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+The Project Gutenberg EBook of Les deux amis de Bourbonne, by Denis Diderot
+
+This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
+almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
+re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
+with this eBook or online at www.gutenberg.org
+
+
+Title: Les deux amis de Bourbonne
+
+Author: Denis Diderot
+
+Editor: Jules Assézat
+
+Release Date: April 25, 2009 [EBook #28603]
+
+Language: French
+
+Character set encoding: ISO-8859-1
+
+*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES DEUX AMIS DE BOURBONNE ***
+
+
+
+
+Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed
+Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was
+produced from images generously made available by the
+Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at
+http://gallica.bnf.fr)
+
+
+
+
+
+
+
+[Extrait des OEuvres complètes de Diderot, éditées par Jules Assézat,
+5ème volume, Paris, Garnier Frères, 1875.]
+
+
+
+
+LES DEUX AMIS DE BOURBONNE
+
+(Écrit en 1770--Publié en 1773)
+
+
+
+
+NOTICE PRÉLIMINAIRE
+
+
+Voici la Notice qui précède ce conte dans l'édition Brière:
+
+«Au mois d'août 1770, Diderot[1] vint à Bourbonne-les-Bains, près de
+Langres, pour y voir une amie qui avait mené sa fille aux eaux dans
+l'espérance de lui rendre la santé altérée par les suites d'une première
+couche. Il trouva ces dames occupées, pour se désennuyer, à écrire des
+contes qu'elles adressaient à leurs correspondants de Paris. L'un d'eux
+venait à son tour de leur envoyer les _Deux Amis, conte iroquois_ que
+Saint-Lambert avait fait paraître peu de jours après sa réception à
+l'Académie française. Diderot eut l'idée de riposter par l'histoire des
+_Deux Amis de Bourbonne_, dont la simplicité contraste d'une manière si
+touchante avec la prétention du conte de Saint-Lambert. Cet écrit,
+échappé sans effort à la plume du philosophe, et dans lequel on retrouve
+des personnages contemporains, fut adressé par la jeune malade, ou la
+_petite soeur_, au _petit frère_, son correspondant, qui lui avait
+envoyé le conte iroquois.»
+
+Nous n'avons à ajouter à ce qui précède que deux mots. Les dames que
+retrouva Diderot à Bourbonne étaient Mme de Meaux et Mme de Prunevaux,
+sa fille. Le conte passa pour être de cette dernière, et comme son
+correspondant le croyait vrai, elle dut avoir de nouveau recours à
+Diderot pour le compléter. C'est à ce même moment que Diderot fit une
+courte excursion à Langres. Il revint de ce voyage ayant en
+portefeuille, outre les _Deux Amis de Bourbonne_, l'_Entretien d'un père
+avec ses enfants_, inspiré par la visite de la maison paternelle. Sur
+ces entrefaites, Gessner lui fit demander, comme une faveur, quelques
+pages pour accompagner la traduction de ses _Nouvelles Idylles_. Il lui
+donna les deux morceaux qui furent insérés en tête des _Contes moraux et
+Nouvelles Idylles de MM. D... et Gessner_ (Zuric, chez Orel, Gessner,
+Fuessli et Cie, 1773, petit in-8º), sous ce titre: _Contes moraux_ de M.
+D... Ils ont été souvent réimprimés.
+
+Voici ce que dit à ce sujet Gessner, dans la préface de l'édition in-4º
+ornée de frontispice, figures, en-têtes et culs-de-lampe gravés à
+l'eau-forte par lui-même (1773, IV, 184 pages. Zuric, chez l'auteur):
+
+«Les premiers ouvrages de M. Gessner ont été reçus si favorablement dans
+les païs étrangers et surtout en France, qu'il ne s'intéresse pas moins
+à la traduction[2] de celui-ci qu'à l'original même...
+
+«M. Gessner a communiqué son projet aux amis qu'il a à Paris, et
+particulièrement à M. D..., dont l'approbation lui a toujours été si
+précieuse. Cet homme célèbre a eu la bonté de lui envoyer en manuscript
+les deux contes moraux qui précèdent la traduction des _Nouvelles
+Idylles_. M. Gessner se trouve heureux de pouvoir offrir à la France un
+présent qu'elle recevra sans doute avec plaisir et qui sera le monument
+d'une amitié que la seule culture des lettres a fait naître entre deux
+hommes que des contrées éloignées ont toujours tenus séparés.»
+
+Dans la préface de l'édition des _Idylles_ de Gessner, illustrées par
+Moreau (1795), Renouard dit qu'il a pu corriger sur les manuscrits
+annotés par Diderot, _et qui étaient en sa possession_, le texte des
+_Deux Amis de Bourbonne_ et de l'_Entretien d'un père et de ses
+enfants_.
+
+C'est de ces deux contes que l'abbé de Vauxcelles, dont nous avons déjà
+parlé (_Notice_ du _Supplément au voyage de Bougainville_), disait
+qu'ils faisaient au milieu des _Idylles_ de Gessner l'effet «de satyres
+parmi des nymphes!»
+
+Disons, par contre, que Goethe, dans ses _Mémoires_, constate que les
+_Deux Amis_ firent une vive impression dans le petit cercle des
+étudiants allemands, à Strasbourg, où il était alors. «Nous fûmes ravis,
+dit-il, de ses braves braconniers, de ses vaillants contrebandiers,
+canaille poétique, qui ne tarda pas à venir faire des siennes sur le
+théâtre allemand:» dans _les Brigands_ de Schiller d'abord.
+
+ * * * * *
+
+Nous recommanderons, comme complétant ce que nous avons pu dire à propos
+de l'annexe de la _Religieuse_, l'annexe des _Amis de Bourbonne_: «Et
+puis, il y a trois sortes de contes...»
+
+
+
+
+LES DEUX AMIS DE BOURBONNE
+
+
+Il y avait ici deux hommes, qu'on pourrait appeler les Oreste et Pylade
+de Bourbonne. L'un se nommait Olivier, et l'autre Félix; ils étaient nés
+le même jour, dans la même maison, et des deux soeurs. Ils avaient été
+nourris du même lait; car l'une des mères étant morte en couche, l'autre
+se chargea des deux enfants. Ils avaient été élevés ensemble; ils
+étaient toujours séparés des autres: ils s'aimaient comme on existe,
+comme on vit, sans s'en douter; ils le sentaient à tout moment, et ils
+ne se l'étaient peut-être jamais dit. Olivier avait une fois sauvé la
+vie à Félix, qui se piquait d'être grand nageur, et qui avait failli de
+se noyer: ils ne s'en souvenaient ni l'un ni l'autre. Cent fois Félix
+avait tiré Olivier des aventures fâcheuses où son caractère impétueux
+l'avait engagé; et jamais celui-ci n'avait songé à l'en remercier: ils
+s'en retournaient ensemble à la maison, sans se parler, ou en parlant
+d'autre chose.
+
+Lorsqu'on tira pour la milice, le premier billet fatal étant tombé sur
+Félix, Olivier dit: «L'autre est pour moi.» Ils firent leur temps de
+service; ils revinrent au pays: plus chers l'un à l'autre qu'ils ne
+l'étaient encore auparavant, c'est ce que je ne saurais vous assurer:
+car, petit frère, si les bienfaits réciproques cimentent les amitiés
+réfléchies, peut-être ne font-ils rien à celles que j'appellerais
+volontiers des amitiés animales et domestiques. À l'armée, dans une
+rencontre, Olivier étant menacé d'avoir la tête fendue d'un coup de
+sabre, Félix se mit machinalement au-devant du coup, et en resta
+balafré: on prétend qu'il était fier de cette blessure; pour moi, je
+n'en crois rien. À Hastembeck[3], Olivier avait retiré Félix d'entre la
+foule des morts, où il était demeuré. Quand on les interrogeait, ils
+parlaient quelquefois des secours qu'ils avaient reçus l'un de l'autre,
+jamais de ceux qu'ils avaient rendus l'un à l'autre. Olivier disait de
+Félix, Félix disait d'Olivier; mais ils ne se louaient pas. Au bout de
+quelque temps de séjour au pays, ils aimèrent; et le hasard voulut que
+ce fût la même fille. Il n'y eut entre eux aucune rivalité; le premier
+qui s'aperçut de la passion de son ami se retira: ce fut Félix. Olivier
+épousa; et Félix dégoûté de la vie sans savoir pourquoi, se précipita
+dans toutes sortes de métiers dangereux; le dernier fut de se faire
+contrebandier[4].
+
+Vous n'ignorez pas, petit frère, qu'il y a quatre tribunaux en France,
+Caen, Reims, Valence et Toulouse, où les contrebandiers sont jugés; et
+que le plus sévère des quatre, c'est celui de Reims, où préside un nommé
+Coleau, l'âme la plus féroce que la nature ait encore formée. Félix fut
+pris les armes à la main, conduit devant le terrible Coleau, et condamné
+à mort, comme cinq cents autres qui l'avaient précédé. Olivier apprit le
+sort de Félix. Une nuit, il se lève d'à côté de sa femme, et, sans lui
+rien dire, il s'en va à Reims. Il s'adresse au juge Coleau; il se jette
+à ses pieds, et lui demande la grâce de voir et d'embrasser Félix.
+Coleau le regarde, se tait un moment, et lui fait signe de s'asseoir.
+Olivier s'assied. Au bout d'une demi-heure, Coleau tire sa montre et dit
+à Olivier: «Si tu veux voir et embrasser ton ami vivant, dépêche-toi, il
+est en chemin; et si ma montre va bien, avant qu'il soit dix minutes il
+sera pendu.» Olivier, transporté de fureur, se lève, décharge sur la
+nuque du cou au juge Coleau un énorme coup de bâton, dont il l'étend
+presque mort; court vers la place, arrive, crie, frappe le bourreau,
+frappe les gens de la justice, soulève la populace indignée de ces
+exécutions. Les pierres volent; Félix délivré s'enfuit; Olivier songe à
+son salut: mais un soldat de maréchaussée lui avait percé les flancs
+d'un coup de baïonnette, sans qu'il s'en fût aperçu. Il gagna la porte
+de la ville, mais il ne put aller plus loin; des voituriers charitables
+le jetèrent sur leur charrette, et le déposèrent à la porte de sa maison
+un moment avant qu'il expirât; il n'eut que le temps de dire à sa femme:
+«Femme, approche, que je t'embrasse; je me meurs, mais le balafré est
+sauvé.»
