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| author | Roger Frank <rfrank@pglaf.org> | 2025-10-15 02:38:55 -0700 |
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You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org + + +Title: Les deux amis de Bourbonne + +Author: Denis Diderot + +Editor: Jules Assézat + +Release Date: April 25, 2009 [EBook #28603] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES DEUX AMIS DE BOURBONNE *** + + + + +Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed +Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was +produced from images generously made available by the +Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at +http://gallica.bnf.fr) + + + + + + + +[Extrait des OEuvres complètes de Diderot, éditées par Jules Assézat, +5ème volume, Paris, Garnier Frères, 1875.] + + + + +LES DEUX AMIS DE BOURBONNE + +(Écrit en 1770--Publié en 1773) + + + + +NOTICE PRÉLIMINAIRE + + +Voici la Notice qui précède ce conte dans l'édition Brière: + +«Au mois d'août 1770, Diderot[1] vint à Bourbonne-les-Bains, près de +Langres, pour y voir une amie qui avait mené sa fille aux eaux dans +l'espérance de lui rendre la santé altérée par les suites d'une première +couche. Il trouva ces dames occupées, pour se désennuyer, à écrire des +contes qu'elles adressaient à leurs correspondants de Paris. L'un d'eux +venait à son tour de leur envoyer les _Deux Amis, conte iroquois_ que +Saint-Lambert avait fait paraître peu de jours après sa réception à +l'Académie française. Diderot eut l'idée de riposter par l'histoire des +_Deux Amis de Bourbonne_, dont la simplicité contraste d'une manière si +touchante avec la prétention du conte de Saint-Lambert. Cet écrit, +échappé sans effort à la plume du philosophe, et dans lequel on retrouve +des personnages contemporains, fut adressé par la jeune malade, ou la +_petite soeur_, au _petit frère_, son correspondant, qui lui avait +envoyé le conte iroquois.» + +Nous n'avons à ajouter à ce qui précède que deux mots. Les dames que +retrouva Diderot à Bourbonne étaient Mme de Meaux et Mme de Prunevaux, +sa fille. Le conte passa pour être de cette dernière, et comme son +correspondant le croyait vrai, elle dut avoir de nouveau recours à +Diderot pour le compléter. C'est à ce même moment que Diderot fit une +courte excursion à Langres. Il revint de ce voyage ayant en +portefeuille, outre les _Deux Amis de Bourbonne_, l'_Entretien d'un père +avec ses enfants_, inspiré par la visite de la maison paternelle. Sur +ces entrefaites, Gessner lui fit demander, comme une faveur, quelques +pages pour accompagner la traduction de ses _Nouvelles Idylles_. Il lui +donna les deux morceaux qui furent insérés en tête des _Contes moraux et +Nouvelles Idylles de MM. D... et Gessner_ (Zuric, chez Orel, Gessner, +Fuessli et Cie, 1773, petit in-8º), sous ce titre: _Contes moraux_ de M. +D... Ils ont été souvent réimprimés. + +Voici ce que dit à ce sujet Gessner, dans la préface de l'édition in-4º +ornée de frontispice, figures, en-têtes et culs-de-lampe gravés à +l'eau-forte par lui-même (1773, IV, 184 pages. Zuric, chez l'auteur): + +«Les premiers ouvrages de M. Gessner ont été reçus si favorablement dans +les païs étrangers et surtout en France, qu'il ne s'intéresse pas moins +à la traduction[2] de celui-ci qu'à l'original même... + +«M. Gessner a communiqué son projet aux amis qu'il a à Paris, et +particulièrement à M. D..., dont l'approbation lui a toujours été si +précieuse. Cet homme célèbre a eu la bonté de lui envoyer en manuscript +les deux contes moraux qui précèdent la traduction des _Nouvelles +Idylles_. M. Gessner se trouve heureux de pouvoir offrir à la France un +présent qu'elle recevra sans doute avec plaisir et qui sera le monument +d'une amitié que la seule culture des lettres a fait naître entre deux +hommes que des contrées éloignées ont toujours tenus séparés.» + +Dans la préface de l'édition des _Idylles_ de Gessner, illustrées par +Moreau (1795), Renouard dit qu'il a pu corriger sur les manuscrits +annotés par Diderot, _et qui étaient en sa possession_, le texte des +_Deux Amis de Bourbonne_ et de l'_Entretien d'un père et de ses +enfants_. + +C'est de ces deux contes que l'abbé de Vauxcelles, dont nous avons déjà +parlé (_Notice_ du _Supplément au voyage de Bougainville_), disait +qu'ils faisaient au milieu des _Idylles_ de Gessner l'effet «de satyres +parmi des nymphes!» + +Disons, par contre, que Goethe, dans ses _Mémoires_, constate que les +_Deux Amis_ firent une vive impression dans le petit cercle des +étudiants allemands, à Strasbourg, où il était alors. «Nous fûmes ravis, +dit-il, de ses braves braconniers, de ses vaillants contrebandiers, +canaille poétique, qui ne tarda pas à venir faire des siennes sur le +théâtre allemand:» dans _les Brigands_ de Schiller d'abord. + + * * * * * + +Nous recommanderons, comme complétant ce que nous avons pu dire à propos +de l'annexe de la _Religieuse_, l'annexe des _Amis de Bourbonne_: «Et +puis, il y a trois sortes de contes...» + + + + +LES DEUX AMIS DE BOURBONNE + + +Il y avait ici deux hommes, qu'on pourrait appeler les Oreste et Pylade +de Bourbonne. L'un se nommait Olivier, et l'autre Félix; ils étaient nés +le même jour, dans la même maison, et des deux soeurs. Ils avaient été +nourris du même lait; car l'une des mères étant morte en couche, l'autre +se chargea des deux enfants. Ils avaient été élevés ensemble; ils +étaient toujours séparés des autres: ils s'aimaient comme on existe, +comme on vit, sans s'en douter; ils le sentaient à tout moment, et ils +ne se l'étaient peut-être jamais dit. Olivier avait une fois sauvé la +vie à Félix, qui se piquait d'être grand nageur, et qui avait failli de +se noyer: ils ne s'en souvenaient ni l'un ni l'autre. Cent fois Félix +avait tiré Olivier des aventures fâcheuses où son caractère impétueux +l'avait engagé; et jamais celui-ci n'avait songé à l'en remercier: ils +s'en retournaient ensemble à la maison, sans se parler, ou en parlant +d'autre chose. + +Lorsqu'on tira pour la milice, le premier billet fatal étant tombé sur +Félix, Olivier dit: «L'autre est pour moi.» Ils firent leur temps de +service; ils revinrent au pays: plus chers l'un à l'autre qu'ils ne +l'étaient encore auparavant, c'est ce que je ne saurais vous assurer: +car, petit frère, si les bienfaits réciproques cimentent les amitiés +réfléchies, peut-être ne font-ils rien à celles que j'appellerais +volontiers des amitiés animales et domestiques. À l'armée, dans une +rencontre, Olivier étant menacé d'avoir la tête fendue d'un coup de +sabre, Félix se mit machinalement au-devant du coup, et en resta +balafré: on prétend qu'il était fier de cette blessure; pour moi, je +n'en crois rien. À Hastembeck[3], Olivier avait retiré Félix d'entre la +foule des morts, où il était demeuré. Quand on les interrogeait, ils +parlaient quelquefois des secours qu'ils avaient reçus l'un de l'autre, +jamais de ceux qu'ils avaient rendus l'un à l'autre. Olivier disait de +Félix, Félix disait d'Olivier; mais ils ne se louaient pas. Au bout de +quelque temps de séjour au pays, ils aimèrent; et le hasard voulut que +ce fût la même fille. Il n'y eut entre eux aucune rivalité; le premier +qui s'aperçut de la passion de son ami se retira: ce fut Félix. Olivier +épousa; et Félix dégoûté de la vie sans savoir pourquoi, se précipita +dans toutes sortes de métiers dangereux; le dernier fut de se faire +contrebandier[4]. + +Vous n'ignorez pas, petit frère, qu'il y a quatre tribunaux en France, +Caen, Reims, Valence et Toulouse, où les contrebandiers sont jugés; et +que le plus sévère des quatre, c'est celui de Reims, où préside un nommé +Coleau, l'âme la plus féroce que la nature ait encore formée. Félix fut +pris les armes à la main, conduit devant le terrible Coleau, et condamné +à mort, comme cinq cents autres qui l'avaient précédé. Olivier apprit le +sort de Félix. Une nuit, il se lève d'à côté de sa femme, et, sans lui +rien dire, il s'en va à Reims. Il s'adresse au juge Coleau; il se jette +à ses pieds, et lui demande la grâce de voir et d'embrasser Félix. +Coleau le regarde, se tait un moment, et lui fait signe de s'asseoir. +Olivier s'assied. Au bout d'une demi-heure, Coleau tire sa montre et dit +à Olivier: «Si tu veux voir et embrasser ton ami vivant, dépêche-toi, il +est en chemin; et si ma montre va bien, avant qu'il soit dix minutes il +sera pendu.» Olivier, transporté de fureur, se lève, décharge sur la +nuque du cou au juge Coleau un énorme coup de bâton, dont il l'étend +presque mort; court vers la place, arrive, crie, frappe le bourreau, +frappe les gens de la justice, soulève la populace indignée de ces +exécutions. Les pierres volent; Félix délivré s'enfuit; Olivier songe à +son salut: mais un soldat de maréchaussée lui avait percé les flancs +d'un coup de baïonnette, sans qu'il s'en fût aperçu. Il gagna la porte +de la ville, mais il ne put aller plus loin; des voituriers charitables +le jetèrent sur leur charrette, et le déposèrent à la porte de sa maison +un moment avant qu'il expirât; il n'eut que le temps de dire à sa femme: +«Femme, approche, que je t'embrasse; je me meurs, mais le balafré est +sauvé.» + +Un soir que nous allions à la promenade, selon notre usage, nous vîmes +au-devant d'une chaumière une grande femme debout, avec quatre petits +enfants à ses pieds; sa contenance triste et ferme attira notre +attention, et notre attention fixa la sienne. Après un moment de +silence, elle nous dit: «Voilà quatre petits