a id="FNanchor_91" href="#Footnote_91" class="fnanchor">&nbsp;[91]</a>,
-mettent le feu aux maisons et aux moulins de Prouvy et de Rouvignies<a id="FNanchor_92" href="#Footnote_92" class="fnanchor">&nbsp;[92]</a>,
-et, aprs avoir refait le pont<a id="FNanchor_93" href="#Footnote_93" class="fnanchor">&nbsp;[93]</a> de Trith, brlent <i>Wercinniel</i>,
-Bourlain<a id="FNanchor_94" href="#Footnote_94" class="fnanchor">&nbsp;[94]</a> et Infier<a id="FNanchor_95" href="#Footnote_95" class="fnanchor">&nbsp;[95]</a>, d'o les flammches volent jusqu'
-Valenciennes. P. <a href="#Page_15">15</a>, <a href="#Page_204">204</a> et <a href="#Page_205">205</a>.</p>
-
-<p>D'autres coureurs, ayant leur tte trois chevaliers poitevins,
-Boucicaut<a id="FNanchor_96" href="#Footnote_96" class="fnanchor">&nbsp;[96]</a>, Guillaume Blondel<a id="FNanchor_97" href="#Footnote_97" class="fnanchor">&nbsp;[97]</a> et le seigneur de Surgres<a id="FNanchor_98" href="#Footnote_98" class="fnanchor">&nbsp;[98]</a>,
-<span class="pagenum"><a id="Page_XI"> XI</a></span>
-passent l'Escaut assez prs de Valenciennes, au pont qu'on
-dit la Tourelle Goguel, brlent Heurtebise<a id="FNanchor_99" href="#Footnote_99" class="fnanchor">&nbsp;[99]</a>, et s'avancent vers
-Bellaing<a id="FNanchor_100" href="#Footnote_100" class="fnanchor">&nbsp;[100]</a> et Hrin<a id="FNanchor_101" href="#Footnote_101" class="fnanchor">&nbsp;[101]</a>. Un certain nombre de gens d'armes de Valenciennes<a id="FNanchor_102" href="#Footnote_102" class="fnanchor">&nbsp;[102]</a>
-sortent de la ville par les deux portes d'Anzin<a id="FNanchor_103" href="#Footnote_103" class="fnanchor">&nbsp;[103]</a>, la
-grande et la petite, et marchent la rencontre de ces pillards.
-Un combat s'engage au-dessus d'une glise qu'on dit de Saint-Vaast<a id="FNanchor_104" href="#Footnote_104" class="fnanchor">&nbsp;[104]</a>.
-Droute des Franais. [Gui] de Surgres se sauve du
-ct du village de Hrin et court se jeter dans les bois d'Aubry<a id="FNanchor_105" href="#Footnote_105" class="fnanchor">&nbsp;[105]</a>,
-d'o, le soir venu, par le pont de Heurtebise et le pont de Trith,
-il regagne le camp du Mont de Castres. Boucicaut veut rsister;
-il est fait prisonnier et amen Valenciennes. P. <a href="#Page_15">15</a>, <a href="#Page_16">16</a>, <a href="#Page_202">202</a> et
-<a href="#Page_203">203</a>, <a href="#Page_205">205</a> et <a href="#Page_206">206</a>.</p>
-
-<p>Le duc de Normandie, voyant que les habitants de Valenciennes
-ne sont pas disposs accepter la bataille et n'esprant pas
-prendre leur ville d'assaut, se dcide revenir vers Cambrai. Au
-retour, ses gens d'armes incendient Maing, l'abbaye de Fontenelle<a id="FNanchor_106" href="#Footnote_106" class="fnanchor">&nbsp;[106]</a>,
-Trith, Prouvy, Rouvignies, Douchy<a id="FNanchor_107" href="#Footnote_107" class="fnanchor">&nbsp;[107]</a>, Thiant<a id="FNanchor_108" href="#Footnote_108" class="fnanchor">&nbsp;[108]</a>, Monchaux<a id="FNanchor_109" href="#Footnote_109" class="fnanchor">&nbsp;[109]</a>,
-et en gnral tout le pays qui s'tend entre Valenciennes
-et Cambrai. P. <a href="#Page_17">17</a>, <a href="#Page_18">18</a>, <a href="#Page_208">208</a> et <a href="#Page_209">209</a>.</p>
-
-<p>Aprs le dpart des Franais, les Valenciennois viennent mettre
-le feu au camp du Mont de Castres; ils y trouvent quelques
-brigands et Gnois qui, plongs dans un sommeil alourdi par
-<span class="pagenum"><a id="Page_XII"> XII</a></span>
-l'ivresse, ne sont pas partis avec le gros de l'arme; ils les brlent
-tout vivants. P. <a href="#Page_19">19</a>.</p>
-
-<p>Le duc de Normandie met le sige devant le chteau d'Escaud&oelig;uvres<a id="FNanchor_110" href="#Footnote_110" class="fnanchor">&nbsp;[110]</a>.
-Grard de Sassegnies, capitaine de ce chteau pour
-le comte de Hainaut, le livre par trahison aux assigeants. Les
-habitants de Cambrai abattent les remparts d'Escaud&oelig;uvres; ils
-emploient les matriaux provenant de cette dmolition fortifier
-la porte Robert qui regarde le Hainaut. Grard de Sassegnies
-devait expier bientt sa trahison en subissant Mons la peine
-capitale<a id="FNanchor_111" href="#Footnote_111" class="fnanchor">&nbsp;[111]</a>. P. <a href="#Page_19">19</a>, <a href="#Page_20">20</a>, <a href="#Page_209">209</a> <a href="#Page_211">211</a>.</p>
-
-<p>Les garnisons franaises de Douai et de Lille ravagent l'Ostrevant;
-elles pillent et brlent Aniche<a id="FNanchor_112" href="#Footnote_112" class="fnanchor">&nbsp;[112]</a>, la moiti d'Abscon<a id="FNanchor_113" href="#Footnote_113" class="fnanchor">&nbsp;[113]</a>, Escaudain<a id="FNanchor_114" href="#Footnote_114" class="fnanchor">&nbsp;[114]</a>,
-Erre<a id="FNanchor_115" href="#Footnote_115" class="fnanchor">&nbsp;[115]</a>, Fenain<a id="FNanchor_116" href="#Footnote_116" class="fnanchor">&nbsp;[116]</a>, Denain<a id="FNanchor_117" href="#Footnote_117" class="fnanchor">&nbsp;[117]</a>, Montigny<a id="FNanchor_118" href="#Footnote_118" class="fnanchor">&nbsp;[118]</a>, Warlaing<a id="FNanchor_119" href="#Footnote_119" class="fnanchor">&nbsp;[119]</a>, Masny<a id="FNanchor_120" href="#Footnote_120" class="fnanchor">&nbsp;[120]</a>,
-Auberchicourt<a id="FNanchor_121" href="#Footnote_121" class="fnanchor">&nbsp;[121]</a>, Lourches<a id="FNanchor_122" href="#Footnote_122" class="fnanchor">&nbsp;[122]</a>, Saulx<a id="FNanchor_123" href="#Footnote_123" class="fnanchor">&nbsp;[123]</a>, Roeulx<a id="FNanchor_124" href="#Footnote_124" class="fnanchor">&nbsp;[124]</a>, Neuville<a id="FNanchor_125" href="#Footnote_125" class="fnanchor">&nbsp;[125]</a>,
-Lieu-Saint-Amand<a id="FNanchor_126" href="#Footnote_126" class="fnanchor">&nbsp;[126]</a>, Bugnicourt<a id="FNanchor_127" href="#Footnote_127" class="fnanchor">&nbsp;[127]</a>, Monchecourt<a id="FNanchor_128" href="#Footnote_128" class="fnanchor">&nbsp;[128]</a>. En revanche,
-les gens d'armes hainuyers en garnison Bouchain mettent le
-feu la moiti d'Abscon qui se tient franaise et dvastent tous
-<span class="pagenum"><a id="Page_XIII"> XIII</a></span>
-les villages et hameaux jusqu'aux portes de Douai, notamment les
-villages d'Esquerchin<a id="FNanchor_129" href="#Footnote_129" class="fnanchor">&nbsp;[129]</a> et de Lambres<a id="FNanchor_130" href="#Footnote_130" class="fnanchor">&nbsp;[130]</a>.</p>
-
-<p>Escarmouche entre la garnison franaise de la Malmaison,
-compose d'Allemands dont Albrecht de Cologne est le chef pour
-l'vque de Cambrai<a id="FNanchor_131" href="#Footnote_131" class="fnanchor">&nbsp;[131]</a> et la garnison de Landrecies dont le seigneur
-de Potelles est capitaine pour le comte de Hainaut. Le
-seigneur de Potelles est tu par Albrecht de Cologne, mais les
-compagnons de celui-ci sont mis en droute, tus ou faits prisonniers
-par les Hainuyers. P. <a href="#Page_21">21</a> <a href="#Page_23">23</a>, <a href="#Page_211">211</a> et <a href="#Page_212">212</a>.</p>
-
-<p>Le seigneur de Floyon succde au seigneur de Potelles comme
-gardien de Landrecies et chevauche souvent contre les garnisons
-franaises de Bohain, de la Malmaison, du Cateau-Cambrsis<a id="FNanchor_132" href="#Footnote_132" class="fnanchor">&nbsp;[132]</a>,
-de Beauvois<a id="FNanchor_133" href="#Footnote_133" class="fnanchor">&nbsp;[133]</a> et de Serain<a id="FNanchor_134" href="#Footnote_134" class="fnanchor">&nbsp;[134]</a>. Pendant ce temps, le comte de Hainaut,
-de retour d'Angleterre, s'est rendu en Allemagne auprs
-de l'empereur Louis de Bavire; et Jean de Hainaut est all en
-Brabant et en Flandre implorer le secours du duc de Brabant,
-de Jacques d'Arteveld et des Flamands. P. <a href="#Page_23">23</a>, <a href="#Page_24">24</a>, <a href="#Page_212">212</a>, <a href="#Page_213">213</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">CHAPITRE XXXVI.<br />
-<span class="medium">1340. <span class="smcap">SIGE ET PRISE DE THUN-L'VQUE PAR LES FRANAIS.&mdash;OFFRES
-DE COMBAT FAITES PAR LE COMTE DE HAINAUT; REFUS DU DUC DE
-NORMANDIE</span><a id="FNanchor_135" href="#Footnote_135" class="fnanchor">&nbsp;[135]</a> ( 108 112).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Le duc de Normandie vient, sur les instances des Cambrsiens,
-mettre le sige devant la forteresse de Thun-l'vque<a id="FNanchor_136" href="#Footnote_136" class="fnanchor">&nbsp;[136]</a>
-<span class="pagenum"><a id="Page_XIV"> XIV</a></span>
-dont les Hainuyers se sont empars et d'o ils portent le ravage
-aux environs de la cit de Cambrai. La garnison a pour chefs
-un chevalier du parti anglais nomm Richard de Limozin et deux
-cuyers du Hainaut, frres de Gautier de Mauny, Jean et Thierry
-de Mauny. Craignant d'tre empests par les btes mortes et
-puantes que jettent les engins des assigeants, les assigs demandent
-et obtiennent une trve de quinze jours; ils promettent
-de se rendre au duc de Normandie s'ils ne sont pas secourus par
-Jean de Hainaut dans cet intervalle. Catherine de Wargnies, chanoinesse
-de l'abbaye de Denain, qui s'est enferme dans Thun
-par amour pour Jean de Mauny dont elle est la matresse, et que
-le fracas du sige incommode beaucoup cause de son tat de
-grossesse avance, profite de la trve pour se retirer Bouchain.
-P. <a href="#Page_24">24</a> <a href="#Page_26">26</a>, <a href="#Page_212">212</a> <a href="#Page_214">214</a>.</p>
-
-<p>Sur ces entrefaites, le comte de Hainaut revient dans son
-pays. Il runit en toute hte une puissante arme pour marcher
-au secours de la garnison de Thun-l'vque et vient camper
-Naves et Iwuy sur la rive droite de l'Escaut; il est bientt rejoint
-par le comte de Namur, le duc de Brabant et les grands
-seigneurs des marches d'Allemagne allis du roi d'Angleterre.
-P. <a href="#Page_27">27</a> et <a href="#Page_28">28</a>, <a href="#Page_215">215</a> et <a href="#Page_216">216</a>.</p>
-
-<p>L'arme du duc de Normandie est campe de l'autre ct de la
-rivire, sur la rive gauche de l'Escaut. A la nouvelle de l'arrive
-du comte de Hainaut, Philippe de Valois, qui se tenait depuis six
-semaines Pronne, accourt rejoindre Jean son fils la tte de
-douze cents lances; mais comme le roi de France a fait serment
-de ne pas pntrer main arme sur le territoire de l'Empire, le
-duc de Normandie conserve le commandement nominal, tout en
-n'agissant que d'aprs le conseil de son pre. P. <a href="#Page_28">28</a>, <a href="#Page_216">216</a>.</p>
-
-<p>Quatre jours aprs son arrive devant Thun-l'vque, l'arme
-du comte de Hainaut se renforce d'une troupe de Valenciennois
-que commande Jean de Baissi, prvt de la ville. Richard de
-Limozin et les autres gens d'armes de la garnison de Thun-l'vque
-profitent d'une escarmouche entre Franais et Valenciennois
-pour se sauver dans une barque et aller rejoindre le comte
-<span class="pagenum"><a id="Page_XV"> XV</a></span>
-de Hainaut qui les remercie et les flicite de leur belle dfense.
-P. <a href="#Page_29">29</a>, <a href="#Page_216">216</a> et <a href="#Page_217">217</a>.</p>
-
-<p>Les Franais ravagent l'Ostrevant et les Hainuyers le Cambrsis.
-Le comte de Hainaut reoit un renfort de soixante mille
-Flamands amens par Jacques d'Arteveld; il offre la bataille au
-duc de Normandie qui la refuse. Le comte de Hainaut runit
-alors les plus grands barons de l'arme pour leur communiquer
-la rponse du duc de Normandie et leur demander conseil; il
-veut faire un pont sur l'Escaut afin d'aller livrer bataille aux
-Franais. Le duc de Brabant combat ce projet; il est d'avis qu'on
-se spare sans avoir rien fait et qu'on attende l'arrive prochaine
-du roi d'Angleterre qui doit se joindre ses allis pour mettre
-le sige devant Tournay. Malgr l'opposition du duc de Brabant
-dont les gens d'armes, surtout ceux de Bruxelles et de Louvain,
-sont impatients de retourner dans leurs foyers, le comte de Hainaut
-n'en persiste pas moins dans son projet de livrer bataille
-aux Franais. P. <a href="#Page_29">29</a> <a href="#Page_31">31</a>, <a href="#Page_217">217</a>, <a href="#Page_218">218</a>.</p>
-
-<p>Le comte de Hainaut charge Jean de Hainaut, seigneur de
-Beaumont, son oncle, de demander trois jours de rpit aux Franais,
-le temps de construire un pont sur l'Escaut afin que les
-deux armes puissent se joindre et en venir aux mains. Au moment
-o Jean de Hainaut chevauche sur la rive droite de l'Escaut
-et se dispose accomplir son message, il aperoit sur la
-rive oppose un chevalier de Normandie de sa connaissance, le
-seigneur de Maubuisson<a id="FNanchor_137" href="#Footnote_137" class="fnanchor">&nbsp;[137]</a>; il prie ce chevalier de transmettre au
-roi de France ou au duc de Normandie la proposition du comte
-de Hainaut. Le conseil du roi de France rpond au seigneur de
-Maubuisson que l'on est rsolu ne pas changer de tactique vis--vis
-du comte de Hainaut, qu'on veut d'abord le ruiner en
-tranant la guerre en longueur, que cela fait, on envahira son
-pays pour y porter le ravage. Jean de Hainaut, qui le seigneur
-de Maubuisson vient rapporter cette rponse, la transmet
-au comte de Hainaut, son neveu, qui la reoit avec un profond
-dplaisir. P. <a href="#Page_32">32</a> <a href="#Page_34">34</a>, <a href="#Page_218">218</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_XVI"> XVI</a></span></p>
-<h2 class="normal">CHAPITRE XXXVII.<br />
-<span class="medium">1340. <span class="smcap">DFAITE DE LA FLOTTE FRANAISE PAR LA FLOTTE ANGLAISE
-DEVANT L'CLUSE; ARRIVE D'DOUARD III ET DE SON ARME EN
-FLANDRE</span><a id="FNanchor_138" href="#Footnote_138" class="fnanchor">&nbsp;[138]</a> ( 113 117).</span></h2>
-</div>
-
-<p>La veille de la fte de saint Jean-Baptiste (23 juin), douard III
-s'embarque sur la Tamise et cingle vers l'cluse<a id="FNanchor_139" href="#Footnote_139" class="fnanchor">&nbsp;[139]</a> (Sluis), en
-Flandre. La flotte anglaise, compose de plus de cent vaisseaux,
-porte quatre mille hommes d'armes et douze mille archers. La
-flotte franaise est encore suprieure en nombre la flotte anglaise.
-Monte par des marins normands, picards et gnois, sous
-les ordres du Normand [Nicolas] Behuchet, du Picard Hue Quieret
-et du Gnois Barbavara, cette flotte stationne prs de Blankenberghe<a id="FNanchor_140" href="#Footnote_140" class="fnanchor">&nbsp;[140]</a>,
-entre Kadzand<a id="FNanchor_141" href="#Footnote_141" class="fnanchor">&nbsp;[141]</a> et l'cluse, pour arrter au passage le
-roi d'Angleterre. La bataille s'engage devant l'cluse le 24 juin<a id="FNanchor_142" href="#Footnote_142" class="fnanchor">&nbsp;[142]</a>
-entre les deux flottes ennemies et dure tout un jour. Les Anglais
-ont soin de prendre des dispositions plus habiles que leurs
-adversaires. Le grand vaisseau <i>le Christophe</i>, conquis peu de
-temps auparavant par les Normands et mont par les Gnois, est
-repris ds le commencement de l'action, grce aux archers
-main d'Angleterre, auxquels un tir plus rapide assure l'avantage
-sur les arbaltriers gnois. P. <a href="#Page_34">34</a> <a href="#Page_37">37</a>, <a href="#Page_218">218</a> <a href="#Page_221">221</a>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_XVII"> XVII</a></span>
-douard III monte un grand vaisseau construit Sandwich<a id="FNanchor_143" href="#Footnote_143" class="fnanchor">&nbsp;[143]</a>,
-sur lequel flotte une bannire mi-partie aux armes de France et
-d'Angleterre. Le roi anglais, alors en la fleur de sa jeunesse, fait
-des prodiges de valeur; les marins normands et picards dploient,
-de leur ct, un grand courage. Dans l'aprs-midi, un gros
-renfort de navires monts par des hommes frais et nouveaux,
-amen par les Flamands de l'cluse, de Blankenberghe, d'Aardenburg<a id="FNanchor_144" href="#Footnote_144" class="fnanchor">&nbsp;[144]</a>,
-d'Oostburg<a id="FNanchor_145" href="#Footnote_145" class="fnanchor">&nbsp;[145]</a>, de Bruges, du Damme<a id="FNanchor_146" href="#Footnote_146" class="fnanchor">&nbsp;[146]</a>, de Nieuport<a id="FNanchor_147" href="#Footnote_147" class="fnanchor">&nbsp;[147]</a>
-et des villes voisines, dcide la victoire en faveur des Anglais.
-Cette affaire cote la vie Hue Quieret et (Nicolas) Behuchet;
-Pietro Barbavara se sauve grand peine<a id="FNanchor_148" href="#Footnote_148" class="fnanchor">&nbsp;[148]</a>. P. <a href="#Page_37">37</a> et <a href="#Page_38">38</a>, <a href="#Page_221">221</a> <a href="#Page_225">225</a>.</p>
-
-<p>Aprs la victoire de l'cluse, le roi d'Angleterre fait un plerinage
- Notre-Dame<a id="FNanchor_149" href="#Footnote_149" class="fnanchor">&nbsp;[149]</a> d'Aardenburg, puis il se rend Gand. A
-la nouvelle de l'arrive et de la victoire d'douard III, les allies
-camps devant Thun-l'vque lvent le sige de cette forteresse
-et viennent Gand auprs du roi anglais; l ils prennent l'engagement
-de se runir un certain jour en parlement Vilvorde.
-P. <a href="#Page_38">38</a> <a href="#Page_40">40</a>, <a href="#Page_225">225</a> <a href="#Page_229">229</a>.</p>
-
-<p>Le roi de France retourne Arras et le duc de Normandie
-<span class="pagenum"><a id="Page_XVIII"> XVIII</a></span>
-Cambrai. Les Franais prennent aisment leur parti de la dconfiture
-des Normands l'cluse et disent: On n'a rien perdu
-en perdant ces cumeurs de mer. Ils taient tous des brigands;
-ils ne laissaient point venir de poisson sur le continent, et ils
-taient cause qu'on n'en pouvait avoir. Le roi de France d'ailleurs
-a gagn deux cent mille florins leur mort, car on
-leur devait leurs gages de quatre mois. Toutefois, Philippe de
-Valois et son fils donnent l'ordre de renforcer les garnisons de
-Tournay, de Lille<a id="FNanchor_150" href="#Footnote_150" class="fnanchor">&nbsp;[150]</a>, de Douai<a id="FNanchor_151" href="#Footnote_151" class="fnanchor">&nbsp;[151]</a>, de Mortagne, de Saint-Amand,
-de Saint-Omer, d'Aire<a id="FNanchor_152" href="#Footnote_152" class="fnanchor">&nbsp;[152]</a> et de Saint-Venant<a id="FNanchor_153" href="#Footnote_153" class="fnanchor">&nbsp;[153]</a>. Inform qu'douard
-III et ses allis doivent venir assiger Tournay, le duc
-de Normandie envoie dans cette place Godemar du Fay<a id="FNanchor_154" href="#Footnote_154" class="fnanchor">&nbsp;[154]</a>. Le seigneur
-de Beaujeu est mis dans Mortagne<a id="FNanchor_155" href="#Footnote_155" class="fnanchor">&nbsp;[155]</a>, et Pierre de Carcassonne
-est charg de dfendre Saint-Amand<a id="FNanchor_156" href="#Footnote_156" class="fnanchor">&nbsp;[156]</a> en Puelle. P. <a href="#Page_40">40</a>
-et <a href="#Page_41">41</a>, <a href="#Page_227">227</a>.</p>
-
-<p>Robert, roi de Sicile, trs-vers dans l'astrologie, prdit les
-succs d'douard III: Le sanglier de Windsor viendra, dit-il,
-enfoncer ses dfenses jusque dans les portes de Paris. Inspir
-par son dvouement la couronne de France, le roi Robert
-<span class="pagenum"><a id="Page_XIX"> XIX</a></span>
-vient Avignon prier le pape (Benot XII)<a id="FNanchor_157" href="#Footnote_157" class="fnanchor">&nbsp;[157]</a> d'user de son intervention
-pour faire la paix entre les rois de France et d'Angleterre.
-P. <a href="#Page_41">41</a>, <a href="#Page_226">226</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2>CHAPITRE XXXVIII.<br />
-<span class="medium">1340. <span class="smcap">ASSEMBLE DE VILVORDE SUIVIE DU SIGE DE TOURNAY PAR
-DOUARD III ET SES ALLIS</span><a id="FNanchor_158" href="#Footnote_158" class="fnanchor">&nbsp;[158]</a> ( 118 122).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Assemble de Vilvorde. Les principaux personnages qui assistent
- cette assemble, sont douard III roi d'Angleterre, Jean III
-duc de Brabant, Guillaume II comte de Hainaut, Jean de Hainaut,
-oncle du comte, Renaud II duc de Gueldre, Guillaume V
-marquis de Juliers, Louis I<sup>er</sup> de Bavire, marquis de Brandebourg,
-Frdric II, marquis de Meissen et d'Osterland, Adolphe
-VIII, comte de Berg, Robert d'Artois, Thierry III, seigneur
-de Fauquemont (Valkenburg), Guillaume de Duvenvoorde, Guillaume
-I<sup>er</sup>, marquis de Namur. A ces princes sont venus se joindre
-Jacques d'Arteveld et les dputs de Flandre, de Brabant et de
-Hainaut, au nombre de trois ou quatre pour chaque bonne ville.
-Une alliance offensive et dfensive est conclue entre Flandre,
-Hainaut et Brabant; en cas de diffrend, c'est le roi d'Angleterre
-qui jouera le rle d'arbitre entre ces trois pays. En signe de cette
-alliance, il sera frapp une monnaie dont les pices s'appelleront
-<i>compagnons</i> ou <i>allis</i>. Les allis conviennent d'aller mettre le
-sige devant Tournay aux environs de la Madeleine (22 juillet),
-puis ils se sparent et chacun retourne chez soi pour faire ses
-prparatifs. P. <a href="#Page_41">41</a> <a href="#Page_43">43</a>, <a href="#Page_229">229</a> et <a href="#Page_230">230</a>.</p>
-
-<p>Philippe de Valois envoie tenir garnison Tournay l'lite de
-sa chevalerie, notamment Raoul, comte d'Eu, conntable de
-France<a id="FNanchor_159" href="#Footnote_159" class="fnanchor">&nbsp;[159]</a>, le jeune comte de Guines son fils<a id="FNanchor_160" href="#Footnote_160" class="fnanchor">&nbsp;[160]</a>, le comte de Foix<a id="FNanchor_161" href="#Footnote_161" class="fnanchor">&nbsp;[161]</a> et
-<span class="pagenum"><a id="Page_XX"> XX</a></span>
-ses frres, Aymeri VIII (vicomte) de Narbonne, Am de Poitiers<a id="FNanchor_162" href="#Footnote_162" class="fnanchor">&nbsp;[162]</a>,
-Geoffroy de Charny<a id="FNanchor_163" href="#Footnote_163" class="fnanchor">&nbsp;[163]</a>, Girard de Montfaucon<a id="FNanchor_164" href="#Footnote_164" class="fnanchor">&nbsp;[164]</a>, Robert Bertran
-et Mathieu de Trie, marchaux de France<a id="FNanchor_165" href="#Footnote_165" class="fnanchor">&nbsp;[165]</a>, Jean de Landas<a id="FNanchor_166" href="#Footnote_166" class="fnanchor">&nbsp;[166]</a>, le
-snchal de Poitou<a id="FNanchor_167" href="#Footnote_167" class="fnanchor">&nbsp;[167]</a>, les seigneurs de Cayeux<a id="FNanchor_168" href="#Footnote_168" class="fnanchor">&nbsp;[168]</a>, de Chtillon<a id="FNanchor_169" href="#Footnote_169" class="fnanchor">&nbsp;[169]</a>, de
-Renneval, de Mello<a id="FNanchor_170" href="#Footnote_170" class="fnanchor">&nbsp;[170]</a>, d'Offmont<a id="FNanchor_171" href="#Footnote_171" class="fnanchor">&nbsp;[171]</a>, de Saint-Venant<a id="FNanchor_172" href="#Footnote_172" class="fnanchor">&nbsp;[172]</a> et de Creseques<a id="FNanchor_173" href="#Footnote_173" class="fnanchor">&nbsp;[173]</a>.
-Les fortifications de la cit sont rpares, les engins, canons
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXI"> XXI</a></span>
-et espingalles sont mis en tat, et l'on se pourvoit d'approvisionnements
-de toute sorte. P. <a href="#Page_43">43</a>, <a href="#Page_44">44</a>, <a href="#Page_230">230</a>.</p>
-
-<p>Sige de Tournay par douard III et ses allis. Le roi d'Angleterre
-prend position la porte dite de Saint-Martin<a id="FNanchor_174" href="#Footnote_174" class="fnanchor">&nbsp;[174]</a> sur le
-chemin de Lille et de Douai, le duc entre le Pont--Rieux<a id="FNanchor_175" href="#Footnote_175" class="fnanchor">&nbsp;[175]</a>, le
-long de l'Escaut, le Pire<a id="FNanchor_176" href="#Footnote_176" class="fnanchor">&nbsp;[176]</a> et la porte de Valenciennes<a id="FNanchor_177" href="#Footnote_177" class="fnanchor">&nbsp;[177]</a>, le comte
-de Hainaut entre le roi d'Angleterre et le duc de Brabant<a id="FNanchor_178" href="#Footnote_178" class="fnanchor">&nbsp;[178]</a>. Jacques
-d'Arteveld, la tte de soixante mille Flamands, vient se
-loger la porte de Sainte-Fontaine<a id="FNanchor_179" href="#Footnote_179" class="fnanchor">&nbsp;[179]</a>, sur les deux rives de l'Escaut.
-Les princes allemands, camps prs des Marvis<a id="FNanchor_180" href="#Footnote_180" class="fnanchor">&nbsp;[180]</a> du ct du
-Hainaut, ont fait un pont sur l'Escaut en amont de Tournay pour
-aller et venir d'une rive l'autre. La cit de Tournay est ainsi
-investie de tous les cts la fois, et les habitants, pour mieux
-assurer la dfense, ont enterr sept de leurs portes. P. <a href="#Page_44">44</a> et <a href="#Page_45">45</a>,
-<a href="#Page_230">230</a> <a href="#Page_232">232</a>.</p>
-
-<p>Le sige durant devant Tournay, le comte de Hainaut ravage
-et brle Orchies<a id="FNanchor_181" href="#Footnote_181" class="fnanchor">&nbsp;[181]</a> et plus de quarante villages ou hameaux des
-environs, Landas<a id="FNanchor_182" href="#Footnote_182" class="fnanchor">&nbsp;[182]</a>, Lecelles<a id="FNanchor_183" href="#Footnote_183" class="fnanchor">&nbsp;[183]</a>, Haubourdin<a id="FNanchor_184" href="#Footnote_184" class="fnanchor">&nbsp;[184]</a>, Seclin<a id="FNanchor_185" href="#Footnote_185" class="fnanchor">&nbsp;[185]</a>, Ronchin<a id="FNanchor_186" href="#Footnote_186" class="fnanchor">&nbsp;[186]</a>,
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXII"> XXII</a></span>
-la ville et l'abbaye de Cysoing<a id="FNanchor_187" href="#Footnote_187" class="fnanchor">&nbsp;[187]</a>, Bachy<a id="FNanchor_188" href="#Footnote_188" class="fnanchor">&nbsp;[188]</a>, Marchiennes<a id="FNanchor_189" href="#Footnote_189" class="fnanchor">&nbsp;[189]</a>, les
-bords de la rivire de Scarp jusqu'au chteau de Rieulay<a id="FNanchor_190" href="#Footnote_190" class="fnanchor">&nbsp;[190]</a>, en
-Hainaut; il pousse ses incursions jusqu'au Pont--Raches<a id="FNanchor_191" href="#Footnote_191" class="fnanchor">&nbsp;[191]</a> une
-lieue de Douai et jusqu'aux faubourgs de Lens<a id="FNanchor_192" href="#Footnote_192" class="fnanchor">&nbsp;[192]</a> en Artois. P. <a href="#Page_46">46</a>,
-<a href="#Page_232">232</a> et <a href="#Page_233">233</a>.</p>
-
-<p>Combat sur l'Escaut entre les Flamands et les Franais monts
-les uns et les autres sur des barques; les Flamands sont repousss
-par les assigs. P. <a href="#Page_46">46</a>, <a href="#Page_47">47</a>, <a href="#Page_233">233</a>, <a href="#Page_234">234</a>.</p>
-
-<p>Durant ce mme sige de Tournay, les Franais de la garnison
-de Saint-Amand pillent et brlent le village et l'abbaye
-d'Hasnon<a id="FNanchor_193" href="#Footnote_193" class="fnanchor">&nbsp;[193]</a>; ils traversent les bois de Raismes, mettent le feu
-l'htel du Pourcelet et attaquent l'abbaye de Vicoigne<a id="FNanchor_194" href="#Footnote_194" class="fnanchor">&nbsp;[194]</a>, dont
-l'abb nomm Godefroi<a id="FNanchor_195" href="#Footnote_195" class="fnanchor">&nbsp;[195]</a> parvient repousser les agresseurs.
-Pour remercier les arbaltriers de Valenciennes qui sont accourus
- son secours sous les ordres de Jean de Baissi, prvt de la
-ville, l'abb de Vicoigne leur fait boire un tonneau de vin; et
-dans la crainte d'une nouvelle surprise, il fait couper les bois
-qui entourent son abbaye et creuser de profonds et larges fosss.
-P. <a href="#Page_47">47</a>, <a href="#Page_48">48</a>, <a href="#Page_234">234</a>, <a href="#Page_235">235</a>.</p>
-
-<p>Pendant le sige de Tournay, dit Froissart, il survint plusieurs
-grands faits d'armes, non-seulement en France, mais encore
-en Gascogne et en cosse, qui ne doivent pas tre mis en
-oubli, car selon la promesse que j'ai faite mon seigneur et
-matre en commenant cet ouvrage, je consignerai toutes les
-belles actions qui viendront ma connaissance, quoique Jean le
-Bel ne les ait pas mentionnes dans ses Chroniques. Mais un
-homme ne peut tout savoir, et ces guerres taient si grandes, si
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXIII"> XXIII</a></span>
-dures et si enracines de tous cts, qu'il est facile d'en oublier
-quelque chose si l'on n'y prend bien garde. P. <a href="#Page_235">235</a>, <a href="#Page_236">236</a>.</p>
-
-<p>Le comte de l'Isle<a id="FNanchor_196" href="#Footnote_196" class="fnanchor">&nbsp;[196]</a> est en Gascogne comme un petit roi de
-France et fait une guerre acharne aux Gascons du parti anglais.
-Les principaux chevaliers du parti franais sont avec le comte de
-l'Isle, les comtes de Comminges<a id="FNanchor_197" href="#Footnote_197" class="fnanchor">&nbsp;[197]</a> et de Prigord<a id="FNanchor_198" href="#Footnote_198" class="fnanchor">&nbsp;[198]</a>, les vicomtes
-de Villemur<a id="FNanchor_199" href="#Footnote_199" class="fnanchor">&nbsp;[199]</a>, de Tallard<a id="FNanchor_200" href="#Footnote_200" class="fnanchor">&nbsp;[200]</a>, de Bruniquel, de Caraman<a id="FNanchor_201" href="#Footnote_201" class="fnanchor">&nbsp;[201]</a> et de
-<i>Murendon</i><a id="FNanchor_202" href="#Footnote_202" class="fnanchor">&nbsp;[202]</a>; l'effectif de leurs forces s'lve six mille chevaux
-et dix mille fantassins. Les Franais prennent Bergerac, Condom,
-Sainte-Bazeille<a id="FNanchor_203" href="#Footnote_203" class="fnanchor">&nbsp;[203]</a>, Penne<a id="FNanchor_204" href="#Footnote_204" class="fnanchor">&nbsp;[204]</a>, Langon<a id="FNanchor_205" href="#Footnote_205" class="fnanchor">&nbsp;[205]</a>, <i>Prudaire</i>, Civrac<a id="FNanchor_206" href="#Footnote_206" class="fnanchor">&nbsp;[206]</a>; ils assigent
-la Role. Aprs une belle dfense, Jean le Bouteiller, capitaine
-de la ville pour le roi d'Angleterre, rend la Role<a id="FNanchor_207" href="#Footnote_207" class="fnanchor">&nbsp;[207]</a> au
-comte de l'Isle qui confie la garde de cette place un chevalier
-gascon nomm <i>Raymond Segui</i>. Une fois matres de la Role, les
-Franais mettent le sige devant Auberoche<a id="FNanchor_208" href="#Footnote_208" class="fnanchor">&nbsp;[208]</a>, dont la garnison a
-pour chef Hlie de Pommiers. P. <a href="#Page_48">48</a>, <a href="#Page_236">236</a> et <a href="#Page_237">237</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_XXIV"> XXIV</a></span></p>
-<h2 class="normal">CHAPITRE XXXIX.<br />
-<span class="medium">1340. <span class="smcap">GUERRE EN COSSE</span> ( 123).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Les cossais prennent les armes sous les ordres de Guillaume
-de Douglas, des comtes de Murray, Patrick et de Sutherland, de
-Robert de Vescy, de Simon Fraser et d'Alexandre de Ramsay.&mdash;Pendant
-que le roi d'Angleterre assige Tournay, et l'instigation
-du roi de France, les cossais portent le ravage dans le
-Northumberland et l'vch de Durham; ils reconquirent toutes
-les forteresses occupes par les Anglais, l'exception de Bervick,
-de Stirling, de Roxburgh et d'dimbourg. P. <a href="#Page_49">49</a>, <a href="#Page_50">50</a>, <a href="#Page_237">237</a> <a href="#Page_239">239</a>.</p>
-
-<p>Guillaume de Douglas s'empare du chteau d'Edimbourg par
-surprise. P. <a href="#Page_51">51</a> <a href="#Page_54">54</a>.</p>
-
-<p>Reddition aux cossais de Dalkeith, de Dumbar, de Dundee,
-de Dumfermline; sige de Stirling. P. <a href="#Page_54">54</a>, <a href="#Page_239">239</a> <a href="#Page_241">241</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">CHAPITRE XL.<br />
-<span class="medium">1340. ARRIVE DU ROI DE FRANCE ET DE SON ARME AU PONT DE
-BOUVINES CONTRE DOUARD III ET SES ALLIS<a id="FNanchor_209" href="#Footnote_209" class="fnanchor">&nbsp;[209]</a> ( 124 126).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Le roi d'Angleterre assige toujours Tournay avec une arme
-de plus de cent mille hommes, y compris les Flamands. Les
-assigs, menacs de famine, font sortir les plus pauvres habitants
-de la ville, hommes et femmes. P. <a href="#Page_54">54</a> et <a href="#Page_241">241</a>.</p>
-
-<p>Philippe de Valois convoque Arras une grande arme pour
-marcher au secours des habitants de Tournay.&mdash;Noms des
-principaux princes et seigneurs, tant franais qu'trangers<a id="FNanchor_210" href="#Footnote_210" class="fnanchor">&nbsp;[210]</a>, qui
-se rendent l'appel du roi de France. P. <a href="#Page_55">55</a>, <a href="#Page_241">241</a> et <a href="#Page_242">242</a>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_XXV"> XXV</a></span>
-Arrive du roi de France<a id="FNanchor_211" href="#Footnote_211" class="fnanchor">&nbsp;[211]</a> et de son arme sur les bords
-d'une petite rivire (la Marcq)<a id="FNanchor_212" href="#Footnote_212" class="fnanchor">&nbsp;[212]</a>, situe peu de distance de
-Tournay, entre les ponts de Bouvines<a id="FNanchor_213" href="#Footnote_213" class="fnanchor">&nbsp;[213]</a> et de Tressin<a id="FNanchor_214" href="#Footnote_214" class="fnanchor">&nbsp;[214]</a>. P. <a href="#Page_56">56</a>
-et <a href="#Page_242">242</a>.</p>
-
-<p>Rencontre prs de Notre-Dame-aux-Bois<a id="FNanchor_215" href="#Footnote_215" class="fnanchor">&nbsp;[215]</a> entre des gens d'armes
-de la garnison de Bouchain, commands par trois chevaliers
-allemands au service du comte de Hainaut et un dtachement de
-la garnison franaise de Mortagne, qui a pour chef un chevalier
-bourguignon de la suite du seigneur de Beaujeu, nomm Jean
-de Frolois<a id="FNanchor_216" href="#Footnote_216" class="fnanchor">&nbsp;[216]</a>. Les Franais sont mis en droute, et Jean de Frolois
-est fait prisonnier. P. <a href="#Page_56">56</a> <a href="#Page_58">58</a>, <a href="#Page_242">242</a> <a href="#Page_244">244</a>.</p>
-
-<p>Un jour, un dtachement de Hainuyers, dont Guillaume de
-Baileu est le chef, passe le Pont--Tressin<a id="FNanchor_217" href="#Footnote_217" class="fnanchor">&nbsp;[217]</a>, et va, sous la conduite
-de Waflard de la Croix, rveiller les Franais. Ce mme
-jour, une troupe de Ligeois venus avec leur vque servir le roi
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXVI"> XXVI</a></span>
-de France, sous les ordres de Robert de Baileu<a id="FNanchor_218" href="#Footnote_218" class="fnanchor">&nbsp;[218]</a>, frre de Guillaume,
-passe aussi en sens inverse le Pont--Tressin, pour aller
-fourrager dans les belles plaines qui s'tendent entre Tressin et
-Baisieux<a id="FNanchor_219" href="#Footnote_219" class="fnanchor">&nbsp;[219]</a>. Les Hainuyers de Guillaume de Baileu sont repousss
-et mis en fuite. Au moment o ils repassent le pont, ils vont se
-jeter dans les rangs des Ligeois de Robert de Baileu, qui reviennent
-de leur excursion, et dont ils prennent la bannire, porte
-par Jacques de Forvie<a id="FNanchor_220" href="#Footnote_220" class="fnanchor">&nbsp;[220]</a>, pour la leur propre, cause de la ressemblance
-extrme des armes de Robert et de Guillaume de Baileu.
-La plupart des Hainuyers sont tus ou faits prisonniers.
-Guillaume de Baileu se sauve grand peine. Waflard de la Croix,
-pris dans cette rencontre et livr au roi de France, fut donn
-bientt aprs, en change du comte de Salisbury, aux habitants
-de Lille, qui le firent mettre mort. P. <a href="#Page_58">58</a> <a href="#Page_62">62</a>, <a href="#Page_244">244</a> <a href="#Page_246">246</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">CHAPITRE XLI.<br />
-<span class="medium">1340. SIGE DE MORTAGNE ET PRISE DE SAINT-AMAND ET DE MARCHIENNES
-PAR LE COMTE DE HAINAUT.&mdash;DFAITE D'UNE TROUPE
-DE FRANAIS ET DU SEIGNEUR DE MONTMORENCY AU PONT-A-TRESSIN ( 127 132).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Le comte de Hainaut, pour se venger de la msaventure de
-Guillaume de Baileu et de ses gens d'armes, quitte le sige de
-Tournay et vient avec six ou sept cents lances assiger Mortagne
-par la rive droite de l'Escaut. En mme temps, les habitants de
-Valenciennes ayant reu l'ordre d'assaillir cette place en s'avanant
-entre la Scarpe et l'Escaut, douze cents hommes, commands
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXVII"> XXVII</a></span>
-par Jean de Baissi, prvt de la ville, et Gille le Ramonnier,
-passent les deux rivires de Haine et d'Escaut Cond, et arrivent
-sous les murs de Mortagne. P. <a href="#Page_62">62</a>, <a href="#Page_246">246</a> et <a href="#Page_247">247</a>.</p>
-
-<p>douard de Beaujeu, capitaine de Mortagne<a id="FNanchor_221" href="#Footnote_221" class="fnanchor">&nbsp;[221]</a>, en prvision
-d'un sige, a fait enfoncer dans le lit de l'Escaut une quantit
-innombrable de pieux pour rendre la navigation impossible. Ce
-que voyant les arbaltriers de Valenciennes, qui ne peuvent approcher
-assez prs des barrires cause de la largeur des fosss,
-prennent le parti de passer la Scarpe au-dessous de Chteau-l'Abbaye<a id="FNanchor_222" href="#Footnote_222" class="fnanchor">&nbsp;[222]</a>
-afin d'attaquer Mortagne du ct de Saint-Amand<a id="FNanchor_223" href="#Footnote_223" class="fnanchor">&nbsp;[223]</a> et
-de donner l'assaut la porte devers Maulde<a id="FNanchor_224" href="#Footnote_224" class="fnanchor">&nbsp;[224]</a>. Cette porte, qui
-donne sur la Scarpe, est dfendue par douard de Beaujeu en
-personne, tandis que le seigneur de Saint-Georges<a id="FNanchor_225" href="#Footnote_225" class="fnanchor">&nbsp;[225]</a>, son cousin,
-se tient la porte d'Escaut par o l'on va Antoing<a id="FNanchor_226" href="#Footnote_226" class="fnanchor">&nbsp;[226]</a>, faisant
-face au comte de Hainaut, camp le long de l'Escaut du ct de
-Briff&oelig;uil<a id="FNanchor_227" href="#Footnote_227" class="fnanchor">&nbsp;[227]</a>. Le seigneur de Beaujeu est arm d'une longue lance,
-et, au moyen d'un croc de fer attach l'extrmit de cette
-lance qui s'enfonce dans les plates et le hauberjon, il parvient
-harponner une douzaine d'assaillants, les attirant lui ou les
-prcipitant au fond des fosss pleins d'eau. P. <a href="#Page_63">63</a> et <a href="#Page_247">247</a>.</p>
-
-<p>Les assigeants donnent l'ordre d'installer sur un bateau un
-appareil destin arracher les pieux qui barrent le passage de
-l'Escaut. Quant on vient essayer cet appareil, il fonctionne si
-mal qu'on doit renoncer s'en servir. Les Valenciennois ont
-pendant ce temps dress une trs-belle machine qui lance des
-pierres normes contre le chteau et la ville de Mortagne; mais
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXVIII"> XXVIII</a></span>
-un matre ingnieur de la garnison construit une machine plus
-petite et l'ajuste si bien qu' la troisime pierre qu'elle lance, elle
-brise par le milieu le pierrier des assigeants. Aprs deux nuits
-et trois jours d'assaut, le comte de Hainaut et Jean de Hainaut,
-son oncle, se dcident retourner au sige de Tournay, et les
-Valenciennois reprennent le chemin de leur ville aprs avoir ravag
-l'abbaye du Chteau. P. <a href="#Page_64">64</a>, <a href="#Page_65">65</a>, <a href="#Page_248">248</a>.</p>
-
-<p>Inform que la garnison franaise de Saint-Amand a brl
-l'abbaye d'Hasnon et essay de brler celle de Vicoigne, le comte
-de Hainaut part de Tournay et vient avec trois mille combattants
-assiger Saint-Amand, qui n'tait alors entour que d'une enceinte
-de palissades. Le capitaine de la garnison<a id="FNanchor_228" href="#Footnote_228" class="fnanchor">&nbsp;[228]</a> est un bon
-chevalier de la langue d'oc, nomm le snchal de Carcassonne<a id="FNanchor_229" href="#Footnote_229" class="fnanchor">&nbsp;[229]</a>;
-prvoyant l'attaque du comte de Hainaut et sachant que la place
-n'est pas tenable, il a fait transporter les plus riches joyaux de
-l'abbaye Mortagne, P. <a href="#Page_65">65</a>, <a href="#Page_66">66</a>, <a href="#Page_248">248</a>.</p>
-
-<p>Douze mille Valenciennois attaquent Saint-Amand par le pont
-jet sur la Scarpe. Les bidauds et les Gnois de la garnison,
-pour se moquer des arbaltriers de Valenciennes, essuient avec
-leurs chaperons sur les murs la place des traits et crient aux
-assigeants: Allez boire votre goudale, allez! Dcourags et
-ne recevant aucunes nouvelles du comte leur seigneur, les Valenciennois
-regagnent leur ville le soir mme. P. <a href="#Page_66">66</a>, <a href="#Page_67">67</a>, <a href="#Page_248">248</a>, <a href="#Page_249">249</a>.</p>
-
-<p>Le lendemain, le comte de Hainaut arrive devant Saint-Amand
-et donne l'assaut la porte du ct de Mortagne. Une brche
-est ouverte dans le mur de l'abbaye que l'on enfonce au moyen
-d'normes pieux en chne; le comte s'lance par cette brche et
-pntre sur la place du march devant l'glise. Il y trouve le
-snchal de Carcassonne qui l'attend de pied ferme avec une
-poigne de compagnons de son pays serrs autour de sa bannire.
-Un moine nomm Froissart dfend l'entre de l'abbaye et
-tue plus de dix-huit assaillants. Le comte fait passer la garnison
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXIX"> XXIX</a></span>
-au fil de l'pe et mettre le feu la ville, l'glise et aux btiments
-de l'abbaye. Le snchal de Carcassonne est tu sous sa
-bannire. P. <a href="#Page_67">67</a> <a href="#Page_69">69</a>, <a href="#Page_249">249</a>.</p>
-
-<p>Aprs la destruction de Saint-Amand, le comte de Hainaut incendie
-Orchies, Landas, Lecelles, passe la Scarpe au-dessous
-d'Hasnon et, entrant en France, s'empare de la grosse et riche
-abbaye de Marchiennes<a id="FNanchor_230" href="#Footnote_230" class="fnanchor">&nbsp;[230]</a> dfendue par Am de Warnant<a id="FNanchor_231" href="#Footnote_231" class="fnanchor">&nbsp;[231]</a>. Incendie
-et pillage de la ville et de l'abbaye. P. <a href="#Page_69">69</a>, <a href="#Page_70">70</a>, <a href="#Page_249">249</a>, <a href="#Page_250">250</a>.</p>
-
-<p>Le roi d'Angleterre se tient toujours devant Tournay qu'il espre
-rduire bientt par la famine; mais le duc de Brabant laisse
-plus d'une fois passer travers son arme des vivres destins
-aux assigs, et les gens d'armes de ses bonnes villes de Bruxelles,
-de Louvain, de Malines, d'Anvers, de Nivelles, de Jodoigne<a id="FNanchor_232" href="#Footnote_232" class="fnanchor">&nbsp;[232]</a>,
-de Lierre<a id="FNanchor_233" href="#Footnote_233" class="fnanchor">&nbsp;[233]</a>, commencent s'impatienter de la longueur du sige.
-P. <a href="#Page_70">70</a>, <a href="#Page_71">71</a>, <a href="#Page_250">250</a>, <a href="#Page_251">251</a>.</p>
-
-<p>Un certain nombre de gens d'armes allemands des duchs de
-Gueldre et de Juliers s'entendent avec plusieurs chevaliers du
-Hainaut pour prendre une revanche de la victoire remporte
-Pont--Tressin par Robert de Baileu et les Ligeois sur les Hainuyers:
-ils se divisent en deux dtachements, dont l'un reste
-Pont--Tressin pour garder le passage, tandis que l'autre court
-rveiller les Franais. Deux grands barons de France, les seigneurs
-de Montmorency<a id="FNanchor_234" href="#Footnote_234" class="fnanchor">&nbsp;[234]</a> et de Saint-Sauflieu<a id="FNanchor_235" href="#Footnote_235" class="fnanchor">&nbsp;[235]</a>, qui font le guet
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXX"> XXX</a></span>
-la nuit o se passe cette escarmouche, repoussent ces agresseurs
-et se mettent leur poursuite jusqu' Pont--Tressin. Voyant
-que les ennemis sont l en force pour dfendre le passage, le seigneur
-de Saint-Sauflieu prend le parti de se retirer avec les
-siens. Le seigneur de Montmorency, qui veut continuer la lutte,
-est fait prisonnier ainsi que toute son escorte par Renaud de
-Sconnevort; et les Allemands ou Hainuyers restent matres du
-pont. P. <a href="#Page_71">71</a> <a href="#Page_76">76</a>, <a href="#Page_251">251</a> <a href="#Page_253">253</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">CHAPITRE XLII.<br />
-<span class="medium">1340. <span class="smcap">DFAITE PRS DE SAINT-OMER, PANIQUE ET RETRAITE DES FLAMANDS
-DANS LEUR PAYS.&mdash;LEVE DU SIGE DE TOURNAY; TRVE
-ENTRE LA FRANCE ET L'ANGLETERRE</span><a id="FNanchor_236" href="#Footnote_236" class="fnanchor">&nbsp;[236]</a> ( 133 137).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Aprs l'arrive du roi de France et de son arme Bouvines,
-le bruit se rpand que les garnisons franaises de Saint-Omer,
-d'Aire et de Throuanne doivent pntrer dans la valle de Cassel
-et ravager le pays, notamment les villes de Bergues<a id="FNanchor_237" href="#Footnote_237" class="fnanchor">&nbsp;[237]</a>, Bourbourg<a id="FNanchor_238" href="#Footnote_238" class="fnanchor">&nbsp;[238]</a>,
-Messines<a id="FNanchor_239" href="#Footnote_239" class="fnanchor">&nbsp;[239]</a>, Wervicq<a id="FNanchor_240" href="#Footnote_240" class="fnanchor">&nbsp;[240]</a>, Poperinghe<a id="FNanchor_241" href="#Footnote_241" class="fnanchor">&nbsp;[241]</a>. Pour conjurer ce danger,
-Robert d'Artois et Henri de Flandre vont se poster avec vingt
-mille Flamands l'entre de la valle de Cassel. P. <a href="#Page_76">76</a>, <a href="#Page_77">77</a>, <a href="#Page_253">253</a>.</p>
-
-<p>Environ trois mille de ces Flamands quittent un jour leur campement
-pour aller ravager et piller, l'insu de leurs chefs, le pays
-situ entre Aire, Throuanne et Saint-Omer, ils mettent le feu
-aux faubourgs et abattent les moulins de Saint-Omer; une demi-lieue
-de cette ville, ils pillent et brlent aussi le gros village
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXXI"> XXXI</a></span>
-d'Arques<a id="FNanchor_242" href="#Footnote_242" class="fnanchor">&nbsp;[242]</a> o ils font un riche butin; mais au moment o ils se
-reposent dans un village appel <i>la Cauchie</i><a id="FNanchor_243" href="#Footnote_243" class="fnanchor">&nbsp;[243]</a>, un certain nombre
-de gens d'armes franais des garnisons de Saint-Omer et de
-Throuanne viennent, sous les ordres de (Jean), comte dauphin
-d'Auvergne<a id="FNanchor_244" href="#Footnote_244" class="fnanchor">&nbsp;[244]</a>, fondre l'improviste sur ces pillards, en tuent
-dix-huit cents et en font quatre cents prisonniers<a id="FNanchor_245" href="#Footnote_245" class="fnanchor">&nbsp;[245]</a>. P. <a href="#Page_76">76</a> <a href="#Page_78">78</a>,
-<a href="#Page_253">253</a> <a href="#Page_255">255</a>.</p>
-
-<p>Une trve d'un an est conclue Esplechin<a id="FNanchor_246" href="#Footnote_246" class="fnanchor">&nbsp;[246]</a> entre les rois de
-France et d'Angleterre par l'entremise de Jeanne de Valois, s&oelig;ur
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXXII"> XXXII</a></span>
-de Philippe de Valois, mre du comte Guillaume de Hainaut,
-aide de Louis d'Agimont<a id="FNanchor_247" href="#Footnote_247" class="fnanchor">&nbsp;[247]</a>. P. <a href="#Page_79">79</a> <a href="#Page_82">82</a>, <a href="#Page_256">256</a> <a href="#Page_262">262</a>.</p>
-
-<p>douard III lve le sige de Tournay, qui dure depuis onze
-semaines trois jours moins, et retourne en Angleterre; Philippe de
-Valois, de son ct, licencie son arme campe Bouvines<a id="FNanchor_248" href="#Footnote_248" class="fnanchor">&nbsp;[248]</a>.&mdash;Les
-confrences tenues Arras entre les envoys des deux rois
-en vue de la conclusion d'un trait de paix, restent sans rsultat.
-P. <a href="#Page_82">82</a> <a href="#Page_86">86</a>, <a href="#Page_262">262</a> <a href="#Page_265">265</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">CHAPITRE XLIII.<br />
-<span class="medium">1341. <span class="smcap">GUERRE DE LA SUCCESSION DE BRETAGNE: SUCCS DU COMTE
-DE MONTFORT</span><a id="FNanchor_249" href="#Footnote_249" class="fnanchor">&nbsp;[249]</a> ( 138 143).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Plusieurs jongleurs et chanteurs sur les places, dit Froissart,
-en prenant les guerres de Bretagne pour sujet de chansons de
-geste fabuleuses et de pomes mensongers, ont altr la vrit
-historique au grand dplaisir de Jean le Bel, qui a racont le
-premier ces guerres dans ses Chroniques et mon grand dplaisir
-aussi moi Froissart qui ai loyalement, impartialement continu
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXXIII"> XXXIII</a></span>
-et complt l'&oelig;uvre de mon prdcesseur. Ces pomes et
-ces chansons ne donnent nullement les faits rels: ces faits, on
-ne les trouvera qu'ici, grce au soin extrme que nous y avons
-mis, car on n'a rien sans frais et sans peine. Moi, Jean Froissart,
-venu le dernier depuis Jean le Bel pour traiter ce sujet, j'ai visit
-et parcouru la plus grande partie de la Bretagne, j'ai fait
-une enqute auprs des seigneurs et des hrauts sur les guerres,
-les prises, les assauts, les incursions, les batailles, les rescousses
-et tous les beaux faits d'armes arrivs depuis 1340 jusqu' la fin
-de ce livre; je me suis impos cette tche tant la requte de
-mon seigneur et matre et ses frais que pour me satisfaire moi-mme,
-pour donner de l'authenticit et des bases solides mon
-travail: en quoi mes efforts ont t grandement rcompenss.
-P. <a href="#Page_265">265</a> et <a href="#Page_266">266</a>.</p>
-
-<p>Mort de Jean III, dit le Bon, duc de Bretagne (30 avril 1341).
-Jean, comte de Montfort, frre de pre de Jean III, est reu
-comme duc Nantes au mpris des prtentions de Jeanne, nice
-du roi de France par son mariage avec Charles de Blois et dont
-le pre Gui, comte de Penthivre, tait frre de Jean III de pre
-et de mre. P. <a href="#Page_86">86</a> <a href="#Page_88">88</a>, <a href="#Page_265">265</a> <a href="#Page_269">269</a>.</p>
-
-<p>Jean de Montfort, aprs s'tre empar de Limoges et des trsors
-de Jean III, revient Nantes o il convoque une grande
-fte les nobles et prlats de Bretagne. Les bourgeois et conseillers
-des bonnes villes se rendent cet appel, mais non les grands
-barons qui, sauf Herv de Lon<a id="FNanchor_250" href="#Footnote_250" class="fnanchor">&nbsp;[250]</a>, sont peu prs tous partisans
-de Charles de Blois. Jean de Montfort distribue ses fidles le
-trsor trouv Limoges. P. <a href="#Page_89">89</a> et <a href="#Page_90">90</a>, <a href="#Page_269">269</a> <a href="#Page_271">271</a>.</p>
-
-<p>Prise du fort chteau de Brest par Jean de Montfort aprs une
-hroque dfense de (Gautier<a id="FNanchor_251" href="#Footnote_251" class="fnanchor">&nbsp;[251]</a>) de Clisson. P. <a href="#Page_90">90</a> <a href="#Page_93">93</a>, <a href="#Page_271">271</a> <a href="#Page_275">275</a>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_XXXIV"> XXXIV</a></span>
-Sige de Rennes par Jean de Montfort. Henri de Spinefort<a id="FNanchor_252" href="#Footnote_252" class="fnanchor">&nbsp;[252]</a>,
-capitaine de la ville, est fait prisonnier dans une sortie. Le comte
-de Montfort menace de faire pendre ce chevalier si Rennes ne
-lui ouvre ses portes. Lutte entre les grands bourgeois qui sont
-d'avis de rsister et les gens du commun qui veulent faire leur
-soumission. La ville finit par se rendre, et Henri de Spinefort se
-range parmi les partisans de Jean de Montfort. P. <a href="#Page_93">93</a> <a href="#Page_96">96</a>, <a href="#Page_275">275</a>
- <a href="#Page_280">280</a>.</p>
-
-<p>Prise d'Hennebont<a id="FNanchor_253" href="#Footnote_253" class="fnanchor">&nbsp;[253]</a>, fort chteau et bon port de mer, due
- une surprise faite Olivier de Spinefort, capitaine de cette
-place, par son frre Henri de Spinefort.&mdash;Reddition de Vannes.&mdash;Leve
-du sige mis pendant dix jours devant la Roche-Piriou<a id="FNanchor_254" href="#Footnote_254" class="fnanchor">&nbsp;[254]</a>.&mdash;Reddition
-de Suscinio<a id="FNanchor_255" href="#Footnote_255" class="fnanchor">&nbsp;[255]</a>.&mdash;Reddition du chteau
-d'Auray<a id="FNanchor_256" href="#Footnote_256" class="fnanchor">&nbsp;[256]</a> par Geffroi de Malestroit et Yvon de Trsiguidy qui
-prtent serment de fidlit au comte de Montfort.&mdash;Reddition
-de la Forest<a id="FNanchor_257" href="#Footnote_257" class="fnanchor">&nbsp;[257]</a> dont le capitaine est un ancien compagnon d'armes
-d'Herv de Lon en Grenade et en Prusse.&mdash;Reddition de
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXXV"> XXXV</a></span>
-Carhaix<a id="FNanchor_258" href="#Footnote_258" class="fnanchor">&nbsp;[258]</a> o s'tait enferm un vque qui en tait seigneur<a id="FNanchor_259" href="#Footnote_259" class="fnanchor">&nbsp;[259]</a>. Cet
-vque, oncle d'Herv de Lon, se dcide, sur les instances de
-son neveu, faire sa soumission au comte de Montfort. P. <a href="#Page_97">97</a>
-<a href="#Page_100">100</a>, <a href="#Page_280">280</a> <a href="#Page_285">285</a>.</p>
-
-<p>Sige de Jugon<a id="FNanchor_260" href="#Footnote_260" class="fnanchor">&nbsp;[260]</a> par le comte de Montfort. Amauri de Clisson,
-capitaine de la garnison, et plus de cent vingt bourgeois de la
-ville, sont faits prisonniers dans une sortie par Olivier et Henri
-de Spinefort accourus au secours d'Yvon de Trsiguidy. La ville
-de Jugon, contre laquelle le comte de Montfort a fait dresser
-quatre engins amens de Rennes, est oblige de se rendre;
-Amauri de Clisson prte serment de fidlit au comte de Montfort,
-qui assigne ce chevalier cinq cents livres de terre et le
-retient de son conseil. Le vainqueur laisse comme chtelain
-Jugon Garnier de Trsiguidy, cousin d'Yvon.&mdash;Reddition de
-Dinan.&mdash;Sige infructueux de Josselin<a id="FNanchor_261" href="#Footnote_261" class="fnanchor">&nbsp;[261]</a>.&mdash;Reddition du chteau
-de Plormel.&mdash;Reddition sous condition de Mauron<a id="FNanchor_262" href="#Footnote_262" class="fnanchor">&nbsp;[262]</a> aprs
-douze jours de sige. P. <a href="#Page_285">285</a> <a href="#Page_291">291</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">CHAPITRE XLIV.<br />
-<span class="medium">1341. <span class="smcap">VOYAGES DU COMTE DE MONTFORT EN ANGLETERRE, PUIS A
-PARIS</span><a id="FNanchor_263" href="#Footnote_263" class="fnanchor">&nbsp;[263]</a> ( 144 146).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Le comte de Montfort se fait partout reconnatre comme duc
-de Bretagne. Cependant les seigneurs de Clisson<a id="FNanchor_264" href="#Footnote_264" class="fnanchor">&nbsp;[264]</a>, de Tournemine,
-de Quintin<a id="FNanchor_265" href="#Footnote_265" class="fnanchor">&nbsp;[265]</a>, de Beaumanoir<a id="FNanchor_266" href="#Footnote_266" class="fnanchor">&nbsp;[266]</a>, de Laval, de <i>Gargoule</i>, de
-Lohac<a id="FNanchor_267" href="#Footnote_267" class="fnanchor">&nbsp;[267]</a>, d'Ancenis, de Retz, de Rieux<a id="FNanchor_268" href="#Footnote_268" class="fnanchor">&nbsp;[268]</a>, d'Avaugour<a id="FNanchor_269" href="#Footnote_269" class="fnanchor">&nbsp;[269]</a>, refusent
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXXVI"> XXXVI</a></span>
-d'obir au nouveau duc; quelques-uns de ces seigneurs quittent
-la Bretagne, soit pour guerroyer Grenade et en Prusse, soit
-pour entreprendre le plerinage d'outre-mer. P. <a href="#Page_291">291</a>.</p>
-
-<p>Jean de Montfort comprend la ncessit de se faire un alli
-puissant qu'il puisse opposer au roi de France, oncle et alli naturel
-de Charles de Blois. C'est pourquoi il s'embarque <i>Gredo</i><a id="FNanchor_270" href="#Footnote_270" class="fnanchor">&nbsp;[270]</a>
-(Redon) en basse Bretagne pour l'Angleterre, arrive en Cornouaille
-et dbarque au port de <i>Cepse</i>; de l, il se rend
-Windsor auprs d'douard III. Le comte de Montfort fait hommage
-lige pour le duch de Bretagne au roi d'Angleterre qui
-promet en retour d'aider et de dfendre son vassal contre tous,
-spcialement contre le roi de France; puis il retourne Nantes,
-combl des prsents et des faveurs d'douard III<a id="FNanchor_271" href="#Footnote_271" class="fnanchor">&nbsp;[271]</a>. P. <a href="#Page_100">100</a> <a href="#Page_102">102</a>,
-<a href="#Page_291">291</a> <a href="#Page_298">298</a>.</p>
-
-<p>Le vicomte de Rohan, les seigneurs de Clisson, d'Avaugour et
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXXVII"> XXXVII</a></span>
-de Beaumanoir se rendent en France et informent Charles de
-Blois des succs de Jean de Montfort. Charles de Blois implore
-contre son comptiteur l'appui du roi de France son oncle. Philippe
-de Valois, de l'avis des pairs et grands barons de son
-royaume, prend le parti de mander Paris l'adversaire de son
-neveu; les seigneurs de Mathefelon, de Gaussan et Grimouton de
-Chambly<a id="FNanchor_272" href="#Footnote_272" class="fnanchor">&nbsp;[272]</a>, vont Nantes notifier au comte de Montfort la volont
-du roi de France. Jeanne de Montfort conseille son mari de
-ne pas rpondre l'appel de Philippe de Valois. Cependant,
-le comte de Montfort, aprs avoir hsit quelque temps, vient
-Paris o il fait son entre en somptueux quipage et avec une
-suite de plus de trois cents chevaux. P. <a href="#Page_102">102</a>, <a href="#Page_103">103</a>, <a href="#Page_298">298</a> <a href="#Page_300">300</a>,
-<a href="#Page_302">302</a>, <a href="#Page_303">303</a>.</p>
-
-<p>L'entrevue du comte avec le roi de France a lieu dans une
-grande chambre du palais dcore de magnifiques tapisseries.
-Aux cts du roi sigent le comte d'Alenon son frre, le duc de
-Normandie son fils, Eude, duc de Bourgogne et Philippe de
-Bourgogne, fils du duc, le duc de Bourbon, Jacques de Bourbon
-alors comte de Ponthieu, les comtes de Blois, de Forez, de Vendme
-et de Guines, les seigneurs de Coucy, de Sully, de Craon,
-de Roye, de Saint-Venant, de Renneval et de Fiennes. Philippe
-de Valois reproche Jean de Montfort d'avoir fait hommage du
-duch de Bretagne douard III. Le comte rpond que ce reproche
-n'est nullement fond, mais en mme temps il maintient
-la lgitimit de ses prtentions l'hritage de Bretagne. Le roi
-enjoint Jean de Montfort de ne pas quitter Paris avant quinze
-jours et d'attendre que les pairs, chargs d'examiner la question
-pendante entre lui et Charles de Blois, aient dcid de quel ct
-est le bon droit. Dcourag par un accueil aussi dfavorable, le
-comte de Montfort estime prudent de ne pas attendre le jugement
-des pairs. Un soir, il prend l'habit d'un de ses mnestrels,
-monte cheval sans autre suite qu'un valet de mnestrel, et la
-faveur de ce dguisement, s'chappe la drobe de Paris dont
-on ne fermait point alors les portes; pendant que ses chambellants
-font courir le bruit que leur matre est couch malade dans
-son lit, il regagne en toute hte la Bretagne et va rejoindre
-Nantes la comtesse sa femme. P. <a href="#Page_103">103</a> <a href="#Page_105">105</a>, <a href="#Page_300">300</a> <a href="#Page_302">302</a>, <a href="#Page_303">303</a>
-<a href="#Page_306">306</a>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_XXXVIII"> XXXVIII</a></span>
-Le roi de France et Charles de Blois sont furieux quand ils
-apprennent que le comte de Montfort vient de s'chapper de
-leurs mains. Les pairs et grands barons, runis en conseil pour
-statuer sur les prtentions respectives de Charles de Blois et de
-Jean de Montfort l'hritage de Bretagne, se prononcent tout
-d'une voix en faveur de Charles de Blois; ils fondent leur jugement
-sur deux considrants principaux. 1<sup>o</sup> Jeanne, femme de
-Charles de Blois, titre de fille unique de Gui, comte de Penthivre,
-frre de pre et de mre de Jean III, duc de Bretagne,
-dernirement mort, a plus de parent avec le dit duc que Jean
-de Montfort, qui est seulement frre de pre de Jean III<a id="FNanchor_273" href="#Footnote_273" class="fnanchor">&nbsp;[273]</a>;
-2<sup>o</sup> d'ailleurs le comte de Montfort, mme en supposant qu'il y
-ait quelque chose de fond dans ses prtentions, est atteint de
-forfaiture, d'abord pour avoir relev le duch d'un seigneur
-autre que le roi de France de qui on le doit tenir en fief, ensuite
-pour avoir transgress les ordres et cass l'arrt de son suzerain
-en quittant Paris sans cong<a id="FNanchor_274" href="#Footnote_274" class="fnanchor">&nbsp;[274]</a>. P. <a href="#Page_105">105</a> et <a href="#Page_106">106</a>.</p>
-
-<p>Charles de Blois, confiant en son droit aprs le jugement prononc
-en sa faveur, assur en outre de l'appui du roi de France,
-entreprend de reconqurir main arme son duch de Bretagne.
-Le duc de Normandie est adjoint son cousin comme chef
-de l'expdition projete. Les principaux barons qui s'engagent
-faire partie de cette expdition, sont le comte d'Alenon, oncle
-de Charles de Blois, le duc de Bourgogne, le comte de Blois,
-frre de Charles, le duc de Bourbon, Louis d'Espagne, Jacques
-<span class="pagenum"><a id="Page_XXXIX"> XXXIX</a></span>
-de Bourbon, le comte d'Eu, conntable de France et le comte de
-Guines, son fils, le vicomte de Rohan, les comtes de Forez, de
-Vendme et de Dammartin, les seigneurs de Coucy, de Craon, de
-Beaujeu, de Sully et de Chtillon. On fixe Angers le rassemblement
-gnral. P. <a href="#Page_106">106</a> et <a href="#Page_107">107</a>, <a href="#Page_306">306</a> et <a href="#Page_307">307</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">CHAPITRE XLV.<br />
-<span class="medium">1341. <span class="smcap">EXPDITION DU DUC DE NORMANDIE ET DE CHARLES DE BLOIS
-EN BRETAGNE</span><a id="FNanchor_275" href="#Footnote_275" class="fnanchor">&nbsp;[275]</a> ( 147 150).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Le duc de Normandie, le comte d'Alenon, les ducs de Bourgogne,
-de Bourbon et les autres barons et chevaliers dont Charles
-de Blois s'est assur le concours, se rendent Angers, o
-rendez-vous gnral a t donn tous les gens d'armes qui doivent
-faire partie de l'expdition de Bretagne. Toutes ces forces
-runies s'lvent cinq mille armures de fer, sans compter trois
-mille Gnois sous les ordres d'Ayton Doria et de Charles Grimaldi.
-Le Galois de la Baume commande aussi une nombreuse
-troupe de bidaus et d'arbaltriers. Cette arme chevauche en trois
-batailles. La premire, compose de cinq cents lances, marche
-sous les bannires de Louis d'Espagne, du vicomte de Rohan,
-des seigneurs d'Avaugour, de Clisson et de Beaumanoir. La plus
-forte bataille est celle du duc de Normandie<a id="FNanchor_276" href="#Footnote_276" class="fnanchor">&nbsp;[276]</a>, o se trouvent les
-plus puissants seigneurs de l'arme, notamment les comtes d'Alenon
-et de Blois, Charles de Blois lui-mme qui prend le titre et
-les armes de duc de Bretagne, et a fait hommage et faut pour
-ce duch au roi de France. Raoul, comte d'Eu, conntable de
-France, est la tte de la troisime bataille ou arrire-garde
-<span class="pagenum"><a id="Page_XL"> XL</a></span>
-avec le comte de Guines<a id="FNanchor_277" href="#Footnote_277" class="fnanchor">&nbsp;[277]</a>, son fils, les seigneurs de Coucy, de
-Montmorency, de Quintin et de Tournemine. P. <a href="#Page_107">107</a>, <a href="#Page_108">108</a>,
-<a href="#Page_307">307</a>, <a href="#Page_308">308</a>.</p>
-
-<p>Les Franais passent par Ancenis et viennent mettre le sige
-devant Champtoceaux, qui est de ce ct la clef et l'entre de
-Bretagne. Cette forteresse, assise sur un monticule au pied duquel
-coule une grosse rivire (la Loire), a pour capitaines et
-gardiens deux chevaliers de Lorraine, nomms Mile et Valerand<a id="FNanchor_278" href="#Footnote_278" class="fnanchor">&nbsp;[278]</a>.
-Le duc de Normandie fait combler les fosss par les paysans des
-environs, tandis qu'on construit un chteau de bois mont sur
-douze roues qui peut bien contenir deux cents hommes d'armes
-et cent arbaltriers. Ce chteau de bois, tout pourvu d'assaillants,
-est amen force de bras jusque contre les remparts de Champtoceaux.
-L'norme machine se compose de trois tages: l'tage
-le plus lev se tiennent les gens d'armes, au second les arbaltriers,
-et tout en bas les sapeurs qui dmolissent les murs par la
-base. Les assigeants livrent, avec l'aide de cet engin, un assaut
-terrible qui cote beaucoup de monde aux assigs et leur fait
-dpenser toute leur artillerie. Les gens d'armes de la garnison,
-<span class="pagenum"><a id="Page_XLI"> XLI</a></span>
-dcourags, rendent Champtoceaux, sauve leur vie et leurs biens<a id="FNanchor_279" href="#Footnote_279" class="fnanchor">&nbsp;[279]</a>.
-P. <a href="#Page_108">108</a>, <a href="#Page_100">100</a>, <a href="#Page_309">309</a> <a href="#Page_310">310</a>.</p>
-
-<p>Le duc de Normandie, chef suprme de l'expdition, livre
-Champtoceaux Charles de Blois, son cousin, qui laisse dans
-cette forteresse comme chtelain un chevalier nomm Rasse de
-Guingamp. Puis les Franais prennent le chemin de Nantes, o
-le comte de Montfort s'est enferm. Sur la route, ils s'emparent
-de Carquefou<a id="FNanchor_280" href="#Footnote_280" class="fnanchor">&nbsp;[280]</a>, place situe prs de Nantes, entoure de fosss
-et de palissades, mais dont la garnison, qui ne se compose que
-de vilains, ne peut tenir tte aux arbaltriers gnois; la ville
-est prise et pille; beaucoup des gens qu'on y trouve sont passs
-au fil de l'pe; on met le feu aux maisons, dont la moiti est
-la proie des flammes. P. <a href="#Page_110">110</a>, <a href="#Page_310">310</a>, <a href="#Page_311">311</a>, <a href="#Page_313">313</a>.</p>
-
-<p>L'arme du duc de Normandie vient camper devant Nantes et
-investit cette grande cit que traverse la Loire, trs large en cet
-endroit. Jean de Montfort a laiss Rennes la comtesse sa femme
-et s'est enferm dans Nantes avec Herv de Lon, Henri et Olivier
-de Spinefort, Yvon de Trsiguidy et plusieurs autres chevaliers
-et cuyers qui l'ont reconnu comme duc de Bretagne. La
-cit est forte, bien ferme, abondamment pourvue de vivres et
-d'artillerie; en outre, le comte est trs-aim des bourgeois de
-Nantes. Pleinement rassur sur l'issue d'un sige soutenu dans
-ces conditions, Jean de Montfort invite les habitants se tenir
-sur la dfensive: la saison est trop avance pour que le sige
-puisse durer longtemps. Malgr cette injonction, Herv de Lon,
- la tte d'une troupe de deux cents armures de fer, la plupart
-jeunes bourgeois de Nantes, fait un jour, de grand matin, une
-sortie par la poterne de Richebourg<a id="FNanchor_281" href="#Footnote_281" class="fnanchor">&nbsp;[281]</a>, pour surprendre un convoi
-de vivres destin aux assigeants; il s'empare d'environ trente
-sommiers, mulets et roncins, et de quinze charrettes remplies de
-vin et de farine. Une troupe de cinq cents gens d'armes franais
-<span class="pagenum"><a id="Page_XLII"> XLII</a></span>
-commands par Louis d'Espagne accourt pour reprendre ce butin;
-et Herv de Lon ne parvient garder sa proie qu'en fermant
-prcipitamment les portes en dehors desquelles il laisse
-deux cents de ses compagnons qui sont tus ou faits prisonniers.
-Les parents de ces malheureux sont transports de fureur, et
-Herv de Lon encourt pour ce fait la disgrce du comte de
-Montfort. P. <a href="#Page_110">110</a> <a href="#Page_112">112</a>, <a href="#Page_311">311</a> <a href="#Page_315">315</a>.</p>
-
-<p>Un certain nombre de bourgeois de Nantes, parents et amis
-des gens d'armes faits prisonniers par Louis d'Espagne, entrent
-en pourparlers avec les assigeants l'insu de Jean de Montfort,
-et conviennent de laisser la poterne de Sauve<a id="FNanchor_282" href="#Footnote_282" class="fnanchor">&nbsp;[282]</a> ouverte aux Franais
-qui pntrent ainsi dans la ville un matin sans coup frir.
-Ils vont droit au chteau de Nantes o ils trouvent le comte de
-Montfort encore endormi et le font prisonnier. Henri et Olivier
-de Spinefort, Yvon de Trsiguidy parviennent s'chapper. La
-rumeur publique voit dans la trahison dont le comte de Montfort
-est victime en cette circonstance la main de Herv de Lon qui
-se serait veng ainsi du blme svre que le comte lui avait inflig
-quelques jours auparavant. Ce qui est certain, c'est que
-Herv est pargn lui et les siens par Charles de Blois, auquel il
-fait faut et hommage comme son seigneur, et qu'il reconnut
-depuis lors comme duc de Bretagne. P. <a href="#Page_112">112</a>, <a href="#Page_113">113</a>, <a href="#Page_315">315</a> <a href="#Page_319">319</a>.</p>
-
-<p>Les Franais se rendent ainsi matres de Nantes aux environs
-de la Toussaint<a id="FNanchor_283" href="#Footnote_283" class="fnanchor">&nbsp;[283]</a> l'an 1341. A l'occasion de cette solennit, le duc
-<span class="pagenum"><a id="Page_XLIII"> XLIII</a></span>
-de Normandie et Charles de Blois tiennent cour plnire au chteau
-de Nantes, o ils donnent des ftes qui durent quatre jours.
-L, le vicomte de Rohan, les seigneurs de Clisson, d'Ancenis, de
-Beaumanoir, de Malestroit, d'Avaugour, de <i>Gargoule</i>, de Quintin,
-de Lon, de Dinan, de Retz, de Rieux et bien quarante chevaliers
-bretons des environs de Nantes font faut et hommage au
-mari de Jeanne de Penthivre et le reconnaissent comme leur duc.
-Charles de Blois reste Nantes pour y passer l'hiver avec plusieurs
-vaillants chevaliers de son lignage. Le reste de l'arme se
-disperse aprs avoir promis au nouveau duc de revenir en Bretagne
-l't prochain, si besoin est. Le duc de Normandie retourne
- Paris, emmenant avec lui<a id="FNanchor_284" href="#Footnote_284" class="fnanchor">&nbsp;[284]</a> le comte de Montfort qu'il remet entre
-les mains du roi de France. Philippe de Valois fait enfermer
-son prisonnier au chteau du Louvre; on dit mme qu'il l'aurait
-fait mourir, si Louis de Nevers, comte de Flandre, n'avait
-intercd pour son beau-frre. P. <a href="#Page_114">114</a>, <a href="#Page_318">318</a>, <a href="#Page_320">320</a> <a href="#Page_322">322</a>.</p>
-
-<p>Charles de Blois crit aux habitants de Rennes, de Vannes, de
-Quimperl, de Quimper-Corentin, d'Hennebont, de Lamballe<a id="FNanchor_285" href="#Footnote_285" class="fnanchor">&nbsp;[285]</a>,
-de Guingamp, de Dinan, de Dol<a id="FNanchor_286" href="#Footnote_286" class="fnanchor">&nbsp;[286]</a>, de Saint-Mathieu<a id="FNanchor_287" href="#Footnote_287" class="fnanchor">&nbsp;[287]</a>, de Saint-Malo,
-de venir Nantes lui prter serment de fidlit comme
-leur duc; mais la plupart de ces villes prennent parti pour la
-comtesse de Montfort qui apprend Rennes<a id="FNanchor_288" href="#Footnote_288" class="fnanchor">&nbsp;[288]</a> que son mari est
-tomb aux mains de ses ennemis. A cette nouvelle, la comtesse,
-femme au c&oelig;ur d'homme et de lion, rassemble ses partisans, leur
-<span class="pagenum"><a id="Page_XLIV"> XLIV</a></span>
-prsente son jeune fils Jean g de sept ans, et se met chevaucher
-de forteresse en forteresse la tte de cinq cents lances,
-renforant partout les garnisons, payant trs-largement les gages
-de ses gens d'armes et rchauffant par tous les moyens le zle
-des Bretons rests fidles sa cause. Elle renforce surtout la garnison
-de Rennes, car elle prvoit que ce sera la premire ville
-que viendra assiger Charles de Blois; et elle met dans cette
-place comme capitaine un vaillant chevalier et de bon conseil,
-trs-attach elle et son mari, nomm Guillaume de Cadoudal,
-Breton bretonnant. Puis elle va, en compagnie de son fidle
-Amauri de Clisson, qui ne la quitte pas, s'enfermer dans Hennebont,
-fort chteau et bon port de mer, afin d'assurer en cas de
-besoin ses communications avec l'Angleterre. P. <a href="#Page_114">114</a>, <a href="#Page_115">115</a>, <a href="#Page_320">320</a>
- <a href="#Page_324">324</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">CHAPITRE XLVI.<br />
-<span class="medium">1341 et 1342. <span class="smcap">GUERRE EN COSSE</span><a id="FNanchor_289" href="#Footnote_289" class="fnanchor">&nbsp;[289]</a> ( 151 161).</span></h2>
-</div>
-
-<p>1341. Continuation des hostilits entre l'Angleterre et l'cosse:
-prise de Stirling par les cossais.&mdash;Trve entre l'Angleterre
-et l'cosse.&mdash;Retour de David Bruce dans son royaume<a id="FNanchor_290" href="#Footnote_290" class="fnanchor">&nbsp;[290]</a>.
-P. <a href="#Page_116">116</a> <a href="#Page_120">120</a>, <a href="#Page_324">324</a> <a href="#Page_329">329</a>.</p>
-
-<p>Incursions de David Bruce et des cossais dans le Northumberland
-et l'vch de Durham: sige de Newcastle.&mdash;Prise de
-Durham. P. <a href="#Page_120">120</a> <a href="#Page_124">124</a>, <a href="#Page_329">329</a> <a href="#Page_335">335</a>.</p>
-
-<p>douard III fait ses prparatifs<a id="FNanchor_291" href="#Footnote_291" class="fnanchor">&nbsp;[291]</a> pour marcher contre les
-cossais qui, tout en effectuant leur retraite le long de la Tyne
-dans la direction de Carlisle, mettent le sige devant un chteau
-o la comtesse de Salisbury se tient enferme<a id="FNanchor_292" href="#Footnote_292" class="fnanchor">&nbsp;[292]</a>.&mdash;Les cossais
-livrent un assaut infructueux, mais la garnison du chteau est
-<span class="pagenum"><a id="Page_XLV"> XLV</a></span>
-bientt rduite la dernire extrmit.&mdash;Le capitaine de cette
-garnison, Guillaume de Montagu, russit traverser pendant la
-nuit les lignes ennemies pour aller York demander du secours
- douard III.&mdash;Aussitt qu'ils apprennent que le roi d'Angleterre
-marche contre eux la tte d'une puissante arme, les
-cossais lvent le sige du chteau de la comtesse de Salisbury et
-se retirent dans les forts de Jedburgh. P. <a href="#Page_124">124</a> <a href="#Page_131">131</a>, <a href="#Page_335">335</a> <a href="#Page_338">338</a>.</p>
-
-<p>1342. douard III au chteau de la comtesse de Salisbury.&mdash;Passion
-du roi d'Angleterre pour la belle comtesse. P. <a href="#Page_131">131</a> <a href="#Page_135">135</a>,
-<a href="#Page_339">339</a> <a href="#Page_340">340</a>.</p>
-
-<p>Rcit d'une partie d'checs entre le roi et la comtesse. P. <a href="#Page_340">340</a>
- <a href="#Page_342">342</a>.</p>
-
-<p>douard III poursuit les cossais jusque au del de Berwick.&mdash;Nouvelle
-trve entre les Anglais et les cossais<a id="FNanchor_293" href="#Footnote_293" class="fnanchor">&nbsp;[293]</a>.&mdash;Le roi
-d'Angleterre renvoie le comte de Murray son prisonnier au roi
-d'cosse en change du comte de Salisbury mis en libert par le
-roi de France<a id="FNanchor_294" href="#Footnote_294" class="fnanchor">&nbsp;[294]</a>. P. <a href="#Page_135">135</a> <a href="#Page_137">137</a>, <a href="#Page_342">342</a> <a href="#Page_347">347</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">CHAPITRE XLVII.<br />
-<span class="medium">1342. <span class="smcap">SIGE ET PRISE DE RENNES PAR CHARLES DE BLOIS.&mdash;SIGE
-D'HENNEBONT: DFENSE HROQUE DE JEANNE DE MONTFORT; LEVE
-DU SIGE PAR LES FRANAIS A LA SUITE DE L'ARRIVE DE GAUTIER
-DE MAUNY ET DES ANGLAIS</span><a id="FNanchor_295" href="#Footnote_295" class="fnanchor">&nbsp;[295]</a> ( 162 169).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Au printemps de 1342, les seigneurs franais qui ont fait partie
-de l'expdition de Bretagne l'anne prcdente, reviennent
-Nantes o Charles de Blois a pass l'hiver. La lutte est plus vive
-<span class="pagenum"><a id="Page_XLVI"> XLVI</a></span>
-que jamais entre les deux partis qui se disputent la Bretagne. La
-comtesse de Montfort tient, comme on l'a dit plus haut, garnison
-dans Hennebont, mais elle a eu soin d'tablir Guillaume de Cadoudal
-comme capitaine Rennes et de pourvoir cette place d'artillerie
-et d'approvisionnements de toute sorte. L'arme de Charles
-de Blois, forte de six mille hommes d'armes et de douze
-mille soudoyers lances et pavois, met le sige devant Rennes.
-Ayton Doria et Charles Grimaldi commandent les arbaltriers
-gnois. Rennes avait alors de grands faubourgs auxquels le capitaine
-de la ville est oblig de faire mettre le feu pour pourvoir
-aux ncessits de la dfense. Les efforts des assigeants, surtout
-des Gnois et des Espagnols, trs-nombreux dans l'arme de
-Charles de Blois, rduisent bientt la garnison de Rennes la
-situation la plus critique. P. <a href="#Page_137">137</a> <a href="#Page_139">139</a>, <a href="#Page_347">347</a> <a href="#Page_349">349</a>, <a href="#Page_351">351</a>, <a href="#Page_352">352</a>.</p>
-
-<p>La comtesse de Montfort, qui se tient enferme dans Hennebont,
-envoie son fidle Amauri de Clisson<a id="FNanchor_296" href="#Footnote_296" class="fnanchor">&nbsp;[296]</a> demander du secours
- douard III. Le roi anglais fait bon accueil au messager de
-Jeanne de Montfort et charge Gautier de Mauny de se rendre en
-Bretagne la tte de trois cents lances et de deux mille archers
-d'lite pour porter secours la comtesse. Amauri de Clisson,
-Gautier de Mauny et le corps d'auxiliaires anglais se mettent en
-mer et cinglent vers Hennebont; mais la flotte qui les porte, assaillie
-par les vents contraires, erre au gr des vents pendant
-plus de soixante jours avant de pouvoir aborder en Bretagne, et
-ce retard plonge Jeanne de Montfort dans une angoisse mortelle.
-P. <a href="#Page_139">139</a> <a href="#Page_141">141</a>, <a href="#Page_350">350</a> <a href="#Page_354">354</a>.</p>
-
-<p>Les bourgeois de Rennes, rduits au dernier degr de dnment,
-manifestent l'intention de traiter avec les assigeants; et
-<span class="pagenum"><a id="Page_XLVII"> XLVII</a></span>
-comme Guillaume de Cadoudal, capitaine de la garnison, ne veut
-entendre parler d'aucun arrangement, ils le font mettre en prison.
-Ils traitent ensuite avec Charles de Blois et conviennent de lui
-rendre la ville la condition que les partisans de Montfort auront
-la vie sauve et pourront aller o ils voudront. Cette reddition
-de Rennes a lieu au commencement de mai 1342. Guillaume
-de Cadoudal, peine mis en libert, accourt Hennebont auprs
-de la comtesse de Montfort. P. <a href="#Page_141">141</a>, <a href="#Page_142">142</a>, <a href="#Page_355">355</a>, <a href="#Page_356">356</a>.</p>
-
-<p>Une fois matre de Rennes, Charles de Blois assige Hennebont<a id="FNanchor_297" href="#Footnote_297" class="fnanchor">&nbsp;[297]</a>
-o Jeanne de Montfort s'est enferme avec ses principaux partisans,
-Gui, vque de Lon, oncle de Herv de Lon, Yvon de Trsiguidy,
-le seigneur de Landerneau, le chtelain de Guingamp,
-Henri et Olivier de Spinefort. Jeanne de Montfort, arme de pied
-en cap, chevauche de rue en rue et exhorte ses gens se bien dfendre;
- la voix de la comtesse, les dames de la ville elles-mmes
-travaillent dfaire les chausses et du haut des crneaux font
-pleuvoir des pierres ou versent des pots pleins de chaux vive
-sur les assigeants. P. <a href="#Page_142">142</a> <a href="#Page_144">144</a>, <a href="#Page_356">356</a> <a href="#Page_359">359</a>.</p>
-
-<p>Pendant un assaut, Jeanne de Montfort, qui observe l'action
-du haut d'une tour, s'aperoit que l'ennemi est sorti en masse
-de ses campements et que presque tous les Franais sont occups
- attaquer la ville. Aussitt elle monte cheval, se met
- la tte de trois cents cavaliers, sort d'Hennebont par une
-fausse poterne et court mettre le feu aux tentes et logis des
-Franais. Ceux-ci, la vue de leur camp en flammes, quittent
-prcipitamment l'assaut et tombent sur Jeanne de Montfort aprs
-avoir eu soin de lui couper la retraite. Se voyant poursuivie par
-Louis d'Espagne et ne pouvant rentrer dans Hennebont, la comtesse
-va se jeter trois ou quatre lieues de l dans le chteau
-de Brech<a id="FNanchor_298" href="#Footnote_298" class="fnanchor">&nbsp;[298]</a>, mais les plus mal monts de ses hommes sont faits
-<span class="pagenum"><a id="Page_XLVIII"> XLVIII</a></span>
-prisonniers par les Franais. Cinq jours aprs cette affaire,
-Jeanne de Montfort part vers minuit de Brech avec cinq cents
-compagnons et rentre au lever du soleil dans sa bonne ville
-d'Hennebont, dont les habitants l'accueillent son de trompe et
-avec des transports de joie. Les assigeants livrent alors un
-nouvel assaut qui n'est pas plus heureux que les prcdents. Ce
-que voyant, les Franais prennent le parti de se diviser en deux
-corps d'arme. Charles de Blois, le comte Louis de Blois, son
-frre, le duc de Bourbon, Jacques de Bourbon, Robert Bertran,
-marchal de France, les comtes d'Eu, de Guines et d'Auxerre,
-Charles de Montmorency, Gui de Chantemerle, Herv de Lon,
-le seigneur d'Avaugour et partie des Gnois et des Espagnols
-vont assiger le chteau d'Auray, tandis que Louis d'Espagne,
-Ayton Doria, Charles Grimaldi et le restant des Espagnols et des
-Gnois, le vicomte de Rohan, le comte de Joigny, les seigneurs
-d'Ancenis, de Tournemine, de Retz, de Rieux, de <i>Gargoule</i> et le
-Galois de la Baume maintiennent le sige devant Hennebont avec
-l'aide de douze grands engins que l'on fait venir de Rennes.
-P. <a href="#Page_144">144</a> <a href="#Page_147">147</a>, <a href="#Page_359">359</a> <a href="#Page_365">365</a>.</p>
-
-<p>La garnison du chteau d'Auray<a id="FNanchor_299" href="#Footnote_299" class="fnanchor">&nbsp;[299]</a> compte deux cents hommes
-en tat de porter les armes sous les ordres de Henri et d'Olivier
-de Spinefort. A quatre lieues d'Auray, Vannes, qui tient aussi
-pour la comtesse de Montfort, a pour capitaine Geffroi de Malestroit.
-Dinan, situ d'un autre ct et ferm seulement de fosss
-et de palissades, en l'absence du chtelain de Guingamp, enferm
-dans Hennebont avec Jeanne de Montfort, est confi la garde
-de son fils Renaud de Guingamp. Le chteau de la Roche-Piriou<a id="FNanchor_300" href="#Footnote_300" class="fnanchor">&nbsp;[300]</a>
-<span class="pagenum"><a id="Page_XLIX"> XLIX</a></span>
-entre Vannes et Dinan est au comte de Blois, et la garnison qui
-se compose de Bourguignons a pour chefs Grard de Mlain<a id="FNanchor_301" href="#Footnote_301" class="fnanchor">&nbsp;[301]</a> et
-Pierre Porteb&oelig;uf. Cette garnison ravage et pille tout le pays des
-environs et fait des incursions tantt du ct de Vannes, tantt
-du ct de Dinan. Un jour que Grard de Mlain et vingt-cinq
-de ses compagnons ont fait main basse sur quatorze ou quinze
-marchands et se sont empars de leurs marchandises, ils tombent
- leur tour entre les mains de Renaud de Guingamp qui les fait
-prisonniers et les amne Dinan. Cependant Louis d'Espagne
-redouble ses efforts pour emporter d'assaut Hennebont, et la dtresse
-des assigs, qui attendent en vain le retour d'Amauri de
-Clisson et l'arrive des Anglais, est son comble. A l'instigation
-de Gui, vque de Lon, les dfenseurs d'Hennebont consentent
- traiter de la reddition de cette place moyennant certaines conditions
-stipules entre l'vque Gui<a id="FNanchor_302" href="#Footnote_302" class="fnanchor">&nbsp;[302]</a> de Lon et son neveu Herv
-<span class="pagenum"><a id="Page_L"> L</a></span>
-de Lon ralli Charles de Blois. Au moment o Herv de Lon
-s'approche de la ville pour entrer en pourparlers avec les assigs,
-la comtesse de Montfort regarde du ct de la mer par une
-petite lucarne du chteau; tout coup elle voit flamboyer des
-voiles l'horizon. Elle s'crie alors deux reprises avec des
-transports de joie: Voici venir, Beau Dieu! le secours que j'ai
-tant dsir! A ce cri, chacun se prcipite aux fentres et aux
-crneaux; toute une flotte apparat qui cingle pleines voiles
-vers Hennebont: c'est Amauri de Clisson qui arrive enfin avec
-Gautier de Mauny et les Anglais au secours de la ville assige.
-P. <a href="#Page_147">147</a> <a href="#Page_150">150</a>, <a href="#Page_365">365</a> <a href="#Page_372">372</a>.</p>
-
-<p>Rassurs par ce renfort, les dfenseurs d'Hennebont s'empressent
-de dsavouer les dmarches faites par Gui de Lon. Cet
-vque, qui se sent compromis vis--vis de la comtesse, quitte la
-ville pour se rendre au camp de Louis d'Espagne et se rallier
-comme son neveu Herv au parti de Charles de Blois. Le jour
-mme de son arrive Hennebont, Gautier de Mauny fait une
-sortie contre les Franais et parvient dtruire une machine qui
-faisait beaucoup de mal aux assigs. Louis d'Espagne, voyant la
-ville d'Hennebont ainsi secourue et ravitaille par les Anglais,
-dsespre de prendre cette place et va rejoindre Charles de Blois
-devant Auray. P. <a href="#Page_150">150</a> <a href="#Page_154">154</a>, <a href="#Page_372">372</a> <a href="#Page_378">378</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">CHAPITRE XLVIII.<br />
-<span class="medium">1342. <span class="smcap">SIGE ET PRISE DE CONQUEST, DE DINAN, DE GURANDE PAR
-LOUIS D'ESPAGNE, D'AURAY ET DE VANNES PAR CHARLES DE BLOIS</span><a id="FNanchor_303" href="#Footnote_303" class="fnanchor">&nbsp;[303]</a>
-( 170 et 171).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Aprs la leve du sige d'Hennebont, Charles de Blois envoie
-Louis d'Espagne et ses gens assiger la bonne ville de Dinan<a id="FNanchor_304" href="#Footnote_304" class="fnanchor">&nbsp;[304]</a> qui
-<span class="pagenum"><a id="Page_LI"> LI</a></span>
-n'avait alors pour enceinte que de l'eau et des palissades. Sur la
-route, Louis d'Espagne met le sige devant un petit et vieux chteau
-nomm <i>Conquest</i><a id="FNanchor_305" href="#Footnote_305" class="fnanchor">&nbsp;[305]</a> qui tient pour la comtesse de Montfort.
-Le capitaine est un chevalier de Lombardie<a id="FNanchor_306" href="#Footnote_306" class="fnanchor">&nbsp;[306]</a> et la garnison se
-compose de Lombards et de Gnois. Le chteau est emport d'assaut
-et la garnison est massacre except le capitaine qui est pris
- ranon. Louis d'Espagne laisse <i>Conquest</i> sous la garde d'un
-chtelain et de soixante hommes d'armes et continue sa route
-vers Dinan. P. <a href="#Page_154">154</a>, <a href="#Page_155">155</a>, <a href="#Page_378">378</a> <a href="#Page_381">381</a>.</p>
-
-<p>Informe que Louis d'Espagne s'est arrt devant <i>Conquest</i>, la
-comtesse de Montfort charge Gautier de Mauny de dlivrer ce
-chteau et d'en faire lever le sige aux Franais. Partis d'Hennebont
-le matin, Gautier de Mauny et les siens arrivent vers le
-soir<a id="FNanchor_307" href="#Footnote_307" class="fnanchor">&nbsp;[307]</a> devant <i>Conquest</i>; ils reprennent le chteau pris la veille
-<span class="pagenum"><a id="Page_LII"> LII</a></span>
-par les Franais, le laissent vide et sans garde, car il n'est pas
-tenable, et retournent Hennebont. P. <a href="#Page_155">155</a>, <a href="#Page_156">156</a>, <a href="#Page_379">379</a> <a href="#Page_383">383</a>.</p>
-
-<p>Louis d'Espagne investit Dinan et fait faire bateaux et nacelles
-pour assaillir cette place de toutes parts, par terre et par eau.
-Les bourgeois de Dinan prennent peur, car la place n'est pas
-forte et n'est ferme que de palissades; leur capitaine, Renaud
-de Guingamp, fils du chtelain de Guingamp, s'efforce en vain de
-les rassurer. Aprs quatre jours de sige, les assigs se rendent
-aux Franais et mettent mort sur la place du march Renaud
-de Guingamp qui s'oppose cette reddition; Louis d'Espagne
-leur donne pour capitaines Grard de Mlain et Pierre Porteb&oelig;uf
-trouvs prisonniers Dinan. P. <a href="#Page_156">156</a> et <a href="#Page_157">157</a>, <a href="#Page_383">383</a> et <a href="#Page_384">384</a>, <a href="#Page_386">386</a>
-et <a href="#Page_387">387</a>.</p>
-
-<p>Louis d'Espagne, une fois matre de Dinan, se dirige vers une
-trs-grosse ville situe sur le flux de la mer qu'on appelle Gurande<a id="FNanchor_308" href="#Footnote_308" class="fnanchor">&nbsp;[308]</a>
-et l'assige par terre. Il trouve assez prs de l, dans un
-havre<a id="FNanchor_309" href="#Footnote_309" class="fnanchor">&nbsp;[309]</a> qui est un des plus frquents de Bretagne, un certain
-nombre de navires chargs de vins que des marchands de Poitou,
-de Saintonge et de la Rochelle, ont amens pour les vendre.
-Louis d'Espagne fait main basse sur les cargaisons; il embarque
-sur les navires ses gens d'armes et partie des Espagnols et des
-Gnois. Assaillie par terre et par mer, la ville de Gurande est
-emporte d'assaut, les habitants sont passs au fil de l'pe; cinq
-glises sont brles, mais Louis d'Espagne fait pendre vingt-quatre
-de ceux qui y ont mis le feu. Tout est livr au pillage, et
-l'on recueille un butin considrable, car Gurande est une ville
-grande, riche et marchande. P. <a href="#Page_156">156</a> et <a href="#Page_157">157</a>, <a href="#Page_384">384</a>, <a href="#Page_387">387</a> et <a href="#Page_388">388</a>.</p>
-
-<p>Tandis que Louis d'Espagne et Ayton Doria s'embarquent avec
-les Espagnols et les Gnois sur les navires pris Gurande, le vicomte
-de Rohan, l'vque de Lon, Herv de Lon son neveu
-vont rejoindre Charles de Blois devant Auray. A la nouvelle de
-l'arrive de Gautier de Mauny et des Anglais, le roi de France a
-envoy une foule de seigneurs grossir les rangs de l'arme de
-Bretagne, notamment Louis de Poitiers, comte de Valentinois,
-les comtes d'Auxerre, de Joigny, de Porcien, de Boulogne, les
-<span class="pagenum"><a id="Page_LIII"> LIII</a></span>
-seigneurs de Beaujeu, de Chteauvillain, de Noyers, d'Anglure,
-de Catillon, d'Offmont, de Roye, d'Aubigny et Moreau de Fiennes.
-Malgr ce renfort, le chteau d'Auray n'est pas encore pris,
-mais ceux de dedans souffrent tellement de la famine, qu' dfaut
-d'autre nourriture, ils mangent en huit jours tous leurs chevaux.
-La plupart des gens d'armes de la garnison sont tus une nuit
-qu'ils tentent de se sauver la drobe en traversant les lignes
-des assigeants. Toutefois, Henri et Olivier de Spinefort parviennent
- s'chapper et vont droit Hennebont. C'est ainsi que le
-chteau d'Auray est pris aprs dix semaines de sige. P. <a href="#Page_158">158</a>,
-<a href="#Page_385">385</a>, <a href="#Page_388">388</a>.</p>
-
-<p>Charles de Blois va assiger la cit de Vannes dont Geffroi
-de Malestroit est capitaine pour la comtesse de Montfort. Le second
-jour du sige, des Bretons et autres soudoyers du parti de
-Montfort qui tiennent garnison au fort de Plormel viennent rveiller
-les Franais. Deux chevaliers de Picardie qui font le guet
-cette nuit l, les seigneurs de Catillon et d'Aubigny, donnent l'veil;
-les agresseurs sont envelopps et tus ou mis en fuite. Ce
-mme jour, les assigeants s'emparent du bourg<a id="FNanchor_310" href="#Footnote_310" class="fnanchor">&nbsp;[310]</a> situ au pied
-de la cit et du fort jusqu'aux barrires. Les bourgeois de Vannes
-prennent le parti de se rendre malgr les efforts de Geffroi
-de Malestroit qui s'enfuit Hennebont sous un dguisement.
-Charles de Blois passe cinq jours Vannes, y laisse comme capitaines
-Herv de Lon, Olivier de Clisson, et va assiger Carhaix.
-P. <a href="#Page_159">159</a>, <a href="#Page_160">160</a>, <a href="#Page_385">385</a> et <a href="#Page_386">386</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">CHAPITRE XLIX.<br />
-<span class="medium">1342. <span class="smcap">DFAITE DE LOUIS D'ESPAGNE PRS DE QUIMPERL; SIGE DE LA
-ROCHE-PIRIOU, DU FAOUT, ET PRISE DE LA FOREST PAR GAUTIER DE
-MAUNY</span><a id="FNanchor_311" href="#Footnote_311" class="fnanchor">&nbsp;[311]</a> ( 172 174).</span></h2>
-</div>
-
-<p>Louis d'Espagne et Ayton Doria s'embarquent avec un certain
-nombre de gens d'armes sur les navires pris Gurande et vont
-<span class="pagenum"><a id="Page_LIV"> LIV</a></span>
-ravager la Bretagne bretonnante, notamment les environs de
-Quimperl, de Quimper-Corentin et de Saint-Mathieu<a id="FNanchor_312" href="#Footnote_312" class="fnanchor">&nbsp;[312]</a>; ils font
-des descentes sur les ctes et courent tout ce pays dont ils entassent
-les dpouilles sur leurs navires. A cette nouvelle, Gautier
-de Mauny, qui se tient Hennebont auprs de la comtesse de
-Montfort, prend la mer avec une flotte monte par cinq cents
-hommes d'armes et deux mille archers. Cette flotte parvient
-joindre celle de Louis d'Espagne et d'Ayton Doria dans le havre
-de Quimperl. Gautier de Mauny saisit l'instant o les Franais
-sont descendus terre pour piller le littoral, il fond l'improviste
-sur leurs navires sans dfense et les capture; puis il laisse
-sa flotte sous la garde de cent hommes d'armes et de trois cents
-archers, met pied terre et marche la rencontre de Louis
-d'Espagne. P. <a href="#Page_160">160</a>, <a href="#Page_161">161</a>, <a href="#Page_392">392</a>, <a href="#Page_393">393</a>, <a href="#Page_388">388</a>, <a href="#Page_389">389</a>.</p>
-
-<p>Gautier de Mauny et Louis d'Espagne se livrant un combat
-acharn aux environs de Quimperl<a id="FNanchor_313" href="#Footnote_313" class="fnanchor">&nbsp;[313]</a>. Gautier de Mauny a rparti
-ses gens en trois batailles. Louis d'Espagne met en droute la
-premire bataille dans un engagement o il fait chevalier son
-neveu Alphonse d'Espagne, mais il ne peut tenir tte malgr son
-courage aux deux autres batailles accourues au secours de la
-premire et auxquelles les paysans des environs viennent prter
-main forte; il est forc de prendre la fuite aprs avoir perdu
-presque tous les siens, entre autres Alphonse son cher neveu: il
-se jette dans une grosse barque et se sauve force de voiles
-avec quelques-uns de ses compagnons. Gautier de Mauny fait
-appareiller sa flotte en toute hte et se met la poursuite des fugitifs.
-Louis d'Espagne aborde Redon au moment o ses ennemis
-sont sur le point de le ratteindre; il russit leur chapper
-en montant sur de petits chevaux qu'il emprunte et l'aide desquels
-il gagne prcipitamment la cit de Rennes voisine de Redon.
-Gautier de Mauny et les siens font voile de Redon pour revenir
-<span class="pagenum"><a id="Page_LV"> LV</a></span>
-par mer Hennebont, mais les vents contraires les forcent
-prendre terre trois lieues de Dinan<a id="FNanchor_314" href="#Footnote_314" class="fnanchor">&nbsp;[314]</a> d'o ils vont assiger la
-Roche-Piriou. Grard de Mlain, autrefois capitaine de ce chteau,
-est revenu depuis six jours y tenir garnison par l'ordre de
-Charles de Blois. Gautier de Mauny commande l'assaut, mais
-ceux de dedans repoussent les assaillants par le jet de pierres et
-de poutres, par le tir de leurs canons et de leurs arcs tour. Deux
-chevaliers, Jean le Bouteiller et Hubert de Frenay, sont blesss
-en montant l'assaut; on les porte dans un pr situ au pied du
-chteau et o sont dj gisants un certain nombre d'autres blesss.
-P. <a href="#Page_161">161</a> <a href="#Page_164">164</a>, <a href="#Page_393">393</a> <a href="#Page_396">396</a>, <a href="#Page_389">389</a> <a href="#Page_391">391</a>.</p>
-
-<p>Renier de Mlain, frre de Grard, chtelain d'un autre petit
-fort appel le Faout<a id="FNanchor_315" href="#Footnote_315" class="fnanchor">&nbsp;[315]</a> situ moins d'une lieue de la Roche-Piriou,
-accourt avec quarante de ses compagnons pour porter secours
- son frre; il trouve au pied du chteau assig Jean le
-Bouteiller, Hubert de Frenay et les autres hommes d'armes blesss
-du ct des assaillants tendus au milieu d'un pr; il n'a pas
-de peine les faire prisonniers et revient les mettre sous bonne
-garde dans sa forteresse du Faout. Indigns d'une si lche surprise,
-Gautier de Mauny et Amauri de Clisson abandonnent la Roche-Piriou
-et viennent assiger le Faout pour dlivrer leurs
-compagnons. Grard de Mlain veut alors rendre son frre
-Renier service pour service; il monte cheval, part une nuit de
-la Roche-Piriou et arrive un peu devant le jour Dinan<a id="FNanchor_316" href="#Footnote_316" class="fnanchor">&nbsp;[316]</a> o il
-implore le secours de Pierre Porteb&oelig;uf, son bon compagnon, en
-<span class="pagenum"><a id="Page_LVI"> LVI</a></span>
-faveur de son frre Renier. Il russit faire accueillir favorablement
-sa demande et ne tarde pas revenir vers le Faout avec
-un corps de six mille auxiliaires fournis par les bourgeois de
-Dinan. Gautier de Mauny, craignant de se trouver pris entre les
-gens d'armes amens par Grard de Mlain, d'une part, et l'arme
-de Charles de Blois, de l'autre, lve le sige du Faout.
-P. <a href="#Page_164">164</a> <a href="#Page_166">166</a>, <a href="#Page_397">397</a> <a href="#Page_399">399</a>, <a href="#Page_401">401</a>.</p>
-
-<p>Avant de rentrer dans Hennebont, Gautier de Mauny met le
-sige devant le chteau de <i>Ghoy le Forest</i><a id="FNanchor_317" href="#Footnote_317" class="fnanchor">&nbsp;[317]</a>. Charles de Blois,
-qui ce chteau s'est rendu quinze jours auparavant, y a maintenu
-comme capitaine Gui de <i>Ghoy</i>, auquel il a adjoint Herv de Lon;
-mais ces deux chevaliers sont absents au moment o Gautier de
-Mauny se prsente devant la forteresse confie leur garde: ils
-sont alls se joindre au gros de l'arme franaise qui assige
-Carhaix. Gautier de Mauny profite de leur absence pour emporter
-d'assaut <i>Ghoy le Forest</i>, qui est un chteau merveilleusement
-fort; il passe la garnison au fil de l'pe, et revient aprs ce beau
-fait d'armes Hennebont. P. <a href="#Page_167">167</a>, <a href="#Page_168">168</a>, <a href="#Page_400">400</a> <a href="#Page_402">402</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_LVII"> LVII</a></span></p>
-<h2 class="normal">CHAPITRE L.<br />
-<span class="medium">1342. <span class="smcap">SIGE ET OCCUPATION DE CARHAIX PAR CHARLES DE BLOIS.&mdash;SECOND
-SIGE D'HENNEBONT PAR LES FRANAIS, SIGNAL PAR UN
-MERVEILLEUX EXPLOIT DE GAUTIER DE MAUNY ET LEVE DE CE SIGE.&mdash;REDDITION
-DE JUGON A CHARLES DE BLOIS.&mdash;TRVE ENTRE LES
-BELLIGRANTS SUIVIE DU DPART DE JEANNE DE MONTFORT POUR
-L'ANGLETERRE</span><a id="FNanchor_318" href="#Footnote_318" class="fnanchor">&nbsp;[318]</a> ( 175 180).</span></h2>
-</div>
-
-<p>La comtesse de Montfort donne un grand dner pour fter le
-retour de Gautier de Mauny et de ses compagnons; elle prend
-plaisir leur faire conter leurs exploits et leurs aventures.&mdash;Grard
-de Mlain, inform que les Anglais ont pris <i>Ghoy le Forest</i>
-et l'ont laiss sans garde, fait rparer ce chteau par les paysans
-des environs, a soin de le pourvoir de vivres ainsi que d'artillerie
-et y met bonne garnison. P. <a href="#Page_168">168</a>, <a href="#Page_169">169</a>, <a href="#Page_402">402</a>.</p>
-
-<p>Pendant ce temps, Charles de Blois maintient toujours le sige
-devant Carhaix<a id="FNanchor_319" href="#Footnote_319" class="fnanchor">&nbsp;[319]</a>. Les assigs appellent en vain deux ou trois
-reprises Jeanne de Montfort leur aide. Dsespre de son impuissance,
-la comtesse envoie des messagers en Angleterre et les
-charge d'informer douard III, son alli, de la dtresse o elle
-se trouve rduite aprs la prise de Rennes, de Vannes et de plusieurs
-autres places par Charles de Blois; elle conjure le roi
-d'Angleterre d'expdier en Bretagne de nouveaux secours, sans
-quoi elle ne rpond pas de l'avenir.&mdash;Sur ces entrefaites, les
-habitants de Carhaix, presss par la famine et se voyant abandonns
- leurs seules forces par la comtesse de Montfort, prennent
-le parti de se rendre et font leur soumission Charles de
-Blois. P. <a href="#Page_169">169</a>, <a href="#Page_170">170</a>, <a href="#Page_402">402</a>, <a href="#Page_403">403</a>.</p>
-
-<p>Aprs la reddition de Carhaix, Charles de Blois va mettre une
-seconde fois le sige devant Hennebont, il investit la ville et le
-chteau dfendu par l'lite de la chevalerie bretonne et anglaise.
-Le quatrime jour du sige, Louis d'Espagne vient se joindre aux
-assigeants aprs tre rest six semaines Rennes pour la gurison
-de ses blessures. Du reste, ce n'est pas le seul renfort que
-<span class="pagenum"><a id="Page_LVIII"> LVIII</a></span>
-reoit Charles de Blois. Tous les jours il voit arriver son camp
-des chevaliers de France qui, revenant de guerroyer avec le roi
-Alphonse d'Espagne contre les Sarrasins de Grenade et apprenant
- leur passage en Poitou qu'il y a guerre en Bretagne, accourent
-y prendre part. Charles de Blois fait dresser seize grandes
-machines qui lancent d'normes pierres contre les murailles
-d'Hennebont et dans l'intrieur de la ville. Les assigs n'en ont
-cure; du haut des remparts ils essuient par bravade la face extrieure
-des crneaux avec leurs chaperons. Allez donc, crient-ils
-aux assigeants, allez donc chercher vos compagnons qui se
-reposent au camp de Quimperl! P. <a href="#Page_170">170</a>, <a href="#Page_171">171</a>, <a href="#Page_403">403</a>, <a href="#Page_404">404</a>.</p>
-
-<p>Louis d'Espagne, qui veut tirer vengeance de la mort de son
-neveu Alphonse tu Quimperl, se fait dlivrer par Charles de
-Blois, Jean le Bouteiller et Hubert de Frenay, deux des compagnons
-de Gautier de Mauny, qui au retour de l'expdition de
-Quimperl ont t faits prisonniers devant la Roche-Piriou par
-Renier de Mlain et enferms au Faout; puis, malgr les instances
-de Charles et des autres seigneurs franais, il dclare, une
-fois que les deux prisonniers sont entre ses mains, qu'il les va
-mettre mort. Gautier de Mauny, inform par ses espions du
-sort cruel rserv ses deux compagnons d'armes, entreprend
-de les arracher au pril qui les menace. Tandis qu'Amauri de
-Clisson, en s'avanant vers l'heure du dner jusque sur le bord
-des fosss avec trois cents armures de fer et mille archers, fait
-sortir les assigeants en masse de leurs campements et les occupe
- des escarmouches, Gautier de Mauny sort d'Hennebont par une
-poterne avec cent ou deux cents compagnons d'lite et cinq cents
-archers cheval, gagne par un chemin dtourn le camp franais
-o il n'est rest que des valets, se fait conduire par ses espions
-droit la tente o l'on garde les deux prisonniers, les dlivre et
-rentre avec eux dans Hennebont. En revanche, deux chevaliers
-de la garnison, le seigneur de Landerneau et le chtelain de
-Guingamp sont pris dans une sortie par les assigeants et se soumettent
-le soir mme Charles de Blois. P. <a href="#Page_171">171</a> <a href="#Page_177">177</a>, <a href="#Page_404">404</a>
-<a href="#Page_409">409</a>, <a href="#Page_411">411</a>.</p>
-
-<p>Cependant le sige d'Hennebont ne fait aucun progrs. Le chteau
-est trs-fort, et la garnison, aussi nombreuse qu'aguerrie,
-peut se ravitailler tous les jours par mer. D'un autre ct, l'hiver
-approche: on est entre la Saint-Remy (1<sup>er</sup> octobre) et la Toussaint
-(1<sup>er</sup> novembre); et le pays des environs a t tellement ravag
-<span class="pagenum"><a id="Page_LVIX"> LVIX</a></span>
-que les assigeants ne savent plus o trouver vivres ni
-fourrages. Toutes ces raisons dterminent Charles de Blois
-donner cong au gros de son arme, et le sige d'Hennebont est
-lev vers la Saint-Luc (18 octobre). La plupart des seigneurs de
-France retournent chez eux, et Charles de Blois avec les gens
-d'armes qui lui restent prend ses quartiers<a id="FNanchor_320" href="#Footnote_320" class="fnanchor">&nbsp;[320]</a> d'hiver Carhaix.
-P. <a href="#Page_176">176</a> <a href="#Page_178">178</a>, <a href="#Page_409">409</a> <a href="#Page_412">412</a>.</p>
-
-<p>Sur ces entrefaites, un riche bourgeois et un grand marchand
-de Jugon<a id="FNanchor_321" href="#Footnote_321" class="fnanchor">&nbsp;[321]</a>, qui fait tous les approvisionnements de la comtesse
-de Montfort, tombe entre les mains de Robert de Beaumanoir,
-marchal de l'arme de Charles de Blois. Ce bourgeois, pour
-sauver sa vie et recouvrer sa libert, s'engage livrer Jugon
-aux Franais. Charles de Blois laisse une partie de ses gens
-Carhaix sous les ordres de Louis d'Espagne, et vient en personne
-avec cinq cents lances Jugon, dont le bourgeois qui est de sa
-connivence lui ouvre minuit les portes. La ville une fois prise,
-le chteau lui-mme finit, aprs quelque rsistance, par se rendre
-au vainqueur. Grard de Rochefort est maintenu comme capitaine
-de la garnison par Charles de Blois qui retourne Carhaix.