+
+Un soir que nous allions à la promenade, selon notre usage, nous vîmes
+au-devant d'une chaumière une grande femme debout, avec quatre petits
+enfants à ses pieds; sa contenance triste et ferme attira notre
+attention, et notre attention fixa la sienne. Après un moment de
+silence, elle nous dit: «Voilà quatre petits enfants, je suis leur mère,
+et je n'ai plus de mari.» Cette manière haute de solliciter la
+commisération était bien faite pour nous toucher. Nous lui offrîmes nos
+secours, qu'elle accepta avec honnêteté: c'est à cette occasion que nous
+avons appris l'histoire de son mari Olivier et de Félix son ami. Nous
+avons parlé d'elle, et j'espère que notre recommandation ne lui aura pas
+été inutile. Vous voyez, petit frère, que la grandeur d'âme et les
+hautes qualités sont de toutes les conditions et de tous les pays; que
+tel meurt obscur, à qui il n'a manqué qu'un autre théâtre; et qu'il ne
+faut pas aller jusque chez les Iroquois pour trouver deux amis.
+
+Dans le temps que le brigand Testalunga infestait la Sicile avec sa
+troupe, Romano, son ami et son confident, fut pris. C'était le
+lieutenant de Testalunga, et son second. Le père de ce Romano fut arrêté
+et emprisonné pour crimes. On lui promit sa grâce et sa liberté, pourvu
+que Romano trahît et livrât son chef Testalunga. Le combat entre la
+tendresse filiale et l'amitié jurée fut violent. Mais Romano père
+persuada son fils de donner la préférence à l'amitié, honteux de devoir
+la vie à une trahison. Romano se rendit à l'avis de son père. Romano
+père fut mis à mort; et jamais les tortures les plus cruelles ne purent
+arracher de Romano fils la délation de ses complices.
+
+ * * * * *
+
+Vous avez désiré, petit frère, de savoir ce qu'est devenu Félix; c'est
+une curiosité si simple, et le motif en est si louable, que nous nous
+sommes un peu reproché de ne l'avoir pas eue. Pour réparer cette faute,
+nous avons pensé d'abord à M. Papin, docteur en théologie, et curé de
+Sainte-Marie à Bourbonne: mais maman s'est ravisée; et nous avons donné
+la préférence au subdélégué Aubert, qui est un bon homme, bien rond, et
+qui nous a envoyé le récit suivant, sur la vérité duquel vous pouvez
+compter:
+
+«Le nommé Félix vit encore. Échappé des mains de la justice, il se jeta
+dans les forêts de la province, dont il avait appris à connaître les
+tours et les détours pendant qu'il faisait la contrebande, cherchant à
+s'approcher peu à peu de la demeure d'Olivier, dont il ignorait le sort.
+
+«Il y avait au fond d'un bois, où vous vous êtes promenée quelquefois,
+un charbonnier dont la cabane servait d'asile à ces sortes de gens;
+c'était aussi l'entrepôt de leurs marchandises et de leurs armes: ce fut
+là que Félix se rendit, non sans avoir couru le danger de tomber dans
+les embûches de la maréchaussée, qui le suivait à la piste. Quelques-uns
+de ses associés y avaient porté la nouvelle de son emprisonnement à
+Reims; et le charbonnier et la charbonnière le croyaient justicié,
+lorsqu'il leur apparut.
+
+«Je vais vous raconter la chose, comme je la tiens de la charbonnière,
+qui est décédée ici il n'y a pas longtemps.
+
+«Ce furent ses enfants, en rôdant autour de la cabane, qui le virent les
+premiers. Tandis qu'il s'arrêtait à caresser le plus jeune, dont il
+était le parrain, les autres entrèrent dans la cabane en criant: Félix!
+Félix! Le père et la mère sortirent en répétant le même cri de joie;
+mais ce misérable était si harassé de fatigue et de besoin, qu'il n'eut
+pas la force de répondre, et qu'il tomba presque défaillant entre leurs
+bras.
+
+«Ces bonnes gens le secoururent de ce qu'ils avaient, lui donnèrent du
+pain, du vin, quelques légumes: il mangea, et s'endormit.
+
+«À son réveil, son premier mot fut: «Olivier! Enfants, ne savez-vous
+rien d'Olivier?--Non,» lui répondirent-ils. Il leur raconta l'aventure
+de Reims; il passa la nuit et le jour suivant avec eux. Il soupirait, il
+prononçait le nom d'Olivier; il le croyait dans les prisons de Reims; il
+voulait y aller, il voulait aller mourir avec lui; et ce ne fut pas sans
+peine que le charbonnier et la charbonnière le détournèrent de ce
+dessein.
+
+«Sur le milieu de la seconde nuit, il prit un fusil, il mit un sabre
+sous son bras, et s'adressant à voix basse au charbonnier...
+«Charbonnier!
+
+«--Félix!
+
+«--Prends ta cognée, et marchons.
+
+«--Où!
+
+«--Belle demande! chez Olivier.»
+
+«Ils vont; mais tout en sortant de la forêt, les voilà enveloppés d'un
+détachement de maréchaussée.
+
+«Je m'en rapporte à ce que m'en a dit la charbonnière; mais il est inouï
+que deux hommes à pied aient pu tenir contre une vingtaine d'hommes à
+cheval: apparemment que ceux-ci étaient épars, et qu'ils voulaient se
+saisir de leur proie en vie. Quoi qu'il en soit, l'action fut
+très-chaude; il y eut cinq chevaux d'estropiés et sept cavaliers de
+hachés ou sabrés. Le pauvre charbonnier resta mort sur la place d'un
+coup de feu à la tempe; Félix regagna la forêt; et comme il est d'une
+agilité incroyable, il courait d'un endroit à l'autre; en courant, il
+chargeait son fusil, tirait, donnait un coup de sifflet. Ces coups de
+sifflet, ces coups de fusil donnés, tirés à différents intervalles et de
+différents côtés, firent craindre aux cavaliers de maréchaussée qu'il
+n'y eût là une horde de contrebandiers; et ils se retirèrent en
+diligence.
+
+«Lorsque Félix les vit éloignés, il revint sur le champ de bataille; il
+mit le cadavre du charbonnier sur ses épaules, et reprit le chemin de la
+cabane, où la charbonnière et ses enfants dormaient encore. Il s'arrête
+à la porte, il étend le cadavre à ses pieds, et s'assied le dos appuyé
+contre un arbre et le visage tourné vers l'entrée de la cabane. Voilà le
+spectacle qui attendait la charbonnière au sortir de sa baraque.
+
+«Elle s'éveille, elle ne trouve point son mari à côté d'elle; elle
+cherche des yeux Félix, point de Félix. Elle se lève, elle sort, elle
+voit, elle crie, elle tombe à la renverse. Ses enfants accourent, ils
+voient, ils crient; ils se roulent sur leur père, ils se roulent sur
+leur mère. La charbonnière, rappelée à elle-même par le tumulte et les
+cris de ses enfants, s'arrache les cheveux, se déchire les joues. Félix,
+immobile au pied de son arbre, les yeux fermés, la tête renversée en
+arrière, leur disait d'une voix éteinte: «Tuez-moi.» Il se faisait un
+moment de silence; ensuite la douleur et les cris reprenaient, et Félix
+leur redisait: «Tuez-moi; enfants, par pitié, tuez-moi.»
+
+«Ils passèrent ainsi trois jours et trois nuits à se désoler; le
+quatrième, Félix dit à la charbonnière: «Femme, prends ton bissac,
+mets-y du pain, et suis-moi.» Après un long circuit à travers nos
+montagnes et nos forêts, ils arrivèrent à la maison d'Olivier, qui est
+située, comme vous savez, à l'extrémité du bourg, à l'endroit où la voie
+se partage en deux routes, dont l'une conduit en Franche-Comté et
+l'autre en Lorraine[5].
+
+«C'est là que Félix va apprendre la mort d'Olivier et se trouver entre
+les veuves de deux hommes massacrés à son sujet. Il entre et dit
+brusquement à la femme Olivier: «Où est Olivier?» Au silence de cette
+femme, à son vêtement, à ses pleurs, il comprit qu'Olivier n'était plus.
+Il se trouva mal; il tomba et se fendit la tête contre la huche à pétrir
+le pain. Les deux veuves le relevèrent; son sang coulait sur elles; et
+tandis qu'elles s'occupaient à l'étancher avec leurs tabliers, il leur
+disait: «Et vous êtes leurs femmes, et vous me secourez!» Puis il
+défaillait, puis il revenait et disait en soupirant: «Que ne me
+laissait-il? Pourquoi s'en venir à Reims? Pourquoi l'y laisser
+venir?...» Puis sa tête se perdait, il entrait en fureur, il se roulait
+à terre et déchirait ses vêtements. Dans un de ces accès, il tira son
+sabre, et il allait s'en frapper; mais les deux femmes se jetèrent sur
+lui, crièrent au secours; les voisins accoururent: on le lia avec des
+cordes, et il fut saigné sept à huit fois. Sa fureur tomba avec
+l'épuisement de ses forces; et il resta comme mort pendant trois ou
+quatre jours, au bout desquels la raison lui revint. Dans le premier
+moment, il tourna ses yeux autour de lui, comme un homme qui sort d'un
+profond sommeil, et il dit: «Où suis-je? Femmes, qui êtes-vous?» La
+charbonnière lui répondit: «Je suis la charbonnière...» Il reprit: «Ah!
+oui, la charbonnière... Et vous?...» La femme Olivier se tut. Alors il
+se mit à pleurer, il se tourna du côté de la muraille, et dit en
+sanglotant: «Je suis chez Olivier... ce lit est celui d'Olivier... et
+cette femme qui est là, c'était la sienne! Ah!»
+
+«Ces deux femmes en eurent tant de soin, elles lui inspirèrent tant de
+pitié, elles le prièrent si instamment de vivre, elles lui remontrèrent
+d'une manière si touchante qu'il était leur unique ressource, qu'il se
+laissa persuader.
+
+«Pendant tout le temps qu'il resta dans cette maison, il ne se coucha
+plus. Il sortait la nuit, il errait dans les champs, il se roulait sur
+la terre, il appelait Olivier; une des femmes le suivait et le ramenait
+au point du jour.
+
+«Plusieurs personnes le savaient dans la maison d'Olivier; et parmi ces
+personnes il y en avait de malintentionnées. Les deux veuves
+l'avertirent du péril qu'il courait: c'était une après-midi, il était
+assis sur un banc, son sabre sur ses genoux, les coudes appuyés sur une
+table et ses deux poings sur ses deux yeux. D'abord il ne répondit rien.