enfants, je suis leur mère, +et je n'ai plus de mari.» Cette manière haute de solliciter la +commisération était bien faite pour nous toucher. Nous lui offrîmes nos +secours, qu'elle accepta avec honnêteté: c'est à cette occasion que nous +avons appris l'histoire de son mari Olivier et de Félix son ami. Nous +avons parlé d'elle, et j'espère que notre recommandation ne lui aura pas +été inutile. Vous voyez, petit frère, que la grandeur d'âme et les +hautes qualités sont de toutes les conditions et de tous les pays; que +tel meurt obscur, à qui il n'a manqué qu'un autre théâtre; et qu'il ne +faut pas aller jusque chez les Iroquois pour trouver deux amis. + +Dans le temps que le brigand Testalunga infestait la Sicile avec sa +troupe, Romano, son ami et son confident, fut pris. C'était le +lieutenant de Testalunga, et son second. Le père de ce Romano fut arrêté +et emprisonné pour crimes. On lui promit sa grâce et sa liberté, pourvu +que Romano trahît et livrât son chef Testalunga. Le combat entre la +tendresse filiale et l'amitié jurée fut violent. Mais Romano père +persuada son fils de donner la préférence à l'amitié, honteux de devoir +la vie à une trahison. Romano se rendit à l'avis de son père. Romano +père fut mis à mort; et jamais les tortures les plus cruelles ne purent +arracher de Romano fils la délation de ses complices. + + * * * * * + +Vous avez désiré, petit frère, de savoir ce qu'est devenu Félix; c'est +une curiosité si simple, et le motif en est si louable, que nous nous +sommes un peu reproché de ne l'avoir pas eue. Pour réparer cette faute, +nous avons pensé d'abord à M. Papin, docteur en théologie, et curé de +Sainte-Marie à Bourbonne: mais maman s'est ravisée; et nous avons donné +la préférence au subdélégué Aubert, qui est un bon homme, bien rond, et +qui nous a envoyé le récit suivant, sur la vérité duquel vous pouvez +compter: + +«Le nommé Félix vit encore. Échappé des mains de la justice, il se jeta +dans les forêts de la province, dont il avait appris à connaître les +tours et les détours pendant qu'il faisait la contrebande, cherchant à +s'approcher peu à peu de la demeure d'Olivier, dont il ignorait le sort. + +«Il y avait au fond d'un bois, où vous vous êtes promenée quelquefois, +un charbonnier dont la cabane servait d'asile à ces sortes de gens; +c'était aussi l'entrepôt de leurs marchandises et de leurs armes: ce fut +là que Félix se rendit, non sans avoir couru le danger de tomber dans +les embûches de la maréchaussée, qui le suivait à la piste. Quelques-uns +de ses associés y avaient porté la nouvelle de son emprisonnement à +Reims; et le charbonnier et la charbonnière le croyaient justicié, +lorsqu'il leur apparut. + +«Je vais vous raconter la chose, comme je la tiens de la charbonnière, +qui est décédée ici il n'y a pas longtemps. + +«Ce furent ses enfants, en rôdant autour de la cabane, qui le virent les +premiers. Tandis qu'il s'arrêtait à caresser le plus jeune, dont il +était le parrain, les autres entrèrent dans la cabane en criant: Félix! +Félix! Le père et la mère sortirent en répétant le même cri de joie; +mais ce misérable était si harassé de fatigue et de besoin, qu'il n'eut +pas la force de répondre, et qu'il tomba presque défaillant entre leurs +bras. + +«Ces bonnes gens le secoururent de ce qu'ils avaient, lui donnèrent du +pain, du vin, quelques légumes: il mangea, et s'endormit. + +«À son réveil, son premier mot fut: «Olivier! Enfants, ne savez-vous +rien d'Olivier?--Non,» lui répondirent-ils. Il leur raconta l'aventure +de Reims; il passa la nuit et le jour suivant avec eux. Il soupirait, il +prononçait le nom d'Olivier; il le croyait dans les prisons de Reims; il +voulait y aller, il voulait aller mourir avec lui; et ce ne fut pas sans +peine que le charbonnier et la charbonnière le détournèrent de ce +dessein. + +«Sur le milieu de la seconde nuit, il prit un fusil, il mit un sabre +sous son bras, et s'adressant à voix basse au charbonnier... +«Charbonnier! + +«--Félix! + +«--Prends ta cognée, et marchons. + +«--Où! + +«--Belle demande! chez Olivier.» + +«Ils vont; mais tout en sortant de la forêt, les voilà enveloppés d'un +détachement de maréchaussée. + +«Je m'en rapporte à ce que m'en a dit la charbonnière; mais il est inouï +que deux hommes à pied aient pu tenir contre une vingtaine d'hommes à +cheval: apparemment que ceux-ci étaient épars, et qu'ils voulaient se +saisir de leur proie en vie. Quoi qu'il en soit, l'action fut +très-chaude; il y eut cinq chevaux d'estropiés et sept cavaliers de +hachés ou sabrés. Le pauvre charbonnier resta mort sur la place d'un +coup de feu à la tempe; Félix regagna la forêt; et comme il est d'une +agilité incroyable, il courait d'un endroit à l'autre; en courant, il +chargeait son fusil, tirait, donnait un coup de sifflet. Ces coups de +sifflet, ces coups de fusil donnés, tirés à différents intervalles et de +différents côtés, firent craindre aux cavaliers de maréchaussée qu'il +n'y eût là une horde de contrebandiers; et ils se retirèrent en +diligence. + +«Lorsque Félix les vit éloignés, il revint sur le champ de bataille; il +mit le cadavre du charbonnier sur ses épaules, et reprit le chemin de la +cabane, où la charbonnière et ses enfants dormaient encore. Il s'arrête +à la porte, il étend le cadavre à ses pieds, et s'assied le dos appuyé +contre un arbre et le visage tourné vers l'entrée de la cabane. Voilà le +spectacle qui attendait la charbonnière au sortir de sa baraque. + +«Elle s'éveille, elle ne trouve point son mari à côté d'elle; elle +cherche des yeux Félix, point de Félix. Elle se lève, elle sort, elle +voit, elle crie, elle tombe à la renverse. Ses enfants accourent, ils +voient, ils crient; ils se roulent sur leur père, ils se roulent sur +leur mère. La charbonnière, rappelée à elle-même par le tumulte et les +cris de ses enfants, s'arrache les cheveux, se déchire les joues. Félix, +immobile au pied de son arbre, les yeux fermés, la tête renversée en +arrière, leur disait d'une voix éteinte: «Tuez-moi.» Il se faisait un +moment de silence; ensuite la douleur et les cris reprenaient, et Félix +leur redisait: «Tuez-moi; enfants, par pitié, tuez-moi.» + +«Ils passèrent ainsi trois jours et trois nuits à se désoler; le +quatrième, Félix dit à la charbonnière: «Femme, prends ton bissac, +mets-y du pain, et suis-moi.» Après un long circuit à travers nos +montagnes et nos forêts, ils arrivèrent à la maison d'Olivier, qui est +située, comme vous savez, à l'extrémité du bourg, à l'endroit où la voie +se partage en deux routes, dont l'une conduit en Franche-Comté et +l'autre en Lorraine[5]. + +«C'est là que Félix va apprendre la mort d'Olivier et se trouver entre +les veuves de deux hommes massacrés à son sujet. Il entre et dit +brusquement à la femme Olivier: «Où est Olivier?» Au silence de cette +femme, à son vêtement, à ses pleurs, il comprit qu'Olivier n'était plus. +Il se trouva mal; il tomba et se fendit la tête contre la huche à pétrir +le pain. Les deux veuves le relevèrent; son sang coulait sur elles; et +tandis qu'elles s'occupaient à l'étancher avec leurs tabliers, il leur +disait: «Et vous êtes leurs femmes, et vous me secourez!» Puis il +défaillait, puis il revenait et disait en soupirant: «Que ne me +laissait-il? Pourquoi s'en venir à Reims? Pourquoi l'y laisser +venir?...» Puis sa tête se perdait, il entrait en fureur, il se roulait +à terre et déchirait ses vêtements. Dans un de ces accès, il tira son +sabre, et il allait s'en frapper; mais les deux femmes se jetèrent sur +lui, crièrent au secours; les voisins accoururent: on le lia avec des +cordes, et il fut saigné sept à huit fois. Sa fureur tomba avec +l'épuisement de ses forces; et il resta comme mort pendant trois ou +quatre jours, au bout desquels la raison lui revint. Dans le premier +moment, il tourna ses yeux autour de lui, comme un homme qui sort d'un +profond sommeil, et il dit: «Où suis-je? Femmes, qui êtes-vous?» La +charbonnière lui répondit: «Je suis la charbonnière...» Il reprit: «Ah! +oui, la charbonnière... Et vous?...» La femme Olivier se tut. Alors il +se mit à pleurer, il se tourna du côté de la muraille, et dit en +sanglotant: «Je suis chez Olivier... ce lit est celui d'Olivier... et +cette femme qui est là, c'était la sienne! Ah!» + +«Ces deux femmes en eurent tant de soin, elles lui inspirèrent tant de +pitié, elles le prièrent si instamment de vivre, elles lui remontrèrent +d'une manière si touchante qu'il était leur unique ressource, qu'il se +laissa persuader. + +«Pendant tout le temps qu'il resta dans cette maison, il ne se coucha +plus. Il sortait la nuit, il errait dans les champs, il se roulait sur +la terre, il appelait Olivier; une des femmes le suivait et le ramenait +au point du jour. + +«Plusieurs personnes le savaient dans la maison d'Olivier; et parmi ces +personnes il y en avait de malintentionnées. Les deux veuves +l'avertirent du péril qu'il courait: c'était une après-midi, il était +assis sur un banc, son sabre sur ses genoux, les coudes appuyés sur une +table et ses deux poings sur ses deux yeux. D'abord il ne répondit rien. +La femme Olivier avait un garçon de dix-sept à dix-huit ans, la +charbonnière une fille de quinze. Tout à coup il dit à la charbonnière: +«La charbonnière, va chercher ta fille et amène-la ici...» Il avait +quelques fauchées de prés, il les vendit. La charbonnière revint avec sa +fille, le fils d'Olivier l'épousa: Félix leur donna l'argent de ses +prés, les embrassa, leur demanda pardon en pleurant; et ils allèrent +s'établir