-Bientt, par les soins d'Yvon de Trsiguidy, au nom de la
-comtesse de Montfort, et de Robert de Beaumanoir, au nom de
-Charles de Blois, une trve est conclue entre les belligrants qui
-doit durer jusqu' la mi-mai<a id="FNanchor_322" href="#Footnote_322" class="fnanchor">&nbsp;[322]</a> 1343. Aussitt aprs la conclusion
-de cette trve, la comtesse de Montfort s'embarque Hennebont
-et se rend en Angleterre auprs d'douard III, tandis que Charles
-de Blois vient Paris faire visite au roi Philippe de Valois,
-son oncle. P. <a href="#Page_178">178</a> <a href="#Page_181">181</a>, <a href="#Page_412">412</a> <a href="#Page_417">417</a>.</p>
-
-<div class="chapter">
-<p><span class="pagenumh"><a id="Page_LXVI"> LXVI</a></span>
-<span class="pagenum"><a id="Page_1"> 1</a></span></p>
-<p class="extra">CHRONIQUES<br />
-<span class="xlarge">DE J. FROISSART.</span></p>
-</div>
-
-<h2 class="normal"><a id="LIVRE_PREMIER"></a>LIVRE PREMIER</h2>
-
-<div class="recit"><div class="section">
-<p> 99. Quant li rois de France eut oy recorder comment</p>
-<p>li Haynuier avoient ars ens ou pays de Tierasse,</p>
-<p>pris et occis ses chevaliers, et destruit le bonne ville</p>
-<p>de Aubenton, sacis que il ne prist mies ceste cose</p>
-<p>en gr, mais commanda son fil le duch de Normendie <span class="dalign">5</span></p>
-<p>que il mesist une grosse chevaucie sus, et</p>
-<p>s'en venist en Haynau, et sans deport atournast tel</p>
-<p>le pays que jamais ne fust recouvret. Et li dus respondi</p>
-<p>qu'il le feroit volentiers. Encores ordonna li</p>
-<p>rois de France le conte de [Lille<a id="FNanchor_323" href="#Footnote_323" class="fnanchor">&nbsp;[323]</a>], gascon qui se tenoit <span class="dalign">10</span></p>
-<p>adonc Paris dals lui et que moult amoit, que il</p>
-<p>mesist sus une grosse chevaucie de gens d'armes, et</p>
-<p>s'en alast en Gascongne et y chevauast, comme lieutenans</p>
-<p>dou roy de France, et guerriast durement et</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_2"> 2</a></span></div>
-<p>radement Bourdiaus et Bourdelois et toutes les forterces</p>
-<p>qui l se tenoient pour le roi d'Engleterre. Li</p>
-<p>contes dessus dis obey au commandement dou roy</p>
-<p>et se parti de Paris, et fist son mandement Thoulouse <span class="dalign">5</span></p>
-<p> estre closes Paskes, li quelz mandemens fu</p>
-<p>tenus, ensi que vous ors ch en apris, quant tamps</p>
-<p>et lieus sera. Encores renfora grandement li rois de</p>
-<p>France l'arme qu'il tenoit sus mer et le grosse arme</p>
-<p>des escumeurs. Et manda monsigneur Hue</p>
-<p>Kieret et Barbevaires, et as aultres chapitainnes, <span class="dalign">10</span></p>
-<p>qu'il fuissent songneus de yaus tenir sus les mtes</p>
-<p>de Flandres, et que nullement il ne laiassent le roy</p>
-<p>d'Engleterre rapasser ne prendre port en Flandres;</p>
-<p>et se par leur coupe en demoroit, il les feroit morir</p>
-<p>de male mort. <span class="dalign">15</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Avoech tout ce, vous avs bien oy recorder comment</p>
-<p>de nouviel li Flamench s'estoient alloiiet, par</p>
-<p>saiellet, avoecques le roi d'Engleterre, et li avoient</p>
-<p>juret lui aidier poursievir sa guerre, et li avoient</p>
-<p>fait encargier les armes de France, et li avoient fait <span class="dalign">20</span></p>
-<p>hommage de tout ce dont tenu estoient au roy de</p>
-<p>France, et li fisent encores prendre title et nom de</p>
-<p>roy de France; et cils rois les avoit absols et quitts</p>
-<p>de une grande somme de florins dont obligiet il estoient</p>
-<p>de jadis et loiiet au roy de France. Dont il <span class="dalign">25</span></p>
-<p>avint que, quant li rois Phelippes oy ces nouvelles,</p>
-<p>se ne li pleurent mies bien, tant pour ce qu'il avoient</p>
-<p>fait hommage son adversaire, que pour ce que li</p>
-<p>rois engls, comme rois de France, les avoit quitts</p>
-<p>de le somme et de l'obligation, ce que nullement il <span class="dalign">30</span></p>
-<p>ne pooit faire. De quoi encores, pour yaus retraire,</p>
-<p>il leur manda par un prelat, sus l'ombre dou pape,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_3"> 3</a></span></div>
-<p>qu'il tenissent ferme et estable leur sierement; autrement,</p>
-<p>il jetteroit une sentense entre yaus; non obstant</p>
-<p>ce et le petite et foible information qu'il avoient</p>
-<p>eu, se il se voloient recognoistre et retourner lui et </p>
-<p>le couronne de France, et relenquir le roi d'Engleterre <span class="dalign">5</span></p>
-<p>qui enchant les avoit, il leur pardonroit son</p>
-<p>mautalent et leur quitteroit la ditte somme, et leur</p>
-<p>donroit et saieleroit pluiseurs belles francises en son</p>
-<p>royaume. Li Flamench n'eurent mies adonc conseil</p>
-<p>ne acord de ce faire, et respondirent qu'il se tenoient <span class="dalign">10</span></p>
-<p>bien pour absols et pour quittes de tout ce o obligiet</p>
-<p>estoient, tant c'au roi de France. Et quant li rois</p>
-<p>de France vei qu'il n'en aroit aultre cose, si s'en</p>
-<p>complaindi au pape Clement VI<sup>e</sup> qui regnoit pour le</p>
-<p>temps, li quelz papes jetta une sentense et un escumeniement <span class="dalign">15</span></p>
-<p>en Flandres si horrible et si grant que il</p>
-<p>n'estoit nulz prestres qui y volsist celebrer ne faire</p>
-<p>le divin offisce. De quoi li Flamench furent moult</p>
-<p>courouchiet; et en envoiirent complaintes grandes</p>
-<p>et grosses au roi engls, li quelz, pour yaus apaisier, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>leur manda que de ce il ne fuissent noient effraet.</p>
-<p>Car, la premire fois qu'il rapasseroit, il lor menroit</p>
-<p>des prestres de son pays qui chanteroient messe en</p>
-<p>Flandres, volsist li papes ou non, car il est bien privilegiis</p>
-<p>de ce faire. Parmi tant s'apaisirent li Flamench. <span class="dalign">25</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 100. Quant li rois de France vei que, par nulle</p>
-<p>voie ne pourkas qu'il [sceust<a id="FNanchor_324" href="#Footnote_324" class="fnanchor">&nbsp;[324]</a>] faire ne moustrer, il</p>
-<p>ne poroit ratraire les Flamens ne oster de leur oppinion,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_4"> 4</a></span></div>
-<p>si commanda chiaus qu'il tenoit en garnison,</p>
-<p>de Tournay, de Lille, de Douay et des chastiaus voisins,</p>
-<p>que il fesissent guerre as Flamens, et courussent</p>
-<p>en leur pays et sans deport. Dont il avint que</p>
-<p>messires Mahieus de Roie, qui pour le temps se tenoit <span class="dalign">5</span></p>
-<p>dedens Tournay, et messires Mahieus de Trie,</p>
-<p>mareschaus de France, avoech monsigneur Godemar</p>
-<p>dou Fay et pluiseur aultre, misent une chevaucie sus</p>
-<p>de mille armeures de fier, tous bien monts, et trois</p>
-<p>cens arbalestriers, tant de Tournay, de Lille que de <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Douay, et se partirent de le cit de Tournay un soir</p>
-<p>apris souper, et chevaucirent tant que sus le point</p>
-<p>dou jour il vinrent devant Courtrai, et accueillirent,</p>
-<p>devant soleil levant, toute le proie de l environ.</p>
-<p>Et coururent li coureur jusques as portes, et occirent <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et mehagnirent aucuns hommes qu'il trouvrent</p>
-<p>ens s fourbours, et puis s'en retournrent arrire</p>
-<p>sans damage. Et prisent ces gens d'armes leur tour</p>
-<p>deviers le rivire dou Lis et devers le Warneston, en</p>
-<p>accueillant et en menant devant yaus toute le proie <span class="dalign">20</span></p>
-<p>qu'il trouvrent et encontrrent; et ramenrent ce</p>
-<p>jour en le cit de Tournay plus de dix mille blanches</p>
-<p>bestes, et bien otant que pors, que bues, que</p>
-<p>vaches, dont il eurent grant pourfit et grant butin.</p>
-<p>Et en fu la ditte cits bien pourveue et rafreschie un <span class="dalign">25</span></p>
-<p>grant temps et largement avitaillie.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Ces nouvelles, qui ne furent mies trop plaisans</p>
-<p>pour les Flamens, s'espandirent parmi Flandres. Si</p>
-<p>en fu durement li pays esmeus et tourbls. Et en <span class="dalign">30</span></p>
-<p>vinrent les complaintes Jakemon d'Artevelle qui se</p>
-<p>tenoit Gand. Pour quoi li dis d'Artevelles fu durement</p>
-<p>couroucis, et dist et jura que ceste fourfaiture</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_5"> 5</a></span></div>
-<p>seroit amende ou pays de Tournesis. Si fist son</p>
-<p>mandement par tout, et commanda parmi les bonnes</p>
-<p>villes de Flandres que tout vuidassent et fuissent,</p>
-<p> un certain jour qu'il y assigna, avoecques lui, devant</p>
-<p>le cit de Tournay; et escrisi au conte de Sallebrin <span class="dalign">5</span></p>
-<p>et au conte de Sufforch, qui se tenoient en</p>
-<p>garnison en le ville de Ippre, qu'il se traissent de</p>
-<p>celle part. Et encores pour mieus moustrer que la</p>
-<p>besongne estoit sienne et qu'elle li touchoit, il se</p>
-<p>parti de Gand moult estoffeement, et s'en vint entre <span class="dalign">10</span></p>
-<p>le ville d'Audenarde et de Tournay, sus un certain</p>
-<p>pas que on dist au Pont de Fier; et se loga l, attendans</p>
-<p>les dessus dis contes d'Engleterre et ossi</p>
-<p>chiaus dou Franch de Bruges.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 101. Quant li doi conte d'Engleterre dessus <span class="dalign">15</span></p>
-<p>nommet entendirent ces nouvelles, si ne veurent</p>
-<p>mies pour leur honneur delaiier; ains renvoiirent</p>
-<p>tantost devers d'Artevelle, en disant que il seroient</p>
-<p>l au jour qui assigns y estoit. Sur ce il se partirent</p>
-<p>asss briefment de le ville d'Ippre, environ cinquante <span class="dalign">20</span></p>
-<p>lances et quarante arbalestriers, et se misent au chemin</p>
-<p>pour venir l o d'Artevelles les attendoit. Ensi</p>
-<p>qu'il chevauoient et qu'il leur couvenoit passer au</p>
-<p>dehors de le ville de Lille, leur venue fu seue en la</p>
-<p>ditte ville. Dont s'armrent secretement cil de le ville <span class="dalign">25</span></p>
-<p>de Lille, et se partirent de lor ville bien quinze cens,</p>
-<p> piet, cheval, et se misent et establirent en trois</p>
-<p>agais, afin que cil ne les peuissent mies escaper. Et</p>
-<p>vinrent li pluiseur et li plus certain sus un pas, entre</p>
-<p>haies et buissons, et l s'embuschirent. <span class="dalign">30</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or chevauoient adonc cil doi conte engls et</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_6"> 6</a></span></div>
-<p>leur route, sus le guiement monsigneur Wafflart de</p>
-<p>le Crois, qui un grant temps avoit guerriiet chiaus</p>
-<p>de Lille, et encores guerrioit, quant il pooit; et s'estoit</p>
-<p>tenus celle saison Ippre, pour yaulz mieus</p>
-<p>guerriier, et se faisoit fors que d'yaus mener sans peril, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>car il savoit toutes les adrces et les torses voies.</p>
-<p>Et encores en fust il bien venus chief, se cil de</p>
-<p>Lille n'euissent fait au dehors de leur ville un grant</p>
-<p>trencheis nouvellement, qui n'estoit mies acoustums</p>
-<p>d'estre. Et quant cilz messires Wafflars les eut <span class="dalign">10</span></p>
-<p>amens jusques l, et il vei que on leur avoit</p>
-<p>copet le voie, si fu tous esbahis et dist as contes</p>
-<p>d'Engleterre: Mi signeur, nous ne poons nullement</p>
-<p>passer le chemin que nous alons, sans nous</p>
-<p>mettre en grant dangier et ou peril de chiaus de Lille. <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Pour quoi, je conseille que nous retournons et prendons</p>
-<p>ailleurs nostre chemin. Adonc respondirent</p>
-<p>li baron d'Engleterre: Messire Wafflart, j n'avenra</p>
-<p>que nous issons de nostre chemin pour chiaus</p>
-<p>de Lille. Chevaucis toutdis avant, car nous avons <span class="dalign">20</span></p>
-<p>acertefiiet d'Artevelle que nous serons ce jour, </p>
-<p>qule heure que soit, l o il est. Lors chevaucirent</p>
-<p>li Engls sans nul esmay. Et quant messires Wafflars</p>
-<p>vei que c'estoit acertes, et que il ne pooit estre creus</p>
-<p>ne oys, si fist son marchiet tout avant et dist: Biau <span class="dalign">25</span></p>
-<p>signeur, voirs est que pour gide et conduiseur en ce</p>
-<p>voiage vous m'avs pris, et que tout cel yvier je me</p>
-<p>sui tenus avoecques vous en Ippre, et me loe de</p>
-<p>vostre compagnie et de vous grandement. Mais toutes</p>
-<p>fois, se il avient que cil de Lille sallent ne issent <span class="dalign">30</span></p>
-<p>hors contre nous ne sur nous, n'aiis nulle fiance</p>
-<p>que je les doie attendre, ms me sauverai au plus</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_7"> 7</a></span></div>
-<p>tost que je porai. Car se j'estoie pris ne arrests par</p>
-<p>aucun kas de fortune, ce seroit sus ma tieste que j'ai</p>
-<p>plus chier que vostre compagnie.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Adonc commenchirent li chevalier rire, et disent</p>
-<p> monsigneur Wafflart qu'il le tenoient bien <span class="dalign">5</span></p>
-<p>pour escuset. Tout ensi qu'il l'imagina en avint, car</p>
-<p>il ne se donnrent de garde; si se boutrent en l'embusce,</p>
-<p>qui estoit grande et forte, et bien pourveue</p>
-<p>de gens d'armes et d'arbalestriers, qui les escriirent</p>
-<p>tantost: Avant, avant, par chi ne pos vous passer <span class="dalign">10</span></p>
-<p>sans no congiet. Lors commencirent il traire</p>
-<p>et lancier sus les Engls et leur route. Et si tretost</p>
-<p>que messires Waufflars en vei la manire, il n'eut</p>
-<p>cure de chevaucier plus avant, ms retourna au plus</p>
-<p>tost qu'il peut, et se bouta hors de le presse et se <span class="dalign">15</span></p>
-<p>sauva, et ne fu mies pris celle fois. Et li doi signeur</p>
-<p>d'Engleterre, messires Guillaumes de Montagut,</p>
-<p>contes de Sallebrin, et li contes de Sufforch escheirent</p>
-<p>en le main de leurs ennemis, et furent</p>
-<p>mieulz pris c' le roit, car il furent embuschiet en <span class="dalign">20</span></p>
-<p>un chemin estroit, entre haies et espines et fosss </p>
-<p>tous ls, si fort et par tel manire qu'il ne se pooient</p>
-<p>ravoir ne retourner, ne monter, ne prendre les camps.</p>
-<p>Toutes fois, quant il veirent le mesaventure, il descendirent</p>
-<p>tout piet et se deffendirent ce qu'il peurent, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>et en navrrent et mehagnirent asss de chiaus</p>
-<p>de le ville. Mais finablement leur deffense ne vali</p>
-<p>noient, car gens d'armes frs et nouviaus croissoient</p>
-<p>toutdis sus yaus. L furent il pris et ranonn de</p>
-<p>force, et uns escuiers jones, de Limozin, neveus dou <span class="dalign">30</span></p>
-<p>pape Clement, qui s'appelloit Raymons; mais depuis</p>
-<p>qu'il fu creants prisons, fu il occis pour le couvoitise</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_8"> 8</a></span></div>
-<p>de ses belles armeures, dont moult de bonnes</p>
-<p>gens en furent courouciet.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Ensi furent pris et retenu li doi conte d'Engleterre</p>
-<p>et mis en la halle de Lille en prison, et depuis</p>
-<p>envoiiet en France par devers le roy Phelippe, qui <span class="dalign">5</span></p>
-<p>en eut grant joie et en seut grant gret chiaus de</p>
-<p>Lille. Et dist adonc li dis rois et prommist chiaus</p>
-<p>de le ville de Lille qu'il leur seroit guerredonn</p>
-<p>grandement, car il li avoient fait un biau service. Et</p>
-<p>quant Jakemars d'Artevelle, qui se tenoit au Pont de <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Fier, en seut nouvelles, si en fu durement couroucis,</p>
-<p>et brisa pour ceste avenue son pourpos et sen</p>
-<p>emprise, et donna ses Flamens congiet, et s'en retourna</p>
-<p>en le ville de Gand.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 102. Nous retourrons, car la matre le requiert, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>as guerres de Haynau et le contrevengance que li</p>
-<p>rois de France y fist prendre par le duch Jehan</p>
-<p>de Normendie, son ainsnet fil. Li dus, au commandement</p>
-<p>et ordenance dou roy son pre, fist son especial</p>
-<p>mandement estre Saint Quentin et l environ, <span class="dalign"><span class="dalign">20</span></span></p>
-<p>et se parti de Paris environ Paskes, l'an mil</p>
-<p>trois cens et quarante, et vint Saint Quentin. L</p>
-<p>estoient avoech lui li dus d'Athnes, li contes de</p>
-<p>Flandres, li contes d'Auoirre, li contes de Sansoirre,</p>
-<p>li contes Raoulz d'Eu connestables de France, <span class="dalign"> 25</span></p>
-<p>li contes de Porsiien, li contes de Roussi, li contes</p>
-<p>de Brainne, li contes de Grantpret, li sires de Couci</p>
-<p>et grant fuison de noble chevalerie de Normendie et</p>
-<p>des basses marces. Quant il furent tout assambl </p>
-<p>Saint Quentin ou l environ, si fu regard par le <span class="dalign">30</span></p>
-<p>connestable, le conte de Ghines et les mareschaus</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_9"> 9</a></span></div>
-<p>de France, monsigneur Robert Bertran et monsigneur</p>
-<p>Mahieu de Trie, quel nombre de gens d'armes</p>
-<p>il pooient estre; si trouvrent qu'i(l) estoient bien</p>
-<p>six mille armeures de fier, chevaliers et escuiers, et</p>
-<p>bien huit mille, que brigans, que bidaus, que aultres <span class="dalign">5</span></p>
-<p>gens poursievant l'ost. C'estoit asss, si com il</p>
-<p>disoient entre yaus, pour combatre le conte de Haynau</p>
-<p>et toute se poissance. Si se misent as camps par</p>
-<p>l'ordenance des mareschaus, et se partirent tout de</p>
-<p>Saint Quentin, et s'arroutrent devers le Chastiel en <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Chambresis, et passrent dehors Bohain, et chevaucirent</p>
-<p>tant qu'il passrent le Chastiel en Chambresis.</p>
-<p>Et s'en vinrent logier li dus de Normendie et</p>
-<p>toute son host en le ville de Montais sus le rivire</p>
-<p>de Selles. Or vous dirai une grant apertise d'armes <span class="dalign">15</span></p>
-<p>que messires Gerars de Werchin, seneschaus de Haynau</p>
-<p>pour le temps, fist et entreprist, laqule doit</p>
-<p>bien estre recorde et tenue grant proce.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 103. Li seneschaus de Haynau dessus nomms</p>
-<p>sceut bien par ses espies que li dus de Normendie <span class="dalign">20</span></p>
-<p>estoit logis Saint Quentin, et que ses gens manechoient</p>
-<p>durement le pays de Haynau. Avoech tout</p>
-<p>ce, il sceut l'eure et le venue dou dit duch, qui estoit</p>
-<p>arrests Montais, dehors le forterce dou Chastiel</p>
-<p>en Chambresis. Si s'avisa en soi meismes, comme <span class="dalign">25</span></p>
-<p>preus chevaliers et entreprendans, qu'il iroit le duch</p>
-<p>escarmuchier et resvillier. Si pria aucuns chevaliers</p>
-<p>et escuiers, ce qu'il en peut trouver dals lui, que il</p>
-<p>volsissent aler o il les menroit, et il li eurent en</p>
-<p>couvent. Si se parti de son chastiel de Wercin, environ <span class="dalign">30</span></p>
-<p>soixante lances en se compagnie tant seulement.</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_10"> 10</a></span></div>
-<p>Et chevaucirent depuis soleil esconsant, et fisent</p>
-<p>tant que il vinrent Fors, l'issue de Haynau,</p>
-<p>et une petite liewe de Montais; et pooit estre environ</p>
-<p>jour falli. Si tretost qu'il eurent chevauciet</p>
-<p>oultre le ville de Fors, il fist toutes ses gens arrester <span class="dalign">5</span></p>
-<p>en mi uns camps, et leur fist restraindre leurs armeures</p>
-<p>et recengler leurs chevaus, et puis leur dist</p>
-<p>se pense et che qu'il voloit faire. Et il en furent</p>
-<p>tout joiant, et li disent qu'il s'enventuroient volentiers</p>
-<p>avoecques lui, et ne le faurroient jusques au <span class="dalign">10</span></p>
-<p>morir, et il leur dist grant mercis. Avoecques lui estoient:</p>
-<p>des chevaliers, messires Jakemes dou Sart,</p>
-<p>messires Henris de Husphalize, messires Oliphars de</p>
-<p>Ghistelles, messires Jehan dou Chastelet, li sires de</p>
-<p>Vertain, li sires de Fontenoit et li sires de Wargni; <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et des escuiers, Gilles et Thieris de Sommaing, Bauduins</p>
-<p>de Biaufort, Colebiers de Braille, Moriaus de</p>
-<p>Lestines, Sandrars d'Esquarmain, Jehans de Robersart,</p>
-<p>Bridoulz de Thians et pluiseur aultre. Puis chevaucirent</p>
-<p>tout quoiement, et vinrent Montais et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>se boutrent en le ville. Et ne faisoient li Franois</p>
-<p>point de gait.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Et descendirent premierement li seneschaus et tout</p>
-<p>li compagnon devant un grant hostel o il cuidoient</p>
-<p>certainnement que li dus de Normendie fust, mais il <span class="dalign">25</span></p>
-<p>estoit un aultre hostel avant. Et laiens estoient logiet</p>
-<p>doi grant signeur de Normendie, li sires de Bailluel</p>
-<p>et li sires de (Briaut<a id="FNanchor_325" href="#Footnote_325" class="fnanchor">&nbsp;[325]</a>). Si furent assalli vistement,</p>
-<p>et li porte de leur hostel boute oultre. Quant li doi</p>
-<p>chevalier se veirent ensi souspris et orent crier: <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_11"> 11</a></span></div>
-<p>Haynau au senescal!, si furent moult esbahi.</p>
-<p>Nompourquant il se misent deffense, ce qu'il peurent;</p>
-<p>ms li sires de Bailluel fu l occis, dont ce fu</p>
-<p>damages, et li sires de (Briaut) fiancis prisons dou</p>
-<p>dit seneschal, et eut couvent sus se loyaut de venir <span class="dalign">5</span></p>
-<p>dedens trois jours tenir prison en Valenchines. Dont</p>
-<p>se commenchirent Franois estourmir et widier</p>
-<p>leurs hostels, et alumer grans feus et tortis, et </p>
-<p>resvillier l'un l'autre. Meismement on resvilla le dit</p>
-<p>duch de Normendie, et le fist on armer en grant <span class="dalign">10</span></p>
-<p>haste, et aporter sa banire devant son hostel et desveloper.</p>
-<p>L se traioient toutes gens d'armes de leur</p>
-<p>cost. Quant li Haynuier perchurent les Franois ensi</p>
-<p>estourmis, si ne veurent plus demorer, mais se retrairent</p>
-<p>bellement et sagement devers leurs chevaus; <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et montrent sus et se partirent, quant il se furent</p>
-<p>remis ensamble; et en menrent jusques dix ou</p>
-<p>douze bons prisonniers; et retournrent sans damage,</p>
-<p>car point ne furent poursievi, pour tant qu'il faisoit</p>
-<p>brun et tart; et vinrent, environ l'aube crevant, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>au Kesnoi. L se reposrent il et rafreschirent, et</p>
-<p>puis vinrent Valenchiennes.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or parlerons dou duch de Normendie, qui moult</p>
-<p>courouchis estoit dou despit que li Haynuier li</p>
-<p>avoient fait. Si commanda au matin deslogier et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>entrer en Haynau, pour tout ardoir sans deport.</p>
-<p>Dont s'arroutrent li charoi, et chevaucirent li signeur,</p>
-<p>li coureur premiers qui estoient bien deux</p>
-<p>cens lances. Et en estoient chapitainne messires Thiebaus</p>
-<p>de Moruel, li Gallois de le Baume, li sires de</p>
-<p>Mirepois, li sires de Rainneval, li sires de Saint Pi,</p>
-<p>messires Jehans de Landas, li sires d'Astices, li sires <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_12"> 12</a></span></div>
-<p>de Hangs et li sires de Cramelles. Apris chevauoient</p>
-<p>li doi mareschal de France en grant route,</p>
-<p>messires Robers Bertrans et messires Mahieus de</p>
-<p>Trie; et estoient bien cinq cens lances; et puis li</p>
-<p>dus de Normendie avoech grant fuison de contes, de <span class="dalign">5</span></p>
-<p>barons et de tous aultres chevaliers. Si entrrent li</p>
-<p>dit coureur en Haynau et ardirent Forest, Vertain,</p>
-<p>Vertigneul, Esquarmain, Vendegies ou Bos, Vendegies</p>
-<p>sus Escallon, Bermerain, Calaumes, Senlces et</p>
-<p>les fourbours dou Kesnoi, et se logirent sus le rivire <span class="dalign">10</span></p>
-<p>d'Uintiel. A l'endemain, il passrent oultre et</p>
-<p>ardirent Oursineval, Villers en le Cauchie, Gommegnies,</p>
-<p>Marech, Pois, Presiel, Anfroipret, Preus, Le</p>
-<p>Frasnoit, Obies et le bonne ville de Bavai et tout le</p>
-<p>pays jusques le rivire de Honniel. Et eut ce second <span class="dalign">15</span></p>
-<p>jour grant assaut et escarmuce au chastiel de</p>
-<p>Werchin de le bataille des mareschaus, ms noient n'i</p>
-<p>fisent, car il fu bien gards et bien deffendus. Et s'en</p>
-<p>vint li dus de Normendie logier sus le rivire de</p>
-<p>Selles entre Haussi et Sausoir. Or vous parlerons dou <span class="dalign">20</span></p>
-<p>signeur de Faukemont, qui fu uns moult rades chevaliers,</p>
-<p>d'une grant apertise d'armes qu'il fist.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 104. Messires Walerans, sires de Fauquemont,</p>
-<p>estoit chapitainne et gardiiens de le ville de Maubuege,</p>
-<p>et bien cent lances d'Alemans et de Haynuiers <span class="dalign">25</span></p>
-<p>avoecques lui. Quant il sceut que li Franois chevauoient,</p>
-<p>qui ardoient le pays, et ooit les povres</p>
-<p>gens criier et plorer et plaindre le leur, si en eut</p>
-<p>grant pit, si s'arma et fist ses gens armer, et recommanda</p>
-<p>le ville de Maubuege au signeur de Biaurieu <span class="dalign">30</span></p>
-<p>et au signeur de Montegni, et dist ses gens qu'il</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_13"> 13</a></span></div>
-<p>avoit trs grant desir de trouver les Franois. Si chevaua</p>
-<p>ce jour, toutdis costiant les bois et le forest de</p>
-<p>Mourmail. Quant ce vint sus le soir, il aprist et entendi</p>
-<p>que li dus de Normendie et toute sen host estoient</p>
-<p>logiet sus le rivire de Selles, asss pris de <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Haussi. De che fu il tous joians et dist briefment qu'il</p>
-<p>les iroit resvillier. Si chevaua ceste vespre tout sagement,</p>
-<p>et environ mienuit il passa le ditte rivire </p>
-<p>gus, et toute se route. Quant il furent oultre, ilz rechenglrent</p>
-<p>leurs chevaus et se remisent point, et <span class="dalign">10</span></p>
-<p>puis chevaucirent tout souef jusques adonc qu'il</p>
-<p>vinrent au logeis dou duch. Quant il deurent approcier,</p>
-<p>ilz ferirent chevaus des esporons tout d'un randon,</p>
-<p>et se plantrent en l'ost le duch en escriant:</p>
-<p>Faukemont! Faukemont!, et commencirent <span class="dalign">15</span></p>
-<p>coper cordes, et ruer jus et abatre tentes et pavillons</p>
-<p>par terre, et occire et decoper gens, et</p>
-<p>d'yaus mettre en grant meschief. Li hos se commena</p>
-<p> estourmir, et toutes gens armer et traire</p>
-<p>celle part l o la noise et li hustins estoit. Quant li <span class="dalign">20</span></p>
-<p>sires de Faukemont vei que poins fu, il se retray arrire.</p>
-<p>Et en retraiant ses gens tout sagement fu mors,</p>
-<p>de[s] Franois, li sires de Pikegni pikart, et fiancis</p>
-<p>prisons li viscontes de Kesnes et li Borgnes de Rouvroi,</p>
-<p>et durement blechis messires Antones de <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Kodun. Quant li sires de Faukemont eut fait sen emprise,</p>
-<p>et il vei que temps fu, et que li hos s'estourmissoit,</p>
-<p>il se parti et toutes ses gens; et rapassrent</p>
-<p>le rivire de Selles sans damage, car point ne furent</p>
-<p>poursievi. Et chevaucirent depuis tout bellement, <span class="dalign">30</span></p>
-<p>et vinrent d'environ soleil levant au Kesnoi o li</p>
-<p>mareschaus de Haynau se tenoit, messires Thieris de</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_14"> 14</a></span></div>
-<p>Walecourt, qui leur ouvri le porte et les rechut liement.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Et li dus de Normendie fu moult couroucis de</p>
-<p>ses gens que on avoit occis et blechis et fianchis</p>
-<p>prisons et dist: Agar comment cil Haynuier nous <span class="dalign">5</span></p>
-<p>resveillent! A l'endemain, au point dou jour, fist</p>
-<p>on sonner les tromptes en l'ost le duc de Normendie.</p>
-<p>Si se armrent et ordonnrent toutes manires</p>
-<p>de gens, et misent cheval, et arroutrent le charoi,</p>
-<p>et passrent le ditte rivire de Selles, et entrrent de <span class="dalign">10</span></p>
-<p>rechief en Haynau, car li dus voloit venir vers Valenchines</p>
-<p>et aviser comment il le poroit assegier.</p>
-<p>Chil qui chevauoient devant, li mareschaus de Mirepois,</p>
-<p>li sires de Noiiers, li Gallois de le Baume et</p>
-<p>messires Thiebaus de Moruel, bien quatre cens lances <span class="dalign">15</span></p>
-<p>sans les bidaus, s'en vinrent devant le Kesnoy</p>
-<p>et approchirent le ville jusques as barrires, et fisent</p>
-<p>samblant qu'il le vorroient assallir; ms elle estoit</p>
-<p>si bien pourveue de bonnes gens d'armes et de</p>
-<p>grant artillerie qu'il y euissent perdu leur painne. <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Nompourquant il escarmucirent un petit devant les</p>
-<p>bailles, mais on les fist tantost retraire, car cil dou</p>
-<p>Kesnoi descliquirent canons et bombardes qui jettoient</p>
-<p>grans quariaus. Si se doubtoient li Franois de</p>
-<p>leurs chevaus, et se retraisent par devers Wargni et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>ardirent Wargni le Grant et Wargni le Petit, Fielainnes,</p>
-<p>Faumars, Semeries, Artre, Artriel, Sautain, Curgies,</p>
-<p>Estruen, Ausnoy et Villers monsigneur Polle.</p>
-<p>Et en voloient les flamesces et li fascon en le ville</p>
-<p>de Valenchines. Et vinrent cil coureur courir par <span class="dalign">30</span></p>
-<p>devant Valenchines. Et entrues ordonnoient li Franois</p>
-<p>leurs batailles sus le mont de Chastres pris de</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_15"> 15</a></span></div>
-<p>Valenchines, et se tenoient l en grant estoffe et</p>
-<p>moult richement. Dont il avint que environ deux</p>
-<p>cens lances des leurs, dont li sires de Craon et li sires</p>
-<p>de Maulevrier et li sires de Matefelon et li sires</p>
-<p>d'Avoir estoient conduiseur, s'avalrent devers Maing, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>et vinrent assallir une forte tour quare, qui pour le</p>
-<p>temps estoit Jehan Bernir de Valenchines. Depuis</p>
-<p>fu elle Jehan de Nuefville. L eut grant assaut, dur</p>
-<p>et fort, et dura pris que tout le jour, ne on n'en</p>
-<p>pooit les Franois partir; si en y eut il mors ne sai <span class="dalign">10</span></p>
-<p>cinq ou six. Et si bien se tinrent et deffendirent cil</p>
-<p>qui le gardoient qu'il n'i prisent point de damage.</p>
-<p>Si s'en vinrent li plus de ces Franois Trit, et cuidirent</p>
-<p>de premires venues l passer l'Escaut; mais</p>
-<p>cil de le ville avoient deffait le pont et deffendoient <span class="dalign">15</span></p>
-<p>le passage roidement et fierement. Et jamais cel</p>
-<p>endroit ne l'euissent li Franois conquis, mais il en</p>
-<p>y eut entre yaus de chiaus qui cognissoient le passage</p>
-<p>et le rivire et le pays; si en menrent bien</p>
-<p>deux cens de piet passer as plankes Prouvi. Quant <span class="chapter">20</span></p>
-<p>cil furent oultre, il vinrent tantos baudement sus</p>
-<p>chiaus de Trit qui n'estoient c'un petit ens ou regard</p>
-<p>d'yaus, et ne peurent durer; si tournrent en fuite.</p>
-<p>Si en y eut des mors et des navrs et des noiis pluiseur.</p>
-<p> <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Ce meismes jour, estoit partis de Valenchines li</p>
-<p>seneschaus de Haynau cent armeures de fier, et issus</p>
-<p>de le ville par le porte d'Anzaing; et pensoit bien</p>
-<p>que cil de Trit aroient faire; si les voloit secourir.</p>
-<p>Dont il avint que, deseure Saint Vaast, il trouva de <span class="dalign">30</span></p>
-<p>rencontre environ vint cinq coureurs franois que</p>
-<p>troi chevalier de Poito menoient, messires Bouchicaus</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_16"> 16</a></span></div>
-<p>li uns, li sires de Surgires li aultres, et messires</p>
-<p>Guillaumes Blondiaus li tiers; et avoient passet</p>
-<p>l'Escaut asss pris de Valenchines, au pont c'on</p>
-<p>dist le Tourielle; et avoient courut par droite bachelerie</p>
-<p>deseure Saint Vaast. Si tretost que li senescaus <span class="dalign">5</span></p>
-<p>de Haynau les perchut, si fu moult lis, car</p>
-<p>bien perchut et vit que c'estoient si ennemit, et feri</p>
-<p>apris yaus et toute se route ossi. L eut bonne</p>
-<p>jouste des uns as aultres. Et me samble que li seneschaus</p>
-<p>de Haynau porta jus de cop de lance monsigneur <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Bouchicau, qui estoit adonc moult apers chevaliers,</p>
-<p>et fu plus encores depuis et marescaus de</p>
-<p>France, si com vous ors avant en l'ystore; et le fist</p>
-<p>fiancier prison et l'envoia en Valenchines; mais je</p>
-<p>ne sai comment ce poet estre, car li sires de Surgires <span class="dalign">15</span></p>
-<p>escapa et se sauva, et ne fu point pris. Ms il fu</p>
-<p>pris messires Guillaumes Blondiel et fiana prison </p>
-<p>monsigneur Henri de Husphalise, et furent pris tout</p>
-<p>li aultre mort et pris. Cilz rencontres detria grandement</p>
-<p>le senescal de Haynau qu'il ne peut venir <span class="dalign">20</span></p>
-<p>temps au pont Trit; mais l'avoient j conquis li</p>
-<p>Franois, quant il y vint; et mettoient grant painne</p>
-<p> abatre les moulins et un petit chastelet qui l estoit.</p>
-<p>Ms si tretost que li senescaus vint en le ville,</p>
-<p>il n'eurent point de loisir, car il furent reboutet et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>reculet villainnement, occis, decop et mis en cache.</p>
-<p>Et les fist on sallir en le rivire d'Escaut, dont il en</p>
-<p>y eut aucuns noiis, et en fu li ville de Trit adonc</p>
-<p>toute delivre. Et vint li senescaus de Haynau passer</p>
-<p>l'Escaut Denaing, et puis chevaua et toute se route <span class="dalign">30</span></p>
-<p>vers son chastiel de Werchin, et se bouta dedens</p>
-<p>pour le garder et deffendre, se mestier faisoit. Et encores</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_17"> 17</a></span></div>
-<p>se tenoit li dus de Normendie et ses batailles</p>
-<p>sus le mont de Castres, et se tint en bonne ordenance</p>
-<p>le plus grant partie dou jour, car il cuidoit</p>
-<p>que cil de Valencines deuissent widier et lui venir</p>
-<p>combatre. Ossi fuissent il trs volentiers. Ms messires <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Henris d'Antoing, qui avoit la ville en garde, leur</p>
-<p>deveoit et deffendoit, et estoit le porte [cambresienne]</p>
-<p>moult ensonniis et en grant painne de yaus</p>
-<p>destourner de non vuidier, et li prevos de le ville</p>
-<p>pour le temps, (avoecques lui,) Jehans de Baissi, qui <span class="dalign">10</span></p>
-<p>les affrenoit ce qu'il pooit, et leur moustra adonc</p>
-<p>tant de belles raisons qu'il s'en souffrirent.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 105. Quant li dus de Normendie et ses batailles,</p>
-<p>qui trs belles estoient regarder, ensi que ci dessus</p>
-<p>est deviset, se furent tenu un grant temps sus le <span class="dalign">15</span></p>
-<p>mont de Castres, et il veirent que nulz ne venroit</p>
-<p>ne isteroit hors de Valenchines pour yaus combatre,</p>
-<p>adonc furent envoiiet li dus d'Athnes et li sires de</p>
-<p>Chastellon, et bien trois cens lances de fortes gens</p>
-<p>et bien monts, pour courir jusques Valencines. <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Chil chevaucirent en trs bonne ordenance, et vinrent</p>
-<p>au ls devers le Tourielle Goguel, et chevaucirent</p>
-<p>moult arreement jusques as bailles de le ville;</p>
-<p>mais il n'i demorrent point plent, car il ressongnirent</p>
-<p>le tret pour leurs chevaus. Et toutes fois li <span class="dalign">25</span></p>
-<p>sires de Chastillon chevaua si avant que ses coursiers</p>
-<p>fu trais et chei desous lui, et le couvint monter</p>
-<p>sus un aultre. Ceste chevaucie prist son tour devers</p>
-<p>les Marlis et les ardirent, et abatirent tous les moulins</p>
-<p>qui l estoient sus le rivire de Wintiel, et puis <span class="dalign">30</span></p>
-<p>prisent leur tour par derrire les Chartrois et revinrent</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_18"> 18</a></span></div>
-<p> leur bataille. Or vous di qu'il estoient demoret</p>
-<p>aucun compagnon franois derrire en le ville</p>
-<p>des Marlis, pour mieus fourer leur aise. Dont il</p>
-<p>avint que cil qui gardoient une tour, qui l est as</p>
-<p>hoirs de Haynau, et fu jadis monsigneur Robert de <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Namur de par ma dame Yzabiel de Haynau sa femme,</p>
-<p>perchurent ces Franois qui l estoient, et si veirent</p>
-<p>bien que li grosse chevaucie estoit retraite: si issirent</p>
-<p>baudement hors, et les assallirent de grant corage:</p>
-<p>et les menrent telz qu'il en turent bien la <span class="dalign">10</span></p>
-<p>moitiet, et leur tollirent tout leur pillage, et puis retournrent</p>
-<p>en leur tour.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Encores se tenoient les batailles sus le mont de</p>
-<p>Castres, et tinrent tout le jour jusques apris nonne,</p>
-<p>que li coureur revinrent de tous costs. Dont eurent <span class="dalign">15</span></p>
-<p>conseil l entre yaus moult grant et disoient li signeur</p>
-<p>que, tout consideret, il n'estoient mies gens</p>
-<p>asss pour assegier une si grande ville que Valenchines</p>
-<p>est. Si eurent finablement conseil de departir</p>
-<p>d'illuech, et de yaus retraire deviers Cambray. Si <span class="dalign">20</span></p>
-<p>s'en vinrent ce soir logier Maing et Fontenielles,</p>
-<p>et furent l toute la nuit, et fisent bon gait et grant.</p>
-<p>A l'endemain, il s'en partirent, mais il ardirent Maing</p>
-<p>et Fontenielles et toute l'abbeye, qui estoit ma</p>
-<p>dame Jehane de Valois, ante dou dit duch et soer <span class="dalign">25</span></p>
-<p>germainne au roy son pre. De quoi li dus fu moult</p>
-<p>couroucis, et fist pendre chiaus qui le feu y avoient</p>
-<p>mis et bout. A ce departement, fu pararse li ville de</p>
-<p>Trit, et li chastiaus et li moulin abatu, et Prouvi,</p>
-<p>Rouvegni, Thians, Monciaus, et tous li plas pays <span class="dalign">30</span></p>
-<p>entre Cambrai et Valencines.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Ce jour, au matin, issirent de Valenchines aucun</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_19"> 19</a></span></div>
-<p>compagnon legier, quant il seurent le departement</p>
-<p>des Franois, et s'en vinrent sus les camps, entour</p>
-<p>le mont de Castres, li Franois avoient est logiet,</p>
-<p>et y trouvrent encores des vivres et des pourveances</p>
-<p>que li Franois y avoient laissies, et pluiseur logeis <span class="dalign">5</span></p>
-<p>o il avoit encores aucuns brigans et Geneuois</p>
-<p>qui tant avoient beu dou soir qu'il s'estoient enivr</p>
-<p>et dormoient encores. Si boutrent cil dit compagnon</p>
-<p>de Valencines le feu en ces logis, et ardirent</p>
-<p>l dedens le[s] dis brigans. Car quant il sentoient le <span class="dalign">10</span></p>
-<p>feu, il s'esvilloient et cuidoient sallir hors; mais il estoient</p>
-<p>decaciet ens de leurs ennemis planons et </p>
-<p>goudendars. Toutes fois, il en y eut un qui salli hors,</p>
-<p>mais il fu pris par pis et par gambes et par bras,</p>
-<p>et jetts en un grant feu qui estoit fais devant le dit <span class="dalign">15</span></p>
-<p>logis, et l fu tous ars. Si est grans meschis de ce</p>
-<p>que chrestiien destruisent ensi li uns l'autre sans</p>
-<p>pit.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Che jour chevaua tant li dus de Normendie qu'il</p>
-<p>vint devant Escauduevre, un bon chastiel et fort dou <span class="dalign">20</span></p>
-<p>conte de Haynau, seant sus le rivire d'Escaut, et</p>
-<p>qui moult grevoit chiaus de Cambrai, avoecques</p>
-<p>chiaus de le garnison de Thun l'Evesque. Dou chastiel</p>
-<p>d'Escauduevre estoit chapitainne et souverains</p>
-<p>messires Gerars de Sassegnies, qui devant ce n'avoit <span class="dalign">25</span></p>
-<p>eu nulle reproce de diffame. Or ne sai je que ce fu</p>
-<p>ne qui l'enchanta, ms li dus n'ot pas sis devant le</p>
-<p>forterce six jours quant elle li fu rendue sainne et</p>
-<p>entire, dont tous li pays fu esmerveillis. Et en furent</p>
-<p>souspeonnet de trahison messires Gerars de <span class="dalign">30</span></p>
-<p>Sassegnies, et uns siens escuiers, qui s'appelloit Robers</p>
-<p>Mariniaus. Chil doi en furent pris et encoupet,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_20"> 20</a></span></div>
-<p>et en morurent villainnement Mons en Haynau. Et</p>
-<p>chil de Cambrai abatirent le chastiel d'Escauduevre,</p>
-<p>et en portrent le pire Cambray, et en fisent remparer</p>
-<p>et refortefiier leur ville.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 106. Apris le prise et le destruction d'Escauduevre, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>se retray li dus Jehans de Normendie en le</p>
-<p>cit de Cambray, et donna une grant partie de ses</p>
-<p>gens d'armes congiet, et les aultres envoia ens s</p>
-<p>garnisons de Lille et de Douay et des forterces voisines.</p>
-<p>Et avint en celle meismes sepmainne que Escauduevre <span class="dalign">10</span></p>
-<p>fu pris, que li Franois qui en Douay estoient</p>
-<p>issirent hors, et chil de Lille avoech yaus, et</p>
-<p>pooient estre environ trois cens lances. Et les conduisoient</p>
-<p>messires Loeis de Savoie et messires Aymars</p>
-<p>de Poitiers, li contes de Genve, li sires de Villars, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et li Gallois de le Bausme avoecques le signeur de</p>
-<p>Wavrain et le signeur de Wasiers, et vinrent en celle</p>
-<p>chevaucie ardoir en Haynau ce biau plain pays d'Ostrevan.</p>
-<p>Et ne demora riens dehors (les fortrches<a id="FNanchor_326" href="#Footnote_326" class="fnanchor">&nbsp;[326]</a>),</p>
-<p>dont cil de Bouain furent moult courouciet, car il <span class="dalign">20</span></p>
-<p>veoient les feus et les fumires au tour d'yaus, et se</p>
-<p>n'i pooient mettre remde. Si envoiirent il en Valenchines</p>
-<p>en disant que, (se) de nuit il (vouloient<a id="FNanchor_327" href="#Footnote_327" class="fnanchor">&nbsp;[327]</a>) issir</p>
-<p>hors environ cinq cens ou six cens armeures de fier, il</p>
-<p>porteroient grant damage as Franois qui estoient <span class="dalign">25</span></p>
-<p>encores tout quoi et logiet ou plain pays; mais cil de</p>
-<p>Valencines n'en eurent point conseil de partir, ne de</p>
-<p>vuidier leur ville. Par ensi n'eurent li Franois point</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_21"> 21</a></span></div>
-<p>d'encontre; si ardirent il Anich et le moitiet d'Ascons,</p>
-<p>Escaudain, Here, Fenain, Denain, Montegni, Warlain,</p>
-<p>Mauni, Aubrecicourt, l'Ourch, Sauch, Ruet, (Nuefville<a id="FNanchor_328" href="#Footnote_328" class="fnanchor">&nbsp;[328]</a>),</p>
-<p>le Lieu Saint Amant et tous les villages qui en ce</p>
-<p>pays estoient, et en remenrent grant pillage et grant <span class="dalign">5</span></p>
-<p>proie en leurs garnisons. Et quant cil de Douay furent</p>
-<p>retrait, li saudoiier de Bouain issirent hors et</p>
-<p>chevaucirent et ardirent l'autre partie de le ville </p>
-<p>d'Ascons, qui se tenoit franoise, et tous les villiaus</p>
-<p>franois jusques ens s portes de Douay, et le ville <span class="dalign">10</span></p>
-<p>d'Eskierchin.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Ensi que je vous ay dit, les garnisons sus les frontires</p>
-<p>estoient pourveues et garnies de gens d'armes,</p>
-<p>et souvent y avoit des chevaucies et des rencontres</p>
-<p>et des fais d'armes des uns as aultres, ensi que en <span class="dalign">15</span></p>
-<p>telz besongnes appertient. Si avint, en celle meisme</p>
-<p>saison, que saudoiier alemant se tenoient<a id="FNanchor_329" href="#Footnote_329" class="fnanchor">&nbsp;[329]</a> de par</p>
-<p>l'evesque de Cambray en le Malemaison, deux</p>
-<p>liewes dou Chastiel Cambrisien, et marchissant d'autre</p>
-<p>part plus pris de Landrecies, dont li sires de Potelles, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>uns appers chevaliers haynuiers, estoit chapitainne</p>
-<p>et gardiiens, car li contes Loeis de Blois, quoi</p>
-<p>qu'il en fust sires, avoit rendu son hommage au</p>
-<p>conte de Haynau, pour tant qu'il estoit franois, et</p>
-<p>li contes le tenoit en se main et le faisoit garder pour <span class="dalign">25</span></p>
-<p>les Franois. Si avoient souvent le hustin cil de le</p>
-<p>Malemaison et cil de Landrecies ensamble. Dont un</p>
-<p>jour sallirent hors de le Malemaison li dessus dit</p>
-<p>Alemant bien arm et bien mont, et vinrent courir</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_22"> 22</a></span></div>
-<p>devant le ville de Landrechies, et acueillirent le</p>
-<p>proie, et l'en menoient devant yaus, quant la nouvelle</p>
-<p>et li haros en vint en Landrechies entre les Haynuiers</p>
-<p>qui l se tenoient. Donc s'arma li sires de</p>
-<p>Potielles et fist armer les compagnons, et montrent <span class="dalign">5</span></p>
-<p> cheval et se partirent pour rescourre as Alemans</p>
-<p>le proie qu'il en menoient. Si estoit adonc li sires de</p>
-<p>Potielles tout devant, et le sievoient ses gens, cescuns</p>
-<p>qui mieus mieus. Ils, qui estoit de grant volent</p>
-<p>et plains de hardement, abaissa son glave et escria as <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Franois qu'il retournaissent, car c'estoit hontes de</p>
-<p>fuir.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>L avoit un escuier alemant que on appelloit Albrest</p>
-<p>de Coulongne, apert homme d'armes durement,</p>
-<p>qui fu tous honteus quant il vey que on le cachoit <span class="dalign">15</span></p>
-<p>ensi; si retourna franchement et abaissa son glave,</p>
-<p>et feri cheval des esporons, et s'adrea sus le signeur</p>
-<p>de Potielles, et li chevaliers sur lui, telement qu'il le</p>
-<p>feri sus sa targe un si grant horion que la glave vola</p>
-<p>en tronchons. Et li Alemans le consievi par tel manire, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>de son glave roide et enfume, que onques ne</p>
-<p>brisa ne ne ploia, ms percha la targe, les plates et</p>
-<p>l'auqueton, et li entra dedens le corps, et le poindi</p>
-<p>droit au coer, et l'abati jus dou cheval navr mort.</p>
-<p>Donc vinrent li compagnon haynuier, li sires de <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Bousies, Gerars de Mastain et Jehans de Mastain et</p>
-<p>li aultre qui de pris le sievoient, qui s'arrestrent</p>
-<p>sur lui, quant en ce parti le veirent, et le regretrent</p>
-<p>durement; et puis requisent les Franois fierement</p>
-<p>et asprement, en contrevengant le signeur de Potielles <span class="dalign">30</span></p>
-<p>qui l gisoit navrs mort. Et combatirent et</p>
-<p>assalirent si dur Albrest et se route qu'il furent desconfi,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_23"> 23</a></span></div>
-<p>mort et pris. Peu en escaprent, et la proie</p>
-<p>(fu) rescousse et ramene, et li prisonnier ossi en</p>
-<p>Landrecies, et li sires de Potiles mors, dont tout</p>
-<p>li compagnon furent cou(rou)ciet<a id="FNanchor_330" href="#Footnote_330" class="fnanchor">&nbsp;[330]</a>.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 107. Apris le signeur de Potielles, li sires de <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Floion fu un grant temps gardiiens de le ville et dou</p>
-<p>chastiel de Landrechies, et couroit souvent sus chiaus</p>
-<p>de Bohain, de le Malemaison et dou Chastiel en Cambresis</p>
-<p>et des forterces voisines, qui ennemies leur</p>
-<p>estoient. Ensi couroient un jour li Haynuier et l'autre <span class="dalign">10</span></p>
-<p>li Franois. Si y avoit souvent des rencontres et</p>
-<p>des escarmuces et des rus jus des uns et des aultres,</p>
-<p>car au voir dire telz besongnes le requirent. Si estoit</p>
-<p>li pays de Haynau en grant tribulacion et en grant</p>
-<p>esmay, car une partie de leur pays estoit ars et essillis; <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et si sentoient encores le duch de Normendie</p>
-<p>sus les frontires, et ne savoient qu'il avoit empenset,</p>
-<p>et si n'ooient nulles (nouvelles<a id="FNanchor_331" href="#Footnote_331" class="fnanchor">&nbsp;[331]</a>) de leur signeur</p>
-<p>le conte. Bien est voirs qu'il avoit estet en Engleterre</p>
-<p>o li rois et li baron dou pays l'avoient grandement <span class="dalign">20</span></p>
-<p>honnour et festiiet; et avoit fait et juret</p>
-<p>grans alliances au roy engls, et s'en estoit partis et</p>
-<p>als en Alemaigne devers l'empereour Loeis de Baivire:</p>
-<p>c'estoit la cause pour quoi il sejournoit tant.</p>
-<p>D'autre part, messires Jehans de Haynau, ses oncles, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>estoit als en Braibant et en Flandres, et avoit remoustr</p>
-<p>au dit duch de Braibant et Jakemon d'Arteveille</p>
-<p>le desolation dou pays de Haynau, et comment</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_24"> 24</a></span></div>
-<p>li Haynuier leur prioient qu'il y volsissent entendre</p>
-<p>et pourveir de conseil. Li dessus dit l'en</p>
-<p>avoient respondut que li contes ne pooit longement</p>
-<p>demorer; et, lui revenu, il estoient tout appareilliet</p>
-<p>d'aler tout leur pooir l o il les vorroit mener. <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Or revenrons nous au duch de Normendie, et recorderons</p>
-<p>comment il assega chiaus de Thun l'Evesque.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 108. Entrues que li dus de Normendie se tenoit</p>
-<p>en le cit de Cambray, li dis evesques et li bourgois</p>
-<p>dou lieu li remoustroient comment li Haynuier <span class="dalign">10</span></p>
-<p>avoient pris et emblet le fort chastiel de Thun, et</p>
-<p>que, par amours et pour se honneur et le pourfit del</p>
-<p>commun pays, il vosist mettre conseil et entente au</p>
-<p>ravoir, car chil de le garnison constraindoient durement</p>
-<p>le pays de l environ. Li dis dus y entendi <span class="dalign">15</span></p>
-<p>volentiers, et fist de recief semonre ses hos, et mist</p>
-<p>ensamble grant fuison de signeurs et de gens d'armes,</p>
-<p>qui se tenoient en Artois et en Vermendois, les</p>
-<p>quelz il avoit eus en se premire chevaucie; et se</p>
-<p>parti de Cambray et s'en vint toutes ses gens logier <span class="dalign">20</span></p>
-<p>devant Thun, sus le rivire d'Escaut, en ces biaus</p>
-<p>plains au ls deviers Ostrevant. Et fist li dus l amener</p>
-<p>et achariier six grans engiens de Cambray et de</p>
-<p>Douay, et les fist drecier et asseoir fortement devant</p>
-<p>le forterce. Chil engien y gettoient nuit et jour pires <span class="dalign">25</span></p>
-<p>et mangonniaus grant fuison, qui effondroient</p>
-<p>et abatoient les combles et les tois des tours, des</p>
-<p>cambres et des salles, et constraindirent par ce dit</p>
-<p>assaut durement chiaus dou chastiel. Et n'osoient li</p>
-<p>compagnon qui le gardoient demorer en cambre ne <span class="dalign">30</span></p>
-<p>en salle qu'il euissent, fors en caves et en celiers.</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_25"> 25</a></span></div>
-<p>Onques gens d'armes ne souffrirent, pour lor honneur,</p>
-<p>en forterce, tant de painne ne de meschief</p>
-<p>que cil fisent. Des quelz estoit souverains et chapitains</p>
-<p>uns chevaliers engls qui s'appelloit messires</p>
-<p>Richars de Limozin, et ossi doi escuier de Haynau, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>frres au signeur de Mauni, Jehans et Thieris. Chil</p>
-<p>troi dessus tous les aultres en avoient toute le carge,</p>
-<p>le painne et le fais, et tenoient les aultres compagnons</p>
-<p>en vertu et en force, et leur disoient: Biau</p>
-<p>signeur, nos sires li gentilz contes de Haynau venra <span class="dalign">10</span></p>
-<p>un de ces jours si grant ost contre les Franois,</p>
-<p>qu'il nous delivera toute honneur de ce peril, et</p>
-<p>nous sara grant gr de ce que si francement nous</p>
-<p>serons tenu.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Ensi reconfortoient li troi dessus dit les compagnons <span class="dalign">15</span></p>
-<p>qui n'estoient mies leur aise, car pour yaus</p>
-<p>plus grever et plus tost amener merci, cil de l'host</p>
-<p>leur jettoient et envoioient par leurs engiens chevaus</p>
-<p>mors et bestes mortes et puans, pour yaulz empunaisier,</p>
-<p>dont il estoient l dedens en grant destrce. <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Car li airs estoit fors et chaus ensi qu'en plain est,</p>
-<p>et furent plus adit et constraint par cel estat que par</p>
-<p>aultre cose. Finablement, il regardrent et considerrent</p>
-<p>entre yaus que celle mesaise il ne pooient longement</p>
-<p>souffrir ne porter, tant leur estoit la punaisie <span class="dalign">25</span></p>
-<p>abhominable. Si eurent conseil et avis de trettier</p>
-<p>unes triewes durer quinze jours, et l en dedens</p>
-<p>segnefiier leur povret monsigneur Jehan de Haynau,</p>
-<p>qui est regars et gardiiens de tout le pays, fin</p>
-<p>qu'il en fuissent confort; et se il ne l'estoient, il <span class="dalign">30</span></p>
-<p>renderoient le forterce au dit duch de Normendie.</p>
-<p>Chilz trettis fu entams et mis avant. Li dus leur</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_26"> 26</a></span></div>
-<p>acorda et mist en souffrance tous assaus et leur donna</p>
-<p>triewes quinze jours, qui fisent moult de biens as</p>
-<p>compagnons dou dit fort, car aultrement il euissent</p>
-<p>est tout mort et empunaisiet sans merci, tant leur</p>
-<p>envoioit (on<a id="FNanchor_332" href="#Footnote_332" class="fnanchor">&nbsp;[332]</a>) de charongnes pouries et d'aultres ordures <span class="dalign">5</span></p>
-<p>par les engiens. Si fisent tantost partir Ostelart</p>
-<p>de Sommaing par le trettiet devisant, qui s'en vint</p>
-<p> Mons en Haynau, et trouva l le signeur de Byaumont</p>
-<p>qui avoit oy nouvelles de son neveu le conte</p>
-<p>de Haynau qui revenoit en son pays, et avoit estet <span class="dalign">10</span></p>
-<p>devers l'Empereur et fait grans alliances lui et as</p>
-<p>signeurs de l'Empire, le duch de Gerles, le conte de</p>
-<p>Jullers, le markis de Blankebourch et tous les aultres.</p>
-<p>Si en enfourma li sires de Byaumont le dit escuier</p>
-<p>Ostelart de Sommaing, et li dist bien que chil <span class="dalign">15</span></p>
-<p>de Thun l'Evesque seroient temprement confort,</p>
-<p>ms que ses cousins fust revenus ou pays.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 109. Le triewe durant, qui fu prise entre le duch</p>
-<p>de Normendie et les saudoiiers de Thun, si com vous</p>
-<p>avs oy, revint li contes de Haynau en son pays, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>dont toutes manires de gens furent resjoy, car moult</p>
-<p>l'avoient desiret. Se li recorda li sires de Byaumont,</p>
-<p>ses oncles, comment les coses avoient alet depuis</p>
-<p>son departement, et quel poissance li dus de Normendie</p>
-<p>avoit entr ne sejourn en son pays, et ars <span class="dalign">25</span></p>
-<p>et destruit tout par del Valencines, except les forterces.</p>
-<p>S'en respondi li contes qu'il seroit bien amendet,</p>
-<p>et que li royaumes de France estoit grans asss</p>
-<p>pour avoir ent satisfation de toutes ces fourfaitures;</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_27"> 27</a></span></div>
-<p>ms briefment il voloit aler devant Thun l'Evesque</p>
-<p>et conforter ses bonnes gens qui gisoient l si honnourablement,</p>
-<p>et qui si loyaument s'i estoient tenu</p>
-<p>et deffendu. Si fist li contes ses mandemens et ses</p>
-<p>priires en Braibant, en Guerles, en Jullers et en Alemaigne <span class="dalign">5</span></p>
-<p>et ossi en Flandres devers son bon ami d'Artevelle.</p>
-<p>Et s'en vint li dis contes Valencines, </p>
-<p>grant fuison de gens d'armes, chevaliers et escuiers</p>
-<p>de son pays et des pays dessus nomms, et toutdis</p>
-<p>li croissoient gens. Et se parti de Valencines en <span class="dalign">10</span></p>
-<p>grant arroy de gens d'armes, de charoi, de tentes,</p>
-<p>de trs, de pavillons et de toutes aultres pourveances,</p>
-<p>et s'en vint logier Nave sur ces biaus plains et</p>
-<p>ces grans prs, tout contreval le rivire d'Eschaut.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>L estoient des signeurs de Haynau avoec le dit <span class="dalign">15</span></p>
-<p>conte et en bon arroy: premierement messires Jehans</p>
-<p>de Haynau, ses oncles, li sires d'Enghien, li sires</p>
-<p>de Wercin, seneschaus de Haynau, li sires d'Antoing,</p>
-<p>li sires de Ligne, li sires de Barbenon, li</p>
-<p>sires de Lens, messires Guillaumes de Bailluel, li sires <span class="dalign">20</span></p>
-<p>de Haverech, chastellains de Mons, li sires de Montegni,</p>
-<p>li sires de Marbais, messires Thieris de Wallecourt,</p>
-<p>mareschaus de Haynau, li sires de le Hamde,</p>
-<p>li sires de Gommegnies, li sires de Roisin, li sires de</p>
-<p>Trasegnies, li sires de Briffuel, li sires de Lalain, li <span class="dalign">25</span></p>
-<p>sires de Mastain, li sires de Sars, li sires de Wargni,</p>
-<p>li sires de Biauriu et pluiseur aultre chevalier et escuier,</p>
-<p>qui tout se logoient dals leur signeur. Asss</p>
-<p>tost apris, y revint li jones contes Guillaumes de</p>
-<p>Namur moult estoffeement deux cens lances, et se <span class="dalign">30</span></p>
-<p>loga ossi sus le rivire d'Escaut en l'ost le conte.</p>
-<p>Apris revinrent li dus de Braibant bien sis cens</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_28"> 28</a></span></div>
-<p>lances, li dus de Guerles, li contes de Jullers, li markis</p>
-<p>de Misse et d'Eurient, li markis de Blankebourch,</p>
-<p>li contes des Mons, li sires de Faukemont, messires</p>
-<p>Ernoulz de Bakehen, et grant fuison d'autres signeurs</p>
-<p>et gens d'armes d'Alemagne et de Witephale. Si se <span class="dalign">5</span></p>
-<p>logirent tout li un apris l'autre, sus le rivire d'Escaut,</p>
-<p> l'encontre de l'ost franoise; et estoient plentiveusement</p>
-<p>(pourveu<a id="FNanchor_333" href="#Footnote_333" class="fnanchor">&nbsp;[333]</a>) de tous vivres, qui leur venoient</p>
-<p>tous les jours de Valenchines et dou pays de</p>
-<p>Haynau voisin yaus. <span class="dalign">10</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 110. Quant cil signeur se furent logiet, ensi que</p>
-<p>vous avs entendu, sus le rivire d'Escaut, et mis</p>
-<p>entre Nave et Yvuis, li dus Jehans de Normendie,</p>
-<p>qui estoit d'autre part le rivire avoecques lui moult</p>
-<p>belle gent, vey que li hos son cousin le conte de <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Haynau croissoit durement; si segnefia tout l'estat au</p>
-<p>roy de France, son pre, qui se tenoit Peronne en</p>
-<p>Vermendois, et estoit tenus plus de six sepmainnes</p>
-<p> grant gent. Lors fist li rois de recief une semonse</p>
-<p>trs especial, et envoia jusques douze cens lances de <span class="dalign">20</span></p>
-<p>bonnes gens d'armes en l'ost son fil. Et asss tos</p>
-<p>apris, il y vint comme saudoiiers au duch son fil,</p>
-<p>car il ne pooit nullement venir main arme sus</p>
-<p>l'Empire, se il voloit tenir son sierement, ensi qu'il</p>
-<p>fist. Et fu tout dis li dis dus chis et souverains de <span class="dalign">25</span></p>
-<p>ceste arme, mais il s'ordonnoit par le conseil dou</p>
-<p>roy son pre.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant cil de Thun l'Evesque veirent lor signeur</p>
-<p>le conte de Haynau venu si poissamment, si en furent</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_29"> 29</a></span></div>
-<p>moult joiant, che fu bien raisons, car moult</p>
-<p>l'avoient desiret, et bien en pensoient estre delivret.</p>
-<p>Le quatrime jour apris qu'il furent l venu et</p>
-<p>(hostilliet<a id="FNanchor_334" href="#Footnote_334" class="fnanchor">&nbsp;[334]</a>) host, vinrent cil de Valencines en grant</p>
-<p>arroy, des quelz Jehans de Baissi, qui prevos estoit <span class="dalign">5</span></p>
-<p>pour le temps, se faisoit mestres et gouvrenres. Si</p>
-<p>tretost que cil de Valencines furent venu, on les</p>
-<p>envoia escarmucier as Franois sus le rivage de l'Escaut,</p>
-<p>pour ensonniier chiaus de l'host, et pour faire</p>
-<p>chiaus de le garnison de Thun l'Evesque voie. L <span class="dalign">10</span></p>
-<p>eut grant escarmuce des uns as aultres, et pluiseur</p>
-<p>quariel tret et lanciet, et tamaint homme navret et</p>
-<p>bleciet. Entrues qu'il entendoient au paleter, li compagnon</p>
-<p>de Thun l'Evesque, messires Richars de Limozin</p>
-<p>et li aultre se partirent dou chastiel et se misent <span class="dalign">15</span></p>
-<p>en l'Escaut. On leur ot appareilliet batiaus et</p>
-<p>nacelles, en quoi on les ala querir d'autre part le</p>
-<p>rivage; si furent amenet en l'ost et devers le conte</p>
-<p>de Haynau, qui liement et doucement les rechut et</p>
-<p>les honnoura moult dou bon service qu'il li avoient <span class="dalign">20</span></p>
-<p>fait, quant si longement et tel meschief il s'estoient</p>
-<p>tenu en Thun l'Evesque.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 111. En dementrues que ces deux hos estoient</p>
-<p>ensi assambles pour le fait de Thun l'Evesque et logies</p>
-<p>sus le rivire d'Escaut, li Franois devers France <span class="dalign">25</span></p>
-<p>et li Haynuier sus leur pays, couroient li fourier fourer</p>
-<p>l o par tout trouver il le pooient de l'un ls et</p>
-<p>de l'autre, ms point ne se trouvoient ne encontroient,</p>
-<p>car la rivire d'Escaut estoit entre deus. Mais</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_30"> 30</a></span></div>
-<p>li Franois parardirent et coururent tout le pays</p>
-<p>d'Ostrevant, che qui demoret y estoit, et li Haynuier</p>
-<p>tout le pays de Cambresis. Et l vint en l'ayde dou</p>
-<p>conte de Haynau et se priire, Jakemes d'Artevelle</p>
-<p> plus de soixante mille Flamens tous bien arms, et <span class="dalign">5</span></p>
-<p>se logirent poissamment l'encontre des Franois.</p>
-<p>Quant il furent venu, moult en fu li contes de Haynau</p>
-<p>lis, car son host en fu grandement renforcie; si</p>
-<p>manda par ses hiraus au duch de Normendie, son</p>
-<p>cousin, que bataille se peust faire entre yaus, et que <span class="dalign">10</span></p>
-<p>ce seroit blasmes pour toutes les parties, se si grant</p>
-<p>gent d'armes qui l estoient se departoient sans bataille.</p>
-<p>Li dus de Normendie respondi, ceste fois,</p>
-<p>qu'il en aroit avis. Chil avis et consaulz fu si lons</p>
-<p>que li hiraut s'en partirent adonc sans avoir certainnes <span class="dalign">15</span></p>
-<p>responses. Dont il avint que, le tierch jour</p>
-<p>apris, li contes de rechief y renvoia, pour mieus</p>
-<p>savoir l'intension dou dit duch et des Franois. Li</p>
-<p>dus en respondi qu'il n'estoit mies encores bien consillis</p>
-<p>de combatre ne de mettre y journe, et dist encores <span class="dalign">20</span></p>
-<p>ensi que li contes de Haynau estoit trop hastieus.</p>
-<p>Quant li contes oy ces parolles, se li sambla uns</p>
-<p>detriemens; si manda tous les plus grans barons de</p>
-<p>l'host et premierement le duch de Braibant, son</p>
-<p>grant signeur, et tous les aultres ensiewant, et puis <span class="dalign">25</span></p>
-<p>leur remoustra sen intention et le response dou duc</p>
-<p>de Normendie; si en demanda avoir conseil. Adonc</p>
-<p>regardrent il cescuns l'un l'autre, et ne veult nulz</p>
-<p>respondre premiers. Toutes fois li dus de Braibant</p>
-<p>parla, pour tant que c'estoit li plus grans de toute <span class="dalign">30</span></p>
-<p>l'ost et tenus li plus sages; si dist que de faire un</p>
-<p>pont ne de combatre as Franois il n'estoit mies d'acort,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_31"> 31</a></span></div>
-<p>car il savoient de certain que li rois engls devoit</p>
-<p>proainnement passer le mer et venir assegier le</p>
-<p>cit de Tournay: Se li avons, ce dist li dus, prommis</p>
-<p>et juret foy, amour et ayde de nous et des nostres;</p>
-<p>dont se nous nos combatons maintenant, et li <span class="dalign">5</span></p>
-<p>fortune fust contre nous, il perderoit son voiage, ne</p>
-<p>nul confort il n'aroit de nous. Et se li journe estoit</p>
-<p>pour nous, il ne nous en saroit gr, car c'est se intention</p>
-<p>que j sans lui, qui chis est de ceste guerre,</p>
-<p>nous ne nos combatons au pooir de France. Mais <span class="dalign">10</span></p>
-<p>quant nous serons devant Tournay, il avoecques</p>
-<p>nous et nous avoecques lui, et li rois de France sera</p>
-<p>d'autre part, envis se departiroient si grans gens</p>
-<p>sans bataille. Si vous conseille, biaus filz, que vous</p>
-<p>vos parts de chi, car vous y sejourns grant frait, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et donns congiet toutes manires de gens d'armes;</p>
-<p>si s'en revoist cescuns en son lieu, car dedens dix</p>
-<p>jours vous ors nouvelles dou roy d'Engleterre. A</p>
-<p>ce conseil se tinrent li plus grant partie des signeurs</p>
-<p>qui l estoient; mais il ne pleut mies encores trop <span class="dalign">20</span></p>
-<p>bien au conte de Haynau, et pria as signeurs et as</p>
-<p>barons tous en general qui l estoient qu'il ne se</p>
-<p>volsissent mies encores partir, car ce seroit trop grandement,</p>
-<p>ce li sambloit, contre se honneur, se li</p>
-<p>Franois n'estoient combatu; et il li eurent tout en <span class="dalign">25</span></p>
-<p>couvent. A ces parolles issirent il hors de parlement,</p>
-<p>et se retrest cescuns son logeis. Trop volentiers se</p>
-<p>fuissent departi chil de Brousselles et de Louvaing,</p>
-<p>car il estoient si tan que plus ne pooient. Et en parlrent</p>
-<p>pluiseurs fois au duch, leur signeur, et li remoustrrent <span class="dalign">30</span></p>
-<p>qu'il gisoient l grant frait, et riens</p>
-<p>n'i faisoient.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_32"> 32</a></span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 112. Quant li contes de Haynau vey son conseil</p>
-<p>variier, et qu'il n'estoient mies bien d'acort de passer</p>
-<p>le rivire d'Escaut, et de combatre les Franois,</p>
-<p>si en fu durement couroucis. Si appella un jour son</p>
-<p>oncle, monsigneur Jehan de Haynau, et li dist: <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Biaus oncles, monts cheval, et chevauchers selonch</p>
-<p>ceste rivire, et appellers qui que soit homme</p>
-<p>d'onneur en l'ost franoise, et dirs de par moy que</p>
-<p>je leur liverai pont pour passer, ms que nous aions</p>
-<p>trois jours de respit ensamble tant seulement pour le <span class="dalign">10</span></p>
-<p>faire, et que je les voel combatre, comment que soit.</p>
-<p>Li sires de Byaumont, qui veoit son neveut en grant</p>
-<p>desir de combatre ses ennemis, li acorda volentiers,</p>
-<p>et dist qu'il iroit et feroit le message. Si vint son</p>
-<p>logeis et s'apparilla bien et frichement, lui troisime <span class="dalign">15</span></p>
-<p>de chevaliers tant seulement, li sires de Fagnuelles</p>
-<p>et messires Florens de Biaurieu, et son pennon devant</p>
-<p>lui, monts sus bons coursiers, et chevaucirent</p>
-<p>ensi sus le rivage d'Escaut.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Et avint que, de l'autre part, li sires de Byaumont <span class="dalign">20</span></p>
-<p>aperut un chevalier de Normendie, le quel il recogneut</p>
-<p>par ses parures; si l'appella et dist: Sire de</p>
-<p>Maubuisson, sire de Maubuisson, parls moy! Li</p>
-<p>chevaliers qui se oy nommer, et qui ossi recogneut</p>
-<p>monsigneur Jehan de Haynau, par le pennon de ses <span class="dalign">25</span></p>
-<p>armes qui estoit devant lui, s'arresta et dist: Sire,</p>
-<p>que plaist vous?&mdash;Je vous pri, dist li sires de</p>
-<p>Byaumont, que vous voellis aler devers le roy de</p>
-<p>France et son conseil, et leur dittes que li contes de</p>
-<p>Haynau m'envoie chi pour prendre une triewe tant <span class="dalign">30</span></p>
-<p>seulement qu'uns pons soit fais sus ceste rivire, par</p>
-<p>quoi vos gens ou li nostre le puissent passer. Et ce</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_33"> 33</a></span></div>
-<p>que li rois ou li dus de Normendie en responderont,</p>
-<p>si le me vens dire, car je vous attenderai tant que</p>
-<p>vous sers revenus.&mdash;Par ma foy, dist li chevaliers,</p>
-<p>monsigneur, volentiers.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Atant se depa(r)ti li sires de Maubuisson, et feri <span class="dalign">5</span></p>
-<p>cheval des esporons, et vint jusques en la tente dou</p>
-<p>roy de France, o li dus de Normendie estoit adonc</p>
-<p>personelment, et grant fuison d'autres signeurs. Li</p>
-<p>sires de Maubuisson salua le roy, le duch et tous les</p>
-<p>signeurs, et relata son message bien et deuement, <span class="dalign">10</span></p>
-<p>ensi qu'il apertenoit, et que cargis en estoit. Quant</p>
-<p>il fu oys et entendus, on l'en respondi moult briefment</p>
-<p>et li dist on: Sire de Maubuisson, vous dirs</p>
-<p>de par nous celui qui chi vous envoie, que en</p>
-<p>tel estat o nous avons tenu le conte de Haynau <span class="dalign">15</span></p>
-<p>jusques ores, nous le tenrons en avant, et li ferons</p>
-<p>despendre et engagier sa terre: ensi sera il guerriis</p>
-<p>de deux costs. Et quant bon nous samblera, nous</p>
-<p>enterons en sa terre si point que nous li pararderons</p>
-<p>tout son pays. <span class="dalign"> 20</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Ces parolles ne plus ne mains raporta li sires de</p>
-<p>Maubuisson monsigneur Jehan de Haynau, qui l</p>
-<p>l'attendoit sus le rivage. Et quant la relation l'en fu</p>
-<p>faite, si dist au chevalier: Grant mercis! Lors s'en</p>
-<p>parti et s'en revint arrire leur logeis, et trouva le <span class="dalign">25</span></p>
-<p>conte de Haynau, son (neveu), qui jeuoit as eschs</p>
-<p>au conte de Namur. Li contes se leva si tost qu'il</p>
-<p>vey son oncle, et li demanda nouvelles. Sire, dist</p>
-<p>messires Jehans de Haynau, ce que je puis veoir et</p>
-<p>considerer, li rois de France et ses consaulz prendent <span class="dalign">30</span></p>
-<p>grant plaisance en ce que vous sejourns chi grant</p>
-<p>frait, et dient ensi qu'il vous feront despendre et engagier</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_34"> 34</a></span></div>
-<p>toute vo terre. Et quant bon leur samblera, il</p>
-<p>vous combateront, non vostre volent ne aise,</p>
-<p>mais le leur. De ces responses fu li contes de Haynau</p>
-<p>tous grigneus, et dist qu'il n'iroit mies ensi.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 113. Nous nos tairons un petit parler dou <span class="dalign">5</span></p>
-<p>duch de Normendie et dou conte de Haynau, et parlerons</p>
-<p>dou roy Edouwart d'Engleterre, qui estoit</p>
-<p>mis sus mer pour venir et arriver, selonch se intention,</p>
-<p>en Flandres, et puis venir en Haynau aidier </p>
-<p>guerriier le conte, son serourge, contre les Franois. <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Ce fu le jour devant le vegille Saint Jehan Baptiste,</p>
-<p>l'an mil trois cens et quarante, qu'il nagoit par mer</p>
-<p> belle carge de naves et de vaissiaus. Et estoit toute</p>
-<p>sa navie partie dou havene de Tamise, et s'en venoit</p>
-<p>droitement pour arriver l'Escluse. <span class="dalign">15</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Et adonc se tenoient entre Blankeberghe et l'Escluse</p>
-<p>et sus le mer messires Hues Kiers, messires</p>
-<p>Pires Bahucs et Barbevaire, plus de sept vint</p>
-<p>gros vaissiaus sans les hokebos. Et estoient bien Normans,</p>
-<p>Bidaus, Geneuois et Pikars quarante mille. Et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>estoient l ancr et arrest, au commandement dou</p>
-<p>roy de France, pour attendre le revenue dou roy</p>
-<p>d'Engleterre, car bien savoient qu'il devoit rapasser;</p>
-<p>se li voloient veer et deffendre le passage, ensi qu'il</p>
-<p>fisent bien et hardiement, tant qu'il peurent, si com <span class="dalign">25</span></p>
-<p>vous ors recorder. Li rois d'Engleterre et li sien,</p>
-<p>qui s'en venoient tout singlant, regardent et voient</p>
-<p>devers l'Escluse si grant quantit de vaissiaus que des</p>
-<p>mas ce sambloient droitement uns bos; si en fu forment</p>
-<p>esmervillis, et demanda au patron de se navie <span class="dalign">30</span></p>
-<p>quelz gens ce pooient estre. Il respondi qu'il cuidoit</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_35"> 35</a></span></div>
-<p>bien que ce fust li arme des Normans que li rois de</p>
-<p>France tenoit sus mer, et qui pluiseurs fois li avoient</p>
-<p>fait grant damage, et tant que ars et robet le bonne</p>
-<p>ville de Hantonne, et conquis <i>Christofle</i>, son grant</p>
-<p>vaissiel, et occis chiaus qui le gardoient et conduisoient. <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Dont respondi li rois engls: J'ay de lonch</p>
-<p>temps desir que je les peuisse combatre; si les combaterons,</p>
-<p>s'il plaist Dieu et saint Jorge, car voirement</p>
-<p>m'ont il fais tant de contraires que j'en voel</p>
-<p>prendre le vengance, se g'i puis avenir. <span class="dalign">10</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Lors fist li rois ordonner tous ses vaissiaus et mettre</p>
-<p>les plus fors devant, et fist frontire tous costs</p>
-<p>de ses archiers; et entre deux nefs d'arciers, en y</p>
-<p>avoit une de gens d'armes. Et encores fist il une bataille</p>
-<p>sus costire, toute purainne d'arciers, pour reconforter, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>se mestier faisoit, les plus lasss. L y</p>
-<p>avoit grant fuison de dames d'Engleterre, contesses,</p>
-<p>baronnesses, chevalereuses et bourgoises de Londres,</p>
-<p>qui venoient veoir le royne d'Engleterre Gand, que</p>
-<p>veue n'avoient un grant temps. Et ces dames fist li <span class="dalign">20</span></p>
-<p>rois engls bien garder et songneusement de trois cens</p>
-<p>armeures de fier et de cinq cens arciers. Et puis pria</p>
-<p>li rois tous que il volsissent penser dou bien faire</p>
-<p>et garder sen honneur; et cescuns li eut en couvent.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 114. Quant li rois d'Engleterre et si mareschal <span class="dalign">25</span></p>
-<p>eurent orden leurs batailles et leurs navies bellement</p>
-<p>et sagement, il fisent tendre et traire les voiles</p>
-<p>contremont, et vinrent au vent, de quartier, sus destre,</p>
-<p>pour avoir l'avantage dou soleil, qui en venant</p>
-<p>lor estoit ou visage. Si s'avisrent et regardrent que <span class="dalign">30</span></p>
-<p>ce les pooit trop nuire, et detriirent un petit, et</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_36"> 36</a></span></div>
-<p>tourniirent tant qu'i(l) l'eurent leur volent. Li</p>
-<p>Normant, qui les veoient tourniier, s'esmervilloient</p>
-<p>trop pour quoi il le faisoient et disoient: Il ressongnent</p>
-<p>et reculent, car il ne sont pas gens pour</p>
-<p>combatre nous. Bien veoient entre yaus li Normant,<span class="dalign">5</span> </p>
-<p>par les banires, que li rois d'Engleterre y estoit</p>
-<p>personelment; si en estoient moult joiant, car</p>
-<p>trop le desiroient combatre. Si misent leurs vaissiaus</p>
-<p>en bon estat, car il estoient sage de mer et bon</p>
-<p>combatant. Et ordonnrent <i>Christofle</i>, le grant vaissiel <span class="dalign">10</span></p>
-<p>que conquis avoient sus les Engls en celle meisme</p>
-<p>ane, tout devant, et grant fuison d'arbalestriers</p>
-<p>geneuois dedens, pour le garder et traire et escarmucier</p>
-<p>as Engls. Et puis s'arroutrent, grant fuison</p>
-<p>de trompes et de tromptes et de pluiseurs aultres <span class="dalign">15</span></p>
-<p>instrumens, et s'en vinrent requerre leurs ennemis.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>L se commena bataille dure et forte, de tous</p>
-<p>costs. Et arcier et arbalestrier commencirent </p>
-<p>traire l'un contre l'autre diversement et roidement,</p>
-<p>et gens d'armes approcier et combatre main <span class="dalign">20</span></p>
-<p>main asprement et hardiement. Et par quoi il peuissent</p>
-<p>mieus avenir li un l'autre, il avoient grans cros</p>
-<p>et havs de fier tenans chainnes; si les jettoient</p>
-<p>ens s nefs li un de l'autre, et les atachoient ensamble,</p>
-<p> fin qu'il se peuissent mieulz aherdre et plus <span class="dalign">25</span></p>
-<p>fierement combatre. L eut une trs dure et forte</p>
-<p>bataille, et mainte apertise d'armes faite, mainte</p>
-<p>luite, mainte prise et mainte rescousse. L fu <i>Christofles</i>,</p>
-<p>cilz grans vaissiaus, auques de commencement</p>
-<p>reconquis des Engls, et tout chil mort et peri <span class="dalign">30</span></p>
-<p>qui le gardoient et deffendoient. Et adonc y eut grant</p>
-<p>hue et grant noise; et approcirent durement li Engls</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_37"> 37</a></span></div>
-<p>et pourveirent incontinent <i>Christofle</i>, ce biel et</p>
-<p>grant vaissiel, de purs arciers qu'il fisent passer tout</p>
-<p>devant et combatre as Geneuois.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 115. Ceste bataille dont je vous parolle fu moult</p>
-<p>felenesse et trs horrible, car batailles et assaus sus <span class="dalign">5</span></p>
-<p>mer sont plus dur et plus fort que sus terre; car l</p>
-<p>ne poet on reculer ne fuir, mais se fault vendre et</p>
-<p>combatre, et attendre l'aventure, et cescun endroit</p>
-<p>de lui moustrer son hardement et se proce. Bien</p>
-<p>est verits que messires Hues Kiers estoit bons chevaliers <span class="dalign">10</span></p>
-<p>et hardis, et ossi messires Pires Bahucs et</p>
-<p>Barbevaires, qui dou temps passet avoient fait maint</p>
-<p>meschief sus mer, et mis fin tamaint Engls. Si</p>
-<p>dura la bataille et la pestilense, de l'eure de prime</p>
-<p>jusques haute nonne. Si pos bien croire que, ce <span class="dalign">15</span></p>
-<p>terme durant, il y eut mainte apertise d'armes faite.</p>
-<p>Et couvint l les Engls souffrir et endurer grant</p>
-<p>painne, car leur ennemit estoient quatre contre un,</p>
-<p>et toute gent de fait et de mer. De quoi li Engls,</p>
-<p>pour tant qu'il besongnoit, se prendoient moult <span class="dalign">20</span></p>
-<p>pris de bien faire.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>L fu li rois d'Engleterre, de sa main trs bons</p>
-<p>chevaliers, car il estoit adonc en le fleur de se jonce.</p>
-<p>Et ossi furent li contes Derbi, li contes de Pennebruch,</p>
-<p>li contes de Herfort, li contes de Hostidonne, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>(ly contes de Kent, ly contes de Norhantonne<a id="FNanchor_335" href="#Footnote_335" class="fnanchor">&nbsp;[335]</a>)</p>
-<p>et de Clocestre, messires Renaulz de Gobehen, messires</p>
-<p>Richars de Stanfort, li sires de Persi, messires</p>
-<p>Gautiers de Mauni, messires Henris de Flandres,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_38"> 38</a></span></div>
-<p>messires Jehans de Biaucamp, li sires de Felleton, li</p>
-<p>sires de Brasseton, messires Jehans Chandos, li sires</p>
-<p>de le Ware, li sires de Muleton et messires Robers</p>
-<p>d'Artois, qui s'appelloit contes de Ricemont, et estoit</p>
-<p>dals le roy en grant arroi et en bonne estoffe, et <span class="dalign">5</span></p>
-<p>pluiseur aultre baron et chevalier, plain d'onneur et</p>
-<p>de proce, des quelz je ne puis mie de tous parler,</p>
-<p>ne leurs bien fais ramentevoir. Mais il s'i esprouvrent</p>
-<p>si bien et si vassaument, par mi un secours de</p>
-<p>Bruges et dou pays voisin qui leur vint, qu'il obtinrent <span class="dalign">10</span></p>
-<p>le place et l'yawe. Et furent li Normant et tout</p>
-<p>cil qui l estoient encontre yaus mort et desconfi, peri</p>
-<p>et noiiet, ne onques pis n'en escapa que tout ne</p>
-<p>fuissent mis (mort<a id="FNanchor_336" href="#Footnote_336" class="fnanchor">&nbsp;[336]</a>). Ceste avenue fu moult tost</p>
-<p>sceue par mi Flandres et puis en Haynau. Et en vinrent <span class="dalign">15</span></p>
-<p>les certainnes nouvelles ens s deux hos, </p>
-<p>heure de mienuit, devant Thun l'Evesque. Si en furent</p>
-<p>Haynuier, Flamench, Alemant et Braibenon</p>
-<p>moult resjoy, et li Franois trs courouciet. Or vous</p>
-<p>conterons dou roy engls comment il persevera <span class="dalign">20</span></p>
-<p>apris la bataille faite.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 116. Quant ceste victore, ensi que dessus est</p>
-<p>dit, fu avenue au roy engls, il demora toute celle</p>
-<p>nuit, qui fu la vigile Saint Jehan Baptiste, sus mer</p>
-<p>en ses naves devant l'Escluse, en grant bruit et en <span class="dalign">25</span></p>
-<p>grant noise de trompes et de nakaires et de toutes</p>
-<p>manires de menestraudies. Et l le vinrent veoir</p>
-<p>chil de Flandres, qui estoient enfourm de se venue.</p>
-<p>Si demanda li dis rois nouvelles as bourgois de Bruges,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_39"> 39</a></span></div>
-<p>de Jakemon d'Artevelle; et cil respondirent qu'il</p>
-<p>estoit une semonse dou conte de Haynau contre le</p>
-<p>duch de Normendie, plus de soixante mille Flamens.</p>
-<p>Ces parolles furent asss plaisans au roy engls.</p>
-<p>Quant ce vint l'endemain, le jour Saint Jehan, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>li rois et toutes ses gens prisent port et terre. Et se</p>
-<p>mist li rois tout piet, et grant fuison de se chevalerie;</p>
-<p>et s'en vinrent en cel estat en pelerinage </p>
-<p>Nostre Dame d'Ardenbourch. L oy messe li rois et</p>
-<p>disna, et puis monta; et vint celi jour, sus le soir, <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Gand, o ma dame la royne sa femme estoit, qui le</p>
-<p>rechut grant joie. Et toutes les gens le roy et tous</p>
-<p>leurs harnois vinrent celle part depuis petit petit.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Li rois d'Engleterre avoit escript et segnefiiet sa</p>
-<p>venue as signeurs qui encores estoient Thun l'Evesque, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>devant les Franois: si ques, si tretost qu'il</p>
-<p>sceurent qu'il estoit arrivs, et qu'il avoit desconfis</p>
-<p>les Normans, il se deslogirent. Et donna li dis contes</p>
-<p>de Haynau, quel priire et mandement il estoient</p>
-<p>l venu, toutes manires de gens congiet, exceptet <span class="dalign">20</span></p>
-<p>les corps des grans signeurs. Mais chiaus l</p>
-<p>amena il en Valenchines, et les festia et honnoura</p>
-<p>grandement, par especial le duch de Braibant et Jakemon</p>
-<p>d'Artevelle. Et l preea li dis d'Artevelle, en</p>
-<p>mi le marchiet, present tous les signeurs et chiaus <span class="dalign">25</span></p>
-<p>qui le peurent or. Et remoustra quelz drois li rois</p>
-<p>d'Engleterre avoit le calenge de France, et ossi quel</p>
-<p>poissance li troi pays avoient, Flandres, Haynau et</p>
-<p>Braibant, quant il estoient d'un accord et d'une alliance</p>
-<p>ensamble. Et fist tant adonc, par ses paroles <span class="dalign">30</span></p>
-<p>et par son grant sens, que toutes manires de gens</p>
-<p>qui l'orent et entendirent, disent qu'il avoit durement</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_40"> 40</a></span></div>
-<p>bien parlet et par grant experiense, et en fu de</p>
-<p>tous moult los et prisis; et disent qu'il estoit bien</p>
-<p>dignes de gouvrener et excerser le cont de Flandres.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Apris ces coses faites et devises, li signeur se</p>
-<p>partirent li un de l'autre, et prisent un brief jour de <span class="dalign">5</span></p>
-<p>estre ensamble Gand dals le roy d'Engleterre. Si</p>
-<p>y furent le sizime jour apris, et vinrent veoir le roy,</p>
-<p>qui les rechut grant chire, et les conjoy et festia</p>
-<p>moult liement. Et ossi fist la royne d'Engleterre,</p>
-<p>Phelippe de Haynau, qui asss nouvellement estoit <span class="dalign">10</span></p>
-<p>releve d'un fil qui s'appelloit Jehans, et fu depuis</p>
-<p>dus de Lancastre de par ma dame, sa femme, fille</p>
-<p>au duch Henri de Lancastre, si com vous ors recorder</p>
-<p>avant en l'ystore. Adonc fu pris et assigns</p>
-<p>uns certains jours de parlement, estre Villevort<span class="dalign">15</span></p>
-<p>tous les signeurs et leurs consaulz, et li consaulz des</p>
-<p>bonnes villes de leurs pays. Si se partirent dou roy</p>
-<p>d'Engleterre, et s'en rala cescuns en son lieu, attendans</p>
-<p>que li termes devoit venir pour estre Vilvort,</p>
-<p>si com dessus est dit. Or vous compterons un petit <span class="dalign">20</span></p>
-<p>dou roy de France, et de aucunes de ses ordenances,</p>
-<p>(qu'il fist depuis<a id="FNanchor_337" href="#Footnote_337" class="fnanchor">&nbsp;[337]</a>) qu'il sceut que li rois engls fu</p>
-<p>arivs en Flandres.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 117. Quant li rois Phelippes de France sceut le</p>
-<p>verit de sen arme sus mer, comment il avoient <span class="dalign">25</span></p>
-<p>est desconfi, et que li rois engls, ses adversaires,</p>
-<p>estoit arrivs paisievlement en Flandres, si en fu durement</p>
-<p>couroucis, ms amender ne le peut; si se</p>
-<p>desloga et se retray viers Arras, et donna une partie</p>
-<p>de ses gens d'armes congiet, jusques tant qu'il oroit <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_41"> 41</a></span></div>
-<p>aultres nouvelles. Mais il envoia monsigneur Godemar</p>
-<p>dou Fay en Tournay, pour l aviser des besongnes,</p>
-<p>et penser que la cit fust bien pourveue, car il</p>
-<p>se doubtoit plus des Flamens que d'autrui. Et mist</p>
-<p>le signeur de Biaugeu en Mortagne, pour faire frontire <span class="dalign">5</span></p>
-<p>contre les Haynuiers; et envoia grant fuison de</p>
-<p>gens d'armes Saint Omer, Aire et Saint Venant;</p>
-<p>et pourvei souffissamment tout le pays, sus les frontires</p>
-<p>de Flandres.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>En ce temps, regnoit uns rois en Sesille, qui s'appelloit <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Robers, qui avoit le fame et le renomme de</p>
-<p>estre trs grans astro(no)miens, et deffendoit, ce qu'il</p>
-<p>pooit, au roy de France et son conseil que point</p>
-<p>ne se combatesist au roy engls, car li dis rois engls</p>
-<p>devoit estre trop fortuns en toutes ses besongnes. <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Et euist volentiers veu li dis rois Robers que on euist</p>
-<p>les dessus dis rois mis acord et fin de leur guerre,</p>
-<p>car il amoit tant la couronne de France que envis</p>
-<p>veist se desolation. Si estoit li dessus dis rois en ce</p>
-<p>temps venus en Avignon devers le pape Clement et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>le Collge, et leur avoit remoustr les perilz qui</p>
-<p>pooient estre en France, par le fait des guerres des</p>
-<p>deux rois, et encores avoech ce priiet et requis qu'il</p>
-<p>se volsissent ensonniier d'yaus apaisenter, pour tant</p>
-<p>qu'il les veoit si esmeus en grant guerre o nulz <span class="dalign">25</span></p>
-<p>n'aloit au devant. De quoi li papes Clemens VI<sup>e</sup> et</p>
-<p>li cardinal l'en avoient respondu tout point et dit</p>
-<p>qu'il y entenderoient volentiers, ms que li doi roy</p>
-<p>en volsissent or.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 118<a id="FNanchor_338" href="#Footnote_338" class="fnanchor">&nbsp;[338]</a>. Or retourrons nous au parlement qui fu 30</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_42"> 42</a></span></div>
-<p>Vilvort, si com dessus est dit. A ce parlement qui</p>
-<p>fu Vilvort, furent tout cil signeur aprs denommet:</p>
-<p>premierement li rois d'Engleterre, li dus Jehans de</p>
-<p>Braibant, li contes de Haynau, messires Jehans de</p>
-<p>Haynau, ses oncles, li dus de Guerles, li contes de <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Jullers, li markis de Blankebourch, li markis de Misse</p>
-<p>et d'Eurient, li contes des Mons, messires Robers</p>
-<p>d'Artois, li sires de Faukemont, messires Guillaumes</p>
-<p>de Duvort, li contes de Namur, Jakemes d'Artevelle,</p>
-<p>et grant fuison d'aultres signeurs; et de toutes les <span class="dalign">10</span></p>
-<p>bonnes villes de Flandres, de Braibant et de Haynau,</p>
-<p>deux ou quatre hommes, par manire de conseil. L</p>
-<p>furent parlement et consilliet pluiseur avis et estatut</p>
-<p>entre les signeurs et leurs pays. Et acordrent et</p>
-<p>seelrent li troy pays, loist assavoir Flandres, Haynau <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et Braibant, qu'il seroient, de ce jour en avant,</p>
-<p>aidant et confortant l'un l'autre, en tous cas et en</p>
-<p>tous afaires. Et se alloiirent par certainnes couvenences</p>
-<p>que, se li uns des trois pays avoit faire contre</p>
-<p>qui que ce fust, li doi autre le devoient aidier. Et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>se il avenoit qu'il fuissent en discort dou temps venir</p>
-<p>li doi ensamble, li tiers y devoit mettre bon acord.</p>
-<p>Et se il n'estoit fors pour ce faire, il s'en devoit traire</p>
-<p>au roy d'Engleterre, en qui main ces couvenences et</p>
-<p>alliances estoient dittes et jures tenir fermes et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>estables, qui comme ressors les devoit apaisenter.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Et furent pluiseur estatut l juret, escript et seelet,</p>
-<p>qui depuis se tinrent trop mal. Mais toutes fois,</p>
-<p>par confirmation d'amour et d'unit, il ordonnrent</p>
-<p> faire forgier une monnoie coursable ens s trois <span class="dalign">30</span></p>
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_43"> 43</a></span></p>
-<p>pays, que on appelleroit <i>compagnons</i> ou <i>alloiis</i>. Sus</p>
-<p>le fin des parlemens, il fu dit et arrest et regard</p>
-<p>pour le milleur que, environ le Magdelainne, li rois</p>
-<p>engls s'esmouveroit et venroit efforciement mettre</p>
-<p>le sige devant le bonne cit de Tournay. Et l y <span class="dalign">5</span></p>
-<p>devoient estre avoecques lui tout li signeur dessus</p>
-<p>nommet, avoech leur mandement de chevaliers et</p>
-<p>d'escuiers, et li pooirs des bonnes villes. Si se partirent</p>
-<p>sus tel estat que pour yaus retraire en leurs</p>
-<p>pays, et appareillier souffisanment, cescun selonch <span class="dalign">10</span></p>
-<p>che qu'il apertenoit, pour estre mieus pourveu, quant</p>
-<p>li jours et li termes venroit qu'il devoi(en)t estre devant</p>
-<p>le cit de Tournay, et cescuns selonch son estat.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 119. Or sceut li rois Phelippes, asss tost apris</p>
-<p>le departement de ces signeurs qui Vilvort avoient <span class="dalign">15</span></p>
-<p>est, le plus grant partie de l'ordenance de ce parlement</p>
-<p>et tout l'estat, et comment li rois engls devoit</p>
-<p>venir assegier le cit de Tournay; si s'avisa qu'il le</p>
-<p>conforteroit telement et y envoieroit si bonne chevalerie,</p>
-<p>que la cit seroit toute seure et bien consillie. <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Si y envoia droitement fleur de chevalerie, le conte</p>
-<p>Raoul d'Eu, connestable de France, et le jone conte</p>
-<p>de Ghines, son fil, le conte de Fois et ses frres, le</p>
-<p>conte Aimeri de Nerbonne, monsigneur Aymart de</p>
-<p>Poitiers, monsigneur Joffroi de Chargni, monsigneur <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Gerart de Montfaucon, ses deux mareschaus monsigneur</p>
-<p>Robert Bertran et monsigneur Mahieu de Trie,</p>
-<p>le signeur de Kaieus, le senescal de Poito, le signeur</p>
-<p>de Chastillon et monsigneur Jehan de Landas. Chil</p>
-<p>avoient avoech yaus chevaliers et escuiers, preus as <span class="dalign">30</span></p>
-<p>armes, et trs bonnes gens. Si leur pria li dis rois</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_44"> 44</a></span></div>
-<p>chierement qu'il vosissent si bien penser et songnier</p>
-<p>de Tournay que nulz damages ne s'en presist; et il</p>
-<p>li eurent en couvent. Adonc se partirent il d'Arras,</p>
-<p>et chevaucirent tant par leurs journes qu'il vinrent</p>
-<p> Tournay. Si y trouvrent monsigneur Godemar <span class="dalign">5</span></p>
-<p>dou Fay, qui en devant y avoit est envoiis, qui</p>
-<p>les rechut liement; et ossi fisent tout li homme de le</p>
-<p>ville. Asss tost apris che qu'il furent venu, il regardrent</p>
-<p>et fisent regarder as pourveances de le</p>
-<p>cit, tant en vivres comme en artillerie, et ordonnrent <span class="dalign">10</span></p>
-<p>bien et point, selonch che qu'il besongnoit;</p>
-<p>et y fisent amener et achariier, dou pays voisin,</p>
-<p>grant fuison de bls et d'avainnes et de toutes aultres</p>
-<p>pourveances, tant que la chit fu en bon point,</p>
-<p>pour lui tenir un grant temps. <span class="dalign">15</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 120<a id="FNanchor_339" href="#Footnote_339" class="fnanchor">&nbsp;[339]</a>. Or retourrons au roy d'Engleterre, qui se</p>
-<p>tenoit Gand, dals la royne sa femme, et entendoit</p>
-<p> ordener ses besongnes. Quant li termes deubt</p>
-<p>approcier que li signeur dessus nommet se devoient</p>
-<p>trouver devant Tournay, et que li bled commenoient <span class="dalign">20</span></p>
-<p> meurir, li rois engls se parti de Gand </p>
-<p>moult belle gent d'armes de son pays, sept contes,</p>
-<p>deux prelas, vingt huit baners et bien deux cens</p>
-<p>chevaliers. Et estoient Engls quatre mille hommes</p>
-<p>d'armes et neuf mille archiers, sans le pietaille. Si <span class="dalign">30</span></p>
-<p>s'en vint et passa et toute sen host parmi le ville de</p>
-<p>Audenarde; et puis passa le rivire d'Escaut, et s'en</p>
-<p>vint logier devant Tournay, le porte c'on dist</p>
-<p>Saint Martin, ou chemin de Lille et de Douay. Asss</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_45"> 45</a></span></div>
-<p>tost aprs, vint ses cousins li dus de Braibant, plus</p>
-<p>de vingt mille hommes, chevaliers et escuiers, et les</p>
-<p>communauts de ses bonnes villes. Et se loga li dis</p>
-<p>dus devant Tournay; et comprendoit sen host grant</p>
-<p>quantit de terre. Et estoient Braibenon logiet au <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Pont Ris, contreval l'Escaut, mouvant de l'abbeye</p>
-<p>Saint Nicolay, revenans vers le Pire et le porte Vale(n)cenoise.</p>
-<p>Apris estoit li contes Guillaumes de</p>
-<p>Haynau avoech belle bachelerie de son pays; et avoit</p>
-<p>grant fuison de Hollandois et de Zellandois, qui le <span class="dalign">10</span></p>
-<p>gardoient de pris, et le servoient ensi que leur signeur.</p>
-<p>Et estoit li contes de Haynau logis entre le</p>
-<p>duch de Braibant et le roi d'Engleterre. Apris estoit</p>
-<p>Jakemes d'Artevelle plus (de) soixante mil Flamens</p>
-<p>sans chiaus de Ippre, de Popringhe et de Cassiel et <span class="dalign">15</span></p>
-<p>de le chastelerie de Berghes, qui estoient envoiiet</p>
-<p>d'autre part, ensi que vous ors chi aprs. Et estoit</p>
-<p>Jakemes d'Artevelle logis le porte Sainte Fontainne,</p>
-<p>d'une part de l'Escaut et d'aultre. Et avoient</p>
-<p>li Flamench fait un pont de nefs sus l'Escaut, pour <span class="dalign">20</span></p>
-<p>aler et venir lor aise. Li dus de Guerles, li contes</p>
-<p>de Jullers, li markis de Blankebourch, li markis de</p>
-<p>Misse et d'Eurient, li contes des Mons, li contes de</p>
-<p>Saumes, li sires de Faukemont, li sires de Bakehen</p>
-<p>et tout li Alemant estoient logiet d'autre part devers <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Haynau, et avoient fait ossi un pont sus l'Escaut, au</p>
-<p>dessus de Tournay, et pooient aler et chevaucier de</p>
-<p>l'une host en l'autre. Ensi estoit la cit de Tournay</p>
-<p>assise et environne de tous ls et de tous costs, ne</p>
-<p>nulz n'en pooit partir, entrer ne aler, que ce ne fust</p>
-<p>par congiet, et qu'il ne fust veus et aperceus de <span class="dalign">30</span></p>
-<p>chiaus de l'ost, sus le quel costet que che fust.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_46"> 46</a></span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 121. Chilz siges fais et arrests devant le cit de</p>
-<p>Tournay, si com vous avs oy, dura longement. Et</p>
-<p>estoit li hos de chiaus de dehors bien pourveue et</p>
-<p>avitaillie de tous vivres, et bon marchiet, car il</p>
-<p>lor venoit de tous ls, par terre et par yawe. Si <span class="dalign">5</span></p>
-<p>y eut, le sige durant, l environ pluiseurs belles</p>
-<p>apertises d'armes faites et pluiseurs chevaucies, des</p>
-<p>qules nous ferons en sievant mention. Car li</p>
-<p>jones contes de Haynau, qui estoit hardis et entreprendans,</p>
-<p>avoit si pris en coer ceste guerre, comment <span class="dalign">10</span></p>
-<p>que de premiers il en fu moult frois, que c'estoit</p>
-<p>cilz par qui toutes se mettoient sus les envaies</p>
-<p>et les chevaucies. Et se parti de l'host une matine,</p>
-<p> bien cinq cens lances, et s'en vint passer desous</p>
-<p>Lille, et ardi le bonne ville de Seclin et grant fuison <span class="dalign">15</span></p>
-<p>de villiaus l environ. Et coururent si coureur jusques</p>
-<p>ens s fourbours de Lens en Artois. Tout ce fu</p>
-<p>record au roy Phelippe, son oncle, qui se tenoit en</p>
-<p>Arras; si en fu moult couroucis, ms amender ne</p>
-<p>le peut tant c' ceste fois. Encores apris ceste chevaucie, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>en remist li contes une sus, et chevaua</p>
-<p>adonc devers le bonne ville d'Orcies; si fu prise et</p>
-<p>arse, car elle n'estoit point freme, et Landas et li</p>
-<p>Celle, et pluiseur bon village qui sont l en ce contour.</p>
-<p>Et coururent tout le pays o il eurent trs grant <span class="dalign">25</span></p>
-<p>pillage, et puis s'en revinrent au sige de Tournay.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>D'autre part, li Flamench assalloient souvent chiaus</p>
-<p>de Tournay, et avoient fait en nefs sus l'Escaut bierfrois</p>
-<p>et atournemens d'assaus; et venoient hurter et</p>
-<p>escarmucier, pris que tous les jours, chiaus de <span class="dalign">30</span></p>
-<p>Tournay. S'en y avoit souvent des navrs, des uns</p>
-<p>et des aultres. Et se mettoient en grant painne li</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_47"> 47</a></span></div>
-<p>Flamench de conquerre et de damagier Tournay,</p>
-<p>tant avoient pris le guerre en coer. Et on dist et</p>
-<p>voirs est qu'il n'est si felle guerre que de voisins et</p>
-<p>d'amis. Et entre les assaus que li Flamench fisent, il en</p>
-<p>y eut un qui dura un jour tout entier. L eut tamainte <span class="dalign">5</span></p>
-<p>grant apertise d'armes faite, car tout li signeur et li</p>
-<p>chevalier qui en Tournay estoient furent cel assaut.</p>
-<p>Et estoit li dis assaus fais en nefs et en vaissiaus, </p>
-<p>ce appareillis de lonch temps, pour ouvrir et pour</p>
-<p>rompre les barrires le posterne de l'arce; mais <span class="dalign">10</span></p>
-<p>elles furent si bien deffendues que li Flamench n'i</p>
-<p>conquisent riens; anois perdirent une nef toute cargie</p>
-<p>de gens, dont il en y eut plus de six vingt noiis;</p>
-<p>et retournrent au soir tout lasset et tout travilliet.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 122. Le sige durant et tenant devant Tournay, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>issirent hors une matine li saudoiier de Saint Amand,</p>
-<p>dont il en y avoit grant fuison, et vinrent Hanon</p>
-<p>qui se tient de Haynau, et ardirent le ville et violrent</p>
-<p>l'abbeye et destruisirent le moustier; et en menrent</p>
-<p>et en portrent devant yaus tout che que mener <span class="dalign">20</span></p>
-<p>et emporter en peurent, et puis retournrent en</p>
-<p>Saint Amand. Asss tost aprs, se partirent li saudoiier</p>
-<p>dessus dit, et passrent le bos de Saint Amand,</p>
-<p>et vinrent jusques l'abbeye de Vicogne, pour le</p>
-<p>ardoir et essillier; et en fuissent venu leur entente, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>car il avoient fait un grant feu contre le porte, pour</p>
-<p>le ardoir et abatre force; mais uns gentilz abbes,</p>
-<p>qui laiens estoit pour le temps, y pourvei de grant</p>
-<p>remde. Car, quant il eut consider le peril, il monta</p>
-<p> cheval et parti par derrire, et chevaua tous les <span class="dalign">30</span></p>
-<p>bos, le couverte, et fist tant que moult quoiteusement</p>
-<span class="pagenum"><a id="Page_48"> 48</a></span>
-<p>il vint Valenchines. Si requist au prevost de</p>
-<p>le ville et as jurs que on li volsist prester les arbalestriers</p>
-<p>de le ville, pour aidier deffendre sa maison;</p>
-<p>et cil li acordrent volentiers. Si les en mena</p>
-<p>dans abbes avoech lui; et passrent derrire Raimes, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>et les mist en ce bois, qui regarde vers le Pourcelet,</p>
-<p>et sus le caucie. L commencirent il traire et </p>
-<p>berser sur ces bidaus et Geneuois, qui estoient devant</p>
-<p>le porte de Vicongne. Si tretost qu'il sentirent</p>
-<p>ces saiettes qui leur venoient de dedens le bos, si furent <span class="dalign">10</span></p>
-<p>tout effra, et se misent au retour, cescuns qui</p>
-<p>mieulz mieulz. Ensi fu li abbeye de Vicongne sauve.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p>En ce temps, estoit li contes de (Lille), en Gascongne,</p>
-<p>de par le roy de France, qui y faisoit la guerre,</p>
-<p>et avoit pris repris et conquis tout le pays d'Acquitainne; <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et y tenoit les champs, plus de six mille</p>
-<p>chevaus; et avoit assis Bourdiaus, par terre et par</p>
-<p>aigue. Si estoient avoecques le dit conte toute li fleur</p>
-<p>de chevalerie des marches de Gascongne, li contes</p>
-<p>de Pieregorth, li contes de Commignes, (ly vicontes <span class="dalign">20</span></p>
-<p>de Carmaing<a id="FNanchor_340" href="#Footnote_340" class="fnanchor">&nbsp;[340]</a>), li viscontes de Villemur, li viscontes</p>
-<p>de Brunikiel, li sires de la Barde et pluiseur aultre</p>
-<p>baron et chevalier. Et n'estoit nulz, de par le roy</p>
-<p>engls, qui leur veast leurs chevaucies, fors tant que</p>
-<p>les forterces englesces se tenoient et gardoient leur <span class="dalign">25</span></p>
-<p>pooir. Et l en ce pays avinrent moult de biaus fais</p>
-<p>d'armes, des quelz nous vous parlerons ch en apris,</p>
-<p>quant temps et lieus sera. Ms nous retourrons encores</p>
-<p>un petit as besongnes qui avinrent en Escoce,</p>
-<p>le sige durant et tenant devant le cit de Tournay. <span class="dalign">30</span></p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_49"> 49</a></span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 123. Vous devs savoir que messires Guillaumes</p>
-<p>de Douglas, filz dou frre monsigneur Guillaume</p>
-<p>de Douglas qui demora en Espagne, si com chi dessus</p>
-<p>est contenu, li jones contes de Mouret, li contes</p>
-<p>Patris, li contes de Surlant, messires Robers de Versi, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>messires Symons Fresel, Alixandres de Ramesay estoient</p>
-<p>demoret chapitainne del remanant d'Escoce,</p>
-<p>et se tenoient et tinrent longement en celle forest de</p>
-<p>Gedours, par yvier temps et par est, par l'espasse</p>
-<p>de sept ans et plus, comme trs vaillans gens; et guerrioient <span class="dalign">10</span></p>
-<p>toutdis les villes et les forterces, l o li rois</p>
-<p>Edowars avoit mis ses gens et ses garnisons; et souvent</p>
-<p>leur avenoit des belles aventures et perilleuses,</p>
-<p>des qules il se partoient grant honneur, par quoi</p>
-<p>on les doit conter entre les preus, ossi fait on. <span class="dalign">15</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Si avint ens ou temps que li rois engls estoit par</p>
-<p>de, et guerrioit le royaume de France, et seoit</p>
-<p>devant Tournay, que li rois Phelippes envoia en Escoce</p>
-<p>gens, qui arrivrent en le ville de Saint Jehan.</p>
-<p>Et prioit adonc li rois de France ces dessus nomms <span class="dalign">20</span></p>
-<p>signeurs d'Escoce qu'il volsissent esmouvoir et</p>
-<p>faire si grant guerre sus le royaume d'Engleterre,</p>
-<p>qu'il couvenist que li rois engls s'en ralast oultre,</p>
-<p>et deffesist son sige de devant Tournay, et leur promist</p>
-<p> aidier et conforter de poissance, de gens et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>d'avoir: si ques, en ce temps que li siges fu devant</p>
-<p>Tournay, cil signeur d'Escoce se pourveirent, </p>
-<p>le requeste dou roy de France, pour faire une grande</p>
-<p>chevaucie sus les Engls. Quant ilz furent bien pourveu</p>
-<p>de grans gens, ensi qu'il leur besongnoit, il se <span class="dalign">30</span></p>
-<p>partirent de le forest de Gedours, et alrent par toute</p>
-<p>Escoce reconquerre des forterces celles qu'il peurent</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_50"> 50</a></span></div>
-<p>ravoir; et passrent oultre le bonne cit de Bervich</p>
-<p>et le rivire de Thin, et entrrent ens ou pays de</p>
-<p>Northombreland, qui jadis fu royaumes. L trouvrent</p>
-<p>ilz bestes grasses grant fuison. Si gastrent</p>
-<p>tout le pays et ardirent jusques le cit de Duremme <span class="dalign">5</span></p>
-<p>et asss oultre; puis s'en retournrent arrire par</p>
-<p>un aultre chemin, gastant et ardant le pays, si qu'il</p>
-<p>destruisirent bien en celle chevaucie trois journes</p>
-<p>long del pays le roy engls; et puis rentrrent ens</p>
-<p>ou pays d'Escoce, et reconquisent toutes les forterces <span class="dalign">10</span></p>
-<p>que li Engls tenoient, hors mis le bonne cit de</p>
-<p>Bervich, et trois aultres fors chastiaus qui leur faisoient</p>
-<p>trop grant anoy et souvent, pour le(s) vaillans</p>
-<p>gens qui les gardoient, et le pays d'entours ossi. Et</p>
-<p>estoient et sont encores chil troi chastiel si fort que <span class="dalign">15</span></p>
-<p> painnes poroit on trouver si fors en nul pays. Si</p>
-<p>appell' on l'un Struvelin, l'autre Rosebourch, et le</p>
-<p>tierch et le souverain de tout le royaume d'Escoce</p>
-<p>Haindebourch. Li chastians de Haindebourch siet</p>
-<p>sus une haute roce, par quoi on voit tout le pays <span class="dalign">20</span></p>
-<p>d'environ. Et est la montagne si roste et si malaisie</p>
-<p>que grant painne y poet uns homs monter, sans</p>
-<p>reposer deux fois ou trois, et ensi uns chevaus demie</p>
-<p>charge. Et estoit cilz adonc qui faisoit plus de</p>
-<p>contraires ces signeurs d'Escoce et leurs gens. Et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>en estoit chastellains et gardiiens, pour le temps de</p>
-<p>lors, uns vaillans chevaliers engls, qui s'appelloit</p>
-<p>messires Gautiers de Limoges, frres germains monsigneur</p>
-<p>Richart de Limosin, qui si vaillamment se</p>
-<p>tint et deffendi Thun l'Evesque contre les Franois. <span class="dalign">30</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p>Or avint, en ce temps que li siges se tenoit devant</p>
-<p>Tournay, et que cil signeur d'Escoce, si com</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_51"> 51</a></span></div>
-<p>dessus est dit, chevauoient parmi le pays d'Escoce,</p>
-<p>reconquerant les forterces leur loyal pooir, messires</p>
-<p>Guillaumes Douglas s'avisa d'un grant fait et</p>
-<p>perilleus et d'une grant subtilet, et le descouvri </p>
-<p>aucuns de ses compagnons, au conte Patris, monsigneur <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Symon Fresiel, qui avoit estet mestres et</p>
-<p>gardiiens dou roy David d'Escoce, et Alixandre de</p>
-<p>Ramesai, qui tout s'i accordrent et se misent en</p>
-<p>celle perilleuse aventure avoecques le bon chevalier</p>
-<p>dessus dit; et prisent bien jusques deux cens compagnons <span class="dalign">10</span></p>
-<p>de ces (Escos<a id="FNanchor_341" href="#Footnote_341" class="fnanchor">&nbsp;[341]</a>) sauvages, pour faire une</p>
-<p>embusche, ensi com vous ors. Chil quatre signeur</p>
-<p>et gouvreneur de tous les Escos, qui savoient le pense</p>
-<p>li uns de l'autre, entrrent en mer toute leur</p>
-<p>compagnie, et fisent pourveance d'avainne, de blanche <span class="dalign">15</span></p>
-<p>farine, et de carbon de fvres; puis arrivrent</p>
-<p>paisievlement un port qui estoit trois liewes</p>
-<p>pris de ce fort chastiel de Haindebourch, qui lor</p>
-<p>destraindoit plus que tout li aultre. Quant il furent</p>
-<p>arrivet, il issirent hors par nuit, et prisent dix ou <span class="dalign">20</span></p>
-<p>douze des compagnons ens s quelz ilz se confioient</p>
-<p>le plus, et se vestirent de povres cotes deschires et</p>
-<p>de povres capiaus, guise de povres marcheans, et</p>
-<p>chargirent douze petis chevals de douze sas, les uns</p>
-<p>emplis d'avainne, les aultres de farine, et le(s) aultres <span class="dalign">25</span></p>
-<p>de charbon de fvres. Et envoiirent les aultres compagnons</p>
-<p>embuschier en une deschire abbeye et gaste</p>
-<p>l o nulz ne demoroit; et estoit asss pris dou</p>
-<p>piet de le montagne sour quoi li chastiaus seoit.</p>
-<p>Quant jours fu, cil marchant, qui estoient couvertement <span class="dalign">30</span></p>
-<p>armet, s'esmurent et se misent au chemin viers</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_52"> 52</a></span></div>
-<p>le chastiel tout les chevaus chargis, ensi que vous</p>
-<p>avs oy. Quant il vinrent au piet de le montagne,</p>
-<p>qui estoit si roste et si malaisie monter, il menrent</p>
-<p>les chevals chargis amont, ensi qu'il peurent.</p>
-<p>Quant il vinrent en le moiien de le montagne, li <span class="dalign">5</span></p>
-<p>dis messires Guillaumes Douglas et messires Symons</p>
-<p>Fresiel alrent devant (et firent les autres venir<a id="FNanchor_342" href="#Footnote_342" class="fnanchor">&nbsp;[342]</a></p>
-<p>tout bellement), et fisent tant qu'il vinrent au</p>
-<p>portier, et li disent qu'il avoient amenet, en grant</p>
-<p>paour, bled, farine et avainne; s'il leur besongnoit,<span class="dalign">10</span></p>
-<p>il leur venderoient volentiers, et bon marchi. Li</p>
-<p>portiers respondi que voirement besongneroient il bien</p>
-<p>en le forterce, mais il estoit si matin qu'il n'oseroit</p>
-<p>esvillier le signeur de le forterce ne le mestre d'ostel;</p>
-<p>mais il fesissent venir avant le pourveance, et il <span class="dalign">15</span></p>
-<p>leur ouveroit le premire porte des bailles. Cil le</p>
-<p>orent volentiers, et fisent passer avant tout bellement</p>
-<p>les aultres avoech leur charge, et entrrent tout</p>
-<p>en le porte des bailles, qui leur fu ouverte. Messires</p>
-<p>Guillaumes Douglas avoit bien veu que li portiers <span class="dalign">20</span></p>
-<p>avoit toutes les cls de le grant porte dou chastiel,</p>
-<p>et avoit couvertement demandet au portier le qule</p>
-<p>deffremoit le porte, et la qule le guicet. Quant la</p>
-<p>porte des bailles fu ouverte, si com vous avs oy, il</p>
-<p>misent ens les chevals, et en deschargirent deux, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>qui portoient les sas plains de charbon, droitement</p>
-<p>sus le suel de le porte, fin que on ne le peuist reclore;</p>
-<p>puis prisent le portier et le turent si paisievlement</p>
-<p>que onques ne dist mot; et prisent les cls,</p>
-<p>et deffremrent le porte dou chastiel. Puis corna li <span class="dalign">30</span></p>
-<p>dis messires Guillaumes Douglas un cor, et jettrent</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_53"> 53</a></span></div>
-<p>il et si treize compagnon les cotes deschires tantost</p>
-<p>jus, et reversrent les aultres sas plains de charbon</p>
-<p>au travers de le porte, par quoi on ne le peuist clore.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant li aultre compagnon, qui estoient embuschiet</p>
-<p>asss pris dou chastiel, ensi que vous avs oy, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>orent le cor sonner, il sallirent hors de l'embuschement</p>
-<p>et coururent contremont le voie del chastiel,</p>
-<p>tant qu'il peurent. Li gaitte, qui dormoit adonc, se</p>
-<p>esvilla au son del cor, et vey gens monter hasteement</p>
-<p>contremont le chastiel, tous arms. Si commena <span class="dalign">10</span></p>
-<p> corner et criier tant qu'il peut: Trahi!</p>
-<p>Trahi! Adonc se esvilla li chastelains, et tout chil</p>
-<p>de laiens ossi s'armrent, si tost qu'il peurent, et</p>
-<p>vinrent tout acourant le porte, qui plus tost peurent,</p>
-<p>pour le refremer, mais on leur devea, car messires <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Guillaumes et si douze compagnon leur deffendirent.</p>
-<p>Adonc monteplia grans hustins entre yaus,</p>
-<p>car chil dou chastiel ewissent volentiers le porte refreme</p>
-<p>pour leurs vies sauver, car il perchevoient</p>
-<p>bien qu'il estoient trahi. Et cil qui bien avoient <span class="dalign">20</span></p>
-<p>acompli leur emprise et leur desirier se penoient</p>
-<p>tant qu'il pooient del detenir; et tant fisent par leur</p>
-<p>proce qu'il detinrent l'entre, tant que cil de l'embuschement</p>
-<p>furent parvenu yaus. Lors se commencirent</p>
-<p> esbahir cil dou chastiel, car il veirent <span class="dalign">25</span> </p>
-<p>bien qu'il estoient souspris. Si s'efforcirent de deffendre</p>
-<p>le chastiel, et de leurs ennemis remettre hors,</p>
-<p>se ilz peuissent, et fisent tant d'armes que merveilles</p>
-<p>estoit regarder, et par especial messires Gautiers</p>
-<p>de Limozin, car il besongnoit. Mais darrain lor deffense <span class="dalign">30</span></p>
-<p>ne les peut sauver, comment qu'il en turent</p>
-<p>et navrrent aucuns de chiaus dehors, que li dis</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_54"> 54</a></span></div>
-<p>messires Guillaumes Douglas et si compagnon ne gaegnassent</p>
-<p>le fort chastiel par force, et occirent le plus</p>
-<p>grant partie de chiaus qui le gardoient, except le</p>
-<p>chastellain et six escuiers qu'il prisent merci. Si</p>
-<p>demorrent laiens tout le jour; puis y establirent <span class="dalign">5</span></p>
-<p>chastellain (ung<a id="FNanchor_343" href="#Footnote_343" class="fnanchor">&nbsp;[343]</a>) gentilhomme dou pays, un escuier</p>
-<p>qui s'appelloit Symons de Weseby, et avoech lui grant</p>
-<p>fuison de bons compagnons et hommes de fief d'Escoce.</p>
-<p>Ensi fu repris li fors chastiaus de Haindebourch</p>
-<p>en Escoce. Et en vinrent les certainnes nouvelles au <span class="dalign">10</span></p>
-<p>roy engls, entrues qu'il seoit devant Tournay, au</p>
-<p>quel sige nous retourrons parler, car il est heure.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 124. Vous avs bien chi dessus oy recorder comment</p>
-<p>li rois engls avoit assegiet le bonne cit de</p>
-<p>Tournay, et moult le constraindoit, car il avoit en <span class="dalign">15</span></p>
-<p>son host plus de six vingt mille hommes as armes,</p>
-<p>parmi les Flamens, li quel s'acquittoient bien de l'assallir.</p>
-<p>Et l'avoient li assegeur telement environn de</p>
-<p>tous costs, que riens ne leur pooit venir, entrer</p>
-<p>ne issir, qu'il ne fust tantost haps et perceus. Et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>pour tant que les pourveances de le cit commencirent</p>
-<p> amenrir, li signeur de France, qui l estoient,</p>
-<p>fisent widier toutes manires de povres gens, qui</p>
-<p>pourveu n'estoient pour attendre l'aventure, et les</p>
-<p>misent hors plain jour, hommes et femmes; et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>passrent parmi l'ost dou duch de Braibant qui leur</p>
-<p>fist grasce, car il les fist conduire sauvement tout</p>
-<p>oultre l'ost. Li rois engls entendi bien par chiaus et</p>
-<p>par aultres que la cit estoit durement astrainte; si en</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_55"> 55</a></span></div>
-<p>fu plus joieus, et pensa que bien il le conquerroit,</p>
-<p>com longement ne quel fret que il y mesist.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>D'autre part, li rois de France, qui se tenoit Arras,</p>
-<p>et estoit tenus toute le saison, entendi que cil de</p>
-<p>Tournay estoient moult constraint, et qu'il avoient <span class="dalign">5</span></p>
-<p>grant mestier d'estre confort. Si s'ordena ce qu'il</p>
-<p>les conforteroit, quel mescief que ce fust, car il</p>
-<p>ne voloit mies perdre une tle cit que Tournay estoit.</p>
-<p>Si fist un trs grant mandement par tout son</p>
-<p>royaume, et ossi une grant priire en l'Empire, tant <span class="dalign">10</span></p>
-<p>qu'il eut le roy Charlon de Behagne, le duch de</p>
-<p>Loeraingne, le conte de Bar, (l'evesque de Lige, l'evesque</p>
-<p>de Mis<a id="FNanchor_344" href="#Footnote_344" class="fnanchor">&nbsp;[344]</a>), l'evesque de Vredun, le conte de</p>
-<p>Montbliar, messire Jehan de Chalon, le conte de Genve,</p>
-<p>et ossi le conte de Savoie et monsigneur Loeis <span class="dalign">15</span></p>
-<p>de Savoie son frre. Tout cil signeur vinrent servir</p>
-<p>le roy de France, ce qu'il peurent avoir de gens.</p>
-<p>D'autre part, revinrent li dus de Bretagne, li dus de</p>
-<p>Bourgongne, li dus de Bourbon, li contes d'Alenon,</p>
-<p>li contes de Fors, li contes d'Ermignach, li contes <span class="dalign">20</span></p>
-<p>de Flandres, li contes de Blois, messires Charles de</p>
-<p>Blois, li contes de Harcourt, li contes de Dammartin,</p>
-<p>li sires de Couci, et si grant fuison de barons et</p>
-<p>de signeurs, que le nommer par nom et par sournom</p>
-<p>seroit uns grans detriemens. Aprs revint li rois de <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Navare, tout grant fuison de gens d'armes de Navare</p>
-<p>et de le terre qu'il tenoit en France, dont il</p>
-<p>estoit homs au roy. Et si y estoit li rois David d'Escoce,</p>
-<p> le delivrance dou roy de France, belle</p>
-<p>route de gens d'armes. <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_56"> 56</a></span></div>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 125. Quant tout cil signeur dessus nommet et</p>
-<p>plus encores furent venus Arras devers le roy, il</p>
-<p>eut conseil de chevaucier et de traire par devers ses</p>
-<p>ennemis; si s'esmeut, et cescuns le sievi, ensi que</p>
-<p>ordonn estoit. Et fisent tant par leurs petites journes <span class="dalign">5</span></p>
-<p>qu'il vinrent jusques une petite rivire, qui</p>
-<p>est trois liewes pris de Tournay, la qule est moult</p>
-<p>parfonde et environne de si grans c(r)olires et mars,</p>
-<p>que nulz ne le pooit passer fors parmi un petit</p>
-<p>pont si estroit que uns seulz homs cheval seroit <span class="dalign">10</span></p>
-<p>asss ensonniis dou passer oultre; doi homme ne s'i</p>
-<p>poroient combiner. Et loga trestous li hos sus les</p>
-<p>camps sans passer le rivire, car il ne peuissent.</p>
-<p>L'endemain, li hos demora tous quois. Li signeur,</p>
-<p>qui estoient dals le roy, eurent conseil comment il <span class="dalign">15</span></p>
-<p>peuissent faire pons, pour passer le rivire dessus</p>
-<p>ditte et les crolires plus aise et plus seurement. Si</p>
-<p>furent envoiiet aucun chevalier et ouvrier, pour regarder</p>
-<p>le passage; mais quant il eurent tout consider</p>
-<p>et avis, il regardrent qu'il perdoient le temps; <span class="dalign">20</span></p>
-<p>si raportrent au roy qu'il n'i avoit point de passage,</p>
-<p>fors par le pont Tressin tant seulement. Si demora</p>
-<p>la cose en cel estat, et se logirent li signeur, cescuns</p>
-<p>sires par lui et entre ses gens. Les nouvelles</p>
-<p>s'espardirent par tout que li rois de France estoit <span class="dalign">25</span></p>
-<p>logis au pont Tressin, et entre le pont de Bouvines,</p>
-<p>en entente de combatre ses ennemis: si ques</p>
-<p>toutes manires de gens d'onneur, qui desiroient </p>
-<p>acquerre grasce par fait d'armes, se traioient celle</p>
-<p>part, tant d'un ls comme de l'autre. <span class="dalign">30</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or avint que troi chevalier alemant, qui se tenoient</p>
-<p>en le garnison de Bouchain, furent informet que li</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_57"> 57</a></span></div>
-<p>doi roy s'approoient durement, et que on supposoit</p>
-<p>bien qu'il se combateroient. De quoi, li doi</p>
-<p>priirent tant leur compagnon qu'il s'acorda ce</p>
-<p>qu'il demorroit, et li aultre iroient devant Tournay</p>
-<p>querre les aventures; et garderoit le forterce bien et <span class="dalign">5</span></p>
-<p>songneusement jusques leur retour. Si se partirent</p>
-<p>li doi chevalier, dont on clamoit l'un monsigneur</p>
-<p>Conrart de Leusennich, et l'autre monsigneur Conrart</p>
-<p>d'Asko; et chevaucirent tant qu'il vinrent vers</p>
-<p>Escaupons, deseure Valencines, car il voloient passer <span class="dalign">10</span></p>
-<p>l'Escaut Condet. Si orent, entre Frasne et Escaupons,</p>
-<p>grant effroi de gens, et en veirent pluiseurs</p>
-<p>fuians. Dont brocirent il celle part et leur route, et</p>
-<p>pooient estre environ vingt cinq lances; si encontrrent</p>
-<p>les premiers qui fuioient, et leur demandrent <span class="dalign">15</span></p>
-<p>qu'il leur falloit ne estoit avenu. En non Dieu, signeur,</p>
-<p>ce respondirent li fuiant, li saudoiier de Mortagne</p>
-<p>sont issu et ont accueilliet grant proie chi entours,</p>
-<p>et l'enmainnent et cacent devers leur forterce,</p>
-<p>et avoech ou pluiseurs prisonniers de che pays. <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Donc respondirent li chevalier alemant: Et nous</p>
-<p>saris vous mener celle part o il vont?&mdash;En</p>
-<p>nom Dieu, signeur, oil. Adonc se sont li Alemant</p>
-<p>mis en cace apris les Franois de Mortagne, et ont</p>
-<p>sievis les bonhommes dou pays qui les avoiirent <span class="dalign">25</span></p>
-<p>parmi le bois; et adevancirent les dessus dis asss</p>
-<p>pris de Nostre Dame ou Bois et dou Crousage.</p>
-<p>Et estoient bien li Franois six vingt saudoiiers;</p>
-<p>et enmenoient devant yaus bien deux cens grosses</p>
-<p>bestes et aucuns prisonniers paysans dou pays. Et <span class="dalign">30</span></p>
-<p>estoit adonc leur chapitainne, de par le signeur de</p>
-<p>Biaugeu, uns chevaliers de Bourgongne qui s'appelloit</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_58"> 58</a></span></div>
-<p>messires Jehans de Frelais. Sitost que li Alemant</p>
-<p>les veirent, il les escriirent fierement et se boutrent</p>
-<p>de grant randon en yaus. Et l eut bon hustin et</p>
-<p>dur, car li chevaliers bourghignons se mist deffense</p>
-<p>bien et hardiement, et li aucun de se route, et <span class="dalign">5</span></p>
-<p>non pas tout, car il y eut pluiseurs bidaus qui fuirent;</p>
-<p>mais il furent de si pris encauciet des Alemans</p>
-<p>et des villains dou pays, qui les sievoient, as planons</p>
-<p>et as bourls, que petit en escaprent qu'il ne</p>
-<p>fuissent mort et atieret. Et y fu messires Jehans de <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Frelais pris, et toute la proie (rescousse<a id="FNanchor_345" href="#Footnote_345" class="fnanchor">&nbsp;[345]</a>) et rendue</p>
-<p>as hommes dou pays, qui grant gret en sceurent as</p>
-<p>Alemans. Depuis ceste avenue, s'en vinrent li chevalier</p>
-<p>devant Tournay, o il furent li bien venu.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 126. Asss tost apris chou que li rois de France <span class="dalign">15</span></p>
-<p>s'en fu venus logier host au pont Tressin, se mist</p>
-<p>une compagnie de Haynuiers sus, par l'enhort monsigneur</p>
-<p>Wauflart de le Crois, qui leur dist qu'il cognissoit</p>
-<p>tout le pays, et qu'il les menroit bien en tel</p>
-<p>lieu sus l'ost de France o il gaegneroient. Si se partirent <span class="dalign">20</span></p>
-<p> son enhort, et pour faire aucun biau fait</p>
-<p>d'armes, une ajourne, environ six vingt compagnons,</p>
-<p>chevaliers et escuiers, tout pour l'amour li</p>
-<p>uns de l'autre, et chevaucirent devers le pont </p>
-<p>Tressin, et fisent de monsigneur Guillaume de Bailluel <span class="dalign">25</span>leur chief, et se banire se devoient tout ralloiier.</p>
-<p>Ceste meisme matine, chevauoient li Liegois,</p>
-<p>dont messires Robers de Bailluel, frres germains au</p>
-<p>dessus dit monsigneur Guillaume, estoit chis, de</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_59"> 59</a></span></div>
-<p>par les Liegois; car adonc il estoit, et faire le devoit,</p>
-<p>avoecques l'evesque de Lige. Si avoient li Liegois</p>
-<p>passet le pont Tressin, et estoient espars en ces</p>
-<p>biaus plains, entre Tressin et Baisieu, et estoient en</p>
-<p>fourage pour leurs chevaus, et ossi pour veoir se il <span class="dalign">5</span></p>
-<p>trouveroient nulle aventure o il peuissent pourfiter.</p>
-<p>Li Haynuier chevaucirent celle matine, qui d'encontre</p>
-<p>nul n'en trouvrent, car il faisoit si grant</p>
-<p>bruine que on ne pooit veoir un demi bonnier de</p>
-<p>terre loing; et passrent le pont baudement et sans <span class="dalign">10</span></p>
-<p>encontre, et messires Wauflars de le Crois (devant<a id="FNanchor_346" href="#Footnote_346" class="fnanchor">&nbsp;[346]</a>)</p>
-<p>qui les menoit. Quant il furent tout oultre, il ordonnrent</p>
-<p>que messires Guillaumes de Bailluel et se</p>
-<p>banire demorroient au pont, et messires Wauflars</p>
-<p>de le Crois, et messires Rasses de Monciaus, et messires <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Jehans de Sorres, et messires Jehans de Wargni</p>
-<p>courroient devant.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Si se departirent li coureur et chevaucirent si</p>
-<p>avant que il s'embatirent en l'ost le roy de Behagne</p>
-<p>et de l'evesque de Lige, qui asss pris dou pont <span class="dalign">20</span></p>
-<p>estoient logiet. Et avoit la nuit fait le gait en l'ost le</p>
-<p>roy de Behagne li sires de Rodemach; et j estoit</p>
-<p>sus son departement, quant li coureur haynuier vinrent;</p>
-<p>si leur sallirent au devant hardiement, quant il</p>
-<p>les veirent venir. Et ossi Liegois s'estourmirent; si <span class="dalign">25</span></p>
-<p>reboutrent ces coureurs moult asprement. Et y eut</p>
-<p>l adonc moult bon puigneis, car Haynuier vassaument</p>
-<p>s'i esprouvrent. Toutes fois, pour revenir </p>
-<p>leur banire, il se misent devers le pont. E vous Liegois</p>
-<p>et Lussemboursins apris venus au pont leur <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_60"> 60</a></span></div>
-<p>banire. L y eut grant bataille. Et fu consilliet monsigneur</p>
-<p>Guillaume de Bailluel qu'il rapassast le pont,</p>
-<p>et se banire, car il avoient encores de leurs compagnons</p>
-<p>oultre. Si rapassrent Haynuier au mieus qu'il</p>
-<p>peurent. Et y eut au passer mainte belle apertise d'armes <span class="dalign">5</span></p>
-<p>faite, mainte prise et mainte rescousse. Et avint</p>
-<p>que messires Waufflars de le Crois fu si quoitis que</p>
-<p>il ne peut rapasser le pont; si doubta le peril et qu'il</p>
-<p>ne fust pris; si s'avisa qu'il se sauveroit. Si issi hors</p>
-<p>de le presse, au mieulz qu'il peut, et prist un chemin <span class="dalign">10</span></p>
-<p>qu'il cognissoit asss, et se vint bouter en uns mars,</p>
-<p>entre rosiaus et crolires, et se tint l un grant temps.</p>
-<p>Et li aultre toutdis se combatoient. Les quelz Liegois</p>
-<p>et Lussemboursins avoient j rus jus et abatu le</p>
-<p>banire monsigneur Guillaume de Bailluel. <span class="dalign">15</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>A ces cops vinrent cil de le route monsigneur Robert</p>
-<p>de Bailluel, qui venoient de courir, et entendirent</p>
-<p>le hustin; si chevaucirent celle part. Et fist passer</p>
-<p>messires Robers de Bailluel sa banire devant,</p>
-<p>que uns siens escuiers portoit, qui s'appelloit Jakemes <span class="dalign">20</span></p>
-<p>de Forsvie, en escriant: Moriaums! Li Haynuier,</p>
-<p>qui j estoient tout escauff, perchurent le</p>
-<p>banire de Moriaums qui estoit toute droite; si cuidirent</p>
-<p>que ce fust li leurs o il se devoient radrecier;</p>
-<p>car moult petit de differense y avoit de l'un <span class="dalign">25</span></p>
-<p>l'autre, car les armes de Moriaums sont vairiet contre</p>
-<p>vairiet, deux kievirons de geules; et sus le kieviron</p>
-<p>messires Robers portoit une petite croiste d'or:</p>
-<p>si ne l'avisrent mies bien, pour tant en furent il</p>
-<p>deceu; et se vinrent de fait bouter desous le banire <span class="dalign">30</span></p>
-<p>monsigneur Robert. L y eut dur hustin. Et furent</p>
-<p>li Haynuier fierement rebout et tout desconfi. Et y</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_61"> 61</a></span></div>
-<p>furent mort troy bon chevalier de leur cost, messires</p>
-<p>Jehans de Wargni, messires Gontiers de Pontelarce,</p>
-<p>messires Guillaumes de Pipempois, et pluiseur</p>
-<p>aultre bon escuier et homme d'armes, dont ce fu</p>
-<p>damages, et pris messires Jehans de Sorre, messires <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Daniaus Bleze, messires Rasses de Monchiaus, messires</p>
-<p>Loeis de Jupeleu et pluiseur aultre. Et retourna</p>
-<p>au mieus qu'il peut messires Guillaumes de Bailluel,</p>
-<p>qui se sauva, quoi qu'il y perdesist asss des siens.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>D'autre part, messires Wauflars de le Crois, qui <span class="dalign">10</span></p>
-<p>s'estoit bouts et repus entre mars et rosiaus, et se</p>
-<p>cuidoit l tenir jusques le nuit, fu perceus d'aucuns</p>
-<p>compagnons qui chevauoient sus ces mars et</p>
-<p>voloient de leurs oisiaus, et estoient au signeur de</p>
-<p>Saint Venant; si fisent si grant noise et si grant bruit <span class="dalign">15</span></p>
-<p>que messires Wauflars issi hors, tous desconfis, et se</p>
-<p>vint rendre yaus. Il le prisent et le ramenrent en</p>
-<p>l'ost, et le delivrrent leur mestre, qui le tint un</p>
-<p>jour tout entier en son logeis, et l'euist volentiers</p>
-<p>sauv, se il peuist, par cause de pit, car bien savoit <span class="chapter">20</span></p>
-<p>qu'il estoit pris sus le teste. Ms il fu accuss,</p>
-<p>car les nouvelles vinrent au roy de France de le besongne,</p>
-<p>comment elle avoit al, et de monsigneur</p>
-<p>Robert de Bailluel, qui avoit ruet jus son frre et les</p>
-<p>Haynuiers, et ossi de monsigneur Waufflart de le <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Crois, qui avoit est pris, o et comment. Pour quoi</p>
-<p>li rois en volt avoir le cognissance. Se li fu rendus</p>
-<p>li dis messires Wauflars, qui eut moult mal finet;</p>
-<p>car li dis rois, (pour complaire ceulx de Lille<a id="FNanchor_347" href="#Footnote_347" class="fnanchor">&nbsp;[347]</a>),</p>
-<p>pour tant qu'il li avoient delivret le conte de Sallebrin <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_62"> 62</a></span></div>
-<p>et le conte de Sufforch, leur rendi monsigneur</p>
-<p>Waufflart, qui grant temps les avoit guerriis. Dont</p>
-<p>cil de Lille furent moult joiant, pour tant qu'il leur</p>
-<p>avoit est grans ennemis; et le fisent depuis morir en</p>
-<p>leur ville; onques n'en veurent prendre nulle raenon. <span class="dalign">5</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 127. De l'avenue monsigneur Robert de Bailluel</p>
-<p>et des Liegois qui avoient ruet jus les Haynuiers,</p>
-<p>fu li rois Phelippes tous joians, et en loa grandement</p>
-<p>tous chiaus qui y avoient estet. D'autre part, li contes</p>
-<p>de Haynau et chil qui leurs amis avoient perdus, <span class="dalign">10</span></p>
-<p>en furent tout courouciet, et ce fu bien raisons. Or</p>
-<p>avint, asss tost apris que ceste chevaucie dessus</p>
-<p>ditte fu avenue, li contes de Haynau, messires Jehans</p>
-<p>de Haynau, ses oncles, messires Gerars de Wercin,</p>
-<p>seneschaus de Haynau, et bien six cens lances de <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Haynuiers et d'Alemans se departirent dou sige de</p>
-<p>Tournay, et s'en vinrent devant Mortagne. Et manda</p>
-<p>li dis contes chiaus de Valenchines qu'il venissent</p>
-<p>d'aultre part, et se mesissent entre le Scarp et l'Escaut,</p>
-<p>pour assallir le ville; li quel y vinrent en grant <span class="dalign">20</span></p>
-<p>estoffe, et fisent achariier et amener grans engiens,</p>
-<p>pour jetter le ville.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or vous di que li sires de Biauge(u), qui estoit dedens</p>
-<p>et chapitainne de Mortagne, et uns moult sages</p>
-<p>guerroiires, s'estoit bien doubts de ces assaus, pour <span class="dalign">25</span></p>
-<p>tant que Mortagne siet si pris de l'Escaut et de Haynau,</p>
-<p>et de tous costs. Et avoit fait piloter le ditte</p>
-<p>rivire d'Escaut, fin que on n'i peuist naviier; et y</p>
-<p>pooit avoir, par droit compte, plus de douze cens</p>
-<p>pilos. Pour ce ne demora mies que li contes de Haynau <span class="dalign">30</span></p>
-<p>et li Haynuier n'i venissent de l'un des costs,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_63"> 63</a></span></div>
-<p>et cil de Valencines de l'autre. Si se ordonnrent</p>
-<p>et appareillirent et sans delay pour assallir. Et fisent</p>
-<p>li Valenciennois tous leurs arbalestriers traire avant</p>
-<p>et approcier les barrires; mais il y avoit si grant</p>
-<p>trenceis de fosss qu'il n'i pooient avenir. Lors s'avisrent <span class="dalign">5</span></p>
-<p>li aucun qu'il passeroient oultre le Scarp,</p>
-<p>comment qu'il fust, au desous de Chastiaus l'Abbeye,</p>
-<p>et venroient au ls devers Saint Amand, et feroient</p>
-<p>assaut le porte qui oevre devers Maude. Si</p>
-<p>passrent aucun compagnon volentrieu et armers, et <span class="dalign">10</span></p>
-<p>fisent tant qu'il furent oultre le rivire, ensi que proposet</p>
-<p>avoient; et furent bien quatre cens tout able</p>
-<p>et legier et en grant volent de bien faire le besongne.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Ensi fu Mortagne environne, trois portes, des</p>
-<p>Haynuiers, et tous prs de l'assallir. Mais au plus <span class="dalign">15</span></p>
-<p>foible des costs, c'estoit devers Maude, si y faisoit</p>
-<p>il fort asss. Toutes fois, li sires de Biaugeu vint celle</p>
-<p>part, trop bien pourveus dou deffendre, car bien savoit</p>
-<p>que d'autre part il n'avoit que faire; et tenoit</p>
-<p>un glave roit et fort un lonch fer bien aceret, et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>desous ce fier avoit un havet agut et prendant: si</p>
-<p>ques, quant il avoit lanciet et il pooit sachier, en fichant</p>
-<p>le havet en plates ou en haubregon dont on</p>
-<p>estoit armet, il couvenoit c'on en venist ou c'on fust</p>
-<p>revers en l'aigue. Par ceste manire, en atrapa il et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>noia ce jour plus de une dousainne. Et fu celle</p>
-<p>porte li assaus plus grans que nulle part. Et riens</p>
-<p>n'en savoit li contes de Haynau, qui estoit au ls devers</p>
-<p>Brifuel, tout rengiet sus le rivage de l'Escaut.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Et avisrent l li signeur entre yaus voie et engien <span class="dalign">30</span></p>
-<p>comment on poroit tous les pilos, dont on avoit pilot</p>
-<p>l'Escaut, oster et traire hors par force ou par</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_64"> 64</a></span></div>
-<p>soubtilit, par quoi on peuist nagier jusques as murs.</p>
-<p>Si avisrent et ordonnrent faire en une grosse nef</p>
-<p>un engien, qui tous les attrairoit hors l'un apris</p>
-<p>l'autre. Dont furent carpentier mandet et mis en oeuvre,</p>
-<p>et li dis engiens fais en une nef. Ossi ce meisme <span class="dalign">5</span></p>
-<p>jour, levrent cil de Valencines leur costet un</p>
-<p>trs biel engien et bien gettant, qui portoit grosses</p>
-<p>pires jusques dedens le ville et au chastiel, et travilloit</p>
-<p>durement chiaus de Mortagne. Ensi passrent</p>
-<p>ce premier jour et le nuit ensiewant, en assallant, <span class="dalign">10</span></p>
-<p>avisant et devisant comment il poroient grever Mortagne;</p>
-<p>et l'endemain se traisent l'assaut de tous</p>
-<p>costs. Encores n'estoit point le second jour fais li</p>
-<p>engiens qui devoit traire les pillos hors. Mais li engiens</p>
-<p>de chiaus de Valencines jettoit (uniement<a id="FNanchor_348" href="#Footnote_348" class="fnanchor">&nbsp;[348]</a>) <span class="dalign">15</span></p>
-<p>chiaus de Mortagne.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p> 128. Le tierch jour apris, fu la nef toute ordonne</p>
-<p>et abillie, et li engiens dedens assis et apparillis,</p>
-<p>pour traire hors les pillos. Lors commencirent</p>
-<p> aler cil qui s'en ensonnioient au dessus dou <span class="dalign">20</span></p>
-<p>pilotis, et emprisent ouvrer, si com command leur</p>
-<p>fu. Si s'afficirent oster et traire hors les pilos,</p>
-<p>dont il y avoit sems en l'Escaut grant fuison; mais</p>
-<p>tant de painne et de labeur eurent, anchois qu'il en</p>
-<p>peuissent avoir un, que merveilles fu penser. Si <span class="dalign">25</span></p>
-<p>regardrent et considerrent li signeur que jamais il</p>
-<p>n'aroient fait; si commandrent cesser cest ouvrage.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>D'autre part, il y avoit dedens Mortagne un mestre</p>
-<p>engigneour qui avisa et considera l'engien de chiaus</p>
-<p>de Valenchiennes, et comment il grevoit leur forterce. <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_65"> 65</a></span></div>
-<p>Si en leva un ou chastiel, qui n'estoit mies trop</p>
-<p>grans, et l'attempra bien et point, et ne le fist jetter</p>
-<p>que trois fois, dont la premire (pierre<a id="FNanchor_349" href="#Footnote_349" class="fnanchor">&nbsp;[349]</a>) chei </p>
-<p>douze apas pris de l'engien de Valenciennes, la seconde</p>
-<p>au piet de le huge, et la tierce pire fu si bien <span class="dalign">5</span></p>
-<p>apointie que elle feri l'engien parmi le flche et le</p>
-<p>rompi en deux moitis. Adonc fu grande li hue des</p>
-<p>saudoiiers de Mortagne. Et chil de Valenchines furent</p>
-<p>tout esbahi de leur engien qui estoit rompus</p>
-<p>ou moilon, et le alrent regarder grant merveilles. <span class="dalign">10</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 129. Ensi furent li Haynuier devant Mortagne</p>
-<p>deux nuis et trois jours que riens n'i conquisent. Si</p>
-<p>eut li dis contes de Haynau et messires Jehans ses</p>
-<p>oncles avis et volent de retraire au sige de Tournay;</p>
-<p>et donnrent congiet chiaus de Valenchiennes <span class="dalign">15</span></p>
-<p>de retourner en leur ville. Ensi se departi ceste</p>
-<p>assamble. Li Valencienois se retraisent arrire en</p>
-<p>Valencines, et li contes et li chevalier s'en revinrent</p>
-<p>en l'ost devant Tournay, et se tinrent l environ</p>
-<p>trois jours. Et puis fist li contes une priire as compagnons <span class="dalign">20</span></p>
-<p>pour amener devant Saint Amand, car les</p>
-<p>plaintes estoient venues lui que li saudoiier de</p>
-<p>Saint Amand avoient arse l'abbeye de Hanon, et s'estoient</p>
-<p>mis en painne d'ardoir Vicongne, et avoient</p>
-<p>fait pluiseurs despis as frontires de Haynau, pour <span class="dalign">25</span></p>
-<p>quoi li dis contes voloit contrevengier ces fourfaitures.</p>
-<p>Si se parti dou dit sige de Tournay bien trois</p>
-<p>mille combatans, et s'en vint Saint Amand, qui</p>
-<p>adonc n'estoit freme que de palis. Bien avoient li</p>
-<p>saudoiier, qui estoient dedens, entendu que li contes <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_66"> 66</a></span></div>
-<p>de Haynau les venroit veoir, ms il s'estoient si</p>
-<p>glorefiiet en leur orguel qu'il n'en faisoient nul</p>
-<p>conte. A ce donc estoit gardiiens et chapitainne de</p>
-<p>Saint Amand uns bons chevaliers de le langue d'och,</p>
-<p>nomms li seneschaus de Carcassonne, li quelz avoit <span class="dalign">5</span></p>
-<p>bien imaginet et consideret le force de le ville. Si en</p>
-<p>avoit dit son avis as monnes, et chiaus qui estoient</p>
-<p>demoret pour garder l'abbeye et le ville. Et disoit</p>
-<p>bien que ce n'estoit pas une forterce tenable contre</p>
-<p>une host, non qu'il s'en volsist partir, ms demorer <span class="dalign">10</span></p>
-<p>et garder son loyal pooir; mais il le disoit par manire</p>
-<p>de conseil. Li parole dou chevalier ne fu mies</p>
-<p>oye ne creue bien point, dont il leur mesvint, si</p>
-<p>com vous ors chi aprs. Toutes fois, par son enhort,</p>
-<p>il avoit fait de lonch temps les plus riches jeuiaus de <span class="dalign">15</span></p>
-<p>l'abbeye et de le ville widier et porter Mortagne </p>
-<p>sauvet, et l aler l'abbet et tous les monnes, qui</p>
-<p>n'estoient tailliet de yaus deffendre.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Cil de Valenchines, qui avoient estet mand dou</p>
-<p>conte leur signeur qu'il fuissent un certain jour <span class="dalign">20</span></p>
-<p>devant le ville de Saint Amand, et il seroit l'autre</p>
-<p>ls, vinrent, ensi que command leur fu, en trs bon</p>
-<p>couvenant, et estoient bien douze mille combatans.</p>
-<p>Sitost qu'il furent venu devant Saint Amant, il s'i</p>
-<p>logirent et misent en bonne ordenance, et puis eurent <span class="dalign">25</span></p>
-<p>conseil d'aler assallir. Si fisent armer tous leurs</p>
-<p>arbalestriers, et puis traire vers le pont de Scarp. L</p>
-<p>commena li assaus durs et fiers et perilleus durement,</p>
-<p>et en y eut pluiseurs blecis et navrs, d'un</p>
-<p>ls et d'aultre. Et dura cilz assaulz tout le jour, que <span class="dalign">30</span></p>
-<p>onques cil de Valenciennes n'i peurent riens fourfaire;</p>
-<p>mais en y eut des mors et des navrs grant</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_67"> 67</a></span></div>
-<p>fuison des leurs. Et leur disoient li saudoiier et li</p>
-<p>bidau qui laiens estoient, par manire de reproce:</p>
-<p>Als boire vostre goudale, als! Quant ce vint au</p>
-<p>soir, cil de Valencines se retraisent tout lasset, et</p>
-<p>furent moult esmervilliet de ce qu'il n'avoient oy <span class="dalign">5</span></p>
-<p>nulle nouvelle dou conte leur signeur; si eurent avis</p>
-<p>qu'i(l) se deslogeroient et retourroient viers Valenciennes;</p>
-<p>si fisent tout tourser, et se retraiirent, che</p>
-<p>meisme soir, en leur ville.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>A l'endemain au matin que cil de Valencines se <span class="dalign">10</span></p>
-<p>furent retret, li contes de Haynau se parti dou sige</p>
-<p>de Tournay, si com dessus est dit, grant compagnie</p>
-<p>de gens d'armes, de banires et de pennons, et</p>
-<p>s'en vint devant Saint Amand, au ls par devers Mortagne.</p>
-<p>Si tost qu'il furent venu, il se traisent l'assaut, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et l eut moult fort assaut et moult dur. Et gaegnirent</p>
-<p>li Haynuier, de venue, les premires bailles,</p>
-<p>et vinrent jusques le porte qui oevre devers Mortagne.</p>
-<p>L estoient tout premier et devant l'assaut</p>
-<p>li contes de Haynau et li sires de Byaumont ses oncles, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>et assalloient de grant corage et sans yaus espargnier;</p>
-<p>de quoi il leur en fu pris mesavenu, car</p>
-<p>il furent tout doi si dur rencontr de deux pires</p>
-<p>jettes d'amont qu'il en eurent leurs bachins effondrs</p>
-<p>et les tiestes toutes estonnes. <span class="dalign">25</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Adonc fu l qui dist: Sire, sire, cel endroit chi</p>
-<p>ne les arions nous jams, car la porte est forte et la</p>
-<p>voie estroite; si cousteroit trop des vostres au conquerre.</p>
-<p>Mais faites aporter des grans mairiens, ouvrs</p>
-<p> manire de pillos, et hurter as murs de <span class="dalign">30</span></p>
-<p>l'abbeye; nous vous certefions que de force on le</p>
-<p>pertuisera en pluiseurs lieus. Et se nous sommes en</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_68"> 68</a></span></div>
-<p>l'abbeye, la ville est nostre, car il n'i a nul entredeus</p>
-<p>entre (la ville<a id="FNanchor_350" href="#Footnote_350" class="fnanchor">&nbsp;[350]</a>) et l'abbeye. Dont commanda li dis</p>
-<p>contes que on fesist ensi que pour le mieulz on li</p>
-<p>consilloit, et pour le plus tost prendre. Si quist on</p>
-<p>grans baus de chesnes, et puis furent tantost ouvr <span class="dalign">5</span></p>
-<p>et aguisi devant; et si s'acompagnoient un pillot</p>
-<p>yaus vint ou yaus trente, et s'escueilloient et puis</p>
-<p>boutoient de grant randon contre le mur; et tant boutrent</p>
-<p>et si vertueusement qu'il pertuisirent le mur</p>
-<p>de l'abbeye et rompirent en pluiseurs lieus, et entrrent <span class="dalign">10</span></p>
-<p>ens abandonneement, et passrent une petite</p>
-<p>rivire qui l est, et s'en vinrent sans contredit jusques</p>
-<p> une place, qui est devant le moustier, o li</p>
-<p>marchis est de pluiseurs coses.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Et l estoit li dis seneschaus de Carcassonne en <span class="dalign">15</span></p>
-<p>bon couvenant, sa banire devant lui, qui estoit de</p>
-<p>geules un chief d'argent, deux demi kievirons ou</p>
-<p>chief, et estoit une bordure d'asur endente. L</p>
-<p>dals lui s'estoient recueilliet pluiseur compagnon de</p>
-<p>son pays, qui asss hardiement rechurent les Haynuiers, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>et se combatirent vaillamment, tant qu'il peurent.</p>
-<p>Ms leur deffense ne leur valli noient, car Haynuier</p>
-<p>y sourvinrent trop grant fuison. Et vous di</p>
-<p>encores, pour tout ramentevoir, entrer de premiers</p>
-<p>dedens l'abbeye, il y avoit un monne que on appelloit <span class="dalign">25</span></p>
-<p>dan Froissart. Chilz y fist merveilles, et en occist</p>
-<p>que mehagna, au devant d'un pertuis o il se tenoit,</p>
-<p>plus de dix huit; et n'osoit nulz entrer par le lieu qu'il</p>
-<p>gardoit. Mais finablement il le couvint partir, que</p>
-<p>Haynuier entroient en l'abbeye, et avoient pertuisiet <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_69"> 69</a></span></div>
-<p>le mur en pluiseurs lieus. Si se sauva li dis monnes,</p>
-<p>au mieus qu'il peut, et fist tant qu'il vint Mortagne.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 130. Quant li contes de Haynau et messires Jehans</p>
-<p>de Haynau, ses oncles, et li chevalerie de Haynau</p>
-<p>furent entr en l'abbeye, ensi que vous avs oy, si <span class="dalign">5</span></p>
-<p>commanda li dis contes que on mesist tout l'espe,</p>
-<p>sans nullui prendre merci, tant estoit il couroucis</p>
-<p>sus chiaus de Saint Amand, pour les despis qu'il</p>
-<p>avoient fais son pays. Si fu la ditte ville moult tost</p>
-<p>emplie de gens d'armes; et bidau(s) et Geneuois, qui <span class="dalign">10</span></p>
-<p>l estoient, encauciet et quis de rue en rue, et d'ostel</p>
-<p>en hostel. Peu en escaprent qu'il ne fuissent</p>
-<p>mort et occis, car nuls n'estoit pris merci. Meismes,</p>
-<p>li senescaus de Carcassonne y fu occis desous</p>
-<p>sa banire, et plus de deux cens hommes, environ <span class="dalign">15</span></p>
-<p>lui que asss pris. Ensi fu Saint Amand destruite.</p>
-<p>Et retourna li contes, ce propre soir, devant Tournay.</p>
-<p>Et l'endemain, les gens d'armes de Valencines</p>
-<p>et la communauts vinrent Saint Amand, et parardirent</p>
-<p>le ville et toute l'abbeye et le grant moustier, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>et brisirent toutes les cloches, dont ce fu damages,</p>
-<p>car il en y avoit moult de bonnes et de melodieuses,</p>
-<p>et si ne lor vint nul profit qui compter face.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Apris le destruction de Saint Amand, li contes de</p>
-<p>Haynau, qui trop durement avoit pris ceste guerre <span class="dalign">25</span></p>
-<p> coer, et qui estoit plus aigres que nulz des aultres,</p>
-<p>se departi dou sige de Tournay, en se route environ</p>
-<p>six cens armeures de fier, et s'en vint ardoir Orchies</p>
-<p>et Landas et le Celle, et grant fuison de villages l</p>
-<p>environ; et puis passa et toute se route la rivire de <span class="dalign">30</span></p>
-<p>Scarp au desous de Hanon, et entrrent en France, et</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_70"> 70</a></span></div>
-<p>vinrent Marchiennes, une grosse et riche abbeye,</p>
-<p>dont messires Ams de Warnans estoit chapitainne,</p>
-<p>et avoit avoecques lui une partie des arbalestriers</p>
-<p>de Douay. L eut grant assaut, car li dis chevaliers</p>
-<p>avoit durement fortefiiet le (premire<a id="FNanchor_351" href="#Footnote_351" class="fnanchor">&nbsp;[351]</a>) porte de l'abbeye, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>qui estoit toute enclose et environne de fosss</p>
-<p>grans et parfons. Et se deffendirent li Franois et li</p>
-<p>monne qui dedens estoient moult vassaument; mais</p>
-<p>finablement il ne peurent durer contre tant de gent</p>
-<p>d'armes, car il quisent et fissent tant qu'il eurent des <span class="dalign">10</span></p>
-<p>batiaus et les misent en l'aigue, et entrrent par celle</p>
-<p>manire en l'abbeye. Mais il y eut mort et noiiet un</p>
-<p>chevalier alemant, compagnon au signeur de Faukemont,</p>
-<p>qui s'appelloit messires Bacho de le Wire,</p>
-<p>dont li sires de Faukemont fu moult couroucis, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>mais amender ne le peut. A l'assaut de le porte o</p>
-<p>messires Ams de Warnans se tenoit, furent moult</p>
-<p>bon chevalier li contes de Haynau et messires de</p>
-<p>Byaumont, ses oncles, et li seneschaus de Haynau;</p>
-<p>et fisent tant finable(ment) que la porte fu conquise, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>et li chevaliers qui le gardoit pris, et mort et occis</p>
-<p>li plus grant partie des aultres. Et furent pris ossi</p>
-<p>pluiseur des monnes, qui laiens furent trouvet, et</p>
-<p>toute la ditte abbeye robe et pillie, et puis arse et</p>
-<p>destruite, et la ville ossi. Et quant il eurent fait leur <span class="dalign">25</span></p>
-<p>emprise, li contes et toutes ces gens d'armes, qui furent</p>
-<p> le destruction de Marcines et en ceste chevaucie,</p>
-<p>s'en retournrent au sige devant Tournay.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 131. Li siges qui fu devant Tournay fu grans et</p>
-<p>lons et bien tenus; et moult y eut li rois engls grant <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_71"> 71</a></span></div>
-<p>fuison de bonnes gens d'armes. Et se s'i tenoit li dis</p>
-<p>rois volentiers, car bien le pensoit conquerre, pour</p>
-<p>tant qu'il savoit bien qu'il y avoit dedens grant fuison</p>
-<p>de gens d'armes et asss escarcement de vivres;</p>
-<p>si les supposoit bien afamer et avoir par force de <span class="dalign">5</span></p>
-<p>famine. Mais li aucun dient et maintinent qu'il</p>
-<p>trouvrent moult de courtoisies en chiaus de Braibant,</p>
-<p>et qu'il souffrirent par pluiseurs fois laissier</p>
-<p>passer parmi leur host vivre asss largement pour</p>
-<p>mener dedens Tournay, dont il furent bien confort. <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Avoech tout ce, cil de Brousselles et cil de Louvaing,</p>
-<p>qui estoient tout tanet de l tant seoir et demorer,</p>
-<p>fisent une requeste au mareschal de l'host que il se</p>
-<p>peuissent partir et retraire en Braibant, car trop</p>
-<p>avoient l demoret peu de fait. Li mareschaus qui <span class="dalign">15</span></p>
-<p>vey bien que la requeste n'estoit point honnourable</p>
-<p>ne raisonnable, leur respondi que c'estoit bien ses</p>
-<p>grs, mais il leur couvenoit mettre jus leurs armeures.</p>
-<p>Li dessus dit furent tout honteus; si se souffrirent</p>
-<p>atant et n'en parlrent onques depuis. <span class="dalign">20</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or vous recorderons d'une chevaucie des Alemans,</p>
-<p>qui fu faite devant Tournay, ce meisme pont de</p>
-<p>Tressin o messires Robers de Bailluel et li Liegois</p>
-<p>avoient desconfit les Haynuiers. Li sires de Randerodne</p>
-<p>et messires Ernoulz de Randerodne, ses filz, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>adonc escuiers, et messires Jehans de Hodebourch</p>
-<p>ossi adonc escuiers et mestres dou fil au signeur de</p>
-<p>Randerodne, messires Ernoulz de Bakehen, messires</p>
-<p>Renauls de Sconnevort, messires Conrars de Leusennich,</p>
-<p>messires Conrars d'Asko, messires Bastiiens de <span class="dalign">30</span></p>
-<p>Barsies et Caudreliers ses frres et messires Stramen</p>
-<p>de Venoue et pluiseur aultre de le duc de Jullers et</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_72"> 72</a></span></div>
-<p>de Guerles avoient pris en grant virgongne che que</p>
-<p>li Haynuier avoient est ensi rencontret; si parlementrent</p>
-<p>dou soir et s'acordrent chevaucier le</p>
-<p>matin au pont Tressin. Si se armrent et ordonnrent</p>
-<p>de le nuit bien et faiticement, et se partirent <span class="dalign">5</span></p>
-<p>sus l'ajourne. Et ossi se misent avoech yaus en leur</p>
-<p>chevaucie aucun baceler de Haynau, qui point n'avoient</p>
-<p>est l'autre dessus ditte, telz que messires</p>
-<p>Florens de Biaurieu, messires Baras de le Haie, marescal</p>
-<p>de l'host, monsigneur Jehan de Haynau, messires <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Oulphars de Gistelles, messires Robers de Glennes</p>
-<p>de le cont de Los, adonc escuier et au corps</p>
-<p>monsigneur Jehan de Haynau, et pluiseur aultre. Si</p>
-<p>chevaucirent chil chevalier et chil compagnon dessus</p>
-<p>nomm bellement et sagement; et estoient bien <span class="dalign">15</span></p>
-<p>trois cens ou plus, toutes bonnes armeures de fier;</p>
-<p>et vinrent droit au pont Tressin, droit au point</p>
-<p>dou jour, et le passrent oultre sans damage. Et</p>
-<p>quant il furent par de del, ilz se avisrent et consillirent</p>
-<p>ensamble comment il s'ordonneroient, pour <span class="dalign">20</span></p>
-<p>le mieulz, et leur honneur, resvillier et escarmucier</p>
-<p>l'ost de France. L furent ordonn li sires de Randerodne</p>
-<p>et Ernouls ses filz et messires Henris de Keukeren,</p>
-<p>uns chevaliers miesenaires, et messires Thielemans</p>
-<p>de Sansi, messires Oulphars de Ghistelles, et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>messires li Alemans, bastars de Haynau, et messires</p>
-<p>Robers de Glennes, adonc escuier, et Jakelos de</p>
-<p>Thians, estre coureur et chevauceur jusques as tentes</p>
-<p>et logeis des Franois. Et tout li aultre chevalier</p>
-<p>et escuier, qui bien estoient trois cens, devoient demorer <span class="dalign">30</span></p>
-<p>au pont et garder le passage, pour le deffendre</p>
-<p>as aventures des sourvenans. Ensi et sus cel estat,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_73"> 73</a></span></div>
-<p>se partirent li coureur, qui pooient estre quarante</p>
-<p>lances, trs bien mont sus fleurs de roncins et de</p>
-<p>gros coursiers, et chevaucirent de premiers tout bellement</p>
-<p>tant qu'il vinrent en l'ost le roy de France.</p>
-<p>Dont se boutrent il ens de plains eslais, et commenchirent <span class="dalign">5</span></p>
-<p> decoper cordes et paissons, et abatre</p>
-<p>et reverser tentes et trs, et faire un trs grant</p>
-<p>desroy, et Franois yaus estourmir.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Celle nuit avoient fait le gait doi grant baron de</p>
-<p>France, li sires de Montmorensi et li sires de Saint <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Saufliu; et estoient, ceste heure que li Alemant</p>
-<p>vinrent, encores leur garde. Quant il orent le noise</p>
-<p>et entendirent l'effroi, si tournrent celle part leurs</p>
-<p>banires et leurs gens, et chevaucirent fort et roit</p>
-<p>sus les coureurs qui leur host avoient estourmi. Et <span class="dalign">15</span></p>
-<p>quant li sires de Randerodne les vei venir, il tourna</p>
-<p>sus frain tout sagement, et fist chevaucier son pennon</p>
-<p>et ses compagnons, pour revenir au pont leur</p>
-<p>grosse route, et li Franois apris. En celle cace l</p>
-<p>eut bon coureis, car li Alemant se hastoient pour revenir <span class="dalign">20</span></p>
-<p>au dit pont, et li Franois ossi pour yaus retenir.</p>
-<p>En celle cace fu pris et retenus des Franois</p>
-<p>messires Oulphars de Ghistelles, qui ne se sceut ne</p>
-<p>peut garder point, car li chevaliers avoit court vue;</p>
-<p>si fu enclos de ses ennemis, par trop demorer derrire, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>et fiancis prisons; et ossi doi escuier, dont on</p>
-<p>nommoit l'un Jehan de Mondorp, et l'autre Jakelot</p>
-<p>de Thians. Li Franois et leur route chevauoient</p>
-<p>d'un ls, et li coureur alemant d'autre; et estoient</p>
-<p>environ demi bonnier pris li un de l'autre, et tant <span class="dalign">30</span></p>
-<p>qu'il se pooient bien recognoistre et entendre de</p>
-<p>leurs langages. Et disoient li Franois as Alemans:</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_74"> 74</a></span></div>
-<p>Ha! ha! signeur, vous n'en irs pas ensi! Si se</p>
-<p>hastoient pour prendre le pont, et pas ne savoient</p>
-<p>de le grosse embusce qui estoit au pont, de monsigneur</p>
-<p>Renault de Sconnevort et des aultres: si ques</p>
-<p>il fu dit au signeur de Randerodne: Sire, sire, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>aviss vous, car il nous samble que chil Franois</p>
-<p>nous torront le pont. Donc respondi li sires de</p>
-<p>Randerodne et dist: Se il scvent un chemin, j'en</p>
-<p>sai un aultre. Adonc se retourna sus destre et se</p>
-<p>route, et prisent un chemin asss froiiet qui les mena <span class="dalign">10</span></p>
-<p>droit celle petite rivire dessus ditte, qui est si</p>
-<p>noire et si parfonde et si environne de grans mars.</p>
-<p>Et quant il furent l venu, se ne peurent il passer,</p>
-<p>ms les couvint retourner devers le pont. Et</p>
-<p>toutdis chevauoient li Franois le(s) grans galos devers <span class="dalign">15</span></p>
-<p>le pont, qui cuidoient ces coureurs alemans enclore</p>
-<p>et prendre, ensi qu'il avoient j pris de leurs</p>
-<p>compagnons. Et par especial moult y metoit li sires</p>
-<p>de Montmorensi grant entente.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 132. Quant li Franois eurent tant chevauciet <span class="dalign">20</span></p>
-<p>qu'il furent pris au pont, et il veirent le grosse embusche,</p>
-<p>qui l estoit au devant dou pont, toute arme</p>
-<p>et ordonne, et qui les attendoit en trs bon</p>
-<p>couvenant, si furent tout esmervilliet. Et disent entre</p>
-<p>yaus li aucun qui regardrent le manire: Nous <span class="dalign">25</span></p>
-<p>caons trop folement; de legier porons plus perdre</p>
-<p>que gaegnier. Dont retournrent li pluiseur et par</p>
-<p>especial li banire le signeur de Saint Saufliu et li</p>
-<p>sires ossi. Et messires Charles de Montmorensi et se</p>
-<p>banire chevaua toutdis avant et ne volt onques reculer, <span class="dalign">30</span></p>
-<p>ms s'en vint de grant corage assambler as Alemans,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_75"> 75</a></span></div>
-<p>et li Alemant lui et ses gens. L y eut, de</p>
-<p>premires venues, durs encontres et fortes joustes,</p>
-<p>et tamaint homme revers d'un ls et d'autre. Ensi</p>
-<p>qu'il assambloient, li coureur dessus nommet, qui</p>
-<p>costiiet les avoient, s'en vinrent ferir sus le, et se <span class="dalign">5</span></p>
-<p>boutrent ens de plains eslais et de grant volent. Et</p>
-<p>ossi li Franois les rechurent moult bien.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or vous dirai de une grant apertise d'armes et</p>
-<p>d'un grant avis, dont messires Renaulz de Sconnevort</p>
-<p>usa l'assambler, et c'on doit bien tenir et recommender <span class="dalign">10</span></p>
-<p> sage fait d'armes. Ilz qui estoit adonc</p>
-<p>en le fleur de se jonce, fors chevaliers et rades durement,</p>
-<p>bien arms et bien monts pour le journe,</p>
-<p>s'en vint assambler le banire le signeur de Montmorensi</p>
-<p>qu'il recogneut asss bien; et s'avisa qu'il <span class="dalign">15</span></p>
-<p>s'en venroit esprouver celui qui estoit li plus proains</p>
-<p>de le banire, car il pensoit bien que c'estoit</p>
-<p>li sires. Ensi qu'il jetta son avis il le fist, et feri son</p>
-<p>coursier des esporons, et passa par force le route, et</p>
-<p>s'en vint au signeur de Montmorensi, qui estoit desous <span class="dalign">20</span></p>
-<p>sa banire, bien monts sus bon coursier; et le</p>
-<p>trouva en bon couvenant, l'espe ou poing, et combatant</p>
-<p> tous ls, car il estoit ossi fors chevaliers et</p>
-<p>grans durement. Et li vint li sires de Sconnevort sus</p>
-<p>destre, et bouta son brach senestre ou fran de son <span class="dalign">25</span></p>
-<p>coursier, et puis feri le sien des esporons, en lui tirant</p>
-<p>hors de le bataille, comme vistes et fors chevaliers.</p>
-<p>Li sires de Montmorensi, qui bien se donna </p>
-<p>garde de ce tour, se prist deffendre vassaument, comme</p>
-<p>fors et hardis chevaliers, pour lui delivrer de ce <span class="dalign">30</span></p>
-<p>peril et des mains le signeur de Sconnevort; et feroit</p>
-<p> main tas de sen espe sus le bacinet et sus le dos</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_76"> 76</a></span></div>
-<p>le signeur de Sconnevort. Mais li sires de Sconnevort,</p>
-<p>qui bien estoit (arms<a id="FNanchor_352" href="#Footnote_352" class="fnanchor">&nbsp;[352]</a>) et monts, brisoit le</p>
-<p>fois les cops, le fois et le(s) recevoit moult vassaument;</p>
-<p>et tant fist par son effort, vosist ou non li sires</p>
-<p>de Montmorensi, que il le creanta prisonnier, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>et demora ses prisons.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Et li aultre se combatoient de toutes pars. Et l</p>
-<p>furent bon chevalier messires Ernoulz de Randerodne,</p>
-<p>messires de Keukeren, messires Thielemans</p>
-<p>de Sansi, messires Bastiiens de Barsies et Caudreliers <span class="dalign">10</span></p>
-<p>ses frres, messires Robers de Glennes, et prist un</p>
-<p>homme d'armes en bon couvenant, qui s'armoit de</p>
-<p>geules trois fauls d'or. Et fisent adonc tant li Alemant</p>
-<p>et leur route que il obtinrent le place, et prisent</p>
-<p>bien quatre vingt prisonniers, tous gentilz <span class="dalign">15</span></p>
-<p>hommes, desous le banire monsigneur Charle de</p>
-<p>Montmorensi; et rapassrent le pont sans damage, et</p>
-<p>vinrent en l'ost devant Tournay; et rala cescuns devers</p>
-<p>se partie; et se desarmrent et puis alrent veoir</p>
-<p>les signeurs, dont il furent bien conjoy, le conte de <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Haynau et monsigneur son oncle.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 133. De le prise monsigneur Charle de Montmorensi</p>
-<p>furent li Franois moult courouciet, ms amender</p>
-<p>ne le peurent. Tant comme adonc, ceste cose</p>
-<p>passa, li siges se tint; li prisonnier se ranchonnrent <span class="dalign">25</span></p>
-<p>et se delivrrent au plus tost qu'il peurent. Or</p>
-<p>vous conterons de une aventure qu'il avint as Flamens</p>
-<p>que messires Robers d'Artois et messires Henris</p>
-<p>de Flandres gouvrenoient, dont il en y avoit plus</p>
-<p>de soixante mille de le ville d'Ippre, de Popringhe, <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_77"> 77</a></span></div>
-<p>de Messines, de Cassiel et de le chastelerie de Berghes.</p>
-<p>Et se tenoient tout cil Flamench, dont li dessus</p>
-<p>dit estoient chief, ou val de Cassiel, logis as tentes</p>
-<p>et as trs, et grant arroi, pour contrester contre les</p>
-<p>garnisons franoises que li rois Phelippes avoit envoiies <span class="dalign">5</span></p>
-<p> Saint Omer, Aire, Saint Venant, et ens</p>
-<p>s villes et forterces voisines. Et se tenoient dedens</p>
-<p>Saint Omer, de par le roy de France, li contes, daufins</p>
-<p>d'Auvergne, li sires de Merquel, li sires de Calenon,</p>
-<p>li sires de Montagut, li sires de Rocefort, li <span class="dalign">10</span></p>
-<p>viscontes de Touwars, et pluiseur aultre chevalier</p>
-<p>d'Auvergne et de Limozin. Et dedens Aire et dedens</p>
-<p>Saint Venant en y avoit ossi grant fuison. Et issoient</p>
-<p>souvent hors et venoient escarmucier as Flamens; si</p>
-<p>gaegnoient le fois, et le fois y perdoient. <span class="dalign">15</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or avint un jour ces Flamens que il s'en vinrent</p>
-<p>environ troi mille, tout legier et able compagnon, et</p>
-<p>s'avalrent et issirent hors de leurs logeis pour venir</p>
-<p>hustiner devant Saint Omer, et se boutrent ens s</p>
-<p>fourbours et brisirent pluiseurs maisons, et entendirent <span class="dalign">20</span></p>
-<p>telement au pillage qu'il desrobrent tout ce</p>
-<p>qu'il trouvrent. La noise et li effrois monta en le</p>
-<p>ville de Saint Omer. Dont s'armrent moult vistement</p>
-<p>li signeur qui laiens estoient. Et ossi fisent</p>
-<p>toutes leurs gens, et se partirent par une aultre porte <span class="dalign">25</span></p>
-<p>que par celle devant qui li Flamench estoient. Et</p>
-<p>pooient estre entours six banires et deux cens bacins,</p>
-<p>et environ cinq cens bidaus tout piet. Et chevaucirent</p>
-<p>tout au tour de le ville de Saint Omer,</p>
-<p>ensi qu'il avoient guides qui bien les savoient mener. <span class="dalign">30</span></p>
-<p>Et vinrent tout temps ces Flamens qui s'ensonnioient</p>
-<p>de pillier et de rober tout ce qu'il trouvrent</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_78"> 78</a></span></div>
-<p>en le ville de Arkes, qui est asss pris de le ville de</p>
-<p>Saint Omer; et estoient laiens espars sans chapitainne</p>
-<p>et sans arroi. E vous les Franois soudainnement</p>
-<p>venus sus yaus, lances abaissies, banires desploiies,</p>
-<p>et en bon couvenant de bataille, et en criant: <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Clermont au dauffin d'Auvergne! Lors entrrent</p>
-<p>en ces Flamens qui furent tout esbahi, quant si pris</p>
-<p>d'yaus il les veirent, et ne tinrent ordenance ne conroy</p>
-<p>nul; mais fuirent cescuns qui mieus mieus, et</p>
-<p>jettrent tout jus ce que pilliet et cargiet avoient, et <span class="dalign">10</span></p>
-<p>prisent les camps; et Franois apris yaus, tuant et</p>
-<p>abatant par monciaus et par tropiaus. Et dura ceste</p>
-<p>cace bien deux liewes. Et en y eut bien mors des</p>
-<p>trois mille dix huit cens, et retenu quatre cens qui</p>
-<p>furent amenet en Saint Omer en prison. <span class="dalign">15</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 134. Quant li demorant qui escaper peurent,</p>
-<p>furent revenu devers leurs compagnons, si contrent</p>
-<p>leur aventure as uns et as aultres. Et vinrent les nouvelles</p>
-<p> leurs chapitainnes monsigneur Robert d'Artois</p>
-<p>et monsigneur Henri de Flandres, qui petit les <span class="dalign">20</span></p>
-<p>en plaindirent, mais disent que c'estoit bien emploiiet,</p>
-<p>car sans conseil et sans commandement il</p>
-<p>y estoient alet.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or avint celle meisme nuit toute leur host generalment</p>
-<p>une mervilleuse aventure; on n'oy onques, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>je croy, parler ne recorder de si sauvage. Car, environ</p>
-<p>heure de mienuit que cil Flamench gisoient en</p>
-<p>leurs tentes et dormoient, uns si grans effrois et telz</p>
-<p>paours et hideurs les prist generalment en dormant,</p>
-<p>que tout se levrent en si grant haste et en tel <span class="dalign">30</span></p>
-<p>painne qu'il ne cuidirent jamais temps estre deslogiet;</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_79"> 79</a></span></div>
-<p>et abatirent tantost tentes, trs et pavillons,</p>
-<p>et toursrent tout sus leurs chars, en si grant haste</p>
-<p>que li uns n'attendoit point l'autre, et s'en fuioient</p>
-<p>tout, sans voie tenir et sans conroy. Et fu ensi dit </p>
-<p>monsigneur Robert d'Artois et monsigneur Henri <span class="dalign">5</span></p>
-<p>de Flandres, qui dormoient en leurs logeis: Chier</p>
-<p>signeur, levs vous sus bien tos et vous appareillis, car</p>
-<p>vos gens s'en fuient et nulz ne les cace; et ne scvent</p>
-<p> dire quel cose leur fault, ne qui les muet fuir.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Adonc se levrent li doi signeur en grant haste, et <span class="dalign">10</span></p>
-<p>fisent alumer feus et grant plent de tortis, et montrent</p>
-<p>sus leurs chevaus, et s'en vinrent au devant</p>
-<p>d'yaus, et leur disent: Biau signeur, dittes nous</p>
-<p>quel cose il vous fault, qui ensi fuiis? N'estes vous</p>
-<p>mies bien asseguret? Retourns, retourns, ou nom <span class="dalign">15</span></p>
-<p>de Dieu! Vous avs grant tort, quant ensi fuiis, et</p>
-<p>nulz ne vous cace. Ms quoi que ensi fuissent</p>
-<p>priiet ne requis d'arrester et de retourner, il n'en fisent</p>
-<p>compte, mais toutdis fuirent; et prist ascuns le</p>
-<p>chemin vers sa maison, au plus droit qu'il peut. Et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>quant messires Robers d'Artois et messires Henris de</p>
-<p>Flandres veirent qu'il n'en aroient aultre cose, si</p>
-<p>fisent tourser tout leur harnois et mettre voiture, et</p>
-<p>s'en vinrent au sige devant Tournay, et recordrent</p>
-<p>as signeurs l'aventure des Flamens, dont on fu durement <span class="dalign">25</span></p>
-<p>esmervilliet. Et disent li pluiseur qu'il avoient</p>