+La femme Olivier avait un garçon de dix-sept à dix-huit ans, la
+charbonnière une fille de quinze. Tout à coup il dit à la charbonnière:
+«La charbonnière, va chercher ta fille et amène-la ici...» Il avait
+quelques fauchées de prés, il les vendit. La charbonnière revint avec sa
+fille, le fils d'Olivier l'épousa: Félix leur donna l'argent de ses
+prés, les embrassa, leur demanda pardon en pleurant; et ils allèrent
+s'établir dans la cabane où ils sont encore et où ils servent de père et
+de mère aux autres enfants. Les deux veuves demeurèrent ensemble; et les
+enfants d'Olivier eurent un père et deux mères.
+
+«Il y a à peu près un an et demi que la charbonnière est morte; la femme
+d'Olivier la pleure encore tous les jours.
+
+«Un soir qu'elles épiaient Félix (car il y en avait une des deux qui le
+gardait toujours à vue), elles le virent qui fondait en larmes; il
+tournait en silence ses bras vers la porte qui le séparait d'elles, et
+il se remettait ensuite à faire son sac. Elles ne lui dirent rien, car
+elles comprenaient de reste combien son départ était nécessaire. Ils
+soupèrent tous les trois sans parler. La nuit, il se leva; les femmes ne
+dormaient point: il s'avança vers la porte sur la pointe des pieds. Là,
+il s'arrêta, regarda vers le lit des deux femmes, essuya ses yeux de ses
+mains et sortit. Les deux femmes se serrèrent dans les bras l'une de
+l'autre et passèrent le reste de la nuit à pleurer. On ignore où il se
+réfugia; mais il n'y a guère eu de semaines qu'il ne leur ait envoyé
+quelques secours.
+
+«La forêt où la fille de la charbonnière vit avec le fils d'Olivier,
+appartient à un M. Leclerc de Rançonnières, homme fort riche et seigneur
+d'un autre village de ces cantons, appelé Courcelles[6]. Un jour que M.
+de Rançonnières ou de Courcelles, comme il vous plaira, faisait une
+chasse dans sa forêt, il arriva à la cabane du fils d'Olivier; il y
+entra, il se mit à jouer avec les enfants, qui sont jolis; il les
+questionna; la figure de la femme, qui n'est pas mal, lui revint; le ton
+ferme du mari, qui tient beaucoup de son père, l'intéressa; il apprit
+l'aventure de leurs parents, il promit de solliciter la grâce de Félix;
+il la sollicita et l'obtint.
+
+«Félix passa au service de M. de Rançonnières, qui lui donna une place
+de garde-chasse.
+
+«Il y avait environ deux ans qu'il vivait dans le château de
+Rançonnières, envoyant aux veuves une bonne partie de ses gages, lorsque
+l'attachement à son maître et la fierté de son caractère l'impliquèrent
+dans une affaire qui n'était rien dans son origine, mais qui eut les
+suites les plus fâcheuses.
+
+«M. de Rançonnières avait pour voisin à Courcelles, un M. Fourmont,
+conseiller au présidial de Ch...[7]. Les deux maisons n'étaient séparées
+que par une borne; cette borne gênait la porte de M. de Rançonnières et
+en rendait l'entrée difficile aux voitures. M. de Rançonnières la fit
+reculer de quelques pieds du côté de M. Fourmont; celui-ci renvoya la
+borne d'autant sur M. de Rançonnières; et puis voilà de la haine, des
+insultes, un procès entre les deux voisins. Le procès de la borne en
+suscita deux ou trois autres plus considérables. Les choses en étaient
+là, lorsqu'un soir M. de Rançonnières, revenant de la chasse, accompagné
+de son garde Félix, fit rencontre, sur le grand chemin, de M. Fourmont
+le magistrat et de son frère le militaire. Celui-ci dit à son frère:
+«Mon frère, si l'on coupait le visage à ce vieux bougre-là, qu'en
+pensez-vous?» Ce propos ne fut pas entendu de M. de Rançonnières, mais
+il le fut malheureusement de Félix, qui s'adressant fièrement au jeune
+homme, lui dit: «Mon officier, seriez-vous assez brave pour vous mettre
+seulement en devoir de faire ce que vous avez dit?» Au même instant, il
+pose son fusil à terre et met la main sur la garde de son sabre, car il
+n'allait jamais sans son sabre. Le jeune militaire tire son épée,
+s'avance sur Félix; M. de Rançonnières accourt, s'interpose, saisit son
+garde. Cependant le militaire s'empare du fusil qui était à terre, tire
+sur Félix, le manque; celui-ci riposte d'un coup de sabre, fait tomber
+l'épée de la main au jeune homme, et avec l'épée la moitié du bras: et
+voilà un procès criminel en sus de trois ou quatre procès civils; Félix
+confiné dans les prisons; une procédure effrayante; et à la suite de
+cette procédure, un magistrat dépouillé de son état et presque
+déshonoré, un militaire exclus de son corps, M. de Rançonnières mort de
+chagrin, et Félix, dont la détention durait toujours, exposé à tout le
+ressentiment des Fourmont. Sa fin eût été malheureuse, si l'amour ne
+l'eût secouru; la fille du geôlier prit de la passion pour lui et
+facilita son évasion: si cela n'est pas vrai, c'est du moins l'opinion
+publique. Il s'en est allé en Prusse, où il sert aujourd'hui dans le
+régiment des gardes. On dit qu'il y est aimé de ses camarades, et même
+connu du roi. Son nom de guerre est le Triste; la veuve Olivier m'a dit
+qu'il continuait à la soulager.
+
+«Voilà, madame, tout ce que j'ai pu recueillir de l'histoire de Félix.
+Je joins à mon récit une lettre de M. Papin, notre curé. Je ne sais ce
+qu'elle contient; mais je crains bien que le pauvre prêtre, qui a la
+tête un peu étroite et le coeur assez mal tourné, ne vous parle
+d'Olivier et de Félix d'après ses préventions. Je vous conjure, madame,
+de vous en tenir aux faits sur la vérité desquels vous pouvez compter,
+et à la bonté de votre coeur, qui vous conseillera mieux que le premier
+casuiste de Sorbonne, qui n'est pas M. Papin.»
+
+
+LETTRE
+
+DE M. PAPIN, DOCTEUR EN THÉOLOGIE, ET CURÉ DE SAINTE-MARIE À BOURBONNE.
+
+J'ignore, madame, ce que M. le subdélégué a pu vous conter d'Olivier et
+de Félix, ni quel intérêt vous pouvez prendre à deux brigands, dont tous
+les pas dans ce monde ont été trempés de sang. La Providence qui a
+châtié l'un, a laissé à l'autre quelques moments de répit, dont je
+crains bien qu'il ne profite pas; mais que la volonté de Dieu soit
+faite! Je sais qu'il y a des gens ici (et je ne serais point étonné que
+M. le subdélégué fût de ce nombre) qui parlent de ces deux hommes comme
+de modèles d'une d'amitié rare; mais qu'est-ce aux yeux de Dieu que la
+plus sublime vertu, dénuée des sentiments de la piété, du respect dû à
+l'Église et à ses ministres, et de la soumission à la loi du souverain?
+Olivier est mort à la porte de sa maison, sans sacrements; quand je fus
+appelé auprès de Félix, chez les deux veuves, je n'en pus jamais tirer
+autre chose que le nom d'Olivier; aucun signe de religion, aucune marque
+de repentir. Je n'ai pas mémoire que celui-ci se soit présenté une fois
+au tribunal de la pénitence. La femme Olivier est une arrogante qui m'a
+manqué en plus d'une occasion; sous prétexte qu'elle sait lire et
+écrire, elle se croit en état d'élever ses enfants; et on ne les voit ni
+aux écoles de la paroisse, ni à mes instructions. Que madame juge
+d'après cela, si des gens de cette espèce sont bien dignes de ses
+bontés! L'Évangile ne cesse de nous recommander la commisération pour
+les pauvres; mais on double le mérite de sa charité par un bon choix des
+misérables; et personne ne connaît mieux les vrais indigents que le
+pasteur commun des indigents et des riches. Si madame daignait m'honorer
+de sa confiance, je placerais peut-être les marques de sa bienfaisance
+d'une manière plus utile pour les malheureux, et plus méritoire pour
+elle.
+
+Je suis avec respect, etc.
+
+
+Madame de *** remercia M. le subdélégué Aubert de ses intentions, et
+envoya ses aumônes à M. Papin, avec le billet qui suit:
+
+
+«Je vous suis très-obligée, monsieur, de vos sages conseils. Je vous
+avoue que l'histoire de ces deux hommes m'avait touchée; et vous
+conviendrez que l'exemple d'une amitié aussi rare était bien faite pour
+séduire une âme honnête et sensible: mais vous m'avez éclairée, et j'ai
+conçu qu'il valait mieux porter ses secours à des vertus chrétiennes et
+malheureuses, qu'à des vertus naturelles et païennes. Je vous prie
+d'accepter la somme modique que je vous envoie, et de la distribuer
+d'après une charité mieux entendue que la mienne.
+
+«J'ai l'honneur d'être, etc.»
+
+
+On pense bien que la veuve Olivier et Félix n'eurent aucune part aux
+aumônes de madame de ***. Félix mourut; et la pauvre femme aurait péri
+de misère avec ses enfants, si elle ne s'était réfugiée dans la forêt,
+chez son fils aîné, où elle travaille, malgré son grand âge, et subsiste
+comme elle peut à côté de ses enfants et de ses petits-enfants[8].
+
+
+
+
+Et puis, il y a trois sortes de contes... Il y en a bien davantage, me
+direz-vous... À la bonne heure; mais je distingue le conte à la manière
+d'Homère, de Virgile, du Tasse, et je l'appelle le conte merveilleux. La
+nature y est exagérée; la vérité y est hypothétique: et si le conteur a
+bien gardé le module qu'il a choisi, si tout répond à ce module, et dans
+les actions, et dans les discours, il a obtenu le degré de perfection
+que le genre de son ouvrage comportait, et vous n'avez rien de plus à
+lui demander. En entrant dans son poëme, vous mettez le pied dans une
+terre inconnue, où rien ne se passe comme dans celle que vous habitez,
+mais où tout se fait en grand comme les choses se font autour de vous en
+petit. Il y a le conte plaisant à la façon de La Fontaine, de Vergier,
+de l'Arioste, d'Hamilton, où le conteur ne se propose ni l'imitation de
+la nature, ni la vérité, ni l'illusion; il s'élance dans les espaces
+imaginaires. Dites à celui-ci: Soyez gai, ingénieux, varié, original,
+même extravagant, j'y consens; mais séduisez-moi par les détails; que le
+charme de la forme me dérobe toujours l'invraisemblance du fond: et si
+ce conteur fait ce que vous exigez ici, il a tout fait. Il y a enfin le
+conte historique, tel qu'il est écrit dans les Nouvelles de Scarron, de
+Cervantes, de Marmontel...