dans la cabane où ils sont encore et où ils servent de père et +de mère aux autres enfants. Les deux veuves demeurèrent ensemble; et les +enfants d'Olivier eurent un père et deux mères. + +«Il y a à peu près un an et demi que la charbonnière est morte; la femme +d'Olivier la pleure encore tous les jours. + +«Un soir qu'elles épiaient Félix (car il y en avait une des deux qui le +gardait toujours à vue), elles le virent qui fondait en larmes; il +tournait en silence ses bras vers la porte qui le séparait d'elles, et +il se remettait ensuite à faire son sac. Elles ne lui dirent rien, car +elles comprenaient de reste combien son départ était nécessaire. Ils +soupèrent tous les trois sans parler. La nuit, il se leva; les femmes ne +dormaient point: il s'avança vers la porte sur la pointe des pieds. Là, +il s'arrêta, regarda vers le lit des deux femmes, essuya ses yeux de ses +mains et sortit. Les deux femmes se serrèrent dans les bras l'une de +l'autre et passèrent le reste de la nuit à pleurer. On ignore où il se +réfugia; mais il n'y a guère eu de semaines qu'il ne leur ait envoyé +quelques secours. + +«La forêt où la fille de la charbonnière vit avec le fils d'Olivier, +appartient à un M. Leclerc de Rançonnières, homme fort riche et seigneur +d'un autre village de ces cantons, appelé Courcelles[6]. Un jour que M. +de Rançonnières ou de Courcelles, comme il vous plaira, faisait une +chasse dans sa forêt, il arriva à la cabane du fils d'Olivier; il y +entra, il se mit à jouer avec les enfants, qui sont jolis; il les +questionna; la figure de la femme, qui n'est pas mal, lui revint; le ton +ferme du mari, qui tient beaucoup de son père, l'intéressa; il apprit +l'aventure de leurs parents, il promit de solliciter la grâce de Félix; +il la sollicita et l'obtint. + +«Félix passa au service de M. de Rançonnières, qui lui donna une place +de garde-chasse. + +«Il y avait environ deux ans qu'il vivait dans le château de +Rançonnières, envoyant aux veuves une bonne partie de ses gages, lorsque +l'attachement à son maître et la fierté de son caractère l'impliquèrent +dans une affaire qui n'était rien dans son origine, mais qui eut les +suites les plus fâcheuses. + +«M. de Rançonnières avait pour voisin à Courcelles, un M. Fourmont, +conseiller au présidial de Ch...[7]. Les deux maisons n'étaient séparées +que par une borne; cette borne gênait la porte de M. de Rançonnières et +en rendait l'entrée difficile aux voitures. M. de Rançonnières la fit +reculer de quelques pieds du côté de M. Fourmont; celui-ci renvoya la +borne d'autant sur M. de Rançonnières; et puis voilà de la haine, des +insultes, un procès entre les deux voisins. Le procès de la borne en +suscita deux ou trois autres plus considérables. Les choses en étaient +là, lorsqu'un soir M. de Rançonnières, revenant de la chasse, accompagné +de son garde Félix, fit rencontre, sur le grand chemin, de M. Fourmont +le magistrat et de son frère le militaire. Celui-ci dit à son frère: +«Mon frère, si l'on coupait le visage à ce vieux bougre-là, qu'en +pensez-vous?» Ce propos ne fut pas entendu de M. de Rançonnières, mais +il le fut malheureusement de Félix, qui s'adressant fièrement au jeune +homme, lui dit: «Mon officier, seriez-vous assez brave pour vous mettre +seulement en devoir de faire ce que vous avez dit?» Au même instant, il +pose son fusil à terre et met la main sur la garde de son sabre, car il +n'allait jamais sans son sabre. Le jeune militaire tire son épée, +s'avance sur Félix; M. de Rançonnières accourt, s'interpose, saisit son +garde. Cependant le militaire s'empare du fusil qui était à terre, tire +sur Félix, le manque; celui-ci riposte d'un coup de sabre, fait tomber +l'épée de la main au jeune homme, et avec l'épée la moitié du bras: et +voilà un procès criminel en sus de trois ou quatre procès civils; Félix +confiné dans les prisons; une procédure effrayante; et à la suite de +cette procédure, un magistrat dépouillé de son état et presque +déshonoré, un militaire exclus de son corps, M. de Rançonnières mort de +chagrin, et Félix, dont la détention durait toujours, exposé à tout le +ressentiment des Fourmont. Sa fin eût été malheureuse, si l'amour ne +l'eût secouru; la fille du geôlier prit de la passion pour lui et +facilita son évasion: si cela n'est pas vrai, c'est du moins l'opinion +publique. Il s'en est allé en Prusse, où il sert aujourd'hui dans le +régiment des gardes. On dit qu'il y est aimé de ses camarades, et même +connu du roi. Son nom de guerre est le Triste; la veuve Olivier m'a dit +qu'il continuait à la soulager. + +«Voilà, madame, tout ce que j'ai pu recueillir de l'histoire de Félix. +Je joins à mon récit une lettre de M. Papin, notre curé. Je ne sais ce +qu'elle contient; mais je crains bien que le pauvre prêtre, qui a la +tête un peu étroite et le coeur assez mal tourné, ne vous parle +d'Olivier et de Félix d'après ses préventions. Je vous conjure, madame, +de vous en tenir aux faits sur la vérité desquels vous pouvez compter, +et à la bonté de votre coeur, qui vous conseillera mieux que le premier +casuiste de Sorbonne, qui n'est pas M. Papin.» + + +LETTRE + +DE M. PAPIN, DOCTEUR EN THÉOLOGIE, ET CURÉ DE SAINTE-MARIE À BOURBONNE. + +J'ignore, madame, ce que M. le subdélégué a pu vous conter d'Olivier et +de Félix, ni quel intérêt vous pouvez prendre à deux brigands, dont tous +les pas dans ce monde ont été trempés de sang. La Providence qui a +châtié l'un, a laissé à l'autre quelques moments de répit, dont je +crains bien qu'il ne profite pas; mais que la volonté de Dieu soit +faite! Je sais qu'il y a des gens ici (et je ne serais point étonné que +M. le subdélégué fût de ce nombre) qui parlent de ces deux hommes comme +de modèles d'une d'amitié rare; mais qu'est-ce aux yeux de Dieu que la +plus sublime vertu, dénuée des sentiments de la piété, du respect dû à +l'Église et à ses ministres, et de la soumission à la loi du souverain? +Olivier est mort à la porte de sa maison, sans sacrements; quand je fus +appelé auprès de Félix, chez les deux veuves, je n'en pus jamais tirer +autre chose que le nom d'Olivier; aucun signe de religion, aucune marque +de repentir. Je n'ai pas mémoire que celui-ci se soit présenté une fois +au tribunal de la pénitence. La femme Olivier est une arrogante qui m'a +manqué en plus d'une occasion; sous prétexte qu'elle sait lire et +écrire, elle se croit en état d'élever ses enfants; et on ne les voit ni +aux écoles de la paroisse, ni à mes instructions. Que madame juge +d'après cela, si des gens de cette espèce sont bien dignes de ses +bontés! L'Évangile ne cesse de nous recommander la commisération pour +les pauvres; mais on double le mérite de sa charité par un bon choix des +misérables; et personne ne connaît mieux les vrais indigents que le +pasteur commun des indigents et des riches. Si madame daignait m'honorer +de sa confiance, je placerais peut-être les marques de sa bienfaisance +d'une manière plus utile pour les malheureux, et plus méritoire pour +elle. + +Je suis avec respect, etc. + + +Madame de *** remercia M. le subdélégué Aubert de ses intentions, et +envoya ses aumônes à M. Papin, avec le billet qui suit: + + +«Je vous suis très-obligée, monsieur, de vos sages conseils. Je vous +avoue que l'histoire de ces deux hommes m'avait touchée; et vous +conviendrez que l'exemple d'une amitié aussi rare était bien faite pour +séduire une âme honnête et sensible: mais vous m'avez éclairée, et j'ai +conçu qu'il valait mieux porter ses secours à des vertus chrétiennes et +malheureuses, qu'à des vertus naturelles et païennes. Je vous prie +d'accepter la somme modique que je vous envoie, et de la distribuer +d'après une charité mieux entendue que la mienne. + +«J'ai l'honneur d'être, etc.» + + +On pense bien que la veuve Olivier et Félix n'eurent aucune part aux +aumônes de madame de ***. Félix mourut; et la pauvre femme aurait péri +de misère avec ses enfants, si elle ne s'était réfugiée dans la forêt, +chez son fils aîné, où elle travaille, malgré son grand âge, et subsiste +comme elle peut à côté de ses enfants et de ses petits-enfants[8]. + + + + +Et puis, il y a trois sortes de contes... Il y en a bien davantage, me +direz-vous... À la bonne heure; mais je distingue le conte à la manière +d'Homère, de Virgile, du Tasse, et je l'appelle le conte merveilleux. La +nature y est exagérée; la vérité y est hypothétique: et si le conteur a +bien gardé le module qu'il a choisi, si tout répond à ce module, et dans +les actions, et dans les discours, il a obtenu le degré de perfection +que le genre de son ouvrage comportait, et vous n'avez rien de plus à +lui demander. En entrant dans son poëme, vous mettez le pied dans une +terre inconnue, où rien ne se passe comme dans celle que vous habitez, +mais où tout se fait en grand comme les choses se font autour de vous en +petit. Il y a le conte plaisant à la façon de La Fontaine, de Vergier, +de l'Arioste, d'Hamilton, où le conteur ne se propose ni l'imitation de +la nature, ni la vérité, ni l'illusion; il s'élance dans les espaces +imaginaires. Dites à celui-ci: Soyez gai, ingénieux, varié, original, +même extravagant, j'y consens; mais séduisez-moi par les détails; que le +charme de la forme me dérobe toujours l'invraisemblance du fond: et si +ce conteur fait ce que vous exigez ici, il a tout fait. Il y a enfin le +conte historique, tel qu'il est écrit dans les Nouvelles de Scarron, de +Cervantes, de Marmontel... + +--Au diable le conte et le conteur historiques! c'est un menteur plat et +froid... + +--Oui, s'il ne sait pas son métier. Celui-ci se propose de vous tromper; +il est assis au coin de votre âtre; il a pour objet la vérité +rigoureuse; il veut être cru; il veut intéresser, toucher, entraîner, +émouvoir, faire frissonner la peau et couler les larmes; effet qu'on +n'obtient point sans éloquence et sans poésie. Mais l'éloquence est une +sorte de mensonge, et rien de plus contraire à l'illusion que la poésie; +l'une et l'autre exagèrent, surfont, amplifient, inspirent la méfiance: +comment s'y prendra donc ce conteur-ci pour vous tromper? Le voici. Il +parsèmera son récit de petites circonstances si liées à la chose, de +traits si simples, si naturels, et toutefois si difficiles à imaginer, +que vous serez forcé de vous dire en vous-même: Ma foi, cela est vrai: +on n'invente pas ces choses-là. C'est ainsi qu'il sauvera l'exagération +de l'éloquence et de la poésie; que la vérité de la nature couvrira le +prestige de l'art; et qu'il satisfera à deux conditions qui semblent +contradictoires, d'être en même temps historien et poëte, véridique et +menteur. + +Un exemple emprunté d'un autre art rendra peut-être plus sensible ce que +je veux vous dire. Un peintre exécute sur la toile une tête. Toutes les +formes en sont fortes, grandes et régulières; c'est l'ensemble le plus +parfait et le plus rare. J'éprouve, en le considérant, du respect, de +l'admiration, de l'effroi. J'en cherche le modèle dans la nature, et ne +l'y trouve pas; en comparaison, tout y est faible, petit et mesquin; +c'est une tête idéale; je le sens, je me le dis. Mais que l'artiste me +fasse apercevoir au front de cette tête une cicatrice légère, une verrue +à l'une de ses tempes, une coupure imperceptible à la lèvre inférieure; +et, d'idéale qu'elle était, à l'instant la tête devient un portrait; une +marque de petite vérole au coin de l'oeil ou à côté du nez, et ce visage +de femme n'est plus celui de Vénus; c'est le portrait de quelqu'une de +mes voisines. Je dirai donc à nos conteurs historiques: Vos figures sont +belles, si vous voulez; mais il y manque la verrue à la tempe, la +coupure à la lèvre, la marque de petite vérole à côté du nez, qui les +rendraient vraies; et, comme disait mon ami Caillot[9]: «Un peu de +poussière sur mes souliers, et je ne sors pas de ma loge, je reviens de +la campagne.» + + Atque ita mentitur, sic veris falsa remiscet, + Primo ne medium, medio ne discrepet imum. + + HORAT. _De Art. poet._, v. 151. + +Et puis un peu de morale après un peu de poétique, cela va si bien! +Félix était un gueux qui n'avait rien; Olivier était un autre gueux qui +n'avait rien: dites-en autant du charbonnier, de la charbonnière, et des +autres personnages de ce conte; et concluez qu'en général il ne peut +guère y avoir d'amitiés entières et solides qu'entre des hommes qui +n'ont rien. Un homme alors est toute la fortune de son ami, et son ami +est toute la sienne. De là la vérité de l'expérience, que le malheur +resserre les liens; et la matière d'un petit paragraphe de plus pour la +première édition du livre de _l'Esprit_[10]. + + + + +NOTES + + + [1] Il n'y alla pas seul, il était avec Grimm, qui raconte les faits + (_Correspondance littéraire_, 1er décembre 1770) et donne comme + motifs ayant déterminé le titre et le sujet du conte, non-seulement + les _Deux Amis_, de Saint-Lambert, mais encore les _Deux Amis_, + drame de Beaumarchais, et les _Deux Amis_ ou _le Comte de Meralbi_ + (par Sellier de Moranville), roman en 4 volumes, tous ouvrages dont + on s'occupait alors et qui n'avaient pas eu de succès. + + [2] C'était Meister le traducteur. + + [3] Cette bataille, livrée le 26 juillet 1757, fut gagnée par le + maréchal d'Estrées contre le duc de Cumberland. (Note de l'édition + BRIÈRE.) + + [4] Bourbonne, alors chef-lieu de subdélégation, était frontière de la + Champagne, de la Lorraine et de la Franche-Comté, et il s'y faisait + beaucoup de contrebande. (Note de l'édition BRIÈRE.) + + [5] La route de _Villars_ et celle d'_Iche_. (Note de l'édition + BRIÈRE.) + + [6] Sur une copie qui est en notre possession, _Rançonnières_ est + remplacé par _Romainville_, et _Courcelles_ par _Jolibois_. + + [7] Toutes les éditions portent _Lh..._ au lieu de _Ch..._ Diderot a + voulu désigner Chaumont. (Note de l'édition BRIÈRE.) + + [8] Il est à supposer que nous n'avons pas ici la première version du + conte. Nous trouvons dans une lettre à Grimm, du 21 octobre 1770, la + preuve qu'il doit avoir subi divers remaniements. Voici, en effet, + ce que nous y lisons: + + «J'avais pensé comme vous que l'atrocité du prêtre ôtait tout le + pathétique de l'histoire de _Félix_. Envoyez-moi une copie de cette + histoire et de celle d'_Olivier_, et ce que vous me demandez sera + fait; mais dépêchez-vous.» + + Dans une autre lettre du 2 novembre au même, Diderot écrit: + + «On m'a envoyé le papier de _Félix_, mais on aurait bien fait d'y + joindre celui d'_Olivier_ que j'avais demandé, afin de donner aux + deux contes un peu d'unité. N'importe, je me passerai de celui qui + me manque et je ferai de mon mieux.» + + Quelle fut la nature des corrections opérées? Nous ne savons; mais + peut-être la lettre de M. Papin a-t-elle remplacé une intervention + plus directe et plus _atroce_ du prêtre. + + [9] L'un des meilleurs acteurs de la comédie italienne, deviné par + Garrick, et dont Grimm disait qu'il était sublime sans effort. + «Personne, écrit-il, ne faisait avec une mesure plus juste tout ce + qu'il voulait faire. Le Kain est un homme prodigieusement rare; + peut-être Caillot est-il plus rare que lui. Caillot ne se doutait + point de son talent; il se croyait fait pour chanter avec beaucoup + d'agrément, jouer avec beaucoup de gaieté, avec une belle mine bien + réjouie; mais il ne se croyait pas pathétique. Garrick, l'ayant vu + jouer pendant son séjour en France, lui apprit qu'il serait acteur + quand il lui plairait...» Caillot quitta le théâtre en 1772 et fut + remplacé par un jeune abbé appelé Narbonne, échappé de la musique de + Notre-Dame. + + [10] Cette édition ne se fit pas attendre. Condamné en 1759, + l'_Esprit_ reparut en 1771 (Londres). Diderot était sans doute au + courant de ce qui se préparait. + + + + + + +End of Project Gutenberg's Les deux amis de Bourbonne, by Denis Diderot + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES DEUX AMIS DE BOURBONNE *** + +***** This file should be named 28603-8.txt or 28603-8.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + https://www.gutenberg.org/2/8/6/0/28603/ + +Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed +Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was +produced from images generously made available by the +Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at +http://gallica.bnf.fr) + + +Updated editions will replace the previous one--the old editions +will be renamed. + +Creating the works from public domain print editions means that no +one owns a United States copyright in these works, so the Foundation +(and you!) can copy and distribute it in the United States without +permission and without paying copyright royalties. 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You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org + + +Title: Les deux amis de Bourbonne + +Author: Denis Diderot + +Editor: Jules Assézat + +Release Date: April 25, 2009 [EBook #28603] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES DEUX AMIS DE BOURBONNE *** + + + + +Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed +Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was +produced from images generously made available by the +Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at +http://gallica.bnf.fr) + + + + + + +</pre> + +<p class="c">[Extrait des Œuvres complètes de Diderot, éditées par Jules Assézat, 5<sup>ème</sup> volume, Paris, Garnier Frères, 1875.]</p> + + + + +<h1>LES DEUX AMIS DE BOURBONNE</h1> + +<p class="c">(Écrit en 1770—Publié en 1773)</p> + + + + +<h2>NOTICE PRÉLIMINAIRE</h2> + + +<p>Voici la Notice qui précède ce conte dans l'édition Brière:</p> + +<p>«Au mois d'août 1770, Diderot<a id="FNanchor_1" name="FNanchor_1"></a><a href="#Footnote_1" class="fnanchor">1</a> vint à Bourbonne-les-Bains, près de +Langres, pour y voir une amie qui avait mené sa fille aux eaux dans +l'espérance de lui rendre la santé altérée par les suites d'une première +couche. Il trouva ces dames occupées, pour se désennuyer, à écrire +des contes qu'elles adressaient à leurs correspondants de Paris. L'un +d'eux venait à son tour de leur envoyer les <i>Deux Amis, conte iroquois</i> +que Saint-Lambert avait fait paraître peu de jours après sa réception à +l'Académie française. Diderot eut l'idée de riposter par l'histoire des +<i>Deux Amis de Bourbonne</i>, dont la simplicité contraste d'une manière +si touchante avec la prétention du conte de Saint-Lambert. Cet écrit, +échappé sans effort à la plume du philosophe, et dans lequel on +retrouve des personnages contemporains, fut adressé par la jeune +malade, ou la <i>petite sœur</i>, au <i>petit frère</i>, son correspondant, qui lui +avait envoyé le conte iroquois.»