-<p>estet enfantosmet.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 135. Chilz siges devant le cit de Tournay dura</p>
-<p>asss longement, onze sepmainnes trois jours mains.</p>
-<p>Si pos bien croire et savoir qu'il y eut fais pluiseurs <span class="dalign">30</span></p>
-<p>escarmuces et paletis, tant assallir le cit, comme</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_80"> 80</a></span></div>
-<p>des chevaucies des compagnons bacelereus l'un sus</p>
-<p>l'autre. Mais dedens le cit de Tournay avoit trs</p>
-<p>bonne et sage chevalerie (envoie en<a id="FNanchor_353" href="#Footnote_353" class="fnanchor">&nbsp;[353]</a>) garnison de</p>
-<p>par le roy de France, si com dessus est dit, qui telement</p>
-<p>en songnirent et en pensrent que nulz damages <span class="dalign">5</span></p>
-<p>ne s'i prist.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or n'est riens, si com on dist, qui ne prende fin.</p>
-<p>On doit savoir que, ce sige pendant, ma dame</p>
-<p>Jehane de Valois, serour au roy de France et mre</p>
-<p>au conte Guillaume de Haynau, travilloit durement <span class="dalign">10</span></p>
-<p>de l'une host en l'autre, fin que pais ou respis fust</p>
-<p>entre ces parties, par quoi on se departesist sans bataille,</p>
-<p>car la bonne dame veoit l de deux costs</p>
-<p>toute le fleur et l'onneur de le chevalerie dou monde;</p>
-<p>se veist trop envis, pour les grans perilz qui en <span class="dalign">15</span></p>
-<p>pooient avenir, que nulle bataille fust adrecie entre</p>
-<p>yaus. Et par pluiseurs fois la bonne dame en estoit</p>
-<p>cheue as pis le roy de France son frre, et li priiet</p>
-<p>que respis ou trettis d'acort fust pris entre lui et</p>
-<p>le roy engls. Et quant la ditte dame avoit travilliet <span class="dalign">20</span></p>
-<p>entre les signeurs de France, elle s'en revenoit</p>
-<p> chiaus de l'Empire, especialment au duch de Braibant,</p>
-<p>au duc de Jullers, son fil, qui avoit sa fille, </p>
-<p>monsigneur Jehan de Haynau; et leur prioit que,</p>
-<p>pour Dieu et par pit, il volsissent entendre aucun <span class="dalign">25</span></p>
-<p>trettiet d'acort, et avoiier le roy d'Engleterre ou</p>
-<p>qu'il y volsist descendre.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Tant ala et tant procura la bonne dame entre ces</p>
-<p>signeurs, avoech l'ayde et le conseil d'un gentil et sage</p>
-<p>chevalier, qui estoit moult bien de toutes les parties, <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_81"> 81</a></span></div>
-<p>messires Loeis d'Augimont, que une journe de traittement</p>
-<p>fu acorde l'endemain, l o ascune des</p>
-<p>parties devoit envoiier quatre personnes souffissans,</p>
-<p>pour trettier toutes bonnes voies pour acorder les dittes</p>
-<p>parties, se il plaisoit Dieu, et souffrance de trois <span class="dalign">5</span></p>
-<p>jours que li uns ne pooit ne devoit fourfaire sour</p>
-<p>l'autre. Et si se devoient assambler cil trettieur une</p>
-<p>capelle, et la dessus ditte bonne dame avoecques.</p>
-<p>De le partie dou roy de France, y fu envoiis Charles</p>
-<p>li roys de Behagne, Charles li contes d'Alenon, frres <span class="dalign">10</span></p>
-<p>au dit roy, li evesques de Lige, li contes de</p>
-<p>Flandres et li contes d'Ermignach. De le partie le roy</p>
-<p>d'Engleterre, y furent envoiiet li dus de Braibant, li</p>
-<p>evesques de Lincolle, li dus de Guerles, li dus de</p>
-<p>Julers et messires Jehans de Haynau. <span class="dalign">15</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant il furent tout venu la ditte capelle, il se</p>
-<p>salurent moult amiablement et festiirent grandement,</p>
-<p>et apris il entrrent en leur trettiement. Toute</p>
-<p>celle premire journe, cil trettieur trettirent sour</p>
-<p>pluiseurs voies d'acort. Et toutdis estoit la bonne <span class="dalign">20</span></p>
-<p>dame ma dame Jehane de Valois en mi yaus, qui</p>
-<p>moult humlement et de grant coer leur prioit que</p>
-<p>ascune partie se volsist pris prendre de l'acorder.</p>
-<p>Toutes voies celle journe passa sans nul certain</p>
-<p>acord; cescuns en rala en son lieu, sour couvent de <span class="dalign">25</span></p>
-<p>revenir. L'endemain, il revinrent tout le capelle</p>
-<p>en tel point, et commencirent trettier com en devant,</p>
-<p>et cheirent sus aucunes voies asss acordables;</p>
-<p>ms ce fu si tart que on ne les peut escrire de jour.</p>
-<p>Si se parti li parlemens adonc, et creanta cescuns de <span class="dalign">30</span></p>
-<p>revenir l endroit l'endemain, pour parfaire et</p>
-<p>acorder le remanant. Au tierch jour, cil signeur revinrent</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_82"> 82</a></span></div>
-<p> plus grant conseil. L fu acorde une</p>
-<p>triewe durer une ane entierement, et devoit entrer</p>
-<p>tantost entre ces signeurs et ces gens qui l estoient</p>
-<p>d'une part et d'autre; et entre chiaus qui guerrioient</p>
-<p>en Escoce, en Gascogne, en Poito et en Saintonge, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>elle ne devoit entrer jusques quarante jours.</p>
-<p>Dedens lesquelz quarante jours, cescune des parties</p>
-<p>le devoit faire savoir as siens, sans mal engien: s'il</p>
-<p>les voloient tenir, se les tenissent; et se tenir ne les</p>
-<p>voloient, si guerriaissent li uns l'autre. Mais France, <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Pikardie, Bourgongne, Bretagne et Normendie le</p>
-<p>tenoient sans nulle exception. Et devoient li doi</p>
-<p>roy dessus dit, cescuns pour lui et en bon couvenant,</p>
-<p>envoiier quatre ou cinq nobles personnes,</p>
-<p>et li papes deux cardinaulz en legation en le cit <span class="dalign">15</span></p>
-<p>d'Arras. Et ce que ces parties ordonneroient, li doi</p>
-<p>roi le tenroient et confremeroient sans nul moiien.</p>
-<p>Et fu encores celle triewe presente acorde sus tle</p>
-<p>condition que cescuns devoit tenir paisieuvlement ce</p>
-<p>dont il estoit saisis. <span class="dalign">20</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant celle triewe fu acorde et saiele d'une part</p>
-<p>et d'aultre, cescuns s'en retourna en son host. Si le</p>
-<p>fisent tantost criier par tout l'ost d'une part et d'autre,</p>
-<p>dont li Braibenon eurent grant joie, car il eurent</p>
-<p>l logiet et est un grant temps moult envis. <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Qui l'endemain, si tost que jours fu, peuist veoir</p>
-<p>tentes abatre, chars chargier, gens fourhaster, emblaver</p>
-<p>et toueillier, bien peuist dire: Je voi un</p>
-<p>nouvel sicle.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 136. Ensi com vous avs oy, se departirent ces <span class="dalign">30</span></p>
-<p>deux grans hos, par le traveil et le pourcach de celle</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_83"> 83</a></span></div>
-<p>bonne dame, qui Diex face pardon, qui y rendi grant</p>
-<p>painne. Et demora la bonne cit de Tournay francement</p>
-<p>et entire, qui avoit est en trs grant peril,</p>
-<p>car toutes leurs pourveances falloient, et n'en avoient</p>
-<p>mies pour trois jours ou pour quatre vivre. Li <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Braibenon se prisent au raler hasteement, car grant</p>
-<p>desir en avoient. Li rois engls s'en departi moult </p>
-<p>envis, s'il peuist et se volent en fust; mais il li</p>
-<p>couvenoit sievir partie de le volent les aultres signeurs</p>
-<p>et croire leur conseil. Li jones contes de Haynau <span class="dalign">10</span></p>
-<p>et messires Jehans de Haynau, ses oncles, se</p>
-<p>fuissent ossi bien envis acords celle departie,</p>
-<p>s'il seuissent ossi bien le couvenant de chiaus qui</p>
-<p>estoient dedens Tournay que li rois de France faisoit,</p>
-<p>et se ne fust ce que li dus de Braibant leur <span class="dalign">15</span></p>
-<p>avoit dit en secret qu'il detenoit grant mesaise ses</p>
-<p>Braibenons, et comment que fust, il ne les pooit</p>
-<p>tenir qu'il ne se deuissent partir le jour ou l'endemain,</p>
-<p>se acors ne se faisoit.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Li rois de France et tous ses hos se departirent <span class="dalign">20</span></p>
-<p>asss liement, car il ne pooient bonnement plus demorer</p>
-<p>l endroit, pour le puasine des biestes que on</p>
-<p>tuoit si pris de leurs logeis, et pour le chaut qu'il</p>
-<p>faisoit; et si pensoient en leur part avoir l'onneur</p>
-<p>de celle partie, si com il disoient, pour le raison de <span class="dalign">25</span></p>
-<p>ce que il avoient rescousse et garde d'estre perdue le</p>
-<p>bonne cit de Tournay, et avoient fait departir celle</p>
-<p>grande assamble qui assegiet l'avoit, et nient n'i</p>
-<p>avoient fait, comment qu'il y euissent grans frais mis</p>
-<p>et despendus. Li aultre signeur et cil de leur partie <span class="dalign">30</span></p>
-<p>pensoient ossi bien avoir l'onneur de celle partie,</p>
-<p>pour le raison de ce qu'il avoient si longement demoret</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_84"> 84</a></span></div>
-<p>ens ou royaume et assegi une des bonnes cits</p>
-<p>que li rois ewist, et ars et gast son pays cescun</p>
-<p>jour, lui saant et voiant; et point ne l'avoit secouru</p>
-<p>de temps ne d'eure, ensi qu'il deuist; et au daarrain</p>
-<p>il avoit acord une triewe, ses ennemis seans devant <span class="dalign">5</span></p>
-<p>se cit et ardant et gastant son pays.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Ensi en voloit cescune des parties avoir soy et</p>
-<p>attribuer l'onneur. Si en pos determiner entre vous,</p>
-<p>qui oy les fais avs et qui les sents, ce qu'il vous</p>
-<p>en samble, car de moy je n'en pense nullui donner <span class="dalign">10</span></p>
-<p>l'onneur plus l'un que l'autre, ne faire ent partie,</p>
-<p>car je ne me cognois mie en si grans afaires</p>
-<p>qu'en fais et en maniemens d'armes.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 137. Or se departirent cil signeur dou sige de</p>
-<p>Tournay, et en rala cescuns en son lieu. Li rois engls <span class="dalign">15</span></p>
-<p>s'en revint Gand dals ma dame sa femme, et</p>
-<p>asss tost apris il rapassa le mer et toutes ses gens,</p>
-<p>except chiaus qu'il laissa pour estre au parlement </p>
-<p>Arras. Li contes de Haynau s'en revint en son pays;</p>
-<p>et eut adonc une moult noble feste Mons en Haynau <span class="dalign">20</span></p>
-<p>et jouste de chevaliers, la qule messires Gerars</p>
-<p>de Wercin, seneschaus de Haynau, fu et jousta;</p>
-<p>et y fu telement blecis qu'il en morut, dont ce fu</p>
-<p>damages. Se demora de li uns biaus filz, qui fu appells</p>
-<p>Jehans, et puissedi bons chevaliers et hardis; <span class="dalign">25</span></p>
-<p>mais petit dura et regna en sant, dont ce fu damages.</p>
-<p>Li rois de France donna toutes ses gens congiet,</p>
-<p>et puis s'en vint jewer et rafreschir en le ville</p>
-<p>de Lille. Et l le vinrent veoir cil de Tournay, les</p>
-<p>quelz li rois reut liement et vei trs volentiers, et <span class="dalign">30</span></p>
-<p>leur fist grasce, pour tant que si bellement et si vallamment</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_85"> 85</a></span></div>
-<p>il s'estoient tenu et deffendu contre leurs</p>
-<p>ennemis, et que riens on n'avoit pris ne conquest</p>
-<p>sus yaus. Le grasce qu'il leur fist elle fu tle qu'il</p>
-<p>leur rendi leur loy que perdu avoient de grant temps,</p>
-<p>dont il furent moult joiant, car messires Godemars <span class="dalign">5</span></p>
-<p>don Fay et aultre pluiseur chevalier estragne, devant</p>
-<p>lui, en avoient est gouvreneur; si refisent entre</p>
-<p>yaus prevos et jurs, selonch leurs usages anciiens.</p>
-<p>Quant li rois eut ordonn son plaisir une partie</p>
-<p>de ses besongnes, il se departi de Lille et se mist au <span class="dalign">10</span></p>
-<p>chemin devers France, pour revenir Paris.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or vint li saisons que li parlement ordonnet et</p>
-<p>insinuet en le cit d'Arras approcirent. Si y envoia</p>
-<p>li papes Clemens VI<sup>e</sup> en legation deux cardinaulz,</p>
-<p>cesti de Naples et cesti de Clermont, qui de premiers <span class="dalign">15</span></p>
-<p>vinrent Paris, o il furent moult honnour dou</p>
-<p>roy et des Franois; et puis s'avalrent devers Artois</p>
-<p>et jusques en le cit d'Arras. A ce parlement, de par</p>
-<p>le roy de France, furent li contes d'Alenon, li dus</p>
-<p>de Bourbon, li contes de Flandres et li contes de <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Blois, et des prelas li archevesques de Sens, li evesques</p>
-<p>de Biauvais et li evesques d'Auoirre; de par le</p>
-<p>roy d'Engleterre, li evesques de Lincolle, li evesques</p>
-<p>de Duremmes, li contes de Warvich, messires Robers</p>
-<p>d'Artois, messires Jehans de Haynau et messires <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Henris de Flandres. Au quel parlement, il y eut pluiseurs</p>
-<p>trettis et langages mis avant, et parlementrent</p>
-<p>plus de quinze jours. Mais riens n'i fu acord</p>
-<p>ne afin, car li Engls demandoient et li Franois</p>
-<p>ne voloient riens donner, fors tant seulement rendre <span class="dalign">30</span></p>
-<p>le cont de Pontieu, qui fu donne le royne Ysabiel</p>
-<p>en mariage avoech le roy d'Engleterre. Ceste</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_86"> 86</a></span></div>
-<p>cose ne veurent point li Engls accepter. Si se departirent</p>
-<p>cil signeur et cil parlement sans riens faire,</p>
-<p>fors tant seulement que la triewe fu ralongie deux</p>
-<p>ans; che fu tout ce que li cardinal y peurent impetrer.</p>
-<p>Apris ce, cescuns s'en rala en son lieu. Et revinrent <span class="dalign">5</span></p>
-<p>adonc li doi cardinal parmi Haynau, le</p>
-<p>priire dou conte, qui grandement le(s) festia en le</p>
-<p>ville de Valencines.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or nous deporterons nous parler des deux rois,</p>
-<p>tant que les triewes durront, qui furent asss bien <span class="dalign">10</span></p>
-<p>tenues, except les marces lontainnes; et enterons</p>
-<p>en le grant matre et hystore de Bretagne, qui grandement</p>
-<p>renlumine ce livre, pour les biaus fais d'armes</p>
-<p>et grandes aventures qui y sont avenues, si com</p>
-<p>vous pors ensiewant or. Et pour ce que vous sacis <span class="dalign">15</span></p>
-<p>veritablement le commencement et le racine de ceste</p>
-<p>guerre et dont elle se meut, je le vous declarrai de</p>
-<p>point en point. Si en dirs vostre entente, et quel</p>
-<p>cause et droit messires Charles de Blois eut au grant</p>
-<p>hiretage de Bretagne, et d'autre part li contes de <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Montfort qui en fist fait et partie contre lui, dont</p>
-<p>tant de rencontres, de batailles et d'autres grans fais</p>
-<p>d'armes sont avenu en la ditte duc de Bretagne et</p>
-<p>ens s marces voisines.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 138. A savoir est que, quant les triewes furent <span class="dalign">25</span></p>
-<p>acordes et seelles devant le cit de Tournay, tout</p>
-<p>li signeur et toutes manires de gens se deslogirent</p>
-<p>de une part et d'autre. Si s'en rala cescuns en sa</p>
-<p>contre. Li dus de Bretagne, qui avoit est host</p>
-<p>droit l devant Tournay avoec le roy de France plus <span class="dalign">30</span></p>
-<p>grossement et plus estoffeement que nulz des autres</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_87"> 87</a></span></div>
-<p>princes, s'en retourna vers son pays en l'entente</p>
-<p>d'y revenir, mais il ne peut, car une maladie le prist</p>
-<p>sus le chemin, dont il le couvint aliter et morir.</p>
-<p>Dont ce fu damages, car grans guerres et grans</p>
-<p>destructions de villes et de chastiaus en avinrent <span class="dalign">5</span></p>
-<p>entre les gens nobles et non nobles de son pays.</p>
-<p>Et pour cescun mieulz infourmer pour quoi tout</p>
-<p>cil grant mal avinrent, jou en conterai aucune partie</p>
-<p>ensi que je le sai et que jou en ay enquis ou</p>
-<p>pays meismement, o j'ay est et convers, pour <span class="dalign">10</span></p>
-<p>mieulz savoir ent le verit, et chiaus ossi qui ont</p>
-<p>l est o je n'ai mies (este<a id="FNanchor_354" href="#Footnote_354" class="fnanchor">&nbsp;[354]</a>) et qui en ont veu et</p>
-<p>sceu ce que je n'ai mies tout pout veoir et concevoir.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Cilz dus de Bretagne, quant il trespassa de ce sicle,</p>
-<p>n'avoit nul enfant ne n'eut onques de la duoise sa <span class="dalign">15</span></p>
-<p>femme ne n'avoit eu nulle esperance de l'avoir. Si</p>
-<p>avoit un frre, de par se mre qui avoit estet remarie,</p>
-<p>que on appelloit le conte de Montfort, qui vivoit</p>
-<p>adonc, et avoit chilz femme le sereur le conte Loeis</p>
-<p>de Flandres. Cilz dus de Bretagne avoit eut un aultre <span class="dalign">20</span></p>
-<p>frre germain de pre et de mre, qui trespasss estoit;</p>
-<p>s'en estoit demore une jone fillte, la qule li</p>
-<p>dis dus ses oncles avoit marie monsigneur Charle</p>
-<p>de Blois (mains net fil au conte Guy de Blois<a id="FNanchor_355" href="#Footnote_355" class="fnanchor">&nbsp;[355]</a>) de le</p>
-<p>sereur le roy Phelippe de France qui adonc regnoit; <span class="dalign">25</span></p>
-<p>et li avoit prommis en mariage la duc de Bretagne</p>
-<p>apris son dechis, pour tant qu'il se doubtoit que</p>
-<p>li contes de Montfort n'i vosist clamer droit par</p>
-<p>proismet apris son dechis, comment qu'il ne fust</p>
-<p>mies ses frres germains. Et il sambloit au dit duch <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_88"> 88</a></span></div>
-<p>que li fille de sen frre germain devoit estre par raison</p>
-<p>plus proaine de avoir le duce apris son decis,</p>
-<p>que li contes de Montfort, ses frres, qui n'estoit point</p>
-<p>estrais de l'estok de Bretagne. Et par tant qu'il avoit</p>
-<p>toutdis doubtet que ses frres li coens de Montfort <span class="dalign">5</span></p>
-<p>n'enforast, apris son decis, le droit de sa jone nice,</p>
-<p>par se poissance, le maria il au dit monsigneur Carle</p>
-<p>de Blois, celle entente que li rois Phelippes, qui</p>
-<p>estoit ses oncles, li aidast mieus et plus volentiers </p>
-<p>garder son droit encontre le dit conte de Montfort, <span class="dalign">10</span></p>
-<p>s'il le vosist entreprendre.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Si avint tout ce que li dis dus avoit toutdis doubtet.</p>
-<p>Car, sitost que li contes de Montfort peut savoir</p>
-<p>que li dis dus ses frres fu trespasss sus le</p>
-<p>chemin de Bretagne, il se traist tantost Nantes, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>qui est li chis et li souverainne cits de Bretagne;</p>
-<p>et fist tant as bourgois et chiaus dou pays entour,</p>
-<p>qu'il fu receus signeur comme li plus proisme del</p>
-<p>duch son frre qui trespasss estoit; et li fisent tout</p>
-<p>feault et hommage comme au duch de Bretagne et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>au signeur. Quant il eut pris le feaut des bourgois</p>
-<p>de Nantes et dou pays d'entour Nantes, ils et la</p>
-<p>contesse sa femme, qui bien avoit coer d'omme</p>
-<p>et de lyon, eurent conseil ensamble qu'il tenroient</p>
-<p>une grant court et feste solennle Nantes, et manderoient <span class="dalign">25</span></p>
-<p>tous les barons et les nobles del pays de</p>
-<p>Bretagne et les consaulz des bonnes villes et de</p>
-<p>toutes les cits, qu'il volsissent estre et venir celle</p>
-<p>court, pour faire feault lui comme leur droit</p>
-<p>signeur. Quant cilz consaulz fu acords, il envoiirent</p>
-<p>grans messages par tous les signeurs, les cits et <span class="dalign">30</span></p>
-<p>les bonnes villes del pays.</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_89"> 89</a></span></div>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 139. Chou pendant et le feste attendant, il se</p>
-<p>parti de Nantes grant fuison de gens d'armes et s'en</p>
-<p>ala vers la bonne cit de Limoges, car il savoit et</p>
-<p>estoit infourms que li grans tresors, que li dus ses</p>
-<p>frres avoit amasset de lonch temps, estoit l enfrems. <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Quant il vint l, il entra en le cit grant beubant</p>
-<p>et fu noblement recheus des bourgois et de</p>
-<p>tout le clergi et le communaut de le cit; (si ly</p>
-<p>firent tous feault, comme leur droit seigneur. Et</p>
-<p>ly fu tous cils grans tresors delivrs, par le grant acord <span class="dalign">10</span></p>
-<p>qu'il acquist as bourgois de le cit<a id="FNanchor_356" href="#Footnote_356" class="fnanchor">&nbsp;[356]</a>), par grans dons</p>
-<p>et prommesses qu'il leur fist. Et quant il eut l tant</p>
-<p>festiiet et sejourn qu'il li pleut, il s'en parti tout</p>
-<p>le grant tresor et s'en revint droit Nantes, l o</p>
-<p>madame sa femme estoit, qui eut grant joie del grant <span class="dalign">15</span></p>
-<p>tresor que ses sires avoit trouvet. Si demorrent </p>
-<p>Nantes tout quoi, grant feste demenant, jusques au</p>
-<p>jour que la feste devoit estre, et li grans cours tenue;</p>
-<p>et faisoient trs grans pourveances pour celle grant</p>
-<p>feste parfurnir. <span class="dalign">20</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant li jours de celle feste fu venus, et nulz</p>
-<p>n'i venoit pour mandement qui fais leur fust, fors</p>
-<p>uns seulz chevaliers que on clamoit monsigneur</p>
-<p>Hervi de Lyon, noble homme et poissant, li dis</p>
-<p>contes de Montfort et la contesse sa femme en furent <span class="dalign">25</span></p>
-<p>durement courouciet et abaubit. Il fisent leur</p>
-<p>feste par trois jours des bourgois de Nantes et des</p>
-<p>bonnes gens de l au tour, au mieus qu'il peurent;</p>
-<p>si eurent grant despit des aultres qui n'avoient dagniet</p>
-<p>venir leur mandement. Et eurent conseil <span class="dalign">30</span></p>
-<span class="pagenum"><a id="Page_90"> 90</a></span>
-<p>entre yaus de retenir saudoiiers cheval et piet,</p>
-<p>tous ceulz qui venir vorroient, et de departir ce grant</p>
-<p>tresor que trouvet avoient, pour mieus venir le dit</p>
-<p>conte son pourpos de la ditte duc de Bretagne, et</p>
-<p>pour constraindre tous rebelles de venir merchi. <span class="dalign">5</span></p>
-<p>A ce conseil se tinrent tout cil qui l furent, chevalier,</p>
-<p>clerch et bourgois. Et furent retenu saudoiier</p>
-<p>venans de tous costs, et larghement paiis, tant qu'il</p>
-<p>en eurent grant plent, cheval et piet, nobles et</p>
-<p>non nobles, de pluiseurs pays. <span class="dalign">10</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 140. Quant li contes de Montfort perchut qu'il</p>
-<p>avoit gens plentet, il eut conseil de aler conquerre,</p>
-<p>par force ou par amours, tout le pays, et de destruire</p>
-<p>tous rebelles son pooir. Puis, issi hors de le cit</p>
-<p>de Nantes grant host; si se trest par devers un <span class="dalign">15</span></p>
-<p>moult fort chastiel qui siet d'un costet sus mer, que</p>
-<p>on appelle (Brait. Et en estoit gardiiens et chastellains</p>
-<p>uns gentilz chevaliers qu'on appelloit<a id="FNanchor_357" href="#Footnote_357" class="fnanchor">&nbsp;[357]</a>) monsigneur</p>
-<p>Garnier de Clion, cousins au duch qui</p>
-<p>mors estoit, et cousins monsigneur Olivier de <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Clion, un noble chevalier et un des plus haus barons</p>
-<p>de Bretagne. Anois que li dis coens de Montfort</p>
-<p>parvenist Brait, il avoit si constraint tous</p>
-<p>chiaus del commun pays, fors de forterces, que cescuns</p>
-<p>le sievoit cheval ou piet, car nulz ne l'osoit <span class="dalign">25</span></p>
-<p>laissier, si qu'il avoit si grant host que merveilles</p>
-<p>estoit. Quant il fu parvenus devant le chastiel de</p>
-<p>Brait tout son host, il fist appeller le chevalier deseure</p>
-<p>dit monsigneur Garnier (de Clichon par monsigneur</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_91"> 91</a></span></div>
-<p>Hervy de Lyon qui l estoit venus avoech lui,</p>
-<p>et requist au dit monsigneur Garnier<a id="FNanchor_358" href="#Footnote_358" class="fnanchor">&nbsp;[358]</a>) qu'il vosist</p>
-<p>obeir lui et rendre le ville et le chastiel comme au</p>
-<p>duch de Bretagne et signeur. Li chevaliers respondi</p>
-<p>qu'il n'estoit point consillis de ou faire, ne riens <span class="dalign">5</span></p>
-<p>n'en feroit, ne ne le tenroit signeur, s'il n'en avoit</p>
-<p>mandement et ensengnes dou signeur qui il devoit</p>
-<p>estre par droit. Adonc retray li dis coens arrire et</p>
-<p>deffia le chevalier et chiaus dou chastiel et de le</p>
-<p>ville. A l'endemain, quant il eut oy messe, il commanda <span class="dalign">10</span></p>
-<p>que tout fuissent armet et fist le chastiel assallir,</p>
-<p>qui moult fors estoit et bien pourveus et appareillis</p>
-<p>pour le deffendre. Et li chevaliers messires</p>
-<p>Garniers de Clion, qui preus estoit, sages et hardis,</p>
-<p>fist ossi toutes ses gens armer, qui bien estoient trois <span class="dalign">15</span></p>
-<p>cens arme(u)res et combatans, et fist ascun aler </p>
-<p>se deffense l o il les avoit ordonns et establis, et</p>
-<p>en prist environ quarante des plus hardis: si s'en</p>
-<p>vint hors dou chastiel jusques as bailles pour deffendre,</p>
-<p>se il peuist, quant il vei les assallans venir tous <span class="dalign">20</span></p>
-<p>batillis.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>A ce premierain assaut, eut grant hustin et trs</p>
-<p>durement trait et lanciet, et fuison de mors et de</p>
-<p>navrs de chiaus de dehors. Et y fist li dis chevaliers</p>
-<p>tant de biaus fais d'armes et souffri tant de cops <span class="dalign">25</span></p>
-<p>durs et perilleus que on le devoit bien tenir pour</p>
-<p>preu. Ms au daarrain il y sourvint si grant fuisson</p>
-<p>des assallans, et se les semonnoit li contes si asprement,</p>
-<p>que cescuns s'esprouvoit, efforoit et penoit</p>
-<p>de l'assallir et se mettoit en aventure: si ques, au <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_92"> 92</a></span></div>
-<p>daarrain, les bailles furent gaegnies, et convint les</p>
-<p>daarrains retraire vers le forterce grant meschief,</p>
-<p>car li assallant se ferirent entre yaus et en turent</p>
-<p>aucuns. Et li chevaliers, qui y faisoit merveilles d'armes,</p>
-<p>les rescouoit et les metoit ce qu'il pooit sauvet <span class="dalign">5</span></p>
-<p>dedens la mestre porte. Quant cil qui estoient</p>
-<p>sus le port(e) veirent le grant meschief, il eurent paour</p>
-<p>de perdre le chastiel; si laissirent avaler le grant</p>
-<p>restiel et encloirent le chevalier dehors et aucuns de</p>
-<p>leurs compagnons qui se combatoient fortement <span class="dalign">10</span></p>
-<p>chiaus de dehors. L fu li bons chevaliers grant</p>
-<p>meschief et durement navrs en pluiseurs lius, et si</p>
-<p>compagnon, qui hors estoient fourclos, pris que tout</p>
-<p>mort; ne onques ne se volt rendre prisons pour requeste</p>
-<p>que on li fesist. Quant cil del chastiel veirent <span class="dalign">15</span></p>
-<p>le grant meschief l o li chevaliers estoit et comment</p>
-<p>il se deffendoit, il s'efforcirent de traire et de</p>
-<p>getter grosses pires fais, tant qu'il fisent les assallans</p>
-<p>traire arrire, et ressachirent sus un petit les</p>
-<p>restiaus; par quoi li chevaliers entra en le porte durement <span class="dalign">20</span></p>
-<p>blecis et navrs en pluiseurs heus, et aucuns</p>
-<p>de ses compagnons, qui demoret li estoient, tout navret</p>
-<p>ossi. Et li assallant retraiirent arrire leurs logeis,</p>
-<p>durement travillis, et li aucun blechis et navrs,</p>
-<p>et li coens de Montfort durement couroucis de ou <span class="dalign">25</span></p>
-<p>que li chevaliers li estoit escaps. A l'endemain, il fist</p>
-<p>faire et apparillier instrumens et engiens pour plus</p>
-<p>fortement assallir le chastiel, et bien dist qu'il ne s'en</p>
-<p>partiroit, pour bien ne pour mal, si l'aroit se volent.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Au tierc jour apris, il entendi par une espie <span class="dalign">30</span></p>
-<p>que li bons chevaliers messires Garniers de Clion</p>
-<p>estoit trespasss des plaies et des bleceures qu'il</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_93"> 93</a></span></div>
-<p>avoit receutes en lui deffendant, si comme voirs</p>
-<p>estoit, dont ce fu pits et damages. Si commanda</p>
-<p>tantost que cescuns se alast armer pour recommencier</p>
-<p>l'assaut moult vighereusement. Et adonc fist li</p>
-<p>coens traire avant aucuns estrumens qui fais estoient, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>et grans mairiens pour getter oultre les fosss pour</p>
-<p>venir as murs dou chastiel. Chil de dedens se deffendirent</p>
-<p>longement, de traire et de getter pires et feu</p>
-<p>et pos plains de cauch, jusques environ le heure de</p>
-<p>miedi. Adonc les fist requerre li contes qu'il se volsissent <span class="dalign">10</span></p>
-<p>rendre et lui tenir signeur, et il lor pardonroit</p>
-<p>son mautalent. Il eurent conseil entre yaus longement,</p>
-<p>tant que li contes fist cesser l'assaut. Au</p>
-<p>daarrains, quant il se furent longuement consilliet,</p>
-<p>il se rendirent de plain acord au dit conte, salve <span class="dalign">15</span></p>
-<p>leurs corps, leurs membres et leur avoir. Si entra</p>
-<p>adonc li dis contes ens ou chastiel de Brait peu de</p>
-<p>gens, et rechut le feaut de tous les hommes de le</p>
-<p>chastelerie, et y establi un chevalier pour chastelain en</p>
-<p>qui moult se fioit, puis revint ses tentes tous joians. <span class="dalign">20</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 141. Quant li contes de Montfort fu revenus</p>
-<p>entre ses gens, et il eut establi ses gardes ens ou chastiel</p>
-<p>de Brait, il eut conseil qu'il se trairoit par devers</p>
-<p>le cit de Rennes qui estoit asss pris de l. Si fist</p>
-<p>deslogier ses gens et traire le chemin devers Rennes. <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Et par tout l o il venoit, il faisoit toutes manires</p>
-<p>de gens rendre et faire feault lui comme leur</p>
-<p>droit signeur. Et enmenoit tous chiaus qui se pooient</p>
-<p>aidier, avoecques lui, pour efforcier son host; et il ne</p>
-<p>l'osoient refuser ne laiier, pour doubtance de leurs <span class="dalign">30</span></p>
-<p>corps. Et en ala tant ensi qu'il vint devant le cit de</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_94"> 94</a></span></div>
-<p>Rennes; si fist tendre ses tentes et ses gens logier entours</p>
-<p>(le ville et entours<a id="FNanchor_359" href="#Footnote_359" class="fnanchor">&nbsp;[359]</a>) les fourbours. Quant cil</p>
-<p>de le cit de Rennes veirent ceste host logie entours</p>
-<p>leur ville et entours les fourbours, il fisent grant</p>
-<p>samblant d'yaus deffendre. Et avoient avoecques yaus <span class="dalign">5</span></p>
-<p>un gentil homme, chevalier preu et hardi durement,</p>
-<p>qui manoit asss pris de l, et l'amoient entre yaus</p>
-<p>trop durement pour le loyaut de lui. Si l'avoient</p>
-<p>esleu et pris pour leur gouvrenement et chapitainne,</p>
-<p>et avoit nom messires Henris de Pennefort. <span class="dalign">10</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Si avint un jour que cilz eut volent qu'il destourberoit</p>
-<p>les gens de l'host, s'il avoit compagnie.</p>
-<p>Si pourcaa tant qu'il eut compagnie de deus cens</p>
-<p>hommes de bonne volent, et issi hors de le cit</p>
-<p>paisievlement l'aube dou jour, et se feri l'un <span class="dalign">15</span></p>
-<p>des costs de l'host toute se compagnie. Si abati</p>
-<p>tentes et logeis et en tua aucuns, par quoi li cris</p>
-<p>et li hahais mon(ta) tantost en l'ost, et cria cescuns</p>
-<p>as armes, et se commencirent deffendre. Droit</p>
-<p> ce point se repairoit uns chevaliers, qui avoit fait <span class="dalign">20</span></p>
-<p>le gait celle nuit, par devers l'ost, toute se compagnie.</p>
-<p>Si oy le cri et le hahay et se trest celle part,</p>
-<p>au ferir des esporons, et encontra le chevalier et toute</p>
-<p>se compagnie qui s'en repairoit vers le cit. Si lor</p>
-<p>coururent sus vighereusement, et eurent bon puigneis <span class="dalign">25</span></p>
-<p>et fort. Apris yaus venoient courant cil de</p>
-<p>l'host qui estoient armet. Quant cil de le cit veirent</p>
-<p>le fais qui leur croissoit, il se desconfirent et s'en</p>
-<p>fuirent vers le cit ce qu'il peurent, mais il en domora</p>
-<p>grant fuison de mors et de pris. Et si y fu pris li chevaliers <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_95"> 95</a></span></div>
-<p>que tant amoient, messires Henris de Pennefort</p>
-<p>(et amens devant le conte<a id="FNanchor_360" href="#Footnote_360" class="fnanchor">&nbsp;[360]</a>) qui volentiers le vey.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant tout furent repairiet leur host, li contes</p>
-<p>eut conseil qu'il envoieroit le chevalier prison par</p>
-<p>devant le cit, et feroit requerre les bourgois qu'il <span class="dalign">5</span></p>
-<p>li volsissent rendre le cit et faire feault lui comme</p>
-<p> leur signeur, ou il feroit pendre le chevalier devant</p>
-<p>le porte, par tant qu'il avoit entendu que li</p>
-<p>chevaliers estoit trs durement ams de toute le communaut</p>
-<p>de Rennes. Ensi fu fait que consilliet fu. <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Quant cil de le cit orent celle requeste et veirent</p>
-<p>le chevalier qu'il amoient tant tel meschief, il en</p>
-<p>eurent grant pit. Si se traisent en le cit pour yaus</p>
-<p>consillier sour celle requeste que on leur avoit faite.</p>
-<p>Si se consillirent moult longuement, car grans dissentions <span class="dalign">15</span></p>
-<p>estoit entre yaus, car li communs avoit</p>
-<p>grant piti dou chevalier qu'il amoient durement,</p>
-<p>et si avoient petit de pourveances pour le sige longement</p>
-<p>soustenir. Si se acordrent finablement tuit</p>
-<p> le pais. Et li grant bourgois, qui estoient bien <span class="dalign">20</span></p>
-<p>pourveu, ne s'i voloient acorder.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Si monteplia li dissentions si durement que li</p>
-<p>grant bourgois, qui estoient tout d'un linage, se traisent</p>
-<p>d'une part et disent tout hault que tout cil qui</p>
-<p>estoient de leur accord se traisissent d'une part et devers <span class="dalign">25</span></p>
-<p>yaus. Il s'en traii tant de chiaus qui estoient de</p>
-<p>leur linage, qu'il furent bien doi mille, tout d'un</p>
-<p>acord. Quant li aultre commun veirent che, il se</p>
-<p>commencirent esmouvoir et criier durement sus</p>
-<p>les grans bourgois, disant sur yaus laides parolles et <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_96"> 96</a></span></div>
-<p>villainnes. Et au daarrain il les coururent sus, et en</p>
-<p>turent grant fuison. Quant li bourgois se veirent </p>
-<p>tel dangier, (il) priirent merci, et disent qu'il s'acorderoient</p>
-<p> le volent dou commun et dou pays.</p>
-<p>Adonc cessa li hustins, et coururent tous li communs</p>
-<p>ouvrir les portes, et rendirent le ditte cit au conte <span class="dalign">5</span></p>
-<p>de Montfort; et li fisent feault et hommage, grans</p>
-<p>et petis, et le cogneurent signeur. Ossi fist li chevaliers,</p>
-<p>messires Henris de Pennefort, et fu retenus</p>
-<p>de son conseil. <span class="dalign">10</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 142. Adonc entra li contes de Montfort en le</p>
-<p>cit de Rennes grant feste, et fist son host tout quoi</p>
-<p>logier as camps. Et fist le pais et l'acord entre les</p>
-<p>grans bourgois et les communs; puis establi baillieu,</p>
-<p>prevost, eskievins, sergans et tous aultres officiiers. <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Et sejourna en le cit trois jours, pour li reposer et</p>
-<p>son host ossi, et pour avoir avis comment il feroit de</p>
-<p>donc en avant. Au quart jour, il fist son hoost deslogier,</p>
-<p>et eut conseil de traire devers uns des plus fors</p>
-<p>chastiaus et forte ville sans comparison de toute Bretagne, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>que on claime Haimbon, et siet droitement sus</p>
-<p>un bon port de mer, et en va li fluns tout au tour</p>
-<p>par grans fosss. Quant messires Henris de Pennefort,</p>
-<p>qui estoit rendus (au conte<a id="FNanchor_361" href="#Footnote_361" class="fnanchor">&nbsp;[361]</a>) et avoit juret son conseil,</p>
-<p>vei que li contes se trairoit par devers Haimbon, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>dont Oliviers de Pennefort ses frres avoit estet</p>
-<p>gouvrenres un grant temps et encores estoit, il eut</p>
-<p>paour qu'il ne mescheist son frre par aucune</p>
-<p>aventure; si traist le conte d'une part conseil et li</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_97"> 97</a></span></div>
-<p>dist: Sire, je sui de vostre conseil, si vous doi</p>
-<p>feaut. Je voi que vous vols traire par devers Haimbon.</p>
-<p>Sachis que li chastiaus et la ville sont si fort</p>
-<p>qu'il ne font mies gaegnier, ensi que vous poriis</p>
-<p>penser. Vous y poris seoir et perdre le temps d'un <span class="dalign">5</span></p>
-<p>an, anois que vous le peuissis avoir par force. Mais</p>
-<p>je vous dirai, se croire me vols, comment vous le</p>
-<p>pors avoir. Il fait boin ouvrer par engien, quant on</p>
-<p>ne poet avant aler par force. Vous me delivers, se</p>
-<p>il vous plaist, jusques six cens hommes faire me <span class="dalign">10</span></p>
-<p>volent, et je les menrai devant vostre host par l'espasse</p>
-<p>de quatre liewes de terre, et porterai le banire</p>
-<p>de Bretagne devant mi. Jou ay dedens Haimbon un</p>
-<p>frre qui est gouvrenres dou chastiel et de le ville.</p>
-<p>Tantost qu'il vera le banire de Bretagne et il me cognistera, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>il me fera ouvrir le porte, et je enterai dedens</p>
-<p> toutes gens, et me saisirai de le ville et des</p>
-<p>portes, et prenderai mon frre, et le vous renderai</p>
-<p>pris et vostre volent, se tantost il n'obeist moy,</p>
-<p>ms que vous me prommets que dou corps nul mal <span class="dalign">20</span></p>
-<p>ne li fers.&mdash;Par mon chief, dist li contes, nennil.</p>
-<p>Et vous estes bien aviss, et vous amerai mieus</p>
-<p>que devant tous jours ms, se par ensi faites que je</p>
-<p>soie sires de Haimbon, de le ville et dou chastiel.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 143. Adonc se parti messires Henris de Pennefort <span class="dalign">25</span></p>
-<p>de le route dou conte, en se compagnie bien six</p>
-<p>cens armeures de fier, et chevaua le jour tout entier,</p>
-<p>et sus le soir il vint en Haimbon. Quant Oliviers de</p>
-<p>Pennefort ses frres sceut que messires Henris venoit</p>
-<p>l, si en eut grant joie et cuida tout certainnement <span class="dalign">30</span></p>
-<p>que ce fust pour lui aidier garder le ville; si le</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_98"> 98</a></span></div>
-<p>laissa ens et ses gens d'armes, et vint contre lui sus</p>
-<p>le rue. Si tost que messires Henris le vei, il s'approa</p>
-<p>de lui et le prist et li dist: Olivier, vous estes mon</p>
-<p>prisonnier.&mdash;Comment ce, respondi Oliviers!</p>
-<p>Je me sui confiis en vous et cuidoie que vous venissis <span class="dalign">5</span></p>
-<p>chi pour moy aidier garder et deffendre</p>
-<p>ceste ville et ce chastiel.&mdash;Biaus frres, dist</p>
-<p>messires Henris, il ne va point ensi. Je m'en mach</p>
-<p>en possession et saisine de par le conte de Montfort,</p>
-<p>qui presentement est dus de Bretagne, et qui j'ay <span class="dalign">10</span></p>
-<p>fait feaut et hommage, et tous li plus grant partie</p>
-<p>dou pays ossi. Si y obeirs ossi. Et encores vault</p>
-<p>mieulz que ce soit par amours que par force, et vous</p>
-<p>en sara messires grignour gr. Tant fu Oliviers de</p>
-<p>Pennefort preecis et amonnests de monsigneur <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Henri son frre, qu'il s'acorda lui et au conte de</p>
-<p>Montfort ossi, qui entra dedens Haimbon grant joie;</p>
-<p>et fu plus lis de le prise et saisine de Haimbon que</p>
-<p>de telz quarante castiaus (qui<a id="FNanchor_362" href="#Footnote_362" class="fnanchor">&nbsp;[362]</a>) sont en Bretagne, car</p>
-<p>il y a bonne ville et grosse et bon port de mer. Si se <span class="dalign">20</span></p>
-<p>saisi tantost dou fort chastiel et de le ville, et y mist</p>
-<p>dedens ses gens et ses garnisons.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Et puis si se traist toute son host par devant le</p>
-<p>cit de Vennes; et fist tant parler et trettier as bourgois</p>
-<p>et chiaus de Vennes, qu'il se rendirent lui <span class="dalign">25</span></p>
-<p>et li fisent feault et hommage comme leur signeur.</p>
-<p>Il establi en le cit toutes manires d'officiiers et y</p>
-<p>sejourna deus jours.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Au tierc jour, il s'en parti et ala assegier un trop</p>
-<p>fort chastiel, seant sus un hault tertre qui s'estent <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_99"> 99</a></span></div>
-<p>droit sus le mer, que on claime le Roceperiot. Si en</p>
-<p>estoit chastellains uns vaillans chevaliers et moult</p>
-<p>gentils homs que on clamoit monsigneur Olivier de</p>
-<p>Clion, cousins germains au signeur de Clion. Et</p>
-<p>sejourna par devant, sige fait, plus de dix jours que <span class="dalign">5</span></p>
-<p>onques ne peut trouver voie par quoi il peuist le</p>
-<p>chastiel gaagnier, si fors estoit il. Et si ne pooit</p>
-<p>trouver accord au gentil chevalier, par quoi il peuist</p>
-<p>obeir lui, par promesses ne par manaces qu'il li</p>
-<p>peuist faire. <span class="dalign">10</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Si s'en parti atant et laissa le sige jusques tant</p>
-<p>que plus grans pooirs li venroit, et ala assegier un</p>
-<p>aultre chastiel, dix liewes pris de l, que on clamoit</p>
-<p>chastiel d'Auroy. Et en estoit chastellains uns</p>
-<p>gentilz chevaliers que on clamoit monsigneur Joffroi <span class="dalign">15</span></p>
-<p>de Malatrait, et avoit compagnon monsigneur Yvon</p>
-<p>de Tigri. Li dis coens fist assallir deus fois celui</p>
-<p>castiel, mais il vey bien qu'il y poroit plus perdre</p>
-<p>que gaegnier. Si s'acorda une triewe et jour de</p>
-<p>parlement, par le pourcach monsigneur Hervi de <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Lyon, qui adonc estoit avoech lui. Li parlemens se</p>
-<p>porta si bien que au pardaarrain il furent bon ami.</p>
-<p>Et fisent li doi chevalier feault au dit conte, et demorrent</p>
-<p>gardiien dou dit chastiel et de celui pays,</p>
-<p>de par le dit conte. <span class="dalign">25</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Atant se parti li contes de l et mena son host par</p>
-<p>devant un aultre fort chastiel, asss pris de l, que</p>
-<p>on claime Goy le Foriest. Chils qui chastelains en</p>
-<p>estoit veoit que li contes avoit grant host et que</p>
-<p>tous li pays se rendoit lui: si ques, par l'enhort et <span class="dalign">30</span></p>
-<p>le conseil monsigneur Hervi de Lyon, avoech qui il</p>
-<p>avoit estet grans compains en Grenate, en Prusce et</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_100"> 100</a></span></div>
-<p>en aultres estragnes contres, il s'acorda au dit conte</p>
-<p>et li fist feault, et demora gardiiens del dit chastiel</p>
-<p>de par le conte.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Tantost apris, li contes se parti de l et s'en ala</p>
-<p>par devers Craais, bonne ville et fort chastiel, et <span class="dalign">5</span></p>
-<p>avoit dedens un evesque qui sires en estoit. Chilz</p>
-<p>evesques estoit oncles au dit monsigneur Hervi de</p>
-<p>Lyon: si ques, par le conseil et l'amour del dit</p>
-<p>monsigneur Hervi de Lyon, il s'acorda au dit conte</p>
-<p>et le recogneut signeur jusques adonc que venroit <span class="dalign">10</span></p>
-<p>avant, qui plus grant droit mousteroit pour avoir la</p>
-<p>duce de Bretagne.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 144. Pourquoi vous feroi je lonc compte? En</p>
-<p>tel manire conquist li dis contes de Montfort tout</p>
-<p>cel pays que vous avs oy, et fist par tout obeir lui <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et appeller duc de Bretagne. Puis s'en ala un port</p>
-<p>de mer que on claime Gredo, et departi toutes ses</p>
-<p>gens. Si les envoia par ses cits et forterces, pour</p>
-<p>elles aidier garder, puis se mist en mer tout</p>
-<p>vingt chevaliers et naga tant qu'il vint en Cornuaille <span class="dalign">20</span></p>
-<p>et arriva un port c'on dist Cepse. Si enquist dou</p>
-<p>roy engls o il le trouveroit. Il li fu dit que le plus</p>
-<p>dou tamps il se tenoit Windesore. Dont chevaua</p>
-<p>celle part et toute se route; et fist tant par ses journes</p>
-<p>qu'il vint Windesore, o il fu receus grant <span class="dalign">25</span></p>
-<p>joie dou roy, de ma dame le royne et de tous les</p>
-<p>barons qui l estoient. Et fu grandement festiis et</p>
-<p>honnours, quant on sceut pour coi il estoit l venus.</p>
-<p>Premierement (il<a id="FNanchor_363" href="#Footnote_363" class="fnanchor">&nbsp;[363]</a>) remoustra ses besongnes au roy</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_101"> 101</a></span></div>
-<p>engls, monsigneur Robert d'Artois et tout le conseil</p>
-<p>le roy, et dist comment il s'estoit mis en saisine</p>
-<p>et en possession de la duce de Bretagne, qui escheue</p>
-<p>li estoit par le succession dou duc son frre daarrainnement</p>
-<p>trespass de ce sicle. Or faisoit il <span class="dalign">5</span></p>
-<p>doubte que messires Charles de Blois ne li empeeast,</p>
-<p>et li rois de France ses oncles ne li volsist oster par</p>
-<p>poissance; pour quoi il s'estoit l trais pour relever</p>
-<p>la ditte duce et tenir en foy et en hommage dou</p>
-<p>roy d'Engleterre tous jours, ms qu'il l'en fesist <span class="dalign">10</span></p>
-<p>seur contre le roy de France et contre tous aultres</p>
-<p>qui empeecier li vorroient.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant li rois engls eut oy ces parolles, il y entendi</p>
-<p>volentiers, car il regarda et ymagina que se</p>
-<p>guerre au roy de France en seroit grandement embellie, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et qu'il ne pooit avoir plus belle entre ou</p>
-<p>royaume ne plus pourfitable que par Bretagne, et</p>
-<p>que, de tant qu'il avoit guerriiet par les Alemans et</p>
-<p>les Braibenons, il n'avoit riens fait, fors que frettiiet</p>
-<p>et despendut grandement et grossement. Et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>l'avoient men et demen li signeur de l'Empire,</p>
-<p>qui avoient pris son or et son argent, ensi qu'il</p>
-<p>avoient volu, et riens fait. Si descendi le requeste</p>
-<p>dou conte de Montfort liement et legierement, et</p>
-<p>prist le hommage de la ditte duc de Bretagne, par <span class="dalign">25</span></p>
-<p>la main dou conte de Montfort, qui se tenoit et appelloit</p>
-<p>dus de Bretagne. Et l li eut li rois engls en</p>
-<p>couvent, present les barons et les chevaliers qui</p>
-<p>d'Engleterre estoient et qu'il avoit l amens de Bretagne,</p>
-<p>qu'il l'aideroit et deffenderoit et garderoit <span class="dalign">30</span></p>
-<p>comme son homme contre tous hommes, fust rois de</p>
-<p>France ou aultres, selonch son loyal pooir. De ces parolles</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_102"> 102</a></span></div>
-<p>et de ces hommages furent escriptes et (leues<a id="FNanchor_364" href="#Footnote_364" class="fnanchor">&nbsp;[364]</a>)</p>
-<p>lettres et seeles, dont cescune des parties eut les</p>
-<p>copies. Avoec tout ce, li rois et ma dame la royne</p>
-<p>donnrent au conte de Montfort et ses gens grans</p>
-<p>dons et biaus jeuiaus, car bien le savoient faire; et <span class="dalign">5</span></p>
-<p>tant qu'il en furent tout content et qu'il disent que</p>
-<p>c'estoit uns nobles rois et vaillans et une noble</p>
-<p>royne, et qu'il estoient bien tailliet de regner encores</p>
-<p>en grant prosperit.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Apris toutes ces coses faites et acomplies, li contes <span class="dalign">10</span></p>
-<p>de Montfort prist congiet et se parti d'yaus, et</p>
-<p>passa Engleterre. Et rentra en mer ce meisme port</p>
-<p>o il estoit arivs, et naga tant qu'il arriva Gredo</p>
-<p>en le Basse Bretagne. Et puis s'en vint en le cit de</p>
-<p>Nantes, o il trouva la contesse sa femme, qui il <span class="dalign">15</span></p>
-<p>recorda comment il avoit esploitiet. De ce fu elle</p>
-<p>toute joians, et li dist qu'il avoit trs bien ouvr et</p>
-<p>par bon conseil. Si me tairai un petit d'yaus et</p>
-<p>parlerai de monsigneur Charlon de Blois, qui devoit</p>
-<p>avoir la duce de Bretagne de par sa femme, ensi <span class="dalign">20</span></p>
-<p>que vous avs oy determiner par devant.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 145. Quant messires Charles de Blois, qui tenoit</p>
-<p> avoir femme le droit hoir de Bretagne, entendi</p>
-<p>que li contes de Montfort conqueroit ensi par force</p>
-<p>le pays et les forterces, qui estre devoient siennes <span class="dalign">25</span></p>
-<p>par droit, il s'en vint Paris complaindre au roy</p>
-<p>Phelippe son oncle. Li rois Phelippes ot conseil </p>
-<p>ses douze pers quel cose il en feroit. Si douze per li</p>
-<p>consillirent qu'il apertenoit bien que li dis coens</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_103"> 103</a></span></div>
-<p>de Montfort fust mands et ajourns par souffissans</p>
-<p>messages estre un certain jour Paris, pour or</p>
-<p>ce qu'il en vorroit respondre. Ensi fu fait. Li dis</p>
-<p>contes fu mands et ajourns souffissamment; et fu</p>
-<p>trouvs en le cit de Nantes, grant feste demenant. Il <span class="dalign">5</span></p>
-<p>fist grant chire et grant feste as messages, mais il</p>
-<p>eut pluiseurs diverses penses anois qu'il otriast le</p>
-<p>voie de l'aler au mandement dou roy Paris. Toutes</p>
-<p>voies au darrain, il leur respondi qu'il voloit estre</p>
-<p>obeyssans au roy et qu'il iroit volentiers son mandement. <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Si s'ordonna et apparilla moult richement</p>
-<p>et grandement, et se departi de Nantes en grant arroi</p>
-<p>et bien acompagnis de chevaliers et d'escuiers, et</p>
-<p>fist tant par ses journes qu'il entra en Paris plus</p>
-<p>de trois cens chevaus, et se trest as hostelz moult ordeneement,<span class="dalign">15</span></p>
-<p>et fu l tout le jour et le nuit ossi.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>A l'endemain, heure de tierce, il monta cheval,</p>
-<p>et chevalier et escuier grant fuison avoecques lui, et</p>
-<p>chevaua vers le palais et fist tant qu'il y vint. L</p>
-<p>l'attendoit li rois Phelippes, et tout li douze per et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>grant plent des barons de France avoecques monsigneur</p>
-<p>Charlon de Blois. Quant li contes de Montfort</p>
-<p>sceut quel part il trouveroit le roy et les barons,</p>
-<p>il s'est trais viers yaus en une cambre o il estoient</p>
-<p>tout assambl. Si fu moult durement regards et salus <span class="dalign">25</span></p>
-<p>de tous les barons, puis s'en vint encliner le</p>
-<p>roy moult humlement et li dist: Sire, je sui chi</p>
-<p>venus vostre mandement et vostre plaisir. Li</p>
-<p>rois li respondi et li dist: Contes de Montfort, de</p>
-<p>ce vous sai je bon gr. Mais je m'esmerveille durement <span class="dalign">30</span></p>
-<p>pour quoi ne comment vous avs os entreprendre,</p>
-<p>de vostre volent, le duche de Bretagne o</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_104"> 104</a></span></div>
-<p>vous n'avs nul droit, car il y a plus proisme de</p>
-<p>vous, cui vous vols deshireter. Et pour vous mieus</p>
-<p>efforcier, vous estes als mon adversaire le roy</p>
-<p>d'Engleterre, et le avs de lui relevet et lui fait</p>
-<p>feault et hommage, ensi que on le m'a compt. Li <span class="dalign">5</span></p>
-<p>contes respondi et dist: Ha! sire, ne le cres pas,</p>
-<p>car vraiement vous estes de chou mal infourms, je</p>
-<p>le feroie moult envis. Mais de la proismet dont</p>
-<p>vous me parls m'est avis, sire, sauve vostre grasce,</p>
-<p>que vous en mesprends, car je ne sai nul si proain <span class="dalign">10</span></p>
-<p>del duch de Bretagne, mon frre daarrainnement</p>
-<p>mort, que moy. Et se jugiet et declaret estoit</p>
-<p>par droit que aultres y fust plus proismes de moy,</p>
-<p>je ne seroie point honteus ne rebelles del deporter.</p>
-<p>Quant li roys entendi chou, il respondi et dist: <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Sire coens, vous en dites asss, ms je vous commande,</p>
-<p>sur quanques vous tens de moy et que</p>
-<p>tenir en devs, que vous ne vous parts de le cit</p>
-<p>de Paris jusques quinze jours que li baron et li per</p>
-<p>jugeront de celle proismet. Si sars adonc quel <span class="dalign">20</span></p>
-<p>droit vous y avs; et se vous le faites autrement, sacis</p>
-<p>que vous me couroucers. Li coens respondi</p>
-<p>et dist: Sire, vostre volent.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Si se parti atant dou roy et vint son hostel:</p>
-<p>venus, il entra en sa cambre et se commena aviser <span class="dalign">25</span></p>
-<p>et penser que, s'il attendoit le jugement des barons</p>
-<p>et des pers de France, que li jugemens poroit</p>
-<p>bien tourner contre lui, car bien li sambloit que</p>
-<p>li rois feroit plus volentiers partie pour monsigneur</p>
-<p>Charlon de Blois son neveu que pour lui. <span class="dalign">30</span></p>
-<p>Et veoit bien que, se il avoit jugement contre</p>
-<p>lui, que li rois le feroit arrester jusques tant</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_105"> 105</a></span></div>
-<p>qu'il aroit tout rendu, cits, villes et chastiaus</p>
-<p>dont il tenoit ores le saisine et le possession, et</p>
-<p>avoech chou tout le grant tresor qu'il avoit trouvet</p>
-<p>et despendut. Se li fu avis pour le mains</p>
-<p>mauvais qu'il li valoit mieulz qu'il courouchast le <span class="dalign">5</span></p>
-<p>roy et s'en ralast paisievlement par devers Bretagne,</p>
-<p>que il demorast en Paris en ce dangier et en si perilleuse</p>
-<p>aventure. Ensi qu'il pensa, ensi fut fait. Si</p>
-<p>monta si paisievlement et si couvertement, et se parti</p>
-<p> si peu de compagnie qu'il fu anois en Bretagne <span class="dalign">10</span></p>
-<p>revenus que li rois ne aultres, fors cil de son conseil,</p>
-<p>sceuissent riens de son departement; ains pensoit</p>
-<p>cescuns qu'il fust dehetis son hostel. Quant il fu</p>
-<p>revenus dals le contesse sa femme qui estoit </p>
-<p>Nantes, il li compta toute sen aventure, puis ala par <span class="dalign">15</span></p>
-<p>le conseil de sa femme, qui avoit bien coer d'omme</p>
-<p>et de lyon, par toutes les cits, les chastiaus et les</p>
-<p>bonnes villes qui estoient lui rendues, et establi</p>
-<p>par tout bons capitainnes et si grant plent de saudoiiers</p>
-<p> piet et cheval qu'il y couvenoit, et grans <span class="dalign">20</span></p>
-<p>pourveances de vivres l'avenant. Et paia si bien</p>
-<p>tous saudoiiers piet et cheval que cescuns le servoit</p>
-<p>volentiers. Quant il eut (tout) ordonn ensi qu'il</p>
-<p>appertenoit, il s'en revint Nantes dals ma dame sa</p>
-<p>femme et dals les bourgois de le cit, qui durement <span class="dalign">25</span></p>
-<p>l'amoient par samblant, pour les grans courtoisies</p>
-<p>qu'il leur faisoit. Or me tairai un petit de lui et retourneray</p>
-<p>au roy de France et son neveu monsigneur</p>
-<p>Charlon de Blois.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 146. Cescuns doit savoir que li rois de France <span class="dalign">30</span></p>
-<p>fu durement couroucis, ossi fu messires Charles de</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_106"> 106</a></span></div>
-<p>Blois, quant il sceurent que li contes de Montfort</p>
-<p>leur fu ensi escaps et en estoit als, ensi que vous</p>
-<p>avs oy. Toutes voies, il attendirent jusques le quinsainne</p>
-<p>que li per et li dit baron de France devoient</p>
-<p>rendre leur jugement de la duc de Bretagne. Si le <span class="dalign">5</span></p>
-<p>jugirent del tout monsigneur Charlon de Blois et</p>
-<p>en ostrent le conte de Montfort, par deus raisons:</p>
-<p>l'une, par tant que la dame, la femme monsigneur</p>
-<p>Charlon de Blois, qui estoit fille dou frre germain le</p>
-<p>duch qui mors estoit, de par le pre dont la duce <span class="dalign">10</span></p>
-<p>lor venoit, estoit plus proaine que li contes de</p>
-<p>Montfort, qui estoit d'un aultre pre qui onques n'avoit</p>
-<p>estet dus de Bretagne. L'autre raisons si estoit</p>
-<p>que, s'il fust ensi que li contes de Montfort y ewist</p>
-<p>aucun droit, si l'avoit il fourfait par deus raisons: <span class="dalign">15</span></p>
-<p>l'une, par tant qu'il l'avoit relevet d'aultre signeur</p>
-<p>que dou roy de France, de cui on le devoit tenir en</p>
-<p>fief; l'autre raison, pour tant qu'il avoit fourpasset</p>
-<p>le commandement son signeur le roy et brisiet son</p>
-<p>arrest et se prison, et s'en estoit partis sans congiet. <span class="dalign">20</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant cilz jugemens fu rendus par plainne sieute de</p>
-<p>tous les barons, li rois en appella monsigneur Charlon</p>
-<p>de Blois et li dist: Biaus nis, vous avs jugement</p>
-<p>pour vous de bel hiretage et grant. Or vous</p>
-<p>hasts et vous pens del reconquerre sour celi qui le <span class="dalign">25</span></p>
-<p>tient tort, et priis tous vos amis qu'il vous voellent</p>
-<p>aidier cest besoing, et je ne vous y faurrai mies; ains</p>
-<p>vous presterai or et argent asss. Et dirai mon fil</p>
-<p>le duch de Normendie qu'il (se<a id="FNanchor_365" href="#Footnote_365" class="fnanchor">&nbsp;[365]</a>) face chief avoecques</p>
-<p>vous. Et vous pri et commande que vous vos hasts. <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_107"> 107</a></span></div>
-<p>Car, se li rois engls nos adversaires, de cui li contes</p>
-<p>de Montfort a relevet le duce, venoit en Bretagne, il</p>
-<p>nous poroit trop durement porter grant damage, et</p>
-<p>ne poroit avoir plus belle entre pour venir par de,</p>
-<p>meismement quant il aroit le pays et les forterces <span class="dalign">5</span></p>
-<p>de Bretagne de son acord. Adonc messires Charles</p>
-<p>de Blois enclina son oncle, en merciant durement</p>
-<p>de ce qu'il li disoit et prommetoit. Si pria tantost l</p>
-<p>endroit le duch de Normendie son cousin, le conte</p>
-<p>d'Alenon son oncle, le duch de Bourgongne, le <span class="dalign">10</span></p>
-<p>conte de Blois son frre, le duch de Bourbon, messire</p>
-<p>Loeis d'Espagne, monsigneur Jakeme de Bourbon,</p>
-<p>le conte d'Eu connestable de France et le conte</p>
-<p>de Ghines son fil, le visconte de Roem, et en apris</p>
-<p>tous les contes, les princes et les barons qui l estoient, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>qui tout li eurent en couvent que il iroient</p>
-<p>volentiers avoech lui et avoecques leur signeur le</p>
-<p>duch de Normendie, cescuns tout tant de gens et</p>
-<p>de compagnie qu'il poroit avoir. Puis se departirent</p>
-<p>tout li prince et li baron de et del. Si envoiirent <span class="dalign">20</span></p>
-<p>leurs messages par tout pour yaus appareillier et pour</p>
-<p>faire pourveances, ensi qu'il leur besongnoit pour</p>
-<p>aler en si lontain voiage et si diverses marces et</p>
-<p>pays. Et bien pensoient qu'il ne poroient avenir </p>
-<p>lor entente sans avoir grant contraire. <span class="dalign">25</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 147. Quant tout cil signeur, li dus de Normendie,</p>
-<p>li contes d'Alenon, li dus de Bourgongne, li</p>
-<p>dus de Bourbon et li aultre signeur, baron et chevalier</p>
-<p>qui devoient aler avoech monsigneur Charlon</p>
-<p>de Blois, pour lui aidier reconquerre la duce de <span class="dalign">30</span></p>
-<p>Bretagne, ensi que vous avs oy, furent prest et leurs</p>
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_108"> 108</a></span></p>
-<p>gens apparilliet, il se partirent de Paris li aucun, et</p>
-<p>li aultre de leur lieu. Si en alrent li uns aprs les</p>
-<p>aultres, et se assamblrent en le cit de Angiers;</p>
-<p>puis s'en alrent jusques Ancheni, qui est li fins del</p>
-<p>royaume cestui cost del, et sejournrent l endroit <span class="dalign">5</span></p>
-<p>trois jours, pour mieus ordonner leur conroy et</p>
-<p>leur charoi. Quant il eurent chou fait, il issirent hors</p>
-<p>pour entrer ens ou pays de Bretagne. Quant il furent</p>
-<p>as camps, il considerrent leur pooir et estimrent</p>
-<p>leur host cinq mille armeures de fer, sans les Geneuois <span class="dalign">10</span></p>
-<p>qui estoient l trois mille, si com jou ay oy</p>
-<p>depuis recorder. Et les conduisoient doi chevalier</p>
-<p>de (Gennes<a id="FNanchor_366" href="#Footnote_366" class="fnanchor">&nbsp;[366]</a>): si avoit nom li uns messires Othes</p>
-<p>Doriie, et li aultres messires Charles Grimaus. Et si</p>
-<p>y avoit grant plent (de bidaus<a id="FNanchor_367" href="#Footnote_367" class="fnanchor">&nbsp;[367]</a> et) d'arbalestriers <span class="dalign">15</span></p>
-<p>que conduisoit messires li Galois de le Baume.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant toutes ces gens furent issu de Ancheni, il se</p>
-<p>traisent par devant un trs fort chastiel seant hault</p>
-<p>sus une montagne par dessus une rivire: si l'appelle</p>
-<p>on Chastouseal, et est li cls et li entre de Bretagne. <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Et estoit bien garnis et bien furnis de gens d'armes o</p>
-<p>que il y avoit deus moult vaillans chevaliers, qui en estoient</p>
-<p>chapitain, dont li uns avoit nom messire Milles</p>
-<p>et li aultres messire Walerans, et estoient de Loeraingne.</p>
-<p>Quant li dus de Normendie et li aultre signeur <span class="dalign">25</span></p>
-<p>que vous avs oy nommer veirent le chastiel si fort,</p>
-<p>il eurent conseil qu'il les assegeroient. Car, s'il passoient</p>
-<p>avant et laissoient une tle garnison derrire</p>
-<p>yaus, ce leur poroit tourner grant damage et anoy.</p>
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_109"> 109</a></span></p>
-<p>Si le assegirent tout au tour et y fisent pluiseurs</p>
-<p>assaus, meismement li Geneuois qui s'abandonnoient</p>
-<p>durement et follement, pour yaus mieus moustrer </p>
-<p>cest commencement, si qu'il y perdirent de leurs</p>
-<p>compagnons par pluiseurs fois, car cil dou chastiel <span class="dalign">5</span></p>
-<p>se deffendirent durement et sagement: si ques li signeur</p>
-<p>demorrent grant pice devant, anois qu'il le</p>
-<p>peuissent (avoir<a id="FNanchor_368" href="#Footnote_368" class="fnanchor">&nbsp;[368]</a>). Mais au daarrain il fisent si grant</p>
-<p>attrait de mairiens et de velourdes, et les fisent mener</p>
-<p>par force de gens jusques as fosss dou chastiel, <span class="dalign">10</span></p>
-<p>et puis fisent assallir trs fortement: si ques, tout en</p>
-<p>assallant, il fisent emplir ces fosss de ces mairiens</p>
-<p>et velourdes, tant que qui estoit couvers il pooit bien</p>
-<p>aler jusques as murs, combien que cil dou chastiel</p>
-<p>se deffendesissent si bien et si vassaument que on ne <span class="dalign">15</span></p>
-<p>poroit mieus deviser, tant que de traire, de getter</p>
-<p>pires, cauch et feu ardant grant fuison. Et cil de</p>
-<p>dehors avoient fait chas et instrumens, par quoi on</p>
-<p>pikoit les murs, tous couvers. Que vous feroi je lonch</p>
-<p>compte? Cil del chastiel veirent bien qu'il ne se poroient <span class="dalign">20</span></p>
-<p>longuement tenir, puis que on pertruisoit les</p>
-<p>murs. Et si savoient bien qu'il n'aroient point de secours</p>
-<p>ne point de merci, se il estoient pris par force.</p>
-<p>Si eurent conseil entre yaus qu'il se renderoient,</p>
-<p>sauves leurs vies et leurs membres, si qu'il fisent. Et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>les prisent li signeur merci. Ensi fu gaagnis par</p>
-<p>ces signeurs de France cilz premiers chastiaus que on</p>
-<p>claime Chastouseaulz, dont il orent moult grant joie,</p>
-<p>car il lor sambla que ce fust bons commencemens</p>
-<p>de leur emprise. <span class="dalign">30</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_110"> 110</a></span></div>
-<p> 148. Quant li dus de Normendie et li aultre signeur</p>
-<p>eurent conquis Chastouseaulz, si com vous</p>
-<p>avs oy, li dus de Normendie, qui estoit souverains</p>
-<p>de tous, le livra tantost monsigneur Charlon de</p>
-<p>Blois comme sien, et il mist dedens bon chastelain <span class="dalign">5</span></p>
-<p>et grant fuison de gens d'armes, pour garder l'entre</p>
-<p>dou pays, et pour conduire chiaus qui venroient</p>
-<p>apris yaus. Puis se deslogirent li signeur et se traisent</p>
-<p>par devers Nantes, l o il tenoient que li contes</p>
-<p>de Montfort leurs ennemis estoit. Si lor avint que li <span class="dalign">10</span></p>
-<p>mareschal de l'host et li coureur trouvrent entre</p>
-<p>voies une bonne ville et grosse, bien freme de fosss</p>
-<p>et de palis; si l'assallirent fortement. Ichil dedens</p>
-<p>estoient peu de gens et petitement arm; si ne se</p>
-<p>peurent deffendre contre les assallans, meismement <span class="dalign">15</span></p>
-<p>contre les arbalestriers des Geneuois. Si fu la ville</p>
-<p>tantost gaagnie, toute robe, et bien li moitis arse,</p>
-<p>et toutes gens mis l'espe, dont ce fu pits. Et appelle</p>
-<p>on le ville Quarquefoure, et siet quatre liewes</p>
-<p>ou cinq pris de Nantes. Li signeur logirent celle <span class="dalign">20</span></p>
-<p>nuit l entour.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>L'endemain, il se deslogirent et se traisent par</p>
-<p>devers le cit de Nantes; si le assegirent tout au tour.</p>
-<p>Et fisent tendre tentes et pavillons si bellement et si</p>
-<p>ordonneement que vous savs que Franois scvent <span class="dalign">25</span></p>
-<p>bien faire. Et cil qui estoient dedens le cit pour le</p>
-<p>garder, dont il y avoit grant fuison de gens d'armes</p>
-<p>avoecques les bourgois, se alrent tout armer et se</p>
-<p>maintinrent celui jour moult bellement, cescuns sa</p>
-<p>deffense, ensi qu'il estoit ordonns. Celui jour entendirent <span class="dalign">30</span></p>
-<p>cil de l'host yaus logier et aler fourer. Et aucun</p>
-<p>bidau et Geneuois alrent pris des bailles pour</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_111"> 111</a></span></div>
-<p>escarmucier et paleter. Et aucun des saudoiers et des</p>
-<p>jones bourgois issirent hors encontre yaus: si qu'il</p>
-<p>y ot trait et lanciet, et des mors et des navrs d'un</p>
-<p>costet et d'autre, si com il a souvent en si faites besongnes.</p>
-<p>Ensi y eut l des escarmuces par deus ou <span class="dalign">5</span></p>
-<p>par trois fois, tant que li hos demora l.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Au pardarrain, il y avint une aventure asss sauvage,</p>
-<p>ensi que jou oy recorder ceulz qui y furent.</p>
-<p>Car aucun des saudoiiers de le cit et des bourgois</p>
-<p>issirent hors une matine l'aventure, et trouvrent <span class="dalign">10</span></p>
-<p>jusques quinze chars chargis de vivres et de</p>
-<p>pourveances qui en aloient vers l'ost, et gens qui</p>
-<p>les conduisoient jusques soissante, et cil de le</p>
-<p>cit estoient bien deus cens. Si les coururent sus et</p>
-<p>les desconfirent, et en turent les aucuns, et fisent les <span class="dalign">15</span></p>
-<p>chars chariier par devers le cit. Li cris et li hus en</p>
-<p>vint jusques en l'ost. Si s'ala cescuns armer au plus</p>
-<p>tost qu'il peut, et courut cescuns apris les chars</p>
-<p>pour rescourre le proie; et les raconsievirent asss</p>
-<p>pris des bailles de le cit. L monteplia trs durement <span class="dalign">20</span></p>
-<p>li hustins, car cil de l'host y vinrent si grant</p>
-<p>fuison que li saudoiier en orent trop grant fais. Toutes</p>
-<p>voies, il fisent desteler les chevaus et les cachirent</p>
-<p>dedens le porte, fin que, s'il avenoit que cil</p>
-<p>de l'host obtenissent le place, que il ne peuissent <span class="dalign">25</span></p>
-<p>remener les chars ne les pourveances si legierement.</p>
-<p>Quant li aultre saudoiier de le cit veirent le hustin,</p>
-<p>et que leur compagnon avoient trop grant fais, aucun</p>
-<p>issirent hors pour yaus aidier. Ossi fisent des aultres</p>
-<p>bourgois, pour aidier leurs parens. Ensi monteplia <span class="dalign">30</span></p>
-<p>trs durement li hustins, et y eut tout plain de mors</p>
-<p>et de navrs d'un costet et d'aultre, et grant fuison</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_112"> 112</a></span></div>
-<p>de bien deffendans et d'assallans. Et dura cils hustins</p>
-<p>moult longement, car toutdis croissoit li force de</p>
-<p>chiaus de l'host. Et sourvenoient toutdis nouvelles</p>
-<p>gens reposs.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Tant avint que, au pardarrain, messires Hervis de <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Lyon, qui estoit li uns des mestres consillires le</p>
-<p>conte de Montfort et ossi de toute le cit, et qui</p>
-<p>moult bien s'estoit maintenus et moult vassaument</p>
-<p> ce hustin, et moult avoit reconfort ses gens, quant</p>
-<p>il vei qu'il estoit poins de retraire et qu'il pooient <span class="dalign">10</span></p>
-<p>plus perdre au demorer que gaegnier, il fist ses gens</p>
-<p>retraire au mieulz qu'il peut, et les deffendoit en retraiant</p>
-<p>et garandissoit au mieulz qu'il pooit. Si leur</p>
-<p>avint qu'il furent si pris sievi au retraire qu'il y eut</p>
-<p>grant fuison de mors, et pris bien deus cens et plus <span class="dalign">15</span></p>
-<p>des bourgois de le cit, dont leur pre, leur frre et</p>
-<p>leur ami furent durement dolent et courouciet. Ossi</p>
-<p>fu li contes de Montfort qui en blasma durement</p>
-<p>monsigneur Hervi de Lyon, par courouch de chou</p>
-<p>qu'il les avoit si tost fait retraire. Et li sambloit que <span class="dalign">20</span></p>
-<p>par le retraite ses gens estoient perdu. De quoi messires</p>
-<p>Hervis fu durement merancolieus. Et ne volt</p>
-<p>onques, puissedi, venir au conseil le conte, se petit</p>
-<p>non. Si s'en esmervilloient durement les gens pour</p>
-<p>quoi il le faisoit. <span class="dalign">25</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 149. Or avint, ensi que jou ay oy recorder, que</p>
-<p>aucun des bourgois de le cit, qui veoient leurs biens</p>
-<p>destruire dedens le cit et dehors, et avoient leurs</p>
-<p>amis et leurs hoirs et enfans en prison et doubtoient</p>
-<p>encores pis venir, se avisrent et parlrent ensamble <span class="dalign">30</span></p>
-<p>tant qu'il eurent entre yaus acord de trettier </p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_113"> 113</a></span></div>
-<p>ces signeurs de France couvertement, par quoi il</p>
-<p>peuissent venir pais et ravoir leurs enfans et amis</p>
-<p>quittes qui estoient en prison. Si trettirent tant paisievlement</p>
-<p>et couvertement que acord fu que il raroient</p>
-<p>les prisons tous quittes; et il devoient livrer <span class="dalign">5</span></p>
-<p>l'une des portes ouvertes pour les signeurs entrer en</p>
-<p>le cit et pour aler prendre le conte de Montfort</p>
-<p>dedens le chastiel, sans riens fourfaire ailleurs en le</p>
-<p>cit, ne corps, ne biens. Ensi que acord (et</p>
-<p>traicti<a id="FNanchor_369" href="#Footnote_369" class="fnanchor">&nbsp;[369]</a> fu) fu fait. Et entrrent li signeur et ceulz <span class="dalign">10</span></p>
-<p>qu'il veurent avoir avoech yaus, en une matine, en</p>
-<p>le cit de Nantes, par l'acord des bourgois, et alrent</p>
-<p>droit au chastiel ou au palais. Si brisirent les huis</p>
-<p>et prisent le conte de Montfort et l'en menrent hors</p>
-<p>de le cit, leurs tentes, si paisievlement qu'il ne <span class="dalign">15</span></p>
-<p>fourfisent riens ne as corps ne as biens de le cit. Et</p>
-<p>vorrent bien aucunes gens dire que ce fu fait asss de</p>
-<p>l'accord et pourcach ou consentement monsigneur</p>
-<p>Hervi de Lyon, pour tant que li coens l'avoit rampronnet,</p>
-<p>si com vous avs oy. Or ne sai je pas, quoi <span class="dalign">20</span></p>
-<p>qu'il en fust d'aucunes gens soupeonns, se ce fu</p>
-<p>voirs ou non, car bien ap(pa)rut en ce que, apris</p>
-<p>che fait, il fu toutdis de l'accord et conseil del dit</p>
-<p>monsigneur Charle. Ensi que vous avs oy, et que</p>
-<p>jou ay oy recorder, fu pris li contes de Montfort en <span class="dalign">25</span></p>
-<p>le cit de Nantes, l'an de grasce mil trois cens et quarante</p>
-<p>un, entour le feste de le Toussains.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Tantost apris chou que li contes de Montfort fu</p>
-<p>pris et mens as tentes, li signeur de France entrrent</p>
-<p>en le cit, tout desarmet, moult grant feste. <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_114"> 114</a></span></div>
-<p>Et fisent li bourgois et tout cil del pays au tour</p>
-<p>feault et hommage monsigneur Charle de Blois,</p>
-<p>comme leur droit signeur. Si demorrent li signeur</p>
-<p>en le cit par l'espasse de trois jours, grant feste,</p>
-<p>pour yaus aaisier et pour avoir conseil entre yaus <span class="dalign">5</span></p>
-<p>qu'il poroient faire de donc en avant. Si se acordrent</p>
-<p> ou, pour le milleur, qu'il s'en retourneroient</p>
-<p>par devers France et par devers le roy et li liveroient</p>
-<p>le conte de Montfort pour prison, car il avoient</p>
-<p>moult grandement bien esploitiet, ce lor sambloit, <span class="dalign">10</span></p>
-<p>et par tant ossi qu'il ne pooient bonnement plus</p>
-<p>avant hostoiier ne guerriier, pour l'ivier temps qui</p>
-<p>entrs estoit, fors par garnisons et forterces, ce leur</p>
-<p>sambloit. Si consillirent monsigneur Charle de</p>
-<p>Blois qu'il se tenist en le cit de Nantes et l entour <span class="dalign">15</span></p>
-<p>jusques au nouviel temps d'est, et fesist ce qu'il</p>
-<p>peuist par ses saudoiiers et par ses forterces qu'il</p>
-<p>avoit reconquises. Puis se partirent tout li signeur</p>
-<p>sour ce pourpos, et fisent tant par leurs journes</p>
-<p>qu'il revinrent Paris l o li rois estoit; se li livrrent <span class="dalign">20</span></p>
-<p>le conte de Montfort pour son prison. Li rois le</p>
-<p>rechut grant joie, et le fist emprisonner en le tour</p>
-<p>dou Louvre dals Paris, l o il demora longement.</p>
-<p>Au pardarrain, y morut il, ensi que jou ay oy recorder,</p>
-<p>et qu'il fu verits. <span class="dalign">25</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 150. Or voel jou retourner le contesse de</p>
-<p>Montfort, qui bien avoit corage d'omme et coer de</p>
-<p>lyon. Elle estoit en le cit de Rennes, quant elle entendi</p>
-<p>que ses sires estoit pris, en le manire que vous</p>
-<p>avs oy. Se elle en fu dolente et couroucie, ce puet <span class="dalign">30</span></p>
-<p>cescuns et doit penser et savoir, car elle pensa mieus</p>
-<span class="pagenum"><a id="Page_115"> 115</a></span>
-<p>que on deuist mettre son signeur mort qu'en prison.</p>
-<p>Et comment que elle ewist grant doel au coer,</p>
-<p>si ne fist elle mies comme femme desconforte,</p>
-<p>ms comme (homs<a id="FNanchor_370" href="#Footnote_370" class="fnanchor">&nbsp;[370]</a>) fiers et hardis, en reconfortant</p>
-<p>vaillamment tous ses amis et ses saudoiiers. Et leur <span class="dalign">5</span></p>
-<p>moustroit un petit fil que elle avoit, que on appelloit</p>
-<p>Jehan ensi que le pre, et disoit: Ha! signeur,</p>
-<p>ne vous desconforts mies ne esbahissis pour monsigneur</p>
-<p>que nous avons perdu: ce n'estoit que uns</p>
-<p>seulz homs. Ves ci mon petit enfant qui sera, s'il <span class="dalign">10</span></p>
-<p>plaist Dieu, ses restoriers, et qui vous fera des</p>
-<p>biens asss. Et vous pourcacerai tle chapitainne et</p>
-<p>tel mainbour par cui vous sers tous reconforts.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant la dessus ditte dame et contesse eut ensi</p>
-<p>reconfort ses amis et ses saudoiiers qui estoient <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Rennes, elle ala par toutes ses bonnes villes et ses</p>
-<p>forterces, et menoit son jone fil avoecques lui; et les</p>
-<p>sermonnoit et reconfortoit en tle manire que elle</p>
-<p>avoit fait chiaus de Rennes, et renforoit les garnisons</p>
-<p>de gens et de quanques fallir leur pooit. Et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>paia largement par tout, et donna asss d'abondance</p>
-<p>l o elle pensoit que bien emploiiet estoit. Puis</p>
-<p>s'en vint en Hembon sus la mer, qui est forte ville</p>
-<p>et grosse et fors chastiaus. L se tint elle et son fil</p>
-<p>avoecques lui, tout cel ivier. Souvent envoioit viseter <span class="dalign">25</span></p>
-<p>ses garnisons et reconfortoit ses gens, et paioit moult</p>
-<p>largement leurs gages. Si me tairai atant de ceste</p>
-<p>matre et retournerai au roy Edouwart d'Engleterre,</p>
-<p>et conterai quelz coses li avinrent apris le departement</p>
-<p>dou sige de Tournay.<span class="dalign">30</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_116"> 116</a></span></div>
-<p> 151. Vous avs bien chi dessus oy recorder</p>
-<p>comment, le sige durant devant Tournay, li signeur</p>
-<p>d'Escoce avoient repris pluiseurs villes et forterces</p>
-<p>sus les Engls qu'il tenoient ou royaume d'Escoce,</p>
-<p>et par especial Haindebourch, qui plus les avoit <span class="dalign">5</span></p>
-<p>heriis et cuvriis que nulz des aultres, par l'avis et</p>
-<p>le soutillet de monsigneur Guillaume de Douglas.</p>
-<p>Et encores estoient Struvelin, qui sciet vint liewes</p>
-<p>d'Aindebourch, la cits de Bervich et Rosebourc,</p>
-<p>engls; et plus n'en y avoit demoret que tout ne <span class="dalign">10</span></p>
-<p>fuissent reconquis. Et seoient li dit Escot sige fait,</p>
-<p>et aucun signeur de France avoech yaus, que li rois</p>
-<p>Phelippes y avoit envoiiet pour parfaire leur guerre,</p>
-<p>devant le chastiel de Struvelin. Et l'avoient telement</p>
-<p>astraint et constraint et travilliet que li Engls, qui <span class="dalign">15</span></p>
-<p>dedens (estoient<a id="FNanchor_371" href="#Footnote_371" class="fnanchor">&nbsp;[371]</a>) et qui le gardoient, ne le pooient</p>
-<p>longuement tenir.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Dont il avint que, quant li Engls se furent parti</p>
-<p>de Tournay et retourn en leur pays, li rois Edowars</p>
-<p>leur sires fu enfourms des Escos comment il avoient <span class="dalign">20</span></p>
-<p>chevauciet et reconquis les villes et les chastiaus</p>
-<p>d'Escoce, qui de jadis li avoient tant coust au prendre,</p>
-<p>et seoient encores li dit Escot devant Struvelin. Si</p>
-<p>eut li rois engls conseil et (volent<a id="FNanchor_372" href="#Footnote_372" class="fnanchor">&nbsp;[372]</a> de) chevaucier vers</p>
-<p>Escoce, si com il fist, et se mist au chemin entre le <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Saint Mikiel et le Toussains; et fist un trs grant mandement</p>
-<p>et trs fort que toutes gens d'armes et arciers</p>
-<p>le sievissent et venissent lui vers Evruich, car l</p>
-<p>s'en aloit il et y faisoit sen assemble. Dont s'esmurent</p>
-<span class="pagenum"><a id="Page_117"> 117</a></span>
-<p>toutes manires de gens parmi Engleterre, et s'en vinrent</p>
-<p>celle part l o il estoient semons et mand. Et</p>
-<p>meismement li rois tout devant s'en vint Evruich et</p>
-<p>l s'arresta, en sourattendant ses gens qui venoient </p>
-<p>grant effort li uns apris l'autre. Li signeur d'Escoce, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>qui furent enfourm de le venue dou roy engls qui</p>
-<p>venoit sus yaus, et qui le dit chastiel de Struvelin</p>
-<p>avoient assegiet, se hastrent telement et si constraindirent</p>
-<p>chiaus de le ditte garnison, par assaus</p>
-<p>d'engiens et de kanons, que par force il les couvint <span class="dalign">10</span></p>
-<p>rendre as Escos. Et leur delivrrent le forterce par</p>
-<p>tel manire qu'il s'en partoient, salve leurs corps et</p>
-<p>leurs membres, mais riens dou leur n'en portoient.</p>
-<p>Ensi recouvrrent li dit Escot le chastiel de Struvelin.</p>
-<p> <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Ces nouvelles vinrent au roy engls qui encores</p>
-<p>se tenoit en Evruich: se ne li furent mies trop plaisans.</p>
-<p>Et se parti de le ditte cit et se trest par devers</p>
-<p>Duremme et passa oultre, et puis vint au Noef</p>
-<p>Chastiel sur Thin. Et se logirent ses gens en le ditte <span class="dalign">20</span></p>
-<p>ville ou ens s villages d'environ. Et l sejournrent</p>
-<p>plus d'un mois, en attendant leurs pourveances</p>
-<p>que on avoit mis sus mer et qui leur devoient venir,</p>
-<p>mais petit leur en vinrent. Car leurs vassiaus eurent</p>
-<p>si grant fortune sus mer, entre le Toussains et le <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Saint Andrieu, que pluiseurs de leurs nefs furent peries;</p>
-<p>et s'en alrent arriver par vent contraire, volsissent</p>
-<p>ou non, en Hollandes et en Frise. Dont li Engls,</p>
-<p>qui se tenoient au Noef Chastiel et l entour,</p>
-<p>eurent moult de distes et de chier temps. Et ne <span class="dalign">30</span></p>
-<p>pooient aler avant, car se il fuissent passet, il ne</p>
-<p>sceuissent o fourer ne recouvrer de vivres, car li</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_118"> 118</a></span></div>
-<p>yviers estoit entrs, et si avoient li Escoois tous</p>
-<p>leurs biens, bleds et avainnes, mis et bout en leurs</p>
-<p>forterces. Et si avoit li rois engls grant gent avoecques</p>
-<p>lui, bien six mille hommes chevaus et quarante</p>
-<p>mille hommes de piet; si leur falloit fuison <span class="dalign">5</span></p>
-<p>de pourveances.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Li signeur d'Escoce, qui s'estoient retrait devers</p>
-<p>le forest de Gedours apris le prise de Struvelin,</p>
-<p>entendirent bien que li rois d'Engleterre sejournoit</p>
-<p>au Noef Chastiel sur Thin grant gent, encoragis <span class="dalign">10</span></p>
-<p>durement d'ardoir et exillier leur pays,</p>
-<p>ensi qu'il avoit fait aultre fois. Si eurent conseil</p>
-<p>entre yaus et avis, par grant deliberation, quel cose</p>
-<p>il poroient faire et comment il s'en maintenroient,</p>
-<p>car il estoient peu de gens, et avoient longement <span class="dalign">15</span></p>
-<p>guerriiet par l'espasse de sept ans et plus sans signeur,</p>
-<p>et jut as camps et s foris grant mesaise.</p>
-<p>Et encores n'avoient il point (le<a id="FNanchor_373" href="#Footnote_373" class="fnanchor">&nbsp;[373]</a>) roy leur</p>
-<p>signeur; si en estoient tout anoieus et naisis. Si</p>
-<p>se acordrent ce que il envoieroient devers le <span class="dalign">20</span></p>
-<p>roy engls un evesque et un abb, pour requerre</p>
-<p>aucune triewe. Li quel message se partirent des</p>
-<p>Escos, et chevaucirent tant qu'il vinrent en le ville</p>
-<p>dou Noef Chastiel sur Thin, et trouvrent l le roy</p>
-<p>engls et grant fuison de baronnie dals lui. Cil <span class="dalign">25</span></p>
-<p>doi prelat d'Escoce, qui l avoient est envoiiet sus</p>
-<p>saufconduit, se traisent devers le roy engls et son</p>
-<p>conseil et remoustrrent leur besongne si bellement</p>
-<p>et si sagement que une triewe fu acorde durer</p>
-<p>quatre mois tant seulement, par tle condition que <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_119"> 119</a></span></div>
-<p>cil d'Escoce devoient envoiier en France aprs le roy</p>
-<p>David messages souffissans; et li segnefieroient que,</p>
-<p>s'il ne venoit dedens le jour de may ensiewant si</p>
-<p>poissamment que pour resister as Engls et deffendre</p>
-<p>son pays, il se renderoient au roy engls, ne jamais <span class="dalign">5</span></p>
-<p>ne le tenroient signeur. Ensi furent les triewes</p>
-<p>acordes et affremes, et retournrent li message deviers</p>
-<p>leurs gens en Escoce, et recordrent comment</p>
-<p>il avoient exploiti. Che pleut moult bien as Escos; et</p>
-<p>ordonnrent tantost gens pour envoiier en France, <span class="dalign">10</span></p>
-<p>monsigneur Robert de Versi et monsigneur Symon</p>
-<p>Fresiel et deus aultres chevaliers, qui s'en devoient</p>
-<p>aler en France par devers le roy leur signeur et</p>
-<p>conter ces nouvelles. Et li dis rois engls, qui au</p>
-<p>Noef Chastiel sejournoit grant mesaise et ossi toutes <span class="dalign">15</span></p>
-<p>ses gens par deffaute de pourveances et de vivres,</p>
-<p>et pour ce s'estoit il plus pris pris d'acorder le</p>
-<p>triewe, se parti de l et s'en revint arrire en Engleterre</p>
-<p>et donna toutes ses gens congiet; si s'en rala</p>
-<p>cescuns en son lieu. <span class="dalign">20</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or avint ensi que, quant ces triewes furent acordes</p>
-<p>et li message d'Escoce qui furent envoiiet en</p>
-<p>France apris le roy David, il passrent Douvres</p>
-<p>le mer. Et li rois David, qui par le terme de sept</p>
-<p>ans et plus avoit demoret en France et savoit que <span class="dalign">25</span></p>
-<p>ses pays estoit si fouls et si gasts que vous avs</p>
-<p>oy et savoit ses gens en grant meschief pour les</p>
-<p>Engls, eut conseil qu'il prenderoit congiet au roy</p>
-<p>Phelippe de France et s'en revenroit en son royaume,</p>
-<p>pour ses gens viseter et reconforter. Si le fist et se <span class="dalign">30</span></p>
-<p>mist voie entre lui et ma dame sa femme, anchois</p>
-<p>que li message d'Escoce, qui lui avoient estet envoiiet,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_120"> 120</a></span></div>
-<p>parvenissent lui. Et s'estoit mis en mer </p>
-<p>un aultre port, en le gouvrenance d'un maronnier</p>
-<p>que on clamoit monsigneur Richart le Flamench, si</p>
-<p>qu'il ariva au port de Morois en Escoce, anois que</p>
-<p>cil signeur d'Escoce qui remand l'avoient le sceuissent. <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Et quant il le sceurent, il en eurent grant joie.</p>
-<p>Si s'esmurent tuit et vinrent grant solennit et </p>
-<p>grant feste l o il estoit. Et le amenrent trs noblement</p>
-<p>et solennelment un(e) cit que on claime</p>
-<p>Saint Jehan (en<a id="FNanchor_374" href="#Footnote_374" class="fnanchor">&nbsp;[374]</a>) Escoce, o on prent le bon saumon <span class="dalign">10</span></p>
-<p>et grant fuison.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 152. Quant li jones rois David d'Escoce et ma</p>
-<p>dame la royne Ysabiel sa femme furent venu en</p>
-<p>le cit dessus ditte, on le sceut tantost parmi le pays.</p>
-<p>Si vinrent l gens de toutes pars pour lui veoir et <span class="dalign">15</span></p>
-<p>festiier, car on ne l'avoit veu, grant temps avoit;</p>
-<p>cescuns doit savoir que on li fist grant feste. Quant</p>
-<p>toutes ces festes et ces bien venues furent passes,</p>
-<p>cescuns li ala remoustrer et complaindre ses damages</p>
-<p>et ses mescheances, au mieulz qu'il peut, et toute <span class="dalign">20</span></p>
-<p>le destruction que li rois Edowars et li Engls avoient</p>
-<p>fais en son pays. Li jones rois David eut grant doel</p>
-<p>et grant piti quant il vei ensi son pays destruit et</p>
-<p>ses gens ossi complaindre, ossi ma dame la royne sa</p>
-<p>femme qui en plora asss. Quant li rois eut oy toutes <span class="dalign">25</span></p>
-<p>les complaintes des uns et des aultres, il les reconforta</p>
-<p>au mieuls qu'il peut, et dist qu'il s'en vengeroit, ou il</p>
-<p>perderoit le remanant, ou il morroit en le painne.</p>
-<p>Puis eut conseil tel qu'il envoia grans messages par</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_121"> 121</a></span></div>
-<p>tout ses amis lonc et pris, en priant et requerant</p>
-<p>humlement que cescuns fust appareillis pour lui aidier</p>
-<p> cest besoing. A celui mandement vint li contes</p>
-<p>d'Orkenay, uns grans princes et poissans, et avoit </p>
-<p>femme (la seur<a id="FNanchor_375" href="#Footnote_375" class="fnanchor">&nbsp;[375]</a>) le signeur le roy. Chilz y vint grant <span class="dalign">5</span></p>
-<p>poissance de gens d'armes, et pluiseur aultre grant</p>
-<p>baron et chevalier de Soude, de Norvghe et de</p>
-<p>Danemarce, li un par amour et li autre par saudes.</p>
-<p>Tant en y vint d'un cost et d'aultre qu'il furent bien,</p>
-<p>quant tout furent venu entour le cit de Saint Jehan <span class="dalign">10</span></p>
-<p>en Escoce, au jour que li dis rois les avoit mands,</p>
-<p>soixante mille hommes piet et sour hagenes, et</p>
-<p>bien trois mille armeures de fier, chevaliers et escuiers,</p>
-<p>parmi les signeurs et chiaus dou pays d'Escoce.</p>
-</div>
-<div class="stanza"> <span class="dalign">15</span>
-<p>Quant tout furent assamblet et appareilliet, il s'esmurent</p>
-<p>pour aler exillier chou qu'il poroient dou</p>
-<p>royaume, car la triewe estoit (espire<a id="FNanchor_376" href="#Footnote_376" class="fnanchor">&nbsp;[376]</a>) et li quatre</p>
-<p>mois acompli et plus o il disoient ensi qu'il se combateroient</p>
-<p>au roy, qui tant d'anois leur avoit fais et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>de damages. Si se partirent de le ville de Saint Jehan</p>
-<p>en Scoce moult ordeneement et vinrent ce premier</p>
-<p>jour jesir Donfremelin, et puis passrent l'endemain</p>
-<p>un brac de mer entre Donfremelin et Struvelin.</p>
-<p>Quant il furent tout oultre, il cheminrent <span class="dalign">25</span></p>
-<p>grant esploit et passrent desous Haindebourch, et</p>
-<p>puis toute l'Escoce, et par dals le fort chastiel de Rosebourch</p>
-<p>qui se tenoit engls, mais point n'i assallirent,</p>
-<p>car il ne voloient mies faire blecier leurs gens et</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_122"> 122</a></span></div>
-<p>aleuer leur artillerie, car il ne savoient quel besoing</p>
-<p>il en aroient, pour tant qu'il esperoient faire un</p>
-<p>grant fait ains leur retour. Apris passrent il asss</p>
-<p>pris de le cit de Bervich dont messires Edouwars</p>
-<p>de Bailluel estoit chapitainne et souverains, et puis <span class="dalign">5</span></p>
-<p>cheminrent oultre sans point assallir, et entrrent</p>
-<p>ou royaume de Northombrelant et vinrent sus le rivire</p>
-<p>de Thin, ardant et destruisant tout le pays; et</p>
-<p>fisent tant par leurs journes qu'il vinrent par devant</p>
-<p>le Noef Chastiel qui siet sus le rivire de Thin. L se <span class="dalign">10</span></p>
-<p>loga li rois David et toutes ses hos celle nuit, pour savoir</p>
-<p>et veoir se il y poroit de riens esploitier. Quant</p>
-<p>ce vint le matine ensi que droit au point dou jour,</p>
-<p>aucun compagnon gentil homme de l environ, qui</p>
-<p>estoient dedens le ville, se partirent par une porte <span class="dalign">15</span></p>
-<p>paisievlement pour esmouvoir l'ost. Et estoient bien</p>
-<p>deus cens et plus, hardis et entreprendans. Puis se</p>
-<p>ferirent l'un des costs de l'host droitement as logeis</p>
-<p>le conte de Moret, qui s'armoit d'argent trois</p>
-<p>orilliers de geules. Si le trouvrent en son lit; si le <span class="dalign">20</span></p>
-<p>prisent, et turent grant (plent<a id="FNanchor_377" href="#Footnote_377" class="fnanchor">&nbsp;[377]</a>) de ses gens, anois</p>
-<p>que li host fust esvillis ne estourmis, et gaegnirent</p>
-<p>grant plent d'avoir. Puis s'en retournrent en le</p>
-<p>ville baudement et grant joie, et livrrent le conte</p>
-<p>de Mouret au chastelain monsigneur Jehan de Noefville <span class="dalign">25</span></p>
-<p>qui en fist grant feste. Quant cil de l'host furent</p>
-<p>estourmi et arm et il sceurent l'aventure, il coururent</p>
-<p>comme tout foursen jusques as bailles de le</p>
-<p>ville, et fisent un grant assaut qui dura moult longement;</p>
-<p>mais petit lor valu, ains perdirent asss de <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_123"> 123</a></span></div>
-<p>leurs gens. Car en le ville avoit grant fuison de</p>
-<p>bonnes gens d'armes qui bien et sagement le deffendirent;</p>
-<p>par quoi il couvint les assallans retraire </p>
-<p>leur grant perte.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 153. Quant li rois David et si consilleur veirent <span class="dalign">5</span></p>
-<p>bien que li demorers l endroit ne leur pooit porter</p>
-<p>pourfit ne honneur, il se partirent de l et entrrent</p>
-<p>ens ou pays de l'evesquiet de Durem. Si l'ardirent et</p>
-<p>gastrent tout, puis se traisent par devant le cit de</p>
-<p>Duremmes. Et le assegirent et y fisent pluiseurs grans <span class="dalign">10</span></p>
-<p>assaus comme gens foursens, pour tant qu'il avoient</p>
-<p>perdu le conte de Mouret. Et il savoient bien qu'il</p>
-<p>avoit en le cit trs grant avoir assamblet, car tous</p>
-<p>li pays d'entours y estoit afuiois; si se penoient d'assallir</p>
-<p>cescun jour plus aigrement. Et faisoit li dis <span class="dalign">15</span></p>
-<p>rois d'Escoce faire estrumens et engiens, pour venir</p>
-<p> segur jusques as murs. Quant il se furent departi</p>
-<p>de devant le Noef Chastiel, messires Jehans de Nuefville,</p>
-<p>chastelains pour le temps et souverains dou Noef</p>
-<p>Chastiel, se parti de nuit, monts sus fleur de coursier, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>et eslonga les Escos, car il savoit toutes les</p>
-<p>adrces et les refuites dou pays, pour tant que il en</p>
-<p>estoit; et fist tant que, dedens cinq jours, il vint </p>
-<p>Chartese o li rois engls estoit adonc. Et li conta</p>
-<p>et remoustra comment li rois d'Escoce, grant poissance, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>estoit entrs en son pays et ardoit et exilloit</p>
-<p>tout devant lui, et l'avoit laissiet devant le cit de</p>
-<p>Durem.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>De ces nouvelles fu li rois engls moult irs et</p>
-<p>couroucis. Si mist tantost messagiers en oevre et <span class="dalign">30</span></p>
-<p>les envoia par tout et manda toutes manires de</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_124"> 124</a></span></div>
-<p>gens, chevaliers et escuiers, et autres gens dont on</p>
-<p>se pooit aidier, deseure l'eage de quinze ans et desous</p>
-<p>soixante ans, que nulz ne s'escusast, ms venissent,</p>
-<p>ses lettres veues et ses mandemens oys, tantost</p>
-<p>devers lui sus les marces dou north, pour aidier <span class="dalign">5</span></p>
-<p>deffendre son royaume que li Escot destruisoient.</p>
-<p>Adonc s'avancirent conte, baron, chevalier et escuier</p>
-<p>et communauts des bonnes villes, et se hastrent</p>
-<p>durement pour obeir au mandement dou roy</p>
-<p>leur signeur, et se misent tout voie et de grant volent <span class="dalign">10</span></p>
-<p>par devers Evruich. Et meismement li rois se</p>
-<p>parti tout premierement et n'attendi nullui, tant</p>
-<p>avoit grant haste; mais tout dis li croissoient et venoient</p>
-<p>gens de tous costs.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Endementrues que cilz rois se traioit par devers le <span class="dalign">15</span></p>
-<p>cit d'Evruich, et que cescuns le sievoit qui mieus</p>
-<p>pooit, li roys d'Escoce fist si fortement assallir le</p>
-<p>cit de Duremme par estrumens et engiens qu'il avoit</p>
-<p>fais, que cil de le cit ne le peurent garandir ne deffendre</p>
-<p>que elle ne fust prise par force et toute robe <span class="dalign">20</span></p>
-<p>et arse, et toutes gens mis mort sans merci. Femmes</p>
-<p>et hommes, prestres, monnes, chanonnes et petis</p>
-<p>enfans, qui estoient fuis le grande eglise, furent tout</p>
-<p>ars et peri dedens l'eglise, car li feus y fu bouts, de</p>
-<p>quoi ce fu horrible pits. Car en le cit de Durem ne <span class="dalign">25</span></p>
-<p>demora adonc homs ne femme, ne petis enfans, ne</p>
-<p>maison ne eglise, que tout ne fuissent mis destruction.</p>
-<p>Dont ce fu grans pits et crule foursenerie et</p>
-<p>est, quant on destruit ensi sainte chrestienet et les</p>
-<p>eglises o Diex est servis et honners. <span class="dalign">30</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 154. Quant chou fu avenu, li rois David eut</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_125"> 125</a></span></div>
-<p>conseil qu'il se retrairoit arrire selonch le rivire</p>
-<p>de Thin, et se trairoit par devers le ville de Cardueil,</p>
-<p>qui est l'entre de Galles. Ensi qu'il aloit celle part,</p>
-<p>il se loga une nuit et toute sen host asss pris dou</p>
-<p>fort chastiel de Salebrin, qui estoit au conte de Salebrin, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>qui fu pris avoec le conte de Sufforch en le</p>
-<p>marce de Pikardie par devant Lille en Flandres et estoit</p>
-<p>encores en prison par dedens Chastelet Paris.</p>
-<p>En ce fort chastiel sejournoit adonc la noble dame la</p>
-<p>contesse de Sallebrin, qui on tenoit pour la plus belle <span class="dalign">10</span></p>
-<p>dame et le plus noble d'Engleterre. Et estoit cilz fors</p>
-<p>chastiaus bien garnis de gens d'armes. Si en estoit</p>
-<p>gardiiens et souverains uns gentilz bachelers preus et</p>
-<p>hardis, filz de le sereur le conte de Sallebrin. Et avoit</p>
-<p>cilz nom messires Guillaumes de Montagut apris son <span class="dalign">15</span></p>
-<p>oncle qui ensi eut nom, car li rois le maria et li donna</p>
-<p>le cont de Sallebrin pour se proce et pour le bon</p>
-<p>service qu'il avoit toutdis en lui trouvet. Quant celle</p>
-<p>nuit fu passe, li hos le roy d'Escoce se desloga pour</p>
-<p>traire avant par devers Carduel, ensi que propos <span class="dalign">20</span></p>
-<p>estoit. Et passrent li Escot par routes asss pris de</p>
-<p>ce fort chastiel, durement chargiet d'avoir qu'il avoient</p>
-<p>gaegniet Duremmes et ou pays environ Durem.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant li bacelers messires Guillaumes de Montagut</p>
-<p>vey del chastiel qu'il estoient tout passet, et qu'il ne <span class="dalign">25</span></p>
-<p>arresteroient point pour assallir au chastiel, il issi hors,</p>
-<p>tous arms, tout quarante compagnons d'armes, et</p>
-<p>sievi apertement aprs le daarrain trahin qui avoient</p>
-<p>chevaus si chargis d'avoir que grant mesaise pooient</p>
-<p>il aler avant. Si les raconsievirent l'entre d'un bois <span class="dalign">30</span></p>
-<p>et leur coururent seure. Et en turent et en blechirent</p>
-<p>il et si compagnon plus de deus cens; et prisent</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_126"> 126</a></span></div>
-<p>bien sis vingt chevaus chargis de jeuiaulz et d'avoir,</p>
-<p>et les amenrent par devers le chastiel. Li cris et li</p>
-<p>hus et li fuiant s'en vinrent jusques monsigneur</p>
-<p>Guillaume de Douglas qui faisoit l'arrieregarde et</p>
-<p>avoit j passet le bois; et apris en vinrent les nouvelles <span class="dalign">5</span></p>
-<p>en l'ost. Qui donc (veist<a id="FNanchor_378" href="#Footnote_378" class="fnanchor">&nbsp;[378]</a>) les Eskos retourner </p>
-<p>cours de chevaus parmi les camps, par montagnes et</p>
-<p>par valles, et monsigneur Guillaume Douglas tout devant,</p>
-<p>il en peuist avoir grant hide. Tant coururent</p>
-<p>qui mieus mieus, qu'il vinrent au piet dou chastiel <span class="dalign">10</span></p>
-<p>et montrent le montagne en grant haste. Ms anois</p>
-<p>qu'il parvenissent as bailles, chil de dedens les avoient</p>
-<p>refremes, et le proie et l'avoir mis laiens sauvet:</p>
-<p>de quoi li Escot eurent grant doel. Si commencirent</p>
-<p> assallir moult fortement, et cil de dedens deffendre <span class="dalign">15</span></p>
-<p>de lanchier et d'estechier, de traire et de jetter tant</p>
-<p>que on pooit, d'une part et d'aultre. L s'efforoient</p>
-<p>durement li doy Guillaume de grever li uns l'autre.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Et tant dura cilz assaulz que tous li hos des Escos y</p>
-<p>fu venus et li rois meismes. Quant li rois et ses consaulz <span class="dalign">20</span></p>
-<p>eurent veu les gens mors gisans sus les camps,</p>
-<p>et veirent les assallans blecier et navrer cel assaut</p>
-<p>sans riens conquester, il en furent durement courouciet.</p>
-<p>Si commanda li rois que on laissast l'assallir et</p>
-<p>que cescuns se alast logier, car il ne trairoit plus avant, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>et ne se partiroit de l si aroit veu comment il poroit</p>
-<p>ses gens vengier. Qui adonc veist gens fremir et appeller</p>
-<p>li uns l'autre et querre pice de terre pour</p>
-<p>mieulz logier les assallans, retraire les navrs, raporter</p>
-<p>ou rapoiier, les mors ratrainer et rassambler, veoir y <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_127"> 127</a></span></div>
-<p>peuist grant triboulement. Celle nuit fu li hos des dis</p>
-<p>Escos logie par desous le chastel. Et la frice dame,</p>
-<p>contesse de Sallebrin, festia trs durement et conforta</p>
-<p>tous les compagnons de laiens, tant que elle pot aler,</p>
-<p> lie cire. <span class="dalign">5</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 155. A l'endemain, li rois d'Escoce, qui durement</p>
-<p>couroucis estoit, commanda que cescuns se</p>
-<p>apparillast pour assallir, car il feroit ses engiens</p>
-<p>et estrumens traire mont, pour savoir se il poroient</p>
-<p>de riens entamer le fort chastiel. Cescuns <span class="dalign">10</span></p>
-<p>s'apparilla; et montrent contremont pour assallir,</p>
-<p>et cil de dedens pour yaus deffendre. L eut un fort</p>
-<p>assaut et perilleus, et moult de bien faisans d'un ls</p>
-<p>et d'aultre. L estoit la contesse de Sallebrin qui</p>
-<p>trs durement les reconfortoit; et par le regard de <span class="dalign">15</span></p>
-<p>une tle dame et son douch amonnestement, uns</p>
-<p>homs doit bien valoir deus au besoing. Cilz assaus</p>
-<p>dura moult longement. Et y perdirent li Escot grant</p>
-<p>fuison de leurs gens, car ilz s'abandonnoient durement</p>
-<p>et portoient arbres et mairiens grant fuison <span class="dalign">20</span></p>
-<p>pour emplir les fosss et pour amener les estrumens</p>
-<p>jusques as murs, se il peuissent. Mais cil del chastiel</p>
-<p>se deffendoient si vassaument que li assallant y perdirent</p>
-<p>grant fuison de leurs gens; si les couvint retraire</p>
-<p>arrire. Li rois commanda que li estrument <span class="dalign">25</span></p>
-<p>fuissent bien gard pour renforcier l'assaut l'endemain.</p>
-<p>Ensi se departi li assaus, et s'en rala cescuns</p>
-<p>en se loge, horsmis chiaus qui devoient ces estrumens</p>
-<p>garder. Li un plorrent les mors, et li aultre</p>
-<p>confortrent les navrs. <span class="dalign">30</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Chil del chastiel qui durement estoient travilliet,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_128"> 128</a></span></div>
-<p>et si y avoit grant fuison de blecis, veirent bien que</p>
-<p>li fais leur estoit grans; et se li rois David maintenoit</p>
-<p>son pourpos, il aroient fort temps. Si eurent</p>
-<p>entre yaus conseil qu'il envoieroient certain message</p>
-<p>par devers le roy Edouwart qui estoit Evruich <span class="dalign">5</span></p>
-<p>l venus, ce savoient il de verit par les prisonniers</p>
-<p>d'Escoce qu'il avoient pris. Si regardrent entre</p>
-<p>yaus qui feroit ceste besongne, mais il ne (peurent<a id="FNanchor_379" href="#Footnote_379" class="fnanchor">&nbsp;[379]</a>)</p>
-<p>trouver qui volsist laissier le chastiel deffendre, ne</p>
-<p>la belle dame ossi pour porter cel message. Si en <span class="dalign">10</span></p>
-<p>ot entre yaus grant estrit. Quant li gentilz bacelers</p>
-<p>messires Guillaumes de Montagut vei le bonne volent</p>
-<p>de ses compagnons et vei d'autre part le meschief</p>
-<p>qui leur poroit avenir, se il n'estoient secouru,</p>
-<p>si lor dist: Signeur, je voy bien vostre loyaut et <span class="dalign">15</span></p>
-<p>vostre bonne volent: si ques, pour l'amour de ma</p>
-<p>dame et de vous, je metterai mon corps en aventure</p>
-<p>pour faire cesti message, car jou ay tel fiance en</p>
-<p>vous, selonch chou que j'ai veu, que vous detenrs</p>
-<p>bien le chastiel jusques me revenue. Et ay d'autre <span class="dalign">20</span></p>
-<p>part si grant esperance el noble roy nostre signeur,</p>
-<p>que je vous amenrai temprement si grant secours</p>
-<p>que vous en ars joie, et vous seront bien meri li</p>
-<p>bien fait que fait ars. De ceste parolle furent ma</p>
-<p>dame li contesse et li compagnon tout joiant. <span class="dalign">25</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant la nuis fu venue, li dis messires Guillaumes</p>
-<p>se apparilla dou mieulz qu'il peut, pour plus paisivlement</p>
-<p>issir de laiens qu'il ne fust perceus de chiaus</p>
-<p>de l'host. Se li avint si bien qu'il pleut toute la nuit</p>
-<p>si fort que nulz des Escos n'osoit issir de se loge. <span class="dalign">30</span></p>
-<span class="pagenum"><a id="Page_129"> 129</a></span>
-<p>Si passa mienuit tout parmi l'ost, que onques ne fu</p>
-<p>perceus. Quant il fu passs, il fu grans jours; si</p>
-<p>chevaua avant tant qu'il encontra deus hommes</p>
-<p>d'Escoce, demi liewe pris de l'host, qui amenoient</p>
-<p>deus bues et une vache par devers l'ost. Messires <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Guillaumes cogneut qu'il estoient Escot; si les navra</p>
-<p>tous deus durement et tua leurs bestes, par quoi li</p>
-<p>Escot ne cil de l'host n'en euissent aise, puis dist as</p>
-<p>deus navrs: Als, dittes vostre roy que Guillaumes</p>
-<p>de Montagut vous a mis en tel point en son <span class="dalign">10</span></p>
-<p>despit. Et li dittes que je vois querre le gentil roy</p>
-<p>Edowart qui li fera temprement vuidier ceste place</p>
-<p>maugr lui. Cil li prommisent qu'il feroient volentiers</p>
-<p>ce message, mais qu'il les laissast atant </p>
-<p>pais. Lors se parti li dis messires Guillaumes d'yaus, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et s'en ala tant qu'il peut par devers le roy son signeur</p>
-<p>qui estoit Evruich tout grant fuison de gens</p>
-<p>d'armes, et en attendoit encores plus. Si fist li dis</p>
-<p>messires Guillaumes son salu au roy de par ma dame</p>
-<p>sen ante, contesse de Salebrin, et li conta le meschief <span class="dalign">20</span></p>
-<p>o elle et ses gens estoient. Li rois respondi</p>
-<p>apertement et liement qu'il ne laisseroit nullement</p>
-<p>qu'il ne secourust la dame et ses gens; et se plus</p>
-<p>tost euist sceu l o li Escot estoient, et le meschief</p>
-<p>del chastiel et de la dame, plus tost fust als celle <span class="dalign">25</span></p>
-<p>part. Si commanda tantost li dis rois que cescuns</p>
-<p>fust appareillis mouvoir l'endemain, et que on</p>
-<p>fesist toutdis les venans traire avant apris son host</p>
-<p>qu'il avoit grant.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 156. Li rois engls se parti l'endemain de le <span class="dalign">30</span></p>
-<p>cit de Evruich moult liement, pour les nouvelles</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_130"> 130</a></span></div>
-<p>que messires Guillaumes li avoit aportes. Et avoit</p>
-<p>avoech lui sis mille armeures de fier, dis mille arciers</p>
-<p>et bien quatre vingt mille hommes de piet, qui tout</p>
-<p>le sievoient, et toutdis li venoient gens. Quant li</p>
-<p>baron d'Escoce et li mestre del conseil le roy sceurent <span class="dalign">5</span></p>
-<p>que li dis messires Guillaumes de Montagut</p>
-<p>avoit ensi passet parmi leur host, et qu'il s'en aloit</p>
-<p>querre secours au roy engls, et savoient bien que li</p>
-<p>rois Edouwars estoit Evruich grant gent, et le tenoient</p>
-<p>de si grant corage et si gentil, que il ne lairoit <span class="dalign">10</span></p>
-<p>nullement que il ne venist tantost sus yaus pour secourre</p>
-<p>la dame et chiaus del chastiel, il parlrent</p>
-<p>ensamble, endementrues que li rois faisoit souvent et</p>
-<p>ardamment assallir. Et veirent bien que li rois faisoit</p>
-<p>ses gens navrer et martiriier sans raison. Et veoient <span class="dalign">15</span></p>
-<p>bien que li rois engls venroit bien anois combatre</p>
-<p> yaus que leurs rois peuist avoir conquis che chastiel,</p>
-<p>ensi qu'il cuidoit. Si parlrent tout ensamble au</p>
-<p>roy David d'un accord, et li disent que li demorers</p>
-<p>l n'estoit point ses pourfis ne sen honneur, car il <span class="dalign">20</span></p>
-<p>leur estoit moult honnourablement avenu de leur</p>
-<p>emprise. Et avoient fait grant despit as Engls, quant</p>
-<p>il avoient jeut en leur pays par douze jours, et ars et</p>
-<p>exilliet tout au tour. Aprs il avoient pris par force</p>
-<p>le cit de Duremmes et mis toute grant destruction: <span class="dalign">25</span></p>
-<p>si ques, tout consideret, c'estoit bon qu'il se</p>
-<p>partesist et se retraisist vers son royaume; et y menassent</p>
-<p> sauvet ce que conquis avoient, et que</p>
-<p>une aultre fois il retourroit en Engleterre quant il li</p>
-<p>plairoit. Li rois, qui ne volt mies issir dou conseil de <span class="dalign">30</span></p>
-<p>ses hommes, s'i acorda, quoi que il le fesist moult </p>
-<p>envis, car volentiers ewist attendu bataille le roy</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_131"> 131</a></span></div>
-<p>d'Engleterre, se on ne li ewist desconsilli. Toutes</p>
-<p>fois il se desloga au matin et toute se host ossi. Et</p>
-<p>s'en alrent li dit Escot droit par devers le grant</p>
-<p>forest de Gedours, o li sauvage Escot se tiennent</p>
-<p>tout bellement et leur aise, car il voloient savoir <span class="dalign">5</span></p>
-<p>que li rois engls feroit en avant, ou se il retrairoit</p>
-<p>arrire ou se il iroit avant et trairoit en leur pays.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 157. Ce jour meismes que li rois David et li</p>
-<p>Escot se departirent au matin de devant le chastiel</p>
-<p>de Salebrin, vint li rois Edouwars toute son host, <span class="dalign">10</span></p>
-<p> heure de miedi, en le place l o li rois des Escos</p>
-<p>avoit logiet. Si fu moult couroucis quant il ne le</p>
-<p>trouva, car volentiers se fust combatus lui. Il</p>
-<p>estoit venus en si grant haste que ses gens et ses</p>
-<p>chevaus estoient durement travilliet. Si commanda <span class="dalign">15</span></p>
-<p>que cescuns se logast l endroit, car il voloit aler</p>
-<p>veoir le chastiel et la gentilz dame qui laiens estoit,</p>
-<p>car il ne l'avoit veu puis les noces dont elle fu marie.</p>
-<p>Ensi fu fait que command fu. Cescuns s'ala</p>
-<p>logier, ensi qu'il peut, et reposer qui volt. Sitos que <span class="dalign">20</span></p>
-<p>li rois Edowars fu desarms, il prist jusques dix</p>
-<p>ou douze chevaliers, et s'en ala vers le chastiel pour</p>
-<p>saluer la contesse de Salebrin, et pour veoir le manire</p>
-<p>des assaus que li Escot avoient fais, et des deffenses</p>
-<p>que cil dou chastiel avoient faites l'encontre. <span class="dalign">25</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Sitos que la dame de Salebrin sceut le roy venant,</p>
-<p>elle fist ouvrir toutes les portes, et vint hors si richement</p>
-<p>vestie et atourne que cescuns s'en esmervilloit.</p>
-<p>Et ne se pooit on cesser de li regarder et de remirer</p>
-<p>le grant noblce de le dame, avoech le grant biaut <span class="dalign">30</span></p>
-<p>et le gracieus maintien que elle avoit. Quant elle fu</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_132"> 132</a></span></div>
-<p>venue jusques au roy, elle s'enclina jusques terre</p>
-<p>encontre lui, en regratiant de le grace et del secours</p>
-<p>que fait li avoit, et l'en mena ens ou chastiel pour</p>
-<p>lui festiier et honnourer, comme celle qui trs bien</p>
-<p>le savoit faire. Cescuns le regardoit merveilles, et <span class="dalign">5</span></p>
-<p>li rois meismes ne se pooit tenir de lui regarder. Et</p>
-<p>bien lui estoit avis que onques n'avoit veu si noble,</p>
-<p>si friche, ne nulle si belle de li. Se li feri tantost une</p>
-<p>estincelle de fine amour ens el coer qui li dura par</p>
-<p>lonch temps, car bien li sambloit que ou monde n'i <span class="dalign">10</span></p>
-<p>avoit dame qui tant fesist amer comme celle. Si</p>
-<p>entrrent ens ou chastiel main main. Et le mena</p>
-<p>la dame premiers en le sale, et puis en sa cambre, qui</p>
-<p>estoit si noblement pare qu'il affreoit tel dame.</p>
-<p>Et toutdis regardoit li rois le gentilz dame si ardamment <span class="dalign">15</span></p>
-<p>que elle en devenoit toute honteuse et abaubie.</p>
-<p>Quant il l'ot grant pice asss regard(e), il ala une</p>
-<p>fenestre pour apoiier, et commena fortement penser.</p>
-<p>La dame, qui ce point ne pensoit, ala les aultres</p>
-<p>signeurs et chevaliers festiier et saluer moult grandement <span class="dalign">20</span></p>
-<p>et point, ensi que elle savoit bien faire,</p>
-<p>cescun selonch son estat. Et puis commanda appareillier</p>
-<p>le disner, et quant temps seroit, mettre les</p>
-<p>tables et le sale parer.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 158. Quant la dame eut tout deviset et commandet <span class="dalign">25</span></p>
-<p> ses gens chou que bon li sambloit, elle</p>
-<p>s'en revint chire lie par devers le roy, qui encores</p>
-<p>pensoit et musoit fortement, et li dist: Chiers sires,</p>
-<p>pour quoi penss vous si fort? Tant pensers n'affiert</p>
-<p>pas vous, ce m'est avis, sauve vostre grace. Ains <span class="dalign">30</span></p>
-<p>deuissis faire feste et joie bonne cire, quant vous</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_133"> 133</a></span></div>
-<p>avs encaciet vos ennemis qui ne vous ont os attendre;</p>
-<p>et deuissis les aultres laissier penser del remanant.</p>
-<p>Li rois respondi et dist: Ha! ma chire</p>
-<p>dame, sachis que puis que jou entrai ceens, m'est</p>
-<p>une songne sourvenue, de quoi je ne me prendoie <span class="dalign">5</span></p>
-<p>garde: se m'i couvient penser. Et se ne sai que</p>
-<p>avenir en pora, mais je n'en puis mon coer oster.&mdash;Ha!</p>
-<p>chiers sires, dist la dame, vous deuissis</p>
-<p>tous jours faire bonne cire, pour vos gens mieulz</p>
-<p>conforter, et laissier (le)<a id="FNanchor_380" href="#Footnote_380" class="fnanchor">&nbsp;[380]</a> penser et le muser. Diex vous <span class="dalign">10</span></p>
-<p>a si bien aidiet jusques ores en toutes vos besongnes</p>
-<p>et donnet si grant grasce, que vous estes li plus</p>
-<p>doubts et honnours princes des Chrestiens. Et se</p>
-<p>li rois d'Escoce vous a fait despit et damage, vous</p>
-<p>le pors bien amender, quant vous vorrs, ensi que <span class="dalign">15</span></p>
-<p>aultre fois avs fait. Si laissis le muser et vens en</p>
-<p>le sale, se il vous plaist, dals vos chevaliers: tantost</p>
-<p>sera appareilliet pour disner.&mdash;Ha! ma</p>
-<p>chire dame, dist li rois, aultre cose me touche et</p>
-<p>gist en mon coer que vous ne penss. Car certainnement <span class="dalign">20</span></p>
-<p>li doulz maintiens, li parfais sens, la grant</p>
-<p>noblce et la fine biaut que jou ay veu et trouvet</p>
-<p>en vous m'ont si souspris et entrepris qu'il covient</p>
-<p>que je soie vos amans. Si vous pri que ce soit vos</p>
-<p>grs, et que je soie de vous ams, car nulz escondis <span class="dalign">25</span></p>
-<p>ne m'en poroit oster. La gentilz dame fu adonc</p>
-<p>durement esbahie et dist: Trs chiers sires, ne me</p>
-<p>voellis mokier, ne assaiier, ne tempter. Je ne poroie</p>
-<p>cuidier ne penser que ce fust acertes que vous dittes,</p>
-<p>ne que si nobles ne si gentils princes que vous estes <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_134"> 134</a></span></div>
-<p>deuist querre tour ne penser pour deshonnerer moy</p>
-<p>et mon marit, qui est si vaillans chevaliers, et qui</p>
-<p>tant vous a servi que vous savs, et encores gist pour</p>
-<p>vous emprisonns. Certes, vous seris del cas petit</p>
-<p>prisis et amends. Certes, onques tel pense ne me <span class="dalign">5</span></p>
-<p>vint en coer ne j ne venra, se Dieu plaist, pour</p>
-<p>homme qui soit ns; (et se je le faisoie, vous m'en</p>
-<p>devriez<a id="FNanchor_381" href="#Footnote_381" class="fnanchor">&nbsp;[381]</a>), non pas blasmer seulement, mais mon corps</p>
-<p>justicier et desmembrer.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 159. Atant se parti la vaillans dame, et laissa le <span class="dalign">10</span></p>
-<p>roy durement esbahi; et s'en revint en le sale pour</p>
-<p>faire haster le disner. Et puis s'en retourna au roy</p>
-<p>et en mena de ses chevaliers, et li dist: Sire,</p>
-<p>vens en la sale. Li chevalier vous attendent pour</p>
-<p>laver, car il ont trop junet, ossi avs vous. Li <span class="dalign">15</span></p>
-<p>rois se parti de la cambre et s'en ala en la sale, ce</p>
-<p>mot, et lava, et puis s'assist entre ses chevaliers au</p>
-<p>disner, et la dame ossi. Mais li roys y disna petit,</p>
-<p>car aultre cose li touoit que boire et mengier; et</p>
-<p>ne fist onques ce disner fors que penser. Et le <span class="dalign">20</span></p>
-<p>fois, quant il osoit la dame et son maintien regarder,</p>
-<p>il gettoit ses yex celle part. De quoi toutes ses</p>
-<p>gens avoient grant merveille, car il n'en estoient</p>
-<p>point acoustums, ne onques en tel point ne l'avoient</p>
-<p>veu. Ains cuidoient li aucun que ce fust pour les Escos <span class="dalign">25</span></p>
-<p>qui li estoient escaps. Mais aultre cose li touchoit,</p>
-<p>et li estoit si fermement entre ou coer, que</p>
-<p>onques n'en peut issir en grant temps, pour escondire</p>
-<p>(que la dame<a id="FNanchor_382" href="#Footnote_382" class="fnanchor">&nbsp;[382]</a>) en seuist ne peuist faire. Mais</p>
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_135"> 135</a></span></p>
-<p>il en fu toutdis depuis plus lis, plus gais et plus</p>
-<p>jolis; et en fist pluiseurs belles festes et joustes, et</p>
-<p>grans assambles de signeurs, de dames et de damoiselles,</p>
-<p>tout pour l'amour de la ditte contesse de</p>
-<p>Salbrin, si com vous ors chi aprs. <span class="dalign">5</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 160. Toutes voies, li rois engls demora tout celi</p>
-<p>jour ens ou chastiel, en grans penses et grant mesaise</p>
-<p>de coer, car il ne savoit que faire. Aucune fois</p>
-<p>il se ravisoit, car honneurs et loyauts le reprendoit</p>
-<p>de mettre son coer en tle fausset, pour deshonnerer <span class="dalign">10</span></p>
-<p>si vaillant dame, et si loyal chevalier comme ses</p>
-<p>maris estoit, qui si loyaument l'avoit toutdis servi.</p>
-<p>D'autre part, amours le constraindoit si fort que elle</p>
-<p>vaincoit et sourmontoit honneur et loyaut. Ensi se</p>
-<p>debatoit li rois en lui, tout le jour et toute le nuit. <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Au matin, il se leva et fist toute son host deslogier</p>
-<p>et traire apris les Eskos, et pour yaus sievir et cachier</p>
-<p>hors de son royaume; puis prist congiet la</p>
-<p>dame, en disant: Ma chire dame, Dieu vous</p>
-<p>commant jusques au revenir. Si vous pri que vous <span class="dalign">20</span></p>
-<p>vos voellis aviser, et aultrement estre consillie que</p>
-<p>vous ne m'aiis dit.&mdash;Chiers sires, respondi la</p>
-<p>dame, li Pres glorieus vous voelle conduire et oster</p>
-<p>de villainne pense et de deshonnourable, car je sui</p>
-<p>et serai toutdis consillie et apparillie de vous servir <span class="dalign">25</span></p>
-<p> vostre honneur et le mine.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Atant se parti li rois trestous confus et abaubis. Si</p>
-<p>s'en ala tout son host apris les Escos, et les sievi</p>
-<p>jusques oultre le bonne cit de Bervich, et se loga</p>
-<p> quatre liewes pris de le forest de Gedours, l o <span class="dalign">30</span></p>
-<p>li rois David et toutes ses gens estoient entrs, pour</p>
-<span class="pagenum"><a id="Page_136"> 136</a></span>
-<p>les grans forterces qu'il y a. L endroit demora li</p>
-<p>dis rois engls par l'espasse de trois jours, pour</p>
-<p>savoir se li Escot vorroient hors issir pour combatre</p>
-<p> lui. Et sacis que tous les trois jours y avoit tant</p>
-<p>d'escarmuces et de paletis entre les deus hos, que <span class="dalign">5</span></p>
-<p>cescuns estoit anoieus del regarder; et y avoit souvent</p>
-<p>des mors et des pris, d'une part et d'aultre. Et</p>
-<p>sur tous les aultres y estoit souvent veus en bon</p>
-<p>couvenant messires Guillaumes Douglas, qui s'arme</p>
-<p>d'azur comble (d'argent<a id="FNanchor_383" href="#Footnote_383" class="fnanchor">&nbsp;[383]</a>), et dedens le comble <span class="dalign">10</span></p>
-<p>trois estoilles de geules. Et estoit cilz qui y faisoit</p>
-<p>plus de biaus fais, de belles rescousses et de hautes</p>
-<p>emprises; et fist en l'ost des Engls moult de destourbiers.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 161. Tous ces trois jours, parlementrent aucun <span class="dalign">15</span></p>
-<p>preudomme de triewes et d'acort entre ces deus</p>
-<p>rois. Et tant trettirent que une triewe fu acorde </p>
-<p>durer deus ans, voires se li rois Phelippes de France</p>
-<p>s'i assentoit, car li rois d'Escoce estoit si fort alloiis</p>
-<p> lui qu'il ne pooit donner triewes ne faire pais sans <span class="dalign">20</span></p>
-<p>lui. Et se li rois Phelippes ne s'i voloit acorder, si</p>
-<p>devoient les triewes durer entre Engleterre et Escoce</p>
-<p>jusques au premier jour d'aoust. Et devoit estre</p>
-<p>quittes li contes de Mouret de se prison, se li rois</p>
-<p>d'Escoce pooit tant pourcacier au roy de France que <span class="dalign">25</span></p>
-<p>li contes de Salebrin fust quittes ossi de se prison.</p>
-<p>La qule cose devoit estre pourcacie au roy de</p>
-<p>France dedens le Saint Jehan Baptiste. Li rois d'Engleterre</p>
-<p>se acorda plus legierement celle triewe,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_137"> 137</a></span></div>
-<p>pour tant que cilz fait grant sens, qui a trois guerres</p>
-<p>ou quatre, s'il en poet atriewer ou apaisier les deus</p>
-<p>ou les trois qu'il le face. Et cilz rois avoit bien </p>
-<p>penser sur telz coses, car il avoit guerre en France,</p>
-<p>en Gascongne, en Poito, en Saintonge et en Bretagne, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>et par tout ses gens et ses saudoiiers.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Celle triewe as Escos fu ensi affreme et acorde</p>
-<p>que vous avs oy. Si departi li rois d'Escoce ses gens,</p>
-<p>et s'en rala cescuns en se contre; puis envoia grans</p>
-<p>messages au roy Phelippe de France, pour acorder <span class="dalign">10</span></p>
-<p>chou que trettiet estoit, se il li plaisoit. Il pleut asss</p>
-<p>bien au roy de France pour mieus complaire au roy</p>
-<p>d'Escoce; (et) ne desdist de riens au trettiet, mais</p>
-<p>renvoia le conte de Salbrin en Engleterre. Dont, si</p>
-<p>tost qu'il y fu revenus, li rois engls renvoia arrire <span class="dalign">15</span></p>
-<p>le conte de Mouret d'Escoce, ossi devers le roy David</p>
-<p>qui en eut grant joie. Ensi fu fais cilz escanges de</p>
-<p>ces deus signeurs, si com vous avs oy. Et se departirent</p>
-<p>ces deus grosses chevaucies, sans plus riens</p>
-<p>faire, et se retrest cescuns en son lieu. Or retournerons <span class="dalign">20</span></p>
-<p>nous parler des aventures et des guerres de</p>
-<p>Bretagne.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 162. Vous devs savoir que, quant li dus de</p>
-<p>Normendie, li dus de Bourgongne, li contes d'Alenon,</p>
-<p>li dus de Bourbon, li contes de Blois, li connestables <span class="dalign">25</span></p>
-<p>de France, li contes de Ghines ses filz, messires</p>
-<p>Jakemes de Bourbon, messires Loeis d'Espagne</p>
-<p>et li conte et li baron de France se furent parti de</p>
-<p>Bretagne, qu'il eurent conquis le fort chastiel de</p>
-<p>Chastouseaus, et puis apris le cit de Nantes, et pris <span class="dalign">30</span></p>
-<p>le conte de Montfort, et livret au roy Phelippe, et il</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_138"> 138</a></span></div>
-<p>l'eut fait mettre en prison ou Louvre dals Paris,</p>
-<p>si com vous avs oy; et comment messires Charles</p>
-<p>de Blois estoit demors tous quois en le cit de</p>
-<p>Nantes et ou pays d'entour qui obeissoit lui, pour</p>
-<p>attendre le saison d'est en la qule il fait milleur <span class="dalign">5</span></p>
-<p>hostoiier qu'il ne fait en le saison d'ivier, et celle</p>
-<p>douce saison fu revenue, tout cil signeur de France</p>
-<p>dessus nommet et grant fuison d'aultres gens avoech</p>
-<p>yaus s'en ralrent devers Bretagne grant poissance,</p>
-<p>pour aidier monsigneur Charle reconquerre le remanant <span class="dalign">10</span></p>
-<p>de le duc de Bretagne, dont il avinrent des</p>
-<p>grans et mervilleus fais d'armes, ensi com vous pors</p>
-<p>or. Quant il furent venu Nantes, l o il trouvrent</p>
-<p>monsigneur Charle de Blois, il eurent conseil</p>
-<p>qu'il assegeroient le cit de Rennes. Si issirent de <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Nantes et alrent assegier Rennes tout au tour. La</p>
-<p>contesse de Monfort en devant l'avoit si bien garni(e)</p>
-<p>et pourveue de gens d'armes et de tout ce qu'il affreoit,</p>
-<p>que riens n'i falloit. Et y avoit establi un</p>
-<p>vaillant chevalier et hardi pour chapitainne, que on <span class="dalign">20</span></p>
-<p>clamoit monsigneur Guillaume de Quadudal, gentil</p>
-<p>homme durement dou pays de Bretagne.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Aussi avoit la ditte contesse mis grans garnisons</p>
-<p>par toutes les aultres cits, chastiaus et bonnes villes</p>
-<p>qui lui obeissoient; et par tout bonnes chapitainnes, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>des gentilz hommes dou pays qui lui obeissoient</p>
-<p>et se tenoient, les quels elle avoit acquis par</p>
-<p>biau parler, par prommettre et par donner, car elle</p>
-<p>n'i voloit point espargnier: des quelz li evesques de</p>
-<p>Lyon, messires Amauris de Clion, messires Yewains <span class="dalign">30</span></p>
-<p>de Tigri, li sires de Landreniaus, li chastelains de</p>
-<p>Ghingant, messires Henris et messires Oliviers de</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_139"> 139</a></span></div>
-<p>Pennefort, messires Joffrois de Malatrait, messires</p>
-<p>Guillaumes de Quadudal, li doi frre de Quirich y</p>
-<p>estoient, et pluiseur aultre noble chevalier et escuier</p>
-<p>que je ne sai mies nommer. Ossi en y avoit de l'accord</p>
-<p>monsigneur Charle de Blois grant fuison, qui <span class="dalign">5</span></p>
-<p>lui se tenoient, avoecques monsigneur Hervi de Lyon,</p>
-<p>qui fu de premiers de l'accord le conte de Montfort</p>
-<p>et mestres de son conseil, jusques tant que la cits</p>
-<p>de Nantes fu rendue, et li contes de Montfort fu rendus</p>
-<p>pris, ensi que vous avs oy. De quoi li dis messires <span class="dalign">10</span></p>
-<p>(Hervis<a id="FNanchor_384" href="#Footnote_384" class="fnanchor">&nbsp;[384]</a>) fu durement blasms, car on voloit dire</p>
-<p>que il l'avoit pourcaciet et les bourgois enhorts.</p>
-<p>Chou apparoit en ce que, puis ce fait, ce fu cilz qui</p>
-<p>plus se penoit de grever la contesse de Montfort et</p>
-<p>ses aidans. <span class="dalign">15</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 163. Messires Charles de Blois et li signeur dessus</p>
-<p>nommet sisent asss longement devant le cit de</p>
-<p>Rennes, et y fisent grans damages et pluiseurs grans</p>
-<p>assaus et fors par les Espagnolz et par les Geneuois;</p>
-<p>et cil de dedens se deffendirent ossi fortement et vassaument, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>par le conseil le signeur de Quadudal, et</p>
-<p>si sagement que cil de dehors y perdirent plus souvent</p>
-<p>qu'il n'i gaegnirent.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>En celui temps, si tost que la dessus ditte contesse</p>
-<p>sceut que cil signeur de France estoient venu en Bretagne, <span class="dalign">25</span></p>
-<p> si grant poissance, elle envoia monsigneur</p>
-<p>Amauri de Clion en Engleterre parler au roy Edowart,</p>
-<p>et pour priier et requerre secours et ayde, par tle</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_140"> 140</a></span></div>
-<p>condition que li jones enfes, filz au conte de Montfort</p>
-<p>et de la ditte contesse, prenderoit femme l'une</p>
-<p>des jones filles au roy d'Engleterre, et s'appelleroit</p>
-<p>duoise de Bretagne. Li rois Edowars estoit adonc </p>
-<p>Londres, et festioit tant qu'il pooit le conte de Salbrin, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>qui tantost estoit revenus de se prison. Si fist</p>
-<p>moult grant feste et honneur monsigneur Amauri</p>
-<p>de Clion, quant il fu lui venus, car il estoit moult</p>
-<p>gentilz homs; et li ottria toute sa requeste asss briefment,</p>
-<p>car il y veoit son avantage en deus manires. <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Car il li fu avis que c'estoit grant cose et noble de</p>
-<p>la duc de Bretagne, se il le pooit conquerre; et si</p>
-<p>estoit la plus belle entre qu'il pooit avoir pour conquerre</p>
-<p>le royaume de France, quoi il tendoit. Si</p>
-<p>commanda monsigneur Gautier de Mauni qu'il <span class="dalign">15</span></p>
-<p>amoit moult, car moult l'avoit bien servi et loyaument</p>
-<p>en pluiseurs besongnes perilleuses, qu'il presist</p>
-<p>tant de gens d'armes que li dis messires Amauris li</p>
-<p>deviseroit et qu'il li souffiroit, et se apparillast au</p>
-<p>plus tost qu'il poroit pour aler aidier la contesse de <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Montfort, et presist avoecques lui jusques deus</p>
-<p>mille ou trois mille arciers des milleurs d'Engleterre.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Li dis messires Gautiers fist moult volentiers le</p>
-<p>commandement son signeur; si se apparilla au plus</p>
-<p>tost qu'il peut, et se mist en mer avoecques le dit <span class="dalign">25</span></p>
-<p>monsigneur Amauri, tle compagnie de gens d'armes</p>
-<p>et d'arciers qu'il souffi au dit monsigneur Amauri.</p>
-<p>Avoec lui en alrent li doy frre de Neynendale, messires</p>
-<p>Loeis et messires Jehans, li Haze de Braibant,</p>
-<p>messires Hubiers de Frenay, messires Alains de Sirehonde, <span class="dalign">30</span></p>
-<p>et pluiseur aultre que je ne puis ne sai tous</p>
-<p>nommer, et avoech yaus sis mille arciers. Mais uns</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_141"> 141</a></span></div>
-<p>grans tourmens les prist sour mer et vens contraires,</p>
-<p>par quoi il les couvint demorer sour le mer par le</p>
-<p>terme de soissante jours, anois qu'il peuissent parvenir</p>
-<p> Hembon, l o li contesse de Montfort les</p>
-<p>attendoit de jour en jour, grant mesaise de coer, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>pour le grant meschief que elle sentoit que ses gens</p>
-<p>soustenoient, qui estoient dedens le cit de Rennes.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 164. Or est savoir que messires Charles de</p>
-<p>Blois et cil signeur de France sisent longuement devant</p>
-<p>le cit de Rennes, et tant qu'il y fisent trs grant <span class="dalign">10</span></p>
-<p>damage, par quoi li bourgois en furent durement</p>
-<p>anoiis; et volentiers se fuissent souvent acord </p>
-<p>rendre le cit, se il osassent, mais messires Guillaumes</p>
-<p>de Quadudal ne s'i voloit acorder nullement.</p>
-<p>Quant li bourgois et li commun de le cit eurent asss <span class="dalign">15</span></p>
-<p>souffert, et qu'il ne veoient nul secours de nulle part</p>
-<p>venir, il se vorrent rendre; mais li dis messires Guillaumes</p>
-<p>ne s'i volt accorder. Au daarrain, il prisent le</p>
-<p>dit monsigneur Guillaume et le misent en prison; et</p>
-<p>eurent en couvent monsigneur Charlon de Blois <span class="dalign">20</span></p>
-<p>qu'il se renderoient l'endemain par tle condition</p>
-<p>que tout cil de le partie le contesse de Monfort s'en</p>
-<p>pooient aler sauvement, quel part qu'il voloient. Li</p>
-<p>dis messires Charles de Blois leur acorda. Ensi fu li</p>
-<p>cits de Rennes rendue monsigneur Charle de Blois, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>l'an de grasce mil trois cens quarante et deus, l'entre</p>
-<p>de may. Et messires Guillaumes de Quadudal</p>
-<p>ne volt point demorer de l'acord monsigneur Charle</p>
-<p>de Blois, ains s'en ala tantost par devers Hembon, l</p>
-<p>o la contesse de Monfort estoit, qui fu moult dolente <span class="dalign">30</span></p>
-<p>quant elle seut que la cit de Rennes estoit rendue;</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_142"> 142</a></span></div>
-<p>et si n'ooit nulles nouvelles de monsigneur Amauri de</p>
-<p>Clion ne de se compagnie.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 165. Quant la cit de Rennes se fu rendue, ensi</p>
-<p>que vous avs oy, et li bourgois eurent fait feaut</p>
-<p> monsigneur Charles de Blois, messires Charle eut <span class="dalign">5</span></p>
-<p>conseil qule part il se poroit traire toute son host,</p>
-<p>pour mieulz avant esploitier de reconquerre le remanant.</p>
-<p>Li consaulz se tourna ou que il se traisist</p>
-<p>par devers Hembon, l o la contesse de Montfort</p>
-<p>estoit; car, puis que li sires estoit en prison, s'il pooit <span class="dalign">10</span></p>
-<p>prendre le ville, le chastiel et le contesse, il aroit tost</p>
-<p>sa guerre afine. Ensi fu fait. Si se traisent tuit vers</p>
-<p>Hembon et assegirent le ville et le chastiel tout au</p>
-<p>tour, tant qu'il peurent, par terre. La contesse estoit</p>
-<p>si bien pourveue de bons chevaliers et d'autres souffissans <span class="dalign">15</span></p>
-<p>gens d'armes qu'il couvenait pour deffendre le</p>
-<p>ville et le chastiel, et tout dis estoit en grant soupeon</p>
-<p>del secours d'Engleterre que elle attendoit, et se n'en</p>
-<p>ooit nulles nouvelles. Ains avoit doubtance que grans</p>
-<p>meschis ne leur fust avenus, ou par fortune de le mer, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>ou par rencontre d'ennemis. Avoecques li estoit en</p>
-<p>Hembon li evesques de Lyon en Bretagne, dont messires</p>
-<p>Hervis de Lyon estoit (neveus<a id="FNanchor_385" href="#Footnote_385" class="fnanchor">&nbsp;[385]</a>), qui estoit de le</p>
-<p>partie monsigneur Charles. Et si y estoient messires</p>
-<p>Yves de Tigri, li sires de Landreniaus, li chastelains <span class="dalign">25</span></p>
-<p>de Ginghant, li doi frre de Quirich, messires Henris</p>
-<p>et messires Oliviers de Pennefort et pluiseur aultre.</p>
-<p>Quant la contesse et cil chevalier entendirent que cil</p>
-<p>signeur de France venoient pour yaus assegier, et qu'il</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_143"> 143</a></span></div>
-<p>estoient asss pris de l, il fisent commander que on</p>
-<p>sonnast le ban cloche, et que ascuns s'alast armer et</p>
-<p>alast sa deffense, ensi qu'il estoit ordonns. Ensi</p>
-<p>fu fait sans contredit.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant messires Charles de Blois et li signeur franois <span class="dalign">5</span></p>
-<p>furent approciet de le ville de Hembon et il</p>
-<p>le veirent forte, il fisent leurs gens logier, ensi que</p>
-<p>pour faire sige. Aucun jone compagnon geneuois,</p>
-<p>espagnol et franois alrent jusques as bailles pour</p>
-<p>paleter et escarmucier; et aucun de chiaus de dedens <span class="dalign">10</span></p>
-<p>issirent encontre yaus, ensi que on fait souvent</p>
-<p>en telz besongnes. L eut pluiseurs hustins.</p>
-<p>Et perdirent plus li Geneuois qu'il n'i gaegnassent,</p>
-<p>ensi qu'il avient souvent par trop folement abandonner.</p>
-<p>Quant li vespres approa, cescuns se retraii <span class="dalign">15</span></p>
-<p> se loge. L'endemain, li signeur eurent conseil</p>
-<p>qu'il feroient l'endemain assallir les bailles</p>
-<p>fortement, pour veoir le contenance de chiaus</p>
-<p>de dedens, et pour veoir se il y poroient riens</p>
-<p>conquester, ensi qu'il fisent. Car au tierc jour il <span class="dalign">20</span></p>
-<p>assallirent au matin, entours heure de prime, as</p>
-<p>bailles trs fortement. Et chil de dedens issirent hors</p>
-<p>li aucun des plus souffissans, et se deffendirent si vassaument</p>
-<p>qu'il fisent l'assaut durer jusques heure de</p>
-<p>nonne que li assallant se retraisent un petit arrire. <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Et y laissirent fuison de mors, et en remenrent</p>
-<p>plent de blecis. Quant li signeur veirent leurs gens</p>
-<p>retraire, il en furent durement couroucis. Si fisent</p>
-<p>recommencier l'assaut plus fort que devant. Et cil de</p>
-<p>Hembon s'efforcirent ossi d'yaus trs bien deffendre. <span class="dalign">30</span></p>
-<p>Et la contesse, qui estoit arme de corps et estoit</p>
-<p>monte sus un bon coursier, chevauoit de rue en</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_144"> 144</a></span></div>
-<p>rue par le ville, et semonnoit ses gens de bien deffendre.</p>
-<p>Et faisoit les femmes de le ville, dames et</p>
-<p>aultres, deffaire les caucies et porter les pires as</p>
-<p>crestiaus pour getter as ennemis. Et faisoit aporter</p>
-<p>bombardes et pos plains de cauch vive, pour getter <span class="dalign">5</span></p>
-<p>sus les assallans.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 166. Encores fist ceste ditte contesse de Montfort</p>
-<p>une trs hardie emprise qui ne fait mies (<a id="FNanchor_386" href="#Footnote_386" class="fnanchor">&nbsp;[386]</a>) oubliier,</p>
-<p>et c'on doit bien recorder hardit et outrageus fait</p>
-<p>d'armes. La contesse montoit en une tour, pour <span class="dalign">10</span></p>
-<p>mieulz veoir comment ses gens se maintenoient. Si</p>
-<p>regarda et vei que tout cil de l'host, signeur et aultre,</p>
-<p>avoient laissiet leurs logeis, et estoient pris que tout</p>
-<p>al veoir l'assaut. Elle s'avisa d'un grant fait et remonta</p>
-<p>sus son coursier, ensi arme comme elle estoit. <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Et fist monter environ trois cens hommes cheval</p>
-<p>avoecques lui, qui gardoient une aultre porte l o on</p>
-<p>n'assalloit point. Si issi de celle porte o toute se compagnie,</p>
-<p>et se feri trs vassaument en ces tentes et en ces</p>
-<p>logeis des signeurs de France, qui tantos furent toutes <span class="dalign">20</span></p>
-<p>arses, tentes et toutes loges, qui n'estoient gardes fors</p>
-<p>de garons et de varls qui s'en fuirent, si tos comme</p>
-<p>il y veirent le feu bouter et la contesse et ses gens entrer.</p>
-<p>Quant li signeur de France veirent leurs logeis</p>
-<p>ardoir et orent le hu et le cri qui en venoit, il furent <span class="dalign">25</span></p>
-<p>tout esbahi et coururent tout vers lor logeis,</p>
-<p>criant: Trahi! Trahi!, et ne demora adonc nulz</p>
-<p> l'assaut.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant la contesse vei l'ost estourmir et de toutes</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_145"> 145</a></span></div>
-<p>pars acourir, elle rassambla ses gens et vei bien que</p>
-<p>elle ne poroit rentrer en le ville sans trop grant perte;</p>
-<p>si s'en ala le droit chemin par devers le chastiel de</p>
-<p>Brait qui siet trois liewes pris de l. Quant messires</p>
-<p>Loeis d'Espagne, qui estoit mareschaus de toute <span class="dalign">5</span></p>
-<p>l'ost, fu venus as logeis qui ardoient, et vei la contesse</p>
-<p>et ses gens qui s'en aloient tant qu'il pooient, il se</p>
-<p>mist aler aprs pour raconsievir se il peuist, et grant</p>
-<p>fuison de gens d'armes avoecques lui. Si les encaua</p>
-<p>et caa tant qu'il en tua et mehagna aucuns qui estoient <span class="dalign">10</span></p>
-<p>mal montet, et qui ne pooient sievir les bien</p>
-<p>monts. Toutes fois, la ditte contesse chevaua tant</p>
-<p>et si bien que elle et li plus grant partie de ses gens</p>
-<p>vinrent asss point au bon chastiel de Brait, l o</p>
-<p>elle fu receute et festiie grant joie de chiaus de le <span class="dalign">15</span></p>
-<p>ville et dou chastiel. Quant messires Loeis d'Espagne</p>
-<p>sceut, par les prisons que pris avoit, que c'estoit la</p>
-<p>contesse qui tel fait avoit fait et qui escape li estoit,</p>
-<p>il s'en retourna en l'ost et conta sen aventure as signeurs</p>
-<p>et as aultres qui grant merveille en eurent. <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Ossi eurent cil qui estoient dedens Haimbon, et ne</p>
-<p>pooient apenser ne trop imaginer comment leur dame</p>
-<p>avoit che aviset ne oset entreprendre. Mais il furent</p>
-<p>toute le nuit en grant quisenon de ou que la</p>
-<p>dame ne nulz de ses compagnons ne revenoit; si n'en <span class="dalign">25</span></p>
-<p>savoient que penser ne que aviser, et ce n'estoit point</p>
-<p>trop grant merveille.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 167. A l'endemain, li signeur de France, qui</p>
-<p>avoient perdu leurs tentes et leurs pourveances,</p>
-<p>orent conseil qu'il se logeroient d'arbres et de foellies <span class="dalign">30</span></p>
-<p>plus pris de le ville, et qu'il se maintenroient plus</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_146"> 146</a></span></div>
-<p>sagement. Si se alrent logier grant painne plus</p>
-<p>pris de le ville, et disoient souvent ensi chiaus de</p>
-<p>le ville: Als, signeur, als requerre vostre contesse.</p>
-<p>Certes elle est perdue, vous ne le trouvers en</p>
-<p>pice. Quant cil de le ville, gens d'armes et aultres, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>orent telz parolles, il furent esbahi et eurent grant</p>
-<p>paour que grans meschis ne fust avenus leur dame.</p>
-<p>Si n'en savoient que croire, par tant que elle point</p>
-<p>ne revenoit, ne n'en ooient nulles nouvelles. Si demorrent</p>
-<p>en tel paour par l'espasse de cinq jours. <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Et la contesse, qui bien pensoit que ses gens estoient</p>
-<p> grant mesaise pour lui et en grant doubtance, se</p>
-<p>pourcaa tant que elle eut bien cinq cens compagnons</p>
-<p>(arms<a id="FNanchor_387" href="#Footnote_387" class="fnanchor">&nbsp;[387]</a>) et bien monts. Puis se parti de Brait</p>
-<p>entour le mienuit et se vint, droit au point que li solaus <span class="dalign">15</span></p>
-<p>se live, chevauant l'un des costs de l'host, et</p>
-<p>fist ouvrir le porte et entra ens grant joie et grant</p>
-<p>son de trompes et de nakaires: de quoi li hos des</p>
-<p>Franois fu durement estourmie. Si se fissent tout</p>
-<p>armer et coururent par devers le ville pour assallir, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>et cil de dedens as fenestres pour le deffendre. L</p>
-<p>commena grans assaus et fors, qui dura jusques </p>
-<p>haute nonne. Et plus y perdirent li assallant que li</p>
-<p>deffendant.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Environ heure de nonne, fisent li signeur cesser <span class="dalign">25</span></p>
-<p>d'assallir, car leurs gens se faisoient tuer et navrer</p>
-<p>sans raison, et retraisent leurs logeis. Si eurent</p>
-<p>conseil et acord que messires Charles de Blois iroit</p>
-<p>assegier (le) chastiel d'Auroy que li rois Artus fist</p>
-<p>faire et fremer. Et iroient avoecques lui li dus de <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_147"> 147</a></span></div>
-<p>Bourbon, li contes de Blois ses frres, et li mareschaus</p>
-<p>de France messires Robers Bertrans, et messires</p>
-<p>Hervis de Lyon et partie des Geneuois. Et messires</p>
-<p>Loeis d'Espagne, li viscontes de Rohen et tous</p>
-<p>li remanans des Geneuois et Espagnolz demorroient <span class="dalign">5</span></p>
-<p>devant Hembon. Et mandrent douze grans engiens</p>
-<p>qu'il avoient laissis Rennes, pour getter le ville</p>
-<p>et au chastiel de Hembon, car il veoient bien qu'il</p>
-<p>ne le pooient gaegnier ne riens pourfiter l'assallir;</p>
-<p>si qu'il fisent deus hos: s'en demora li uns devant <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Hembon, et li aultres en ala assegier chastiel d'Auroy</p>
-<p>qui estoit asss pris de l; des quels nous parlerons</p>
-<p>et nous soufferons un petit des aultres.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 168. Messires Charles de Blois se trest par devant</p>
-<p>le chastiel d'Auroy, qui estoit asss pris de l, tout <span class="dalign">15</span></p>
-<p>se compagnie, et se loga et toute son host environ.</p>
-<p>Et y fist assallir et escarmucier, car chil del chastiel</p>
-<p>estoient bien pourveu et bien garni de bonnes gens</p>
-<p>d'armes, pour tel sige soustenir. Si ne se vorrent rendre,</p>
-<p>ne laissier le service de la contesse, qui grans <span class="dalign">20</span></p>
-<p>biens leur avoit fais, pour obeir au dit monsigneur</p>
-<p>Charle, pour ses prommesses. Dedens le forterce avoit</p>
-<p>deus cens compagnons aidables, uns et aultres, des</p>
-<p>quelz estoient mestres et chapitainnes doi chevalier</p>
-<p>dou pays, vaillant homme et hardi durement, messires <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Henris de Pennefort et Oliviers de Pennefort</p>
-<p>ses frres. A quatre liewes pris de ce chastiel siet la</p>
-<p>bonne cit de Vennes, qui fermement se tenoit le</p>
-<p>contesse. Et en estoit messires Joffrois de Malatrait</p>
-<p>chapitainne, gentilz homs et vaillans durement. D'autre <span class="dalign">30</span></p>
-<p>part sciet la bonne ville de Dignant en Bretagne,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_148"> 148</a></span></div>
-<p>qui adonc n'estoit freme, fors de fosss et de palis.</p>
-<p>Si en estoit chapitains de par le contesse uns durement</p>
-<p>vaillans homs que on clamoit le chastellain de</p>
-<p>Gingant, mais il estoit adonc assis dedens Hembon</p>
-<p>avoech la contesse. Mais il avoit laissiet Dignant <span class="dalign">5</span></p>
-<p>son hostel, ma dame sa femme et ses filles, et avoit</p>
-<p>laissiet chapitainne, en lieu de li, monsigneur Renault</p>
-<p>son fil, vaillant baceler et hardi durement.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Entre ces deus bonnes villes siet uns trs fors chastiaus</p>
-<p>qui se tenoit adonc monsigneur Charle de <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Blois, et l'avoit fait garnir de gens d'armes et de saudoiiers,</p>
-<p>qui tout estoient Bourgignon. Si en estoit</p>
-<p>souverains et mestres uns bons escuiers asss jones</p>
-<p>que on clamoit Gerart de Malain; et avoit avoecques</p>
-<p>lui un hardi chevalier que on clamoit monsigneur <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Pire Portebuef. Cil doi avoecques leurs compagnons</p>
-<p>honnissoient et gastoient tout le pays de l entour,</p>
-<p>et destraindoient si ouniement le cit de Vennes et</p>
-<p>le bonne ville de Dinant, que nulles pourveances ne</p>
-<p>marchandises ne pooient entrer ne venir, fors en <span class="dalign">20</span></p>
-<p>grant peril et sous grant aventure, car il chevauoient</p>
-<p>l'un jour par devers Vennes, et l'autre jour</p>
-<p>par devers Dinant. Tant chevaucirent ensi li dessus</p>
-<p>dit Bourgegnon et leurs routes, que li jones bacelers</p>
-<p>messires Renaulz de Gingant prist, par un embuscement <span class="dalign">25</span></p>
-<p>qu'il avoit establi, le dit Gerart de Malain </p>
-<p>toute se compagnie, qui estoient yaus vingt et cinq</p>
-<p>compagnon, et rescoui jusques quinze marcheans </p>
-<p>tout leur avoir qu'il avoient pris, et les emmenoient</p>
-<p>par devers leur garnison que on claime Rocheperiot.</p>
-<p>Mais li jones bacelers messires Renaulz de Gingant les <span class="dalign">30</span></p>
-<p>conquist tous, par son sens et par sa proce, et les</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_149"> 149</a></span></div>
-<p>en mena tous (en Dynant<a id="FNanchor_388" href="#Footnote_388" class="fnanchor">&nbsp;[388]</a>) en prison, dont tous li</p>
-<p>pays d'entour eut grant joie. Et en fu durement li</p>
-<p>dis messires Renaulz los et prisis.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Si me tairai un petit parler de ces gens de Vennes,</p>
-<p>de Dinant et de Roceperiot, et revenrai la <span class="dalign">5</span></p>
-<p>contesse de Montfort, qui estoit assise dedens Haimbon,</p>
-<p>et monsigneur Loeis d'Espagne qui tenoit</p>
-<p>le sige par devant et avoit si debrisi et defroissi</p>
-<p>le ville et le fremet, par les engiens, que cil de</p>
-<p>dedens se commencirent esmaiier et avoir volent <span class="dalign">10</span></p>
-<p>de faire acord, car il ne veoient nul secours venir,</p>
-<p>ne n'en entendoient nouvelles. Dont il avint que</p>
-<p>li evesques messires Guis de Lyon, qui estoit (oncles<a id="FNanchor_389" href="#Footnote_389" class="fnanchor">&nbsp;[389]</a>)</p>
-<p>monsigneur Hervi de Lyon, par qui pourcach et conseil</p>
-<p>li contes de Montfort avoit estet pris, si com <span class="dalign">15</span></p>
-<p>on disoit, dedens le cit de Nantes, parla un jour au</p>
-<p>dit monsigneur Hervi son (neveu,) sus assegurance, et</p>
-<p>par lonch temps ensamble, d'unes coses et d'aultres;</p>
-<p>et tant que li dis evesques devoit pourcacier acord </p>
-<p>ses compagnons, par quoi li ville de Hembon seroit <span class="dalign">20</span></p>
-<p>rendue monsigneur Charle de Blois. Et li dis messires</p>
-<p>Hervis, d'autre part, devoit pourcacier que cil</p>
-<p>de dedens seroient apaisis envers monsigneur Charle,</p>
-<p>quittes et lieges, et ne perderoient riens dou</p>
-<p>leur. Ensi se departi cilz parlemens. Li dis evesques <span class="dalign">25</span></p>
-<p>rentra en le ville pour parler as aultres signeurs. La</p>
-<p>contesse se doubta tantost de mauvais pourcach; si</p>
-<p>pria ces signeurs de Bretagne, pour l'amour de</p>
-<p>Dieu, qu'il ne fesissent nulle defaute, car elle avoit</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_150"> 150</a></span></div>
-<p>esperance en Nostre Signeur que elle aroit grant secours</p>
-<p>dedens trois jours. Mais li dis evesques parla</p>
-<p>tant et moustra tant de raisons ces signeurs de</p>
-<p>Bretagne qu'i(l) les mist en grant effroi celle nuit. A</p>
-<p>l'endemain, il recommena et dist tant de raisons, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>d'unes et d'autres, qu'il estoient tout de son acord</p>
-<p>ou asss pris. Et j estoit li dis messires Hervis venus</p>
-<p>asss pris de le ville pour (la) prendre et par</p>
-<p>leur acord, quant la contesse qui regardoit aval le mer,</p>
-<p>par une fenestre del chastiel, commena criier et <span class="dalign">10</span></p>
-<p>faire grant joie; et disoit tant comme elle pooit: Je</p>
-<p>voi venir le secours que j'ai tant desir! deus fois</p>
-<p>le dist. Cescuns de le ville courut tantost, qui mieulz</p>
-<p>pot, as fenestres et as crestiaus des murs pour veoir</p>
-<p>que c'estoit. Et veirent clerement grant fuison de <span class="dalign">15</span></p>
-<p>naves, petites et grandes, bien batillies, venir par</p>
-<p>devers Hembon. Dont cescuns fu durement reconforts,</p>
-<p>car bien tenoient que c'estoit messires Amauris</p>
-<p>de Clion qui amenoit ce secours d'Engleterre,</p>
-<p>dont vous avs par ch devant oy parler, qui par <span class="dalign">20</span></p>
-<p>soixante jours avoient eu vent contraire sur le</p>
-<p>mer.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 169. Quant li chastellains de Gingant messires</p>
-<p>Yves de Tigueri, messires Gallerans de Landreniaulz</p>
-<p>et li aultre chevalier veirent ce secours venir, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>il disent l'evesque qu'il pooit bien contremender</p>
-<p>son parlement, car point consilliet n'estoient de</p>
-<p>faire ce qu'il leur exhortoit. Li dis evesques messires</p>
-<p>Guis de Lyon en fu durement couroucis et</p>
-<p>dist: Signeur, dont se departira nostre compagnie, <span class="dalign">30</span></p>
-<p>car vous demorrs dea par devers ma dame, et je</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_151"> 151</a></span></div>
-<p>m'en irai par del par devers celui qui plus grant</p>
-<p>droit y a, ce me samble. Lors se parti li dis evesques</p>
-<p>de Hembon, et deffia la dame et tous ses aidans,</p>
-<p>et s'en ala renoncier au dit monsigneur Hervi et dist</p>
-<p>la besongne ensi comme elle se portoit. Li dis messires <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Hervis fu durement couroucis. Si fist tantost</p>
-<p>drecier les plus grans engiens qu'il avoient, au plus</p>
-<p>pris del chastiel que on peut, et commanda que</p>
-<p>on ne cessast de getter par jours ne par nuis;</p>
-<p>puis se parti de l. Si en mena son (oncle<a id="FNanchor_390" href="#Footnote_390" class="fnanchor">&nbsp;[390]</a>) le dit <span class="dalign">10</span></p>
-<p>evesque monsigneur Loeis d'Espagne qui le rechut</p>
-<p> bon gr et liement. Ossi fist messires Charles de</p>
-<p>Blois, quant il fu lui venus. La comtesse fist lie</p>
-<p>chire apparillier salles, cambres et hostelz, pour herbergier</p>
-<p>aisiement ces signeurs d'Engleterre qui l venoient, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et envoia encontre yaus moult noblement.</p>
-<p>Quant il furent venus et descendus, elle meismes</p>
-<p>vint contre yaus grant reverense. Et se elle les</p>
-<p>festia et regratia grandement, che ne fait point </p>
-<p>esmervillier, car elle avoit bien mestier de leur <span class="dalign">20</span></p>
-<p>venue, si com vous avs oy. Si en fist adonc et de</p>
-<p>puis ossi tout quanque elle en peut faire. Et les en</p>
-<p>mena tous, chevaliers et escuiers, ens ou chastiel</p>
-<p>herbergier, jusques adonc qu'il seroient herbegiet en</p>
-<p>le ville leur aise; et leur donna l'endemain disner <span class="dalign">25</span></p>
-<p>moult grandement. Toute la nuit ne cessrent li</p>
-<p>engien de getter, ne l'endemain ossi.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant ce vint aprs disner que la dame eut festiiet</p>
-<p>ces signeurs, messires Gautiers de Mauni, qui estoit</p>
-<p>mestres et souverains des Engls venus avoec lui, appella <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_152"> 152</a></span></div>
-<p>d'une part monsigneur Yvon de Tigueri et li</p>
-<p>demanda de l'estat de chiaus de le ville et de leurs</p>
-<p>couvenans et de chiaus de l'host ossi. Puis regarda</p>
-<p>et dist qu'il avoit grant volent d'aler abatre ce grant</p>
-<p>engien, qui si pris leur estoit assis et qui si grant anoi <span class="dalign">5</span></p>
-<p>leur faisoit, ms que on le volsist sievir. Messires Yves</p>
-<p>de Tigueri dist que il ne l'en faurroit mies ce(ste)</p>
-<p>premire envaye. Ensi dist li sires de Landreniaus.</p>
-<p>Adonc s'ala tantost armer li gentilz sires de Mauni.</p>
-<p>Ossi fisent tout si compagnon quant il le sceurent, et <span class="dalign">10</span></p>
-<p>ossi tout li chevalier breton et li escuier qui laiens</p>
-<p>estoient. Puis issirent hors paisievlement par le porte,</p>
-<p>et fisent aler avoech yaus trois cens archiers. Tant</p>
-<p>alrent traiant li arcier qu'il fisent fuir en voies ceulz</p>
-<p>qui gardoient ce grant engien. Et les gens d'armes qui <span class="dalign">15</span></p>
-<p>venoient aprs ces arciers en occisent aucuns, et abatirent</p>
-<p>ce grant engien, et le detaillirent tout par</p>
-<p>pices. Puis coururent de randon jusques as tentes</p>
-<p>et as logeis, et boutrent le feu dedens. Si turent et</p>
-<p>navrrent pluiseurs de leurs ennemis, anois que li <span class="dalign">20</span></p>
-<p>host fust estourmis; et puis se retraisent bellement</p>
-<p>arrire. Quant li hos fu estourmis et arms, il vinrent</p>
-<p>acourant apris yaus, comme gens tous foursens.</p>
-<p>Et quant messires Gautiers de Mauni vey ces</p>
-<p>gens acourir et estourmir en demenant grans hus et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>grant cris, il dist tout haut: Jamais ne soie jou</p>
-<p>salus de ma chire amie, se je rentre en chastiel ne</p>
-<p>en forterce, jusques adonc que jou arai l'un de ces</p>
-<p>venans vers terre, ou jou y serai verss! Lors se</p>
-<p>retourna il, le glave ou poing, par devers les ennemis. <span class="dalign">30</span></p>
-<p>Ossi fisent li doi frre de Leindehale, li Haze de</p>
-<p>Braibant, messires Yves de Tigueri, messires Galerans</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_153"> 153</a></span></div>
-<p>de Landreniaus et pluiseur aultre compagnon,</p>
-<p>et brocirent premiers venans. Si en fisent pluiseurs</p>
-<p>verser, les gambes contremont. Ossi en y eut</p>
-<p>des leurs verss.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>L commena uns trs fors hustins, car tout dis <span class="dalign">5</span></p>
-<p>venoient avant cil de l'host. Si monteplioit leurs</p>
-<p>effors, par quoi il convenoit les Engls et les Bretons</p>
-<p>retraire tout bellement par devers leur forterce.</p>
-<p>L peuist on veoir d'une part et d'autre belles</p>
-<p>envayes, belles rescousses, biaus fais d'armes et des <span class="dalign">10</span></p>
-<p>belles proces grant fuison. Sour tous les aultres</p>
-<p>le faisoit bien et en avoit le los et le hue li gentilz</p>
-<p>chevaliers, messires Gautiers de Mauni. Et ossi</p>
-<p>moult vassaument s'i maintinrent tout si compagnon,</p>
-<p>et s'i combatirent trs bien. Quant il veirent <span class="dalign">15</span></p>
-<p>que tamps fu de retraire, si se retraisent bellement et</p>
-<p>sagement jusques leurs fosss, et l rendirent il estal</p>
-<p>jusques tant que leurs gens furent entret sauvet.</p>
-<p>Mais sacis que li aultre arcier, qui point n'avoient</p>
-<p>est abatre les engiens, estoient issu de le ville et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>rengis sus les fosss, et traioient si fortement qu'il</p>
-<p>fisent tous chiaus de l'host reculer, qui eurent grant</p>
-<p>fuison d'ommes et de chevaus mors et navrs. Quant</p>
-<p>cil de l'host veirent que leurs gens estoient au bersail</p>
-<p>et qu'il perdoient sans riens conquester, il fisent <span class="dalign">25</span></p>
-<p>leur gens retraire leurs logeis. Et quant il furent tout</p>
-<p>retrait, cil de le ville se retraisent ossi, cescuns son</p>
-<p>hostel. Qui adonc veist la contesse descendre dou</p>
-<p>chastiel grant chire, et baisier monsigneur Gautier</p>
-<p>de Mauni et ses compagnons, les uns apris les aultres, <span class="dalign">30</span></p>
-<p>deus fois ou trois, bien peuist dire que c'estoit</p>
-<p>une vaillans dame.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_154"> 154</a></span></div>
-<p> 170. A l'endemain, messires Loeis d'Espagne appella</p>
-<p>le visconte de Rohem, l'evesque de Lyon, monsigneur</p>
-<p>Hervi de Lyon et le mestre des Geneuois, pour</p>
-<p>avoir avis et conseil qu'il feroient et comment il se</p>
-<p>maintenroient, car il veoient le ville de Hembon si <span class="dalign">5</span></p>
-<p>forte et le secours qui venus y estoit, meismement</p>
-<p>les arcis qui tous les desconfisoient. Par quoi, il</p>
-<p>perdoient le tamps pour noient, et aleuoient </p>
-<p>demorer l, et ne veoient tour ne voie par quoi il</p>
-<p>y peuissent riens conquester. Si se accordrent tout <span class="dalign">10</span></p>
-<p>ou que il se deslogeroient l'endemain et se trairoient</p>
-<p>par devers le chastiel d'Auroy, l o messires</p>
-<p>Charles de Blois estoit sige fait, et li aultre signeur</p>
-<p>de France. L'endemain, bien matin, il deffisent leurs</p>
-<p>logeis et se traisent celle part, si com ordonn l'avoient. <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Chil de le ville fisent grans hus apris yaus,</p>
-<p>quant il les veirent deslogiet. Et aucun issirent aprs</p>
-<p>yaus pour aventurer, mais il furent racaciet arrire,</p>
-<p>et perdirent de leurs compagnons, anois qu'il peuissent</p>
-<p>estre retrait le ville. <span class="dalign">20</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant messires Loeis d'Espagne et toute sa carge</p>
-<p>de gens d'armes furent venu en l'ost monsigneur</p>
-<p>Charles de Blois, il li conta le raison pour quoi il</p>
-<p>avoit laissiet le sige de devant Hembon. Adonc ordonnrent</p>
-<p>il entre yaus, par grant deliberation, que <span class="dalign">25</span></p>
-<p>li dis messires Loeis et cil qui estoient venu avoech</p>
-<p>li iroient assegier le bonne ville de Dinant qui n'estoit</p>
-<p>freme fors que d'yawe et de palis. Ensi demora</p>
-<p>la ville de Hembon en pais une grant pice,</p>
-<p>et fu reforcie et rafrescie moult durement. Li dis <span class="dalign">30</span></p>
-<p>messires Loeis s'en ala adonc tout son host assegier</p>
-<p>Dinant. Ensi qu'il s'en aloit, il passa asss</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_155"> 155</a></span></div>
-<p>pris d'un vis chastiel que on clamoit Conquest. Et</p>
-<p>en estoit chastellains, de par le contesse, uns chevaliers</p>
-<p>de Lombardie, bons guerriires et hardis, qui</p>
-<p>s'appeloit messires Mansion, et avoit pluiseurs saudoiiers</p>
-<p>avoech li. Quant li dis messires Loeis entendi <span class="dalign">5</span></p>
-<p>que li chastiaus estoit de l'accord le contesse, il fist</p>
-<p>traire son host celle part et assallir le chastiel fortement.</p>
-<p>Chil dedens se deffendirent si bien que li assaus</p>
-<p>dura jusques le nuit, et se loga li hos l endroit.</p>
-<p>L'endemain, il fist l'assaut recommencier. Li assallant <span class="dalign">10</span></p>
-<p>approcirent si pris des murs qu'il y fissent un</p>
-<p>grant trau, car li fosset n'estoient mies moult parfont.</p>
-<p>Si entrrent ens par force et misent mort tous</p>
-<p>chiaus dou chastiel, exceptet le chevalier qu'il prisent</p>
-<p> prisonnier; et y establirent un aultre chastelain <span class="dalign">15</span></p>
-<p>bon et seur et soixante compagnons avoec li, pour</p>
-<p>garder le chastiel. Puis s'en parti li dis messires Loeis</p>
-<p>et s'en ala assegier le bonne ville de Dinant.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>La contesse de Monfort et messires Gautiers de</p>
-<p>Mauni entendirent ces nouvelles que messires Loeis <span class="dalign">20</span></p>
-<p>d'Espagne et toute son host estoit arrests par devant</p>
-<p>le chastiel de Conquest. Si appella messires</p>
-<p>Gautiers tous les compagnons saudoiiers, et leur dist</p>
-<p>que ce seroit trop noble aventure pour yaus tous,</p>
-<p>se il pooient deslogier le dit chastiel et desconfire le <span class="dalign">25</span></p>
-<p>dit monsigneur Loeis et toute son host, et que onques</p>
-<p>si grant honneur n'avint gens d'armes qu'il</p>
-<p>leur avenroient. Tout li compagnon s'i acordrent et</p>
-<p>se partirent l'endemain au matin de Haimbon, et s'en</p>
-<p>alrent celle part de si grant volent que petit en demora <span class="dalign">30</span></p>
-<p>en le ville. Tant chevaucirent qu'il vinrent environ</p>
-<p>nonne au chastiel de Conquest, et trouvrent</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_156"> 156</a></span></div>
-<p>qu'il avoit est conquis par force le jour devant, et</p>
-<p>cil de dedens tout occis, except le chevalier monsigneur</p>
-<p>Mansion qui le gardoit. Et l'avoient li Franois</p>
-<p>repourveu et rafresci de nouvelle gent. Quant messires</p>
-<p>Gautiers entendi ou, et que messires Loeis estoit <span class="dalign">5</span></p>
-<p>als assegier le ville de Dinant, il en eut grant</p>
-<p>doel, pour tant qu'il ne se pooit combatre lui. Si</p>
-<p>dist ses compagnons qu'il ne se partiroit de l, si</p>
-<p>saroit quelz gens il avoit ou chastiel, et comment il</p>
-<p>avoit estet perdus. Si se apparillirent il et si compagnon, <span class="dalign">10</span></p>
-<p>pour assallir le chastiel, et montrent tout</p>
-<p>targiet contremont. Quant li Espagnol qui dedens estoient</p>
-<p>les veirent en tel manire venir, il se deffendirent</p>
-<p>tant qu'il peurent. Et cil de dehors les assallirent</p>
-<p>si fortement et les tinrent si pris de traire qu'il <span class="dalign">15</span></p>
-<p>approcirent les murs, maugr chiaus dou chastiel,</p>
-<p>et trouvrent le trau del mur, par quoi il avoient le</p>
-<p>jour devant gaegniet le chastiel. Si entrrent ens par</p>
-<p>ce trau meismes, et turent tous les Espagnolz, except</p>
-<p>dix que aucun chevalier prisent merci. Puis <span class="dalign">20</span></p>
-<p>se retraisent li Engls et li Breton par devers Hembon,</p>
-<p>car il ne l'osoient durement eslongier; et laissirent le</p>
-<p>chastiel de Conquest tout seul et sans garde, car il</p>
-<p>veirent bien que il ne faisoit mies tenir.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 171. Or revenrai monsigneur Loeis d'Espagne <span class="dalign">25</span></p>
-<p>qui fist logier son host tout au tour de la ville de</p>
-<p>Dinant en Bretagne, et fist tantost faire petits batiaus</p>
-<p>et nacelles, pour assallir le ville de toutes pars, par</p>
-<p>terre et par yawe. Quant li bourgois de le ville veirent</p>
-<p>chou, et bien savoient que lor ville n'estoit freme <span class="dalign">30</span></p>
-<p>fors que de palis, il eurent paour, grans et petis,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_157"> 157</a></span></div>
-<p>de perdre corps et avoir. Si se accordrent communement</p>
-<p>qu'il se renderoient, salves leurs corps et leur</p>
-<p>avoir, si qu'il fisent au quart jour que li hos fu venus</p>
-<p>l, maugr leur chapitainne monsigneur Renault de</p>
-<p>Ginghant et le turent (tout en my le marchiet<a id="FNanchor_391" href="#Footnote_391" class="fnanchor">&nbsp;[391]</a>), pour <span class="dalign">5</span></p>
-<p>tant qu'il ne s'i voloit acorder. Quant messires Loeis</p>
-<p>d'Espagne eut est en le ville de Dignant par deux</p>
-<p>jours, et ot pris le feault des bourgois, il leur donna</p>
-<p>pour chapitainne celui Gerard de Malain, escuier, que</p>
-<p>il trouva laiens prisonnier, et monsigneur Pire Portebuef <span class="dalign">10</span></p>
-<p>avoech lui. Puis s'en ala tout son host par devers</p>
-<p>une grosse ville seans sus le flun de le mer, que</p>
-<p>on claime Garlande, et le assega par terre. Et trouva</p>
-<p>asss pris grant fuison de naves et de vaissiaus plainnes</p>
-<p>de vins que marcheant avoient l amenet de <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Poito et de Le Rocelle pour vendre. Si euren tantost</p>
-<p>vendut li marchant leurs vins, et furent mal paiiet.</p>
-<p>Et puis fist li dis messires Loeis prendre toutes ces</p>
-<p>naves, et ens monter gens d'armes et partie des Espagnols</p>
-<p>et des Geneuois. Puis fist l'endemain assallir le <span class="dalign">20</span></p>
-<p>ville par terre et par mer, qui ne se pot longement</p>
-<p>deffendre; ains fu asss tost gaegnie par force, et</p>
-<p>tantost toute robe, et tout mis l'espe, femmes et</p>
-<p>hommes et enfans, et cinq eglises arses et violes:</p>
-<p>dont messires Loeis fu durement couroucis. Si fist <span class="dalign">25</span></p>
-<p>tantost pour chou pendre vingt et quatre de chiaus</p>
-<p>qui chou avoient fait. L eut gaegniet trs grant tresor,</p>
-<p>si ques cescuns en eut tant qu'il en peut porter, car</p>
-<p>la ville estoit durement grande et rice et marceande.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant celle grosse ville, qui Garlande estoit appelle, <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_158"> 158</a></span></div>
-<p>fu ensi gaegnie et robe et essillie, il ne sceurent</p>
-<p>o aler plus avant pour gaegnier. Si se mist li dis</p>
-<p>messires Loeis en ces vaissiaus qu'il avait trouvs, sus</p>
-<p>mer, en le compagnie de monsigneur Othon Doriie</p>
-<p>et de Toudou et de aucuns Geneuois et Espagnolz, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>pour aler aucune part, pour aventurer sus le marine.</p>
-<p>Et li viscontes de Roem, li evesques de Lyon, messires</p>
-<p>Hervis, ses nis, et tout li aultre s'en revinrent</p>
-<p>en l'ost monsigneur Charle de Blois, qui encores seoit</p>
-<p>devant le chastiel d'Auroy. Et trouvrent grant fuison <span class="dalign">10</span></p>
-<p>de signeurs et de chevaliers de France, qui nouvellement</p>
-<p>estoient l venus, telz que monsigneur Loeis</p>
-<p>de Poitiers conte de Valence, le conte d'Auoirre,</p>
-<p>le conte de Portiien, le conte de Joni, le conte de</p>
-<p>Boulongne et pluiseurs aultres, dont li rois Phelippes <span class="dalign">15</span></p>
-<p>les y avoit envoiis pour reconforter son neveu; et</p>
-<p>aucun y estoient venu de leur volent, pour venir</p>
-<p>veoir et servir monsigneur Charle de Blois. Et encores</p>
-<p>n'estoit li fors chastiaus d'Auroy gaegnis. Mais</p>
-<p>chil de dedens estoient si prs menet et apresset de <span class="dalign">20</span></p>
-<p>famine qu'il avoient mengiet par huit jours tous</p>
-<p>leurs chevaus; et ne les voloit on prendre merci,</p>
-<p>s'il ne se rendoient simplement. Quant il veirent</p>
-<p>que morir les couvenoit, il issirent hors couvertement</p>
-<p>par nuit, et se misent en le volent de Dieu, <span class="dalign">25</span></p>
-<p>et passrent tout parmi l'ost, l'un des costs. Aucun</p>
-<p>en furent perceu et tuet. Mais messires Henris de</p>
-<p>Pennefort et messires Oliviers ses frres et pluiseur</p>
-<p>aultre se sauvrent par un bosket qui l estoit, et en</p>
-<p>alrent droit Hembon devers le contesse et les <span class="dalign">30</span></p>
-<p>compagnons, chevaliers engls et bretons, qui les</p>
-<p>rechurent liement.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_159"> 159</a></span></div>
-<p>Ensi reconquist messires Charles de Blois le fort</p>
-<p>chastiel d'Auroi, et par affamer ceulx qui le gardoient,</p>
-<p>l o il avoit sis par l'espasse de dix sepmainnes</p>