+
+--Au diable le conte et le conteur historiques! c'est un menteur plat et
+froid...
+
+--Oui, s'il ne sait pas son métier. Celui-ci se propose de vous tromper;
+il est assis au coin de votre âtre; il a pour objet la vérité
+rigoureuse; il veut être cru; il veut intéresser, toucher, entraîner,
+émouvoir, faire frissonner la peau et couler les larmes; effet qu'on
+n'obtient point sans éloquence et sans poésie. Mais l'éloquence est une
+sorte de mensonge, et rien de plus contraire à l'illusion que la poésie;
+l'une et l'autre exagèrent, surfont, amplifient, inspirent la méfiance:
+comment s'y prendra donc ce conteur-ci pour vous tromper? Le voici. Il
+parsèmera son récit de petites circonstances si liées à la chose, de
+traits si simples, si naturels, et toutefois si difficiles à imaginer,
+que vous serez forcé de vous dire en vous-même: Ma foi, cela est vrai:
+on n'invente pas ces choses-là. C'est ainsi qu'il sauvera l'exagération
+de l'éloquence et de la poésie; que la vérité de la nature couvrira le
+prestige de l'art; et qu'il satisfera à deux conditions qui semblent
+contradictoires, d'être en même temps historien et poëte, véridique et
+menteur.
+
+Un exemple emprunté d'un autre art rendra peut-être plus sensible ce que
+je veux vous dire. Un peintre exécute sur la toile une tête. Toutes les
+formes en sont fortes, grandes et régulières; c'est l'ensemble le plus
+parfait et le plus rare. J'éprouve, en le considérant, du respect, de
+l'admiration, de l'effroi. J'en cherche le modèle dans la nature, et ne
+l'y trouve pas; en comparaison, tout y est faible, petit et mesquin;
+c'est une tête idéale; je le sens, je me le dis. Mais que l'artiste me
+fasse apercevoir au front de cette tête une cicatrice légère, une verrue
+à l'une de ses tempes, une coupure imperceptible à la lèvre inférieure;
+et, d'idéale qu'elle était, à l'instant la tête devient un portrait; une
+marque de petite vérole au coin de l'oeil ou à côté du nez, et ce visage
+de femme n'est plus celui de Vénus; c'est le portrait de quelqu'une de
+mes voisines. Je dirai donc à nos conteurs historiques: Vos figures sont
+belles, si vous voulez; mais il y manque la verrue à la tempe, la
+coupure à la lèvre, la marque de petite vérole à côté du nez, qui les
+rendraient vraies; et, comme disait mon ami Caillot[9]: «Un peu de
+poussière sur mes souliers, et je ne sors pas de ma loge, je reviens de
+la campagne.»
+
+ Atque ita mentitur, sic veris falsa remiscet,
+ Primo ne medium, medio ne discrepet imum.
+
+ HORAT. _De Art. poet._, v. 151.
+
+Et puis un peu de morale après un peu de poétique, cela va si bien!
+Félix était un gueux qui n'avait rien; Olivier était un autre gueux qui
+n'avait rien: dites-en autant du charbonnier, de la charbonnière, et des
+autres personnages de ce conte; et concluez qu'en général il ne peut
+guère y avoir d'amitiés entières et solides qu'entre des hommes qui
+n'ont rien. Un homme alors est toute la fortune de son ami, et son ami
+est toute la sienne. De là la vérité de l'expérience, que le malheur
+resserre les liens; et la matière d'un petit paragraphe de plus pour la
+première édition du livre de _l'Esprit_[10].
+
+
+
+
+NOTES
+
+
+ [1] Il n'y alla pas seul, il était avec Grimm, qui raconte les faits
+ (_Correspondance littéraire_, 1er décembre 1770) et donne comme
+ motifs ayant déterminé le titre et le sujet du conte, non-seulement
+ les _Deux Amis_, de Saint-Lambert, mais encore les _Deux Amis_,
+ drame de Beaumarchais, et les _Deux Amis_ ou _le Comte de Meralbi_
+ (par Sellier de Moranville), roman en 4 volumes, tous ouvrages dont
+ on s'occupait alors et qui n'avaient pas eu de succès.
+
+ [2] C'était Meister le traducteur.
+
+ [3] Cette bataille, livrée le 26 juillet 1757, fut gagnée par le
+ maréchal d'Estrées contre le duc de Cumberland. (Note de l'édition
+ BRIÈRE.)
+
+ [4] Bourbonne, alors chef-lieu de subdélégation, était frontière de la
+ Champagne, de la Lorraine et de la Franche-Comté, et il s'y faisait
+ beaucoup de contrebande. (Note de l'édition BRIÈRE.)
+
+ [5] La route de _Villars_ et celle d'_Iche_. (Note de l'édition
+ BRIÈRE.)
+
+ [6] Sur une copie qui est en notre possession, _Rançonnières_ est
+ remplacé par _Romainville_, et _Courcelles_ par _Jolibois_.
+
+ [7] Toutes les éditions portent _Lh..._ au lieu de _Ch..._ Diderot a
+ voulu désigner Chaumont. (Note de l'édition BRIÈRE.)
+
+ [8] Il est à supposer que nous n'avons pas ici la première version du
+ conte. Nous trouvons dans une lettre à Grimm, du 21 octobre 1770, la
+ preuve qu'il doit avoir subi divers remaniements. Voici, en effet,
+ ce que nous y lisons:
+
+ «J'avais pensé comme vous que l'atrocité du prêtre ôtait tout le
+ pathétique de l'histoire de _Félix_. Envoyez-moi une copie de cette
+ histoire et de celle d'_Olivier_, et ce que vous me demandez sera
+ fait; mais dépêchez-vous.»
+
+ Dans une autre lettre du 2 novembre au même, Diderot écrit:
+
+ «On m'a envoyé le papier de _Félix_, mais on aurait bien fait d'y
+ joindre celui d'_Olivier_ que j'avais demandé, afin de donner aux
+ deux contes un peu d'unité. N'importe, je me passerai de celui qui
+ me manque et je ferai de mon mieux.»
+
+ Quelle fut la nature des corrections opérées? Nous ne savons; mais
+ peut-être la lettre de M. Papin a-t-elle remplacé une intervention
+ plus directe et plus _atroce_ du prêtre.
+
+ [9] L'un des meilleurs acteurs de la comédie italienne, deviné par
+ Garrick, et dont Grimm disait qu'il était sublime sans effort.
+ «Personne, écrit-il, ne faisait avec une mesure plus juste tout ce
+ qu'il voulait faire. Le Kain est un homme prodigieusement rare;
+ peut-être Caillot est-il plus rare que lui. Caillot ne se doutait
+ point de son talent; il se croyait fait pour chanter avec beaucoup
+ d'agrément, jouer avec beaucoup de gaieté, avec une belle mine bien
+ réjouie; mais il ne se croyait pas pathétique. Garrick, l'ayant vu
+ jouer pendant son séjour en France, lui apprit qu'il serait acteur
+ quand il lui plairait...» Caillot quitta le théâtre en 1772 et fut
+ remplacé par un jeune abbé appelé Narbonne, échappé de la musique de
+ Notre-Dame.
+
+ [10] Cette édition ne se fit pas attendre. Condamné en 1759,
+ l'_Esprit_ reparut en 1771 (Londres). Diderot était sans doute au
+ courant de ce qui se préparait.
+
+
+
+
+
+
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+and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+and the Foundation web page at https://www.pglaf.org.
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+
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+Foundation
+
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
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+Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
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+Literary Archive Foundation
+
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+spread public support and donations to carry out its mission of
+increasing the number of public domain and licensed works that can be
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+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
+($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
+status with the IRS.
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+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
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+The Project Gutenberg EBook of Les deux amis de Bourbonne, by Denis Diderot
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+This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
+almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
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+with this eBook or online at www.gutenberg.org
+
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+Title: Les deux amis de Bourbonne
+
+Author: Denis Diderot
+
+Editor: Jules Assézat
+
+Release Date: April 25, 2009 [EBook #28603]
+
+Language: French
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+Character set encoding: ISO-8859-1
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+*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES DEUX AMIS DE BOURBONNE ***
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+
+
+
+Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed
+Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was
+produced from images generously made available by the
+Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at
+http://gallica.bnf.fr)
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+
+
+
+
+
+</pre>
+
+<p class="c">[Extrait des &OElig;uvres complètes de Diderot, éditées par Jules Assézat, 5<sup>ème</sup> volume, Paris, Garnier Frères, 1875.]</p>
+
+
+
+
+<h1>LES DEUX AMIS DE BOURBONNE</h1>
+
+<p class="c">(Écrit en 1770&mdash;Publié en 1773)</p>
+
+
+
+
+<h2>NOTICE PRÉLIMINAIRE</h2>
+
+
+<p>Voici la Notice qui précède ce conte dans l'édition Brière:</p>
+
+<p>«Au mois d'août 1770, Diderot<a id="FNanchor_1" name="FNanchor_1"></a><a href="#Footnote_1" class="fnanchor">1</a> vint à Bourbonne-les-Bains, près de
+Langres, pour y voir une amie qui avait mené sa fille aux eaux dans
+l'espérance de lui rendre la santé altérée par les suites d'une première
+couche. Il trouva ces dames occupées, pour se désennuyer, à écrire
+des contes qu'elles adressaient à leurs correspondants de Paris. L'un
+d'eux venait à son tour de leur envoyer les <i>Deux Amis, conte iroquois</i>
+que Saint-Lambert avait fait paraître peu de jours après sa réception à
+l'Académie française. Diderot eut l'idée de riposter par l'histoire des
+<i>Deux Amis de Bourbonne</i>, dont la simplicité contraste d'une manière
+si touchante avec la prétention du conte de Saint-Lambert. Cet écrit,
+échappé sans effort à la plume du philosophe, et dans lequel on
+retrouve des personnages contemporains, fut adressé par la jeune
+malade, ou la <i>petite s&oelig;ur</i>, au <i>petit frère</i>, son correspondant, qui lui
+avait envoyé le conte iroquois.»</p>
+
+<p>Nous n'avons à ajouter à ce qui précède que deux mots. Les dames
+que retrouva Diderot à Bourbonne étaient M<sup>me</sup> de Meaux et M<sup>me</sup> de
+Prunevaux, sa fille. Le conte passa pour être de cette dernière, et
+comme son correspondant le croyait vrai, elle dut avoir de nouveau
+recours à Diderot pour le compléter. C'est à ce même moment que
+Diderot fit une courte excursion à Langres. Il revint de ce voyage
+ayant en portefeuille, outre les <i>Deux Amis de Bourbonne</i>, l'<i>Entretien
+d'un père avec ses enfants</i>, inspiré par la visite de la maison paternelle.