</p> + +<p>Nous n'avons à ajouter à ce qui précède que deux mots. Les dames +que retrouva Diderot à Bourbonne étaient M<sup>me</sup> de Meaux et M<sup>me</sup> de +Prunevaux, sa fille. Le conte passa pour être de cette dernière, et +comme son correspondant le croyait vrai, elle dut avoir de nouveau +recours à Diderot pour le compléter. C'est à ce même moment que +Diderot fit une courte excursion à Langres. Il revint de ce voyage +ayant en portefeuille, outre les <i>Deux Amis de Bourbonne</i>, l'<i>Entretien +d'un père avec ses enfants</i>, inspiré par la visite de la maison paternelle. +Sur ces entrefaites, Gessner lui fit demander, comme une faveur, +quelques pages pour accompagner la traduction de ses <i>Nouvelles Idylles</i>. +Il lui donna les deux morceaux qui furent insérés en tête des <i>Contes +moraux et Nouvelles Idylles de MM. D... et Gessner</i> (Zuric, chez Orel, +Gessner, Fuessli et C<sup>ie</sup>, 1773, petit in-8<sup>o</sup>), sous ce titre: <i>Contes moraux</i> +de M. D... Ils ont été souvent réimprimés.</p> + +<p>Voici ce que dit à ce sujet Gessner, dans la préface de l'édition in-4<sup>o</sup> +ornée de frontispice, figures, en-têtes et culs-de-lampe gravés à l'eau-forte +par lui-même (1773, <small>IV</small>, 184 pages. Zuric, chez l'auteur):</p> + +<p>«Les premiers ouvrages de M. Gessner ont été reçus si favorablement +dans les païs étrangers et surtout en France, qu'il ne s'intéresse +pas moins à la traduction<a id="FNanchor_2" name="FNanchor_2"></a><a href="#Footnote_2" class="fnanchor">2</a> de celui-ci qu'à l'original même...</p> + +<p>«M. Gessner a communiqué son projet aux amis qu'il a à Paris, et +particulièrement à M. D..., dont l'approbation lui a toujours été si précieuse. +Cet homme célèbre a eu la bonté de lui envoyer en manuscript +les deux contes moraux qui précèdent la traduction des <i>Nouvelles +Idylles</i>. M. Gessner se trouve heureux de pouvoir offrir à la France un +présent qu'elle recevra sans doute avec plaisir et qui sera le monument +d'une amitié que la seule culture des lettres a fait naître entre deux +hommes que des contrées éloignées ont toujours tenus séparés.»</p> + +<p>Dans la préface de l'édition des <i>Idylles</i> de Gessner, illustrées par +Moreau (1795), Renouard dit qu'il a pu corriger sur les manuscrits +annotés par Diderot, <i>et qui étaient en sa possession</i>, le texte des <i>Deux +Amis de Bourbonne</i> et de l'<i>Entretien d'un père et de ses enfants</i>.</p> + +<p>C'est de ces deux contes que l'abbé de Vauxcelles, dont nous avons +déjà parlé (<i>Notice</i> du <i>Supplément au voyage de Bougainville</i>), disait +qu'ils faisaient au milieu des <i>Idylles</i> de Gessner l'effet «de satyres parmi +des nymphes!»</p> + +<p>Disons, par contre, que Gœthe, dans ses <i>Mémoires</i>, constate que les +<i>Deux Amis</i> firent une vive impression dans le petit cercle des étudiants +allemands, à Strasbourg, où il était alors. «Nous fûmes ravis, dit-il, +de ses braves braconniers, de ses vaillants contrebandiers, canaille +poétique, qui ne tarda pas à venir faire des siennes sur le théâtre allemand:» +dans <i>les Brigands</i> de Schiller d'abord.</p> + +<hr> + + +<p>Nous recommanderons, comme complétant ce que nous avons pu +dire à propos de l'annexe de la <i>Religieuse</i>, l'<a href="#annexe">annexe</a> des <i>Amis de Bourbonne</i>: +«Et puis, il y a trois sortes de contes...»</p> + + + + +<h2>LES DEUX AMIS DE BOURBONNE</h2> + + +<p>Il y avait ici deux hommes, qu'on pourrait appeler les Oreste +et Pylade de Bourbonne. L'un se nommait Olivier, et l'autre +Félix; ils étaient nés le même jour, dans la même maison, et +des deux sœurs. Ils avaient été nourris du même lait; car l'une +des mères étant morte en couche, l'autre se chargea des deux +enfants. Ils avaient été élevés ensemble; ils étaient toujours +séparés des autres: ils s'aimaient comme on existe, comme on +vit, sans s'en douter; ils le sentaient à tout moment, et ils +ne se l'étaient peut-être jamais dit. Olivier avait une fois sauvé +la vie à Félix, qui se piquait d'être grand nageur, et qui avait +failli de se noyer: ils ne s'en souvenaient ni l'un ni l'autre. +Cent fois Félix avait tiré Olivier des aventures fâcheuses où son +caractère impétueux l'avait engagé; et jamais celui-ci n'avait +songé à l'en remercier: ils s'en retournaient ensemble à la +maison, sans se parler, ou en parlant d'autre chose.</p> + +<p>Lorsqu'on tira pour la milice, le premier billet fatal étant +tombé sur Félix, Olivier dit: «L'autre est pour moi.» Ils firent +leur temps de service; ils revinrent au pays: plus chers l'un +à l'autre qu'ils ne l'étaient encore auparavant, c'est ce que je +ne saurais vous assurer: car, petit frère, si les bienfaits réciproques +cimentent les amitiés réfléchies, peut-être ne font-ils +rien à celles que j'appellerais volontiers des amitiés animales +et domestiques. À l'armée, dans une rencontre, Olivier étant +menacé d'avoir la tête fendue d'un coup de sabre, Félix se mit +machinalement au-devant du coup, et en resta balafré: on +prétend qu'il était fier de cette blessure; pour moi, je n'en +crois rien. À Hastembeck<a id="FNanchor_3" name="FNanchor_3"></a><a href="#Footnote_3" class="fnanchor">3</a>, Olivier avait retiré Félix d'entre +la foule des morts, où il était demeuré. Quand on les interrogeait, +ils parlaient quelquefois des secours qu'ils avaient reçus +l'un de l'autre, jamais de ceux qu'ils avaient rendus l'un à +l'autre. Olivier disait de Félix, Félix disait d'Olivier; mais ils +ne se louaient pas. Au bout de quelque temps de séjour au +pays, ils aimèrent; et le hasard voulut que ce fût la même +fille. Il n'y eut entre eux aucune rivalité; le premier qui +s'aperçut de la passion de son ami se retira: ce fut Félix. +Olivier épousa; et Félix dégoûté de la vie sans savoir pourquoi, +se précipita dans toutes sortes de métiers dangereux; le dernier +fut de se faire contrebandier<a id="FNanchor_4" name="FNanchor_4"></a><a href="#Footnote_4" class="fnanchor">4</a>.</p> + +<p>Vous n'ignorez pas, petit frère, qu'il y a quatre tribunaux +en France, Caen, Reims, Valence et Toulouse, où les contrebandiers +sont jugés; et que le plus sévère des quatre, c'est +celui de Reims, où préside un nommé Coleau, l'âme la plus +féroce que la nature ait encore formée. Félix fut pris les armes +à la main, conduit devant le terrible Coleau, et condamné à +mort, comme cinq cents autres qui l'avaient précédé. Olivier +apprit le sort de Félix. Une nuit, il se lève d'à côté de sa +femme, et, sans lui rien dire, il s'en va à Reims. Il s'adresse +au juge Coleau; il se jette à ses pieds, et lui demande la grâce +de voir et d'embrasser Félix. Coleau le regarde, se tait un moment, +et lui fait signe de s'asseoir. Olivier s'assied. Au bout +d'une demi-heure, Coleau tire sa montre et dit à Olivier: «Si +tu veux voir et embrasser ton ami vivant, dépêche-toi, il +est en chemin; et si ma montre va bien, avant qu'il soit +dix minutes il sera pendu.» Olivier, transporté de fureur, se +lève, décharge sur la nuque du cou au juge Coleau un énorme +coup de bâton, dont il l'étend presque mort; court vers la +place, arrive, crie, frappe le bourreau, frappe les gens de la +justice, soulève la populace indignée de ces exécutions. Les +pierres volent; Félix délivré s'enfuit; Olivier songe à son +salut: mais un soldat de maréchaussée lui avait percé les +flancs d'un coup de baïonnette, sans qu'il s'en fût aperçu. +Il gagna la porte de la ville, mais il ne put aller plus loin; +des voituriers charitables le jetèrent sur leur charrette, et le +déposèrent à la porte de sa maison un moment avant qu'il +expirât; il n'eut que le temps de dire à sa femme: «Femme, +approche, que je t'embrasse; je me meurs, mais le balafré +est sauvé.»</p> + +<p>Un soir que nous allions à la promenade, selon notre usage, +nous vîmes au-devant d'une chaumière une grande femme +debout, avec quatre petits enfants à ses pieds; sa contenance +triste et ferme attira notre attention, et notre attention fixa +la sienne. Après un moment de silence, elle nous dit: «Voilà +quatre petits enfants, je suis leur mère, et je n'ai plus de +mari.» Cette manière haute de solliciter la commisération était +bien faite pour nous toucher. Nous lui offrîmes nos secours, +qu'elle accepta avec honnêteté: c'est à cette occasion que +nous avons appris l'histoire de son mari Olivier et de Félix +son ami. Nous avons parlé d'elle, et j'espère que notre recommandation +ne lui aura pas été inutile. Vous voyez, petit frère, +que la grandeur d'âme et les hautes qualités sont de toutes les +conditions et de tous les pays; que tel meurt obscur, à qui il +n'a manqué qu'un autre théâtre; et qu'il ne faut pas aller jusque +chez les Iroquois pour trouver deux amis.</p> + +<p>Dans le temps que le brigand Testalunga infestait la Sicile +avec sa troupe, Romano, son ami et son confident, fut pris. +C'était le lieutenant de Testalunga, et son second. Le père de +ce Romano fut arrêté et emprisonné pour crimes. On lui promit +sa grâce et sa liberté, pourvu que Romano trahît et livrât son +chef Testalunga. Le combat entre la tendresse filiale et l'amitié +jurée fut violent. Mais Romano père persuada son fils de donner +la préférence à l'amitié, honteux de devoir la vie à une +trahison. Romano se rendit à l'avis de son père. Romano père +fut mis à mort; et jamais les tortures les plus cruelles ne +purent arracher de Romano fils la délation de ses complices.</p> + +<hr> + + +<p>Vous avez désiré, petit frère, de savoir ce qu'est devenu +Félix; c'est une curiosité si simple, et le motif en est si louable, +que nous nous sommes un peu reproché de ne l'avoir pas eue. +Pour réparer cette faute, nous avons pensé d'abord à M. Papin, +docteur en théologie, et curé de Sainte-Marie à Bourbonne: +mais maman s'est ravisée; et nous avons donné la préférence +au subdélégué Aubert, qui est un bon homme, bien rond, et +qui nous a envoyé le récit suivant, sur la vérité duquel vous +pouvez compter:</p> + +<p>«Le nommé Félix vit encore. Échappé des mains de la +justice, il se jeta dans les forêts de la province, dont il avait +appris à connaître les tours et les détours pendant qu'il faisait +la contrebande, cherchant à s'approcher peu à peu de la demeure +d'Olivier, dont il ignorait le sort.