-<p>et plus. Si le fist reffaire et rappareillier</p>
-<p>et bien garnir de gens d'armes et de toutes pourveances; <span class="dalign">5</span></p>
-<p>et puis s'en ala tout son ost assegier</p>
-<p>le cit de Vennes, dont messires Joffrois de Malatrait</p>
-<p>estoit chapitains, et se loga tout au tour. A</p>
-<p>l'endemain, aucun compagnon breton et saudoiier,</p>
-<p>qui gisoient en une ville que on claime Plaremiel, <span class="dalign">10</span></p>
-<p>issirent hors et se misent en aventure de gaegnier.</p>
-<p>Si vinrent estourmir l'ost monsigneur Charle, et se</p>
-<p>ferirent l'un des corons secretement; mais il furent</p>
-<p>enclos quant li hos fu estourmis, et perdirent de</p>
-<p>leurs gens grossement. Li aultre s'en fuirent et furent <span class="dalign">15</span></p>
-<p>sievi jusques asss pris de Plaremiel, qui estoit</p>
-<p>asss pris de Vennes. Quant cil de l'host qui estoient</p>
-<p>armet furent revenu de le cace, il alrent de ce</p>
-<p>retour meismes assallir le ville de Vennes fortement</p>
-<p>et radement, et gaegnirent par force les bailles jusques <span class="dalign">20</span></p>
-<p> le porte de le cit. L eut trs fort assaut, et</p>
-<p>pluiseurs mors et navrs d'une part et d'autre, et</p>
-<p>dura jusques le nuit. Adonc fu acord uns respis</p>
-<p>qui devoit durer l'endemain tout le jour, pour les</p>
-<p>bourgois consillier, s'il se vorroient rendre ou non. <span class="dalign">25</span></p>
-<p>A lendemain, il furent si consilliet qu'il se rendirent,</p>
-<p>maugret monsigneur Joffroi de Malatret leur chapitainne.</p>
-<p>Et quant il vei chou, il se mist hors de le</p>
-<p>cit desconnuement, endementrues que on parlementoit,</p>
-<p>et s'en ala par devers Hembon. Et li parlemens <span class="dalign">30</span></p>
-<p>se fist ensi, que messires Charles de Blois et</p>
-<p>tout li signeur entrrent en le cit, et prisent le</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_160"> 160</a></span></div>
-<p>feault des bourgois, et se reposrent en le cit par</p>
-<p>cinq jours. Puis s'en partirent et alrent assegier une</p>
-<p>aultre forterce et bonne cit que on claime Craais.</p>
-<p>Or lairai parler un petit d'yaus, et retourrai </p>
-<p>monsigneur Loeis d'Espagne qui s'estoit mis en mer, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>ensi que vous avs oy ci dessus.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 172. Sacis que, quant messires Loeis d'Espagne</p>
-<p>fu monts, au port de Garlande, sus mer, il et se</p>
-<p>compagnie alrent tant nagant par mer qu'il arrivrent</p>
-<p>en le Bretagne bretonnant, au port de Camperli <span class="dalign">10</span></p>
-<p>et asss pris de Camper Corentin et de Saint Mahieu</p>
-<p>de Fine Poterne; et issirent des naves, et alrent ardoir</p>
-<p>et rober tout le pays. Et trouvrent si grant</p>
-<p>avoir que merveilles seroit dou raconter; si le raportoient</p>
-<p>tout en leurs naves, et puis aloient d'autre <span class="dalign">15</span></p>
-<p>part rober, et ne trouvoient qui leur deffendesist.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant messires Gautiers de Mauni et messires Amauris</p>
-<p>de Clion sceurent les nouvelles de monsigneur</p>
-<p>Loeis d'Espagne et de ses compagnons, il eurent conseil</p>
-<p>qu'il iroient celle part. Puis le descouvrirent <span class="dalign">20</span></p>
-<p>monsigneur Yvon de Trigri, au chastelain de Gingant,</p>
-<p>au signeur de Landreniaus, monsigneur Guillaume</p>
-<p>de Quadudal, as deus frres de Pennefort, et tous</p>
-<p>les chevaliers qui l estoient dedens Hembon, qui</p>
-<p>tout s'i acordrent de bonne volent. Lors se misent <span class="dalign">25</span></p>
-<p>tout en leurs vaissiaus, et prisent trois mille arciers</p>
-<p>avoecques yaus, et ne cessrent de nagier jusques </p>
-<p>tant qu'il vinrent droit au port, l o les naves monsigneur</p>
-<p>Loeis estoient ancres. Si entrrent dedans,</p>
-<p>et turent tous chiaus qui les naves gardoient. Et <span class="dalign">30</span></p>
-<p>trouvrent ens si grant avoir qu'il s'en esmervillirent</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_161"> 161</a></span></div>
-<p>durement, que li Geneuois et li Espagnol avoient</p>
-<p>l dedens aportet. Puis se misent terre, et veirent</p>
-<p>en pluiseurs lieus villes et maisons ardoir. Si se partirent</p>
-<p>en trois batailles, par grant sens, pour plus tost</p>
-<p>trouver leurs ennemis, et laissirent trois cens arciers <span class="dalign">5</span></p>
-<p>pour garder leur navie et l'avoir qu'il avoient gaegniet;</p>
-<p>puis se misent le voie par devers les fumires</p>
-<p>par pluiseurs chemins.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Ces nouvelles vinrent monsigneur Loeis d'Espagne</p>
-<p>que li Engls estoient arrivet efforciement et le queroient. <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Si rassambla toutes ses gens, et se mist au retour</p>
-<p>par devers ses naves, pour entrer dedens. Ensi</p>
-<p>qu'il s'en revenoit, tout cil dou pays le poursievoient,</p>
-<p>hommes et femmes qui avoient perdu lor avoir; et il</p>
-<p>se hastoit tant qu'il pooit. Si encontra l'une des trois <span class="dalign">15</span></p>
-<p>batailles, et vey bien que combatre le couvenoit. Se</p>
-<p>se mist tantost en bon couvenant, car il estoit hardis</p>
-<p>chevaliers et conforts durement. Et fist l aucuns</p>
-<p>chevaliers nouviaus, et especialment un sien neveut</p>
-<p>que on appelloit Aufons. Si se ferirent li dis messires <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Loeis d'Espagne et ses gens en ceste premire bataille</p>
-<p>si radement qu'il en rurent tamaint par terre;</p>
-<p>et euist est tantost toute nettement desconfite et</p>
-<p>sans remde, se n'euissent est les aultres deus batailles</p>
-<p>qui y sourvinrent, par le cri et le hu qu'il <span class="dalign">25</span></p>
-<p>avoient oy des gens dou pays. Lors commena li</p>
-<p>hustins renforcer, et li arcier si fort traire que</p>
-<p>Geneuois et Espagnol furent desconfit et pris que</p>
-<p>tout mort et tuet grant meschief, car cil dou</p>
-<p>pays qui les sievoient bourls et pikes y sourvinrent, <span class="dalign">30</span></p>
-<p>qui les parturent tous, et rescouoient ce qu'il</p>
-<p>pooient de leur perte: si ques grant meschief li</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_162"> 162</a></span></div>
-<p>dis messires Loeis se parti de le bataille, durement</p>
-<p>navrs en pluiseurs lius, et s'en afui par devers ses</p>
-<p>naves, tous desconfis. Et ne ramena de bien sis mille</p>
-<p>hommes qu'il avoit avoech lui plus hault de trois</p>
-<p>cens; et y laissa mort son neveu que moult amoit, <span class="dalign">5</span></p>
-<p>monsigneur Aufons d'Espagne, dont il estoit en coer</p>
-<p>et fu puissedi moult destrois, mais amender ne le peut.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant il fu venus ses naves, il cuida ens entrer,</p>
-<p>mais il les trouva si bien gardes qu'il ne</p>
-<p>peut ens entrer. Si se mist en un vaissiel que on <span class="dalign">10</span></p>
-<p>claime lique, grant meschief et grant haste, tout</p>
-<p>ce de gens qu'il avoit d'escaps, et se mist nagier</p>
-<p>fortement en voies. Quant cil chevalier d'Engleterre</p>
-<p>et de Bretagne dessus nommet eurent desconfis leurs</p>
-<p>ennemis, et il perurent que li dis messires Loeis <span class="dalign">15</span></p>
-<p>s'en estoit partis et als par devers les vaissiaus, il se</p>
-<p>misent tout aler aprs lui tant qu'il purent, et</p>
-<p>laissirent les gens del pays couvenir del remanant</p>
-<p>et yaus vengier, et reprendre partie de chou que on</p>
-<p>leur avoit robet. Quant il furent venu leurs vaissiaus, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>il trouvrent que li dis messires Loeis estoit</p>
-<p>entrs en une lique qu'il avoit trouvet, et s'en aloit</p>
-<p>fuiant tant qu'il pooit. Il entrrent tantost ens s</p>
-<p>plus appareillis vaissiaus qu'il trouvrent l, et nagirent</p>
-<p>tant qu'il purent apris le dit monsigneur <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Loeis, car il leur estoit avis qu'il n'avoient riens fait,</p>
-<p>se li dis messires Loeis leur escapoit. Il eurent bon</p>
-<p>vent si com souhet, et le veoient toutdis nagier</p>
-<p>devant yaus si fortement qu'il ne le pooient raconsievir.</p>
-<p>Tant nagirent force de bras li maronnier <span class="dalign">30</span></p>
-<p>monsigneur Loys qu'il parvinrent un port que on</p>
-<p>claime le port de Gredo. L descendi li dis messires</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_163"> 163</a></span></div>
-<p>Loeis et cil qui escapet estoient avoecques lui, et entrrent</p>
-<p>en le ville de Gredo. Il ne furent mies gramment</p>
-<p>arrest en le ditte ville, quant il orent dire que li</p>
-<p>Engls estoient arriv, et qu'il descendoient pour yaus</p>
-<p>combatre. Adonc se hasta li dis messires Loeis, qui <span class="dalign">5</span></p>
-<p>ne se vei meis pareon contre yaus; et monta sour</p>
-<p>petis chevaus qu'il emprunta en le ville, et s'en ala</p>
-<p>droit par devers le cit de Rennes qui estoit asss</p>
-<p>pris de l. Et montrent ossi ses gens, qui peurent</p>
-<p>recouvrer de chevaus; et qui ne peurent, il se partirent <span class="dalign">10</span></p>
-<p>tout pied, sievans leurs mestres. Si en y eut</p>
-<p>pluiseurs des lasss et des mal monts ratains et raconsievis,</p>
-<p>qui eurent mal finet quant il cheirent ens</p>
-<p>s mains de leurs ennemis. Toutes fois, li dis messires</p>
-<p>Loeis d'Espagne se sauva, et ne le peurent li <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Engls raconsievir, et s'en vint petite compagnie</p>
-<p>en le cit de Rennes.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Et li Engls et li Breton s'en retournrent et vinrent</p>
-<p> Gredo, et l se reposrent celle nuit. L'endemain,</p>
-<p>il se remisent en chemin par mer, pour revenir <span class="dalign">20</span></p>
-<p> Hembon par devers le contesse leur dame,</p>
-<p>mais il eurent vent contraire. Si leur couvint prendre</p>
-<p>terre trois liewes pris de le ville de Dinant;</p>
-<p>puis se misent au chemin par terre, ensi qu'il peurent,</p>
-<p>et gastrent le pays entours Dinant. Et prendoient <span class="dalign">25</span></p>
-<p>chevaus telz que cescuns pooit trouver, li</p>
-<p>uns selle, li aultres sans selle, et alrent tant</p>
-<p>qu'il vinrent une nuit asss pris de Roceperiot.</p>
-<p>Quant il furent l venu, messires Gautiers de Mauni</p>
-<p>dist certainement ses compagnons: Signeur, jou <span class="dalign">30</span></p>
-<p>iroie volentiers assallir ce fort chastiel, se jou</p>
-<p>avoie compagnie, com travillis que je soie, pour</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_164"> 164</a></span></div>
-<p>assaiier se nous y porions riens conquester. Li</p>
-<p>aultre chevalier respondirent tuit: Sire, als y</p>
-<p>hardiement, nous vous sievrons jusques le mort.</p>
-<p>Adonc se misent tout monter contremont le montagne,</p>
-<p>tous apparillis d'assallir. A ce point estoit laiens <span class="dalign">5</span></p>
-<p>ycilz escuiers que on clamoit Gerard de Malain, com</p>
-<p>chastelains, qui avoit est prisonniers Dignant, si</p>
-<p>com vous avs oy, li quelz fist armer apertement toutes</p>
-<p>ses gens et traire as garites et as deffenses; et ne se</p>
-<p>mist point derrire, mais vint o toutes ses gens pour <span class="dalign">10</span></p>
-<p>deffendre le chastiel. L ot un fort assaut, dur et perilleus,</p>
-<p>et y eut pluiseurs chevaliers et escuiers navrs,</p>
-<p>entre les quelz messires Jehans li Boutilliers et</p>
-<p>messires Mahieus de Frenai furent durement bleciet;</p>
-<p>et tant qu'il les couvint raporter aval et mettre <span class="dalign">15</span></p>
-<p>gesir en un pr avoecques les autres navrs.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 173. Cilz Gerars de Malain avoit un frre, hardi</p>
-<p>escuier et confort durement, que on clamoit Renier</p>
-<p>de Malain, et estoit chastelains d'un aultre petit fort</p>
-<p>que on appelloit Fauet, qui siet mains d'une liewe <span class="dalign">20</span></p>
-<p>pris de Roceperiot. Quant cilz Reniers entendi que</p>
-<p>Breton et Engls assalloient son frre, il fist armer</p>
-<p>de ses compagnons jusques quarante. Si issi hors</p>
-<p>et chevaua devers Roceperiot, pour aventurer et</p>
-<p>pour veoir se il poroit en aucune manire son frre <span class="dalign">25</span></p>
-<p>valoir ne aidier. Se li avint si bien qu'il sourvint</p>
-<p>sour ces chevaliers et escuiers navrs et sour leur</p>
-<p>mesnie, qui gisoient desous le chastiel en un pr. Si</p>
-<p>leur courut seure et prist les deux chevaliers et les</p>
-<p>escuiers navrs, et les en fist porter et emmener par <span class="dalign">30</span></p>
-<p>devers Fauet sa garnison en prison, ensi bleciet qu'il</p>
-<span class="pagenum"><a id="Page_165"> 165</a></span>
-<p>estoient. Aucun de leur mesnie s'en afuirent monsigneur</p>
-<p>Gautier de Mauni, monsigneur Amauri de</p>
-<p>Clion et as autres chevaliers qui estoient durement</p>
-<p>ententieu d'assallir, et leur disent l'aventure comment</p>
-<p>on emmenoit ces chevaliers et escuiers par devers <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Fauet en prison, et comment il avoient estet pris.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Quant li chevalier entendirent ces nouvelles, il furent</p>
-<p>trop durement courouciet, et fisent cesser l'assaut,</p>
-<p>et se misent l'aler, tant qu'il peurent, qui</p>
-<p>mieulz mieulz, par devers Fauet, pour raconsievir, se <span class="dalign">10</span></p>
-<p>ilz peuissent, chiaus qui emmenoient ces prisons. Mais</p>
-<p>il ne se peurent tant haster que li dis Reniers de Malain</p>
-<p>ne fust anois rentrs en son chastiel tout ses</p>
-<p>prisons, qu'il peuissent venir l. Quant il furent l</p>
-<p>venu, li uns devant, li aultres aprs, il commencirent <span class="dalign">15</span></p>
-<p> assallir, si travilliet qu'il estoient; mais petit y fisent</p>
-<p>adonc, car li dis Reniers et si compagnon se deffendoient</p>
-<p>vassaument. Et j estoit tart, et tuit estoient</p>
-<p>travilliet durement. Si eurent conseil qu'il se logeroient</p>
-<p>et se reposeroient celle nuit, pour mieus assallir <span class="dalign">20</span></p>
-<p> l'endemain.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 174. Gerars de Malain sceut, tantost que cil signeur</p>
-<p>se furent parti de l, le biau fet d'armes que</p>
-<p>ses frres Reniers avoit fait pour lui secourre; si en</p>
-<p>eut grant joie. Et sceut que cil signeur estoient pour <span class="dalign">25</span></p>
-<p>ou trais par devant Fauet et le conquerroient, s'il</p>
-<p>pooient. Si se apensa que il feroit ossi biel service </p>
-<p>son frre, se il pooit, que ses frres li avoit fait. Si</p>
-<p>monta tout par nuit sour son cheval et vint, un petit</p>
-<p>devant le jour, Dinant, et fist tant qu'il parla tantost <span class="dalign">30</span></p>
-<p> monsigneur Pire Portebuef, son bon compagnon,</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_166"> 166</a></span></div>
-<p>qui estoit chapitainne et souverains de Dinant avoech</p>
-<p>lui, si com vous avs oy, et li conta l'aventure et</p>
-<p>pour quoi il estoit l venus. Si eurent conseil que,</p>
-<p>sitos que jours seroit, il assambleroit tous les bourgois</p>
-<p>de le ville, et leur demoustreroit le besongne, et <span class="dalign">5</span></p>
-<p>les feroit armer, s'il pooit, pour aler dessegier le</p>
-<p>chastiel de Fauet. Quant grans jours fu, et tout li</p>
-<p>bourgois furent assambl en le halle de le ville, Gerars</p>
-<p>de Malain leur remoustra le besongne si bellement</p>
-<p>que li bourgois et li saudoiier furent d'acord <span class="dalign">10</span></p>
-<p>d'yaus armer, et de partir tantost, et d'aler l o on</p>
-<p>les vorroit mener; et fisent sonner la bancloke, et</p>
-<p>s'armrent toutes gens. Puis issirent hors et se misent</p>
-<p> le voie, tant qu'il peurent, par devers Fauet,</p>
-<p>et estoient bien sis mille hommes, uns et autres. <span class="dalign">15</span></p>
-<p>Messires Gautiers de Mauni et li aultre signeur le</p>
-<p>sceurent tantos par une espie. Si eurent conseil ensamble</p>
-<p>pour regarder et aviser quel cose leur seroit</p>
-<p>bon faire: si ques, tout consideret le bien et le</p>
-<p>mal, il se acordrent che que il se partiroient de <span class="dalign">20</span></p>
-<p>l et s'en retrairoient, ensi qu'il poroient, par devers</p>
-<p>Hembon, car grans meschis leur poroit avenir, s'il</p>
-<p>demoroient longement l. Car, se cil de Dinant leur</p>
-<p>venoient d'une part, et li hos monsigneur Charle et</p>
-<p>des signeurs de France d'autre, il seroient enclos. Si <span class="dalign">25</span></p>
-<p>seroient tout pris ou mors, le volent de leurs ennemis.</p>
-<p>Si se acordrent che que leurs milleurs poins</p>
-<p>estoit de laissier leurs compagnons en prison, que</p>
-<p>tout perdre, jusques adonc qu'il le poroient amender.</p>
-<p>Lors se partirent de l, et se misent le voie pour <span class="dalign">30</span></p>
-<p>revenir Hembon.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Ensi qu'il revenoient vers Hembon, il vinrent passant</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_167"> 167</a></span></div>
-<p>par devant un chastiel que on claime Ghoy le</p>
-<p>Forest, qui quinze jours devant estoit rendus monsigneur</p>
-<p>Charle de Blois. Et l'avoit li dis monsigneur</p>
-<p>Charle livret pour garder monsigneur Hervi</p>
-<p>de Lyon et monsigneur Gui de Ghoy, qui en devant <span class="dalign">5</span></p>
-<p>le tenoit. Li quel doy chevalier n'estoient point</p>
-<p>laiens, quant cil signeur engls et breton vinrent</p>
-<p>l passant; ains estoient en l'ost monsigneur Charle,</p>
-<p>avoecques les signeurs de France, par devant le</p>
-<p>ville de Craais qu'il avoient assegiet. Quant messires <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Gautiers de Mauni vei le chastiel de Ghoy le</p>
-<p>Forest qui estoit merveilleusement fors, il dist ces</p>
-<p>signeurs et chevaliers de Bretagne, qui estoient avoecques</p>
-<p>lui, qu'il n'iroit plus avant ne se partiroit de l,</p>
-<p>com travillis qu'il fust, se aroit assallit ce fort <span class="dalign">15</span></p>
-<p>chastiel, et aroit veu le couvenant de chiaus qui estoient</p>
-<p>dedens. Si commanda tantost as arciers que</p>
-<p>cescuns le sievist, et ses compagnons ossi. Puis</p>
-<p>prist se targe son col et monta contremont jusques</p>
-<p>as bailles et as fosss dou chastiel, et tout li aultre <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Breton et Engls le sievirent. Lors commencirent</p>
-<p>fortement assallir, et cil de dedens fortement </p>
-<p>yaus deffendre, comment qu'il n'euissent point leur</p>
-<p>chapitainne. L eut trs fort assaut et grant fuison</p>
-<p>de bien faisans dedens et dehors, et dura longement <span class="dalign">25</span></p>
-<p>jusques basses vespres. Et cilz bons chevaliers messires</p>
-<p>Gautiers de Mauni semonnoit fortement les assallans,</p>
-<p>et se mettoit toutdis au devant des aultres</p>
-<p>ou plus grant peril. Et li arcier traioient si (ouniement<a id="FNanchor_392" href="#Footnote_392" class="fnanchor">&nbsp;[392]</a>)</p>
-<p>que cil dou chastiel ne s'osoient moustrer se <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_168"> 168</a></span></div>
-<p>petit non. Si fisent li dis messires Gautiers et si compagnon,</p>
-<p>que li fosset furent rempli, l'un des costs,</p>
-<p>d'estrain et de bois, par quoi il parvinrent jusques</p>
-<p>as murs, et pikirent tant de grans maulz de fer, de</p>
-<p>pik et de martiaus, que li murs fu traws une toise <span class="dalign">5</span></p>
-<p>de large. Si entrrent li dit Engls et Breton dedens</p>
-<p>che chastiel par force, et turent tous chiaus qu'il y</p>
-<p>trouvrent, et se logirent l endroit. L'endemain, il</p>
-<p>se misent au chemin, et alrent tant en tel manire</p>
-<p>qu'il vinrent Hembon. Et d'autre part Gerars de <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Malain, qui estoit Dinant venus querre le secours,</p>
-<p>et qui l'en menoit par devers Fauet, esploita tant</p>
-<p>avoecques chiaus qu'il en menoit, qu'il parvinrent </p>
-<p>Fauet, et trouvrent que li Engls et li Breton s'en</p>
-<p>estoient parti. Si issi Reniers de Malain contre yaus <span class="dalign">15</span></p>
-<p>et les rechut liement; et se logirent l ens s prs</p>
-<p>tant qu'il eurent disnet, et puis s'en retournrent </p>
-<p>Dinant.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 175. Quant la contesse de Montfort sceut nouvelles</p>
-<p>de le revenue des dessus dis Engls et Bretons, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>si en fu grandement resjoie. Si ala contre yaus et les</p>
-<p>festia liement, et baisa et acola cescun de grant coer.</p>
-<p>Et avoit fait apparillier ens ou chastiel pour yaus</p>
-<p>mieulz festiier, et donna disner moult noblement </p>
-<p>tous les chevaliers et escuiers de renom; et leur demanda <span class="dalign">25</span></p>
-<p>moult ententievement de leurs aventures,</p>
-<p>comment que elle en seuist j grant partie. Cescuns</p>
-<p>compta che qu'il en savoit, et des bienfaisans che</p>
-<p>que cescuns en avoit veu. L endroit furent ramenteues</p>
-<p>maintes proces, pluiseurs travaus, maint grant</p>
-<p>fait d'armes et perilleus, et maintes hardies emprises <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_169"> 169</a></span></div>
-<p>faites par chiaus qui l furent; (ce pvent et doivent</p>
-<p>savoir ceulx qui ont<a id="FNanchor_393" href="#Footnote_393" class="fnanchor">&nbsp;[393]</a>) est souvent en armes, et les</p>
-<p>doit on tenir et reputer pour preus. Mais sus tous</p>
-<p>en portoit le hue et le chapelet messires Gautiers</p>
-<p>de Mauni. <span class="dalign">5</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>A ce point que cil signeur engls et breton furent</p>
-<p>revenu Hembon y messires Charles de Blois avoit</p>
-<p>reconquis le bonne cit de Vennes, et avoit assegiet</p>
-<p>le bonne (ville<a id="FNanchor_394" href="#Footnote_394" class="fnanchor">&nbsp;[394]</a>) que on claime Craais. Et</p>
-<p>l'avoit durement astrainte, par quoi elle ne se pooit <span class="dalign">10</span></p>
-<p>longement tenir sans avoir secours. Par coi la contesse</p>
-<p>de Montfort et messires Gautiers de Mauni envoiirent</p>
-<p>tantost au roy Edowart pour segnefiier </p>
-<p>lui comment messires Charles de Blois et li aultre</p>
-<p>signeur de France et leurs aidans avoient reconquis <span class="dalign">15</span></p>
-<p>les cits, Rennes, Vennes et les aultres bonnes villes</p>
-<p>et chastiaus de Bretagne, et qu'il conquerroient tout</p>
-<p>le remanant, s'il ne les venoit secourir temprement.</p>
-<p>Chil message se departirent de Hembon, et s'en alrent</p>
-<p>en Engleterre, tant qu'il peurent. Et arivrent en <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Cornuaille, et enquisent et demandrent l dou roy</p>
-<p>o il le trouveroient. Il leur fu dit qu'il estoit Windesore.</p>
-<p>Si chevaucirent celle part grant esploit.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Or nous soufferons nous un petit parler de ces</p>
-<p>messagiers, et retournerons monsigneur Charle de <span class="dalign">25</span></p>
-<p>Blois et chiaus de son cost qui avoient assegiet le</p>
-<p>ville de Craais; et tant le constraindirent, par assaus</p>
-<p>et par engiens, qu'il ne se peurent plus tenir et se</p>
-<p>rendirent monsigneur Charle, salve leurs biens et</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_170"> 170</a></span></div>
-<p>leur avoir, li quelz dis messires Charles les prist </p>
-<p>merci. Et cil de Craais li jurrent feault et hommage,</p>
-<p>et le recogneurent signeur. Si y mist li dis</p>
-<p>messires Charles nouviaus officiers qui li jurrent</p>
-<p>loyault tenir, et leur delivra un bon chevalier <span class="dalign">5</span></p>
-<p>chapitainne en qui moult il se confioit. Et sejournrent</p>
-<p>l li dit signeur pour yaus et leurs gens rafreschir,</p>
-<p>bien quinze jours. L en dedens eurent il</p>
-<p>conseil et avis qu'il se trairoient par devant le ville</p>
-<p>de Hembon. <span class="dalign">10</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 176. Adonc se departirent li dessus dit signeur,</p>
-<p>baron et chevalier de France, de Craais, et se traisent</p>
-<p>moult arreement devant le forte ville de Hembon,</p>
-<p>qui durement estoit renforcie et bien ravitaillie et</p>
-<p>pourveue de toute artillerie. Et si le assegirent tout <span class="dalign">15</span></p>
-<p>au tour, si avant comme assegier le peurent.</p>
-<p>Le quatrime jour apris que cil signeur s'i furent</p>
-<p>mis et trait sige, y vint messires Loeis d'Espagne qui</p>
-<p>s'estoit tenus en le cit de Rennes bien six sepmainnes,</p>
-<p>et l fait curer et medeciner de ses plaies. Si le <span class="dalign">20</span></p>
-<p>veirent tout li signeur moult volentiers et le reurent</p>
-<p> grant joie, car il estoit moult honners et ams</p>
-<p>entre yaus, et tenus pour trs bon homme d'armes</p>
-<p>et vaillant chevalier. Et telz estoit il vraiement. Et</p>
-<p>ossi il y avoit bien cause qu'il le festiaissent, car il <span class="dalign">25</span></p>
-<p>ne l'avoient veu puis la bataille dessus ditte. La</p>
-<p>compagnie des signeurs de France estoit grandement</p>
-<p>montepliie, et acroissoit tous les jours. Car grant</p>
-<p>fuison de signeurs de France et de chevaliers revenoient</p>
-<p>de jour en jour dou roy d'Espagne, qui guerrioit <span class="dalign">30</span></p>
-<p>adonc au roy de Grenate et as Sarrasins: si</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_171"> 171</a></span></div>
-<p>ques, quant il passoient par Poito et il ooient nouvelles</p>
-<p>des guerres qui estoient en Bretagne, il s'en</p>
-<p>aloient celle part.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Li dis messires Charles avoit fait drecier quinze</p>
-<p>ou seize grans engiens qui gettoient grandes pires <span class="dalign">5</span></p>
-<p>as murs de Hembon et le ville. Mais cil de dedens</p>
-<p>n'i acontoient nient gramment, car il estoient fort</p>
-<p>paveschiet et garitet l'encontre. Et venoient chis</p>
-<p>de fois as murs et as crestiaus, et les frotoient et</p>
-<p>passoient de leurs caperons par despit. Et puis <span class="dalign">10</span></p>
-<p>crioient, quanqu'il pooient, en disant: Als, als</p>
-<p>requerre et raporter vos compagnons qui se reposent</p>
-<p>au camp de Camperli! De quoi, pour ces</p>
-<p>parolles, messires Loeis d'Espagne et li Geneuois</p>
-<p>avoient grant ireur et grant despit. <span class="dalign">15</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 177. Un jour vint li dis messires Loeis d'Espagne</p>
-<p>en l'entente monsigneur Charle de Blois et li</p>
-<p>demanda un don, present fuison de grans signeurs</p>
-<p>de France qui l estoient, en guerredon de tous les</p>
-<p>services que fais li avoit. Li dis messires Charles ne <span class="dalign">20</span></p>
-<p>savoit mies quel don il voloit demander, car, se il</p>
-<p>le seuist, jamais ne li euist acord; se li ottria legierement,</p>
-<p>pour tant que il se sentoit moult tenus </p>
-<p>lui. Quant li dons fu ottriis, messires Loeis dist:</p>
-<p>Monsigneur, grant mercis. Je vous pri donc et requier <span class="dalign">25</span></p>
-<p>que vous faites ci venir tantost les deus chevaliers</p>
-<p>qui sont en vostre prison en Fauet, monsigneur</p>
-<p>Jehan le Boutillier et monsigneur Mahieu de Frenai,</p>
-<p>et le(s) me donns pour faire me volentet: c'est li</p>
-<p>dons que je vous demande. Il m'ont cachiet, desconfit <span class="dalign">30</span></p>
-<p>et navret et ont tuet monsigneur Aufons, mon</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_172"> 172</a></span></div>
-<p>neveut, que je tant amoie. Si ne m'en sai aultrement</p>
-<p>vengier que je leur ferai les testes coper, par devant</p>
-<p>leurs compagnons qui laiens sont enfremet. Li dis</p>
-<p>messires Charles fu tous esbahis, quant il oy monsigneur</p>
-<p>Loeis ensi parler. Si li dist courtoisement: <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Certes, sire, les prisons vous deliverai je moult volentiers,</p>
-<p>puisque demands les avs. Mais ce seroit</p>
-<p>cruauts et peu d'onneur pour vous et grans blasmes</p>
-<p>pour nous tous, se vous faisis de deus si vaillans</p>
-<p>hommes que cil sont, che que dit avs, et nous seroit <span class="dalign">10</span></p>
-<p> tous jours reprouvet. Et aroient nostre ennemi</p>
-<p>bien cause des nostres faire ensi, quant tenir les poront,</p>
-<p>et nous ne savons que venir nous est de jour</p>
-<p>en jour. Pour quoi, chiers sires et biaus cousins, si</p>
-<p>vous voellis mieulz aviser. Messires Loeis d'Espagne <span class="dalign">15</span></p>
-<p>respondi et dist briefment qu'il n'en feroit</p>
-<p>aultrement, se tout li signeur del monde en prioient:</p>
-<p>Et se vous ne me tens couvent, sacis que je me</p>
-<p>partirai de ci, et ne vous servirai ne amerai tant que</p>
-<p>je vive. <span class="dalign">20</span></p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Messires Charles vei bien et perut que c'estoit</p>
-<p>acertes: si n'osa couroucier plus avant le dit monsigneur</p>
-<p>Loeis; ains envoia tantos certains messages</p>
-<p>au chastellain de Fauet, pour les dessus dis</p>
-<p>chevaliers amener en son host. Ensi que command <span class="dalign">25</span></p>
-<p>fu, ensi fu fait. Li doi chevalier furent amenet un</p>
-<p>jour asss matin en le tente monsigneur Charle de</p>
-<p>Blois. Quant messires Loeis d'Espagne les sceut</p>
-<p>venus, il les ala tantost ve(o)ir. Ossi fisent pluiseur des</p>
-<p>signeurs et des chevaliers qui les seurent venus. <span class="dalign">30</span></p>
-<p>Quant li dis messires Loeis les vit, il leur dist:</p>
-<p>Ha! signeur chevalier, vous m'avs bleciet del</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_173"> 173</a></span></div>
-<p>corps et ostet de vie mon chier neveu que je tant</p>
-<p>amoie. Si convient que vostre vie vous soit ossi</p>
-<p>(oste<a id="FNanchor_395" href="#Footnote_395" class="fnanchor">&nbsp;[395]</a>). De chou ne vous poet nuls garandir. Si</p>
-<p>vous pos confesser, s'il vous plest, et priier merci </p>
-<p>Nostre Signeur, car vos daarrains jours est venus. Li <span class="dalign">5</span></p>
-<p>doi chevalier furent durement abaubit de ces parolles,</p>
-<p>ce fu bien raisons, et disent qu'il ne pooient</p>
-<p>croire que vaillans hommes ne gens d'armes deuissent</p>
-<p>faire ne consentir tle cruault que de mettre </p>
-<p>mort chevaliers (pris<a id="FNanchor_396" href="#Footnote_396" class="fnanchor">&nbsp;[396]</a>) en fais d'armes, pour guerres <span class="dalign">10</span></p>
-<p>de signeurs; et se fait estoit par oultrage, aultre gent</p>
-<p>pluiseur, chevalier et escuier, le poront bien comparer</p>
-<p>en semblable cas. Li aultre signeur, qui l estoient</p>
-<p>et ooient ces parolles, en avoient grant pit.</p>
-<p>Mais, pour priire ne pour pluiseurs bonnes raisons <span class="dalign">15</span></p>
-<p>que il peuissent faire ne moustrer au dit monsigneur</p>
-<p>Loeis, il ne le peurent oster de son pourpos qu'il ne</p>
-<p>convenist que li doi dessus dit chevalier ne fuissent</p>
-<p>decolet apris disner, tant estoit li dis messires Loeis</p>
-<p>couroucis et ars sur yaus. <span class="dalign">20</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 178. Toutes les parolles, demandes et responses,</p>
-<p>qui premiers furent dittes entre monsigneur Charle</p>
-<p>et le dit monsigneur Loeis l'ocquison de ces deus</p>
-<p>chevaliers, furent tantost sceues monsigneur Gautier</p>
-<p>de Mauni et monsigneur Amauri de Clion, par <span class="dalign">25</span></p>
-<p>espies qui toutdis aloient couvertement de l'une</p>
-<p>host en l'autre. Ossi furent toutes ces parolles daarrainnement</p>
-<p>dittes, quant li doi chevalier furent amenet</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_174"> 174</a></span></div>
-<p>en le tente monsigneur Charle. Et quant messires</p>
-<p>Gautiers de Mauni et messires Amauris de</p>
-<p>Clion orent ces nouvelles et entendirent que c'estoit</p>
-<p>acertes, il en eurent grant pit. Si appellrent</p>
-<p>aucuns de leurs compagnons et leur remoustrrent <span class="dalign">5</span></p>
-<p>le meschief des deux chevaliers leurs compagnons,</p>
-<p>pour avoir conseil qu'il en poroient faire. Puis commencirent</p>
-<p> penser, li uns (ch<a id="FNanchor_397" href="#Footnote_397" class="fnanchor">&nbsp;[397]</a>) et li aultres l, et n'en</p>
-<p>savoient qu'aviser. Au daarrain, commena parler li</p>
-<p>preus chevaliers messires Gautiers de Mauni et dist: <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Signeur compagnon, ce seroit grans honneurs pour</p>
-<p>nous, se nous poyons ces deus chevaliers sauver.</p>
-<p>Et, se nous nos metons en aventure dou faire, et se</p>
-<p>falissiens, si nous en saroit li rois Edowars, nos sires,</p>
-<p>grant gr. Ossi feroient tout preudomme qui en <span class="dalign">15</span></p>
-<p>oroient parler, quant nous en arions fait nostre</p>
-<p>pooir. Si vous en dirai mon avis, se vous avs talent</p>
-<p>de l'entreprendre. Car il me samble que on doit</p>
-<p>bien le corps aventurer, pour les vies de deus vaillans</p>
-<p>chevaliers sauver. Jou ay vis, se il vous plaist, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>que nous nos irons armer, et nous partirons en deus</p>
-<p>pars, dont li une des pars istera maintenant, ensi</p>
-<p>que on disnera, par ceste porte; et si en iront li</p>
-<p>compagnon rengier et moustrer sus ces fosss, pour</p>
-<p>estourmir l'ost et pour escarmucier. Bien croi que <span class="dalign">25</span></p>
-<p>tout cil de l'host acourront tantost celle part. Vous,</p>
-<p>messires Amauris, en sers chapitainne, s'il vous</p>
-<p>plest, et ars avoecques vous mille bons arciers,</p>
-<p>pour les sourvenans detriier et faire reculer. Et je</p>
-<p>prenderai cent de nos campagnons et cinq cens arciers, <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_175"> 175</a></span></div>
-<p>et isterons par celle posterne d'autre part couvertement,</p>
-<p>et venrons par derrire ferir en lors logeis</p>
-<p>que nous trouverons vuides. Jou ay moult bien</p>
-<p>avoecques mi tle gent, qui scvent bien le voie as</p>
-<p>tentes monsigneur Charle, l o li doi chevalier sont. <span class="dalign">5</span></p>
-<p>Si me trairai celle part, et je vous creanch que jou</p>
-<p>et mi compagnon ferons nostre pooir dou delivrer,</p>
-<p>et les ramenrons sauvet, s'il plest Dieu.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Cilz consaulz et avis plaisi tous; et se alrent armer</p>
-<p>et apparillier incontinent. Et se parti droit sus <span class="dalign">10</span></p>
-<p>l'eure dou disner messires Amauris de Clion trois</p>
-<p>cens armeures de fier et mille arciers, (et fist ouvrir<a id="FNanchor_398" href="#Footnote_398" class="fnanchor">&nbsp;[398]</a>)</p>
-<p>le souverainne porte de le ville de Hembon, dont li</p>
-<p>chemins aloit droit en l'ost. Si coururent li Engls</p>
-<p>et li Breton, qui cheval estoient, jusques en l'ost, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>en demenant grans cris et grans hus. Et commencirent</p>
-<p> reverser et abatre tentes et trs, et tuer</p>
-<p>et decoper gens o il les trouvoient. Li hos qui fu</p>
-<p>toute effrae se commena estourmir. Et se armrent</p>
-<p>toutes manires de gens au plus tost qu'il peurent, <span class="dalign">20</span></p>
-<p>et se traisent devers les Engls et Bretons qui</p>
-<p>les recueilloient vistement. L eut dure escarmuce et</p>
-<p>forte, et maint homme revers d'un ls et d'autre.</p>
-<p>Quant messires Amauris de Clion vei que li hos</p>
-<p>s'estourmissoit, et que pris estoient tout arm et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>trait sus les camps, il retraist ses gens tout bellement,</p>
-<p>et tout en combatant, jusques devant les bailles de le</p>
-<p>ville. Adonc s'arrestrent il l tout quoi. Et li arcier</p>
-<p>estoient tout rengi sus le chemin, d'un ls et d'autre,</p>
-<p>qui traioient saiettes pooir; et Geneuois retraioient <span class="dalign">30</span></p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_176"> 176</a></span></div>
-<p>ossi efforciement contre yaus. L commena</p>
-<p>li hustins grans et fors; et y acoururent cil de l'host</p>
-<p>que onques nulz n'i demora, fors li varlet.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Endementrues, messires Gautiers de Mauni et se</p>
-<p>route issirent par une posterne couvertement, et vinrent <span class="dalign">5</span></p>
-<p>par derrire l'ost ens s tentez et ens s logeis des</p>
-<p>signeurs de France. Onques ne trouvrent homme qui</p>
-<p>leur veast, car tout estoient l'escarmuce devant les</p>
-<p>fosss. Et s'en vint li dis messires Gautiers de Mauni</p>
-<p>tout droit, car bien avoit qui le menoit en le tente <span class="dalign">10</span></p>
-<p>monsigneur Charle de Blois. Et trouva les deus chevaliers,</p>
-<p>monsigneur Hubert de Frenai et monsigneur</p>
-<p>Jehan le Boutillier, qui n'estoient mies leur aise;</p>
-<p>mais il le furent si tost qu'il veirent monsigneur</p>
-<p>Gautier et se route, ce fu bien raisons. Si furent <span class="dalign">15</span></p>
-<p>tantost monts sus bons coursiers que on leur avoit</p>
-<p>amens. Si se partirent et furent ensi rescous, et</p>
-<p>rentrrent dedens Hembon par le posterne meismes</p>
-<p>par o il estoient issu. Et vint la contesse de Montfort</p>
-<p>contre yaus, qui les rechut grant joie. <span class="dalign">20</span></p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 179. Encores se combatoient li Engls et li Breton</p>
-<p>qui estoient devant les barrires et ensonnioient,</p>
-<p>de fait avis, chiaus de l'host tant que li doy chevalier</p>
-<p>fuissent rescous, qui j l'estoient. Et en vinrent</p>
-<p>les nouvelles as signeurs de France qui se tenoient <span class="dalign">25</span></p>
-<p>l'escarmuce. Et leur fu dit: Signeur, signeur, vous</p>
-<p>gards mal vos prisonniers; j les ont rescous cil de</p>
-<p>Hembon et remis dedens leur forterce. Quant</p>
-<p>messires Loeis d'Espagne, qui l estoit l'assaut, entendi</p>
-<p>chou, si fu durement couroucis, et se tint <span class="dalign">30</span></p>
-<p>ensi que pour tous deceus. Et demanda quel part li</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_177"> 177</a></span></div>
-<p>Engls et li Breton estoient, qui rescous les avoient.</p>
-<p>On li respondi qu'il estoient j ou pris retrait en</p>
-<p>leur garnison. Dont se retrest messires Loeis d'Espagne</p>
-<p>vers les logeis tous mautalentis, et laissa la</p>
-<p>bataille, si com par anoy. Ossi se commencirent <span class="dalign">5</span></p>
-<p> retraire toutes aultres manires de gens. En che</p>
-<p>retret furent pris doi chevalier breton de le partie le</p>
-<p>contesse, qui trop s'avancirent: che furent li sires</p>
-<p>de Landreniaus et li chastellains de Ginghant, dont</p>
-<p>messires Charles de Blois eut grant joie. Depuis que <span class="dalign">10</span></p>
-<p>cil de Hembon furent retrait, et cil de l'host ossi,</p>
-<p>menrent li Engls grant joie et grant reviel de leurs</p>
-<p>deux chevaliers qu'il ravoient, et en lorent grandement</p>
-<p>monseigneur Gautier de Mauni; et disent bien</p>
-<p>que par son sens et se hardie entrepresure il avoient <span class="dalign">20</span></p>
-<p>t rescous. Ensi se portrent il d'une part et d'autre.</p>
-<p>Celle meisme nuit, furent en le tente monsigneur</p>
-<p>Charle de Blois tant preeciet et si bien li chevalier</p>
-<p>breton dessus nommet, qu'il se tournrent de le partie</p>
-<p>monsigneur Charle, et li fisent feault et hommage,</p>
-<p>et relenquirent la contesse qui maint bien lor</p>
-<p>avoit fait et pluiseurs dons donns. De quoi on parla</p>
-<p>moult et murmura sus leur afaire dedens le ville de</p>
-<p>Hembon.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Trois jours apris ceste avenue, tout cil signeur de <span class="dalign">25</span></p>
-<p>France, qui l estoient au sige par devant Hembon,</p>
-<p>se assemblrent en le tente monsigneur Charle de</p>
-<p>Blois, pour avoir conseil qu'il feroient, et comment il</p>
-<p>se maintenroient de ce jour en avant. Et bien lor</p>
-<p>besongnoit d'avoir bon conseil, car il veoient bien que <span class="dalign">30</span></p>
-<p>li ville et li chastiaus de Hembon estoient si fort</p>
-<p>qu'il n'estoient mies pour gaegnier, tant avoit dedens</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_178"> 178</a></span></div>
-<p>de bonnes gens d'armes qui moult petit les doubtoient,</p>
-<p>ensi qu'il estoit apparut; et leur venoient tous</p>
-<p>les jours pourveances et vitailles par le mer. D'autre</p>
-<p>part, li pays d'entour estoient si gastet qu'il ne savoient</p>
-<p>mies o aler fourer. Et si leur estoit li yvier <span class="dalign">5</span></p>
-<p>proains, par quoi il ne pooient l longement demorer:</p>
-<p>si ques, tous ces poins considers, il s'acordrent</p>
-<p>tout communalment qu'il se partiroient de l.</p>
-<p>Et consillirent en bonne foy monseigneur Charle</p>
-<p>de Blois qu'il mesist par toutes les cits, les bonnes <span class="dalign">10</span></p>
-<p>villes et les forterces qu'il avoit conquises, bonnes</p>
-<p>garnisons et fortes, et si vaillans chapitains qu'il se</p>
-<p>peuist affiier en leur garde; par quoi li ennemi ne les</p>
-<p>peuissent reconquerre; et se ossi aucuns vaillans homs</p>
-<p>se voloit entremettre de prendre et de donner une <span class="dalign">15</span></p>
-<p>triewe jusques la Pentecouste, il s'i acordast legierement.</p>
-</div>
-<div class="section">
-<p> 180. A ce conseil se tinrent tout cil qui l estoient,</p>
-<p>car c'estoit entre le Saint Remi et le Toussains,</p>
-<p>l'an de grasce mil trois cens quarante deux, que li <span class="dalign">20</span></p>
-<p>yviers approoit. Si se partirent tout cil de l'host,</p>
-<p>signeur et aultre; si s'en rala cescuns en se contre.</p>
-<p>Et li dis messires Charle de Blois s'en ala droit par</p>
-<p>devers le ville de Craais tout ces barons et nobles</p>
-<p>signeurs de Bretagne, qu'il avoit l endroit de se <span class="dalign">25</span></p>
-<p>partie; si retint avoech li pluiseurs signeurs et chevaliers</p>
-<p>de France pour lui aidier consillier. Quant</p>
-<p>il fu venus Craais, entrues qu'il entendoit ordener</p>
-<p>de ses besongnes et de ses garnisons, il avint que</p>
-<p>uns riches bourgois et grans marcheans, qui estoit <span class="dalign">30</span></p>
-<p>de le ville que on claime Jugon, fu encontrs de son</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_179"> 179</a></span></div>
-<p>mareschal monseigneur Robert de Biaumanoir, et fu</p>
-<p>pris et amens Craais par devant monsigneur</p>
-<p>Charle de Blois. Chilz bourgois faisoit toutes les</p>
-<p>pourveances madame la contesse de Montfort Jugon</p>
-<p>et aultre part, et estoit moult ams et creus en le <span class="dalign">5</span></p>
-<p>ville de Jugon qui est moult fortement freme et sciet</p>
-<p>trs noblement. Ossi fait li chastiaus, qui est biaus et</p>
-<p>fors, et de le partie le contesse dessus ditte. Et en</p>
-<p>estoit chastelains adonc, de par la dame, uns chevaliers</p>
-<p>moult gentilz homs que on clamoit monseigneur <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Gerard de Rocefort.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Chilz bourgois, qui ensi fut pris, eult moult grant</p>
-<p>paour de morir; si pria que on le laissast passer par</p>
-<p>raenon. Messires Charles, briefment parler, le fist</p>
-<p>tant examiner et enquerre de unes causes et d'autres, <span class="dalign">15</span></p>
-<p>qu'il encouvenena de rendre et trahir le forte ville</p>
-<p>de Jugon. Et se fist fors de livrer l'une des portes par</p>
-<p>nuit certainne heure, car il estoit tant creus en le</p>
-<p>ville qu'il en gardoit les cls; et pour chou mieulz</p>
-<p>assegurer, il en mist son fil en hostage. Et li dis messires <span class="dalign">20</span></p>
-<p>Charles l'en devoit et avoit prommis donner</p>
-<p>cinq cens livres de terre hiretablement. Cilz jours</p>
-<p>vint; les portes furent ouvertes mienuit. Messires</p>
-<p>Charles et ses gens entrrent en le ville de Jugon </p>
-<p>celle heure, grant poissance. Li gette dou chastiel <span class="dalign">25</span></p>
-<p>s'en perchut; si commena criier: As armes, (as)</p>
-<p>armes! Trahi! Trahi! Li bourgois, qui de ce ne se</p>
-<p>donnoient garde, se commencirent estourmir. Et</p>
-<p>quant il veirent leur ville perdue, il se mirent au</p>
-<p>fuir par devers le chastiel par tropiaus. Et li bourgois, <span class="dalign">30</span></p>
-<p>qui trahis les avoit, se mist fui(r), par couvreture,</p>
-<p>avoecques yaus. Quant li jours fu venus, messires</p>
-<span class="pagenum"><a id="Page_180"> 180</a></span>
-<p>Charles et ses gens entrrent ens s maisons des</p>
-<p>bourgois pour herbergier, et prisent ce qu'il trouvrent.</p>
-<p>Et quant messires Charles de Blois vei le chastiel</p>
-<p>si fort et si emplit de bourgois, il dist qu'il ne s'en</p>
-<p>partiroit de l jusques adonc qu'il aroit le chastiel <span class="dalign">5</span></p>
-<p>se volent. Li chastelains et li bourgois de le ville</p>
-<p>perurent bien tantost que cilz bourgois les avoit</p>
-<p>trahis; si le prisent et le pendirent tantost as crestiaus</p>
-<p>et as murs dou chastiel.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Et pour ce ne s'en partirent mies messires Charles <span class="dalign">10</span></p>
-<p>et ses gens, mais s'ordonnrent et appareillirent pour</p>
-<p>assallir fortement et durement. Quant cil qui dedens</p>
-<p>le chastiel se tenoient, veirent que messires Charles</p>
-<p>ne se partiroit point ensi jusques adonc qu'il aroit le</p>
-<p>chastiel, ensi qu'il avoit dit, et sentoient qu'il n'avoient <span class="dalign">15</span></p>
-<p>mies pourveances asss pour yaus tenir plus</p>
-<p>hault de dix jours, il s'acordrent ce qu'il se renderoient.</p>
-<p>Si en commencirent trettier; et se porta</p>
-<p>trettis entre yaus et monsigneur Charle qu'il se rendirent</p>
-<p>quittement et purement, salve leurs corps et <span class="dalign">20</span></p>
-<p>leurs biens qui demoret leur estoient. Et fisent feaut</p>
-<p>et hommage monsigneur Charle de Blois, et le recogneurent</p>
-<p> signeur, et devinrent tout si homme.</p>
-<p>Ensi eut messires Charles le bonne ville et le fort</p>
-<p>chastiel de Jugon, et en fist une bonne garnison, et <span class="dalign">25</span></p>
-<p>y laissa monsigneur Gerard de Rocefort chapitainne,</p>
-<p>et le rafreschi d'autres gens d'armes et de</p>
-<p>pourveances. De ces nouvelles furent la contesse de</p>
-<p>Montfort et cil de sa partie tout courouciet, mais</p>
-<p>amender ne le porent; se leur couvint porter leur <span class="dalign">30</span></p>
-<p>anoi.</p>
-</div>
-<div class="stanza">
-<p>Endementrues que ces coses avinrent, s'ensonniirent</p>
-<div><span class="pagenum"><a id="Page_181"> 181</a></span></div>
-<p>aucun preudomme de Bretagne de parlementer</p>
-<p>une triewe entre le dit monsigneur Charle et</p>
-<p>la contesse, la qule s'i acorda legierement. Et ossi</p>
-<p>fisent tout si aidant, car li rois d'Engleterre leur</p>
-<p>avoit ensi mandet par les messages que la ditte contesse <span class="dalign">5</span></p>
-<p>et messires Gautiers de Mauni y avoient envoiis.</p>
-<p>Et tantost que ces triewes furent affremes, la</p>
-<p>contesse se mist en mer en instance de ce que pour</p>
-<p>arriver en Engleterre, ensi que elle fist, et pour parler</p>
-<p>au roy engls et li remoustrer toutes ses besongnes. <span class="dalign">10</span></p>
-<p>Or me tairai atant de le contesse de Montfort,</p>
-<p>si parleray dou roy Edowart.</p>
-</div></div>
-
-<p class="end">FIN DU SECOND VOLUME.</p>
-
-<p><span class="pagenumh"><a id="Page_182"> 182</a></span>
-<span class="pagenum"><a id="Page_183"> 183</a></span></p>
-
-<p class="extra xlarge space">VARIANTES.</p>
-
-<p><span class="pagenumh"><a id="Page_184"> 184</a></span>
-<span class="pagenum"><a id="Page_185"> 185</a></span></p>
-
-<div class="chapter">
-<h2 class="normal">VARIANTES.</h2>
-</div>
-
-<p class="space"><b> 99.</b> P. <a href="#Page_1">1</a>, l. 1: Quant li rois.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Vous
-devs savoir que li rois Phelippes de France fu enfourms
-moult dur et trs fellement et estragnement de son cousin le
-conte de Hainnau et des Hainnuiers de la cavauchie que il fissent
- Aubenton et en la Tierasse. Et l'en fu repris asss plus que il
-n'en avoit est, et tant que li rois dist que il i pourveroit, et
-s'enfellonnia trez grandement et bien certes sus son cousin le
-conte de Hainnau.</p>
-
-<p>Li contes Loeis de Flandres et la contesse Margerite sa fenme
-se tenoient pour lors Paris dals le roi; et couvenoit de pure
-necessit que li rois les aidast soustenir lor estat, car des rentes
-et revenues de Flandres il n'avoient nulles. Toutes estoient
-tournes la volent Jaquemon d'Artevelle, poursievoites et recheues
-par recheveurs qui en rendoient compte au dit d'Artevelle
-et as aultres honmes deputs ce or et ordonner, bourgois de
-Gant, de Bruges, d'Ippre et de Courtrai. Et toutes ces revenues
-recheutes estoient misses et tournes en seqestre, afin, se li pais
-avoit faire, que on trouvast cel argent apparilliet, ou que li
-contes lors sires vosist retourner avoecques euls, et estre bons et
-loiaus Flamens sans nulle dissimulation, car ce que Jaques d'Artevelle
-aleuoit et despendoit et tenoit son estat, estoit pris par
-asignation sus certainnes tailles, les quelles estoient faites et ordonnes
- paiier toutes les sepmainnes. Li contes de Flandres
-poursievoit le roi de France et son consel trop fort que il vosist
-rendre painne ce que li Flamenc fuissent obeisant lui; et l
-o il ne le vodroient estre, que la painne o il s'estoient obligiet
-par sentense de pape, fust donne sus euls.</p>
-
-<p>Li rois de France, qui consideroit toutes ces coses, et qui
-veoit que li Flamenc estoient trop fort rebelle lui, et qui queroient
-aliances estragnes as Alemans, as Braibenons, as Hainnuiers
-et as Englois, et tout estoit en euls fortefiant et l'encontre
-<span class="pagenum"><a id="Page_186"> 186</a></span>
-de li, les euist volentiers ratrais par douces et amiables
-paroles, se ils peuist, non par rigeur ne par manaces. Si envoia
-son connestable le conte Raoul d'Eu et de Ghines, le signeur de
-Montmorensi et le signeur de Saint Venant, et de prelas l'evesque
-de Paris et l'evesque de Chartres, en la chit de Tournai pour
-tretiier as Flamens. Et fissent tant chil signeur, conmissaire de
-par le roi de France, que les consauls des bonnes villes de Flandres
-vinrent parler euls Tournai. L ot grans tretis et lons
-et pluisseurs paroles proposes et remoustres; mais li Flamenc,
-qui Tournai estoient, avoient lor carge tle que d'Artevelle lor
-avoit bailliet, et metoient en termes que, qant li rois Phelippes
-lor renderoit Lille, Douai et Bietune et les apendances, et li pais
-de Flandres en seroit remis en posession, il entenderoient ses
-tretis et non aultrement. Chil conmissaire n'avoient pas lor carge
-si avant que de respondre au ferme de ceste matre. Et pour ce
-fallirent li treti, et retournrent li signeur en France.</p>
-
-<p>Qant li rois vei que il n'en aueroit aultre cose, il envoia deviers
-le pape Clement VI<sup>me</sup>, qui pour ce temps resgnoit, unes
-lettres moult fortes ens s quelles tous li pais de Flandres estoit
-loiis et obligis et sus sentens de pape; et prioit li rois que il
-vosist proceder sus. Li papes Clemens vei que li rois de France
-le requeroit de raison. Si jeta sentense generale et publ(iqu)e sus
-les Flamens et sus toute Flandres, et envoia ses bulles d'esqumenication
-as diocesains, tels que l'evesque de Cambrai, l'evesque
-de Tournai et l'evesque de Tieruane. Et n'osa uns lonch
-temps nuls prestres par tout le pais de Flandres chanter messe,
-sus privation de benefice et estre encourus en sentense de esqumenication.
-Qant Jaquemes d'Artevelle et li pais de Flandres
-veirent ce, il escrisirent deviers le roi d'Engleterre le dangier o
-tous li pais de Flandres estoit; et li priirent que, qant il retourneroit
-de la mer, que il vosist amener en sa compagnie des
-prestres d'Engleterre, par quoi Diex fust servis en Flandres,
-maugr le pape d'Avignon et le roi Phelippe. Li rois d'Engleterre
-entendi ceste priire trop volentiers, pour complaire as Flamens;
-et ne vosist point que les coses se portaissent aultrement
-en Flandres; et lor remanda, par ceuls meismes qui ces lettres
-avoient aport, que il ne fuissent en nul soussi, il lor en menroit
-asss. Ensi s'apaisirent li Flamenc; et se passrent au mieuls que
-il porent d'aler au moustier, tant que li rois d'Engleterre fu retourns
-en Flandres. Et estoient li prestre moult courouchiet en
-<span class="pagenum"><a id="Page_187"> 187</a></span>
-Flandres de ce que point ne chantoient, car il perdoient les offrandes.
-F<sup>o</sup> 55.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_1">1</a>, l. 5 et 6: Normendie.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Jehan beau filz,
-prends de mes gens tant que vous vors avoir, et chemins devers
-Haynau et contrevengis sur mon nepveu les despis que il
-nous a fait. Et ne deports ville ne hamel; metts tout en feu et
-en flame. Et se nulle assamble se fait contre vous de gens d'armes,
-sy m'en escripsis: je y envoyeray tantost tant de gens que
-pour combatre tous venans. A ches parolles obey le duc de
-Normendie moult vollentiers, car ossy il desiroit grandement
- venir en Haynau et visseter le pais, car point n'amoit son cousin
-le conte de Haynau. F<sup>os</sup> 135 et 136.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_1">1</a>, l. 10: le conte.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Or vous parlerons
-dou comte de Laille qui estoit partis de Paris comme liutenant
-dou roy de Franche ens s marches de Gascoingne, et fist tant
-par ses journes qu'il vint Thoulouse o il avoit fait son mandement.
-Quant li gentil homme dou pays seurent se venue, si
-en furent tout joyant, car au voir dire il estoit moult vaillans
-chevaliers et preudoms et amz de touttes gens d'armes. Si se
-hastrent encorres plus que devant et s'en vinrent tout deviers
-lui, car c'estoit sen entente que de faire une forte gherre en
-Bourdelois et en le terre qui se tenoit dou roy engls. Et se
-parti de Toulouse et vint Montalban<a id="FNanchor_399" href="#Footnote_399" class="fnanchor">&nbsp;[399]</a> plus de trois mille
-lances et dix mille<a id="FNanchor_400" href="#Footnote_400" class="fnanchor">&nbsp;[400]</a> bidaus et Thoulousains gavrelos et pavais.
-Et avoit li comtes de Laille adonc de se delivranche et de
-se carge mout de bonne gens, telz que le comte de Villemur, le
-comte de Commignes, le comte de Pierregort, le visconte de
-Bruniqiel, le visconte de Talar, le visconte de Murendon, le visconte
-de Quarmaing et le visconte de Lautrec et pluisseurs bons
-chevaliers et hardis. Et se partirent de Montalben et entrrent
-en le duc d'Aquitainne et coummenchirent gueriier le pays
-et assegier fortrches et prendre prisonniers et faire mout
-de desrois en le terre de Labreth et de Pummier et sus le terre
-le seigneur de Lespar et le seigneur de Tarse et le seigneur de
-Muchident, liquel n'estoient mies adonc fort pour resister contre
-yaus. Nonpourquant il fisent ossi tamainte chevauchie sur yaus.
-<span class="pagenum"><a id="Page_188"> 188</a></span>
-Une heure perdoient, l'autre gaegnoient, ensi que fait de guerre
-se poursuioit; ms touttes fois li comtes de Laille et ses routtes
-tenoient les camps. F<sup>o</sup> 40.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_1">1</a>, l. 10: de (Lille).&mdash;<i>Mss. A 8 10, 15 17</i>: de Lille.
-F<sup>o</sup> 49.&mdash;<i>Mss. A 7, 23 33</i>: de Laille. F<sup>o</sup> 49.&mdash;<i>Mss. A
-1 6, 11 14, 18 22, 34 36</i>: de Laigle. F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup><a id="FNanchor_401" href="#Footnote_401" class="fnanchor">&nbsp;[401]</a>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_2">2</a>, l. 10: Kieret.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: A monsigneur Pire
-Bahucet. F<sup>o</sup> 39.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_2">2</a>, l. 10: Barbevaires.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 8 17, 20 22</i>:
-Barbenoire. F<sup>o</sup> 54.&mdash;<i>Mss. A 7, 18, 19, 34 37</i>: Barbenaire. F<sup>o</sup> 49.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_3">3</a>, l. 14: Clement VI.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: qui nouvellement
-estoit cres. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_3">3</a>, l. 16: en Flandres.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: car il estoit
-pappes en son pays et en touttes les terres qui de lui se tiennent,
-et de ce est il bien previlegiis. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 100.</b> P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 2: de Douay.&mdash;<i>Les mss. A 11 14 ajoutent</i>:
-de Bethume. F<sup>o</sup> 52 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 8: dou Fay.&mdash;<i>Le ms. de Rome ajoute</i>: li sires de
-Chastellon, mesires Lois de Chalon. F<sup>o</sup> 55.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 9 et 10: trois cens.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: deux cens.
-F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 1 6</i>: quatre cens. F<sup>o</sup> 54.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>:
-et furent bien cinq cens lances, parmi le signeur de Wauvrin,
-capitaine de Douai, et le chapitainne de Lille, et quatre cens arbalestriers
-et bien siis mille honmes de piet. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 14: devant soleil levant.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: environ
-heure de prime. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et se quatirent
-tant que les bonnes gens de la ville orent mis hors lor bestail,
-vaces, pors, buefs et brebis. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 15: as portes.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Ms j avoient il
-estet de venue jusquez as portes de Courtrai et ochis hommes
-et femmes, et ars tous les fourbours au lez deviers Tournay, et
-pluisseurs maisons et cours environ Courtray. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms.
-de Rome</i>: et fuissent bien entr dedens la porte qui sciet ou
-cemin de Tournai, se il vosissent. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 19: le Warneston.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: aqueillans et
-<span class="pagenum"><a id="Page_189"> 189</a></span>
-menans tout devant yaux jusquez au Warneston. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms.
-de Rome</i>: et prissent honmes, fenmes et enfans, et cachirent
-tout devant euls, et fissent par lors varls bouter le feu ens
-s fourbours; et furent tout ars et la proie aquellie. Et se missent
-li Franois tout souef au retour, et tout caoient devant euls, et
-vinrent Dotegnies, et fu la ville toute arse. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 21 et 22: ce jour.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: au soir. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 22: dix mille.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: douze mille. F<sup>o</sup> 52 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 23: que pors.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: trois mille pors
-et deus mille grosses bestes. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et
-bien cinq cens honmes, que fenmes, que enfans, qui depuis furent
-ranonn; et auquns on laissa aler pour l'amour de Dieu.
-F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 27: Ces nouvelles.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: ces nouvelles
-et les complaintes de chiaux de Tournay et dou pays environ.
-F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 30: d'Artevelle.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: En che temps s'en
-vint Jaques de Hartevelle et se party de Gand tout grant foyson
-de Flamens, et avoit intension de venir mettre le sige devant
-Tournay. Sy senefia son emprise au conte de Sallebrin, qui pour
-le tamps se tenoit en garnison en la ville d'Ypre, et que il i vaulsist
-estre. F<sup>os</sup> 142 et 143.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_4">4</a>, l. 31: Gand.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et li fu remonstr quel
-dammaige et quel despit chil de Tournay et (li) chevalier franchois
-avoient fet ou pays de Flandres. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 1: de Tournesis.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et que briefment
-il venroit asiegier Tournay et tout le communalt de Flandres,
-et que j n'y atenderoit ne roy d'Engleterre ne autre, et fist se
-semonsce et son mandement trs grant et trs especial, et mist
-adonc enssamble plus de soissante<a id="FNanchor_402" href="#Footnote_402" class="fnanchor">&nbsp;[402]</a> mille Flamens. F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 101.</b> P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 15: Quant li doi conte&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Le conte de
-Sallebrin ne volt mie desobeyr, mais s'apresta du plus tost que il
-peult; et cueilla tout ses compaignons o il povoit avoir soixante
-lanches et se mist au chemin et en mena les arbalestris de la ville
-d'Ypre avec luy; et chevauchrent devers Warneston. Or les convenoit
-il passer ass prs de la ville de Lille qui estoit franoise.
-<span class="pagenum"><a id="Page_190"> 190</a></span>
-Se(u) fu leur aller par espies en la ville de Lille. Adonc se mirent
-en esbuque cheux de Lille et firent trois agais; et en cescune
-(route) avoit cinq cens compaignons. De che ne se doubtoient les
-Flamens et chevauchoient sur la conduite de monsseigneur Vafflart
-de le Crois, qui moult longement avoit guerriiet ceulx de Lille
-et port pluiseurs domaiges. Et sy savoit toutes les torses et les
-chemins de antour de Lille: sy avoit empris de mener les Engls
-et Flamens sauvement et sans peril au dehors de Lille; mais
-il faly son pourpost. Car quant il vint che pas o il cuidoit
-passer, il retourna, car il y trouva tel empechement et tel tranquis
-que c'estoit chose impousible de y passer. Sy fu tous esbahis
-et dist ensy au conte de Sallebrin: Monseigneur, on nous a
-deffendu le voie par chy depuis que je n'y passay, et se n'y a
-pas quinze jours. Je vous consaille, puisque par chy passer ne
-povons, que nous retournons arire et prendons ung autre chemin
-o je vous menray: (il) sera plus loing de chestuy environ
-trois lieues, mais nous y serons sauvement et sans dangier de
-cheulx de Lille. Adonc s'avisa et aresta le conte de Salbrin et
-dist: Il nous fault au vespre estre au Pont de Fier, o Jacques
-de Hartevelle nous atent, car ensy je luy ay mand. Allons au
-bout de che fos(s)et, nous trouverons voie: cheus de Lille ne
-nous quer(r)oient jamais chy.</p>
-
-<p>Quelle chose que messire Wafflars desist ne quelle cose que il
-leur remonstrast, oncques le conte de Sallebrin ne le volt croire
-que il ne alast au debout du fosset; et puis les entra en ung vert
-chemin qui tout droit les mena l o cheulx de Lille avoient fait
-leur embusque. Et ne s'en donnrent garde; sy furent droit sur
-eulx et ne peurent reculler. Messire Wafflart de le Croix, qui
-toudis se doutoit, alla derire: sy que osy trestost que il perchut
-cheux de Lille, il retourna son coursier et se fery parmi
-ung grans mars et se bouta en ung vivier et entre rossiauls et
-glaivons; l fu tout le jour jusques au vespre qu'il ysy hors la
-nuit au mieulx qu'il pot et se sauva bien. Et le virent cheux de
-Lille partir, mais point ne le poursieuwirent, car il ne savoient
-pas que che fust messires Wafflars. Et entendirent envayr et
-assalir le conte de Sallebrin et sa route, qui furent tantost avyronnet
-de plus de mille; lors virent bien que deffense ne leur
-valloit riens: sy se rendirent sauves leur vies.</p>
-
-<p>Ensy les perirent cheux de Lille et les menrent dedens la ville
- grant joie. Et l avoit ung jone escuiier, nepveu au pape Benedit
-<span class="pagenum"><a id="Page_191"> 191</a></span>
-qui lors regnoit pour le temps, qui s'apelloit Raimmons, qui
-l estoit venus pour son corps avanchier. Sy estoit chis trs richement
-arms. Sy s'esmeut entre les commun(s) qui pris l'avoient
-dissencion pour sa prise: sy que, par envie et mauvaiset
-il fut ochis, coyque le conte de Sallebrin et les riches hommez de
-la ville en furent durement courouchis, mais amender ne le
-peurent.</p>
-
-<p>Ensy de cheulx de Lille fu pris messires Gillame de Montagut
-conte de Sallebrin, et depuis fu mens en prison Paris devers le
-roy Phelippe, qui le veult avoir et veoir, et qui de surprise sceult
-trop grant gret cheulx de Lille. Ches nouvelles seut Jaques de
-Hartevelle, quy se tenoit au Pont de Fier entre Audenarde et
-Tournay; sy en fu sy courouchis, quant il le sceut, qu'il en rompy
-son voiage et son emprise et se retrait Gand et donna congiet
- tous les Flammens pour celle fois. F<sup>os</sup> 143 146.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 20: cinquante.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 15 17, 20 22</i>:
-quarante. F<sup>o</sup> 54 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 21: arbalestriers.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et s'en venoient
-deviers le Pont de Fier qui siet en Tournesis, o Jaqueme d'Artevelle
-estoit j venus plus de soissante mille Flammens, et atendoit
-les deux comtes dessus dis pour venir devant Tournay.
-F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: car il avoient envoiiet de lors gens
-Popringhe, Miessines, Berghes, Cassiel, Bourbourc,
-Vorne, au Noef Port, Dunqerque et Gravelines, pour faire
-frontire contre les Franois qui se tenoient Saint Omer,
-Tieruane, Aire, Saint Venant. Et tout faisoient frontire et
-euissent fait des grands damages et contraires au dit pais de
-Flandres, se il ne sentesissent les Englois ens s garnisons desus
-nonmes. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 22: pour venir.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: viers Audenarde.
-F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 24: de Lille.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: en laquelle il i avoit
-de par le roi de France bien deus cens lances, Savoiiens et Bourgignons.
-Et l estoient mesire Am de Genve, mesire Huge de
-Chalon, li Galois de la Baume, li sires de Villars et li sires de
-Groul. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 25: s'armrent.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et montrent
-chevaus et fissent armer tous les arbalestriers de Lille et bien
-mille honmes avoecques euls. Et qant il furent tout issu, chil
-chevalier franois demandrent se li Englois pooient faire plus
-<span class="pagenum"><a id="Page_192"> 192</a></span>
-d'un cemin. Chil qui congnissoient le pais, respondirent: Oil,
-il i a deus voies: li une trait la bonne main, et li autre la
-senestre. Qant il orent ces paroles, il partirent lors gens en
-deus, et fissent deus enbusques. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_5">5</a>, l. 26: quinze cens.&mdash;<i>Mss. A 8, 9, 15 17</i>: cinq
-cens.&mdash;F<sup>o</sup> 50.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: quatorze cens. F<sup>o</sup> 53.&mdash;<i>Mss.
-A 20 22</i>: seize cens. F<sup>o</sup> 83 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_6">6</a>, l. 2: de le Crois.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: uns chevaliers franois
-et hainnuiers. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_6">6</a>, l. 11: jusques l.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et nous convient
-passer si aupris de leur ville que le tretie de deux ars.
-F<sup>o</sup> 39 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: si pris de euls (de Lille) que une
-lieue ou l environ. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_6">6</a>, l. 20: avant.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Retourns Ippre, se
-vous vos doubts. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 1: se j'estoie pris.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: tous li avoirs
-de Bruges ne me respiteroit point que je ne fuisse mors honte.
-Et je le vous remonstre, pour tant que hui que demain on ne me
-puist reprochier de men honneur. F<sup>o</sup> 40.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: ma
-raenon est paiie: c'est sus la vie que je chevauce; mais vous,
-vous seris mis courtoise finance, vous n'aueris nul mal de
-vostre corps. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 3: compagnie.&mdash;<i>Les mss. A 11 14 ajoutent</i>:
-car qui n'a point de teste, il ne lui fault point de bacinet ne de
-chaperon. F<sup>o</sup> 53.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 4 et 5 : et disent.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Alons, alons,
-Waflart; nous n'avons garde, che ne sont que villain en Lille.
-Il n'oseront jamms yssir hors de leurs portes. F<sup>o</sup> 40.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 7: se boutrent.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: au tournant de
-une longe haie. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 7 et 8: l'embusce.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: de cinq cens
-compaignons qui se tenoient entre hayes et buissons au traviers
-dou chemin, et arbalestriers avoecq yaux qui leurs ars avoient
-tout tendus. Si coummenchirent escriier d'une vois: Tous
-mors entre vous, Engls! F<sup>o</sup> 40.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 11: commencirent il.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: li Savoiien
-et li Bourgignon. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 14: plus avant.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et fist son cheval
-sallir oultre un foss de douze pis de large. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 30: neveus.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: cousins. F<sup>o</sup> 40.
-<span class="pagenum"><a id="Page_193"> 193</a></span></p>
-
-<p>P. <a href="#Page_7">7</a>, l. 32: pour.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: envie ou pour ses belles
-armeures. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 2: courouciet.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et euist paiiet quarante
-mille florins de raenon, se on le peuist avoir tenu en vie.
-F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 3: pris et retenu.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: car on en volloit
-faire ung present au roy de Franche, enssi qu'il fissent dedens
-troix jours apris. Et lez amenrent Paris douze bourgois
-de Lille et cent armures de fier grant joie. Quant li rois de
-Franche seut ces nouvelles et comment li bourgois de Lille
-avoient esploit, si en fu mout joyans et les conjoi de grant coer
-et dist que c'estoient bonne gent et de hardie emprise, et que ce
-qu'il avoient fait leur seroit remuneret. Enssi se porta ceste besoingne.
-Li doi comte furent emprisonnet en Castelet, o il furent
-depuis ung grant temps, ensi que vous orez. F<sup>o</sup> 40.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Si furent li contes de Sasleberi et li contes de
-Sufforc pris et amens en la ville de Lille et bien gard, tant que
-la connissance en vint au roi Phelippe. Qant il le sceut, il fu
-grandement resjois de lor prise, et les desira veoir et les manda.
-On li envoia. Si furent amen Paris et recreu sus lors fois: il
-n'orent nulle vilainne prison. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 10 et 11: Pont de Fier.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: bien
-soixante mille Flammens, pour venir assegier le chit de Tournay
-et ardoir tout le Tournesis. F<sup>o</sup> 40.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: sus la rivire
-dou Lis. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 102.</b> P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 16: contrevengance.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Li
-Franois ne pooient oubliier la cevauchie que li contes de Hainnau
-et mesires Jehans de Hainnau son oncle avoient fait en la
-Tierasse, pris et ars la ville d'Aubenton, Maubert Fontainnes,
-Vimi et bien quarante villes l ens ou pais. Et disoient li Franois
-que ce ne faisoit point souffrir ne consentir que il ne
-fust amend. Tant fu parl et remoustr au roi et son consel
-que ordonn fu que li dus de Normendie, li ainns fils dou roi
-Phelippe, une qantit de gens d'armes, s'avaleroit et venroit
-en la cont de Hainnau, pour ardoir et bruir tout le pais et contrevengier
-les arsins que li contes de Hainnau et ses oncles et li
-Hainnuier avoient fait en la Tierasse et en Cambresis. Si tretos
-que li dus de Normendie fu esleus estre chis de ceste cevaucie,
-tout chevalier et esquier de Vermendois, d'Artois et de Piqardie
-<span class="pagenum"><a id="Page_194"> 194</a></span>
-en furent resjoi, car euls se desiroient armer, et porter
-contraire et damage les Hainnuiers. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 21: environ Paskes.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: le close
-Pasques. F<sup>o</sup> 40.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 22 et 23: L estoient.&mdash;<i>Le ms. d'Amiens ajoute</i>:
-Si doi cousin de Blois, Loeys et Carles, car li comtes de Blois
-avoit renvoiet son hoummage au comte de Haynnau de tout ce
-qu'il tenoit de par lui,... li ducs de Bourbon,... messires Loeis
-de Savoie, messires Loeys de Chalon,... li sires de Grantsi, li sires
-de Montmorensi, li sires de Saint Venant, li sires de Saint
-Digier, li sires de Roye, messires Ustasses de Ribeumont, messires
-Jehans de Landas, li sires de Cran, li sires de Montsault, li
-sires de Cramelles, li sires de Fiennes, li sires d'Estourmelles,
-li sires de Bleville, messires Bouchiguaus. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><i>Le ms. de Rome ajoute</i>: le duch Pire de Bourbon, mesire
-Jaqueme de Bourbon, son frre,... le conte de Videmont et de
-Genville,... le conte de Dreus,... le signeur de Castellon, le signeur
-de Conflans, marescal de Campagne, le conte de Harcourt,
-le conte d'Aumale, le signeur d'Estouteville, le signeur de Graville.
-F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 26: de Porsiien.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18, 19,
-20 22, 34 36</i>: de Pontieu. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_8">8</a>, l. 27: de Couci.&mdash;<i>Les mss. A et B 3, 4 ajoutent</i>: le
-sire de Craon. F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 4: six mille.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: dix mille.
-F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: huit mille. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms.
-d'Amiens</i>: Et estoient bien six mille hommes d'armes et six
-mille bidaus et Geneuois sans l'autre ribaudaille. Et avoit empris
-li dis ducs de Normendie que de venir assegier Vallenchiennes.
-F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et tant que il estoient bien quatre
-mille esporons dors et douse mille armeures de fier, sans les
-Geneuois arbalestriers. Et ne fissent pas celle asamble si grande
-pour la cause des Hainnuiers que pour ce qu'il savoient bien que
-li Alemant, li Braibenon et li Hollandois, Zellandois et li Flamenc
-estoient tout aloiiet avoecques les Hainnuiers, et de rechief
-que li contes de Hainnau estoit als en Engleterre au secours. Se
-voloient li Franois moustrer poissance l'encontre de tous ceuls
-qui poroient venir. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 9: se partirent.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Il partirent de Saint
-Quentin; il s'en virent devers Boucain pour venir vers le Chastel
-<span class="pagenum"><a id="Page_195"> 195</a></span>
-en Cambresy, car par ce cost voloient il entrer en Haynau. Et
-estoient bien dix mille combatans; sy vinrent si avant qu'il passrent
-le Chastel en Cambresis et se logrent Montais, l'entre
-de Haynau. F<sup>o</sup> 136.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 10: Saint Quentin.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et cevauchirent
-devant li connestables et li marescal de France, et puis li
-dus de Normendie et sa route, et derrire li avant garde; et
-s'en vinrent logier sus la rivire de Selles autour dou Chastiel en
-Cambresis. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 14: toute son host.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et son hostel.
-F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 14: Montais.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: dallez le Castiel en
-Cambresis, l'entre de Haynnau. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>:
-dehors le chastiel. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 15: d'armes.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: de quoy il (li Franois)
-furent resvilliet celle premire nuit. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 103.</b> P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 24: Montais.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Mortais.
-F<sup>o</sup> 54.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 30: se parti.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et s'en vint au Kesnoi
-et quella sus heure ce que il pot avoir de chevaliers et esquiers....
-Sus le tart, il se departi dou Kesnoi.... Dou Kesnoi
-Montais a quatre petites lieues; si furent tantos l. F<sup>os</sup> 56 et
-57 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 30: de Wercin.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: du Quennoy, tout cent
-hommes d'armes. F<sup>o</sup> 137.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_9">9</a>, l. 31: soixante.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: cinquante. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms.
-de Rome</i>: siis vins. F<sup>o</sup> 57.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 4: jour falli.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Et pour che que en ce
-temps il faisoit brun et qu'il peuissent mieulx congnoistre l'un
-l'autre, vestirent chacun sur leur harnast ung blanc vestement.
-F<sup>o</sup> 137.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 7: leurs chevaus.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et eurent ordonnance,
-pour ce qu'il faisoit mout brun, que chacun ewist
-une chemise dessus ses armures; et qui n'avoit chemises, si y
-mesist quoy que fuist de blancq pour recongnoistre l'un l'autre.
-F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 7: leur dist.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Li dus de Normendie
-est logis en celle ville des Montais, et je vous ai amen jusques
- chi pour faire auqune emprise d'armes. Si soiies tous
-<span class="pagenum"><a id="Page_196"> 196</a></span>
-aviss. Et quant nous enterons en la ville, criis: Hainnau au
-senescal et Werchin la retraite! Et ne vous fainds pas de euls
-porter contraire et damage, se vous pos, car qant il enteront en
-nostre pais, il ne nous espargneront point. F<sup>o</sup> 57.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 12: des chevaliers.&mdash;<i>Le ms. d'Amiens ajoute</i>: le
-signeur de Gommegnies,... le seigneur de Boussi, le seigneur
-d'Espinoit, Jehan de Gommegnies, Ostelart de Soumaing. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Le
-ms. de Rome ajoute</i>: Gerars de Vendegies, li sires de
-Montchiaus. F<sup>o</sup> 57.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 13: messires Henris.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: mestres
-Henris. F<sup>o</sup> 57.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 14: dou Chastelet.&mdash;<i>Mss. A 8 10</i>: de Chasteler.
-F<sup>o</sup> 51.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: du Chastelier. F<sup>o</sup> 55 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 14 et 15: li sires de Vertain.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:
-messires Ustasse de Vertaing. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 23 29</i>: de
-Werchain. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 15: de Fontenoit.&mdash;<i>Ce chevalier n'est mentionn
-que dans le ms. B 1.</i></p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 16: des escuiers.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: L fu li pennons
-au senescal desvoleps, et le porta uns esquiers qui se nonmoit
-Robers de Wargni. F<sup>o</sup> 57.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 21: se boutrent.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et estoit environ
-mie nuit. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 26: avant.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: dont bien l'en chei.
-En cel ostel estoit logis li sires de Brimeu, et des compagnons
-franois biau cop avoecques lui. F<sup>o</sup> 57.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 28: (Briaut).&mdash;<i>Mss. A 1 7, 9 17, 20 22</i>:
-Briaut. F<sup>o</sup> 56.&mdash;<i>Mss. A 30 36</i>: Breaut, Breault. F<sup>o</sup> 129.&mdash;<i>Mss.
-A 18, 19, 23 29</i>: Brience, Briance. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms.
-A 8</i>: Briancon. F<sup>o</sup> 51.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_10">10</a>, l. 29 et 30: Quant li doi chevalier.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>:
-Celle nuit faisoit le gait uns chevaliers de Normendie qui se
-nonmoit Guillaumes, sires de Gauville, et avoecques li mesires
-Pires de Praiaus. Et estoient establi en lor ordenance environ
-cent armeures de fier. Et trop bien chei point au duch de Normendie
-et as signeurs qui l estoient logis; car, se li gais ne
-fust tantos trait avant, li Hainnuier euissent port grant damage
-as Franois. Mais li chevalier dou gait se traissent tantos avant,
-et vinrent devant l'ostel le duch de Normendie, et se missent en
-bonne ordenance. F<sup>o</sup> 57.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_197"> 197</a></span>
-P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 8: tortis&mdash;<i>Ms. B 6</i>: torses. F<sup>o</sup> 137.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 14: estourmis.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: voires chil qui
-estoient logis Montais, car partout tant que avoecques le duch
-n'avoit que huit baners et lors gens, vint et siis chevaliers en
-tout. Donc se requellirent li Hainnuier moult sagement et criirent:
-Werchin le retraite! Chil qui entrrent dedens l'ostel
-le signeur de Brimeu, en furent mestre et l'esforchirent; et fu
-pris et fiancis prisons li sires de Brimeu et auquns de ses honmes.
-F<sup>o</sup> 57.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 17 et 18: dix ou douze.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: jusques
-huit. F<sup>o</sup> 138.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 21: au Kesnoi.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et li senescaux
-de Haynnau s'en vint au point du jour au Kesnoy. Si trouva
-monseigneur Thiery, seigneur de Fauquemont, qui il recorda
-sen aventure, liquelx fu trop fort courouchis de ce qu'il n'y
-avoit estet. De l en droit vint li senescaux Vallenchiennes et
-enfourma chiaux de le ville de le venue des Franchoix; et leur
-dist que il avoit entendu, par prisonniers franchoix qu'il avoit
-pris, que c'estoit li entente dou duch que de assegier Vallenchiennes.
-Adonc chil de Vallenchiennes fissent songneusement
-prendre garde toutte leur artillerie, as enghiens, as espringalles,
-as ars tour et touttes autres coses appertenans as deffensces.
-Et fissent le rivire d'Escault floer entour le ville, et
-renforchirent leurs gais as portes, as tours et as garittes, tant de
-jour comme de nuit. F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 24: courouchis.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Li dus de Normendie
-ne sceut riens de ceste avenue jusques au matin. Si fu moult courouchis
-qant on li ot dit, et que li sires de Brimeu et li sires de
-Bailluel en Normendie et li sires de Briaut estoient pris. Donc
-dist li dus: On ne le puet amender. Li Hainnuier ont vol et pris,
-et puis se sont retrait quant il ont fait lor emprise. Aussi nous fault
-il voler et prendre: si sera prise contre prise. F<sup>o</sup> 57.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 28 et 29: deux cens.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: trois cens.
-F<sup>o</sup> 40 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: trois cens. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 30 et 31: li sires de Mirepois.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:
-li marescaus de Mirepois. F<sup>o</sup> 41.&mdash;<i>Les mss. A 11 14 ne nomment
-que les trois premiers chevaliers et ajoutent</i>: le sire de
-Hambuye. F<sup>o</sup> 54 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Le ms. de Rome ajoute</i>: li sires de
-Noiiers,... messires Anthones de Qodun, li sires de Loques,
-messires Tristrans de Magnelers. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_198"> 198</a></span>
-P. <a href="#Page_11">11</a>, l. 32: li sires d'Astices.&mdash;<i>Ce chevalier n'est mentionn
-que dans le ms. B 1.</i></p>
-
-<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 1: li sires de Cramelles.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: Raoul
-de Cramelles. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l, 1 et 2: chevauoient.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et cevauchoient
-chil tout devant, et avoient lors honmes qui les sievoient
-et qui boutoient le feu. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 2: mareschal.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Apris cevauoit
-li avant garde, o li connestables de France et li marescal estoient.
-F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 4: cinq cens lances.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: deus mille
-armeures de fier. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 5: de Normendie.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: li dus d'Athnes
-et la grose route des gens d'armes. Apris venoit li arrire
-garde, que li sires de Couchi, li sires de Castellon, li sires de
-Montmorensi, li sires d'Estouteville et pluisseur aultre menoient,
-o bien avoit deus mille armeures de fier. Au voir dire, il estoient
-gens asss pour combatre tous cheuls de Hainnau, grans
-et petis. Et ensi que chil coureur chevauoient devant, il ardoient
-le pais, sans ce que les batailles dou duch s'en ensonniassent ne
-desroiassent en riens. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 11: d'Uintiel.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Che fu environ l'Ascension
-l'an mil trois cens quarante. F<sup>o</sup> 140.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 11: oultre.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et ardirent che premier
-jour li Franchois Bavay, une bonne ville qui adonc estoit
-sans fremure; puis se retrairent et ne veurent adonc chevauchier
-plus avant pour lez bos et l'aventure des encontres. Si ardirent
- leur retour Louvegni, Anfroipret, Saint Vast en Bavesis, Goummegnies,
-Preus, Fresnoit, Wargni le Grant et Wargni le Petit,
-Obies, Orsinneval; et abatirent les moullins de Quellinpont, et
-rompirent lez escluzes dou vivier, et donnrent le pisson congiet
-d'aller jeuuer o il peult; et passrent Orsinneval et desoubz le
-Kesnoy, et ardirent Villers monsigneur Polle et Calames. F<sup>o</sup> 41.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Et vinrent ardoir Bavai, Mieqegnies, Obies, Goumegries,
-Frasnoit, Wargni, Villers, et vinrent courir devant le
-Quesnoi, mais point n'i arestrent. Et fust volentiers li seneschaus
-de Hainnau issus hors, se il euist eu gens asss. Et s'en vinrent
-ces coureurs Bermerain et l'ardirent, et Vertain et Vertegnuel
-et tous les villages de l environ. Et en avoloient les flamesches
-jusques dedens la ville de Valenchiennes. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_199"> 199</a></span>
-P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 12: Oursineval.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22</i>:
-Esmenal. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 19: de Normendie.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: ceste premire
-nuit et toutte sen host sus le rivierre de Selles, entre Sollemmes
-et Haussi. Tout li plas pays fuioit devant yaux sauvet;
-et se boutoient ens s forterches et amenoient, aportoient et
-acharioient le leur au Kesnoy, Landrechies, Bouchain et
-Valenchiennes et as autres fors environ qui estoient tenable. Li
-senescaux de Haynau se doubta de son castel de Werchin. Si se
-parti de Valenchiennes tout de nuit, avoecq lui environ trente
-lanches, et fist tant que sans peril il s'i bouta. Et dist au seigneur
-d'Anthoing, qui estoit en Vallenchiennes, qu'il fuist songneus de
-le ville et dez hommes, affin que il n'y ewissent dammaige, ne il
-point de blasme. F<sup>o</sup> 41.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: ce second jour logier Haussi, Sausoit,
-Solmes et tout au lonc de la rivire de Selles jusques Haspre;
-et menoient moult grant charoi. Honmes et fenmes et enfans
-avoient est de lonc temps avis de la venue des Franois; si
-ques il s'estoient tout pourveu l'encontre de ce; et avoient
-amenet et achariiet lors millours meubles Valenchiennes,
-Maubuege, au Quesnoi et Bouchain. Li Franois trouvoient
-fourages asss pour lors cevaus et nulles aultres pourveances.
-F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 104. </b><a href="#Page_12">12</a>, l. 23: Fauquemont.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: qui
-estoit en garnison au Kesnoy. F<sup>o</sup> 41.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 29 et 30: et recommanda.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Adonc
-fist il commander estroitement que nuls ne wuidaist hors des
-portes du Kesnoy, homs ne femme, et sus le teste. F<sup>o</sup> 41.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 30: Maubuege.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et issi de Maubuege
-et vint Pons sus Sambre. Et trouva les hommes moult
-esfras, car li Franois avoient est Miequegnies et l pris,
-et avoient ars tout le pais de l environ. Encores en veoit on les
-fumires. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 30: Biaurieu.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22,
-34 36</i>: Beaugeu. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_12">12</a>, l. 31: de Montegni.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et establi
-demourer, pour garder le ville, le seigneur de Roysin, le seigneur
-de Wargny. F<sup>o</sup> 41.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 1 et 2: chevaua.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et passa
-<span class="pagenum"><a id="Page_200"> 200</a></span>
-Robertsart, et n'atendoit aultre cose que le logeis des Franois
-dou vespre. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 3: Mourmail.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22,
-34 36</i>: Moruel, Morueil. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>. <i>Mauvaise leon.</i></p>
-
-<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 5 et 6: de Haussi.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Sollemmes,
-vers Haussi et Sausoit, en ces biaux prs. F<sup>o</sup> 41.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>:
- Haussi et Sausoit, et tout jusqu' Haspre. F<sup>o</sup> 57 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 18: meschief.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Che soir faisoit le gait
-le sire de Craon cinq cens hommes. F<sup>o</sup> 138.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 23: Pikegni.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et doi de ses escuiers,
-et navrez li sires de Cramelles mout durement et li sires
-de Sains. F<sup>o</sup> 41.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Celle nuit faisoient le gait li
-contes d'Auoirre, li sires de Noiiers et li sires d'Auchi, artissiens,
-et avoient bien trois cens combatans sus lor gait. Li Hainnuier
-et li Alemant n'entrrent point de ce ls o li gais estoit,
-mais bien en sus, et cheirent sus le logeis le signeur de Piquegni,
-liquels salli tantos sus que il oy la friente, et s'arma et se
-mist desfense moult vaillanment; mais il ot si grante qoite de
-li armer que point il n'estoit arms de plate fors de une cote de
-fier, laquelle fu perchie tout oultre de une roide espe et li corps
-dou chevalier, et morut de celle plaie.... Li sires de Piquegni,
-liquels estoit navrs tout parmi le corps, fu mis en une litire et
-ports Cambrai pour saner et mediciner; ms onques de la navreure
-ils ne pot avoir garison et morut. Si retourna la terre de
-Piquegni un sien fil, jone enfant, que on nonmoit Jehan, et
-qui depuis fist moult de mauls en France, voires Amiens et l
-environ, ensi que vous ors recorder avant en l'istore. F<sup>os</sup> 57 v<sup>o</sup>
-et 58.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 30: poursievi.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et l fist li sires
-de Fauquemont bonne compagnie as deus chevaliers franois,
-lesquels il enmenoit prisonniers, le visconte de Qesnes et le Borgne
-de Rouveroi, car il les recrut sus lors fois venir Mons en
-Hainnau tenir lors corps prisons, qant il en seroient requis,
-quinse jours apris la semonse. Si retournrent li chevalier en
-l'ost et comptrent lor aventure. F<sup>o</sup> 58.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_13">13</a>, l. 31: au Kesnoi.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Si entrrent
-dedens la ville et s'i rafresqirent, euls et lors cevaus, et puis retournrent
-sus le soir Maubuege. F<sup>o</sup> 58.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_14">14</a>, l. 3: Et li dus.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Ensi fu, la seconde
-nuit que li dus de Normendie se loga en Hainnau, li hoos des
-<span class="pagenum"><a id="Page_201"> 201</a></span>
-Franois resvillie des Hainnuiers, liquel avoient tout ce fait,
-sans porter point de damage euls et lor compagnie. De quoi
-li dus de Normendie en dist au matin, qant il en fu enfourms:
-Ces Hainnuiers sont de grant corage et de bonne emprise. Nous
-n'avons que deux nuis dormi en Hainnau; ms tout dis nous ont
-il resvilli: chi apris, il seront resvilliet aussi. F<sup>o</sup> 58.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_14">14</a>, l. 15: quatre cens.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: trois cens.
-F<sup>o</sup> 57.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_14">14</a>, l. 16: bidaus.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: sanz les bidaus,
-tuffes et petaux. F<sup>o</sup> 57.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_14">14</a>, l. 16: s'en vinrent.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Verchin, o
-li senescaux estoit dedens le castel. Et regardrent li Franchois
-le mannire dou fort et de le deffensce. Si moustrrent de
-premiers que de trop grant couraige il le assaudroient, et fissent
-traire et lanchier leurs bidaus et Geneuois; ms riens n'y fisent,
-car li castiaux estoit bien pourveu d'artillerie, de kanons et d'ars
- tour et de tous instrumens pour le deffendre. Si y pooient plus
-perdre que gaegnier, et il ne volloient pas trop travillier leurs
-gens, car il ne savoient quel besoing il en aroient. Si se partirent
-d'illuecques, ms il ardirent toutte le ville et abatirent une partie
-des murs dou gart de Werchin. Et passa toute li os l et environ.
-Et montrent au ls deviers Fanmars, pour mieux veoir et adviser
-Vallenchiennes dou tierne. Et toudis aloient li coureur devant
- destre et senestre, ardans et exillans che biau plain pays de
-Haynnau. Si ardirent Presel, Marech, Biauvoir, Curgies, Sautain,
-Rombies et tout le plain pays jusquez le rivierre de Honniel.
-Et se loga li dus ce jour sus le rivire d'Uintiel au ls deviers
-Kierenaing, et toute sen ost ossi, et se fist le nuit gettier bien
-et grossement plus de cinq cens lanches et de deux mille bidaus
-et Geneuois, car il ne volloit mies que li Haynuier le resvillaissent
-ainssi qu'il avoient fait. Bien est voir que de Condet
-et dou castiel de Moustroel sus Haynne et dou castiel de Kievraing
-et de Kievrechin estoient assamblet et acompaigniet environ
-quarante lanches, et s'estoient boutet s bois de Roisin; et
-volentiers ewissent fait quelque fait d'armes, se il ewissent veu
-leur plus bel. Li sires de Gommignies et li sires de Wargni ossi
-lez costiirent tout le jour, ms point ne virent de jeu parti pour
-yaux aventurer, car li coureur franchois se tenoient tout enssamble,
-et estoient bien mont et plus de quatre cens lanches: se n'y
-faisoit nul pour les Haynuiers.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_202"> 202</a></span>
-Ce jour au matin qu'il fist moult bel et moult joli, car c'estoit
-ou mois de may, se deslogirent li Franchois et se misent en
-arroy, et ordonnrent le charoy et le fissent passer tout devant.
-Et puis chevauchirent bannierres et seigneurs et vinrent, environ
-heure de primme, deseure Fanmars, sus ung terne que on appelle
-le mont de Castres; et l s'ordonnrent il bien et faitichement en
-troix bonnes batailles. Le premire avoit li dus de Bourbon, la
-seconde li comtes de Flandres, et la tierce li dus de Normendie.
-L veoit on bannierres et pignons et armoirie en trs grant parement.
-L estoient muses, calemelles, naquaires, trompes et
-trompettes, qui menoient grant bruit et grant tintin. Et bien les
-veoient et ooient chil de Valenchiennes des tours et des clochiers,
-car il estoient demy lieuwe d'iaux. L sonnoit on les cloches ou
-biefroy de Vallenchiennes vole, et estoient armet touttes mannierres
-de gens, et li rue Cambrisienne toutte plainne. Et volloient
- force yssir et yaux aventurer; ms messires Henris d'Antoing,
-qui gardoit les clefs de celle porte, leur deveoit et leur disoit
-qu'il se voloient aller tout perdre. Nientmains il volloient yssir,
-coumment qu'il fuist, et y eut l pluiseurs grosses parolles entre
-le chevalier et yaux. Finablement il leur dist que messires de
-Biaumont, qui baux estoit dou pays et qui on avoit juret et
-proummis de obeir, li avoit deffendu et coummandet sus sen onneur
-que nullement il ne les lessast wuidier. Et coummanda au
-prouvost qui l estoit, Jehan de Baisi, de par monseigneur Jehan
-de Haynnau, que il lez fesist retourner et aler leur gs, as tours
-et as garittes, pour deffendre et garder le ville, s'il besongnoit.
-Et li prouvos vot obeir; si leur commanda retraire, et il le fissent.</p>
-
-<p>A che donc estoient dedens Vallenchiennes aucun chevalier
-d'Engleterre, et par especial li comtes de Warvich, que li roys
-d'Engleterre avoit laissiet en Flandres. Et avoit estet chilz en le
-chevauchie de Aubenton, et demors en Vallenchiennes, le priire
-dou comte. Et estoient avoecques lui messires Hues de Hastinges,
-messires Rogiers de Biaucamp, messires Jehans Cambdos, messires
-Jehans de Graail, messires Oliviers de Baucestre, messires
-Rogiers de Cliffort. Si requisent chil chevalier monseigneur
-Henry d'Antoing que on lez lessaist wuidier le ville sus leur peril
-et chevaucier deviers le rivierre d'Escault, pour veoir se il poroient
-nient trouver faire aucune bacelerie, ne biau fait d'armes
-sus lez Franchois. Tant priirent et parlrent que il en eurent
-<span class="pagenum"><a id="Page_203"> 203</a></span>
-congiet, et estoient environ trente lanches et quarante archiers, et
-tout ceval. Si wuidirent par le porte d'Anzain, et cevaucirent
-deseure Saint Vast. A ce donc couroit environ le Tourielle sus
-l'Escault ungs bons chevaliers franchois poitevins, messires Bouchichaus,
-et estoit avalls des batailles qui se tenoient au mont
-de Castres. Et estoient environ douze lanches; si avoient passet
-l'Escaut au pont de le Tourielle et estoient montet hault deviers
-Saint Vast pour descouvrir cesti ls; ms il furent trouvet et
-rencontret des Engls dessus noumms. Et ne daigna oncques
-messires Bouchichaus fuir, et jousta franchement messire Hue
-de Hastinges, et le porta par terre. Depuis fu il jus portz par
-terre par deux chevaliers et tenus si cours qu'il le couvint rendre.
-Et fu fianchis prisons et amens Vallenchiennes, et doy
-escuier de son pays avoecq lui. Et li autre se sauvrent au mieux
-qu'il porent et retournrent leurs batailles, et recordrent le
-prise de monseigneur Bouchicaus, dont li dus de Normendie fu
-mout courouchiz. F<sup>o</sup> 41 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Qant ce vint au matin, on se desloga, et sonnrent
-les tronptes parmi l'oost. Tout s'armrent et montrent
- chevaus, et se traissent sus les camps. Ce jour fist il moult
-biel, moult cler et moult joli, ensi que il fait ou mois de mai, et
-fu la nuit de une Asention. Li dus de Normendie ordonna
-traire viers Valenchiennes. Donc cevauchirent les batailles moult
-ordonneement, et n'aloient que le pas et costiirent Werchin,
-mais point n'asallirent au chastiel, mais la vile fu arse. Et s'en
-vinrent tout li Franois arester et faire lor moustre sus le mont
-de Castres; et veoient Valenchiennes tout au plain devant euls, et
-l ordonnrent trois batailles, tout arm au cler. Ce estoit une
-grande biaut que de euls veoir, les armes, hiaumes de quoi on
-s'armoit adonc, banires et pennons resplendir au solel. Et se tenoient
-li signeur tout quoi, atendans que on les venist combatre.</p>
-
-<p>Li jone chevalier de France et li esqier, qui desiroient les armes,
-ne se pooient tenir que il ne cevauassent. Et s'en vinrent li marescaus
-de Mirepois, li sires de Noiiers, li Galois de la Baume,
-messires Tiebaus de Moruel, li viscontes d'Aunai, li sires d'Englure,
-li sires de Trainiel, messires Tristrans de Magnelers, li sires
-d'Aubegni, li sires de Fransures, li chastelains de Biauvais et
-pluisseur aultre, tout de grant volent. Et estoient quatre cens
-d'emprise et de fait et bien monts, et vinrent courir devant le
-Kesnoi; et s'arestrent sus les camps, et moustroient que on les
-<span class="pagenum"><a id="Page_204"> 204</a></span>
-venist combatre. Li marescaus de Hainnau et bien cinquante
-lances de bons Hainnuiers estoient l dedens. Pour ces jours li
-Qesnois n'estoit point si bien freme conme elle estoit soisante ans
-apris, et tous les jours elle amendoit en fremet.</p>
-
-<p>Li compagnon consideroient trop bien l'ordenance des Franois
-conment il freteloient sus lors cevaus et faisoient courner
-lors menestrels, et moustroient que on les alast veoir et escarmuchier,
-mais il n'estoient pas gens asss. Si se tinrent tout quoi
-et pourveu de euls deffendre, se on les euist assallis. Qant il
-veirent ce que nuls ne saudroit, il s'en departirent et cevauchirent
-viers Villers. Et menoient ces gens d'armes, boutefeus,
-avoecques euls, qui couroient de ville en ville, et boutoient le feu
-dedens et ne s'en departoient; si estoit la ville toute embrase. Si
-ardirent de celle empainte Genlain, Curgies, Sautain, Presiel,
-Marec, Aunoit, Biauvoir, Fielainnes, Escaillon et Faumars. Et
-voloient les flamesques et les fascons en la ville de Valenchiennes,
-et li rai dou soleil en estoient tout encombr. Et s'avalrent auqun
-Franois dou mont de Castres et vinrent ardoir les Marlis, et
-boutrent le feu ens s fourbours de la porte Cambrisienne.</p>
-
-<p>Pour ces jours estoit chapitainne et gardiiens de la ville de
-Valenchiennes institus et ordonns de par mesire Jehan de
-Hainnau, mesires Henris d'Antoing, quoi que li senescaus de
-Hainnau et aultres chevaliers fuissent en la ville; mais il en avoit
-la souverainne aministration et se tenoit la porte Cambrisienne,
-et l estoit trop fort heriis et presss d'auquns fos, outrageus et
-outrequidis, qui voloient issir et euls aler perdre. Et bien leur
-disoit et remoustroit li chevaliers que point n'estoit heure de
-issir: Souffrs vous, bonnes gens: la poissance des Franois
-est trop grande maintenant. Atends que vous aiis vostre signeur
-dals vous; si en sers plus fort et mieuls consillis. Il
-m'est deffendu que nuls ne isse, car se vous recevis blame ne
-damage, je n'en poroie estre escuss. Ensi grant mescief les
-amoderoit et refroidoit de lors folies li sires d'Antoing.</p>
-
-<p>Encores, en ce meisme jour, par le consentement dou connestable
-de France et des marescaus, se departirent dou mont de
-Castres auqun jone chevalier et esquier franois et cevauchirent
-as aventures. Et tout estoit fait pour atraire les Valenchiennois
-hors de lor ville, et furent de une sorte environ deux cens lances.
-Et les menoient li sires de Craan, li sires de Maulevrier, li sires
-de Partenai, li sires de Tors et li sires de Matefelon, et s'avalrent
-<span class="pagenum"><a id="Page_205"> 205</a></span>
-dou mont de Castres Fontenelles, et vinrent Main. Et l
-avoit une tour belle et bonne et encores a, laquelle pour ce temps
-estoit un bourgois de Valenchiennes qui s'apelloit Jehan Bernier,
-et puis fu elle transmue autres hoirs. Chil chevalier de France
-et lor route vinrent l et l'environnrent et le fissent asallir. La
-tour estoit forte asss, environne de fosss et pourveue d'artellerie;
-car on i avoit envoiiet des arbalestriers de Valenchiennes,
-pour le deffendre et garder. L ot grant asaut, mais li Franois
-n'i peurent riens faire. Avant en i ot des blechis dou tret. Si
-passrent oultre et vinrent Trit. Li honme de la ville avoient
-le pont deffait. Si ne peurent (passer) oultre par ce pas l, mais
-il trouvrent (un) des hommes dou pais meismes qui les mena autour
-as plances Povri. Si passrent l l'Eschaut et retournrent
- Trit. Et fu la ville toute arse et li moulin abatu, et ensi Povri
-et Rouvegni. Et refissent li Franois le pont Trit, et ardirent
-Wercinniel, Bourlain et Infier, et tant que les fascons en avoloient
- grant voles Valenchiennes. Et retournrent chil Franois et
-s'en ralrent en lor hoost, c'est entendre sus le mont de Castres,
-avoecques les aultres.</p>
-
-<p>Ce jour s'estoient aussi parti de lors arrois, troi jone chevalier
-de Poito: li uns fu nonms messires Bouchicaus, li autres messires
-Jaques de Surgires, et li tiers messires Guis Poteron; et
-avoient passet l'Escaut au pont Trit, car il estoit refais des
-plances meismes que chil de Trit en avoient ost. Et les avoient
-les Franois rasisses, pour passer et rapaser lor volent. Chil
-troi chevalier et lor route pooient estre jusques vint cinq lances,
-et passrent le pont Trit, et vinrent courir viers Hurtebisse; et
-fissent bouter le feu dedens, tant que on le veoit tout clerement de
-Valenchiennes, car il n'i a que une petite lieue. Li seneschaus de
-Hainnau, qui se tenoit adonc Valenchiennes, entendi que auquns
-Franois estoient aval et pass oultre l'Eschaut au pont Trit, et
-couroient sus ces biaus plains desus un moustier que on nonme Saint
-Vast, et ne lor aloit nuls au devant. Si parla au signeur de Berlainmont,
- messire Henri d'Uffalise, messire Oulefart de Ghistelle,
-au signeur de Biellain et auquns chevaliers qui en Valenchiennes
-estoient enclos avoecques lui: Je vous pri que nous montons
-sus nos chevaus et alons veoir viers Saint Vast quel sont chil qui i
-chevaucent. Espoir, poront estre tel que il paieront nostre escot.
-Tout s'acordrent la volent dou senescal, et montrent environ
-cent compagnons tout bien arms, et prist casquns son glave; et
-<span class="pagenum"><a id="Page_206"> 206</a></span>
-fissent ouvrir les deus portes d'Anzain, la grande et la petite. Et se
-missent sur les camps et si point que, droit au desus d'un moustier
-que on dist de Saint Vast, il vont trouver ces chevaliers poitevins
-qui avoient pris lor tour viers Bellain et Ierin et avoient fait bouter
-le feu dedens, et s'en retournoient pour passer Trit, et
-avoient gides propement dou pais qui les menoient. Qant li seneschaus
-de Hainnau les vei et sa route aussi, qui estoient mont
-sus bons coursiers et bien alans, si lor vinrent au devant et escriirent:
-Hainnau! et abaissirent les glaves. Li seneschaus
-de Hainnau fu li premiers qui asambla messire Bouchicau, qui
-estoit pour lor jones chevaliers, et fu depuis un moult vaillans
-homs. Il le feri plainne targe un si grant cop, avoecques ce que
-il estoit fors chevaliers et bien monts, que il le bouta jus et passa
-oultre. Li sires de Berlainmont consievi parellement mesire Gui
-Poteron et le reversa jus terre. Chil Hainnuier se fraprent en
-ces Franois et en abatirent jusques sept. Entrues que il entendirent
- euls fianchier et faire rendre, mesires Jaquemes de Surgires
-et bien douse des leurs retournrent sus frain, et prissent
-le cemin viers un village que on appelle Ierin; mais avant que il
-i parvenissent, pour euls sauver, il se boutrent ens s bois d'Aubri,
-et ne savoient o il aloient, car point ne connisoient le pais.
-Qant li seneschaus de Hainnau vei que chil Franois prendoient
-le cemin dou bois, si fist doubte que li Franois n'euissent l jett
-une enbusqe, et que chil qui pris estoient et qui fuioient, n'euissent
-est l envoiiet tout de fait pour descouvrir et pour faire
-sallir hors de Valenchiennes auquns gentils honmes qui s'i tenoient.
-Si fist cesser ses gens de non aler plus avant et non cachier.
-Et se retraissent tout le pas viers Valenchiennes, et enmenrent
-les deus chevaliers prisonniers, messire Bouchicau et
-mesire Gui Poteron, poitevins, et jusques diis de lors compagnons.
-Dont li senescaus acquist grant grasce des Valenchiennois.
-Et messires Jaquemes de Surgires et li autre, qui se boutrent
-ens s bos d'Aubri, se tinrent l et quatirent tout bellement jusques
- tant que li viespres fu venus, et puis issirent hors et vinrent
-tout droit Hurtebise, et de l au pont Trit, et rapassrent
-l'Escaut. Et qant ilz furent venu en l'oost, il comptrent lor aventure,
-et conment messire Bouchicau et mesire Gui Poteron estoient
-demor et pris dou senescal de Hainnau. F<sup>os</sup> 58 et 59.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_14">14</a>, l. 28: Villers.&mdash;<i>Les mss. A et B 3, 4, omettent</i>: Villers
-<i>et mentionnent deux fois</i>: Fanmars.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_207"> 207</a></span>
-P. <a href="#Page_14">14</a>, l. 32 et p. 15, l. 1: pries de Valenchines.&mdash;<i>Ms. B 6</i>:
- demy lieue de Valenchines. F<sup>o</sup> 140.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_15">15</a>, l. 28: d'Anzaing.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>: du Rain.
-F<sup>o</sup> 57. <i>Mauvaise leon.</i></p>
-
-<p>P. <a href="#Page_15">15</a>, l. 32: Poito.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>: Pontieu.
-<i>Mauvaise leon.</i></p>
-
-<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 3: dou jour.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: car on luy dit que cheulx
-de Vallenchines le venroient combatre, car tant orguilleus et
-presumptueux estoient. F<sup>o</sup> 140.</p>
-
-<p class="space"> <b>105.</b> P. <a href="#Page_15">15</a>, l. 15: un grant temps.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: tout
-ce jour de l'Asention. F<sup>o</sup> 59.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: l'espace de cinq heures.
-F<sup>o</sup> 141.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 16: de Castres.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: demi lieue de
-Valenchiennes. F. 59.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 18: li dus d'Athnes.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et li doy
-marescal de France, li contes d'Auchoire. F<sup>o</sup> 41 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 19: trois cens.&mdash;<i>Mss. A 11 17</i>: quatre cens.
-F<sup>o</sup> 56.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: cinq cens. F<sup>o</sup> 141.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 22: le tourielle Goguel.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: le Tourielle
-et Goirel. F<sup>o</sup> 41 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 23: de le ville.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: A che jour estoient en
-la ville de Vallenchine le conte de Warvich et le conte de Kenfort
-que le roy d'Engleterre avoit laissiet Gand dels madamme
-sa femme. Si estoient venu Vallenchines pour la cause de ce
-que on avoit entendu que le duc de Normendie se venoit tenir
-celle part. Ches deux chevaliers avecque la communalet de la
-ville euyssent trop vollentiers veu que (on) fust vidiet contre eulx
-et que on euist recueilliet cheux qui estoient venut jusques a(s)
-bailles. Mais messire Henri d'Anthoing, qui pour le temps estoit
-gardiens de Valenchine de par monseigneur Jehan de Haynau,
-ne le veult oncques consentir, et dist et jura que j personne n'en
-ysceroit; et fist faire le ban, de par le prouvost de la ville, que
-sur la teste nulz ne vidast hors de la ville sans commandement.
-Sy gardrent le porte Cambrisine, o celle estourmye estoit, le
-sire de Mastaing et le sire de Floyon. F<sup>o</sup> 141.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 29: les ardirent.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: et puis la ville d'Asnoy.
-F<sup>o</sup> 142.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 30: de Wintiel.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et puis chevauchirent
-toutte le rivierre contre mont vers Aunoit pour revenir
-<span class="pagenum"><a id="Page_208"> 208</a></span>
-leur grosse bataille; ms en leur chemin il ardirent Aunoit, Felainne,
-Artre, Astriel, Kierenaing, Biaudegnies, et Pois et pluisseurs
-autres villes. F<sup>o</sup> 41 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_17">17</a>, l. 31: par derrire les Chartrois.&mdash;<i>Mss. A 1 6</i>:
-par devers les charroys. F<sup>o</sup> 58.&mdash;<i>Mss. A 20 22</i>: par derrire
-les chariots. F<sup>o</sup> 88.&mdash;<i>Mss. A 11 14, 18, 19</i>: par
-devers les chartois. F<sup>o</sup> 56.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 10 et 11: bien la moitiet.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: que il
-en turent dix et fissent saillir en le rivire, et en y eut ossi des
-noiiz, et furent chil euwireux qui escapper peurent. F<sup>o</sup> 42.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 21: ce soir.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Qant ce vint sus la
-remontire, et que li signeur estoient tout hod et lass de tant
-estre sus lors cevaus, car ce jour il avoient bien petit beu et
-mengi fors sus lors cevaus. F<sup>o</sup> 59.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 21: Maing et Fontenielles.&mdash;<i>Le ms. d'Amiens
-ajoute</i>: et Trit. F<sup>o</sup> 42.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Fontenelles et
-Main, en ces biaus prs. F<sup>o</sup> 59.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 23: Maing.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: A son departement de
-la ville de Maing o il estoit logis, ardirent les Franchois Denaing
-et l'abeie de Fontenelles o madamme sa tante estoit logie,
-mais elle se tenoit Valenchines. F<sup>o</sup> 142.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 25: de Valois.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: o medamme
-Jehanne de Vallois, ante dou dit duc, se tenoit par devotion;
-ms elle n'y estoit mies adonc, ainchois se tenoit en Vallenchiennes.
-F<sup>o</sup> 42.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Madame de Valois, ante
-dou duch de Normendie, n'estoit point pour ces jours Fontenelles,
-mais se tenoit l'ostel de Hollandes Valenchiennes, et
-toutes les dames dou dit monastre; et l avoient amen toutes
-lors coses, car en gerre et en hainne n'a nulle segurt. F<sup>o</sup> 59.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 28: A ce departement.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Le
-jour que li dus de Normendie se parti de Fontenelles et de Maing,
-i eut une grant escarmuche au pont Trith sus l'Escaut; car l
-estoient requeilliet li Haynuyer, hommes des villages de l entours,
-et deffendirent le pont mout vassaument contre lez Franchois
-che qu'il peurent; et l'ewissent bien tenu et deffendu, ms
-li aucun Franchois allrent autour passer l'Escault as planches
-Prouvi, et vinrent Trit, et trouvrent chiaux qui se combatoient
-as Franchois. Lors y eut grant fouleis, et couvint les Haynuier
-partir et leissier le pont et le deffensce. Et passrent touttes mannires
-de gens qui passer veurent, et abatirent ung petit castelet
-<span class="pagenum"><a id="Page_209"> 209</a></span>
-qui l estoit et les moullins, et ardirent toutte le ville et Wercinnel
-ossi; ms depuis furent il reboutet et reculet dou comte
-de Warwich et de se routte, et en y eut bien mors que noiis
-soissante. F<sup>o</sup> 42.</p>
-
-<p>&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: A lor departement, la ville de Maing fu
-toute arse, et la mention de l'abeie de Fontenielles aussi. Chil
-qui cevauoient devant et sus les costs, ardoient villes et hamiaus,
-et ardirent en lor venant Monchiaus, Thians, Douci. Et
-partout il abatirent les moulins, car ces villes sont seans sus
-rivire. Et cevauchirent tant ce jour li Franois que il aprochirent
-Nave et Iwis. Et vint li dus de Normendie mettre son
-sige devant le chastiel d'Escauduevre, seant sus la rivire
-d'Escaut. F<sup>o</sup> 59.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 30: Thians.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22,
-34 36</i>: Thiois. F<sup>o</sup> 58.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_18">18</a>, l. 32 et p. 19, l. 1 18: Ce jour .... sans pit.&mdash;<i>Cet
-alina manque dans tous les mss. A sans exception.</i></p>
-
-<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 20: Escauduevre.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Chil de la garnison
-d'Escauduevre avoient, tout l'ivier et le temps, cuvriiet et
-herriiet ceuls de Cambrai. F<sup>o</sup> 59.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 20: et fort.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: une lieuwe de
-Cambray. F<sup>o</sup> 42.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 25: de Sassegnies.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: uns chevaliers
-de Hainnau. F<sup>o</sup> 59.</p>
-
-<p>&mdash;<i>Ms. B 6</i>: En che temps estoit cappitaine du chastel d'Escauduevre
-sur l'Escault, une bonne lieue de Cambray, messire
-Gerart de Saingnies par l'ordonnance de monseigneur Jehan de
-Haynau qui avoit le gouvernement de la cont de Haynau, entreulx
-que sen nepvreu le conte estoit en Engleterre, sy comme
-chy dessus est dit. Je ne say comment il avint ne par quelle procuration
-che fu fait, mais il vendy le dit chastel et le livra as
-Franchois. Et fu pris le dit chevalier de ceux de Thun, l'issir
-hors de Cambray, o il avoit l'argent avoecq luy. Se fu amens
- Mons en Haynau et l fut justichis, et ung sien escuier avoecq
-luy, qui avoit consenti le mal faire. De le prise du chastel
-d'Escauduevre furent les Haynuierz moult courouchis, car cheulx
-de Cambray l'abatirent rs rs de terre, et en menrent le
-pire leur ville, et en firent faire deux de leur portes, le porte
-Robert et une aultre. F<sup>os</sup> 146 et 147.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 27: ms li dus.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: en traita et parla
-<span class="pagenum"><a id="Page_210"> 210</a></span>
- yaux tant et si bellement messires Godemars (dou<a id="FNanchor_403" href="#Footnote_403" class="fnanchor">&nbsp;[403]</a> Fay), qui
-jadis les connissoit, que.... F<sup>o</sup> 42.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 28: six jours.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: sept jours,
-F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 32: Mariniaus.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et qant il furent
-venu en Hainnau, li saudoiier meismes, qui en Escauduevre
-s'estoient tenu avoecques euls, les prisent au conmandement
-messire Jehan de Hainnau qui se tenoit en la ville de Mons, et
-furent amen devant lui et acus de traison. Onques il ne s'en
-porent escuser de la mise ne delivrer. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_19">19</a>, l. 32: pris.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Vous avs bien chy
-dessus oy recorder le prise d'Escaudoeuvre et coumment messires
-Gerars de Sassegnies et Robers Mariniaux le rendirent. Si n'en
-furent il mies mescreus de premiers, fors tant que li saudoiier
-de dedens furent trop esmervilliet de ceste aventure. Et vinrent
-au jour qu'il fu rendus ou castiel de Thun l'Evesque, qui siet
-asss pris, et recordrent as deux frres de Mauni, Jehan et
-Thieri, ceste mesavenue, et coumment Gerars de Sassegnies lez
-avoit preechiz que il ne se pooient tenir longement contre si
-grant ost que li dus de Normendie. Nient moins et sus cez parolles
-li Franchois y estoient l'endemain entret. Lors demandrent
-li enfant de Mauni qu'il pooit y estre devenus, et il disent
-qu'il ne savoient, ms bien cuidoient qu'il fuist en Cambray. Sus
-ceste parolle chil doy frre de Mauny envoirent espies Cambray,
-qui raportrent que messires Gerars et chilz Robiers y
-estoient. Si furent si bien poursieuwi des deux enfans de Mauny
-qui misent enbuces et agaix sus yaux, que ung jour qu'il estoient
-parti de Cambray, il furent pris de Jehan et de Thieri de Mauni
-et amenet Bouchain et l mis en prison. Tantost apris, Jehan
-de Ma(u)ni s'en vint Mons en Haynnau parler monseigneur de
-Biaumont, et li recorda tout le fait et coumment il lez avoit pris.
-Si lez renvoya querre messires Jehans de Haynnau et ramener
-en Mons en Haynnau. Depuis n'en fist il nient trop longe garde,
-car il lez fist morir honteusement et trayner comme trayteurs
-contre leur seigneur. Che paiement eurent il de leur fourfaiture.
-Et encorres estoit li comtes Guillaummes de Haynnau hors de
-ses pays, dont trop desplaisoit monseigneur de Biaumont son
-oncle. F<sup>o</sup> 42 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_211"> 211</a></span>
-P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 2: de Cambrai.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: machon et carpentier.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 4: leur ville.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et en fu faite li
-porte Robert, qui siet sus Haynnau. F<sup>o</sup> 42.</p>
-
-<p class="space"> <b> 106.</b> P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 9 et 10: voisines.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: .... de
-Mortaigne et de Tournay. F<sup>o</sup> 42.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 13: trois cens.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: quatre cens.
-F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 15: Villars.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 23 33</i>: Villars.
-F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 8 10, 18, 19</i>: Villers. F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A
-11 17, 20 22, 34 36</i>: Villiers. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 16: avoecques.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: messires Gerars
-de Monfaucon, messire Thiebaux de Maruel. F<sup>o</sup> 42.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 17: Wavrain.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Wertain. F<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 19: riens dehors.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: reserv le
-chastiel de Bouchain, qui ne fust tout ars et mis seqution, ne
-nuls ne lor ala au devant. Les bonnes gens du pais d'Ostrevant
-estoient retrait en Valenchiennes, et l avoient amen une partie
-de lors biens, et les bestes cachies ens s bois, ou fait venir ens
-s praieries de Valenchiennes et de Condet, et l les tenoient
-pour eslongier lors ennemis. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 20: Bouain.&mdash;<i>Mss. A 8 17, 34 36</i>: Bouhaing.
-F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_20">20</a>, l. 24: cinq cens ou six cens.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: trois
-cens ou quatre cens. F<sup>o</sup> 42.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 2: Here.&mdash;<i>Mss. A 8 10, 15 17</i>: Hette.
-F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 2: Fenain.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 11 14, 18 36</i>:
-Sonnain, Sonnent, Senaing, Senain. F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 8 10,
-15 17</i>: Fenain, Fenaing. F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 3: Mauni.&mdash;<i>Mss. A</i>: Wargni.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 3: Aubrecicourt.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: .... Buignicourt,
-Maucicourt,... Rouvegny,... Noefville. F<sup>o</sup> 42.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 7: Bouain.&mdash;<i>Mss. A 8 17, 34 36</i>: Bouhaing.
-F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 20: plus pris.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: une lieue en sus
-de l. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_21">21</a>, l. 23: sires.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: quoique la ville (de
-Landrecies) et Avesnes fuissent au conte de Blois. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_212"> 212</a></span>
-P. <a href="#Page_22">22</a>, l. 14: Coulongne.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et en estoit capitainne
-uns esquiers qui se nonmoit Albrest Qose, de Coulongne.
-F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_22">22</a>, l. 25 et 26: li sires de Bousies, Gerars de Mastain et
-Jehans de Mastain.&mdash;<i>Ces Chevaliers ne sont dnomms que dans les
-mss. B et A 7 10, 15 17.</i></p>
-
-<p>P. <a href="#Page_22">22</a>, l. 32: si dur.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: que la proie fu rescouse,
-et Albrest pris et auquns des aultres, et chil qui se sauvrent
-furent cachiet jusques ens s portes de la Malemaison. Si
-raportrent li compagnon le signeur de Potelles tout mort Landrechies.
-Depuis fu il envoiis Valenchiennes sus un char et en
-un linsiel, et ensepvelis en l'eglise des Cordeliers de Valenchiennes.
-Ensi se portent les aventures d'armes. Tels se lieuve au
-matin, qui ne scet qu'i(l) li avenra. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 107.</b> P. <a href="#Page_23">23</a>, l. 8: Bohain.&mdash;<i>Mss. A 23 29</i>: Bouchain.
-F<sup>o</sup> 68.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_23">23</a>, l. 8 et 9: Chastiel en Cambresis.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:
-de Biauvoir et de Sierain, et tint bien et francement le fortrche
-contre lez Franchois. Or parlerons dou duc de Normendie coument
-il vint asegier Thun l'Evesque seant sus Escaut. F<sup>o</sup> 42 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_23">23</a>, l. 10: li Haynuier.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et cevauoient
-moult souvent li Hainnuier sus ceuls de Bohain et de la Malemaison;
-une fois gaegnoient et l'aultre perdoient: ensi estoit tous
-li pais entouellis. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 108.</b> P. <a href="#Page_24">24</a>, l. 10: remoustroient.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: que le
-conte de Haynau et ses gens avoient fait plus de damaige au pais
-de Cambresis et le cit de Cambray que ne fist le roy d'Engleterre.
-F<sup>o</sup> 147 et 148.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_24">24</a>, l. 13 et 14: au ravoir.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et il aroit
-fait ung biau voiaige, car il avoit villainnement ars et escaudet
-le contet de Haynnau. F<sup>o</sup> 42 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_24">24</a>, l. 18: Vermendois.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: en Amiennois,
-en Bar et en Lorrainne. F<sup>o</sup> 60.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_25">25</a>, l. 3: des quelz.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Jehans de Mastaing,
-Bridouls de Thians, Thieris et Hostelars de Soumaing, Gilles Moriaux
-de Lestinnes, Hues d'Aunoit, Sandrais d'Esquarmaing.
-F<sup>o</sup> 43.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_25">25</a>, l. 6: et Thieris.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Jehans de Mauni et
-<span class="pagenum"><a id="Page_213"> 213</a></span>
-Tieris son frre, qui chapitainne en estoient, se reconfortoient en
-ce que il estoient bien pourveu, et aussi que lors sires li contes
-de Hainnau queroit aide et aliances partout, et que de poissance
-li siges seroit levs. Si ne se esbahirent point li Hainnuiers, quoi
-que li enghien jetaissent continuelment, qui lor rompirent tous les
-tois dou dit manage.</p>
-
-<p>Ce sige estant devant Thun l'Evesque, chil de la garnison de
-Bouchain issirent une fois hors, et vinrent au matin cevauchier
-jusques Esqerchin, et trouvrent les honmes en lors lis, et
-prissent desquels que il vodrent. Et puis se missent au retour et
-boutrent le feu en Esqerchin et ardirent Lambres et les fourbours
-de Douai et tout ce qui de France se tenoit, et rentrrent dedens
-la garnison de Bouchain, sans prendre nul damage. Ensi couroient
-les garnisons, l'un sus l'autre, et faisoient les armes.</p>
-
-<p>Chil de la cont de Hainnau s'esmervilloient trop fort que lors
-sires estoit devenus, car il n'en ooient nulles nouvelles. Et en
-parloient li chevalier et li esquier et li consaus des bonnes villes
- messire Jehan de Hainnau, et li disoient: Sire, c'est trop mal
-fait que vous n'envoiis plus especiaulment deviers nostre signeur
-le conte, par quoi il soit bien acertes segnefiis de l'estat de son
-pais. Il i a j plus de siis sepmainnes qu'il se parti, et si n'en ot
-on nulles nouvelles. Se vous les avs, si n'en avons nous nulle
-congnissance. Mesires Jehans de Hainnau respondoit ces paroles
-et disoit: Il n'a pas tenu en ma negligense que je ne
-m'en soie bien acquits. Monsigneur de Hainnau a est en Engleterre,
-et li a li rois d'Engleterre fait trs bonne chire et li a
-proumis, selonch che que il m'a escript et segnefiiet par ses lettres,
-que il sera dedens le jour Saint Jehan, poissance de gens
-d'armes et d'archiers, en la ville de l'Escluse. Et sur ce monsigneur
-mon cousin est departis d'Engleterre, et monta en mer
-Orvelle l o il ariva qant il vint ou pais, et a pris terre Dourdresc
-en Hollandes. Et tous enfourms de l'estat de son pais, et
-pour resister l'encontre de la poissance dou duch de Normendie
-et des Franois, il est als deviers le roi d'Alemagne au seqours,
-et semonre tous les aloiis. Et temprement vous le vers
-revenu en ce pais, et gens d'armes pooir avoecques li. F<sup>o</sup> 60.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_25">25</a>, l. 30: ne l'estoient.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: il devoient
-rendre le fortrche et yaux partir simplement sans riens porter
-dou leur. Et de ce livrrent il deus escuiers gentil hommes hostages,
-pour mieux le duch acouvenenchier. F<sup>o</sup> 43.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_214"> 214</a></span>
-P. <a href="#Page_26">26</a>, l. 1: acorda.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Li auqun, qui consideroient
-le dangier o li Hainnuier estoient, opposoient au treti
-et disoient: Pourquoi lor donroit on jour? Il ne se pueent plus
-tenir. Le chastiel est nostre, se monsigneur le voelt avoir et nous
-aussi. Nequedent toutes ces paroles remoustres, li dus de Normendie
-s'inclina douour, non rigeur, et entendi lor tretti.
-Et i furent recheu, et livrrent plges Gillion de Soumain et
-Tieri de Soumain son frre, Robert de Villers et Hueon d'Aunoit.
-Et cessrent li enghien, et se rafresqirent li compagnon,
-pour lors deniers, de vivres et de vins, et vinrent en l'oost veoir
-le duch qui les vei volentiers, et lor fist donner de son vin bien
-et largement. Et l avoit dedens la forterce une damoiselle gentil
-fenme, qui enclose s'i estoit pour l'amour de son ami Jehan
-de Mauni, et se nonmoit Kateline de Wargni, et estoit des damoiselles
-de l'abeie de Denain. Et estoit si enchainte que sus ses
-jours, et moult avoit est destourbe et travillie dou ject des pires
-des enghiens, tant que tout li compagnon en avoient eu grant
-pit. Si fu mene sauvet Bouchain, et en fu grant nouvelle
-en l'oost des Franois, car par lor dangier et congiet, le couvint
-passer et aler en la garnison de Bouain. F<sup>o</sup> 60.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_26">26</a>, l. 7: par le trettiet devisant.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11
-14, 18 22</i>: pour le traittiet devisier. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_26">26</a>, l. 9: son neveu.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: qui moult s'esmervilla
-dou conte son nepveult qui tant demouroit. Et l'avoit j remandet
-par pluiseurs messaiges, et li avoit escript et contenut
-veritablement l'arsin et le doummaige que ses pays avoit recheus,
-dont li comtes n'estoit mies plus liz, et metoit paynne son retour
- revenir hasteement, et aqueroit amis de tous costz. F<sup>o</sup> 43.</p>
-
-<p class="space"><b> 109.</b> P. <a href="#Page_26">26</a>, l. 22: de Byaumont.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et de
-Chimai. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_26">26</a>, l. 27 et 28: amendet.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et avoit esploiti
-et avanchi ses besongnes que toutes gens d'armes d'Alemagne,
-liqel estoient aloiiet et ahers en la gerre avoecques le
-roi d'Engleterre, le sievoient et par l'ordenance et conmandement
-de Lois le Baivier, roi d'Alemagne et empereour de Ronme.
-F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 11: arroy.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: touttes ses os de
-Haynnau, de Hollande, de Zellande. F<sup>o</sup> 43.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Sy avoit
-en l'ost du dit conte plus de cent milles testes armes. F<sup>o</sup> 149.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_215"> 215</a></span>
-P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 13: Nave.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et s'en vint passer
-Haspre, et vint Nave et Iwis. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 19: Ligne.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: Ligny. F<sup>o</sup> 60.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 19: Barbenon.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: Barbentoing.
-F<sup>o</sup> 60.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 20: Lens.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22</i>: Leul,
-Lueul, Lueil. F<sup>o</sup> 60.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 20: Bailleul.&mdash;<i>Ms. et Amiens</i>: li sires de Moriaums.
-F<sup>o</sup> 43.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 21: de Mons.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: li sires de Faignuelles,...
-li sires de Jeumont, li sires de Solre, li sires de Boussut,...
-li sires de Vendegies,... li sires d'Aubrecicourt, li sires de
-Berlaimont,... li sires de Pottes,... li sires de Ranpemont, li sires
-de Buillemont, li sires de Ville. F<sup>o</sup> 43.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 21 et 22: li sires de Montegni.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:
-li sires de Montegni en Ostrevant,... li sires de Montegny Saint
-Chrestofle. F<sup>o</sup> 43.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 22: Marbais.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 11 14, 18 33</i>:
-Barbais. F<sup>o</sup> 60.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 27: Biauriu.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14</i>: Beaugeu.
-F<sup>o</sup> 60.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 29 et 30: Guillaumes de Namur.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>:
-Jehans de Namur. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 32: de Braibant.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Li dus de Braibant
-fu li darrain venans et amena bien siis cens lances. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_27">27</a>, l. 32: six cens.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: sept cens.
-F<sup>o</sup> 58.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 1: Guerles.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: quatre cens lanches.
-F<sup>o</sup> 43.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: bien trois cens lances de Guerlois.
-F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 1: de Jullers.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: trois cens lanches.
-F<sup>o</sup> 43.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et li contes des Mons bien cinq
-cens lances. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Les marquis de Julliers, de Meissen et
-de Brandebourg ne sont dnomms que dans les mss. B.</i></p>
-
-<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 2: et d'Eurient.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: deus cens lances.
-F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 2: de Blankebourch.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: deus cens
-lanches. F<sup>o</sup> 43.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 3: des Mons.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: li comtes des Mons
-et li comtes de Clves cent lanches. F<sup>o</sup> 43.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>:
-<span class="pagenum"><a id="Page_216"> 216</a></span>
-li contes de Jullers et li contes des Mons bien cinq cens lances.
-F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 3: de Faukemont.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: cinquante lanches.
-F<sup>o</sup> 43.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: bien cent lances. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 4: de Bakehen.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: bien cent lances.
-F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 6 et 7: d'Escaut.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: entre Cambrai
-et Nave. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 110.</b> P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 13: Nave et Yvuis.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: deus
-villages les plus proains de Thun l'Evesque. F<sup>o</sup> 61.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 20: douze.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: trois mille. F<sup>o</sup> 43.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_28">28</a>, l. 29: si poissamment.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: En l'oost le
-conte de Hainnau avoit vingt chinq cens hiaumes. Et vinrent les
-communauts de Brousselles, de Louvain et de Malignes. Et vint
-Jaquemes d'Artevelle et amena de Flandres bien soissante mille
-honmes, et passrent par Audenarde et par Renais et par Leuse
-et par Condet et par Valenchiennes. Et tout se logirent devant
-l'oost le duc de Normendie. Et estoient en l'oost le conte de Hainnau
-plus de cent mille honmes. F<sup>o</sup> 61.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_29">29</a>, l. 2 et 3: delivret.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et encorres duroient
-lez trieuwes entre yaux et chiaux de l'ost de Franche.
-Si envoiirent un hirault deviers le duc de Normendie, en
-lui priant que leurs hostaiges il pewissent ravoir, Jehan de Nordvich,
-un engls et Gillion de Biaurieu. Li dus, qui fu bien consilliz,
-les renvoya, car il n'avoit nul cause dou tenir. F<sup>o</sup> 43.</p>
-
-<p>&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Or i ot manire ravoir les quatre esquiers
-ostagiers que chil de Thun l'Evesque avoient delivr au duch de
-Normendie. Li contes de Hainnau, qui chis estoit de toute cel
-hoost, qant il fu bien consillis, envoia un hiraut deviers le duc de
-Normendie, qui li remoustra conment chil dou chastiel de Thun
-avoient bien tenu leur couvenance, et que dedens les quinse jours
-que mis i avoient, secours lor estoit venus, pour quoi ils voloient
-ravoir lors ostages. Et en oultre mandoit li contes de Hainnau, se
-li dus de Normendie et li Franois voloient avoir la bataille, il
-estoient tout apparilliet que pour le livrer et le faire. Li consauls
-dou duch de Normendie respondi ce et dist que, des ostages
-renvoiier, il estoient consilliet que il les renvoieroient volentiers,
-car voirement il n'avoient nulle cause dou retenir; mais tant que
-d'acorder la bataille, il n'avoit pas mis encore son consel ensamble,
-<span class="pagenum"><a id="Page_217"> 217</a></span>
-et que il en aueroit avis de respondre. Li hiraus retourna sus
-ce et fist sa response. Li ostage furent renvoiiet, et demora li
-chastiaus de Thun l'Evesque ensi tous deschirs. Li Hainnuier
-n'en fissent compte, mais il tinrent grant vaillance ce que Richars
-de Limosin et li enfant de Mauni l'avoient si bien tenu contre
-les Franois. F<sup>o</sup> 61.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_29">29</a>, l. 3: le quatrime jour.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: le sixime
-jour. F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_29">29</a>, l. 15: dou chastiel.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et au partir il
-boutrent le feu en le tour dou castiel de Thun o si longhement
-il s'estoient tenut. Si vinrent messires Richiers de Limozin et li
-enfant de Mauny et li autre compaignon en le tente dou comte de
-Haynnau. F<sup>o</sup> 43.</p>
-
-<p class="space"><b> 111.</b> P. <a href="#Page_30">30</a>, l. 20: combatre.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et le faisoient
-li Franois tout volentiers pour faire le conte de Hainnau
-aleuer son argent, et li bouter en une grande debte encontre les
-Alemans qui ne sont pas trop legier rapaisier. F<sup>o</sup> 61.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_30">30</a>, l. 21: hastieux.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: ms s'il passoit
-l'Escault, il fust tous seurs qu'il seroit combatus. F<sup>o</sup> 43 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_30">30</a>, l. 31: sages.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et si avoit li comtes
-sa fille. F<sup>o</sup> 43 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_31">31</a>, l. 32: faisoient.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et tout enssi
-comme en l'ost haynuier, on se demenoit par conssaux sus l'entente
-de combattre ou de non, ossi en l'ost de France on se
-consilloit et avisoit coumment et par honneur on se maintenroit.
-Bien disoient li pluiseur grant signeur de Franche que li dus
-gisoit l se honneur, car il avoit chevauchiet en Haynnau, ars
-et essilliet le pays et courut devant lez fortrches, et demouret
-ung jour tout entier devant le milleur ville de Haynnau et courut
-et ars jusquez as bailles, et puis assegiz deux castiaux propisses
- Haynnau et trop ennemis au royaume et Cambresis, et ces
-deux castiaux pris et abatus. Et encorres sont il devant leurs
-ennemis, qui pas ne leur veeroient faire ung pont, se faire le
-volloient, fors tant que li Haynuier et li aloiiet sont maintenant
-trop plus fort et plus grant nombre de gens que li Franchoix.
-Si lez fet bon tenir en cel estat, car li comtes de Haynnau gist
-l grant fret, et tellement s'endebtera deviers ces Allemans que
-jamms ne s'en vera quittes ne delivrs, quoy qu'il mande ne
-qu'il se demainne. Se ne li acordz nulle journe. Enssi ou
-<span class="pagenum"><a id="Page_218"> 218</a></span>
-auques pris estoient li parlement de France, si comme j'oy
-recorder depuis deux grans barons de Franche qui y furent,
-monseigneur de Montmorensi et monseigneur de Saint Venant.
-F<sup>o</sup> 43 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 112.</b> P. <a href="#Page_32">32</a>, l. 1: Haynau.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: liquelx li
-looit bien combattre et venir passer l'Escault Bouchain et
-une autre petitte rivierre qui descent d'amont, que on ne poet
-passer gu, qui vient de Oizi en Cambresis et de Alues en
-Pailluel. L falloit leur pourpos, car se il avoient passet l'Escaut
- Bouchain, se leur couvenroit faire un pont sus ceste autre
-rivire. F<sup>o</sup> 43 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_32">32</a>, l. 10: trois jours.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14</i>: jour de
-respit. F<sup>o</sup> 61.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_32">32</a>, l. 15: troisime.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 17</i>: quatrime.
-F<sup>o</sup> 61 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_32">32</a>, l. 16: chevaliers.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et fist armer deux
-chevaliers avoecq lui et trois escuiers. Et montrent li chevalier
-sus courssiers, et li escuier sus bons ronchins. F<sup>o</sup> 44.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_32">32</a>, l. 17 et 18: devant.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: et un aultre
-chevalier qui portoit son pennon devant lui, montez sur bons
-coursiers. F<sup>o</sup> 59.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_32">32</a>, l. 25: Haynau.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: par son tourniquiel
-et ung pignon qu'il faisoit porter de ses armes devant lui. F<sup>o</sup> 44.</p>
-
-<p class="space"> <b> 113.</b> P. <a href="#Page_34">34</a>, l. 7: Edouwart.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Li rois
-Edouwars d'Engleterre avoit, tout l'ivier et le temps, entendu
-ses besongnes et priiet chevaliers et esquiers en son pais et
-quelliet, par priire et par ordenance de don que son peuple li
-avoit fait bon une aide moult grose, grant argent, car il esperoit
-que sus l'est il feroit un grant fait; et sus cel estat, il estoit
-departis des Alemans. Et avoit li dis rois d'Engleterre fait ses
-pourveances moult grandes et moult groses sus la rivire de
-la Tamise en la chit de Londres; et l avoit fait son mandement
-et assambl grant fuisson de nobles, chevaliers et esquiers
-et archiers.</p>
-
-<p>Qant tout fu prest, et la navie cargie, li rois d'Engleterre
-entra en son vassiel. Toutes ses gens entrrent et montrent,
-ensi que ordonn estoit, et se desancrrent dou qai de Londres,
-et singlrent aval la Tamise et vinrent de celle mare devant
-<span class="pagenum"><a id="Page_219"> 219</a></span>
-Gravesaindes; de la seconde mare, devant Mergate, et puis entrrent
-en mer; et pooient estre environ siis vingt vassiaus, nefs,
-balengiers et passagiers, quatre mille honmes d'armes, chevaliers
-et esquiers et douse mille archiers. Et avoient li rois et ses gens
-la mer et le vent pour euls, et nagirent pooir viers la ville de
-l'Escluse en Flandres. Et ne savoient riens les Englois des Normans
-qui se tenoient devant l'Escluse bien quarante mille, et
-atendoient le retour et venue dou roi d'Engleterre. Bien savoient
-les Englois que les Normans esqumeurs estoient sus la mer, ms
-il ne les quidoient pas trouver l'Escluse. Et tout che lor faisoit
-faire li rois de France qui lor voloit brisier lor voiage.</p>
-
-<p>Et estoient li Normant, parmi les Geneuois et Piqars, bien quarante
-mille honmes, desquels mesires Hues Qiers d'Amiennois,
-Barbevaire et Bahucs estoient chis. Et avoient bien deux cens
-vassiaus parmi ceuls des pourveances, et avoient ensi que assis
-la ville de l'Escluse; et n'i pooit nuls entrer ne issir, fors par
-lor congiet. Or avint que, la vegille de la Saint Jehan Baptiste
-que on compta pour lors en l'an de grasce Nostre Signeur mille
-trois cens et quarante, li rois d'Engleterre et sa navie vinrent
-devant l'Escluse, c'est entendre pour prendre port et terre
-pris de Blanqueberghe, deus lieues de l'Escluse, et trouvrent
-la navie des Normans. Des mas qui drecoient contre mont, ce
-sambloit uns grans bois. Qant li rois d'Engleterre et les Englois
-orent congnissance que li Normant estoient devant l'Escluse, et
-ne pooient prendre terre fors par lor dangier, si jettrent lors
-ancres, et se tinrent tout quoi pour entendre lors besongnes
-et ordonner lors batailles. Lors fist li rois d'Engleterre pluisseurs
-chevaliers nouviaus, car bien veirent generaument que combatre
-les couvenoit. Qant la mer fu revenue, il desancrrent et ordonnrent
-tous lors vassiaus; et missent les plus fors devant, et
-les armrent et pourveirent d'archiers. Entre deus nefs d'archiers
-avoit une nef de gens d'armes. F<sup>o</sup> 61.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_34">34</a>, l. 12: par mer.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: bien quatre
-mille hommes d'armes et douze mille archiers. F<sup>o</sup> 44.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_34">34</a>, l. 13: vaissiaus.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: tout quatre mille
-hommes d'armes et huit mille archis. F<sup>o</sup> 151.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_34">34</a>, l. 16: se tenoient.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: devant l'Escluse,
-entre Blancqueberge et Quaisant. F<sup>o</sup> 151.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_34">34</a>, l. 18: sept vingt.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: cent. F<sup>o</sup> 44.&mdash;<i>Mss.
-A 1 6</i>: six vingt. F<sup>o</sup> 59.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_220"> 220</a></span>
-P. <a href="#Page_34">34</a>, l. 20: quarante mille.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Et estoient plus
-de quarante mille hommes, Gheneuois, Normans et Picars, tout
-escumeurs de mer. F<sup>o</sup> 151.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_35">35</a>, l. 5: vassiel.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: qui tant li avoit coustet
-au faire. F<sup>o</sup> 44.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_35">35</a>, l. 20: temps.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: j par le tierme de
-deus ans et plus. F<sup>o</sup> 44.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_35">35</a>, l. 21: trois cens.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: quatre cens
-hommes d'armes et huit cens archiers. F<sup>o</sup> 60.</p>
-
-<p class="space"> <b> 114.</b> P. <a href="#Page_35">35</a>, l. 25: Quant.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Qant tout furent
-ordonn, li vassiel le roi d'Engleterre aprochirent. Che estoit
-biauts et grant plaisance au veoir ces banires et ces estramires
-armoiies des armes des signeurs. Et ce que li Normant moustrrent,
-il desiroient avoir la bataille as Englois. Car, si tretos
-que il les veirent aprochier, il avoient croisiet tous lors vassiaus,
-il traisent les ancres mont, et laissirent les voilles aler, et s'en
-vinrent tout de grant volent sus la navie des Englois. Et ordonnrent
- aler tout devant <i>Cristofle</i>, le grant vassiel, lequel
-en celle meisme ane il avoient conquis sus les Englois. Qant
-Englois et Normans s'encontrrent, il i ot grant hustin; et
-l'entrer l'un dedens l'autre, il abaisirent tous lors voilles.</p>
-
-<p>Ou grant vassiel de <i>Cristofle</i> qui se remoustroit desus tous les
-aultres, avoit bien quatre cens geneuois arbalestriers, liquel conmenchirent
- traire moult roit et moult dur l'aprocier. Li
-Englois recongneurent bien que c'estoit <i>Cristofle</i>, le vassiel qui
-avoit est conquis sus euls. Si furent plus desirant dou reconquerre,
-et l'environnrent de tous ls. Et conmenchirent archier
- traire de grant randon, et aprochier ce vassiel <i>Cristofle</i> et
-les Geneuois qui dedens estoient. Vous savs que archier de l'arc
- main sont trop plus isniel que ne soient arbalestrier. Chil archier
-d'Engleterre, par ouniement traire fort et roit, ensonniirent
-tellement ces Geneuois que il furent mestre et signeur de euls,
-et entrrent dedens <i>Cristofle</i> et le conquissent, et missent mort
-et bort tous les Geneuois que il i trouvrent. En ce vassiel
-pooient bien mille honmes. Tantos il fu pourveus d'archiers et de
-gens d'armes, liquel portrent grant contraire as aultres.</p>
-
-<p>Li rois d'Engleterre, li contes de Pennebruq, li contes de
-Houstidonne et leur bataille bien ordonne et acompagnie de
-gens d'armes et d'archiers, avoient asambl l o mesires Hues
-<span class="pagenum"><a id="Page_221"> 221</a></span>
-Quiers et Bahucs estoient, bien acompagnis aussi de Normans
-et de Geneuois. Et l fu la bataille trs grande et trs perilleuse;
-car chil Normant et chil Geneuois estoient tout esqumeur et
-coustumier de la mer, et trop bien en pooient la painne, car en
-tout lor vivant il n'avoient fait aultre cose que poursievir les
-aventures d'armes sus la mer. Aussi au voir dire, Englois sont
-bonnes gens de mer, car il en sont fait et nourri, et trop bien
-en pueent la painne. C'est trop dure bataille sus mer, et trop
-perilleuse, car il fault atendre l'aventure, ne on ne poet fuir.</p>
-
-<p>Ceste bataille dont je vous parole, fu durement bien combatue
-et longement dura; et conmena la nuit de la Saint Jehan Baptiste
-au matin, ensi que huit heures; mais elle dura jusques
-cinq heures apris nonne, et que la mer fu rale et revenue.
-Considers se l, en ce terme et espasce, il n'i peurent pas avenir
-des grans fais d'armes: oil, car il estoient tout resvilli et ordonn
- ce faire, tant li Englois conme li Normant. F<sup>o</sup> 61 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_36">36</a>, l. 12: devant.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: bien pourveu d'artillerie
-et d'arbalestriers. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_36">36</a>, l. 13: dedens.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: ou plus parfont pour
-mieux combattre. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_36">36</a>, l. 16: ennemis.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: mout fierement et
-moult asprement l traioient li arbalestrier normant et jeneuois
-trs roit et trs vigereusement, et li archier d'Engleterre ossi
-mout songneusement. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_36">36</a>, l. 21: hardiement.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et bien le couvenoit,
-car li Normant avoecques leurs ayewes estoient bien cinq
-contre ung, et tout dur et gent de mer. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_36">36</a>, l. 26: combatre.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et entroient d'un
-vaissiel en aultre li plus legier et vigereux, et li plus batillrent
-l. Se combatoient li aucun, main main, as espies et as haches,
-as espois et as daghes, et luttoient et fesoient merveilles de
-belles appertises d'armes. L crioient li Engls: Saint Jorge!
-Giane! et trop bien assalloient et deffendoient. Et li Normant
-crioient: Franche! et ossi trop bien se combatoient. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 115.</b> P. <a href="#Page_37">37</a>, l. 5: horrible.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et ce qui
-donna trs grant avantage as Englois, ce fu que ens ou conmencement
-de la bataille, il conquisent <i>Cristofle</i> le grant vassiel; et
-qant il l'orent conquis, il le pourveirent d'archiers, et i en i entra
-plus de mille. Et chil archier avoient trs grant avantage de
-<span class="pagenum"><a id="Page_222"> 222</a></span>
-traire au lonc et de ensonniier Normans, liquel n'estoient pas de
-si grant valleur as armes, ne de deffense conme estoient les gens
-d'armes d'Engleterre.</p>
-
-<p>Pour lors li rois d'Engleterre estoit en la flour de sa jonce, et
-point ne s'espargnoit, mais s'aventuroit en la bataile aussi aventureusement
-conme nuls de ses chevaliers, et moustroit bien en
-faisant armes que la besongne estoit sienne. Li rois estoit en un
-vassiel moult fort et moult biel qui avoit est fais, ouvrs et carpents
- Zandvich, et estoit arms et pars de banires et d'estramires
-trs rices, ouvres et armoiies des armes de France et
-d'Engleterre esquarteles; et sus le mast amont avoit une grande
-couronne d'argent dore d'or, qui resplendisoit et flambioit contre
-le solel. D'encoste le roi estoient li contes Henri Derbi, son
-cousin germain, li contes de Norhantonne et li contes de Herfort,
-et avoit quatre chevaliers ses cambrelens, mesires Jehans Candos,
-mesire Richars La Vace, messire Richars de Pennebruge et mesire
-Richars Sturi, tout quatre honmes de grant vaillance. Les
-nefs estoient acroqies et atachies les unes as aultres, et ne se
-pooient departir. Et l avoit dure bataille, et dedens les nefs fait
-tamainte apertise d'armes. Finablement li Englois obtinrent la
-mer et la place. Et furent chil esqumeur normant, piqart, geneuois,
-bidau et prouvenciel desconfi; et trop petit s'en sauvrent,
-car la desconfiture il ne porent. Cause pourquoi, je le
-vous dirai.</p>
-
-<p>Les Englois en venant les avoient enclos entre euls et l'Escluse.
-Se ne pooient requler, fors sus lors ennemis, ne aler
-avant, ne rompre la navie d'Engleterre qui avoient propris tout
-le pasage de la mer. Chil et auqun, qui se quidirent sauver pour
-venir l'Escluse, furent mort davantage; car li Flamenc, qui
-avoient grant haine euls, pour tant que toute la saison il avoient
-cuvriiet et heriiet le pasage l'Escluse, et rob et pilliet sus la
-mer, et n'avoient eu cure qui, les tuoient otant bien sus la
-terre que en la mer, et n'en avoient nulle pit. Et vinrent l, que
-de Bruges, que de Ardenbourc, que de Otebourch, de Blanqueberghe
-et dou Dam, l'Escluse, plus de huit mille honmes qui rafresqirent
-grandement les Englois et parfissent la desconfiture des
-Normans. Barbevaire fu mors et jets de son vassiel en la mer.
-Aussi mesires Hues Qirs ot la teste cope sus le bort de une nef
-et (fu) reverss en la mer. Bahucs fu pris en vie; et pour tant
-que il avoit est tous jours fors lerres et robres sus la mer, li
-<span class="pagenum"><a id="Page_223"> 223</a></span>
-amirauls de la mer d'Engleterre le fist sachier amont une polie
-et pendre un mas et estrangler.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_37">37</a>, l. 15: nonne.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et dura la bataille de
-l'heure de primme jusquez releve. Et adonc vinrent grant gent
-de Flandres, car trs le matin li bailliux de l'Escluze l'avoit fet
-segnefiier Bruges et s villes voisinnes. Si estoient les villes
-touttes esmutes et acourutes piet et cheval et par le Roe,
-cheminans qui mieux mieux pour aidier les Engls. Et s'asamblrent
- l'Escluse grant cantit de Flammens, et entrrent en nefs
-et en barges et en grans vaissiaux espagnols, et s'en vinrent jusquez
- le bataille tout fresk et tout nouviel, et grandement reconfortrent
-les Engls. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_37">37</a>, l. 24: Derbi.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: .... li evesques de
-Lincolle,... li comtes de Norhantonne,... li sires de le Ware,
-messires Loeys de Biaucamp, messires Guillaume Filz Warine,
-li sires de Basset,... li sires de Luzi, messires Guillaume de Windesore,
-messires Thummas de Hollandes, messires Richars de
-Pennebruge,... li sires de Ponchardon, messires Niel Lornich,
-messires Olivier de Clifort, messires Henris de Biaumont, messires
-Francques de le Halle, li sires de Ferires, li sires Despenssier....
-F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 2: Brasseton.&mdash;<i>Mss. A 8 10</i>: Buisseton. F<sup>o</sup> 58.&mdash;<i>Mss.
-A 23 29</i>: Barsseton. F<sup>o</sup> 72 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 9: vassaument.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: avoecq l'ayde de
-leurs archiers. F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 9: secours.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: A ceste desconfiture parfaire
-vinrent les Flamens du Francq de Bruges, de Noefport et
-du pays environ, qui grandement aydrent le roy d'Engleterre et
-le rafresqirent en sa bataille: laquelle bataille fu l'an de grace
-Nostre Seigneur mil trois cens et quarante, le nuit Saint Jehan
-Baptiste. F<sup>o</sup> 149.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 11: Et furent.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Et furent tout ces Normans
-et leur sexte desconfis, mors ou noiis, et messires Hues
-Kiers et Bahucs leur patron mors et mis bort. Sy se sauva
-Barbenaire, Marans et Mestriel; et entrrent en une barge quant
-il virent le desconfiture. Che fu une moult belle journe pour le
-roy d'Engleterre, car il mist l fin plus de quarante mille hommes
-qui tant avoient fait de mal sur la mer que sans nombre;
-ne il n'estoit nul marchans qui devant ceste bataille osast aler
-sur mer. F<sup>o</sup> 149.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_224"> 224</a></span>
-P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 13: noiiet.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: except Barbevaire et
-Maraut qui se sauvrent. Car, quant il virent le desconfiture, il
-entrrent en une barge et fissent tant par rivier qu'il yssirent de
-le bataille et eslongirent les perilx qui moult grant y estoient
-entre leurs gens, car on n'en prendoit nul merchit, ms les
-mettoit on tous bort. L furent mort messires Hues Kiers et
-messires Pierres Bahucs et bien quarante mille saudoiiers, normans,
-pikars, geneuois, bretons, bidaus et gens de touttes queilloites.
-Ceste bataille fu en l'an de grace Nostre Seigneur mil trois
-cens quarante, le jour devant le vegille Saint Jehan Baptiste.
-F<sup>o</sup> 44 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 14: mis (mort).&mdash;<i>Mss. A 7 10, 15 17, 23
-33</i>: mis bort. F<sup>o</sup> 58.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 18 22</i>: perilz et
-noys. F<sup>o</sup> 63.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: mors et noyez et mis au bort.
-F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 19: resjoy.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Adonc dist li dus de
-Braibant que ses pourpos estoit averis et que une autre foix il
-fuist mieux creux et que ses cousins li rois engls, puisqu'il estoit
-dech le mer, lez ensonnieroit temprement, et que bon seroit de
-l'aller vers lui, ensi que on li avoit juret et proummis. L eurent
-li seigneur qui avoecq le comte de Haynnau estoient, conseil et
-advis que d'iaux deslogier le matin et de donner touttes mannierres
-de gens congiet jusques adonc qu'il seroient semons et mandet
-de par yaux ou nom dou roy engls, et que tout li cief des grans
-seigneurs qui l estoient, se retraissent deviers le roy d'Engleterre
-qui s'en venoit Gand. Donc fu criiet et nonchiet en l'ost
-que chacuns devant soleil levant se deslogast. Ossi fu il enssi en
-l'ost le roy de France, car environ mienuit li roys oy lez nouvelles
-que sen arme sour mer estoit toutte perdue et desconfite,
-et que nuls de vaille n'en estoit escapps, et estoit li roys engls
-grant effort venus par dech le mer. De ces nouvelles fu li roys
-de Franche moult courouchis, car il avoit eu grant fianche en
-ces Geneuois et Normans que par yaus fuist li rois engls desconfis
-sus mer et ses voiaiges rompus. De quoy pour le mautalent il
-ordonna le matin deslogier et retraire vers Arras et illoecq
-environ. Enssi furent departies ces deux os que vous m'os recorder,
-de devant Thun, et requeillrent tentes et pavillons et misent
- charoy. Et revint li comtes de Haynnau Vallenchiennes et l
-amena le duc de Braibant, le duc de Gerlles, le comte de Jullers,
-son serourge, le comte de Namur, le marquis de Blancquebourch,
-<span class="pagenum"><a id="Page_225"> 225</a></span>
-monseigneur Jehan de Haynnau son oncle, le marquis de Misse,
-le seigneur de Fauquemont, Jaquemon d'Artevelle, et lez festia
-et honnoura au mieux qu'il peult. Et cil dessus dit fissent leurs
-gens tout bellement retraire et raller en leurs lieux. Et ossi li
-roys de Franche se desloga ceste meysme matine et s'en vint
-Arras, et ducs et comtes avoecq lui, et ne donna nullui congiet,
-car il penssoit bien qu'il en aroit temprement affaire. Or revenrons
-au roy d'Engleterre et coumment il se ordonna apris le
-bataille qu'il eult entre Blancqueberghe et l'Escluze. F<sup>os</sup> 44 v<sup>o</sup>
-et 45.</p>
-
-<p class="space"> <b> 116.</b> P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 26: nakaires.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: tabours,
-cornez et de toutes manires d'instrumens, telement que on n'i
-ouist pas Dieu tonnant. F<sup>o</sup> 61.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_38">38</a>, l. 27: menestrandies.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et amenoit li
-rois d'Engleterre en sa compagnie bien trois cens prestres, les
-quels il avoit mis hors d'Engleterre, pour celebrer et faire l'office
-de Dieu en Flandres. Car papes Clemens V[I], resgnans pour ce
-temps, la requeste et ordenance dou roi de France, avoit jett
-une sentense d'esqumenication par toutes les parties de Flandres.
-Et n'estoit nuls prestres flamens, sus estre encourus en sentense
-esqumenicative, qui osast canter ne faire le divin office, ou estre
-privs de son benefisce, se il le tenoit. Et pour che, la requeste
-et priire dou pais, avoit li rois d'Engleterre amen tant de prestres,
-et pour faire canter en Flandres. F<sup>o</sup> 62.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_39">39</a>, l. 5: l'endemain.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Au tierch jour.
-F<sup>o</sup> 150.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_39">39</a>, l. 10: sus le soir.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22</i>:
-la nuit. F<sup>o</sup> 63.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_39">39</a>, l. 13: part.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et lez dammes ossi qui
-estoient venues veoir et apasses le mer pour l'amour de le roynne
-d'Engleterre qui estoit moult enchainte, et asss tost apris ajut
-d'un biau fil, qui eut nom Jehans contre le duc Jehan de Braibant
-qui le tint as fons. Et fu puis duc de Lancastre de par sa
-femme ma damme Blanche, fille au duch Henri de Lancastre.
-F<sup>o</sup> 45.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_40">40</a>, l. 4: li signeur.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: li dus de Braibant,
-li comtes de Haynnau, li dus de Guerlles, li comtes de Jullers,
-Jaquemes d'Artevelle, qui estoit tous sires et souverains des Flammens.
-F<sup>o</sup> 45.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_226"> 226</a></span>
-P. <a href="#Page_40">40</a>, l. 7: le sizime jour.&mdash;<i>Mss. A 1 7</i>: le huitime
-jour. F<sup>o</sup> 63.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_40">40</a>, l. 18: lieu.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et li comtes de Haynnau
-et messires de Biaumont, ses oncles, demeurrent dals le
-roy et le roynne Gand. F<sup>o</sup> 45.</p>
-
-<p class="space"> <b> 117.</b> P. <a href="#Page_40">40</a>, l. 24: Quant.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Le jour Saint
-Jehan au matin, furent ces nouvelles sceues et publiies devant
-Thun l'Evesque, tant en l'oost dou conte de Hainnau conme dou
-duch de Normendie. Par aparant li Franois ne fissent point trop
-grant compte de ces Normans, et dissent li auqun: On n'a riens
-perdu, se chil esqumeur de mer sont mort et peri. Il n'estoient
-que larron: il ne laisoient point de poisson venir par de de, nous
-n'en poions point avoir pour euls. Li rois de France a lor mort
-gaegniet deux cens mille florins. On lor devoit lors gages de quatre
-mois, et si en est la mer delivre. Ensi, ne aultrement ne
-les plaindoient moult d'onmes en l'oost le roi de France et le
-duch de Normendie. Et li auqun disoient: Puisque li rois d'Engleterre
-a eu celle premire aventure de desconfire les Normans
-et les Geneuois, et que les victores le conmencent agratiier, il
-en auera encores des aultres. Et bien le dist li rois Robers de
-Cecille, de Naples et de Jherusalem, que li senglers de Windesore
-ficeroit encores ses dens moult parfont ens s portes de Paris; et
-chils Edouwars est li senglers de Windesore, ensi que dient les
-prophesies de Merlin selonch le livre de Bructus.</p>
-
-<p>Le jour Saint Jehan Baptiste, en l'an de grasce desus dit, et
-sus le point de neuf heures, issi li rois d'Engleterre de la navie
-qui estoit l'ancre devant l'Escluse, et li signeur d'Engleterre
-aussi; et vinrent en la ville de l'Escluse, et l furent recheu
-grant joie. Et but et manga li rois un petit, et puis tout de piet
-il vint Ardenbourc veoir le ymage de Nostre Dame, en cause
-de devotion, et l fu tout le jour. Et l le vinrent veoir li bourgois
-de Bruges qui lui recordrent des besongnes de Flandres, et
-conment Jaquemes d'Artevelle, ses grans amis, estoit avoecques
-le conte de Hainnau et le duch de Braibant et les Alemans, bien
-soisante mille Flamens, l'encontre dou duch de Normendie logis,
-et couroit renonme que il i aueroit bataille. Ces paroles entendi
-li rois d'Engleterre volentiers, pour tant que d'Artevelle
-estoit si bien en la grasce des Flamens que il les menoit o il
-voloit. Si mist tantos li dis rois clers en oeuvre et messagiers, et
-<span class="pagenum"><a id="Page_227"> 227</a></span>
-escripsi au conte de Hainnau et ces signeurs le duch de Braibant,
-le duch de Guerles, le conte de Jullers et tous les aultres,
-son estat et la manire de l'estat et victore que il avoit eu sus mer
- l'encontre des Normans. Et qant il ot fait ce pour quoi il estoit
-venus Nostre Dame d'Ardenbourch, ils et auquns signeurs montrent
-sus chevaus que on lor amena de Bruges, et cevauchirent
-et vinrent Gant, et trouvrent madame la roine Phelippe, qui
-nouvellement estoit releve d'un biau fil, liquels avait non
-Jehans, contre le duch Jehan de Braibant, et puis fu dus de Lancastre.</p>
-
-<p>Li rois et la roine qui estoit logie l'abeie de Saint Pire se
-conjoirent, ce fu raisons, ensi que gens qui s'entramoient grandement.