+Sur ces entrefaites, Gessner lui fit demander, comme une faveur,
+quelques pages pour accompagner la traduction de ses <i>Nouvelles Idylles</i>.
+Il lui donna les deux morceaux qui furent insérés en tête des <i>Contes
+moraux et Nouvelles Idylles de MM. D... et Gessner</i> (Zuric, chez Orel,
+Gessner, Fuessli et C<sup>ie</sup>, 1773, petit in-8<sup>o</sup>), sous ce titre: <i>Contes moraux</i>
+de M. D... Ils ont été souvent réimprimés.</p>
+
+<p>Voici ce que dit à ce sujet Gessner, dans la préface de l'édition in-4<sup>o</sup>
+ornée de frontispice, figures, en-têtes et culs-de-lampe gravés à l'eau-forte
+par lui-même (1773, <small>IV</small>, 184 pages. Zuric, chez l'auteur):</p>
+
+<p>«Les premiers ouvrages de M. Gessner ont été reçus si favorablement
+dans les païs étrangers et surtout en France, qu'il ne s'intéresse
+pas moins à la traduction<a id="FNanchor_2" name="FNanchor_2"></a><a href="#Footnote_2" class="fnanchor">2</a> de celui-ci qu'à l'original même...</p>
+
+<p>«M. Gessner a communiqué son projet aux amis qu'il a à Paris, et
+particulièrement à M. D..., dont l'approbation lui a toujours été si précieuse.
+Cet homme célèbre a eu la bonté de lui envoyer en manuscript
+les deux contes moraux qui précèdent la traduction des <i>Nouvelles
+Idylles</i>. M. Gessner se trouve heureux de pouvoir offrir à la France un
+présent qu'elle recevra sans doute avec plaisir et qui sera le monument
+d'une amitié que la seule culture des lettres a fait naître entre deux
+hommes que des contrées éloignées ont toujours tenus séparés.»</p>
+
+<p>Dans la préface de l'édition des <i>Idylles</i> de Gessner, illustrées par
+Moreau (1795), Renouard dit qu'il a pu corriger sur les manuscrits
+annotés par Diderot, <i>et qui étaient en sa possession</i>, le texte des <i>Deux
+Amis de Bourbonne</i> et de l'<i>Entretien d'un père et de ses enfants</i>.</p>
+
+<p>C'est de ces deux contes que l'abbé de Vauxcelles, dont nous avons
+déjà parlé (<i>Notice</i> du <i>Supplément au voyage de Bougainville</i>), disait
+qu'ils faisaient au milieu des <i>Idylles</i> de Gessner l'effet «de satyres parmi
+des nymphes!»</p>
+
+<p>Disons, par contre, que G&oelig;the, dans ses <i>Mémoires</i>, constate que les
+<i>Deux Amis</i> firent une vive impression dans le petit cercle des étudiants
+allemands, à Strasbourg, où il était alors. «Nous fûmes ravis, dit-il,
+de ses braves braconniers, de ses vaillants contrebandiers, canaille
+poétique, qui ne tarda pas à venir faire des siennes sur le théâtre allemand:»
+dans <i>les Brigands</i> de Schiller d'abord.</p>
+
+<hr>
+
+
+<p>Nous recommanderons, comme complétant ce que nous avons pu
+dire à propos de l'annexe de la <i>Religieuse</i>, l'<a href="#annexe">annexe</a> des <i>Amis de Bourbonne</i>:
+«Et puis, il y a trois sortes de contes...»</p>
+
+
+
+
+<h2>LES DEUX AMIS DE BOURBONNE</h2>
+
+
+<p>Il y avait ici deux hommes, qu'on pourrait appeler les Oreste
+et Pylade de Bourbonne. L'un se nommait Olivier, et l'autre
+Félix; ils étaient nés le même jour, dans la même maison, et
+des deux s&oelig;urs. Ils avaient été nourris du même lait; car l'une
+des mères étant morte en couche, l'autre se chargea des deux
+enfants. Ils avaient été élevés ensemble; ils étaient toujours
+séparés des autres: ils s'aimaient comme on existe, comme on
+vit, sans s'en douter; ils le sentaient à tout moment, et ils
+ne se l'étaient peut-être jamais dit. Olivier avait une fois sauvé
+la vie à Félix, qui se piquait d'être grand nageur, et qui avait
+failli de se noyer: ils ne s'en souvenaient ni l'un ni l'autre.
+Cent fois Félix avait tiré Olivier des aventures fâcheuses où son
+caractère impétueux l'avait engagé; et jamais celui-ci n'avait
+songé à l'en remercier: ils s'en retournaient ensemble à la
+maison, sans se parler, ou en parlant d'autre chose.</p>
+
+<p>Lorsqu'on tira pour la milice, le premier billet fatal étant
+tombé sur Félix, Olivier dit: «L'autre est pour moi.» Ils firent
+leur temps de service; ils revinrent au pays: plus chers l'un
+à l'autre qu'ils ne l'étaient encore auparavant, c'est ce que je
+ne saurais vous assurer: car, petit frère, si les bienfaits réciproques
+cimentent les amitiés réfléchies, peut-être ne font-ils
+rien à celles que j'appellerais volontiers des amitiés animales
+et domestiques. À l'armée, dans une rencontre, Olivier étant
+menacé d'avoir la tête fendue d'un coup de sabre, Félix se mit
+machinalement au-devant du coup, et en resta balafré: on
+prétend qu'il était fier de cette blessure; pour moi, je n'en
+crois rien. À Hastembeck<a id="FNanchor_3" name="FNanchor_3"></a><a href="#Footnote_3" class="fnanchor">3</a>, Olivier avait retiré Félix d'entre
+la foule des morts, où il était demeuré. Quand on les interrogeait,
+ils parlaient quelquefois des secours qu'ils avaient reçus
+l'un de l'autre, jamais de ceux qu'ils avaient rendus l'un à
+l'autre. Olivier disait de Félix, Félix disait d'Olivier; mais ils
+ne se louaient pas. Au bout de quelque temps de séjour au
+pays, ils aimèrent; et le hasard voulut que ce fût la même
+fille. Il n'y eut entre eux aucune rivalité; le premier qui
+s'aperçut de la passion de son ami se retira: ce fut Félix.
+Olivier épousa; et Félix dégoûté de la vie sans savoir pourquoi,
+se précipita dans toutes sortes de métiers dangereux; le dernier
+fut de se faire contrebandier<a id="FNanchor_4" name="FNanchor_4"></a><a href="#Footnote_4" class="fnanchor">4</a>.</p>
+
+<p>Vous n'ignorez pas, petit frère, qu'il y a quatre tribunaux
+en France, Caen, Reims, Valence et Toulouse, où les contrebandiers
+sont jugés; et que le plus sévère des quatre, c'est
+celui de Reims, où préside un nommé Coleau, l'âme la plus
+féroce que la nature ait encore formée. Félix fut pris les armes
+à la main, conduit devant le terrible Coleau, et condamné à
+mort, comme cinq cents autres qui l'avaient précédé. Olivier
+apprit le sort de Félix. Une nuit, il se lève d'à côté de sa
+femme, et, sans lui rien dire, il s'en va à Reims. Il s'adresse
+au juge Coleau; il se jette à ses pieds, et lui demande la grâce
+de voir et d'embrasser Félix. Coleau le regarde, se tait un moment,
+et lui fait signe de s'asseoir. Olivier s'assied. Au bout
+d'une demi-heure, Coleau tire sa montre et dit à Olivier: «Si
+tu veux voir et embrasser ton ami vivant, dépêche-toi, il
+est en chemin; et si ma montre va bien, avant qu'il soit
+dix minutes il sera pendu.» Olivier, transporté de fureur, se
+lève, décharge sur la nuque du cou au juge Coleau un énorme
+coup de bâton, dont il l'étend presque mort; court vers la
+place, arrive, crie, frappe le bourreau, frappe les gens de la
+justice, soulève la populace indignée de ces exécutions. Les
+pierres volent; Félix délivré s'enfuit; Olivier songe à son
+salut: mais un soldat de maréchaussée lui avait percé les
+flancs d'un coup de baïonnette, sans qu'il s'en fût aperçu.
+Il gagna la porte de la ville, mais il ne put aller plus loin;
+des voituriers charitables le jetèrent sur leur charrette, et le
+déposèrent à la porte de sa maison un moment avant qu'il
+expirât; il n'eut que le temps de dire à sa femme: «Femme,
+approche, que je t'embrasse; je me meurs, mais le balafré
+est sauvé.»</p>
+
+<p>Un soir que nous allions à la promenade, selon notre usage,
+nous vîmes au-devant d'une chaumière une grande femme
+debout, avec quatre petits enfants à ses pieds; sa contenance
+triste et ferme attira notre attention, et notre attention fixa
+la sienne. Après un moment de silence, elle nous dit: «Voilà
+quatre petits enfants, je suis leur mère, et je n'ai plus de
+mari.» Cette manière haute de solliciter la commisération était
+bien faite pour nous toucher. Nous lui offrîmes nos secours,
+qu'elle accepta avec honnêteté: c'est à cette occasion que
+nous avons appris l'histoire de son mari Olivier et de Félix
+son ami. Nous avons parlé d'elle, et j'espère que notre recommandation
+ne lui aura pas été inutile. Vous voyez, petit frère,
+que la grandeur d'âme et les hautes qualités sont de toutes les
+conditions et de tous les pays; que tel meurt obscur, à qui il
+n'a manqué qu'un autre théâtre; et qu'il ne faut pas aller jusque
+chez les Iroquois pour trouver deux amis.</p>
+
+<p>Dans le temps que le brigand Testalunga infestait la Sicile
+avec sa troupe, Romano, son ami et son confident, fut pris.
+C'était le lieutenant de Testalunga, et son second. Le père de
+ce Romano fut arrêté et emprisonné pour crimes. On lui promit
+sa grâce et sa liberté, pourvu que Romano trahît et livrât son
+chef Testalunga. Le combat entre la tendresse filiale et l'amitié
+jurée fut violent. Mais Romano père persuada son fils de donner
+la préférence à l'amitié, honteux de devoir la vie à une
+trahison. Romano se rendit à l'avis de son père. Romano père
+fut mis à mort; et jamais les tortures les plus cruelles ne
+purent arracher de Romano fils la délation de ses complices.</p>
+
+<hr>
+
+
+<p>Vous avez désiré, petit frère, de savoir ce qu'est devenu
+Félix; c'est une curiosité si simple, et le motif en est si louable,
+que nous nous sommes un peu reproché de ne l'avoir pas eue.