</p> + +<p>«Il y avait au fond d'un bois, où vous vous êtes promenée +quelquefois, un charbonnier dont la cabane servait d'asile à +ces sortes de gens; c'était aussi l'entrepôt de leurs marchandises +et de leurs armes: ce fut là que Félix se rendit, non +sans avoir couru le danger de tomber dans les embûches de +la maréchaussée, qui le suivait à la piste. Quelques-uns de ses +associés y avaient porté la nouvelle de son emprisonnement +à Reims; et le charbonnier et la charbonnière le croyaient +justicié, lorsqu'il leur apparut.</p> + +<p>«Je vais vous raconter la chose, comme je la tiens de la +charbonnière, qui est décédée ici il n'y a pas longtemps.</p> + +<p>«Ce furent ses enfants, en rôdant autour de la cabane, +qui le virent les premiers. Tandis qu'il s'arrêtait à caresser le +plus jeune, dont il était le parrain, les autres entrèrent dans +la cabane en criant: Félix! Félix! Le père et la mère sortirent +en répétant le même cri de joie; mais ce misérable +était si harassé de fatigue et de besoin, qu'il n'eut pas la +force de répondre, et qu'il tomba presque défaillant entre leurs +bras.</p> + +<p>«Ces bonnes gens le secoururent de ce qu'ils avaient, lui +donnèrent du pain, du vin, quelques légumes: il mangea, +et s'endormit.</p> + +<p>«À son réveil, son premier mot fut: «Olivier! Enfants, +ne savez-vous rien d'Olivier?—Non,» lui répondirent-ils. +Il leur raconta l'aventure de Reims; il passa la nuit et le +jour suivant avec eux. Il soupirait, il prononçait le nom d'Olivier; +il le croyait dans les prisons de Reims; il voulait y +aller, il voulait aller mourir avec lui; et ce ne fut pas sans +peine que le charbonnier et la charbonnière le détournèrent +de ce dessein.</p> + +<p>«Sur le milieu de la seconde nuit, il prit un fusil, il mit un +sabre sous son bras, et s'adressant à voix basse au charbonnier... +«Charbonnier!</p> + +<p>«—Félix!</p> + +<p>«—Prends ta cognée, et marchons.</p> + +<p>«—Où!</p> + +<p>«—Belle demande! chez Olivier.»</p> + +<p>«Ils vont; mais tout en sortant de la forêt, les voilà +enveloppés d'un détachement de maréchaussée.</p> + +<p>«Je m'en rapporte à ce que m'en a dit la charbonnière; +mais il est inouï que deux hommes à pied aient pu tenir contre +une vingtaine d'hommes à cheval: apparemment que ceux-ci +étaient épars, et qu'ils voulaient se saisir de leur proie en +vie. Quoi qu'il en soit, l'action fut très-chaude; il y eut cinq +chevaux d'estropiés et sept cavaliers de hachés ou sabrés. Le +pauvre charbonnier resta mort sur la place d'un coup de feu +à la tempe; Félix regagna la forêt; et comme il est d'une +agilité incroyable, il courait d'un endroit à l'autre; en courant, +il chargeait son fusil, tirait, donnait un coup de sifflet. Ces +coups de sifflet, ces coups de fusil donnés, tirés à différents +intervalles et de différents côtés, firent craindre aux +cavaliers de maréchaussée qu'il n'y eût là une horde de contrebandiers; +et ils se retirèrent en diligence.</p> + +<p>«Lorsque Félix les vit éloignés, il revint sur le champ +de bataille; il mit le cadavre du charbonnier sur ses épaules, +et reprit le chemin de la cabane, où la charbonnière et ses +enfants dormaient encore. Il s'arrête à la porte, il étend le +cadavre à ses pieds, et s'assied le dos appuyé contre un +arbre et le visage tourné vers l'entrée de la cabane. Voilà +le spectacle qui attendait la charbonnière au sortir de sa +baraque.</p> + +<p>«Elle s'éveille, elle ne trouve point son mari à côté d'elle; +elle cherche des yeux Félix, point de Félix. Elle se lève, elle +sort, elle voit, elle crie, elle tombe à la renverse. Ses enfants +accourent, ils voient, ils crient; ils se roulent sur leur père, +ils se roulent sur leur mère. La charbonnière, rappelée à elle-même +par le tumulte et les cris de ses enfants, s'arrache les +cheveux, se déchire les joues. Félix, immobile au pied de +son arbre, les yeux fermés, la tête renversée en arrière, +leur disait d'une voix éteinte: «Tuez-moi.» Il se faisait un +moment de silence; ensuite la douleur et les cris reprenaient, +et Félix leur redisait: «Tuez-moi; enfants, par pitié, tuez-moi.»</p> + +<p>«Ils passèrent ainsi trois jours et trois nuits à se désoler; +le quatrième, Félix dit à la charbonnière: «Femme, prends ton +bissac, mets-y du pain, et suis-moi.» Après un long circuit +à travers nos montagnes et nos forêts, ils arrivèrent à la +maison d'Olivier, qui est située, comme vous savez, à l'extrémité +du bourg, à l'endroit où la voie se partage en deux +routes, dont l'une conduit en Franche-Comté et l'autre en Lorraine<a id="FNanchor_5" name="FNanchor_5"></a><a href="#Footnote_5" class="fnanchor">5</a>.</p> + +<p>«C'est là que Félix va apprendre la mort d'Olivier et se +trouver entre les veuves de deux hommes massacrés à son sujet. +Il entre et dit brusquement à la femme Olivier: «Où est Olivier?» +Au silence de cette femme, à son vêtement, à ses pleurs, +il comprit qu'Olivier n'était plus. Il se trouva mal; il tomba et +se fendit la tête contre la huche à pétrir le pain. Les deux +veuves le relevèrent; son sang coulait sur elles; et tandis +qu'elles s'occupaient à l'étancher avec leurs tabliers, il leur +disait: «Et vous êtes leurs femmes, et vous me secourez!» +Puis il défaillait, puis il revenait et disait en soupirant: «Que +ne me laissait-il? Pourquoi s'en venir à Reims? Pourquoi l'y +laisser venir?...» Puis sa tête se perdait, il entrait en fureur, +il se roulait à terre et déchirait ses vêtements. Dans un de ces +accès, il tira son sabre, et il allait s'en frapper; mais les deux +femmes se jetèrent sur lui, crièrent au secours; les voisins +accoururent: on le lia avec des cordes, et il fut saigné sept à +huit fois. Sa fureur tomba avec l'épuisement de ses forces; et +il resta comme mort pendant trois ou quatre jours, au bout desquels +la raison lui revint. Dans le premier moment, il tourna +ses yeux autour de lui, comme un homme qui sort d'un profond +sommeil, et il dit: «Où suis-je? Femmes, qui êtes-vous?» La +charbonnière lui répondit: «Je suis la charbonnière...» Il +reprit: «Ah! oui, la charbonnière... Et vous?...» La femme +Olivier se tut. Alors il se mit à pleurer, il se tourna du côté de +la muraille, et dit en sanglotant: «Je suis chez Olivier... ce +lit est celui d'Olivier... et cette femme qui est là, c'était la +sienne! Ah!»</p> + +<p>«Ces deux femmes en eurent tant de soin, elles lui inspirèrent +tant de pitié, elles le prièrent si instamment de vivre, +elles lui remontrèrent d'une manière si touchante qu'il était +leur unique ressource, qu'il se laissa persuader.</p> + +<p>«Pendant tout le temps qu'il resta dans cette maison, il ne +se coucha plus. Il sortait la nuit, il errait dans les champs, il +se roulait sur la terre, il appelait Olivier; une des femmes le +suivait et le ramenait au point du jour.</p> + +<p>«Plusieurs personnes le savaient dans la maison d'Olivier; +et parmi ces personnes il y en avait de malintentionnées. Les +deux veuves l'avertirent du péril qu'il courait: c'était une +après-midi, il était assis sur un banc, son sabre sur ses genoux, +les coudes appuyés sur une table et ses deux poings sur ses +deux yeux. D'abord il ne répondit rien. La femme Olivier avait +un garçon de dix-sept à dix-huit ans, la charbonnière une fille +de quinze. Tout à coup il dit à la charbonnière: «La charbonnière, +va chercher ta fille et amène-la ici...» Il avait quelques +fauchées de prés, il les vendit. La charbonnière revint +avec sa fille, le fils d'Olivier l'épousa: Félix leur donna l'argent +de ses prés, les embrassa, leur demanda pardon en pleurant; +et ils allèrent s'établir dans la cabane où ils sont encore et où +ils servent de père et de mère aux autres enfants. Les deux +veuves demeurèrent ensemble; et les enfants d'Olivier eurent +un père et deux mères.</p> + +<p>«Il y a à peu près un an et demi que la charbonnière +est morte; la femme d'Olivier la pleure encore tous les +jours.</p> + +<p>«Un soir qu'elles épiaient Félix (car il y en avait une des +deux qui le gardait toujours à vue), elles le virent qui fondait +en larmes; il tournait en silence ses bras vers la porte qui le +séparait d'elles, et il se remettait ensuite à faire son sac. Elles +ne lui dirent rien, car elles comprenaient de reste combien son +départ était nécessaire. Ils soupèrent tous les trois sans parler. +La nuit, il se leva; les femmes ne dormaient point: il s'avança +vers la porte sur la pointe des pieds. Là, il s'arrêta, regarda +vers le lit des deux femmes, essuya ses yeux de ses mains et +sortit. Les deux femmes se serrèrent dans les bras l'une de +l'autre et passèrent le reste de la nuit à pleurer. On ignore où +il se réfugia; mais il n'y a guère eu de semaines qu'il ne leur +ait envoyé quelques secours.</p> + +<p>«La forêt où la fille de la charbonnière vit avec le fils d'Olivier, +appartient à un M. Leclerc de Rançonnières, homme fort +riche et seigneur d'un autre village de ces cantons, appelé +Courcelles<a id="FNanchor_6" name="FNanchor_6"></a><a href="#Footnote_6" class="fnanchor">6</a>. Un jour que M. de Rançonnières ou de Courcelles, +comme il vous plaira, faisait une chasse dans sa forêt, il arriva +à la cabane du fils d'Olivier; il y entra, il se mit à jouer avec +les enfants, qui sont jolis; il les questionna; la figure de la +femme, qui n'est pas mal, lui revint; le ton ferme du mari, qui +tient beaucoup de son père, l'intéressa; il apprit l'aventure de +leurs parents, il promit de solliciter la grâce de Félix; il la sollicita +et l'obtint.