-Si se tint l li rois et s'i rafresqi. Et aussi fissent li
-signeur d'Engleterre et lors gens, et s'espardirent petit petit
-parmi le pais de Flandres, ens s bonnes villes et aillours, et
-estoient par tout conjoi et requelliet liement, car il paioient bien
-tout ce que il prendoient.</p>
-
-<p>Qant li signeur d'Alemagne, qui gisoient devant Thun l'Evesque,
-furent segnefiiet dou roi d'Engleterre que il estoit Gant,
-et que l les atendoit, si en furent grandement resjoy, et orent
-l consel l'un par l'autre que il se deslogeroient et iroient veoir
-le roi Gant. Si se deslogirent et se departirent premierement
-tantos les communauts de Flandres, de Hainnau et de Braibant,
-et retournrent en lors villes. Ensi se desrompi ceste grande
-assamble. Et li dus de Normendie se retraist en Cambrai, et
-donna grant fuisson de ses gens d'armes congiet, et les envoia
-par garnisons, et par especial en Lille, en Douai et en Tournai,
-sus les frontires de Flandres. Et pour ce que renonme couroit
-que li rois d'Engleterre et li aloiiet venroient mettre le sige
-devant la chit de Tournai, on i envoia le conte de Fois et le
-conte de Conminges, le visconte de Bruninqiel, le visconte de
-Talar, le visconte de Villemur et le visconte de Nerbonne, bien
-cinq cens armeures de fier, de Bidaus et de Foisois. Et encores
-furent envoiiet en Mortagne, seans sus l'Escaut, li sires de Biaujeu
- tout grant fuisson de Bourgignons et de Biaujolois. En
-la ville de Saint Amant en Peule furent envoiiet biaucop de
-Bidaus dardes et pavais, des quels mesires Pires de Carchasonne,
-uns moult jentils cevaliers, estoit capitaine. Toutes les
-garnisons franoises de l environ furent pourveues de ce que il
-lor besongnoit, pour atendre l'aventure et passer la saison. Et
-<span class="pagenum"><a id="Page_228"> 228</a></span>
-se tint li dus de Normandie Cambrai un lonch temps, et li rois
-de France se tenoit Pieronne en Vermendois, et donnoient
-saudes tous geneuois et prouvenchiaus arbalestriers; et qant
-il estoient paiiet pour trois mois, on les envoioit oultre sus les
-pas(s)ages et frontires, l o on supposoit que il besongnoient.</p>
-
-<p>Qant li contes de Hainnau et li baron d'Alemagne et li dus de
-Braibant se departirent de l'oost de devant Thun l'Evesque, il
-se traissent ce retour Valenchiennes, et tout dis Jaquemart
-d'Artevelle en lor compagnie, ne on ne faisoit riens sans lui,
-pour tant que toute Flandres estoit en son obeissance, et tenoit
-un estat aussi estof conme li dus de Gerles, et plus grant. Et
-par especial li contes de Hainnau et li dus de Braibant le tenoient
-grandement amour, pour tant que lor pais marcissent Flandres:
-si en pooient estre aidi dou jour l'endemain. Li contes
-de Hainnau et la contesse sa fenme requelli ces signeurs en Valenchiennes
-moult grandement, et lor fist des biaus disners et
-soupers, cinq jours que il i furent. Et l preeca li dis d'Artevelle
-enmi le marchiet, et estoit monts en la hale des signeurs, l o
-ou anonce les bans, et fu volentiers os, car il avoit grant sens
-et bielle parleure. Et remoustra quel droit li rois d'Engleterre
-avoit au calenge de la couronne de France, et ausi qule poissance
-li troi pais avoient, Flandres, Hainnaus et Braibant, qant
-il estoient conjoint ensamble et d'un acord et aliance. Chils
-Jaquemes d'Artevelle parla si proprement la plaisance dou
-peuple, qui l estoit asambls pour or ce que il voloit dire, que,
-qant il conclut son sermon, une vois generaus et murmurations
-se eslevrent en disant: d'Artevelle a bien parl et par grande
-experiense, et est dignes de gouvrener et excerser le pais de
-Flandres.</p>
-
-<p>Apris toutes ces coses faites et dittes, li signeur, liquel
-estoient Valenchiennes, prissent congiet l'un l'aultre, et
-eurent ordenance de estre dedens siis jours apris Gant deviers
-le roi d'Engleterre, et i furent. Et les rechut li rois d'Engleterre
-et la roine liement et doucement, et l parlementrent ensamble.
-Et fu l acord que li rois d'Engleterre venroit Villevort, o
-autrefois avoit est, et l seroient li signeur tout chil qui presentement
-estoient Gant, et pluisseur aultre qui point n'estoient
-l. Donc se departirent dou roi d'Engleterre et s'en retournrent
-li dus de Braibant en son pais, et li contes de Hainnau Valenchiennes
-o la contesse sa fenme se tenoit. Mais li signeur
-<span class="pagenum"><a id="Page_229"> 229</a></span>
-d'Alemagne demorrent Brouselles et Malignes et Louvaing,
-pour estre plus apparilliet au jour de ce parlement; et li
-dis Renauls de Gerles, serouges au roi d'Engleterre, demora
-Gant, et vint Villevort avoecques le dit roi. F<sup>os</sup> 62 v<sup>o</sup> et 63.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_41">41</a>, l. 3: car.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 20 22</i>: il
-s'en doubtoit plus que d'autres (<i>Mss. A 11 14</i>: d'autre ville
-qu'il eust) pour cause des Flamens. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_41">41</a>, l. 5: Biaugeu.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: le sires de la
-Baume. F<sup>o</sup> 61 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 2 6</i>: le sire de Wauvrins. F<sup>o</sup> 63
-v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 1, 18 23</i>: Beaurieu.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_41">41</a>, l. 17: guerre.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: pour obvier
-l'effusion de sang et la grant destruction du peuple et de
-l'Eglise qui s'en povoient ensuir. F<sup>o</sup> 61 v<sup>o</sup>.</p>
-
-
-<p class="space"> <b> 118.</b> P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 5: oncles.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et leurs conssaux,
-li ducs.... F<sup>o</sup> 45.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 7: des Mons.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: de Vaudemont.
-F<sup>o</sup> 62.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 8: Faukemont.&mdash;<i>Ms. d Amiens</i>: .... li comtes de
-Los. F<sup>o</sup> 45.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 9: d'Artevelle.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: conme souverains
-de Flandres. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 12: deus ou quatre.&mdash;<i>Mss. A 8 10</i>: trois ou
-quatre. F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: deus ou trois vaillans
-bourgois. F<sup>o</sup> 62.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 27: seelet.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: sus painne de encourir
-en contredit de Ronme et sentense d'Empereur. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_42">42</a>, l. 30: monnoie.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: une monnoie sannable
-d'un quind, d'un poix et d'une forge. F<sup>o</sup> 45.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 5: Tournay.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: car s'il avoient
-Tournai leur volloir, il iroient par toutte Franche jusquez
-Compigne et jusques Coisi leur vollent. Et li Flammencq
-assiegeroient legierement Lille et Douay et prenderoient toudis
-leurs pourveanches Tournay, que nulz ne leur poroit destourner.
-F<sup>o</sup> 45.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 13: estat.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et li rois d'Engleterre
-et Jaquemes d'Artevelle retournrent Gant. Trois jours apris
-la revenue dou roi d'Engleterre Gant, s'acoua la fenme de ce
-d'Artevelle d'un fil, et ot nom Phelippes contre la (roine) d'Engleterre,
-et le tinrent fons li rois d'Engleterre et la roine. Chils
-<span class="pagenum"><a id="Page_230"> 230</a></span>
-enfes, nonms Phelippes, fu depuis moult sages et bacelereus, et
-obtint tout le pais de Flandres l'encontre dou conte et des signeurs
-et dou roi de France, ensi que vous ors recorder avant
-en l'istore. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 119.</b> P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 14: Phelippes.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: qui se tenoit
- Pieronne en Vermendois et estoit tenus ou l environ, depuis
-que son fil le duc de Normendie avoit fait sa cevauchie ens
-ou pais de Hainnau. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 25: de Poitiers.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Aimemon de
-Pommiers. F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 28: de Kaieus.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: .... monseigneur
-Godemar dou Fay, le seigneur de Rainneval,... le seigneur de
-Merlo, monseigneur d'Aufemont, monseigneur de Saint Venant,
-tout grant baron. F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Le ms. B 6 ajoute</i>: le seigneur
-de Bresekes. F<sup>o</sup> 154.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 28: senescal.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: mareschal.
-F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_43">43</a>, l. 28: Poito.&mdash;<i>Ms. A 1</i>: Pontieu. F<sup>o</sup> 61 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 9: regardrent.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: .... as portes, as murs,
-as barbakennes, as bailles et tout che que necessit leur estoit
-en la ville. F<sup>o</sup> 154.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 10: artillerie.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et as enghiens, as
-kanons et as espringalles, et les missent bien point. Et regardrent
-as pourveanches de le ville, comment elle estoit avitaillie.
-Si fissent wuidier grant fuisson de menues gens qui n'estoient
-mies bien pourveu, et y fissent venir vins, blz, avoines et grant
-fuisson de char, tant que la chit fu en point et en estat pour li
-tenir ung grant temps. F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 11: besongnoit.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Et cheux qui bien
-n'estoient pourveu pour atendre le sige, il les firent partir.
-F<sup>o</sup> 155.</p>
-
-<p class="space"> <b> 120.</b> P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 18: li termes.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Quant le jour
-de la Madelaine fut venus et que les bls estoient par les camps
-asss bons pour les chevaulx et les avainnes. F<sup>o</sup> 155.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 21: meurir.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Li bleds et les avainnes
-as camps commenoient meurer, et li fain estoient fen et
-les auquns fener, et c'est li temps que les gens d'armes demandent
-pour euls et pour lors cevaus. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_231"> 231</a></span>
-P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 21: engls.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: volt moustrer meute
-pour esmouvoir tous les aultres, et avoit requelliet tous les Englois
-qui espars estoient en Flandres, en Hainnau et en Braibant,
-et se departi de Gant. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 22: sept.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: huit. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 23: deus.&mdash;<i>dit. de Verard et de D. Sauvage</i>:
-huit. <i>Edit. de Lyon</i>, 1559, p. 69.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 23: deus cens.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: quatre cens. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 24: chevaliers.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: En ces quatre cens
-chevaliers estoient vint et wit baners, tous grans signeurs, et les
-contes doubles baners, et menoient casquns de ces signeurs
-grant arroi. Et estoit mesires Robers d'Artois ou nombre de ces
-contes, car on le nonmoit le conte de Ricemont; et pooit celle
-terre de Ricemont valoir en revenue par an environ siis mille
-florins. Et li avoit li rois donne pour tenir son estat, car conment
-que messires Robers d'Artois fust banis et escachis de
-France, ensi que ichi desus est dit, il estoit li uns des plus nobles
-de sanc et des gentils honmes des Crestiiens, et issus de la
-droite generation dou roi saint Lois. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 24: quatre mille.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: six mille. F<sup>o</sup> 155.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 25: neuf mille.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: douse mille. F<sup>o</sup> 63
-v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: dix mille archis et otant de Galois. F<sup>o</sup> 155.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_44">44</a>, l. 25: pietaille.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: sanz les petaulx,
-tuffes et guieliers. F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 2: vingt mille.&mdash;<i>Ms. A 3</i>: dix mille.&mdash;<i>Ms. de
-Rome</i>: sans chevaliers et esquiers, dont il ot plus de quatre cens.
-F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>&mdash;<i>Ms. B 6</i>: tout quatre mille hommes, que chevaliers,
-que escuiiers, et trente mille communiers. F<sup>o</sup> 156.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 5: terre.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: car l estoient de son
-pays tout li gentils hommes et chil dez bonnes villes de Brouxelles,
-de Louvaing, de Malines, d'Anwiers et de touttes les aultres.
-F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 6: pont Ries.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: pont de mer.
-F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 7: le Pire.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14</i>: les prs de
-la porte Valenciennoise. F<sup>os</sup> 64 v<sup>o</sup> et 65.&mdash;<i>Mss. A 7, 18 33</i>: les
-prs et la porte Valenciennoise. F<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 8 10, 15
- 17, B 3</i>: l'Empire et la porte Valenciennoise. F<sup>o</sup> 59.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 9: Haynau.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: En aprs vint le conte de
-Haynau, le conte de Namur en sa compaignie, monseigneur Jehan
-<span class="pagenum"><a id="Page_232"> 232</a></span>
-de Haynau son oncle, le seigneur d'Engien, le seigneur de Havrech,
-le seigneur de Lingne, de Lens, le seigneur de Brabenchon,
-le senescal de Haynau, le seigneur d'Antoing. Et avoit bien
-le dit conte deux mil lanches, tant de Haynau comme de Hollande,
-et vingt mil Hollandois. Sy se loga le dit conte au ls devers
-Explechin. F<sup>o</sup> 155.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 11 et 12: signeur.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et li roys
-d'Engleterre et toutte sa gent estoient deviers le porte Saint Martin,
-sus le chemin de Lille. F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 14: soissante mille.&mdash;<i>Edit. de D. Sauvage</i>: quarante
-mille. Lyon, 1559, p. 69.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 21: aise.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et chariier sans peril;
-et aussi li Braibenon, liquel estoient logiet sus le Pir, ensi que
-li Escaus entre en la chit de Tournai, avoient parellement fait
-un tel pont. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 23: des Mons.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: de Vaudemont.
-F<sup>o</sup> 63.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 24: Bakehen.&mdash;<i>Mss. d'Amiens et de Rome</i>: ... messires
-Guillaumes de Duvort. F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 25: devers.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: les Marvis, au ls
-deviers Hainnau; et comprendoient lors logeis jusques la porte
-de Sainte Fontainne. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 28: Tournay.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: qui est de grant cirquit.
-F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 30: fust.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Li contes de Namur s'estoit
-esquss deviers le conte de Hainnau, de qui il relieuve sa
-terre et l'en doit service, pour tant que il n'estoit pas chis de la
-besongne, mais li rois d'Engleterre; et ne se voloit pas armer li
-dis contes contre le roiaulme de France. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_45">45</a>, l. 32: fust.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Et les nombra on, et estoient
-bien deux cens milles hommes. Et estoient logiet par telle
-manire que nul n'en povoit entrer ne yssir en la ville qu'il ne
-fust veus. Et avoient ceulx de Tournay, pour eulx mieulx forteffier,
-enterret sept de leur portes. F<sup>o</sup> 156.</p>
-
-<p class="space"> <b> 121.</b> P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 5: yawe.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: par le rivierre
-d'Escault. F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: car il lor venoient de Flandres,
-de Hainnau et de Braibant. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 8: mention.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et plus en fissent li
-Hainnuiier que nuls des aultres. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_233"> 233</a></span>
-P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 9: Haynau.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Le conte de Haynau.... ardy
-en poudre la ville d'Orchies et plus de quarante villaiges ens ou
-pais. Et assaly Saint Amant et de forche le prist; et furent tous
-mors cheulx qui dedens estoient, et le senescal de Carcasone ossy
-qui cappitaine en estoit, et ly abeie ars(e) et destruite. Et depuis
-revint le dit conte devant le castiel de Mortaigne et le fist assaillir
-de deux costs par trois jours. Mais le sire de Beaugeu, qui
-dedens estoit avoecques foison de bonne gens d'armes, le garda
-et deffendy sy bien que point de damaige il n'y eult ne cheulx de
-le fortrche. F<sup>o</sup> 157.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 9 et 10: entreprendans.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et messires
-Jehans de Hainnau, son oncle, avoient si fort encargiet ceste
-guerre, et pris en si grant desplaisance et despit la cevauchie
-que li dus de Normendie avoit fait en Hainnau, que il ne le pooient
-ne voloient oubliier. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 13: se parti.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: li dis contes et ses
-oncles. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 15: Lille.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et vinrent ardoir Habourdins
-et Seclin, Ronchins et tous les villages de l environ,
-et la ville et abbeie de Chisoing et Baissi et tous le pais jusques
-au pont Raisse une lieue de Douai, et puis s'en retournrent
-viers Landas et viers Orchies et les ardirent. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 24 et 25: contour.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: en le Peule,
-et le ville de Marchiennes ossi et tout le pays costiant le rivire
-de Scarp jusquez au castiau de Rieulay qui se tient de Haynnau.
-Et coururent si coureur bien pris de Douay. F<sup>o</sup> 45 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_46">46</a>, l. 27: Flamench.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: qui estoient logiet
- la porte Sainte Fontainne. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_47">47</a>, l. 7: chevalier.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et vous di que li
-bon chevalier que li roys de Franche y avoit envoiiz, leur fisent
-grant confort, et tint Tournay en honneur. Et fissent li Flammencq,
-entre les autres assaux, un assaut trs fort et trs mervilleus et
-par especial sour le rivierre d'Escault, et avoient nefs armes et
-grant fuisson de bonnes gens dedens. Et aprochirent ces nefs
-jusques le barbakanne de le porte couleiche de l'arche sus l'Escault,
-et volloient par l entrer en le ville et hantoient Flamencq
-de haces, de pils et d'autres instrummens ordonns et aprests
-pour rompre. L estoient as gharittes d'amont li comtes de Foix
-et si frre, messires Robiers Bertrans, marescaux de France, messires
-Joffroys de Carni, li sires de Kaieus, et servoient chiaux d'aval
-<span class="pagenum"><a id="Page_234"> 234</a></span>
-tellement qu'il n'y avoit si hardit qui ne resongnaist. Encorres
-estoient dez barons de Franche en nefs sur l'Eskault par
-dedens le ville, li senescaux de Poitau, messires Gerars de Montfaucon,
-messires Mahieux de Trie, messires Godemars dou Fay,
-et estoient l'encontre des assallans et se deffendoient vaillamment.
-F<sup>o</sup> 46.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_47">47</a>, l. 9: appareillis.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et avoient en ces
-nefs arbalestriers qui traioient ceuls de dedens, les quels il convenoit
-estre bien pavescis, ou il euissent trop grandement perdu.
-F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_47">47</a>, l. 13: six vingt.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: huit vingt.
-F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 122.</b> P. <a href="#Page_47">47</a>, l. 15: Le sige.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Le sige
-estant devant Tournai, issirent hors de Saint Amant li saudoiier
-qui l estoient, et vinrent Hanon une petite lieue de l, et
-passrent les bos. Si ardirent la ville et violrent l'abeie, et le
-destruisirent et le moustier aussi, et enportrent et menrent
-tout ce que de bon il i trouvrent; mais en devant ce, li abbes
-de Hanon et li monne avoient amen lor fitre et lors jeuiauls et
-les reliques sauvet en la ville de Valenchiennes.</p>
-
-<p>Qant li saudoiier de Saint Amant orent ce fait, il s'avalrent
-parmi les bois que on dist de Rainmes, et vinrent l'abeie de Vicongue,
-et ardirent l'ostel dou Pourcelet, et abatirent le conduit
-de une fontainne qui l estoit, et vinrent la porte de l'abeie de
-Vicongne, et le conmenchirent asallir. Pour ces jours, il i avoit
-un abbet, mout vaillant honme, qui se nonmoit Godefroi. Qant il
-considera le peril de ces bidaus, il fist monter un varlet ceval,
-et se parti de l'abeie par derrire, et vint au ferir des esporons
-Valenchiennes et au sequours.</p>
-
-<p>Pour ces jours, estoit prevos de Valenchiennes uns moult vaillans
-homs qui se nonmoit Jehans de Baisci, qui entendi as requestes
-que dans abbes de Vicongne faisoit, car moult l'amoit et l'abeie
-aussi. Si ordonna tantos arbalestriers et honmes bien cinq cens
-partir et aler Vicongne, pour aidier l'abeie. Chil qui furent
-esleu se departirent tantos, et prissent le cemin de Rainmes. Et
-bien lor besongna que il se delivrassent dou venir au seqours
-pour l'abeie, car li saudoiier de Saint Amant avoient fait un gran
-feu devant la porte de l'abeie, pour le ardoir et entrer dedens;
-mais li abbes desus nonms, qui bien se doubtoit de tout ce, avoit
-<span class="pagenum"><a id="Page_235"> 235</a></span>
-fait armer et vestir la porte de quirs de vaces tout le poil, par
-quoi li feus ne se peuist legierement prendre, ne atachier la porte.</p>
-
-<p>De ces bidaus qui l estoient venu, en i avoit auquns qui en
-estoient al et parti de lor compagnons pour pillier Rainmes.
-Chil de la ville de Rainmes avoient relev les fosss deus costs
-deviers le bois, et fait deffense unes grandes bailles; et l ot
-grande escarmuce, et tant que li arbalestrier de Valenchiennes
-aprocirent. Chil bidau les veirent venir sus la caucie et lor banire
-tout devant; et avoec ce il orent dire ces gens de Rainmes
-qui l se deffendoient et escarmuoient: Veci seqours qui nous
-vient; vechi les Valenciennois. Ces paroles oes et les arbalestriers
-veus, chil bidau se missent tantos au retour, et entrrent
-ens s bos de Saint Amant, et se sauvrent, et retournrent en
-la ville.</p>
-
-<p>Et li Valenchiennois vinrent jusques Vicongne, et estindirent
-le feu qui estoit devant la porte. Li abbes Godefrois les remercia
-grandement de ce seqours, et fist tourner un tonniel de vin sus
-le fons et lor fist boire, et puis retournrent Vallenchiennes. Et
-li abbes de Vicongne fist tantos coper les bos tout autour de son
-abbeie et devant aussi, par quoi on ne peuist chevauchier ne venir
-aisiement jusques l. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 5: lui.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: environ quarante arbalestriers
-et otant d'archiers main. F<sup>o</sup> 46.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 5: Raimes.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: en ce petit bos qui
-regarde sus le voie de le cauchie dou Pourcelet, liquelle chauche
-estoit adonc toutte seme de Franchois qui Vicongne volloient
-destruire. F<sup>o</sup> 46.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 10: bos.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et chiaux qui les
-traioient ne pooient avenir, car il y avoit grandes rouillies et fort
-bos entr'iaux. F<sup>o</sup> 46.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 11: retour.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: car il se doubtrent
-qu'il n'y ewist plus de gens qu'il n'y avoit. F<sup>o</sup> 46.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 12: mieulz.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et li arbalestriers de
-Vallenchiennes, tout costiant lez bos, les reboutrent si avant
-qu'il en delivrrent le chauchie. Et fu li abbeie deffendue, et li
-feulx estains, qui devant le porte estoit. Et fist chils abbes copper
-grant fuisson de bos par derierre, affin que on ne les pewist approchier;
-et par devant, o point de bos n'avoit, il fist faire grans
-fosss et parfons et larges. F<sup>o</sup> 46.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 13 et 14: Gascongne.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Si comme
-<span class="pagenum"><a id="Page_236"> 236</a></span>
-je vous recorde, che sige durant devant Tournay, avinrent pluisseurs
-avenues et grans fs d'armes, tant en France comme en
-Gascoingne et en Escoche, qui ne font mies oubliier, car ainssi
-l'ai je proummis messires et mestres ou coummenchement de
-mon livre, que tous les biaux fs d'armes dont j'ay le memore
-et le juste infourmation, je les remeteray avant, j soit ce que
-messires Jehans li Biaux en ses cronikes n'en fait mies de tous
-mention. Ms ungs homs ne puet mies tout savoir, car ces guerres
-estoient si grandes et si dures et si enrachines de tous costs
-que on y a tantost oubliiet quelque cose, qui n'y prent songneusement
-garde.</p>
-
-<p>Et pour ce voeil revenir ung petit au comte de Laille qui,
-comme roys de Franche, se tenoit en Gascoingne, et faisoit de
-celle saison grant guerre contre les Gascons qui pour le roy
-d'Engleterre se tenoient. Et estoit avoecq lui li comtes de Comminges,
-li comtes de Pieregorth, li viscomtes de Villemur, le
-viscontes de Talar, li comtes de Bruniqiel, li viscontes de Carmaing,
-li viscontes de Murendon, et pluisseur autre baron et
-chevalier. Et estoient bien six mille cheval et dix mil piet,
-et avoient j reconcquis pluisseurs bonnes villes et castiaux, tant
-que Bregerach, Condon, Sainte Basille, Penne, Lango, Prudaire,
-Zebillach. Et avoient partout mis gens et garnisons pour deffendre
-et tenir ces castiaux, et seoient devant le Riole, une bonne
-ville et fort castiel. Si en estoit adonc capitaine ungs chevaliers
-engls qui s'appielloit messires Jehans li Boutilliers, qui longement
-et vassaument le tint contre les Franois. Ms finablement il fu si
-mens et si appresss par assaulx d'enghiens et d'autres besoingnes,
-et si veoit ossi que nuls comfors ne li appairoit, car il n'avoit
-homme en Gascoingne adonc, seigneur de Labreth ne autre,
-qui se meuist ne resistast as Franchois de riens, ms gardoient
-chacuns leurs fortrches au mieux qu'il pooient. Si traita li cappittainne
-de le Riole, par le consseil et acord de chiaux de le ville,
- le rendre au comte de Laille parmy tant qu'il s'en devoit partir,
-et chil qui partir s'en volloient, sans dammaige; ms il, ne chil
-qui avoecq lui se partiroient, ne se pooient armer toutte l'anne
-contre yaus ens s marches et frontierres de Gascoingne. Chilz
-marchis fu tenus, et li ville et li castiaux de le Riolle rendus. Et
-y entrrent li Franchois baudement, et prisent le feault et le serment
-de chiaux de le ville, et y misent ung chevalier gascon que
-on appelloit messire Raimmon Segni.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_237"> 237</a></span>
-Apris le prise de le Riole et le chevalier dessus noummet ens
-laissiet, et le ville pourvue et rafreschie de touttes coses qui
-appertenans y estoient, li comtes de Laille eut consseil qu'il yroit
-devant Auberoche et l'asegeroit et ne s'en partiroit jusques tant
-qu'il l'aroit. Si se parti appertement de le Riolle et fist arouter
-tout son charoy et ses pourveances, et esploita tant qu'il vint devant
-le bonne ville de Auberoche et le assiega de tous poins environneement,
-et y fist faire et livrer pluisseurs assaux grans et
-mervilleux, ms chil de dedens se deffendoient bien et vaillamment.
-Et en estoit adonc souverains et gardiiens de par le roy
-d'Engleterre messires Helies de Pummiers, frres au seigneur de
-Pummiers, liquelx avoit avoecq lui bonne bachelerie et apperte,
-qui moult songneux estoient de garder le ville et de enhorter les
-bourgois de le ville qu'il fuissent loyal et preudomme enviers
-leur seigneur le roy Edouwart d'Engleterre. Enssi se portoit li
-affaire; on gerrioit de tous ls. Li roys engls seoit devant Tournai
-et ardoit et exilloit le pays d'environ. Et li comtes de Laille
-et li autre comte et baron li ardoient et assegoient son pays en
-Gascoingne. Ossi li Escot li faisoient une trs forte gerre par de
-del au costet deviers Escoche, si comme vous ors chy apris.
-F<sup>o</sup> 46 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 16: six mille.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: huit mille.
-F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_48">48</a>, l. 22: la Barde.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22</i>:
-la Bourde, la Borde. F<sup>o</sup> 65 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 123.</b> P. <a href="#Page_49">49</a>, l. 1: Vous devs.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Endementroes
-que li siges estoit devant Tournay, qui y fu grans et
-lons, et bien dura par l'espasse de onze sepmainnes, li ennemic
-au roy d'Engleterre se pourveoient de tous ls lui porter contraire
-et damage au coummandement et l'ordonnanche dou roy
-de Franche, et par especial li baron et chevalier du royaumme
-d'Escoce. Vous avs bien oy chy devant recorder coumment li
-rois engls chevaucha en Escoche et conquist Bervic, Rossebourch,
-Haindebourch, Struvelin, Dalquest et pluisseurs fortrces,
-et ardi et essilla toutte le plainne Escoche jusques en
-Abredane et jusquez le ville Saint Jehan. Et tout ce fist ainschoix
-qu'il entrepresist le gherre au roy Phelippe de Franche,
-par tant que li roys David d'Escoce ne volloit point relever le
-royaume d'Escoce dou roy engls, car ses gens ne li souffroient.
-<span class="pagenum"><a id="Page_238"> 238</a></span>
-Et dient et maintiennent que li Englz n'ont nul droit ce demander,
-et li Englz moustrent le contraire. Par enssi y est la
-gherre et a estet longement et sera encorres ainchois que la cose
-soit declairie, car li Escot aimment otant le gherre que le ps
-as Engls, especialement li bachelerie d'Escoce; ne de feus, ne
-de arssins que li Engls fachent en leur pays, il ne font nul
-compte, car il ne edefient pas maisson de grant coustaige: il
-en ont une faite et parfaite, pour demourer leur usaige asss
-aisiement, en mains de cinq jours. Et quant il sentent que li
-Engls doient venir en leur pays, il requeillent leurs bestes et le
-leur, dont il ne sont gaires ensonniiet, car il ne font compte de
-grant meuble, et se mtent ens s foris, boutent le feu en leurs
-maisons, affin que li Engls n'en aient point d'aise. Et quant li Engls
-sont retret en leurs pays, il se requeillent et cevauchent hardiement
-sour yaux, et entrent en le contre de Northonbrelant, qui
-fu jadis royaummes dou tamps le roy Artus, et en l'evesquet
-de Durem, et se contrevengent bien de leur dammaige. Ensi
-courent une fois li Escot sus lez Engls et puis li Engls sus les
-Escos, et maintiennent toudis le gherre que leur predicesseur
-ont maintenu.</p>
-
-<p>Or seurent li seigneur d'Escoce, qui le pays adonc gouvernoient
-de par le roy David leur seigneur, qui estoit en Franche,
-ensi com vous avs oy, que li roys engls seoit devant Tournay
-et en avoit menet toutte le fleur de se chevalerie, et que li
-royaummes d'Engleterre estoit ensi que tous wis, et que li comtes
-de Sallebrin, messires Guillaumes de Montagut, qui tant de
-dammaiges leur avoit fs et ports, estoit pris dez Franchoix et
-emprisonns en Castelet en Paris, et li comtes de Sufforch
-avoecq lui, ossi messires Gautier de Mauni estoit avoecq le roy
-devant Tournay. Si s'avisrent li ung par l'autre, c'est assavoir
-messires Guillaumes de Douglas, neveus monseigneur Guillaumme
-de Douglas qui demoura en Espaigne, ensi comme vous
-avs oy, li comtes de Moret, filz au comte de Moret qui demoura
-avoecq le dessus dit, messires Robers de Versi, messires
-Simons Fresiel, Alixandres de Ramesay, qui en Dubretan se
-tenoient, que il metteroient une chevauchie sus et enteroient en
-Engleterre, ardant et exillant le pays et par especial le comt
-de Sallebrin, pour ce que li comtes leur avoit fs pluisseurs
-dammaiges. Si se queillirent secretement et rassamblrent de
-plusieurs lieux, et misent et ordonnrent ung certain jour qu'il
-<span class="pagenum"><a id="Page_239"> 239</a></span>
-seroient en le forest de Gedours au jour qu'il noummrent et
-devisrent. Chil qui mandet y furent, vinrent sans defallir.</p>
-
-<p>Quant chil seigneur d'Escoce se virent tout enssamble, si eurent
-consseil et consideration l o il se trairoient premierement
-pour porter plus grant dammaige as Engls: si i eut l pluiseurs
-parolles retournes et devises entre yaux. Li aucun volloient
-que leur chevaucie fuist emploiie en Engleterre, et li autre
-disoient qu'il vauroit trop mieux, et plus honnerable et pourfitable
-leur seroit que il mesissent painne et dilligence raquerre
-les castiaux et les fortrces que pardus avoient, que de cevauchier
-plus avant; car espoir chil qui les castiaux tenoient en
-Escoce, leur poroient parardoir et destruire tout le remannant
-de leur pays, quant parti s'en seroient. Chilz conssaux et advis
-fu tenus. Et s'avisa messires Guillaummes de Douglas d'une
-grande et haulte emprise et le dist au comte de Moret, sen cousin,
- messire Simon Fresel et Alixandre de Ramesai, tant seullement,
-liquel s'accordrent moult bien lui et disent qu'il li
-aideroient parfurnir, quel coron que venir en deuissent.
-Or vous diray de l'emprise dou dessus dist chevalier, quelle elle
-fu, car elle ne fet mies oubliier, tant fu perilleuse et hautainne.
-F<sup>os</sup> 46 v<sup>o</sup> et 47.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_51">51</a>, l. 10: deus cens.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: trois cens. F<sup>o</sup> 47.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_51">51</a>, l. 20 et 21: dis ou douze.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: jusques
- douze. F<sup>o</sup> 47.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_51">51</a>, l. 23: capiaus.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: de rude fautre.
-F<sup>o</sup> 47.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_52">52</a>, l. 10: paour.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: de le cit de Bervic.
-F<sup>o</sup> 47.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_53">53</a>, l. 1: si treize.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: si douze. F<sup>o</sup> 47.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_54">54</a>, l. 5: jour.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et segnefiirent leur
-aventure chiaux de leur pays qui Dubretan les atendoient,
-qui de cez nouvelles furent moult joyant. F<sup>o</sup> 47 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_54">54</a>, l. 8 et 9: d'Escoce.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: tous hommes
-de fief du roy d'Escoce. F<sup>o</sup> 65.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_54">54</a>, l. 9: Ensi.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Quant messires Robers
-de Versi et li autre chevalier d'Escoce sceurent que Haindebourch
-estoit repris par le subtilit et hardement de monseigneur Guillaumme
-de Douglas, si se partirent de Dubretan: ce de gens
-estoient bien deux mille hommes d'armes et quatre mille piet;
-et esploitirent tant qu'il vinrent Haindebourch. Et l s'asamblrent
-<span class="pagenum"><a id="Page_240"> 240</a></span>
-et dissent entr'iaux, puis qu'il avoient ung si bon commencement
-que repris le plus fort castiel que li Engls leur
-avoient tollut, il se metteroient en paine de reconcquerre tous
-lez autres, et puis aprs chevaucheroient sus Engleterre. Si se
-partirent de Haindebourch, quant il l'eurent bien pourveu de
-tout ce qui y besongnoit et mis dedens cappittainne et compaignons
-pour le garder, et s'en vinrent devant Dalquest cinq
-lieuwes de Haindebourch, ung trs bel fort de l'hiretaige le
-comte de Douglas, et l'avoient li Engls concquis. Quant messires
-Guillaummes de Douglas et tout sen ost fu l venus, il fist environner
-le castiel et drechier enghiens par devant le mestre tour
-qui est grosse et quarrie, et le fist assaillir mout fierement. Chil
-dedens se deffendirent comme bonne gent, et estoient asss bien
-pourveus d'artillerie. Si traioient chiaux dehors et se fuissent
-bien tenut ung grant temps, se il esperaissent confort ne secours
-de nul costet; ms il sentoient le roy engls oultre le mer, le
-comte de Sallebrin en prison, le castiel de Haindebourch repris.
-Si en estoient en plus grant esmay, car messires Guillaumme de
-Douglas leur avoit bien baptisiet que, se par forche il estoient
-pris, de leurs vies ne seroit riens; et se partir bellement s'en
-volloient, il les lairoit aller sans peril jusques Bervich. Dont
-finablement, tout consideret, li Englz qui en Dalquest estoient,
-rendirent le chastiel, sauve leur vies et leurs armures, et s'en
-partirent sans dammaige. Par enssi reut messires Guillaume de
-Douglas son castiel, dont il eut grant joie, et lequel oncques
-depuis il ne perdi.</p>
-
-<p>Apris le reconcqus dou castiel de Dalquest, et que li Escot
-l'eurent bien pourveu et messire Guillaume de Douglas mis ens
-cappitainne et compaignons son plaisir, il chevauchirent et
-vinrent Dombare seant sur le mer, et l avoit une grosse tour
-et saudoiiers engls qui durement herioient le pays. Li Escot
-l'environnrent et le fissent assaillir d'enghiens et le prissent de
-forche le cinquime jour qu'il y furent venut, et ochirent tous
-chiaux qui dedens estoient, et abandonnrent le tour abattre
-as villains dou pays, laquelle fu tantost abatue rs rz de
-terre. Et quant il eurent ce fait, il eurent avis qu'il s'en yroient
-devant Dondieu. Donc se deslogirent il de Dombare et esploitirent
-tant qu'il vinrent Dondieu et l'asegirent de tous costs.
-Dedens estoit ungs chevaliers engls, cousins au comte de Sallebrin,
-et l'apielloit on messires Thummas Brike, bon bacheler et
-<span class="pagenum"><a id="Page_241"> 241</a></span>
-sceur as armes, et dist que le castiel il ne renderoit pour morir.
-Chil de le ville tinrent un grant temps sen opinion, maugret
-yaulx, car il estoient Escos: si se fuissent vollentiers retourn
-plus tempre qu'il ne fesissent. Touttes fois messires Guillaumme
-de Douglas et li Escot sirent tant devant que cil de le ville se
-rendirent, et prissent de force messire Thumas et le livrrent as
-barons d'Escoce qui le retinrent pour prisonnier et l'envoiirent
-en Haindebourch prisonnier, puis se partirent de Dondieu et s'en
-vinrent Donfremelin, une bonne ville et bien freme: si l'asegirent
-et n'y furent que trois jours quant il se rendirent.</p>
-
-<p>Que vous feroie je loncq compte? En ceste meysme saison, entroes
-que li roys engls estoit par dech le mer, messires Guillaume
-de Douglas, li comtes de Mouret, li contes Patris, messires
-Robers de Versi, messires Simons Fresel, Alixandres de Ramesay
-et pluiseurs autres chevaliers d'Escoce avoecq les bachelers et les
-escuyers reconquisent moult dou pays d'Escoce perdu, et s'en
-vinrent finalment devant Struvelin, ung trs fort castel et trs
-bel, seant sus ung bras de mer l'un dez lz et d'autre part sus
-une roche, et l'asegirent communaument de grant vollent. Et
-leur sanbloit que, se il ravoient ce castiel, il seroient ensi que
-tout au dessus de leur pays o li Englz avoient j demouret plus
-de troix ans; pour ce y mettoient il grant painne et grant cure
- le ravoir. Or lairons parler des Escos. Quant tamps et lieux
-sera, nous y retourons. Si parlerons dou sige de Tournay et
-coumment il fu persevers. F<sup>o</sup> 47 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 124.</b>, P. <a href="#Page_54">54</a>, l. 16: six vingt mille.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: plus
-de cent mille. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 10: royaume.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: que tout fuissent
-assamblet Arras, Lille et Douay, au jour qui ordonns y
-estoit. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 12: Bar.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: ... l'evesque de Lige,
-l'evesque de Mis.... F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 17: gens.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: qui le vinrent servir
-bien quinze cens lanches. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 18: revinrent.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: li dus de Normendie,
-aisns fils au roy de Franche. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 18: Bretagne.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: plus de mil lanches,
-chevaliers et escuiers, de son pays. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 19: Bourgongne.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: ses filz. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_242"> 242</a></span>
-P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 19: d'Alenon.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: frres au roy de
-Franche. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, 21: Blois.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: messires Charles de
-Blois,... li comtes d'Auoire, li comtes de Ventadour, li comtes
-de Bouloingne, li comtes de Sansoire, li comtes de Tancarville,
-li comtes de Saint Pol, li comtes d'Aumale,... li sires de Sulli, li
-sires de Pons, messires Goffrois de Harcourt, li viscomtes de
-Rohan, li sires de Partenay, li sires de Montmorensi. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_55">55</a>, l. 25: detriemens.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et s'asamblrent
- Arras et l environ, Lille, Douay, Bietunne, Lens et l
-environ. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p class="space"> <b> 125.</b> P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 2: venus.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: li aucun par
-priire, li aultre par feault et par hommage. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 7: Tournay.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et s'en vinrent logier
-au Pont Bouvines et jusques au Pont Tresin, et point ne passrent
-non par mannierre de logeis. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 10: estroit.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: car trois hommes de
-front grant mesaise le pewissent cevauchier. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 12: combiner.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et se logirent li
-roys de Behaingne et li evesques Aoulz de Lige et touttes leurs
-gens asss pris de ce pont. Quant toutte li os fu amanagie et logie,
-il fu ordonnet de par le roy de Franche que li comtes de
-Flandre, li dus d'Athnes, li viscoens de Touars, li comtes de
-Sallesebruges, li sires de Cram regardaissent et advisaissent sus
-celle rivire. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 26: au pont Tressin.&mdash;<i>Mss. A 1 6</i>: au pont
- Crecy et entre le pont et Bovines. F<sup>o</sup> 68.&mdash;<i>Mss. A 7 10, 15
-17</i>: au pont Tressin et entre le pont de Bouvines. F<sup>o</sup> 62.&mdash;<i>Mss.
-A 11 14</i>: Crecy, entre le pont et Bovines. F<sup>o</sup> 66.&mdash;<i>Mss.
-A 18, 19, 30 33</i>: au pont de Tressin et entre le pont de
-Bouvines. F<sup>o</sup> 68.&mdash;<i>Mss. A 20 22</i>: entre le pont Tressin et
-le pont Bouvines. F<sup>o</sup> 102.&mdash;<i>Mss. A 23 29</i>: au pont de
-Tressin et emprs le pont de Bouvines. F<sup>o</sup> 78.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 27: ennemis.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: pour comforter
-chiaux de Tournay qui vaillamment et bellement se tiennent contre
-les Engls, car, pour escarmuche ne pour assaut que on y
-face, en riens ne s'effrent ne se desroient ossi. Il y a dedens
-bonne chevalerie, sage et avise, qui svent de guerre asss pour
-yaux tenir et deffendre. F<sup>o</sup> 48.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_243"> 243</a></span>
-P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 31: alemant.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: preux et hardis et
-qui tout troi avoient nom Conrart, par lesquelx ens ou pays de
-Ostrevant avoient estet fait pluiseurs biaux fs d'armes sus les
-frontires de Douay, de Marchiennes, de Alues en Pailloel, de
-Cambresis et d'Artois. F<sup>o</sup> 48 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_56">56</a>, l. 32: Bouchain.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 18 33</i>: Bouchain.&mdash;<i>Mss.
-A 8 17</i>: Bohaing, Bouhaing.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_57">57</a>, l. 8: Leusennich.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 23 33</i>:
-Lansemich, Lensemiich.&mdash;<i>Mss. A 18, 19</i>: Lansennich.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_57">57</a>, l. 11: l'Escaut.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et le Haynne. F<sup>o</sup> 48 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_57">57</a>, l. 11: Condet.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Ensi que il cevauoient,
-euls vintime tant seulement, et estoient entre Frane et Escaupons,
-deus villages qui sont entre Valenchiennes et Condet, il
-regardrent sur les camps et veirent gens fuians, et moustroient
-que il estoient en grant effroi. Si cevauchirent au devant et
-leur demandrent pourquoi il fuioient. Il respondirent: Nous
-fuions sauvet, car chi en ce village sont entr auqun compagnon
-franois, et creons bien que il sont issu de Mortagne, et requellent
-la proie et l'asamblent, et avoecques tout ce il ont j pris
-honmes et fenmes que il en voellent mener. Qant chil chevalier
-entendirent ces paroles: Retourns, bonnes gens, nous irons
-veoir que c'est. Et sont il grant fuisson?&mdash;En non Dieu,
-signeur, respondirent il, i(l) sont plus de cent. Donc demandrent
-li chevalier: Et conment appelle on celle ville ce grant
-clochier? Il respondirent: Frane.&mdash;Or als celle part,
-dissent li chevalier, et esmouvs les honmes de Frane, et faites
-recoper les cloces, par quoi tout s'esmuevent fenmes et honmes
-de la ville, et les faites tous issir hors, car nous les poursieverons
-et meterons en enbusque au lonc de celle haie, et verons quels
-gens ils sont, et lors calengerons lor proie. Il le fissent tout ensi
-et vinrent Frane, et trouvrent les honmes de la ville qui gardoient
-lor moustier. Se lor dissent ces nouvelles.</p>
-
-<p>En celle prope heure vint l li sires de Frane qui venoit de
-Valenchiennes, et estoit l establis pour aidier garder la ville,
-et j savoit que il i avoit pillars venus Bruel et Escaupons, et
-avoient aquelliet la proie des praieries. Si voloit, selonc sa poissance,
-deffendre et garder ses gens et sa ville, et estoient diis
-lances et vint arbalestriers. Qant il o ces nouvelles de ceuls de
-la garnison de Bouain, si en fu tous resjois, car il les sentoit
-moult vaillans honmes, et requella tous les honmes aidables de
-<span class="pagenum"><a id="Page_244"> 244</a></span>
-sa ville, et fist ensi que li premier li avoient dit. Ces saudoiiers de
-Mortagne, qant il orent fait lor quelloite, il missent ensamble
-bien deus cens bestes, et prissent lor retour, et les fissent cachier
-devant euls. Et tout ce veirent chil qui estoient en enbusque, et
-les laisirent passer et aler tout oultre, et j estoient ou bois,
-qant chil de Frane vinrent. Qant il furent tout ensamble, il se
-missent au cemin le bon pas, et poursievirent ceuls qui enmenoient
-la proie et biaucop de prisonniers, et ne pooient tos aler
-pour la cause dou bestail.</p>
-
-<p>Ensi que asss pris de Nostre Dame ou Bos il raconsievirent
-ces pillars, voires li honme de ceval premierement, et conmenchirent
- escriier Hainnau! et abaisirent les glaves, et se
-boutrent entre euls, et en rurent jus de lors cevaus de premires
-venues sept. Li aultre se missent deffense, car il i avoit
-des gentilshonmes qui l estoient venu pour gaegnier, ensi que
-auqun baceler s'avancent. L ot bon hustin et dur, et moustrrent
-li Franois deffense; mais chil Alemant estoient droite gens
-d'armes, et bien us et coustum de tels besongnes. Et avint que
-avoecques le confort des gens de piet, arbalestriers et aultres qui
-les sievoient, la proie fu rescouse, et tout chil et celles qui pris
-estoient, delivret; et en i ot des Franois mors jusques quinze
-et pris plus de vint cinq, et li autre se boutrent en bos et se
-sauvrent.</p>
-
-<p>Ce service fissent li doi chevalier alemant qui issu estoient de
-Bouain, ceuls de Bruel et d'Escaupons; et furent li prisonnier
-menet Valenchiennes, Condet et Mons en Hainnau. Si furent
-li varlet pendu et noiiet, et li gentilhonme ranonnet. Et li
-doi chevalier alemant et li sires de Frane en lor compagnie vinrent
-au sige devant Tournai, et trouvrent le conte de Hainnau qui
-lor fist bonne chire. F<sup>o</sup>s 65 v<sup>o</sup> et 66.</p>
-
-<p class="space"> <b> 126.</b> P. <a href="#Page_58">58</a>, l. 24 et 25: au pont Tressin.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:
-au pont Bouvines. F<sup>o</sup> 48 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: viers le
-pont Tresin, ou cemin de Lille et de Tournai, et moult i a biaus
-pais et plain. Et passrent Froiane et Basieu, et cevauoient as
-aventures, ensi que compagnon font qui se desirent avanchier
-et avoir bonne renonme. F<sup>o</sup> 66.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 2: l'evesque.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Aoul de Lige, qui l
-estoit avoecques le roi de France. F<sup>o</sup> 66.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 2: de Lige.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: qui estoit ses sires. F<sup>o</sup> 159.
-<span class="pagenum"><a id="Page_245"> 245</a></span></p>
-
-<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 2: Liegois.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et li Hasbegnon, qui
-s'estoient levet bien matin. F<sup>o</sup> 66.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 4: plains.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: en ce plain pais de
-Tournesis. F<sup>o</sup> 66.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 10: pont.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: pour aler viers Lille.
-F<sup>o</sup> 66.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 12 et 13: ordonnrent.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: messire
-Wauflars de le Crois ordonna. F<sup>o</sup> 66.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 16: Sorres.&mdash;<i>Mss. A 8 10</i>: Sorce. F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss.
-A 15 17</i>: Sore. F<sup>o</sup> 68 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Le nom de ce chevalier
-manque dans les autres mss. A.</i></p>
-
-<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 19: avant.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: car il estoient bien
-mont et furent decheu par la bruine, car il ne veoient point
-lonch ne autour de euls, et ne se donnrent de garde. F<sup>o</sup> 66.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 22: li sires.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: de Montmorensy.
-F<sup>o</sup> 160.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 22: Rodemach.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: de le duc de
-Luxembourcq. F<sup>o</sup> 48 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_59">59</a>, l. 28: esprouvrent.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: mais la force
-des Lucembrins et des Liegois les sourmonta. F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 11: bouter.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: en ung vert chemin entre
-sauchois et mars, et se bouta entre rosiauls et fontaines et autres
-petis buissons, et dist que l il se tenroit jusques la nuit.
-F<sup>o</sup> 160.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 12: temps.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et s'avisa qu'il s'i
-tenroit bien jusques le nuit que il cevauceroit plus avant, ou il
-rapasseroit le pont. Ms il n'en vint pas sen entente, car il y fu
-ce meysme jour trouvs et pris et rendus au roy de Franche,
-dont il eult grant joie, car il li avoit fait pluisseurs contraires.
-F<sup>os</sup> 48 v<sup>o</sup> et 49.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et j avoit il laissiet aler son
-ceval. Il ne voloit sauver que son corps, car trop resongnoit
-estre pris pour les haines que chil de Lille avoient sur lui.
-F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 15: banire.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et fu la banire
-mesire Guillaume de Bailluel conquise. Donc fu consillis li dis
-messires Guillaumes que il rapas(s)ast le pont: si ques, tout en combatant
-et faisant armes, il le rapas(s)a et ses gens aussi, et avoient
-biau cop de painne. Qant il fu oultre le pont, il fu qui li dist:
-Sire, sauvs vous, car la journe est contre nous. Il tint ce
-consel et se ala et pas(s)a tant de l'un l'autre que il s'embla et
-<span class="pagenum"><a id="Page_246"> 246</a></span>
-feri ceval des esporons, et deus de ses honmes tant seullement:
-chil se sauvrent. F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 16: A ces cops.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: tantos apris ce
-que messires Guillaumes de Bailluel fu departis. F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 17: Bailluel.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: frres mainnz
-monseigneur Guillaumme de Bailloel. F<sup>o</sup> 49.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 26: armes.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: car la brisure des
-deus frres estoit moult petite, et crioient tout doi: Moriaums!
-F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_60">60</a>, l. 26 et 27: vairiet contre vairiet.&mdash;<i>Mss. A 8 10,
-20 22</i>: barres contre barres, deux chevrons de gueules.
-F<sup>o</sup> 63.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 2: Gontiers.&mdash;<i>Mss. A 11 14, 20 33</i>: Gaultier,
-Gautier. F<sup>o</sup> 69.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 2 et 3: Pontelarce.&mdash;<i>Mss. A 15 33</i>: Pont de
-l'Arche. F<sup>o</sup> 68 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14</i>: Poncharche, Pontarche,
-Poucharche. F<sup>o</sup> 69.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 6: Daniaus.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14</i>: Damas.
-F<sup>o</sup> 69.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 7: aultre.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Des siis vint qui parti
-au matin estoient de l'oost le conte de Hainnau, il n'en retournrent
-que douse, que tout ne fuissent mort ou pris. F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 8: Bailluel.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et messires Robers
-ses frres obtint le place, et eurent li Liegois le journe pour
-yaux, de quoy li roys de Franche leur sceut grant gret. F<sup>o</sup> 49.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 12: nuit.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: mais il ne peut, car li
-sires de Saint Venant et ses gens le trouvrent en la rosire o
-il reclamoient un faucon que il avoient perdu. F<sup>o</sup> 66 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_61">61</a>, l. 15: Saint Venant.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Montmorency.
-F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 4: ennemis.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: il l'enmenrent en lor
-ville, et le tinrent en prison tant que il vesqi. F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 4: morir.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: de moult cruelle mort et
-grant martire. F<sup>o</sup> 162.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 5: raenon.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: Ainsi fina honteusement
-monseigneur Wafflart de la Croix. F<sup>o</sup> 69.</p>
-
-<p class="space"> <b> 127.</b> P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 10: Haynau.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Nouvelles vinrent
-en l'oost devant Tournai au conte de Hainnau, que li saudoiier de
-Saint Amant estoient issu et avoient ars la ville de Hanon et l'abeie.
-<span class="pagenum"><a id="Page_247"> 247</a></span>
-Et encores avoecques tout ce il estoient retourn par Vicongne
-et avoient ars la maison dou Pourcelet et abatu le moulin
-et la fontainne, et s'estoient mis en grant painne de destruire et
-ardoir la belle abbeie de Vicongne; mais li Valenchiennois l'en
-avoient sauv et respit par le secours de cinq cens compagnons
-que il i avoient envoiet. Donc crola li contes de Hainnau la teste
-et dist: Chil de Saint Amant sont trop reveleus: il les nous
-fault aler veoir, et ceuls de Mortagne aussi, mais ce sera plus
-proainnement que il ne quident. F<sup>o</sup> 64 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 15: sis cens.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: sept cens. F<sup>o</sup> 64 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 23: Biaugeu.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: liquels se nonmoit
-Edouwars,... et avoit avoecques lui des Bourgignons et des Savoiiens
-biaucop et toute flour de gens d'armes. F<sup>o</sup> 64 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 29: douse cens.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: quatorze cens.
-F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 30: pilos.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et duroit chilz pilotis
-tout au loncq de le rivierre. F<sup>o</sup> 49.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_62">62</a>, l. 31: costs.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: avoecques ses Hainnuiers
-et Hollandois. F<sup>o</sup> 65.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_63">63</a>, l. 1: l'autre.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et se departirent de
-Valenchiennes bien douse mille honmes. Et les conduisoient li doi
-prevost de la ville, Jehans de Baisi et mesire Gilles li Ramonniers.
-Et vinrent passer Condet les deus rivires de Hainne et
-l'Eschaut, et ceminrent piet et ceval tant que il furent devant
-Mortagne. F<sup>o</sup> 64 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_63">63</a>, l. 6: le Scarp.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 11 14, 23 29</i>:
-l'Escaut. F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_63">63</a>, l. 9: Mande.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 18 33</i>: Mante.
-F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 7 10</i>: Mande. F<sup>o</sup> 64 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 11
-14</i>: Manre. F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: Saint Mande. F<sup>o</sup> 69
-v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et Saint Amand. F<sup>o</sup> 49.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_63">63</a>, l. 12: quatre cens.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: trois cens. F<sup>o</sup> 49.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_63">63</a>, l. 18: part.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: au ls deviers Mande,
- la porte qui oeuvre sus le Scarp; et ses cousins li sires de Saint
-Gorge estoit la porte d'Escaut, par o on va Antoing et en
-Hainnau. F<sup>o</sup> 65.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_63">63</a>, l. 25: en l'aigue.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: terre et en le
-rivire de Scarpe qui noiiet fuissent, se il n'ewissent evut bon secours.
-F<sup>o</sup> 49.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_64">64</a>, l. 3: engien.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et deus espringalles:
-<span class="pagenum"><a id="Page_248"> 248</a></span>
-li enghiens jettoit pires de fais dedens la ville; et les espringalles,
-groses plonmes. L estoient li arbalestrier de Valenchiennes
-arout, et traioient pooir sus les deffendans, dou quel trait il
-en blechirent pluisseurs. F<sup>o</sup> 65.</p>
-
-<p class="space"> <b> 128.</b> P. <a href="#Page_64">64</a>, l. 23: l'Escaut.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: plus de
-douze cens. F<sup>o</sup> 49.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_64">64</a>, l. 27: fait.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: que tout au mieux venir,
-on n'en aroit meut hors de l'aighe une douzaine le jour.
-F<sup>o</sup> 49.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_65">65</a>, l. 9: esbahi.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: dou sens de l'enghigneour
-de Mortaigne, et dissent bien que uns telx mestres estoit
-dignes de vivre. F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 129.</b> P. <a href="#Page_65">65</a>, l. 12: deus nuis et trois jours.&mdash;<i>Mss. A 11
- 14 et A 1</i>: deux jours et trois nuiz. F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_65">65</a>, l. 12: conquisent.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Avant i ot plus
-de lors gens navrs et blecis que des Franois, car, parler
-par raison et considerer toutes coses, Mortagne dals Tournai
-est trop forte place; et pour ces jours elle estoit pourveue de
-bonnes gens d'armes, sage et confort, et ne fust garder plus
-perilleuse forterce asss de deffense que ceste ne soit. F<sup>o</sup> 65.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_65">65</a>, l. 16: ville.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et dedens trois jours
-apris fuissent devant Saint Amand, car il y seroit ossi. Ces
-nouvelles oes en l'ost de Vallenchiennes, il se partirent et deslogirent
-et tourssrent tout et missent voie; ms au partir il
-violrent et desrompirent trop diviersement l'abbeie de Castiaux,
-dont ce fu pitz. F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_65">65</a>, l. 27 et 28: trois mille.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: quatre
-mille. F<sup>o</sup> 70.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_66">66</a>, l. 1: veoir.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: car moult les hayoit
-pour le cause de l'abbeie de Hanon qu'il avoient ars. F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_66">66</a>, l. 4: d'och.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: cousins l'evesque de
-Cambrai, Guillaumme d'Ausoire. Et estoit chils de chiaux de
-Mirepois et senescaus de Carkasonne, et l envoiiz en garnison
-de par le roy de France. F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: mesire
-Pire de Charcasonne. F<sup>o</sup> 65.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_66">66</a>, l. 16: l'abbeye.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: reliques et aournemens
-de moustier, F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_67">67</a>, l. 2: bidau.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: bidau et Geneuois ne
-<span class="pagenum"><a id="Page_249"> 249</a></span>
-s'en faisoient que truffer, et torquoient de leurs capperons lez
-murs de le ville, quant li arbalestrier avoient trait. F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms.
-de Rome</i>: et ne faisoient compte des Hainnuiers et par
-especial des Valenchiennois. F<sup>o</sup> 65.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_67">67</a>, l. 13: d'armes.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: plus de douze
-cens lances. F<sup>o</sup> 50.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_67">67</a>, l. 14: au ls.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: derire l'abbeie. F<sup>o</sup> 50.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_68">68</a>, l. 23: fuison.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: car chil qui entr
-estoient, entrues que li premier se conbatoient, alrent ouvrir les
-portes de la ville. Si entrrent ens li Valenchiennois, et tout chil
-qui entrer i vodrent, par le pont de Scarp, et li aultre par la
-porte de Tournai. F<sup>o</sup> 95 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 130.</b> P. <a href="#Page_69">69</a>, l. 13: occis.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: dont il en
-desplaisi grandement au conte de Hainnau, et euist volentiers
-veu que on l'euist pris sus et retenu en vie. F<sup>o</sup> 65 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_69">69</a>, l. 16: destruite.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et se s'en sauvrent
-pluisseurs qui se boutrent par derrire en le Scarp en nefs et
-en batiaus, et lors fenmes et lors enfans, et s'en vinrent sauvet
- Mortagne. F<sup>o</sup> 65 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_69">69</a>, l. 19 et 20: parardirent.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: fustrent
-toute la ville et le parardirent, et abatirent et destruisirent biaucop
-des offecines et mancions de l'abeie, et descouvrirent le
-moustier qui tout estoit couvers de plonc, et rompirent le clochier
-et abatirent et brisirent les cloces qui estoient excellentement
-bonnes, et tout cargirent sus chars et sus chartes.
-F<sup>o</sup> 65 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_69">69</a>, l. 28: sis cens.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: cinq cens. F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_69">69</a>, l. 31: Scarp au dessous de Hanon.&mdash;<i>Mss. A 7 10,
-23 33</i>: Scarp au dessus de Hannon. F<sup>o</sup> 66.&mdash;<i>Mss. A 1 6,
-11 14, 18 22</i>: l'Escaut au dessus de Hanon. F<sup>o</sup> 71 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_70">70</a>, l. 7: parfons.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: liquel estoient impossible
- passer sans batiaus. F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_70">70</a>, l. 11: l'aigue.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Si entrrent dedens
-et avoient amen des arbalestriers et des hollandois piquenaires,
-liquel sont et vaillent moult un assaut. Chil qui estoient ens s
-batiaus sus l'aige qui venoit de la rivire de Scarp, qui vient de
-Douai et qui l qourt, se missent sus la cauchie qui va de la
-porte l'abeie; et petit petit tant passrent que il furent plus
-de cent parmi les arbalestriers. F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_250"> 250</a></span>
-P. <a href="#Page_70">70</a>, l. 14: Bacho de le Wire.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>:
-Bachon de la Bruire. F<sup>o</sup> 69.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_70">70</a>, l. 21: pris.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et se rendi messires
-Ams de Warwaus prisonniers au dit conte, et auqun gentilhomme
-qui l estoient, et li monne aussi; mais le demorant il
-furent ochis ou jett en la rivire. F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_70">70</a>, l. 22: ossi.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Dont ce fu damages;
-mais en gerre il n'i a nulle pit ne merchi; et li varlet qui poursievent
-les gens d'armes, font plus la fois, qant il se voient au
-desus de lor emprise, que on ne lor conmande. F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p class="space"> <b> 131.</b> P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 6: famine.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: pour quoy
-il les pensoit plus tost avoir par affamer que par assaulx.
-F<sup>o</sup> 69.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 11: Avoech.&mdash;<i>Ms. d Amiens</i>: .... il y avoit un
-grant parlement entre le duc de Braibant, le duc de Guerlles, le
-comte de Jullers, le marquis de Blancquebourch et aucuns seigneurs
-d'Engleterre, sus l'estat que je vous diray. Li communaut
-des bonnes villes de Braibant, especialement Brouxelles,
-Louvain, Malinnes, Anwers, Nivelle, Jourdongne et Liere, se volloient
-partir comment qu'il fust, et estoient enssi que tout tannet.
-Et s'estoient complaint au duc leur seigneur en disant que ce n'estoit
-mies vie d'estre si longement ost devant une ville sans autre
-cose faire, et que l il sejournoient trop grant fret, et que
-briefment il s'en partiroient par congiet ou sans congiet. De quoy
-li dus, qui fu moult sages homs, leur avoit respondu que vollentiers
-il en parleroit as autres seigneurs et au consseil le roy d'Engleterre,
-pour qui il estoient l assamblet. Si leur avoit remoustr,
-ensi que dessus est dit, li dus, quant li comtes de Haynnau
-entra ou parlement. Si sambla as seigneurs, especialement au
-consseil le roy englz, que li Braibenchon ne se volloient mies
-acquitter trop souffissamment, qui j parloient dou retour. Et fu
-chilx conssaux jettz sus le comte de Haynnau et priis que il en
-volsist dire sen entente. Et il en respondi tout pourveeuement
-que on leur donne ce congiet de partir, se partir voellent, ms
-on leur face commandement que nuls n'enporte ses armures, ms
-les mettent jus et les raportent deviers lez marescaus. Chils parlers
-fu tenus, et leur fist li dus de Braibant ceste responsce de
-par le roy d'Engleterre et tous les plus grans seigneurs de l'ost.
-Et quant il orent che, si se turent et furent tous virgongneus,
-<span class="pagenum"><a id="Page_251"> 251</a></span>
-et leur sambla que on se truffoit d'iaux. Si n'en parlrent oncques
-puisedi si descouvertement. F<sup>o</sup> 49 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 26: Hodebourch.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 18 29</i>: Rodebourch,
-Radebourch, Rodebourg. F<sup>o</sup> 72.&mdash;<i>Mss. A 8 10</i>:
-Rendebourch. F<sup>o</sup> 65 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Rodembourch.
-F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 15 17, 30 33</i>: Randebourch. F<sup>o</sup> 71 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 28: Ernoul.&mdash;<i>Mss. A 23 29</i>: Noel. F<sup>o</sup> 83.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 28: Bakehen.&mdash;<i>Mss. A 11 17</i>: Kakehan. F<sup>o</sup> 69
-v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: et Jehans ses frres. F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 29: Renauls.&mdash;<i>Ms. B 3</i>: Arnault. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 29: Conrars.&mdash;<i>Ms. B 3</i>: Colas.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 30: d'Asko.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Ce furent li doi chevalier
-qui estoient parti de Bouain, ensi que chi desus est dit,
-et qui rurent jus entre Frane et Nostre Dame ou Bos, les saudoiiers
-de Mortagne. F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 30: Bastiens.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Jahan. F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 31: Barsies.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 18 22</i>: Warsie.
-F<sup>o</sup> 72.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Warwasie.&mdash;<i>Mss. A 23 33</i>:
-Bastres. F<sup>o</sup> 83.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_71">71</a>, l. 31 et 32: Stramen de Venoue.&mdash;<i>Ms. B 3</i>: Stranjen
-de Veemone.&mdash;<i>Mss. A 23 29</i>: Stranjen de Beurne.
-F<sup>o</sup> 83.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 7: de Haynau.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et l furent li sires
-de Goumegnies, li sires de Mastain, li sires de Vertain, messires
-Henris de Huffalise, et Gilles et Tieris et Ostelars de Soumain.
-F<sup>o</sup> 67.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Des Haynuiers y estoient messires Florens
-de Biaurieu, messires Olyfars de Ghistelle, le sire de Gommegnies,
-le sire de Semeries, le sire de Floyon, le sire de Sars et pluisseurs
-aultres. F<sup>o</sup> 160.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 9: Biaurieu.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22</i>:
-Beaugeu. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 9: Baras.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Bertran. F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 16: trois cens.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Si estoient environ
-quatre cens hommes d'armes, tous bien montez et armez.
-F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 24 et 25: Keukeren.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14</i>:
-Kakeren, Kakeranth.&mdash;<i>Mss. A 20 22</i>: Baquehem. F<sup>o</sup> 108.&mdash;<i>Ms.
-B 3</i>: Kerqueren. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 24 et 25: Thielemans.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>:... messire
-Henri d'Uffalise. F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_252"> 252</a></span>
-P. <a href="#Page_72">72</a>, l. 25: Sansi.&mdash;<i>Mss. A 1 10, 15 33</i>: Saussi.
-Saussy, Sausy, Saucy.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Thiebault du Saussoy.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_73">73</a>, l. 1: se partirent.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: sans che que le conte
-de Haynau ne messire Jehan de Haynau ses oncles en sceust riens.
-F<sup>o</sup> 160.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_73">73</a>, l. 10: Montmorensi.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: mesires Carles.
-F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: monseigneur Mahieu de Montmorancy
-et monseigneur Jehan de Saint Saulieu; mais en ces entrefaittes
-qu'ilz se departoient de leur guait, un pou devant soleil
-levant, vindrent ces Allemans en leurs gardes. F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_73">73</a>, l. 24: car.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: ses chevaus li falli.
-F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_73">73</a>, l. 27 et 28: Jakelot de Thians.&mdash;<i>Mss. A 1 6</i>:
-Jaquels de Chans. F<sup>o</sup> 72 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Jaquemes des
-Champs. F<sup>o</sup> 70.&mdash;<i>Mss. A 20 22</i>: Jacques de Thibaux.
-F<sup>o</sup> 108 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 132.</b> P. <a href="#Page_74">74</a>, l. 29: ossi.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: dont il fu depuis
-moult blams, quant il laissa son compagnon, messire Carle de
-Montmorensi. F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_75">75</a>, l. 4: coureur.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: li sires de Randerodene
-et messires Ernoulz ses filz et messires Henris de Kenkeren ung
-missenairez et messires Thielemant de Sanssi, messires Oliffars de
-Gistelles et messires li Allemans, bastars de Haynnau et messires
-Robers Glummes adonc escuier. F<sup>o</sup> 50.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_76">76</a>, l. 6: prisons.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: De celle aventure furent
-li Franois si esbahi que il perdirent lor arroi, et n'avoient
-pas gens parellement as Alemans et Hainnuiers, car la grignour
-partie sievirent la banire le signeur de Saint Sauflieu. Et furent
-les gens le signeur de Montmorensi tout espars; petit en i ot de
-mors. F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_76">76</a>, l. 9: Kenkeren.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Henris de Kenkeren.
-F<sup>o</sup> 50.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_76">76</a>, l. 10: Sausi.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: ... messires Ernaux de
-Bakehen,... messires Florens de Biaurieu, messires Baras de le
-Haye. F<sup>o</sup> 50.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_76">76</a>, l. 12: homme d'armes.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: escuier.
-F<sup>o</sup> 50 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_76">76</a>, l. 15: prisonniers.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et furent rescous
-messires Oulfars de Ghistelle et li doi esquier qui pris estoient;
-<span class="pagenum"><a id="Page_253"> 253</a></span>
-et retournrent en l'oost devant la chit de Tournai.
-F<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 133.</b> P. <a href="#Page_76">76</a>, l. 26 et 27: Or vous.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Ensi
-se portoient les cevauchies et les enbusqes et rencontres entre ces
-deus hoos, le sige estant devant Tournai. Et pour ce que Jaques
-d'Artevelle, poissance de Flamens, se tenoit devant Tournai
-avoecques les aultres signeurs, nouvelles vinrent en l'ost, qant li
-rois de Franche fu venus Bouvines, que les gens d'armes qui
-estoient establi ens s garnisons de Saint Orner, d'Aire, de
-Tieruane et des forterces franoises marcissans sus les frontires
-de Flandres, enteroient en la valle de Cassiel, et destruiroient
-le pais, Berghes, Bourbourc, Miessines, Werevi, Popringhe
-et tout le plat pais de l environ, se il n'estoit que on lor fust
-au devant. Pour ce furent ordonn messires Robers d'Artois et
-mesires Henris de Flandres partir de l'oost, et prendre vint
-mille Flamens, et aler ou val de Cassiel, et requellier encores
-tous honmes portans armes dou tieroit dou Franc et de Flandres,
-car tout n'estoient pas au sige de Tournai. Si en seroit li pais
-plus fors et plus doubts.</p>
-
-<p>Sus cel estat, li dis mesires Robers d'Artois et mesires Henris
-de Flandres s'en vinrent en la vale de Cassiel, et l se logirent;
-et fissent un arrire mandement qui s'estendi par tout le pais de
-Flandres, et pour garder les entres de Flandres. Si vinrent de
-tous ls l Flamens et se logirent, et se trouvrent bien quarante
-mille et plus. Avint ensi que compagnon, en une hoost qui
-sejourne, sont de grant volent; il se quellirent et missent ensamble
-bien trois mille Flamens, et sus l'entente que pour gaegnier
-et aler fuster le pais environ Aire, Tieruane et Saint Omer;
-et se departirent de l'oost et des aultres une vespre, sans point
-parler lors chapitainnes, et vinrent sus un ajournement ens s
-fourbours de Saint Omer et les ardirent, et abatirent les moulins
-qui estoient au dehors. Chil qui estoient dedens Saint Omer s'estourmirent,
-et l se tenoient bonne chevalerie d'Auvergne et de
-Limosin, premierement li conte Beraut daufin d'Auvergne, et (li)
-conte de Clermont son frre, le signeur de Merquel, le signeur
-de la Tour, le signeur de Montgascon, le signeur d'Achier, le
-signeur d'Aon, le signeur d'Alaigre, le signeur de Saint Aupisse,
-le signeur de Pire Bufire, et se trouvoient bien trois cens lances,
-chevaliers et esquiers. Si s'avisrent que il se meteroient sus les
-<span class="pagenum"><a id="Page_254"> 254</a></span>
-camps et poursieveroient ces Flamens, et manderoient ceuls qui
-estoient en garnison en Tieruane que il leur venissent au devant,
-entre Aire et Arques, et ausi ceuls de la garnison d'Aire et
-de Saint Venant que il isissent et se mesissent sus le camps, et
-qant il seroient tout ensamble, il courroient sus lor avantage
-ces Flamens.</p>
-
-<p>Tout ensi conme il le proposrent, il le fissent, et s'asanblrent
-dedens Saint Omer, et s'armrent et montrent as cevaus,
-et enmenrent les arbalestriers et bien mille aultres honmes
-avoecques euls, et issirent hors de Saint Omer, et prissent la
-couverte le cemin dou mont de Herfaut. Qant li chevalier et li
-esquier qui en Tieruane se tenoient furent segnefiiet de ceuls de
-Saint Omer, li sires de Brimeu, li sires de Boubert, li sires de
-Saint Pi, li sires de Reli, li sires de Sanci et pluisseur aultre qui
-l se tenoient, il s'armrent et montrent as chevaus, et issirent
-de Tieruane, et se missent sus les camps. Li Flamenc, qui ne
-voloient aultre cose que pillier le pais, et puis retourner et estre
-au soir en l'oost de lors gens, vinrent Arques, une grose ville
- demi lieue de Saint Omer, et le pillirent et robrent toute, et
-se cargirent de ce que il i trouvrent de dras et de jeuiaus; et
-puis lor departement, il boutrent le feu dedens, et en ardirent
-plus de la moiti, et abatirent les moulins. Et tout ce veoient li
-Franois qui estoient sus les camps, et avoient j trouv l'un
-l'autre chil de Saint Omer et chil de Tieruane, et se trouvoient
-quatre cens lances et douse cens honmes de piet. Chil Flamenc,
-qui avoient ceminet toute la nuit et l'endemain jusques haute
-tierce, estoient tout lasset, et vinrent sus un village que on appelle
-la Cauchie et l s'arestrent; et dissent que il mengeroient
-et se reposeroient, et puis il se retrairoient viers Cassiel, car il
-ne se sentoient de nului poursievi. Qant il furent l venu ou dit
-village, li pluisseur se desarmrent et se traissent par ostels, et
-se boutrent en gragnes, en maisons et en jardins, et n'estoient
-en doubte de nului. Evous venus ces Franois en deus batailles,
-et avoient vint banires, et ordonnrent lors arbalestriers tout
-devant, et s'en vinrent en cel vilage que on dist la Cauchie
-frapant l'esporon, et trouvrent ces Flamens, les auquns sus
-la rue, les aultres tous desarms, et les pluisseurs qui buvoient
-et mengoient.</p>
-
-<p>Qant chil chevalier et esquier furent l venu, et casquns escria
-son cri, chil Flamenc furent si esbahi que onques il ne tinrent
-<span class="pagenum"><a id="Page_255"> 255</a></span>
-conroi ne ordenance, mais tournrent tous les dos, et se sauvrent
-qui sauver se peurent; et en i ot bien ocis ou village que en
-cace sus les camps dix huit cens, et li demorans retournrent
-grant mescief tout desbaret. F<sup>o</sup> 68.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 3: Cassiel.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: de le castelerie de
-Cassiel. F<sup>o</sup> 51.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 6: Saint Omer.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: de Saint Omer.
-F<sup>o</sup> 51.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 10: Montagut.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: d'Auviergne.
-F<sup>o</sup> 51.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 10: Rocefort.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: .... li sires d'Achier
-et tout grant baron d'Auvergne. F<sup>o</sup> 51.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 12: Aire.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: se tenoient Artisien, li
-sires d'Aubegny, li sires de Sanci, li sires d'Avelui, li sires de
-Creki, li sires de Kikenpoi, li sires d'Avesquierke, li sires d'Ennekins,
-li sires de Reli et li sires de Bassentin. F<sup>o</sup> 51.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 14: Flamens.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et li Flammencq
-ossi sus yaux. F<sup>o</sup> 51.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 17: trois mille.&mdash;<i>Mss. A 1 10, 18 33</i>: quatre
-mille. F<sup>o</sup> 73 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 27: six.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: sept. F<sup>o</sup> 71.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 27: deus cens.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: trois cens.
-F<sup>o</sup> 71.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 27 et 28: bacins.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: lanches. F<sup>o</sup> 51.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_77">77</a>, l. 28: cinq cens.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: sis cens. F<sup>o</sup> 51.&mdash;<i>Mss.
-A 11 14</i>: et environ huit cens bidaux, taffes et petaulx.
-F<sup>o</sup> 71.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_78">78</a>, l. 1: Arkes.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>: Ardres. F<sup>o</sup> 73 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_78">78</a>, l. 14: dis huit cens.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: de trois mille
- dis huit cens. F<sup>o</sup> 51.</p>
-
-<p class="space"> <b> 134.</b> P. <a href="#Page_79">79</a>, l. 19: compte.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et ne furent
- nul seur, ne pour parolle ne pour priire que messires
-Robers d'Artois ne messires Henry de Flandres leur pewissent
-dire ne faire, jusquez tant qu'il se trouvrent Ippre, Popringe
-et ens leur pays bien avant. F<sup>o</sup> 51.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Nient
-mains, tous jours il tenoient leur rieule sus la fourme que dit
-vous ai; et n'i demora, avant que il fust jours, ville ne hamiel
-deslogier. Et se trouvrent li doi chevalier, un petit apris solel
-levant, ensi que tout seuls, sus les camps. F<sup>o</sup> 68 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_256"> 256</a></span>
-P. <a href="#Page_79">79</a>, l. 24: recordrent.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: au roi d'Engleterre,
-au duch de Braibant, au duch de Gerlles, au conte de
-Hainnau et as signeurs. F<sup>o</sup> 68 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_79">79</a>, l. 26: esmervilliet.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et quant chil de
-Saint Omer, d'Aire et de Saint Venant entendirent le deslogement
-des Flammens, et coumment en grant haste il s'en aloient,
-si se partirent des villes voisinnes et vinrent en ceste meisme
-plache, et trouvrent encorres grans remannans de tentes, de
-trs, de pavillons, de harnois et de carois. Si prisent et toursrent
-tout et en menrent en leurs villes, et y eurent grant prouffit.
-F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 135.</b> P. <a href="#Page_79">79</a>, l. 28: Chils siges.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Li siges
-devant la chit de Tournai dura asss longement onse sepmainnes,
-trois jours mains, et tous les jours i avoit fais d'armes
-ou escarmuce, auquel ls que ce fust. Par dedens avoit avoecques
-messire Godemar dou Fai, qui un lonch temps en avoit eu le
-gouvrenement, bonne chevalerie et sage, tels que le conte de Fois,
-le conte de Conmingnes, le conte d'Ermignach, le seigneur de
-Labret, le conte de Qarmain, le signeur de Copane, le signeur
-de Qorasse, le signeur de Qoo, le signeur de Barrage, le signeur
-de Taride, le signeur de Pincornet et maint aultre, Gascons,
-Foisois, Berns et Labrisiens. Et chil signeur avoient la souverainne
-ordenance de la chit; et n'en songnoient les prevos et les
-jurs et les honmes de la ville ensi que noient, car la amministration
-de toutes coses estoit reserve ceuls desus dis.</p>
-
-<p>Li rois d'Engleterre, grant poissance et grant coustage, tenoit
-l son sige, car li Alemant n'en faisoient riens, fors que
-pour l'argent, et voloient estre paiiet de quinzainne en quinzainne;
-et estoient l contournes et enbutes toutes les rentes et revenues
-d'Engleterre, tant en l'estat dou roi tenir, que en paiant les Alemans.
-Li contes de Hainnau, li dus de Braibant et li dus de Gerles
-servoient le roi d'Engleterre leurs coustages, et messires
-Jehans de Hainnau aussi; mais tout li aultre, reserv les Flamens,
-voloient bien savoir pourquoi et conment il estoient l venu. Et
-couvint le roi d'Engleterre, ensi que je fui enfourms, enprunter
- Jaquemon d'Artevelle, son compre, et tout le pais de Flandres
-chienqante mille mars, monnoie d'Engleterre, avalue au
-paiement de Flandres et d'Engleterre: ce furent deus cens mille
-florins; et tout fu contourn en son estat et au paiier ses saudoyers.
-<span class="pagenum"><a id="Page_257"> 257</a></span>
-Et de l'enprunt que li rois d'Engleterre fist et dou prest
-aussi, il bailla lettres autentiques, seeles dou seel le roi et de
-pluisseurs barons d'Engleterre qui l estoient, en tesmongnant et
-en aprouvant les lettres veritables; mais Jaquemes d'Artevelle,
-qui avoit toute la poissance de Flandres en sa main, i estoit tous
-pour le roi d'Engleterre; et ne li prioit en secr et en especialit
-d'aultre cose que il se vosist tenir tous quois, sans partir, en Flandres,
-et vivre des rentes et revenues dou pais et des aides que
-on li feroit, et espargnier les revenues d'Engleterre pour poursievir
-sa gerre. Et qant li rois d'Engleterre remoustroit ces proumesses
- son consel que Jaques d'Artevelle et li pais de Flandres
-de bonne volent li offroient, li plus de son consel s'enclinoient
- ce que il le presist, et que sa gerre en seroit plus forte et plus
-belle. Et qant, sus cel estat, li rois d'Engleterre en parloit au
-duch de Gerlles, son serourge, au duch de Braibant, son cousin
-germain, et au conte de Hainnau, son frre, il li consilloient tout
-le contraire et li remoustroient par pluisseurs raisons que il se
-meteroit en grant aventure et peril; car qant il quideroit estre le
-mieuls d'euls, uns rumours et uns debas s'esmouveroit Bruges
-ou Gant ou Ippre de ses gens as Flamens, selonc ce que Flamenc
-sont chaut et merancolieus: il ociroient tout soudainnement
-et vous aussi, et puis remanderoient lor signeur. Il vous
-soufisse avoir ce que vous en avs. Tens les amour et ce
-Jaque d'Artevelle, entrues que il est en sa poissance. Vous les
-auers millours estre en sus de vous que si proains, et si sers
-hors dou peril, car nuls sires ne se doit trop comfiier en commun
-estragne. De trop petit on piert lor grasce et lor amour. Encores
-vit lors sires et a un fil. Par ce fil, mais que li rois de
-France lor voelle renvoiier, se poront il un de ces jours retourner
-et ocire ce d'Artevelle, et trop de soutillet il a en France.
-Mais qui poroit faire une cose, vous avs une fille, Isabiel: se li
-Flamenc pooient tant faire par sens et par pratique que il reuissent
-lor fil; et puis uns mariages se fist de vostre fille ce fil,
-les aliances dou mariage poroient estre bonnes et moult vous deveroient
-valoir ou temps venir. Li rois d'Engleterre s'inclina
- ce consel et ne prist nul autre.</p>
-
-<p>Or vous voel je nonmer les contes et les barons qui furent au
-sige de Tournai avoecques le roi d'Engleterre, et liquel passrent
-la mer avoecques li: premierement les prelas, l'evesque de Lincole
-et l'evesque de Durem; le conte Derbi, le conte d'Arondiel,
-<span class="pagenum"><a id="Page_258"> 258</a></span>
-le conte de Norhantonne, le conte de Herfort, le conte de Warvich,
-le conte de Douvesire, le conte d'Ormont et le conte de
-Wincestre; barons: le signeur de Persi, le signeur de Lusi, le
-signeur de Noefville, le signeur de Helinton, le signeur de Felleton,
-le signeur de Braseton, le signeur Espensier, mesire Renault
-de Gobehen, mesire Richart de Stanfort, mesire Thomas de Hollandes,
-le signeur de Basset, le signeur de Bercler, le signeur
-Fil Warin, le signeur Fil Watier, le signeur de Biaucamp, mesire
-Jehan de Biaucamp, mesire Rogier de Biaucamp, le signeur de
-Hastinges, le signeur de Ferrires, le signeur de Moutbrai, le signeur
-de Multon, le signeur de Ware, le signeur de Lanton, le
-signeur de Graa, messire Richart la Vace, le signeur de Courtenai,
-le signeur de Illecombe, cornillois, le signeur de Talebot, et
-tant que il estoient vint et huit barons et diis contes. Je n'ai pas
-nonm le conte de Pennebruq et le conte de Heustidonne qui ausi
-i estoient. Encores avoecques tout ce, se la bataille euist est devant
-Tournai des deus rois et de lors aliis, ensi que on esperoit
-que elle deuist estre, il estoient issu hors d'Engleterre avoecques
-le roi pluissours chevaliers et signours qui euissent bout lors
-banires hors, et avoient lor estat tout pourveu grant et estof,
-et ne desiroient aultre cose. Aussi tout li signeur, qui l au dit
-roi d'Engleterre compagnie faisoient, au plus estofeement conme
-il pooient, il i estoient, tant de banires, de pennons, de monteures,
-de trefs, de tentes, de carroi et de toutes coses qui une
-hoost apertient et est necessaire as gens d'armes.</p>
-
-<p>Encores sans comparison estoit trop plus grans li estas dou
-roi Phelippe de France, car l estoient quatre rois qui tout li
-faisoient compagnie et service: li rois de Boesme, li rois de Navare,
-li rois d'Escoce et li rois de Maiogres; et comprendoient
-les logeis des Franois trois lieues tout l'environ. Et fu raport
-par les hiraus(que) avoecques le duc de Normendie, le duch de
-Bretagne, le duc de Bourgogne et le duch de Lorrainne, il i avoit
-en son hoost dix sept contes, deus cens et soisante neuf baners,
-et estoient bien tout honme de deffense cent et chienqante mille.
-Considers le peuple qui l estoit assambls, tant pour l'un roi
-que pour l'autre, car li rois d'Engleterre, parmi les Flamens,
-avoit plus de cent mille honmes. Grant ocision et grande mortalit
-de peuple i euist est, se par bataille il fuissent venu ensamble.
-On en fu sus le point, mais li dus de Braibant, qui cousins
-germains estoit dou roi d'Engleterre, et qui l estoit moult poissanment
-<span class="pagenum"><a id="Page_259"> 259</a></span>
-venus, acompagnis de barons et de chevaliers de son
-pais et des conmunauts, des honmes de Brousselles, de Malignes
-et de Louvaing, brisoit et brisa tout dis couvertement la bataille,
-avoecques un grant moiien qui l estoit pour tretiier paix,
-trieuwes ou respit, madame Jehane de Valois qui contesse avoit
-est de Hainnau, et qui serour germainne estoit dou roi Phelippe
-et dou conte Carle d'Alenon, et qui avoit l son fil le conte de
-Hainnau. Avoecques la bonne dame s'ensonnioit de traitiier et
-d'aler de l'un l'autre uns moult sages chevaliers qui se nonmoit
-mesires Lois d'Augimont; et avoit si belle parleure et si aourne
-et de si grande prudense que il estoit trs volentiers os entre
-toutes les parties, tant de France conme de l'Empire. Et quoi que
-pour le roi d'Engleterre tout chil signeur de son ls fuissent l
-asambl, il n'en estoit pas en li dou dire et dou faire, mais couvenoit
-que le plus il s'ordonnast et gouvrenast par ceuls de l'Empire
-et especiaulment par le duc Jehan de Braibant, son cousin
-germain, car desus tous il avoit la grignour vois et audiense. Et
-moustra par couvreture que la priire madame Jehane de Valois
-il s'inclinoit ce que bon seroit que on entendesist auquns
-trettis de paix et de trieuves, car on devoit l moult faire pour
-faire pour la bonne dame qui l avoit ses frres et ses enfans. Et
-fu donn entendre au roi d'Engleterre que li iviers aprooit, et
-les longes nuis et froides, que toutes gens resongnent de jesir as
-camps, et que pour celle saison on en avoit asss fait.</p>
-
-<p>Li rois d'Engleterre, pour ce temps, estoit jones, et pas ne
-congnissoit encores le malisce et pratique dou monde et des grans
-signeurs de l'Empire qui despendoient son argent et vosissent
-que la gerre durast tout dis, car il estoient bien paiiet. Li contes
-de Hainnau et messires Jehans de Hainnau, ses oncles, avoient
-cler enghien asss pour considerer toutes ces coses, et veoient
-bien les dissimulations qui estoient entre ces signeurs de l'Empire
-et le plus deviers le duch de Braibant, mais il n'en osoient parler
-et se souffroient, et ne se vodrent onques ensonniier de nul tretti,
-mais en laissirent couvenir le duch de Braibant, le duch de
-Gerles et le conte de Jullers, de la partie le roi d'Engleterre.
-Madame Jehane de Valois et messires Lois d'Augimont procurrent
-tant deviers le roi de France que li rois de Boesme, li contes
-d'Alenon et li contes de Flandres furent esleu pour estre
-ces parlemens et tretis l'encontre de ces signeurs desus nonms.
-Et fu ordonn que chil signeur, qant on ot pris asegurances
-<span class="pagenum"><a id="Page_260"> 260</a></span>
-que il pooient aler et venir et lors gens sans nul peril et retourner
-casqun en son hoost, tenroient lors parlemens et lors trettis
-en une chapelle que on dist Esplecin, et est asisse enmi les
-camps, ensi que en un chemin. Et venoient l chil signeur tantos
-apris messe et boire, et se metoient dedens la chapelle, et la desus
-ditte dame, madame Jehane de Valois, avoecques euls; et i
-furent trois ou quatre fois que riens n'i faisoient. Donc i revinrent
-dou cost le roi d'Engleterre li evesques de Lincolle et messires
-Jehans de Hainnau; et de la partie le roi de France, li evesques
-de Lige et li contes d'Ermignach. Par le moiien de ceuls qui
-adrechirent as besongnes, avoecques les paroles et priires de
-celle bonne dame, madame Jehane de Valois, se ouvrirent et
-avancirent li tretti. Et regardrent li signeur, qui moult honnouroient
-l'un l'autre, qant il entroient dedens la capelle, que
-unes trieuwes seroient bonnes prises durer tant seullement un
-an entre toutes les parties par mer et par terre, et dedens cel
-an li rois d'Engleterre envoieroit nobles honmes et prelas de par
-lui en la chit d'Arras en Piqardie, qui aueroient plainne poissance
-de faire paix et acord l'entente des deus rois; et aussi li
-rois de France parellement renvoieroit de par li nobles honmes
-et prelas qui aueroient plainne poissance d'acorder tout ce que
-dit et parlement seroit pour le millour. Avoecques tout che, li
-doi roi supplieroient benignement nostre Saint Pre le pape que
-il i vosist envoiier deus cardinauls en legation, pour aidier
-adrecier ces besongnes. Sus cel estat et ordenance se conclut li
-parlemens, et donna on entendre au roi d'Engleterre que par
-ce parlement qui seroit asigns Arras, il aueroit en pareon
-grant part dou roiaulme de France; dou mains toute la duce de
-Normendie, qui jadis avoit est as rois d'Engleterre, li seroit
-rendue, et la cont de Pontieu et celle de Monstruel, et tous
-coustages et frs que fais avoit, li et ses gens, depuis que il passa
-la mer en la cause dou calenge. Ces proumesses ou l environ et
-encores plus grandes que li dus de Braibant remoustroit son
-cousin le roi d'Engleterre, l'apaisoient grandement et li brisoient
-ses abusions, et aussi ceuls d'Engleterre, et s'acorda asss doucement
- la trieuve. Si furent lettres escriptes, seeles et donnes,
-et en prist cascuns des rois ou de lors honmes ce conmis dou
-recevoir, les copies. Et estoient donnes les trieuwes, et ensi furent
-elles causes et conditionnes et publiies ens s deus hoos
-et dedens la chit de Tournai, pour resjor la conmunaut de la
-<span class="pagenum"><a id="Page_261"> 261</a></span>
-ville, durer jusques au premier jour dou mois de marc, lequel
-on atendoit, que on compteroit l'an mil trois cens quarante et
-un, jusques au marc ensievant l'an mil trois cens quarante et deux.
-Et avoient li pluisseur l en dedens esperance de paix. A toutes
-ces coses rendi especiaulment grant painne madame de Valois.
-F<sup>os</sup> 68 v<sup>o</sup> 70.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_79">79</a>, l. 29: trois jours mains.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: et quatre
-jours. F<sup>o</sup> 71 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_80">80</a>, l. 4: France.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: premierement le
-comte de Foix et sen frre le comte Raoul d'Eu, connestable de
-Franche, le comte de Ghines son fil, le conte Aimery de Nerbonne,
-messire Aymars de Poitiers, messire Joffroy de Cargny,
-messire Gerart de Montfaucon, messire Godemar dou Fay et le
-seigneur de Kayeux, et ossi le marescal de Franche, monseigneur
-Robert Bertran. Chil seigneur estoient vaillant homme, et
-de grant affaire et de bon sens. Si penssrent si bellement et si
-sagement de le ditte ville que leur honneur y fu bien et grandement
-garde et la chit ossi. Car oncques pour assault ne pour
-hustin, ne pour escarmuce qui y fuist, chil seigneur ne s'en partirent;
-ms songneusement de nuit et de jour le pourveirent de
-deffense et de consseil. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_80">80</a>, l. 24: Haynau.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: car son fil le comte
-Haynnau trouvoit elle si dur et si rebelle sen entention, que
-elle ne l'en volloit plus parler. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_81">81</a>, l. 8: capelle.&mdash;<i>Ms. B. 6</i>: vers Esplechin. F<sup>o</sup> 165.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_81">81</a>, l. 9: De le partie.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: De la partie de
-Franche fu pris pour faire le traitiet le roy de Behaigne, l'evesque
-de Lige, le duc de Bourbon et le comte d'Alenchon; et de
-la partie du roy d'Engleterre, le duc de Brabant, le conte Derbi,
-le conte de Norhantonne et l'evesques de Londres. F<sup>o</sup> 165.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_81">81</a>, l. 12: d'Ermignach.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et li comtes
-de Blois. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_81">81</a>, l. 14 et 15: li dus de Julers.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: li
-comtes de Jullers. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_81">81</a>, l. 15: Haynau.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et li comtes de
-Warvich. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_81">81</a>, l. 16: capelle.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Ceste journe au
-matin que li seigneur durent venir enssamble, il orent au point
-dou jour messe. Et asss tost apris le messe, il burent ung cop,
-et puis cevauchirent chacuns li ungs deviers l'autre, li Franchois
-<span class="pagenum"><a id="Page_262"> 262</a></span>
-enssamble et li Englz enssi, et entrrent environ l'eure
-de tierche en le ditte caple. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_82">82</a>, l. 2: entrer.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: avoecques le somme
-de l'anne. F<sup>o</sup> 51 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_82">82</a>, l. 8: engien.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et avoient cilz des
-lontainnes marches, les quarante jours, advis de tenir le trieuwe,
-s'il volloient, ou de renonchier et guerriier, s'il leur plaisoit.
-F<sup>o</sup> 52.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_82">82</a>, l. 25: envis.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: especialment chil de
-Brouxelles. F<sup>o</sup> 52.</p>
-
-<p class="space"> <b> 136.</b> P. <a href="#Page_82">82</a>, l. 30: Ensi.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Enssi se departirent
-ces deus grans os, et donna ly rois d'Engleterre congiet touttes
-mannierres de gens et de seigneurs, et les remerchia grandement
-et chacun par lui, dou service que fait li avoient. Si s'en revint
-li roys Gand, dalls le roynne se femme, et ne demoura mies
-puis loingtans qu'il s'en partirent et retournrent en Engleterre.
-F<sup>o</sup> 52.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_83">83</a>, l. 9 et 10: signeurs.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: De rechief, il
-se offrirent lui et se representrent pour aler partout o il les
-manderoit, car il les avoit bien paiis. F<sup>o</sup> 70.</p>
-
-<p class="space"> <b> 137.</b> P. <a href="#Page_84">84</a>, l. 14: Or se.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Ensi se departirent
-tout chil signeur d'Allemagne et tournrent casquns en lors lieus.
-Li dus de Braibant retourna dedens son pais, li contes de Hainnau
-et messires Jehans de Hainnau fissent compagnie au roi
-d'Engleterre jusques en la ville de Gant, et l prissent il congiet
- lui et la roine, et puis retournrent en Hainnau par Brousselles,
-car l ot une grande feste de joustes que li dus de Braibant
-et li chevalier de Braibant fissent lor retour. Et l joustrent
-li contes de Hainnau et ses oncles, et en ot le pris de ceuls
-de dehors li contes de Hainnau, et de ceuls de dedens li sires
-de Destre; et des esquiers de dehors, Willaumes de Mastain, et
-de ceuls de dedens Pires de Pietresen. Et l furent ces joustes
-de Brousselles noncies et criies unes joustes de trente chevaliers
-et de trente esquiers estre Mons en Hainnau. Et se tint la
-feste grande et belle, et enporta le pris des chevaliers de dehors
-li contes de Namur, et de ceuls de dedens mesires Gerars de
-Werchin, senescal de Hainnau, mais il i fu si travillis que depuis
-il ne vesqi point longement, et morut jones, dont ce fu damages,
-<span class="pagenum"><a id="Page_263"> 263</a></span>
-et des esquiers de dehors, Thieris de Brederode, et de ceuls de
-dedens Ansiaus de Sars. Et se continurent ces festes en bien, en
-joie et en reviel.</p>
-
-<p>Et les povres gens dou pais de Hainnau, liquel avoient perdu
-le lor ce conmencement par la gerre et ars lors hostels et lors
-maisons, s'aherdirent au labourer et au gaegnier dou nouviel.
-Aussi fissent chil de France des marces et frontires de Tournesis,
-de Lille et de Douai.</p>
-
-<p>Et li rois d'Engleterre et la roine sa fenme ordonnrent lors
-besongnes, et prissent congiet lor compre Jaquemon d'Artevelle,
-mais il les amena et aconvoia jusques Bruges et de l
-Dunquerque. Et l estoient lor vassiel tout prest, et entrrent
-dedens, et traversrent la mer et vinrent Zandvich; et j
-estoient departi grant fuisson de lors gens par l'Escluse et par
-Anwiers et retourn en Engleterre.</p>
-
-<p>Et li rois Phelippes aussi avoit donn congiet toutes gens
-d'armes et remerciiet les lontains, et estoit venus jeuer et esbatre
-en la ville de Lille, et l le vinrent veoir les bonnes gens de
-Tournai; il les vei volentiers. Et les representrent mesires Godemars
-dou Fai et li signeur qui dedens avoient est le sige durant,
-et se lorent grandement de euls. Li rois oy volentiers ces
-loenges, et rendi ceuls de Tournai lor loi, laquelle il avoient
-perdu un grant temps; et estoient menet, jugiet et ordonn par
-un gouvreneur.</p>
-
-<p>Apris toutes ces coses faites et acomplies, li rois s'en retourna
-en France, et ot une trs grande feste Compiengne; et fu uns
-tournois, liquels fu criis et publiis en moult de pais, et en fu
-chis li bons rois de Boesme, et ot ce tournoi plus de sept
-cens hiaumes. F<sup>o</sup> 70.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_84">84</a>, l. 21: jouste.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: de quarante chevaliers et
-escuiers contre tous venans. Et y eut moult belle jouste. Et y fu
-le roy d'Engleterre, le duc de Brabant, Jaques de Hartevelle et
-grant foison d'autres seigneurs. Et furent les joustes moult belles;
-et aprs la feste faite, chacun se party et alla l o il leur plaisoit.
-F<sup>o</sup> 166.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_84">84</a>, l. 29: Lille.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et s'i tint environ
-quinze jours. F<sup>o</sup> 52.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_84">84</a>, l. 29: cil de Tournay.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: li plus grant
-bourgois de Tournay. F<sup>o</sup> 52.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_85">85</a>, l. 8: anciiens.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Ossi li bourgeois
-<span class="pagenum"><a id="Page_264"> 264</a></span>
-de Lille requisent au roy que il leur volsist donner messire
-Wafflart de le Croix, qu'il tenoit en prison, liquelx les avoit
-gueriis ung moult loing tamps et fs plusieurs despis. Li rois
-leur donna, car bien y estoit tenus pour le cause d'un biau service
-que cil de Lille li avoient fet, que pris le comte de Sallebrin
-et le comte de Sufforch et rendus lui pour ses prisonniers.
-Et quant chil de Lille eurent le dit monseigneur Wafflart en leur
-vollent, il ne le gardrent pas trop longement, ms le fisent
-morir honte. Apris touttes ces coses, li roys de Franche se
-parti de Lille et s'en revint petites journes en grans esbas
-Paris, et l ou au bos de Vincnes se tint ung grant temps.
-F<sup>o</sup> 52.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_85">85</a>, l. 18: A ce parlement.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Et s'en revint
-le roy d'Engleterre Gand o madame sa femme estoit. Sy
-ordonna toutes ses besoignes et s'en rala en son pais, et laissa
-par dech le conte Derbi son cousin et le conte de Norhantonne
-et l'evesque de Linchelle pour estre che parlement et traitiet
-qui se devoit faire en la ville de Aras, mais riens de pais ne s'y
-pot trouver ne esploitier. Sy y furent deus cardinaulx, le cardinal
-de Naples et le cardinal de Panestres, envoiiet en legation de par
-le pappe Benedick. Et osy de par le roy de France y fut le conte
-de Flandres, le conte de Bar, le sire de Saint Venant, l'evesque
-de Ausoire. Ches traitteurs et ces cardinaulx se tinrent l emsamble
-plus de trois mois, maiz il n'y peurent trouver nulle fin
-de pais. F<sup>os</sup> 166 et 167.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_85">85</a>, l. 20: Bourbon.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: .... li comtes de
-Salebruges, li comtes de Saint Pol et li sires de Couchy. F<sup>o</sup> 52.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_85">85</a>, l. 25: d'Artois.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: contes de Ricemont.
-F<sup>o</sup> 70 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_85">85</a>, l. 26: Flandres.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et en furent
-priiet li contes de Hainnau et messires Jehans de Hainnau et
-messires Henris de Flandres. Li contes de Hainnau s'escusa,
-mais son oncle et messire Henris i furent. F<sup>o</sup> 70 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_86">86</a>, l. 3 et 4: deux ans.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: par mer et
-par terre. F<sup>o</sup> 70 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_86">86</a>, l. 5 et 6: revinrent.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: li cardinal
-en Avignon, li Franchois en Franche et li Engls en Engleterre.
-Et se pourveirent li doy roy sus ceste entente pour gueriier, le
-trieuwe acomplie, plus fort et plus radement qu'en devant
-n'avoient fait. F<sup>o</sup> 52.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Mais li contes de
-<span class="pagenum"><a id="Page_265"> 265</a></span>
-Hainnau avoit fait priier par son oncle le cardinal de Naples,
-son cousin, que il vosist venir et descendre en son pais en
-Hainnau. Li cardinauls, la priire dou conte et de son oncle,
-obei et descendi et vint en Hainnau, et entra en Valenchiennes
-par la porte d'Anzain. Et ala li contes sus les camps l'encontre
-de li plus de cinq cens chevaus, et l'amena moult honnourablement
-en Valenchiennes, et de l en son hostel que on nonme la
-Salle, et fu trois jours Valenchiennes et deus jours au Kesnoi.
-Et puis retourna li dis cardinaus Cambrai, et de l Amiens,
-o il trouva le cardinal de Clermont qui l l'atendoit; et puis
-s'en alrent tout doi ensamble Paris deviers le roi et les signeurs.
-F<sup>o</sup> 70 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_86">86</a>, l. 11: lontainnes.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: de Saintongle,
-de Gascoingne et de Thoulousain, car toudis gueriirent il et
-heriirent l'un l'autre les garnisons englesses et franchoises. Et
-tenoient li Gascon franchois ce donc les camps en le lange
-d'ok, et concquisent pluiseurs villes et fortrches sus les Englz.
-Ossi li Escot dis(o)ient bien que j, tant que il pewissent gueriier,
-il ne tenroient trieuwes ne respit as Engls, car pas n'y estoient
-tenu, ms de porter tous les dammaiges qu'il poroient, ensi qu'il
-fissent et si comme vous ors chy enssiewant. F<sup>o</sup> 52.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_86">86</a>, l. 14: avenues.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: plus qu'en nul
-autre pays. F<sup>o</sup> 52.</p>
-
-<p class="space"> <b> 138.</b> P. <a href="#Page_86">86</a>, l. 25: A savoir.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Pluiseur gongleour
-et enchanteour en place ont chant et rimet lez guerres de
-Bretagne et corromput, par leurs chanons et rimes controuves,
-le juste et vraie histoire, dont trop en desplaist monseigneur
-Jehan le Biel, qui le coummencha mettre en prose et en cronique,
-et moy, sire Jehan Froissart, qui loyaument et justement
-l'ay poursuiwi mon pooir; car leurs rimmez et leurs canchons
-controuves n'ataindent en riens le vraie matre, ms velle ci si
-comme nous l'avons faite et achieve par le grande dilligensce
-que nous y avons rendut, car on n'a riens sans fret et sans
-penne. Jou, sire Jehans Froissars, darrains venus depuis monseigneur
-Jehan le Bel en cel ouvraige, ai ge all et cherchiet le
-plus grant partie de Bretaigne, et enquis et demand as seigneurs
-et as hiraux les gerrez, les prises, les assaux, les envaes, les
-bataillez, les rescousses et tous les biaux fs d'armes qui y sont
-avenut mouvant sus l'an de grasce mil trois cens quarante, poursieuwans
-<span class="pagenum"><a id="Page_266"> 266</a></span>
-jusquez le darrainne datte de ce livre, tant le
-requeste de mes diz seigneurs et ses fraix que pour me plaisance
-acomplir et moy fonder sus title de verit, et dont j'ay
-estet grandement recompenss. Et pour chou que vous sachis le
-coumencement et le rachinne de ceste guerre et dont elle se
-moet, je le vous declarray de point en point. Si en dirz vostre
-entente, et quel cause et droit messires Carles de Blois eut
-l'hiretaige de Bretaingne, et d'autre part, li comtez de Monfort,
-qui en fist fet et partie contre lui. Pluisseurs gens en ont parlet
-ou parolent, qui ne svent mies ou n'ont sceu par quel affaire li
-oppinions de le challenge des seigneurs dessus diz est venus, ne
-premierement esmeus; ms chy s'enssuilt. Si l'orz, s'il vous
-plest, et je le vous declarray.</p>
-
-<p>Apris le departement dou sige dou Tournai, si comme vous
-avs chy dessus oy, et que li roys de Franche donna congiet
-tous sez os et remerchia lez ducs, lez comtez et lez barons de ce
-que si bien et si honnerablement cescun seloncq son pooir
-l'avoient servi, ly seigneur prisent congiet dou roy li ung aprs
-l'autre, et se retrairent chacun vers sen lieu. En ce departement,
-li dus de Bretaingne, qui servi avoit le roy bien dix mil lanches
-devant Tournai, tous de chevaliers et d'escuiers de son pays,
-donna toutez ses gens congiet de raller chacun sus son lieu, et
-ne retint fors chiaux de son hostel, et chemina petittez journes
-et grans frais. Bien le pooit faire, car il tenoit grant estat
-et noble, car il estoit sires d'un grant pays et rendable. En son
-chemin, chilx dus s'acoua au lit d'une maladie, de laquelle il
-morut. Chils dus n'avoit eu nul enfant de la ducoise sa femme.
-Si avoit il une sienne nice, fille de son frre germain de pre et
-de mre, laquelle jone fille il avoit marie monseigneur Charle
-de Blois, frre maisnet monseigneur Loeys, comte de Blois.
-Chils dus de Bretagne si avoit ung frre de par se mre qui avoit
-estet remarie, et appelloit on cesti le comte de Montfort. Et
-estoit chilx comtez de Monfort maris le sereur le comte Loeys
-de Flandrez, et avoit de ceste damme fil et fille. Chils dus de
-Bretaigne, qui de son vivant avoit marie se niche, fille de son
-frre germain, mort devant lui, se doubtoit bien que li comtes
-de Montfort, ses frres de remariaige, ne volsist de forche,
-apris sa mort, entrer en la possession de Bretaingne et deshireter
-sa niche, qui drois hoirs en estoit. Et pour mieux tenir et
-garder ses drois et deffendre sen hiretaige, il l'avoit dounnet,
-<span class="pagenum"><a id="Page_267"> 267</a></span>
-enssi que j'ay j dit, monseigneur Charlon de Blois, nepveut
-au roy de Franche, et qui le mieux et le plus grandement estoit
-enlinagiz en Franche, et qui le plus y avoit de prochains de tous
-costz et de bons amis. Et celle entente avoit li dus fet le mariaige
-de sa niche et de monseigneur Charlon de Blois, que li
-roys Phelipez, qui estoit ses oncles, li aidast mieux et plus volentiers
- garder son droit encontre le dit comte de Monfort, s'il
-le volsist entreprendre, liquelx ne venoit mies dou droit estock
-de Bretaingne. F<sup>o</sup> 52 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Vous savs, si com ichi desus est dit, que li
-rois Phelippes de France, qant il vint au Pont Bouvines l'encontre
-dou roi d'Engleterre, liquels avoit assis et environn la
-chit de Tournai, et i fist son mandement parmi le roiaulme de
-France, il n'oublia pas mander le duch de Bretagne, liquels le
-vint servir plus poissanment que nuls des aultres prinches de
-France; car il ot en sa compagnie et delivrance trente trois
-baners dou pais de Bretagne, et bien sept cens chevaliers et
-esquiers, tous gentilshonmes.</p>
-
-<p>Qant tout li signeur se departirent dou roi et l'un de l'aultre,
-et que casquns s'en retourna viers son pais, et il orent donn
-tous lors honmes congiet, car en grant temps ils n'en pensoient
- avoir faire pour tel cas, chils dus de Bretagne, qui pooit
-estre de l'eage de soissante ans ou environ, s'en retournoit viers
-son pais tout son estat tant seullement. Maladie le prist et
-aherdi sus son cemin, de laquelle il s'acoua au lit en la chit
-de Chartres, et en morut. Ce duch mort, de li ne demora fils ne
-fille, car nul enfant il n'ot onques eu de sa fenme. Chils dus
-avoit eu un frre germain de pre et de mre, lequel on avoit
-nonm mesire Jehan de Bretagne. De ce frre au duc estoit demore
-une belle jone fille, nonme Jehane, et contesse de Pentvre
-de par sa dame de mre. Chil doi duc, c'est entendre le
-duc qui fu devant Tournai, et mesires Jehans de Bretagne, son
-frre et conte de Pentvre, avoient un frre de par lor dame de
-mre, non de par lor pre, car lor mre estoit remarie au conte
-de Montfort. Chils contes avoit eu ce fil, qui se nonmoit contes
-de Montfort, de la dame qui duoise avoit est de Bretagne,
-vivant le duch de Bretagne son mari tant seullement. Li dus de
-Bretagne qui fu devant Tournai et ses frres avoient tenu ce
-conte de Montfort frre, pour tant que il estoit fils de lor mre
-et non de lor pre, ensi que vous le devs entendre. Chils contes
-<span class="pagenum"><a id="Page_268"> 268</a></span>
-de Montfort avoit fenme la soer au conte Lois de Flandres.
-Li dus de Bretagne qui fu devant Tournai, avoit la fille de son
-frre germain mariet messire Carle de Blois, fil au conte Gui
-de Blois et frre au conte Lois de Blois et neveut dou roi Phelippe
-de France, fil de sa serour; car vous savs, ensi que il est
-dit et escript ichi desus, que li contes de Hainnau, li contes
-Guis de Blois et mesires Robers d'Artois eurent les trois serours
-dou roi Phelippe. Chils dus de Bretagne qui fu devant Tournai,
-avoit tous jours fait doubte que li contes de Montfort, son frre
-de remariage, ne vosist, apris son dechis, efforchier sa cousine
-la droite hiretire de Bretagne, et bouter hors de son hiretage;
-et pour ce l'avoit il mariet et donnet mesire Carle de
-Blois, (affin) que li rois Phelippes de France et li contes d'Alenon,
-si oncle, et li dus de Normendie, ses cousins germains, li
-aidaissent soustenir et deffendre son hiretage de Bretagne, se
-li contes de Montfort, qui riens n'estoit issus de Bretagne, le
-voloit efforchier et oster son droit, par queconques cautelle(s) que
-ce fust.</p>
-
-<p>Et ce en avint que li dus de Bretagne pensa et imagina en
-son temps. Car sitos que li contes de Montfort peut savoir
-que li dus de Bretagne, ses frres, fu mors, il s'en vint Nantes,
-qui est la souverainne chit de Bretagne. Et fist tant as bourgois
-et ceuls dou pais entours que il le rechurent signeur et
-li fissent feault et honmage, et toutes les solempnits autles
-conme elles apertiennent faire as dus de Bretagne, sans nulles
-excepsions ne reservations; et tantos ala Rennes, qui est la
-grignour chit apris. Chil de Rennes le rechurent parellement.
-Aussi fissent chil de Vennes, de Camperl, de Camper Correntin,
-de Dol, de Saint Bru de Vaus, de Hainbon, de Lanbale et de
-toutes les chits et villes de Bretagne, reserv Braist et auquns
-fors chastiaus et les signeurs qui ne vodrent pas sitos obeir; car
-il sentoient que mesires Carles de Blois avoit fenme la droite
-hiretire de Bretagne, et s'enmervilloient conment les bonnes
-villes et les chits de Bretagne estoient sitos rendues lui; mais
-mesires Hervis de Lion, un grant baron de Bretagne, i avoit fort
-aidi. Et l par tout o li contes de Montfort aloit et cevauoit,
-et toutes ces receptions il menoit la contesse sa fenme, laquelle
-avoit coer d'onme et le lion. Et s'avisrent li contes et sa
-fenme, qant il orent chevauciet par toutes les chits et bonnes
-villes de Bretagne, que il ordonneroient une feste tenir trs
-<span class="pagenum"><a id="Page_269"> 269</a></span>
-grande en la chit de Nantes. Si fu la feste prononchie et publiie
-par tout, et li jours asigns que la feste se tenroit. Si furent les
-pourveances faites trs grandes et groses de toutes coses que
-la feste pooit ou devoit apartenir. F<sup>o</sup> 71.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_86">86</a>, l. 29: host.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: plus de quinze cens lanches.
-F<sup>o</sup> 167.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_87">87</a>, l. 3: morir.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Roen. F<sup>o</sup> 167.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_87">87</a>, l. 17: se mre.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 11 22, 30 33</i>:
-son pre.&mdash;<i>Mss. A 8, 9, 23 29</i>: sa mre. F<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_88">88</a>, l. 23: sa femme.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: que seur germaine estoit
-du conte Loys de Flandres. F<sup>o</sup> 169.</p>
-
-<p class="space"> <b> 139.</b> P. <a href="#Page_89">89</a>, l. 1: Chou pendant.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Li
-contes de Montfort, qui soubtieus et imaginatis estoit, se departi
-de Nantes et laissa l la contesse sa fenme, pour ordonner de
-celle feste, et cevaua poissance de gens d'armes viers la chit
-de Limoges, dont li dus, son frre, avoit est sires et contes; et
-bien savoit que son grant tresor estoit l, et de lonch temps l'avoit
-assambl. Qant il fu venus jusques Limoges, on ne mist
-nul contredit lui recevoir, car renonme couroit j, et bien le
-remoustroit, que chil de Nantes, de Rennes et de Vennes et des
-chits et bonnes villes de Bretagne l'avoient receu duch et
-signeur, et ce coulouroit grandement son fait. Et li fissent toutes
-les solempnits les eglises et les bourgois de Limoges que on
-doit faire son signeur; et prist et saisi le grant tresor: en or et
-argent avoit grans sonme que li dus son frre avoit assambl, car
-ce fu uns sires de bon gouvrenement et de grant espargne. Chils
-contes de Montfort prist tout ce tresor et le carga et toursa et en
-ordonna ensi conme sien, et s'apensa que il li venroit bien point
-pour renforcier son estat, acquerre des bons amis et destruire ses
-ennemis.</p>
-
-<p>Qant il ot pris la possession de Limoges et de Limosin de
-ce que son hiretage apertenoit, il ordonna partout gens et
-officiiers de par lui et se mist au retour, et vint Nantes. Et
-trouva que les pourveances pour la feste que il voloit tenir, estoient
-toutes prestes, dont il fu moult resjois, car il atendoit les
-nobles et les prelas de son pais, c'est entendre selonch le droit
-que il se disoit avoir. A cele feste qui fu tenue Nantes, vinrent
-des chits et des bonnes villes de Bretagne les consauls et
-les honmes que il avoit cres et pourveus en office; mais des barons
-<span class="pagenum"><a id="Page_270"> 270</a></span>
-nuls n'i vinrent, fors mesires Hervis de Lion, dont il fu
-moult pensieus et esmervillis. Bien est verit que auquns chevaliers
-et esquiers, le plus Bretons bretonnans, i vinrent, liquel
-n'estoient pas encores bien enfourm de la matre. Et tous
-ceuls qui furent sa feste, il donna et departi de ses biens si
-largement que tout s'en contentrent, et acquist la grasce et l'amour
-d'euls, car il n'est riens que dons ne qassent.</p>
-
-<p>Qant li contes de Montfort vei que pluisseur baron et chevalier
-de Bretagne refusoient ses mandemens, et que point n'estoient
-venu sa feste, si en fu tous merancolieus. Et pour ce ne laissa
-il pas fester et faire bonne chire tous ceuls qui venu estoient.
-Et avant que la feste fust esparse, il demanda comment il
-se ceviroit de ceuls qui le voloient adoser. Il fu consillis que il
-semonsist tous ses hommes, et priast ses amis et presist saudoiiers
-de toutes pars, car il avoit bien de quoi faire, et cevauast
-poissance de gens d'armes en Bretagne, et conquesist de fait les
-rebelles et fesist venir obeissance, et tout premierement il alast
-devant Brait et fesist tant que il en fust sires, car pas n'est dus de
-Bretagne qui n'est sires de Brait. Li contes de Montfort crei ce
-consel et semonst tous ceuls qui feault li avoient fait, et desquels
-il pensoit estre aidis, et retint saudoiiers tous ls, et
-les paia bien et largement, tant que casquns le vint volentiers
-servir. F<sup>o</sup> 71 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_89">89</a>, l. 9: seigneur.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: car il n'avoient encorrez
-oy parler de nului qui li debatesist ne mesist callenge.
-F<sup>o</sup> 52 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_89">89</a>, l. 20: parfurnir.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Si avoit li dus
-escript especialement et envoiis certains messaiges deviers le
-visconte de Rohem, monseigneur Charle de Dignant, monseigneur
-Hervy de Lion, monseigneur l'evesque, son frre, ossi l'evesque
-de Rennes et l'evesque de Vanes, au seigneur de Clion,
-au seigneur de Biaumanoir, au seigneur de Kintin, au seigneur de
-d'Avaugore, au seigneur de Lohiach, au castelain de Ghinghant,
-au seigneur de Rais, au seigneur de Rieus, au seigneur de Malatrait,
-au seigneur de Garghoule, au seigneur de Tournemine, au
-seigneur d'Ansenis, et generaulement tous lez barons, chevaliers
-et prelas de Bretaingne, et engoint en especialit que tout venissent
- se feste en le cit de Nantez. F<sup>o</sup> 53.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_89">89</a>, l. 24: Hervi.&mdash;<i>Mss. A 8, 9, 11 17, 20 22</i>:
-Henri. F<sup>o</sup> 70. <i>Mauvaise leon.</i></p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_271"> 271</a></span>
-P. <a href="#Page_90">90</a>, l. 1: entre yaus.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: par le enort de
-monseigneur Hervy de Lion et de aucuns bourgois de Nantez.
-F<sup>o</sup> 53.</p>
-
-<p class="space"> <b> 140.</b> P. <a href="#Page_90">90</a>, l. 17: Brait.&mdash;<i>Mss. A 8, 9, B 3</i>: Braist.
-F<sup>o</sup> 70.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 11 33</i>: Brest. F<sup>o</sup> 76 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_90">90</a>, l. 20: et cousins.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: le femme monseigneur
-Charle de Blois. F<sup>o</sup> 170.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_91">91</a>, l. 4: signeur.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: .... car il y avoit
-plus prochain l'hiretaige qu'il ne fust. De ceste responsce eult
-li comtes de Monfort grant matalant et se retrai arrierre; et deffia
-le chevalier et dist qu'il li remousteroit, ainschois que de l se
-departesist, qule proimet il avoit le duch de Bretaingne. Si
-coumanda logier touttez mannierrez de gens et environner le
-ville de Brait, au costet deviers le terre. F<sup>o</sup> 53.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_91">91</a>, l. 6: signeur.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: .... mais garderoit la ville
-et le chastel pour l'iretire, le femme de monseigneur Charle de
-Blois. F<sup>o</sup> 170.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_91">91</a>, l. 7: qui.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: auquel la duchi appartenoit
-par droit. F<sup>o</sup> 74.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_91">91</a>, l. 9: deffia.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Sy furent l ly barons et les
-sauldoiers du conte huit jours que riens n'i firent. F<sup>os</sup> 170 et 171.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_91">91</a>, l. 11 et 12: assallir.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: toute son host
-o bien avoit douze mille hommes, que uns que aultres. F<sup>o</sup> 170.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_91">91</a>, l. 21: assaut.&mdash;<i>Ms. d Amiens</i>: A cel assault eult
-grant hustin et trs durement fort combatut, car messires Garniers
-de Clichon estoit trs bon chevalier et plains de grant emprise,
-si se combatoit de grant couraige, car il li sambloit que il
-le faissoit sus son droit: s'en estoit de tant plus vigereux et tenoit
-ung glaive en ses mains ung fer bien aceret, et en faisoit
-merveillez d'armez. Et ne pooit nulx venir jusqu' lui, que il ne
-ruast par terre. Ossi li sien le faisoient bien et bel, si comme
-bonnes gens d'armes le doient faire. Si dura chilx assaulx du
-matin jusques nonne ou environ, toudis assallant et deffendant,
-et tant que chil de d'ens furent durement lasset. Ce n'estoit mies
-de merveillez, car d'estre arms et de combattre ung tel terme,
-je ne say coumment on le poelt souffrir ne endurer; mais il le
-faisoient tout de grant vollent et pour ce que il veoient si bien
-combattre leur cappittainne. Et ossi il le besongnoit, car leurs
-ennemis croissoient toudis, et venoient l grant force, fresk et
-<span class="pagenum"><a id="Page_272"> 272</a></span>
-nouviel, et se contourna tous li plus durs et grans assaux cel
-endroit. Finablement messires Garniers de Clichon et li sien furent
-si efforciet et si apresset, que les gens le comte de Monfort
-gaignirent, par fort continuer leur assault, les bailles, et se boutrent
-en le ville entre les gens monseigneur Garnier et le fortrce.
-L en y eut pluiseurs des mors et des navrs, et fte tamaintez
-bellez appertisez d'armez et mainte belle rescousse. Et
-tout combatant et deffendant, chil de dedens se retrayrent vers
-le fort, ms il n'y peurent tout parvenir, que il n'en y ewist grant
-plentet de mors et de pris. Et l estoit li dis messires Garniers,
-l'espe ou poing, derire ses gens, devant sez ennemis, qui merveillez
-y faisoit d'armez, et qui tamaint compaignon dez siens
-rescouvi de mort et de prison, et fist voie pour entrer en le fortrce.
-F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_92">92</a>, l. 8 et 9: le grant restiel.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: le traille.
-F<sup>o</sup> 171.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_92">92</a>, l. 21: navrs.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: et eult plus de quatorze
-plaies.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_92">92</a>, l. 30: au tierc jour.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: au septime jour.
-F<sup>o</sup> 172.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_93">93</a>, l. 20: joians.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Qant li contes de Montfort
-vei que il avoit gens asss pour cevauchier avant en Bretagne,
-et pour aprendre congnoistre liquel et lesquels vodroient
-faire partie l'encontre de li, et dire que il ne fust de son droit
-dus et hiretiers de Bretagne, li intension de li et de son consel
-estoit telle que il les radreceroit, vosissent ou non, raison. Si
-se departi de Nantes en grant arroi, et se mist au chemin pour
-venir et aler devant Brest. Vous devs savoir, avant que il venist
- Brest, il avoit j le plat pais de Bretagne et moult de
-grosses villes si constrains lui et mis en son obeisance que
-toutes gens le sievoient cheval et piet, les uns par renonme
-que on disoit: Vechi nostre signeur le duch, les aultres par
-cremeur, que il n'en osoient faire le contraire. Et tant esploitirent
-li contes de Montfort et toutes ses routes, que il vinrent devant
-Brest. Dou chastiel de Brest, pour ces jours, estoit gardiiens
-et chapitainne uns vaillans et sages chevaliers, qui se nonmoit
-messires Garniers de Clion, cousins germains au signeur de
-Clion. Li contes de Montfort le manda que il venist parler lui
-sus asegurances; il vint. Qant il fu venus, il li demanda pourquoi
-il clooit les forterces de Bretagne l'encontre de li, qant
-<span class="pagenum"><a id="Page_273"> 273</a></span>
-bien il savoit que il en estoit dus et sires, et que les chits et
-bonnes villes de Bretagne l'avoient recheu signeur. Il respondi
- ce et dist: Sire, je tieng clos et tenrai le chastiel de Brest,
-tant que il me sera aparant que il i auera un duch en Bretagne,
-qui recheus i sera de tous les barons et les fievs, ensi conme il
-apertient estre recheus, et que chils dus auera fait son devoir
-deviers son naturel et souverain signeur, le roi de France, et
-que li rois l'auera recheu honme liege, de foi et de bouce. Et
-qant ce me sera apparant clerement, je obeirai: ce sera raisons.
-Donc dist li contes de Montfort: Garnier, vous ves mesire
-Hervi de Lion qui est uns des grans barons de Bretagne, qui est
-venus obeisance moi, et aussi sont pluisseur noble prelat et
-gentilhonme, et toutes les chits et bonnes villes de Bretagne. Si
-ne me devs pas estre rebelles, ne aleghier dou contraire, que je
-ne soie dus de Bretagne, car la succesion m'en vient de par monsigneur
-mon frre, le daarain mort.&mdash;Sire, respondi li chevaliers,
-je ai est moult de jours et de nuis dals monsigneur
-vostre frre, de qui vous parls, et se li ai oy dire et affremer
-que la duce de Bretagne vous n'avs nul droit, mais l'a mesires
-Carles de Blois en l'oqison de madame sa fenme qui fille fu
- mesire Jehan de Bretagne, conte de Pentvre, et frre germain
-au bon duc darrainnement mort. Et qant les raisons seront esclarcies
-et determines, l ou lieu o elles le doient estre, c'est Paris
-devant le roi de France et les douse pers, puis que vous en
-vols faire question, je ouverai le chastiel de Brest, et jusques
-adonc, non.&mdash;Garnier, Garnier, respondi li contes de
-Montfort, nous ne volons pas tant atendre. Or vous en retourns,
-vous avs asss parl, et sachis que nous i enterons qant nous
-porons. Atant rentra mesires Garniers de Clion ens ou chastiel,
-et li contes de Montfort fist ordonner et apparillier enghiens
-et bricoles pour assallir, et dist: Brest est la clef de Bretagne,
-mais par celle clef je voel entrer en Bretagne.</p>
-
-<p>Li contes de Montfort prist en grant desplaisance ce que messires
-Garniers de Clion li avoit dit et respondu, et dist que jams
-il n'entenderoit aultre cose, si aueroit pris le chastiel de
-Brest. Le second jour apris, il fu consillis de faire ce que je
-vous dirai, de mettre une enbusqe sus au plus pris dou chastiel
-conme il poroit par raison et puis deslogier de l mal ordonneement,
-ensi que gens font qui ne svent que c'est de gerre, pour
-traire hors dou chastiel messire Garnier et les siens; et qant il
-<span class="pagenum"><a id="Page_274"> 274</a></span>
-seroient hors, li enbusqe saudroit avant et les encloroit entre le
-chastiel et l'oost. Aultrement ne les pooit on avoir. Ensi conme il
-fu consilliet, il fu fait, et li enbusqe asisse et mise couvertement
-desous le chastiel. Qant ce vint au matin, chil de l'oost se conmencirent
- deslogier, et euls departir par fouqiaus, et tourser
-tentes et trefs et metre sus chars et voiture. Messires
-Garniers de Clion et li compagnon qui ens ou chastiel de Brest
-estoient, perchurent ce convenant; si dissent: Sallons hors et
-nous frapons en la qeue de ces alans. Nous lor porterons damage
-et ramenrons des prisonniers. Il le fissent, et issirent hors et
-n'eslongirent point de trop lonch le castiel, car les gens de
-Montfort estoient logiet moult pris ens s courtils, devant les
-fosss. Qant il furent issu, les lances ens s poins, et tous apparillis
-pour faire armes et ferir en la qeue des Montfortois, et j
-il escarmuoient, evous l'enbusque venant tout le pas autour dou
-chastiel, et trouvrent ceuls qui gardoient la porte. Qant il perchurent
-lors ennemis, il furent tout esbahi, et toutes fois il se
-missent la deffense moult vaillanment. Mesires Garniers et li
-sien orent le hustin. Si laissirent lor emprise et retournrent
-viers le chastiel, et envarent moult vaillanment lors ennemis. A
-grant mescief porent il rompre la presse des assalans, car li pons
-estoit avals, et la porte ouverte; si se efforoient de entrer dedens.
-L ot fort hustin et dur, et moult d'armes et d'apertises i
-fissent chil dou chastiel, et par especial messires Garniers de
-Clion, car il se tenoit derrire tous les siens et les remetoit par
-apertisses d'armes dedens la porte. Chil qui estoient amont traoient
-et jettoient as assallans et les faisoient requler. Et toutes fois li
-pons et la porte euissent est efforchi, con grande vaillance que
-il i euist ou chevalier et en ses gens, se chil qui estoient amont
-ne se fuissent delivr de lever le pont et d'abatre la porte couleice.</p>
-
-<p>Qant il orent ce fait, il laissirent une petite plance aler, sus
-laquelle lors gens montoient un un et rentroient ens ou chastiel.
-L estoit mesires Garniers de Clion tout devant, et faisoit voie
-ses gens et les remetoit dedens son pooir, et fist ce jour d'armes
-ce que uns vaillans homs doit faire; mais il fu navrs moult
-durement, et grant painne fu il remis dedens la garnison. Et
-l ot ce jour celle escarmuce grant fuisson de blecis des uns et
-des aultres. Li contes de Montfort et ses gens se retournrent
-tous en lors logeis conme en devant. Et qant chil dou chastiel de
-<span class="pagenum"><a id="Page_275"> 275</a></span>
-Brest veirent ceste ordenance, il perchurent bien que il estoient
-decheu, et encores furent il plus courouchi, car mesires Garniers
-de Clion ne pot avoir dedens la forterce ce que il li besongnoit,
-pour entendre as plaies que il avoit ou chief et ou corps,
-et morut dedens trois jours, dont furent tout li compagnon desbaret
-et esbahi, qant il veirent mort lor chapitainne. De la mort
-mesire Garnier fu enfourms li contes de Montfort. Si en fu tous
-resjois, car bien veoit que point n'aueroit la forterce, tant que
-messires Garniers fust en vie. Il fist trettiier par mesire Hervi
-de Lion as compagnons de Brest, et leur fist dire que il lor pardonroit
-tous mautalens, se il li voloient rendre la forterce. Chil
-qui dedens estoient, qui veoient mort lor chapitainne, et ne lor
-apparoit seqours de nul cost, se doubtrent de lors corps et de
-lors biens perdre; si rendirent Brest au conte de Montfort,
-salve lors corps et lors biens. Ensi eut li contes de Montfort le
-chastiel de Brest, et le rafresci de nouvelles gens et de pourveances,
-et le bailla en garde et sus son honnour un gentilhonme
-des siens, auquel il avoit bonne fiance. F<sup>os</sup> 72 et 73.</p>
-
-<p class="space"> <b> 141.</b> P. <a href="#Page_93">93</a>, l. 24: Rennes.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>:
-Vennes. F<sup>o</sup> 77 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_93">93</a>, l. 30: doubtance.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Si y aloient li
-pluiseur plus par force que par amours, car qui en fuist rebellez,
-li comtez le fesist decoller sans merchy. F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_94">94</a>, l. 2: fourbours.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: qui adonc estoient
-moult grans. F<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_94">94</a>, l. 3: Et avoient.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et avoient avoecq
-yaux cappittaine de par le duc dairain mort, ung gentil homme,
-chevalier preu et hardi merveillez, et avoit son mannoir et
-son hiretaige asss pris de l; et le amoient communement trz
-durement. Et avoit chilx nom messires Henris de Penefort, et
-disoit bien que j ne relenquiroit sa droite damme la femme
-monseigneur Charlon de Blois, et le tenoit et avoit tenu toudis
-hiretierre de Bretaingne. Ossi tout chil de la chit de Rennez estoient
-de son accord.</p>
-
-<p>Enssi fu assigie la chit et la ville de Rennes dou comte de
-Monfort et de tous ses comfortans. Peu y fist traire ne lanchier,
-car il ne volloit mies grever ne blechier ses gens. Or avint que il
-prist vollent monseigneur Henry de Pennefort de faire une yssue
-sour ses ennemis et de resvillier ciaux de l'ost. Si s'en descouvri
-<span class="pagenum"><a id="Page_276"> 276</a></span>
- aucuns jouennes bourgois et compaignons de le ville de Rennes,
-liquel s'i accordrent et priirent tout l'un l'autre. Et se queillirent
-et armrent une ajourne, et yssirent de le chit; et pooient
-y estre environ cinq cens, tous armz et bien montz. Et s'en vinrent
-couvertement par voies non sceuez, et se boutrent en l'ost
-le comte de Monfort l'un des corons; et abatirent tentez et trz
-et pauvillons, et coummenchirent gens navrer et ocire et mehaignier,
-et faire un mout grant desroy. Li hos s'estourmy, et
-coururent vistement as armez; et messires Henris de Pennefort,
-quant il vit que point fu, il se retraist tout bellement vers le cit
-de Rennes.</p>
-
-<p>En celle propre nuit avoit fet le get li sirez de Gadugal et bien
-sept cens armurez de fer, sans les brigans targes et pavais.
-Si entendirent coumment chil de le chit estoient yssus hors et
-avoient port moult grant dammaige leur ost. Adonc s'en vint
-li sirez de Gadugal, qoite d'esperons, entre le chit et messire
-Henry de Pennefort, et lez encloi avoecq se routte, parmy tant
-que chil de l'ost, qui estourmit estoient, leur revinrent par derire.
-La eut grant bataile et fort combatue d'une part et d'autre. Et y
-fissent chil de Rennes grant plentet d'armez, et fortement se
-combatirent; ms gens croissoient toudis chiaux de l'ost. Se ne
-les peurent le longhe souffrir ne porter, et fu(i)rent comme desconfit
-chil de Rennez deviers leur ville. Et en i demoura grant
-fuisson des leurs, car li enchauce et li poursuioite dura jusquez
-as barrires. Et remest messires Henris de Pennefort en bon convenant
-sus le place, et trop bien se combati desoubz son pignon,
-ms finablement il ne peut durer. Rendre le couvint, et fu prisonnier
- ung escuier de l'hostel le comte de Montfort, que on
-apelle Joffroy dou Bruel, liquelx le rendi au dit comte qui en eut
-grant joie, pour tant qu'il li estoit contraire et avoit estet moult
-grans ennemis.</p>
-
-<p>Quant chil de Rennez se virent ensi desconfit et pris leur
-bonne cappittainne, si furent tout ce jour durement esbahy; et
-durement leur anoya, et ce fu bien raisons. Nonpourquant il se
-recomfortrent entre yaus; et disent li plus saige que, se il avoient
-perdu celle fois, un autre fois il se recouvreroient. Si passrent
-ensi leur anoy et entendirent as deffenscez de leurs chitz. Or
-vous diray de quoy li comtez de Montfort s'avisa affin que pour
-mieux constraindre et atraire lez bourgois de Rennes sa volent,
-car bien savoit que toute la coumunalt de le ville amoient
-<span class="pagenum"><a id="Page_277"> 277</a></span>
-durement monseigneur Henry de Pennefort, et que jammais il ne
-li lairoient prendre quel meschief dou cors, l o bonnement il le
-pewissent amender. Pour ce, fist il amener le chevalier et li dist:
-Messires Henris, messires Henris, vous m'avs estet grandement
-contraires et rebelles en touttes mes besoingnes, et advs
-enhortet et amens les bourgois et le communaut de Rennes
-che qu'il se sont clos contre moy, qui sui leurs drois sirez naturelz;
-et estez venus avoecq eulx main arme sour my, et m'avs
-port grant dammaige de mes hommes: pour quoy il faut
-que vous mors, car briefment je vous feray pendre, voiant tous
-chiaux de le chit, par quoy il y prenderont exemple. Et quant
-li chevaliers entendi le comte de Montfort ensi parler, s'il fu esbahis,
-ce ne fu pas merveillez. Nonpourquant il respondi et dist:
-Chiers sirez, vous povs faire de moy vostre bon plaisir, car
-vous me tens en votre prison. Ms, s'il plest Dieu, vous ars
-bon advis, car ce seroit grant cruault, se moy, qui sui pris en
-fs d'armes, moroie villainnement et sans deserte, et trop grant
-blamme vous seroit reprochiet. Et se j'ay tenu ceste opinion contre
-vous, je ne sui pas seus, car il y a encorres mil chevaliers et escuiers
-en le duc de Bretaingne, ou si grans ou plus grans que
-je ne sui, qui le tiennent et tenront, che dient. Car ensi l'avons
-nous juret fealment monseigneur le duc vostre frre, dairain
-trespasset; et proummis tenir sa nice, femme monsigneur
-Charlon de Blois, damme et hiretire. Si me pos tenir en prison,
-s'il vous plest, et quant la declaration sera faitte de vous et
-d'elle, faittes de moy vostre bonne vollent et che que vos conssaux
-et bonne conscienche aporteront qu'il en appertenra adonc
- faire.</p>
-
-<p>Quoyque messires Henris de Pennefort parlast asss raisonnablement
-au comte de Monfort, seloncq l'avis de pluiseurs, li comtez
-ne se refroida mies de tenir sen oppinion, et dist: Messire
-Henri, vostre arguement ne vallent noient, ne de vostre dame,
-femme messire Charle de Blois, car il est tout cler que je sui
-dus de Bretaingne, et demoray dus tousjours; et, comme dus,
-je vous juge et condamne mort par le cause de vostre rebellion.
-Si vous povs confesser, se vous voullz, car jammais ne buveray
-ne mengeray, si vous aray fet pendre, ou vous me ferz rendre
-le chit de Rennes en foy et en hoummaige, et vous ossi me
-jurz feault, ensi qu' vo droit seigneur. Et quant li chevaliers
-entendi le comte ensi parler et si acertez, si fu touz esbahis; car
-<span class="pagenum"><a id="Page_278"> 278</a></span>
-de relenquir sa droite damme, che li estoit moult dur. Si dist
-tous confortz: Sire, vous povs faire de moy vostre bon plaisir,
-ms pour morir, je ne le relenquiray j mon droit seigneur,
-ne le serment que j'ay fet, et Dieux ait l'ame de moy! S'il li plest
-que je muire, je le receveray en gr, car il n'est nulle mort honteuse,
-puis que on le prent pour bien faire et sus title de loyault
-maintenir.</p>
-
-<p>Adonc fu coummand de par le comte de Monfort que li chevaliers
-fust amens vers Rennes, et que on levast unes fourques
-mout tost prs de le cit. Tout chou fu fait qu'il coummanda, les
-fourques leves, et messires Henris de Penefort par le marescal
-de l'ost amens jusques Rennes, et bien gards de plus de deux
-mille bachins, affin que chil de le ville ne le rescouvissent. Et
-quant li coummunault de le chit de Rennes entendi que li gibet
-que on carpentoit et levoit si pris d'iaux, estoit ordonns pour
-faire morir monseigneur Henry, leur bonne cappitainne, si eut en
-le ville grant cririe et grant plorie. Et en avoient touttez mannierres
-de gens grant pitet, et fissent assavoir au comte de Montfort
-se pour raenchon on le poroit ravoir; et il leur respondi que
-nenil, fors pour avoir le chit de Rennes en se obbeyssance. Dont
-respondirent il qu'il aroient consseil et advis de chela faire, et
-que on le volsist detriier tant que on fust conssilliet; et li comtes
-leur acorda vollentiers.</p>
-
-<p>Endementires que chil de le chit de Rennes se conssilloient
-entre yaux dou rendre ou dou laiier, il y avoit l aucuns chevaliers
-de l'amist monseigneur Henry de Pennefort, qui li enhortoient
-et conssilloient que il se volsissent retraire au comte de
-Monfort, et que il faisoit trop grant follie de tenir l'oppinion que
-il tenoit: car pour quoy? disoient il. Monseigneur Henry,
-otant bien avions nous nostre loyaut et honneur que vous faittez
-la vostre; ms nous ne veonz nul apparant de monseigneur Charlon
-de Blois, ne de sa femme, qu'il se retraient avant l'hiretaige.
-Et prends enssi que messires Carlez reviegne le duc
-de Bretaingne et que ce soit ses drois, se couvenra il que li
-comtez de Montfort en ait aucune parchon. Dont espoir vous
-eschers en ceste, ou autrement vous avs orez belle escusation,
-car par constrainte vous sers devenus homs au comte de Monfort.
-J pour ce, messires Carlez de Blois ne vous en vaura pis.</p>
-
-<p>Ensi et de pluiseurs parollez fu tant mens et enformz li chevaliers
-que il se laissa dire, car au destroit chacuns fuit le mort
-<span class="pagenum"><a id="Page_279"> 279</a></span>
-vollentiers; ms encorres disoit il que, se il quidast estre venus
- tel coron, il ne se fust j rendus prisonniers, ms fs occire sus
-lez camps, et que messire Garniers de Clichon avoit estet loyaux
-et vaillans chevaliers, quant en se loyault il estoit mors. Ensi se
-debatoient de parollez li chevalier et li escuier de Bretaingne,
-qui adonc avoec le comte de Montfort estoient, monseigneur
-Henry de Pennefort; car trop envis le ewissent veut pendre, ne
-recepvoir nul dammaige dou corps. Et chil de Rennes parlementoient,
-li petis contre les grans, et estoient en grant estri ens le
-place o il estoient tout assamblet. Car la coumunaut volloit que
-la cit fust rendue et messires Henris de Pennefort delivrz; et
-li rice homme et grant bourgois y estoient tout contraire, et
-disoient que j n'avenroit que il fesissent fraude, ne se desloyautaissent
-enviers leur droite damme naturelle, pour ung chevalier,
-et que trop grant meschief leur poroit retourner. Nient
-mains touttez raisons remoustrez des grans as petis, il n'y
-vorent point entendre, ms sonnrent la cloche et se coururent
-armer. Et s'esleva grans tumultes et dissentions entre les coummuns
-et lez plus gros de le ville qui contraire estoient leur
-vollent; et les coururent sus, et il se deffendirent. L en y eult
-pluiseurs mors et blechiz, ms finablement li communaut obtinrent
-le place et furent mestre et souverain ce donc des grans.
-Et envoiirent deviers le comte de Montfort, en disant que il
-venist sceurement en le cit de Rennes, on li recepveroit
-signeur, ms que il reuissent monseigneur Henry de Pennefort.
-Li comtez dist: oil, et fu de ces nouvelles mout joiant, et
-vint en le cit de Rennes, et y entra en grant reverense de
-trompez et de trompettez et de touttez mannierres de menestrandie.
-Et vinrent li clergiet grant pourcession contre lui et le
-amenrent cel solempnit le cathredal eglise; et l li jurrent
-tout feault et li fisent hoummaige comme leur droit seigneur.
-Et ossi fist messires Henris de Pennefort, qui devint ses homs
-et ses chevaliers: dont li comtez eut grant joie, car il le sentoit
-preudomme et vaillant; et puisqu'il en avoit le foy, il ne le frauderoit
- nul jour. Se le retint li comtez de son consseil, et li
-donna tantost cinq cens livrez de revenue, et li assigna bien o il
-lez devoit prendre.</p>
-
-<p>Ensi comme je vous recorde eut li comtez de Montfort la
-bonne cit de Rennes, le foy et le feault des bourgois de la
-ville; et s'i tint par cinq jours, pour lui rafreschir et reposer, et
-<span class="pagenum"><a id="Page_280"> 280</a></span>
-pour mieux entendre le fortrce de le ville et atraire touttez
-mannierrez de gens sen amour. Et de tant comme il y fu, il y
-tint toudis court ouverte et donna grans dons as bourgois et
-touttez mannierres de gens dont il entendoit le mieux valloir;
-et tant fist qu'il y acquist grant grace. Quant il s'en dubt partir,
-il y laissa ung chevalier de par lui cappitainne, breton bretonnant,
-en qui il avoit grant fianche; et appielloit on cesti monseigneur
-Guillaumme de Quadudal, gentil homme et preudomme
-durement. Au sixime jour, il s'en parti et coummanda deslogier
-touttez mannierres de gens et prendre le chemin deviers le
-castiel et le forte ville de Hainbon; et emmena avoec lui monseigneur
-Henry de Pennefort, car il en penssoit bien avoir mestier
-en son voiaige. F<sup>o</sup> 54 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_94">94</a>, l. 13: deus cens.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: trois cens. F<sup>o</sup> 172.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_94">94</a>, l. 21: le gait.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Sy fu au retour entre
-l'ost et le chit enclos de mesire Hervi de Lion qui avoit fait le
-gait. F<sup>o</sup> 172.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_95">95</a>, l. 8: le porte.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: et fist lever unes fourques
-droit devant les fosss. F<sup>o</sup> 173.</p>
-
-<p class="space"> <b> 142.</b> P. <a href="#Page_96">96</a>, l. 11: Adonc.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Li comtez
-Jehans de Montfort se departi de Rennez et fist arouter ses os et
-son charoy pour venir Hainbon, ung trs fort chastiel seans
-sus mer. Bien avoit oy recorder que messires Oliviers de Pennefort,
-frrez au dit monsseigneur Henry, l'avoit en garde et en
-estoit castellains, et ossi que li castiaux avoecq la ville estoient si
-fort que il ne faisoit mie prendre ne gaagnier, sans trop
-loing sige. Et pour ce, en cheminant celle part, il moustroit
-tous les signes d'amours qu'il pooit, monseigneur Henry de
-Pennefort, et li disoit: Henri, Henri, vous estez devenus mes
-homs et mes chevaliers. Si me devs toutte obeissanche et tout
-service, et m'avs juret feault et aidier concquerre mon
-hiretaige de Bretaingne et destruire tous rebellez.&mdash;Sire,
-che li dist messires Henris, il est verits. Et pourquoy le dittes
-vous? S'il plest Dieu, vous n'y veurs j le contraire, puisque
-ce me sui adounns et assentis.&mdash;Je le vous diray, ce dist li
-contes, nous chevauchons deviers Hainbon, dont Oliviers, vos
-frres, est gardiiens et cappittainne. Si ne voroie pas, pour l'amour
-de vous, qu'il ewist nul dammaige dou corps; et se vous volliz
-bien, adcertez nous l'arions nostre acord, et plus l'a(r)oie avoir
-<span class="pagenum"><a id="Page_281"> 281</a></span>
-bellement que fellement.&mdash;Sire, che respont messires Henris,
-or me monstrz voie, s'il vous plest, comment ce se pourroit
-faire.&mdash;En nom Dieu, dist li comtez, je le vous diray. Quant
-nous deverons demain aprocier le ville de Hainbon quatre ou
-cinq lieuwes, vous prenders quatre cens ou cinq cens armures de
-fer des nostrez, et chevaucers devant tout les bannires de
-Bretaingne, et li ferz assavoir que vous vens vers lui. Je croy
-asss bien que il vous ouvera les portes, et quant vous serz ens
-et enssi que saisis de la ville, vous li mousters sus quel estat
-vous sers l entrs, et que c'est bon qu'il me reoive comme son
-droit seigneur.&mdash;Sire, che respont messires Henris, puisque
- ce vous m'esmouvs, et que de vostre ordonnanche vient, je le
-feray, ms je deceveray mon frre.&mdash;Henri, Henri, ce dist
-li comtez, en fs d'armes convient ung seigneur qui voet venir
-ses ententes, soutillier pluiseurs voies d'avantaige pour lui. Autrement
-il n'a que faire de gueriier, et ceste est la plus proainne
-que g'y puis ymaginer pour mon prouffit, car Hainbon n'est mies
-ungs castiaux concquerre par sige ne par assault, sans grant
-coustage. F<sup>o</sup> 55.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_96">96</a>, l. 11: li contes.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: et la contesse.
-F<sup>o</sup> 75.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_97">97</a>, l. 10: six cens.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: cinq cens. F<sup>o</sup> 75 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 143.</b> P. <a href="#Page_97">97</a>, l. 25: Adonc.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Sus les
-parolles dou comte de Montfort s'ordonna messires Henris de
-Pennefort. L'endemain, chevaucha li hos deviers Hanbon. Et si
-comme il pooient y estre cinq lieuwez pris, li dis messires
-Henris se parti dou comte et enmena avoecq lui jusquez cinq
-cens armures de fer, et chemina tous les grans ghalos deviers
-le ditte fortrche. Et quant il fu ensi que une petitte lieuwe
-pris, il envoya ung hiraut devant mander son frre qu'il
-venoit, et que il li vosist ouvrir les portes. Li hiraux fist tout ce
-dont il fu chargis. De la veuue monseigneur Henry de Pennefort
-eut messires Oliviers, sez frrez, si grant joie, qu'il ne
-demanda oncquez s'il estoit amis ou ennemis, ms dist au hiraut:
-Alz contre lui, et li dittez qu'il est li bien venus. Ensi le
-raporta li hiraux monseigneur Henry, liquelz entra en le ville
- touttes ses gens, et se saisi de son frre et dou castiel. Et
-recorda son frre comment li affairez alloit en Bretaingne, et
-que li comtes de Monfort avoit j lui et en son accord le plus
-<span class="pagenum"><a id="Page_282"> 282</a></span>
-grant partie dou pays, et bien estoit tailliz d'avoir le remanant,
-car nuls ne li alloit au devant. Et li avoient grant plentet des
-seigneurs fet feault, et especialment cil de Nantez et de Rennes,
-qui sont les souveraines chitz dou pays et sour qui tous li demorans
-se doit aviser.</p>
-
-<p>Quant messires Oliviers de Pennefort eut oy son frre, et il
-se vit pris et au desoubz de sa fortrce, si fu durement courouchiz,
-ms amender ne le pot. Et dist bien que se il ewist
-senti ne seu que ses frrez dewist l venir en tel mannire, il n'y
-fuist mies entrz, car vilainement l'avoit dechupt: Certes, biau
-frre, ce respont messires Henris, il est veritz. Ms li comtez
-de Montfort, qui s'apelle et escript dus de Bretaingne, en est
-cause, et li ai fet feault et hoummaige, et vous li ferz ossi et
-devenrs ses homs: je le vous consseille. Respont messires
-Oliviers: Voeille ou non, il convient que je le soie, ms jou
-ewisse plus cher autrement, s'il pewist y estre. Que vous feroie
-je loing compte? Tant parla et precha messires Henris de Pennefort
-que amiablement il le fist monter prive mesnie et sans
-armure, et chevauchier contre le comte de Montfort, qui le
-rechupt liement et grant joie, et li dist que de ce jour en avant
-il seroit de son hostel et de son plus privet consseil; et li donna
-tantost cinq cens livrez de revenues et li assigna bien o il les
-prenderoit. Si entra li dis comtes en le forte ville de Hainbon,
-qui est ungs grans et bons pors sus mer, et prist le foiaut et
-hoummaige de tous lez hommez de le ville et dou chevalier ossi
-monseigneur Olivier de Penefort, et y demoura trois jours et
-toutte se ost ossi; se s'i rafreschirent. Et y ordonna li comtez
-castelain et gouvreneur pour le garder et deffendre contre tous
-venans, s'il besongnoit, ung trs bon chevalier et de grant
-affaire, que on clamoit monseigneur Yvon de Tigri, en qui li
-dis comtez se confioit moult, et trois cens saudoiiers, touttes
-bonnes armurez de fer, et paiis de leurs gaiges pour ung an.</p>
-
-<p>Quant li comtez de Montfort se fu mis en saisinne et en possession
-de le forte ville et dou biau castiel de Hainbon, et ordonn
-garnison telle qu'il li pleut, il eult consseil et advis qu'il
-se trairoit deviers le cit de Vennes. Si fist arouter son ost,
-cargier son caroy et cheminer celle part. Ainchois qu'il y parvenist,
-il fist traitier chiaux de Vennes que il le volsissent
-recepvoir signeur, et il leur seroit trs bons sirez; et lez tenroit
-as us et as coustummes que li dus de Bretaigne, ses frrez, dairains
-<span class="pagenum"><a id="Page_283"> 283</a></span>
-trespassz, les avoit tenus, ou milleurs. Quant cez
-nouvellez vinrent en le chit de Vennes, il sonnrent leur cloche
-et s'asamblrent. Et quant il furent tout assamblet, les offres,
-les ordonnanchez, les proummesses et lez requestez, que li comtes
-de Montfort leur faisoit, furent l remoustres et recordes. Li
-aucun s'acordoient lui recepvoir seigneur, et li aucun, non.
-Toutteffois, une souffranche fu prise durer troix jours, et l
-en dedens estre devoient tout conssilliet dou faire ou dou laiier.
-Ceste souffranche durant, li comtez ne laissa miez pour ce que il
-ne se logast bien et puissamment devant Vennes et ne le asegast
-de tous poins, ms nul contraire ne fist le chit; ainsois leur
-offroit toutte amour et grans bienfs, l o il le volroient recepvoir
- seigneur. Cil de Vennes se consseillirent li ung par
-l'autre, et regardrent que il estoient sus l'un des corons de
-Bretaingne, et que Nantes, Rennes, Hainbon et pluiseur autre
-castiel estoient tournet l'acord le comte de Montfort, et que
-nulz ne li contrestoit. Si se doubtrent que grans maux ne leur
-en venist, car leur cit n'estoit mies forte pour yaux tenir contre
-ung host, ne le pais; et si n'ooient nullez nouvellez de monseigneur
-Charlon de Blois: si ques, tout consideret, le bien contre
-le mal, et le fort contre le foible, il s'acordrent au comte de
-Montfort et le rechuprent seigneur, et li fissent hoummaige et
-li jurrent feault et l'amenrent grant procession au castiel.
-Et l tint il sa feste, par deux jours, dez chevaliers qui avoecq
-lui estoient et des bourgois de le ville; et deffist tous offisciers
-et remist nouviaux offisciiers en le ville et en le baillie de Vennes.</p>
-
-<p>Au tierch jour, il (li contes) s'en parti (de Vennes) et alla
-assegier ung trs fort castiel seant sus ung hault terne sus la
-mer, que on claimme Rocheperiot. Si en estoit castelains uns
-vaillans chevaliers et mout gentils homs, que on clammoit monseigneur
-Olivier de Clichon, cousins germains celui monseigneur
-Olivier de Clichon qui fu depuis decollz Paris, ensi comme
-vous ors recorder chy apris. Et sejourna li dis comtez devant
-Rocheperiot bien, sige fet, huit jours entirs. Oncquez ne peult
-trouver voie par quoy il pewist le castiel gaegnier, si fors estoit
-il et en lieu si inhabitable; et si ne peut trouver accord au gentil
-cevallier, par quoy il volsist obeir lui par proumesses, ne par
-manachez, qu'il li pewist faire. Si s'en parti atant et laissa le
-sige et le castiel ester jusques tant que plus grant prouffit li
-venroit d'aucuns aultrez tretiz, et puissance li croisseroit. Si
-<span class="pagenum"><a id="Page_284"> 284</a></span>
-s'en vint devant ung autre castiel que on appelle au Suseniot,
-o par usaige li duc de Bretaigne se tiennent pour le cause des
-biaux esbas qui sont l environ, tant des bois comme dez rivirez.
-Li castelains le rendi lui; et li laissa li contes, quant il en eut
-pris le possession. Depuis chevaua et s'en vint devant castiel
-d'Auroy, qui est une belle fortrche et de grant nom; et le fist
-li roys Artus jadis faire et fonder, quant il concquist Bretaigne.
-Si en estoit castelains ungs moult gentilz chevaliers, que on clammoit
-monseigneur Joffroy de Malatrait, qui moustra bonne chire
-et grant couraige de lui deffendre. Adonc fist li comtez de Monfort
-logier ses gens environ le castiel, et dist qu'il ne s'en partiroit
-si l'aroit sa vollent.</p>
-
-<p>Quant messires Joffroy de Malatrait se vit assegiet dou comte
-de Montfort et oy lez manachez qu'il li faisoit, si demanda une
-trieuwe de deus jours tant seullement, et l en dedens il se conssillieroit.
-Li comtez li accorda liement et envoya parler lui monseigneur
-Yvon de Tigri, grandement compaignon et amic au dit
-monseigneur Joffroy, liquelz esploita si bien deviers lui, et tant
-li dist d'une cose et d'autre, que messires Joffroy de Malatrait
-rechupt le comte de Monfort seigneur, et le mist en le possession
-dou castiel et de le castelerie d'Auroy, qui est moult belle et moult
-grande. Et li comtez li rendi et li laissa par le consseil qu'il eult,
-et avoecq lui monseigneur Ivon de Tigri; et les fist gardiiens
-de tous le pays l environ, et prist de tous les gentils hommes
-le foy et hoummaige.</p>
-
-<p>Puis s'en parti li dis comtez et mena son ost par devant ung
-autre fort castiel assz pris de l, que on claime Gou le Forest.
-Chils qui castelains en estoit, veoit que li coens de Monfort avoit
-grant ost, et que tous li pays se rendoit lui, si que par le enort
-et consseil monseigneur Hervy de Lion, que mout amoit et congnissoit,
-car il avoient estet grant amy et compaignon enssemble
-en Grenate et ailleurs en estraingez contres, il s'acorda au dit
-comte et li fist feaut, et demoura gardien dou dit castiel de par
-le comte.</p>
-
-<p>Tantost apris, li dis coens de Montfort se parti de l, et s'en
-alla deviers Craais, bonne ville et bon castiel et fort durement.
-Dedens Craais avoit ung evesque qui sirez en estoit, onclez
-monseigneur Hervi de Lion, si ques, par le consseil et tretiet
-monseigneur Hervi, chilx evesquez s'acorda au dit comte et le
-recongnut seigneur jusques adonc que venroit avant qui plus
-<span class="pagenum"><a id="Page_285"> 285</a></span>
-grant droit mousteroit pour avoir la duch de Bretaingne. Et
-sus cel estat en prist li comtes de Montfort le feault.</p>
-
-<p>Apris ce que la ville et li castiaux de Craais se furent rendut
-au comte de Monfort par le pourcach de monseigneur Hervi de
-Lion, cui oncles estoit (li<a id="FNanchor_404" href="#Footnote_404" class="fnanchor">&nbsp;[404]</a> dis) evesque, li comtez fist ses gens
-deslogier et arouter vers Ju(g)on, qui est trs bonne ville et forte,
-et y apent ungs biaux castiaux. Dedens le ville de Ju(g)on se tenoit
-messires Amauris de Clichon, frrez mainnz au droit seigneur de
-Clichon. Et l'avoient cil de le ville pris cappittainne pour yaux
-conssillier et conforter en tous cas; et ainssi leur avoit il juret,
-car grandement il estoit ams et creus, et tenoit son hiretaige
-asss pris de l. Se se cloy li dis messires Ama(u)ris au devant
-dou comte, et dist que, se il plaisoit Dieu, il n'aroit j le ville
-de Ju(g)on si legierement qu'il cuidoit. Li comtez de Monfort vint
-par devant, et fist toutte son ost l traire et logier; et avoit bien
- ce donc parmy le communaut dou pays quarante mille hommes,
-tous aidablez. Si fist ses arbalestriers aller traire et escamucier
-le ville, et d'autre part Espagnos et Bidaus, dont il avoit grant
-fuison saudes, traire, paleter et assaillir as murs; ms peu y
-gaegnirent, ainchois en y eult des blechiz grant foison. Quant
-li comtez de Monfort vit que par assault il ne poroit avoir le
-ville de Jugon, il envoya querir en le chit de Rennes quatre
-moult biaux enghiens qui l estoient, pour faire drechier devant
-le fortrche et chiaux de d'ens assaillir par cel estat. Che pendant
-que on les estoit als querre, messires Amauris de Clichon
-parla as jones compaignons de le ville et as aucuns escuiers dou
-pays de l environ, qui s'i estoient retret, tant pour l'amour de
-monseigneur Amauri que pour yaux garder; et les amena ce
-que, une ajourne, il wuidirent et se ferirent en l'ost, et y
-fisent mout grant damage. Et esceirent sus le logeis monseigneur
-Ivon de Tigri, qui ce meysme soir estoit l venus dou castiel
-d'Auroi, o li comtez de Montfort l'avoit laissiet, et avoit amenet
-en l'ost bien cent lanches de bonne gent. Si estoit logis l'un
-dez corons asss pris de le ville de Jugon, et fu durement
-resvillis, car il fu pris et navrs, et moult en y eut des siens
-mehaignis. Celle nuit avoient fet le get li doy frre de Pennefort,
-messires Henris et messires Oliviers, et entendirent le hue
-<span class="pagenum"><a id="Page_286"> 286</a></span>
-et le cri, et que chil de le ville estoient yssus. Adonc ferirent il
-chevaux des esperons et ne prisent mies le voie pour venir droit
-sur yaux, ms le chemin de le ville, et se boutrent entre le ville
-de Jugon et l'ost. Dont, ensi que messires Amauris de Clichon
-et li sien s'en retournrent vers leur ville et en menoient monseigneur
-Yvon de Tigri et pluiseurs autrez prisonniers, et moult
-se hastoient, car li os estoit j durement estourmie, li doy frre
-de Pennefort, messires Henris et monseigneur Olivier, bien monts
-et bien ordonns et adonc acompaignis bien deus cens
-lanches frz et nouviaus, leur vinrent d'encontre; et l eut grant
-pugneis, et de chiaux de Jugon moult rus par terre. Quant il se
-virent enssi enclos entre le ville et l'ost, et que nulle remde n'y
-avoit pour yaux sauver, si furent mout esbahy et ne tinrent
-point de conroy, ms entendirent chacun yaux sauver; et
-laissa chacun aller son prisonnier, qui prisonnier avoit, ou il se
-rendoit prison lui pour sauver sa vie. Par celle mannire fu
-delivrs messires Ives, et pris messires Amauris de Clichon,
-et tout chil qui avoecq lui estoient, mort ou pris, que oncques
-homs ne rentra en le ville de Jugon, dont li bourgois de le ville
-furent moult desconfort.</p>
-
-<p>Quant li comtez de Montfort seut comment messires Amauris
-de Clichon estoit pris et plus de six vingt jones bourgois de la
-ville avoecq lui, et messires Yves de Tigri rescous et tout li aultre,
-si en fu durement liz, et ce ne fu pas merveille. Et en loa
-et recoummanda grandement les deux frrez de Pennefort; et
-dist que il avoient fet une belle bachelerie et lui ung grant
-service, et que encor lor seroit il remuneret. Si fist li dis comtez
-tous lez prisonniers mettre d'un lz, et lez navrs appareillier et
-songneusement garder, et puis monta sus ung cheval, acompaignis
-d'aucuns des siens, et s'en vint devant Jugon, et fist signe
-que il volloit parler chiaux de dedens. Li bourgois vinrent lui
- le barrire et l'enclinrent, car il leur fu dit que c'estoit li comtez
-de Montfort, et li fissent reverence, tant qu'en contenanche,
-comme chil qui doubtoient perdre leurs amis, leurs frrez et leurs
-enffans. L parla li comtez de Montfort et leur dist: Entre vous,
-homme de le ville, vous estez grandement fourfait enviers moy,
-quant vous savs que je sui vos drois sirez naturelz par le sucession
-de monseigneur le duc, mon frre, dairain trespasset. Et j
-m'ont rechut seigneur et fet hoummaige chil de Nantez, de Rennes,
-de Vennes, de Hainbon, de Craais, d'Auroi, de Gou la Forest,
-<span class="pagenum"><a id="Page_287"> 287</a></span>
-dou Suseniot et des autrez forterchez; et vous, vous estez
-clos contre mi et mis en paynne de moy porter dammaige. Or est
-enssi avenu que chilz dammaigez est retournz sus vous et sus vos
-proismez, car je tieng vostre cappitainne en prison et bien sis
-vingt dez vostrez et de le nation de ceste ville. Si devz savoir
-que je lez feray tous pendre, voyant vos yeux, sans nul prendre
- merchy, se vous ne me rendz le ville et le castiel de Jugon et
-ne me jurs feaut et hommaige. Si me respondz moult tost lequel
-vous voullz faire des deux, ou veoir vos proismez morir
-honteusement, ou moy recevoir seigneur. Et quant li bourgois
-et li communalt de Jugon entendirent cez nouvelles, si furent
-tout esbahit, ce ne fu pas merveillez. Si requisent avoir souffrance
-et consseil tout ce jour, et l'endemain, heure de prime,
-il venist ou il envoiast vers yaux, et il en responderoient ce qu'il
-en volroient fre. Li comtez leur acorda, par samblant aszz
-envis, et retourna en ses tentez. J estoient venut li enghiens
-que on avoit akariiet de Rennez, dont li comtez eut grant joie,
-car il lez fist mener devant le ville et drechier tous quatre, affin
-que chil de le ville de Jugon les veissent et que il en fuissent plus
-effraet.</p>
-
-<p>Sitost comme li comtez de Montfort se fu partis des bourgois
-de la ville de Jugon, ensi que vous avs oy, il sonnrent leur cloce
-et s'asamblrent en le place, et l parlementrent enssamble ung
-grant temps. Et remoustrrent li plus sages et li mieux enlangagis
-et chil qui il en touchoit le plus, le peril et l'aventure o
-il estoient. Ad ce donc il ne furent nient bien d'accord; si s'ajournrent
- releve et alrent chacuns disner en leurs maisons.