+Pour réparer cette faute, nous avons pensé d'abord à M. Papin,
+docteur en théologie, et curé de Sainte-Marie à Bourbonne:
+mais maman s'est ravisée; et nous avons donné la préférence
+au subdélégué Aubert, qui est un bon homme, bien rond, et
+qui nous a envoyé le récit suivant, sur la vérité duquel vous
+pouvez compter:</p>
+
+<p>«Le nommé Félix vit encore. Échappé des mains de la
+justice, il se jeta dans les forêts de la province, dont il avait
+appris à connaître les tours et les détours pendant qu'il faisait
+la contrebande, cherchant à s'approcher peu à peu de la demeure
+d'Olivier, dont il ignorait le sort.</p>
+
+<p>«Il y avait au fond d'un bois, où vous vous êtes promenée
+quelquefois, un charbonnier dont la cabane servait d'asile à
+ces sortes de gens; c'était aussi l'entrepôt de leurs marchandises
+et de leurs armes: ce fut là que Félix se rendit, non
+sans avoir couru le danger de tomber dans les embûches de
+la maréchaussée, qui le suivait à la piste. Quelques-uns de ses
+associés y avaient porté la nouvelle de son emprisonnement
+à Reims; et le charbonnier et la charbonnière le croyaient
+justicié, lorsqu'il leur apparut.</p>
+
+<p>«Je vais vous raconter la chose, comme je la tiens de la
+charbonnière, qui est décédée ici il n'y a pas longtemps.</p>
+
+<p>«Ce furent ses enfants, en rôdant autour de la cabane,
+qui le virent les premiers. Tandis qu'il s'arrêtait à caresser le
+plus jeune, dont il était le parrain, les autres entrèrent dans
+la cabane en criant: Félix! Félix! Le père et la mère sortirent
+en répétant le même cri de joie; mais ce misérable
+était si harassé de fatigue et de besoin, qu'il n'eut pas la
+force de répondre, et qu'il tomba presque défaillant entre leurs
+bras.</p>
+
+<p>«Ces bonnes gens le secoururent de ce qu'ils avaient, lui
+donnèrent du pain, du vin, quelques légumes: il mangea,
+et s'endormit.</p>
+
+<p>«À son réveil, son premier mot fut: «Olivier! Enfants,
+ne savez-vous rien d'Olivier?&mdash;Non,» lui répondirent-ils.
+Il leur raconta l'aventure de Reims; il passa la nuit et le
+jour suivant avec eux. Il soupirait, il prononçait le nom d'Olivier;
+il le croyait dans les prisons de Reims; il voulait y
+aller, il voulait aller mourir avec lui; et ce ne fut pas sans
+peine que le charbonnier et la charbonnière le détournèrent
+de ce dessein.</p>
+
+<p>«Sur le milieu de la seconde nuit, il prit un fusil, il mit un
+sabre sous son bras, et s'adressant à voix basse au charbonnier...
+«Charbonnier!</p>
+
+<p>«&mdash;Félix!</p>
+
+<p>«&mdash;Prends ta cognée, et marchons.</p>
+
+<p>«&mdash;Où!</p>
+
+<p>«&mdash;Belle demande! chez Olivier.»</p>
+
+<p>«Ils vont; mais tout en sortant de la forêt, les voilà
+enveloppés d'un détachement de maréchaussée.</p>
+
+<p>«Je m'en rapporte à ce que m'en a dit la charbonnière;
+mais il est inouï que deux hommes à pied aient pu tenir contre
+une vingtaine d'hommes à cheval: apparemment que ceux-ci
+étaient épars, et qu'ils voulaient se saisir de leur proie en
+vie. Quoi qu'il en soit, l'action fut très-chaude; il y eut cinq
+chevaux d'estropiés et sept cavaliers de hachés ou sabrés. Le
+pauvre charbonnier resta mort sur la place d'un coup de feu
+à la tempe; Félix regagna la forêt; et comme il est d'une
+agilité incroyable, il courait d'un endroit à l'autre; en courant,
+il chargeait son fusil, tirait, donnait un coup de sifflet. Ces
+coups de sifflet, ces coups de fusil donnés, tirés à différents
+intervalles et de différents côtés, firent craindre aux
+cavaliers de maréchaussée qu'il n'y eût là une horde de contrebandiers;
+et ils se retirèrent en diligence.</p>
+
+<p>«Lorsque Félix les vit éloignés, il revint sur le champ
+de bataille; il mit le cadavre du charbonnier sur ses épaules,
+et reprit le chemin de la cabane, où la charbonnière et ses
+enfants dormaient encore. Il s'arrête à la porte, il étend le
+cadavre à ses pieds, et s'assied le dos appuyé contre un
+arbre et le visage tourné vers l'entrée de la cabane. Voilà
+le spectacle qui attendait la charbonnière au sortir de sa
+baraque.</p>
+
+<p>«Elle s'éveille, elle ne trouve point son mari à côté d'elle;
+elle cherche des yeux Félix, point de Félix. Elle se lève, elle
+sort, elle voit, elle crie, elle tombe à la renverse. Ses enfants
+accourent, ils voient, ils crient; ils se roulent sur leur père,
+ils se roulent sur leur mère. La charbonnière, rappelée à elle-même
+par le tumulte et les cris de ses enfants, s'arrache les
+cheveux, se déchire les joues. Félix, immobile au pied de
+son arbre, les yeux fermés, la tête renversée en arrière,
+leur disait d'une voix éteinte: «Tuez-moi.» Il se faisait un
+moment de silence; ensuite la douleur et les cris reprenaient,
+et Félix leur redisait: «Tuez-moi; enfants, par pitié, tuez-moi.»</p>
+
+<p>«Ils passèrent ainsi trois jours et trois nuits à se désoler;
+le quatrième, Félix dit à la charbonnière: «Femme, prends ton
+bissac, mets-y du pain, et suis-moi.» Après un long circuit
+à travers nos montagnes et nos forêts, ils arrivèrent à la
+maison d'Olivier, qui est située, comme vous savez, à l'extrémité
+du bourg, à l'endroit où la voie se partage en deux
+routes, dont l'une conduit en Franche-Comté et l'autre en Lorraine<a id="FNanchor_5" name="FNanchor_5"></a><a href="#Footnote_5" class="fnanchor">5</a>.</p>
+
+<p>«C'est là que Félix va apprendre la mort d'Olivier et se
+trouver entre les veuves de deux hommes massacrés à son sujet.
+Il entre et dit brusquement à la femme Olivier: «Où est Olivier?»
+Au silence de cette femme, à son vêtement, à ses pleurs,
+il comprit qu'Olivier n'était plus. Il se trouva mal; il tomba et
+se fendit la tête contre la huche à pétrir le pain. Les deux
+veuves le relevèrent; son sang coulait sur elles; et tandis
+qu'elles s'occupaient à l'étancher avec leurs tabliers, il leur
+disait: «Et vous êtes leurs femmes, et vous me secourez!»
+Puis il défaillait, puis il revenait et disait en soupirant: «Que
+ne me laissait-il? Pourquoi s'en venir à Reims? Pourquoi l'y
+laisser venir?...» Puis sa tête se perdait, il entrait en fureur,
+il se roulait à terre et déchirait ses vêtements. Dans un de ces
+accès, il tira son sabre, et il allait s'en frapper; mais les deux
+femmes se jetèrent sur lui, crièrent au secours; les voisins
+accoururent: on le lia avec des cordes, et il fut saigné sept à
+huit fois. Sa fureur tomba avec l'épuisement de ses forces; et
+il resta comme mort pendant trois ou quatre jours, au bout desquels
+la raison lui revint. Dans le premier moment, il tourna
+ses yeux autour de lui, comme un homme qui sort d'un profond
+sommeil, et il dit: «Où suis-je? Femmes, qui êtes-vous?» La
+charbonnière lui répondit: «Je suis la charbonnière...» Il
+reprit: «Ah! oui, la charbonnière... Et vous?...» La femme
+Olivier se tut. Alors il se mit à pleurer, il se tourna du côté de
+la muraille, et dit en sanglotant: «Je suis chez Olivier... ce
+lit est celui d'Olivier... et cette femme qui est là, c'était la
+sienne! Ah!»</p>
+
+<p>«Ces deux femmes en eurent tant de soin, elles lui inspirèrent
+tant de pitié, elles le prièrent si instamment de vivre,
+elles lui remontrèrent d'une manière si touchante qu'il était
+leur unique ressource, qu'il se laissa persuader.</p>
+
+<p>«Pendant tout le temps qu'il resta dans cette maison, il ne
+se coucha plus. Il sortait la nuit, il errait dans les champs, il
+se roulait sur la terre, il appelait Olivier; une des femmes le
+suivait et le ramenait au point du jour.</p>
+
+<p>«Plusieurs personnes le savaient dans la maison d'Olivier;
+et parmi ces personnes il y en avait de malintentionnées. Les
+deux veuves l'avertirent du péril qu'il courait: c'était une
+après-midi, il était assis sur un banc, son sabre sur ses genoux,
+les coudes appuyés sur une table et ses deux poings sur ses
+deux yeux. D'abord il ne répondit rien. La femme Olivier avait
+un garçon de dix-sept à dix-huit ans, la charbonnière une fille
+de quinze. Tout à coup il dit à la charbonnière: «La charbonnière,
+va chercher ta fille et amène-la ici...» Il avait quelques
+fauchées de prés, il les vendit. La charbonnière revint
+avec sa fille, le fils d'Olivier l'épousa: Félix leur donna l'argent
+de ses prés, les embrassa, leur demanda pardon en pleurant;
+et ils allèrent s'établir dans la cabane où ils sont encore et où
+ils servent de père et de mère aux autres enfants. Les deux
+veuves demeurèrent ensemble; et les enfants d'Olivier eurent
+un père et deux mères.</p>
+
+<p>«Il y a à peu près un an et demi que la charbonnière
+est morte; la femme d'Olivier la pleure encore tous les
+jours.</p>
+
+<p>«Un soir qu'elles épiaient Félix (car il y en avait une des
+deux qui le gardait toujours à vue), elles le virent qui fondait
+en larmes; il tournait en silence ses bras vers la porte qui le
+séparait d'elles, et il se remettait ensuite à faire son sac. Elles
+ne lui dirent rien, car elles comprenaient de reste combien son
+départ était nécessaire. Ils soupèrent tous les trois sans parler.