</p> + +<p>«Félix passa au service de M. de Rançonnières, qui lui +donna une place de garde-chasse.</p> + +<p>«Il y avait environ deux ans qu'il vivait dans le château de +Rançonnières, envoyant aux veuves une bonne partie de ses +gages, lorsque l'attachement à son maître et la fierté de son +caractère l'impliquèrent dans une affaire qui n'était rien dans +son origine, mais qui eut les suites les plus fâcheuses.</p> + +<p>«M. de Rançonnières avait pour voisin à Courcelles, un +M. Fourmont, conseiller au présidial de Ch...<a id="FNanchor_7" name="FNanchor_7"></a><a href="#Footnote_7" class="fnanchor">7</a>. Les deux maisons +n'étaient séparées que par une borne; cette borne gênait la +porte de M. de Rançonnières et en rendait l'entrée difficile aux +voitures. M. de Rançonnières la fit reculer de quelques pieds +du côté de M. Fourmont; celui-ci renvoya la borne d'autant +sur M. de Rançonnières; et puis voilà de la haine, des insultes, +un procès entre les deux voisins. Le procès de la borne en +suscita deux ou trois autres plus considérables. Les choses en +étaient là, lorsqu'un soir M. de Rançonnières, revenant de la +chasse, accompagné de son garde Félix, fit rencontre, sur le +grand chemin, de M. Fourmont le magistrat et de son frère le +militaire. Celui-ci dit à son frère: «Mon frère, si l'on coupait +le visage à ce vieux bougre-là, qu'en pensez-vous?» Ce propos +ne fut pas entendu de M. de Rançonnières, mais il le fut +malheureusement de Félix, qui s'adressant fièrement au jeune +homme, lui dit: «Mon officier, seriez-vous assez brave pour +vous mettre seulement en devoir de faire ce que vous avez +dit?» Au même instant, il pose son fusil à terre et met la +main sur la garde de son sabre, car il n'allait jamais sans son +sabre. Le jeune militaire tire son épée, s'avance sur Félix; +M. de Rançonnières accourt, s'interpose, saisit son garde. Cependant +le militaire s'empare du fusil qui était à terre, tire sur +Félix, le manque; celui-ci riposte d'un coup de sabre, fait +tomber l'épée de la main au jeune homme, et avec l'épée la +moitié du bras: et voilà un procès criminel en sus de trois ou +quatre procès civils; Félix confiné dans les prisons; une procédure +effrayante; et à la suite de cette procédure, un magistrat +dépouillé de son état et presque déshonoré, un militaire exclus +de son corps, M. de Rançonnières mort de chagrin, et Félix, +dont la détention durait toujours, exposé à tout le ressentiment +des Fourmont. Sa fin eût été malheureuse, si l'amour ne l'eût +secouru; la fille du geôlier prit de la passion pour lui et facilita +son évasion: si cela n'est pas vrai, c'est du moins +l'opinion publique. Il s'en est allé en Prusse, où il sert +aujourd'hui dans le régiment des gardes. On dit qu'il y est +aimé de ses camarades, et même connu du roi. Son nom de +guerre est le Triste; la veuve Olivier m'a dit qu'il continuait à +la soulager.</p> + +<p>«Voilà, madame, tout ce que j'ai pu recueillir de l'histoire +de Félix. Je joins à mon récit une lettre de M. Papin, notre +curé. Je ne sais ce qu'elle contient; mais je crains bien que le +pauvre prêtre, qui a la tête un peu étroite et le cœur assez mal +tourné, ne vous parle d'Olivier et de Félix d'après ses préventions. +Je vous conjure, madame, de vous en tenir aux faits sur +la vérité desquels vous pouvez compter, et à la bonté de votre +cœur, qui vous conseillera mieux que le premier casuiste de +Sorbonne, qui n'est pas M. Papin.»</p> + + +<h3>LETTRE<br> +<small>DE M. PAPIN, DOCTEUR EN THÉOLOGIE, ET CURÉ DE SAINTE-MARIE À BOURBONNE.</small></h3> + +<p>J'ignore, madame, ce que M. le subdélégué a pu vous conter +d'Olivier et de Félix, ni quel intérêt vous pouvez prendre à deux +brigands, dont tous les pas dans ce monde ont été trempés de +sang. La Providence qui a châtié l'un, a laissé à l'autre quelques +moments de répit, dont je crains bien qu'il ne profite pas; mais +que la volonté de Dieu soit faite! Je sais qu'il y a des gens ici +(et je ne serais point étonné que M. le subdélégué fût de ce +nombre) qui parlent de ces deux hommes comme de modèles +d'une d'amitié rare; mais qu'est-ce aux yeux de Dieu que la +plus sublime vertu, dénuée des sentiments de la piété, du respect +dû à l'Église et à ses ministres, et de la soumission à la +loi du souverain? Olivier est mort à la porte de sa maison, sans +sacrements; quand je fus appelé auprès de Félix, chez les deux +veuves, je n'en pus jamais tirer autre chose que le nom d'Olivier; +aucun signe de religion, aucune marque de repentir. Je n'ai pas +mémoire que celui-ci se soit présenté une fois au tribunal de la +pénitence. La femme Olivier est une arrogante qui m'a manqué +en plus d'une occasion; sous prétexte qu'elle sait lire et écrire, +elle se croit en état d'élever ses enfants; et on ne les voit ni +aux écoles de la paroisse, ni à mes instructions. Que madame juge +d'après cela, si des gens de cette espèce sont bien dignes de ses +bontés! L'Évangile ne cesse de nous recommander la commisération +pour les pauvres; mais on double le mérite de sa charité +par un bon choix des misérables; et personne ne connaît mieux +les vrais indigents que le pasteur commun des indigents et des +riches. Si madame daignait m'honorer de sa confiance, je placerais +peut-être les marques de sa bienfaisance d'une manière +plus utile pour les malheureux, et plus méritoire pour +elle.</p> + +<p>Je suis avec respect, etc.</p> + + +<p class="h">Madame de *** remercia M. le subdélégué Aubert de ses +intentions, et envoya ses aumônes à M. Papin, avec le billet qui +suit: +</p> + +<p class="h">«Je vous suis très-obligée, monsieur, de vos sages conseils. +Je vous avoue que l'histoire de ces deux hommes m'avait +touchée; et vous conviendrez que l'exemple d'une amitié aussi +rare était bien faite pour séduire une âme honnête et sensible: +mais vous m'avez éclairée, et j'ai conçu qu'il valait mieux +porter ses secours à des vertus chrétiennes et malheureuses, +qu'à des vertus naturelles et païennes. Je vous prie d'accepter +la somme modique que je vous envoie, et de la distribuer +d'après une charité mieux entendue que la mienne. +</p> +<p>«J'ai l'honneur d'être, etc.»</p> + + +<p class="h">On pense bien que la veuve Olivier et Félix n'eurent aucune +part aux aumônes de madame de ***. Félix mourut; et la pauvre +femme aurait péri de misère avec ses enfants, si elle ne s'était +réfugiée dans la forêt, chez son fils aîné, où elle travaille, +malgré son grand âge, et subsiste comme elle peut à côté de ses +enfants et de ses petits-enfants<a id="FNanchor_8" name="FNanchor_8"></a><a href="#Footnote_8" class="fnanchor">8</a>. +</p> + +<hr> + + +<p><a name="annexe" id="annexe"></a>Et puis, il y a trois sortes de contes... Il y en a bien davantage, +me direz-vous... À la bonne heure; mais je distingue le +conte à la manière d'Homère, de Virgile, du Tasse, et je l'appelle +le conte merveilleux. La nature y est exagérée; la vérité y est +hypothétique: et si le conteur a bien gardé le module qu'il a +choisi, si tout répond à ce module, et dans les actions, et dans +les discours, il a obtenu le degré de perfection que le genre de +son ouvrage comportait, et vous n'avez rien de plus à lui +demander. En entrant dans son poëme, vous mettez le pied +dans une terre inconnue, où rien ne se passe comme dans celle +que vous habitez, mais où tout se fait en grand comme les choses +se font autour de vous en petit. Il y a le conte plaisant à la +façon de La Fontaine, de Vergier, de l'Arioste, d'Hamilton, où +le conteur ne se propose ni l'imitation de la nature, ni la vérité, +ni l'illusion; il s'élance dans les espaces imaginaires. Dites à +celui-ci: Soyez gai, ingénieux, varié, original, même extravagant, +j'y consens; mais séduisez-moi par les détails; que le +charme de la forme me dérobe toujours l'invraisemblance du +fond: et si ce conteur fait ce que vous exigez ici, il a tout fait. +Il y a enfin le conte historique, tel qu'il est écrit dans les +Nouvelles de Scarron, de Cervantes, de Marmontel...</p> + +<p>—Au diable le conte et le conteur historiques! c'est un +menteur plat et froid...</p> + +<p>—Oui, s'il ne sait pas son métier. Celui-ci se propose +de vous tromper; il est assis au coin de votre âtre; il a +pour objet la vérité rigoureuse; il veut être cru; il veut intéresser, +toucher, entraîner, émouvoir, faire frissonner la peau et +couler les larmes; effet qu'on n'obtient point sans éloquence +et sans poésie. Mais l'éloquence est une sorte de mensonge, +et rien de plus contraire à l'illusion que la poésie; l'une +et l'autre exagèrent, surfont, amplifient, inspirent la méfiance: +comment s'y prendra donc ce conteur-ci pour vous tromper? +Le voici. Il parsèmera son récit de petites circonstances si +liées à la chose, de traits si simples, si naturels, et toutefois +si difficiles à imaginer, que vous serez forcé de vous dire +en vous-même: Ma foi, cela est vrai: on n'invente pas +ces choses-là. C'est ainsi qu'il sauvera l'exagération de l'éloquence +et de la poésie; que la vérité de la nature couvrira le +prestige de l'art; et qu'il satisfera à deux conditions qui semblent +contradictoires, d'être en même temps historien et poëte, +véridique et menteur.