-Dedens nonne furent li quatre enghien levet environ la ville, si
-que touttez mannierrez de gens dedens et dehors les pooient
-veoir, qui veoir les volloient, et che esmaya durement chiaux de
-la ville. Quant ce vint releve, il sonnrent de requief leur cloche
-et se assamblrent, enssi que il devoient faire. L y eult
-pluiseurs parollez retournes, ms finablement il s'acordrent
-che que, se messires Amauris de Clichons, qui prisonniers estoit,
-volloit faire feaut au comte de Montfort, il li feroient, ne j sans
-lui riens n'en ordonneroient, car ensi li avoient il juret solempnement
-et sus quarante mille escus de painne; si n'en pooient
-riens fre sans son accord, se il ne se volloient desloiauter et escheir
-en le mise. Ensi, sus cel estat, de leur consseil il se partirent.
-L'endemain l'eure qui ordonne y estoit, li comtez de
-<span class="pagenum"><a id="Page_288"> 288</a></span>
-Montfort y envoya deviers yaux le signeur de L(an)dreniaus, son
-marescal de l'host. Si parlementa yaux et il lui, et li cargirent
-tout che que vous avs oy. Chil retourna arrire deviers le
-dit comte, et li recorda le responsce et l'entention de chiaux de
-Jugon. Li comtez asss s'en contenta et fist venir devant lui monseigneur
-Amaury de Clichon et li dist: Amauri, Amauri,
-vous avs tort, quant contre vostre seigneur que je sui, et de ce
-n'est il nulle question, vollz estriver: trs grans maux vous en
-poroit bien prendre, et j estes pris, car je vous tieng en ma prison,
-et puis faire de vous ma vollent.&mdash;Sire, che respont
-li chevaliers, il est verits. Si ars, se il vous plest, si bon avis
-que vous fers de moy tout et point. Che li dist li dis contes:
-J'en sui tous aviss, et vous le soiis ossi. Ou vous me renderz
-le ville de Jugon, car vous en tient, si comme j'en sui enforms,
-ou je vous feray morir honte avoecq tous lez autres prisonniers.
-Dont se trairent avant aucun chevalier, qui l estoient
-et de son linage, et li disent: Monseigneur Amauri, otant bien
-nous vorions acquitter de nostre loyault que vous feris, ms
-nous veons tout le pays qui se retrait deviers monseigneur qui
-chy est; et sus celle entente li avons nous fait hommage, car
-nous ne veons ne n'avons veut dou contraire jusqu' orez, ne
-que messires Carle de Blois y ait mis point de contredit. Si vous
-prions que vous voeillis estre des nostrez et obeir monseigneur
-qui chy est; et l o vous le fers enssi, messires vous en sera
-gret, et vous pardonra tous sez mautalens et tous les prisonniers
-ossi qu'il tient, pour l'amour de vous. Adonc eult messires
-Amauris de Clichons pluiseurs ymaginations, car il se tournoit
-envis, et se li couvenoit faire ou pis finer, ensi que li comtez li
-proummetoit. Tant fu enhortz et priiz que il devint homs au
-comte de Montfort, et li fist hoummaige et feaut. Depuis monta
-il cheval, et en mena le marescal de l'host le ville de Jugon,
-et parla as bourgois, et les fist rendre et delivrer le ville et le
-castiel au dit marescal, qui en prist le possession et le saisinne
-ou nom dou comte. Et parmy tant, tout li prisonnier furent quitte
-et delivre.</p>
-
-<p>Ensi eut li comtes de Montfort le bonne ville de Jugon et le
-feaut de monsigneur Amaurit de Clichon, qui depuis le servi toudis
-loyaument. Et le retint li comtes de son conseil et li donna
-cinq cens livres de terre bien assignes.</p>
-
-<p>Apris ce que li comtes de Monfort eult estet en le ville de Jugon
-<span class="pagenum"><a id="Page_289"> 289</a></span>
-trois jours et y eult mis ung castelain en qui il avoit grant
-fianche, ung bon escuier que on apelloit Garnier de Tigri, cousins
-au seigneur de Tigri, il se parti et toute se host, et chevaucirent
-viers le bonne ville de Dinant, liquel se rendirent mout
-petit parlement, car leur vile n'estoit adonc freme que de palis.
-Se ne s'osrent clore ne tenir contre le dit comte, que plus grans
-meschief ne leur en venist. Quant li comtes en eut pris le possession
-et le feault des hommes de le ville et dou seigneur de Dinant
-meysmez, ung trs grant baron, il s'en parti et chevaucha
-deviers Castiau Josselin, ms il estoit si fors qu'il ne le peult
-prendre, et s'en passa oultre et vint Plaremiel. Si se rendi li
-castiaux, et le renouvella li comtez de garnison. Apris il vint
-devant Mauron et y sist douze jours. Au tresime il y entra par
-tretiet que, se ungs autrez appairoit en Bretaingne qui y moustrast
-plus grant droit de lui, il estoient quite de leur hoummaige.
-F<sup>os</sup> 55 et 56.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Et puis (le comte de Montfort) se desloga de
-l (de Brest) et s'en ala devant Auroi, lequel chastiel Julles Cesars
-fist fonder. Li contes esploita si bien que li chastiaus li fu
-rendus, car c'est dou demainne des dus de Bretagne. Et puis cemina
-oultre et vint devant Goy le Forest; il i fu requellis, et
-puis au Suseniot, trois lieues de Vennes, qui est uns biaus
-chastiaus et cambre des dus de Bretagne. On le rechut dedens
-tout debonnairement, et fu l ne sai qans jours, et puis ala
-Vennes et l se tint, et tousjours mesires Hervis de Lion dals
-lui et grant fuisson d'aultres chevaliers et esquiers de Bretagne.
-Et les tenoit, par les dons que il lor donnoit, en amour, et les
-bonnes villes aussi, et tenoit grant estat et estofet. Et faisoit partout
-paiier bien et largement sans riens acroire, tant que toutes
-gens se contentoient de li et des siens et disoient: Nous avons
-bon signeur ce que il moustre: il ne voelt que tout bien, mais
-que Dieus consente que il nous demeure pasieuvlement. F<sup>o</sup> 73.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_97">97</a>, l. 26 et 27: six cens.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: trois cens lanches.
-F<sup>o</sup> 174.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_98">98</a>, l. 3: le prist.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: par le main, tout en riant.
-F<sup>o</sup> 174.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_98">98</a>, l. 12: ossi.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: car c'est ung gentil chevalier;
-et, sy se rent tout le pais lui, nous ne povons mie seul
-faire partie pour monseigneur Charle qui point n'apert en che
-pais. F<sup>o</sup> 175.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_290"> 290</a></span>
-P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 1: le Roceperiot.&mdash;<i>Mss. A 8 10, 15 17</i>: la
-Roche Periot. F<sup>o</sup> 72.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>: la Roche Perion,
-la Roche Pierron. F<sup>o</sup> 78 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 7, 18, 19, 23 33</i>:
-la Roche Periou. F<sup>o</sup> 74.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 5: dix.&mdash;<i>Mss. A 15 17, 23 29</i> et <i>B 6</i>: quinze.
-F<sup>o</sup> 79.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 14: d'Auroy.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: que le roy Artus fist
-jadis fonder et faire. F<sup>o</sup> 175.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 16: Malatrait.&mdash;<i>Mss. A 11 17, 23 29</i>: Maletroit,
-Malestroit. F<sup>o</sup> 76.&mdash;<i>Mss. A 1 10, 18 22, 30 33</i>:
-Malastrait, Malatrait, Malestret. F<sup>o</sup> 78 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 17: Tigri.&mdash;<i>Ms. B 3</i>: Trangrilidis. F<sup>o</sup> 70 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss.
-A 1 10, 23 33</i>: Triviguidi, Treviguidi. F<sup>o</sup> 78 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss.
-A 11 14, 18, 19</i>: Treseguidi, Trezeguindi. F<sup>o</sup> 76.&mdash;<i>Mss.
-A 20 22</i>: Tornigidy. F<sup>o</sup> 118 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>:
-Tigri. F<sup>o</sup> 79.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 17: deus fois.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: de cinq ou six assaulx.
-F<sup>o</sup> 176.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_99">99</a>, l. 20: Hervi.&mdash;<i>Mss. A 8 29</i>: Henry. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_100">100</a>, l. 5: Craais.&mdash;<i>Mss. A 8, 9</i>: Craais. F<sup>o</sup> 72.&mdash;<i>Mss.
-A 11 17</i>: Carahais. F<sup>o</sup> 76.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 18, 19, 23 33</i>:
-Carahs. F<sup>o</sup> 79.&mdash;<i>Mss. A 20 22</i>: Charls. F<sup>o</sup> 119.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_100">100</a>, l. 12: Bretagne.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: car tousjours
-le dit evesque faisoit protestacion que toute la manire du traitti
-et de l'accort fait entre lui et monseigneur Henrri de Lion son
-nepveu seroient nulz ou cas qu'il venrroit aulcun hoir plus prouchain
-du conte de Montfort et qui pourroit monstrer avoir meilleur
-droit en la duchi de Bretaingne, et que cestui ci il feroit
-feault et hommaige et se rendroit lui avecques toutes ses forteresces
-et tout son pais. Et toutes ces choses fist il envix; ne jamais
-ne s'i feust acord bonnement, se n'eust est par l'admonnestement
-et sermon du dit monseigneur Henrri de Lion son
-nepveu, qui sur ce lui monstra tant de belles raisons que au derrenier
-il s'accorda au dit monseigneur le conte de Montfort et lui
-fist feault et hommaige, ainsi que vous avez ci devant oui recorder.</p>
-
-<p>Aprs ces choses ainsi acordes et faictes, le dit evesque de
-Carahais fist tantost ouvrir les portes de la bonne ville et du chastel
-de Carahais avecques qui siet sur la mer. Et puis entra dedens
-le conte de Montfort, monseigneur Henrri de Leon, monseigneur
-<span class="pagenum"><a id="Page_291"> 291</a></span>
-Henrri de Pennefort et plusieurs aultres bons chevaliers et escuiers.
-Et tout l'ost demoura entour la ville, et se logea chascun
-au mieulx qu'il pot. Et fourragirent sur le plat pais; ne riens
-ne demouroit devant eulx, se il n'estoit trop chault ou trop pesant.
-Le conte et ses plus privez, monseigneur Henrri de Leon et
-les aultres seigneurs estoient en la ville o ilz furent moult grandement
-festoiez du dit evesque, car bien y avoit de quoi. Et
-l'endemain s'en partit le dit conte et tout son host. F<sup>o</sup> 76.</p>
-
-<p class="space"> <b> 144.</b> P. <a href="#Page_100">100</a>, l. 13: Pourquoi.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Que vous
-feroi je plus loing compte? En telle mannire concquist et acquist
-li comtez de Montfort tout ce pays que vous avs oy, et se fist
-partout obeir et appieller dus de Bretaingne, et encarga les
-p(l)ainnez armes de Bretaingne. Si y avoit il aucuns barons qui
-pas ne voloient obeir lui, et se faindoient de son hommage,
-telz que le droit seigneur de Clichon, le seigneur de Tournemine,
-le seigneur de Kintin, le signeur de Biaumanoir, le seigneur de
-Laval, le seigneur de Gargoule, le seigneur de Loriach, le seigneur
-d'Ansenis, le seigneur de Rais, le seigneur de Rieus, le
-seigneur d'Avaugor et pluiseurs autres. Et se partirent li plus de
-ces seigneurs adonc de Bretaingne, et fissent bien garnir leurs
-castiaux. Et s'en allrent li aucun en Grenate, li autre oultre mer
-ou en Prusse, et prisent excusance de partir de Bretaingne, tant
-que les coses seroient en autre estat.</p>
-
-<p>Quant li comtes de Montfort se vit ensi que au dessus de la
-duc de Bretaingne, et par especial touttes les bonnes villez li
-avoient fait feault et hoummaige, il demanda consseil ses plus
-especials amis coumment il poroit perseverer et tenir le pays contre
-tous; car bien penssoit que messires Carles de Blois, qui
-avoit sa niche, y volroit contredire, et que li roys de Franche,
-oncles au dit monseigneur Carlon, l'en aideroit. Se li fu dit et
-conssilliet que il s'en allast en Engleterre deviers le roy engls,
-et relevast la duchi de Bretaingne de lui et l'en fesist hommaige,
-parmy tant que li rois engls li jurast et proummesist tousjours
-ms resort et comfort de lui et des siens contre tous hommes qui
-gueriier ou empeschier li vorroient. Li comtes de Montfort crut
-ce consseil, et s'appareilla moult tost et s'en vint Garlande. Et
-monta l en mer, et enmena avoecq lui jusqu' vingt chevaliers,
-tous de Bretaigne; et naga tant par mer qu'il ariva en Cornuaille,
-et enquist dou roy engls o il estoit, et on li dist qu'il se tenoit
-<span class="pagenum"><a id="Page_292"> 292</a></span>
- Windesore. Lors envoya li comtes de Montfort ses messaiges
-devant comme dus de Bretaingne, car ensi s'apelloit il, segnefiier
-au dit roy qu'il venoit.</p>
-
-<p>Li roys engls de le venue au dit conte fu mout resjoys, et envoiia
-tantost contre lui de ses chevaliers jusqu' siis, dont messires
-Gautiers de Mauni fu li uns, messires Guillaume Filz Warine,
-li sirez de Biaucamp, li sires de Ferirez, messires Francq de
-Halle et li sirez de Baudresen, de Braibant, qui adonc estoit
-dallz lui. Chil chevalier amenrent le comte de Montfort deviers
-le roy d'Engleterre ou castiel de Windesore, qui le rechupt liement
-comme duc de Bretaigne. Et ossi fisent tout li seigneur qui
-adonc estoient dalls le roy, messires Robiers d'Artois et li autre.
-Et seurent, asss tost apris, l'intention du dit comte de Montfort,
-et sus quel estat il estoit venus en Engleterre. Si furent tout joiant,
-et li roys especialment, quant il congnurent qu'il volloit relever
-et tenir le duchet de Bretaingne en foy et hoummaige dou dit
-roy englz.</p>
-
-<p>Environ quinze jours fu li comtez de Montfort en Engleterre
-avoecq le roy Edouwart, qui li fist toutte le feste, l'amour et
-compaignie que faire li pot, et ossi ses chevaliers qui avoecq
-lui estoient allet en ce voiaige. Car li rois engls regardoit et consideroit
-que ceste aliance et la terre de Bretaingne en son accord
-li pooit plus valloir de comfort, de resort et de toutte pourveance
-pour gheriier le royaumme de Franche que nulle aultre terre;
-car sus trois jours ou quatre il pooit y estre en Bretaingne ou
-envoiier de par lui gens d'armes pour gheriier ses ennemis. Pour
-ce rechupt il liement le duc de Bretaigne en foy et en hoummaige
-dou comte de Monfort. Et eut l adonc entre lui et le dit comte
-pluiseurs devises, ordonnanches et aliances escriptes, grosses et
-saielles, dont chascuns eult les parties deviers soy. Et ne devoit
-li comtes de Montfort, qui s'apelloit dus de Bretaingne, relever,
-tenir, ne recongnoistre jamais la duc de Bretaingne d'autre seigneur
-que dou roy engls, sans son congiet ou consseil. Ossi li
-dis roys engls le devoit garder, aydier, deffendre et maintenir
-contre tous hommes qui contredire ou gueriier le voroient. Et
-ensi le proumissent et jurrent solempnelment enssemble.</p>
-
-<p>Apris touttes ces coses faittez et acomplies, li comtes de Montfort
-et si chevalier se partirent dou roy, qui leur donna grans
-dons et biaux jeuuiaux grant plentet, et ossi fist la roine. Si
-revint li comtes de Montfort en Bretaigne demourer le plus
-<span class="pagenum"><a id="Page_293"> 293</a></span>
-Nantes, et sa femme avoecq lui, par quel consseil il usoit le plus,
-car elle estoit damme de grant emprise et de grant coraige, et
-avoit droit coer d'omme et de lion, enssi comme vous ors recorder
-avant en l'istoire. Si se faisoit li comtes escripre et appeller
-dus de Bretaingne, et elle duoise, et guerioient toudis les
-rebellez yaux; et estoient che coummenchement si fort ou
-pais, que qui ne volloit y estre de leur accord, il n'y avoit que
-faire de demorer. Et estoient pluiseur grant seigneur parti et venut
-en France, ou pris autres voiaiges de Prusse, de Jherusalem
-ou de Grenate, tant qu'il ewissent veut comment ceste besoingne
-s'achieveroit; car bien savoient li pluiseur que li roys Phelippes
-ne lairoit point son nepveult, monseigneur Carlon de Blois, enssi
-que planer, ne bouter hors de son hiretaige; ms moult s'esmervilloient
-li aucun pourquoy il ne se traioit, ne estoit trais plus
-tost avant. F<sup>o</sup> 57.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: On se puet esmervillier, selonch le intitulure et le
-introduction de ceste matre qui represente les fais de Bretagne,
-quoi mesires Carles de Blois pensoit, qui tenoit avoir fenme et
- espouse la droite hiretire de Bretagne, et qui estoit si grans de
-linage en France que neveus au roi Phelippe et au conte d'Alenon
-et frres au conte de Blois, que il ne se traioit avant, mais
-laisoit couvenir le conte de Montfort et prendre les chits et bonnes
-villes et les chastiaus de Bretagne, et point ils n'aloit au devant,
-ne n'i envoioit. Et (li contes de Montfort) prendoit partout la
-sasine et posession, et i ordonnoit et establissoit honmes favourables
-et agreables lui, et acqueroit l'amour des cevaliers et esquiers
-de Bretagne, car bien avoit de quoi faire grans largces,
-car il avoit saisi deviers li le grant tresor qui avoit est son
-frre et lequel il avoit trouv en le chit de Limoges, ensi que
-chi desus est dit. Aussi s'en esmervelloient moult pluisseurs chevaliers
-et esquiers de Bretagne qui savoient bien que c'estoit son
-droit estre dus de Bretagne en l'oqison de sa fenme; mais puis
-que il le souffroit et voloit, ensi que il disoient l'un l'aultre
-qant il s'en devisoient, il ne pooient pas, de lor poissance singulre,
-faire fait ne partie pour lui. Et tant demora venir en Bretagne
-et demander son droit que trop, car li contes de Montfort
-se fortefia tant en toutes manires et acquist tant d'amis que
-trop forte cose euist est bouter hors de sa posession, car trop
-vault la condition dou premier posessant.</p>
-
-<p>Il ne puet estre que messires Carles de Blois, qui se tenoit
-<span class="pagenum"><a id="Page_294"> 294</a></span>
-Paris, ne fust enfourms de toutes ces accedenses, et que ils n'en
-parlast ses oncles le roi de France et le conte d'Alenon et
-son cousin germain le duch de Normendie qui moult l'amoit;
-mais il estoit servis et respondus de douces paroles et de belles,
-en disant: Biaus cousins, ne vous sousiis de riens: laissis ce
-conte de Montfort aler et venir et espardre cel argent que il a
-trouv dou duch son frre. Il couvient, quoi qu'il face ne ait fait
-jusques chi, que il viengne deviers nous pour relever la duce
-de Bretagne; et les barons et chevaliers et fievs de Bretagne ne
-sont pas si fol ne si ignorant que il le doient recevoir signeur,
-sans nostre sceu. Il seroient trs mal consilliet et le compareroient
-chierement; pour quoi, biaus cousins, ne vous sousiis de
-riens. Il fault que tout retourne par deviers nous. Vous estes dus
-de Bretagne, et j l'avs vous relev de nous, et vous en tenons
- duch et hirestier, et qui vodra dire dou contraire, nous le
-verons, et le vous aiderons deffendre et garder contre tout
-honme; car nous i sonmes tenu, et le mousterons de fait.</p>
-
-<p>Ensi estoit mesires Carles de Blois rapaisis de paroles, et se
-confioit sur ce que on li disoit et proumetoit; et entendoit augmenter
-son estat, et avoit mis jus l'armoierie de Chastellon et
-pris et encargi celle de Bretagne. Et estoient ouvrier trop grandement
-ensonniiet parmi Paris de faire banires, pennons, cambres,
-courdines et toutes coses qui apertiennent d'armoierie, en
-l'ordenance d'un signeur et de une dame, et j se escripsoit:
-Carles de Chastellon, dus de Bretagne et sires de Guise. Et li
-contes de Montfort entendoit d'aultre part acquerre amis de
-toutes pars, tant que en Bretagne et ens s marces voisines, dont
-il pensoit le mieuls valoir, et avoit encargiet plainnement le nom
-et les armes de Bretagne et s'escripsoit: Jehans, dus de Bretagne,
-contes de Montfort et de Limoges. Ensi et par tle incidense
-se conmencirent entouellier li different en Bretagne, qui
-i furent si grant et si orible que les gerres et les malefisces qui
-s'en eslevrent et engendrrent, i furent si grant que painnes
-i peut on onques trouver moiien ne conclusion pour les apaisier.</p>
-
-<p>Li contes de Montfort, qui se veoit en posession dou tout ou en
-partie de la duce de Bretagne et n'i sentoit nuls rebelles ne contraires
-dont il fesist trop grant compte, car petit petit tout
-venoient obeisance, entendi et senti de cost, par ses amis les
-quels il avoit en France, et par especial le conte de Flandres, son
-serouge, que mesires Carles de Blois se nonmoit et escripsoit dus
-<span class="pagenum"><a id="Page_295"> 295</a></span>
-de Bretagne, et en avoit avoecques le title encargiet l'armoierie,
-et l'avoit relev en foi et en honmage dou roi de France auquel
-li relis en doit apertenir, et s'ordonnoit li dis mesires Carles
-pour venir en Bretagne et calengier l'iretage conme sien et
-de son droit, et li rois de France conme son signeur naturel
-souverain l'en devoit aidier, et que sus ce il euist bon avis et
-bon consel, (il) pensa et imagina sus, et vei et congneut bien
-que point n'en joiroit pasieuvlement; si se consilla ceuls o
-il avoit la grigneur fiance. Consilliet et dit li fu: Sire, de
-vostre singulre poissance, vous ne pos contrester contre la
-poissance dou roi de France, car elle est trop grande. Et si auera
-vostres adversaires Carles de Blois trop d'amis et de confort, car
-li rois de France et li contes d'Alenon sont si oncle. Mais vous
-fers une cose: vous vos ordonners l'encontre de ce et conforters
-grandement, se vous als en Engleterre et relevs la
-duce de Bretagne en foi et en honmage dou roi d'Engleterre et
-en devens son honme, par condition telle que contre tout
-honme, soit roi de France ou aultre, il le vous aidera deffendre
-et tenir. Et ce marchiet il fera trop volentiers, car d'Engleterre,
-il auera trop belle entre de venir en Bretagne et de
-Bretagne en France, et pora laisier ses honmes en garnison en
-Bretagne et rafresqir; et tous jours, conment que la querelle se
-porte, i auers vous des bons amis. Et se vostre cousine la
-fenme Carle de Blois moroit, ensi que les aventures aviennent,
-vous demorris pasieuvlement dus de Bretagne, ne nuls ne nulle
-ne le vous debateroit jamais.</p>
-
-<p>Li contes de Montfort ouvri ses orelles ce consel et s'en resjoi
-grandement, car il li sambla bons et pourfitables. Et ordonna
-ses besongnes ce que pour aler en Engleterre, et monta en
-mer Vennes, asss bien acompagnis de chevaliers et d'esquiers.
-Et enporta avoecques lui grant fuisson de biaus jeuiauls qui tous
-venoient dou tresor de Limoges (de) son frre le duc de Bretagne,
-pour donner et departir l o il les veroit bien emploiier
-et pour acquerre amis; et prist terre en Engleterre Plumude,
-et avoient cargiet des chevaus. Qant il furent trait hors des nefs,
-il montrent sus li contes et ses gens et chevauchirent viers
-Londres, et tant fissent que il parvinrent et demandrent dou roi.
-On lor dist que il estoit Windesore, et que l conmunement il
-s'i tenoit plus que ailleurs, et la roine ausi. Qant li contes de
-Montfort, qui se nonmoit dus de Bretagne, se fu rafresqis un
-<span class="pagenum"><a id="Page_296"> 296</a></span>
-jour Londres, ils et ses gens montrent et chevauchirent viers
-Windesore, et vinrent disner Bramforde, et puis vinrent
-Windesore et trouvrent le roi et la roine qui j estoient enfourm
-de lor venue. Si furent requelliet des chevaliers dou roi
-moult grandement, et puis men deviers le roi. Tant que des
-aquintances dou roi et dou conte, je n'ai que faire de plent parler,
-fors que de venir au fait pour quoi li contes de Montfort
-estoit l venus. Il remoustra ses besongnes bien et sagement, et
-li rois les oy et i entendi volentiers, et li respondi par le consel
-que il ot de monsigneur Robert d'Artois, qui tous jours se tenoit
-avoecques le roi, et li dist: Biaus cousins, vous vos retrairs
-deviers Londres; et dedens quatre jours, je serai l et auerai de
-mon consel, tant que vous sers respondus de tout ce que de
-vostres requestes je vodrai faire. Li contes de Montfort se
-contenta de ceste response. Et qant il ot l est le jour et la nuit
- Windesore, et soup avoecques le roi et la roine, l'endemain
-il s'en departi et vint Londres; et se tint l avoecques ses gens
-tant que il fu mands, de par le roi et son consel, ens ou palais
-de Wesmoutier et l dedens la cambre dou consel. Qant li prelat
-et li baron qui l estoient, l'orent honnour et fait seoir jus, il
-fu moult sagement examins pour quoi il estoit l venus, et requis
-que il le vosist dire, quoi que tout en savoient j asss, car li
-rois et messires Robers d'Artois qui enfourm estoient de la matre,
-avoient prononciet le fait. Il parla et dist que, conme drois
-hoirs et dus de Bretagne par la mort et succession de la mort
-dou duch de Bretagne darrainnement mort, il s'estoit trais
-l'iretaige de Bretagne et mis en posession, et nuls ne li avoit
-encores debatu; mais il faisoit doubte que on ne li deuist debatre,
-car Carles de Blois avoit fenme et espouse une sienne
-nice, fille dou conte de Pentvre, qui disoit avoir droit de par
-sa fenme l'iretage de Bretagne, et j l'avoit il relev de Phelippe
-de Valois qui se disoit rois de France: Et pour ce que
-le roi mon signeur, qui chi est, calenge la couronne de France et
-s'en escript et nonme rois, et pour ce aussi que j'en soie soustenus,
-ports et deffendus en toutes actions, je m'adrce lui et
-voel devenir son honme de foi et de bouce, et relever et tenir la
-duce de Bretagne de li; et qant ce je auerois fait et il m'auera
-recheu honme, je parlerai encores avant.</p>
-
-<p>Sus ceste parole, li signeur, prelas et barons qui l estoient,
-regardrent tout l'un l'autre, sans riens respondre. Adonc parla
-<span class="pagenum"><a id="Page_297"> 297</a></span>
-mesires Robers d'Artois et dist: Biaus cousins, vous iscers un
-petit hors de la cambre, et tantos sers rapells. Il le fist. Li
-contes de Montfort issi hors, et li signeur demorrent avoecques
-le roi qui lor requist que, sus ces paroles dites et offertes, il le
-vosissent consillier. Li consauls ne fu pas lons, la matre estoit
-toute clre savoir que li rois en feroit; ce n'estoit pas cose ne
-requeste refuser. Car ensi que j il avoient imagin et consider
-l'estat et l'afaire dou roi et l'ordenance de sa guerre, et
-conment li dus de Braibant, ses cousins germains, li dus de
-Gerlles, son serourge, et les Alemans l'avoient men et pourmen
-j par deus saisons, et fait despendre son argent si grandement
-que encores il s'en trouvoit derrire et veroit un lonch temps; et
-si n'avoit riens fait fors que travilliet son corps et ses gens, et
-courut une petite estre dou roiaume de France, et tenu siges
-devant Cambrai et Tournai; et que par ensi faire et croire les
-Alemans, qui sont convoiteus, il ne venroit son entente, mais
-par le pais de Bretagne qui li estoit une belle entre et requelloite
-pour cevauchier en France, i pooit il bien venir, et si en seroit
-gerre plus forte et plus belle avoecques aultres accedens qui
-legierement poroient avenir.</p>
-
-<p>Adonc fu li contes de Montfort appells; il vint. Li venu en la
-cambre, il li fu dit que li rois estoit consillis ce que il le receveroit
-conme son honme liege as mains et la bouce, et il li
-jurroit estre son honme liege tous jours mais, et tenir la
-duce de Bretagne dou roi presens et des rois d'Engleterre qui
-apris li descenderoient. Li contes de Montfort mist ses mains entre
-les mains le roi d'Engleterre, et puis fu introduis de l'evesque
-de Londres parler, et parla mot mot tout ce que li evesques
-li faisoit dire, et fist honmage de foi, de mains et de bouce.
-Et furent toutes les paroles, que il dist l et rechita, mis (es) en
-l'entente des prelas et signours d'Engleterre, qui l estoient; et
-en furent lettres leves et instrumens publiques escrips et grosss.
-Et aussi li contes de Montfort, qui se nonmoit dus de Bretagne,
-qant il ot fait honmage au roi, et il fu recheus toutes
-les solempnits qui i apertenoient estre et faire, et il se fu en
-ce loiis et obligis, il requist au roi conme son signeur liege
-que, se li rois Phelippes qui se disoit rois de France ou aultres
-voloient entrer poissance en Bretagne et calengier l'iretage ou
-nom de mesire Carle de Blois et sa fenme, qui s'en disoit hiretire,
-et que il i venissent si fort que de poissance singulre il ne
-<span class="pagenum"><a id="Page_298"> 298</a></span>
-peuist resister l'encontre, que il fust aidis et secourus en la
-fourme et manire que uns sires doit aidier son honme. Li rois
-li ot en couvenant; et de tout ce fissent les lettres et instrument
-mention. Et furent les lettres apertenans au conte de Montfort,
-les quelles il enporta avoecques li, seeles dou seel dou roi d'Engleterre
-et des seauls des barons d'Engleterre qui toutes ces
-paroles, devises et ordenances furent presens.</p>
-
-<p>Tout ce fait et accompli et dou plus hasteement c'om pot, car
-li contes voloit sus brief terme retourner en Bretagne dont il se
-nonmoit dus, il prist congiet au roi et as signeurs et fist partout
-compter et paiier. Et se departi de Londres et chevaua viers
-Plumude o sa navie estoit qui l'atendoit, et le trouva toute
-preste et vent bon asss pour retourner en Bretagne. Si entrrent
-li contes et ses gens en lors vassiaus, et singlrent tant que il
-retournrent Vennes dont il estoient parti et l ancrrent; et
-si se rafresqirent en la chit, car elle et tous li plas pais estoit
-pour li. Et puis au second jour montrent as chevaus et vinrent
- Nantes, et l trouvrent la contesse qui se nonmoit duoise,
-qui requelli son mari et toute la compagnie moult liement, et li
-demanda des nouvelles. Et li contes l'en dist asss et toute l'ordenance
-des trettis conment il se portoient, et se looit dou roi
-d'Engleterre et des prelas et barons d'Engleterre, les quels il
-avoit veus. F<sup>os</sup> 73 75.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_100">100</a>, l. 20: vingt chevaliers.&mdash;<i>Les mss. A 11 14 ajoutent</i>:
-et soixante escuiers. F<sup>o</sup> 76 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_100">100</a>, l. 21: Cepse.&mdash;<i>Mss. A 18, 19</i>: Capse. F<sup>o</sup> 79.</p>
-
-<p class="space"> <b> 145.</b> P. <a href="#Page_102">102</a>, l. 22: Quant.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Or avint
-que li viscomtez de Rohem, li sirez de Clichon, li sirez d'Avaugor
-et li sirez de Biaumanoir s'en vinrent en France deviers
-monseigneur Carlon de Blois, qui adonc se tenoit dalls le roy,
-son oncle; et bien avoit oy recorder et ooit encorres tous les
-jours comment li comtez de Montfort s'estoit mis et enclos en le
-saisinne et possession de Bretaingne; ms chil seigneur l'en enfourmrent
-plus plainnement et li disent: Monseigneur, vous
-avs bien mestier d'avoir grant ayeuwe venir en Bretaigne, car
-il n'y a bonne ville en toutte la duch, qui n'obeisse lui, et
-ossi grant fuison dez signeurs, chevaliers et escuiers, et tient
-grant plentet de gens d'armes as saus et as gaiges. Car il a eult
-deviers lui tout le grant tresor qui estoit Limoges, que nos sires
-<span class="pagenum"><a id="Page_299"> 299</a></span>
-li ducs, dairains trespasss, et messirez ses frres, prez
-madamme vostre femme, avoient l assamblet de loing tamps,
-dont il fait tous les jours et a fait ses dons et sez larguces si
-grandes, que il samble que ors ne argens ne li couste riens; et
-retient touttes mannires de saudoiiers qui viennent deviers lui.
-Avoecq tout chou, il a estet en Engleterre et a relevet la duch
-de Bretaingne en foy et en hoummaige dou roy englz et ont
-certainnez convenenchez enssamble, lesquelles nous ne savons
-mies tout clerement, car nous n'y avons mies estet, fors tant que
-on dist, et bien fait croire pour le cause de ceste hoummaige,
-que li roys engls le doit aidier contre tous hommes qui de forche
-le voroient bouter hors de Bretaingne.</p>
-
-<p>Quant messires Carles de Blois eut oy les dessus dis seigneurs
-enssi parler et recorder l'affaire et l'estat dou comte de Montfort
-et de la duch de Bretaingne, dont il se tenoit hoirs de par sa
-femme, si fu tous penssieux; et quant il eut une espasse pensset,
-si regarda les chevaliers et dist: Biau seigneur, grant mercis
-de ce que vous estes venus devers moy et m'avs comptet de
-ceste besoingne, dont je desiroie savoir le verit. Nous yrons
-deviers le roy mon seigneur; si l'en enfourmerons plainnement,
-et sour ce il en aura bon avis. Lors les mena messires Charles
-de Blois tous quatre deviers le roy sen oncle, et parlrent lui
-grant loisir. Et quant li roys seut comment la besoingne se portoit,
-si dist que il y meroit remde telle et si bonne, que ses biaus
-nis, que il tenoit hiretier de Bretaingne, s'en parceveroit. Adonc
-eut li roys advis de mander les douze pers de Franche, pour
-avoir consseil de plus grant deliberation. Si vinrent Paris dedens
-le jour qui mis y fu. L fu propos et parlement li affairez
-de Bretaigne, et aviset comment pour le mieux on s'en poroit
-chevir. Se disent li douze pers de France qu'il appertenoit bien
-que li comtez de Montfort fust mands par souffissans mesages,
-afin que il venist Paris, par quoy on veist et sewist comment il
-voroit aleghier contre cez oppinions. Chilz conssaux fu tenus, et
-message priiet et regardet qui yroient. Che furent li sirez de Matefelon,
-li sirez de Gousant et messires Grimoutons de Cambli.
-Et se partirent chil messaige et chevaucirent tant par leurs petittez
-journes qu'il vinrent en le cit de Nantez. L trouvrent
-le comte de Montfort et la comtesse, sa femme, grant joie demenant.
-Si fissent li seigneur dessus dit leur messaige, ensi que
-chargiet leur estoit; et quant li contes les eut oys, quoiqu'il leur
-<span class="pagenum"><a id="Page_300"> 300</a></span>
-feist bonne chire et lie, il eut pluisseurs ymaginations de l'acorder
-che voiaige. Touttesfois finablement il respondi as dis messaiges
-que il volloit y estre obeissans au roy et yroit vollentiers
-son mandement. Ceste responsce pleut bien as messaiges, et le
-raportrent ainssi au roy Phelippe, que li comtez de Montfort seroit
- Paris au jour qui mis y estoit. Dont fist li roys demourer
-dalz lui tous les douze pers, et manda encorrez pluiseurs grans
-barons et saiges de son royaumme, pour avoir milleur consseil
-quant li dis comtes de Montfort seroit venus.</p>
-
-<p>Li comtez de Montfort se parti de Nantez en grant arroy, et
-estoient bien de se compaignie trente chevaliers, tous noblez et
-gentilz hommez, et estoient bien de se routte et se delivranche
-en ce voiaige trois cens chevaux sans lez sommiers, et chevaucirent
-tant par leurs journes qu'il vinrent en le chit de Paris.
-Adonc se tenoit li rois au palais. Quant li per, li comte et li baron
-de Franche sceurent la venue au dit comte de Montfort, si se
-trayrent au palais deviers le roy, car bien savoient que li comtez
-de Montfort y venroit, enssi qu'il fist. L'endemain dou jour qu'il
-fu venus et descendus sen hostel, il vint heure de tierche
-mout noblement et bien acompaignis de sez chevaliers au palais.
-Si fu moult durement regards de tous lez barons, et des aucuns
-salus, et puis amens deviers le roy. Le roy, qui estoit tous
-pourveus et advisz de savoir coumment il le devoit recepvoir,
-se tenoit en sez cambres de parement. Et estoient adonc dallz lui
-li comtez d'Alenon, ses frrez, li dus de Normendie, ses filz, li
-dus Oedes de Bourgoingne et messires Phelippez de Bourgoingne,
-ses filz, li dus de Bourbon, messires Jaquemes de Bourbon, adonc
-comtez de Pontieu, li comtez Loeis de Blois, li comtez de Foris,
-li comtes de Vendomme et li comtez de Ghinez, et pluiseurs aultrez
-barons telx que le seigneur de Couchi, le seigneur de Sulli,
-le seigneur de Craon, le seigneur de Roie, le seigneur de Saint
-Venant, le seigneur de Rainneval et le seigneur de Fines. Quant
-li comtez de Montfort fu parvenus jusqu'au roy, si l'enclina mout
-humblement et li dist: Monseigneur, je sui chy venus vostre
-mandement et vostre plaisir. Li dis rois respondi: Comtez
-de Montfort, de ce vous sai jou bon gret, ms je me esmerveille
-durement pourquoi ne comment vous avs oset emprendre de
-vostre vollent la duch de Bretaingne, o vous n'avs nul droit;
-car il y a plus prochain de vous, cui vous voullz deshireter. Et
-pour vous mieux efforchier, vous estez allz mon adversaire le
-<span class="pagenum"><a id="Page_301"> 301</a></span>
-roy d'Engleterre, et advs la duch de Bretaingne de lui relevet
-et lui fet feaut et hoummaige, ensi que on le m'a comptet.
-Li comtez respondi et dist: Ha! sire, ne le cres pas, car
-vraiement vous estes de chou mal enfourms. Je le feroie moult
- envis. Ms de le proimetet dont vous me parlastez, m'est advis,
-sire, sauve vostre grace, que vous en mesprends, car je ne say
-nul si prochain del duc de Bretaigne, qui dairainement morut,
-que moy, qui sui ses frrez. Et se jugiet et declaret estoit par
-droit que aultre en fuist plus proisme de moy, je ne seroie point
-hontous ne rebellez del deporter.</p>
-
-<p>Quant li roys entendi le comte ensi parler, si respondi et dist:
-Comtez, comtez de Montfort, vous (en dittez<a id="FNanchor_405" href="#Footnote_405" class="fnanchor">&nbsp;[405]</a>) ores assz. Ms
-je vous coummande, sur tout quanque vous tens de moy et que
-tenir en devs, que vous ne vous partz de le chit de Paris jusques
- quinze jours, que li baron et li per jugeront et ordonneront
-de celle proismetet, et si sars adonc quel droit vous y arz
-ou avs. Et se vous le faittez autrement, sachiz que vous me
-courouchers. Li comtes respondi et dist: Monseigneur,
-vostre vollent. Adonc se departi li dis comtes dou roy, et s'en
-revint son hostel pour disner. Quant il fu son hostel venus,
-il entra en sa canbre et le fist clore et refremmer apris lui, et
-coummanda ses cambris que, se nuls le demandoit, que on desist
-qu'il fuist dehetis. Lors se coummena aviser et pensser
-que, se il atendoit le jugement dez barons et dez pers de Franche,
-que li jugement poroit bien tourner contre lui; car bien li sambloit
-que li roys feroit plus vollentiers partie pour monseigneur
-Carlon de Blois sen nepveut que pour lui; et veoit bien que se il
-avoit jugement contre lui, que li roys le feroit arester jusques
-tant qu'il aroit tout rendut, cits, villez et castiaus, dont present
-il tenoit le saisinne et le possession, que il avoit concquis, et
-avoecq ce, tout le grant tresor qu'il avoit trouvet Limogez et
-ossi ailleurs, et tout aleuet et despendut. Se li fu advis que le
-mieudre pour lui et le mains mauvais estoit qu'il se partesist sans
-congiet, que il atendesist l'aventure et s'en ralast secretement et
-paisivlement en Bretaingne, et se renforchast encorrez contre
-tous venans, qui contraire li volroient porter.</p>
-
-<p>Si tint li dis comtez ceste ymagination, et fist apeler deux de
-ses chevaliers o le plus se confioit, et leur descouvri sen entente,
-<span class="pagenum"><a id="Page_302"> 302</a></span>
-et chil furent bien de son acord. Quant ce vint sus le soir, lui
-troisime, tous desconneus, il parti de son hostel et wuida Paris,
-qui adonc n'estoit point fremme. Et chevaucha tant de jour et
-de nuit qu'il fu en Bretaingne revenus, ainschois que li roys en
-sewist riens; ms penssoit chacuns qu'il fuist dehetiz son hostel.
-Et tous lez jours le sieuwoient ses gens petit petit. Quant il
-fu revenus dalz le comtesse sa femme, qui estoit Nantez, il li
-compta toute sen aventure, puis alla, par le consseil de la comtesse
-qui bien avoit coer d'omme et de lion, par touttez les cits,
-les castiaux et les fortrces qui estoient lui rendues, et establi
-partout bonnes cappittainnez et si grant plentet de saudoiiers
-piet et cheval qu'il y couvenoit, grans pourveances de vivres
-l'avenant, et paiia si bien tous saudoiiers, que chacuns le servoit
-vollentiers. Quant il ot tout ordonn ensi qu'il appertenoit, il s'en
-revint Nantez dalls la comtesse sa femme, et dallz lez bourgois
-de le chit, qui durement l'amoient par samblant pour les
-grans courtoisies qu'il leur faisoit. Or me teray ung petit de lui,
-et me retrairay au roy de Franche et monseigneur Carlon de
-Blois et as barons et douze pers dou royaumme dessus dit. F<sup>os</sup> 57
-v<sup>o</sup> et 58.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: A painnes est riens fait qui ne soit sceu: nouvelles
-vinrent Paris deviers messire Carle de Blois et les signeurs
-que li conte de Montfort avoit pris conquis, tant par force que
-par tretis, toute la duce de Bretagne, et avoit est en Engleterre
-et relev la duce de Bretagne dou roi d'Engleterre, et en estoit
-devenus son honme. Tantos ces nouvelles vinrent au roi. Qant li
-rois les o, se ne li furent pas plaisans, et manda les douse pers
-de France, ceuls que pour lors il pot avoir. Qant il les vei en sa
-presence, si lor demanda quel cose estoit bonne faire de tel
-cose. On li dist et consilla que chils contes de Montfort fust mands,
-et que trop on avoit atendu. Si furent ordonn pour le aler
-querre li sires de Montmorensi et li sires de Saint Venant. Chil
-doi baron se departirent de Paris plus de soissante chevaus, et
-chevaucirent tant que il vinrent Nantes, et trouvrent le conte
-de Montfort et la contesse qui faisoient une grande feste des chevaliers
-et esquiers, des dames et damoiselles dou pais de Bretagne.
-Il requella grandement et liement ces signeurs, car il se tenoit
-de lor linage. Chil doi baron, qui sage et pourveu estoient,
-se couvrirent moult bien deviers li de dire. Pluisseurs paroles
-disoit on de li en France et Paris, mais s'en dissimulrent, et
-<span class="pagenum"><a id="Page_303"> 303</a></span>
-li priirent que il vosist descendre celle premire fois la plaisance
-dou roi, et venir Paris. Il dist que il s'en conselleroit. Il
-s'en consella auquns de son consel et la contesse, sa fenme,
-laquelle li desconsilloit que point n'i vosist aler, et que il n'i avoit
-que faire; et li aultre li consilloient et disoient que si avoit, et
-que nullement il ne se pooit esquser, ne passer que il n'alast en
-Franche, et que il ne relevast la duce de Bretagne dou roi. Lors
-respondi il ces paroles et dist: Je l'ai relev dou roi d'Engleterre:
-il doit souffire. Je ne doi ne puis faire que un seul
-honmage. Lors li fu dit: Et se vous trouvs le roi de France
-si amiable que il reoive vostre honmage, vous venrs legierement
-jus deviers le roi d'Engleterre. Il a asss faire entendre
-aillours. Il ne vous boutera pas hors de Bretagne, et espoir es(t) ou
-pour aultre cose que li rois vous mande. Finablement li contes
-de Montfort fu ce consillis et enorts que il ordonna ses besongnes,
-et se departi de Nantes en la compagnie des deus barons
-desus nonms, et ossi des chevaliers de Bretagne; et fist tant
-que il vint Paris et se loga, et toutes ses gens ossi. Qant on
-sceut que il fu venus et mis hostel, on fu tous resjois de sa
-venue. Li contes de Flandres, son serourge, le vint veoir, et li
-fist bonne chire, et li contes de Montfort li, liquels se tint le
-jour que il vint et la nuit ensievant tous quois son hostel. Et
-l'endemain, heure de tierce, il se departi de son hostel plus de
-cent chevaus en sa compagnie, et chevaucirent viers le palais et
-descendirent l, car li rois de France i estoit, et painnes tout
-li noble prelas et barons du roiaulme de France. Li contes de
-Montfort monta les degrs dou palais et ala tant devant li que il
-trouva le roi et les signeurs en une grande cambre, toute pare
-et couverte de tapiserie moult belle et moult rice, et l estoit
-atendus li contes de Montfort.</p>
-
-<p>Qant il entra en la cambre, il fu moult fort regards de ceuls
-qui onques ne l'avoient veu, et par especial li rois de France jetta
-trop fort ses ieuls sur li. Li contes de Montfort se mist en genouls
-devant le roi et dist moult humlement: Monsigneur, vous
-m'avs mand, et je suis venus vostre mandement. Li rois respondi
-et dist: Contes de Montfort, de che vous sai je bon gr,
-mais je m'esmervelle grandement pourquoi ne conment vous avs
-os entreprendre de vostre volent la duce de Bretagne, o vous
-n'avs nul droit, car il i a plus proisme de vous que vous vols
-deshireter; et pour vous mieuls efforchier, vous estes als nostre
-<span class="pagenum"><a id="Page_304"> 304</a></span>
-adversaire le roi d'Engleterre et l'avs de lui relevet, et fait
-feault et honmage, ensi que on nous a dit. Li contes respondi
- che et dist: Ha! monsigneur, ne le cres pas, car vraiement
-vous estes de ce mal enfourms, je le feroie moult envis; mais
-de la proismet dont vous me parls, m'est avis, monsigneur,
-salve soit vostre grace, que vous mesprends, car je ne sai nul
-si prochain dou duch de Bretagne, mon frre darrainnement
-mort, que moi; et se jugiet et declaret estoit par droit que aultres
-i fust plus proismes de moi, je ne seroie pas honteus ne virgongneus
-de moi en deporter. A ceste parole respondi li rois
-et dist: Contes, vous en dittes asss, mais je vous conmande
-sur qanq que vous tens de nous, ne que tenir en pos ne devs,
-que vous ne vos departs de la chit de Paris jusques quinse
-jours, que li baron et li per jugeront de celle proismet. Si sauers
-adonc quel droit vous i avs; et se vous le faites aultrement,
-vous nous couroucers. Li contes respondi et dist: Monsigneur,
- vostre volent. Donc se leva il et prist congiet au roi
-et as prelas et hauls barons qui l estoient, et les enclina tous
-autour, et euls li. Et issi hors de la cambre, et conmena moult
-fort busiier et merancoliier, et imaginer son afaire et son estat.
-A painnes pot il disner, tant fu pensieus, et ne volt que nuls
-entrast en sa cambre, fors si varlet.</p>
-
-<p>A ce que li contes de Montfort pensoit, je le vous dirai: il se
-repentoit trop fort de ce que il estoit venus Paris et mis ens s
-dangiers dou roi et de ses contraires, et disoit ensi en soi meismes:
-Se je atens le jugement des douse pers, il n'est riens si
-certain, on me retenra, et serai mis en prison. Et tout au mieuls
-venir, se je voel avoir ma delivrance, il faudra que je remette
-arrire tout ce dont je sui en saisine, et que je rende compte
-dou tresor le duch mon frre que je pris et levai Limoges,
-douquel je me sui aidis. Avoecques tout ce, on trouvera en verit
-que j'ai est en Engleterre, et que je ai relev la duce de
-Bretagne dou roi d'Engleterre, dont je me sui trop forfais, et ne
-sai que li douse per de France de la correction en vodront dire.
-Briefment, tout consider, je ne puis veoir que li demorer chi et
-atendre la quinsainne me soit pourfitable. Tout consider et
-bien examin ses besongnes, il dist que il se departiroit de Paris
-et retourneroit en Bretagne; et se on le voloit l venir querre,
-on le venist, car on le trouveroit pourveu, et le pais tout clos
-l'encontre des venans; et se manderoit le roi d'Engleterre, qui li
-<span class="pagenum"><a id="Page_305"> 305</a></span>
-avoit jur toute loiaut, et li aidier fust contre le roi de France
-ou autrui.</p>
-
-<p>Ce pourpos et ceste imagination conclut li contes de Montfort
-en soi meismes, et se ordonna partir. Je vous dirai conment:
-il prist l'abit l'un de ses menestrels, et dou soir il monta ceval,
-et le varlet dou menestrel avoecques lui, et isi de Paris. Et
-quidoient ses gens voires, fors chil qui le devoient savoir, que
-il fust encores en ses cambres, car si cambrelent disoient que il
-estoit malades et gissans au lit, qant il estoit en Bretagne. Et vint
- Nantes de nuit et ala deviers sa fenme la contesse qui point de
-premiers ne le recongnissoit en cel estat; et qant elle l'ot ravis,
-si pensa tantos que la besongne aloit mal. Li contes li compta
-tout l'estat et l'ordenance de son voiage, et pourquoi il estoit
-ensi revenus. Monsigneur, dist la contesse, je n'en pensoie point
-mains, vous n'i avis que faire. Selonc ce que vous avs conmenchi
-et entrepris, vous auers la gerre: il n'est riens si vray. Si
-vous pourves et ordonns selonc che, et tens en amour les
-bonnes villes de Bretagne et les signeurs qui sont de vostre partie.
-Li contes respondi et dist que aussi feroit il. F<sup>os</sup> 74 v<sup>o</sup>
-et 75.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_102">102</a>, l. 22: qui tenoit.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 18 33</i>: qui se
-tenoit cause de sa femme estre droit hoir de Bretaigne.
-F<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_102">102</a>, l. 28: feroit.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Or advint autres nouvelles
-au roy et monseigneur Charle de Blois qui plus luy donnrent
- penser, car il leur fut dit que le conte de Monfort avoit est en
-Engleterre devers le roy et relever la duc de Bretaigne et les
-appertenances du roy d'Engleterre: que faire ne povoit ne devoit,
-dont trop grandement s'estoit meffais. F<sup>o</sup> 178.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_103">103</a>, l. 12: de Nantes.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: mais sachis que che
-fut tout outre le consail de madamme sa femme. F<sup>o</sup> 179.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_103">103</a>, l. 15: as hostelz.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 18 22</i>: en
-son hostel. F<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_103">103</a>, l. 20: li douze per.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: le duc de Bourgogne,
-le duc de Normendie et grant plent de seigneurs. F<sup>o</sup> 179.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_104">104</a>, l. 24: son hostel.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: durement pensis.
-F<sup>o</sup> 180.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_104">104</a>, l. 25 et 26: aviser.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: buchier. F<sup>o</sup> 180.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_105">105</a>, l. 8 et 9: Si monta.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Sy fist le malade
-toute celle journe; et quant che vint la nuit, il monta cheval
-<span class="pagenum"><a id="Page_306"> 306</a></span>
-et se party de Paris lui troisime, que point les portes n'estoient
-adonc frumes. F<sup>o</sup> 181.</p>
-
-<p class="space"> <b> 146.</b> P. <a href="#Page_106">106</a>, l. 2: als.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Et en fu li contes
-de Flandres soupeonns que il ne li euist consilliet faire,
-pour tant que il avoit sa serour fenme; mais li contes se osta
-de la soupeon et s'en escusa grandement et tant que on le tint
-bien pour escus. F<sup>o</sup> 75 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_106">106</a>, l. 7: deus.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 18 22</i>: trois.
-F<sup>o</sup> 80 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_106">106</a>, l. 22: barons.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et douze pers.
-F<sup>o</sup> 58.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_107">107</a>, l. 10: d'Alenon.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: monseigneur Carle
-comte d'Alenchon son oncle, le ducq de Bourgoingne son cousin,
-le comte de Blois son frre, le duc de Bourbon, monseigneur Jakemon
-de Bourbon comte de Pontieu, monseigneur le connestable
-de Franche, le comte de Ghines son fil, le comte de Foris, le
-seigneur de Couchy, le seigneur de Craan, le seigneur de Biaugeu,
-le seigneur de Suilli, et en apris tous les barons et chevaliers
- qui il avoit amour et linage qui l estoient. Et chacuns li
-acorda liement que il yroit avoecques lui en Bretaingne pour aidier
- reconcquerre, tant de gent et de compaignons qu'il poroient
-avoir. Si fissent leurs mandemens chacuns endroit de lui,
-li uns en Biausse, li autre en Berri, puis en Ango et ou Mainne.
-Et tous se devoient rassambler en le cit d'Angiers et l environ.
-F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Mesires Carles de Blois et li contes de Blois
-son frre, liquel estoient en genouls devant le roi, le remerciirent
-humlement de toutes ces paroles. Lors se levrent ils en
-pis et alrent autour priier lors amis, premierement lor oncle le
-conte d'Alenon, et puis lor cousin germain le duch de Normendie,
-le duch Oede de Bourgongne et mesire Phelippe de Bourgongne
-son fil, le duch Pire de Bourbon et messire Jaqueme de
-Bourbon conte de Pontieu son frre, le conte d'Eu et de Ghines
-connestable de France, le conte de Vendome, le conte de Danmartin,
-le signeur de Chastellon et grant fuisson de barons de lor
-linage. Et tout de bonne volent se offrirent faire service et
-plaisance mesire Carle de Blois, et aler lors coustages avoecques
-li en Bretagne. Si se ordonnrent et apparillirent dou plus
-briefment que il peurent; et fissent lor mandement estre Chartres,
-<span class="pagenum"><a id="Page_307"> 307</a></span>
-et atendre l'un l'autre en la chit del Mans ou d'Angiers.
-F<sup>os</sup> 75 v<sup>o</sup> et 76.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_107">107</a>, l. 14: le visconte de Roem.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: le
-viconte de Rohan breton. F<sup>o</sup> 78.</p>
-
-<p class="space"> <b> 147.</b> P. <a href="#Page_107">107</a>, l. 26: Quant tout.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Quant
-tout chil seigneur qui priiet estoient, eurent ordonnet leur besoingnes
-et chacuns fait son mandement au plus especialment qu'il
-peult, il se partirent, de Paris li aucun, et li aucuns de leurs
-lieux. Si s'en allrent li uns apris les autres et se assamblrent
-en le cit d'Angiers, puis ordonnrent leur charoy et leurs pourveanches.
-Et se misent au chemin et passrent Ango, et vinrent
-logier ung soir une trs belle fortrce que on appelle Chantos,
-qui se tient dou seigneur de Craan. Et mist li dus de Normendie
-gens pour aidier conduire leurs pourveanchez et chiaux ossi
-qui lez sieuwoient. Puis cheminrent deviers Ansenis, qui est li
-fins dou royaumme et li entre de Bretaingne che ls l. Li sirez
-est ungs grans baners bretons, et se tenoit de le partie monseigneur
-Charlon de Blois, et li fist l hoummaige et feault comme
-au duc de Bretaingne, presens tous lez signeurs, et li mist se fortrche
-en son coummandement. Si sejournrent li seigneur l endroit
-trois jours, pour mieux ordonner leur conroy et leur charoy.
-Quant il eurent ce fait, il yssirent hors pour entrer ou pays
-de Bretaingne.</p>
-
-<p>Quant il furent as camps, il considerrent leur pooir et estimrent
-leur host cinq mille armurez de fier, sans les Geneuois
-qui estoient bien troi mille, si comme jou ay oy recorder. Et lez
-conduisoient doi chevalier de Genneues; si avoient nom, li uns
-messires Othes Doriie, et li autres messires Carles Grimaus. Et
-si i avoit grant plantet de bidaus et d'arbalestriers que conduisoit
-messires Galois de le Baume. Quant touttes ces gens se furent
-aroutet, moult y avoit bel host; et chevauoient en troix bataillez:
-de quoy messires Loeys d'Espaingne, ungs trs bons chevaliers,
-et li viscontez de Rohem, li sires d'Avaugor, li sirez de
-Clichon et li sirez de Biaumanoir, banirez desploiies, menoient
-les premiers; et estoient bien cinq cens lanches. Puis chevauchoient
-en le grosse routte li dus de Normendie, li comtez d'Allenchon,
-ses onclez, li comtez de Blois, messires Charles de Blois,
-qui s'appelloit et escripsoit dus de Bretaingne et en avoit fait
-feault et hoummage au roy de Franche, et en portoit lez
-<span class="pagenum"><a id="Page_308"> 308</a></span>
-plainnes armez sans differensce. En celle routte estoient tout li
-plus grant seigneur de l'ost. En le tierche bataile estoit li connestablez
-de Franche, li comtes Raous d'Eu et li comtez de Ghines,
-ses fils, li sires de Couci, li sires de Montmorensi, li sires de
-Quitin, breton, et li sirez de Tournemine; et faisoient l'arrieregarde
-bien cinq cens lanchez, sans les Geneuois et les arbalestriers,
-dont li Gallois de le Baume estoit conduisirez.</p>
-
-<p>Environ heure de primme, li premier cevauceour vinrent devant
-ung trs fort castiel, seans l'entre de Bretaingne sus une
-montaigne et ou piet desous une grosse rivire. Si appelle on le
-dit castiel Chastonseal, et est li clef et li entre de Bretaingne. Si
-l'avoit garny et pourveu trs bien li contes de Montfort de
-bonnes gens d'armes, de pourveanches et de artillerie. Et en estoient
-cappittainne de par le dit comte doi bon chevalier de Bretaingne,
-dont li ungs avoit nom messires Milles, et li autrez
-messires Waleranz. F<sup>o</sup> 58 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Qant tout chil signeur, liquel s'en devoient aler
-avocques monsigneur Carle de Blois ens ou pais de Bretagne pour
-li aidier recouvrer son hiretage, furent prest et lors gens venus,
-il se departirent de Paris li auqun, et li aultres de lors lieus. Et
-en alrent les uns apris les aultres, et si se asamblrent la grignour
-partie en la chit du Mans et l environ; puis s'avalrent
-jusques en Anghiers, et l trouvrent le duch de Normendie qui
-chis se faisoit de ceste cevauchie. Et vinrent toutes ces gens
-d'armes en Ancheni sus la frontire et entre de Bretagne, et l
-sejournrent trois jours, en attendant encores l'un l'autre, et pour
-ordonner lor charoi et lors conrois. Qant il orent ensi fait, il se
-missent par ordenanche au cemin et chevaucirent pour entrer en
-Bretagne, et considerrent lor pooir et estimrent lor hoost
-cinq mille armeures de fier, sans les Geneuois qui estoient environ
-troi mille. Et les conduisoient doi chevalier de Genneues; si
-avoit nom li uns mesire Othe Doriie, et li aultres mesires Carles
-Grimauls. Et se i avoit grant fuisson de bidaus et d'arbalestriers
-que li Galois de la Baume conduisoit, uns chevaliers savoiiens.</p>
-
-<p>Qant toutes ces gens d'armes et aultres arbalestriers et bidaus
-as lances et pavais se trouvrent sus les camps, ils se departirent
-d'Ancheni, et prissent le cemin par deviers un trs fort
-chastiel, seant sus une montagne, et desous court une rivire.
-Et le chastiel on l'apelle Chastonseal, et est la clef et li entre de
-Bretagne ce ls l, et estoit pourveus et garnis de bonnes gens
-<span class="pagenum"><a id="Page_309"> 309</a></span>
-d'armes. Et en estoient chapitainne et gardiien doi chevalier de
-Lorrainne, dont li uns avoit nom mesires Milles et li aultres messires
-Wallerans. Qant li dus de Normendie, qui estoit chis de
-ceste cevauchie, et li aultre signeur de France veirent le chastiel
-si fort, il orent consel que il le assegeroient, car se il passoient
-oultre et il le laisoient derrire, il le poroit porter damage euls
-ou lors gens et as lors pourveances. Si le assegirent dou plus
-pris que il porent, et i fissent pluisseurs assaus. Meismement li
-Geneuois, qui sont bons arbalestriers, s'i abandonoient le fois
-asss follement et tant que i perdirent de lors compagnons lors
-assaus, car chil dou chastiel se deffendoient vaillanment. Adonc
-imaginrent chil signeur de France que il couvenoit emplir les
-fosss pour aprochier de plus pris. Si furent envoiiet querre et
-amen tout li honme paisant dou plat pais, et lor fist on coper
-baus et mairiens, porter, trainer et chariier et jeter en ces
-fosss. Et tant fissent, par la grant diligense que il i rendirent,
-que il furent raempli l en cel endroit o il avoient mieuls l'avantage
-de l'asallir. Et entrues que on entendi raemplir ces fosss,
-li signeur de France fissent faire et carpenter un chastiel de bois
-sus douse roes et tout couvert et garit, ouquel pooient bien
-deus cens hommes d'armes et cent arbalestriers. Si fu force
-d'onmes chils chastiaus, pourveus de gens d'armes et d'arbalestriers,
-amens asss pris dou mur; et avoit ou dit chastiel trois
-estages: ou premier hault estoient les gens d'armes, ou second
-les arbalestriers, et ou tierc estage tout bas, piqetour pour piqueter
-au mur et tout destruire et abatre.</p>
-
-<p>Le jour que li enghiens et li chastiaus fu bouts avant, ot
-Chasto(n)seal trop orible asaut, et moult de honmes mors et blecis
-de ceuls dedens et de ceuls de dehors. Et aleurent chil dedens
-toute lor artelerie au traire; et par trois fois furent rafresqi chil
-qui ou chastiel estoient. Qant messires Milles et messires Walerans
-veirent que si continuelment on les assalloit, et que moult de
-lors honmes estoient blechiet, et se ne lor apparoit confors de
-nul cost, il se doubtrent que de force il ne fuissent pris; si entrrent
-en trettis deviers le duch de Normendie qui on parloit
-de toutes coses. Trettis se porta que il rendirent le chastiel,
-salve lors vies et lors biens. Ensi orent li Franois le chastiel de
-Chastonseals; si le remparrent et rafresquirent de toutes coses.
-Et fu rendus li dis chastiaus dou duch de Normendie mesire
-Carle de Blois conme hiretiers et dus de Bretagne. Et puis passrent
-<span class="pagenum"><a id="Page_310"> 310</a></span>
-oultre et ceminrent viers Nantes, o li contes de Montfort
-se tenoit, qui bien estoit enfourms de la venue de ces signeurs
-de France. Si se pourveoit selonch ce, et avoit envoiiet sa
-fenme et un sien jone fil Vennes, et moustroit bonne ordenance
-de li deffendre et garder. F<sup>o</sup> 76.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_108">108</a>, l. 3: Angiers.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Et depuis ne demoura
-gaires de temps que mesire Charles se party de Paris et prist le
-chemin d'Angiers. Et vint l aprs le conte d'Allenchon, le duc
-de Normendie, le duc de Bourgogne, le duc de Bourbon, le conte
-de Tancarville, le connestable de France, le sire de Coucy, le sire
-de Carhain, le sire de Suilly et grant foison de barons de France.
-Et estoient bien, quant tous furent venus et asambl, six mille
-hommes d'armes et vingt mille d'autres gens parmy les Geneuois
-qui estoient desoubz messire Charle Grimaulx et messire Oste
-Deoire. Et fut marescaulx de tout l'ost ung trs bon et hardy
-chevalier qui s'appelloit messire Loys d'Espaigne. F<sup>o</sup> 183.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_108">108</a>, l. 6: trois.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: quatre. F<sup>o</sup> 78.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_108">108</a>, l. 10: cinq mille.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: six mille.
-F<sup>o</sup> 81 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_108">108</a>, l. 11: trois mille.&mdash;<i>Mss. A 1 6</i>: quatre mille.
-F<sup>o</sup> 81.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_108">108</a>, l. 20: Chastouseal.&mdash;<i>Mss. B 3</i>: Castouseul. F<sup>o</sup> 71
-v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 1 10, 20 33</i>: Chastonseaulx, Chastonseal,
-Chastonseaul, Chastonseau. F<sup>o</sup> 81.&mdash;<i>Mss. A 11 17</i>: Chantouceaulx,
-Chantoceaux. F<sup>o</sup> 78 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 18, 19</i>: Chastouseaulx.
-F<sup>o</sup> 81.</p>
-
-<p class="space"> <b> 148.</b> P. <a href="#Page_110">110</a>, l. 1: Quant li dus.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Quant
-li dus de Normendie, messires Carlez de Blois et li autre seigneur
-eurent conquis le castiel de Castonseaux, si comme vous
-avs oy, li dus de Normendie, qui estoit li souverains droit l de
-tous, le livra tantost monseigneur Carlon de Blois, son cousin,
-comme sien et son hiretaige. Et y mist li dis messire Carles dedens
-bon castellain, en qui mout s'afioit, ung chevalier que on appelloit
-monseigneur Rasse de Quinnecamp, et avoecq lui grant fuison
-de bons compaignons; et l rafresci de tous poins, de touttez
-necessits pour mieux garder l'entre dou pays, et pour conduire
-chiaux qui venroient apris yaux. Puis se deslogirent li seigneur
-et se traissent par deviers Nantes, l o il tenoient que li comtes
-de Montfort, lors ennemis, estoit. Si leur avint que li marescaus
-<span class="pagenum"><a id="Page_311"> 311</a></span>
-de l'ost et leur coureur trouvrent enmy voie une bonne ville et
-grosse, bien freme de fosss et de palis; et appell' on ceste ville
-Quarquafoure, et siet quatre lieuwes pris de Nantes. Li marescaux
-et se routte l'asalirent fierement et durement de tous
-costs; et chil de le ville se deffendirent, ms il n'y avoit que
-villains. Si furent asss tost desconfi, la ville prise et robe, et
-moult de gens dedens mors et ochis, dont che fu pits; et boutrent
-le feu ens, et en fu bien la moitiet arse. Et se logirent li signeur
-ceste nuit l environ, et l'endemain il se deslogirent et
-aprochirent Nantez; et envoiirent leurs coureurs devant pour
-aqueillir le proie, ms point n'en trouvrent. Dont vinrent li seigneur
-li uns apris l'autre, par ordonnanches et par connestabliez,
-devant le chit de Nantes; et le assiegirent tout autour,
-et y tendirent tentez, trs et pavillons et touttes autres mannires
-de logeis qui en telz oeuvres appertiennent.</p>
-
-<p>Or sont logiet ost, par devant la bonne chit de Nantez, li
-seigneur de Franche. Et dedens se tient li comtez de Montfort,
-messires Hervieus de Lion, messires Henris de Pennefort, messires
-Oliviers de Pennefort et pluiseur chevalier et escuier de Bretaingne
-qui ont fait feaut ou dit comte; et la contesse sa femme
-est Rennes. Quant li comtes de Montfort se vit assegis, il n'en
-fist mies trop grant compte, car il se sentoit en bonne chit,
-forte, bien fremme et bien pourveuwe de touttez pourveanches
-et d'artillerie, et bien ams des bourgois de le ville. Si ordounna
-et pria tous que chacuns se volsist bellement deduire et acquitter
-enviers lui, garder le chit et leur honneur, aller leur deffenscez
-as garrittez, enssi que ordonnet estoient, et point yssir
-sur chiaux de l'host, car il pooient bien perdre et point gaegnier.
-Et disoit ensi li comtes, pour chiaux de Nantes reconforter, que
-cilx siges ne se pooit longement tenir, car il estoit coummenchiz
-trop sus l'ivier.</p>
-
-<p>Or avint que chils de le ville ne tinrent mies trop bien ses
-coummandemens, si comme vous orz; car il prist vollent aucuns
-bourgois de Nantez, jones compaignons et armerz, que de
-yssir et faire aucune envaie sur chiaux de l'ost. Et en parlrent
-enssamble et se queillirent, et furent bien quatre cens d'eslite,
-et priirent monseigneur Hervi de Lion que il volsist y estre
-leur cappittainne et yaux mener; et se Dieux plaisoit, il feroient
-emprise o il aroient toutte honneur et prouffit. Messires Hervis,
-comme bons chevaliers et qui amoit et queroit lez armes, s'i accorda
-<span class="pagenum"><a id="Page_312"> 312</a></span>
-asss legierement. Et prissent ariest issir une ajourne,
-enssi qu'il fissent, et s'en vinrent par voies couvertes, car bien
-connissoient le pays autour de l'ost. Dont d'aventure il trouvrent
-environ trente sommiers, muls et ronchins, cargis de pourveances,
-qui s'en venoient en l'ost. Si se ferirent en chiaux qui
-les menoient, et en turent et navrrent les aucuns, et li demorans
-s'enfui. Si misent ces sommiers voie pour amener sauvet
-dedens le ville, et leur sambla que trop bien avoient esploitiet.
-Li noise et li cris s'esleva en l'ost, et criirent: As armes!
-Les trompettez sonnrent, touttes mannires de gens s'armrent
-et montrent as cevaux.</p>
-
-<p>Ceste meysme nuit, avoit fet le gait messires Loeys d'Espaingne
- plus de cinq cens compaignons, et n'estoit point encorres
-retrait ne partis de se garde. Quant il entendi le hue, il s'en
-vint celle part quoite d'esperons, bannire desploiie; et tout
-li sien le suirent, et raconssuirent chiaux de Nantez asss pris
-de le ville. L y eut bon puigneis. Quant messires Hervis de
-Lions et chilz de Nantes veirent qu'il estoient si poursui, il se
-misent entre les sommiers et leurs ennemis, et les fissent de forche
-cachier ens s portes pour sauver, et aucuns cars ossi, qu'il
-en menoient cargis de vins et de farinez, desteller; et les cevaux
-cachier en le ville, et tout adis se combatoient. L ot ung
-dur rencontre et trs forte mesle, car chil de l'ost mouteplioient
-toudis, qui estoient fresch et nouviel. L couvint monseigneur
-Hervi de Lion faire maintez appertises d'armez, car vollentiers il
-ewist sauvs tous les siens, s'il pewist; ms si grant force leur
-sourvint que grant meschief rentra il en le ville et se sauva; et
-pour le doubte que cil de l'ost ne efforaissent le porte et entraissent
-en le cit, il fist le restiel avaller. Si en y eut bien le
-moitiet et plus de leurs gens enclos par dehors, qui y souffrirent
-grant meschief, car il furent tout pris ou tout mort, et mens as
-logeis comme prisonniers devers le duch de Normendie et monsigneur
-Carlon de Blois, qui en eurent grant joie. Et chil dedens
-se retrairent au mieux qu'il peurent, qui trop plus avoient perdut
-que gaegniet, et regretoient leurs frrez et leurs amis mors et
-pris.</p>
-
-<p>Li comtez de Montfort, qui estoit ens ou castiel de Nantes,
-s'arma et fist armer sez gens seloncq ce que on li avoit record
-que dehors le porte il y avoit grant hustin. Si y venoit en ceste
-entente que pour yaulx aidier, s'il pewist; ms quant il parvint
-<span class="pagenum"><a id="Page_313"> 313</a></span>
-l, la besoingne estoit j toutte passe. Et encontra monseigneur
-Hervi de Lion, si ques tous couroucis et voiant le peuple, il l'aqueilli
-au tenchier et li dist: Messire Hervy, messire Hervy,
-vous estes trop bons chevaliers de le moitiet. Je me fuisse bien
-maintenant passs mains de vo proce; et encorrez sus vo folle
-emprisse, se vous ne vous fuissis si tost retrs, chil qui sont demouret
-l hors, ewissent estet bien venus sauvet. De ces
-parolles fu messires Hervis tous honteux et virgongneus, et passa
-oultre et parla mout peu, et ce qu'il respondi, il dist: Sire,
-plus sages et plus preux chevalierz que je ne soie, a bien mespris
-en plus grant affaire. Dieux nous gard de plus grant dammaige!
-Ensi se retrai chacun en son hostel, car li comtez vit bien que li
-issir ne li pooit porter nul prouffit, ms damage. Depuis ceste
-avenue, pris que tous les jours, chil de l'ost, Geneuois et saudoiiers,
-venoient escarmuchier as portez et as barrirez, et faisoient
-sur chiaux de d'ens mainte appertise d'armes. Et lanchoient
-et traioient li ung l'autre; et en y avoit souvent des navrs de
-chiaux de d'ens et de chiaux de hors. F<sup>o</sup> 59.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Sus le cemin de Nantes trouvrent li Franois
-une bonne ville et grose freme de fosss et de palis tant seullement,
-et est nonme Quarquefoure. Li marescal de l'oost et chil
-de l'avant garde, qant il furent venu devant, l'asallirent fortement.
-Ichil de dedens estoient gens de petite deffense et foiblement
-arms; si ne porent durer contre ces arbalestriers geneuois
-et ces gens d'armes. Si fu la ville conquise et toute robe, et plus
-de la moiti arse, et toutes gens que on pot ataindre, mis l'espe,
-dont ce fu pits.</p>
-
-<p>Li signeur logirent celle nuit l environ; et l'endemain il
-s'ordonnrent pour venir devant la chit de Nantes, car il n'i a
-de Quarquefoure que quatre lieues. Et envoiirent premierement
-l'avant garde courir devant Nantes et ordonner o li signeur se
-logeroient. Si se logirent chil de l'avant garde. Et puis vinrent
-li dus de Normendie et tout li signeur et le charoi. Et se logirent
-tout en bonne ordenance, et fissent tendre tentes, trefs et
-pavillons.</p>
-
-<p>La chit de Nantes est grande, et la rivire de Loire qui court
-parmi, moult large. Se ne le porent pas li signeur de France
-toute environner, car trop i faudroit de peuple qui vodroit ce
-faire. Et se chil de dedens se fuissent tenu tous jours enclos en
-lor ville sans point issir, et entendu as escarmuces tant seullement,
-<span class="pagenum"><a id="Page_314"> 314</a></span>
-et deffendre lors barrires, il ne lor couvenoit aultre
-cose; et euissent l tenu les signeurs de France tout le temps.
-Car il avoient la rivire pour euls, laquelle on ne lor pooit oster,
-et si estoient bien pourveu de toutes coses que il lor besongnoit;
-mais orgoels et outrequidance les dechut, ensi que je vous dirai.</p>
-
-<p>Messires Hervis de Lion, qui fu asss chevalereus et estoit tous
-li consauls dou conte, chevaua une matine et issi hors de Nantes
- tout deus cens armeures de fier, car dou soir il avoient en
-lor ville requelliet une espie qui lor avoit dit que quinse sonmiers
-cargis de pourveances venoient en l'oost, et lor avoit ensengniet
-le cemin que il tenoient, et n'estoient conduit que de euls soissante
-lances. Pour quoi messires Hervis de Lion, pour porter
-ceuls de l'oost contraire et damage, esmeut les compagnons saudoiiers
-et auquns jones honmes bourgois de Nantes. Et sallirent
-hors une ajourne par la posterne de Ricebourc et se missent
-sus les camps, et cevauchirent la couverte, ensi que li varls
-les avoit ensengniet. Et trouvrent sus un vis chemin et encontrrent
-ce charoi et ces sonmiers et ceuls qui les conduisoient,
-qui estoient tout pesant et sonmilleus, car il avoient la nuit moult
-petit dormit. Chil deus cens de la route et compagnie messire
-Hervi de Lion furent tantos au desus de ce charoi et de ces sonmiers
-et de ceuls qui les conduisoient. Et en i ot que mors que
-blecis plus de la moiti; et li demorrans fui en voies deviers
-l'ost en faisant grant noise. Encores estoient chil dou gait de la
-nuit sur les camps; si s'adrechirent celle part o la noise estoit
-et li debas, et aussi li hoos se conmena fort estourmir.</p>
-
-<p>Qant mesires Hervis de Lion et ses gens veirent venir l'effort,
-si se retraissent fort viers la chit et deviers la porte, et cachirent
-lor proie dedens. Et fuissent bien rentr dedens et petit
-de damage, se il vosissent; mais orgoels et outrequidance les
-amonesta de demorer et faire armes. Et tant se moutepliirent li
-hustin que chil de l'oost les sourmontrent, et en abatirent et
-mehagnirent biaucop et prissent au voloir rentrer en la ville.
-Et fu la porte sus le point de estre gaegnie des Franois, et couvint
-pris estre arm tous ceuls de la ville pour euls bouter hors.
-Et l fu trs bons chevaliers messire Hervi de Lion, et moult i
-fist de grandes et de belles apertises d'armes. Toutes fois, par
-bien combatre et par l'effort qui i sourvint de la chit, li Franois
-furent requl, et la porte reclose, et li pons levs, et la grignour
-partie de la proie conquise. Ms trop lor cousta et par especial
-<span class="pagenum"><a id="Page_315"> 315</a></span>
-des bourgois de la ville, car il en i ot grant fuisson de
-mors et de pris et de blecis: dont li pre et li frre et li linages
-de ceuls en furent durement courouchiet. Et disoient li auqun en
-derrire que ce avoit est une issue sans raison et hors de ordenance,
-car il n'avoient en Nantes aultre cose faire que de garder
-lor vile.</p>
-
-<p>Li contes de Montfort, qui estoit en son hostel, ne savoit au
-matin, qant il fu levs, encores riens de ceste avenue. Et qant il
-en fu enfourms, et il oy les complaintes de ses honmes et des
-bourgois de la ville, conment il avoient perdu lors fils, lors frres
-et lors amis et par celle escarmuce, laquelle la vois de ceuls
-de Nantes avoit est faite sans raison, si en fu durement courouchis.
-Et qant messires Hervis de Lion vint en sa presence, il l'en
-blama et reprist aigrement de crueuses paroles, et tant que messires
-Hervis s'en merancolia et prist les paroles en grant virgongne
-et desplaisance. Et pour ce que li contes li dist si generaulement
-devant tous ceuls qui le porent or, se retraist li dis mesire
-Hervi de Lion en son hostel en la ville, et laissa le conte en son
-chastiel, sans plus aler viers lui. F<sup>os</sup> 76 v<sup>o</sup> et 77.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_110">110</a>, l. 19: Quarquefoure.&mdash;<i>Mss. B 3, A 7 10, 15
-17, 23 29</i>: Quarquefore, Quarquefoure, Carquefoure. F<sup>o</sup> 72.&mdash;<i>Mss.
-A 1 6, 18 22</i>: Quanquefore, Quaquefore. F<sup>o</sup> 81 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss.
-A 11 14</i>: Carrefours. F<sup>o</sup> 79.&mdash;<i>Mss. A 23 29</i>:
-Carquefo. F<sup>o</sup> 147.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_111">111</a>, l. 9: aucun des saudoiiers.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Or advint
-que mesire (Hervy<a id="FNanchor_406" href="#Footnote_406" class="fnanchor">&nbsp;[406]</a> de Lion), qui moult desiroit les armes, yssy
-hors une matine tout deux cens compaignons des plus soufisans.
-F<sup>o</sup> 184.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_111">111</a>, l. 11: quinze.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: dix huit. F<sup>o</sup> 79.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_112">112</a>, l. 15: deux cens.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: six vingt par une
-autre embusque que messire Loys d'Espaingne leur fist. F<sup>o</sup> 185.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_112">112</a>, l. 18: blasma.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: et luy dist que il s'en
-peuist bien estre passs d'avoir fait celle yssue, et qu'il estoit trop
-bon chevalier de par le diable. F<sup>o</sup> 185.</p>
-
-<p class="space"> <b> 149.</b> P. <a href="#Page_112">112</a>, l. 26: Or avint.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Che sige
-durant devant Nantez, qui grans et plentiveus estoit pour ciaux
-de hors et cremeteus pour ciaux de d'ens, car il n'estoient tout
-<span class="pagenum"><a id="Page_316"> 316</a></span>
-mies bien d'acord, ms grant soussi et anoy, aucuns bourgois
-de le cit veoient leurs biens destruire et amenrir dedens et dehors,
-et avoient lors enfans et lors amis emprisonns et doubtoient
-encorrez que pis ne leur avenist: si s'avisrent et parlrent enssamble
-tout quoiement et secretement. Et eurent d'accord entr'iaux
-ly plus sainne partie de traitier ces signeurs de Franche
-couvertement, par quoy il peuissent avoir ps et ravoir leur enfans
-et amis quittes, qui estoient emprisonns. Touttes fois il achievrent
-leurs tretis et acordrent et proummisent que, sus ung
-jour qui ordonnz estoit, il lairoient une porte ouverte qui nomme
-y fu; et poroient chil de l'ost paisivlement entrer en le cit
-et aller au castiel et prendre le comte de Montfort, affin que nulx
-ne nulle de le dite cit n'y devoient mettre corps, ne vie, ne membre,
-ne riens dou leur, et devoient sains et sauf et tous quittez
-ravoir leurs amis.</p>
-
-<p>Enssi fu il acord et confremm de chiaux de l'host, et le
-droite heure ordonne, li porte ouverte. Et entrrent li signeur
-et chil qui veurent avoec yaux, dedens Nantes, et allrent droit
-au castiel l o li comtez de Montfort se tenoit et dormoit encorrez,
-car il estoit bien matin; et brisirent lez huis, et le prissent
-et aucuns de ses chevaliers. Et fu messires Hervis de Lion
-pris ossi; ms messires Henris de Pennefort et messires Oliviers,
-ses frrez, et messires Ives de Tigri se sauvrent, car il dormoient
-dedens le chit: si leur fu nonchiet, et montrent tantost cheval
-et se sauvrent. Et li comtez de Montfort fu pris, si comme
-vous avs oy; et l'amenrent li signeur hors de la chit en leur
-tentez, et en eurent grant joie. De se prisse fu adonc durement
-rets messires Hervis de Lion, et dou tretiet des bourgois de le
-ville, car il prist les parollez que li comtez li avoit dittes, en si
-grant despit que oncquez puis il ne veult y estre nul consseil
-que li contes ewist affaire. Si ne sai je pas se ce fu cause ou sans
-raison. Je n'en voroie mies parler trop avant, ms touttesvoies li
-famme fu adonc telx entre pluisseurs gens, si comme je vous ay
-recordet chy devant. Et che y parfist le souppechon, car toudis
-depuis il fu de l'accord monseigneur Carlon de Blois, et li fist
-feault et hoummaige si comme son signeur, et le recongnut
- ducq et droit hiretier de Bretaingne de par madamme sa
-femme.</p>
-
-<p>Quant li dus de Normendie vit le comte de Montfort devant
-lui, si en ot grant joie; et ossi eut messires Carlez de Bloix, car
-<span class="pagenum"><a id="Page_317"> 317</a></span>
-vis leur fu que la guerre en estoit pour yaux plus belle. Si se
-conseillirent entr'iaux comment il s'en maintenroient, et eurent
-advis que il l'envoieroient Paris deviers le roy de France, qui
-vollentiers le verroit. Si en cargirent monseigneur Loeis d'Espaingne
-et monseigneur de Montmorensi, le seigneur d'Estouteville,
-messire Grimouton de Camb(l)i. Et le prisent chil seigneur en
-leur conduit bien deux cens lanches pour amener plus sceurement,
-et cevaucirent tant par leurs journes qu'il vinrent Paris.
-Si trouvrent le roy Phelippe qui j estoit enfourmz de toutte
-ceste aventure et de la prise dou dit comte. Si l'amenrent li dessus
-dit chevalier au roy et li representrent de par le duc de
-Normendie, son fil, et monseigneur Carlon de Blois, son nepveult.
-Li rois rechupt che present joie, et dist en regardant sus le
-comte qui mout estoit honteux et abaubis: Comtez, comtez de
-Montfort, viz pechiz fait nouvelle virgoingne. Et pour ce que
-tort et pechi vous estez entrz en le saisinne de Bretaingne,
-o point de droit vous n'avs, estez vous de droit encombrz;
-car, se nul droit vous y euissiz, vous ewissiz atendu le jugement
-des pers de Franche. Vous vos emblastez de my et sans
-congiet, et sus me deffensce vous partesistes, et par orgoeil contre
-my vous vos estez tenus et ports. Si en vauront vos besongnes
-le mains, car jammais de mes mains ne partirs, se pis
-ne recevs. Si ne vous ferai je nul tort, ms vous deduirai par
-le jugement et avis de mes hommes. Adonc coummanda li
-roys que on le mesist au castiel du Louvre. L fu li comtez de
-Montfort mens et emprisonns, et trs fort et songneusement
-gards. Et sachis que ly roys eut depuis sur lui mainte pensse
-pour lui faire morir; et l'ewist fait, si comme on dist, se n'ewist
-estet li comtez Loeys de Flandrez ses serourges, qui pluiseurs
-fois en pria le roy mout humblement, laquelle priire li roys
-s'en souffri, et le tint emprisonn tant qu'il vesqui.</p>
-
-<p>Or revenrons as seigneurs de Franche qui ont bien coummenchiet
- esploitier leur voiaige, car il ont pris le chief de leurs ennemis
-et le souverainne chit de Bretaingne, dont il se sont
-mis en possession. Et ont tout li bourgois de Nantes juret et fait
-feault et hoummaige monseigneur Carlon de Blois, et l'ont recongnut
- duc et signeur; et entra de premiers dedens Nantez
- grant pourcession, adestrs et acostz de monseigneur d'Alenon,
-son oncle, et dou duc de Normendie, son cousin.</p>
-
-<p>Apris ce que li dus de Normendie et li seigneur de Franche
-<span class="pagenum"><a id="Page_318"> 318</a></span>
-eurent pris le saisinne et la possession de Nantes et reconquis sus
-le comte de Montfort, en l'an de grace Nostre Seigneur mil trois
-cens quarante et un, le vingtime jour de octembre, il se tinrent
-en le ditte cit depuis une espace; et eurent avis et consseil
-comment il se parmaintenroient. Finablement il se consseillirent
-li ung par l'autre, pour che que li yviers aprochoit et que il faisoit
-dur et crut et froit hostoiier, il se partiroient et donroient
-leurs gens congiet; et se retrairoient en France jusques l'estet
-qu'il revenroient aidier monseigneur Charlon de Blois reconcquerre
-le remanant; et le lairoient cest yvier guerriier par ses
-fortrches. Dont tantost apris le feste de le Toussaint, il se partirent
-de le cit de Nantes et de monseigneur Carlon de Blois, sus
-l'estat que je vous ai dit; et s'en retournrent en Franche et en
-leurs nations, et chacuns en son lieu. Et messires Carlez de Blois
-se tint en Nantes en grant reviel, o lui madamme sa femme. Si
-fist pourveir ses garnisons et appareillier enghiens et espringallez
-et touttes mannirez d'estrumens, pour assaillir l'estet villes et
-fortrces rebellez lui. Or me tairay de monseigneur Carlon de
-Blois et parleray de le comtesse de Montfort et de ses ordonnances,
-qui fu damme de grant emprise, et bien eut coer d'omme
-et de lion. F<sup>os</sup> 59 v<sup>o</sup> et 60.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Or avint que, trois jours apris ce que ceste
-avenue de la porte des bourgois et des saudoiiers de Nantes fust
-avenue, uns grans meschis sourvint au conte de Montfort; et
-orent les honmes de la ville trettis secrs et couvers au duch de
-Normendie et as signeurs de France, tels que je vous dirai. Il
-laissirent une matine la posterne que on dist de Sauve tout ouverte,
-et par l entrrent grant fuisson de gens d'armes dedens
-la chit sans contredit; et ne fissent onques mal honme ne
-fenme de la ville, ne mesire Hervi de Lion ne sa famille. Et
-alrent ces gens d'armes au chastiel dou conte, et rompirent les
-portes et entrrent dedens; et trouvrent le conte de Montfort
-en sa cambre qui se armoit. Il le prissent en cel estat. Et l'enmenrent
-quatre chevalier de France en la tente dou duch de Normendie,
-liquels fu moult resjois (de) celle prise et li dist: Contes
-de Montfort, vous nous avs fait painne. Il vous faudra, voellis
-ou non, retourner Paris, et or la sentense qui a est rendue et
-donne sur vous.&mdash;Monsigneur, respondi li contes, ce poise
-moi. Je me confioie en ma gent, et il m'ont trahi. L fu li
-contes pris et mens d'autre part, et livrs en bonnes gardes de
-<span class="pagenum"><a id="Page_319"> 319</a></span>
-vaillans honmes, chevaliers et esquiers, et moult proains de linage
- mesire Carle de Blois.</p>
-
-<p>Tout ce fait, li dus de Normendie et tout li signeur de France
-entrrent dedens Nantes grant solempnit et grant fuisson de
-tronpes, de tronptes et de claronchiaus et descendirent ensi au
-palais, et l tinrent li signeur lor estat. Et fu messires Hervis de
-Lion delivrs de prison et devint homs mesire Carle de Blois,
-et li jura foi et loiaut tenir de ce jour en avant; et on n'i vei
-onques depuis le contraire. Et furent delivr tout chil qui prisonnier
-estoient. Et par ces apparans doit on bien supposer que la
-chit de Nantes et li di(s) messires Hervi furent en tretti deviers
-le duch de Normendie et les signeurs de France. Ce fu la nuit de
-une Tousains que on compta l'an de grasce mille trois cens quarante
-et un. Et le jour de la Tousains tint li dus de Normendie
-court plenire de tous les signeurs ens ou chastiel de Nantes, et
-l rendi li dis dus mesire Carle de Blois la chit de Nantes. Et
-le rechurent duch et signeur tout li bourgois de la ville et li
-fissent feault et honmage, et tout li baron et chevalier de l environ,
-mesires de Clion, li sires d'Ansenis, li sires de Biaumanoir,
-li sires de Malatrait et bien quarante cevaliers de Bretagne, qui
-tout furent la feste ce jour de la Toussains. Et durrent les
-festes en Nantes quatre jours. Et encores venoient tout dis chevaliers
-et esquiers fievs, dames et damoiselles fieves, qui relevoient
-lors hiretages mesire Carle de Blois, et le tenoient signeur
-et le nonmoient duch. Mais encores demoroient grant fuisson
-de chits, de villes et de chastiaus et de signouries qui
-tenoient le fait contraire, et le tinrent tout dis l'encontre de
-messire Carle de Blois; car li dus de Normendie et la poissance
-de France se departirent trop tos de Nantes et dou pais. Car se il
-se fuissent l ivernet, et euissent laissiet lors gens couvenir, et
-cevauchiet sur le pais, il euissent petit petit raquis le pais, et
-ost le coers et les opinions de ceuls et de celles qui tenoient
-bonne la querelle au comte de Montfort. Et pour ce que riens
-n'en fu fait, s'eslevrent les gerres en Bretagne par le confort et
-aide que li rois d'Engleterre fist ceuls et celles qui tenoient la
-partie dou conte de Montfort, et qui s'estoient aloiiet et acouvenenchiet
- li, et se tenoient pour tout enfourm et certefiiet que
-sa querelle estoit bonne, pour tant que li dis contes avoit est
-frres dou duch de Bretagne.</p>
-
-<p>Qant li dus de Normendie et li signeur se furent tenu Nantes
-<span class="pagenum"><a id="Page_320"> 320</a></span>
-jusques as octaves de la Saint Martin que li iviers venoit, si
-eurent consel que il retourneroient en France, car il n'estoit nul
-apparant que chil de Bretagne se vosissent mettre ensamble, ne
-faire gerre, mais se tenoient en lors garnisons. En ce sejour que
-li signeur fissent en Nantes, escripsi mesires Carles de Blois,
-conme dus de Bretagne, ceuls de la chit de Rennes, de Vennes,
-de Camperl, de Camper Correntin, de Hainbon, de Lambale,
-de Ghinghant, de Dignant, de Dol, de Saint Mahieu, de
-Saint Malo et de toutes les marces et limitations de Bretagne,
-que il se vosissent traire viers Nantes et venir obeisance et
-faire ce que tenu estoient. Li auqun i venoient, et li aultre non,
-et disoient et rescripsoient mesire Carle de Blois que point n'estoient
-consilliet de ce faire, car la comtesse de Montfort, qui bien
-avoit coer d'onme et de lion, aloit trop fort au devant et avoit
-un petit fil de l'eage de sept ans, que on nonmoit Jehan, moult
-biel enfant; et au jour que son mari fu pris par la condicion et
-manire que dit vous ai, elle estoit Vennes et ou chastiel que
-on dist la Mote. Ceste contesse prist le frain dens et ne fu
-noient esbahie, et manda tantos chevaliers et esquiers et ceuls
-dont elle pensoit estre ame, aidie et servie. Et quant il furent
-venu, elle lor remoustra en plorant la fraude, la traison et mauvest,
-ensi conme elle disoit, que on avoit fait son mari, et
-puis reprendoit ses paroles sus tel fourme en disant: Biau signeur
-et bonnes gens, je compte monsigneur pour mort, mais
-vechi son fil, son hiretier et vostre signeur, qui vous est demors
-et qui vous fera encores biaucop de biens. Se li voellis estre bon
-et loial, ensi que toutes bonnes gens doient estre lor signeur,
-et je vous serai bonne dame et courtoise, et querrai mon fil,
-vostre signeur, bon manbourc, pour aidier soustenir, deffendre
-et garder nostre droit et son hiretage. Si vous pri cierement,
-conme une dame vve et orfne de mari, que vous aiis pit de
-moi et de l'enfant, et li tens foi et loiaut et moi aussi, ensi
-que vous avs fait jusques chi son pre et mon mari.</p>
-
-<p>L avoient toutes gens, barons, chevaliers et esquiers qui tenoient
-sa partie, grant pit de la dame et de l'enfant, et le reconfortoient
-et disoient: Dame, ne vous esbahissis en riens: nous
-demorrons dals vous, puis que obligiet et acouvenenchiet i
-sonmes, tant que nous auerons les vies ou corps. Et elle leur
-disoit: Grans merchis. Et ensi la contesse de Montfort,
-plus de cinq cens lanches, chevaua de forterce (en forterce)
-<span class="pagenum"><a id="Page_321"> 321</a></span>
-sitos que les nouvelles li vinrent de la prise son mari, et rafresqui
-chits, villes et chastiaus, et fist toutes ses besongnes bonnes.</p>
-
-<p>Qant chil signeur de France se deubrent departir de mesire
-Carle de Blois, il li consillirent que il se tenist en la chit de
-Nantes, et fesist l'ivier tout bellement ses provisions, et laisast
-couvenir ses gens et guerriier des garnisons; et qant le temps
-d'est retourneroit, se il li besongnoit, il retourneroient aussi. Et
-disoient que il estoit au desus de ses besongnes, puis que il estoit
-sires de Nantes et de la plus sainne partie de Bretagne, et que li
-contes de Montfort ne li porteroit jams contraire. Messires Carles
-de Blois s'enclinoit asss tout ce que il li disoient. Et demorrent
-dals lui auquns vaillans honmes de son linage pour li aidier
- consillier. Et puis retournrent li dus de Normendie et tout li
-signeur en France, et s'en ala casquns en son lieu. Mais qant li
-rois Phelippes vei le present que li dus de Normendie li fist dou
-conte de Montfort, il en fu trop grandement resjois. Et fu li contes
-moult fort ranprouvs de ce que il estoit partis de Paris sans congiet.
-Li contes qui se veoit pris, ne savoit que dire, mais s'umelioit
-dou plus que il pooit, et n'esperoit pas jamais estre delivrs
-de ce dangier. Et son esperance fu veritable, car on l'envoia
-en prison ens ou chastiel dou Louvre. Et furent misses sus li
-bonnes gardes, liquel avoient gages et pension toutes les sepmainnes,
-pour lui garder de jour et de nuit, et en estoient bien
-paiiet. Ensi demora li contes de Montfort en ce dangier et en la
-prison dou Louvre, et tant i fu que il i morut. F<sup>os</sup> 77 et 78.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_113">113</a>, l. 14: prisent.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: en l'ostel o le conte de
-Montfort dormoit. F<sup>o</sup> 185.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_114">114</a>, l. 20 et 21: livrrent,&mdash;<i>Ms. B 6</i>: l'envoirent (le
-comte de Montfort) Paris deux cens lances. F<sup>o</sup> 186.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_114">114</a>, l. 22: emprisonner.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: et n'en volsist pas
-avoir cent mille florins. F<sup>o</sup> 186.</p>
-
-<p class="space"> <b> 150.</b> P. <a href="#Page_114">114</a>, l. 26: Or voel.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Quant messires
-Charles de Blois et les signeurs qui l estoient virent que le conte
-de Montfort estoit prins et qu'il estoit seigneur de Nantes, sy eurent
-consail de retourner en France, car il estoient l grant frait.
-Sy dirent ensy le conte d'Alenchon et le duc de Normendie
-mesire Charles de Blois: Bieau cousin, vous demor(r)s en
-che pais, et vous lairons mesire Louis d'Espaigne et une autre
-partie de ches gens d'armes. Et nous retournerons en France,
-<span class="pagenum"><a id="Page_322"> 322</a></span>
-car nous creons asss, puisque nous tenons le conte de Montfort,
-que vostre guerre est fine. Il n'est nulz de par luy que il doient
-gherrier; et se guerre vous sourvient, fust d'Angleterre ou d'ailleurs,
-nous vous ve(n)rons secourir, car nous ne sommes pas
-loing.</p>
-
-<p>De ches parolles se tint grandement content le dit mesire
-Charles et les en remerchia. Adonc prirent congi lui et madamme
-sa femme, qui s'apelloit ducesse de Bretaigne, et retournrent
-tous en France en son pais. Ensy demoura le conte de
-Monfort en dangier. Et mesire Charles de Blois et sa femme se
-tinrent toute celle saison en la cit de Nantes. Sy vinrent pluiseurs
-chevaliers et barons de Bretaigne faire hommage au dit
-mesire Charles et le tingrent seigneur de par madame sa
-femme, telz que le visconte de Rohem, le sire de Clichon, le sire
-de Biaumanoir, le sire d'Ansenis, le sire d'Avaugor, le sire de
-Malatrait, le sire de Gargolle, le sire de Cintin, le sire de Lion,
-mesire Charle (de) Dignant, le sire de Crais, le sire de Rieus et
-pluiseurs autres barons et chevaliers.</p>
-
-<p>Et aussi en demoura aulcuns du cost de la contesse de Monfort
-qui se tenoient Hainbon: de laquelle damme je vous voel
-ung petit parler pour le grant confort dont elle fut plainne, car
-elle avoit cuer d'omme et de lion. Quant elle vey que ses sires
-estoit prins et en mains de ses ennemis, dont elle pensoit mieulx
-que on le feroit morir que autre chose, elle prinst ung jone valleton
-que elle avoit fil, que on appelloit Jehan ensy que son pre.
-Et chevaua de forteresse en forteresse en toutes celles qui se
-tenoient pour luy, en remoustrant as chevaliers et escuiers et as
-bourgois des chits et bonnes villes son jone fil. Et leur dist par
-trs bieau langaige: Mes amis, mes bonnes gens, veschy vostre
-droit hiretier et seigneur qui vous fera les grans dons. Se je
-ay perdu monseigneur par traison, veschy son restor, mon fil et
-le sien. Ne vous desconforts ne esbahyssis point pour ce, car
-encores ferons nous bonne gherre, car j'ay or et argent asss
-pour vous en tant donner que bien vous devera souffir. Et sy
-cueuray mon fil ung tel mainbour pour vous aydier garder
-contre tous vos anemis. Ensy ala la dite contesse de plache en
-plache, et en renouvelant hommaige et priant ses gens que ilz
-se volsissent bien acquiter en tous estas et tenir le serment que
-juret avoient, et elle leur seroit bonne damme. Et tous ly eurent
-en convent.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_323"> 323</a></span>
-Quant elle ot ensy fait, elle se party de Hainbon et monta en
-mer prive maisnie et laissa son fil en la garde de monseigneur
-Henry de Pennefort et de Olivier son frre. Et fist tant
-que elle vint en Engleterre devers le roy, qui le rechut liement
-et qui le reconforta de toutes ses besoignes et qui luy dist et
-promist seurement que elle aroit temprement tel confort que
-pour resister ses ennemis. Sur che retourna la contesse et vint
-en Hainbon et en fist sa souveraine garnison, car c'est une des
-forte(s) villes de Bretaigne.</p>
-
-<p>En che temps courut aultres nouvelles au roy d'Engleterre
-dont il ne se donnoit garde. Et pour quoy le confort de la dame
-fu grandement arriers, et ne l'eut mie sy tost qu'elle cuida
-avoir: le cause pour coy, je le vous diray. F<sup>os</sup> 186 v<sup>o</sup> 189.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_115">115</a>, l. 1 et 2: prison.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: tant sentoit le
-roy de France hastieu. F<sup>o</sup> 60.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_115">115</a>, l. 12: asss.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et jou ay, Dieu merchy,
-de l'avoir en partie: si vous en donray fuison et vollentiers,
-car, pour vous donner et departir l'avons nous, monseigneur et
-moy, dou tamps passet, mis arire. F<sup>o</sup> 60.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_115">115</a>, l. 27: atant.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Or me tairai atant
-de lui et des guerres de Bretaingne. Quant tamps et lieus venra,
-je m'y retrairai. Non pourquant il besongneroit bien que j'en parlaisse
-toudis, car les guerres y furent si fortes et si caudes que
-point de sejour ne prissent, enssi comme vous ors avant en
-l'istoire. Ms ossi il appertient bien que je fache mention dou roy
-engls et des Escos, dont je me sui ung grant temps teus, et
-comment il gueriirent l'un l'autre en ceste meysme saison, dont
-j'ay chy dessus parlet et que li comtes de Montfort chevaua
-main arme parmy Bretaingne et prist villes, chitz, castiaux et
-autres fortrches, si comme vous avs oy. F<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_115">115</a>, l. 30: Tournay.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Or vous voel je
-parler et recorder de la contesse de Montfort conment elle se ordonna
-et persevera. Elle qui ot tousjours corage de honme et de
-lion, ne s'esbahi noient, mais ordonna et entendi ses besongnes
-mettre en bon point. Et pour ce que elle sentoit bien que le premier
-sige que ses adversaires messires Carles de Blois et li Franois
-feroient, il seroit devant Rennes, si fist entendre pourveir
-la ditte chit de tous poins et rafresqir, et i establi chapitainne
-un vaillant chevalier et de bon consel et segur honme, et
-qui moult avoit am son mari et li, que on nommoit messire Guillaume
-<span class="pagenum"><a id="Page_324"> 324</a></span>
-de Quadudal, breton bretonnant; et ensi pourvei toutes
-les aultres forterces de gens d'armes et d'arbalestriers, et se consilla
- mesire Amauri de Clion, que elle tenoit tousjours dals
-lui, se elle envoieroit en Engleterre au seqours. Li chevaliers respondi
- celle parole et dist que il n'estoit encores nulle besongne,
-et que elle n'avoit que faire de travillier le roi d'Engleterre
-ne les Englois, jusques tant que elle seroit plus constrainte que
-elle n'estoit, et que tous les jours sus heure, on pooit aler de
-Bretagne en Engleterre, car encores avoit elle cel avantage que
-li pors et les havenes de Bretagne estoient pour lui. Si demora la
-cose en cel estat; et n'avinrent tout cel ivier nuls fais d'armes en
-Bretagne, qui recorder facent. F<sup>o</sup> 78.</p>
-
-<p class="space"> <b> 151.</b> P. <a href="#Page_116">116</a>, l. 1: Vous avs.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Il vous est
-bien record chy devant comment li Escot, qui gardiien estoient
-dou roiame d'Escoche de par le roy David, leur seigneur, qui se
-tenoit en Franche dallz le roy Phelipe, telz que messires Guillaumme
-de Douglas, neveuz au bon monseigneur Guillaumme de
-Douglas qui mourut en Espaigne, li jones comtez de Moret, messires
-Robers de Versi, messires Simons Fresel, Alixandres de
-Ramesay, le sige durant devant Tournay, fissent une queilloite
-de gens d'armes et reprissent le fort castiel de Haindebourch, le
-ville de Saint Jehan que li Engls tenoient, Donfremelin, Dalquest,
-Dondieu, le ville de Saint Andrieu, Dombare, Scotewest
-et touttes les fortrches que li Engls avoient concquis en Escoce,
-except le bonne et forte chit de Bervich, le bon castel de Rosebourch
-et le fort castiel de Strumelin. Et encorrez avoient il
-chevauchiet bien avant en Norhombrelande et ars en Engleterre
-bien deux journes de pays; et leur retour, il avoient assiegiet
-le fort castiel de Rosebourch et mout entendoient au concquester.
-Or avint que li roys englz, apris le sige de Tournay et les
-trieuwes acordes, si comme vous avs oy, rapassa le mer. Se li
-fu recordet comment li Escot avoient revelet en Escoche et reconcquis
-auques pris tout le pays sour yaux conquis, et se tenoient
- sige devant Rosebourch et moult le constraindoient, et
-avoient ars en Norhombrelande bien deux journes de pays.
-Quant li roys engls oy ces nouvelles, se ne li pleurent mies trop,
-et eult consseil que sans tourner aultre chemin il se trairoit sus
-Escoche et yroit lever le sige de devant Rosebourch, et combateroit
-les Escos s'il l'atendoient, si ques, si trestos comme il fu
-<span class="pagenum"><a id="Page_325"> 325</a></span>
-arivs Douvrez, il fist coummandement que touttes mannirez
-de gens se trayssent deviers Yorch c'on dist Ewruich. L fu ses
-especials mandemens: dont s'aroutrent et ordonnrent li Engls,
-et prisent le chemin qui command leur fu.</p>
-
-<p>Tant esploitirent li Engls, comtez, barons et chevaliers et
-touttez mannierres d'autres gens, et li roys engls avoecq yaux,
-qu'il vinrent en le cit de Ewruich, et l se reposrent et rafrescirent
-par trois jours. Au quatrime jour, li roys se parti, et tout
-le sieuwirent. Si ceminrent deviers le Noef Castiel sour Tin et
-esploitirent tant qu'il y parvinrent. Li roys engls se loga en
-le ville, et touttes ses gens environ, car il ne se pewissent tout
-dedens logier. Si ne fist li roys l point loing sejour, ms
-parti et prist le chemin deviers Escoche et le voie droit vers
-Urcol. Si est bonne ville et biaus castiaux de l'hiretiage le signeur
-de Perssi, seans une journe pris de Rosebourch.
-Quant li seigneur d'Escoce, qui devant le castel de Rosebourch
-seoient, entendirent de verit que li roys engls venoit celle part
-et bien si fort que pour yaux lever dou sige, et que nullement
-il ne poroient resister contre li, si se conssillirent et advisrent
-li ung par l'autre que le milleur et le plus honnerable pour yaux
-estoit que de point attendre, tant qu' ceste fois, la venue dou
-roy engls, et que il se retrairoient tout bellement deviers le forest
-de Gedours: se il estoient parvenut jusques l, il seroient
-asss fortefiiet contre les Engls. Dont se deslogirent il une
-matine et toursrent tout ce que mener en peurent; et puis boutrent
-le feu en leurs logeis, afin que li Engls n'en ewissent aise.
-Si prisent le chemin deviers les forests, ensi que de jadis acoustummet
-avoient.</p>
-
-<p>Les nouvellez vinrent moult tost au roy englz que li Escot
-estoient parti et avoient laissiet Rosebourch. Dont coummanda li
-roys as marescaux que on fesist chevauchier et haster les mieux
-monts, car il volloit sieuwir et rataindre ses ennemis. Si chevaucirent
-tout devant en grant qoite, de gens d'eslite environ
-cinq cens lanches, et deux mille archiers, ables et appers compaignons.
-Toutte li grans os lez sieuwoit dou plus pris qu'il pooient.
-Tant cevaucirent cil coureur, et si s'esploitirent par esclos et
-par froyais qu'ilx vinrent sus une montagne en Escoche, que on
-appelle les mons de Getteles. Et li Escot estoient desoubs ou
-plain et logiet sus une belle rivierre qui nest des forests de Gedours
-et passe au piet de ceste montagne; et appelle on la ditte
-<span class="pagenum"><a id="Page_326"> 326</a></span>
-rivierre Orbe, et va ferir desoubz Dondieu en le mer. Quant li
-Engls virent les Escochois logis ens ou plain, si n'eurent mies
-vollent de partir de leur fort, ms se logirent l sus le montaingne,
-et envoiirent nonchier au roy engls toutte leur aventure.
-Et de ce eut li roys grant joie et manda ses marescaux
-qu'il se tenissent l tant qu'il y seroit venus, ou qu'il aroient certainnes
-nouvelles de lui. Bien veirent li Escot les Engls l sus en
-le montaingne, ms il n'en fissent mies trop grant compte. Si escargaitirent
-il celle nuit leur host, et l'endemain il montrent
-tout cheval et se partirent. Bien virent li Engls leur departement,
-ms il ne s'osoient bougier pour deux raisons: li une estoit
-pour ce que li rois leur avoit mandet que il l'atendesissent, et li
-autre estoit que il se doubtoient que li Escot ne se fuissent parti
-de leur place pour yaux jus atraire.</p>
-
-<p>Enssi demourrent li Engls sus le ditte montaingne jusques
-heure de tierce, que li roys vint et toutte li os; et montrent au
-miex qu'il peurent, car il ne pooient bonnement passer par ailleurs,
-non se il se volloient trop fourvoiier. Et quant li roys fu tantost
-monts, il fist ses marescaux descendre et chiaux qui avoient
-pris en cache les Escos; et il disna l et toutte sen ost, horsmis
-lez premiers, et puis descendi apris nonne et sieuwi ses gens, qui
-ce propre soir se logirent asss pris des Escos. L'endemain li
-Escot chevaucirent, et environ heure de nonne il vinrent sus les
-foris de Gedours. L s'arestrent il seurement, car bien savoient
-que li Englz ne se bouteroient jammais dedens pour les perilleuses
-aventures et encontrez qu'il y poroient recepvoir. Si chachirent
-li Escot leurs chevaux et misent tout leur harnais dedens
-le forest; et puis s'aroutrent et ordonnrent bien et faiticement
-le bois au dos, et moustrrent visaige leurs ennemis. En cel estat
-les trouva li roys engls; si coummanda logier touttez mannires
-de gens au devant d'iaux.</p>
-
-<p>Or devs savoir que entre le forest de Gedours, que li Escot
-avoient mis au dos et dont il s'estoient fortefiiet, et l'ost le roy
-d'Engleterre, n'y avoit pas deux lieuwes englces, et estoient
-tout belle lande. Si furent li ung devant l'autre par l'espasce de
-cinq jours. Endementrues i eut mainte jouste et mainte apertise
-d'armes fait, mainte prise, mainte rescousse des uns as autres.
-Ms de le partie as Engls, sur tous emportoit le hue messires
-Gautiers de Mauni, messires Jehans Camdos, messires Guillaumme
-Filz Warine et messires Renaus de Gobehen; et de le
-<span class="pagenum"><a id="Page_327"> 327</a></span>
-partie as Escos, messires Guillaumme de Douglas, li comtez de
-Moret, messires Robers de Verssi, messires Simons Fresiel.</p>
-
-<p>Or avint que entre ces deux hos s'ensonniirent aucunes bonnes
-personnes pour prendre unez trieuwes. Et les traitoient et
-pourparloient doy evesque: de par les Escos, li evesques de Albredane,
-et de par les Engls, li evesques de Licestre, quoyque
-li roy engls y descendesist envis, car c'estoit sen entention que
-toutte parardoir Escoce. Mais on li dist que pour cle voie il en
-avoit asss fait que levet le sige de Rossebourch et rebout ses
-ennemis jusquez enmy leur pays; et ossi il estoit sus l'entre de
-l'ivier, que il faisoit mauvais hostoiier. Tant fu dit et pourparlet
-que unes trieuwez furent acordes, tenir dou jour de le Toussains
-qui venoit, dont on estoit neuf jours pris, jusquez l'autre
-Toussains enssuivant, qui seroit l'an mil trois cens quarante et
-un. Et le devoient li Escot segnefiier au roy d'Escoce, leur seigneur,
- savoir se il le tenroit ou non; et se il ne le volloit tenir,
-si estoit li trieuwe tenue entre les deux pays jusquez au premier
-jour de may, que on comteroit l'an mil trois cens quarante et
-un. Et si demoroit tousjours li castiaux de Strumelin hors de le
-trieuwe. Par enssi se departirent ces deux hos, et s'en rala chacun
-en son lieu. Li roys engls retourna en Engleterre et dounna
-touttes mannires de gens congiet; et li Escot se tinrent ps
-tout cel ivier.</p>
-
-<p>Quant ce vint l'entre dou mois de march, que li estz
-coummenchoit aprochier, et que li Escot devoient souffissaument
-sommer les Engls de l'entente dou roy David, leur seigneur,
-assavoir se il volroit tenir le trieuwe ou non, si eurent
-consseil que il envoieroient deviers lui especialx messagez pour
-lui remoustrer l'ordennanche ensi que elle alloit. Si en priirent
-monseigneur Robert de Verssi que il volsist venir en Franche,
-car mieux li compteroit il la besoingne que nulz autres. Si emprist
-li dis messires Robiers le voiaige; et pour ce qu'adonc il
-estoit maladieus et fievreus et qu'il resongnoit le mer, il se mist
-au chemin parmy Engleterre sus le respit qu'il avoient. Bien le
-pooit faire, car il ne trouva oncques homme qui mal li fesist ne
-desist; et chevaucha tant parmy Engleterre jusquez Douvres,
-et l monta il en mer et vint ariver Wisant. Depuis qu'il fu yssus
-hors dou vassiel, si homme, leur chevaux et tout leur harnas,
-il se partirent l'endemain et vinrent Bouloingne.</p>
-
-<p>Or avint enssi que, en ce meysme tamps que messires Robiers
-<span class="pagenum"><a id="Page_328"> 328</a></span>
-de Versi estoit sur son voiaige, li roys David d'Escoce, qui par le
-tierme de cinq ans et plus avoit demouret en Franche avoecq le
-roy Phelippe, eut vollent que de retourner en son pays et de
-veoir son royaumme et ses gens, que en grant temps n'avoit veut.
-Li roys de France s'i acorda trs bien et li dounna, au partir,
-grans dons et biaux jeuuiaux, et la roynne d'Escoce, sa femme,
-j fust elle serour au roy englz, son ennemie; et li renouvella
-les couvenenches qu'il avoient entr'iaux deux. Ellez estoient tellez
-que li roys d'Escoce ne pooit faire nul(le) ps, ne nul acord au roy
-engls, sans le consentement dou roy de France; et li roys d'Escoce
-li respondi que il tenroit ceste aloyance et ordonnance
-vraie et bonne, et que ossi ne feroit il. Sur cel estat se parti li
-roys d'Escoce dou roy de Franche, qui li delivra gens d'armes
-et fist partout sez delivranches. Et chevauchirent il et le roynne,
-sa femme, et leur routtez parmy France, et s'en vinrent l'Escluse;
-et ordonnrent vaissiaux pour yaux, et puis entrrent ens,
-quant touttez leurs pourveances y furent mises; et nagirent par
-mer au ls deviers Escoce en l'ordounnance de Dieu et dou vent
-et d'un chevalier maronnier mestre de sa navie, que on appelloit
-monseigneur Robert le Flammenc. Endementroes, vint messires
-Robiers de Verssi Paris, qui y estoit envoiis de par les seigneurs
-d'Escoce; et quant il ne trouva point le roy, si fu tous
-courouciz: ce ne fu point de merveille. Nonpourquant il parla
-au roy de Franche, qui le rechupt asss liement; et puis asss
-tost apris il se parti pour revenir arrire en Escoce. Et li roys
-David et se navie esploitirent tant qu'il arrivrent au port de
-Morois en Escoce. F<sup>os</sup> 60 v<sup>o</sup> et 61.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: En ce temps dont je parole que les trieuves duroient
-entre les deux rois, remandrent li baron d'Escoce, le roi
-David lor signeur, qui un lonch termine s'estoit tenus en France;
-et li segnefiirent ensi, par lettres et par deus chevaliers que il
-envoiirent Paris, que les besongnes d'Escoce estoient asss en
-bon point, et que tous li pais le desiroit ravoir, et que la ville
-de Haindebourc et li chastiaus et aussi li chastiaus de Struvelin
-et pluisseur aultre estoient repris, et les Englois, qui les tenoient,
-bout hors. Li rois d'Escoce entendi ces nouvelles volentiers
-et prist congiet au roi de France, auquel il remoustra ses besongnes;
-et le regracia de ce que si doucement et si courtoisement
-il l'avoit recheu. Si ordonna li dis rois d'Escoce ses besongnes et
-vint Boulongne, et la roine sa fenme en sa compagnie, et l
-<span class="pagenum"><a id="Page_329"> 329</a></span>
-trouva sa navie toute preste qui l'atendoit; si entrrent dedens.
-Et avoecques le roi d'Escoce en alrent en sa compagnie dou
-roiaulme de France li sires de Rambures, messire Guis Qiers, li
-viscontes des Qesnes, li sires de Chipoi, li sires de Saint Pi, li sires
-de Briaut et pluisseur aultre, plus de soissante chevaliers et esquiers.
-Si orent vent volent, et ne furent que trois jours sus
-mer, que il arivrent ens ou havene de Haindebourc. Puis issirent
-hors, et vinrent en la ville, et de l ou chastiel grant
-joie; et trouvrent messire Guillaume Douglas, mesire Robert de
-Versi, messire Simon Fresiel, messire Alixandre de Ramesai et les
-barons et les chevaliers d'Escoce, qui tout les requellirent
-grant joie. Si viseta li rois d'Escoce son pais, et mena ces chevaliers
-et ces esquiers de France partout avoecques lui, pour euls
-moustrer le roiaulme d'Escoce. Si veoient un povre pais raempli
-de bois et de bruires; si s'en truffoient et rioient li un l'autre,
-et disoient: Il ne puet estre riches homs, qui est sires d'un
-tel pais. F<sup>o</sup> 88 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_116">116</a>, 1. 9: Bervich.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Warvich. F<sup>o</sup> 80.
-<i>Mauvaise leon.</i></p>
-
-<p>P. <a href="#Page_116">116</a>, l. 26: le Saint Mikiel.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>:
-la Saint Remy. F<sup>o</sup> 83.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_119">119</a>, l. 24 et 23: sept ans.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: plus de six ans.
-F<sup>o</sup> 190.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_120">120</a>, l. 1: mis en mer.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Et monta en mer
-Harfleur en Normendie; et nagrent tant qu'ilz arivrent Saint
-Jehan en Escoche sur le rivire de Taye. F<sup>o</sup> 191.</p>
-
-<p class="space"> <b> 152.</b> P. <a href="#Page_120">120</a>, l. 12: Quant li.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Quant li
-baron et li seigneur d'Escoce seurent que li roys, leurs sirez,
-estoit venus et arivs de nouviel en leur pays, si en furent touttez
-mannierrez de gens mout joiant. Et allrent contre lui, et le rechurent
- grant pourcession, et la roynne leur damme ossi; et
-lez amenrent en le ville de Saint Jehan, qui siet sour une belle
-rivire qui porte bons saumons et grosse navie. L le vinrent
-veoir et viseter prelat, baron, chevalier et touttez mannires de
-gens, (qui li remonstrrent ce) qu'il avoient perdut, et qui desol
-estoient par le guerre as Englz.</p>
-
-<p>Mout ot li roys d'Escoche grant compation de le desolation de
-ses gens et de le destruction de son pays, et leur dist bien que,
-se il plaisoit Dieu, il i pourveroit temprement de remde. Asss
-<span class="pagenum"><a id="Page_330"> 330</a></span>
-tost apris sa revenue, ungs grans parlemens se fist des prelas,
-evesques et abbs d'Escoce, de comtez, de barons et de chevaliers
-et des conssaux de sez bonnes villes, et dura par cinq jours. Si
-se porta ensi li parlemens que li roys d'Escoce renoncheroit le
-trieuwe que ses gens avoient pris as Englz, et que, depuis le
-jour de may venut, il n'en tenroit nulle. Si fu l ordonn qui
-yroit en Engleterre pour renunchier. Avoecq tout ce, li roys pria
-et coummanda touttes gens lui obeissans que chacuns se
-pourveist bien et souffisamment ceval et piet et de touttes armurez,
-et fuissent le huitime jour de may l en le ville de Saint
-Jehan et illoecq environ; car c'estoit sen intension que d'entrer
-en Engleterre et que de faire y une trs grande chevauchie, et on
-ly eut enssi en couvent. Enssi se departi li parlemens sus cel estat,
-et en ralla chacun en son lieu, et se pourveirent seloncq
-leur puissance pour venir servir le roy, leur seigneur, au jour
-qui mis y estoit. Et li messaigez s'en vint en Engleterre deviers le
-roy engls et renoncha souffissamment as trieuwez qui devoient y
-estre prises des Escos et des Engls, et tant que li roys Edouwars
-s'en tint bien contens, et se pourvey et advisa ossi seloncq
-che.</p>
-
-<p>Chependant que li saisons de may aprochoit, li roys d'Escoche
-viseta son pays, ses villes, ses citz et ses fortrcez. Si eut grant
-doeil et grant pit quant il vit ensi son pays destruit et ses gens
-oyt complaindre. Ossi eut la roynne, sa femme, qui en ploura
-asss. Quant li roys eut partout estet et oyes les complaintez des
-ungs et des autrez il lez recomforta au mieux qu'il pot, et dist
-qu'il s'en vengeroit, ou il perderoit le remannant, ou il moroit
-en le painne. Quant ce vint sus l'entre de may, seloncq l'ordonnance
-qui mise y estoit, li Escot s'avalrent et assamblrent de
-tous costz Saint Jehans Tonne et l environ. Encorrez envoya
-li roys grans messaigez en Norvge, en Sude et en Danemarche,
-pour priier ses amis et avoir grant fuisson de saudoiiers. A celui
-mandement vint li comtez d'Orkenay, ungs grans princes et puissans,
-et avoit femme le sereur le roy. Chilx y vint grant puissanche
-de gens d'armes, et pluiseur autre grant baron et chevalier
-de Sude, de Danemarche et de Norvge et des autrez pays
-marchissans, li ungs par amour et par priire, et li autre par
-saudes. Tant en vint d'un costet et d'autre qu'il furent bien,
-quant tout furent venut entours le chit de Saint Jehan en Escoce,
-au jour que li dis roys les avoit mands, soixante mille
-<span class="pagenum"><a id="Page_331"> 331</a></span>
-hommes piet et sus haghenes, et bien troi mille armures de fer,
-chevalier et escuier, parmy les seigneurs et chiaux de son pays
-d'Escoche. Quant tout furent assamblet et appareilliet, il s'esmurent
-pour aller destruire et essillier chou qu'il poroient dou
-royaumme d'Engleterre, ou il se combateroient au roy Edouwart,
-qui tant de maux et d'anoy leur avoit fais. Si passrent premiers
-par devant le fort castiel de Rossebourcq, que li Engls avoient
-concquis, et le tenoient encorres et leur faissoient souvent grans
-assaux et grans destourbiers. Si fissent l li Escot ung grant assault;
-ms point n'y gaegnirent, car li castels est trop fors. Et
-n'eut point li roys adonc consseil de l'assegier, ms de chevauchier
-avant et d'entrer ou droit royaumme d'Engleterre. Si fist
-son host passer oultre. Apris il passrent devant le cit de Bervich,
-ms point n'y arrestrent et entrrent ou royaumme de
-Norhombrelande. Si ardirent toutte le ville de Persi et livrrent
-ung grant assault le fortrce, ms il ne le peurent avoir. Si passrent
-oultre et vinrent Urcol, et ardirent et pillirent toutte le
-ville et le pays de l environ, et entrrent si avant ens ou royaumme
-de Norhombrelande, qu'il vinrent sour le rivire de Tin, ardant
-et destruisant tout le pays, et fissent tant qu'il parvinrent
-devant le bonne ville de Noef Castiel sur Tin, et l se logirent
-et l'environnrent pour l'assaillir.</p>
-
-<p>Dedens la ville dou Noef Castiel sur Tin estoient doy grant
-baron de Norhombrelande, li sires de Luzi et li sires de Ros, et
-grant fuison de gens d'armes et d'archiers qui trop bellement et
-trop sagement le gardrent et deffendirent l'assaut qui fs y fu
-et qui dura ung jour tout jour sans cs, et y perdirent li Escochois
-de leur gens. Si se retrairent leurs logeis qui grant estoient
-et estendut, car il y avoit bien soixante et dix mille hommes
-sans le ribaudaille. Si s'alrent li Escot coucher et reposer, car
-moult estoient travilliet pour l'assault. Quant ce vint environ le
-mienuit, li sires de Luzi, ungs trs bons chevaliers et qui cappitainne
-pour le temps estoit de le ville, et qui ce donc mies ne
-dormoit, ms songneuzement entendoit as deffenscez et as gharittez
-de le ville, si entendi celle heure par ses espiez que li Escot
-estoient tout endormy et ne faisoient de get: si quella tantost
-environ deux cens compaignons ablez et legiers, bien arms et
-bien montz, et se parti sus l'ajourne dou Noef Castiel par une
-posterne, et s'en vint autour secretement et couvertement ferir
-en l'ost des Escos, et d'aventure eschei ens s logeis le comte de
-<span class="pagenum"><a id="Page_332"> 332</a></span>
-Moret, ung grant seigneur d'Escoce. Si escriirent li Englz leur
-cri, et se boutrent ens de plains eslais, et navrrent et turent
-pluiseurs Escos. Et fu li dis comtes de Mouret trouvs en son lit,
-et pris et monts sour ung ceval et amens comme prisonniers
-dedens le ville, et encorrez se combatoient li autre, li sirez de
-Luzi et ses gens. Li hus et li cris monta; Escochois s'esvillirent
-et s'armrent et alumrent grans feux, et vinrent ceste part, chacuns
-qui mieux mieux, o la noise estoit. Quant li Engls virent
-que poins fu, si se retrairent sagement et bellement deviers leur
-ville, et y rentrrent sans dammaige.</p>
-
-<p>Moult fu li roys David d'Escoce courouciz, et ossi furent tout
-li Escot, quant il seurent le comte de Mouret pris. Si se armrent
-tout communaument au matin et sonnrent leurs trompettez, et
-s'en vinrent comme gens forsens devant le Noef Castiel et l'assaillirent
-trs durement. Et dura chilz assaux tout le jour, et en y
-eut pluiseur navrs dedens et dehors. Touttes voiez, li assallant
-ne peurent riens concquerre sus les deffendans, ms des lors y
-eut pluiseurs blechiz. F<sup>os</sup> 61 v<sup>o</sup> et 62.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_121">121</a>, l. 2: que cescuns.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: que tous fievs et
-arrires fievs fus(s)ent ung certain jour en la ville de Hainbourcq.
-F<sup>o</sup> 192.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_121">121</a>, l. 4: d'Orkenay.&mdash;<i>Mss. A 8, 9</i>: d'Okenay. F<sup>o</sup> 77.
-<i>Mss. A 11 14</i>: de Kesnay. F<sup>o</sup> 81.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_121">121</a>, l. 4: uns grans princes.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: ung sien
-serouge du royaume de Sude qui s'apelloit Robert, conte d'Orkenay.
-L vint le conte de Mouret, le conte de Surllant, le conte
-de Mare, le conte de Bosquem, le conte de Saint Andrieu, l'evesque
-d'Abredane, le sire de Brasy et tous les barons et fievs
-d'Escoche. Et furent bien tous ensamble six mille hommes d'armes
-et quarante mille d'autres gens parmy ceulx de le Sauvaige
-Escoche que Jehan des Adtulles amena. F<sup>o</sup> 192.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_121">121</a>, l. 16: appareilliet.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Et estoient toutes
-gens cheval, et portoient par derire eulx de la ferinne tant
-seullement pour faire du pain, pour vivre necessit pour dix
-huit ou vingt jours. F<sup>o</sup> 192.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_122">122</a>, l. 10: le Noef Chastiel.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Et quant il eurent
-ainsy fait, il toursrent tout l'avoir et se misrent au chemin et
-prirent leur retour devers Noef Chastel: et estoient sy fort chergis
-que paine povoient aller avant. Sy se logrent devant le
-Noef Chastiel, et dirent que i(l) l'assairoient, se par assault il le
-<span class="pagenum"><a id="Page_333"> 333</a></span>
-pourroient conquerre. Sy l'asallirent ung jour tout entir par trois
-ou quatre fois, mais riens n'y firent, car il y avoit dedens bien
-trois cens arms de fer qui le ville aydrent garder, et ossy elle
-estoit forte.</p>
-
-<p>Quant che vint par nuit que les Escochois tous lasss et travilliet
-furent retrais leur logis, le cappitaine de Noef Chastiel s'avisa
-que il resvilleroit les Escochois. Sy fist armer tous les compaignons
-de l dedens et monter cheval; et estoient environ
-deus cens et otant quy gardrent le porte. Sy chevauchrent ces
-Engls coiement jusques tant que il vinrent en l'ost, et trouvrent
-les Escochois tous endormis sans faire gait. Sy se ferirent en
-l'ost et en criant leur cry, en abatant et ochiant les Escochois
-forche. Et allrent adonc sy avant que il vinrent au logis du conte
-de Mouret: l ot grant hustin. Et fut le dit conte prins, en sa
-tente, et pluseurs de ses gens mors. Et s'en retournrent devers
-le Noef Chastel et rent(r)rent dedens sans nulz dangiers, anchois
-que les Escochois furent estourmis.</p>
-
-<p>Quant les Escochois seurent le prise du conte de Mouret, sy
-furent comme tous foursenez, et passrent celle nuit grant malaise.
-Et quant che vint au matin, il s'armrent et se mirent en
-ordonnanche pour assaillir, et assallirent le Noef Chastiel par
-pluiseurs assaulx. Et dura le dit assault par quatre jour(s), mais
-riens n'y firent. F<sup>os</sup> 194 et 195.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_122">122</a>, l. 17: deus cens.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: quatre cens.
-F<sup>o</sup> 81 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 153.</b> P. <a href="#Page_123">123</a>, l. 5: Quant li rois David.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Quant
-li roys d'Escosse et ses conssaulx virent que il se lassoient et travilloient
-en vain, il s'ordonnrent au deslogier et se missent au
-chemin contremont ceste belle rivire de Thin, et passrent
-Branseps ung trs fort castiel au seigneur de Noefville. Si l'assaillirent
-et ardirent toutte le ville, ms le fortrce ne peurent il
-avoir, et asss pris de l il passrent le rivire de Thin et entrrent
-en l'evesquiet de Durem. Si le ardirent moult et gastrent
-de tous costz, puis se traisent devant le chit de Durem et le
-assegirent, et disent entr'iaux que elle estoit bien prendable et
-que de l ne se partiroient, si l'aroient. Or vous diray dou seigneur
-de Ros et dou seigneur de Luzi, qui se tenoient au Noef
-Castiel. Quant il eurent consideret le puissanche as Escos, ossi
-leur emprise et comment il ardoient et essilloient le pays et chevauchoient
-<span class="pagenum"><a id="Page_334"> 334</a></span>
-toudis avant, il eurent consseil qu'il le segnefieroient
-au roy englz, leur seigneur, enssi qu'il fissent. Et se parti uns
-escuiers d'iaux, et cevaua tant par nuit et par jour que dedens
-quatre jours il vint Windesore, o li roys englz se tenoit.
-Adonc li bailla il lez lettrez de creanche des chevaliers dessus dis.
-Quant li roys les tint, si les fist lire et entendi par celles son dammaige
-et le confusion de ses gens et de son pays, dont il fu mout
-courouciz; ms la prise dou conte de Mouret ung petit le resjoi.
-Si fist tantost li roys engls escripre lettres, et mist messagiers
-en oevre et envoya par tout son royaumme, que chacuns sour
-toutte amistz et feaultz se traissent deviers le chit de Ewruic,
-sans nul delay, tout ce que de gens pooit avoir, et que chacuns
-s'efforast, car li Escot estoient grant cantitet. Si rescripsi par le
-dit escuier qui les nouvelles avoit apportes, as deux banerz
-dessus diz, qu'il fuissent songneus seloncq leur pooir de garder
-lez frontires, car il seroit temprement ou royaumme de Norhombrelande.
-Li escuiers parti et retourna arrire. Li roys se hasta
-pour plus tost mettre ses gens voie, et prist le chemin pour
-venir Iorch, o ses mandemens estoient assis et ordonns.</p>
-
-<p>En che pendant que li roys venoit vers Ewruich et que il mandoit
-gens efforceement de touttes pars pour resister as Escos, li
-roys David d'Escoce, qui trop durement estoit courouchis de la
-prise son cousin le comte de Moret, seoit sige devant le chit
-de Durem, et durement le constraindoit d'assaut et d'escarmuches,
-et mout se pennoit de le prendre, car bien savoit que la
-cit estoit garnie et pourveuwe de grant avoir pour le pays d'environ,
-qui tous afuis y estoit. Finablement tant y furent li Escot
-et si continuellement l'asaillirent que de force il le prissent par
-force d'enghiens et d'estrumens qu'il eurent fs, dont il brisirent
-et destruisirent tous les murs, et entrrent ens effort. L eult
-grant ocision et grant pit, car il misent tout l'espe et sans
-merchi, hommez et femmez, enffans, clers et prebtrez, et robrent
-et pillirent lez maisons o il trouvrent avoir sans nombre.
-Depuis le chit prise, il s'en vinrent deviers l'eglise catedral qui
-siet haut sus ung terne; et l'avoient li chanonne fortefiiet, et
-estoient dedens retret garant; ms li Escos, dont che fu grant
-pit et grant cruaut, boutrent le feu ens et le ardirent et tous
-chiaux qui dedens estoient, sans nullui prendre merchy. Ensi
-fu mene la bonne chit de Durem, des Escos, dont che fu dammaigez.
-F<sup>o</sup> 62.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_335"> 335</a></span>
-P. <a href="#Page_123">123</a>, l. 10: Duremmes.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Sy entrrent les
-Escochois en le cont de Northombrelant, et ardirent moult villainement
-la terre au signeur de Persy et du seigneur de Noefville.
-F<sup>o</sup> 193.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_123">123</a>, l. 24: Chartese.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 20 29</i>: Carthese,
-Carteze. F<sup>o</sup> 85.&mdash;<i>Mss. A 18, 19</i>: Tarcheste. F<sup>o</sup> 85.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_124">124</a>, l. 5: dou north.&mdash;<i>Mss. A 1 6</i>: de Northonbrelande.
-F<sup>o</sup> 85.&mdash;<i>Mss. A 7 33</i>: du north. F<sup>o</sup> 78.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_124">124</a>, l. 30: honners.&mdash;<i>Mss. A 1, 3 6, 18 22</i>: nuit
-et jour.&mdash;<i>Ms. A 2</i>: chacun jour. F<sup>o</sup> 85.</p>
-
-<p class="space"> <b> 154.</b> P. <a href="#Page_124">124</a>, l. 31 et p. 125, l. 1 3: Quant... Galles.&mdash;<i>Mss.
-A 11 14</i>: Le roy anglois s'en partit le lendemain de la
-bonne cit de Ewruich moult liement pour les nouvelles que monseigneur
-Guillaume du Bailleul lui avoit apportes. Et avoit aveques
-lui environ sept mille armeures de fer, quatorze mille archiers
-et bien quatre vingt mille hommes de pi. Mais quand les
-Escos sceurent sa venue, ilz conseillirent au roy David leur seigneur
-qu'il se retrairoit arrire selon la rivire de Thin et se trairoit
-par devers la bonne cit de Cardueil qui est l'entre de
-Galles. F<sup>o</sup> 82.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_125">125</a>, l. 3: Galles.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: cel ls l. F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_125">125</a>, l. 10: Sallebrin.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: en ce tamps li
-plus belle et li plus frisce damme d'Engleterre. F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_125">125</a>, l. 27: quarante.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: soixante.
-F<sup>o</sup> 62 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 155.</b> P. <a href="#Page_127">127</a>, l. 15: reconfortoit.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:... pour
-qui on se devoit enssi travillier, tant estoit belle et douche. Et
-dura chilx assaulx tout le jour. Et au soir il se retrayrent leurs
-logeis; et l'endemain recommenchirent l'assault fort et fier,
-tant estoient courouchiet sour chiaux du castiel de Sallebrin. Ensi
-continuoient li Escochois de jour en jour, et appareilloient leurs
-enghiens pour drechier et pour plus adammagier chiaux dou
-fort; car bien veoient que autrement il ne les pooient avoir. En
-ces meysmes jours vint li roys d'Engleterre en le cit d'Ewruich,
-et y souratendoit ses gens qui venoient de tous costz grant
-effort. Car bien estoit li renoumme en Engleterre que li roys
-d'Escoce ne fu oncques de trop si fort sus les camps qu'il estoit
-adonc; et pour ce venoient deviers le roy au plus efforchiement
-<span class="pagenum"><a id="Page_336"> 336</a></span>
-qu'il pooient, et pour combattre les Escos, se il les trouvoient
-ou attendoient.</p>
-
-<p>Entroex que li roys englz estoit Ewruich, eurent chil dou
-castiel de Sallebrin pluisseurs assaux et furent moult apress de
-leurs ennemis; et se li roys engls le sewist, il se fuist plus hastz
-qu'il ne fist pour secourre le gentil contesse de Sallebrin. Or n'est
-qui l'en die lez nouvellez, ms il les sara temprement, si comme
-vous porz or recorder, se il vous plaist.</p>
-
-<p>Chil dou castiel de Sallebrin estoient durement travilliet et appresset
-des Escochois. Et si en y avoit entr'iaux grant fuison de
-blechis, et veirent bien que li fais leur estoit grans; et se li rois
-David maintenoit son pourpos, il aroient fort tamps. Si eurent
-consseil que il envoieroient certain message deviers le roy englz,
-que il esperoient Ewruich, car bien avoient oy parler dou mandement
-si especial qu'il avoit fait et dou jour qu'il y devoit estre,
-liquelx termes estoit venus et cinq jours oultre. Si regardrent et
-ymaginrent entr'iaux qui seroit tailliz de faire ce messaige.
-Pluiseurz en y avoient, ms tout s'escusoient l'un par l'autre que
-j pour leur honneur ne lairoient la damme ne le castiel, et en y
-eult entre yaux grant estrif. Quant messires Guillaume de Montagut
-vit le bonne vollent de ses compaignons, et v(e)oit d'autre
-part le meschief et le peril o il pooient escheir se il n'estoient
-secourut, si leur dist: Seigneur, je vois bien vostre loyault et
-vostre bonne vollent: si ques, pour l'amour de madamme et de
-vous, je metteray mon corps en aventure pour faire cesti messaige,
-car jou ay tel fianche en vous, seloncq chou que j'ay veu,
-que vous detenrs bien le castiel jusquez ma revenue. Et ay
-d'autre part si grant esperance el roy nostre seigneur, que je
-vous amenray temprement si grant secours, que vous en ars
-joie; et vous seront bien meri li bienfait que fait ars.</p>
-
-<p>Quant la nuis fu venue, li dis messire Guillaumme se appareilla
-dou mieux qu'il pot, pour plus paisivlement yssir de layens qu'il
-ne fust percheus de chiaux de l'ost. Se li avint si bien qu'il pleut
-toute le nuit si fort que nulx des Escos n'osoit yssir hors de sa
-loge. Si passa environ mienuit tout parmy l'ost, que oncques ne
-fu apercheus. Quant il fu passs et eslongis environ deux lieuwes
-l'ost, il fu grans jours: si chevaucha avant et encontra, ung peu
-aprs soleil levant, deux hommes d'Escoce entours trois lieuwes
-pris de l'ost, qui amenoient deus buefs et une vache par deviers
-l'ost. Messires Guillaummes congnut qu'il estoient Escos: si les
-<span class="pagenum"><a id="Page_337"> 337</a></span>
-navra tous deux durement et tua leur bestez, pour tant qu'il ne
-volloit mies que chil de l'ost en ewissent nulle aise. Puis dist as
-deux navrs: Allz, si dittes vostre roy que Guillaummes de
-Montagut vous a mis en ce point en son despit; et li dittes que
-je voi querre le gentil roy d'Engleterre, qui li fera temprement
-wuidier ceste place maugr lui. Chil li proummisent qu'il feroient
-vollentiers cest messaige, ms qu'il lez laissast atant ps. Lors
-se parti li dis messires Guillaummes des Escos, et chevaucha sus
-fleur de coursier et fist tant que il vint Ewruich, o il trouva le
-roy engls et grant fuison de comtez, de barons et chevaliers dalls
-lui. Si li compta son messaige de par le damme de Sallebrin,
-au mieux et au plus biau qu'il peult. Li roys y entendi vollentiers
-et respondi que il ne laisseroit nullement que il ne souscourist la
-damme et ses gens; et se plus tost ewist sceut l o li Escot estoient
-et le mescief et peril dou castiel et de la damme, plus tost
-fust alls celle part. Si ordonna et coummanda tantost li roys par
-son connestable et ses marescaux, que chacuns fust apareillis
-mouvoir l'endemain, et que on fesist toudis les venant traire
-avant, et chevauchier apris son host qu'il avait moult grant.
-F<sup>os</sup> 62 v<sup>o</sup> et 63.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_128">128</a>, l. 11: bacelers.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 20 22</i>: chevalier.
-F<sup>o</sup> 86.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_129">129</a>, l. 4: demi liewe.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: deux lieues.
-F<sup>o</sup> 83.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_129">129</a>, l. 17: Evruich.&mdash;<i>Mss. A 8 10</i>: Bervich. F<sup>o</sup> 77.&mdash;<i>Mss.
-A 1 7, 11 19, 30 33</i>: Evruich. F<sup>o</sup> 86.&mdash;<i>Mss. B 3
-et A 20 22</i>: Vervich, Warvich. F<sup>o</sup> 77.&mdash;<i>Mss. A 23 29</i>:
-Enervich, Everuich. F<sup>o</sup> 100.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_129">129</a>, l. 19: au roy.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: et trouva le roy d'Engleterre
-et plus de quarante mille hommes qui estoient tout esmervillis
-que les Escochois estoient devenus. F<sup>o</sup> 197.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_129">129</a>, l. 20: sen ante.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 18 22</i>: sa tante.
-F<sup>o</sup> 86.</p>
-
-<p class="space"> <b> 156.</b> P. <a href="#Page_129">129</a>, l. 30: Li rois.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Li roys
-Edouwars se parti l'endemain de le cit d'Ewruich mout liement
-pour lez nouvelles que li dis messires Guillaummes de Montagut
-li avoit aportes. Et avoit bien avoecq lui cinq mille armurez de
-fier, dix mille archiers et soixante mille hommes de piet, qui
-tout le sieuwoient. Et toudis li venoient gens.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_338"> 338</a></span>
-Quant li baron d'Escoce et li maistre consillire le roy David
-seurent que li dis messires Guillaummes de Montagut avoit ensi
-passet parmy leur ost et que il s'en alloit querre secours au roy
-engls, et savoient bien que li roys Edouwars estoit Ewruich
- grant gent, et le tenoient de si grant couraige et si gentil qu'il
-ne lairoit nullement qu'il ne venist tantost sour yaux pour souscourre
-la damme et chiaux dou castiel, il parlrent enssamble,
-endementroes que li roys David faisoit souvent et ardamment assaillir.
-Et veoient bien que li roys David faisoit ses gens navrer
-et martiriier sans raison. Et veoient bien que li rois engls venroit
-bien ainchois combattre yaux que leur roys pewist avoir concquis
-ce castiel, ensi qu'il cuidoit. Si parlrent ensamble au roy
-David d'un accord, et li dissent qui li demorer l n'estoit point
-ses pourfis, ne sen honneur; car il leur estoit moult honnerablement
-advenu de leur emprise. Et avoient fait grant despit as Engls,
-qui avoient jeut en leur pays vingt deux jours et ars et essilliet
-tout autour, et pris par force la cit de Durem et mise toute
- grant destruction. Et li conssillirent que il s'en volsist raller
-deviers son royaumme, par deviers le forest de Gedours; car il
-savoient de certain que li roys engls venoit viers yaus si grant
-puissanche, qu'il n'aroient pooir de combattre lui, ne de contrestrer
- se puissance. Si leur en poroit grant meschief avenir.
-Li roys David fuist vollentiers demours pour atendre lez Engls
-et le bataille et le aventure de Dieu, se par son consseil en allast.
-Mais ses gens li moustrrent tant de raisons que trop loingues
-seroient recorder, que tous li os des Escos se desloga au matin,
-et en rallrent droit par deviers le grant forest de Gedours,
-le chemin que autres fois il avoient tenut pour estre au dessus de
-leur affaire, et pour veoir et attendre que li roys engls volroit
-faire de donc en avant, ou se il se retrairoit arrire, ou se il yroit
-avant et trairoit en leur pays. F<sup>o</sup> 63.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_129">129</a>, l. 31: Evruich.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 11 19, 30 33</i>:
-Evruich. F<sup>o</sup> 86 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 8 10</i>: Bervich. F<sup>o</sup> 79.&mdash;<i>Mss.
-B 3 et A 20 22</i>: Vervich, Warvich. F<sup>o</sup> 77.&mdash;<i>Mss. 23 29</i>:
-Enervich. F<sup>o</sup> 100.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_130">130</a>, l. 10: quatre vingt mille.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 8 10,
-20 22</i>: quatre mille. F<sup>o</sup> 86 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 157.</b> P. <a href="#Page_131">131</a>, l. 21 et 22: dix ou douze.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:
-vingt ou vingt deux. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_339"> 339</a></span>
-P. <a href="#Page_131">131</a>, l. 30: le grant noblce.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: le frisce
-et gentil arroi. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 7: n'avoit veu.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: si bien adrechie
-en touttes mannierres de biauts, de frisce et gai maintien, de
-noble arroy et de parfaitte et atrempe contenanche. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 9: fine amour.&mdash;<i>Les mss. A 11 14 ajoutent</i>:
-que ma dame Venus lui envoya par Cupido, le Dieu d'amours.
-F<sup>o</sup> 83 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 10: lonch temps.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: car c'est uns feus
-qui fuissonne, qui est legiers esprendre et malaisivlez estaindre,
-et plus en ung coer qu'en l'autre. Et sembloit au roy, par
-l'estincelle qui j s'esprendoit et alumoit, que ens ou monde n'avoit
-damme qui fesist amer fors celle. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 15 et 16: si ardamment.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et ne
-s'en pooient li oeil soller, et de si ardent regart. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 19: ne pensoit.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: qui au penssement
-dou roy ne penssoit noient. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 23: quant temps seroit.&mdash;<i>Mss. A 1 6</i>: quant
-temps fut mettre les tables, elle fist la salle parer et ordonner.
-F<sup>o</sup> 87.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: mettre les tables en la salle moult
-bien pare et ordonne comme pour le roy. F<sup>o</sup> 83 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A
-15 17</i>: mettre les tables en la sale qui j estoit moult noblement
-pare aussi comme pour un roy recepvoir. F<sup>o</sup> 88.&mdash;<i>Mss.
-A 20 22</i>: quant temps fu de drescier les tables, elle fist la salle
-parer et ordonner bien richement. F<sup>o</sup> 131.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_132">132</a>, l. 24: parer.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Ensi comme il appertenoit
-pour le roy d'Engleterre. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 158.</b> P. <a href="#Page_133">133</a>, l. 12: vous estes.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: li ungs
-dez princes del monde li plus doubtz. F<sup>o</sup> 63 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_133">133</a>, l. 24: vos amans.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: vos vraiz
-amans.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_134">134</a>, l. 4: emprisonns.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Paris.
-F<sup>o</sup> 84.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_134">134</a>, l. 9: desmembrer.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: qui mes drois,
-souverains, naturelz sirez estez. F<sup>o</sup> 64.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: pour
-donner exemple aux aultres d'estre loiales leurs maris. F<sup>o</sup> 84.</p>
-
-<p class="space"> <b> 159.</b> P. <a href="#Page_134">134</a>, l. 15: avs vous.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: A ces mos
-et la parolle de la damme, li rois se parti de la fenestre o ung
-<span class="pagenum"><a id="Page_340"> 340</a></span>
-grant tens il s'estoit apoiis, et s'en vint en la salle et lava. Et
-puis se asist entre ses chevaliers et la damme au disner; ms
-petit i sist, car autre cose li touchoit que boire ne que mengier.
-Et trop durement seant table penssoit, dont li chevalier meismement
-s'esmervilloient, car il avoit eult en devant usaige de
-rire et jeuuer, et de vollentiers or aucunnez trufferiez pour le
-temps oubliier, mais l il n'en avoit cure ne talent. Ainchois,
-quant il pooit ung seul regart embler et envoiier sus la damme,
-il li faissoit trop grant bien. Et furent adonc regart et pensser le
-plus grant partie dou disner le roy. F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p class="space"> <b> 160.</b> P. <a href="#Page_135">135</a>, l. 6: Toutes voies.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Apris
-disner on leva lez tablez. Si envoya li roys monseigneur Renaut
-de Gobehen et monseigneur Richart de Stanfort l'ost et as compaignons
-qui desoubz le castiel estoient logiet, savoir comment il
-le faisoient, et qu'il fuissent appareilliet, car il volloit cevaucier
-encorrez oultre et sieuwir les Escos, et que on fesist tout le charoy
-et tout le harnas esploitier devant, et que dou soir il seroit
-avoecq yaus. Et ordonna le comte de Pennebruch faire l'arrierre
-garde tout cinq cens lanches, et que chil l'atendesissent sus les
-camps tant qu'il venroit, et tout li demourant chevauaissent
-avant. Li doy baron fissent tout ce qu'il coummanda.</p>
-
-<p>Et il demoura encorres ens ou castiel de Sallebrin dallz la
-damme, et esperoit bien ainschois son departement que il aroit de
-la damme responsce plus agreable qu'il n'avoit eue. Si demanda
-les eschs, et la damme li fist aporter. Adonc pria li roys la
-damme que elle volsist jeuer lui; et la damme li acorda liement,
-qui li faisoit toutte le bonne chire que elle pooit. Et bien
-estoit tenue dou faire, car li roys li avoit fait ung biau serviche
-de lever le sige des Escos de devant son castel, dont elle estoit
-en grant peril; et se li devoit le damme faire, pour tant que li
-roys estoit ses drois naturs sires de foi et hoummaige. A l'entre
-dou jeu des escs, li roys, qui volloit que aucunne cose demourast
-dou sien la damme, l'asailli en riant: Damme, que
-vous plaist il mettre au jeu? Et la damme li respondi: Sire,
-et vous ossi? Adonc mist li roys avant ung trs bel aniel qu'il
-portoit en son doi, ung gros rubi sus le tablier. Lors dist la
-damme: Sire, sire, je n'ay nul aniel si riche comme li vostre
-est.&mdash;Damme, dist li rois, telz que vous l'avs, mets le avant.
-Je n'y preng pas de si pris garde.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_341"> 341</a></span>
-Adonc la comtesse, pour acomplir la vollent du roy, traist
-hors d'un doy ung anelet d'or, qui n'estoit pas de grant vaille. Si
-jewrent as escz enssamble, la damme son avis au mieux que
-elle pooit, affin que li roys ne le tenist pour trop simple et ygnorans;
-et li roys se faindoit, car pas ne jewoit dou mieux qu'il
-savoit. Et painnes y avoit nulle espasse dez trs, que il ne
-regardast si fort la damme que elle en estoit toutte honteuse, et
-s'en fourfaisoit bien en traiant. Et quant li roys veoit que elle
-s'estoit fourfaite d'un rock, d'un chevalier ou de quoy que fuist,
-il se fourfaisoit ossi pour remettre la damme en son jeu.</p>
-
-<p>Tant jeurent que li roys le perdi, et fu mas d'un aufin.
-Adonc se leva la damme et demanda le vin et lez espisses, car li
-roys par samblant volloit partir. Et prist la damme son aniel et
-le mist en son doy, et volsist trop bien que li roys ewist repris
-le sien, et li ossi offri et dist: Sire, il n'appertient pas qu'en
-mon hostel jou aie riens del vostre, ainchois en deveris porter
-dou mien.&mdash;Dame, dist li roys, si fait, car li jeus l'a port
-ensi; et se je l'ewisse gaegniet, tens veritablement que j'en ewisse
-port le vostre. La damme ne vot adonc plus presser le roy;
-ms s'en vint une sienne dammoiselle, et li bailla l'aniel, et li
-dist: Quant vous verrez j que li roys sera partis de ceens et
-qu'il ara pris congiet de moy et qu'il devera monter cheval, si
-vous avanchis et li rendz tout bellement son aniel, et li dittes
-que nullement je ne le voeil detenir, car point n'apertient. Et
-la dammoiselle li respondi que elle le feroit vollentiers. A ces
-mos vinrent espisses et vins. Et n'en vot oncques prendre li roys
-devant la damme, ne la damme ossi devant lui; et y eut l grant
-estrit tout en reviel. Finablement, il fu acord que il prisent tout
-doy enssamble, ossi tost li ungs comme l'autre, par cause de
-brieft. Apris ce fait et que li chevalier le roy eurent tout beu,
-li roys prist congiet la damme et li dist tout haut, affin que
-nulx n'y penssast: Damme, vous demours en vostre hostel,
-et je m'en irai sieuwir mes ennemis. La damme, cez mos,
-s'enclina bien bas devant le roy. Et li roys mout apertement le
-prist par le main droite, et li estraindi ung petit, et ce li fist
-trop grant bien, en signe d'amour. Et regarda li roys que chevaliers
-et dammoiselles s'ensonnioient de prendre congiet l'un
-l'autre; si s'avana encorrez de dire deux mos tant seullement:
-Ma cire damme, que Dieu vous coummand jusques au revenir!
-Si vous pri que vous vos voeilliz aviser et autrement y estre
-<span class="pagenum"><a id="Page_342"> 342</a></span>
-consseillie que vous ne me aiis dit.&mdash;Chiers sires, respondi
-la damme, li Prez glorieux vous voeille conduire et oster de
-villainne pensse et deshonnerable, car je sui et seray toudis conssillie
-et appareillie de vous servir vostre honneur et le
-mienne.</p>
-
-<p>Atant se parti li roys de le cambre, et la damme ossi, qui l'aconvoya
-jusqu'en la salle o sen pallefroi estoit. Se dist li roys
-que il ne monteroit point cheval tant que la damme fust l: si
-que pour cause de brieft la comtesse prist congiet de tous poins
-pour ceste fois au roy et ses chevaliers, et rentra en ses cambrez
-avoecq ses dammoiselles. Ensi que li roys devoit monter,
-la dammoiselle qui estoit enfourme de sa damme, s'en vint au
-roy et s'engenouilla; et quant li roys le vit, il le leva moult tost
-et quida que elle volsist parler d'autre matre que elle ne fist. Se
-li dist: Monseigneur, vechy vostre aniel que madamme vous
-renvoie et vous prie humblement que vous ne le voeillis tenir
-villonnie, que point ne voet qu'il demeurce par deviers elle.
-Vous li avs fait tant en autres mannierrez que elle est tenue, ce
-dist, tousjours d'estre vostre serve. Li roys qui oy la dammoiselle
-et v(e)oit son aniel qu'elle tenoit, et ooit la vollent et l'escuzanche
-de la comtesse, fu tous estonns. Nonpourquant, comme
-tost conssilliet son gr, et affin que li aniaux demorast laiens,
-ossi que en soy meysmes ordonn avoit, respondi briefment, car
-pas n'y affreoit longe parolle, et dist: Dammoiselle, puisqu'il
-ne plaist vostre damme li gaains petis que elle a fait moy, il
-vous demeure. Apris che parlet, il monta tantost et se parti et
-yssi hors dou castiel, et se mist sour les camps avoecq ses chevaliers,
-et trouva le comte de Pennebrucq qui l'atendoit bien cinq
-cens lanches. Adonc se partirent il tout enssamble et sieuwirent
-l'ost. Et la damoiselle dont vous avs oy, revint sa damme et
-ly recorda la responsce dou roy, et li vot rendre l'anniel d'or que
-li roys avoit perdu as escz. Mais la damme ne le volt prendre;
-ains dist que elle n'y clammoit riens et que li roys li avoit donnet:
-si en fesist son pourffit. Enssi demoura li aniaux dou roy a
-damoiselle.</p>
-
-<p>Or lairons nous parler de madamme Aelis la comtesse de
-Sallebrin; si revenrons au roy engls et as Escos. Depuis que il
-se fu partis dou castiel dessus dit, il chevaucha ceste remontire
-jusquez au soir, que il trouva son grant ost logiet sour ungs plains
-dou loncq d'une rivire. Si se remist entre les contes et les barons
-<span class="pagenum"><a id="Page_343"> 343</a></span>
-et fist assz bonne chierre, et se couvri au mieux qu'il peult
-de moustrer comment il li estoit dedentrainnement; ne nullui,
-tant fust ses especials amis, ne s'en fust descouvers. Pour ce ne
-sentoit il mies mains les maulx d'ainmer, car si fort en estoit espris,
-que en son requoy il n'y faisoit que pensser. Et li avint sour
-ce voiaige pluisseurs fois que, quant il estoit assis table, il mengoit
-mout petit et n'y faisoit que pensser: de quoy ses gens s'esmervilloient
-dont tel penssement li pooient venir. Et quidoient
-que ce fuist pour les Escos qui j, en ceste anne, par deux fois
-l'avoient travilliet de chevauchier apris yaux; et point n'en avoit
-eue se raison, car toudis s'en refuioient il vers le forest de Gedours,
-et encorres tenoient il che chemin; si l'en ostoient li baron
-dou plus qu'il pooient. Et bien souffroit li roys, pour lui couvrir,
-que de son pensser li Escot fuissent encoupp, et il escuzz en
-aultre mannierre.</p>
-
-<p>Tant chevaucha li roys poursieuwans les Escos, que il les trouva
-logis et retrs oultre le chit de Bervich, bien trois journes
-l'entre des bois de Gedours que il avoient mis au dos. Et estoient
-li dit Escot l arestet sour les camps moult faiticement, ms tous
-les soirs il rentroient dedens les bois o li Engls ne se fuissent
-jams enbatu: de ce estoient il tout aseur. Li rois coummanda
-logier touttes mannierres de gens devant les Escos, et missent
-tout leur charoy entre les Escos et eux; et furent l cinq jours, li
-uns devant l'autre, que tout les jours li Escot yssoient hors des
-bois et moustroient par samblanche que il se volsissent combattre.
-Et ordonnoient li Engls touttes leurs batailles et esperoient
-avoir de jour en jour besoingne; ms point ne partoient de leur
-arroy, fors aucuns baceler aventureux qui, pour aquerre pris d'armes,
-chevauoient avant et requeroient jouste as Escos. Si sachis
-qu'il estoient recheu, ne oncques nulx ne se parti escondi, et li
-Escot enssi sour yaux. Ossi de archers et de compaignons de piet
-de l'un ls et de l'autre il i eut pluiseurs escarmurches et paletis,
-des mors et des navrs de l'un ls et de l'autre; ms point ne se
-desroutoient les batailles pour jouste, ne pour escarmuche qui y
-fuist. Et emportoient dou tout le hue, des Escos messires Guillaume
-Douglas et messires Simons Fresel, et ungs chevaliers de
-France qui autrefoix avoit estet en Escoce et qui presentement
-avoit rappasset le mer avoecq le roy d'Escoche pour querre les
-armes, que on clammoit messire Ernoul d'Audrehen. Chils y fist
-maintes belles appertises d'armes. Des Engls y avoit pluiseurs
-<span class="pagenum"><a id="Page_344"> 344</a></span>
-bons chevaliers, plus que il n'y ewist des Escos, car il estoient
-plus grant fuison. Et par especial messires Gautiers de Mauni,
-messires Loeys de Biaucamp, messires Jehans Cambdos et messires
-Guillaummes Filz Warine y fissent ossi tamainte belle proche.
-F<sup>o</sup> 64.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_135">135</a>, l. 28: apris les Escos.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Et (li Escochois)
-se partirent de Sallebrin, et fut environ heure de tierche, et le
-roy d'Engleterre vint l nonne. Sy fut durement courouchis
-quant il sceut que les Escochois estoient partis. Nienmains il les
-sievy route et se loga ce soir trois lieues prs d'eulx. Et
-l'endemain il fut nonne ains que ly ung vinrent. Mais les Escochois
-estoient l'entre de leur pais et avoient les grandes forests
-au dos o au besoing il se povoient retraire, ne jamais les Engls
-ne les euissent l cachis. Ensy furent les Engls et les Escochois
-trois jours devant l'un l'autre en une marche entre Gallez et Escoche
-que on dist Cambray et les bos de Saint Amant. F<sup>o</sup> 199.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_135">135</a>, l. 29: Bervich.&mdash;<i>Mss. A 7 10, 18 22, 30 33</i>:
-Bervich. F<sup>o</sup> 81.&mdash;<i>Mss. B 3, A 1 6, 23 29</i>: Vervich. F<sup>o</sup> 78
-v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 11 17</i>: Wruich.&mdash;F<sup>o</sup> 84 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_135">135</a>, l. 30: forest de Gedours.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: grant
-fourest de Gedours. F<sup>o</sup> 84 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: grant et
-haulte fourest de Gedours. F<sup>o</sup> 89.&mdash;<i>Mss. A 18, 19</i>: cit de
-Gedours. F<sup>o</sup> 88.</p>
-
-<p class="space"> <b> 161.</b> P. <a href="#Page_136">136</a>, l. 15: Tous ces trois jours.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:
-Che terme durant, preudomme et saige chevalier de l'un ost et
-de l'autre, avoecquez deuz evesques, cesti de Wincestre, engls,
-et cesti de Saint Andrieu, escot, traitirent ung respit entre ces
-deux roys une delivranche dou comte de Moret, qui estoit pris
-deviers les Engls, et ossi dou comte de Sallebrin et dou comte
-de Sufforc, qui estoient prisonnier Paris deviers le roy de Franche.