+La nuit, il se leva; les femmes ne dormaient point: il s'avança
+vers la porte sur la pointe des pieds. Là, il s'arrêta, regarda
+vers le lit des deux femmes, essuya ses yeux de ses mains et
+sortit. Les deux femmes se serrèrent dans les bras l'une de
+l'autre et passèrent le reste de la nuit à pleurer. On ignore où
+il se réfugia; mais il n'y a guère eu de semaines qu'il ne leur
+ait envoyé quelques secours.</p>
+
+<p>«La forêt où la fille de la charbonnière vit avec le fils d'Olivier,
+appartient à un M. Leclerc de Rançonnières, homme fort
+riche et seigneur d'un autre village de ces cantons, appelé
+Courcelles<a id="FNanchor_6" name="FNanchor_6"></a><a href="#Footnote_6" class="fnanchor">6</a>. Un jour que M. de Rançonnières ou de Courcelles,
+comme il vous plaira, faisait une chasse dans sa forêt, il arriva
+à la cabane du fils d'Olivier; il y entra, il se mit à jouer avec
+les enfants, qui sont jolis; il les questionna; la figure de la
+femme, qui n'est pas mal, lui revint; le ton ferme du mari, qui
+tient beaucoup de son père, l'intéressa; il apprit l'aventure de
+leurs parents, il promit de solliciter la grâce de Félix; il la sollicita
+et l'obtint.</p>
+
+<p>«Félix passa au service de M. de Rançonnières, qui lui
+donna une place de garde-chasse.</p>
+
+<p>«Il y avait environ deux ans qu'il vivait dans le château de
+Rançonnières, envoyant aux veuves une bonne partie de ses
+gages, lorsque l'attachement à son maître et la fierté de son
+caractère l'impliquèrent dans une affaire qui n'était rien dans
+son origine, mais qui eut les suites les plus fâcheuses.</p>
+
+<p>«M. de Rançonnières avait pour voisin à Courcelles, un
+M. Fourmont, conseiller au présidial de Ch...<a id="FNanchor_7" name="FNanchor_7"></a><a href="#Footnote_7" class="fnanchor">7</a>. Les deux maisons
+n'étaient séparées que par une borne; cette borne gênait la
+porte de M. de Rançonnières et en rendait l'entrée difficile aux
+voitures. M. de Rançonnières la fit reculer de quelques pieds
+du côté de M. Fourmont; celui-ci renvoya la borne d'autant
+sur M. de Rançonnières; et puis voilà de la haine, des insultes,
+un procès entre les deux voisins. Le procès de la borne en
+suscita deux ou trois autres plus considérables. Les choses en
+étaient là, lorsqu'un soir M. de Rançonnières, revenant de la
+chasse, accompagné de son garde Félix, fit rencontre, sur le
+grand chemin, de M. Fourmont le magistrat et de son frère le
+militaire. Celui-ci dit à son frère: «Mon frère, si l'on coupait
+le visage à ce vieux bougre-là, qu'en pensez-vous?» Ce propos
+ne fut pas entendu de M. de Rançonnières, mais il le fut
+malheureusement de Félix, qui s'adressant fièrement au jeune
+homme, lui dit: «Mon officier, seriez-vous assez brave pour
+vous mettre seulement en devoir de faire ce que vous avez
+dit?» Au même instant, il pose son fusil à terre et met la
+main sur la garde de son sabre, car il n'allait jamais sans son
+sabre. Le jeune militaire tire son épée, s'avance sur Félix;
+M. de Rançonnières accourt, s'interpose, saisit son garde. Cependant
+le militaire s'empare du fusil qui était à terre, tire sur
+Félix, le manque; celui-ci riposte d'un coup de sabre, fait
+tomber l'épée de la main au jeune homme, et avec l'épée la
+moitié du bras: et voilà un procès criminel en sus de trois ou
+quatre procès civils; Félix confiné dans les prisons; une procédure
+effrayante; et à la suite de cette procédure, un magistrat
+dépouillé de son état et presque déshonoré, un militaire exclus
+de son corps, M. de Rançonnières mort de chagrin, et Félix,
+dont la détention durait toujours, exposé à tout le ressentiment
+des Fourmont. Sa fin eût été malheureuse, si l'amour ne l'eût
+secouru; la fille du geôlier prit de la passion pour lui et facilita
+son évasion: si cela n'est pas vrai, c'est du moins
+l'opinion publique. Il s'en est allé en Prusse, où il sert
+aujourd'hui dans le régiment des gardes. On dit qu'il y est
+aimé de ses camarades, et même connu du roi. Son nom de
+guerre est le Triste; la veuve Olivier m'a dit qu'il continuait à
+la soulager.</p>
+
+<p>«Voilà, madame, tout ce que j'ai pu recueillir de l'histoire
+de Félix. Je joins à mon récit une lettre de M. Papin, notre
+curé. Je ne sais ce qu'elle contient; mais je crains bien que le
+pauvre prêtre, qui a la tête un peu étroite et le c&oelig;ur assez mal
+tourné, ne vous parle d'Olivier et de Félix d'après ses préventions.
+Je vous conjure, madame, de vous en tenir aux faits sur
+la vérité desquels vous pouvez compter, et à la bonté de votre
+c&oelig;ur, qui vous conseillera mieux que le premier casuiste de
+Sorbonne, qui n'est pas M. Papin.»</p>
+
+
+<h3>LETTRE<br>
+<small>DE M. PAPIN, DOCTEUR EN THÉOLOGIE, ET CURÉ DE SAINTE-MARIE À BOURBONNE.</small></h3>
+
+<p>J'ignore, madame, ce que M. le subdélégué a pu vous conter
+d'Olivier et de Félix, ni quel intérêt vous pouvez prendre à deux
+brigands, dont tous les pas dans ce monde ont été trempés de
+sang. La Providence qui a châtié l'un, a laissé à l'autre quelques
+moments de répit, dont je crains bien qu'il ne profite pas; mais
+que la volonté de Dieu soit faite! Je sais qu'il y a des gens ici
+(et je ne serais point étonné que M. le subdélégué fût de ce
+nombre) qui parlent de ces deux hommes comme de modèles
+d'une d'amitié rare; mais qu'est-ce aux yeux de Dieu que la
+plus sublime vertu, dénuée des sentiments de la piété, du respect
+dû à l'Église et à ses ministres, et de la soumission à la
+loi du souverain? Olivier est mort à la porte de sa maison, sans
+sacrements; quand je fus appelé auprès de Félix, chez les deux
+veuves, je n'en pus jamais tirer autre chose que le nom d'Olivier;
+aucun signe de religion, aucune marque de repentir. Je n'ai pas
+mémoire que celui-ci se soit présenté une fois au tribunal de la
+pénitence. La femme Olivier est une arrogante qui m'a manqué
+en plus d'une occasion; sous prétexte qu'elle sait lire et écrire,
+elle se croit en état d'élever ses enfants; et on ne les voit ni
+aux écoles de la paroisse, ni à mes instructions. Que madame juge
+d'après cela, si des gens de cette espèce sont bien dignes de ses
+bontés! L'Évangile ne cesse de nous recommander la commisération
+pour les pauvres; mais on double le mérite de sa charité
+par un bon choix des misérables; et personne ne connaît mieux
+les vrais indigents que le pasteur commun des indigents et des
+riches. Si madame daignait m'honorer de sa confiance, je placerais
+peut-être les marques de sa bienfaisance d'une manière
+plus utile pour les malheureux, et plus méritoire pour
+elle.</p>
+
+<p>Je suis avec respect, etc.</p>
+
+
+<p class="h">Madame de *** remercia M. le subdélégué Aubert de ses
+intentions, et envoya ses aumônes à M. Papin, avec le billet qui
+suit:
+</p>
+
+<p class="h">«Je vous suis très-obligée, monsieur, de vos sages conseils.
+Je vous avoue que l'histoire de ces deux hommes m'avait
+touchée; et vous conviendrez que l'exemple d'une amitié aussi
+rare était bien faite pour séduire une âme honnête et sensible:
+mais vous m'avez éclairée, et j'ai conçu qu'il valait mieux
+porter ses secours à des vertus chrétiennes et malheureuses,
+qu'à des vertus naturelles et païennes. Je vous prie d'accepter
+la somme modique que je vous envoie, et de la distribuer
+d'après une charité mieux entendue que la mienne.
+</p>
+<p>«J'ai l'honneur d'être, etc.»</p>
+
+
+<p class="h">On pense bien que la veuve Olivier et Félix n'eurent aucune
+part aux aumônes de madame de ***. Félix mourut; et la pauvre
+femme aurait péri de misère avec ses enfants, si elle ne s'était
+réfugiée dans la forêt, chez son fils aîné, où elle travaille,
+malgré son grand âge, et subsiste comme elle peut à côté de ses
+enfants et de ses petits-enfants<a id="FNanchor_8" name="FNanchor_8"></a><a href="#Footnote_8" class="fnanchor">8</a>.
+</p>
+
+<hr>
+
+
+<p><a name="annexe" id="annexe"></a>Et puis, il y a trois sortes de contes... Il y en a bien davantage,
+me direz-vous... À la bonne heure; mais je distingue le
+conte à la manière d'Homère, de Virgile, du Tasse, et je l'appelle
+le conte merveilleux. La nature y est exagérée; la vérité y est
+hypothétique: et si le conteur a bien gardé le module qu'il a
+choisi, si tout répond à ce module, et dans les actions, et dans
+les discours, il a obtenu le degré de perfection que le genre de
+son ouvrage comportait, et vous n'avez rien de plus à lui
+demander. En entrant dans son poëme, vous mettez le pied
+dans une terre inconnue, où rien ne se passe comme dans celle
+que vous habitez, mais où tout se fait en grand comme les choses
+se font autour de vous en petit. Il y a le conte plaisant à la
+façon de La Fontaine, de Vergier, de l'Arioste, d'Hamilton, où
+le conteur ne se propose ni l'imitation de la nature, ni la vérité,
+ni l'illusion; il s'élance dans les espaces imaginaires. Dites à
+celui-ci: Soyez gai, ingénieux, varié, original, même extravagant,
+j'y consens; mais séduisez-moi par les détails; que le
+charme de la forme me dérobe toujours l'invraisemblance du
+fond: et si ce conteur fait ce que vous exigez ici, il a tout fait.
+Il y a enfin le conte historique, tel qu'il est écrit dans les
+Nouvelles de Scarron, de Cervantes, de Marmontel...</p>
+
+<p>&mdash;Au diable le conte et le conteur historiques! c'est un
+menteur plat et froid...</p>
+
+<p>&mdash;Oui, s'il ne sait pas son métier. Celui-ci se propose
+de vous tromper; il est assis au coin de votre âtre; il a
+pour objet la vérité rigoureuse; il veut être cru; il veut intéresser,
+toucher, entraîner, émouvoir, faire frissonner la peau et
+couler les larmes; effet qu'on n'obtient point sans éloquence
+et sans poésie. Mais l'éloquence est une sorte de mensonge,
+et rien de plus contraire à l'illusion que la poésie; l'une
+et l'autre exagèrent, surfont, amplifient, inspirent la méfiance:
+comment s'y prendra donc ce conteur-ci pour vous tromper?