</p> + +<p>Un exemple emprunté d'un autre art rendra peut-être +plus sensible ce que je veux vous dire. Un peintre exécute +sur la toile une tête. Toutes les formes en sont fortes, grandes +et régulières; c'est l'ensemble le plus parfait et le plus rare. +J'éprouve, en le considérant, du respect, de l'admiration, +de l'effroi. J'en cherche le modèle dans la nature, et ne +l'y trouve pas; en comparaison, tout y est faible, petit et +mesquin; c'est une tête idéale; je le sens, je me le dis. Mais +que l'artiste me fasse apercevoir au front de cette tête une +cicatrice légère, une verrue à l'une de ses tempes, une coupure +imperceptible à la lèvre inférieure; et, d'idéale qu'elle était, à +l'instant la tête devient un portrait; une marque de petite +vérole au coin de l'œil ou à côté du nez, et ce visage de +femme n'est plus celui de Vénus; c'est le portrait de quelqu'une +de mes voisines. Je dirai donc à nos conteurs historiques: +Vos figures sont belles, si vous voulez; mais il y +manque la verrue à la tempe, la coupure à la lèvre, la marque +de petite vérole à côté du nez, qui les rendraient vraies; et, +comme disait mon ami Caillot<a id="FNanchor_9" name="FNanchor_9"></a><a href="#Footnote_9" class="fnanchor">9</a>: «Un peu de poussière sur +mes souliers, et je ne sors pas de ma loge, je reviens de la +campagne.»</p> + +<div class="poem"> + <div class="stanza"> + <span class="i0">Atque ita mentitur, sic veris falsa remiscet,</span><br> + <span class="i0">Primo ne medium, medio ne discrepet imum.</span><br> + <br> + </div> +</div> + +<p class="s"><span class="sc">Horat.</span> <i>De Art. poet.</i>, v. 151. +</p> +<p>Et puis un peu de morale après un peu de poétique, cela va +si bien! Félix était un gueux qui n'avait rien; Olivier était un +autre gueux qui n'avait rien: dites-en autant du charbonnier, +de la charbonnière, et des autres personnages de ce conte; et +concluez qu'en général il ne peut guère y avoir d'amitiés +entières et solides qu'entre des hommes qui n'ont rien. Un +homme alors est toute la fortune de son ami, et son ami est +toute la sienne. De là la vérité de l'expérience, que le malheur +resserre les liens; et la matière d'un petit paragraphe de plus +pour la première édition du livre de <i>l'Esprit</i><a id="FNanchor_10" name="FNanchor_10"></a><a href="#Footnote_10" class="fnanchor">10</a>.</p> + + + + +<h2>NOTES</h2> + + +<div class="footnote"><p><a name="Footnote_1" id="Footnote_1"></a> +<a href="#FNanchor_1"> +<span class="label">[1]</span></a> Il n'y alla pas seul, il était avec Grimm, qui raconte les faits +(<i>Correspondance littéraire</i>, +1<sup>er</sup> décembre 1770) et donne comme motifs ayant déterminé le titre et le sujet du +conte, non-seulement +les <i>Deux Amis</i>, de Saint-Lambert, mais encore les <i>Deux Amis</i>, drame de +Beaumarchais, +et les <i>Deux Amis</i> ou <i>le Comte de Meralbi</i> (par Sellier de Moranville), +roman en +4 volumes, tous ouvrages dont on s'occupait alors et qui n'avaient pas eu de +succès.</p> +</div> +<div class="footnote"><p><a name="Footnote_2" id="Footnote_2"></a> +<a href="#FNanchor_2"> +<span class="label">[2]</span></a> C'était Meister le traducteur.</p> +</div> +<div class="footnote"><p><a name="Footnote_3" id="Footnote_3"></a> +<a href="#FNanchor_3"> +<span class="label">[3]</span></a> Cette bataille, livrée le 26 juillet 1757, fut gagnée par le maréchal +d'Estrées +contre le duc de Cumberland. (Note de l'édition <span class="sc">Brière</span>.)</p> +</div> +<div class="footnote"><p><a name="Footnote_4" id="Footnote_4"></a> +<a href="#FNanchor_4"> +<span class="label">[4]</span></a> Bourbonne, alors chef-lieu de subdélégation, était frontière de la +Champagne, +de la Lorraine et de la Franche-Comté, et il s'y faisait beaucoup de contrebande. +(Note de l'édition <span class="sc">Brière</span>.)</p> +</div> +<div class="footnote"><p><a name="Footnote_5" id="Footnote_5"></a> +<a href="#FNanchor_5"> +<span class="label">[5]</span></a> La route de <i>Villars</i> et celle d'<i>Iche</i>. +(Note de l'édition <span class="sc">Brière</span>.)</p> +</div> +<div class="footnote"><p><a name="Footnote_6" id="Footnote_6"></a> +<a href="#FNanchor_6"> +<span class="label">[6]</span></a> Sur une copie qui est en notre possession, <i>Rançonnières</i> est +remplacé par +<i>Romainville</i>, et <i>Courcelles</i> par <i>Jolibois</i>.</p> +</div> +<div class="footnote"><p><a name="Footnote_7" id="Footnote_7"></a> +<a href="#FNanchor_7"> +<span class="label">[7]</span></a> Toutes les éditions portent <i>Lh...</i> au lieu de <i>Ch...</i> +Diderot a voulu désigner +Chaumont. (Note de l'édition <span class="sc">Brière</span>.)</p> +</div> +<div class="footnote"><p><a name="Footnote_8" id="Footnote_8"></a> +<a href="#FNanchor_8"> +<span class="label">[8]</span></a> Il est à supposer que nous n'avons pas ici la première version du +conte. +Nous trouvons dans une lettre à Grimm, du 21 octobre 1770, la preuve qu'il doit +avoir subi divers remaniements. Voici, en effet, ce que nous y lisons:</p> + +<p>«J'avais pensé comme vous que l'atrocité du prêtre ôtait tout le pathétique de +l'histoire de <i>Félix</i>. Envoyez-moi une copie de cette histoire et de celle +d'<i>Olivier</i>, +et ce que vous me demandez sera fait; mais dépêchez-vous.»</p> + +<p>Dans une autre lettre du 2 novembre au même, Diderot écrit:</p> + +<p>«On m'a envoyé le papier de <i>Félix</i>, mais on aurait bien fait d'y joindre +celui +d'<i>Olivier</i> que j'avais demandé, afin de donner aux deux contes un peu +d'unité. +N'importe, je me passerai de celui qui me manque et je ferai de mon mieux.»</p> + +<p>Quelle fut la nature des corrections opérées? Nous ne savons; mais peut-être +la lettre de M. Papin a-t-elle remplacé une intervention plus directe et plus +<i>atroce</i> +du prêtre.</p> +</div> +<div class="footnote"><p><a name="Footnote_9" id="Footnote_9"></a> +<a href="#FNanchor_9"> +<span class="label">[9]</span></a> L'un des meilleurs acteurs de la comédie italienne, deviné par +Garrick, et +dont Grimm disait qu'il était sublime sans effort. «Personne, écrit-il, ne faisait +avec une mesure plus juste tout ce qu'il voulait faire. Le Kain est un homme +prodigieusement +rare; peut-être Caillot est-il plus rare que lui. Caillot ne se doutait +point de son talent; il se croyait fait pour chanter avec beaucoup d'agrément, +jouer +avec beaucoup de gaieté, avec une belle mine bien réjouie; mais il ne se croyait +pas pathétique. Garrick, l'ayant vu jouer pendant son séjour en France, lui apprit +qu'il serait acteur quand il lui plairait...» Caillot quitta le théâtre en 1772 et +fut +remplacé par un jeune abbé appelé Narbonne, échappé de la musique de Notre-Dame.</p> +</div> +<div class="footnote"><p><a name="Footnote_10" id="Footnote_10"></a> +<a href="#FNanchor_10"> +<span class="label">[10]</span></a> Cette édition ne se fit pas attendre. Condamné en 1759, l'<i>Esprit</i> reparut +en 1771 (Londres). Diderot était sans doute au courant de ce qui se préparait.</p> +</div> + + + + + + + + +<pre> + + + + + +End of Project Gutenberg's Les deux amis de Bourbonne, by Denis Diderot + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES DEUX AMIS DE BOURBONNE *** + +***** This file should be named 28603-h.htm or 28603-h.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + https://www.gutenberg.org/2/8/6/0/28603/ + +Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed +Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was +produced from images generously made available by the +Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at +http://gallica.bnf.fr) + + +Updated editions will replace the previous one--the old editions +will be renamed. + +Creating the works from public domain print editions means that no +one owns a United States copyright in these works, so the Foundation +(and you!) can copy and distribute it in the United States without +permission and without paying copyright royalties. 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It exists +because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from +people in all walks of life. + +Volunteers and financial support to provide volunteers with the +assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg-tm's +goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will +remain freely available for generations to come. In 2001, the Project +Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure +and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. +To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation +and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 +and the Foundation web page at https://www.pglaf.org. + + +Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive +Foundation + +The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit +501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the +state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal +Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification +number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at +https://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg +Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent +permitted by U.S. federal laws and your state's laws. + +The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. +Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered +throughout numerous locations. Its business office is located at +809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email +business@pglaf.org. 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