-Et enclinoient chil troy prison les coers de ces deux roys et
-des plus grans de leur ost tretier un respit et yaux ravoir chacun
-le sien, car il avoient l des grans amis et dou linage qui
-vollentiers les veissent delivrz. Ossi il estoient pris en armes en
-servant loyaumment leur seigneur, pour quoy chil roy et chil qui
-dou tretiet s'ensonnioient, y entendirent plus volentiers. Finablement
-tant fu tretiet et parlementet, que unes trieuwes furent acordes
- durer deux ans, se li roys Phelippes de Franche s'y
-assentoit, car li roys d'Escoce estoit si fort aloiis lui, que il ne
-<span class="pagenum"><a id="Page_345"> 345</a></span>
-pooit donner trieuwe ne respit, ne faire pais sans lui. Et se li
-roys Phelippes ne s'i volloit acorder, si devoient les trieuwes durer
-jusquez le Saint Christophle, par telle condition que li rois
-engls ne devoit faire nul comfort ne aydde ces Engls qui
-avoient pris et saisi ces deux fors castiaux, Rossebourch et Strumelin.
-Et devoit y estre quittez li comtes de Moret de se prison,
-se li roys d'Escoce pooit tant pourcachier au roy de Franche
-que li comtes de Sallebrin fust quittez ossi de se prison, et li
-comtes de Sufforc receut et mis finnanche raisonnable, enssi
-que on doit mettre ung gentil homme sans lui trop presser. Et
-devoit tout ce y estre pourcachiet dedens le feste Saint Jaque et
-Saint Christofle, que proainement on atendoit. Celle trieuwe fu
-enssi acorde et affremme que vous avs oy. Si departi li roys
-d'Escoce ses gens et dounna chacun congiet de raller en son
-lieu jusques tant qu'il les manderoit; et envoya tantost souffissans
-messaigez en Franche deviers le roy Phelippe, telz que l'evesque
-de Saint Andrieu et Alixandre de Ramesay. Et li roys engls
-retourna arire Bervich et donna touttes ses gens congiet;
-et s'en ralla chacun en son lieu.</p>
-
-<p>Environ huit jours se tint li roys engls en le chit de Bervich
-et departi touttez ses gens, si comme vous avs oy. Et demoura
-l prive maisne, chiaux de son hostel tant seullement, et regarda
-au castiel et le forterce de le ville. Et pria et enjoindi
- monseigneur Edouwart de Bailloeil, qui gardiiens de par lui
-en estoit, que il en volsist y estre si songneus que nuls blammes
-ne dammaigez ne l'en presist; car il seroit trop courouchiz se li
-Escot li embloient ne tolloient par ygnoranche ne deffaulte de
-bonne garde. Et li dis messires Edouwars li respondi: Monseigneur,
-nenil, se Dieux plaist. J'en songnerai dou tamps venir,
-si comme j'ay fait jusqu' orez. Et li rois li dist qu'il s'en atendoit
-bien lui.</p>
-
-<p>Endementroes que li roys engls sejourna Bervich, eult il tamainte
-imagination sus le comtesse de Sallebrin, car tant fort en
-estoit enamours, que nullement il n'en pooit partir, ne li oster.
-Une heure disoit en soy meysmes que il s'en riroit par l en Engleterre,
-et puis tantost le contredisoit, et puis afremoit que si
-feroit, et que au congiet prendre, il ne trouva pas la damme si
-humble enviers lui qu'il volsist. Pour quoy il li couvenoit remettre
-ses parolles en milleur estat, et espoir son retour elle seroit
-advise: si le trouveroit plus debonnaire qu'il n'avoit fait. Ensi
-<span class="pagenum"><a id="Page_346"> 346</a></span>
-se debatoit li roys par lui. Une heure estoit merancolieux, et
-l'autre joieux. Une heure, honneurs et loiaut le reprendoient de
-mettre et d'arester son coer en tel fausset que volloir deshonnerer
-si bon chevalier que le comte de Sallebrin, qui si loyaumment
-l'avoit tousjours servi. Et puis amour le raherdoient et li
-enortoient, par grant ardeur dont il estoit plains, que d'estre
-enamour de l'amour d'une si noble, si frice, si douce et si belle
-damme, pour ung roy et encorrez en son royaumme, il n'y avoit
-point de fraude ne de desloyaut; car telz que li chevaliers estoit,
-il l'avoit fait: si s'en pooit mieux fiier que d'un autre hors de
-son royaumme. Et ossi se il estoit amoureux, c'estoit tout bon
-pour lui, pour son pays et pour tous chevaliers et escuiers, car il
-en seroit plus lis, plus gais et plus armers; et en ordonneroit
-plus de joustez, plus de behours, de festez et de reviaux qu'il n'avoit
-fait en devant; et s'en seroit plus ablez et plus vighereux en
-ses guerrez, plus amis et plus privs ses gens et plus durs
-ses ennemis. Ensi li rois se devise et avise. Une heure, dist qu'il
-fait follie, quant il y pense, et que la damme pour qui il a ces assaux,
-est moult lonch de se pensse, et que elle se lairoit ainois
-ocire que elle fesist cose dont elle recevist blamme ne deshonneur.
-Puis dist li rois: Or, soit que elle ne me voeille ne daingne
-amer, si i voeil je pensser et li parfaitement amer, car li
-pensse me fait grant bien. Ensi est li roys entrs en celle luite
-qui pas ne le laira ung grant tems, enssi comme vous ors recorder
-en avant en l'istoire. Touttesvoiez, adonc avis le mestria,
-si que, pour doubte de meffaire et de parperdre che o il n'avoit
-encorres riens, il n'osa revenir par la damme de Sallebrin; ms se
-recoummanda lui par monseigneur Guillaumme de Montagut, sen
-nepveut. Et li dist li roys: Guillaumme, dittes la contesse, vostre
-ante, que elle se resjoysse, car temprement rara son marit par
-deviers li. Et li chevalier ly respondy: Sire, vollentiers.</p>
-
-<p>Or lairons parler dou roy englz, qui par le Noef Castiel
-sour Tin, par Ardenton et par Dancastre, non mies par le comt
-de Sallebrin, retourna arrire vers Londres. Si parlerons des
-messaigiers le roy David d'Escoce, qui s'en vont en France, et
-fissent tant par leurs journes qu'il vinrent Paris, o il trouvrent
-le roy Phelippe et pluiseurs de ses barons dallz lui; si le
-salurent bellement. Et li roys les rechupt en cel mannierre pour
-le raison de chou qu'il estoient estraingnier et au roy David, son
-bon amie. Li dit message remoustrrent au roy pourquoy il estoient
-<span class="pagenum"><a id="Page_347"> 347</a></span>
-l venus, et des armes et chevauchies que li Escos et li Englz
-avoient fait, li uns sour l'autre, et comment li Escot avoient
-bien ars trois journes de pays en Engleterre, et par especial la
-cit de Durem qui estoit rice et grande, et comment li Englz
-avoient grant effort chevauchiet contre yaux et nient port de
-dammaige, et comment il furent cinq jours tous entiers logiz li
-ung devant l'autre, et tous les jours y avoit joustez, paletis et escarmuches:
-Finablement, chiers sires, unes trieuwez sont prises
- durer deux ans, se vous l'acordz. Endementroes croistra nos
-rois en force et en puissanche, et se repeuplera nos pays, et aquerons
-amis de tous costz, et puis ferons une bonne gherre, forte
-et desperte as Engls, car jammais n'y aura ferme pais qui s'i
-tiengne: trop les hayons che cost. Li roys entendi vollentiers
- leurs parolles, et s'acorda, pour l'amour dou roy d'Escoce et
-dez barons d'Escoce, tout chou que ordonn avoient, ne de riens
-il n'y contredist. Et delivra quitte et delivre le comte de Sallebrin,
-que tenut avoit en prison plus de deux ans; et mist raenon
-convignable le comte de Sufforch et le recrut sur se foy
-avoir paiiet dedens l'anne vingt mille escus ou revenir en prison.
-Il lez paya, si fu quittez, et li comtez de Moret delivrz parmy
-le comte de Sallebrin. Ainssi se fissent chil doy escange, et se
-tinrent lez trieuwez entre Escoce et Engleterre. Je n'ai nient oy
-parler dou contraire que elle fust de riens enfrainte. Et toudis
-guerirent li Escot le garnison de Strumelin, qui trop leur cousta
-ainschois que il le pewissent ravoir. Si siet Strumelin droit ou
-coer de leur pays. F<sup>o</sup> 65.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_136">136</a>, l. 18: deus ans.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: trois ans. F<sup>o</sup> 199.</p>
-
-<p class="space"> <b> 162.</b> P. <a href="#Page_137">137</a>, l. 23: Vous devs.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Or voeil
-je retourner l'istore de Bretaingne et parler de monseigneur
-Carlon de Blois et de la comtesse de Montfort. Vous savs bien
-en quel point je laissai le matre, le comte de Montfort pris et
-emprisonnet ou castiel de Louvre Paris, monseigneur Carle de
-Blois Nantes, et les seigneurs de Franche qui aidiet coummenchier
-sa guerre li avoient, repairiet pour le cause de l'yvier,
-et devoient tout retourner l'estet, enssi qu'il fissent. Si me seroit
-il bien mestier parler des gherrez de Gascoingne qui trop
-fortez y estoient, car li comtes de Laille, de par le roy de France,
-y tenoit les camps et avoit enssi que tout reconcquis la grant duchi
-d'Acquitaine et constraindoit mout chiaux de Bourdiaux;
-<span class="pagenum"><a id="Page_348"> 348</a></span>
-car il avoit assis la forte ville de Blaves par terre et par aige, et
-n'aloit nus au devant, tant fust de grant affaire en Gascoingne, ne
-amis au roy d'Engleterre. Et n'y avoit nulle ville en Gascoingne,
-qui se tenissent pour englcez, except Bourdiaux, Blaves, Aux
-en Gascoingne et la forte et bonne ville de Baione. Mais telle estoit
-li intention dou comte de Laille et des seigneurs qui avoecq
-lui estoient, que l'une apris l'autre il les concquerroit. Or revenrons
- le gerre de Bretaingne et lairons parler de ceste de
-Gascoingne: quant temps et lieux sera, bien y retourons.</p>
-
-<p>Si parlerons coumment messires Carlez de Blois estoit tous
-quois demours en le cit de Nantes, et ens ou pays d'entours
-qui obeissoit lui, demoura tout l'ivier, si comme vous avs oy
-par devant, sus l'estat que li dus de Normendie, ses cousins et li
-comtes d'Alenchon, ses onclez, li avoient ordonnet, et atendoit le
-saison d'est, en laquelle fait milleur hostoiier qu'il ne face en le
-saison de yvier. Et quant celle douce saison (d'est) fu revenue,
-tout chil signeur de France deseure noummet et grant fuison de
-autres gens avoecq yaux, s'en rallrent par deviers Bretaingne
-grant puissance, pour aidier monseigneur Charlon de Blois reconqure
-le remannant de le duchet de Bretaingne: dont il advinrent
-moult de grant merveilles et de biaus fais d'armes, ensi
-comme vous pors or.</p>
-
-<p>Quant tout li seigneur furent venu Nantes, l o il trouvrent
-monseigneur Charlon de Blois, il orent consseil qu'il assiegeroient
-le cit de Rennes. Si yssirent de Nantes en grant arroy, et s'en
-allrent par deviers Rennes et le assegirent tout environ. La
-contesse de Montfort, qui se tenoit Hainbon, l'avoit, au partir
-et tout l'ivier, si bien pourveue et garnie de bonne artillerie, de
-touttez pourveanchez et de bonne gent d'armes, que elle en estoit
-plus forte concquerre; et y avoit mis et establi ung vaillant
-chevalier et hardi pour cappittainne, que on clammoit monsigneur
-Guillaumme de Quadudal, gentil homme durement del pays
-de Bretaingne.</p>
-
-<p>Encorres avoit la dite comtesse de Montfort mis grans garnisons
-par tout lez autres cits, castiauls et bonnes villes qui lui
-obeissoient, et partout bonnez cappitainnez des gentilz hommes
-dou pays qui lui se tenoient, desquelx le plus elle avoit acquis
-par biau parler, par proumettre et par donner; car elle n'y volloit
-point espargnier or ne argent, dons ne promesses: desquelx
-estoient li evesquez de Lion, messires Amauris de Clichon, messires
-<span class="pagenum"><a id="Page_349"> 349</a></span>
-Yeuwains de Thigueri, li sires de Landreniaus, le castelain
-de Ghingant, messires Henris et messires Oliviers de Pennefort,
-messire Joffroi de Malatrait, messires Guillaummes de Quadudal,
-li doy frre de Quarich et pluiseurs aultrez bons chevaliers et escuier,
-tout de Bretaingne.</p>
-
-<p>Ossi messires Carles de Blois (en avoit) grant fuison qui lui se
-tenoient, et plus que n'ewist li comtesse, desquelx estoient li drois
-sires de Clichon, messires Hervis de Lion qui estoit retourns, li
-viscontez de Rohem, li sires d'Avaugor, li sires de Quitin, li sires
-de Tournemine, li sires d'Ansenis, li sires de Biaumanoir, li sires
-de Rais, li sires de Rieus, li sires de Laval, li sires de Gargoule,
-li sires de Loriach et tout banerech, et pluisseur aultre chevalier
-et bon escuier, qui nullement ne volloient estre de le partie
-de Montfort. Et li autre tenoient le opinion si bonne et si juste,
-que, pour amorir, il ne fuissent tourns Bloisois. Ensi estoit la
-grande terre de Bretaingne entoueillie en guerre, li oncles
-contre le nepveult, li frrez au frre, li prez au fil tels fois fu, li
-germains au cousin germain, li voisin sen voisin. Et dura ceste
-guerre trop grant tamps, ensi comme vous ors recorder avant
-en l'istoire. Or parlerons nous dou sige de Rennez. F<sup>os</sup> 65 v<sup>o</sup>
-et 66.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_137">137</a>, l. 25: de Bourbon.&mdash;<i>Le ms. B 6 ajoute</i>: le conte
-de Fors, le conte de Boulongne. F<sup>o</sup> 199.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_139">139</a>, l. 2: doi frre.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: les deux frres
-de Quintin, monseigneur Geffroy de Maallechat, monseigneur Robert
-de Guiche, monseigneur Jehan de Quoyquem et pluseurs aultres.
-F<sup>o</sup> 85 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_139">139</a>, l. 2: Quirich.&mdash;<i>Mss. A 1 6</i>: Chirich. F<sup>o</sup> 88 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss.
-A 20 22</i>: Tirich. F<sup>o</sup> 133 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_139">139</a>, l. 11: dire.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: qu'il avoit adonc
-pourchaci sa prinse et fait trahir par les bourgois. F<sup>o</sup> 85 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 163.</b> P. <a href="#Page_139">139</a>, l. 16: Messires Charles.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:
-Messires Carles de Blois et li seigneur de Franche tinrent le sige
-asss longement devant le cit de Rennes, et y fissent grans dammaigez
-et mains fors assaux par les Espagnos et par les Geneuois,
-dont il avoient grant fuison en leur ost. Et chil de d'ens se deffendirent
-bien et vassaument, par le consseil dou bon chevalier monseigneur
-de Quadudal, si sagement que cil de dehors y perdirent
-plus souvent qu'il n'y gaegnoient. Si avoient fait li signeur de
-<span class="pagenum"><a id="Page_350"> 350</a></span>
-France drechier grans enghiens devant la cit, qui y gettoient
-grosses pierres et qui trop durement le travilloient.</p>
-
-<p>Endementrues que chils siges estoit si grans et si fors devant
-Rennes, la comtesse de Montfort, qui se tenoit en Hainbon o
-grant fuison de chiaux de son acord, eult consseil que elle envoieroit
-au secours deviers le roy d'Engleterre, de qui ses sires
-li comtez de Montfort avoit relevet la duch de Bretaingne: si
-l'en devoit aidier deffendre et gharandir contre tous
-hommez. La damme de Montfort eut ce consseil et le vollent de
-l envoiier; ms trop grant dur trouva elle qui y volsist aller,
-car nulz ne le volloit laissier ou parti o elle estoit, pour sen onneur.
-Toutesvoies, tant pria elle les ungs et les autres et leur
-remoustra tant de bellez et doucez parolles, que messires Amauris
-de Clichon s'acorda ad ce que il feroit le messaige. Si entra
-en ung vaissiel et prist bon maronnier, et se mist en mer en le
-vollent de Dieu et dou vent, en singlant devers Engleterre, et
-arriva dedens cinq jours ou havene de Hantonne. Si demanda o
-li roys estoit; on li dist: Londres. Adonc monta il ceval et
-toutte se routte; et chevauchirent tant qu'il vinrent Londres.</p>
-
-<p>Quant li roys seut la venue monsigneur Amauri de Clichon, si
-en eut grant joie, car il penssoit bien avoir nouvellez de Bretaingne.
-Se le fist tantost venir avant et le rechupt liement, et li demanda
-que sa cousinne la contesse de Montfort faisoit: En
-nom Dieu, monseigneur, si se recoummande vous comme celle
-qui a grant mestier de vostre comffort, car messires Carlez de
-Blois et grant fuison de bonne chevalerie de Franche li font trs
-forte guerre; et seoient devant le cit de Rennes, quant je me
-parti. Si vous prie madamme que vous le voeillis secourir et
-envoiier par del ung de vos petis marescaux qui li aye son hiretaige
-et de son fil deffendre.&mdash;Par me foy, dist li roys,
-je le feray vollentiers. Adonc regarda li rois sus monseigneur
-Gautier de Mauni et li dist: Gautier, vous m'avs servi en
-pluiseurs bellez besongnes. Encorres vous prie jou que vous me
-servs en ceste, et je vous deliveray gens, or et argent asss pour
-furnir vostre voiaige.&mdash;Sire, respondi messires Ghautiers,
-Dieu me gart que j je refusse cose que vous coummands faire.
-Or ordonns dou sourplus, car je sui tous prs dou mouvoir
-quant il vous plaira. Che dist li rois: Grant merchy, messire
-Gautier.</p>
-
-<p>Asss tost apris, messires Gautiers de Mauny s'appareilla et
-<span class="pagenum"><a id="Page_351"> 351</a></span>
-ordonna; et fu ses mendemens fais et assis, et se carge, en le
-ville de Hantonne. Si se parti dou roy qui le fist souverain et cappittainne
-de ceste arme, et vint Hantonne, et messires Amauris
-de Clichon o lui; et l sejournrent il douze jours, en attendant
-leurs gens et en faisant leurs pourveanches, et ossi le vent qui
-leur estoit contraire. Au tresimme jour entrrent il en mer. Si
-estoient trois cens hommez d'armes et douze cens archiers d'eslite.
-Avoecq monseigneur Gautier de Mauny estoient des chevaliers
-messires Frankes de Halle, messires Gerars de Baudresen,
-li doy frre de Loynendale, messires Loeys et messires Jehans, li
-Haze de Braibant, messires Hubers de Frenay, messires Alains
-de Sirehonde, li sires Despenssiers, li sires de Ferirez, messires
-Thomas Kok, messires Hues de Hastinges, messires Alixandres
-Anssel, messires Jehans li Boutilliers et pluiseur aultre. Si nagirent
-par mer et tournrent leurs singlez par deviers Bretaingne.
-Che premier jour eurent il asss bon vent, le second les prist une
-fortune si grande que il quidirent y estre tout peri; et les rebouta
-li vens bien parfont en Cornuaille. Si furent sur mer plus
-de soixante jours par les vens contrairez et par les fortunnez qui
-leur avinrent. Et toudis les atendoit de jour en jour la contesse
-de Montfort en grant mescief de coer; car bien savoit que chil
-de Rennes avoient moult souffrir, et moult vollentiers les ewist
-confort, s'elle pewist. F<sup>o</sup> 66.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Qant ce vint sus le printemps, et que la douce
-saison fu retourne, messires Carles de Blois envoia ses messages
-en France, et par especial le seigneur de Biaumanoir deviers le
-roi son oncle, pour priier que il li vosist envoiier gens qui li
-aidassent reconquerir le demorant dou pais de Bretagne. Li rois
-s'enclina celle priire et manda au conte Raoul d'Eu, son connestable,
-et au conte de Ghines, son fil, que il fesist son mandement
-de gens d'armes et d'arbalestriers, et s'en alast en Bretagne.
-Li dus de Bourbon, messires Jaquemes de Bourbon, li contes
-de Blois, li contes de Vendome, mesires Loeis d'Espagne, li sires
-de Chastellon, li sires de Couchi, li sires de Montmorensi, li sires
-de Saint Venant et grant fuisson de la baronie et chevalerie de
-France se ordonnrent et se missent au cemin. Et esploitirent
-tant que il vinrent en la chit de Nantes, et se trouvrent, sus
-quinse jours, bien six mille honmes d'armes et douse mille honmes
- lances et as pavais, parmi les arbalestriers geneuois, des
-quels mesire Oste Dorie estoit chapitainne, et avoecques li messires
-<span class="pagenum"><a id="Page_352"> 352</a></span>
-Carles Grimaus. Et se departirent un jour de Nantes en
-grant arroi et poissance, et prissent le cemin de Rennes, et fissent
-tant que il i parvinrent, et bastirent l lor sige tout l'environ.
-Pour ces jours avoit grans fourbours Rennes, mais li chapitainne
-de Rennes et li saudoiier qui dedens estoient, qant il
-sentirent que on les venoit assegier, les ardirent, et avoient fortefiiet
-grandement lor ville de toutes pars. Par devant Rennes
-ot grant sige et lonch, et qui moult avant dura en l'est, et fait
-tamainte escarmuce et maint assaut. Et moult bien s'i portrent
-chil de dedens, voires li gentilhonme, messires Guillaume de Quadudal
-et li aultre; et avoient tous jours regart sus les bourgois
-de Rennes que il ne fesissent auqun vilain treti ceuls de l'oost.</p>
-
-<p>La contesse de Montfort, qui se tenoit Vennes, n'estoit pas
-forte asss pour lever le sige, et dist son consel: Il me fault
-envoiier au secours en Engleterre. Je poroie bien trop atendre.
-Son consel fu d'acort tout ce faire, et priis de par li messires
-Amauris de Clion que il i vosist aler. Li chevaliers ne l'euist
-jamais escondit et s'ordonna partir. Et qant il ot ses lettres
-adreans au roi d'Engleterre et mesire Robert d'Artois et
-auquns barons et chevaliers d'Engleterre, il entra en un vassiel
-ou havene de Vennes meismes, et se departi et singla tant par
-mer, l'aide de Dieu et dou vent, que il vint Pleumude. Et l
-s'arestrent et ancrrent li maronnier, puis issi li dis messires
-Amauris de son vassiel et sa famille; et se rafresqirent dedens la
-ville et pourveirent des chevaus. Et qant il furent tout apparilliet,
-il montrent et chevaucrent viers Londres, et tant fissent
-que il i parvinrent. Pour ces jours, li rois et la roine et mesires
-Robers d'Artois estoient en la marce de Bristo: si lor fu painne.
-Toutes fois il ceminrent celle part, et trouvrent le roi et la
-roine qui festioient le conte de Saslebrin et le conte de Sufforch,
-qui nouvellement estoient issu hors de la prison de France, et
-s'estoient ranonn li doi conte vint mille nobles.</p>
-
-<p>Qant mesires Amauris de Clion fu venus deviers le roi, on li
-fist voie. Il se mist en genouls; il bailla ses lettres. Li rois les
-prist et les lissi; et portoient creance. Adonc fu trais part dou
-roi mesires Amauris de Clion, et encores en ce consel li rois
-apella mesire Robert d'Artois. Et l parla li dis chevaliers et compta
-tout l'estat de Bretagne, et conment on s'i portoit, et de la chit
-de Rennes conment elle estoit assegie. Et prioit li chevaliers au
-roi, de par la contesse, que il i vosist entendre, pour aidier
-<span class="pagenum"><a id="Page_353"> 353</a></span>
-deffendre et garder le pais, car sans son aide la poissance de la
-dame estoit moult petite, car si ennemi tenoient les camps. Li
-rois respondi et dist: Mesire Amauri, vous nous estes li bien
-venus; et dedens quinse jours, nous serons en la marce de Londres,
-et auerons une partie de nostre consel, et l sers vous
-expediis de toutes coses; mais nous sonmes pour le present sus
-nostres deduis. Si ne poons pas entendre tels coses, ne faire
-response telle que li chas demande; car nous avons trieuves,
-ensi que vous savs, nostre adversaire Phelippe de Valois. Si
-nous couvient bien avoir consel conment nous nos ordenerons de
-la gerre de Bretagne. Messires Amauris de Clion se contenta
-asss de ceste response, et se departi (du roi) et de mesire Robert
-d'Artois, et s'en retourna Londres.</p>
-
-<p>Qant ce vint au jour que li rois deubt estre Londres, il i fu
-et j avoit il escript et mand son consel, celi que il voloit avoir.
-Et tout furent Wesmoutier, et l vint messires Amauris de
-Clion. Si fu appells en la cambre dou consel, et l, en la presence
-dou roi et dou consel, il remoustra ce pour quoi il estoit
-venus, et prioit que il fust briefment respondus, et la contesse de
-Montfort, sa dame, secourue. On fist issir le chevalier de la cambre,
-tant que li consauls dou roi euist parl ensamble.</p>
-
-<p>L ot en ce consel pluisseurs coses et paroles retournes, car
-li rois d'Engleterre ne voloit nullement enfraindre ne brisier les
-trieuves qui donnes estoient, jures et seeles tenir deus ans
-entre li et Phelippe de Valois. Et ossi il couvenoit que la contesse
-de Montfort fust aidie et conforte dou roi et des Englois,
-puis que on avoit la duce de Bretagne relev de li, et que on
-le tenoit et voloit tenir en foi et en honmage de la couronne
-d'Engleterre. Or fu avis que on feroit une cose raisonnable,
-sans ce que li rois s'en ensonniast en riens. Puis que la contesse
-de Montfort mandoit secours, on l'en envoieroit pour ses deniers,
-tant conme elle en vodroit avoir et poroit paiier, ce point ne li
-pooit on oster; et qant les trieuves seroient fallies entre France
-et Engleterre, li rois aueroit aultre consel. Donc fu apells messires
-Amauris de Clion, et li fu dit conment pour celle fois il
-couvenoit que il ouvrast. Qant il vei ce, il considera raison et se
-delivra dou plus tos que il pot, et quist gens d'armes et archiers;
-et li signeur d'Engleterre li aministrrent lesquels il prenderoit
-pour bien faire sa besongne.</p>
-
-<p>Tout nouvellement estoit retourns dou roiaulme d'Escoce messire
-<span class="pagenum"><a id="Page_354"> 354</a></span>
-Gautiers de Mauni, un jones chevaliers de Hainnau, qui trop
-vaillanment s'i estoit ports en tous les fais d'armes o on l'avoit
-veu et trouv, et tant que il en avoit souverainnement la grace
-et la renonme. Si fu retenus de mesire Amauri de Clion, et
-pour estre saudoiiers la contesse de Montfort et chapitainne de
-tous les aultres, et ot de sa carge trois cens lances et deus mille
-archiers. Et fu tout de fait aviset si grande la carge d'archiers
-pour raemplir les garnisons. Si ordonnrent lors pourveances et
-lors navies Pleumude, et qant tout fu prest, et chil venu qui
-devoient passer oultre en Bretagne, il entrrent en lor vassiaus.
-Si se desancrrent dou port de Plemude et entrrent en mer.
-Avoecques messire Gautier de Mauni, qui souverains fu de ceste
-arme, estoient doi chevalier frre, Lois et Jehans de Leinendale,
-mesires Hubiers de Frenai, le Hazle de Braibant, mesire
-Gerart de Baudresen, mesires Alains de Sirehomde, mesires
-Lois Clambo, mesires Edouwars de Lanton, messire Guillaumes
-Touchet, mesires Hues de Ferrires, Guillaume Penniel, Thomas
-Paule, Jehan et Guillaume Clinqueton et pluisseur aultre; et singlrent
-par mer et tournrent viers Bretagne. Mais qant il furent
-en mi cemin de la mer, il orent fortune moult grande et vent si
-contraire que il furent sus le point de estre tout perdu; et les
-boutrent chil vens et celle fortune en la mer d'Irlande. Et furent
-plus de quinse jours avant que il peuissent retourner sus lor
-cemin, et vinrent prendre terre lor retour de la mer d'Irlande
-en l'ille de Breha, c'est des tenures de Bretagne; et l se rafresqirent
-quatre jours. Et puis rentrrent en lors vassiaus, et prissent
-la mer pour venir Hainbon l o la contesse de Montfort
-les atendoit, laquelle nous retournerons un petit, et parlerons
-dou sige de Rennes. F<sup>os</sup> 78 et 79.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_140">140</a>, l. 21 et 22: deus mille ou trois mille.&mdash;<i>Mss. B 3,
-A 11 14, 18, 19, 23 33</i>: deux ou trois mille. F<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss.
-A 1 10, 15 17, 20 22</i>: trois ou quatre mille. F<sup>o</sup> 89.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_140">140</a>, l. 28: Neynendale.&mdash;<i>Mss. B 3, A 7 10, 15 17,
-23 33</i>: Leynendale, Leynondale, Lynnodale, Leynoudale.
-F<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 18 22</i>: Leynodelle. F<sup>o</sup> 89.&mdash;<i>Mss.
-A 11 14</i>: Leindechalle. F<sup>o</sup> 86.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_141">141</a>, l. 7: Rennes.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: o vaillaument ilz
-se tenoient. F<sup>o</sup> 90 v<sup>o</sup>.</p>
-
-
-<p class="space"> <b> 164.</b> P. <a href="#Page_141">141</a>, l. 8: Or est.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: En che terme
-<span class="pagenum"><a id="Page_355"> 355</a></span>
-que la damme de Montfort avoit envoiiet au secours en Engleterre,
-et les lons jours qu'il missent au venir, eut devant la chit
-de Rennes tamaint grant assault et mainte forte escarmuche. Et
-tant y sirent li Franchois que cil de dedens en estoient tout
-anoieus. Et vollentiers se fuissent rendut monseigneur Carlon
-de Blois, se messires Guillaummes de Quadudal l'ewist conssenti;
-ms nullement il ne s'i volloit accorder. Et leur brisoit et tolloit
-toudis leur proupos; et leur disoit que, se il plaisoit Dieu, il
-ne feroient j lasquet leur bonne damme.</p>
-
-<p>Li bourgois de Rennes, qui durement estoient apresset de ce
-sige, et qui veoient leurs biens gaster de tous costz, et sentoient
-le comte de Montfort pris, et ne perchevoient nul secours de nul
-costet, eurent entr'iaux advis et accord qu'il se renderoient; et
-se messires Guillaummes de Quadudal ne s'i volloit assentir, il le
-prenderoient et le meteroient en prison. Ensi qu'il proposrent,
-il le fissent; et remoustrrent leur entente et le povret o il estoient
-et pooient encorrez esceir plus grande, et de legier: pour
-quoy il se volloient rendre et yssir de ce peril. Li chevaliers,
-pour amorir, ne s'i fust jammais acord. Et quant li bourgois virent
-che, il le prissent de force et l'emprisonnrent. Et puis envoiirent
-tretier deviers monseigneur Carlon de Blois que il li
-renderoient la cit de Rennes, par condition que il li volsissent
-pardonner son mautalent et sauver les biens de le ville, et quitter
-le chevalier qu'il tenoient en prison, et laissier aller, quel part
-qu'il volsist, Monfortois ou autre, et tous chiaux ossi qui ceste
-oppinion volloient tenir.</p>
-
-<p>Messires Carles de Blois, par le consseil qu'il eut des seigneurs
-de France qui l estoient, s'i accorda et leur pardonna son mautalent;
-et entra en le chit de Rennes grant pourcession et
-grant joie, et prist l'ommaige et le feaut des bourgois de le cit
-et leur tint tout leur convens. Si fu mis messires Guillaummes de
-Quadudal hors de prison. Et li fu demandet de quel costet il se
-volloit traire: il respondi que il avoit son sierment sa damme
-et que celle part iroit il, se on le laissoit aller; et on li dist:
-oil. Enssi s'en vint li chevaliers Hainbon deviers la comtesse
-de Montfort, qui le rechupt joie, mais elle fu mout couroucie
-quant elle seut que la cit de Rennes estoit rendue; et si
-n'ooit nulle nouvelle de monseigneur Amauri de Clichon, ne de sa
-compaignie. F<sup>o</sup> 66.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Messires Carles de Blois et li signeur de France
-<span class="pagenum"><a id="Page_356"> 356</a></span>
-desus nonmet tinrent le sige asss longement devant la chit de
-Rennes, et i livrrent pluisseurs assaus, tant que li bourgois de
-Rennes se tenoient moult cargiet dou dit sige, et euissent volentiers
-entendu auquns trettis deviers messire Carle, se il
-euissent os; mais il doubtoient lor chapitainne et les saudoiiers,
-et disoient entre euls: Nous sonmes plus que fol, qui nous faisons
-guerriier et destruire pour la contesse de Montfort, et tenons
-son opinion bonne. Si en perdons nos biens as camps et nos
-hiretages, et en sonmes tous les jours en aventure d'estre mort
-par les assaus et escarmuces que chil de l'ost nous font. Et ne nous
-est apparans nuls confors de nul cost, car celle contesse la
-longe ne puet durer contre la poissance de France.</p>
-
-<p>Tant parlrent et murmurrent secretement entre euls chil de
-Rennes que de un conmun acord une nuit il prissent lor chapitainne
-messire Guillaume de Quadudal et l'emprisonnrent en une
-tour, et des saudoiiers auquns, liquel estoient lor avis li plus
-poissant, par quoi il fuissent mieuls au desus de lor emprise. Et
-puis il tretiirent deviers mesire Carle de Blois et les Franois.
-Et se rendirent par condition telle que ceuls que il avoient pris,
-il les deliveroient quites et delivrs, et les lairoient aler euls et le
-leur deviers la contesse de Montfort, se aler i voloient; et euls
-aussi et le lour demoroient en segur estat, et il devenoient bons
-Franois, et recongnissoient messire Carle de Blois lor signeur
-et duc de Bretagne.</p>
-
-<p>On entendi volentiers lors trettis, et lor furent acord, jur
-et tenu, tout ensi conme il le vodrent avoir. Et se partirent mesires
-Guillaumes de Qadudal et tout li compagnon que la contesse
-i avoit envoiiet, car jamais ne se fuissent tourn Franois, de la
-chit de Rennes, et cargirent toutes lors coses, sans riens laissier
-derrire, et s'en alrent Hainbon deviers la contesse, qui moult
-fu courouchie de ces nouvelles et ot pluisseurs imaginations, pour
-tant que elle n'ooit nulles nouvelles de mesire Amauri de Clion,
-et faisoit doubte que il ne pooit esploitier, pour tant que son mari
-estoit tenus des Franois, et ne savoit se il estoit mors ou vifs.
-F<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 165.</b> P. <a href="#Page_142">142</a>, l. 3: Quant la.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Quant la
-cit de Rennes se fu rendue, ensi comme vous avs oy, et li bourgois
-eurent fait le feault monseigneur Carlon de Blois, et il
-eut pris le saisinne et le possession de tout et regard as ordounnanches
-<span class="pagenum"><a id="Page_357"> 357</a></span>
-de le cit, et fait reparer che qui desparet estoit par son
-assault, si ot consseil ses amis de Franche quelle part il poroit
-traire tout son host, pour mieux avant esploitier de reconqure
-le remannant. Li conssaux se tourna ou qu'il se traisist par
-devant le fort castiel de Hainbon, l o li comtesse et ses filz estoient;
-car puisque leurs sirez li comte de Montfort estoit emprissonns,
-se il pooit prendre le ville, le castiel et le comtesse et son
-fil ossi, il aroit tost sa guerre affinne. Enssi fu fait. Si se traisent
-tuit vers Hainbon, et assegirent le ville et le chastiel tout
-autour tant qu'il porent par terre. La comtesse estoit si bien
-pourveue de bons chevaliers et d'autres souffissans gens d'armes
-qu'il couvenoit pour deffendre le ville et le castiel; ms toudis
-estoit en grant souppechon dou secours d'Engleterre que elle atendoit,
-et si n'en ooit nullez nouvelles. Ains avoit doubtance que
-grans meschis ne leur fust avenus, ou par fortune de mer, ou
-par encontre d'ennemis. Avoecques lui estoit en Hainbon li evesques
-de Lion en Bretaingne, dont messires Hervis de Lion estoit
-onclez, qui estoit de l'autre partie. Et si y estoit messires Yewez
-de Tiegueri, li sires de Landreniaus, li doy frre de Pennefort, li
-castelains de Guigant et pluiseur autre bon chevalier et escuier de
-Bretaingne. Quant la comtesse et cil chevalier qui en Hainbon se
-tenoient, entendirent que chil seigneur de Franche venoient pour
-yaux assegier et que il estoient asss pris de l, il fissent coummander
-que il sonnaissent le blancloque, et que chacuns s'allast
-armer et allast sa deffensce, enssi que il estoit ordonnet. Et
-chacuns obei sans contredit.</p>
-
-<p>Quant messires Carlez de Blois et li seigneur franchois furent
-aprochiet de le ville de Hainbon et il le virent forte et bien breteskie,
-il fissent leur gens logier et amanagier, enssi qu'il appartient,
-quant on voelt faire sige. Aucun jouene et legiers compaignons
-geneuois, espaignol et franchois allrent jusques as baillez
-pour paleter et escarmuchier; et aucuns de chiaux de dedens yssirent
-contre yaux, enssi que on fait souvent en telx besoingnes.
-L eult pluiseurs hustins, et pardirent plus li Geneuois et Espagnol
-qu'il n'y gaignirent, enssi qu'il avient souvent par lui follement
-abandounner. Quant li soirs aprocha, chacun se retrai se
-loge. L'endemain, li seigneur eurent consseil qu'il feroient au
-matin assaillir lez baillez fortement, pour veoir le contenanche
-de chiaux de dedens, et pour veoir se il y poroient riens concquester.
-Au tierc jour dou sige durant, il s'armrent en l'ost et
-<span class="pagenum"><a id="Page_358"> 358</a></span>
-vinrent devant les murs, environ heure de prime. Si coummenchirent
-ung assault trs fort et trs fier de traire et de lanchier
-et de faire touttes appertises d'armes, et chil de d'ens yaux deffendre
-de grant couraige. Et dura chilz assaux continuelment
-jusques heure de nonne, que Geneuois et Espagnols, qui moult
-s'abandonnoient, furent durement lasset et travilliet, et pluiseur
-mort et navret. Si se retraissent pour le foule, et pour remettre
-point lez blechis. Quant li seigneur de Franche virent leurs gens
-retraire et enssi que refroidiz, si en furent durement coreciet.
-Si fissent touttez mannierrez de gens retrre avant et yaux encoragier
-et enhardir, et plus fort assaillir que devant; et chil de
-dedens si s'efforchirent ossi dou bien deffendre. L estoit la
-comtesse de Montfort toutte arme, monte sus un courssier, et
-chevauchoit de rue en rue par le ville et semonnoit ses gens de
-bien deffendre. Et faisoit les femmes de le ville, dammes et autrez,
-deffaire les chauchies et porter les pires as cretiaux pour
-jetter as ennemis; et faisoit aporter bombardes et pos plains de
-vive cauch, pour plus ensonniier chiaux de l'ost. F<sup>os</sup> 66 v<sup>o</sup> et 67.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Ensi eurent messires Carles de Blois et li Franois
-la chit de Rennes, et entrrent dedens grant joie. Et rechurent
-li bourgois le dit mesire Carle duch et signeur et le
-menrent l'eglise, et l jura solempnelment sus Saintes Ewangilles
-que il les tenroit as us et as coustumes brettes; et tout devinrent
-si honme. Si se rafresqirent quatre jours en la chit des
-biens qui lor vinrent de sus le pais, et que il i trouvrent. Et
-orent l li signeur consel ensamble o il se trairoient, ou devant
-Vennes, ou devant Hainbon l o la contesse de Montfort estoit.
-Consilliet fu que il iroient devant Hainbon, et encloroient la contesse
-l dedens; et, se il le pooient conquerir, lor guerre seroit
-fine. Si se departirent un jour de Rennes en grant conroi, et
-s'en vinrent Hainbon; et l'asegirent par terre et environnrent
-si avant que il porent, car au ls deviers la mer il ne pooient
-bastir nul sige.</p>
-
-<p>La contesse estoit bien pourveue de ses amis, de chevaliers et
-d'esquiers et de bonnes gens d'armes, les quels elle tenoit ses
-gages Hainbon, ville et chastiel. La contesse se tenoit ou
-chastiel, et ses gens en la ville. Avoecques la contesse de Montfort,
-qant li Franois vinrent l, estoient mesires Ives de Tigeri,
-li sires de Landreniaus, li chastellains de Ghingant, li doi frre
-de Quirich, messires Henris de Pennefort et messires Oliviers, son
-<span class="pagenum"><a id="Page_359"> 359</a></span>
-frre, et li evesques de Lion en Bretagne, dou quel messires
-Hervis de Lion, qui se tenoit avoecques messire Carle de Blois,
-estoit oncles. Entrues que li Franois se logoient, li Geneuois et
-li Espagnols, des quels mesires Loys d'Espagne, marescal de
-l'oost mesire Carle, estoit chapitainne, voires avoecques lui mesires
-Othes Dorie, alrent escarmuchier as barrires. Et l vinrent
-chil de la garnison, qui vaillanment s'i portrent; et dura li
-escarmuce jusques au soir que tout se retraissent as lors logeis.
-A l'endemain, de rechief on vint as bailles lancier et escarmuchier;
-et en i ot biaucop de blecis de une part et d'aultre. Et
-entrues que li escarmuce estoit, on assalloit as murs pris que de
-toutes pars, et chil de la ville se deffendoient vaillanment. La
-contesse de Montfort, qui avoit coer d'onme et de lion, estoit arme
-et monte sus un coursier, et amonestoit ses honmes de bien
-faire. Et cevauoit de rue en rue, et faisoit par les fenmes et les
-enfans deffaire les cauchies, et porter la pire et les calliaus sus
-les murs, et servir ceuls qui se deffendoient. F<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_142">142</a>, l. 22: li evesques de Lyon.&mdash;<i>Mss. A 20 22</i>: oncle
- messire (Hervi) de Lyon. F<sup>o</sup> 135.&mdash;<i>Tous les autres mss. A
-et tous les mss. B donnent la mauvaise leon</i>: dont messires Hervis
-de Lyon estoit neveus.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_142">142</a>, l. 26: Quirich.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: Quintin. F<sup>o</sup> 86 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"> <b> 166.</b> P. <a href="#Page_144">144</a>, l. 7: Encores.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Or pours
-or une trs grant emprise et ung mervilleux et outrageux fait
-d'armes que ceste comtesse fist. Elle qui oncques ne cessoit d'aller
-de l'un l'autre pour rencoragier sez gens, et ossi le fois
-elle montoit en une haute tour dou castiel pour mieux aviser le
-contenance de chiaux de l'ost, si regarda une fois que elle estoit
-l monte, que tout li seigneur de France et touttez mannierrez
-d'autrez gens estoient l'assault et entendoient si fort et si ententivement
- l'assaillir, que tout li logeis estoient ensi que wuit
-et sans garde. Que fist elle pour adamager chiaux de l'ost? Elle
-requeilli environ trois cens compaignons et les fist monter cheval,
-et se parti de Hainbon par une fausse postierne qui ouvroit
-sus le mer, auquel endroit il n'y avoit adonc point d'assault; et
-prist son tour tout autour de le ville par voies couvertez. Bien
-avoit qui mener le savoit, et s'en vint ens s tentez et ens s
-logeis de France, et se feri dedens vassaument, et fist ses gens
-espardre en pluisseurs lieux; car nulz n'y estoit, qui leur pewist
-<span class="pagenum"><a id="Page_360"> 360</a></span>
-contredire, fors aucuns garchons et valls chetilz. L turent il,
-et boutrent le feu mout vent ens s tentes et ens s logeis lez
-seigneurs de Franche. Tantost li feux s'esprist grans et villains,
-car li une tente ardoit l'autre, tant que li punaisie et li fumire
-en descendoit sour chiaux qui l'assaut estoient. Quant li seigneur
-de France virent leurs loges ardoir, et orent le hu et le
-cri qui de celle part venoit, il furent tout esbahy et coururent
-vers leurs logeis, en criant: Trahi! Trahi! Et ne demoura
-nuls l'assault.</p>
-
-<p>Quant la dessus dite comtesse vit l'ost estourmir et de touttes
-pars gens acourir, elle requeilla et rassambla ses gens bellement et
-sagement, et perchut bien que elle ne poroit rentrer en le ville
-sans trop grant perte. Si s'en alla ung autre chemin droit par deviers
-le castiel de Braait, qui siet quatre lieuwes pris de l.
-Quant messires Loeys d'Espaingne, qui estoit connestablez adonc
-de toutte l'ost et qui ceste aventure avoit pris en grant despit,
-quant il parfu venus as loges et il lez vit ardoir et flammer, et
-la comtesse et sa gent qui s'en alloient quanqu'il pooient, il se mist
-en cace apris yaux pour yaux raconssuiwir en criant son cor, et
-chacuns sieuwi sa bannierre. Si furent durement enchauchis la
-comtesse et li sien; et en turent aucuns qui estoient mal monts.
-Et dura li cace jusquez Braait, o la comtesse et li sien se sauvrent
-et boutrent; et lez requeillirent chil de laiens grant
-feste.</p>
-
-<p>Quant messires Loeys d'Espaingne seult par les prisonniers que
-pris en cette cache avoit, que c'estoit la comtesse qui che destourbier
-li avoit portet et toutte l'ost, si fu durement courouchiz
-de ce que elle li estoit escappe ensi. Si s'en retourna deviers
-leur ost et compta as seigneurs que ce avoit estet la comtesse
-de Montfort qui ceste envaye leur avoit fait: si en furent durement
-esmervilliet li ung par l'autre coumment elle avoit oset entreprendre
-tel fait, et li mettre en si grant aventure et en tel parti
-d'armes. Se li tinrent li aucun outraige et folie, et li autre
-proce et vaillanche. Se chil de dehors en estoient esmervilliet,
-chil de dedens, ses gens meymmez, l'estoient plus; et ne pooient
-apenser coumment la comtesse avoit tout ce adviset, ne oset entreprendre.
-Mais il furent, le parfait dou jour et toutte la nuit
-enssuiwant, en grant frichon et esmay de ce que la damme ne
-nulx de ses compaignons ne retournoit: si n'en savoient que
-pensser, ne quoy adviser; et se doubtoient que elle ne fuist prise,
-<span class="pagenum"><a id="Page_361"> 361</a></span>
-et toutte la compaignie qui avoecq lui yssi, ossi morte ou prise
-au mieux venir. F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Encores s'avisa celle contesse de une trs
-grande emprise que on li doit bien tourner vaillance, car elle
-fist environ deus cens honmes des siens monter as cevaus, et puis
-fist ouvrir une porte o nuls n'asalloit. Et se partirent, elle et ses
-gens, et s'en vinrent par derrire bouter et fraper ens s logeis
-des Franois, qui n'estoient pour l'eure gard que de varls et
-garons, car tout honme d'armes entendoient l'asaut ou il le
-regardoient. Qant la contesse fu l venue, elle fist bouter le feu
-en plus de trente lieus. Li feus et la fumire s'eslevrent; la noise
-et li cris conmenchirent lever. Chil qui asalloient, laissirent
-tout quoi ester les assaus, et s'esmervilloient que ce pooit estre.
-Et perdirent li signeur, par celle emprise et ce feu, grant fuisson
-de lors chevaus et de lors pourveances.</p>
-
-<p>Messires Lois d'Espagne, marescaus de l'oost, fu auques li uns
-des premiers qui retournrent sus les logeis, et entendi que la
-contesse de Montfort avoit fait celle emprise. Il ne fu pas si couroucis
-dou damage que il fu resjois de ce que la contesse estoit
-hors de la garnison, et cria en hault: Or, tos as chevaus! Celle
-fenme et sa route soient poursievoit! Jamais ne renteront en
-Hainbon, ne en forterce qui soit en Bretagne: il sont nostre.
-Aultrement ne poons nous avoir fin de gerre. Lors veissis
-toutes gens haster et monter sus chevaus, et euls asambler dals
-le marescal qui faisoit sonner ses tronptes grant effort pour requellier
-ses gens; et prendoient le pas de la ville pour enclore la
-contesse au dehors, ensi que il fissent. La contesse perchut bien
-que point ne poroient rentrer en Hainbon. Si prist les camps et
-dist ces gens: Chevauons viers Brest. La garnison est pour
-nous. L serons nous receu. Il fissent ensi que elle ordonna, et
-prisent le cemin de Brest, et estoient j moult eslongiet avant que
-on s'en peruist en l'oost; car messires Lois d'Espagne et li Franois
-avoient clos les pas et les rentres en Hainbon, la fin que
-il fuissent au desus de la contesse et de ses gens. On vint dire et
-nonchier mesire Lois: Sire, vous arests ichi pour noient;
-la contesse et ses gens s'en vont viers Brest.</p>
-
-<p>Qant messires Lois d'Espagne o ces nouvelles, si dist: Apris!
-apris! Lors veissis toutes gens desrouter et ferir l'esporon
-apris la contesse. Ce jour furent li Franois bien ensonniiet, car
-li auqun entendoient au cachier, et li aultre estaindre le feu qui
-<span class="pagenum"><a id="Page_362"> 362</a></span>
-se mouteplioit ens s logeis, qui lor fist grant damage de lors
-chevaus, de lors harnas et de lors pourveances. Meismement li
-auqun Franois disoient l'un l'autre: Ves la vaillant contesse,
-et qui bien scet guerriier et a fait aujourd'ui une grande emprise,
-issu de la ville de Hainbon, ars nostres logeis, fait cesser
-l'asaut de devant Hainbon; et encores s'en va elle Brest, et
-tout acomplira ces emprises sans son damage. Il disoient verit,
-car onques mesires Lois d'Espagne ne sa route ne le peurent rataindre;
-mais s'en vint bouter ou chastiel de Brest. Il i eut bien
-auquns de ses honmes mal monts qui furent raconsievi sus le
-cemin, et chil l demorrent prisonnier et en la volent de lors
-ennemis.</p>
-
-<p>Trop fu mesires Lois d'Espagne courouchis qant il vei que
-la contesse de Montfort li estoit escape et entre ou chastiel de
-Brest. Si s'en retourna tout le pas. Tant estoient lor ceval essoufl
-que jusques la grose alainne. Et vinrent li Franois as logeis
-et trouvrent que on estoit moult ensonniiet de remetre point
-tentes et trefs, et de faire nouviaus logeis de fuellies, et de envoiier
-as pourveances Rennes et sur le plat pais, car les lors
-estoient moult adamagies. Messires Lois d'Espagne, qant il fu
-descendus et desarms, il se traist devant la tente de mesire Carle
-de Blois. Et l estoient li contes de Blois, li dus de Bourbon, li
-contes de Pontieu, li contes d'Eu, connestables de France, et li
-sires de Chastellon; et ne se pooient taire parler de ceste contesse
-de Montfort, de la hardie et outrageuse emprise que elle
-avoit fait. Et qant messires Lois d'Espagne fu venus, encores li
-demandrent il de la cace et conment elle li estoit escape. Il
-respondi bien: Elle s'est sauve, et ses gens aussi, et bout
-dedens le chastiel de Brest.&mdash;Or bien, respondirent il, puisque
-elle est l, elle s'i tenra; et de tant est la garnison de Hainbon
-afoiblie de force et de consel, car elle en a men avoecques
-li biaucop de bonnes gens. Ensi se apaisirent il en l'oost et
-passrent la nuit. Et avoient est le jour lass et travilliet, tant
-pour le assaut qui fu grans, que de la cace que il avoient fait
-apris la contesse, que de ce que il avoient est trop destourb
-des logeis auquns que on lor avoit ars; et ne se doubtoient de
-nului, car il sentoient la contesse Brest, si ques sus la fiance
-de ce il dormirent la nuit et la matine plus longement. F<sup>o</sup> 80.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_144">144</a>, l. 12: tout cil de l'ost.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: except les
-garons qui gardoient les chevaus. F<sup>o</sup> 201.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_363"> 363</a></span>
-P. <a href="#Page_144">144</a>, l. 16: trois cens.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: cent. F<sup>o</sup> 144.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_144">144</a>, l. 21: arses.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: car bien le tiers de leur
-trs et pavillons fust tout ars. F<sup>o</sup> 201.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_145">145</a>, l. 4: trois liewes pris de l.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>:
- quatre lieues prs de l. F<sup>o</sup> 87.&mdash;<i>Mss. A 1 7, 18 33</i>:
-qui siet assez prs de l. F<sup>o</sup> 90.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_145">145</a>, l. 24: quisenon.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 15 19</i>: cuisanson,
-cuisanon. F<sup>o</sup> 90 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 11 14, 20 33</i>: mesaise,
-malaise. F<sup>o</sup> 87.</p>
-
-<p class="space"><b> 167.</b> P. <a href="#Page_145">145</a>, l. 28: A l'endemain.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:
-Quant ce vint l'endemain, li seigneur de France, qui avoient
-perdut lors tentez et lors pourveanchez, eurent consseil que il se
-logeroient de arbres et de foeillies plus pris de le ville, et qu'il
-se maintenroient plus sagement. Si se allrent logier grant
-painne plus pris de le ville, et disoient en gabois chiaux de le
-fortrche: Als, seigneurs, alls requerre vostre comtesse.
-Certez, elle est perdue, vous ne le trouvers en piche. Quant
-chil de Hainbon, gens d'armes et autrez, orent tels parollez, il
-furent esbahit et eurent grant paour que grans encombriers ne
-fust avenus la damme. Si ne savoient que croire, pour tant que
-elle point ne revenoit, ne n'en ooient nulles nouvelles. Si demourrent
-en tel paour et en tel esmay de leur damme par l'espasse
-de cinq jours.</p>
-
-<p>Or vous diray de la comtesse de Montfort quelle cose elle fist.
-Se elle avoit fait une felle emprise, encorres, ce me samble, fist
-elle ossi perilleuse. Et sachiz que l o elle estoit ens ou castiel
-de Braait, elle n'estoit point se aise, pour tant que elle penssoit
-bien que ses gens de Hainbon ne savoient point que elle estoit
-devenue. Si s'avisa que elle metteroit tout pour tout et que, se
-elle estoit yssue d'un peril, encorres ysteroit elle dou second. Si
-se pourcacha tant que elle ot bien cinq cens compaignons arms
-et bien monts; puis se parti de Braait entour le mienuit, et s'en
-vint droit au point que li sollaux se live, chevauchant, l'un
-de(s) cost(s) de l'ost. Et envoya devant Hainbon et fist ouvrir
-le porte, et entra ens grant joie et grant son de trompes et
-de naquairez et de cornemuses: de quoy li hos des Franchois fu
-durement estourmis. Si se fissent tout armer et coururent par
-deviers le ville pour assaillir, et chil de dedens as fenestres pour
-le deffendre. L commencha grans assaux et fors, qui dura jusques
-<span class="pagenum"><a id="Page_364"> 364</a></span>
- haulte nonne; ms toudis y mettoient plus chil de dehors
-que cil de dedens.</p>
-
-<p>Environ l'eure de nonne, li seigneur fissent cesser d'assaillir,
-car leurs gens se faisoient tuer et navrer sans raison; si se retraisent
- lors logez. Et eurent, quant tout furent retret, li seigneur
-consseil que messires Carlez de Blois, li dus de Bourbon, messires
-Jaquemes de Bourbon, li comtez Loeis de Blois, li comtez
-d'Auoire, li comtes Raoulz d'Eu, li comtes de Ghines, sez filz, li
-marescaus de France, messires Robers Bertrans, messires Carlez
-de Montmorensi, messires Ghuis de Cantemarle, li sires d'Avaugor
-et grant fuison d'autres seigneurs et leurs gens yroient devant
-(le) chastiel d'Auroy, que li roys Artus fist fonder. Et messires Loeis
-d'Espaingne, li viscomtez de Rohem, li sires d'Ansenis, li sires de
-Tournemine, li comtes de Joni, li sires de Rais, li sires de Rieus,
-li sires de Gargoule, messires li Ghalois de le Baume, messires
-Othes Doriie, messires Carlez Grimaus et tous li remannans dez
-Geneuois et d'Espagnols demorroient devant Hainbon; et manderoient
-douze grans enghiens qu'il avoient laissiet Rennez, pour
-jetter le ville et au castiel de Hainbon; car il veoient bien qu'il
-ne le poroient gaegnier, ne pourfiter l'assaillir. Si ques il fissent
-deux hos: s'en en demora li une devant Hainbon, et li autre
-en alla assegier le castiel d'Auroy qui est moult fors; et bien
-pourveus estoit adonc de gens d'armes et de touttez pourveanchez.
-Et l'avoit la sepmainne (devant) la comtesse de Montfort
-rafreschi de gens d'armez et envoiiet deux vaillans chevaliers, en
-qui mout se fioit, pour gardiien et cappittainne dou dit fort: c'estoit
-messires Henris de Pennefort et messires Oliviers, ses frrez.
-F<sup>o</sup> 67.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Se la contesse de Montfort avoit fait, ce jour
-que elle issi hors de Hainbon, une hardie emprise, et que elle
-vint en Brest, encores fist elle parellement une aultre moult aventureuse.
-Et li signeur de France ne furent pas bien conselli qant
-il sentoient que elle estoit hors, et il ne missent enbusques sur li,
-dont depuis il s'en repentirent. Je vous dirai cause pourquoi. Qant
-la contesse fu venue en Brest, elle et ses gens mengirent et
-burent moult legierement, et dormirent environ trois heures. Et
-qant il se furent rafresqi euls et lors chevaus, la contesse les fist
-resvillier et apparillier et armer, et prist encores jusques cent
-compagnons de ceuls de Brest, et fist l laissier tous les foibles
-cevaus et renouveller d'aultres. Et partirent de Brest, la contesse
-<span class="pagenum"><a id="Page_365"> 365</a></span>
-tout devant, sus le point de mienuit; et chevauchirent les bons
-galos le cemin de Hainbon. Et disoit ensi la contesse en cevauchant:
-Ma bonne gent de Hainbon sont, je le sai bien,
-grant malaise de moi. Il fault que je les reconforte et que nous
-rentrons en la ville, et je vous aprenderai conment. Quant nous
-deverons aprochier la ville et l'oost, li une part des nostres iront
-estourmir et resvillier l'oost, et li aultre s'adrecera droit Hainbon
-et fera ouvrir les bailles, avaler le pont et ouvrir la porte.
-Et sitos que li hoos se conmencera estourmir, il se retrairont
-tout bellement, et nous les atenderons devant les barrires; et
-ensi petit petit il renteront, et nous aussi, dedens Hainbon.</p>
-
-<p>Ensi que la contesse de Montfort ordonna, il fu fait. Qant il
-orent cevauchiet depuis que il se furent departi de Brest, il vinrent
-droit sus le point dou jour asss pris de l'oost et de Hainbon.
-Il ordonnrent messire Guillaume de Qadudal et mesire Ivon
-de Tigri, deus cens honmes, aler escarmuchier et resvillier
-l'oost; et la contesse et le demorant venroient, entrues que on
-ensonnieroit les Franois, as bailles, et les feroient ouvrir. Lors
-s'en vinrent li doi chevalier et lor route sus l'oost; et entrues la
-contesse et li aultre prissent un vis chemin herbu, qui s'adreoit
-droit sus les fosss. Ces deus coses furent faites tout une fois.
-Li hoos resvillie l'un des corons, et entrues que li estourmie se
-conmena eslever, chil de d'ens orent congnisance que lor dame
-estoit la porte, car celle nuit tout chil de Hainbon velloient et
-estoient trop esbahi et desconfort de lor dame la contesse. Qant
-il entendirent que elle estoit si pris de euls, si furent resjoi grandement,
-et avalrent le pont et ouvrirent la porte et puis les barrires.
-Tout descendirent et missent lors chevaus dedens la ville,
-et puis s'ordonnrent en atendant lors gens qui revenoient et qui
-avoient estourmi l'oost; et ne furent adonc de nului poursievi,
-et rentrrent tout dedens la ville et le chastiel de Hainbon. Qant
-ce vint au matin, li Franois orent bien congnissance que la contesse
-de Montfort estoit retourne; si tinrent son fait et son emprise
- trs grant vaillance. Et dissent li signeur entre euls que
-li diables portoient celle contesse. F<sup>o</sup> 80 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_146">146</a>, l. 14: se parti.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: au tierch jour. F<sup>o</sup> 202.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_146">146</a>, l. 17: entra.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: plainne nonne. F<sup>o</sup> 202.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_147">147</a>, l. 11: ala.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Sy se departirent tout deux
-mille homes cheval et quatre mille piet, geneuois et autres;
-et s'en vinrent devant le chastiel d'Auroy et le assegrent. F<sup>o</sup> 202.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_366"> 366</a></span></p>
-
-<p class="space"><b> 168.</b> P. <a href="#Page_147">147</a>, l. 15: le chastiel d'Auroy.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:
-Quant messires Carlez de Blois parfu venus toutte se host, il
-le assiega (le chastiel d'Auroy) tout environ, et fist envoiier dire
- chiaux de dedens que il se voisissent rendre, et il leur pardonroit
-son mautalent; et feroit chiaux de Pennefort otel pourfit,
-tous les ans, qu'il avoient de par la comtesse, ou plus grant, et
-lez retenroit de son consseil. Il n'eurent mies accord ne volent
-dou faire; et respondirent qu'il estoient trop fort loiiet et acouvenenchiet
- leur seigneur que on tenoit en prison, ossi leur
-damme, et que il se travilloient en vain, qui de nul traitiet leur
-parloi(en)t. Dont dist messires Carlez de Blois que jammais de l
-ne partiroit si lez aroit sa vollent, et fist le castiel fortement
-assaillir par pluiseurs fois. Ms peu y gaegnirent li assallant, car
-cil dou castiel estoient bien trois cens compaignons tous arms,
-et si avoient bonne cappittainne dont il valloient le mieux; et
-quoyque cil d'Auroy se deffendesissent si bien, si estoient il souvent
-assaillit et escarmuchiet.</p>
-
-<p>A quattre lieuwes pris d'Auroy, siet la bonne cit de Vennez
-qui se tenoit fortement le comtesse; et en estoit messires
-Joffroy de Malatrait cappittainne, gentil homme et vaillant durement.
-D'autre part siet la bonne ville de Dinant en Bretaingne,
-qui n'estoit freme fors de fosss et de palis. Si en estoit cappitainne
-de par le comtesse de Montfort uns durement vaillant
-homs, que on clammoit le castelain de Ghinghant; ms il estoit
-assis adonc dedens Hainbon avoecq la dessus ditte comtesse. Si
-avoit laissiet Dinant, son hostel, medamme sa femme et ses fillez,
-et avoit laissiet cappittainne en lieu de lui monseigneur Renault,
-son fil, vaillant baceler et hardi homme durement.</p>
-
-<p>Entre ces deux bonnes villez de Vennes et (de) Dinant, seoit
-uns trs fors castiaux qui se tenoit monseigneur Carle de Blois.
-Et nomme hom le dit castiau le Rocheperiot, trs fort lieu durement;
-ne oncques li comtez de Montfort ne le peut prendre par
-assault, ne par traitiet. Et l'avoit li dis messires Carlez (de
-Blois) fait bien garnir de gens d'armes et de saudoiiers, qui tout
-estoient bourghignon. Si en estoit souverains d'iaux ungs vaillans
-escuiers et asss jonez, que on clammoit Gerart de Malain; et
-avoit avoecq lui ung hardi et bon chevalier, que on clammoit messire
-Pire Portebuef. Chil doi cappittainne de Rocheperiot avoecq
-leurs compaignons honnissoient et gastoient tout le pays de l entours;
-et destraindoient si ouniement la chit de Vennes et la
-<span class="pagenum"><a id="Page_367"> 367</a></span>
-bonne ville de Dynant, que nulle pourveance ne marchandise ne
-pooit entrer ne venir, fors que en grant peril sus grant aventure.
-Car il chevauchoient ung jour par deviers Vennes, l'autre
-jour par deviers Dinant; et estoient si cremut et si redoubtet ou
-pays, que l environ on ne parloit d'autre garnison fors que de
-Rocheperiot. Tant allrent et tant chevaucirent de l'un l'autre,
-que li jones bachelers messire Renaux de Ghinghant fist ung soir
-embusche sur yaux. Et par une matine, enssi que il avoient chevauchiet
-deviers Dinant, et avoient rus jus bien vingt quatre
-marcheans et les enmenoient prisonniers en leur fortrce, messires
-Renaulz leur vint sus elle toutte sen enbusche et se feri en
-yaux vassaument; et se porta si bien et chil qui avoecq lui estoient
- ce donc, que il desconfissent messire Pire Portebuef et
-Gerart de Malain et tous les Bourghignons qui avoecq lui estoient,
-et rescouissent lez marcheans et enmenrent les deus cappittainnes
-prisonniers et bien vingt cinq des leurs en le ville de Dinant en
-Bretaingne, o il furent recheu grant feste. Ceste nouvelle resjoy
-moult chiaux de Vennez et dou pais environ, et en fu li dammoisiaux
-messires Renaus durement prisiz. Or lairay parler de
-ciaus de Dinant, de Vennez et de Rocheperiot. Si parleray dou
-sige de Hainbon et de monseigneur Loeis d'Espaingne, ossi de la
-comtesse de Montfort.</p>
-
-<p>Vous devs savoir que messires Loeys d'Espaingne, qui souverains
-estoit de l'host qui se tenoit devant le ville et le castiel de
-Hainbon, mettoit grant advis et parfaite entente conqure la
-garnison dessus ditte; et de soy meysmes il estoit bons chevaliers,
-hardis, seurs et entreprendans; et pour ce l'avoit monseigneur
-Carle de Blois fait connestable de toutte sen host, et y ajoustoit
-grant foy, et y tenoit bon linage. Si avoit li dis messires Loeys
-d'Espaigne fait amener et acariier douze grans enghiens de le cit
-de Rennez et fais drechier devant Hainbon, liquel jettoient si ouniement
-as murs de le ville que tous lez debrisoient et deffroissoient
-et moult empiroient la fremmet: si que cil de dedens s'en
-coummenchoient esbahir et doubter le peril o il sejournoient.
-Si avoient vollent de faire acord, car il ne veoient nul secours
-venir, ne de monseigneur Amauri de Clichon n'entendoient nullez
-nouvellez. Dont il avint que li evesquez messires Guis de Lion,
-qui estoit onclez monseigneur Hervi de Lion, parla ung jour au
-dit monseigneur Hervy, son nepveult, par asseuration; et moult
-longement parlementrent enssamble d'une raison et d'autrez. Et
-<span class="pagenum"><a id="Page_368"> 368</a></span>
-se porta leurs parlemens que li dis evesquez devoit pourcachier
-ses compaignons que le ville de Hainbon seroit rendue par accord
- monseigneur Loeis d'Espaingne el nom de monseigneur Carlon
-de Blois; et li dis messires Hervis devoit pourcachier, d'autre
-part, que tout chil de dedens seroient appaisis quittez et lieges
-au dit monseigneur Carlon, et ne perderoient riens de leur avoir.
-Enssi se parti chilz parlemens. Depuis, li evesques Guis de Lion
-rentra en le ville de Hainbon pour parler as autres chevaliers et
-compaignons.</p>
-
-<p>La comtesse se doubta tantost de mauvais pourcach; si pria
-ces seigneurs de Bretaingne que pour Dieu il ne fesissent nulle
-deffaulte, car elle avoit esperance en Nostre Seigneur que elle
-aroit grans secours dedens troix jours. Li chevalier, qui l estoient,
-avoient pit de la damme. A envis le falloient, et dur ossi
-leur estoit de perdre cors et avoir. Nonpourquant il disent adonc
-ensi la comtesse pour elle reconforter, que elle ne se doubtast
-de riens, car j ne feroient nul tretiet que elle ne sewist bien; et
-se au fort il se rendoient, se le metteroient il hors et son fil, en
-quelle fortrche de Bretaigne que elle vorroit, qui pour lui se tenoit,
-ou il l'acorderoient de tous poins monseigneur Carlon de
-Blois. Enssi se rappaisa ung peu la comtesse. Ms depuis li evesques,
-en le absence de lui, parla as compaignons et as seigneurs,
-et leur moustra tant de raisons que il lez mist en grant effroy
-celle nuit. A l'endemain encorrez recoummencha il son sermon
-as chevaliers de Bretaingne; et les avoit j telz mens que il estoient
-auques priz de son accord. Et regardoient coumment entre
-yaux et par honneur il se pooient acquitter de la comtesse,
-qui il avoient juret feault; car se elle n'ewist l estet adonc
-avoecq yaus, sans faulte il ewissent rendut le ville.</p>
-
-<p>Entroex, comme il estoient en ce traitiet et en ce pourcach, et
-j estoit messires Hervis de Lion, sus asseuranche que il avoient
-li ung l'autre, venus asss pris de le ville pour parlementer
-yaux, la comtesse, qui estoit en grant soussi de coer, estoit monte
-ou plus hault d'une tour dou castiel et regardoit en le mer
-par une petite fenestre. Si commena criier et faire grant
-joie, et disoit tant qu'elle pooit: Je voy venir secours, biaux
-Dieux! que j'ay tant desiret. Par deus fois le dist elle enssi. La
-vois de la damme fu entendue: si courut chacuns dou castiel as
-fenestres, qui mieux pot, savoir que c'estoit, et chil de le ville as
-creniaux des murs, pour veoir de quel part ces nouvellez venoient;
-<span class="pagenum"><a id="Page_369"> 369</a></span>
-et virent tout clerement grant fuison de naves, petitez
-et grandez, bien batilliez, venir par deviers Hainbon, dont
-chacuns fu durement reconfortz. Car bien tenoient que c'estoit
-messires Amauris de Clichon qui amenoit che secours d'Engleterre,
-dont vous avs chy dessus oy parler, qui par soixante
-jours avoit eu vent contraire et fortune trs perilleuse. F<sup>os</sup> 67 v<sup>o</sup>
-et 68.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Qant messires Carles de Blois vei que riens il
-ne conqueroient asallir Hainbon, si en fu tous merancolieus. Et
-furent li signeur ensamble en consel conment il se maintenroient.
-Consilliet fu que il departiroient lor hoost en deus parties: li une
-des pars demor(r)oit devant Hainbon; et li aultre, en la compagnie
-de mesire Carle, iroient metre le sige devant Auroi. Si se departirent
-en la route et compagnie de mesire Carle tout chil qui
-nonmet i furent, et vinrent devant Auroi et l'asegirent. Mais li
-chastiaus est fors, et ne fait pas prendre par assaut; et pour
-lors il estoit bien pourveus de chapitainne et de bons compagnons
-que la contesse i avoit envoiis, liquel n'avoient nulle volent de
-rendre par tretti ne aultrement.</p>
-
-<p>A quatre lieues de l sciet la chit de Vennes, qui est forte
-asss, et toute en l'obeissance de la contesse. Et en estoit pour
-lors chapitainne, messires Jeffrois de Malatrait; et li sires de
-Malatrait, ses cousins, estoit en la route de mesire Carle de
-Blois.</p>
-
-<p>D'autre part sciet la vile de Dignant en Bretagne, qui pour
-lors n'estoit freme que de fosss et de palis; et en estoit chapitainne
-li chastelains de Ghinghant, mais pour lors il n'i estoit
-point. Avant se tenoit en la garnison de Hainbon avoecques la
-contesse de Montfort, mais il avoit sa fenme et ses filles en son
-hostel laissiet en la ville de Dignant; et avoit un fil chevalier
-que on nonmoit mesire Renault, et estoit de sa jonce moult
-vaillans homs. Entre ces deus villes de Vennes et de Dignant a
-un fort chastiel, lequel on nonme Roceperiot; et se tenoit pour
-lors mesire Carles de Blois, liquels l'avoit pourveu de bons
-compagnons bourgignons. Et en estoit chapitains uns esquiers de
-Bourgongne que on clamoit Gerart de Malain, et avoit avoecques
-lui un chevalier que on nonmoit messire Pire Portebuef. Chils
-Gerars de Malain et li chevaliers avoecques lors compagnons
-honnisoient tous le pais, et chevauoient priesque tous les jours
-une heure destre, l'autre senestre. Et ne pooient pour euls
-<span class="pagenum"><a id="Page_370"> 370</a></span>
-pourveances nulles entrer ne venir Vennes ne Dignant, que
-chil qui les menoient ne fuissent rus jus, et les pourveances
-conquises. Dont moult en anoioit au jone chevalier mesire Renault
-de Ghingant; et li tournoit, ce li estoit vis, grant blame,
-pour tant que il avoit la carge de la garde de la ville de Dignant.
-Et tant pensa sus que il i pourvei et prist un jour, par une enbusque
-que il pourjeta sus les camps, le dit Gerart de Malain et
-vingt cincq Bourghignons, et les enmena prisonniers en la ville
-de Dignant, et rescoui quinze marceans que li Bourgignon enmenoient
-prisonniers en la Roceperiot. Et de ce fait fu li dis messire
-Renauls moult los et moult prisis.</p>
-
-<p>Je me tairai un petit de ces Bourgignons et de mesire Carle
-de Blois qui avoit assegiet le chastiel d'Auroi, et parlerai de mesire
-Lois d'Espagne et de ses gens, liquel avoient assis, ensi que
-vous savs, la contesse de Montfort dedens Hainbon. Et avoient
-li Franois fait carpenter et ouvrer grans enghiens, et fait venir
-aultres enghiens de Rennes et de Nantes et drechiet devant la
-ville de Hainbon, liquel continuelment jettoient contre les murs,
-les tours et les portes, pires de faix, et travilloient durement
-ceuls de Hainbon. De quoi chil qui dedens estoient, li auqun se
-conmenchirent esmaiier, car seqours ne lor aparoit de nul
-cost. Dont la contesse de Montfort estoit en grande angousse de
-coer, et menoit ses gens de douces paroles, et lor prioit pour
-Dieu que il ne fesissent nul tretti senestre, car disoit la contesse:
-Bonnes gens et mi bon ami, li corages me dist que nous auerons
-proainnement bonnes nouvelles d'Engleterre; et retourne
-messires Amauris de Clion, qui amainne le secours que nous desirons
-tant avoir et veoir.</p>
-
-<p>Nonobstant toutes ces douces paroles et amiables que la contesse
-lor disoit et remoustroit, li evesques de Lion en Bretagne,
-qui se nonmoit messires Guis, et qui estoit oncles mesire Hervi
-de Lion liquels estoit au sige l devant Hainbon, parla un jour
-sus asegurances son neveu. Et se portrent lors tretis que ils
-et auquns chevaliers et esquiers qui l dedens estoient enclos, se
-departiroient de la contesse, et se venroient rendre mesire Lois
-d'Espagne qui representoit pour lors le corps mesire Carle de
-Blois.</p>
-
-<p>La contesse, qui vivoit en grant angousse de coer et double
-anoi, qant elle senti que ses gens qui loiaument l'avoient servi
-jusques chi, voloient faire auquns mauvais trettis ses ennemis<a id="FNanchor_407" href="#Footnote_407" class="fnanchor">&nbsp;[407]</a>....
-<span class="pagenum"><a id="Page_371"> 371</a></span>
-et issi hors de son chastiel, et vint en la ville parler
-euls, et lor pria en plorant que il ne vosissent avoir nul pactis as
-Franois. Li auqun en orent pit et dissent: Dame, ce que nous
-l'avons, c'est pour ce que nous faisons doubte que vous n'aiis
-nul seqours d'Engleterre, ou que il ne soit mesceu mesire
-Amauri de Clion, par quoi il n'a point fait vostre mesage, car il
-sourviennent sus la mer trop de perils et de fortunes. Et quel
-traitti que nous faisons ne ferons, nous vous jurons que vous sers
-garde de vostre corps, et demorrs chi en ce chastiel ou ailleurs
-en plus forte place, l o il vous plaira, et au sourplus
-nous vous donnons pourveance chienq jours. L en dedens pueent
-avenir moult de coses.&mdash;Vous dites verit, respondi la contesse,
-et grant merchis. Donc retourna elle amont ens ou chastiel,
-moult angousouse de coer, et bien i avoit raison.</p>
-
-<p>Avint que, au tierch jour apris que ces paroles orent est, la
-contesse estoit leve moult matin. Si regarda en la mer un petit
-apris solel levant, et vei flamboiier grant fuisson de voilles en
-nefs, et c'estoit la navie d'Engleterre qui venoit. Et plus atendoit
-la contese, et plus aprooient ces nefs et ces balenghiers; et
-qant elle vei ce et ces banires et ces estramires flamboiier et
-venteler, de joie elle se laissa ceoir. Ses gens qui estoient dals
-li, le relevrent. Et qant elle parla, elle dist: Or tos descends
-en la ville; nonchis ces nouvelles ces chevaliers. Vechi le
-secours d'Engleterre qui nous vient. Tantos on fist le conmandement
-de la contesse. F<sup>os</sup> 79 v<sup>o</sup> 81.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_147">147</a>, l. 30 et 31: D'autre part.&mdash;<i>Mss. A 30 33</i>:
-D'autre part siet la bonne ville de Guignant en Bretaigne, dont le
-chastelain de Dignant estoit gardien. F<sup>o</sup> 153 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 23
-29</i>: D'aultre part siet la bonne ville de Dignant en Bretaigne,
-dont le sire de Dignant estoit chastelain et gardien. F<sup>o</sup> 106.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_148">148</a>, l. 9 et 10: chastiaus.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: que on apelle la
-Rochepierot. F<sup>o</sup> 203.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_148">148</a>, l. 14: de Malain.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: et avoit en sa compaignie
-soixante compaignons. F<sup>o</sup> 203.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_148">148</a>, l. 15: chevalier.&mdash;<i>Ms. B. 6</i>: de Prouvenche.
-F<sup>o</sup> 203.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_148">148</a>, l. 18: Vennes.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 20 22</i>:
-Rennes. F<sup>o</sup> 91.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_372"> 372</a></span>
-P. <a href="#Page_148">148</a>, l. 25: Renaulz de Gingant.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11
-14, 18 22</i>: les prist un embuschement et les conquist tous
-par son sens et par sa prouesse, lui vingt cinquime de coureurs
-compaignons, et rescouy quinze marchans tout leur avoir qu'ilz
-avoient pris et les emmenoient tous Dignant et par devers leurs
-garnisons qui se tenoient Rocheperion. F<sup>o</sup> 91.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_149">149</a>, l. 2: grant joie.&mdash;<i>Ms. B. 6</i>: Sy demoura messire
-Pierre Portebuef castelain de Rocheperoit. F<sup>o</sup> 204.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_150">150</a>, l. 12: secours.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Le roy (d'Engleterre)
-qui ne veult pas oublier la contesse (de Montfort), y envoia mesire
-Gautier tout trois cens lanches et six cens archis. Mais il
-eurent sur mer trop grant fortune, par quoy il y furent plus de
-quarante jours. Cils secours vint trop grandement point la
-contesse, car ses gens estoient en vollent de eulx rendre aux
-Franchois, et en avoit port le traitiet messire Hervy de Lion, et
-se fussent rendus dedens trois jours. Ensy estoit yl acords quant
-mesire Gautie(r) de Maury vint et en sa compaignie mille combatans,
-entrer plaine voille ou havre de Hainbon. F<sup>o</sup> 204.</p>
-
-<p class="space"><b> 169.</b> P. <a href="#Page_150">150</a>, l. 23: Quant li chastellains.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:
-Quant li castelains de Ghinghant, messire Yves de Tigueri, messires
-Gallerans de Landreniaux, li doy frre de Quirich et li
-autre chevalier et compaignon perchurent che secours venir, il
-disent l'evesque qu'il pooit bien contremander son parlement;
-car point n'estoient conssilliet de faire chou qu'il leur enhortoit.
-Li evesques de ceste responsce fu durement courouchis
-et dist: Seigneur, dont se partira nostre compaignie, car vous
-demours dech par deviers madamme; et je m'en yrai par del
-deviers celui qui plus grant droit i a, ce me samble, qu'elle n'ait.
-Adonc se parti li evesques Guis, de Hainbon, et deffia le damme
-et tous ses aidans; et s'en alla renonchier au dit monseigneur
-Hervi et dist la besoingne, enssi comme elle alloit. Li dis messires
-Hervis fu durement courouchiz de ce qu'il avoit fallit son
-propos. Si fist tantost drechier le plus grant enghien qu'il avoit,
-au plus pris dou castiel qu'il pot; et coummanda que on ne cessast
-de getter par jour, ne par nuit, puis se parti de l. Si enmena
-son oncle le dit evesque de Lion par deviers monseigneur
-Loeis d'Espaigne, qui le rechupt bon gret et liement. Ossi fist
-messires Carlez de Blois, quant il fu l venus.</p>
-
-<p>La comtesse de Montfort fist lie chire appareillier salles, cambres
-<span class="pagenum"><a id="Page_373"> 373</a></span>
-et hostelz pour herbregier aisiement ces seigneurs d'Engleterre
-qui l venoient, et envoya contre yaux moult noblement.
-Quant il furent venut et descendut, elle meysmez vint contre
-yaux grant reverence. Et se elle lez festia et requeilla liement
-et grandement, ce ne fait point demander, car leur venue li
-estoit moult belle, pour tant que li chevalier de Bretaingne, qui
-avoecq lui se tenoient, se fuissent tournet d'autre part. Et ossi
-ewist fait la ville: il estoit j tout ordonnet, si ques je di que ce fu
-pour elle une belle aventure, et qui li vint bien point. La comtesse
-de Montfort, pour mieux festiier et plus aisiement les chevaliers
-d'Engleterre qui l estoient venut, monseigneur Ghautier
-de Mauni et les aultrez, les enmena ou castiel et leur delivra
-cambres et officines, tant que leur hostel en le ville furent tout
-bien ordounnet, et leur donna disner grandement et bellement.</p>
-
-<p>Or avint que moult tost apris disner, messires Gautier de
-Mauny dist que il avoit grant vollent d'aller veoir ce grant enghien,
-qui si pris estoit assis dou castiel; et demanda as chevaliers
-bretons qui l estoient aucuns couvenans de chiaux de l'ost,
-et il en respondirent ce qu'il en savoient. Adonc leur demanda
-messires Gautiers de Mauni se il le sieuroient, car il le volloit
-aller abattre; et il li dissent: Oil, vollentiers, et que on ne
-le devoit mies fallir ceste premierre envaie. Si s'armrent li
-chevalier et li escuier sans point d'arrest, messires Gautiers de
-Mauni, messire Franck de Halle, messires Gerars de Baudresen,
-li doy frre de Lindehalle, li Haze de Braibant, li sires Despensiers,
-messires Jehans li Boutilliers, messires Hues de Hastinghes,
-messires Jehans de Lille, li sirez de Ferrirez, messires Olivier
-de Cliffort, messire Thummas Kok, messires Pirez de Baucestre,
-messires Alains de Sirehonde et li chevalier et li escuier d'Engleterre.
-Et ossi fissent li chevalier de Bretaingne, messires Amauris
-de Clichon, messires Yeves de Tigueri, li castellains de Ginghant,
-li sirez de Landreniaus et tout li autre. Nuls ne demoura derire,
-fors que pour le ville garder et yaux attendre. Et fissent tant
-seullement aller avoecq yaux trois cens archers, puis yssirent
-hors ordonneement par le porte, et fissent passer devant les archers
-tout en trayant. Tant trayrent li archer qu'i(l) missent en
-voiez chiaux qui l'enghien gardoient. Et les gens d'armes qui venoient
-apris ces archers en ocissent aucuns, et vinrent jusquez
-che grant enghien, et copprent la flce et l'abatirent par terre,
-<span class="pagenum"><a id="Page_374"> 374</a></span>
-et puis le detaillirent tout par piches; puis coururent de randon
-jusquez as tentes et loges, et boutrent le feu dedens. Si y fissent
-ung grant escart, et turent pluiseurs de leurs ennemis, ainschois
-que li hos fuist estourmis; et puis se retraissent bellement arrire.
-Et leur sambla qu'il en avoient asss fait pour ce jour: si
-s'en revinrent deviers le ville.</p>
-
-<p>Quant li hos fu estourmis et chacuns armz et montz cheval,
-messires Loeys d'Espaigne, li viscomtez de Rohem, messires
-Hervis de Lion, li sirez de Biaumanoir, li sirez de Tournemine, li
-sirez d'Ansenis, li sirez de Rays, li sires de Rieus, li Gallois de
-le Baume (vinrent accourant) et chacuns qui mieux mieux apprs
-et en criant: Enssi n'en irs vous mie. Quant messires Gautiers
-de Mauni se vit si fort poursuiwis et encachis de ses ennemis,
-si en ot grant virgoingne et dist tout en hault: Jammais
-ne soie jou salluz de ma chire amie, se jammais rentre en forterche
-jusqu' donc que j'aray l'un de ces venans versset
-terre, ou j'y seray verssz. Adonc se retourna li chevaliers, le
-glaive ou poing, par deviers les ennemis. Ossi fissent li doy frre
-de Linedale, messires Francq de Halle, li Haze de Braibant, messires
-Yves de Tigueri, li sires de Landreniaus et pluiseurs autres,
-qui ne vorent mies fallir leur cappitainne. L eult ung trs dur
-encontre, car chacun de ces chevaliers franchois et englz de
-leurs glaivez assisent li ungs sur l'autre. Si en y eut des pluisseurs
-reverset par terre, de l'un costet et de l'autre. Apris les
-glaives falliez, il sachirent les espes et se combatirent vaillamment
-et radement, et en y eut pluisseurs mors et navrz. Touttez
-foix, chil de l'host estoient plus grant fuisson que chil de d'ens ne
-fuissent. Si retournrent li Englz sagement deviers le fortrche.
-Devant lez baillez y eut bonne escarmuche, mainte belle appertise
-d'armes faite, mainte prise et mainte rescousse. Si rentrrent
-chil de d'ens en leur fort petit de dammaige. Et li Franchois
-retournrent leurs logeis, tout courouchiet de leur enghien qui
-estoit abatus, et si ne le pooient amender. Ensi se porta ceste
-premierre besoingne. F<sup>o</sup> 68.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Qant li chevalier furent enfourm de ces nouvelles,
-il montrent amont et veirent tout clerement que c'estoit
-verit, et que bien avoit siis vint voilles en la compagnie. La
-gette dou chastiel d'amont conmena de la trompte mener
-noise et grant solas, et tant que chil de l'oost s'en perchurent. Li
-chevalier et li esquier, qui en treti estoient deviers les Franois,
-<span class="pagenum"><a id="Page_375"> 375</a></span>
-dissent l'evesque Gui de Lion: Sire, vous avs men les
-trettis et les paroles ceuls qui nous ont asegis. Confors nous
-vient d'Engleterre, et nous avons nos fois et nos sieremens enviers
-madame; se li tenrons. Regards quel cose vous vols faire, car
-il est heure que vous i renonchis, ou que vous i faites renoncier.
-Li evesques s'estoit si fort loiis par les paroles de son
-cousin, mesire Hervi de Lion, enviers les Franois que il ne
-pooit requler, ne ne voloit aussi; si dist: Signeur, je ne irai
-point parler euls sans vous, car ce que j'en ai fait, vous estes
-tous participant; et de vous viennent otant bien li tretti que il
-font de moi.&mdash;Mesire Gui, respondirent li chevalier, vous
-dites verit. Mais quoi que fait en a est, encores i poons nous
-bien renonchier. Et de chi endroit nous i renonons, et nous
-volons tenir dals madame qui tant de biens nous a fais et fera
-encores. Et sa querelle est grandement embellie, puis que li seqours
-d'Engleterre li sera venus.</p>
-
-<p>Qant li evesques de Lion les vei en celle volent, il ne dist pas
-tout ce que il pensoit, quoi que ce fust li plus grans de euls tous
-et li mieuls enlinagis; car il se doubtoit, puis que li secours
-d'Engleterre venoit la dame, que de fait elle ne le fesist detenir
-et metre en prison. Si parla au plus courtoisement conme il pot,
-tant que il fu hors de la ville. Et qant il fu venus as logeis des
-Franois et il ot parl mesire Lois d'Espagne et son cousin,
-et il se fu rendus, et il ot dit que il voloit estre de lor opinion, et
-que trop longement avoit est rebelles et maconsillis, et que plus
-ne le voloit estre, il prist un hiraut et l'endica et enfourma; et
-l'envoia dedens Hainbon parler la contesse de Montfort, et li
-renvoia son honmage, et le deffia de ce jour en avant. A l'eure
-que li hiraus vint, la contesse estoit avalle jus dou chastiel en la
-ville, pour ordonner les logeis de ces signeurs chevaliers d'Engleterre,
-qui j estoient entr ou havene de Hainbon. Si estoit si
-resjoie que elle ne fist compte des deffiances messire Gui, et dist
-que elle avoit gens asss sans li. Or retourna li hiraus en l'oost,
-qant il ot fait son mesage. Et la contesse et si chevalier demorrent,
-et furent tant sus le havene que les nefs prisent terre. Et
-issi hors tout premierement messires Amauris de Clion. La dame
-qui le connisoit, le ala enbrachier et baisier moult doucement, et
-li dist: Ha! Amauri, que vous avs tout demoret, et que je
-vous ai tout desir!&mdash;Madame, respondi li chevaliers, je ne
-l'ai peut amender. 'a est en partie par les fortunes de la mer,
-<span class="pagenum"><a id="Page_376"> 376</a></span>
-car nous deuissions chi avoir est, passet sont trois sepmainnes.
-Li rois d'Engleterre vous salue et vous envoie ce premier trois
-cens honmes d'armes et deus mille archiers.&mdash;Donc, dist la
-dame, il soient li bien venu, et nous en avons grant joie. Donc
-issirent li chevalier, messires Gautiers de Mauni tous premiers,
-qui pooit estre en l'eage de trente sis ans, biaus chevaliers et
-vremauls et douls et plaisans regarder, de tous menbres bien
-faonns. Messire Amauris de Clion li dist: Dame, vechi le
-capitainne, et est nonms ensi, et uns chevaliers o li rois d'Engleterre
-et li signeur de son consel ont grant fiance. Adonc se
-traist la dame mesire Gautier et l'enbraa moult doucement et
-le baisa, et puis apris tous les aultres. Et qant elle ot al tout
-autour et fait celle requelloite, elle les enmena amont ou chastiel,
-pour euls aisier et rafresqir, tant que lors gens fuissent tout issu
-et apparilliet lors besongnes; et fist casqun chevalier logier asss
-aisiement et restraindre ses honmes. Et dignrent tout li chevalier
-avoecques la dame.</p>
-
-<p>Messires Lois d'Espagne et li viscontes de Rohem et messires
-Hervis de Lion sceurent tantos que secours d'Engleterre estoit
-venus la contesse, car li evesques de Lion lor dist; et aussi fissent
-aultres honmes bretons, qui estoient al sus le havene et
-veu la navie entrer. Si en furent tout pensieu; nequedent il ne
-vorent pas brisier lor sige pour cela, mais fissent les enghiens
-cargier qui avoient sejourn trois jours, et jetter pires de faix en
-la ville, tant que li Englois, qui point n'avoient encores apris
-tels coses, en furent ensi que tout effre. Messires Gautiers de
-Mauni, qant ce vint apris disner, et ils et si compagnon furent
-rafresqi, il traist part mesire Ivon de Tigri et mesire Guillaume
-de Qadudal et le chastellain de Ghinghant; et lor demanda de
-l'estat de la ville et de la poissance de ceuls de l'oost, et se mesires
-Carles de Blois estoit en personne au sige. A toutes ces
-coses respondirent li chevalier, et dissent que messires Carles de
-Blois n'estoit point presens, mais tenoit son sige devant Auroi.
-Tant que de l'estat de la ville, estans l le sige qui moult les
-avoit constrains, elle estoit bien pourveue, car li vivre qui lor
-venoient par mer les confortoi(en)t grandement; et estoient l
-dedens bien cinq cens combatans. Donc, dist messires Gautiers de
-Mauni, je voel, j sus l'eure dou souper, aler veoir ce grant enghien.
-Faites apparillier vos gens, et je auerai tous prs les nostres,
-et nous meterons en painne de l'abatre et dou decoper, car
-<span class="pagenum"><a id="Page_377"> 377</a></span>
-il ne nous laisseroit dormir. Il demainne trop grant hustin, et se
-nous est trop proains. Li chevalier breton respondirent et dissent:
-Sire, vostre ordenance il sera fait. Sus cel estat, il
-s'ordonnrent et reposrent; et se rafresqirent les Englois un
-petit, car il avoient est travilliet de la mer.</p>
-
-<p>Qant ce vint sus l'eure de vespres, Breton et Englois s'armrent
-et furent environ cinq cens, et otant ou plus d'archiers. Et
-fissent ouvrir la porte qui estoit la plus proainne de cel grant
-enghien et avaler le pont; et puis issirent tout souef desous le
-pennon messire Gautier de Mauni, et fissent passer tous lors
-archiers devant. Et s'en vinrent tous le pas jusques l'enghien;
-et l avoit environ cent armeures de fier et cent arbalestriers
-geneuois qui le gardoient.</p>
-
-<p>Qant il veirent ces gens d'armes et ces archiers venir, tous
-ordonns et apparillis pour combatre, il furent tout esbahi, et
-tournrent en fuies deviers l'oost. Droit la flce de ce grant
-enghien s'arestrent les Englois et les Bretons; et avoient amen
-ouvriers et carpentiers, qui tantos entendirent decoper cel enghien,
-et le missent tout par pices terre. Les nouvelles vinrent
-en l'oost par les fuians qui n'avoient os demorer dals lor enghien,
-car il n'estoient pas fort asss pour resister as gens la
-contesse, que li grans enghiens estoit conquis, abatus et deffaonns.
-Donc fissent li signeur sonner les tronptes, et armer
-toutes gens et traire sus les camps, et casqun desous la banire
-de son signeur. Se ne fu pas sitos fait, mais fu tantos tart. Et
-entrues que il s'ordonnoient en l'oost et mettoient ensamble, messires
-Gautiers de Mauni et ses gens passrent encores plus avant
-autour de la ville, et abatirent deus enghiens, et missent tous en
-pices li carpentier qui l estoient. La contesse de Montfort estoit
-en son chastiel et veoit tout cel esbatement; si en avoit grant
-joie. Adonc se missent au retour les Englois et les Bretons et les
-archiers sus costire. Et les Franois, qui estoient ordonn en
-une belle bataille o plus avoit de deus mille honmes sans les
-Geneuois, les poursievirent jusques as barrires; mais point n'i
-eut d'escarmuce, car la vespre vint. Si rentrrent en Hainbon li
-Englois et li Breton, sans nul damage. La contesse de Montfort
-lor vint au devant et les remerchia grandement de lor emprise,
-et de ce que il l'avoient apaisie de ces enghiens. F<sup>os</sup> 81 v<sup>o</sup> et 82.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_151">151</a>, l. 24: herbergier.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 33</i>: et en
-la ville leur aise. F<sup>o</sup> 92.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_378"> 378</a></span>
-P. <a href="#Page_152">152</a>, l. 10: compagnon.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: et estoient bien cinq
-cens cheval. F<sup>o</sup> 206.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_152">152</a>, l. 13: trois cens.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: cinq cens. F<sup>o</sup> 206.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_152">152</a>, l. 14 et 15: ceulz qui gardoient.&mdash;<i>Ms. B 6</i>:
-soixante compaignons qui le gardoient. F<sup>o</sup> 206.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_153">153</a>, l. 17: estal.&mdash;<i>Mss. A 20 22</i>: Et l rendirent
-estal les chevaliers tous venans jusques tant, etc. F<sup>o</sup> 138 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 170.</b> P. <a href="#Page_154">154</a>, l. 1: A l'endemain.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: A
-l'endemain, messires Loeys d'Espaigne apella le viscomte de
-Rohem, l'evesque de Lion, monseigneur Hervi de Lion, le seigneur
-de Tournemine, le seigneur de Biaumanoir, le seigneur de
-Loriach, le seigneur de Rais, monseigneur le Gallois de le Baume,
-le mestre dez Geneuois et tous lez seigneurs de son host pour
-avoir consseil qu'il feroient, car il veoient la ville de Hainbon si
-forte et maintenant pourveue et rafrescie de bon secours qui venus
-leur estoit, et que il perdoient l leur tamps; car il ne veoient
-tour, mannierre, ne enghien par quoy il y pewissent pourfiter,
-ne le ville prendre. Si orent consseil et accord tout li ung par
-l'autre qu'il se deslogeroient l'endemain, et se retrairoient par
-deviers lez autrez qui seoient devant castiel d'Auroy. Tout enssi
-qu'il ordonnrent, il fissent et se deslogirent l'endemain au
-point dou jour, et tourssrent tentez et trz et touttez mannirez
-de harnois; et s'en revinrent deviers castiel d'Auroy, l o
-messires Charlez de Blois, li dus de Bourbon et moult grant fuison
-des seigneurs de Franche se tenoient. Si leur compta messires
-Loeis pourquoy il estoit partis et quelz confors estoit creus la
-comtesse, et coumment Hainbon n'estoit mies une forterche
-prendre si de legier encorres, quant elle estoit pourveue et garnie
-de telx gens d'armes. Li seigneur de Franche li dissent bien
-qu'il disoit voir: Ms pour le temps emploiier, messires Loeys,
-nous vous disons que vous voeilliz aller devant Dinant, qui n'est
-pas si forte que Hainbon, et y mens toutte vostre host, et nous
-nos tenronz droit chy nostre sige. Che respondi messire
-Loeys: Vollentiers. Enssi demoura li fors de Hainbon en pais
-une grant pice, et messires Loeys d'Espaigne fist aroutter son
-host au ls deviers le ville de Dinant en Bretaingne.</p>
-
-<p>Entre castiel d'Auroy et le ville de Dinant, siet ungs petits
-castiaux que on appelle Concquest; et se tenoit adonc de par la
-comtesse de Montfort. Et en estoit cappittainne uns trs bons chevaliers
-<span class="pagenum"><a id="Page_379"> 379</a></span>
-de Lombardie, que on clammoit messire Garsion; et avoit
-avoecq lui grant fuison de Lombars et de Geneuois. Quant messires
-Loeys eut veu et conssideret le forterce, si dist que il se
-volloit assaiier au prendre. Si fist touttez ses gens arouter par
-devant et approchier et fortement assaillir, et chil de dedens
-yaux deffendre. Et dura chilz assaux jusques le nuit. Si se loga
-li os l endroit; et dist bien messires Loeis qu'il ne s'en partiroit
-mies ensi. Quant ce vint l'endemain, il le fist de rechief assaillir
-durement et asprement, et avoecq lui Geneuois et Espagnolx qui
-trop bien s'i esprouvoient. Si approchirent li assallant si pris
-dou mur, que, par force d'assault et par ouniement traire et lanchier
- chiaux d'amont, il y fissent ung grant trau, car li fosss
-n'estoient mies moult parfont. Si entrrent ens par force et ocirent
-tous chiaux dou castiel, except monsigneur Garsion qu'i(l)
-prist merchis, et cinq ou six gentils hommez. Apris che, messires
-Loeys fist restouper le trau dou mur, et y mist ung bon
-castelain et soixante hommes d'armes pour garder le castiel, et le
-fist remparer de tous poins, puis s'en parti, et toutte sen host, et
-s'arouta vers Dinant.</p>
-
-<p>Les nouvellez estoient j venues en Hainbon le comtesse de
-Montfort et monseigneur Ghautier de Mauny, que messires Loeys
-d'Espaigne estoit arestz devant Concquest et l'avoit assegiet. Si
-dist la comtesse as chevaliers et as compaignons que ce seroit
-grans honneurs de lever che sige et de l combattre lez Franchois,
-et leur seroit record grant proce. Messires Gautiers de
-Mauny, qui moult envis sejournoit tant que il se sewist o emploiier,
-fist armer tous chevaliers et escuiers et archers ossi, et se
-parti de Hainbon et se mist au chemin deviers Concquest; et vinrent
-l environ heure de nonne, et trouvrent qu'il avoit estet
-concquis par force le jour devant, et chiaux de dedens tous mis
- mort. Si furent durement courouchiet de ceste aventure, pour
-tant qu'il n'avoient trouvet monsigneur Loeys et se routte. Se
-dist messires Gautiers qu'il ne se partiroit de l, si aroit le castiel
-reconcquis. Si se appareillirent li compaignon pour assaillir
-le castiel; et entrrent ens s fosss o il n'avoit point d'aighe,
-et montrent tout targiet contremont. Quant li Espagnol qui dedens
-estoient, lez virent venir en tel mannierre, il se misent de
-grant volent au deffendre; ms li archer engls traioient si ouniement,
-que nus n'osoit aprochier as murs pour jetter pires.
-Et trouvrent chil de dehors le trau par o li dis castiaux avoit
-<span class="pagenum"><a id="Page_380"> 380</a></span>
-estet pris, qui asss foiblement avoit estet rempars. Si boutrent
-oultre pires et terre qui l estoit, et entrrent en le fortrche par
-ce lieu meysmes. Et furent tout li saudoiier qui dedens estoient,
-ochis, horsmis le cappitainne, et ne say dix ou douze, que li
-chevalier prissent merchy; puis s'en partirent et laissirent le
-castiel tout vuit, car il n'estoit mies tenables, et retournrent
-arrire en Hainbon et n'eurent mies consseil adonc de chevauchier
-plus avant. F<sup>os</sup> 68 v<sup>o</sup> et 69.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Qant ce vint l'endemain, messires Lois d'Espagne
-appella le visconte de Rohan, l'evesque de Lion, mesire
-Hervi de Lion et le mestre des Geneuois, pour avoir consel et
-avis conment il se deduiroient, car il veoient la ville de Hainbon
-trs forte et rafresquie de bonnes gens d'armes et d'archiers, par
-lesquels de nuit il pooient estre fort travilliet, et recevoir plus
-de blame et de damage que de pourfit. Tout consideret, consilliet
-fu que il se deslogeroient et se retrairoient deviers mesire Carle
-de Blois et les aultres barons de France, et metteroient les deux
-hoos en une. Si se deslogirent et requellirent tentes et trefs, et
-misent tout voiture, et boutrent le feu en lors fuellies.</p>
-
-<p>Qant chil de la garnison de Hainbon veirent ce couvenant, si
-dissent entre euls: Nostre ennemi s'en vont; il se deslogent.
-L i ot auquns compagnons aventureus qui sallirent dehors pour
-gaegnier, mais il furent rebout et remis en la forterce lor
-damage. Et en i ot des mors et des pris, car au deslogement il
-s'ordonnrent tout et missent en une belle bataille, et onques ne
-se desroutrent; et atendirent tout l'un l'autre et lor charroi et
-lors pourveances, et vinrent ensi, bannires desploiies, devant
-Auroi.</p>
-
-<p>Qant messires Carles de Blois et les signeurs les veirent venus,
-si s'esmervillirent pourquoi il avoient brisi lor sige. Messire
-Lois d'Espagne lor recorda conment grans secours estoit venus
-la contesse d'Engleterre: et ont chapitainne un chevalier de
-Hainnau moult vaillant honme, ce que il moustre, et a j conmenchi,
-car le jour meismes que il ariva Hainbon, ils et une
-partie des siens issirent hors de la forterce, entrues que nous
-estions au souper, et vinrent abatre et decoper nos enghiens. Je
-tieng ce fait grant apertise d'armes, et est li chevalier nonms
-messires Gautiers de Mauni.&mdash;En non Dieu, respondi messires
-Carles de Blois, c'est uns vaillans homs; j'en ai bien o parler.
-Ensi se renforce nostre gerre. Adonc laissirent ils parler
-<span class="pagenum"><a id="Page_381"> 381</a></span>
-de ce et parlrent de l'evesque Gui de Lion, liquels avoit laissiet
-la contesse de Montfort, et estoit venus servir mesire Carle et soi
-rendre lui. Messires Carles de Blois fu tous resjois de sa venue
-et rechut l'evesque honme, et demora depuis tous jours dals
-messire Carle de Blois.</p>
-
-<p>Or fu ordonn, en ce jour meismes que mesires Lois d'Espagne
-fu l venus, que ils et tous ceuls que amen il avoit, en
-iroient met(t)re le sige devant la ville de Dignant, et se meteroient
-en painne de le prendre. Si ne reposrent en l'oost que une nuit.
-A l'endemain, il se missent tout sus les camps, reserv l'evesque
-Gui de Lion, qui demora avoecques messire Carle de Blois. Et
-estoient bien deus mill cinq cens armeures de fier et trois cens
-arbalestriers geneuois. Ensi que li dis messire Lois d'Espagne et
-ses gens ceminoient deviers Dignant, il trouvrent sus lor cemin
-un chastiel qui se tenoit de la contesse, que on nonmoit Conquest.
-Et en estoit gardiiens et chastellains uns chevaliers de Lombardie
-que on nonmoit messire Mansion, et avoit pluisseurs saudoiiers
-avoecques lui. Si se traissent messires Lois et toutes ces gens devant
-ledit chastiel, et le assallirent fortement, et i livrrent li arbalestrier
-geneuois trs grant assaut. Li compagnon qui dedens
-estoient se deffendirent moult bien, et tant que ce premier jour
-li Franois i conquestrent moult petit, et se logirent l pour
-celle nuit.</p>
-
-<p>A l'endemain, il retournrent tout l'asaut et quissent voie et
-enghien par quoi il l'adamagirent; car l'endroit o li arbalestrier
-traioient et ensonnioient ceuls dou fort, il rompirent le mur
-et i fissent un grant petruis, et entrrent dedens force, car il
-estoient grant gent. Qant li compagnon se veirent en ce parti, il
-se vodrent rendre, salve lors vies, mais nuls n'i volt entendre.
-Avant furent il pris par force et tout mort sans merchi, reserv
-le chevalier. A cesti on sauva la vie, et demora prisonniers. Qant
-il orent ensi conquis le chastiel de Conquest, il s'avisrent que il
-le tenroient, et i establirent un autre chastellain bon et segur, et
-soissante compagnons avoecques lui, liquel prissent le chastiel en
-garde sus lor peril et le remparrent, pour ce que il avoit est
-desempars l'asallir. Et puis passrent oultre, et s'en vinrent
-mettre le sige devant la ville de Dignant, de laquelle messires
-Renauls, fils au chastellain de Ghinghant, estoit chapitainne. Nouvelles
-vinrent ens ou chastiel de Hainbon que messires Lois d'Espagne
-estoit arests devant le chastiel de Conquest. Si ot (messire
-<span class="pagenum"><a id="Page_382"> 382</a></span>
-Gautiers de Mauni) trs grant desir de traire celle part, et le
-dist messire Ivon de Tigri et as aultres: Il nous fault cevauchier
-deviers Conquest, et conforter ceuls qui sont dedens. Se
-nous poions ruer jus messire Lois d'Espagne, nous ferions un
-bon esploit. A ceste parole s'acordrent tout li compagnon, et
-furent tantos apparilliet, et lors chevaus refiers ceuls as quels
-il besongnoit. Chils jours passa. Qant ce vint l'endemain, les
-tronptes des chevaliers sonnrent. Lors s'armrent li compagnon
-et montrent as chevaus. Et se departirent de Hainbon environ
-cinq cens armeures de fier et cinq cens archiers, et chevauchirent
-viers le chastiel de Conquest, et ne savoient pas que il fust ens
-ou parti o il estoit; mais furent moult courouchi qant il trouvrent
-que li Franois l'avoient conquis et rafresqi de nouvelles
-gens. Toutes fois, il l'avisrent et dissent entre euls que il estoit
-bien prendables. Si s'arestrent l tout autour et envoiirent
-Hainbon apris lors pourveances. Si furent misses voiture pour
-amener devant Conquest. Trois jours furent li Engls et li Breton
-devant le castiel de Conquest, et tous les jours i livrrent il assaut
-grant et fier et mervilleus. Il i avoit dedens Espagnols qui
-trop vassaument se deffendoient et faisoient grans apertisses d'armes,
-et tant que il en blechirent pluisseurs des assallans. Au
-daarain assaut qui fais i fu, il se pourveirent de cloies renforchies
-que li archier faisoient porter devant euls pour get des
-pires qui venoient d'amont. Et qant il furent cargiet, il aprochirent
-dou plus pris les murs qu'il peurent, et puis s'efforchirent
-au traire de celle ordenance contre mont que nuls ne
-s'osoit moustrer as deffenses, se il ne voloit estre enfills de
-une flce tout parmi la teste ou le brac ou le corps. Et entrues
-que les archiers ensonniirent ensi ceuls d'amont, il i avoit Bretons
-qui entendoient petruissier le mur, et trouvrent le petruis
-refait par o les Franois avoient entr dedens. Si le repetruissirent
-et le desemparrent force de pils et de hauiauls, et par
-l meismes entrrent il ou chastiel. Et fu ensi pris et conquis, et
-tout li Espagnols qui dedens estoient, mort, reservet le chapitainne,
-liquels se nonmoit Pires Ferrans de Tudesque, et auquns
-gentils honmes de son pais et de sa delivrance, pour lesquels il
-demora, se raenon les couvenoit paiier. Et desemparrent les
-Engls le chastiel de Conquest, et dissent que point il ne faisoit
-tenir ne garder, et s'en retournrent arrire Hainbon, et enmenrent
-lors prisonniers. F<sup>os</sup> 82 v<sup>o</sup> et 83.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_383"> 383</a></span>
-P. <a href="#Page_154">154</a>, l. 26: messires Loeis.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: messire Gui de
-Lion, messire Hervy de Lion, le vis conte de Rohem, le sire de
-Clichon, le sire de Malatrait et pluiseurs barons de l'ost. F<sup>o</sup> 208.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_155">155</a>, l. 3: Lombardie.&mdash;<i>Mss. A 22 33</i>: Normandie.
-F<sup>o</sup> 108 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 171.</b> P. <a href="#Page_156">156</a>, l. 25: Or revenrai.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Or
-vous parlerons de monseigneur Loeys d'Espaigne qui fist logier
-son host tout autour de le ville de Dinant, et fist tantost faire
-petis batiaux et nacellez pour assaillir le ville de touttes pars,
-par yauwe et par terre. Si estoit dedens comme souverains et
-cappitainne messires Renaux de Ghinghant, filz au castellain de
-Ginghant, trs bon chevalier de son eage, qui reconfortoit et
-consilloit chiaux de dedens le ville, qui durement estoient effraet
-de chou qu'il veoient faire chiaux de l'ost si grant appareil;
-car leur ville n'estoit mies forte, ne fremme fors que de palis.
-Et eurent consseil entr'iaux que il se renderoient ainschois que
-plus grant meschief leur avenist; ms, ceste fois, messires Renaulx
-brisa leur vollent, et ne se rendirent mies si trs tost.
-Messires Loeis d'Espaigne ymagina bien le fortrce de le ville, et
-vit bien que elle estoit prendable. Si se loga environ bien et
-souffisamment, et dist qu'il ne s'en partiroit si l'aroit sa vollent;
-et fist appertement appareillier instrummens pour assaillir,
-et fu assaillie durement et fierement. Et chil de dedens se deffendirent
-vassaumment, car messire Renaux de Gingant y rendoit
-grant painne. En tel estat se tinrent quatre jours point de dammaige.
-Au quatrime jour, messires Loeys et li sien assaillirent le
-ville si vighereusement par nacelles et par batiaux qu'il avoient
-fait armer et breteskier, qu'il aprochoient les palis; et j en avoient
-romput ung grant pan, dont chil de le ville estoient moult effraet,
-et se doutrent de tout perdre, corps et chevanche. Si traitirent
- monseigneur Loeis ung respit tant seullement que il pewissent
-avoir parlet enssamble. A che respit donner, s'acorda li dessus
-dis moult envis; car il veoit chiaux de Dinant en ung dur et
-perilleus parti. Touttesfois il leur acorda parmy tant que, le parlement
-estant, il ne se devoient noient fortefiier, et il li eurent
-en couvent. Dont se retraissent touttes mannires de gens sus le
-marchiet, et sonnrent leur cloce et parlementrent l longement
-enssamble. Et estoit li communs acors que de yaux rendre messire
-Loeis d'Espaigne, salve lors corps et lors biens, ou nom de
-<span class="pagenum"><a id="Page_384"> 384</a></span>
-monseigneur Charlon de Blois; ms cest accord ne s'asentoit
-nullement messires Renaux, leur cappittainne, et disoit que il
-garderoit et deffenderoit bien ce pas perilleus contre tous venans
-jusques au soir, et de nuit il le fortefieroit tellement que depuis
-il ne feroit point prendre. Ses parolles ne peurent y estre oyes
-ne creuwes, et ne voloient nullement atendre ce peril et sa deffensce.
-Et tant parlrent enssamble que ars sourmonta chiaux de
-le ville, et dissent que il valloit mis que li chevaliers fust ocis,
-qui contraires estoit yaux, que tant de bonnes gens fuissent
-mort ne peri. Si fu l en le place, par le fait de le communaut,
-ocis li bons chevaliers messires Renaus de Ghinghant, filz au castellain
-de Ghingant; et fu rendue la ville de Dinant par le tretiet
-dessus noummet, sauve lors corps et lors biens. Ensi y entra
-messires Loeys d'Espaigne, et prist la feault des bourgois et le
-sierement, et s'i tint par deux jours pour remparer le ville de
-tout ce qu'il besongnoit. Et quant il s'en parti, il y laissa chappitainne
-monseigneur Pire Portebuef et Gerart de Malain, escuier,
-lesque(l)s il avoit trouvs layens prisonnierz, car il avoient
-estet pris dou dit messire Renaut de Ghinghant par embusce faite,
-enssi comme vous avs oy chi dessus.</p>
-
-<p>Quant messires Loeis d'Espaingne se fu partis de le ville de
-Dinant, il se traist avoecq se routte par deviers une mout grosse
-ville seans sour le flun de le mer, que on claimme Garlande; et
-l'assega par terre et trouva asss pris grant fuison de vaissiaus
-et naves plainnes de vins, que marchans avoient l amens de
-Poitau pour vendre. Si eurent tant li marchans vendu lors vins,
-et furent mal paiiet, che puet on bien croire. Et fist li dis messires
-Loeis prendre toutes ces naves et ces vaissiaux, et fist ens
-monter gens d'armes et partie des Espaignols et des Geneuois.
-Puis fist l'endemain assaillir le ville par terre et par mer, qui ne
-se pot longement deffendre; ains fu asss tost gaegnie par force
-et tantost toutte robe, et tout mis l'espe sans point de merchy,
-hommez et femmes et enfans, et cinq eglises arsez et violles,
-dont messires Loeys fu durement courouchis. Si fist tantost
-pendre vingt quatre de chiaux qui ce avoient fait. L eut
-gaegniet trs grant tresor, si que chacuns en eult tant qu'il en
-vot ou pot porter, car la ville estoit durement grande, riche et
-marchande.</p>
-
-<p>Quant ceste grosse ville qui Garlande estoit appelle, fu enssi
-gaegnie, robe et essillie, il ne seurent o aller plus avant pour
-<span class="pagenum"><a id="Page_385"> 385</a></span>
-gaegnier. Si se mist li dis messires Loeys en ces vaissiaux qu'il
-avoit trouvs en mer, en le compaignie de monseigneur Othon
-Doriie et de Toudous, et de aucuns des Geneuois et Espagnolz,
-pour aller aucune part et pour aventurer seloncq le marine. Et
-li viscoens de Rohem, li evesques de Lion, messires Hervis, ses
-nis, et pluiseurs autres chevaliers et escuiers retournrent en
-l'ost monseigneur Carlon de Blois, qui encorres seoit devant
-castiel d'Auroy. Et trouvrent grant fuison de signeurs et de
-chevaliers de Franche qui nouvellement estoient l venus, telz
-que messires Loeys de Poitiers, comtez de Vallenche, li comtez
-d'Auchoire, li comtez de Joni, li comtez de Porsiien, li sires de
-Biaugeu, li sirez de Castelvillain, li sirez de Noiiers, li sirez
-d'Englure, li sirez de Castellon, li sirez d'Aufemont, messires Moriaux
-de Fiennes, li sirez de Roye, li sirez d'Aubegni, et pluisseurs
-autres que li roys de Franche y avoit envoiiz pour remforchier
-l'ost et l'arme de monsigneur Charlon de Blois, sen
-nepveult, car bien avoit oy dire que messires Gautiers de Mauni
- tout grant carge de gens d'armes estoit arivet en Bretaingne.
-Et encorrez n'estoit point li dis castiaux gaegnis, ms chil de
-dedens estoient si pris menet et si constraint, qu'il avoient mengiet
-par huit jours tous leurs cevaus; et ne lez voloit on prendre
- merchy, s'il ne se rendoient simplement. Quant il veirent que
-morir lez couvenoit, il yssirent hors couvertement par nuit; et
-se missent en le vollent de Dieu, et passrent tout parmy l'ost
- l'un des costz. Aucun en furent perchus et tus. Et messires
-Henris de Pennefort et Oliviers, ses frrez, et aucun autre se
-sauvrent et escapprent par un bosket qui l estoit, et s'en allrent
-droit Hainbon o il furent bien recheuv.</p>
-
-<p>Enssi reconquist messires Carlez de Blois le fort castiel que on
-claimme chastiel d'Auroy, o il avoit sis le tierme de dix sepmainnes.
-Si le fist refaire et rapareillier et bien garnir de gens
-d'armes et de touttez pourveances; et puis se parti et s'en alla
-tout son host asigier la chit de Vennes, dont messire Joffroy
-de Malatrait estoit cappittainne, et se loga tout autour en bon
-aroy et grant couvenant. Le second jour apris che que messires
-Carles de Blois eult assegiet le ville et le cit de Vennes, partirent
-aucun Braiton et aultre compaignon saudoiier qui gisoient
-ou fort de Plaremiel de par le comtesse de Montfort, et vinrent
-sus ung ajournement resvillier l'ost. Ceste nuit avoient fait le gait
-doi chevalier de Pikardie, li sirez de Castellon et li sirez d'Aubegny,
-<span class="pagenum"><a id="Page_386"> 386</a></span>
-et estoient encorrez leur garde; si saillirent moult tost
-avant, qu'il sentirent l'ost estourmir. Et furent chil de Plaremiel
-enclos et villainnement reboutet et mis cache. Et s'estourmy
-tellement li hos que tout s'armrent communaument; et apris ce
-qu'il eurent cachi les compaignons de Plaremiel et lez pluisseurs
-ochis et remis en leur fort, il revinrent de grant couraige, pour
-paremploiier le jour et leurs armeurez, assaillir Vennes; et l eut
-assaut grant et fier et mervilleux. Et y souffrirent chil de Montfort
-grant paine et grant traveil, car chil de le partie monseigneur
-Carle de Blois estoient grant fuisson et toutte bonne gent. Si se
-portrent si bien que il conquisent le bourcq desous le cit et le
-fort jusques as baillez; et y eut pluisseurs bourjois et riches hommes
-de le ville pris, mors et navrs au rentrer dedens. Et l fu
-messire Joffrois de Malatrait trs bons chevaliers et y fist maintes
-belles appertises d'armes; ms finaublement li Franchois assailloient
-de si grant vollent et de si bon couvenant, que chil de
-Vennes se doubtrent dou tout perdre. Si requissent monseigneur
-Carlon de Blois un respit ce jour seullement, l en dedens
-(aroient) avis et consseil pour yaux rendre. Messires Carlez leur
-accorda asss envis, ms li aucun baron de France li fissent
-faire par ensi que il valloit mieux que il ewist la cit sienne par
-amours que par haynne. Ensi parlementrent tout le jour chil de
-Vennes li ung l'autre et puis chiaux de hors pour yaux rendre,
-salve leurs corps et leurs biens. Et quant messire Joffroi de Malatrait
-vit que il ne leur porroit brisier ne oster le oppinion, il se
-parti desconneus de Vennes, et s'embla et demucha, et s'en revint
-vers Hainbon. Et recorda la contesse et chiaux qui l
-estoient, coumment la besoingne alloit, liquel furent moult liet de
-la venue au chevalier et moult courouchiet de la prise de Vennez;
-ms amender ne le peurent tant c' present. Or lairons ung
-petit parler de cheux et de monseigneur Carlon de Blois qui estoit
-j partis de Vennez, car la cit s'estoit rendue lui, et l'en
-avoient fait li bourgois feault et sierement. Et y avoit laiiet
-cappittainnez monsigneur Hervi de Lion et monsigneur Olivier de
-Clichon, et s'estoit trais toutte sen host devant la cit de Craais,
-et l'avoit assigie de tous costz. Si parlerons de monseigneur
-Loeis d'Espaigne et de se compagnie. F<sup>os</sup> 69 v<sup>o</sup> et 70.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Or voel je parler de messire Lois d'Espagne,
-qui fist logier son hoost tout autour de la ville de Dignant en Bretagne,
-et fist tantos pourveir petis batiaus et nacelles, pour assallir
-<span class="pagenum"><a id="Page_387"> 387</a></span>
-la ville de toutes pars par terre et par iaue. Qant li bourgois
-de la ville veirent ce, si se doubtrent; et j amoient il plus
-asss les Franois et la partie mesire Carle de Blois que la contesse
-de Montfort. Si tretiirent deviers messire Lois d'Espagne
-euls rendre, salve lors biens et lors corps. Messires Lois entendi
-volentiers ces tretis. Messires Renauls de Ghinghant, lor chapitainne,
-entendi que il tretioient pour euls rendre. Si en fu durement
-courouchis et manea les plus grans mestres de la ville
- faire coper les testes, et les appella fauls, mauvais et traittes,
-dont il furent moult courouchiet, et se doubtrent de lui que de
-fait il ne vosist essequter, ensi que il le disoit. Paroles se moutepliirent
-entre messire Renault et euls, et tant que de fait et en
-mesle il l'ocirent; et puis mandrent mesire Lois d'Espagne
-que il venist, on li ouveroit les portes. Messires Lois fu moult resjois
-de ces nouvelles, et entra dedens Dignant grant compagnie.
-Et ce jour i estoient la fenme et les enfans, deus filles et deus
-jones fils, au chastellain de Ghinghant. Auqun Breton et Franois
-li disoient que il les retenist prisonniers, mais il n'en volt riens
-faire. Avant lor fist grasce, et les delivra euls et le leur, et les
-fist mettre hors de la ville et convoiier jusques Hainbon, dont
-on tint che fait grant courtoisie. Messires Lois d'Espagne prist
-la posession de Dignant de par mesire Carle de Blois, et i ordonna
-chapitainne et gens d'armes pour le deffendre et garder,
-et s'i tint quatre jours. Et fu delivrs Gerars de Malain et tout li
-compagnon, les quels messires Renauls de Ghinghant avoit pris,
-ensi comme il est ichi desus dit; et fist meismes chapitainne de
-Dignant Gerart de Malain et mesire Pire Portebuef avoecques lui.</p>
-
-<p>Puis s'en ala li dis messires Lois d'Espagne toute son hoost
-deviers une grose ville seant sus la mer, que on clainme Garlande,
-et le assega par terre; et n'estoit pas adonc trop fort freme,
-et est uns havenes de mer, uns des bien hants de toute
-Bretagne, et ville durement. Si trouvrent li Franois ou havene
-de Garlande auquns vassiaus, ens s quels il i avoit des vins de
-Poito et de Saintongle et de la Rocelle, et gisoient l l'ancre
-pour estre vendu; mais il furent pris et lev, et en traist on
-hors des vassiaus biaucop. Et furent cargiet sus chars et envoiiet
-en l'oost devant Auroi, et en retinrent une partie pour euls pour
-lors pourveances.</p>
-
-<p>La ville de la Garlande fu assallie et conquise par force, car
-il n'i avoit que les honmes de la ville, et si est une ville de grant
-<span class="pagenum"><a id="Page_388"> 388</a></span>
-garde; si fu viole et courue et toute robe, et i trouvrent grant
-avoir. Et i ot cinq eglises arses, dont Lois d'Espagne, qui estoit
-conduisires de l'oost, fu durement courouchis, et fist pendre
-ceuls qui le feu i avoient bout. L orent li Franois grant conquest,
-car la ville estoit durement riches, et pris des bons marceans
-pour euls ranonner.</p>
-
-<p>L ordonna mesires Lois d'Espagne retourner en l'oost le
-visconte de Rohem et grant fuisson des aultres, et ne retint non
-plus que de deus cens compagnons geneuois et espagnols; et dist
-que il se meteroit sus la marine, ensi que ses corages li aporta:
-dont il fist une grant folie, et l'en deubt estre pris malvenu, ensi
-que je vous racorderai asss briefment.</p>
-
-<p>Qant li viscontes de Rohem et li autre chevalier de France et
-de Bretagne furent retourn devant Auroi, il recordrent messire
-Carle de Blois tout le voiage que il avoient fait, la prise de
-Dignant et de la ville de Garlande o il avoient bien trouvet
-pillier, et conment messires Lois d'Espagne en estoit alls sus la
-marine en la compagnie de Othon Doriie et de Toudal, grans esqumeurs
-de mer, et n'enmenoient fors que Geneuois et Espagnols.
-De toutes ces coses se contenta grandement messires Carles
-de Blois. A l'eure que li viscontes de Rohen fu l venus
-devant Auroi, vinrent aussi grans gens de France que li rois Phelippes
-i envoioit, car il estoit enfourms que grans confors de gens
-d'armes et d'archiers estoit venus la contesse desus dite et issu
-hors d'Engleterre. Se ne voloit pas que ses cousins fust si despourveus
-que il ne peuist tenir les camps l'encontre de ses ennemis,
-puis que il li avoit couvenanc de aidier.</p>
-
-<p>Qant messires Lois d'Espagne fu monts en la navie Garlande,
-en la compagnie de Toudou et de mesire Othe Doriie, mestre
-des Geneuois, et pooient estre quatre cens hommes en tout,
-il sievirent la bende de la mer, et prissent terre asss pris de
-Camperl. Si fissent par lors sievans ardoir tout le plat pais; et
-tout ce que il trouvoient de bon, il estoit port en la navie. Si
-conquissent moult grant avoir sus ce voiage, voires se il lor fu
-demor, mais nennil. Car nouvelles vinrent mesire Gautier de
-Mauni et as chevaliers, qui dedens Hainbon se tenoient, que messires
-Lois d'Espagne estoit als en Garlande, et l'avoit ars et tout
-le pais de l environ, et avoit renvoiiet une partie de ses gens,
-et ne pooient estre en sa compagnie non plus de quatre cens honmes.
-Evous ces chevaliers et gens d'armes de Hainbon resvillis;
-<span class="pagenum"><a id="Page_389"> 389</a></span>
-si s'armrent et apparillirent tantos, et entrrent dedens nefs et
-barges et balengiers environ quatre cens honmes d'armes et mille
-archiers. Et se departirent dou havene et singlrent en mer, costians
-les terres pour venir Garlande, et avoient le vent et la
-mare pour euls, et vinrent Garlande. Si trouvrent encores
-que les maisons et les eglises fumoient dou feu que li Franois i
-avoient fait, et les povres gens dou pais qui lor vinrent au devant
-en criant et en braiant et en disant: Ha! chier signeur, li
-larron nous ont ars et pris et desrob le nostre, et s'en vont selonch
-la marine.</p>
-
-<p>Qant messires Gautiers de Mauni et ses gens entendirent ces
-nouvelles, sans point issir de lors vassiaus, il se missent au chemin
-et en la route pour euls trouver; et veoient, de lors nefs et
-balengiers o il ceminoient sus la marine, les fumires que il faisoient
-sus le plat pais. Et tant alrent que il arivrent asss pris
-de Camperl, ou havene meismes o la navie estoit toute cargie
-de ce que li Franois avoient trouv sus le pais, et par especial
-en Garlande o il orent trop grant avoir. Sitos que il furent
-venu ou havene de Camperl, ces nefs furent conquises, et tout
-mort ou jet bort cheuls qui les gardoient; et entendirent par
-les gens dou pais qui estoient tout effra, que li Franois couroient,
-et avoient li pluisseur trouv des chevaus et roboient le
-pais.</p>
-
-<p>Adonc messires Gautiers de Mauni et tout chil qui en sa route
-estoient, gens d'armes et archiers, se missent tout terre et se
-ordonnrent en trois batailles, et fissent les deus reponre et muchier
-en un bosqet qui l estoit, afin que mesires Lois d'Espagne
-et ses gens, leur retour, ne se tenissent trop cargiet, car
-bien savoient que par l il les couvenoit retourner. Tout ce fait
-et ordonn, casquns burent et mengirent un petit, et puis s'asissent
-sus l'erbe et sus le sabelon, attendans le retour des Franois
-qui faisoient bien lor besongnes sus le pais, car nuls ne lor
-aloit au devant. Qant les gens mesire Lois d'Espagne orent cargiet
-chars et chartes de tous meubles et pourfis que il ramenoient
- lor navie, et tenoient avoir fait lor voiage, pour euls
-mettre au retour viers lor navie, ainsi que il venoient et aprooient
-la mer, il voient une bataille d'archiers sus une elle, et un
-petit en sus gens d'armes et les pennonchiaus venteler.</p>
-
-<p>Donc s'arestrent li Franois tout quoi, et s'esmervillirent,
-quels gens ce pooient estre, qui l se tenoient; et quidirent de
-<span class="pagenum"><a id="Page_390"> 390</a></span>
-conmencement que ce fuissent chil de Camperl qui les venissent
-combatre, et qui se fuissent l requelliet. Si fissent monter deus
-honmes d'armes, tout doi de Piqardie. Li uns avoit nom Tassart
-de Ghines, et li aultres Hues de Villers, et tout doi estoient esquier
-d'onnour mesire Carle de Blois; mais pour lor avancement il
-estoient accompagniet avoecques mesire Lois d'Espagne. Et chil
-doi esquier avoient tant fait que il estoient asss bien mont. Si
-lor dist: Mesires Lois Tassart et vous, Hues, chevauchis avant
-et aprochis ces gens de plus pris, par quoi nous aions la connissance,
-assavoir quels gens ce sont. Il respondirent: Volentiers.
-Il cevauchirent devant, car il avoient deus bons ronchins,
-et vinrent si pris des Englois et des Bretons que li archier
-euissent bien tret jusques euls, se il vosissent.</p>
-
-<p>Chil doi esquier desus nonm congneurent plainnement que
-c'estoient lor ennemi. Si retournrent et dissent: Sire, ce sont
-Englois et Breton, car nous avons veu et congneu le pennon
-mesire Gautier de Mauni: il est de gueulles trois noirs qievirons,
-et ce sont archier d'Englerre que vous ves l. Regards
-que vous vols dire et faire. Respondi messires Lois: Il nous
-fault combatre. Nous ne poons fuir: il sont signeur de nostre
-navie. Nous avons trop demor sus terre. Alons avant ou nom de
-Dieu et de saint Gorge: il nous fault prendre l'aventure. Adonc
-fit il sa banire passer avant, et le portoit uns esquiers qui se nonmoit
-Robers de Santi. L fist li dis mesire Lois un sien neveu
-chevalier, qui se nonmoit Aufons d'Espagne. Il ordonnrent les
-Geneuois et les Espagnols, et les missent tout devant, et conmenchirent
-la bataille dou tret, et puis aprochirent les gens
-d'armes et se boutrent l'un dedens l'autre. Et se portrent li
-Franois ce conmencement si bien que, se il n'euissent eu aultre
-faix, il se fuissent bien delivr de ces premiers, et les requlrent
-sus la marine.</p>
-
-<p>Adonc vinrent les aultres deus batailles, qui estoient en enbusqe,
-et encloirent les Franois. L ot dur hustin, et vaillanment
-s'i portrent les gens mesire Lois, mais les Englois et les
-Bretons estoient trop grant fuisson. Et (fu) abatue la banire
-mesire Lois, et chils mors, qui le portoit, et mesire Aufons d'Espagne,
-mort. A grant painne, se sauvrent mesire Lois d'Espagne
-et Toudou et mesire Othon Doriie. Mais qant il veirent que
-li faix estoit trop pesans pour euls, il entendirent recouvrer lors
-cevaus que lors varls tenoient sus les les de la bataille; car se
-<span class="pagenum"><a id="Page_391"> 391</a></span>
-ils n'euissent eu lors cevaus tous prs, jams ne s'en fuissent
-parti, sans estre mort ou pris. Il prissent, sus la desconfiture, le
-cemin de la mer, et pooient estre environ soissante. Nuls ne les
-poursievi, car Englois et Breton n'avoient nuls cevaus, et aussi
-il entendirent au garder ce que il avoient conquis.</p>
-
-<p>Messires Lois d'Espagne et chil qui escaprent de le bataille
-trouvrent en un regot de mer une grose barge de Camperl, que
-li maronnier avoient l bout et repus, et n'estoient os aler avant
-pour la doubtance des Franois. Qant il le veirent l arester
-l'ancre, il se traissent de celle part et trouvrent trois Bretons
-qui le gardoient. Il furent mestre de euls et de la barge et entrrent
-dedens non tous, car il ne peuissent, pour tant que il enmenoient
-en la barge lors cevaus avoecques euls, Tassars de Ghines
-et Hues de Villers et auquns Bretons qui connissoient le pais,
-cevauchirent tant de jour et de nuit que il vinrent Rennes;
-et l s'arestrent pour or nouvelles de mesire Lois d'Espagne et
-de lors compagnons qui nagirent toute la nuit et vinrent ariver
- Grde, au plus proain port de Vennes et de Rennes.</p>
-
-<p>Et li Englois et li Breton cargirent lors vassiaus des meubles
-et pourfis que li Franois amenoient, et puis rentrrent en lor
-navie tout ce conquest; et retournrent Hainbon, et recordrent
- la contesse et lors compagnons conment il avoient esploiti.
-Si en furent tout resjoi, ce fu raison, car il en estoient
-departi lor honnour et pourfit. Ensi vont les aventures d'armes
-et les fortunes: le fois on quide avoir tout gaegni, et on a
-tout perdu. F<sup>os</sup> 83 et 84.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_157">157</a>, l. 12: sus le flun de le mer.&mdash;<i>Mss. B 3 et A 7 10</i>:
-sur la mer. F<sup>o</sup> 83 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 15 33</i>: sur le fleuve
-de la mer. F<sup>o</sup> 93 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 11 14</i>: sur la rive de la mer.
-F<sup>o</sup> 90.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_157">157</a>, l. 13: Garlande.&mdash;<i>Mss. A 15 17</i>: Gairande. F<sup>o</sup> 95.&mdash;<i>Mss.
-A 23 33</i>: Guerrande, Gerrande. F<sup>o</sup> 109.&mdash;<i>Mss. B 3
-et A 1 14, 18 22</i>: Garlande. F<sup>o</sup> 83 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_158">158</a>, l. 5: Toudou.&mdash;<i>Ms. B 3</i>: Toudouz. F<sup>o</sup> 84.&mdash;<i>Mss.
-A 23 29</i>: Tondons. F<sup>o</sup> 109 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 1 22</i>: Condons.
-F. 93 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_158">158</a>, l. 14: Joni.&mdash;<i>Mss. B 3, A 1 6, 11 33</i>: Joingny,
-Joigny. F<sup>o</sup> 84.&mdash;<i>Mss. A 7 10</i>: Jony. F<sup>o</sup> 86.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_159">159</a>, l. 10: Plaremiel.&mdash;<i>Ms. B 3</i>: Plerenmiel. F<sup>o</sup> 84.&mdash;<i>Mss.
-A 1 6, 11 14, 18 22</i>: Plearmel. F<sup>o</sup> 94.&mdash;<i>Mss. A</i>
-<span class="pagenum"><a id="Page_392"> 392</a></span>
-<i>15 17, 23 29</i>: Pleremel, Plermel. F<sup>o</sup> 95 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 30
- 33</i>: Ployeremel. F<sup>o</sup> 156.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_159">159</a>, l. 30: Hembon.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: devers la contesse et
-monseigneur Gautier de Mauny qui on conta ces nouvelles.
-Messire Gautier s'arma et fist armer tous les compaignons de
-Hambon, engls et bretons, et estoient bien six cens lanches et
-neuf cens archis. Et se partirent en istance que pour venir
-Vennes brisier ces trives et traitis et rafreschir la chit. Mais
-quant il furent une lieue prs, il entendirent que la cit estoit
-rendue, et messire Charles de Blois estoit dedens. Sy en furent
-moult courouchis. Nonpourquant messire Gautier dist que, puisqu'il
-estoient sur les camps, que point ne retourneroient se aroient
-trouv aventure. Et entendy que mesire Lois d'Espaigne chevauchoit
-et avoit prins la ville de Garlande et estoit sur mer pour
-aller en l'isle de Camparl envers la cit de Grde, et prist tantost
-le chemin. Et mesire Charles de Blois prist le serment et
-homaige de ceulx de Vennes et y laissa dedens capitaines mesire
-Hervy de Lion et le sire de Clichon. F<sup>os</sup> 210 et 211.</p>
-
-<p class="space"><b> 172.</b> P. <a href="#Page_160">160</a>, l. 7: Sacis que.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Sachis
-que, quant messires Loeys d'Espaigne fu monts, au port de Garlande,
-sour mer, il et se compaignie allrent tant nagant par
-mer, qu'il arivrent en le Bretaingne bretonnant par mer au port
-de Camperli et asss pris de Camper Correntin et de Saint Mahieu
-de Fine Posterne; et yssirent des naves, et allrent ardoir
-et rober tout le pays. Et trouvrent si grant avoir que grant
-merveillez seroit de le raconter; si le raportrent tout en leur
-naves, et puis allrent autre part rober et courir tout le pays sus
-le marine, qui se tenoit ne rendoit de le comtesse de Montfort.
-Et y conquissent si grant avoir, que il en estoient si cargiet que
-il n'en savoient que faire.</p>
-
-<p>Ces nouvelles parvinrent Hainbon le comtesse de Monfort
-et as chevaliers qui l estoient, tant d'Engleterre que de Bretaingne,
-coumment messires Loeys d'Espaigne couroit tout le pais.
-Si s'avisa messires Gautiers de Mauny d'une grant proce, et en
-parla as compaignons et leur dist que il perdoient leurs tamps
-l sejourner, ou kas que il sentoient leurs ennemis si pris d'iaux.
-Dont respondirent tuit communaument que il estoient appareilliet
- faire tout ce que il vorroit. Et li sirez de Mauni leur dist:
-Grant merchis. Lors appareillirent il tout leur harnas et
-<span class="pagenum"><a id="Page_393"> 393</a></span>
-cargirent les vaissiaux sus le havene, et y missent leurs cevaux
-et puis entrrent ens. Bien estoient cinq cens hommes d'armez et
-deus mille archers, et telz chevaliers que messires Amauris de
-Clichon, messires Yves de Tigueri, li castellains de Ghingant, li
-sires de Landreniaux, messires Guillaummes de Quadudal, messires
-Joffroy de Malatrait, messires Henris de Penefort, li doy
-frre de Leynendale, messires Guis de Nulli, li sirez Despenssiers,
-messires Jehans le Boutillier, messires Hubert de Frenay, messires
-Alains de Sirehonde, mestre des archiers, et pluisseurs autrez
-chevaliers et escuyers. Si eurent bons maronniers et saiges, et ne
-cessrent de nagier si furent venut droit au port de Camperli, l
-o les naves et les vaissiaux monseigneur Loeys d'Espaingne estoient
-et gisoient, et tous li granz avoirs que il avoient concquis
-ou pays d'environ. Si entrrent ens Engls et Breton, et ochissent
-tous ceux qui les gardoient, et y trouvrent tant de ricoisse
-que tout en furent esmervilliet. Et entendirent par les prisonniers
-que messires Loeis chevauoit. Lors eurent consseil et advis que
-il se partiroient en trois bataillez et sieuroient lez fummierrez,
-et ne cesseroient si aroient trouvet le dit monseigneur Loeys et
-se routte, et yaux combatu. Si se missent as camps ainssi comme
-ordonn fu, et pourveirent et garnirent leur navie et le navie que
-trouvet avoient sus le port de Camperli, de trois cens archers et
-de cent hommez d'armes; et puis chevauchirent l'endroit des
-fummierrez et dez chemins l o il esperoient monseigneur Loeys
-d'Espaigne trouver le plus tost et toutte se routte pour le combattre.</p>
-
-<p>Ces nouvellez vinrent au dessus dit monseigneur Loeys que li
-Engls chevauchoient et le queroient, et estoient sans comparison
-plus fors qu'il ne fust. Si se doubta de leur encontre, et requella
-tout bellement ses gens et remist enssamble; puis chevaucha
-vers l'ille de Camperli pour revenir sa navie. Mais enssi
-qu'il cevauchoit sus le marine, il encontra messire Guillaume de
-Quadudal, messire Henry de Pennefort et monseigneur Joffroy
-de Malatrait et leur routte; et quant il lez perchupt, si congnut
-asss que combattre lez couvenoit. Si mist sez gens enssamble et
-lez recomforta et escria son cri, et fist chevauchier se bannierre
-et appella ung sien nepveult que on claimmoit Aufour; et le fist
-l chevalier et pour l'amour de lui six autrez, et leur pria que il
-penssaissent dou bien faire, et chacuns li eut en couvent. Adonc
-s'asamblrent il li Franchois et li Breton, et y eult, de premires
-<span class="pagenum"><a id="Page_394"> 394</a></span>
-venues, fortez joustez et radez, et pluisseurs compaignons port
- terre de l'un lz et de l'autre; et apris les lanches fallies, il
-sachirent lez espes et les espois et lez hachez qui as archons
-des siellez leur pendoient, et s'en donnrent grans horions et
-durs, et l en y eult moult de navrs et de blechis. Et vous ay
-en couvent que messire Loeys d'Espaigne et messires li Auffours,
-sez niz, y fissent tamainte belle appertise d'armes. Et s'i portrent
-si bien des premiers chil de son costet, que finaublement il
-ewissent desconfit lez Bretons et mis en cache, quant messire
-Gautiers de Mauni et une grant routte d'Englz, gens d'armes et
-archiers, y sourvinrent frz et nouviaux. Adonc se recoummencha
-la bataille dure et felenesse; et couvint l souffrir et endurer
-monseigneur Loeys d'Espaigne et monseigneur l'Aufour son nepveult
-et le chevalerie de leur costet, grant painne.</p>
-
-<p>Vous devs savoir que ceste bataille, qui fu en l'ille de Camperli
-asss priz de Camper Correntin, fu moult fellenesse et bien
-combatue. Et trop bien s'i porta messires Loeis d'Espaigne, et
-ossi fissent tout chil de son costet; ms trop leur fu li fais durs et
-pesans, quant messires Gautiers de Mauni y sourvint, car il
-amena toutte fresce gent et bien combatant qui trouvrent lez
-Franchois j lasss davantaige. Nonpourquant encorrez se deffendirent
-il et combattirent vassaument, ms enfin il ne peurent tenir
-place. Et furent desconfit et mors et messires li Aufors d'Espaigne,
-et li bannire de monseigneur Loeis, son oncle, porte par
-terre, et uns bons escuier qui le portoit, mors et abatus, que on
-claimmoit Huez de Lontin. Et se retraissent messires Loeys et ses
-gens deviers leur navie, et Engls et Bretons apris yaulx en cache,
-et touttez mannires de gens paisans dou pays qui poursieuwi
-les avoient as bastons, as bourls et as pikez, pour rescour
-ce que dou leur avoient perdu. Enssi grant meschief li dis messires
-Loeis se parti de le bataille, durement navrs en pluiseurs
-lieux, et ne ramena de bien trois mille hommez qu'il avoit avoecq
-lui, non plus trois cens et y laissa son nepveult mort, dont trop
-durement fu courouchiz.</p>
-
-<p>Avoecq tout ce, quant li dis messires Loeys fu venus sa navie,
-il le trouva prise et garnie de sez ennemis. Si fu durement esbahis,
-et tant couri sus le sabelon que il vint jusquez ung ligne,
-ung vaissiel qui siens estoit. Si entra dedens en grant qoite et aucuns
-des siens especiaulx qui mettre s'i peurent. Puis sachirent
-li maronnier le single amont et eurent bon vent, et furent tantost
-<span class="pagenum"><a id="Page_395"> 395</a></span>
-esloingiet, car chils lings si est uns vaissiaux plus appers que nulx
-autrez, et va de tous vens et contre touttes mares. Quant chil
-chevalier d'Engleterre et de Bretaingne eurent desconfis leurs ennemis
-et il perchurent que li dis messires Loeys s'en estoit partis
-et allz par deviers les vaissiaux, il se missent tout aller apris
-lui tant qu'il peurent, et lessirent les gens dou pays couvenir del
-remannant et yaux vengier et reprendre partie de ce que on leur
-avoit robet. Quant il furent venus as vaissiaux, il trouvrent que
-li dis messires (Loeys<a id="FNanchor_408" href="#Footnote_408" class="fnanchor">&nbsp;[408]</a>) estoit entrs en ung ligne et s'en alloit
-nagant quanqu'il pooit. Si entrrent tantost ens s plus appareilliz
-vaissiaux qu'il trouvrent l sus le marinne, et drechirent
-lors voillez et nagirent tant qu'il peurent apris le dit monsigneur
-Loeis (d'Espaigne); car il leur estoit avis que il n'avoient riens
-fait, se il leur escappoit. Il eurent bon vent si comme souhet,
-et le veoient toudis nagier devant yaux si fortement qu'il ne le
-peurent raconssuiwir. Et tant naga li dis messires Loeys (d'Espaigne)
- l'esploit dou vent et des maronniers, qu'il ariva ung
-port que on claimme le port de Gredo. L descendi li dis messires
-Loeys d'Espaigne, et chil qui escappet estoient avoecq lui, et
-entrrent en le ville de Gredo. Il n'eurent miez plent sejourn
-en le ditte ville, quant il orent dire que li Engls estoient arivet
-et qu'il descendoient pour yaux combattre. Et quant messires
-Loeys et se routte oyrent ces nouvellez, si n'eurent pas vollent
-de l plus sejourner, mais quisent, prissent et empruntrent cevaus
-en le ville et montrent sus esploit. L en y eut de mal
-montz, et se missent as camps deviers le chit de Rennes, messires
-Loeys tout devant, enssi comme homs desconfis, et ses gens
-apris, cescuns qui mieux mieux; et qui cheval ne pot avoir, si
-se repust et mucha au mieux qu'il peult.</p>
-
-<p>Quant li Engls et li Breton furent arivet Gredo, et il sceurent
-que messires Loeis et li sien estoient parti et s'en aloient
-deviers Rennez, si fissent tantost traire lors cevaux hors de leurs
-vaissiaux, chilz qui ceval avoient, et se missent en cache encorrez
-apris yaulx; ms il estoient j si eslongiet que nulx n'en
-trouvrent. Si retournrent Gredo, et s'i logirent et reposrent
-le nuit.</p>
-
-<p>L'endemain, il rentrrent en leurs vaissiaux et singlrent pour
-revenir vers Hainbon, ms il eurent vent contraire et waucrrent
-<span class="pagenum"><a id="Page_396"> 396</a></span>
-par deus jours; et les couvint de force ariver trois liewez de le
-ville de Dinant. Puis se missent au cemin par terre enssi qu'il
-peurent, et gastrent le pays entour Dinant et prendoient cevaux
-telx que chacuns pooit trouver, li uns selle, et li autre sans
-selle; et allrent tant qu'il vinrent ung soir asss pris de le Roceperiot.
-Quant il furent l venu, messires Gautiers de Mauni
-dist: Certainnement jou iroie vollentiers au matin assaillir che
-fort castiel de le Roceperiot, se jou avoie compaignie, com travilliz
-que je soie. Et tout li chevalier et li compaignon liement li
-accordrent. Ceste nuit se reposrent et aisirent de ce qu'il eurent.
-A l'endemain au matin, il vinrent devant le dessus dit castiel;
-si le advisrent et ymaginrent coumment il estoit hault assis
-et sus une roche. Et dist messires Gautiers de Mauni, quant il y
-parfurent venu: Il le nous couvient assaillir et savoir se nous
-y porions riens concquerre. Or devs savoir que dedens le castel
-estoit venus, environ six jours devant, chilz bons escuiers Gerars
-de Malain, par l'ordounnanche de monseigneur Charlon de
-Blois, car autrefois en avoit il estet cappittainne. Dont, quant il
-vit Engls et Bretons devant lui et yaux appareillier pour assaillir,
-il se mist ossi en arroy pour bien deffendre. Lors commena
-ungs assaulx grans, fiers et mervilleux, car Engls et Breton montoient
-le roche et le montaigne amont, et trayoient et assalloient
-de grant vollent. Et chil dou fort leur envoiioient d'amont pirez
-et baux et autres coses pour yaux grever, et avoient kanons et
-ars tour, dont trop bien se deffendoient. Chil qui assalloient
-montoient perilleusement; et bien apparut, car il y eut dez leurs
-pluisseurs blechis et navrs: entre lesquelx messires Jehans li
-Boutilliers et messires Hubert de Frenay furent si durement blechis,
-qu'il les couvint raporter aval de la Roce et mettre jesir
-en ung pret avoecquez les autrez navrs. F<sup>os</sup> 70 et 71.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Asss tos apris avint que messires Gautiers
-de Mauni et auqun Englois qui desiroient les armes se departirent
-de Hainbon et cevauchirent as aventures viers Roceperiot.
-Qant il furent venu jusques l, messires Gautiers de Mauni
-dist: Avant que nous chevauons plus avant, je voel que nous
-alons assallir ce chastiel, et veoir se nous i porions riens conquester.
-Tout respondirent: A la bonne heure! Il missent tantos
-piet terre et aprochirent le chastiel, et conmenchirent monter
-la roce et livrer grant asaut. Pour ces jours i estoit Gerars
-de Malain, li esquiers de Bourgongne, qui avoit est pris et rescous
-<span class="pagenum"><a id="Page_397"> 397</a></span>
- Dignant, et avoit avoecques lui des bons compagnons qui
-tout se missent deffense. Li dis Gerars de Malain n'espargnoit
-point, mais se deffendoit de grant volent et par bonne ordenance.
-Englois sont chaut et boullant, et est vis as auquns que
-tantos il doient avoir conquest, soit bataille ou asaut, qant il i
-sont venu, et l ot des lours qui s'avancirent follement. Auquns
-(furent) blecis, et par especial deus bons chevaliers, dont li uns
-fu nonms messires Jehans li Boutelliers et li aultres messires Hubiers
-de Frenai. Et furent tellement taps sus lors bachins dou
-jet de deus pierres que il rendoient sanch par la bouce et par les
-orelles; et les couvint porter hors et en sus de l'asaut en une
-pre et desarmer, et furent si estonnet que on quidoit bien que il
-deuissent morir. F<sup>o</sup> 84 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_160">160</a>, l. 18: de Clion.&mdash;<i>Le ms. B 6 ajoute</i>: messire Joffroy
-de Malatrait. F<sup>o</sup> 211.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_161">161</a>, l. 16: batailles.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: et estoit mesire Gautier
-de Mauny. F<sup>o</sup> 212.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_161">161</a>, l. 20: Aufons.&mdash;<i>Mss. B 3, et A 1 22</i>: Aufour,
-Auffour. F<sup>o</sup> 84 v<sup>o</sup>.&mdash;<i>Mss. A 23 33</i>: Alphons. F<sup>o</sup> 110 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_162">162</a>, l. 3: sis mille.&mdash;<i>Mss. A 1 22</i>: sept mille. F<sup>o</sup> 95.&mdash;<i>Mss.
-A 23 33</i>: six mille. F<sup>o</sup> 105 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_162">162</a>, l. 23: qu'il pooit.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: et fist tant qu'il vint
-en Garlande et monta l cheval et se sauva au mieulx qu'il pot,
-mais de toute(s) ses (gens) il n'en demoura que douze. Et vinrent
-en l'ost devant Crais, o messire Charles de Blois estoit.
-F<sup>o</sup> 213.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_162">162</a>, l. 33: Gredo.&mdash;<i>Mss. A 1 22</i>: Gredo. F<sup>o</sup> 95.&mdash;<i>Mss.
-A 23 33</i>: Redon. F<sup>o</sup> 106.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_163">163</a>, l. 8: Rennes.&mdash;<i>Mss. A 1 6, 11 14, 18 22</i>:
-Vennes. F<sup>o</sup> 95.&mdash;<i>Mss. A 7 10, 15 17, 23 33</i>: Rennes.
-F<sup>o</sup> 87 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_164">164</a>, l. 14: Mahieus de Frenai.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Jehan de
-Frenay. F<sup>o</sup> 214.</p>
-
-<p class="space"><b> 173.</b>&mdash;P. <a href="#Page_164">164</a>, l. 17: Cilz Gerars.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>:
-Chils Gerars de Malain avoit un frre, hardit honme et confort
-durement, que on nommoit Renier de Malain; et estoit
-chapitainne et chastellains de un aultre petit fort, seans asss
-pris de la Roceperiot, et le fort on clainme Fauet. Qant cils
-Reniers entendi que Englois et Breton livroient assaut la Roceperiot,
-<span class="pagenum"><a id="Page_398"> 398</a></span>
-de laquelle garnison ses frres Gerars estoit chastellains
-et gardiiens, il fist armer de ses compagnons jusques quarante,
-et issi hors de Fauet, et cevaua viers la Roceperiot, en instance
-de ce que pour conforter son frre, en auqune manire se il
-pooit; et sourvint l'aventure sus ces deus chevaliers englois
-blecis, liquel estoient en une pre en sus dou hustin, car la noise
-lor faisoit mal, et ne trouvrent dals euls que varls qui les
-gardoient. Il veirent tantos que il estoient de lors ennemis, et
-que on les avoit l amens pour euls rafresqir. Il environnrent
-ces varls et ces prisonniers et les prissent tous, et fissent les
-chevaliers monter sus lors chevaus et les varls venir et sievir
-piet, tant que il furent eslongiet une grose demi lieue en sus de
-la Roceperiot, et puis lor donnrent congiet. Chil varlet de piet
-se tinrent pour tous resjois qant il se sentirent delivret, et vinrent
- fuiant devant la Roceperiot, et se traissent deviers messire
-Gautier de Mauni et les aultres, et lor dissent: Signeur,
-rescous mesire Jehan le Boutellier et messire Hubert de Frenai,
-que chil de la garnison de Fauet enmainnent.</p>
-
-<p>Sus ces paroles, tout laissirent l'assaut, et montrent as cevaus
-et ferirent l'esporon, asquns que mieuls mieuls, pour
-raconsievir ceuls de la garnison de Fauet; mais il estoient j
-entr dedens, et tout mis sauvet, prisonniers et euls, et relevet
-le pont et trait les barrires avant, et avoient encores eu
-loisir de boire un cop et de euls rafresqir. Evous venu messire
-Gautier de Mauni et les Englois et les Bretons l'esporon, et
-missent tantos piet terre, et approchirent le chastiel et conmencirent
- asallir, con lass que il fuissent, et continurent
-l'asaut jusques la nuit; car tantos fu tart. Il regardrent quel
-cose il feroient; car il n'avoient tentes ne trefs, ne nulles pourveances,
-fors bien petit. Mesires Gautiers de Mauni dist: Nennil,
-il nous fault ravoir nos compagnons: aultrement nous receverions
-trop grant blame, et se sera tantos jours. Une nuit est
-tantos passe; il fait biel et chaut. Nostres chevaus se passeront
-bien meshui de ce que nostres varls trouveront. Chils consauls
-fu creus. Et se logirent ces Englois et ces Bretons l'environ
-de Fauet; et lor varlet alrent fouragier, et se passrent la
-nuit de ce que il trouvrent. F<sup>os</sup> 84 v<sup>o</sup> et 85.</p>
-
-<p class="space"><b> 174.</b>&mdash;P. <a href="#Page_164">164</a>, l. 23: quarante.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: jusquez
- quarante. F<sup>o</sup> 71.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: quarante lances. F<sup>o</sup> 214.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_399"> 399</a></span>
-P. <a href="#Page_165">165</a>, l. 8 et 9: l'assaut.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: Dont cheulx de
-Rochepierot furent bien eureus, car on dist que, se l'aventure ne
-fust venue, les Engls les eussent conquis. F<sup>o</sup> 214.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_165">165</a>, l. 22: Gerars de Malain.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Gerars
-de Malain sceut, tantost que cil signeur se furent parti de Rocheperiot,
-le biel fet d'armez que Reniers ses frrez avoit fait
-pour lui secourir, si en eut grant joie, et sceut que chil seigneur
-engls et breton estoient pour chou tret par deviers Fauet et le
-concquerroient se il pooient. Si se appenssa que il feroit ossi biel
-service son frre qu'il li avoit fet. Si monta en l'eure et tout de
-nuit sus son cheval et chevaucha tant que ung petit devant le
-jour il vint Dinant. On li ouvri le porte, car bien y estoit conneus.
-Si parla monseigneur Pire Portebuef, son compaignon
-et cappittainne de Dinant, et li remoustra quel besoing l'amenoit
-l. Messires Pire (Portebuef) fist tantost sommer la cloce dou
-consseil de la ville. Et s'asamblrent tout li bourgois ou marchiet;
-et quant il furent tuit venu, li dessus dit les priirent et enortrent
-si bellement que tout s'acordrent ad ce qu'il s'armeroient
-et yroient deviers Fauet pour secourir Renier de Malain, leur bon
-voisin. Dont s'armrent ysnielment touttez mannires de gens en
-le ville de Dinant, et se rassamblrent en le plache, et furent bien
-six mille, qu' piet qu' ceval, et se partirent grant effort et
-prissent le chemin de Fauet, messires Pires Porteboef et Gerars
-de Mallain devant, qui les conduisoient. Ces nouvelles vinrent
-messire Ghautier de Mauni et as chevaliers engls et bretons
-coumment chil de Dinant et dou pays d'environ venoient pour
-yaux combattre. Si eurent consseil entr'iaux que bon leur en seroit
-affaire, si ques, tout consideret, le bien et le mal, il s'acordrent
- ce qu'il se partiroient de l et s'en retourneroient tout
-bellement par deviers Hainbon, car grans meschiefz leur poroit
-avenir, se il demoroient longement l; car, se cil de Dinant leur
-venoient d'une part et li hos messire Carle de Blois et li signeur
-de Franche d'autre part, il seroient enclos, si seroient tous
-(pris<a id="FNanchor_409" href="#Footnote_409" class="fnanchor">&nbsp;[409]</a>) et mors le vollent de leurs ennemis. Si se acordrent
- ce que li milleurs poins estoit de laissier leurs compaignons en
-prisson que de tout perdre, jusquez adonc que il le poroient
-amender. Lors se partirent de Fauet et s'en retournrent vers
-<span class="pagenum"><a id="Page_400"> 400</a></span>
-Hainbon. Or lairons ung petit parler d'iaux et parlerons de
-monseigneur Loeys d'Espaigne....</p>
-
-<p>Quant messires Gautiers de Mauni se fu partis de Fauet et il
-eurent pris le chemin de Hainbon, il vinrent passant par devant
-le fort castiel que on claimme Gohy le Forest, qui, quinze jours
-devant, estoit rendus monseigneur Carlon de Blois. Et l'avoit li
-dis messires Carlez livret pour garder monseigneur Gui de
-Ghoy, qui en devant le tenoit, liquelx n'estoit point adonc l,
-ms estoit en l'ost avoecq les seigneurs de France par devant la
-ville de Craais. Quant messires Gautiers de Mauni vi le castiel de
-Ghoy le Foriest, qui durement estoit fors, il dist ces chevaliers
-de Bretaingne qui estoient avoecq lui, que il n'yroit plus avant,
-ne de l ne se partiroit, com travillis qu'il fuist, si aroit assailli
-che fort castiel et aroit veu le couvenant de ciaux qui estoient
-dedens. Si coummanda tantost as archiers que chacuns le sieuwist,
-et ses compaignons ossi, puis prist sa targe son col et
-monta amont jusques as baillez et as fosss dou castiel, et tout li
-autre Breton et Engls le sieuvirent. Lors coummenchirent fortement
- assaillir, et chil de dedens fortement yaux deffendre,
-coumment qu'il n'ewissent point de leur cappitaine. L eult trop
-fort assault et grant fuison de bien faisans dedens et dehors, et
-dura longement jusques basses viespres. L estoit messire Gautier
-de Mauny tout devant, qui mies ne s'espargnoit, ms se mettoit
-ou plus grant peril pour rencoragier les siens. Et li archier
-traioient si ouniement que chil de dedens ne s'osoient apparoir
-as cretiaus, se petit non. Si fissent tant li assallant que li fosss
-furent rempli l'un des ls d'estrain et de bois et de terre gette
-par dessus, par quoy il pooient bien parvenir jusques as murs.
-Adonc assaillirent il plus fort que devant. Et avoient pik dont il
-petruisirent le mur, et y fissent ung si grant trau que par ce il
-reversrent ung pan dou mur; et entrrent ens de force et
-ochirent tous ceux qui dedens estoient, except quatre qu'il enmenrent
-prisonnier. Et laissirent le castiel en cel estat et s'en
-partirent l'endemain; et s'en revinrent Hainbon, o il furent
-recheuv grant joie de le comtesse de Montfort et de tous lors
-compaignons.</p>
-
-<p>Or avons nous entroubliiet parler dou secours de Dinant qui
-venoit devant Fauet. Voirs est qu'il y vinrent; et quant il trouvrent
-les Englz partis, messire Pire Porteboef ramena chiaux
-de Dinant. F<sup>o</sup> 71.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_401"> 401</a></span>
-<i>Ms. de Rome</i>: Gerars de Malain, qui se tenoit en Roceperiot
-entendi que li Englois et li Breton estoient devant Fauet. Si s'apensa
-que il conforteroit son frre et li remunerroit le service
-que fait li avoit; si se departi de Roceperiot et vint Dignant.
-D'aventure estoient l venu li sires de Chastellon, li viscontes de
-Rohem, li sires d'Amboise et autres chevaliers de France, les
-quels mesires Carles de Blois i avoit envoiis pour conforter la
-ville, pour tant que il avoit entendu que li Englois cevauoient;
-et estoient bien trois cens lances et deus cens Geneuois. Li esquiers
-bourgignons lor recorda le fait pour quoi il estoit l
-venus, et de son frre qui estoit assegiet ou chastiel de Fauet, et
-couvenoit que il fust secourus, ou il seroit pris, et li doi chevalier
-que il tenoit prisonniers, rescous. Ces gens d'armes ne furent
-onques si resjoi, ce que il moustrrent, qu'il furent; et s'ordonnrent
-toute la nuit au partir au point dou jour, et s'armrent
-et fissent armer tous les honmes aidables de Dignant. Et
-furent ou gouvrenement de messire Pierre Portebuef; et puis,
-l'aube dou jour, il se departirent de Dignant, et ne pooient tos
-aler pour la cause de ceuls de piet qui les sievoient. Messires
-Gautiers de Mauni et chil qui estoient devant Fauet, furent segnefiiet
-que Franois venoient efforciement. Si n'orent pas consel
-de l'atendre, et s'en departirent et retournrent viers Hainbon;
-si ques, qant li Franois furent jusques l venu, il ne trouvrent
- qui parler. Ensi demora pour ces jours Fauet en paix. Et
-confortrent li doi frre l'un l'autre et li doi chevalier prisonnier:
-dont moult en anoia mesire Gautier de Mauni, mais amender ne
-le pot pour l'eure.</p>
-
-<p>Qant mesires Gautiers de Mauni et sa route se furent departi
-de Fauet, ensi que vous avs o, il n'alrent pas le droit cemin
-pour retourner Hainbon, mais s'adrechirent viers Goi le Forest,
-un chastiel asss fort, qui se tenoit mesire Carle de Blois. Messires
-Gautiers de Mauni, qui estoit encores tous merancolieus des
-deus chevaliers, messire Hubert de Frenai et messire Jehan le
-Boutillier, qui estoient demoret derrire et prisonnier ou chastiel
-de Fauet, qant il fu venus devant le chastiel de Goy la Forest, il
-dist ses compagnons: Il nous fault assaiier ce chastiel, se
-jamais nous le porions prendre. Tout furent de son acord et
-missent tantos piet terre, et alrent asallir de si grant volent,
-que li chastiaus fu pris, et tout chil mort, qui dedens estoient.