+Le voici. Il parsèmera son récit de petites circonstances si
+liées à la chose, de traits si simples, si naturels, et toutefois
+si difficiles à imaginer, que vous serez forcé de vous dire
+en vous-même: Ma foi, cela est vrai: on n'invente pas
+ces choses-là. C'est ainsi qu'il sauvera l'exagération de l'éloquence
+et de la poésie; que la vérité de la nature couvrira le
+prestige de l'art; et qu'il satisfera à deux conditions qui semblent
+contradictoires, d'être en même temps historien et poëte,
+véridique et menteur.</p>
+
+<p>Un exemple emprunté d'un autre art rendra peut-être
+plus sensible ce que je veux vous dire. Un peintre exécute
+sur la toile une tête. Toutes les formes en sont fortes, grandes
+et régulières; c'est l'ensemble le plus parfait et le plus rare.
+J'éprouve, en le considérant, du respect, de l'admiration,
+de l'effroi. J'en cherche le modèle dans la nature, et ne
+l'y trouve pas; en comparaison, tout y est faible, petit et
+mesquin; c'est une tête idéale; je le sens, je me le dis. Mais
+que l'artiste me fasse apercevoir au front de cette tête une
+cicatrice légère, une verrue à l'une de ses tempes, une coupure
+imperceptible à la lèvre inférieure; et, d'idéale qu'elle était, à
+l'instant la tête devient un portrait; une marque de petite
+vérole au coin de l'&oelig;il ou à côté du nez, et ce visage de
+femme n'est plus celui de Vénus; c'est le portrait de quelqu'une
+de mes voisines. Je dirai donc à nos conteurs historiques:
+Vos figures sont belles, si vous voulez; mais il y
+manque la verrue à la tempe, la coupure à la lèvre, la marque
+de petite vérole à côté du nez, qui les rendraient vraies; et,
+comme disait mon ami Caillot<a id="FNanchor_9" name="FNanchor_9"></a><a href="#Footnote_9" class="fnanchor">9</a>: «Un peu de poussière sur
+mes souliers, et je ne sors pas de ma loge, je reviens de la
+campagne.»</p>
+
+<div class="poem">
+ <div class="stanza">
+ <span class="i0">Atque ita mentitur, sic veris falsa remiscet,</span><br>
+ <span class="i0">Primo ne medium, medio ne discrepet imum.</span><br>
+ <br>
+ </div>
+</div>
+
+<p class="s"><span class="sc">Horat.</span> <i>De Art. poet.</i>, v. 151.
+</p>
+<p>Et puis un peu de morale après un peu de poétique, cela va
+si bien! Félix était un gueux qui n'avait rien; Olivier était un
+autre gueux qui n'avait rien: dites-en autant du charbonnier,
+de la charbonnière, et des autres personnages de ce conte; et
+concluez qu'en général il ne peut guère y avoir d'amitiés
+entières et solides qu'entre des hommes qui n'ont rien. Un
+homme alors est toute la fortune de son ami, et son ami est
+toute la sienne. De là la vérité de l'expérience, que le malheur
+resserre les liens; et la matière d'un petit paragraphe de plus
+pour la première édition du livre de <i>l'Esprit</i><a id="FNanchor_10" name="FNanchor_10"></a><a href="#Footnote_10" class="fnanchor">10</a>.</p>
+
+
+
+
+<h2>NOTES</h2>
+
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_1" id="Footnote_1"></a>
+<a href="#FNanchor_1">
+<span class="label">[1]</span></a> Il n'y alla pas seul, il était avec Grimm, qui raconte les faits
+(<i>Correspondance littéraire</i>,
+1<sup>er</sup> décembre 1770) et donne comme motifs ayant déterminé le titre et le sujet du
+conte, non-seulement
+les <i>Deux Amis</i>, de Saint-Lambert, mais encore les <i>Deux Amis</i>, drame de
+Beaumarchais,
+et les <i>Deux Amis</i> ou <i>le Comte de Meralbi</i> (par Sellier de Moranville),
+roman en
+4 volumes, tous ouvrages dont on s'occupait alors et qui n'avaient pas eu de
+succès.</p>
+</div>
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_2" id="Footnote_2"></a>
+<a href="#FNanchor_2">
+<span class="label">[2]</span></a> C'était Meister le traducteur.</p>
+</div>
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_3" id="Footnote_3"></a>
+<a href="#FNanchor_3">
+<span class="label">[3]</span></a> Cette bataille, livrée le 26 juillet 1757, fut gagnée par le maréchal
+d'Estrées
+contre le duc de Cumberland. (Note de l'édition <span class="sc">Brière</span>.)</p>
+</div>
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_4" id="Footnote_4"></a>
+<a href="#FNanchor_4">
+<span class="label">[4]</span></a> Bourbonne, alors chef-lieu de subdélégation, était frontière de la
+Champagne,
+de la Lorraine et de la Franche-Comté, et il s'y faisait beaucoup de contrebande.
+(Note de l'édition <span class="sc">Brière</span>.)</p>
+</div>
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_5" id="Footnote_5"></a>
+<a href="#FNanchor_5">
+<span class="label">[5]</span></a> La route de <i>Villars</i> et celle d'<i>Iche</i>.
+(Note de l'édition <span class="sc">Brière</span>.)</p>
+</div>
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_6" id="Footnote_6"></a>
+<a href="#FNanchor_6">
+<span class="label">[6]</span></a> Sur une copie qui est en notre possession, <i>Rançonnières</i> est
+remplacé par
+<i>Romainville</i>, et <i>Courcelles</i> par <i>Jolibois</i>.</p>
+</div>
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_7" id="Footnote_7"></a>
+<a href="#FNanchor_7">
+<span class="label">[7]</span></a> Toutes les éditions portent <i>Lh...</i> au lieu de <i>Ch...</i>
+Diderot a voulu désigner
+Chaumont. (Note de l'édition <span class="sc">Brière</span>.)</p>
+</div>
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_8" id="Footnote_8"></a>
+<a href="#FNanchor_8">
+<span class="label">[8]</span></a> Il est à supposer que nous n'avons pas ici la première version du
+conte.
+Nous trouvons dans une lettre à Grimm, du 21 octobre 1770, la preuve qu'il doit
+avoir subi divers remaniements. Voici, en effet, ce que nous y lisons:</p>
+
+<p>«J'avais pensé comme vous que l'atrocité du prêtre ôtait tout le pathétique de
+l'histoire de <i>Félix</i>. Envoyez-moi une copie de cette histoire et de celle
+d'<i>Olivier</i>,
+et ce que vous me demandez sera fait; mais dépêchez-vous.»</p>
+
+<p>Dans une autre lettre du 2 novembre au même, Diderot écrit:</p>
+
+<p>«On m'a envoyé le papier de <i>Félix</i>, mais on aurait bien fait d'y joindre
+celui
+d'<i>Olivier</i> que j'avais demandé, afin de donner aux deux contes un peu
+d'unité.
+N'importe, je me passerai de celui qui me manque et je ferai de mon mieux.»</p>
+
+<p>Quelle fut la nature des corrections opérées? Nous ne savons; mais peut-être
+la lettre de M. Papin a-t-elle remplacé une intervention plus directe et plus
+<i>atroce</i>
+du prêtre.</p>
+</div>
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_9" id="Footnote_9"></a>
+<a href="#FNanchor_9">
+<span class="label">[9]</span></a> L'un des meilleurs acteurs de la comédie italienne, deviné par
+Garrick, et
+dont Grimm disait qu'il était sublime sans effort. «Personne, écrit-il, ne faisait
+avec une mesure plus juste tout ce qu'il voulait faire. Le Kain est un homme
+prodigieusement
+rare; peut-être Caillot est-il plus rare que lui. Caillot ne se doutait
+point de son talent; il se croyait fait pour chanter avec beaucoup d'agrément,
+jouer
+avec beaucoup de gaieté, avec une belle mine bien réjouie; mais il ne se croyait
+pas pathétique. Garrick, l'ayant vu jouer pendant son séjour en France, lui apprit
+qu'il serait acteur quand il lui plairait...» Caillot quitta le théâtre en 1772 et
+fut
+remplacé par un jeune abbé appelé Narbonne, échappé de la musique de Notre-Dame.</p>
+</div>
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_10" id="Footnote_10"></a>
+<a href="#FNanchor_10">
+<span class="label">[10]</span></a> Cette édition ne se fit pas attendre. Condamné en 1759, l'<i>Esprit</i> reparut
+en 1771 (Londres). Diderot était sans doute au courant de ce qui se préparait.</p>
+</div>
+
+
+
+
+
+
+
+
+<pre>
+
+
+
+
+
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+
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+
+
+Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
+
+Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
+electronic works in formats readable by the widest variety of computers
+including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
+because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
+people in all walks of life.
+
+Volunteers and financial support to provide volunteers with the
+assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
+goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
+remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
+Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
+and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
+To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+and the Foundation web page at https://www.pglaf.org.
+
+
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
+Foundation
+
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
+https://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
+permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
+
+The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
+Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
+throughout numerous locations. Its business office is located at
+809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
+business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
+information can be found at the Foundation's web site and official
+page at https://pglaf.org
+
+For additional contact information:
+ Dr. Gregory B. Newby
+ Chief Executive and Director
+ gbnewby@pglaf.org
+
+
+Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation
+
+Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
+spread public support and donations to carry out its mission of
+increasing the number of public domain and licensed works that can be
+freely distributed in machine readable form accessible by the widest
+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
+($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
+status with the IRS.
+
+The Foundation is committed to complying with the laws regulating
+charities and charitable donations in all 50 states of the United
+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
+considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
+with these requirements. We do not solicit donations in locations
+where we have not received written confirmation of compliance. To
+SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
+particular state visit https://pglaf.org
+
+While we cannot and do not solicit contributions from states where we
+have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
+against accepting unsolicited donations from donors in such states who
+approach us with offers to donate.
+
+International donations are gratefully accepted, but we cannot make
+any statements concerning tax treatment of donations received from
+outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
+
+Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
+methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
+ways including including checks, online payments and credit card
+donations. To donate, please visit: https://pglaf.org/donate
+
+
+Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
+works.
+
+Professor Michael S. Hart was the originator of the Project Gutenberg-tm
+concept of a library of electronic works that could be freely shared
+with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
+Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
+
+
+Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
+editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
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