-Et puis passrent oultre, et vinrent ce jour Hainbon o la contesse
-<span class="pagenum"><a id="Page_402"> 402</a></span>
-estoit, qui lor fist bonne chire, mais messires Gautiers ne
-pooit oubliier la prise des deus chevaliers et doutoit messire Lois
-d'Espagne que il ne les fesist morir, en contrevengant la mort
-de son neveu, messire Aufons d'Espagne, liquels avoit est ocis
-en l'ille de Camperl. F<sup>o</sup> 85.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_166">166</a>, l. 15: sis mille.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: quatre mille. F<sup>o</sup> 215.</p>
-
-<p class="space"><b> 175.</b> P. <a href="#Page_168">168</a>, l. 19: Quant.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Et Gerars
-de Malain retourna en le Roceperiot: si entendi que li Engls
-avoient pris Ghoi le Forest et ochis ceux de dedens et l'avoient
-laissiet. Si vint ung jour celle part et y amena grant fuison de
-bonhommes dou pays, et le fist remparer et fortefiier de rechief
-et pourveir d'artillerie, de pourveanches et de bons compaignons
-pour le garder; car mies ne volloit que li Engls y amasesissent
-pour gueriier chiaux d'environ.</p>
-
-<p>Et toudis se tenoit li siges devant Craais. Tant fist messires
-Carlez de Blois o son effort et les seigneurs de France que li
-roys Phelippes, ses biaux oncles, li avoit envoiis, devant la
-bonne et forte ville de Craais, et tant le fist assaillir par pluisseurs
-fois, que chil de dedens furent durement constraint en
-pluisseurs mannires. Et se tinrent et deffendirent comme bonne
-gent et senefiirent leur necessit par deux ou par troix foix leur
-damme la comtesse de Montfort, qui moult estoit couroucie que
-elle n'estoit forte asss pour lever le sige; ms messires Carles de
-Blois avoit adonc grant host et belle gent, et tous les jours li
-fuisonnoient. Si ne se trouvoit mies en point pour yaux combattre.</p>
-
-<p>Or eut la comtesse consseil par l'avis de monseigneur Ghautier
-de Mauny que elle escriproit une grande part de ses besoingnes
-au roy d'Engleterre, et li renouvelleroit les couvenenches
-qu'il avoient enssamble et li prieroit d'avoir secours: autrement,
-ce que elle tenoit de pays en Bretaingne estoit en grant aventure.
-Si escripsi la comtesse au roy engls lettrez moult affectueuses,
-ensi que bien le seult faire, et messires Gautiers de
-Mauny ossi pour mieux aprouver et encoulourer les besoingnes
-de le damme. Les lettres escriptez et saelles, li messagiers parti
-et entra ens une nef ou havene de Hainbon, et singla vers Engleterre.
-Endementroes qu'il ala et vint et fist son messaige,
-pluiseurs coses avinrent en Bretaingne, desquelles je vous feray
-des aucunnes mention, ms premiers je vous compteray dou sige
-de Craais coumment il fu perseverz.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_403"> 403</a></span>
-Ensi comme dessus est dit, tant fist messires Carles de Blois
-devant la ville de Craais, que durement l'appressa et constraindi
-de famine. Et quant cil de Craais veirent que il ne seroient autrement
-comfort ne secourut de par la comtesse, il se doubtrent
-de plus perdre; car il veoient monseigneur Carlon de
-Blois fort durement. Si traitiirent deviers lui par amiable composition
-que il leur volsist pardonner son mautallent, et il le receveroient
- signeur et li feroient feault et hoummaige pour tous
-jours. Ms chilz tretis fu si sagement demenz que li dessus dis
-messires Carles les rechupt par l'ordounnanche dessus ditte et
-entra dedens la ville, et y fu rechus grant joie et y reposa et
-toutte sen host, voirs chil qui reposer y veurent, par six jours,
-et leur fist on l dedens moult de courtoisiez. F<sup>os</sup> 71 v<sup>o</sup> et 72.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Si ordonna li dis messires Carles (de Blois)
-chapitainne Vennes et bonnes gens d'armes pour le garder. Et
-puis se traissent (li Franois) devant la ville de Craais, qui aussi
-sus quatre jours entra en trettiet et se rendi. Et de l il vinrent
-devant Hainbon, et se requellierent toutes les gens d'armes et les
-capitains franois de tout le pais, qui pour lors se tenoient
-mesire Carle de Blois, et vinrent tout au sige de Hainbon.
-F<sup>o</sup> 85 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 176.</b> P. <a href="#Page_170">170</a>, l. 11: Adonc.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Endementroes
-eurent li seigneur consseil quel part il se trairoient, ou devant
-Jugon, ou devant Hainbon. Finaublement consseil se porta qu'il
-se retrairoient devant Hainbon et l'assiegeroient de tous costz,
-car leur ennemic se tenoient par dedens, et n'en partiroient, c'estoit
-leur entente, si l'aroient leur vollent. Dont se partirent au
-septime jour et aroutrent tout leur charoy et missent les pourveanches
- voiture, et s'en vinrent li seigneur et touttes mannires
-de gens devant Hainbon et le assiegirent.</p>
-
-<p>Or ont de rechief li Franchois assegiet le ville et le castiel de
-Hainbon, et dedens la comtesse de Montfort et le seigneur de
-Mauni et moult de bonne chevalerie et escuierie d'Engleterre et
-de Bretaingne, qui souffissamment et vassaument s'i portent et
-deffendent le dessus ditte fortrce. La compaignie de ces signeurs
-de France estoit durement moutepliie et acroissoit tous les jours;
-car grant fuison des seigneurs de France, chevaliers et bonne
-gent d'armes, revenoient de jour en jour del roy Alphons d'Espaingne,
-qui adonc guerioit au roy de Grenade et as Sarrasins:
-<span class="pagenum"><a id="Page_404"> 404</a></span>
-si ques quant il passoient par Poitou et il ooient nouvellez dez
-ghuerres qui estoient en Bretaigne, il s'en alloient celle part, et
-il estoient li bien venu. Li dis messires Carles avoit fait drechier
-jusques seize grans enghiens qui jettoient grandez pierres
-ouniement as murs de Hainbon et en le ville. Ms chil de dedens
-n'y acomptoient mies gramment; ains venoient tantost as murs
-et as cretiaux et lez passoient de leurs capperons par despit. Et
-puis crioient quanqu'il pooient, et disoient: Allz, alls requerre
-vos compaignons et raporter, qui se reposent ou camp de Camperli:
-desquelz parollez et trufferiez messires Loeis d'Espaigne
-et li Geneuois avoient grant yreur et grant despit. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Chil de la garnison de Hainbon estoient durement
-fortefiiet. Et bien lor besongnoit, car toute la flour de la
-chevalerie estoit pardevant l venue et areste de France; ne on
-ne savoit adonc o querre les armes, fors en Bretagne. F<sup>o</sup> 85 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_170">170</a>, l. 26: l'avoient veu.&mdash;<i>Mss. A 20 22</i>: puis qu'il
-fut envoi devant Dignant. F<sup>o</sup> 145.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_170">170</a>, l. 28: montepliie.&mdash;<i>Ms. B. 6</i>: car le roy Phelippe
-y envoia mille combatans, pour che qu'il savoit bien que messire
-Gautier et les Engls estoient yssus d'Engleterre et retrait dedens
-la ville de Hambon. F<sup>o</sup> 217.</p>
-
-<p class="space"><b> 177.</b> P. <a href="#Page_171">171</a>, l. 16: Un jour.&mdash;<i>Ms. de Rome</i>: Un jour
-vint messires Lois d'Espagne en la tente mesire Carle de Blois,
-et li demanda un don, present fuisson de grans signeur de France
-qui l estoient; et fu li dons demands en remunerant les services
-que fais li avoit. Messires Carles ne savoit pas quel don il li voloit
-demander, car se ils le seuist, jamais ne li euist acord, et li otria
-sa demande legierement, car il se sentoit moult tenus lui.</p>
-
-<p>Qant li dons fu otroiis, mesires Lois dist: Monsigneur,
-grant merchis! Je vous demande les deux chevaliers englois, qui
-sont prisonnier ens ou chastiel de Fauet, et que Reniers de Malain
-garde.&mdash;Volentiers, respondi mesire Carle; je les vous
-donne. Et pensoit que il les vosist avoir pour ses prisonniers,
-et pour ranonner finance, pour tant que il avoit moult perdu
-en l'ille de Camperl. Il furent envoiiet querre, et amen par
-l'esquier meismes qui pris les avoit. Qant mesires Carles les vei,
-il dist Renier de Malain: Renier, chil doi chevalier sont
-vostre. Je les vous demande, et qant il venra point, il vous vaudront
-bien aussi grant don.&mdash;Monsigneur, dist Reniers, je les
-<span class="pagenum"><a id="Page_405"> 405</a></span>
-vous donne.&mdash;Grant merchis, dist messires Carles, et
-je les vous donne, dist il mesire Lois, qui demand me les
-avs. Quel cose en vols vous faire?&mdash;Sire, dist il, vous les
-me-s-avs donns, et ce sont mien. C'est li intension de moi, car
-je ai par euls pris et recheu si trs grant damage que mes gens
-mors et ocis, et par especial Aufons, mon neveu, que je amoie
-otant que moi meismes, que il morront aussi. Donc regarda
-messires Carles sus messires Lois, et se repenti trop fort de ce
-que il li avoit donn et acord les deus chevaliers, et li dist:
-Cousins, se vous faissis ce que vous dittes, vous en seris trop
-grandement blams, et si seroit trop grant cruaults. Se li chevalier
-servent le roi d'Engleterre et il soient pris par bataille,
-son service faisant, ils n'ont pas pour ce deservi mort, mais
-tens les et si les ranonns courtoisement, ensi que gentilhonme
-font l'un l'autre, car sus celle entente et pour ensi faire, les vous
-ai je donns.&mdash;Sire, respondi li dis messires Lois, li chevalier
-sont mien; si en ferai ma volent; et se vous les me-s-osts,
-jamais jour ne vous servirai. Li dis mesire Carle de Blois
-vei son cousin courechiet et enflamet en ar et ne le voloit pas
-perdre, car de tous ceuls de l'oost il estoit chils qui plus loiaument
-se acquitoit en ses armes et cevaucies; se li dist: Cousins,
-nous nos disnerons, et apris disner vous auers avis quel
-cose vous fers. Li intension de messire Carle de Blois estoit
-telle que il feroit priier tant de signeurs messire Lois d'Espagne,
-pour sauver les deus chevaliers, que point ne morroient.
-Et fist couvrir les tables en sa tente, et manda son frre le conte
-de Blois et ses cousins de Bourbon, le signeur de Chastellon et
-aultres, et lor donna ce jour disner, et retint messire Lois
-d'Espagne dals li et les deus chevaliers d'Engleterre qui avoient
-oy toutes ces paroles et ces manaces. Si n'estoient pas bien asegur,
-mais grandement il se contentoient de monsigneur Carle
-de Blois, et veoient bien que en li avoient un bon moiien. F<sup>os</sup> 85
-v<sup>o</sup> et 86.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_171">171</a>, l. 17: en l'entente.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: ens s tentez.
-F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_171">171</a>, l. 28: Mahieu de Frenai.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Hubert
-de Frenay. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_171">171</a>, l. 31: Aufons, mon neveut.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Aufour,
-mon chier nepveut. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 1: neveut.&mdash;<i>Ms. B 6</i>: fil. F<sup>o</sup> 217.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_406"> 406</a></span>
-P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 3: laiens sont.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: et qui m'en gallent
-encorres tous les jours. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 23: Loeis.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: car voirement li
-avoit il fait pluiseurs biaux servicez et estoit encorres bien tailliz
-de li faire de jour en jour, car il estoit li ungs des bons chevaliers
-de toutte sen host. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 24: chastellain de Fauet.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Renier
-de Malain. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 25: chevaliers.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: engls. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 25: host.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: liquelx castelains li
-envoya parmi les bonnes enseignes qu'il eult dou dessus dit
-monsseigneur Carle de Blois. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 29: pluiseur.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: baron et chevalier
-de France qui oncques ms ne les avoient veus. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_172">172</a>, l. 31: dist.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: par grant yrour. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_173">173</a>, l. 13: semblable cas.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: cas sannable.
-F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_173">173</a>, l. 13: li aultre signeur.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: li signeur
-de Franche. F<sup>o</sup> 72.</p>
-
-<p class="space"><b> 178.</b> P. <a href="#Page_173">173</a>, l. 21: Toutes les parolles.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>:
-Touttes les parolles, demandez et responsses qui premiers furent
-dittez entre monseigneur Carle et le dit monseigneur Loeys
-l'oquison de ces deux chevaliers, furent tantost sceuwes monseigneur
-Gautier de Mauni et monseigneur Amauri de Clichon,
-par espies qui toudis alloient couvertement de l'un host en
-l'autre. Ossi furent touttez ces parolles darrainnement dittez,
-quant li doy chevalier furent amenet en le tente monseigneur
-Carle. Et quant li doy chevalier messires Ghautiers et messires
-Amauris orent ces nouvellez et entendirent que c'estoit certez,
-il en eulrent grant piti. Si appellrent aucuns de leurs compaignons
-et leur remoustrrent le mescief des deux chevaliers, lors
-amis et compaignons, pour avoir consseil qu'il en poroient faire;
-puis coummenchirent pensser li uns ch et li autrez l, et n'en
-savoient c'aviser. Au dairains, coummencha parler li preux
-chevaliers messires Gautiers de Mauny, et dist: Seigneur compaignon,
-che seroit grant honneur pour nous, se nous poions ces
-deux bons chevaliers sauver; et se nous nos en mettons en aventure
-et fallissions, si nous en seroit li roys d'Engleterre bon gr;
-et ossi feroient tout preudomme qui en oroient parler, quant
-<span class="pagenum"><a id="Page_407"> 407</a></span>
-nous en arions fait nostre pooir. Si vous en diray mon avis, se
-vous avs talent de l'entreprendre; car il me samble que on doit
-bien le corps aventurer pour sauver le vie de deux vaillans chevaliers.
-J'ay aviset que nous nos yrons armer et nous partirons
-en deux pars. Li une des pars ystera maintenant, ensi que on disnera,
-par ceste porte, et se iront ly compaignon rengier sus cez
-fosss pour estourmir l'ost et pour escarmuchier. Bien croy que
-tout chil de l'host acouront ceste part, et vous, messires Amauris,
-en sers cappittainne, et ars avoecq vous mil bons archiers
-pour lez sourvenans detriier et faire reculler. Et je prenderay
-deus cens de mes compaignons bien monts et cinq cens archiers,
-et ysterons par ceste posterne d'autre part couvertement, et venrons
-ferir par derire en leur loges que nous trouverons wuidez;
-et se il plaist Dieu, nous ferons tant que nous les hosterons de
-ce peril. Chilz conssaux et advis pleut tous, si qu'il fu fais et
-ordounns tantost en l'eure, et s'armrent tout chil de Hainbon
-secretement.</p>
-
-<p>Droitement sus l'eure dou disner yssi messires Amauris de
-Clichon cinq cens hommes d'armes et mil archiers par le
-porte qui le plus proainne estoit de l'ost, et se rengirent et
-ordonnrent sus les fosss; et quant cil de l'host lez virent, si
-criirent partout: As armes! et s'armrent vistement et partirent
-de leurs logeis et vinrent escarmuchier yaux; et li archier
-coummenchirent traire et ensonniier les Franchois. Endementroes
-messires Gautiers de Mauny, messires Frankes de Halle,
-messires Henris de Pennefort, messires Guillaummes de Cadudal,
-messires Joffrois de Malatrait et bien deux cens compaignons
-et tous d'eslite et cinq cens archiers monts cheval, se
-partirent de Hainbon par une posterne qui oeuvre sus le mer, et
-chevaucirent en sus de le ville et entours l'ost, et s'en vinrent
-ferir ens s logeis par derire et n'y trouvrent adonc que varls
-et gharons, car tout li seigneur estoient l'escarmuche. Et
-avoient li Englz espiez et meneurs qui menrent tantost et de fet
-monseigneur Ghautier et se routte droitement en le tente l o
-li doy chevalier prisonnier estoient en grant soussi, liquel furent
-errant delivret de chiaux qui lez gardoient, dont li plus furent
-mort et navret et mis en cache, et furent tantost montez sour
-deux coursiers et rammenet en le ville de Hainbon par force
-d'armes. Che service leur fist messires Ghautiers de Mauny, dont
-il acquist grant grasce. Et moult en fu messires Loeys d'Espaingne
-<span class="pagenum"><a id="Page_408"> 408</a></span>
-courouchiz, ms oubliier li couvint: si en fu il depuis moult
-merancolieux, par tant qu'il avoit en tel mannire perdu les deux
-chevaliers, dont il volloit faire se venganche. F<sup>o</sup> 72 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Toutes ces paroles furent sceues en la garnison
-de Hainbon et dittes et comptes messire Gautier de Mauni,
-qui tantos sus heure fu consillis et dist ses compagnons:
-Biau signeur, il nous fault rescourre les deus chevaliers.&mdash;Et
-conment ferons ce? respondirent li aultre. Je le vous
-dirai, dist messires Gautiers, nous ferons armer tous ceuls de
-ceste garnison, et une partie demorer pour garder la porte et le
-pont. Et vous, messire Ive de Tigri, messire Guillaume de Qadudal,
-li sires de Landreniaus, li chastellains de Ghinghant, li doi
-frre de Pennefort, prenders deus cens compagnons et cinq cens
-archiers, et saudrs hors sus le point dou disner, et irs escarmuchier
-et estourmir l'oost. Et je et mes compagnons, lesquels
-je ai mis hors d'Engleterre, cinq cens archiers, saudrons hors
-par la posterne et cevaucerons tout droit l o li doi chevalier
-prisonnier sont, et ferons nostre pooir dou conquerre et dou ramener.
-Li coers me dist que nous les rauerons, et ce seroit grant
-defaute pour nous, qant nous les savons en tel parti, (si) nous ne
-faisions nostre diligense de euls delivrer. Tout furent de son
-acort et s'armrent et apparillirent, et montrent as cevaus ceuls
-qui monter i devoient. Et fu ouverte la porte et li pons avals,
-et sallirent hors les deus cens armeures de fier, tous Bretons, et
-les cinq cens archiers, et s'en vinrent escarmuchier et estourmir
-l'oost. Et fu sus le point dou disner, dont oissis tronptes et claronciaus
-retentir et bondir et criier alarme, et toutes gens sallir
-sus et euls armer. Meismement messire Carles de Blois et tout li
-signeur qui en sa tente estoient, sallirent sus et boutrent les
-tables jus et s'armrent et ordonnrent, et ne vodrent pas estre
-souspris leur disner, et se departirent et se traissent casquns
-viers l'escarmuce. Et mesires Lois d'Espagne meismement, et ot
-si grant quoite de li armer et d'aler l'escarmuce, que il ne li
-souvint de ses deus chevaliers englois prisonniers, et les laissa
-en la tente mesire Carle de Blois, en la garde des varls d'offisce
-qui l estoient.</p>
-
-<p>Qant la cose fu bien estourmie, evous messire Gautier de
-Mauni venu et issu hors de Hainbon par une posterne qui regardoit
-sus la mer, ferant l'esporon tout autour des logeis et ses
-compagnons. Et estoient bien deus cens armeures de fier et cinq
-<span class="pagenum"><a id="Page_409"> 409</a></span>
-cens archiers, et bien avoient qui les menoit; et s'adrecirent droit
-au logeis messire Carle de Blois, et n'entendirent aultre cose
-faire que de venir en la tente dou dit messire Carle. Et ne trouvrent
-que varls qui l estoient, qui tantos s'enfuirent, li uns
-ch, et li aultres l, et laissirent les deus chevaliers qui furent
-moult resjoi qant il veirent messire Gautier et lor route. Tantos
-il furent mont sus deus chevaus, et se missent au retour messire
-Gautiers et ses gens par le cemin meismes o il estoient venu, et
-n'eurent encontre ne destourbier nul, et rentrrent en Hainbon.
-F<sup>o</sup> 86.</p>
-
-<p>P. <a href="#Page_175">175</a>, l. 21 et 22: qui les recueilloient vistement.&mdash;<i>Mss. A
-1 6, 11 14, 18 22</i>: qui se reculoient, en desfendant vistement.
-F<sup>o</sup> 98 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p class="space"><b> 179.</b> P. <a href="#Page_176">176</a>, l. 21: Encores.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Trois
-jours apris ceste avenue, tout chil seigneur de Franche qui l
-estoient devant le ville de Heinbon, se assamblrent en le tente
-monseigneur Carlon de Blois pour avoir consseil qu'il feroient,
-car il veoient bien que li ville et li castiaux de Hainbon estoient
-si fort qu'il n'estoient mies pour gaegnier, tant avoit dedens de
-bonne gens d'armes qui trop bien et trop sagement et vassaument
-le gardoient. Et si leur ve(n)oient<a id="FNanchor_410" href="#Footnote_410" class="fnanchor">&nbsp;[410]</a> tous les jours pourveanches et
-vitailles par mer, dont il estoient bien servi, et se ne leur pooit
-on ce pas oster ne clore. D'autre part, li plas pays d'environ estoit
-si gastz, qu'il ne savoient quel part aller fourer. Et si leur
-estoit li yviers prochains, par quoy il ne pooient par raison l
-longement demorer; si ques, tous ces poins considerz, il s'acordrent
-tout communaument que il se partiroient de l, et conssillirent
-en bonne foy monseigneur Carlon de Blois que il mesist
-par touttez lez citz, les bonnez villez et les fortrches qu'il
-avoit conquises, bonnes garnisons et fortes, et si vaillans cappitaines
-qu'il s'i peuist affier, par quoy li annemy ne les pewissent
-reconcquerre. Et se aucuns vaillans homz se volloit entremettre
-de pourcachier une trieuwe, il s'i accordast vollentiers, ms que
-elle ne durast fors jusques le Pentecouste, que li saisons est
-revenue pour hostoiier.</p>
-
-<p>A che consseil se tinrent tout chil qui l estoient, car c'estoit
-entre le Saint Remy et le Toussains l'an de grace mil trois cens
-<span class="pagenum"><a id="Page_410"> 410</a></span>
-et quarante deux, que li yviers et li froide saison aprochoient.
-Si se partirent tout chil de l'host, seigneur et aultre. Si en ralla
-chacuns en sa contre. Et messires Carles de Blois s'en ralla droit
-par deviers le ville de Craais tout les barons et noblez seigneurs
-de Bretaingne, et dounna congiet touttez mannires de gens
-estragniers, ms encorres retint il aucuns des barons de Franche
-pour lui aidier consseillier. F<sup>os</sup> 72 v<sup>o</sup> et 73.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: Encores se combatoient et escarmuoient les
-Franois et les Englois et les Bretons sus les fosss, et lanoient
-et traioient li un l'autre, et faisoient des grandes escarmuces
-d'armes; et pluisseurs belles apertisses i ot l faites. Nouvelles
-vinrent as signeurs de France qui l estoient l'escarmuce, que
-les Englois en ramenoient les deus chevaliers prisonniers. Evous
-sonner tronptes et claronchiaus de retrte, pour retourner en
-l'oost. Car qant il orent dire: Les Englois sont venus et entr
-ens s tentes, il quidirent rechevoir plus grant damage que il
-n'eurent, et que les Englois deuissent bouter le feu ens s logeis
-et ardoir, ensi que il avoient fait aultre fois, mais non fissent: il
-n'entendirent aultre cose que de ravoir lors prisonniers et de
-euls mettre sauvet.</p>
-
-<p>Ensi se cessa li escarmuce, car chil qui estoient sus les fosss
-ne sievirent point, mais se retraissent tout bellement en la forterce.
-Et ot en Hainbon grant joie, qant il sentirent les deus chevaliers
-resqous et delivr de dangier. Messires Lois d'Espagne fu
-trop durement courouchis de ce que, tantos que li chevalier li
-furent donn et delivr, que il ne les avoit fait decoler, et moult
-de aultres signeurs de l'oost tout resjois de ce que on les avoit
-rescous. Et en disoient li un l'autre: Il est bien emploiiet,
-car messires Lois d'Espagne estoit trs mal aviss et consillis de
-euls faire voloir morir. Et furent moult loes et reconmendes
-dedens et dehors les appertisses et vaillances messire Gautier
-de Mauni, car par li et par ses emprises avoit est tout fait.</p>
-
-<p>Trois jours apris ceste avenue, tout chil signeur de France se
-traissent en la tente de messire Carle de Blois. Et qant il furent
-tout assambl, ils parlementrent ensamble pour savoir conment
-il s'ordonneroient, car il veoient et sentoient que li iviers aprooit,
-et que dedens Hainbon il estoient pourveu et rafresqui de
-bonnes gens d'armes et d'archiers, et estoit la ville et li chastiaus
-trs fort, et lor pooient venir tous les jours pourveances par mer,
-lequel pas on ne lor pooit clore, se force de navie ne le faisoit
-<span class="pagenum"><a id="Page_411"> 411</a></span>
-sus la mer. Avoecques tout ce, li fourageus franois ne savoient
-o fouragier, car li plas pais estoit tous gasts, et n'avoient vivres
-fors grant dangier. Si fu dit et conselliet messire Carle de
-Blois que il departesist ses gens, et pourveist forterces et garnisons
-de gens d'armes, et mesist et establesist partout bons capitainnes,
-vaillans honmes segurs et sages, et les laiast couvenir
-cel ivier et guerriier par garnisons, se guerriier voloient; ou, se
-bonnes gens moienant ceste gerre se voloient ensonniier de tretier
-unes trieuves jusques la Saint Jehan Baptiste que li pais
-se peuist un petit rencrassier et repourveir, on consilloit messire
-Carle de Blois que ils s'i acordast legierement, par quoi,
-l'est qui retournoit, li cheval trouvaissent fouragier sus les
-camps. Chils consauls fu creus et tenus: on se desloga. Au deslogement
-que li signeur de France fissent, il missent une grose
-enbusque sus, par quoi chil dou chastiel et de la ville de Hainbon
-ne lor peuissent porter damage. Et avint que, qant les Englois
-et les Bretons qui en Hainbon se tenoient, veirent li deslogement,
-li auqun, par convoitise de gaegnier, sallirent hors et se boutrent
-sus les deslogans, mais il alrent trop avant, car li enbusque,
-laquelle messire Lois d'Espagne gouvrenoit, salli avant, et l furent
-rebout chil de Hainbon moult durement. A trs grant meschief
-peurent il rentrer la ville, et demorrent dehors deus chevaliers
-par lor vaillance, qui deffendoient les rentrans. Ce furent
-li sires de Landreniaus et li chastellains de Ghinghant, et furent
-pris et environ dix honmes d'armes et menet en voies. Ensi ala
-de celle escarmuce. Trois jours apris ceste avenue, vinrent nouvelles
-ens ou chastiel de Hainbon la contesse de Montfort, et
-as chevaliers d'Engleterre et de Bretagne, que li doi chevalier
-dessus nonmet, mesires Carles de Blois et les signeurs sejournans
- Rennes, estoient tournet Franois et devenu honme mesire
-Carle de Blois et fait feault et honmage: dont on fu moult esmervilliet,
-car la contesse lor avoit fait moult de biens, et lor
-couvint passer, ne avoir n'en porent aultre cose.</p>
-
-<p>Ensi se deffist li siges de Hainbon en celle saison, environ le
-Saint Luch, l'an de grasce mil trois cens quarante deux que li
-iviers et les longes nuis aprooient. Et pourvei et rafresqi mesires
-Carles de Blois toutes les chits, les villes et les chastiaus que
-il tenoit en Bretagne, de nouvelles gens d'armes et de pourveances.
-Et remercia les signeurs qui l'estoient venu servir; et leur
-sambla que moult bien il avoient esploitiet pour une saison, et se
-<span class="pagenum"><a id="Page_412"> 412</a></span>
-departirent de Bretagne et retournrent en lors contres. Et messires
-Carles s'en vint Nantes dals sa fenme et l se tint. F<sup>os</sup> 86
-v<sup>o</sup> et 87.</p>
-
-<p class="space"><b> 180.</b> P. <a href="#Page_178">178</a>, l. 18: A ce conseil.&mdash;<i>Ms. d'Amiens</i>: Entroes
-que il (messires Carles de Blois) sejournoit Craais et que
-il entendoit pourveir et ordounner ses garnisons et rafrescir
-de gens, de vivres et d'artillerie, et chevauchoit ses marescaus
-de l'un l'autre, avint que ungs rices bourgois et grans
-marcheanz de le bonne ville que on claimme Jugon, fu une heure
-encontrs de son marescal, monseigneur Robert de Biaumanoir,
-et fu pris et amens Craais par devant monseigneur Charle.
-Chilz bourgois de Jugon faisoit touttes lez pourveanchez le comtesse
-de Montfort, et estoit Jugon moult creus et moult ams.
-A che donc estoit cappittainne et souverains, de par le comtesse,
-de la ville de Jugon, ungs gentils chevaliers que on claimmoit
-monseigneur Gerart de Rochefort. Chils bourgois de Jugon, qui
-enssi fu pris, eu grant paour de morir: si pria que on le lessaist
-passer pour raenchon; on ne li volt mies acorder, mais fu mis
-en prison, et depuis tant enquis et examins d'unes coses et d'autres
-qu'il eult en couvent de rendre le forte ville de Jugon, et
-dist que il estoit bien en se puissanche de livrer l'une dez portez
-et de mettre ens gens d'armes pour saisir le ville.</p>
-
-<p>A ces parolles entendirent li seigneur de France vollentiers, et
-li disent que, se il estoit trouvs en verit, messire Charles de
-Blois li pardonroit son mautalent et li donroit deux cens livres de
-revenue bien asignes sus le castellerie de Jugon, et il respondy:
-Oyl. Et pour ce mieux asegurer, il en mist son fil en hostaige
-et fist entendant chiaux de Jugon qu'il estoit ranchounns
-mille florins, et que ses filx (en estoit garans<a id="FNanchor_411" href="#Footnote_411" class="fnanchor">&nbsp;[411]</a>) et plges. De tout
-ce qu'il dist, il fu trs bien creus, ne nuls n'y penssa le contraire.
-Chilx jours fu venus; les portes de Jugon heure de mienuit furent
-ouvertez. Si entra messires Charles de Blois celle heure en
-le ville grant puissanche. La ghaite du castiel s'en perchut; si
-coummencha criier: As armez! Trahi! trahi! Li bourgois,
-qui de ce ne se donnoient garde, se commenchirent estourmir;
-et quant il virent leur ville perdue, il se missent au fuir par
-deviers le castiel par troppiaux. Et li bourgois qui trahi les avoit
-<span class="pagenum"><a id="Page_413"> 413</a></span>
-se mist fuir avoec yaux par couvreture, et entra ens ou castiel
-osi bien que li autre. Quant li jours fu venus, messires Carles et
-ses gens entrrent ens s maisons dez bourgois pour herbregier,
-et prissent ce qu'il trouvrent. Et quant li dis messires Carlez vit
-le castiel si fort et si emplit des bourgois, il dist qu'il ne se partiroit
-de l jusques adonc qu'il aroit le castiel sa vollent. Li castelains
-messires Gerars de Rocefort et li bourgois de le ville perchurent
-bien et congnurent tantost que chilx bourgois les avoit
-trahis. Si le prissent et pendirent tantost as cretiaux et as murs
-du castiel. Ensi eult il son paiement de son pechiet. Lez mallez
-oevrez amainnent les gens povre fin.</p>
-
-<p>Quant messires Gerars de Rochefort, cappitaine et souverain
-de Jugon, vit que messires Carlez de Blois ne se partiroit point
-de l et s'amanagoit droitement en le ville pour yaux tenir
-sige, et sentoit que li castiaux sans le ville ne se pooit longement
-tenir (ossi il estoit durement remplis de gens petit de pourveanchez,
-car il y estoient entr soudainnement et sans advis); si se
-consseilla aucuns bourgois qui l estoient, quel cose en estoit
-bon affaire. Chil qui veoient j le leur perdu davantaige et leurs
-maissons remplies de leurs ennemis, et ne veoient nul comfort de
-leur damme et sentoient que tous li pays se rendoit et tournoit
-monseigneur Carlon de Blois, se conssillirent que il se renderoient
- lui parmy tant que, se il en y avoit aucuns qui plus aimassent
-le comtesse de Montfort que monseigneur Carle de Blois,
-il se pooient partir sauvement, mais riens n'en devoient porter dou
-leur. Cilz traitis fu mis avant et acords de monsigneur Carlon
-de Blois. Et se parti messires Gerars de Rocefort et li sien, ms
-riens n'enportrent ne menrent dou leur, fors que seullement
-leurs ronchins qu'il chevauchoient; et s'en vinrent Hainbon et
-recordrent coumment li affaire avoit allet. Si en fu durement
-courouchie la comtesse de Montfort, et ossi furent chil qui avoecq
-lui estoient, tant d'Engleterre que de Bretaingne, car il avoient
-perdu une ville qui durement leur estoit ammie et leur avoit fs
-pluisseurs biaux servicez. Se leur couvint il passer et yaux recomforter
-au mieux qu'il peurent.</p>
-
-<p>Quant messires Carles de Blois se fu saisis de le ville et dou
-castiel de Jugon, il y sejourna quinze jours pour entendre et regarder
-as besoingnes et as deffensces de le ville. Et le fist bien
-reparer et fortefiier, et pourveyr d'artillerie et de touttez autres
-pourveanches; et quant il s'en parti, il y laissa monseigneur le
-<span class="pagenum"><a id="Page_414"> 414</a></span>
-Ghalois de le Baume, ung chevalier savoiien, cappittainne et
-souverain, et avoecq lui deus cens Geneuois parmy les hommes
-d'armes. Puis se retraist Rennes, o madamme sa femme estoit;
-et envoya monseigneur Loeys d'Espaigne sejourner Craais,
-pour l garder le frontire.</p>
-
-<p>Environ le Saint Martin, fu tretis uns respit entre messire
-Carle de Blois et le dessus ditte comtesse de Montfort; et en porta
-les parollez sus bon saufconduit messires Yves de Tigueri, dou
-lz le comtesse, et messires Robiers de Biaumannoir, dou costet
-monseigneur Carle. Liquels respis fu acords et acouvenenchis,
-d'un ls et de l'autre, durer jusques an my may l'an mil trois
-cens quarante trois. Tantost ce respit juret et saielet, la comtesse
-de Montfort se party de Hainbon et enmena avoecquez lui aucuns
-chevaliers de Bretaingne; et monta en mer en entention pour ariver
-en Engleterre, et pour parler au roy et li remoustrer ses besoingnes.
-Ossi ce Noel enssuiwant vint messires Carlez de Blois
- Paris deviers le roy Phelippe de Franche, son oncle, qui le
-rechupt grant joie. Et l estoient dalls lui li comtes Loeis de
-Blois, ses frres, et li dus de Bourbon, et pluiseur autre grant
-seigneur de leur linage, pour quoy la feste fu mout remforchie;
-et y dounna grans dons et grans jeuiaux as seigneurs et as chevaliers
-estraingiers, car bien le savoit faire. Or nous tairons nous
-ung petit parler dou roy de France, de monseigneur Carle de
-Blois et de chiaux de Bretaingne. Si parlerons dou roy engls,
-car la matre le requiert. F<sup>o</sup> 73.</p>
-
-<p><i>Ms. de Rome</i>: En cel ivier se tourna la ville de Craais la
-contesse de Montfort, je ne sai par quel trettiet. Qant les nouvelles
-en furent venues mesire Carle de Blois qui se tenoit
-Nantes, il en fu durement courouchis, et dist et jura que jamais
-n'entenderoit aultre cose si aueroit est devant Craais, et l'asegeroit
-et point n'en partiroit, se trop grant poissance contre li ne
-l'en levoit. Ce fu entre le Noel et la Candelor, et manda tous
-ceuls qui de li tenoient en Bretagne. Et vint asseoir Craais par
-bastides, car il faisoit trop froit et trop lait pour tendre tentes,
-trefs et pavillons; et voloit ceuls de Craais constraindre tollir
-lors pourveances, et puis, tantos le prin temps venu, aprochier
-dou plus pris conme on poroit.</p>
-
-<p>En ce termine avint que uns bourgois et rices marceans de la
-ville de Jugon, qui se tenoit pour la contesse de Montfort et faisoit
-en partie toutes ses pourveances, fu encontrs et trouvs sus
-<span class="pagenum"><a id="Page_415"> 415</a></span>
-les camps de messire Robert de Biaumanoir, marescal de l'oost
-messire Carle. Si fu pris et amens devant Craais ou logeis dou
-dit messire Carle. Chils bourgois estoit moult ams et creus en la
-ville de Jugon, qui est moult fortement freme et sciet trs noblement.
-Aussi fait li chastiaus, qui est biaus et fors, et se tenoit
-de la partie la contesse desus ditte. Et en estoit chastellains, de
-par la contesse, uns chevaliers qui se nonmoit messires Gerars
-de Rocefort. Chils bourgois de Jugon, qui ensi fu pris et amens
- mesire Carle de Blois, eut grant paour de morir. Et, pour tant
-que il estoit si proains de la contesse de Montfort, fu examins
-et enquis des uns et des aultres si avant que il s'acorda ce et se
-fist fors de livrer et rendre la ville de Jugon mesire Carle de
-Blois ou ses conmis dedens un jour qui ne fu pas trop lontains
-apris sa delivrance. Et, pour acomplir celle couvenance, il en
-bailla un sien fil en plges, et sus cel estat on le laissa aler et retourner
- Jugon; et donnoit entendre que il estoit ranonns
-cinq cens florins, et bien en estoit creus. On n'avoit nulle soupeon
-de lui, et gardoit les clefs de l'une des portes de Jugon.</p>
-
-<p>Au jour qui mis et ordonns i estoit, mesires Carles de Blois en
-prop(r)e personne i vint tout cinq cens lances, et lais(s)a messire
-Lois d'Espagne devant Craais tout le demorant de son hoost.
-Ensi que li bourgois de Jugon avoit en couvenant, il fist, et deffrema
-la porte de laquelle il gardoit les clefs. Sus un ajournement,
-messires Carles et ses gens entrrent poissance dedens la
-ville. La gette dou chastiel se perchut que gens d'armes entroient
-en la ville. Si s'effora de corner: Trahi! trahi! Dont se
-resvillirent li chevaliers et li saudoiier qui dedens le chastiel estoient,
-et coururent as armes et as garites d'autour dou chastiel,
-et requellierent les bonnes gens qui fuioient dedens le chastiel. Li
-bourgois meismes, qui la trahison avoit faite, fui dedens avoecques
-euls par couvreture. Messires Carles et ses gens se saisirent
-de la ville, et trouvrent les maisons drues et raemplies, car chil
-dou plat pais s'i estoient retrait sus la fiance dou fort lieu, et i
-avoient amen lors biens. Mesires Carles et ses gens laissirent
-toutes gens aler pasieuvlement viers le chastiel et raemplir, car
-bien savoient, plus en i aueroit, plus se tenroient chil dou chastiel
- cargiet, et plus tos se renderoient. Messires Gerars de Rocefort,
-qui chastellains en estoit, fist enqueste par o ne conment
-la ville estoit prise. On li dist: par la porte dont tels homs
-gardoit les clefs. Li uns fu pris tantos, car il s'estoit l dedens
-<span class="pagenum"><a id="Page_416"> 416</a></span>
-enclos avoecques euls. Il fu questionns et si bien examins que
-il congneut toute la trahison. Adonc li compagnon de l dedens
-le prisent par le conmandement dou chastellain et le pendirent
-as crestiaus dou chastel, veant tous ceuls qui veoir le pooient. Ce
-fu le paiement que il en ot.</p>
-
-<p>Pour ce ne se departirent pas mesires Carles de Blois et ses
-gens de la ville, mais s'i tinrent, et environnrent le chastiel, et
-n'i vodrent onques livrer assaut; car bien savoient que longement
-il ne se pooit tenir selonch le peuple qui estoit dedens, et furent
-en cel estat quatre jours.</p>
-
-<p>Li chastelains ot pit des honmes et des fenmes et des enfans de
-la ville qui l dedens s'estoient bout nulles pourveances, et
-que ce ne se pooit longement soustenir, et veoit bien par les apparans
-des Franois que point de l ne se departiroient, si aueroient
-tout, et il en estoient asss au desus, puis que il avoient
-la ville, et ne lor apparoit confors de nul cost; si eurent consel
-de trettiier deviers messire Carle. Et tretiirent par celle manire
-que la ville et li chastiaus se renderoient lui, parmi tant que
-les hostels et maisons qui fustes estoient, seroient restablies au
-plus pris conme on poroit, et raueroit casquns et casqunes ses
-coses. A ce tretti entendi messires Carles de Blois volentiers, et
-lor tint si avant conme il pot, et fist faire un ban et un conmandement,
-quiconques avoit riens pris ne lev en la ville de Jugon,
-tout fust restitu et mis arrire sus une painne que on i asist.
-Chils bans ne fu pas bien tenus, et par especial de ceuls qui
-avoient l'argent trouv et lev: jamais ne l'euissent remis arrire.</p>
-
-<p>Ensi ot en celle saison mesires Carles de Blois la ville et le
-chastiel de Jugon, et en fist une bonne garnison, et n'i mist autre
-chapitainne que mesire Gerart de Rocefort, depuis que il se fu
-rendus lui, et que il li ot fait feault et honmage, et prist aussi
-la feaut et honmage des bourgois, et puis s'en parti et retourna
-devant Craais.</p>
-
-<p>De l'avenue de Jugon furent la contesse de Montfort et tout
-chil de sa partie courouchi, mais souffrir lor couvint tant que
-pour celle fois, car amender ne le porent. Asss tos apris se ensonniirent
-bonnes gens entre messire Carle de Blois et la contesse
-de Montfort, pour donner unes trieuves en Bretagne tant
-seullement. Si furent donnes et jures entre toutes parties,
-durer jusques la Saint Jehan Baptiste prochain venant, et tenoit
-<span class="pagenum"><a id="Page_417"> 417</a></span>
-casquns et casqune ce que il devoit tenir sans mal enghien. Ensi
-se deffist li siges de Craais. Et retourna mesires Carles de Blois
- Nantes, et se departirent toutes gens d'armes, et se retraist casquns
-en sa garnison.</p>
-
-<p>En ce terme que les trieuves durrent, fu la contesse de Montfort
-consillie de par les Bretons et les Englois, que elle se presist
-pris d'aler en Engleterre veoir le roi et les barons et euls remoustrer
-ses necessits: elle ne pooit faire milleur esploit. Si se
-acorda ce et prist son estat au plus courtois que elle pot, et
-monta en mer en Hainbon meismes, et enmena avoecques lui messire
-Amauri de Clion, pour tant que j il i avoit est et congnissoit
-le roi d'Engleterre et les barons, et aussi il le congnissoient.
-Encores enmena la contesse de Montfort en Engleterre
-deus enfans que elle avoit, fil et fille.</p>
-
-<p>Nous laisserons un petit parler de la ditte contesse de Montfort
-et de son arroi, et parlerons dou roi d'Engleterre et des besongnes
-qui avinrent en ce termine. F<sup>os</sup> 87 v<sup>o</sup> et 88.</p>
-
-<p class="end">FIN DES VARIANTES DU TOME DEUXIME.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_418"> 418</a></span></p>
-
-
-<div class="chapter"></div>
-<div class="footnotes">
-<h2 class="normal">NOTES:</h2>
-<div class="footnote">
-
-<p><a id="Footnote_1" href="#FNanchor_1" class="label">[1]</a> Labrit, Landes, arr. Mont-de-Marsan. La forme la plus ordinaire
-de ce nom dans les mss. des Chroniques de Froissart est <i>Labreth</i>.
-Albret est devenu le nom historique de l'illustre famille qui appartenait
-cette seigneurie.</p>
-
-<p><a id="Footnote_2" href="#FNanchor_2" class="label">[2]</a> Pommiers, Gironde, comm. Saint-Flix de Foncaude, arr. la
-Role, c. Sauveterre.</p>
-
-<p><a id="Footnote_3" href="#FNanchor_3" class="label">[3]</a> On peut lire dans le ms. d'Amiens <i>Tarse</i> ou <i>Carse</i>. Aprs avoir
-adopt la leon Tarse, nous donnons la prfrence Carse, parce qu'il
-s'agit peut-tre de Cars, Gironde, arr. et c. Blaye.</p>
-
-<p><a id="Footnote_4" href="#FNanchor_4" class="label">[4]</a> Dordogne, arr. Ribrac$1</p>/p>
-
-<p><a id="Footnote_5" href="#FNanchor_5" class="label">[5]</a> Belgique, Fl. occ., arr. et c. Courtrai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_6" href="#FNanchor_6" class="label">[6]</a> Belgique, Fl. occ., arr. Ypres, c. Messines.</p>
-
-<p><a id="Footnote_7" href="#FNanchor_7" class="label">[7]</a> Pont de Fer parat tre une forme francise du flamand <i>Verbruk</i>.
-Verbruk est aujourd'hui un hameau d'Amougies, sur le Rhosne, Belgique,
-Fl. or., arr. Audenarde, c. Renaix. Cette localit est situe
-peu prs gale distance d'Audenarde et de Tournay (note communique
-par mon jeune et savant collgue M. A. Longnon).</p>
-
-<p><a id="Footnote_8" href="#FNanchor_8" class="label">[8]</a> Poperinghe et Messines sont situs en Belgique, Fl. occ. arr.
-Ypres.</p>
-</div>
-<div class="footnote">
-<p><a id="Footnote_9" href="#FNanchor_9" class="label">[9]</a> Nord, arr. Dunkerque.</p>
-
-<p><a id="Footnote_10" href="#FNanchor_10" class="label">[10]</a> Nord, arr. Hazebrouck.</p>
-
-<p><a id="Footnote_11" href="#FNanchor_11" class="label">[11]</a> Nord, arr. Dunkerque.</p>
-
-<p><a id="Footnote_12" href="#FNanchor_12" class="label">[12]</a> Belgique, Fl. occ., arr. Furnes, 38 kil. de Bruges.</p>
-
-<p><a id="Footnote_13" href="#FNanchor_13" class="label">[13]</a> Nord, arr. Dunkerque.</p>
-
-<p><a id="Footnote_14" href="#FNanchor_14" class="label">[14]</a> Throuanne et Aire sont situs dans le Pas-de-Calais, arr. Saint-Omer.</p>
-
-<p><a id="Footnote_15" href="#FNanchor_15" class="label">[15]</a> Pas-de-Calais, arr. Bthune, c. Lillers.</p>
-
-<p><a id="Footnote_16" href="#FNanchor_16" class="label">[16]</a> Am, comte de Genve, figure sur les montres de l'host de Bouvines,
-dans la bataille du comte de Savoie: Am, comte de Genve,
-6 chev. bann., 3 bach., 3 esc. bann. comptez comme bach., 252 esc.
-Bibl. imp., De Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 344 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_17" href="#FNanchor_17" class="label">[17]</a> Hue, vidame de Chalon, 4(bach.), 20 esc. De Camps,
-portef. 83, f<sup>o</sup> 225.</p>
-
-<p><a id="Footnote_18" href="#FNanchor_18" class="label">[18]</a> Humbert, seigneur de Villars, bann., 3 bann., 6 bach., 82 esc.;
-venu de Montroyal en Montagne. De Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 334 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_19" href="#FNanchor_19" class="label">[19]</a> Agot des Baus et Guy de Groulle, chev. bann., venus en la
-guerre du roy pour M. le dauphin de Vienne avec 7 autres bann.,
-4 bach., 3 esc. bann., 179 esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 345.</p>
-
-<p><a id="Footnote_20" href="#FNanchor_20" class="label">[20]</a> Aujourd'hui Bohain-en-Vermandois, Aisne, arr. Saint-Quentin.</p>
-
-<p><a id="Footnote_21" href="#FNanchor_21" class="label">[21]</a> Le Cateau, Nord, arr. Cambrai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_22" href="#FNanchor_22" class="label">[22]</a> Nord, arr. Cambrai, c. le Cateau.</p>
-
-<p><a id="Footnote_23" href="#FNanchor_23" class="label">[23]</a> La Selle, affluent de la rive droite de l'Escaut, prend sa source
-au sud du Cateau dans une valle appele Fons-Selle, et se jette dans
-l'Escaut Denain.</p>
-
-<p><a id="Footnote_24" href="#FNanchor_24" class="label">[24]</a> Nord, arr. Avesnes, c. Landrecies.</p>
-
-<p><a id="Footnote_25" href="#FNanchor_25" class="label">[25]</a> Les noms de ces deux chevaliers figurent prcisment la suite
-l'un de l'autre sur les montres de la bataille de Raoul, comte d'Eu,
-lieutenant s frontires de Flandre, du 9 mars au 1<sup>er</sup> octobre 1340:
-Pierre, seign. de Bailleul en Caux, bann., 2 bach., 4 esc.&mdash;Guillaume
-de Briaut bach. et 3 esc. De Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 317.</p>
-
-<p><a id="Footnote_26" href="#FNanchor_26" class="label">[26]</a> Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_27" href="#FNanchor_27" class="label">[27]</a> Aujourd'hui hameau de la comm. de Romeries, Nord, arr. Cambrai,
-c. Solesmes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_28" href="#FNanchor_28" class="label">[28]</a> Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_29" href="#FNanchor_29" class="label">[29]</a> Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.</p>
-
-<p><a id="Footnote_30" href="#FNanchor_30" class="label">[30]</a> Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_31" href="#FNanchor_31" class="label">[31]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_32" href="#FNanchor_32" class="label">[32]</a> Calaumes dsigne sans doute la Chapelle Callome, dpendance
-de Bermerain, qui figure encore sur la carte de Cassini.</p>
-
-<p><a id="Footnote_33" href="#FNanchor_33" class="label">[33]</a> Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.</p>
-
-<p><a id="Footnote_34" href="#FNanchor_34" class="label">[34]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_35" href="#FNanchor_35" class="label">[35]</a> Nord, arr. Cambrai, c. Carnires.</p>
-
-<p><a id="Footnote_36" href="#FNanchor_36" class="label">[36]</a> Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.</p>
-
-<p><a id="Footnote_37" href="#FNanchor_37" class="label">[37]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_38" href="#FNanchor_38" class="label">[38]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_39" href="#FNanchor_39" class="label">[39]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_40" href="#FNanchor_40" class="label">[40]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_41" href="#FNanchor_41" class="label">[41]</a> Nord, arr. Avesnes, c. Bavai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_42" href="#FNanchor_42" class="label">[42]</a> Aujourd'hui Preux-au-Sart, Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.</p>
-
-<p><a id="Footnote_43" href="#FNanchor_43" class="label">[43]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_44" href="#FNanchor_44" class="label">[44]</a> Nord, arr. Avesnes, c. Bavai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_45" href="#FNanchor_45" class="label">[45]</a> Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.</p>
-
-<p><a id="Footnote_46" href="#FNanchor_46" class="label">[46]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_47" href="#FNanchor_47" class="label">[47]</a> Aujourd'hui Saint-Vaast-la-Valle, Nord, arr. Avesnes, c. Bavai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_48" href="#FNanchor_48" class="label">[48]</a> Aujourd'hui Louvignies-ls-Bavai, sur un affluent du Honneau ou
-Hongneau.</p>
-
-<p><a id="Footnote_49" href="#FNanchor_49" class="label">[49]</a> Nord, arr. Avesnes, c. Bavai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_50" href="#FNanchor_50" class="label">[50]</a> Aujourd'hui lieu-dit de la comm. du Preux-au-Sart.</p>
-
-<p><a id="Footnote_51" href="#FNanchor_51" class="label">[51]</a> Le Honneau ou Hongneau est un petit cours d'eau sorti de la
-fort de Mormal, qui se jette dans la Haine, affluent de la rive droite
-de l'Escaut.</p>
-
-<p><a id="Footnote_52" href="#FNanchor_52" class="label">[52]</a> Froissart dit que cette incursion pousse jusque dans le Bavaisis
-fut faite par l'avant-garde de l'arme du duc de Normandie, et que
-l'un des chefs de cette avant-garde tait Thibaud de Moreuil. Les montres
-conserves par De Camps confirment sur ce point le tmoignage
-du chroniqueur; mais tandis que Froissart semble mettre la chevauche
-dont il s'agit avant l'attaque contre Valenciennes, c'est--dire en juin
-1340, les montres la placent aprs cette attaque, puisqu'elles la reportent
-au mois de juillet. Gens d'armes qui servirent Thibaut de Moreuil
-en la chevauche de Bavai en Hainaut <i>ou mois de juillet</i> 1340:
-Enguerran, sire de Coucy, bann., 1 bann., 11 bach., 59 esc.; Raoul
-Flamenc, seigneur de Canny, chev. bann., 2 bach., 19 esc.; Mathieu
-d'Espineuses bach. 3 esc. De Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 346.</p>
-
-<p><a id="Footnote_53" href="#FNanchor_53" class="label">[53]</a> Nord, arr. Valenciennes, sur l'Escaut.</p>
-
-<p><a id="Footnote_54" href="#FNanchor_54" class="label">[54]</a> Nord, arr. Avesnes, sur la Sambre.</p>
-
-<p><a id="Footnote_55" href="#FNanchor_55" class="label">[55]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_56" href="#FNanchor_56" class="label">[56]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes, sur l'caillon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_57" href="#FNanchor_57" class="label">[57]</a> Nord, arr. Cambrai, c. Solesmes, sur la Selle.</p>
-
-<p><a id="Footnote_58" href="#FNanchor_58" class="label">[58]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_59" href="#FNanchor_59" class="label">[59]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain, dans une le forme par la
-Selle.</p>
-
-<p><a id="Footnote_60" href="#FNanchor_60" class="label">[60]</a> Nord, arr. Cambrai, sur la Selle.</p>
-
-<p><a id="Footnote_61" href="#FNanchor_61" class="label">[61]</a> Au quatorzime sicle, la fort de Mormal, situe sur la rive
-gauche de la Sambre, s'tendait depuis Landrecies au sud jusque prs
-de Bavai au nord; elle avait pour limite l'ouest la voie romaine, dite
-Chausse Brunehaut, du Cateau Bavai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_62" href="#FNanchor_62" class="label">[62]</a> A l'host des frontires de Flandre, du 9 mars 1339 au 1<sup>er</sup> octobre
-1340, dans la bataille des marchaux de France figurent: Robert de
-Pinquigny, chev. bann., 2 chev. bach. et 12 esc.; venu de Fluy ls
-Pinquigny (Fluy, Somme, arr. Amiens, c. Molliens-Vidame); Regnaut
-et Jean de Pinquigny et 8 esc. De Camps, portef. 83. f<sup>o</sup> 320 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_63" href="#FNanchor_63" class="label">[63]</a> Le personnage dsign ici par le titre de vicomte des Quesnes est
-Guillaume des Quesnes, vicomte de Poix, qui figure aussi avec son fils
-Renaud des Quesnes l'host de Flandre de 1339 1340: Guillaume
-des Quesnes, vicomte de Pois, chev. bann., 2 bach., 11 esc.; venu de
-Quesnes (auj. le Quesne, Somme, arr. Amiens, c. Hornoy). De Camps,
-83, f<sup>o</sup> 337 v<sup>o</sup>.&mdash;Regnaut des Quesnes, bach., 27 esc. f<sup>o</sup> 323.</p>
-
-<p><a id="Footnote_64" href="#FNanchor_64" class="label">[64]</a> A l'host des frontires de Flandre de 1339 1340, parmi les
-cuyers de la bataille des marchaux de France, figure: le Borgne
-de Rivery, 1 esc.; venu de Rivery prs d'Amiens. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 327.</p>
-
-<p><a id="Footnote_65" href="#FNanchor_65" class="label">[65]</a> Pons Cornillon de la Balme fut fait chevalier <i>devant le Quesnoy
-le 7 juin</i>. Ibid., f<sup>o</sup> 334.</p>
-
-<p><a id="Footnote_66" href="#FNanchor_66" class="label">[66]</a> Aujourd'hui Pont--Felaines, lieu-dit de la commune de Famars.</p>
-
-<p><a id="Footnote_67" href="#FNanchor_67" class="label">[67]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_68" href="#FNanchor_68" class="label">[68]</a> Nord, arr. Avesnes, c. le Quesnoy.</p>
-
-<p><a id="Footnote_69" href="#FNanchor_69" class="label">[69]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_70" href="#FNanchor_70" class="label">[70]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_71" href="#FNanchor_71" class="label">[71]</a> <i>Artriel</i> tait sans doute une dpendance d'Artre, comme Angriel
-est une dpendance d'Angre et Sebourquiel une dpendance de Sebourg;
-mais ce hameau a disparu. Un terrain vague, situ prs d'Artre,
-s'appelle encore aujourd'hui <i>le Triez</i>; peut-tre conserve-t-il le souvenir
-de l'Artriel de Froissart (note communique par M. Caffiaux).</p>
-
-<p><a id="Footnote_72" href="#FNanchor_72" class="label">[72]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_73" href="#FNanchor_73" class="label">[73]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_74" href="#FNanchor_74" class="label">[74]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_75" href="#FNanchor_75" class="label">[75]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_76" href="#FNanchor_76" class="label">[76]</a> Nord, arr. Avesnes, c. le
-Quesnoy.</p>
-
-<p><a id="Footnote_77" href="#FNanchor_77" class="label">[77]</a> Aujourd'hui hameau de la commune de Havay, Belgique, prov.
-Hainaut, arr. Mons, c. Pturages.</p>
-
-<p><a id="Footnote_78" href="#FNanchor_78" class="label">[78]</a> Rombies-et-Marchipont, Nord, arr. et c. Valenciennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_79" href="#FNanchor_79" class="label">[79]</a> Uintiel, Untiel, Ontiel, Ointiel est l'ancien nom de la rivire qui
-s'appelle maintenant la Rhonelle, affluent de la rive droite de l'Escaut,
-qui se jette dans ce fleuve Valenciennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_80" href="#FNanchor_80" class="label">[80]</a> Nord. arr. et c. Valenciennes, entre la Rhonelle et l'caillon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_81" href="#FNanchor_81" class="label">[81]</a> Nord, arr. Valenciennes, au confluent de l'Escaut et de la Hayne.</p>
-
-<p><a id="Footnote_82" href="#FNanchor_82" class="label">[82]</a> Belgique, prov. Hainaut, arr. Mons, c. Boussu.</p>
-
-<p><a id="Footnote_83" href="#FNanchor_83" class="label">[83]</a> Belgique, prov. Hainaut, arr. Mons, c. Dour.</p>
-
-<p><a id="Footnote_84" href="#FNanchor_84" class="label">[84]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes, sur la petite Honnelle.</p>
-
-<p><a id="Footnote_85" href="#FNanchor_85" class="label">[85]</a> Belgique, prov. Hainaut, arr. Mons, c. Dour.</p>
-
-<p><a id="Footnote_86" href="#FNanchor_86" class="label">[86]</a> Les Franais se mirent en marche pour attaquer Valenciennes
-dans les premiers jours de mai 1340. Par acte dat du 2 mai 1340,
-Raoul, comte d'Eu, conntable de France, mande aux bourgeois de
-Valenciennes qu'ils n'aient point soutenir les Anglais ni leurs allis
-contre le roi de France (Orig. parch., Archives du Nord). La principale
-attaque dirige contre cette ville dut avoir lieu le 22 mai, jour o
-il y eut du ct des Franais une promotion de chevaliers: Loys de
-Tournon fait chevalier nouvel <i>devant Valenciennes</i>, le 22 mai. De
-Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 334.</p>
-
-<p><a id="Footnote_87" href="#FNanchor_87" class="label">[87]</a> Le Mont de Castres (<i>mons castrorum</i>) est le nom de la colline sur
-laquelle est bti Famars. Au quatrime sicle, aprs la ruine de Bavai,
-les Romains y avaient construit une enceinte fortifie dont quelques
-dbris subsistent encore.</p>
-
-<p><a id="Footnote_88" href="#FNanchor_88" class="label">[88]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_89" href="#FNanchor_89" class="label">[89]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_90" href="#FNanchor_90" class="label">[90]</a> Aujourd'hui Trith-Saint-Lger, Nord, arr. et c. Valenciennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_91" href="#FNanchor_91" class="label">[91]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_92" href="#FNanchor_92" class="label">[92]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_93" href="#FNanchor_93" class="label">[93]</a> Le pont jet en cet endroit sur l'Escaut, pour relier Famars la
-rive gauche du fleuve, avait donn son nom un village aujourd'hui
-dtruit; la tradition faisait remonter aux Romains la construction de ce
-pont.</p>
-
-<p><a id="Footnote_94" href="#FNanchor_94" class="label">[94]</a> On appelle encore <i>marais de Bourlain</i> un lieu-dit de la banlieue de
-Valenciennes, prs de l'Escaut, du ct de la porte de Cambrai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_95" href="#FNanchor_95" class="label">[95]</a> Le <i>marais d'Infier</i> figure aussi comme lieu-dit sur les relevs du
-cadastre; mais il est plus rapproch de Trith que Bourlain (Note de
-M. Caffiaux).</p>
-
-<p><a id="Footnote_96" href="#FNanchor_96" class="label">[96]</a> Boucicaut figure sur les montres de l'host de Bouvines dans la
-bataille du roi parmi les bacheliers: Pour M. Boucicaut et 3 escuiers;
-venu de Poitou. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 404 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_97" href="#FNanchor_97" class="label">[97]</a> Au lieu de Guillaume Blondel, le ms. de Rome mentionne Gui
-Poteron.</p>
-
-<p><a id="Footnote_98" href="#FNanchor_98" class="label">[98]</a> Gui (et non Jacques) de Surgres figure l'host de Bouvines
-dans la bataille du roi de Navarre: Guy de Surgires, bann., 6 bach.,
-37 esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 335 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_99" href="#FNanchor_99" class="label">[99]</a> Heurtebise est indiqu sur la carte de Cassini comme un cart de
-Trith-Saint-Lger, prs de la chausse de Bouchain Valenciennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_100" href="#FNanchor_100" class="label">[100]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_101" href="#FNanchor_101" class="label">[101]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_102" href="#FNanchor_102" class="label">[102]</a> D'aprs la premire et la troisime rdaction, les Valenciennois
-vainqueurs Saint-Vaast taient commands par Grard de Verchin,
-snchal de Hainaut.</p>
-
-<p><a id="Footnote_103" href="#FNanchor_103" class="label">[103]</a> Anzin est 2 kil. N. O. de Valenciennes, sur la route de cette
-ville Lille.</p>
-
-<p><a id="Footnote_104" href="#FNanchor_104" class="label">[104]</a> Aujourd'hui Saint-Vaast-l-Haut, lieu-dit de la banlieue de Valenciennes.
-Saint-Vaast, Beaurepaire et la Tasnerie taient trois seigneuries
-dpendantes de cette ville.</p>
-
-<p><a id="Footnote_105" href="#FNanchor_105" class="label">[105]</a> A la place du bois d'Aubry s'lve aujourd'hui le village appel
-Petite-Fort-de-Raismes, rig en commune en 1801.</p>
-
-<p><a id="Footnote_106" href="#FNanchor_106" class="label">[106]</a> Abbaye de femmes de l'ordre de Cteaux situe sur le territoire de
-la paroisse de Maing, prs de l'ancienne route de Valenciennes
-Cambrai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_107" href="#FNanchor_107" class="label">[107]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain sur la Selle.</p>
-
-<p><a id="Footnote_108" href="#FNanchor_108" class="label">[108]</a> Nord, arr. et c. Valenciennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_109" href="#FNanchor_109" class="label">[109]</a> Ibid., sur l'caillon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_110" href="#FNanchor_110" class="label">[110]</a> Nord, arr. et c. Cambrai, sur l'Escaut, 3 kil. N. E. de Cambrai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_111" href="#FNanchor_111" class="label">[111]</a> Le chteau d'Escaud&oelig;uvres fut pris avant le 3 juin 1340. Par
-une charte date du 3 juin 1340, le duc de Normandie mande, du
-chteau d'Escaud&oelig;uvres, aux bourgeois de Valenciennes, de ne point
-servir le comte de Hainaut ni son oncle le seigneur de Beaumont, qui
-s'taient joints aux Anglais pour nuire au royaume de France (Orig.
-parch., aux Archives du Nord).</p>
-
-<p><a id="Footnote_112" href="#FNanchor_112" class="label">[112]</a> Nord, arr. et c. Douai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_113" href="#FNanchor_113" class="label">[113]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain. Une moiti de ce village
-tenait, comme on le verra plus bas, pour les Hainuyers, l'autre moiti
-pour les Franais.</p>
-
-<p><a id="Footnote_114" href="#FNanchor_114" class="label">[114]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.</p>
-
-<p><a id="Footnote_115" href="#FNanchor_115" class="label">[115]</a> Nord, arr. Douai, c. Marchiennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_116" href="#FNanchor_116" class="label">[116]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_117" href="#FNanchor_117" class="label">[117]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.</p>
-
-<p><a id="Footnote_118" href="#FNanchor_118" class="label">[118]</a> Nord, arr. et c. Douai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_119" href="#FNanchor_119" class="label">[119]</a> Hameau de la commune d'Alnes, Nord, arr. Douai, c. Marchiennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_120" href="#FNanchor_120" class="label">[120]</a> Nord, arr. et c. Douai. Le nom de cette seigneurie s'crivait autrefois
-Mauny; elle appartenait l'illustre famille de ce nom.</p>
-
-<p><a id="Footnote_121" href="#FNanchor_121" class="label">[121]</a> Nord, arr. et c. Douai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_122" href="#FNanchor_122" class="label">[122]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.</p>
-
-<p><a id="Footnote_123" href="#FNanchor_123" class="label">[123]</a> Hameau de la commune de Lourches.</p>
-
-<p><a id="Footnote_124" href="#FNanchor_124" class="label">[124]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.</p>
-
-<p><a id="Footnote_125" href="#FNanchor_125" class="label">[125]</a> Aujourd'hui Neuville-sur-l'Escaut, Nord, arr. Valenciennes,
-c. Bouchain.</p>
-
-<p><a id="Footnote_126" href="#FNanchor_126" class="label">[126]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bouchain.</p>
-
-<p><a id="Footnote_127" href="#FNanchor_127" class="label">[127]</a> Nord, arr. Douai, c. Arleux.</p>
-
-<p><a id="Footnote_128" href="#FNanchor_128" class="label">[128]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_129" href="#FNanchor_129" class="label">[129]</a> Nord, arr. et c. Douai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_130" href="#FNanchor_130" class="label">[130]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_131" href="#FNanchor_131" class="label">[131]</a> La forteresse de la Malmaison situe dans la commune d'Ors
-(Nord, arr. Cambrai, c. le Cateau), sur la rive gauche de la Sambre,
-appartenait en effet aux vques de Cambrai; mais en 1340 Sohier de
-Gand en tait capitaine et il avait sous ses ordres 20 cuyers pour le
-roi de France. (De Camps, 83, f<sup>o</sup> 458 v<sup>o</sup>.)</p>
-
-<p><a id="Footnote_132" href="#FNanchor_132" class="label">[132]</a> Au Cateau, Jean de Honnecourt tait chtelain pour le roi de
-France. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 458.</p>
-
-<p><a id="Footnote_133" href="#FNanchor_133" class="label">[133]</a> Nord, arr. Cambrai, c. Carnires.</p>
-
-<p><a id="Footnote_134" href="#FNanchor_134" class="label">[134]</a> Aisne, arr. Saint-Quentin, c. Bohain.</p>
-
-<p><a id="Footnote_135" href="#FNanchor_135" class="label">[135]</a> Cf. Jean le Bel, chap. xxxv, t. I, p. 171 173.</p>
-
-<p><a id="Footnote_136" href="#FNanchor_136" class="label">[136]</a> La prise de Thun-l'Evque eut lieu dans le courant du mois de
-juin 1340. Des lettres d'amortissement de 20 livres de rente sans justice
-et forteresse, dlivres pour la fondation d'une chapelle Gieffroy
-de Gienville, clerc et conseiller du roi, sont dates de <i>noz tentes,
-aprs la prise du chastel de Thun, l'an 1340 au mois de juing</i>. Arch. de
-l'Empire, sect. hist., JJ73, f<sup>o</sup> 117, p. 137.</p>
-
-<p><a id="Footnote_137" href="#FNanchor_137" class="label">[137]</a> Jean de Maubuisson figure l'host de Bouvines, parmi les <i>bacheliers
-sous les marchaux</i>: Jean de Maubuisson et 1 escuier venu de
-Montigny lez Gisors. De Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 366.</p>
-
-<p><a id="Footnote_138" href="#FNanchor_138" class="label">[138]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XXXVI</span>, t. I, p. 171 173.</p>
-
-<p><a id="Footnote_139" href="#FNanchor_139" class="label">[139]</a> L'cluse, en flamand Sluis, ville et port de mer des Pays-Bas,
-dans la Flandre hollandaise, prov. Zeeland, arr. Middelburg.</p>
-
-<p><a id="Footnote_140" href="#FNanchor_140" class="label">[140]</a> Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. et c. Bruges.</p>
-
-<p><a id="Footnote_141" href="#FNanchor_141" class="label">[141]</a> L'le de Kadzand fait aujourd'hui partie des Pays-Bas, prov.
-Zeeland, arr. Middelburg, c. l'cluse (Sluis).</p>
-
-<p><a id="Footnote_142" href="#FNanchor_142" class="label">[142]</a> douard III s'embarqua Orwell le 23 juin, veille de la fte de
-la Nativit de Saint-Jean-Baptiste; et la bataille navale de l'cluse se
-livra le jour mme de la fte, le 24 juin: ....sub spe c&oelig;lestis auxilii,
-crit douard III l'archevque de Canterbury, et justiti nostr fiducia,
-dictum portum navigio venientes, invenimus dictam classem, et
-hostes nostros ibidem paratissimos ad prlium, in multitudine copiosa
-quibus <i>in festo Nativitatis Sancti Johannis Baptist proxime prterito</i>,
-ipse, spes nostra, Christus Deus, per conflictum fortem et validum,
-nos prvalere concessit, facta strage non modica dictorum hostium,
-capta etiam quodammodo tota classe, cum lsione gentis nostr non
-modica respective. Rymer, <i>F&oelig;dera</i>, vol. II, p. 1129.</p>
-
-<p><a id="Footnote_143" href="#FNanchor_143" class="label">[143]</a> Sandwich, dans le comt de Kent, un des cinq ports.</p>
-
-<p><a id="Footnote_144" href="#FNanchor_144" class="label">[144]</a> Pays-Bas, prov. Zeeland, arr. Middelburg, c. l'cluse (Sluis).</p>
-
-<p><a id="Footnote_145" href="#FNanchor_145" class="label">[145]</a> Pays-Bas, prov. Zeeland, arr. Middelburg, chef-lieu de canton.</p>
-
-<p><a id="Footnote_146" href="#FNanchor_146" class="label">[146]</a> Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. et c. Bruges.</p>
-
-<p><a id="Footnote_147" href="#FNanchor_147" class="label">[147]</a> Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. Furnes, chef-lieu de
-canton.</p>
-
-<p><a id="Footnote_148" href="#FNanchor_148" class="label">[148]</a> Hue Quieret, seigneur de Tours en Vimeu, mourut des blessures
-reues dans le combat. Nicolas Behuchet fut, dit-on, pendu au mt
-de son vaisseau par l'ordre d'douard III. Philippe de Valois amortit
-en avril 1344 quinze livres tournois de rente Gonfreville-l'Orcher,
-la requte de frre Pierre le Marchant, du tiers ordre de Saint-Franois,
-clerc de nostre am et feal conseiller <i>Nicolas Beuchet</i> <span class="smcap">JADIS</span> <i>chevalier</i>,
-en recompense des bons et agreables services que nous fist le dit Pierre
-en noz guerres de la mer en la compaignie du dit chevalier. Arch.
-de l'Empire, sect. hist., JJ74, p. 154, f<sup>o</sup> 93.</p>
-
-<p>La marine normande fut longtemps se relever de ce dsastre. En
-fvrier 1342, Philippe de Valois amortit cent livres de terre pour la
-fondation d'un hpital: comme les bourgois et les habitanz de la ville
-de Leure en Normandie (Seine-Infrieure, comm. le Havre), <i>pour compassion
-de plusieurs du dit pais, qui onc de nostre arme de la mer avoient
-est navrez et mehaigniez</i> si griement qu'il ne povoient ne ne pourront
-jamais gaigner leurs vivres.... JJ74, p. 694, f<sup>o</sup> 418.</p>
-
-<p><a id="Footnote_149" href="#FNanchor_149" class="label">[149]</a> La belle glise d'Aardenburg, ddie sous l'invocation de Notre-Dame,
-tait clbre dans toute la Flandre au moyen ge comme but de
-plerinage.</p>
-
-<p><a id="Footnote_150" href="#FNanchor_150" class="label">[150]</a> Louis d'Espagne, comte de Talmont, fut capitaine souverain
-Lille du 16 avril au 27 septembre 1340. De Camps, portef. 83,
-f<sup>o</sup> 310 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_151" href="#FNanchor_151" class="label">[151]</a> Hue Quieret, chevalier et conseiller du roi, son amiral en la mer,
-fut capitaine de Douai du 28 octobre au 6 dcembre 1339. De Camps,
-83, f<sup>o</sup> 311. Nicole de Wasiers parat avoir succd Hue Quieret
-comme capitaine de Douai sous le gouvernement de Godemar du Fay,
-du 28 octobre 1339 au 27 septembre 1340. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 312.</p>
-
-<p><a id="Footnote_152" href="#FNanchor_152" class="label">[152]</a> Jean de Traynel, <i>chevalier le roi</i>, fut tabli du 2 fvrier au 12 juillet
-1340, capitaine Aire et s frontires d'Artois avec 2 bacheliers et
-28 cuyers sous sa bannire, et sous ses ordres 25 chevaliers bacheliers.
-De Camps, 83, f<sup>os</sup> 315 et 316.</p>
-
-<p><a id="Footnote_153" href="#FNanchor_153" class="label">[153]</a> Robert de Wavrin, sire de Saint-Venant, fut tabli, du 30 octobre
-1339 au 27 septembre 1340, capitaine de Saint-Venant, avec 5 chevaliers
-et 40 cuyers sous sa bannire, et sous ses ordres 7 chevaliers
-bacheliers. De Camps, 83, f<sup>os</sup> 314 et 315.</p>
-
-<p><a id="Footnote_154" href="#FNanchor_154" class="label">[154]</a> Godemar du Fay, sire de Bouchon (Somme, arr. Amiens, c. Picquigny),
-gouverneur de Tournsis, fut capitaine gnral s villes de
-Lille et de Tournay et sur les frontires de Flandre et de Hainaut, du
-18 octobre 1339 au 1<sup>er</sup> octobre 1340. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 308 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_155" href="#FNanchor_155" class="label">[155]</a> Jean de Vienne, chevalier banneret, fut commis la garde de
-Mortagne, du 29 octobre 1339 au 1<sup>er</sup> octobre 1340, avec 6 chevaliers
-bacheliers et 44 cuyers. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 313.</p>
-
-<p><a id="Footnote_156" href="#FNanchor_156" class="label">[156]</a> Jean, sire de Wastines, chevalier bachelier, fut prpos la dfense
-de Saint-Amand en 1339 et 1340 avec Jean de Verdebourc,
-Baudouin de Loc, Baudouin de Hasebrouck et 23 cuyers. Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_157" href="#FNanchor_157" class="label">[157]</a> Froissart se trompe en rapportant ce fait au pontificat de Clment
-VI qui ne succda Benot XII qu'en 1342.</p>
-
-<p><a id="Footnote_158" href="#FNanchor_158" class="label">[158]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XXXVII</span>, t. I, p. 175 177.</p>
-
-<p><a id="Footnote_159" href="#FNanchor_159" class="label">[159]</a> Gens d'armes qui furent <i> Tournay sous le gouvernement de Raoul,
-comte d'Eu</i>, connestable de France, estably lieutenant du roy sur toutes
-les frontires de Flandres et de Hainaut, du 23 octobre 1339 jusques
-au 2 dcembre qu'il donna cong ses dites gens d'armes. De Camps,
-83, f<sup>o</sup> 396 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_160" href="#FNanchor_160" class="label">[160]</a> Raoul, comte de Guines, chev. bann. et 14 esc. De Camps,
-83, f<sup>o</sup> 307.</p>
-
-<p><a id="Footnote_161" href="#FNanchor_161" class="label">[161]</a> Gaston de Foix n'est pas mentionn dans les montres comme
-ayant tenu garnison Tournay, mais il commandait une des batailles
-de l'host de Bouvines: La bataille Gaston, comte de Foix. Le dit
-comte de Foix, 32 chev. bann., 31 bach., 23 esc. bann., 671 esc.,
-7 sergens d'armes, 12 menestrels et 4 mareschaux pour chascun menestrel.
-De Camps, 83, f<sup>os</sup> 343 v<sup>o</sup> et 344.</p>
-
-<p><a id="Footnote_162" href="#FNanchor_162" class="label">[162]</a> Host de Bouvines en 1340. Bataille du roi: Am de Poitiers,
-banneret, 3 bach., 62 esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 346.</p>
-
-<p><a id="Footnote_163" href="#FNanchor_163" class="label">[163]</a> A l'host des frontires de Flandre, du 9 mars 1339 au 1<sup>er</sup> octobre
-1340, dans la bataille de Raoul, comte d'Eu, figure: Gieffroy de
-Charny, bach. et 6 esc.; venu de Pierrepont sous Vezelay. De Camps,
-83, f<sup>o</sup> 317.</p>
-
-<p><a id="Footnote_164" href="#FNanchor_164" class="label">[164]</a> Parmi les gens d'armes qui ont servi Douai sous Godemar du
-Fay, du 18 octobre 1339 au 1<sup>er</sup> octobre 1340, figure: Girart de
-Montfaucon, chev. bach., avec 9 esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 309 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_165" href="#FNanchor_165" class="label">[165]</a> Mathieu de Trie et Robert Bertran avaient l'host de Flandre du
-2 mars 1339 le commandement d'une bataille dite <i>bataille des marchaux
-de France</i>: Mathieu de Trie, mareschal de France, bann.,
-17 chev. bach. et 180 esc.; Robert Bertran, sire de Briquebec, mareschal
-de France, bann. et 16 esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 320 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_166" href="#FNanchor_166" class="label">[166]</a> Du 27 octobre 1339 au 27 septembre 1340 jusques au departement
-de l'ost de Bovines, Jean de Mortaigne, seigneur de Landas,
-chev. bach., fut establi capitaine de Marchaines (Marchiennes) avec 12
-esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 346.</p>
-
-<p><a id="Footnote_167" href="#FNanchor_167" class="label">[167]</a> A l'host de Bouvines, dans la bataille du comte d'Alenon, figure
-Jourdain de Loubert, seneschal de Poitou, chev. bann., 14 bach.,
-65 esc. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 337 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_168" href="#FNanchor_168" class="label">[168]</a> Jean de Cayeu, chev. bann., 12 esc.; venu de Senarpont (Somme,
-arr. Amiens, c. Oisemont). Ibid., f<sup>os</sup> 307 et 317.</p>
-
-<p><a id="Footnote_169" href="#FNanchor_169" class="label">[169]</a> A l'host de Bouvines, dans la bataille du duc de Normandie,
-figure Jean, sire de Chastillon, chev. bann., 9 bach. et 56 esc.; venu
-de Marigny ls Chasteau Thierry. Ibid., f<sup>o</sup> 396.</p>
-
-<p><a id="Footnote_170" href="#FNanchor_170" class="label">[170]</a> Parmi les gens d'armes qui servirent Tournay sous Raoul,
-comte d'Eu, du 28 octobre au 2 dcembre 1339, figure Guillaume de
-Mello et 8 esc. Ibid., f<sup>o</sup> 306 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_171" href="#FNanchor_171" class="label">[171]</a> A l'host de Bouvines, dans la bataille du comte d'Alenon, figure
-Jean de Neelle, seigneur d'Auffemont, chev. bann., 5 bach., 32 esc.
-Ibid., f<sup>o</sup> 338.</p>
-
-<p><a id="Footnote_172" href="#FNanchor_172" class="label">[172]</a> Robert de Wavrin, sire de Saint-Venant.</p>
-
-<p><a id="Footnote_173" href="#FNanchor_173" class="label">[173]</a> On lit <i>Breseques</i> dans le ms. B 6; mais il s'agit sans doute ici
-d'Eustache, seigneur de Creseques, chevalier banneret d'Artois, qui
-servit l'host de Bouvines, dans la bataille d'Eude, duc de Bourgogne
-et comte d'Artois. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 330 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_174" href="#FNanchor_174" class="label">[174]</a> La porte de Saint-Martin tait au midi de Tournay, non loin du
-chemin de Lille et de Douai, situ un peu plus l'ouest.</p>
-
-<p><a id="Footnote_175" href="#FNanchor_175" class="label">[175]</a> Le Pont--Rieux est aujourd'hui un hameau de la commune de
-Saint-Maur, Belgique, prov. Hainaut, arr. Tournay, c. Antoing,
-5 kil. de Tournay.</p>
-
-<p><a id="Footnote_176" href="#FNanchor_176" class="label">[176]</a> Le Pire est aujourd'hui un hameau de Montroeul-au-Bois, Belgique,
-prov. Hainaut, arr. Tournay, c. Leuze, 12 kil. de Tournay.</p>
-
-<p><a id="Footnote_177" href="#FNanchor_177" class="label">[177]</a> La porte de Valenciennes tait situe l'est de Tournay, sur la
-rive gauche de l'Escaut, l'endroit o ce fleuve entre dans la ville.</p>
-
-<p><a id="Footnote_178" href="#FNanchor_178" class="label">[178]</a> Entre douard III au midi et le duc de Brabant l'est, le comte
-de Hainaut tait camp par consquent au sud-est.</p>
-
-<p><a id="Footnote_179" href="#FNanchor_179" class="label">[179]</a> La porte de Sainte-Fontaine tait l'ouest de Tournay, du ct
-de Courtrai, sur la rive gauche de l'Escaut.</p>
-
-<p><a id="Footnote_180" href="#FNanchor_180" class="label">[180]</a> La porte des Marvis tait situe au nord-est de Tournay, sur la
-rive droite de l'Escaut.</p>
-
-<p><a id="Footnote_181" href="#FNanchor_181" class="label">[181]</a> Nord, arr. Douai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_182" href="#FNanchor_182" class="label">[182]</a> Nord, arr. Douai, c. Orchies.</p>
-
-<p><a id="Footnote_183" href="#FNanchor_183" class="label">[183]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux.</p>
-
-<p><a id="Footnote_184" href="#FNanchor_184" class="label">[184]</a> Nord, arr. Lille.</p>
-
-<p><a id="Footnote_185" href="#FNanchor_185" class="label">[185]</a> Nord, arr. Lille. Par acte dat du Moncel lez Pont-Sainte-Maxence
-en octobre 1340, Philippe de Valois donne aux religieux,
-frres et s&oelig;urs de l'hpital de Notre-Dame <i>emprs Seclin tant pour
-leurs maisons qui ont est arses et leurs biens gastez par noz anemis</i>, comme
-pour certaines autres causes, trois muis de bl, deux muis d'aveine et
-douze solz parisis ou environ de rente annuelle, en quoy le dit hospital
-estoit tenuz nous par an. Arch. de l'Empire, sect. hist., JJ73, p. 39,
-f<sup>o</sup> 32 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_186" href="#FNanchor_186" class="label">[186]</a> Nord, arr. et c. Lille.</p>
-
-<p><a id="Footnote_187" href="#FNanchor_187" class="label">[187]</a> Nord, arr. de Lille, sur la Marcq. Abbaye d'hommes de l'ordre
-de Saint-Augustin, au diocse de Tournay.</p>
-
-<p><a id="Footnote_188" href="#FNanchor_188" class="label">[188]</a> Nord, arr. Lille, c. Cysoing.</p>
-
-<p><a id="Footnote_189" href="#FNanchor_189" class="label">[189]</a> Nord, arr. Douai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_190" href="#FNanchor_190" class="label">[190]</a> Nord, arr. Douai, c. Marchiennes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_191" href="#FNanchor_191" class="label">[191]</a> Raches ou Pont--Raches, Nord, arr. et c. Douai.</p>
-
-<p><a id="Footnote_192" href="#FNanchor_192" class="label">[192]</a> Pas-de-Calais, arr. Bthune.</p>
-
-<p><a id="Footnote_193" href="#FNanchor_193" class="label">[193]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand. Abbaye de Bndictins
-au diocse d'Arras.</p>
-
-<p><a id="Footnote_194" href="#FNanchor_194" class="label">[194]</a> Vicoigne, aujourd'hui hameau de la commune de Raismes,
-Nord, arr. Valenciennes. Abbaye de l'ordre de Prmontr au diocse
-d'Arras.</p>
-
-<p><a id="Footnote_195" href="#FNanchor_195" class="label">[195]</a> L'abb Godefroi, dont il est ici question, est Godefroi II de
-Bavai, n Cambrai, promu abb en 1312, mort en 1344. Une pitaphe
-rapporte dans le <i>Gallia christiana</i> clbre le courage de l'abb
-Godefroi.</p>
-
-<p><a id="Footnote_196" href="#FNanchor_196" class="label">[196]</a> Bernard Jourdain, sire de Lille (auj. l'Isle-en-Jourdain-Gers,
-Gers, arr. Lombez.)</p>
-
-<p><a id="Footnote_197" href="#FNanchor_197" class="label">[197]</a> Pierre Raymond I<sup>er</sup>, comte de Comminges.</p>
-
-<p><a id="Footnote_198" href="#FNanchor_198" class="label">[198]</a> Roger Bernard, comte de Prigord.</p>
-
-<p><a id="Footnote_199" href="#FNanchor_199" class="label">[199]</a> Arnaud de la Vie, sire de Villemur.</p>
-
-<p><a id="Footnote_200" href="#FNanchor_200" class="label">[200]</a> Jean de la Baume, vicomte de Tallard.</p>
-
-<p><a id="Footnote_201" href="#FNanchor_201" class="label">[201]</a> Arnaud d'Euze, vicomte de Caraman.</p>
-
-<p><a id="Footnote_202" href="#FNanchor_202" class="label">[202]</a> Peut-tre Amauri, vicomte de Lautrec, seigneur de Montredon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_203" href="#FNanchor_203" class="label">[203]</a> Lot-et-Garonne, arr. et c. Marmande.</p>
-
-<p><a id="Footnote_204" href="#FNanchor_204" class="label">[204]</a> Lot-et-Garonne, arr. Villeneuve-sur-Lot.</p>
-
-<p><a id="Footnote_205" href="#FNanchor_205" class="label">[205]</a> Gironde, arr. Bazas.</p>
-
-<p><a id="Footnote_206" href="#FNanchor_206" class="label">[206]</a> Civrac-de-Dordogne, Gironde, arr. Libourne, c. Pujols.</p>
-
-<p><a id="Footnote_207" href="#FNanchor_207" class="label">[207]</a> La Role tait au pouvoir du roi de France ds 1339. Le 6 janvier
-de cette anne, Jean, roi de Bohme, lieutenant du roi en langue
-d'oc, accorde aux consuls et habitants de la Role, contrairement la
-coutume de Bazas, en rcompense de leur fidlit, le privilge de pouvoir
-disposer par testament de leurs biens immeubles. Arch. de l'Empire,
-sect. hist., JJ73, p. 227, f<sup>o</sup> 179.&mdash;En 1341, Thibaud de Barbazan,
-cuyer banneret, tait capitaine, et Guillaume de la Baume,
-chevalier banneret, chtelain de la Role avec 10 cuyers. De Camps,
-83, f<sup>o</sup> 288 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_208" href="#FNanchor_208" class="label">[208]</a> Aujourd'hui hameau de la commune du Change, Dordogne,
-arr. Prigueux, c. Savignac-les-glises.</p>
-
-<p><a id="Footnote_209" href="#FNanchor_209" class="label">[209]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XXXVIII</span>, t. I, p. 181 186.</p>
-
-<p><a id="Footnote_210" href="#FNanchor_210" class="label">[210]</a> Voici, d'aprs les montres, la liste des batailles dont se composa
-l'host de Bouvines du 9 mars au 1<sup>er</sup> octobre 1340: bataille de
-Raoul, comte d'Eu, conntable de France;&mdash;bataille de Robert Bertran
-et de Mathieu de Trie, marchaux de France;&mdash;bataille de
-Louis, comte de Flandre, de Nevers et de Rthel;&mdash;bataille d'Eude,
-duc de Bourgogne, comte d'Artois et comte palatin de Bourgogne, sire
-de Salins;&mdash;bataille du duc de Normandie, lieutenant du roi de
-France;&mdash;bataille du roi de Navarre;&mdash;bataille du comte d'Alenon;&mdash;bataille
-de Jean, comte d'Armagnac;&mdash;bataille de Gaston, comte
-de Foix;&mdash;bataille d'Am, comte de Savoie;&mdash;bataille d'Adolphe,
-vque de Lige;&mdash;bataille du roi de France. De Camps, portef. 83,
-f<sup>os</sup> 316 406.</p>
-
-<p><a id="Footnote_211" href="#FNanchor_211" class="label">[211]</a> Philippe de Valois convoqua ses gens d'armes Arras en juillet
-1340 (De Camps, 83, f<sup>o</sup> 296), et les congdia le 27 septembre de la
-mme anne (Ibid., f<sup>o</sup> 346); il tait prs du prieur de Saint-Andr
-(auj. Saint-Andr, Nord, arr. et c. Lille) le 30 juillet, date de sa rponse
- une provocation qui lui avait t adresse le 26 juillet par
-douard III de Chin-lez-Tournay (auj. hameau de Romegnies-Chin,
-Belgique, 6 kil. de Tournay). Voyez Rymer, <i>F&oelig;dera</i>, t. II, pars ii,
-p. 1131 et 1132. Le roi de France parat avoir pass partie du mois
-d'aot Douai (Actum et datum <i>in exercitu nostro prope Duacum</i> anno
-Domini 1340, mense <i>augusti</i>. JJ73, p. 48, f<sup>o</sup> 40). Plusieurs chartes dates
-du Pont de Bouvines sont du mois de septembre (Actum et datum
-<i>in tentoriis nostris prope pontem de Bovinis</i>, anno Domini 1340, mense
-<i>septembris</i>. JJ73, p. 247, f<sup>o</sup> 193 v<sup>o</sup>.)</p>
-
-<p><a id="Footnote_212" href="#FNanchor_212" class="label">[212]</a> La Marcq, issue des bois de Phalempin 15 kil. de Lille, traverse
-des marais auxquels elle sert de dcharge, et, aprs un cours
-d'environ 5 myriamtres, se jette dans la Deule Marquette.</p>
-
-<p><a id="Footnote_213" href="#FNanchor_213" class="label">[213]</a> Nord, arr. Lille, c. Cysoing.</p>
-
-<p><a id="Footnote_214" href="#FNanchor_214" class="label">[214]</a> Nord, arr. Lille, c. Lannoy.</p>
-
-<p><a id="Footnote_215" href="#FNanchor_215" class="label">[215]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Bruille-Saint-Amand. <i>Le Crousage</i>
-du texte est peut-tre la Croisette, hameau de Saint-Amand-les-Eaux.</p>
-
-<p><a id="Footnote_216" href="#FNanchor_216" class="label">[216]</a> A l'host de Bouvines, dans la bataille d'Eude, duc de Bourgogne
-figure: Jean de Froulois, bann., 2 bach., 11 esc. De Camps,
-portef. 83, f<sup>o</sup> 330.</p>
-
-<p><a id="Footnote_217" href="#FNanchor_217" class="label">[217]</a> Pont--Tressin est encore aujourd'hui le nom d'un hameau de la
-commune de Tressin.</p>
-
-<p><a id="Footnote_218" href="#FNanchor_218" class="label">[218]</a> Host de Bouvines en 1340. La bataille Adolf evesque du Lige:
-le dit evesque, 7 chev. bann., 73 bach., 420 esc. De Camps,
-portef. 83, f<sup>o</sup> 344 v<sup>o</sup>. Il faut prendre garde de confondre les seigneurs
-de Baileu (les mss. de Froissart crivent Bailleul) avec les seigneurs de
-Baill&oelig;ul en Hainaut ou de Bailleul en Normandie. La seigneurie de
-Baileu est aujourd'hui un hameau de la commune de Walcourt, Belgique,
-prov. Namur, arr. Philippeville. Morialm, dont Robert de
-Baileu tait seigneur, fait aussi partie du canton de Walcourt.</p>
-
-<p><a id="Footnote_219" href="#FNanchor_219" class="label">[219]</a> Nord, arr. Lille, c. Lannoy.</p>
-
-<p><a id="Footnote_220" href="#FNanchor_220" class="label">[220]</a> Jacques de Forvie, cuyer, tait le second fils de Stockar de Forvie
-le Vieux; il se maria Isabeau, fille de Pierre de Surice, bourgeois
-de Namur. Hemricourt, <i>Miroir des Nobles</i>, d. de Jalheau, p. 143.</p>
-
-<p><a id="Footnote_221" href="#FNanchor_221" class="label">[221]</a> D'aprs les montres conserves par De Camps, Jean de Vienne,
-et non douard de Beaujeu, fut capitaine de Mortagne, du 29 octobre
-1339 au 1<sup>er</sup> octobre 1340, avec 6 chevaliers bacheliers et 44 cuyers.
-De Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 313.</p>
-
-<p>Le chteau de Mortagne, bti au confluent de l'Escaut et de la
-Scarpe, rsidence habituelle des chtelains de Tournay, fut cd en 1313
-avec la chtellenie de Tournay Philippe le Bel.</p>
-
-<p><a id="Footnote_222" href="#FNanchor_222" class="label">[222]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux.</p>
-
-<p><a id="Footnote_223" href="#FNanchor_223" class="label">[223]</a> Aujourd'hui Saint-Amand-les-Eaux, sur la rive gauche de la
-Scarpe, affluent de la rive gauche de l'Escaut.</p>
-
-<p><a id="Footnote_224" href="#FNanchor_224" class="label">[224]</a> Nord, arr. Valenciennes, c. Saint-Amand-les-Eaux, sur la rive
-gauche de la Scarpe.</p>
-
-<p><a id="Footnote_225" href="#FNanchor_225" class="label">[225]</a> Il s'agit ici sans doute du seigneur de Saint-Georges-de-Reneins,
-Rhne, arr. Villefranche-sur-Sane, c. Belleville-sur-Sane.</p>
-
-<p><a id="Footnote_226" href="#FNanchor_226" class="label">[226]</a> Belgique, prov. Hainaut, arr. Tournay, 7 kil. de Tournay.</p>
-
-<p><a id="Footnote_227" href="#FNanchor_227" class="label">[227]</a> Aujourd'hui hameau de Wasmes-Audemez, Belgique, prov. Hainaut,
-arr. Tournay, c. Pruwelz.</p>
-
-<p><a id="Footnote_228" href="#FNanchor_228" class="label">[228]</a> Comme nous l'avons dit plus haut, Jean, sire de Wastines, fut
-tabli gardien de Saint-Amand, du 23 octobre 1339 au 1<sup>er</sup> octobre
-1340.</p>
-
-<p><a id="Footnote_229" href="#FNanchor_229" class="label">[229]</a> Le snchal de Carcassonne, dont il est ici question, s'appelait
-Jean de la Roche; il figure sur les montres de l'host de Bouvines
-en 1340 avec cette mention: Jean de la Roche, chevalier, seneschal
-de Carcassonne, banneret, 2 chevaliers bacheliers, 102 escuiers. De
-Camps, portef. 83, f<sup>o</sup> 352. Jean de la Roche, seigneur de Castanet
-(Haute-Garonne), tait mari Guillemine de Roussillon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_230" href="#FNanchor_230" class="label">[230]</a> Nord, arr. Douai, sur la rive gauche de la Scarpe et de la Rache
-et sur la route de Bouchain Orchies. Abbaye de Bndictins au diocse
-d'Arras. Depuis la dispersion de l'host de Buironfosse, le 28 octobre
-1339 jusqu' la dispersion de l'host de Bouvines, le 27 septembre
-1340, Jean de Mortagne, seigneur de Landas, chevalier bachelier,
-fut establi capitaine de Marchiennes avec 12 escuiers. De Camps,
-83, f<sup>o</sup> 346 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_231" href="#FNanchor_231" class="label">[231]</a> A l'host de Bouvines en 1340, parmi les bacheliers sous les marchaux
-de France, figure: Am de Warnans, chev. bach. et 25 esc.;
-venu de Warnans entre Aix et le Lige. Aujourd'hui Warnant-Dreye,
-Belgique, prov. Lige.</p>
-
-<p><a id="Footnote_232" href="#FNanchor_232" class="label">[232]</a> Belgique, prov. Brabant, arr. Nivelles.</p>
-
-<p><a id="Footnote_233" href="#FNanchor_233" class="label">[233]</a> Belgique, prov. Anvers, arr. Malines.</p>
-
-<p><a id="Footnote_234" href="#FNanchor_234" class="label">[234]</a> A l'host de Bouvines en 1340, dans la bataille de Raoul, comte
-d'Eu, figure Charles, seigneur de Montmorency, banneret, 1 bachelier,
-11 escuiers. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 335.</p>
-
-<p><a id="Footnote_235" href="#FNanchor_235" class="label">[235]</a> Somme, arr. Amiens, c. Sains. Aucun chevalier banneret, seigneur
-de Saint-Sauflieu, n'est mentionn sur les montres de l'host de
-Bouvines en 1340; on n'y voit figurer que Gaucher de Saint-Sauflieu,
-cuyer, et Raoul, dit Herpin, de Saint-Sauflieu, aussi cuyer, fait chevalier
-le 23 mai. Comme Gaucher et Raoul dit Herpin de Saint-Sauflieu
-servaient sous la bannire de Rogue, sire de Hangest, ce dernier est
-sans doute le grand baron dont parle Froissart; et il n'est pas tonnant
-qu'on le trouve ct de Charles, seigneur de Montmorency,
-dont il tait l'oncle par son mariage avec Isabeau de Montmorency,
-fille de Mathieu IV. Rogue, sire de Hangest, chev. bann., 4 bach.
-et 29 esc.; venu de Maigneville en la comt de Bar. De sa compagnie....
-Gaucher de Saint-Sauflieu.... Harpin de Saint-Sauflieu et Martel du
-Hamel faits chevaliers nouvels le 23 jour de may. De Camps, 83,
-f<sup>o</sup> 396 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_236" href="#FNanchor_236" class="label">[236]</a> Cf. Jean le Bel, chap. xxxix, t. I, p. 187 194.</p>
-
-<p><a id="Footnote_237" href="#FNanchor_237" class="label">[237]</a> Nord, arr. Dunkerque.</p>
-
-<p><a id="Footnote_238" href="#FNanchor_238" class="label">[238]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_239" href="#FNanchor_239" class="label">[239]</a> Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. Ypres.</p>
-
-<p><a id="Footnote_240" href="#FNanchor_240" class="label">[240]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_241" href="#FNanchor_241" class="label">[241]</a> Ibid.</p>
-
-<p><a id="Footnote_242" href="#FNanchor_242" class="label">[242]</a> Pas-de-Calais, arr. et c. Saint-Omer.</p>
-
-<p><a id="Footnote_243" href="#FNanchor_243" class="label">[243]</a> Aujourd'hui Cauchy, hameau de la commune d'Ecques, Pas-de-Calais,
-arr. Saint-Omer, c. Aire-sur-la-Lys.</p>
-
-<p><a id="Footnote_244" href="#FNanchor_244" class="label">[244]</a> C'est par erreur que Froissart appelle <i>Braud</i> le comte dauphin
-d'Auvergne, qui prit part l'expdition de Bouvines; Braud I<sup>er</sup> ne
-succda Jean, dit Dauphinet, son pre, qu'en 1351. Jean, comte
-de Clermont, dalphin d'Auvergne, pour li escuier banneret, 7 bach.,
-1 esc. bann., 56 esc.&mdash;Pour l'accroissement des gages du dit comte
-qui le 11 jour de juillet fut fait chevalier, de Beraut de Marqueil
-(Merc&oelig;ur), esc. bann. fait chevalier le 27 d'aoust. De Camps, 83,
-f<sup>o</sup> 351.</p>
-
-<p><a id="Footnote_245" href="#FNanchor_245" class="label">[245]</a> 6 cuyers bannerets de langue d'oc furent faits chevaliers, 32
-cuyers aussi de langue d'oc furent faits chevaliers nouveaux devant
-Saint-Omer <i>le 25 juillet</i>. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 343. Nous aurions ainsi
-une date prcise si nous tions certains que l'engagement devant Saint-Omer
-qui donna lieu cette promotion de chevaliers est le mme que
-celui dont parle Froissart.</p>
-
-<p>Au milieu de la nuit qui suit ce dsastre, tous les Flamands
-camps dans la valle de Cassel se rveillent comme pris de panique,
-se lvent en toute hte et aprs avoir pli bagages, reprennent
-le chemin de leur pays, malgr les reprsentations de Henri
-de Flandre et de Robert d'Artois, qui vont rejoindre douard III
-et l'arme anglo-allemande devant Tournay. P. 78, 79, 255, 256.</p>
-
-<p>Dans une dpche d'douard III date de Bruges le 9 juillet et
-adresse au prochain Parlement qui doit se runir Westminster, le
-roi d'Angleterre annonce qu'il se dispose aller bientt (aux environs
-de la Madeleine, le 22 juillet) assiger Tournay avec la plus grande
-partie de ses forces o il y auera cent mill homes de Flaundres armez;
-<i>et mounseur Robert d'Artoys vers Seint Omer od cynquante mill</i>,
-outre touz nos alliez et lour poair. Ds le 26 juillet, douard III
-tait camp Chyn (auj. hameau de Ramegnies-Chin, Belgique,
-6 kil. de Tournay), sur les champs de lez Tournay. Rymer, <i>F&oelig;dera</i>,
-vol. II, p. 1130 et 1131. Les Flamands de Robert d'Artois durent
-arriver peu prs en mme temps devant Saint-Omer; la date de
-leur dfaite le 25 juillet est donc trs-probable.</p>
-
-<p><a id="Footnote_246" href="#FNanchor_246" class="label">[246]</a> Belgique, prov. Hainaut, arr. et c. Tournay, 7 kil. de cette
-ville.</p>
-
-<p><a id="Footnote_247" href="#FNanchor_247" class="label">[247]</a> Parmi les chevaliers bacheliers qui servirent s parties de Thirache
-sous Gautier duc d'Athnes en vertu de lettres du 6 septembre
-1339 figure: Loys d'Aigimont, 1 bachelier, 8 escuiers. De Camps,
-83, f<sup>o</sup> 305 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>La trve fut en effet signe dans l'glise d'Esplechin le lundi 25 septembre
-1340. Les ngociateurs furent de la part du roi de France:
-Jean roi de Bohme et comte de Luxembourg, Adolphe vque de
-Lige, Raoul duc de Lorraine, Am comte de Savoie, Jean comte d'Armagnac;&mdash;de
-la part du roi d'Angleterre: le duc de Brabant, le duc
-de Gueldre, le marquis de Juliers, le comte de Hainaut et Jean de
-Hainaut sire de Beaumont. Rymer, <i>F&oelig;dera</i>, vol. II, p. 1135.</p>
-
-<p><a id="Footnote_248" href="#FNanchor_248" class="label">[248]</a> Le 27 septembre 1340, cong gnral fut donn aux gens d'armes
-de l'host de Bouvines except aucuns qui en garnison demeurrent
- Tournay, le sige des ennemis estant devant la ville, lesquels ont
-pris gages jusques au 1<sup>er</sup> octobre 1340 par grace du roi. De Camps,
-83, f<sup>o</sup> 350.</p>
-
-<p>Le 13 octobre 1340, Philippe de Valois tait l'abbaye de Moncel
-(auj. hameau de Pont-Point, Oise, arr. Senlis, c. Pont-Sainte-Maxence),
-ainsi que l'atteste une charte o il accorde aux religieuses, abbesse et
-couvent du dit lieu le droit de prendre annuellement vint milliers de
-fagos en la vente ou s ventes d'aucun ou d'aucuns marcheans de la
-forest de Halate. Arch. de l'Empire, Sect. hist., JJ73, p. 157,
-f<sup>o</sup> 129 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_249" href="#FNanchor_249" class="label">[249]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XLVI</span>, t. I, p. 225 236.</p>
-
-<p><a id="Footnote_250" href="#FNanchor_250" class="label">[250]</a> Les chefs du parti de Montfort taient, outre Herv de Lon, le
-seigneur de Pont-l'Abb (Finistre, arr. Quimper), Geffroi de Malestroit
-(Morbihan, arr. Plormel), Tanneguy du Chtel (la terre et seigneurie
-du Chtel tait situe dans l'ancien diocse de Saint-Pol-de-Lon),
-Henri de Kar (fief situ sur le territoire de Vannes), Yvon de
-Trsiguidy (Finistre, arr. Chteaulin, hameau de la commune de
-Pleuben), Herv seigneur de Nvez (Finistre, arr. Quimperl, c.
-Pont-Aven), Alain de Kerlvnan (Morbihan, arr. Vannes, hameau de
-la commune de Sarzeau); on voit que les principaux partisans de Montfort
-appartenaient la Bretagne bretonnante.</p>
-
-<p><a id="Footnote_251" href="#FNanchor_251" class="label">[251]</a> Jean le Bel et Froissart donnent ce chevalier le prnom de <i>Garnier</i>;
-les historiens de Bretagne l'appellent Gautier.</p>
-
-<p><a id="Footnote_252" href="#FNanchor_252" class="label">[252]</a> La maison de Spinefort tait une noble et ancienne maison de
-Bretagne, au diocse de Vannes, en la paroisse de Languidic (Morbihan,
-arr. Lorient, c. Hennebont), peu de distance de Hennebont.
-Voy. <i>Les vies des saints de la Bretagne</i>, par Albert le Grand, d. de
-M. Miorcec de Kerdannet, p. 38 et 39.</p>
-
-<p><a id="Footnote_253" href="#FNanchor_253" class="label">[253]</a> Morbihan, arr. Lorient.</p>
-
-<p><a id="Footnote_254" href="#FNanchor_254" class="label">[254]</a> Aujourd'hui hameau de la commune de Priziac, Morbihan, arr.
-Napolonville, c. le Faout.</p>
-
-<p><a id="Footnote_255" href="#FNanchor_255" class="label">[255]</a> Aujourd'hui hameau de la commune de Sarzeau, Morbihan, arr.
-Vannes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_256" href="#FNanchor_256" class="label">[256]</a> Morbihan, arr. Lorient.</p>
-
-<p><a id="Footnote_257" href="#FNanchor_257" class="label">[257]</a> Jean le Bel, dont Froissart reproduit ici le texte peu prs mot
- mot, appelle cette localit <i>la Forest</i> (t. I, p. 236). Oge et Albert le
-Grand identifient le <i>la Forest</i> de Jean le Bel et le <i>Goy-la-Fort</i> de Froissart
-avec la Forest, Finistre, arr. Brest, c. Landerneau. Le chteau
-de la Fort, dit Oge, fut assig en 1341 par le comte de Montfort.
-C'tait une place forte qui appartenait au vicomte de Rohan, partisan
-de Charles de Blois. <i>Dictionnaire historique et gographique de la Bretagne</i>,
-t. II, p. 305, au mot <i>La Fort</i>. Le nom breton est <i>Goulet-Forest</i>;
-il figure dans le passage suivant d'une vie de saint Tnenan:</p>
-
-<div class="poetry"><div class="stanza">
-<p>Poulzet ount gant eun avel gr,</p>
-<p>Ractal, rivier Landern,</p>
-<p>Quen e errusont, gant o lestr,</p>
-<p>Dindan Castel-<i>Goulet-Forest</i>.</p>
-</div></div>
-
-<p>V. Albert le Grand, d. de M. Miorcec de Kerdannet, p. 403, en note.
-Du breton <i>Goulet-Forest</i> Froissart a fait Goy-la-Fort.</p>
-
-<p><a id="Footnote_258" href="#FNanchor_258" class="label">[258]</a> Finistre, arr. Chteaulin.</p>
-
-<p><a id="Footnote_259" href="#FNanchor_259" class="label">[259]</a> Gui de Lon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_260" href="#FNanchor_260" class="label">[260]</a> Ctes-du-Nord, arr. Dinan.</p>
-
-<p><a id="Footnote_261" href="#FNanchor_261" class="label">[261]</a> Morbihan, arr. Plormel.</p>
-
-<p><a id="Footnote_262" href="#FNanchor_262" class="label">[262]</a> Morbihan, arr. Plormel.</p>
-
-<p><a id="Footnote_263" href="#FNanchor_263" class="label">[263]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XLVI</span> et <span class="smcap">XLVII</span>, t. I, p. 236 242.</p>
-
-<p><a id="Footnote_264" href="#FNanchor_264" class="label">[264]</a> Loire-Infrieure, arr. Nantes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_265" href="#FNanchor_265" class="label">[265]</a> Ctes-du-Nord, arr. Saint-Brieuc.</p>
-
-<p><a id="Footnote_266" href="#FNanchor_266" class="label">[266]</a> Aujourd'hui hameau de la commune d'Evran, Ctes-du-Nord,
-arr. Dinan.</p>
-
-<p><a id="Footnote_267" href="#FNanchor_267" class="label">[267]</a> Ille-et-Vilaine, arr. Redon, c. Pipriac.</p>
-
-<p><a id="Footnote_268" href="#FNanchor_268" class="label">[268]</a> Morbihan, arr. Vannes, c. Allaire.</p>
-
-<p><a id="Footnote_269" href="#FNanchor_269" class="label">[269]</a> Jeanne, femme de Charles de Blois, avait pour mre Jeanne d'Avaugour,
-marie Gui, comte de Penthivre, fille et hritire de
-Henri seigneur d'Avaugour. Un petit hameau de la commune de Saint-Pver,
-Ctes-du-Nord, arr. Guingamp, c. Plouagat, porte encore aujourd'hui
-le nom illustr par cette famille qui descendait d'Eude comte
-de Bretagne.</p>
-
-<p><a id="Footnote_270" href="#FNanchor_270" class="label">[270]</a> Dom Morice conjecture (<i>Hist. de Bretagne</i>, t. I, p. 248) que
-Froissart a voulu dsigner ici Roscoff; mais, comme l'a fait remarquer
-Dacier, il y a bien peu d'analogie entre <i>Gredo</i> et <i>Roscoff</i>. Dacier propose
-de lire <i>Coredou</i>, village sur le bord d'une petite anse l'ouest de
-Saint-Pol-de-Lon, et l'identification de <i>Gredo</i> avec <i>Coredou</i> a t
-adopte par Buchon (t. I, d. du Panthon, p. LIV). Il nous a t impossible
-de retrouver exactement, soit dans les dictionnaires, soit sur
-les cartes, le <i>Coredou</i> de Dacier. Le nom de ce port est crit <i>Grendo</i>
-dans Jean le Bel (v. t. I, p. 236). D'aprs la deuxime rdaction ou
-ms. d'Amiens (v. p. 291) Jean de Montfort se serait embarqu Gurande,
-et d'aprs la troisime rdaction ou ms. de Rome (v. p. 295)
-Vannes. En proposant d'identifier <i>Gredo</i> avec <i>Redon</i>, nous nous fondons
-principalement sur le passage suivant de la troisime rdaction
-ou ms. de Rome: ....et vinrent ariver <i>Grde, au plus proain port
-de Vennes et de Rennes</i>. P. 391. D'ailleurs, mme en ce qui concerne
-la premire rdaction, 10 mss. sur 33, les mss. 23 33 donnent la variante
-<i>Redon</i> pour <i>Gredo</i> (voy. p. 397). L'addition d'un g parasite dans
-<i>Gredo</i> s'est faite comme dans <i>grenouille</i>, de <i>ranuncula</i>. Redon a un port
-sur la Vilaine accessible aux navires de mdiocre grandeur.</p>
-
-<p><a id="Footnote_271" href="#FNanchor_271" class="label">[271]</a> Par acte dat de Westminster le 24 septembre 1341, douard III
-donne le comt de Richmond avec toutes ses dpendances son trs-cher
-cousin Jean duc de Bretagne et comte de Montfort, en tmoignage
-de l'alliance conclue entre lui et le dit Jean et aussi en ddommagement
-du comt de Montfort confisqu par Philippe de Valois
-(Rymer, <i>Foedera</i>, vol. II, p. 1176). On ne trouve du reste aucune
-trace dans les pices publies par Rymer de l'hommage du duch
-de Bretagne qui aurait t fait dans cette circonstance par Jean de
-Montfort douard III.</p>
-
-<p><a id="Footnote_272" href="#FNanchor_272" class="label">[272]</a> D'aprs le ms. de Rome (v. p. 302), les messagers furent les
-seigneurs de Montmorency et de Saint-Venant.</p>
-
-<p><a id="Footnote_273" href="#FNanchor_273" class="label">[273]</a> Nous avons corrig ici Froissart qui dit, sans doute par inadvertance,
-que Jean de Montfort n'tait pas issu du mme pre que le feu
-duc de Bretagne et son frre le comte de Penthivre. La vrit est,
-comme l'indique notre chroniqueur dans un des chapitres prcdents,
-que Jean III, duc de Bretagne, et Gui comte de Penthivre taient
-sortis d'un premier mariage d'Arthur II duc de Bretagne avec Marie
-vicomtesse de Limoges, tandis que Jean de Montfort devait le jour
-un second mariage d'Arthur II avec Iolande de Dreux.</p>
-
-<p><a id="Footnote_274" href="#FNanchor_274" class="label">[274]</a> L'arrt rendu en faveur de Charles de Blois in curia nostra, in
-magno consilio nostro Parium Franci, prlatorum, baronum aliorumque...
-est dat de Conflans le 7 septembre 1341. V. <i>Mmoires
-pour servir de preuves l'histoire de Bretagne</i>, par dom Morice, t. I,
-col. 1421 1424. Froissart se trompe sur les considrants de cet arrt.
-Il n'y est fait mention que des raisons et des exemples allgus par
-Charles de Blois, d'une part, pour prouver qu'en Bretagne les reprsentants
-du frre an, lorsqu'il s'agissait d'une succession noble, la
-recueillaient au prjudice du frre cadet; et par le comte de Montfort,
-d'autre part, pour tablir le contraire.</p>
-
-<p><a id="Footnote_275" href="#FNanchor_275" class="label">[275]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XLVII</span>, t. I, p. 243 249.</p>
-
-<p><a id="Footnote_276" href="#FNanchor_276" class="label">[276]</a> Le voyage de Bretagne et l'ost devant Nantes fait par le duc de
-Normandie et les establies aprs ensuivant le dit voyage, commenant
-26 septembre 1341, finant 6 mai 1342: Eude duc de Bourgoigne, Gaucher
-duc d'Athnes, le comte de Joigny, Jean de Chalon, Andr de
-Chauvigny, Gile sire de Soocourt, Bernart sire de Morueil, Rogue
-sire de Hangest, Jean de Chastillon, Charles sire de Montmorency....
-Arnaut de la Vie sire de Villemur, Hue de Bouville, G. de Craon, Hue
-sire de Faignoles, Robert Bertran mareschal de France, Payen de
-Mailly, Jean de Vienne, Regnaut sire de Honcourt, Godefroy de
-Nast, etc.... V. De Camps, portef. 83, f<sup>os</sup> 452 453 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_277" href="#FNanchor_277" class="label">[277]</a> La retenue des gens d'armes de l'hostel de nous Raoul, comte
-de Eu, connestable de France, qui avecques nous ont est en Bretaingne
-en la compaignie mgr le duc de Normandie <i>s mois d'octobre et de
-novembre</i> 1341. Nous connestable, 1 bann., 4 chv. bach. et 53 esc.;
-venus du comt d'Eu <i> Angers</i>.. Pour nostre bannire, Tassart de Basinguehan&mdash;Raoul
-comte de Guisnes nostre fil, chev. bann.; pour sa
-bannire, Bertaut d'Outreleaue. De Camps, 83, f<sup>o</sup> 416.</p>
-
-<p>Les principaux chevaliers de la bataille du comte d'Eu sont: Jean,
-seigneur de Walencourt, chev. bann., 2 chev. bach. et 15 esc., venus
-de Wallaincourt en Cambraisis;&mdash;Drieu de Mello, chev., 3 esc., venus
-de Saint Brice en Aucerrois;&mdash;Guillaume de Merlo, chev., 3 esc.,
-venus de Poisse en Aussay;&mdash;Gieffroy de Charny, chev., 3 esc.,
-venus de Pierrepertuis sous Vezelay;&mdash;Ferry de Chardoingne, chev.,
-6 esc., venus d'Oupie en l'vesch de Verdun;&mdash;Loys de Corbon,
-chev., 8 esc., venus de Guion en Barrois;&mdash;Jean Mauvoisin, chev.,
-2 esc., venus d'auprs Vernon en Normandie;&mdash;Philippe de Pont,
-chev., 3 esc., venus d'Aencourt prez d'Arche en Normandie;&mdash;Guillaume
-de Villers, 2 esc., venus de Villers en Vimeu;&mdash;Philippe de
-Buissy, chev., 2 esc., venus de Savoye;&mdash;Jean de Landas, Baudoin
-de Bavelinguen, Jean de Dargny, Jean Maquerel, Gieffroy du Forestel;&mdash;Robert
-le Thyoys, chev., 3 esc., venus de Gisors. De Camps,
-83, f<sup>os</sup> 416 419.</p>
-
-<p><a id="Footnote_278" href="#FNanchor_278" class="label">[278]</a> Champtoceaux, Maine-et-Loire, arr. Cholet, sur la rive gauche de
-la Loire. Les ruines du chteau de Champtoceaux couvrent encore aujourd'hui
-les flancs d'un monticule situ moins de cent mtres du
-lit de la Loire.</p>
-
-<p><a id="Footnote_279" href="#FNanchor_279" class="label">[279]</a> Le sige de Champtoceaux dura au moins depuis le 10 octobre
-jusqu'au 26 du mme mois: Robert de Marigny esc. fait chev. nouviaus
-<i> Chantociaus le 10 octobre</i>, 5 esc., venus de Triestrieux lez Beauvais.
-De Camps, 83, f<sup>o</sup> 419&mdash;Jean de Honnecourt escuier fait chevalier
-nouveau <i> Cantociaus le 26 octobre</i>. <i>Ibid.</i>, f<sup>o</sup> 417.</p>
-
-<p><a id="Footnote_280" href="#FNanchor_280" class="label">[280]</a> Loire-Infrieure, arr. Nantes. Carquefou n'est qu' 10 kilomtres
-de Nantes.</p>
-
-<p><a id="Footnote_281" href="#FNanchor_281" class="label">[281]</a> La poterne de Richebourg, qui donnait accs dans le faubourg
-de ce nom, tait situe au nord-est de Nantes, sur la rive droite de
-la Loire, entre l'Erdre et ce fleuve.</p>
-
-<p><a id="Footnote_282" href="#FNanchor_282" class="label">[282]</a> La poterne de Sauve, anciennement appele de Sauve Tour, qui
-donnait accs dans le Bourgneuf, tait situe sur la rive droite de la
-Loire comme la poterne de Richebourg, un peu l'ouest de cette dernire,
-prs de la rivire d'Erdre. Une indication de dtail sur la topographie
-de Nantes aussi prcise que celle des deux poternes de Richebourg
-et de Sauve semble due des souvenirs personnels. Quoi qu'il en
-soit, il est remarquer que cette indication ne se trouve que dans la
-troisime et dernire rdaction du premier livre des <i>Chroniques</i> reprsente
-par le ms. de Rome.</p>
-
-<p><a id="Footnote_283" href="#FNanchor_283" class="label">[283]</a> Froissart a vari dans ses diverses rdactions sur la date de la
-reddition de Nantes: dans la premire rdaction (v. p. 113), cette
-date est fixe aux environs de la Toussaint, dans la troisime (v. p. 319)
- la nuit de la Toussaint, dans la deuxime (v. p. 318) au 20 octobre.
-Ce qui est certain, c'est que les Franais occupaient Nantes ds le 21
-novembre. En vertu d'une charte date du 21 novembre 1341, une
-imposition de 4 deniers pour livre sur l'achat et la vente des denres
-fut tablie Nantes par Robert Bertran, sire de Bricquebec, marchal
-de France, capitaine pour le roi s parties de Bretagne, et par Olivier,
-vque de Nantes. <i>Mmoires pour servir de preuves l'histoire de Bretagne</i>,
-par Morice, t. I, col. 1429.</p>
-
-<p><a id="Footnote_284" href="#FNanchor_284" class="label">[284]</a> D'aprs la deuxime rdaction (v. p. 317), l'arrive du comte de
-Montfort Paris aurait prcd le retour du duc de Normandie. D'aprs
-les premire (v. p. 114) et troisime (v. p. 321) rdactions, au
-contraire, c'est le duc de Normandie lui-mme qui, au retour de son
-expdition en Bretagne, aurait amen Paris le comptiteur de Charles
-de Blois et l'aurait livr au roi de France. Cette dernire version est
-d'autant plus vraisemblable que, selon Froissart, le duc de Normandie
-et les seigneurs franais quittrent Nantes pour retourner dans leurs
-foyers <i>peu aprs la Toussaint</i>; or il est certain que le comte de Montfort
-tait encore Nantes le 18 dcembre, date d'une lettre qu'il crivit
- ses petits bacheliers Tanneguy du Chtel, Geffroi de Malestroit
-et Henri de Kar. <i>Preuves de l'hist. de Bretagne</i>, par Morice, t. I,
-col. 1428.</p>
-
-<p><a id="Footnote_285" href="#FNanchor_285" class="label">[285]</a> Ctes-du-Nord, arr. Saint-Brieuc.</p>
-
-<p><a id="Footnote_286" href="#FNanchor_286" class="label">[286]</a> Ille-et-Vilaine, arr. Saint-Malo.</p>
-
-<p><a id="Footnote_287" href="#FNanchor_287" class="label">[287]</a> Aujourd'hui hameau de la commune de Plougonvelin, Finistre,
-arr. Brest, c. Saint-Renan.</p>
-
-<p><a id="Footnote_288" href="#FNanchor_288" class="label">[288]</a> D'aprs le ms. de Rome (v. p. 320), c'est Vannes, au chteau
-de La Motte, non Rennes, que la comtesse de Montfort aurait appris
-que son mari tait tomb aux mains des Franais.</p>
-
-<p><a id="Footnote_289" href="#FNanchor_289" class="label">[289]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">XLVIII</span> <span class="smcap">LI</span>, t. I, p. 251 275.</p>
-
-<p><a id="Footnote_290" href="#FNanchor_290" class="label">[290]</a> David II, accompagn de Jeanne d'Angleterre sa femme, dbarqua
- Inverbervic dans le comt de Kincardine, le 4 mai 1341.</p>
-
-<p><a id="Footnote_291" href="#FNanchor_291" class="label">[291]</a> Le mandement du roi d'Angleterre pour faire assembler Newcastle-upon-Tyne
-le 24 janvier 1342 les troupes qui doivent marcher
-contre les Ecossais, est dat de Newcastle-upon-Tyne le 4 dcembre
-1341. V. Rymer, <i>F&oelig;dera</i>, vol II, p. 1183 et 1184.</p>
-
-<p><a id="Footnote_292" href="#FNanchor_292" class="label">[292]</a> Froissart veut sans doute dsigner ici le chteau de Wark, situ
-entre Newcastle et Carlisle, sur la rive gauche de la Tyne, qui appartenait
-au comte de Salisbury.</p>
-
-<p><a id="Footnote_293" href="#FNanchor_293" class="label">[293]</a> Les pouvoirs donns par douard III pour traiter avec les ambassadeurs
-de David Bruce, soit de la paix, soit seulement d'une trve,
-sont dats des 20 mars et 3 avril 1342. V. Rymer, <i>F&oelig;dera</i>, vol. II,
-p. 1189, 1190 et 1191. douard III tait de retour Londres le 20 fvrier
-1342 (Rymer, <i>ibid.</i>, p. 1187), aprs avoir demeur sur les frontires
-de l'Ecosse depuis le commencement de novembre 1341.</p>
-
-<p><a id="Footnote_294" href="#FNanchor_294" class="label">[294]</a> Philippe de Valois ne consentit remettre en libert le comte de
-Salisbury qu' la condition qu'il jurerait de ne porter jamais les armes
-contre la France. Le comte sollicita la permission de faire ce serment,
-et douard la lui accorda par lettres dates du 20 mai 1342. Par consquent,
-le comte de Salisbury ne put tre de retour en Angleterre que
-vers le commencement du mois de juin au plus tt. V. Rymer, <i>F&oelig;dera</i>,
-vol. II, p. 1195.</p>
-
-<p><a id="Footnote_295" href="#FNanchor_295" class="label">[295]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">LII</span> <span class="smcap">LVII</span>, t. I, p. 277 295.</p>
-
-<p><a id="Footnote_296" href="#FNanchor_296" class="label">[296]</a> Le voyage d'Amauri de Clisson en Angleterre doit tre peu antrieur
-au 10 mars 1342. Le 10 mars 1342, douard III ordonne une
-leve de cent hommes d'armes et de neuf cents <i>hobbiliers</i> (hommes
-d'armes de cavalerie lgre, de <i>hobby</i>) en Irlande et charge Gautier de
-Mauny de prendre possession en son nom de toutes les forteresses de
-Bretagne qu'Amauri de Clisson, tuteur de l'hritier du duch, s'est engag
- lui remettre. Le roi d'Angleterre reconnat par deux autres
-actes, dats aussi du 10 mars 1342, que Gautier de Mauny a reu d'Amauri
-de Clisson un subside de mille livres sterling et envoie en Bretagne,
-comme il a t convenu avec les messagers bretons, <i>de assensu
-nunciorum Britani, ad nos in Angliam destinatorum</i>, des monnayeurs
-chargs de convertir la monnaie anglaise en monnaie bretonne. V. Rymer,
-<i>F&oelig;dera</i>, vol. II, p. 1188 et 1189.</p>
-
-<p><a id="Footnote_297" href="#FNanchor_297" class="label">[297]</a> Morbihan, arr. Lorient, sur le Blavet navigable en aval d'Hennebont
-pour les navires de moyenne grandeur. <i>Le 13 juin 1342</i>, en
-noz tentes devant la ville de <i>Hambont</i> Charles de Blois donne
-Ayton Doire (Doria), damoiseau, en rcompense de ses services dans la
-guerre de Bretagne, les chteaux de Chteaulin et de Brlidy et toute
-la terre confisque sur Yvon de Trsiguidy pour crime de forfaiture.
-Arch. de l'Empire, JJ. 74, p. 685.</p>
-
-<p><a id="Footnote_298" href="#FNanchor_298" class="label">[298]</a> Jean le Bel, dont Froissart reproduit ici le texte, appelle ce chteau
-<i>Brayt</i> qu'on peut lire <i>Brayc</i> cause de la ressemblance du t et du c
-dans l'criture du <span class="smcap">XIV</span><sup>e</sup> sicle: elle s'en rala par une aultre voye droit
-au chastel de <i>Brayc qui estoit</i> <span class="smcap">A QUATRE LIEUES</span> <i>de l</i>. (<i>Chronique de
-Jean le Bel</i>, d. Polain, t. I, p. 284). Jean le Bel ajoute quelques lignes
-plus bas et Froissart rpte que Jeanne de Montfort, partie minuit
-de Brayc, rentra au point du jour Hennebont. Aucune de ces circonstances
-ne convient Brest qu'une distance de plus de trente lieues
-spare d'Hennebont. Les anciens compagnons d'armes de Charles de
-Blois, de Jeanne de Montfort, de qui Jean le Bel et Froissart tenaient
-le rcit de cette affaire, ont sans doute voulu dsigner <span class="smcap">Brech</span> (Morbihan,
-arr. Lorient, c. Pluvigner), situ en effet environ quatre lieues
-anciennes d'Hennebont, sur la voie romaine d'Hennebont Vannes.
-Il appartient aux rudits qui ont fait une tude spciale de la gographie
-fodale de la Bretagne, de nous dire, pour confirmer notre conjecture,
-s'il y avait Brech un chteau fort au <span class="smcap">XIV</span><sup>e</sup> sicle.</p>
-
-<p><a id="Footnote_299" href="#FNanchor_299" class="label">[299]</a> Morbihan, arr. Lorient.</p>
-
-<p><a id="Footnote_300" href="#FNanchor_300" class="label">[300]</a> Aujourd'hui hameau de la commune de Priziac, Morbihan, arr.
-Napolonville, c. le Faout. On lit dans le <i>Dictionnaire topographique
-du Morbihan</i>, par M. Rosenzweig, p. 236: <span class="smcap">Roche-Piriou</span>, vill. et
-moulin eau sur le Pont-Rouge, comm. de Priziac; pont sur l'Elle,
-reliant Priziac et Meslan.&mdash;Seigneurie. L'identification du Rocheperiot
-de Froissart avec Roche-Piriou peut tre faite avec certitude
-puisque le chroniqueur dit lui-mme un peu plus loin (v. p. 164) que
-Rocheperiot ou Roceperiot est situ moins d'une lieue du Faout.
-Roche-Piriou tait le chef-lieu d'une chtellenie qui dpendait de la
-grande seigneurie de Gumen, rige en principaut en 1570. Le dernier
-jour de mai 1377, le vicomte de Rohan acquit de Jean de Longueval
-les chteaux, chtellainies et terroers de Guemenetguinguant
-et de <i>la Rocheperriou</i>. D. Morice, <i>Preuves de l'histoire de Bretagne</i>,
-t. II, p. 178. Un acte d'hommage de 1575 rendu par Louis de Rohan
-mentionne encore l'aplacement de l'ancienne forteresse de son
-chasteau de la Roche-Periou. (<i>Archives de Nantes</i>; note communique
- M. Kervyn par M. Arthur de La Borderie.)</p>
-
-<p><a id="Footnote_301" href="#FNanchor_301" class="label">[301]</a> Mlain, Cte-d'Or, arr. Dijon, c. Sombernon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_302" href="#FNanchor_302" class="label">[302]</a> Entre Guillaume III, vque en 1335 et Guillaume IV, vque
-en 1349, l'diteur du XIV<sup>e</sup> volume du <i>Gallia Christiana</i> place Yvon III
-de Trsiguidy auquel il consacre l'article suivant: Yvo sculari militi
-primo nomen dederat et sub Joannis Montifortensis vexillis contra
-Carolum Blesensem pugnaverat. Dein, deposito gladio, sacris initiatus
-est creatusque Leonensis episcopus. Carolo Blesensi, susceptis
-infulis, amicus fuit anno 1342 apud Suaresium. <i>Gallia Christiana</i>,
-t. XIV, ed. Haurau, col. 978. Admis par M. Haurau d'aprs Suarez,
-Yvon III de Trsiguidy est rejet par Oge qui ne propose d'ailleurs
-personne sa place: Quelques-uns donnent pour successeur Pierre
-Bernard un Yves de Trsiguidy qui ne parat pas admissible. <i>Dict.
-hist. de Bretagne</i>, par Oge, t. IV, p. 371. Enfin, d'aprs M. Kervyn
-(t. IV de son dition des Chroniques de Froissart, p. 436, en note),
-Gui de Lon aurait succd comme vque de Lon Pierre de Gumen.</p>
-
-<p><a id="Footnote_303" href="#FNanchor_303" class="label">[303]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">LVII</span>, t. I, p. 295 299.</p>
-
-<p><a id="Footnote_304" href="#FNanchor_304" class="label">[304]</a> Cette mention d'un Dinan, voisin du Conquet, entour seulement
-d'eau et de palissades, rapproche d'un passage prcdent
-o Froissart dit que la Roche-Piriou est moiti chemin de Vannes
-et de Dinan, cette mention, dis-je, nous avait fait penser au premier
-abord que le Dinan dont il s'agit ici pouvait tre identifi
-avec le petit port de Dinan situ sur l'anse du mme nom au sud de la
-grande rade de Brest (aujourd'hui hameau de la commune de Crozon,
-Finistre, arr. Chteaulin). Mais moins qu'on ne prouve que le Dinan
-du Finistre avait une certaine importance au <span class="smcap">XIV</span><sup>e</sup> sicle, il est
-plus naturel de supposer que Jean le Bel et Froissart ignoraient la vritable
-position du Dinan des Ctes-du-Nord.</p>
-
-<p><a id="Footnote_305" href="#FNanchor_305" class="label">[305]</a> Les circonstances du rcit de Froissart ne permettent gure d'identifier
-<i>Conquest</i> avec <i>le Conquet</i>, Finistre, arr. Brest, c. Saint-Renan.
-D'un autre ct, tous les historiens de la Bretagne racontent que le
-Conquet fut pris par les Franais en 1341 et repris au commencement
-de 1342 par Gautier de Mauny. V. notamment le <i>Dictionnaire historique
-de Bretagne</i>, par Oge, au mot <i>Conquet</i>. Il n'est gure possible, dit
-Dacier propos de ce passage, que Louis d'Espagne ait rencontr sur
-sa route, en allant d'Auray Dinan qui est l'orient, une assez
-grande distance, le chteau du Conquet situ la pointe occidentale
-de la Bretagne. Il n'est gure plus possible que Gautier de Mauny
-se soit transport avec une troupe nombreuse en une matine de Hennebont
-au Conquet prs de Brest, c'est--dire, plus de trente lieues,
-comme Froissart va le raconter. L'historien ignorait donc la position
-des lieux dont il a parl, moins qu'on ne suppose, ce qui n'est pas
-trs-vraisemblable, qu'il existe un autre chteau du Conquet que celui
-que nous connaissons. <i>Chroniques de Froissart</i>, d. Dacier, p. 198.
-M. Kervyn de Lettenhove (t. IV, p. 438 de son dition) identifie <i>Conquest</i>
-avec <i>Concoret</i>, Morbihan, arr. Plormel, c. Mauron. Froissart,
-dit l'diteur belge, a pu faire de Conquest Concoret. Au point de vue
-phontique, cette identification nous semble inadmissible.</p>
-
-<p><a id="Footnote_306" href="#FNanchor_306" class="label">[306]</a> Jean le Bel, d'aprs la lecture de M. Polain, appelle ce chevalier
-<i>Martin</i> (v. t. I, p. 296); Froissart, dans ses rdactions 1<sup>re</sup> (v.
-p. 155) et 3<sup>e</sup> (v. p. 381) le nomme <i>Mansion</i>, et dans la 2<sup>e</sup> (v. p. 379)
-<i>Garsion</i>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_307" href="#FNanchor_307" class="label">[307]</a> Jean le Bel auquel Froissart a emprunt ce rcit dit que Gautier
-de Mauny et ses compagnons arrivrent au chteau de <i>Conquest</i> entre
-midi et nonne <i>Chronique de Jean le Bel</i>, d. Polain, t. I, p. 296.</p>
-
-<p><a id="Footnote_308" href="#FNanchor_308" class="label">[308]</a> Gurande est 5 kilomtres de l'Ocan, mais cette ville n'tant
-spare de la mer que par d'immenses marais salants, Jean le Bel et
-Froissart ont pu dire qu'elle est sur mer ou sur le flun de le mer.</p>
-
-<p><a id="Footnote_309" href="#FNanchor_309" class="label">[309]</a> Froissart veut sans doute dsigner le golfe ou havre au sud duquel
-se trouve l'excellent port du Croisic.</p>
-
-<p><a id="Footnote_310" href="#FNanchor_310" class="label">[310]</a> Ce bourg situ au pied de la cit est ce qu'on appelle Vannes
-la <i>ville basse</i>; la cit est la <i>ville haute</i>. Les lecteurs de Froissart remarqueront
-que dans la langue de ce chroniqueur le terme de <i>cit</i> ne s'applique
-gure qu'aux villes <i>piscopales</i>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_311" href="#FNanchor_311" class="label">[311]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">LVIII</span>, t. I, p. 301 307.</p>
-
-<p><a id="Footnote_312" href="#FNanchor_312" class="label">[312]</a> Aujourd'hui hameau de la commune de Plougonvelin, Finistre,
-arr. Brest, c. Saint-Renan. La pointe de Saint-Mathieu o l'on voit les
-ruines de l'abbaye du mme nom est l'un des trois promontoires les
-plus occidentaux de France: d'o le dpartement o se trouvent ces
-promontoires a reu le nom de Finistre. Saint-Mathieu-de-<i>Fine-Poterne</i>
-est sans doute une corruption bizarre de l'ancien nom du hameau
-dont il s'agit: Saint-Mathieu-<i>Fin-de-Terre</i>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_313" href="#FNanchor_313" class="label">[313]</a> La 2<sup>e</sup> rdaction dit: en l'<i>ille de Camperli</i>. Il n'y a pas, que
-nous sachions, d'le de Quimperl. Froissart dsigne peut-tre ainsi
-la presqu'le forme par le confluent de l'Ell et de l'Isole.</p>
-
-<p><a id="Footnote_314" href="#FNanchor_314" class="label">[314]</a> Ce passage emprunt par le chroniqueur de Valenciennes dans
-ses deux premires rdactions Jean le Bel, fournit une nouvelle
-preuve que le chanoine de Lige ignorait compltement la vritable
-position de Dinan. Froissart a pris soin de faire disparatre cette erreur
-grossire dans sa troisime rdaction. D'aprs cette rdaction,
-Gautier de Mauny ne se mit point la poursuite de Louis d'Espagne
-et revint tout droit Hennebont d'o il alla assiger la Roche-Piriou
-(v. p. 391 et 396), tandis que Louis d'Espagne, aprs une nuit de navigation,
-venait aborder <i>Grde</i>, au plus proain port de Vennes
-et de Rennes. Nous avons eu l'occasion de faire ressortir plus haut
-(p. <span class="smcap">XXXVI</span>, note 1) l'importance de ces dernires lignes qui semblent
-indiquer que Froissart identifie <i>Grde</i> ou <i>Gredo</i> avec <i>Redon</i>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_315" href="#FNanchor_315" class="label">[315]</a> Morbihan, arr. Napolonville, sur l'Ell.</p>
-
-<p><a id="Footnote_316" href="#FNanchor_316" class="label">[316]</a> La distance entre la Roche-Piriou, l'est du Morbihan, et Dinan,
- l'ouest des Ctes-du-Nord, est beaucoup trop considrable pour que,
-mme cheval, on puisse faire le trajet en une nuit; mais, nous le rptons,
-Jean le Bel auquel ces dtails sont emprunts, ne se faisait pas
-la moindre ide de la position exacte de Dinan.</p>
-
-<p><a id="Footnote_317" href="#FNanchor_317" class="label">[317]</a> On lit <i>Glay la Forest</i> dans Jean le Bel (v. t. I, p. 306, d. Polain).
-Ici encore Froissart a corrig dans sa troisime rdaction une erreur
-gographique commise d'aprs Jean le Bel dans les deux rdactions
-prcdentes. Dans celles-ci, en effet, notre chroniqueur disait que
-Gautier de Mauny avait trouv Ghoy le Forest sur son chemin en revenant
-du Faout Hennebont, comme si Ghoy le Forest tait plac
-entre ces deux localits (v. p. 166, 167 et 400). Froissart mieux inform
-a soin de faire remarquer dans la troisime rdaction que Gautier
-de Mauny se dtourna du chemin d'Hennebont pour mettre le
-sige devant Ghoy le Forest: Quant mesires Gautiers de Mauni et
-sa route se furent departi de Fauet, <i>il n'alrent pas le droit cemin pour
-retourner Hainbon, mais s'adrechirent vers Goi le Forest</i>. P. 401. Il
-est vrai que le chroniqueur retombe dans une autre erreur lorsqu'il
-ajoute que Gautier de Mauny, aprs avoir pris Goy la Forest, rentra
-ce jour mme Hennebont, moins que <i>Goy</i> ne soit une corruption
-du breton <i>Cot</i> qu'on aura joint, par une sorte de tautologie assez frquente
-dans les noms de lieu, sa traduction franaise <i>la Forest</i>. Dans
-cette hypothse, Goy-la-Forest pourrait dsigner le chteau de Cot
-situ 10 kilomtres nord-est d'Hennebont dans la commune de Languidic,
-qui, d'aprs M. de La Borderie, si vers dans la gographie fodale
-de la Bretagne, tait au moyen ge le chef-lieu d'une seigneurie
-investie du droit de haute justice.</p>
-
-<p><a id="Footnote_318" href="#FNanchor_318" class="label">[318]</a> Cf. Jean le Bel, chap. <span class="smcap">LVIII</span> <span class="smcap">LX</span>, t. I, p. 307 317.</p>
-
-<p><a id="Footnote_319" href="#FNanchor_319" class="label">[319]</a> Finistre, arr. Chteaulin.</p>
-
-<p><a id="Footnote_320" href="#FNanchor_320" class="label">[320]</a> Froissart, en supposant ici l'anne 1342 prs de finir, semble
-placer en 1343 les faits dont le rcit va suivre, par exemple, l'arrive
-de Robert d'Artois, puis celle d'douard III en Bretagne, tandis qu'en
-ralit ces vnements appartiennent l'anne 1342.</p>
-
-<p><a id="Footnote_321" href="#FNanchor_321" class="label">[321]</a> Ctes-du-Nord, arr. Dinan. Il ne reste rien aujourd'hui de la
-redoutable forteresse qui avait donn lieu au proverbe:</p>
-
-<p class="quote">
-Qui a Bretagne sans Jugon<br />
-A chape sans chaperon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_322" href="#FNanchor_322" class="label">[322]</a> On ne trouve ni dans le recueil de Rymer ni ailleurs aucune mention
-d'une trve qui aurait t conclue cette date entre Charles de
-Blois et la comtesse de Montfort. Froissart veut peut-tre parler, ainsi
-que Dacier l'a suppos, de l'armistice arrt entre les deux parties au
-commencement de cette anne 1342 pour durer jusqu'au retour de la
-belle saison. V. <i>Hist. de Bretagne</i>, par dom Morice, t. I, p. 254.</p>
-
-<p><a id="Footnote_323" href="#FNanchor_323" class="label">[323]</a> Ms. A8, f<sup>o</sup> 49.&mdash;Mss. B1, 3, 4, f<sup>o</sup> 71 v<sup>o</sup>: Laille.</p>
-
-<p><a id="Footnote_324" href="#FNanchor_324" class="label">[324]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 47.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 72 v<sup>o</sup>: sceuissent.</p>
-
-<p><a id="Footnote_325" href="#FNanchor_325" class="label">[325]</a> Ms. B4, f<sup>o</sup> 50.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 74 v<sup>o</sup>: Briant.</p>
-
-<p><a id="Footnote_326" href="#FNanchor_326" class="label">[326]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 52.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 78 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_327" href="#FNanchor_327" class="label">[327]</a> Mss. B3, 4.&mdash;Ms. B1: voloit.</p>
-
-<p><a id="Footnote_328" href="#FNanchor_328" class="label">[328]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 52.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 78 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_329" href="#FNanchor_329" class="label">[329]</a> Dans le ms. B1, f<sup>o</sup> 78, comme dans tous les mss. de Froissart,
-<i>se tenoient</i> est prcd de <i>qui</i>, que nous avons supprim.</p>
-
-<p><a id="Footnote_330" href="#FNanchor_330" class="label">[330]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 52.&mdash;Ms. B1, f<sup>os</sup> 78 v<sup>o</sup> et 79: couciet.</p>
-
-<p><a id="Footnote_331" href="#FNanchor_331" class="label">[331]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 52.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 79 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_332" href="#FNanchor_332" class="label">[332]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 53.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 80 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_333" href="#FNanchor_333" class="label">[333]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 53 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 80 v<sup>o</sup>: et pourveuement.</p>
-
-<p><a id="Footnote_334" href="#FNanchor_334" class="label">[334]</a> Ms. B4, f<sup>o</sup> 54.&mdash;Ms. B1: exilliet. Mauvaise leon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_335" href="#FNanchor_335" class="label">[335]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 56.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 84 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_336" href="#FNanchor_336" class="label">[336]</a> Ms. B3, f<sup>o</sup> 56.&mdash;Mss. B1, 4, f<sup>o</sup> 84: bort. Mauvaise leon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_337" href="#FNanchor_337" class="label">[337]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 56 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 84 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_338" href="#FNanchor_338" class="label">[338]</a> Dans le ms. B1, f<sup>o</sup> 85, il n'y a aucune coupure aprs ces mots:
-volsissent or; nous avons suivi quelques bons mss., notamment
-celui de Besanon, f<sup>o</sup> 61, qui commencent ici un paragraphe distinct.</p>
-
-<p><a id="Footnote_339" href="#FNanchor_339" class="label">[339]</a> Ms. A8, f<sup>o</sup> 59, et ms. A1, f<sup>o</sup> 61 v<sup>o</sup>. Il n'y a pas ici de coupure
-dans les mss. B1, 3 et 4.</p>
-
-<p><a id="Footnote_340" href="#FNanchor_340" class="label">[340]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 58.&mdash;Ms. B1 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_341" href="#FNanchor_341" class="label">[341]</a> Mss. B3, f<sup>o</sup> 59.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 88 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_342" href="#FNanchor_342" class="label">[342]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 59.&mdash;Ms B1, f<sup>o</sup> 88 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_343" href="#FNanchor_343" class="label">[343]</a> Ms. B3, f<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.&mdash;Mss. B1, 4, f<sup>o</sup> 89:d'un.</p>
-
-<p><a id="Footnote_344" href="#FNanchor_344" class="label">[344]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 59 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 89 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_345" href="#FNanchor_345" class="label">[345]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 90 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_346" href="#FNanchor_346" class="label">[346]</a> Ms. B4, f<sup>o</sup> 60 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 90 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_347" href="#FNanchor_347" class="label">[347]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 61.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 90 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_348" href="#FNanchor_348" class="label">[348]</a> Ms. B3, f<sup>o</sup> 62.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 92 v<sup>o</sup>: onniement.</p>
-
-<p><a id="Footnote_349" href="#FNanchor_349" class="label">[349]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 62.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 89 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_350" href="#FNanchor_350" class="label">[350]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 63.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 93 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_351" href="#FNanchor_351" class="label">[351]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 63.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 94 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_352" href="#FNanchor_352" class="label">[352]</a> Mss. B3, 4, f<sup>o</sup> 64 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 96 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_353" href="#FNanchor_353" class="label">[353]</a> Ms. B3, f<sup>o</sup> 65 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 98 r<sup>o</sup>: envoiiet.</p>
-
-<p><a id="Footnote_354" href="#FNanchor_354" class="label">[354]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 66, v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 100 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_355" href="#FNanchor_355" class="label">[355]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 66, v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 100 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_356" href="#FNanchor_356" class="label">[356]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 67.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 101 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_357" href="#FNanchor_357" class="label">[357]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 67, v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 101 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_358" href="#FNanchor_358" class="label">[358]</a> Mss. B4, 3 f<sup>o</sup> 67 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_359" href="#FNanchor_359" class="label">[359]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 68.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 102 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_360" href="#FNanchor_360" class="label">[360]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 68.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 102 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_361" href="#FNanchor_361" class="label">[361]</a> Mss. B 3, 4, f<sup>o</sup> 70.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 103 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_362" href="#FNanchor_362" class="label">[362]</a> Ms. B 3, f<sup>o</sup> 70.&mdash;Mss. B 1, 4, f<sup>o</sup> 104 (lacune.)</p>
-
-<p><a id="Footnote_363" href="#FNanchor_363" class="label">[363]</a> Ms. B 4, 3, f<sup>o</sup> 69 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 104 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_364" href="#FNanchor_364" class="label">[364]</a> Ms B4, f<sup>o</sup> 70.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 105: leves.</p>
-
-<p><a id="Footnote_365" href="#FNanchor_365" class="label">[365]</a> Ms. B3, f<sup>o</sup> 72, v<sup>o</sup>.&mdash;Mss. B1, 4, f<sup>o</sup> 105 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_366" href="#FNanchor_366" class="label">[366]</a> Mss. B 1, 3, 4, f<sup>o</sup> 107: Genueves.</p>
-
-<p><a id="Footnote_367" href="#FNanchor_367" class="label">[367]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 71.&mdash;Ms. B 1 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_368" href="#FNanchor_368" class="label">[368]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 71.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 107 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_369" href="#FNanchor_369" class="label">[369]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 72.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 109 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_370" href="#FNanchor_370" class="label">[370]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 72 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 109 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_371" href="#FNanchor_371" class="label">[371]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 73.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 110 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_372" href="#FNanchor_372" class="label">[372]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 73.&mdash;Ms. B1 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_373" href="#FNanchor_373" class="label">[373]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 73 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 110 v<sup>o</sup>: dou.</p>
-
-<p><a id="Footnote_374" href="#FNanchor_374" class="label">[374]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 73 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 111 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_375" href="#FNanchor_375" class="label">[375]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 74.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 111 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_376" href="#FNanchor_376" class="label">[376]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 74.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 111 v<sup>o</sup>: inspire.</p>
-
-<p><a id="Footnote_377" href="#FNanchor_377" class="label">[377]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 74.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 112 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_378" href="#FNanchor_378" class="label">[378]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 75.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 113 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_379" href="#FNanchor_379" class="label">[379]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 75 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1: poroit. Mauvaise leon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_380" href="#FNanchor_380" class="label">[380]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 76 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 115 v<sup>o</sup>: et.</p>
-
-<p><a id="Footnote_381" href="#FNanchor_381" class="label">[381]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 76 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 116 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_382" href="#FNanchor_382" class="label">[382]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 77.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 116 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_383" href="#FNanchor_383" class="label">[383]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 77.&mdash;Ms. B1 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_384" href="#FNanchor_384" class="label">[384]</a> Ms. A7, f<sup>o</sup> 84.&mdash;Mss. B 1, 3, 4, f<sup>o</sup> 117, v<sup>o</sup>; Henris. Mauvaise
-leon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_385" href="#FNanchor_385" class="label">[385]</a> Mss. B1, 3, 4: oncles. Mauvaise leon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_386" href="#FNanchor_386" class="label">[386]</a> Mss. B 4, 3, f<sup>o</sup> 79.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 119 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_387" href="#FNanchor_387" class="label">[387]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 79 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 119 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_388" href="#FNanchor_388" class="label">[388]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 80.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 120 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_389" href="#FNanchor_389" class="label">[389]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 80.&mdash;Ms. B1: nis. Mauvaise leon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_390" href="#FNanchor_390" class="label">[390]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 80 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1: neveu.</p>
-
-<p><a id="Footnote_391" href="#FNanchor_391" class="label">[391]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 82.&mdash;Ms. B 1, f<sup>o</sup> 123 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_392" href="#FNanchor_392" class="label">[392]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 84.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 127: onniement.</p>
-
-<p><a id="Footnote_393" href="#FNanchor_393" class="label">[393]</a> Ms. B3, f<sup>o</sup> 86 v<sup>o</sup>.&mdash;Mss. B1, 4, f<sup>o</sup> 127 v<sup>o</sup>: poent et doient.</p>
-
-<p><a id="Footnote_394" href="#FNanchor_394" class="label">[394]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 84 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_395" href="#FNanchor_395" class="label">[395]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 85 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 129 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_396" href="#FNanchor_396" class="label">[396]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 85, v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_397" href="#FNanchor_397" class="label">[397]</a> Mss. B4, 3 f<sup>o</sup> 85 v<sup>o</sup>.&mdash;Ms. B1 (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_398" href="#FNanchor_398" class="label">[398]</a> Mss. B4, 3, f<sup>o</sup> 86.&mdash;Ms. B1, f<sup>o</sup> 129 v<sup>o</sup> (lacune).</p>
-
-<p><a id="Footnote_399" href="#FNanchor_399" class="label">[399]</a> <i>Ms. de Valenciennes</i>: au mont Saint Albain, F<sup>o</sup> 91 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_400" href="#FNanchor_400" class="label">[400]</a> <i>Ms. de Valenciennes</i>: trois mille sergans lances et pavais.
-F<sup>o</sup> 91 v<sup>o</sup>.</p>
-
-<p><a id="Footnote_401" href="#FNanchor_401" class="label">[401]</a> A partir du prsent volume, toutes les fois qu'une variante est
-fournie par les mss. <i>A 1 6</i>, le f<sup>o</sup> indiqu la fin de la variante sera
-toujours le f<sup>o</sup> du ms. <i>A 2</i> (2649 de notre Bibliothque impriale).</p>
-
-<p><a id="Footnote_402" href="#FNanchor_402" class="label">[402]</a> <i>Ms. de Valenciennes</i>: cinquante mille. F<sup>o</sup> 91.</p>
-
-<p><a id="Footnote_403" href="#FNanchor_403" class="label">[403]</a> Le nom est laiss en blanc dans le ms. d'Amiens.</p>
-
-<p><a id="Footnote_404" href="#FNanchor_404" class="label">[404]</a> On lit dans le ms. d'Amiens: au dit, qui doit tre une mauvaise
-leon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_405" href="#FNanchor_405" class="label">[405]</a> On lit dans le ms. d'Amiens: entendittez.</p>
-
-<p><a id="Footnote_406" href="#FNanchor_406" class="label">[406]</a> On lit dans le ms. B 6 Henry. Mauvaise leon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_407" href="#FNanchor_407" class="label">[407]</a> Lacune.</p>
-
-<p><a id="Footnote_408" href="#FNanchor_408" class="label">[408]</a> On lit dans le ms.: Robers. Mauvaise leon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_409" href="#FNanchor_409" class="label">[409]</a> On lit dans le ms.: perilz. Mauvaise leon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_410" href="#FNanchor_410" class="label">[410]</a> On lit dans le ms.: veoient. Mauvaise leon.</p>
-
-<p><a id="Footnote_411" href="#FNanchor_411" class="label">[411]</a> On lit dans le ms.: en estrans. Mauvaise leon.</p>
-
-</div></div>
-
-<div class="chapter">
-<h3>ERRATA.</h3>
-</div>
-
-<table id="errata" summary="contents">
-<tr>
-<th class="tdl"><i>Au lieu de</i>:</th>
-<th class="tdl"><i>Lisez</i>:</th>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">amonet, page <a href="#Page_29">29</a>, ligne 18,</td>
-<td class="tdl">amenet.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">1342, p. 118 136, date courante en haut de la page,</td>
-<td class="tdl">1341.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">envoyes, p. <a href="#Page_153">153</a>, l. 10,</td>
-<td class="tdl">envayes.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">alenoient, p. <a href="#Page_154">154</a>, l. 8,</td>
-<td class="tdl">aleuoient.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">es, p. <a href="#Page_171">171</a>, l. 26,</td>
-<td class="tdl">les.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">veir, p. <a href="#Page_172">172</a>, l. 29,</td>
-<td class="tdl">ve(o)ir.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">Mande, p. <a href="#Page_247">247</a>, l. 33,</td>
-<td class="tdl">Maude.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">adont, p. <a href="#Page_300">300</a>, l. 24,</td>
-<td class="tdl">adonc.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">dist, p. <a href="#Page_303">303</a>, l. 10,</td>
-<td class="tdl">dit.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">alevrent. p. <a href="#Page_309">309</a>, l. 29,</td>
-<td class="tdl">aleurent.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">st, p. <a href="#Page_340">340</a>, avant-dernire ligne,</td>
-<td class="tdl">est.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">e, p. <a href="#Page_340">340</a>, dernire ligne,</td>
-<td class="tdl">je.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">li, p. <a href="#Page_404">404</a>, l. 24,</td>
-<td class="tdl">et li.</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl">et pont, p. <a href="#Page_408">408</a>, l. 10 et 11,</td>
-<td class="tdl">et le pont.</td>
-</tr>
-</table>
-
-<div class="chapter">
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_419"> 419</a></span></p>
-<h2>TABLE DES MATIRES.</h2>
-</div>
-
-<table id="ToC" summary="contents">
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XXXIV.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Ouverture des hostilits entre les rois de France et d'Angleterre.&mdash;<i>Sommaire</i>,
-p. <span class="smcap">I</span> <span class="smcap">VI</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_1">1</a> <a href="#Page_8">8</a>.&mdash;<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_185">185</a> <a href="#Page_193">193</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XXXV.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Incursions des Franais en Hainaut, notamment aux environs de Valenciennes.&mdash;<i>Sommaire</i>,
-p. <span class="smcap">VI</span> <span class="smcap">XIII</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_8">8</a> <a href="#Page_24">24</a>.&mdash;<i>Variantes</i>,
-p. <a href="#Page_193">193</a> <a href="#Page_212">212</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XXXVI.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Sige et prise de Thun-l'vque par les Franais.&mdash;Offres de combat
-faites par le comte de Hainaut; refus du duc de Normandie.&mdash;<i>Sommaire</i>,
-p. <span class="smcap">XIII</span> <span class="smcap">XV</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_24">24</a> <a href="#Page_34">34</a>.&mdash;<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_212">212</a> <a href="#Page_218">218</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XXXVII.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Dfaite de la flotte franaise par la flotte anglaise prs de l'cluse; arrive
-d'douard III et de son arme en Flandre.&mdash;<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">XV</span>
- <span class="smcap">XIX</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_34">34</a> <a href="#Page_41">41</a>.&mdash;<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_218">218</a> <a href="#Page_229">229</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XXXVIII.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Assemble de Vilvorde suivie du sige de Tournay par douard III et
-ses allis.&mdash;<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">XIX</span> <span class="smcap">XXIV</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_41">41</a> <a href="#Page_48">48</a>.&mdash;<i>Variantes</i>,
-p. <a href="#Page_229">229</a> <a href="#Page_237">237</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XXXIX.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Guerre en cosse.&mdash;<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">XXIV</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_49">49</a> <a href="#Page_54">54</a>.&mdash;<i>Variantes</i>,
-p. <a href="#Page_237">237</a> <a href="#Page_241">241</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XL.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Arrive du roi de France et de son arme au pont de Bouvines contre
-douard III et ses allis.&mdash;<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">XXIV</span> <span class="smcap">XXVI</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_54">54</a>
- <a href="#Page_62">62</a>.&mdash;<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_241">241</a> <a href="#Page_246">246</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XLI.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Sige de Mortagne et prise de Saint-Amand et de Marchiennes par le
-comte de Hainaut.&mdash;Dfaite d'une troupe de Franais et du seigneur
-de Montmorency au Pont--Tressin.&mdash;<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">XXVI</span> <span class="smcap">XXX</span>.&mdash;<i>Texte</i>,
-p. <a href="#Page_62">62</a> <a href="#Page_74">74</a>.&mdash;<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_246">246</a> <a href="#Page_252">252</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XLII.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Dfaite prs de Saint-Omer, panique et retraite des Flamands dans leur
-pays.&mdash;Leve du sige de Tournay; trve entre la France et
-<span class="pagenum"><a id="Page_420"> 420</a></span>
-l'Angleterre.&mdash;<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">XXX</span> <span class="smcap">XXXII</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_74">74</a> <a href="#Page_86">86</a>.&mdash;<i>Variantes</i>,
-p. <a href="#Page_252">252</a> <a href="#Page_265">265</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XLIII.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Guerre de la succession de Bretagne: succs du comte de Montfort.&mdash;<i>Sommaire</i>,
-p. <span class="smcap">XXXII</span> <span class="smcap">XXXV</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_86">86</a> <a href="#Page_100">100</a>.&mdash;<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_265">265</a>
- <a href="#Page_291">291</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XLIV.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Voyages du comte de Montfort en Angleterre, puis Paris.&mdash;<i>Sommaire</i>,
-p. <span class="smcap">XXXV</span> <span class="smcap">XXXIX</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_100">100</a> <a href="#Page_107">107</a>.&mdash;<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_291">291</a>
- <a href="#Page_307">307</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XLV.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Expdition du duc de Normandie et de Charles de Blois en Bretagne.&mdash;<i>Sommaire</i>,
-p. <span class="smcap">XXXIX</span> <span class="smcap">XLIV</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_107">107</a> <a href="#Page_115">115</a>.&mdash;<i>Variantes</i>,
-p. <a href="#Page_307">307</a> <a href="#Page_324">324</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XLVI.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Guerre en cosse.&mdash;douard III et la comtesse de Salisbury.&mdash;<i>Sommaire</i>,
-p. <span class="smcap">XLIV</span> <span class="smcap">XLV</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_116">116</a> <a href="#Page_137">137</a>.&mdash;<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_324">324</a>
- <a href="#Page_347">347</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XLVII.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Sige et prise de Rennes par Charles de Blois.&mdash;Sige d'Hennebont:
-dfense hroque de Jeanne de Montfort; leve du sige par les
-Franais, la suite de l'arrive de Gautier de Mauny et des Anglais.&mdash;<i>Sommaire</i>,
-p. <span class="smcap">XLV</span> <span class="smcap">L</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_137">137</a> <a href="#Page_154">154</a>.&mdash;<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_347">347</a>
- <a href="#Page_378">378</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XLVIII.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Sige et prise de Conquest, de Dinan, de Gurande par Louis d'Espagne,
-d'Auray et de Vannes par Charles de Blois.&mdash;<i>Sommaire</i>,
-p. <span class="smcap">L</span> <span class="smcap">LIII</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_154">154</a> <a href="#Page_160">160</a>.&mdash;<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_378">378</a> <a href="#Page_392">392</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE XLIX.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Dfaite de Louis d'Espagne prs de Quimperl; sige de la Roche-Piriou,
-du Faout, et prise de la Forest par Gautier de Mauny.&mdash;<i>Sommaire</i>,
-p. <span class="smcap">LIII</span> <span class="smcap">LVI</span>.&mdash;<i>Texte</i>, p. <a href="#Page_160">160</a> <a href="#Page_168">168</a>.&mdash;<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_392">392</a>
- <a href="#Page_402">402</a>.</td>
-</tr>
-<tr>
-<th class="tdc">CHAPITRE L.</th>
-</tr>
-<tr>
-<td>Sige et occupation de Carhaix par Charles de Blois.&mdash;Second sige
-d'Hennebont par les Franais, signal par un merveilleux exploit de
-Gautier de Mauny et leve de ce sige.&mdash;Reddition de Jugon
-Charles de Blois.&mdash;Trve entre les belligrants, suivie du dpart de
-Jeanne de Montfort pour l'Angleterre.&mdash;<i>Sommaire</i>, p. <span class="smcap">LVII</span> <span class="smcap">LIX</span>.&mdash;<i>Texte</i>,
-p. <a href="#Page_168">168</a> <a href="#Page_181">181</a>.&mdash;<i>Variantes</i>, p. <a href="#Page_402">402</a> <a href="#Page_417">417</a>.</td>
-</tr>
-</table>
-
-<p class="end">FIN DE LA TABLE DU TOME DEUXIME.</p>
-
-
-<p class="end">9924.&mdash;Imprimerie gnrale.&mdash;Lahure, rue de Fleurus, 9, Paris.</p>
-
-
-
-
-
-
-
-<pre>
-
-
-
-
-
-End of the Project Gutenberg EBook of Chroniques de J. Froissart, tome 2/13, by
-Jean Froissart
-
-*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CHRONIQUES DE J. FROISSART ***
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-Sections 3 and 4 and the Foundation information page at
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-Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up to
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